DES POSTIERS MENACÉ DE RÉVOCATION / SNCF RATP : l’ouverture a la concurrence en Île-de-France

16 février 2022 Saint-Ouen : devant le siège d’Île-de-France mobilité

Les rassemblements du 13 janvier et 3 février dernier ont été un véritable succès, tant en termes du nombre de participants que par le caractère large des intervenantes et intervenant qui sont venues s’y exprimer. Pour gagner, la mobilisation contre la révocation de Christophe et le licenciement d’Antoine de la CGT FAPT 14.

Le 14 février dernier, la CGT FAPT Poste Calvados 14, SUD Poste 78, et SudPoste92 organisaient un rassemblement de soutien à Christophe (militant CGT FAPT 14) menacé de révocation par la direction de La Poste. Ce rassemblement se tenait devant le siège de La Poste à Montrouge.

Dans ce reportage réalisé se jour là, nous entendrons notamment des entretiens réalisés avec Christophe et Antoine, qui nous parlerons de la stratégie de la poste pour museler les syndicalistes.

Ce mercredi 16 février 2022, des centaines de salariés de la SNCF et de la RATP se sont rassemblés devant le siège d’IDF Mobilité, suite à l’appel des syndicats Sud Rail, CGT et Force Ouvrière. Ils dénoncent la déshumanisation des gares et la destruction du service public, et plus largement la privatisation et l’ouverture à la concurrence de la SNCF.

L’actualité des luttes se trouvait dans le rassemblement et c’est le reportage que nous vous proposons en cette seconde partie d’émission ou nous entendrons les entretiens réalisés avec une cheminote du secteur nord du RER B, un cheminot, agent d’équipe mobile sur la ligne H et un syndicaliste de la RATP sur la gréve du 18 février.

Nous terminerons cette émission en revenant sur la déambulation nocturne qui se tenait ce 12 février, contre le fascisme et l’extrême droite, organiser par le Collectif Paris 20ᵉ Solidaire avec tous les migrants, la Campagne Antiracisme et Solidarité, le collectif des sans papiers de Montreuil et la marche des solidarités.

Ce vendredi, c’est jour de grève dans les transports publics pour réclamer des hausses de salaires, et plusieurs rassemblements sont prévus.
À 8 h 30, la CGT RATP, FO, l’UNSA et Solidaires organisent un rassemblement à la gare de Val-de-Fontenay.
À 10 h 30, la CGT Cheminots-Paris Austerlitz organise un rassemblement en Gare d’Austerlitz devant les guichets pour interpeller la direction. 

Pour la campagne antiracisme et solidarité : les collectifs de sans-papiers et la campagne nationale Antiracisme et Solidarité appellent à Manifestation de soutien aux 5 de Montpellier ce vendredi 18 février à Paris à 16 h à partir de place de la République.

Le même jour Réunion publique COPAF : Droits des travailleurs migrants résidant en foyers Centre Sportif Jean Dame 17 Rue Léopold Bellan -75002, Paris métro sentier.

RENCONTRE NATIONALE GILET JAUNE 2022 / LE CONVOI DE LA LIBERTÉ : les suites judiciaires

Le 5 et 6 février, avait lieu la “Rencontre Nationale Gilets Jaunes 2022”. Une réunion étalée sur deux jours dans le département de l’Hérault, pour réfléchir et convenir d’une approche sur les présidentielles à venir. Lesquelles constituent un moment important de la vie politique nationale française, comme du point de vue du mouvement des gilets jaunes.

En effet, comment faire avancer et réaffirmer les revendications dans ce cadre ? Et comment peser sur ce rite électoral ? Quelle suite à donner au mouvement après l’élection, et ce, quel que soit le candidat élu ? Etc Les questions, nombreuses, assurément ne manquaient pas.

À l’image des débats animés qui ont ponctué le week-end, s’achevant par trois textes (consultables ici https://www.facebook.com/RGJN2022) donnant sinon une marche à suivre, un positionnement collectif à cette rencontre. Avec en outre, parallèlement, l’idée peut-être d’une montée nationale sur Paris le soir du second tour.

Dans une première partie d’émission nous vous diffusons donc un entretien a effectué avec l’un des organisateurs, dans la semaine suivant le week-end de la rencontre.

Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffuserons un montage regroupant plusieurs prises de paroles et textes autour du dispositif répressif mis en place lors de la manifestation du convoi de la liberté.

Bonne écoute !

CONTRÔLES ET RADIATIONS A PÔLE EMPLOI ET A LA CAF

Dessin issu de https://lepoing.net/

Alors que plus d’un million de chômeuses et de chômeurs voient leurs allocations brutalement réduites et que l’ouverture des droits de près d’un demi-million de personnes est remise en cause, le gouvernement Macron fait encore du renforcement des contrôles un objectif politique !

Depuis le 1er octobre par décret et avec validation d’un Conseil d’État qui s’est couché, la réforme – ou casse – de l’indemnisation du chômage frappe de façon hallucinante et inégale les plus précaires.

Les dysfonctionnements graves se multiplient à Pôle emploi, où les demandeurs d’emploi sont gérés par des boites privées en sous-traitance, ou par des applications ou algorithmes conçus apparemment pour calculer les droits au rabais, multiplier les erreurs au détriment des plus précaires, tandis que s’accumulent les radiations abusives et illégales (pour non recherche d’emploi par internet alors qu’il ne peut y avoir d’obligation numérique vu la fracture numérique) et prélèvements de trop perçus non fondés.

Le 10 février dernier, Un collectif unitaire composé du comité national CGT chômeurs-précaires, CGT Pôle Emploi, SUD Emploi, SUD Culture Solidaires…), d’associations de chômeurs/ses, et d’associations comme la Quadrature du Net organisait une AG contre le contrôle des chômeurs (CAF et Pôle emploi).

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons une partie des témoignages et les propositions d’action issue de cette assemblée générale.

LES CONVOIS DE LA LIBERTÉ / TIPIAK : Les pirates en grève pour leurs salaires

Un appel aux convoyeurs de la liberté ? “L’histoire montre que le peuple est du côté des Gilets Jaunes et de tous ceux qui se lèvent pour mieux vivre. De la même manière, l’histoire montre comment la dépréciation de nos vies profite à une minorité de nantis, de courtisans et de politiciens. Parce qu’au fond, ce que nous voulons, c’est tout simplement retrouver des moyens de vivre décemment. Nous savons ce qu’il nous en coûtera. L’heure de la décision a sonné. Donnons-nous la main et entrons dans Paris.”

Voici un extrait de l’appel du week-end dernier, pour cet appel des convois qui sont partie de plusieurs régions françaises. Dans cette première partie d’émission, nous pourrons entendre les reportages réalisés sur le cortège qui manifestait de la place d’Italie a Nation et sur les Champs-Élysées.

Les salariés de Tipiak épicerie (Saint Aignan de Grand Lieu, 44) ont lancé une grève illimitée le mercredi 26 janvier pour réclamer des augmentations de salaires décentes.

Tipiak a vu ses profits exploser depuis le début de la pandémie. Résultat : + 35 % de dividendes pour les actionnaires, + 8 % d’augmentation de salaire pour le PDG, +180 €/mois pour le comité de direction… Et + 2 % l’an dernier pour les ouvriers (40 € Bruts par mois environ)

Face au mépris de la direction, les ouvriers ont décidé de se mobiliser. Pour parler de la situation de cette entreprise, nous serons au téléphone avec Damien pelletier, délégué syndical CGT de Tipiak Pontchâteau.

Y’ EN A MARRE DU PASS SÉCURITAIRE !

Crédit photo Serge D’Ignazio https://www.flickr.com/photos/119524765@N06

Né sur les réseaux sociaux et inspiré d’un mouvement canadien, le Convoi de la liberté a commencé à s’élancer à travers la France mercredi dans le but de rouler sur Paris, à partir de vendredi 11 février puis Bruxelles à partir de lundi.

La préfecture de police a interdit le rassemblement des “convois de la liberté” qui doivent rallier la capitale pour protester notamment contre les restrictions sanitaires, en raison des risques de troubles à l’ordre public du vendredi 11 février 2022 au lundi 14 février 2022 inclus, indique la Préfecture dans un communiqué : “L’objectif affiché de ces manifestants serait de bloquer la capitale” en entravant la circulation routière dans les rues de Paris pour promouvoir leurs revendications avant de poursuivre leur protestation en direction de Bruxelles le lundi 14 février.

Le préfet de police, qui a donné “des consignes de fermeté” aux policiers, menace les manifestants de deux ans d’emprisonnement, 4 500 € d’amende, de l’immobilisation et de la mise en fourrière du véhicule utilisé pour commettre le délit d’entrave, du retrait de 6 points sur le permis de conduire, de la suspension pour une durée de 3 ans au plus du permis de conduire…

De plus il rappelle que “L’organisateur d’une manifestation interdite peut être puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende et les participants seront verbalisés avec une contravention de quatrième classe”, soit 135 €, ajoute la préfecture. Ce doit être ce qu’on appelle «  le droit de manifester », à condition de ne gêner personne, de ne bloquer ni l’économie, ni la circulation, bref un truc qui sert à rien !

Dans cette émission, vous pourrez entendre une interview réalisée avec une adhérente du café associatif de Saint-Affrique dans le Sud Aveyron, qui fait l’objet d’une fermeture administrative pour refus de contrôle de pass sanitaire.

Puis vous entendrez une partie des prises de parole enregistrées lors de la conférence de presse « Libérons nos droits ! », ou des soignants, des pompiers suspendus prennent la parole et expliquent leurs choix et leurs conséquences : « 150 collectifs de soignants suspendus appellent à l’aide ». C’est ce qu’on pouvait lire sur le site des Collectifs unis composés de soignants n’ayant plus le droit d’exercer, pour annoncer la conférence de presse du 1er février 2022 organisée à Paris.

◆ Des soignants en détresse : Depuis le 15 septembre 2021, tous les personnels soignants et non soignants travaillant dans le soin, la santé, le médico-social et les premiers secours, n’ayant pas répondu aux exigences de la loi du 5 août 2021, non vaccinés contre la COVID, ont été suspendus. Agents publics, salariés ou libéraux, en contact ou non avec le public, tous ont été punis, exclus, privés de salaire, poussés vers une précarité subite.

Dans le courant de l’émission, nous entendrons également, des appels pris çà et là pour rejoindre le convoi de la liberté.

LOGEMENT : conf de presse DAL et assos abbé pierre

Dessin issu du site https://lepoing.net/

Le DAL- droit aux logements, a présenté sa plate-forme de revendications pour que les présidentiables se prononcent sur leurs propositions en termes de construction de logements sociaux, sur l’encadrement des loyers qui explosent et sur la prise en charge en urgence des sans logis.

Vous pourrez entendre dans cette émission, une partie de la retranscription de leur conférence de presse du 11 janvier 2022.

Au même moment l’association de l’abbé pierre entamait la même démarche ; vous pourrez entendre une dizaine de minutes enregistrées par «  A l’air libre ».

Mais tout d’abord quelques chiffres pour avoir en conscience l’étendu du problème :

Le nombre de sans domicile a doublé depuis 2012 et s’élève aujourd’hui à 300 000 personnes au moins. Le 6 décembre 2021, près de 4 000 personnes ont appelé le 115, mais n’ont pas pu être hébergées en raison de l’absence de places d’hébergement d’urgence disponibles.

Ce chiffre est en hausse de plus de 30 % par rapport à l’été 2021. À la mi-novembre, en Seine-Saint-Denis, 60 enfants de moins de trois ans et à la rue n’ont pas pu être mis à l’abri.

Le nombre de nuitées hôtelières a quintuplé en 11 ans (14 000 en 2010 à 74 000 en 2021). Un demandeur d’asile sur deux n’est pas hébergé dans le dispositif national d’accueil, structurellement sous-dimensionné.

Le nombre d’expulsions des lieux de vie informels (bidonvilles, squats…) enregistre un record : entre le 1ᵉʳ novembre 2020 et le 31 octobre 2021, 1 330 expulsions ont été recensées en France métropolitaine (472 personnes expulsées chaque jour), dont 64 % pendant la trêve hivernale ; 91 % de ces expulsions sont sans solution apportée aux personnes concernées.

En mai 2021, 22 189 personnes vivent dans 439 lieux de vie informels, soit une augmentation de 2 810 personnes par rapport à décembre 2018, dont 5 965 mineurs.
En sept ans, la demande de logement social progresse cinq fois plus vite que le nombre de ménages et deux fois plus vite que le nombre de logements sociaux, pour atteindre 2,2 millions de ménages.

La production de logements sociaux est en baisse constante depuis le début du quinquennat, à un niveau qui n’a jamais été aussi bas depuis 15 ans (87 000 agréments en 2020). Le prix des logements n’a fait que croître depuis 20 ans pour atteindre une hausse de plus de 154 %.

GRÈVE A PÔLE EMPLOI / CONCERTS DES ANNULÉ-E-S

Les salariè-e-s de pôle emploi, dénoncent la perte de sens des métiers sciemment organisée par la direction, le dévoiement des missions en période électorale, la dévalorisation orchestrée des qualifications et de nos savoir-faire ! Car la charge de travail explose OUI, mais pas que… En plus de la charge de travail qui dégrade fortement les conditions de travail, les agents de Pôle emploi sont également confrontés à la perte de sens de leur travail.

Ce mouvement, dans la continuité des mobilisations sur les salaires du 27 janvier, est assez inédit dans l’histoire de Pôle emploi, fruit de la fusion entre l’ANPE et les Assedic en 2008. Si les derniers chiffres du chômage sont en baisse, cette embellie se fait au prix d’une plus grande précarité.

En interne, la « réforme » de l’assurance-chômage, la succession de plans d’aide au retour à l’emploi, l’augmentation de 25 % des contrôles se sont en effet, accompagnés d’une dégradation des conditions d’exercice et d’une perte de sens au travail.

Ce 1er février 2022, un mouvement de grève a eu lieu au niveau national et nous entendrons le reportage réalisé sur le rassemblement qui se tenait devant la direction générale de Pôle Emploi Île-de-France à Paris.

Les annulations de spectacles et concerts durent depuis début décembre, la reprise reste incertaine. Les causes des annulations ou des empêchements de travailler sont trop nombreuses. L’année blanche est finie et l’activité partielle fonctionne très partiellement.

Dans cette seconde partie d’émission, nous écouterons le reportage réalisé ce 2 février 2022, place du châtelet à Paris ou la CGT Spectacle organisait un concert des annulées.e.s.

FNAC : QUEL TEMPS FAIT-IL SUR ST LAZARE ?

Le mouvement reconductible initié à la FNAC Saint-Lazare, le 8 décembre 2021, qui découle d’années d’alertes sur la baisse de l’effectif et la dégradation des conditions de travail, se poursuit.

Trois réunions se sont tenues depuis entre les grévistes et la direction. Le 17 décembre 2021, le 13 janvier 2022 et enfin le 2 février 2022.

Le projet de protocole amendé reprend à la fois l’ensemble des engagements déjà actés, précise également l’encadrement dans le temps de propositions touchant à des effectifs supplémentaires et acte une nouvelle contre proposition des grévistes quant à l’obtention d’une prime de pénibilité spécifique au magasin Fnac St Lazare. Faute de trouver écho à la revendication d’une prime« Covid » générale.

Face au mépris de la direction ne s’attelant qu’à reverser des dividendes aux actionnaires alors que le groupe Fnac/Darty fait des bénéfices énormes depuis le début de la pandémie, les grévistes sont déterminés à défendre leurs conditions de travail jusqu’à satisfaction de leurs revendications.

À quelques jours d’une nouvelle mobilisation devant le magasin Fnac St Lazare, nous recevions dans nos studios, quatre salarié-e-s de la Fnac et en leurs compagnies, nous sommes revenus sur la construction de ce mouvement de grève dans cette enseigne.

Prochain rassemblement qui pourrait être l’ultime point de levier de la négociation après 2 mois de lutte, le samedi 12 février 2022 à 15 h devant la FNAC St-Lazare (passage du Havre, en face de la gare)

Lien caisse de grève : https://www.cotizup.com/grevefnacstlaz

LA GENTRIFICATION A AUBERVILLIERS

Le quartier de la maladrerie à Aubervilliers

À Aubervilliers, plusieurs projets de construction et de rénovation
urbaine sont en cours : piscine d’entraînement olympique et son
solarium, gares du métro 12 et 15, éco-quartier du Fort, “rénovation”
par l’ANRU (agence nationale de la rénovation urbaine) dans les cités
Émile Dubois et la Maladrerie…

Ces projets ont en commun d’être menés par des gros opérateurs comme là
Société du Grand Paris/Grand Paris Aménagement, la Solidéo (Société de
livraison des ouvrages olympiques) ou encore l’ANRU qui est un “établissement public industriel et commercial” ; et ils ont aussi en commun de se préoccuper assez peu de l’avis et de la vie des habitant.e.s déjà présent.e.s dans les quartiers concernés.

C’est pour faire entendre leurs voix et protester contre des projets qui
visent surtout à bétonner encore plus et transformer la population
d’Aubervilliers en attirant des habitant.e.s plus aisé.e.s et en
diminuant la part de logements sociaux que les collectifs de défense des
Jardins des Vertus et de la Maladrerie ont organisé le samedi 29 janvier
un “tour de quartier”.

Dans l’émission de ce jour, ont vous emmène donc en balade autour du fort d’Aubervilliers avec les habitant.e.s en colère contre les décisions autoritaires, la
gentrification et la bétonisation ; et en fin d’émission, nous revenons sur l’action de blocage du chantier de la piscine qui a eu lieu le 2 février et sa répression.

Pour en savoir plus sur les jardins, c’est ici :
https://twitter.com/JardinsAuber
et là pour la Maladrerie : https://www.maladrerie.org/
L’article sur la gentrification cité est à retrouver ici :
https://www.contretemps.eu/contre-gentrification-production-espace/

Nous remercions l’émission zoom écologie, pour la réalisation de ce reportage

Zoom écologie, c’est tous les jeudi soir de 20 h 30 à 21 h30 sur FPP 106.3 FM en IDF ou sur rfpp.net et http://zoom-ecologie.net/

MEETING DE SOUTIEN AUX 5 DE MONTPELLIER

Le jeudi 7 octobre 2021, à Montpellier, huit militants sans-papiers ont été arrêtés sur le quai de la gare quelques heures avant le début du contre-sommet Afrique-France organisé par un collectif d’organisations locales et nationales. La préfecture de police et le Ministère de l’Intérieur ont été prévenus de cet évènement.

Le matin du 1er jour de ce contre-sommet, la préfecture a envoyé des policiers procéder à des arrestations ciblées et discriminatoires sur le quai de la gare. Deux d’entre eux ont été transférés en centre de rétention avant d’être enfin libérés cinq jours plus tard grâce, entre autres, à une riposte et une mobilisation rapide qui ont commencé le jour-même devant le commissariat de Montpellier.

Cinq autres sont sortis des locaux de la police avec OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) assortie d’une IRTF (Interdiction de Retour sur le Territoire Français) dès jeudi 7 octobre.

Le 18 novembre, ces cinq militants passaient devant le tribunal administratif pour contester l’illégalité de leur interpellation et des OQTF et IRTF prononcées par le préfet. Le tribunal de Montpellier a confirmé les obligations à quitter le territoire français (OQTF) et les interdictions d’y retourner (IRTF) complètement sourd aux éléments forts qui devraient logiquement amener à une annulation de ces dernières.


Le 29 janvier 2022, se tenait un meeting de Solidarité à la Parole Errante à Montreuil. Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons la diffusion des différentes interventions qui ont animé ce meeting.

Bonne écoute !

PAROLE DE SOIGNANTE : le témoignage de Yasmina kettal épisode 2

Infirmière à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93), membre du Collectif Inter-Urgences et syndiquée à Sud Santé, Yasmina Kettal écrivait en octobre 2020 « Je crois que ça y est, je n’ai même plus la force d’être en colère (…).

Derrière les hommages, Macron asphyxie l’hôpital. Je me rappelle avoir dit juste avant la première vague : « On sera là, on fera le boulot » ». La gestion de cette première vague a été telle que, nous avons développé des trésors d’imagination et d’inventivité pour parfaire aux défaillances de l’État.

Les soignant.e.s avait fait de même.« La situation a changé depuis ! (…) Ce ne sont plus les respirateurs qu’il faut compter, mais les soignants. ». À la sortie du premier confinement, la manifestation des soignant.e.s du 16 juin 2020 contre la réforme du Ségur était violemment réprimée. Dans l’été, la réforme était adoptée et les fameux héros méprisés.

« Ces fameux gens, toujours là, toujours prêts (…). Tous ces gens ne vont pas de nouveau se donner autant, une fois encore. Car ils ont eu des crachats en retour. (…) C’est notre faute, on n’a pas assez déconstruit notre côté héroïnes, mais en même temps il ne nous reste plus que ça. Là est toute la perversion. Ce qui devrait être la contrepartie gratifiante est devenu notre poison ».

(…) Mais dans tout cela rendons à César ce qui appartient à César. La plus grande part de responsabilité revient à ceux qui décident. Oui, certaines mesures sont absurdes. Tout comme ne pas avoir mis les moyens tant qu’il en était encore temps, ne pas se pencher sur la gestion de facs surpeuplées ou la situation au sein des écoles. On laisse la gestion d’une épidémie au préfet ? Soyons sérieux deux minutes, crise sanitaire/préfet, ça ne choque personne ? La défiance est partout, mais n’est le fruit que de leur inconséquence et de leur mensonge.(…)

L’économie nous coûte la vie. Je suis bien placée pour le savoir. La surmortalité dans le 93 durant la première vague, j’en assez parlé. Je ne vais pas donner de chiffres, je ne les supporte plus. A-t-on eu le temps de prendre conscience que c’étaient des êtres humains, des familles ? Pendant le confinement, lorsque certains se mettaient au yoga ou à une langue étrangère, j’ai vu les miens partir travailler ou grossir les files d’attentes pour des colis alimentaires.(…)Et à présent il faudra peut-être les maintenir « quoi qu’il en coûte » au travail pour ne pas sacrifier l’économie ?

Pourquoi ne serait-il pas possible d’envisager que le coût incombe à ceux qui possèdent ? Pourquoi culpabiliser la population alors qu’ils font déjà beaucoup de sacrifices ? Si on n’était pas tributaires de décisions parfois absurdes ou injustes, pourquoi pas, mais là… (…) Toutes les décisions ou leur absence vont peser sur le bout de la chaîne, entre autres l’hôpital. Il y aura des choix à opérer et une nouvelle fois, ils seront pour ceux habitué à faire le sale boulot. Et donc, en ce moment, comment va le bout de la chaîne ?

Lire le texte en entier https://blogs.mediapart.fr/yasmina-kettal/blog/021020/probablement-qu-y-est-l-hopital-s-effondre-0

Au mois de février 2022, nous réalisons un entretien avec Yasmina justement à ce sujet : comment va le bout de la chaîne ? L’occasion de revenir sur les luttes qui se sont déroulées avant la covid-19 avec le collectif inter-urgence et inter-hôpitaux, de comprendre comment la gestion de cette épidémie les a éteintes, mais aussi ce qui nous reste aujourd’hui de nos envies de luttes et de changement profond sur la question du soin et la gestion de la santé.

Dans ce second volet, nous poursuivons cet entretien avec Yasmina Kettal et nous débutons avec son récit qui part de son expérience de septembre 2020.

PAROLE DE SOIGNANTE : le témoignage de Yasmina kettal épisode 1

Infirmière à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93), membre du Collectif Inter-Urgences et syndiquée à Sud Santé, Yasmina Kettal écrivait en octobre 2020 « Je crois que ça y est, je n’ai même plus la force d’être en colère (…).

Derrière les hommages, Macron asphyxie l’hôpital. Je me rappelle avoir dit juste avant la première vague : “On sera là, on fera le boulot” ». La gestion de cette première vague a été telle que, nous avons développé des trésors d’imagination et d’inventivité pour parfaire aux défaillances de l’État.

Les soignant.e.s avait fait de même.« La situation a changé depuis ! (…) Ce ne sont plus les respirateurs qu’il faut compter, mais les soignants. ». À la sortie du premier confinement, la manifestation des soignant.e.s du 16 juin 2020 contre la réforme du Ségur était violemment réprimée. Dans l’été, la réforme était adoptée et les fameux héros méprisés.

« Ces fameux gens, toujours là, toujours prêts (…). Tous ces gens ne vont pas de nouveau se donner autant, une fois encore. Car ils ont eu des crachats en retour. (…) C’est notre faute, on n’a pas assez déconstruit notre côté héroïnes, mais en même temps il ne nous reste plus que ça. Là est toute la perversion. Ce qui devrait être la contrepartie gratifiante est devenu notre poison ».

(…) Mais dans tout cela rendons à César ce qui appartient à César. La plus grande part de responsabilité revient à ceux qui décident. Oui, certaines mesures sont absurdes. Tout comme ne pas avoir mis les moyens tant qu’il en était encore temps, ne pas se pencher sur la gestion de facs surpeuplées ou la situation au sein des écoles. On laisse la gestion d’une épidémie au préfet ? Soyons sérieux deux minutes, crise sanitaire/préfet, ça ne choque personne ? La défiance est partout, mais n’est le fruit que de leur inconséquence et de leur mensonge.(…)

L’économie nous coûte la vie. Je suis bien placée pour le savoir. La surmortalité dans le 93 durant la première vague, j’en assez parlé. Je ne vais pas donner de chiffres, je ne les supporte plus. A-t-on eu le temps de prendre conscience que c’étaient des êtres humains, des familles ? Pendant le confinement, lorsque certains se mettaient au yoga ou à une langue étrangère, j’ai vu les miens partir travailler ou grossir les files d’attentes pour des colis alimentaires.(…)Et à présent il faudra peut-être les maintenir « quoi qu’il en coûte » au travail pour ne pas sacrifier l’économie ?

Pourquoi ne serait-il pas possible d’envisager que le coût incombe à ceux qui possèdent ? Pourquoi culpabiliser la population alors qu’ils font déjà beaucoup de sacrifices ? Si on n’était pas tributaires de décisions parfois absurdes ou injustes, pourquoi pas, mais là… (…) Toutes les décisions ou leur absence vont peser sur le bout de la chaîne, entre autres l’hôpital. Il y aura des choix à opérer et une nouvelle fois, ils seront pour ceux habitué à faire le sale boulot. Et donc, en ce moment, comment va le bout de la chaîne ?

Lire le texte en entier https://blogs.mediapart.fr/yasmina-kettal/blog/021020/probablement-qu-y-est-l-hopital-s-effondre-0

Au mois de février 2022, nous réalisons un entretien avec Yasmina justement à ce sujet : comment va le bout de la chaîne ? L’occasion de revenir sur les luttes qui se sont déroulées avant la covid-19 avec le collectif inter-urgence et inter-hôpitaux, de comprendre comment la gestion de cette épidémie les a éteintes, mais aussi ce qui nous reste aujourd’hui de nos envies de luttes et de changement profond sur la question du soin et la gestion de la santé.

MANIFESTATION INTERPROFESSIONNELLE DU 27 JANVIER 2022

Les salaires, les pensions et les aides et allocations continuent de stagner ou même de baisser au regard de l’inflation, de décrocher par rapport aux qualifications dans le secteur privé comme dans le public.

Dans de certains secteurs et entreprises des mobilisations et des négociations ont permis d’obtenir des revalorisations de salaires, trop souvent encore les négociations sont au point mort ou les propositions des employeurs loin du compte.

La jeunesse confrontée à une grande précarité de vie et de travail, à la pauvreté accentuée par la crise sanitaire, économique et sociale, se contre des réformes libérales, de l’éducation, de la formation, de l’assurance chômage décidées par le gouvernement.

Ce 27 janvier 2022, se tenait à l’appel des organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, Unef et UNL, une mobilisation interprofessionnelle sur les salaires et l’emploi. 

L’équipe de l’actualité des luttes se trouvait dans cette manifestation et dans l’émission de ce jour, nous vous proposons le reportage réalisé ce jeudi.

Nous entendrons des interviews notamment avec une personne en statut AESH, un sapeur-pompier de Melun, des lycéens et lycéennes et une salariée en EHPAD…

ASPF: 1985 LA SYNDICALISATION DES PRISONNIERS EN QUESTION

Nous produisons cette émission pour rétablir quelques vérités sur la syndicalisation des prisonniers en France. Nous écarterons d’emblée l’expérience malheureuse, éphémère et trop peu élaborée qui a surgi au cours des années 2010.

Nous partirons de la critique de l’ASPF, l’association syndicale des prisonniers de France qui a vu le jour pendant quelques mois en 1985.

Nous avons vécu cette expérience ; kiou à l’intérieur et Nadia à l’extérieur faisant partie de Parloir libre une émission de radio soutenant les prisonniers en luttes. Nous réagissons suite aux mémoires de deux sociologues « Syndiquer les prisonniers, abolir la prison », paru en 2015 de Joël Charbit et Gwénola Ricordeau et à l’article des utopiques, cahier de réflexions de l’union syndical Solidaire.

L’ASPF(association syndicale des prisonniers de France) a été créée en 1985 par Jacques Gambier et six autres détenus de Fleury-Mérogis. Parmi les autres acteurs figure Jacques Lesage de la Haye ancien prisonnier ayant accepté de participer à la commission Prison-Architecture du ministère de la Justice, qui animait à l’époque l’émission hebdomadaire « Prison » sur Radio Libertaire ; Ras les murs.

Notons également la proximité de L’ASPF avec la « Commission d’Étude pour le Respect du Droit Fondamental d’Association en Prison », dite « Commission Bloch » ; du nom de son Président, Étienne Bloch co-fondateurs du syndicat de la magistrature.

Même si elle entend garder son autonomie par rapport à l’ASPF, leur but est similaire ; réfléchir sur le concept du droit d’association et les modalités de son exercice en prison.L’ASPF a très vite été confronté à la réalité des luttes et n’a finalement jamais lutté pour autre chose que pour le droit d’association.

Le contexte à l’intérieur des prisons est explosif. Après un court instant d’euphorie suite à l’élection de Mitterrand, les prisonniers déchantent rapidement. Si une grande partie des organisations dont l’ASPF, ont cru aux sornettes de la gauche au pouvoir, les prisonniers eux vivant de plein fouet l’allongement des peines, le maintien des QHS(quartier de haute sécurité), la violence de l’administration pénitentiaire se révoltent.

L’ASPF cramponnée à la légalité refuse de se joindre aux mouvements et de soutenir les prisonniers frappés par la répression et c’en sera fini de leur crédibilité et de leur existence.

Face à la violence de l’État les prisonniers et prisonnières tentent de se faire entendre ; ils témoignent, pétitionnent, refusent de remonter de promenade, font des grèves de la faim, s’auto-mutilent, montent sur les toits, se mutinent, détruisent la prison.

Contrairement au syndicat Industrial Workers of the World (IWW) des États-Unis, en France les centrales syndicales, SUD compris, n’ont jamais syndiqués les prisonniers, mais ce n’est pas pour cette raison que L’ASPF est morte, mais bien plutôt parce qu’elles refusent de reconnaître la souveraineté des prolétaires et soutenir toutes les formes de luttes que proposent les insurgés.

Vous aller entendre le témoignage d’un détenu ayant participé aux mouvement et à la critique de L’ASPF, des document sonores et des fragments de textes de l’époque.

Vous trouverez en pièce jointe les documents parus à cette époque que les deux sociologues n’ont pas pris en compte dans leurs travaux et l’article de Solidaire.

https://champpenal.revues.org/9124#tocto1n2

Venceroms n°1

LA LUTTE DES SANS PAPIERS DE RSI ET DE LA POSTE SE POURSUIT /SOLIDARITÉ AVEC LES CINQ DE MONTPELLIER

C’est le règne de l’impunité pour les exploiteurs de sans-papiers !
Il y a deux ans, en août 2019, le Ministère du Travail avait été obligé de lancer une enquête sur les pratiques de Chronopost et de son sous-traitant Derichebourg. Enquête qu’il a lui-même liquidé, sans aucune suite, à la faveur de la fin du conflit et de la crise sanitaire !

Le jeudi 13 janvier dernier les grévistes de Chronopost, soutenus par les travailleurs sans-papiers en lutte sur les piquets DPD à Coudray-Montceaux et RSI à Gennevilliers se sont rassemblés devant la Direction du travail du Val-de-de-Marne à Créteil.
Ils demandaient à être reçus par cette antenne du ministère du Travail afin de faire valoir leurs droits, et d’obtenir une relance de l’enquête avortée il y a deux ans. La Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DRIEETS) du 94 a une fois de plus refusé de recevoir une délégation !

À la suite de cette mobilisation, un rassemblement se tenait le 20 janvier dernier, devant la direction régionale du Ministère du Travail à Aubervilliers, pour dénoncer le comportement des services de L’État face à Derichebourg et Chronopost à Alfortville.

Le reportage suivant a était réalisé lors de ce rassemblement et nous pourront entendre les prises de parole et les interviews réalisées avec les grévistes et leurs soutiens.

Le jeudi 7 octobre 2021, à Montpellier, huit militants sans-papiers ont été arrêtés sur le quai de la gare quelques heures avant le début du contre-sommet Afrique-France organisé par un collectif d’organisations locales et nationales. La préfecture de police et le Ministère de l’Intérieur ont été prévenus de cet évènement.

Le matin du 1er jour de ce contre-sommet, la préfecture a envoyé des policiers procéder à des arrestations ciblées et discriminatoires sur le quai de la gare. Deux d’entre eux ont été transférés en centre de rétention avant d’être enfin libérés cinq jours plus tard grâce, entre autres, à une riposte et une mobilisation rapide qui ont commencé le jour-même devant le commissariat de Montpellier.

Cinq autres sont sortis des locaux de la police avec OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) assortie d’une IRTF (Interdiction de Retour sur le Territoire Français) dès jeudi 7 octobre.

Le 18 novembre, ces cinq militants passaient devant le tribunal administratif pour contester l’illégalité de leur interpellation et des OQTF et IRTF prononcées par le préfet. Le tribunal de Montpellier a confirmé les obligations à quitter le territoire français (OQTF) et les interdictions d’y retourner (IRTF) complètement sourd aux éléments forts qui devraient logiquement amener à une annulation de ces dernières.

Des voix pour s’élever contre l’entrave au droit de manifester

E. Macron affirmait vouloir échanger avec la jeunesse africaine et « les acteurs du changement » durant ce sommet France Africain. Quelque chose ne change pas, la brutalité avec laquelle sont traités les militant.es antiracistes, et celles et ceux du mouvement social plus généralement sous l’ère Macron.

L’arrestation des huit militants de différents collectifs de la région parisienne est bien une remise en cause du droit de se faire entendre par l’action collective et le rapport de force, seuls véritables moteurs de changement et d’émancipation. La situation des sept interpellés est notre cause à toutes et tous.

Des voix pour en finir avec le contrôle aux faciès

Ces arrestations discriminatoires et illégales, jugées comme telles par le juge des libertés et de la détention ayant prononcé la libération des deux camarades enfermés en Centre de Rétention, sont à l’image des pratiques à dimension raciste de la police. Une étude de 2017, dirigée par le défenseur des droits, Jacques Toubon, démontrait que les contrôles de Police touchent 20 fois plus les jeunes “d’apparence noirs ou arabes”. Les contrôles d’identité ciblés visant à harceler la jeunesse des quartiers populaires et à expulser des migrant.es devant cesser.

Des voix pour faire vivre la solidarité contre le racisme et les frontières

Depuis les manifestations du 18 décembre, des centaines d’associations, de collectifs, de syndicats et d’organisations politiques s’organisent à travers la campagne Solidarité Antiraciste.

Les mesures administratives d’éloignement que sont les IRTF et OQTF condamnent à l’errance ceux et celles qui partent, et privent de tous leurs droits ceux et ou celles qui contreviennent à l’obligation de quitter l’espace Schengen. Harceler les migrant.e.s, les priver de leurs droits et les expulser, telle est la devise du ministère de l’Intérieur, à l’ère Macron.

C’est pourquoi, nous devons nous mobiliser afin d’éradiquer ces pratiques qui bâtissent des frontières dans nos villes, nos villages et nos quartiers.

Des voix pour exiger
• La levée immédiate des mesures administratives d’éloignement pour les cinq camarades arrêtés à Montpellier.
• La fin des arrestations discriminatoires à l’encontre de personnes racisé.es
• La liberté de circulation et d’installation
• La régularisation de tous les Sans-Papiers

Meeting de Solidarité à la Parole Errante,
9 rue François Debergue, Montreuil, le samedi 29 janvier à 17 h

Pour appeler à cet événement nous vous diffusons l’interview de Anthioumane militant du CSPM et de la marche des solidarités réalisé le 26 janvier 2022,

Solidarité avec les cinq de Montpellier !
Solidarité Antiraciste !
Liberté ! De manifester ! De circuler ! De s’installer !

COMMENT LES IDÉES D’EXTRÊME DROITE SE SONT BANALISÉES

Dans cette émission, nous nous revenons sur l’évolution de l’extrême-droite avec Hervé du collectif antifasciste La Horde, afin de se donner des outils pour résister à l’omniprésence médiatique des discours d’extrême-droite, qui ne va pas aller en s’arrangeant avec la campagne électorale.


Pour remettre les choses à l’endroit, on analyse certains des retournements opérés par les discours d’extrême-droite, par exemple faire passer les hommes blancs hétérosexuels pour les victimes principales de la marche actuelle du monde.

D’abord, on s’interroge sur le choix des mots : pour ne pas tout mélanger, il est important de pas qualifier tous les adversaires ou ennemis politiques de “fascistes”. En effet, en France, historiquement, on a plutôt une extrême-droite nationaliste, réactionnaire et des gouvernements autoritaires, qu’un véritable passé fasciste à la sauce italienne. 

Pour y voir plus clair, notre invité propose un retour sur les fondements idéologiques de l’extrême-droite dans la 2e moitié du XXe siècle. Même s’il existe “50 nuances de fafs”, la plus grande partie de l’extrême-droite française a en commun d’être réactionnaire (elle veut revenir à un “avant” idéal, en général avant 1789), inégalitaire et élitiste (l’inégalité est supposée être dans l’ordre des choses, justifié par la nature, Dieu, le bon sens…).

Après la défaite du nazisme, l’enjeu pour les nationalistes réactionnaires était de réussir à revenir dans le jeu politique alors que leurs discours n’étaient plus acceptables après la guerre et là Shoah. Ce processus s’est avéré très long, mais mai 68 a fini de convaincre la droite nationaliste qu’elle devait mener une bataille sûr
le terrain de la culture, des valeurs.

D’où le projet du Front national au début des années 1970 : un parti qui s’inscrit dans le jeu électoral républicain, qui tente de rassembler toutes les tendances nationalistes, ce qui n’allait pas de soi. À cette époque, différentes organisations et
intellectuels travaillent à une transformation du discours d’extrême-droite pour être de nouveau entendables dans les termes de l’époque, même si l’intégration au cadre républicain a des limites.

Parmi les idéologues de l’extrême-droite, on prend l’exemple de Jean-Yves Le Gallou, passé la le GRECE et la Nouvelle Droite qui créée le club de l’Horloge au milieu des années 1970. Ultra-libéral sur le plan économique, il est le promoteur du concept de préférence nationale, qu’il ne parvient pas à vendre à la droite classique, mais que le FN adopte avec enthousiasme.

Au début des années 2000 il revient à la lutte “culturelle” avec le même projet de réhabilitation des idées d’extrême-droite et théorise l’usage d’internet et le concept de réinformation qui est aujourd’hui central (notamment chez le candidat E.Z. soutenu par Le Gallou).

Ce qui nous amène à l’état des lieux de la situation actuelle : les discours d’extrême-droite choquent encore, dans une certaine mesure, car la gauche a tout de même gagné du terrain, par exemple sur l’antiracisme, le féminisme et la lutte contre l’homophobie. C’est là que le concept de réinformation entre en jeu : il a plus à voir avec la propagande qu’avec l’information et tente de répondre au besoin, pour l’extrême-droite, de faire accepter des idées qui ont été inacceptables pendant des décennies. 

La réinformation fonctionne de pair avec une stratégie de victimisation, notamment le fait de se dire censuré alors qu’on les entend partout, ou encore de se revendiquer “dissident”. Ce terme renvoie à la dissidence en Union soviétique et permet de se présenter comme des libre-penseurs face à une dictature qui prend les allures de la démocratie. Il est donc important de ne pas se faire avoir par ce sophisme : “si on était vraiment dans une démocratie, nos idées (racistes, sexistes, etc) ne seraient pas inacceptables”.

On voit bien en effet que quand des personnalités d’extrême-droite se revendiquent de la liberté d’expression, c’est leur liberté d’expression à eux qu’ils défendent et
pas celle des groupes sociaux que l’on n’entend jamais ! Face à ces stratégies qui retournent complètement la réalité des inégalités, il faut se rappeler qu’à gauche on défend un monde égalitaire, que c’est une lutte de chaque jour et que ce n’est jamais
vraiment acquis.

Et enfin, n’oublions pas qu’on n’a pas à débattre avec l’extrême-droite,
tout simplement parce qu’on n’a rien à lui dire !

UNIVERSITÉ PARIS X NANTERRE : meeting de soutien aux sans facs

On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants », a soutenu Emmanuel Macron lors de la Conférence des présidents d’université, jeudi 13 janvier. Ces propos ont fait bondir les sans-fac de Nanterre. Ces jeunes occupent, depuis bientôt trois mois, un bâtiment administratif de leur université pour exiger leur droit à y poursuivre des études. « La politique de Macron, c’est d’augmenter les frais d’inscription et de renforcer la sélection pour empêcher les classes populaires d’aller à la fac », résume Victor, étudiant, membre de l’UNEF.

Ce jeudi 20 janvier, se tenait un meeting intitulé « De la lutte des sans-fac à la grève nationale », à la fac de Paris X-Nanterre. Plusieurs personnalités syndicales ou de la gauche politique y sont intervenus. Le rendez-vous a été organisé par les quatre fédérations syndicales porteuses du mouvement : l’UNEF, la FSE, l’Alternative et Solidaires étudiant.e.s.

Début décembre, les militants ont proposé à la présidence de l’université un nouveau protocole de fin d’occupation. Le deal : obtenir 21 affectations (en licence ou master) au sein de Paris X-Nanterre, et 61 ailleurs en Île-de-France, après examen des situations par le rectorat. Plusieurs réunions ont eu lieu avec la direction de l’université. Mais la position de cette dernière reste ferme : « zéro affectation »

BÂTIMENT GRAPPIN OCCUPE A PARTIR DU 27 OCTOBRE 2021

Dans un communiqué du 2 décembre, la présidence de l’université assure qu’en 2021, nombre de recours ont déjà été traités. « Plus de 3 000 dossiers ont été examinés et souvent réexaminés par les responsables de nos formations. Nous avons pu résoudre plus de 250 situations, soit nettement plus qu’en 2020 et bien au-delà des capacités d’accueil de l’établissement ». La problématique des jeunes sans affectation « est un sujet national qui mérite bien mieux qu’un conflit local », conclut-elle.

Au quotidien, les occupants déplorent des « méthodes autoritaires et répressives » de la part de cette présidence. Déploiement de vigiles privés, coupures d’électricité pendant plusieurs jours… Pour l’heure, une trentaine d’étudiants et étudiantes composent encore le noyau dur de l’occupation. Ils sont soutenus par une quinzaine de travailleurs issus de l’intersyndicale et d’enseignants.

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de large extrait de ce meeting.

ANTILLES : face à la répression la lutte continue

Depuis le mois de juillet, la mobilisation aux Antilles françaises ne faiblit pas. Au départ sur la question des mesures sanitaires et contre l’obligation vaccinal pour les soignants, cette mobilisation a pris de l’ampleur et revient sur l’ensemble des problématiques sociales qui ne sont qu’aggravées par la crise sanitaire : chômage, empoisonnement au chlordécone, accès aux soins vie chère, etc.

Ce mouvement réuni plusieurs formes de mobilisation avec des manifestations, des grèves, des actions et la mises en place de barrages en Guadeloupe. Il réunit aussi l’ensemble des acteurs sociaux avec un collectif de syndicats, divers collectifs, associations et des individus. Au mois de janvier 2022, cette mobilisation est aussi importante en termes de durée, de revendications et d’acteurs impliqués que la grève de 2009 qui avait durée 45 jours.

Pourtant, les institutions locales et hexagonales ne font que se renvoyer la balle quant à leur responsabilité face à la crise actuelle et encore aucunes négociations n’a pu être mise en place.

La seule réponse de l’État a été l’envoi de troupe du GIGN(groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) et du RAID(Recherche Assistance Intervention Dissuasion) accompagné d’une campagne médiatique qui ne revient que sur des faits de violences qui s’ils existent ne sont pas au cœur de la question.

Et pourtant, face au refus de dialogue social de la part de l’État et les conditions de vies que ce même état maintient lui-même par la violence comment ne pas s’expliquer que les tensions augmentent ?

La semaine dernière, alors que des barrages tentaient de se mettre en place suite à leur destruction en décembre par la police et l’armée, et et que les manifestations du samedis perdraient, les médias nous diffusaient  l’information selon laquelle 8 personnes responsables de certaines des “violences urbaines” ayant eu lieu lors du mois de décembre et de novembre en Guadeloupe.

Ils ont tous été mis en examen pour un ou plusieurs chefs d’association de malfaiteurs en vue de commettre crimes et délits en bande organisée. Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire. Et au moment où nous avons réalisé cette émission, les débats se poursuivent devant le juge de la liberté et de la détention pour les trois autres.

Rien sur la mobilisation, et surtout pas sur la participation active de ces personnes a la mobilisation en tant que tel. Rien non plus sur leur rôle en tant qu’acteurs sociaux dans l’île avant même le début de cette lutte. Nous avons nous décidé ” de ne pas nous tromper de combat” et de continuer à diffuser la parole des acteurs de cette lutte, afin de réfléchir ensemble aux véritables raisons sociales qui animent cette mobilisation.

Ainsi, nous vous diffuserons dans cette émission plusieurs interventions. Tout d’abord vous pourrez entendre le montage de la prise de parole du collectif Moun gwadeloup (que nous avons interrogé au mois de décembre) suite à la manifestation de soutien qui avait lieu devant le commissariat où se trouvaient les personnes interpellées le  samedi 22 janvier 2022.

Ensuite vous pourrez entendre l’interview de Christophe Sinnan, gendre de Claude jean pierre, mort le 3 décembre 2021 des suites de ses blessures lors d’un contrôle de gendarmerie, sur le traitement médiatique de cette affaire.

Enfin nous vous diffuserons l’interview de Léandre Emrick, créateur et journaliste sur le média indépendant the link fwi, autour de son expérience les six derniers mois sur le terrain de la mobilisation et sur les éléments de contexte au plus long terme qui nourrissent et explique la détermination du peuple guadeloupéen.

Pour plus d’infos : 
http://www.thelinkfwi.com
https://m.facebook.com/MounGwadloup971GAM/

LA SOCIÉTÉ AVEYRONNAISE DE MÉTALLURGIE / JOURNÉE DE GRÈVE DANS L’ÉDUCATION NATIONAL

Les salariés de la Société Aveyronnaise de la Métallurgie (SAM) situé à Viviez (Aveyron), occupent leur site depuis plusieurs semaines pour dénoncer la liquidation de leur entreprise et le sacrifice de 333 salarié.e.s, de leurs familles et de leur territoire tout entier et en décidant de délocaliser leur activité notamment en Roumanie et en Espagne.

L’entreprise, placée en redressement judiciaire, attend un repreneur. En 2017, l’entreprise est reprise par Jinjiang, prévoyait d’investir 18,5 millions d’euros sur le site aveyronnais.

Ce mercredi 12 janvier, les salarié.e.s de la Société Aveyronnaise de la Métallurgie (SAM) se sont rassemblé.e.s devant le ministère de l’Économie et des Finances, soutenu.e.s par des centaines de militant.e.s de la CGT et par de nombreux élus et personnalités.

L’équipe de l’actualité des luttes se trouvait sur ce rassemblement et nous avons recueilli les propos des salarié-e-s et soutien syndicaux et notamment, un entretien réalisé avec un salarié de Renault qui nous parle de la gestion de la Société Aveyronnaise de la Métallurgie.

Face à la crise sanitaire, les fédérations de l’Éducation nationale FSU, UNSA, FO, CGT Educ’action, SNALC, SNE, SUD Education, la fédération de parents d’élèves FCPE, les organisations lycéennes MNL, La Voix Lycéenne, la FIDL, appelaient ce 13 janvier 2022, à la grève nationale et à une journée d’actions pour exiger le respect des personnels et des moyens de fonctionner.

La manifestation parisienne partait du Luxembourg pour se rendre en direction du ministère de l’Éducation nationale. Dans cette seconde partie d’émission, nous pourrons entendre le reportage réalisé dans le cortège avec la parole de lycéen-n-es, d’enseignant et enseignante et une réflexion sur cette journée de mobilisation.

PASS VACCINAL OU PASS SÉCURITAIRES ? (rediffusion)

Aujourd’hui en nouvelle diffusion, une émission du 10 janvier dernier

Dessin issu du site https://lepoing.net/

Passe sanitaire : quelle surveillance redouter ?

Les critiques du passe sanitaire dénoncent unanimement un « danger autoritaire ». Assez justement, la CNIL elle-même présente ce danger comme « le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles deviendraient la norme et non l’exception ». Prenons un instant pour détailler ce danger et répondre à la question : de quel type de surveillance le passe sanitaire est-il l’expression ?

Il existe déjà de nombreux « dispositifs attentatoires à la vie privée » contre la généralisation desquels nous luttons depuis des années : écoutes téléphoniques, fichage, caméras, drones, géolocalisation, logiciels espions… Pour comprendre et prévenir les dangers posés par le passe sanitaire, il faut le situer précisément au sein de cet écosystème. Certains outils de surveillance sont plus ou moins faciles à déployer, à plus ou moins grande échelle, de façon plus ou moins visible et avec des conséquences très variables. En comprenant dans quel mouvement technologique et à partir de quels outils pré-existants le passe sanitaire s’est construit, nous espérons lutter plus efficacement contre la banalisation du type de surveillance qu’il permet.

Contrôler pour exclure

Pour prendre du recul, décrivons de façon générale l’action que permet de réaliser le passe sanitaire : exclure de certains emplois, transports et lieux des personnes dont la situation diffère de certains critères fixés par l’État.

Formulé ainsi, ce mode de régulation n’a rien de nouveau. C’est notamment de cette façon que l’État français traite les personnes étrangères : l’accès aux transports vers le territoire national, puis l’accès au séjour et à l’emploi sur le-dit territoire n’est permis que si la situation des personnes étrangères est conforme à des critères fixés par l’État (situation personnelle familiale et économique, pays d’origine, âge…). Le respect des critères est vérifié une première fois en amont puis se traduit par la délivrance d’un titre : visa, cartes de séjour, etc. Ensuite, la police n’a plus qu’à contrôler la possession de ces titres pour contrôler la situation des personnes, puis leur ouvrir ou leur fermer les accès correspondants. En menaçant d’exclure du territoire ou de l’emploi les personnes ne disposant pas du bon titre, l’État déploie une lourde répression – les conséquences pour les personnes exclues sont particulièrement dissuasives.

Toutefois, jusqu’à peu, ce type de répression avait d’importantes limitations pratiques : les titres ne pouvaient être délivrés qu’avec un certain délai et à un certain coût, de nombreux policiers devaient être déployés pour les vérifier et certains policiers devaient même être spécifiquement formés pour en vérifier l’authenticité. Ces limitations expliquent sans doute en partie pourquoi ce type de répression s’est jusqu’ici centré sur des cas précis (tel que le contrôle des personnes étrangères) sans être systématiquement déployé pour gérer n’importe quelle situation que l’État souhaiterait réguler.

Le passe sanitaire est la traduction d’évolutions techniques qui pourraient supprimer ces anciennes limites et permettre à cette forme de répression de s’appliquer à l’ensemble de la population, pour une très large diversité de lieux et d’activités.

Passage à l’échelle technologique

Au cours de la dernière décennie, la majorité de la population française (84% en 2020) s’est équipée en smartphone muni d’un appareil photo et capable de lire des code-barres en 2D, tels que des codes QR. En parallèle, l’administration s’est largement appropriée les outils que sont le code-barre en 2D et la cryptographie afin de sécuriser les documents qu’elle délivre : avis d’imposition, carte d’identité électronique… Le code en 2D rend quasi-nul le coût et la vitesse d’écriture et de lecture d’informations sur un support papier ou numérique, et la cryptographie permet d’assurer l’intégrité et l’authenticité de ces informations (garantir qu’elles n’ont pas été modifiées et qu’elles ont été produites par l’autorité habilitée).

Si ces évolutions ne sont pas particulièrement impressionnantes en elles-même, leur concomitance rend aujourd’hui possible des choses impensables il y a encore quelques années. Elle permet notamment de confier à des dizaines de milliers de personnes non-formées et non-payées par l’État (mais simplement munies d’un smartphone) la mission de contrôler l’ensemble de la population à l’entrée d’innombrables lieux publics, et ce, à un coût extrêmement faible pour l’État puisque l’essentiel de l’infrastructure (les téléphones) a déjà été financée de manière privée par les personnes chargées du contrôle.

Désormais, et soudainement, l’État a les moyens matériels pour réguler l’espace public dans des proportions presque totales.

Une brique de plus à la Technopolice

La crise sanitaire a très certainement facilité ces évolutions, mais son rôle ne doit pas être exagéré. Cet emballement dramatique des pouvoirs de l’État s’inscrit dans un mouvement d’ensemble déjà à l’œuvre depuis plusieurs années, qui n’a pas attendu le coronavirus, et contre lequel nous luttons sous le nom de « Technopolice ». Il s’agit du déploiement de nouvelles technologies visant à transformer les villes en « safe cities » capables de réguler l’ensemble de l’espace public.

La Technopolice est l’expression d’évolutions technologiques qui, comme on l’a vu avec le cas du passe sanitaire, ont permis de rendre totales des formes de régulations qui, jusqu’alors, étaient plus ou moins ciblées. Prenons le cas emblématique des caméras : jusqu’à peu, la police était matériellement limitée à une politique de vidéosurveillance ciblée. Elle ne pouvait exploiter les enregistrements vidéo que pour analyser quelques situations ciblées, à défaut de pouvoir mettre un agent derrière chaque caméra 24 heures sur 24. De même, l’identification d’une personne filmée demandait des efforts importants.

Ces limitations ont depuis volé en éclat. La reconnaissance faciale rend presque triviale l’identification des personnes filmées (voir notre exposé). L’analyse automatisée d’images permet de détecter en continu tous les événements définis comme « anormaux » : faire la manche, être trop statique, courir, former un grand groupe de personnes, dessiner sur un mur… (voir par exemple les projets imaginés à Marseille ou à Valenciennes). Plus besoin de placer un agent derrière chaque caméra pour avoir une vision totale. Qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de l’analyse d’image automatisée, dans les deux cas, la technologie a permis à des techniques ciblées de se transformer en outils de contrôle de masse de l’espace public.

Contrôle permanent des corps

Ce parallèle nous permet d’apporter une précision importante : qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de la détection automatique des comportements « anormaux », ces systèmes ne nécessitent pas forcément un contrôle d’identité. Le logiciel d’imagerie qui signale votre comportement « anormal » se moque bien de connaître votre nom. De même, en théorie, le passe sanitaire aussi pourrait fonctionner sans contenir votre nom – c’est d’ailleurs ce que prévoyait la loi initiale sur la sortie de crise ou, plus inquiétant, ce que proposent désormais certaines entreprises en se fondant non plus sur le nom mais le visage. Dans ces situations, tout ce qui compte pour l’État est de diriger nos corps dans l’espace afin de renvoyer aux marges celles et ceux qui – peu importe leurs noms – ne se conforment pas à ses exigences.

Ce contrôle des corps se fait en continu et à tous les niveaux. D’abord pour détecter les corps jugés « anormaux », que ce soit par leur comportement, leur apparence, leur visage, leur statut vaccinal, leur âge… Ensuite pour contraindre les corps et les exclure de la société, que ce soit par la force armée de la police ou par des interdictions d’entrée. Enfin pour habiter les corps et les esprits en nous faisant intérioriser les règles dictées par l’État et en poussant à l’auto-exclusion les personnes qui ne s’y soumettent pas. Tout cela à l’échelle de l’ensemble de la population.

Une accoutumance injustifiée

L’adoption massive du passe sanitaire aurait pour effet d’habituer la population à se soumettre à ce contrôle de masse, ce qui s’inscrit dans la bataille culturelle plus large déjà initiée par le gouvernement, notamment autours des caméras. Cette accoutumance permettrait à l’État de poursuivre plus facilement sa conquête totale de l’espace public telle qu’il l’a déjà entamée avec la Technopolice.

Pourtant, paradoxalement, dans son format actuel, le passe sanitaire n’apparaît pas comme étant lui-même un outil de régulation très efficace. Il semble difficile d’empêcher les médecins qui le souhaitent de fournir des passes à des personnes qui ne devraient pas en recevoir. Et, quand bien même les passes seraient attribués aux « bonnes personnes », en l’état celles-ci peuvent facilement les partager avec les « mauvaises personnes ». Certes, la police entend réaliser des contrôles d’identité pour lutter contre ces échanges mais, si l’efficacité du système repose au final sur des contrôles de police aléatoires, il n’était pas nécessaire de déployer des mécanismes de surveillance de masse pour aller au-delà ce qui se fait déjà en la matière, par exemple avec les ordonnances manuscrites délivrées par les médecins que la police peut vérifier en cas de soupçons. Cela permettrait au moins de diminuer les risques d’accoutumance à un nouveau système de contrôle de masse.

Hélas, il semble plus sérieux d’envisager le scénario inverse : l’inefficacité du passe sanitaire pourrait servir de prétexte pour le perfectionner, notamment en permettant aux contrôleurs non-policiers de détecter les échanges de passe. Comme vu plus haut, certains proposent déjà un nouveau système affichant le visage des personnes contrôlées. Une telle évolution nous livrerait la version pleinement aboutie et efficace du système de contrôle de masse rêvé par la Technopolice – et la police n’aurait presque plus à travailler pour contrôler les passes.

Obligation de prouver la nécessité

Même dans son format le plus sophistiqué, l’efficacité du passe sur le plan sanitaire resterait toujours à démontrer – il demeure de nombreuses incertitudes, que ce soit sur la valeur des tests au bout de 72 heures, sur le taux de transmission même une fois vacciné, sur le cas des nouveaux variants, sur l’efficacité de la contrainte pour inciter la population à se faire vacciner, ou sur la durée de validité à retenir pour les tests de dépistage.

Au plan juridique et politique, et tel que nous l’avions rappelé pour StopCovid, l’État est soumis à une règle simple mais fondamentale : il a l’obligation de prouver qu’une mesure causant des risques pour les libertés fondamentales est absolument nécessaire avant de la déployer. Dans notre cas, non seulement le gouvernement n’a pas encore démontré l’efficacité du passe sanitaire mais, plus grave, il a refusé de déployer ou de tester l’efficacité de mesures alternatives qui ne causeraient aucun risque pour les libertés (telles que des campagnes de communication bienveillantes, transparentes et non-paternalistes pour inviter à se faire vacciner), ou des mesures complémentaires ambitieuses (tel que le déblocage de financements pour permettre le dédoublement des salles de classe et leur aération, ce que le gouvernement à tout bonnement écarté).

Conclusion

Résumons : le passe sanitaire illustre des évolutions technologiques qui permettent à un mode de répression ancien (la répression par l’exclusion, illustrée notamment par le contrôle des personnes étrangères) de passer d’une échelle relativement restreinte à une échelle presque totale, concernant l’ensemble de la population et de l’espace public, afin de renvoyer à ses marges les personnes qui ne se soumettent pas aux injonctions de l’État.

Si, aujourd’hui, ces injonctions ne sont que d’ordre sanitaire, il faut encore une fois redouter que ce genre d’outil, une fois banalisé, soit mis au service d’injonctions dépassant largement ce cadre. Cette crainte est d’autant plus pesante que ce processus a déjà commencé au sein de la Technopolice, qui esquisse d’ores et déjà un mode de régulation social fondé sur la détection et l’exclusion de toute personne considérée comme déviante ou comme ayant un comportement « anormal » aux yeux de l’État et des entreprises de sécurité qui définissent ensemble et de manière opaque les nouvelles normes de comportement en société.

Dernier rappel stratégique : si le gouvernement français se permet d’imposer de tels outils de détection et d’exclusion des personnes qu’il juge indésirables, c’est notamment, car il peut reprendre à son compte, et redynamiser à son tour, les obsessions que l’extrême droite est parvenue à banaliser dans le débat public ces dernières années afin de traquer, de contrôler et d’exclure une certaine partie de la population.

La lutte contre les risques autoritaires du passe sanitaire serait vaine si elle ne s’accompagnait pas d’une lutte contre les idées d’extrême droite qui en ont été les prémices. La lutte contre le passe sanitaire ne doit pas se faire avec, mais contre l’extrême droite et ses obsessions, qu’elles soient dans la rue ou au gouvernement.

Au moment où l’assemblée nationale et le sénat statut sur le passage du pass sanitaire en pass vaccinal, dans l’émission de ce jour, nous voyons comment la résistance face à cette nouvelle étape se met en place et pour cela, nous serons en plateau avec Évelyne, Arthur, de la quadrature du net et Philippe, gilet jaune de Nanterre.

Nous aurons également par téléphone : Catherine, de la bibliothèque publique d’information de Beaubourg et Hichem, du syndicat sud commerce.

Sur cette même question, une assemblée générale aura lieu MERCREDI 12 JANVIER de 18 h 30 à 21 h 30 à la Bourse du Travail de Paris 3 rue du Château d’Eau, salle Jean Jaurès.

FNAC : agitateur de précarité

Les grévistes de la FNAC St Lazare déterminé.e.s poursuivent le mouvement initié le 8 décembre 2021.

Le 23 décembre, après que des salarié.e.s et élu.e.s des différents magasins Fnac Paris ainsi que des soutiens extérieurs, se soient rassemblés à St Lazare et aient fait la tournée des magasins pour distribuer des tracts à la clientèle, la direction a commenté à la presse « que le pouvoir d’achat de ses collaborateurs est une préoccupation constante », insistant notamment sur le versement d’une prime
mensuelle de 135 € pour les salariés parisiens, « équivalent d’un 14 e mois »

Les salarié-e-s ne veulent plus travailler dans les conditions de manque d’effectif criant dans lesquelles ils et elles se trouvent et exigent des conditions de travail et d’accueil des clients décentes et qui n’altèrent pas leurs conditions physiques et morales.

Depuis une dizaine d’années, ce sont près de 50 % des effectifs de Fnac Paris qui ont été supprimé par le groupe Fnac Darty, un groupe qui annonce des bénéfices chaque année et reverse des millions aux actionnaires.

Le site internet Fnac.com affiche, en effet, des progressions exponentielles depuis le premier confinement, et le PDG Enrique Martinez se vante dans tous les médias de l’excellente santé et des bénéfices de son groupe, il s’est même permis d’augmenter sa rémunération de 30 % alors que certains de ces salariés sont en dessous des minimums de grille suite à la dernière augmentation du SMIC.

C’est dans ce contexte que les grévistes de la Fnac St Lazare, organisait un nouveau rassemblement pour exiger de meilleures conditions de travail devant le magasin ce 14 janvier 2022.

Nous vous proposons le reportage réalisé ce 14 janvier, devant et à l’intérieur du magasin. Nous entendrons les prises de parole des grévistes et de leurs soutiens.

Bonne écoute !

Le lien de la caisse de grève : https://www.cotizup.com/grevefnacstlaz

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONTRE LE PASS VACCINAL

Issue du site : https://lepoing.net/

Nous vous proposons la diffusion d’une grande partie des débats qui a eu lieu le mercredi 12 janvier à la bourse du travail de Paris. Il s’agit de réfléchir et de s’organiser collectivement pour dénoncer et se battre contre le passe sécuritaire. En effet, sous couvert d’une question de santé publique, l’État met en place des dispositifs de contrôle sécuritaire des populations au lieu de repenser les raisons de cette pandémie et d’en tirer les conséquences qui s’imposent.

Un premier débat public organisé le 16 novembre par la Coordination contre la répression et les violences policières Île-de-France a décidé d’organiser la défense solidaire des personnes privées de droits fondamentaux, licenciées ou suspendues, faute de passe sanitaire.

Deux autres Assemblées générales tenues les 14 décembre et 12 janvier à l’appel de la CGT Restaurants du Louvre, SUD Commerce et Services Île-de-France, SUD Emploi et Stop Précarité ont décidé d’actions communes, afin de multiplier les formes de résistance solidaire au pass sécuritaire et vaccinal.

Des assemblées générales ouvertes sont appelées tous les mercredis à 18H30 à la Bourse du Travail de Paris salle Varlin.

Contact : nonsecuritaire@gmail.com

LA SITUATION DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ

Paris place des fêtes 4 juillet 2020 : le quartier fête son hôpital

Depuis le lundi 27 décembre, le personnel des urgences du CHU de Rouen s’est déclaré en grève illimitée « pour protester contre la dégradation de ses conditions de travail et le manque de moyens humains et matériels », en raison du manque de personnel dans l’hôpital, 40 postes d’infirmiers ne sont pas pourvus et une cinquantaine de lits fermés.

Ainsi, ce mercredi, ce sont deux autres services de l’hôpital qui ont décidé de rejoindre de concert le mouvement et déposer un préavis de grève pour le mercredi 12 janvier. Précisément, c’est l’unité d’hospitalisation d’attente (UHA) et l’unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD) qui sont concernées. Deux services complémentaires des urgences jouant le rôle d’« unités tampons » selon les propos du secrétaire de Force Ouvrière du CHU Philippe Vasselin, rapportés dans le journal local Actu 76.

« Pour les personnes qui doivent rester après un passage aux urgences, ce sont dans ces unités qu’elles sont placées en attendant l’hospitalisation » explique-t-il. Toujours pour le journal Actu 76, Guillaume Herlin, syndiqué chez SUD, rapporte de son côté : « C’est l’effet boule de neige… La saturation des Urgences amène maintenant ces unités à leur tour saturer ». « La crise de la Covid vient exacerber une situation déjà bien tendue », ajoute-t-il.

la grève a eu lieu dans ces deux services à compter du mercredi 12 janvier toute la journée et durant la soirée. Les grévistes ont pour revendication le respect de leurs horaires de travail, ainsi que le recrutement de deux agents supplémentaires. A ce sujet, Phillipe Vasselin rapporte : « Une aide-soignante est partie, et elle n’a jamais été remplacée. La charge de travail a été répartie entre les autres soignants ». Ils demandent également la réouverture des lits en aval de ces deux services.

Encore une fois, la crise de la Covid vient mettre en évidence le manque de moyens et de personnel chroniques dans l’hôpital public, manque résultant des politiques de casse de l’hôpital public qui se succèdent depuis plusieurs décennies. Entre 2013 et 2019, ce sont plus de 13000 lits en hôpitaux qui ont été fermés.

Pour parler de la situation au CHU de Rouen, nous serons au téléphone avec Guillaume Herlin, syndiqué à SUD SANTÉ SOCIAUX et infirmier en service de néonatalogie.

Récemment, l’Autriche a décidé un confinement sélectif épargnant les vacciné·e·s. Singapour a quant à elle décidé de dérembourser les soins des patient·e·s hospitalisé·e·s pour Covid et non vacciné·e·s. En France, les non vacciné·e·s ayant besoin d’une consultation dans un établissement de santé seront bientôt refoulé·e·s. (avec la mise en place du passe vaccinal à la place du passe sanitaire).

Attention : limiter les droits fondamentaux et les soins aux non vacciné·e·s n’arrêtera
pas la pandémie de COVID-19. Continuons à soigner les non-vacciné·e·s et refusons de les discriminer.

Toute personne infectée par la Covid doit pouvoir bénéficier efficacement de soins, qu’elle soit vaccinée ou non : conseils, isolement, surveillance ou traitements spécifiques. Empêcher l’accès aux soins et au dépistage des non vacciné·e·s ne mènera qu’à l’augmentation des contaminations. Les structures hospitalières sont sous pression à cause de restrictions de capacités d’accueil et d’hospitalisation, organisées par les décideurs·euses depuis plusieurs années sur des bases
économiques de rentabilité sans lien avec les besoins de la population.

Les fermetures de lits se poursuivent sur ordre du gouvernement, alors que nous sommes en période épidémique. Et le départ des personnels·les soignant·e·s de l’hôpital qui s’opère depuis plusieurs années est dû à des causes structurelles (manque de moyens, bas salaire, heures supplémentaires non payées…). Les
personnes non vaccinées ne sont pas responsables de ça. L’argument de la vaccination indispensable pour « soulager l’hôpital public » est dangereux. Les difficultés d’accès aux soins ne relèvent pas de la responsabilité des individu·e·s : ce sont les gouvernant·e·s qui dégradent les services publics.

Notre système est (encore) basé sur la mutualisation des moyens et le partage des risques. Ce qui fait par exemple qu’une personne atteinte d’un cancer du poumon n’avance pas de frais liés à sa maladie, peu importe qu’elle ait fumé, ou été exposée à l’amiante ou autre. Se désolidariser de celles et ceux qui sont malades et qui ont besoin de soins revient à détruire les fondements de Sécurité sociale de l’assurance maladie : si chacun·e est responsable de lui/elle-même, alors pas besoin de
mettre dans un pot commun pour couvrir les soins de tous et toutes.

Chacun·e serait alors obligé·e de payer pour son propre compte en fonction des « risques » pris au cours de la vie, auprès de systèmes assurantiels qui n’attendent que ça. Il est illusoire de croire que nous pouvons individuellement nous assurer pour des risques qui représentent des sommes astronomiques (3 000 € la journée en soins intensifs, 30 000 € certaines lignes de chimiothérapie) La police d’assurance sera salée, plus salée que la cotisation solidaire qui est versée à l’Assurance maladie
aujourd’hui.

Voici une grande partie du communiqué de presse du 22 décembre 2021 du syndicat de la médecine général et nous reviendront dans les grandes lignes de ce communiqué avec Lanja Andrian, membre du SMG et médecin généraliste à Perpignan

Les soins urgents et vitaux sont encore dispensés, mais dans quelles conditions ?

Les personnels des soins sont au bout du rouleau, désabusés de leur métier, broyés dans la machine.

Au point pour certains de perdre la boussole de leur éthique professionnelle et de mettre en avant le tri à faire sur les malades qui se présentent.

Qui en est responsable ?

Certainement pas ces professionnels eux-mêmes, sur qui on reporte des questions qui devraient être traitées par le débat démocratique.

Depuis des années, les gouvernements successifs ont sacrifié notre système public de santé et l’ont vendu à la découpe au privé, sans aucune pensée globale et prospective sur les besoins et défis de santé à venir.

Des professionnels sous-payés par rapport à leurs compétences, leur qualification et leur engagement ; une absence de reconnaissance des savoir-faire ; une logique économique qui passe avant la logique des soins ; des dysfonctionnements majeurs liés à une logistique et une administration inadaptées, pourtant pléthoriques ; un empiètement de plus en plus important de techniques managériales nocives qui ne sont là que pour faire marcher des escadrons de petits soldats…

La servitude volontaire des plus gradés, paramédicaux, administratifs et malheureusement parfois médicaux, soumet aveuglément l’ensemble au dogme de la productivité, de la performance, d’une prétendue efficience, de la course au chiffre, de la concurrence entre services, établissements… Cette bureaucratie comptable, disciplinée et aveugle, dont le coût et le poids sont énormes, présente dans toutes les strates des hôpitaux, des GHT mille-feuille, des ARS… aboutit à une maltraitance des patients et des soignants, détruit le soin, dégoute les soignants et les conduit à l’arrêt ou à la fuite.

Quoi de mieux que ce lent pourrissement, cette destruction organisée pour faire fuir aussi les patients et permettre de proposer le privé lucratif comme sauveur ?

Nous en sommes arrivés là.

Peut-on encore parler d’erreur ou d’incompétence là où une stratégie de non-assistance clairement affichée trouve son illustration ?

Plus encore, c’est l’absence de vision de santé publique qui fait défaut : celle qui articulerait la médecine de ville à la médecine hospitalière, restaurerait une permanence des soins, prendrait véritablement en compte les plus précaires (4 % de la population n’a pas de mutuelle et devra payer de sa poche le nouveau forfait urgence à 19,61 € alors que les le manque de médecins généralistes est criant). Là encore il s’agit de favoriser attente, conflit, humiliation des patients par des équipes exsangues pour les dégouter un peu plus.

La psychiatrie en est une parfaite illustration. Alors qu’elle est démantelée depuis des années, mais ô combien nécessaire par les temps difficiles que nous traversons, elle n’a eu droit qu’à quelques mesurettes en septembre dernier alors que les besoins se chiffrent en milliards.

Ce communiqué de presse publié le 7 janvier 2022 par l’USP – Union Syndicale de la Psychiatrie- donne un aperçu de la situation dans le secteur de la Psychiatrie. Nous reviendrons sur cette conjoncture en compagnie de Delphine Glachant, Psychiatre en Île-de-France et présidente de l’union locale de la Psychiatrie.

Nous terminerons cette émission par l’appel à soutien pour Vincenzo Viecchi et ensuite, nous entendrons un entretien réalisé avec Charlotte Jimony, l’épouse de Jimony Rousseau, habitant de Lagny, incarcéré à la prison de Meaux-Chauconin le 6 janvier 2021 puis décédé le 2 février 2021. À cet effet, un rassemblement aura lieu ce mercredi 19 janvier 2022 à 12 h devant le tribunal de Meaux pour la suite de cette affaire.


MALI : LES INTÉRÊTS STRATÉGIQUES DE L’OCCUPATION MILITAIRE DU TERRITOIRE PAR LA FRANCE

L’occupation du Mali par les forces militaires françaises, depuis l’opération Serval en 2013, Barkhane en 2014 et maintenant, avec la force internationale Takuba, est mise en cause depuis plusieurs années.

En janvier 2020, plus d’un millier de Maliens avait manifesté place de l’Indépendance dans la capitale, Bamako, pour exiger le retrait des troupes françaises. La colère explose contre le carnage produit par l’ingérence française et contre le mensonge officiel qui y a servi de prétexte : que la France mènerait une guerre mondiale contre des réseaux terroristes djihadistes qui menacent de conquérir le Mali.

Les manifestants à Bamako brandissaient des affiches « France dégage », et scandaient des slogans dont « La France dehors », « À bas la France » ou « Barkhane doit partir », du nom de la force armée française qui intervient au Mali. De nombreux manifestants soulignaient que leur colère se dirige non pas contre les Français, mais contre la politique extérieure de l’impérialisme français. Une autre revendication était de surmonter les rivalités entre Touaregs, Dogons, Peuls et autres ethnies sur lesquelles jouent les forces d’occupation françaises et leurs supplétifs allemands.

La mobilisation à Bamako faisait suite à un nombre de grèves et de manifestations contre l’ingérence française et le pantin néocolonial malien, le président Ibrahim Boubacar Keïta.  Par exemple, enseignants et cheminots maliens avait fait grève en 2019, car Paris et Keïta, qui dépensent des centaines de millions d’euros sur la guerre, ne payaient pas leurs salaires. Le mépris que ressentaient les Maliens pour Keïta et le régime néocolonial à Bamako n’a fait qu’augmenter à travers la mobilisation.

Un manifestant à Bamako : « Le président ne peut pas être clair. Tous les présidents africains, c’est la France qui les élit. Ils sont à la merci de la France. ». Alors même que la colère monte, Macron dénonce l’opposition à la guerre au Mali, qu’il traite alors d’« antifrançaise ».

En juin 2020, la mobilisation s’intensifie suite à l’invalidation d’une trentaine de résultats des législatives de mars-avril par la Cour constitutionnelle. Les pancartes brandies par les manifestants visent le président Keïta, mais aussi son Premier ministre Boubou Cissé.

Dans une déclaration, le Mouvement du 5 juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), un des groupes leaders de la contestation, a affirmé que le peuple du Mali avait “droit aux mêmes égards exprimés en faveur de ceux du Burkina Faso, de Gambie, d’Algérie, mais aussi du Liban face à des dirigeants corrompus et sans vision constructive”. “Cette façon de gérer (…) a conduit le Mali au bord du gouffre et compromet aujourd’hui la stabilité dans le Sahel, voire dans la sous-région”, affirme encore le communiqué du M5-RFP, une coalition hétéroclite de chefs religieux, de responsables politiques et de membres de la société civile.

En mai 2021, le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d’État en aout 2020 et suite à des mois de mobilisation, est intronisé président “de la transition”. Le 25 mai 2021, Emmanuel Macron déclare que les troupes françaises quitteront le Mali suite à  l’échec du vœu de sanctions de la France lors du Conseil de Sécurité de l’ONU, et quelques jours avant le  Sommet extraordinaire de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur le Mali.

Néanmoins, avec la réduction des troupes et des bases au Mali, la France prévoit de renforcer sa présence au sein d’une force opérationnelle européenne appelée Takuba, qui a été établie comme une opération de formation pour le Mali par les forces internationales occidentales. En réponse à cette déclaration de retrait partielle, les mobilisations ne cessent pas et le groupe politique “Yerewolo – Debout sur les remparts”  organise un rassemblement, dix jours plus tard, afin de demander le retrait total des forces françaises du pays.

Lors de l’ensemble de l’année 2021, de nombreux rassemblements auront lieu, demandant le retrait total des troupes françaises, considérant que le Mali est victime d’une guerre d’accrétion coloniale de la part de la France depuis 2012. Une guerre qui a causé la mort des milliers de militaires et civils, et qui a également provoqué la famine, de nombreux réfugiés et déplacés internes.

Dans le même temps, la rumeur d’un potentiel accord entre le Mali et le groupe de mercenaires russes Wagner se diffuse. Le 14 décembre 2021, alors que l’armée française venait de rendre la base militaire de Tombouctou, des soldats envoyés par Moscou au Mali se sont installés dans la base militaire de la « ville des 300 saints ». L’arrivée de ces militaires russes – des instructeurs de l’armée et des mercenaires de la société privée Wagner – à Tombouctou est une nouvelle douche froide pour la France qui avait remis cette base, les installations qu’elle avait construites et équipées sur ses propres fonds, aux Fama.

Le 9 janvier 2022, réunies à Accra (Ghana), les organisations ouest-africaines ont jugé inacceptable le calendrier proposé par les autorités pour un retour à l’ordre constitutionnel étalé sur cinq ans par le gouvernement de transition Malien. Pour contraindre les autorités de transition à accélérer, face à la proposition des militaires de rester au pouvoir jusqu’à cinq ans avant d’organiser des élections, et de respecter sa promesse d’organiser le scrutin en février, la Cedeao a décidé de : fermer ses frontières aériennes et terrestres avec le Mali, de geler les avoirs du pays et de suspendre toute transaction commerciale, à l’exception de celles portant sur certains biens de consommation essentiels, produits pétroliers ou encore médicaux. Cette décision a ensuite été soutenue par les États-Unis, l’Union européenne et l’ancienne puissance coloniale française.

Le premier effet visible de cette décision, prise après que les autorités maliennes eurent demandé une prolongation de la période de transition comprise entre six mois et cinq ans, a été la ruée sur les derniers vols reliant les capitales des pays membres de la Cedeao à Bamako. De plus, Le gouvernement de transition a immédiatement répliqué en rappelant ses ambassadeurs accrédités dans les États membres de la Cedeao et menace désormais de se « réserver le droit de réexaminer sa participation à ces entités ».

À la suite de ces sanctions avec effet immédiat, plusieurs ressortissants maliens se sont retrouvés bloqués dans les pays de la région et plusieurs vols à destination de Bamako ont été annulés. Sur le plan économique, l’impact de ces sanctions pourrait s’avérer désastreux. Des commerçants dont les marchandises sont stockées dans les ports d’Abidjan ou de Dakar craignent des pertes importantes.

En 2019, selon des chiffres de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), les importations du Mali en provenance des pays de l’espace monétaire ouest-africain s’élevaient à 1 109,5 milliards de FCFA (1,6 milliard d’euros), dont 19 % depuis le Sénégal et 11 % pour la Côte d’Ivoire. Un responsable financier à Bamako dit redouter une situation « intenable » d’ici à quelques semaines : « Les banques s’approvisionnent auprès de la BCEAO . Si la situation perdure, ces banques ne pourront plus accorder de prêts aux clients et l’État aura des difficultés à payer les fonctionnaires. »

La junte d’Assimi Goïta, le pouvoir malien a qualifié les sanctions d'”extrêmes” et d'”inhumaines” et a appelé à des manifestations et ses ressortissants à descendre dans la rue. Ainsi le 14 janvier 2022, plusieurs milliers de Maliens ont répondu à l’appel à manifester du gouvernement de transition, pour montrer leur opposition aux sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) contre leur pays.

Les manifestants dirigent aussi leur colère contre la France, accusée de manœuvrer en coulisse. Dans une ambiance surchauffée, sous des concerts de vuvuzelas, les manifestants ont scandé des slogans hostiles à la Cedeao et à la France. Cette dernière est considérée comme ayant fait pression sur plusieurs pays de la région pour mettre au ban le Mali. Pour preuve, selon eux, la suspension des vols d’Air France vers Bamako, décidée par les autorités françaises. 

Dans cette émission du 14 janvier 2022, nous vous diffusons donc un entretien réalisé le 26 novembre, avec Djané et Moktar, tous deux ressortissants maliens, autour des intérêts stratégiques de l’occupation militaire du territoire maliens par les puissances internationale et particulièrement française. Ce jour-là, le départ de notre conversation fût l’affirmation souvent entendue ” il n’y a pas de terrorisme au mali”; un moyen pour nous de revenir sur la manière dont les puissances étrangères utilisent et construisent les conflits armés sur place afin de servir leur propre intérêt malgré les discours humaniste proférés par leurs représentants et diffusés par les médias.

JOURNÉE D’ACTION DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ/ MILITANTES KURDES ASSASSINÉES

Saint-Denis 8 janvier 2022 : devant le siège de l’agence régionale de santé

L’actuelle vague épidémique de la COVID-19 met une nouvelle fois durement à l’épreuve notre hôpital public, déjà fortement sollicité par cette pandémie. Cette crise sanitaire a par ailleurs mis en lumière les inégalités d’accès au soin et les grandes difficultés de notre hôpital public complétement dévasté par des années d’austérité budgétaire.

Tous ces problèmes nous les retrouvons démultiplié en Seine-Saint-Denis, territoire particulièrement frappé par l’épidémie, où ici plus qu’ailleurs l’hôpital public joue un rôle déterminant pour l’accès au soin, alors qu’il connait un épuisement très inquiétant des personnels.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, l’hôpital Robert Ballanger dénombre plus de 30 % de ses lits fermés par manque de personnels. Et pour tordre le cou aux affirmations qui martèlent que nous ne pouvons pas former des soignants en 3 mois, nous rappelons que cette pandémie dure depuis 2 ans et qu’il y a quelques mois des étudiants ont dû saisir le conseil d’État pour contraindre le gouvernement à ouvrir des places dans les facultés de médecine.

Ce ne sont que des exemples parmi d’autres qui témoignent d’un véritable abandon de l’hôpital public. Car notre système de santé est bien au bord de l’effondrement et les grands discours, les promesses généreuses, sont vécus par les personnels comme autant de gifles tant ils peinent à se concrétiser et sont à rebours des réalités du terrain.

La communication semble vouloir agir comme un contrefeu pour tenter de masquer une situation de crise d’une intensité jamais égalée. Pourtant, chacun reconnait que les salarié.e.s des secteurs du sanitaire, médico-social et social public et privé sont essentiels, notamment pour garantir à toutes et tous l’accès aux droits sociaux et aux soins. Quand va-t-on enfin leur donner les moyens d’exercer leur métier dans de bonnes conditions ? Quand va-t-on réellement décider de valoriser les métiers du soin ? Combien de crises faut-il pour qu’enfin les demandes citoyennes soient traduites en politiques publiques à la hauteur des besoins et des enjeux ?

Ce tract d’appel cosigné par une intersyndicale du 93, appelait à un rassemblement le 11 janvier 2022 au matin devant l’Agence régionale de Santé à Saint-Denis et en début d’après-midi, une manifestation partait de l’hôpital Cochin.

Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons un reportage mixant ses deux rendez-vous.

Comme chaque année à la date anniversaire de l’assassinat des trois militantes le 9 janvier 2013, les organisations kurdes en France, appelle à descendre dans les rues afin de réclamer justice pour Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez. Dans cette seconde partie d’émission, nous entendront un entretien réalisé avec deux militantes kurdes, lors de la manifestation du samedi 8 janvier 2022 à Paris.

DÉBAT SUR LES AMENDES ABUSIVES SUR LE BELVÉDÈRE DE BELLEVILLE

Le dimanche 17 octobre 2021, se déroulait sur le belvédère de Belleville, une rencontre d’une diversité de collectifs et d’association issus du 20ᵉ arrondissement et d’ailleurs, autour de la question des amendes abusives distribuées dans le quartier. Cette pratique n’est pas nouvelle, mais elle se développe et s’est accélérée avec la situation de la covid.

Cette initiative avait été impulsée par “La brigade des mamans” qui s’organisent autour des abus policiers, à travers des maraudes hebdomadaires. En effet, le harcèlement policier se solde très fréquemment par la distribution d’amendes abusives aux jeunes, qui rapidement, parce qu’elles s’accumulent, ne peuvent plus les payer. Ces dettes suivent ensuite ces personnes et leur famille pendant des années, ce qui précarise leur condition de vie et les enchaine à une condition de surendettement qui empêche toutes projections futures.

Une violence sociale qui s’ajoute aux humiliations, brimades et violence physiques que ces personnes subissent au quotidien, dans un quartier qui se transforme. l’espace public ne leur appartient pas et la police se charge de faire le ménage.
Face à ce constat, cette initiative a été rejointe par un ensemble de collectifs et associations travaillant sur cette question de sorte à ouvrir le débat une première fois, pour ensuite pouvoir s’organiser afin de contester cette pratique.

Dans l’émission de ce jour, vous entendrez un montage d’une partie des prises de parole réalisé lors de cette rencontre. Pour finir cette émission, nous vous rediffusons un interview remonté, réalisé avec une maraude de copwatching qui s’organise sur le 20ᵉ arrondissement et qui a participé à l’organisation de cette rencontre.

LES POSTIERS SANS PAPIERS DEVANT CHRONOPOST / MANIFESTATION CONTRE LE PASS VACCINAL

Samedi 8 janvier 2022 – Place de Catalogne → Place de la nation. Crédit photo : Serge D’Ignazio https://www.flickr.com/photos/119524765@N06/albums

Avec les limitations d’accès aux magasins causées par la pandémie, le trafic du colis a explosé. Les plateformes se font une concurrence sauvage entre Amazon, Prisme, Geodis… et la Poste. La Poste avec ses différentes divisions ou filiales utilise, elle aussi, la main-d’œuvre sans papiers. Alors Sans-papiers et postier, est-ce possible ? La direction de la Poste dira que non. Non, la Poste se contente de sous-traiter. La Poste, sous le nom de Viapost, Coliposte, DPD ou Chronopost, sous-traite à des sociétés qui gèrent les colis sur les lignes de roulement.

Dans ses garages et ses plateformes, la Poste et ses filiales ont confié une partie du travail à des entreprises de manutention pour contourner l’organisation syndicale et intensifier le travail. Au DPD de Coudray Montceaux comme au Chronopost d’Alfortville, la société sous-traitante s’appelle DERICHEBOURG. Cette société a fabriqué une entreprise d’intérim, DERICHEBOURG INTERIM. DERICHEBOURG se loue ainsi du personnel à lui-même à l’aide d’un artifice juridique validé par l’État. Cela rajoute un niveau de sous-traitance qui rend encore plus difficile la défense de nos droits.

Pendant 7 mois, de juin 2019 à janvier 2020, une lutte devant l’agence Chronopost d’Alfortville, avec un piquet installé jour et nuit, a permis d’imposer la régularisation de 27 travailleurs surexploités par cette filiale de La Poste et ses sous-traitants. Cela a permis aussi la régularisation de 46 autres travailleurs, travaillant dans d’autres sociétés et ayant activement participé à ce combat.

Depuis le 7 décembre 2021, un piquet de grève est réinstallé devant l’agence Chronopost Alfortville. Cette action a été décidée suite aux ruptures de contrats imposées par le sous-traitant Derichebourg sur le site de l’agence.

Le jeudi 6 janvier, se tenait devant le siège de Chronopost, un rassemblement des postiers sans papiers. Cela concernait tout particulièrement les deux piquets de grève liés à la Poste : celui de DPD, au Coudray-Montceaux avec Solidaires et SUD Poste 91 et celui devant l’agence Chronopost d’Alfortville avec Solidaires et SUD Poste 94.

Nous vous proposons dans ce premier temps d’émission, le reportage réalisé ce 6 janvier 2022 devant le siège de Chronopost dans le 14eme arrondissement de Paris.

La prochaine manifestation de soutien aux grévistes sans-papiers du piquet Chronopost Alfortville aura lieu jeudi 13 janvier à 11H, de la Direction de La Poste, 3 Place Salvador Allende à Créteil (M° Créteil Préfecture), jusqu’à l’antenne 94 de la Direction du travail (DRIEETS), hall B, immeuble Le Pascal (entrée sur le parking du centre commercial Créteil Soleil, niveau 2).

Le 8 janvier 2022, les Gilets jaunes et citoyens en colère était bien décidés à emmerder Macron, alors que la loi sur le Pass Vaccinal a été votée à l’Assemblée nationale puis renvoyée au sénat et un appel national fut lancer aux gilets jaunes.

Ce samedi, la manifestation parisienne partait de la place de Catalogne, en direction de nation. L’équipe de l’actualité des luttes se trouvait dans le cortège et nous vous diffusons le reportage réalisé ce même jour.

Bonne écoute !

 

PASS VACCINAL OU PASS SÉCURITAIRES ?

Dessin issu du site https://lepoing.net/

Passe sanitaire : quelle surveillance redouter ?

Les critiques du passe sanitaire dénoncent unanimement un « danger autoritaire ». Assez justement, la CNIL elle-même présente ce danger comme « le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles deviendraient la norme et non l’exception ». Prenons un instant pour détailler ce danger et répondre à la question : de quel type de surveillance le passe sanitaire est-il l’expression ?

Il existe déjà de nombreux « dispositifs attentatoires à la vie privée » contre la généralisation desquels nous luttons depuis des années : écoutes téléphoniques, fichage, caméras, drones, géolocalisation, logiciels espions… Pour comprendre et prévenir les dangers posés par le passe sanitaire, il faut le situer précisément au sein de cet écosystème. Certains outils de surveillance sont plus ou moins faciles à déployer, à plus ou moins grande échelle, de façon plus ou moins visible et avec des conséquences très variables. En comprenant dans quel mouvement technologique et à partir de quels outils pré-existants le passe sanitaire s’est construit, nous espérons lutter plus efficacement contre la banalisation du type de surveillance qu’il permet.

Contrôler pour exclure

Pour prendre du recul, décrivons de façon générale l’action que permet de réaliser le passe sanitaire : exclure de certains emplois, transports et lieux des personnes dont la situation diffère de certains critères fixés par l’État.

Formulé ainsi, ce mode de régulation n’a rien de nouveau. C’est notamment de cette façon que l’État français traite les personnes étrangères : l’accès aux transports vers le territoire national, puis l’accès au séjour et à l’emploi sur le-dit territoire n’est permis que si la situation des personnes étrangères est conforme à des critères fixés par l’État (situation personnelle familiale et économique, pays d’origine, âge…). Le respect des critères est vérifié une première fois en amont puis se traduit par la délivrance d’un titre : visa, cartes de séjour, etc. Ensuite, la police n’a plus qu’à contrôler la possession de ces titres pour contrôler la situation des personnes, puis leur ouvrir ou leur fermer les accès correspondants. En menaçant d’exclure du territoire ou de l’emploi les personnes ne disposant pas du bon titre, l’État déploie une lourde répression – les conséquences pour les personnes exclues sont particulièrement dissuasives.

Toutefois, jusqu’à peu, ce type de répression avait d’importantes limitations pratiques : les titres ne pouvaient être délivrés qu’avec un certain délai et à un certain coût, de nombreux policiers devaient être déployés pour les vérifier et certains policiers devaient même être spécifiquement formés pour en vérifier l’authenticité. Ces limitations expliquent sans doute en partie pourquoi ce type de répression s’est jusqu’ici centré sur des cas précis (tel que le contrôle des personnes étrangères) sans être systématiquement déployé pour gérer n’importe quelle situation que l’État souhaiterait réguler.

Le passe sanitaire est la traduction d’évolutions techniques qui pourraient supprimer ces anciennes limites et permettre à cette forme de répression de s’appliquer à l’ensemble de la population, pour une très large diversité de lieux et d’activités.

Passage à l’échelle technologique

Au cours de la dernière décennie, la majorité de la population française (84% en 2020) s’est équipée en smartphone muni d’un appareil photo et capable de lire des code-barres en 2D, tels que des codes QR. En parallèle, l’administration s’est largement appropriée les outils que sont le code-barre en 2D et la cryptographie afin de sécuriser les documents qu’elle délivre : avis d’imposition, carte d’identité électronique… Le code en 2D rend quasi-nul le coût et la vitesse d’écriture et de lecture d’informations sur un support papier ou numérique, et la cryptographie permet d’assurer l’intégrité et l’authenticité de ces informations (garantir qu’elles n’ont pas été modifiées et qu’elles ont été produites par l’autorité habilitée).

Si ces évolutions ne sont pas particulièrement impressionnantes en elles-même, leur concomitance rend aujourd’hui possible des choses impensables il y a encore quelques années. Elle permet notamment de confier à des dizaines de milliers de personnes non-formées et non-payées par l’État (mais simplement munies d’un smartphone) la mission de contrôler l’ensemble de la population à l’entrée d’innombrables lieux publics, et ce, à un coût extrêmement faible pour l’État puisque l’essentiel de l’infrastructure (les téléphones) a déjà été financée de manière privée par les personnes chargées du contrôle.

Désormais, et soudainement, l’État a les moyens matériels pour réguler l’espace public dans des proportions presque totales.

Une brique de plus à la Technopolice

La crise sanitaire a très certainement facilité ces évolutions, mais son rôle ne doit pas être exagéré. Cet emballement dramatique des pouvoirs de l’État s’inscrit dans un mouvement d’ensemble déjà à l’œuvre depuis plusieurs années, qui n’a pas attendu le coronavirus, et contre lequel nous luttons sous le nom de « Technopolice ». Il s’agit du déploiement de nouvelles technologies visant à transformer les villes en « safe cities » capables de réguler l’ensemble de l’espace public.

La Technopolice est l’expression d’évolutions technologiques qui, comme on l’a vu avec le cas du passe sanitaire, ont permis de rendre totales des formes de régulations qui, jusqu’alors, étaient plus ou moins ciblées. Prenons le cas emblématique des caméras : jusqu’à peu, la police était matériellement limitée à une politique de vidéosurveillance ciblée. Elle ne pouvait exploiter les enregistrements vidéo que pour analyser quelques situations ciblées, à défaut de pouvoir mettre un agent derrière chaque caméra 24 heures sur 24. De même, l’identification d’une personne filmée demandait des efforts importants.

Ces limitations ont depuis volé en éclat. La reconnaissance faciale rend presque triviale l’identification des personnes filmées (voir notre exposé). L’analyse automatisée d’images permet de détecter en continu tous les événements définis comme « anormaux » : faire la manche, être trop statique, courir, former un grand groupe de personnes, dessiner sur un mur… (voir par exemple les projets imaginés à Marseille ou à Valenciennes). Plus besoin de placer un agent derrière chaque caméra pour avoir une vision totale. Qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de l’analyse d’image automatisée, dans les deux cas, la technologie a permis à des techniques ciblées de se transformer en outils de contrôle de masse de l’espace public.

Contrôle permanent des corps

Ce parallèle nous permet d’apporter une précision importante : qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de la détection automatique des comportements « anormaux », ces systèmes ne nécessitent pas forcément un contrôle d’identité. Le logiciel d’imagerie qui signale votre comportement « anormal » se moque bien de connaître votre nom. De même, en théorie, le passe sanitaire aussi pourrait fonctionner sans contenir votre nom – c’est d’ailleurs ce que prévoyait la loi initiale sur la sortie de crise ou, plus inquiétant, ce que proposent désormais certaines entreprises en se fondant non plus sur le nom mais le visage. Dans ces situations, tout ce qui compte pour l’État est de diriger nos corps dans l’espace afin de renvoyer aux marges celles et ceux qui – peu importe leurs noms – ne se conforment pas à ses exigences.

Ce contrôle des corps se fait en continu et à tous les niveaux. D’abord pour détecter les corps jugés « anormaux », que ce soit par leur comportement, leur apparence, leur visage, leur statut vaccinal, leur âge… Ensuite pour contraindre les corps et les exclure de la société, que ce soit par la force armée de la police ou par des interdictions d’entrée. Enfin pour habiter les corps et les esprits en nous faisant intérioriser les règles dictées par l’État et en poussant à l’auto-exclusion les personnes qui ne s’y soumettent pas. Tout cela à l’échelle de l’ensemble de la population.

Une accoutumance injustifiée

L’adoption massive du passe sanitaire aurait pour effet d’habituer la population à se soumettre à ce contrôle de masse, ce qui s’inscrit dans la bataille culturelle plus large déjà initiée par le gouvernement, notamment autours des caméras. Cette accoutumance permettrait à l’État de poursuivre plus facilement sa conquête totale de l’espace public telle qu’il l’a déjà entamée avec la Technopolice.

Pourtant, paradoxalement, dans son format actuel, le passe sanitaire n’apparaît pas comme étant lui-même un outil de régulation très efficace. Il semble difficile d’empêcher les médecins qui le souhaitent de fournir des passes à des personnes qui ne devraient pas en recevoir. Et, quand bien même les passes seraient attribués aux « bonnes personnes », en l’état celles-ci peuvent facilement les partager avec les « mauvaises personnes ». Certes, la police entend réaliser des contrôles d’identité pour lutter contre ces échanges mais, si l’efficacité du système repose au final sur des contrôles de police aléatoires, il n’était pas nécessaire de déployer des mécanismes de surveillance de masse pour aller au-delà ce qui se fait déjà en la matière, par exemple avec les ordonnances manuscrites délivrées par les médecins que la police peut vérifier en cas de soupçons. Cela permettrait au moins de diminuer les risques d’accoutumance à un nouveau système de contrôle de masse.

Hélas, il semble plus sérieux d’envisager le scénario inverse : l’inefficacité du passe sanitaire pourrait servir de prétexte pour le perfectionner, notamment en permettant aux contrôleurs non-policiers de détecter les échanges de passe. Comme vu plus haut, certains proposent déjà un nouveau système affichant le visage des personnes contrôlées. Une telle évolution nous livrerait la version pleinement aboutie et efficace du système de contrôle de masse rêvé par la Technopolice – et la police n’aurait presque plus à travailler pour contrôler les passes.

Obligation de prouver la nécessité

Même dans son format le plus sophistiqué, l’efficacité du passe sur le plan sanitaire resterait toujours à démontrer – il demeure de nombreuses incertitudes, que ce soit sur la valeur des tests au bout de 72 heures, sur le taux de transmission même une fois vacciné, sur le cas des nouveaux variants, sur l’efficacité de la contrainte pour inciter la population à se faire vacciner, ou sur la durée de validité à retenir pour les tests de dépistage.

Au plan juridique et politique, et tel que nous l’avions rappelé pour StopCovid, l’État est soumis à une règle simple mais fondamentale : il a l’obligation de prouver qu’une mesure causant des risques pour les libertés fondamentales est absolument nécessaire avant de la déployer. Dans notre cas, non seulement le gouvernement n’a pas encore démontré l’efficacité du passe sanitaire mais, plus grave, il a refusé de déployer ou de tester l’efficacité de mesures alternatives qui ne causeraient aucun risque pour les libertés (telles que des campagnes de communication bienveillantes, transparentes et non-paternalistes pour inviter à se faire vacciner), ou des mesures complémentaires ambitieuses (tel que le déblocage de financements pour permettre le dédoublement des salles de classe et leur aération, ce que le gouvernement à tout bonnement écarté).

Conclusion

Résumons : le passe sanitaire illustre des évolutions technologiques qui permettent à un mode de répression ancien (la répression par l’exclusion, illustrée notamment par le contrôle des personnes étrangères) de passer d’une échelle relativement restreinte à une échelle presque totale, concernant l’ensemble de la population et de l’espace public, afin de renvoyer à ses marges les personnes qui ne se soumettent pas aux injonctions de l’État.

Si, aujourd’hui, ces injonctions ne sont que d’ordre sanitaire, il faut encore une fois redouter que ce genre d’outil, une fois banalisé, soit mis au service d’injonctions dépassant largement ce cadre. Cette crainte est d’autant plus pesante que ce processus a déjà commencé au sein de la Technopolice, qui esquisse d’ores et déjà un mode de régulation social fondé sur la détection et l’exclusion de toute personne considérée comme déviante ou comme ayant un comportement « anormal » aux yeux de l’État et des entreprises de sécurité qui définissent ensemble et de manière opaque les nouvelles normes de comportement en société.

Dernier rappel stratégique : si le gouvernement français se permet d’imposer de tels outils de détection et d’exclusion des personnes qu’il juge indésirables, c’est notamment, car il peut reprendre à son compte, et redynamiser à son tour, les obsessions que l’extrême droite est parvenue à banaliser dans le débat public ces dernières années afin de traquer, de contrôler et d’exclure une certaine partie de la population.

La lutte contre les risques autoritaires du passe sanitaire serait vaine si elle ne s’accompagnait pas d’une lutte contre les idées d’extrême droite qui en ont été les prémices. La lutte contre le passe sanitaire ne doit pas se faire avec, mais contre l’extrême droite et ses obsessions, qu’elles soient dans la rue ou au gouvernement.

Au moment où l’assemblée nationale et le sénat statut sur le passage du pass sanitaire en pass vaccinal, dans l’émission de ce jour, nous voyons comment la résistance face à cette nouvelle étape se met en place et pour cela, nous serons en plateau avec Évelyne, Arthur, de la quadrature du net et Philippe, gilet jaune de Nanterre.

Nous aurons également par téléphone : Catherine, de la bibliothèque publique d’information de Beaubourg et Hichem, du syndicat sud commerce.

Sur cette même question, une assemblée générale aura lieu MERCREDI 12 JANVIER de 18 h 30 à 21 h 30 à la Bourse du Travail de Paris 3 rue du Château d’Eau, salle Jean Jaurès.

L’ASSASSINAT DE 3 MILITANTES KURDES / PASS POLICIER : d’une démission à gauche

Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz (Sara), co-fondatrice du PKK, Fidan Dogan (Rojbîn), représentante en France du Congrès national du Kurdistan (KNK), et Leyla Saylemez (Ronahî), membre du mouvement de jeunesse kurde, étaient sauvagement assassinées à Paris. Neuf ans après ce massacre, la justice fait toujours défaut.  

La première instruction ouverte au lendemain des faits allait révéler que le massacre avait été commandité et planifié par l’agence du renseignement turc (MIT). Pourtant, suite à la mort du tireur, Ömer Güney – qui serait décédé en prison d’une tumeur au cerveau en décembre 2016 -, la justice française a décidé de clore le dossier au prétexte que « l’assassin présumé étant mort, l’action publique est éteinte ».

Par la suite, deux hauts fonctionnaires du MIT capturés par les forces armées du PKK ont révélé des informations cruciales sur la planification du triple assassinat, indiquant notamment que celui-ci avait été commis avec l’assentiment d’Erdogan qui était alors premier ministre.  

Une autre évolution importante tient à une procédure pénale engagée en Belgique suite à une tentative d’assassinat contre des politiciens kurdes. Les investigations menées dans le cadre de cette affaire ont révélé que certaines des personnes mises en cause, ainsi que İsmail Hakkı Musa, alors ambassadeur de Turquie à Paris, étaient Impliqués dans les assassinats.  

Se fondant sur ces nouveaux éléments, les avocats des familles des victimes ont obtenu l’ouverture d’une nouvelle instruction qui dure maintenant depuis trois ans. Cependant, prétextant le « secret-défense », les autorités françaises refusent toujours de partager avec les juges les informations détenues par leurs services de renseignement.  

Ce refus qui fait obstacle à la manifestation de la vérité constitue une entrave politique à la mission du juge d’instruction. Ainsi, le gouvernement français maintient dans l’impunité un crime terroriste commis sur son territoire par les services secrets turcs. Ne pas lever le Secret-défense revient à un déni de justice intolérable. Tant que la vérité et la justice seront dans l’ombre, la France restera coupable!

À la veille de la manifestation qui se tiendra à Paris ce samedi 8 janvier 2022, à 12 h 00, pour une grande marche au départ de la Gare du Nord (Boulevard de Denain) jusqu’à la place de la République où aura lieu un meeting, nous vous diffusons un entretien que nous avions réalisé le 17 janvier 2013 avec une avocate au barreau de paris, elle défendait les demandeurs d’asiles politiques et était secrétaire générale de l’institut kurde de paris. En sa compagnie, nous sommes revenues sur les circonstances de ce triple assassinat.

Dans un entretien avec les lecteurs du Parisien, Macron poursuit sa guerre : “Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie… Un irresponsable n’est plus un citoyen”. La violence, la vulgarité et le mépris du gouvernement bannit 5 millions de ses sujets de la citoyenneté.

Dans cette seconde partie d’émission, nous vous proposons un montage autour de la question du pass vaccinal.

PASS POLICIER : D’UNE DÉMISSION À GAUCHE

Joseph Andras, prix Goncourt (qu’il a refusé) pour son premier roman, dresse un bilan que nous partageons : celui d’une trahison historique de la gauche face au Pass policier et à la technopolice. Pire, une partie de l’extrême gauche en voie de liquéfaction applaudit même les dispositifs de contrôle. Nous en sommes là. Tout est à reconstruire.

“L’aurait-on imaginé que personne n’y aurait cru.

Qu’un gouvernement instaurerait un code matriciel pour autoriser l’accès aux plus banales activités du quotidien. Qu’un gouvernement scinderait par la loi le corps social en deux parties : les citoyens légitimes et ceux qui ne le sont plus. Qu’un gouvernement foulerait aux pieds l’article premier de sa constitution et le ferait au devant d’un parterre d’applaudissements. Que ses forces armées – après avoir mobilisé des drones en vue d’ordonner à la population de rentrer chez elle sous peine de sanction – seraient mandatées pour contrôler le bon port du code-citoyen et pénétreraient, un flingue à la ceinture, jusque dans les cafés du commerce.

Que ses forces armées se verraient exemptées du port en question. Que les députés le seraient également à l’Assemblée nationale. Que des milliers d’infirmières et d’infirmiers seraient jetés comme on jette le fumier. Que des pompiers subiraient le même sort. Que cinq à six millions de citoyens seraient officiellement désignés comme les parasites et les surnuméraires de la nation. Qu’une large majorité de la population l’accepterait sans barguigner. Qu’une part conséquente de « la gauche » ne trouverait rien de mieux à faire que de baisser les yeux. Que le débat démocratique, fût-il parlementaire, serait confisqué par un Conseil de défense et des réunions classées secret-défense. Qu’un ancien banquier d’affaires élu président par la grâce d’un concours de circonstance s’assiérait sur l’Organisation mondiale de la santé. Que la discussion critique en société serait tenue pour suspecte. On aurait aussitôt convoqué quelque fameuse série télévisée de science-fiction ; on aurait cité les grands classiques de la littérature d’anticipation – pour un peu, on aurait jugé que le scénario manquait de crédibilité.

Personne n’y aurait cru ; c’est précisément ce que nous vivons.

Je dois avouer m’être trompé. J’écrivais, peu après la mise en place de ce dispositif de contrôle sans précédent : « faire tomber le pass, amplifier la lutte ». Je m’aventurais à penser que le gouvernement – un gouvernement, on s’en souvient, d’éborgneurs, d’arracheurs de mains et de saboteurs d’hôpitaux – pourrait être mis à genoux sous un délai raisonnable. Prescience : zéro pointé. Six mois plus tard, le « pass sanitaire » se fait « pass vaccinal » et durcit plus encore ses modalités d’exclusion : les parasites de la nation n’auront plus accès aux trains à grande vitesse. Tout un chacun flique tout un chacun avec un zèle de jeune croisé ; voici qu’on discute tranquillement de la désactivation des codes-citoyen et du refus possible de prendre en charge certains malades.

Il faut dire que l’affaire avait commencé comme une farce : la gestion d’un virus né du capitalisme international revenait aux hommes de main du capitalisme international. Qu’on ait laissé à l’État du capital et sa police le soin de louer le bien commun, l’intérêt général et la protection des populations n’augurait que le pire. Que la gauche ait désigné pour cible privilégiée – et parfois unique – une petite troupe d’illuminés plutôt que la technopolice d’État n’a fait que le parachever. Feu nourri sur Francis Lalanne : enfin la gauche se trouvait un ennemi à sa taille.

La gauche serait impardonnable si elle n’était pas notre unique foyer.

Alors oui, bien sûr, elle a protesté. Elle a répété l’évidence : le pass n’entretient aucune espèce de relation avec la santé publique. Pire : le pass aggrave la crise sanitaire en ce qu’il propage l’illusion d’une sécurité pourtant inexistante (le vaccin, tout le monde sait, limitant efficacement le développement de formes graves mais n’abolissant en rien la transmission). Attac a dénoncé « la méthode employée par le gouvernement, génératrice de fortes tensions » ; la LDH a fait savoir que le pass était « une mauvaise solution » et que la loi qui le portait s’avérait « particulièrement inquiétante pour les libertés et droits fondamentaux » ; Le Monde diplomatique a alerté sur « l’impasse des libertés » ; Philippe Poutou a lancé « On est contre le pass vaccinal » ; Philippe Martinez a déclaré être « contre le pass sanitaire car il va générer des discriminations » ; Lutte Ouvrière a juré « C’est non ! ». Fabien Roussel, on ne sait pas toujours bien. À la condition d’oublier qu’il était ici question de la gauche et que l’intéressé a accueilli avec un sérieux tout présidentiel l’envoi du RAID et du GIGN en Guadeloupe, on a même vu Yannick Jadot avouer que, oui, quand même, puisque les scientifiques l’affirment, on ne saurait « recommand[er] le pass vaccinal ». Saluons La France insoumise et le champ autonome qui, chacun à sa façon, ont porté le fer avec le plus d’ampleur.

Mais la gauche, dans ses grandes largeurs, n’a fait guère plus que protester. Elle a râlé puis elle a poursuivi son petit bonhomme de chemin. Même sa fraction la plus résolue – si encline, d’ordinaire, à traquer jusqu’à la plus infime modalité de la « domination » – a baissé les armes : la voici qui tempête contre « le fascisme à nos portes » puis brandit gracieusement son code-citoyen pour assister à une conférence, se rendre au cinéma ou prendre un verre sans la présence de citoyens parasites.

On me dira deux ou trois choses.

On dira le vaccin : hors-sujet.

On dira que le gouvernement Macron n’est pas le seul à mettre en place de telles dispositions et qu’il en existe même de plus contraignantes ailleurs : on produira là des sons dépourvus de la moindre ambition logique. L’Internationale des ordures est un fait bien documenté et l’on ne sache pas qu’elle constitue une quelconque variable d’ajustement.

On dira que l’opposition au pass ne fonde pas en elle-même une politique de santé publique : c’est d’une évidence telle que les propositions démocratiques, sociales et collectives s’entassent (sous les fesses du président).

On dira que les libertariens et les fascistes ont pris la main sur le mouvement de contestation. Que leur « liberté » est la liberté des forts. Qu’ils ont rendu toute alternative émancipatrice inaudible. Qu’on ne saurait marcher aux côtés de Phillipot, Dupont-Aignan et de Villiers. Alors ceci : leur hégémonie n’est jamais que l’autre nom de notre démission. Leur victoire a le visage pourri de la défaite que nous avons voulue. Leur emprise est l’envers de notre abandon.

Car : avons-nous organisé des marches, des rassemblements et des actions indépendantes ? Jeté toutes nos forces dans la bataille contre le classement étatique, technologique et policier de la population, en France continentale comme dans les « outre-mers » ? Appelé à la grève, au boycott et au blocage ? Soutenu massivement les débrayages en cours – dans les piscines ou les bibliothèques ? Nous sommes-nous souciés du sort des travailleurs déchus et broyés par le gouvernement ? Nous savons la réponse. Comme nous savons que Philippot n’a jamais autant parlé de « grève générale » que tous ces derniers mois. La belle gauche a préféré, pour sa part, remettre ses beaux gants – ceux qu’elle avait enfilés pour serrer la main des gilets jaunes.

L’avocat Arié Alimi nous avait avertis : les mesures d’exception s’inscrivent dans le droit commun. L’état d’urgence marque l’ordinaire. Rogne sans retour entier sur les libertés fondamentales.

La CNIL nous avait avertis : « Le législateur doit tenir compte du risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles seraient la norme et non l’exception. »

On ne cède jamais impunément au technocontrôle d’État : notre capitulation se paiera au décuple.”
(Nantes Révoltée)

LOGEMENT : marche pour la réquisition / OFFICE PUBLIC DE L’HABITAT D’AUBERVILLIERS : Terreur et répression antisyndicale

Paris 2 janvier 2022 ; Marche des Réquisitions et pour L’application de la loi de réquisition pour les sans logis et les mal logé-e-s

Le logement a rapporté à l’état 78,8 milliards de recettes fiscales en 2020, il a rapporté 74,4mds en 2017 et 61,6 mds en 2011  ! C’est le produit de la hausse des prix immobiliers et fonciers, des transactions, des coûts de construction et d’entretien, de la taxe foncière…
L’état n’a consacré que 37,6 milliards au logement en 2020, contre 41,7 mds en 2017 et même 43,7 mds en 2011

Près de 500.000 locataires sont en impayé de loyer, 130.514 jugements d’expulsion ont été rendus en 2019, et plus de 30.000 expulsions forcées menacent en 2022.
Les loyers, les charges et l’énergie augmentent, les APL sont réduites, de plus en plus de locataires sont en difficulté. Les jugements d’expulsion pleuvent. À partir du 1er avril, 30.000 familles qui ont échappé à l’expulsion en 2020 et 2021 du fait de la crise sanitaire, pourraient être jetées à la rue et 700 000 sont menacées de coupure d’énergie.

Pour les habitant.e.s d’abris de fortune et de squats, les mises à la rue sont quotidiennes même en hiver ! Toujours plus de locataires sont expulsé.es illégalement et impunément par leur bailleur, souvent des marchands de sommeil !

Extrait de : Plate-forme 2022 des mouvements sociaux : « un logement pour touTEs »

Ce dimanche 2 janvier 2022, se tenait à paris, la Marche des Réquisitions et pour L’application de la loi de réquisition pour les sans logis et les mal logés, initié par association droit au logement. Le micro de l’actualité des luttes se trouvait dans le cortège qui partait du parvis de l’hôtel de ville de paris en direction du ministère du Logement

Dans ce reportage, nous entendrons les différentes prises de parole et notamment un entretien avec une demandeuse de logement et une locataire qui lutte contre la vente à la découpe de son immeuble.

Terreur et répression antisyndicale du DG de l’OPH d’Aubervilliers

Depuis l’arrivée du nouveau Directeur Général en juin dernier à la Direction de l’Office public de l’habitat (OPH) ­d’Aubervilliers et dès les premiers jours le ton était annoncé : froideur, condescendance et mépris. Puis il est passé rapidement à la vitesse supérieure avec insultes, humiliations, violences psychiques, traitements de faveur, division des troupes le tout complétement décomplexé et assumé.

Aujourd’hui plus de six mois après son arrivée, une ambiance délétère hante les couloirs de l’OPH. Plus personne n’ose exprimer ses idées, on ne compte plus le nombre d’arrêts de travail qui amoindrissent évidemment le service public rendu à la population : licenciements violents et contestés en justice, départs de collègues sans raison ni annonce : un vrai climat de terreur.

C’est cette situation anxiogène qui a poussé SUD à créer une section au sein de l’OPH en novembre dernier et dès lors notre Responsable de Section Syndicale a été intimidé, diffamé et mis à pied, alors qu’il est un travailleur protégé par son mandat. L’OPH n’a toujours pas accordé les droits syndicaux que la loi lui impose.

Ce lundi 3 janvier 2022, se tenait devant la mairie d’Aubervilliers, un rassemblement de soutien pour Tarek, le responsable de Section Syndicale qui a été intimidé

Dans ce reportage, nous entendrons l’entretien que nous avons réalisé avec Tarek et un focus sur les OPH

Bonne écoute !


CHRONOPOST : la lutte pour la régularisation continue


Il y a deux ans, en août 2019, le Ministère du Travail avait été obligé de lancer une enquête sur les pratiques de Chronopost et Derichebourg. À la faveur de la fin du conflit et de la crise sanitaire, l’État a lui-même liquidé son enquête.

Alors la Poste a continué à surexploiter les Sans-papiers exactement de la même manière, c’est-à-dire par le moyen d’une cascade de sous-traitance à l’intérieur de l’agence. Derichebourg n’a pas été inquiété et a continué à s’occuper d’une partie du tri et de la manutention en y employant des travailleurs sans-papiers.

Mais aujourd’hui affolés par la lutte de DPD Coudray, ces piteux patrons de La Poste ont lancé, dans la précipitation à Alfortville de pseudos contrôles de « papiers », et ont mis brutalement à la porte des « sans-papiers » qu’ils ont recrutés et exploitent pourtant en toute connaissance de cause depuis plusieurs années pour certains !

La lutte a repris devant Chronopost depuis le 3 décembre 2021 (piquet évacué par la police), et qu’un piquet permanent est installé devant l’agence depuis le 7 décembre. Plusieurs dizaines de travailleurs sont présents jour et nuit sur le piquet, malgré les conditions hivernales.

Le 29 décembre dernier, se tenait une manifestation qui partait de l’agence Chronopost Alfortville pour aller jusqu’à l’agence Colisposte qui se trouve à Créteil. Dans cette émission, nous entendrons le reportage réalisé ce même jour avec les interventions entre autre, des grévistes de Chronopost, de DPD Coudray-Montceau également filiale colis de La Poste et de RSI, intérimaires de cette société qui sont en luttes à Gennevilliers

En soutien aux grévistes de Chronopost, Le CTSPV, la fédération SUD PTT et l’Union Solidaires appellent à se rassembler devant le siège de Chronopost, 3 Boulevard Romain Rolland 75014 Paris, ce jeudi 6 janvier à 11 h 00. Métro porte d’Orléans ligne 4

LA PAUVRETÉ EN PRISON

Nous profitons d’une enquête réalisée par Emmaüs et la croix rouge sur la pauvreté en prison pour affirmer, chiffres à l’appui, que ce sont les pauvres qui vont en prison. Ce que nous savions déjà, mais qu’il est toujours bon de rappeler, et qui semble un préalable a toute réflexion constructive sur la délinquance.

La prison est un outil de gestion de la misère, qui la renforce et la reproduit. Les données sur l’origine sociale des prisonniers et des prisonnières ne sont pas ou très peu étudiées, c’est pourquoi nous avons réalisé cette interview.

Nous restons cependant critiques quant à la gestion misérabiliste de ces organismes de charité qui proposent avant tout des solutions précaires de prises en charge des prisonniers soit pour faire leurs TIG (travaux d’intérêt généraux) soit exécuter leurs conditionnelles ou leurs sorties de prison aux seins de leurs structures.

Tant qu’il n’y aura que des miettes à se partager, il n’y en aura jamais pour tout le monde, bien au contraire. Ce sont des solutions pérennes en termes de revenu, de travail, de logement, de santé… qu’il faut mettre en place.

Les données concernant les catégories socio-professionnelles sont, elles totalement absentes des statistiques pour mieux ramener le prisonnier à sa très grande faute et à sa responsabilité individuelle.

Le rapport en pièce jointe https://emmaus-france.org/wp-content/uploads/2021/10/2021-RAPPORT_PRISON-EF-SC-VDEF.pdf

INDE : LE SOULÈVEMENT PAYSAN N’EST QU’UN DÉBUT

Ça n’a pas traîné !

Aussitôt que le gouvernement a eu promis le MSP aux paysans, c’est-à-dire un prix minimum de vente des produits agricoles garanti par des accords entre l’État et les syndicats paysans indépendamment des cours mondiaux avec un minimum équivalent à une fois et demi le cout de revient, c’est-à-dire une sorte de Smic paysan, les ouvriers dont l’immense majorité n’ont pas le Smic, ni aucun droit en matière de retraite, maladie ou chômage, se sont mis à réclamer le Smic pour tous les travailleurs. Il y a eu des manifestations en ce sens en différents endroits notamment dans les États du Karnataka et du Tripura.

La première manifestation à vocation nationale pour l’application du MSP pour les paysans et l’extension d’un Smic de 25 000 roupies à tous les travailleurs, a eu lieu ce 19 décembre à Bangalore dans l’État du Karnataka à l’initiative d’un regroupement d’une quinzaine d’organisations ouvrières avec l’intention de généraliser ensuite ces manifestations.

Pour le moment, au niveau général, la situation est encore entre deux, sans encore savoir vers quoi et quand elle va basculer, entre la victoire qu’on fête encore partout et le démarrage d’une autre période de lutte dont on ne sent encore que les prémisses mais qui pourrait bien être celle de la mobilisation massive des travailleurs, comme le laissent déjà entrevoir les mobilisations actuelles. La première réunion entre le gouvernement et les paysans pour définir les modalités de l’application du MSP (sorte de salaire minimum paysan, un  succès considérable qui changerait tout le pays si c’était appliqué mais dont on ne voit pas l’application sans mobilisation encore plus forte que précédemment) aura lieu le 15 janvier 2022.  Le SKM qui a aussi prévu une réunion de la coordination paysanne ce jour-là, verra si le gouvernement a réellement l’intention de tenir sa promesse sur le MSP et en fonction de cela décidera de reprendre la mobilisation ou pas et comment. Ce jour-là, il décidera également s’il exclue ou pas, les organisations paysannes qui ont décidé de former une organisation politique afin de se présenter aux élections au Pendjab.

D’ici le 15 janvier qui sera donc une date importante, les mobilisations n’ont pas cessé, bien au contraire, mais sans la perspective concrète immédiate de les unifier que représentait la mobilisation paysanne.

Il manque donc quelque chose. On verra donc si ce “quelque chose”, facteur d’unification et perspective de changer de monde, réapparait au 15 janvier puisque le SKM a promis qu’il n’avait fait que suspendre la lutte et que si le gouvernement ne tenait pas ses promesses, il reprendrait et intensifierait la lutte.

En attendant, entre la victoire paysanne, la suspension du mouvement et aujourd’hui, il y a donc eu beaucoup de luttes, mais “dispersées” comme à l’habitude si on peut dire. Du côté des paysans, la période est encore largement dominée par les multiples fêtes organisées pour célébrer la victoire à chaque retour de paysans revenant des campements de Delhi ou d’ailleurs avec, en même temps, des grèves et manifestations des ouvriers agricoles qui demandent leur part, d’assez importantes manifestations locales ou régionales de paysans pour exiger des indemnités du fait des dégâts causés par les pluies, et puis des réunions, des mahapanchayats pour faire le point sur le MSP, puisque si le gouvernement en a promis le principe, il reste encore à l’appliquer concrètement.

En même temps, du côté ouvrier, comme si elles avaient été encouragées par le succès paysans, les grèves et manifestations fusent de partout, grèves des agents de nettoyage du Karnataka qui réclament un Smic à 35 000 roupies, grèves des employées de Foxccon, des ouvrières fabricant les feux d’artifice, des agents de santé de l’Uttarakand depuis une semaine, des médecins à Delhi, des ouvriers de Tata, Ford, Leyland, d’agents municipaux, d’ouvriers des universités, des enseignants du Pendjab, des chauffeurs de bus dans le Maharashtra, le Pendjab et le Telangana, des Anganwadi et Asha dans différents Etats et tellement, tellement d’autres. 

Mais il y a aussi des grèves et manifestations ouvrières de dimension nationale qui se multiplient en s’appuyant là aussi sur la réussite des paysans, puisqu’on a vu ces derniers jours, une grève nationale des ouvriers de la construction les 2 et 3 décembre – la plus importante de toute leur histoire -, une grève des médecins le 6 décembre, des ambulanciers le 8 décembre, puis les 9,10 et 11 décembre une grève nationale de trois jours des mineurs de fond, une grève  nationale de deux jours contre la privatisation des banques publiques, les 16 et 17 décembre, très réussie avec la fermeture de 95% des agences et participation d’au moins un million d’employés de banque et la menace d’une grève illimitée, mais il y a encore grève également des cheminots ces mêmes deux jours, la grève des salariés des entreprises fabriquant des fertilisants le 18 décembre, une grève nationale des petites et moyennes entreprises prévue le 20 décembre, d’autres encore en préparation  et pour couronner le tout une grève générale interprofessionnelle de deux jours sur toute l’Inde les 23 et 24 février à l’appel des dix principales organisations syndicales ouvrières – et du SKM, la coordination paysanne – pour l’abrogation des 4 lois anti-ouvriers qui suppriment 44 lois ouvrières acquises dans la lutte et qui protégeaient un peu les travailleurs, contre les privatisations. 

Tout est en fermentation mais il est clair que la mobilisation paysanne n’est pas finie, puisqu’il reste à mettre en application le MSP et que le succès paysan a ouvert bien des espoirs et des envies de mobilisation du côté ouvrier. Les jours et semaines au tournant de l’année 2021/2022 nous diront comment le rapport de force construit au travers de la victoire paysanne va se traduire dans les mobilisations de toutes les classes populaires d’inde.

Ce qui est sûr, c’est que le mouvement ne fait que commencer.

Dans cette émission, nous vous diffusons un entretien avec Jacques Chastaing que nous avons pu réaliser le 18 décembre 2021 derniers. Pour approfondir et croiser les regards sur ce sujet, nous vous diffusons par la suite un entretien que nous avons pu réaliser lors de la rencontre les peuples veulent 3.0 le 12 novembre 2021 avec un membre du collectif MASA qui s’organise sur le territoire indien afin de développer des pratiques d’autonomie au sein des luttes de travailleurs

LES ACCOMPAGNANTES D’ÉLÈVES EN SITUATION DE HANDICAP(rediffusion)

Mantes-la-jolie 19 octobre 2021

Ce mardi 21 décembre, nous commençons avec cette émission, une série de rediffusions qui nous mènera jusqu’au 31 décembre et nous vous retrouverons sur l’antenne de fpp début janvier pour de nouvelles émissions

Bonne fin d’année

L’équipe radio actualité des luttes

Après celles des 8 avril et 3 juin dernier, ce 19 octobre 2012,se déroulait la troisième journée de grève nationale des AESH à l’appel de l’intersyndicale. Les accompagnantes d’élève en situation de handicap (AESH) ont encore une fois démontré leur capacité de mobilisation et leur détermination.

Cette rentrée 2021 a été marquée par la généralisation des Pôles inclusifs pour l’accompagnement localisés (PIAL), outil de la mutualisation des moyens d’accompagnement. À l’inverse de l’évaluation des besoins des élèves au plus près de la réalité, c’est une logique de rentabilité et d’économie des moyens qu’impose le ministère.

L’équipe de l’actualité des luttes, c’est rendue à Mantes-la-Jolie ou se tenait un rassemblement et nous avons rencontré ces femmes qui nous parlerons du peu de moyen qui leur est allouée et de la précarité dans laquelle, elle se trouve.

Dans ce reportage, nous entendrons également, un enseignant qui fera un point sur la situation des accompagnantes d’élève en situation de handicap au sein de l’éducation nationale.

Bonne écoute !

PANORAMA DE LA CRISE SOCIALE AUX ANTILLES : le regard du collectif Moun gwadeloupe

Le mardi 14 décembre, nous avons pu réaliser un interview avec Ludovic Tolassy porte-parole de l’organisation Moun Gwadeloup. Moun Gwdaloup est avant tout un concept qui sert à dénoncer et combattre les injustices que vivent les habitants de l’île par tous les moyens possible (Sur le terrain, Audio, Vidéo …) ainsi que d’éveiller la conscience du peuple face à certaines situations sans oublier la valorisation de la culture, des activités diverses et des traditions oubliées ou très peu visibles. 

En effet, connu depuis une poignée d’années pour ses actions coups de poing, ce mouvement citoyen radical se place en dehors des négociations pour l’instant au point mort, entre le gouvernement, l’intersyndicale et les élus locaux. Le 31 aout plusieurs dizaines de militants de l’organisation Moun Gwadloup ont investi le hall d’arrivée de l’aéroport Pôle Caraïbes vers 15 heures.

Rassemblés dans la zone de récupération des bagages, ils voulaient attirer l’attention des autorités et provoquer une rencontre avec la directrice de l’ARS (agence régionale de santé), Valérie Denux et le préfet Alexandre Rochatte. La stratégie a été plutôt payante, puisque le sous-préfet Bruno André s’est dépêché sur place. Néanmoins, le rendez-vous qui fut pris avec les autorités suite à cette action fut annulé.

Le collectif guadeloupéen qui a multiplié les actions pour dénoncer la gestion de la crise sanitaire et le rôle supposé des autorités dans la hausse du taux d’incidence a par la suite lancé un appel à la « déportation » du préfet.

Moun Gwadloup, qui participe à la mobilisation qui agite les Antilles depuis plusieurs mois situe son action sur le terrain dans “La République du Boucan”, et à chercher à construire une coordination entre les différents barrages.

Lorsque nous avons réalisé cette interview, les barrages mis en place et tenus depuis plus d’un mois venait d’être levés. Un protocole de négociations entre les représentants syndicaux et les élus locaux avait été accepté le vendredi 10 décembre et les discussions s’ouvraient le jour même.

Ce processus de négociation qui exclu une partie des revendications et des acteurs de la mobilisation invisibilise la véritable parole et les revendications issues des barrages. Cette discussion fut alors l’occasion pour nous d’établir un constat social et politique sur le territoire que la crise sanitaire n’a fait qu’accentuer ; et de revenir sur les modes de mobilisation, les revendications et les perspectives possibles de cette lutte.

Pour plus d’info sur moun gwadeloup:
https://www.youtube.com/channel/UCjVuTL7UoeO0ppqzl-Cqwjg

JOURNÉE INTERNATIONAL DES MIGRANT-E-S / LE CAMPUS CONDORCET MOBILISÉ ; revendique du personnel et des espaces

Depuis le  10 décembre plus de 200 organisations, locales et nationales, et 800 signataires lancent la campagne « Antiracisme et Solidarité » avec l’appel « D’où que l’on vienne, où que l’on soit né·e, notre pays s’appelle Solidarité ». Dans ce cadre la manifestation du 18/12, pour la Journée Internationale des Migrant·e·s, sera le point de départ de cette riposte solidaire aux politiques et discours racistes et sécuritaire.

Le 15 décembre avait donc lieu une conférence de presse en appel à la mobilisation du 18/12 que nous avons enregistré et dont nous vous diffusons en première partie d’émission un montage à partir des prises de parole.

« Nous n’allons pas combattre le racisme par le racisme, mais grâce à la solidarité. » (Fred Hampton, Black Panthers Party – mai 1969)

Notre pays construit des ponts pas des murs. D’où que l’on vienne, où que l’on soit né·e, notre pays existe. Il s’appelle Solidarité.

Notre pays n’a ni carte, ni limites. Il ne fait pas la guerre si ce n’est au fascisme, au colonialisme, au racisme, à l’injustice et aux inégalités.

Notre pays n’existe pas isolé, atomisé, soumis. Il existe dans tout ce qui relie, regroupe, donne confiance et lutte.

Notre pays est en grand danger. Il doit sortir, se montrer, se lever. Vivre.

Car notre pays brûle. Il s’appelle Avenir.

Car notre pays est étouffé. Il s’appelle Liberté.

Car notre pays se meurt. Il s’appelle Égalité.

Car notre pays est opprimé. Il s’appelle Dignité.

Notre pays est en danger. Nous appelons à la mobilisation générale.

Pour l’avenir. Si la planète brûle, cela n’a rien à voir avec les migrations, nos couleurs de peau, nos origines, nos religions. Le monde n’attend qu’une étincelle pour exploser et certain.e.s nourrissent l’incendie qui nous menace.

Nous dénonçons toutes les formes de racisme dont l’islamophobie, l’antisémitisme, l’anti-tziganisme, la négrophobie et le racisme anti-asiatique. Nous exigeons notamment la fin des contrôles au faciès, l’abrogation de la loi dite « séparatisme », le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la fin des dominations économiques, militaires et politiques, en particulier la Françafrique.

Pour la liberté. Nous voyons que lorsqu’on commence à limiter la liberté pour certain·e·s, c’est la liberté de tou·te·s qui recule. C’est ainsi que se mettent en place des pouvoirs de plus en plus autoritaires.

Nous exigeons la liberté de circuler et de manifester et notamment l’abrogation de la loi dite « sécurité globale », la fin des violences et des crimes policiers et pénitentiaires, la suppression des mesures de répression contre les migrant·e·s (OQTF*, IRTF*, …) et la fermeture des Centres de Rétention Administrative. Nous exigeons la destruction des murs qui s’érigent partout dans le monde pour séparer et contrôler les peuples.

Pour l’égalité des droits. Les arguments utilisés contre l’immigration sont faux économiquement et ne servent qu’à justifier les mesures qui amplifient monstrueusement le racisme et les inégalités sociales. L’oppression et la surexploitation des migrant·e·s aggravent les conditions de tou·te·s les salarié·e·s.

Nous revendiquons l’égalité des droits pour tou·te·s, le renforcement et l’accès réel à la santé, à l’éducation, à des revenus décents, au logement et l’arrêt des expulsions dans les foyers de travailleurs/euses migrant-es. Nous exigeons notamment la régularisation des sans-papiers.

Pour la Dignité. Nous refusons la banalisation de l’insoutenable. Nous dénonçons les politiques anti-migratoires et de non-accueil des migrant·e·s. Nous refusons l’instrumentalisation des femmes à des fins racistes. Nous réclamons vérité et justice pour les victimes de violences policières et pénitentiaires. Nous exigeons le respect des convictions et croyances de tou·te·s. Debout, nous redevenons dignes.

Pour la Solidarité. Nous appelons toutes et tous à se lever, se rassembler, s’organiser. À faire vivre notre pays partout où il existe. Dans les quartiers, les villages, les ronds-points, les écoles, les lieux de travail. Autour d’un hôpital menacé, d’une mosquée ou d’une synagogue fermée ou attaquée, d’une église où l’on fait une grève de la faim pour les migrant·e·s, des associations antiracistes dissoutes ou menacées de l’être, d’un théâtre qui avait été occupé, d’un piquet de grève, d’un immeuble menacé d’expulsion, d’une frontière. À partir d’un local associatif ou syndical, d’un lieu culturel et solidaire

Nous appelons notre pays à se lever en masse, s’organiser et lutter pour la solidarité et contre le racisme en multipliant les initiatives de toutes sortes dans toutes les villes et les villages en manifestant ensemble le même jour : le samedi 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrant·e·s. Et à Paris pour une manifestation nationale au mois de mars à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme

Notre pays existe. Il s’appelle Solidarité.

Depuis le 23 novembre, les personnels de l’Établissement Public Campus Condorcet (EPCC) sont mobilisé·es pour dénoncer leurs conditions de travail.

Au sein du Grand équipement documentaire (GED), pourtant l’épine dorsale du campus, il n’y a qu’une soixantaine de salarié⋅es, souvent précaires, sur les 106 postes prévus. Résultat : le lieu n’est ouvert au public que deux jours par semaine et fonctionne mal malgré le surmenage de son personnel.

Les personnels mobilisé·es réclament les moyens de faire leur travail, c’est-à-dire :

Le doublement des effectifs ;

La pérennisation des emplois, en tenant compte des savoirs-faire et des qualifications nécessaires pour tenir correctement ces postes.

Le 9 décembre dernier, une nouvelle journée de mobilisation se tenait sur le campus d’Aubervilliers et nous vous proposons le reportage réalisé ce même jour ou nous pourrons entendre notamment, l’entretien réalisé avec deux salariées dont le contrat se termine le 31 décembre 2021.

KANAKI: forfaiture référendaire de la France coloniale !

Le 12 décembre les électeurs de Nouvelle-Calédonie étaient appelés à se prononcer une troisième fois sur l’accession à la pleine souveraineté de l’archipel “Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?”  L’accord de Nouméa (1998) prévoyait l’organisation d’un troisième scrutin en cas de deux victoires successives du “non”. Le “oui” a obtenu 3,50 % des suffrages exprimés  et le “non” 96,50 %. La participation a été de 43,87 % avec 80 881 votants. Mais,  le 20 octobre 2021, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) avait demandé le report du scrutin à septembre 2022 pour des raisons sanitaires et sociales liées à la Covid-19. Le haut-commissaire de la République maintenant la date initiale, les indépendantistes appellent à ne pas participer au référendum et ont annoncé qu’ils ne reconnaissent pas les résultats de ce référendum.

Afin de mieux comprendre les enjeux de ce référendum et la construire une solidarité active avec le peuple Kanak un meeting de solidarité était organisé le 9 décembre à la bourse du travail de paris. Ce jour, nous vous diffusons donc une partie des prises de paroles réalisées lors de cet événement. Vous pourrez entendre Mehdi Lallaoui, Association Survie, Mireille Fanon, un membre du Mouvement des jeunes Kanak en France (MJKF), l’Association Information et Soutien aux Droits du Peuple Kanak (AISDPK), et du Collectif Solidarité Kanaky : MJKF, USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanak et des Exploités en France).

Nous relayons aussi cette lettre ouverte signée par l’ensemble des mouvements indépendantistes kanak. Nous exprimons, en outre, notre pleine solidarité avec la lutte kanak pour l’indépendance, et dénonçons, par là même, les manœuvres coloniales de l’État français visant à étouffer les aspirations politiques légitimes des Kanak. 

Nouméa, le 23 novembre 2021

Chères Françaises, chers Français,

Vendredi 12 novembre 2021, le Haut-Commissaire de la République a annoncé la décision du gouvernement français de maintenir la date du 12 décembre 2021 pour la troisième et ultime consultation référendaire de l’accord de Nouméa sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Cette décision a été prise par le gouvernement en toute conscience des implications et des conséquences délétères qu’une telle décision ne manquera pas d’avoir.

Cette décision a été prise par le gouvernement alors même que les représentants politiques et coutumiers du peuple kanak avaient explicitement demandé son report pour cause de deuil.

Dire que nous sommes surpris serait mentir. Nous nous y attendions. Mais comme toujours nous espérions. Nous espérions que le gouvernement français malgré 168 ans de colonisation saurait pour une fois faire preuve d’humanité, de compassion, d’intelligence, de respect, de bon sens. Nous espérions que le gouvernement français agirait dans l’esprit de consensus de l’Accord de Nouméa, dans l’esprit de son préambule. Nous espérions… et nous avions tort.

Des questions viennent à l’esprit, auxquelles il va nous falloir absolument répondre dans les prochaines semaines, mais sans nous tromper cette fois, sans nous faire d’illusions sur l’humanité de l’État français et de son gouvernement. Des questions à nous-mêmes, au gouvernement français, au peuple de France et à ses élus. Des questions aussi à tous ceux qui vivent dans ce pays, disent l’aimer et vouloir le construire.

Le gouvernement français se berce d’illusions

Jusqu’à quand le gouvernement français entend-il abuser de la patience du peuple kanak, peuple premier de ce pays, peuple victime de la colonisation française depuis plus d’un siècle et demi ?

Jusqu’à quand la France pense-t-elle pouvoir bâtir un avenir institutionnel durable pour la Nouvelle-Calédonie en s’asseyant sciemment sur la culture du peuple kanak ? En feignant ostensiblement d’ignorer la place qui y occupent les cérémonies du deuil et le respect qu’on y doit aux morts ? En piétinant les sentiments, la sensibilité, la dignité humaine de tout un peuple ?

Le gouvernement français pense-t-il sérieusement que le scrutin qu’il entend maintenir le 12 décembre mettra fin à la revendication du peuple kanak, lui ôtera toute légitimité et lui permettra de poursuivre – un siècle encore, un siècle de plus, un siècle de trop – son travail d’assujettissement et de domination ?

Jusqu’à quand le gouvernement français continuera-t-il à se bercer et à bercer ses ressortissants d’illusions ? A faire croire qu’une consultation référendaire d’où le peuple kanak sera absent pourra ramener dans le pays toute la sérénité nécessaire à la reprise et au développement d’une économie durement éprouvée par la crise sanitaire ? A laisser penser qu’une consultation référendaire sans la participation du peuple colonisé aura valeur de solution et réglera, une fois pour toutes, la question de l’indépendance du pays ?

En maintenant la tenue de la consultation référendaire le 12 décembre prochain, le gouvernement français pense-t-il réellement convaincre l’Australie et la Nouvelle-Zélande qu’il est toujours un acteur fiable de la stabilité régionale et un maillon incontournable de l’axe Indo-Pacifique ? Et jusqu’à quand le gouvernement français pense-t-il pouvoir persuader les petits Pays du Pacifique qu’il est un allié crédible et respectueux de leur identité et de leur souveraineté ? Et ce gouvernement français pense-t-il vraiment abuser les Nations Unies sur la réalité de la situation politique en Nouvelle-Calédonie ? Ou encore convaincre les Nations Unies qu’il a pleinement rempli ses obligations internationales en matière de décolonisation ?

Qui peut croire possible de construire un avenir de concorde, de paix et de prospérité dans ce pays en n’entendant rien de ce que dit le peuple qui en est la racine depuis au moins 3000 ans ? Qui peut seulement croire possible de construire un avenir, quel qu’il soit, dans ce pays en oubliant l’esprit qui a présidé depuis plus de 30 années maintenant au dialogue des communautés qui y vivent ? Qui peut préférer le chant des sirènes gouvernementales françaises plutôt que de continuer à bâtir l’avenir du pays avec les Kanaks ?

Ce gouvernement français croit-il sincèrement pouvoir ranimer les ombres de la colonisation et les faire passer pour des lumières ?

On ne peut pas faire sans les Kanak

La prochaine consultation référendaire n’a aucune chance de clore la séquence politique ouverte par l’Accord de Nouméa. Cette séquence est bien plus ancienne. Plus ancienne que la signature de l’Accord de Nouméa le 5 mai 1998. Plus ancienne même que la double signature à Paris des Accords de Matignon-Oudinot en 1988. Cette séquence s’est ouverte en juillet 1983 avec la table ronde de Nainville-les-Roches présidée par M. Georges Lemoine. C’est en effet, au cours de cette réunion qu’ont été posés les deux grands principes fondateurs du contrat moral et politique sur lesquels, nous tous qui résidons en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, vivons encore aujourd’hui.

Ces deux grands principes doivent être constamment rappelés.

Le premier est la reconnaissance par l’État français d’un « droit inné et actif à l’indépendance » pour le peuple kanak, le peuple colonisé de ce pays.

C’était la première fois que l’État français nous reconnaissait ce droit, alors même qu’il nous était reconnu officiellement depuis plus longtemps au plan international, depuis la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux des Nations Unies en 1960.

Vingt-trois ans après cette déclaration onusienne signée à l’époque – rappelons-le – par l’État français, celui-ci daignait enfin nous reconnaître ce « droit inné et actif à l’indépendance » et ce n’était pas rien.

Le second grand principe était l’acceptation par le peuple kanak d’associer au futur processus de décolonisation et d’émancipation les membres des différentes communautés venues s’implanter dans le pays avec la colonisation. L’expression employée à l’époque étaient les « victimes de l’histoire ». Une expression pour dire que tous ceux qui s’étaient installés dans le pays depuis la prise de possession de 1853 n’étaient pas forcément arrivés de leur plein gré, avec l’intention de nuire au peuple kanak, que beaucoup parmi eux avaient connu la misère et la souffrance.

Ces deux grands principes issus de Nainville-les-Roches sont liés. L’acceptation d’associer les autres communautés calédoniennes au devenir du pays n’était possible, n’était pensable et ne fut acceptée par les Kanak que parce que leur était au préalable reconnu leur « droit inné et actif à l’indépendance ». C’est à partir de ce lien qu’il faut lire ensuite toute l’évolution institutionnelle de notre pays jusqu’à l’Accord de Nouméa ainsi que l’engagement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui en faveur de cette évolution.

Nous ne sommes ni naïfs, ni amnésiques

Nous ne sommes ni naïfs, ni amnésiques. Nous savons qu’en France les vieux démons ont la vie dure et que nos vieux ont dû se battre pour que cette évolution devienne possible.

Se battre en 1984 pour que les principes de Nainville-les-Roches trouvent en 1985 leur première formalisation institutionnelle concrète avec les Régions Fabius-Pisani. Se battre pour obtenir en 1986 la réinscription à l’ONU de la Nouvelle Calédonie sur la liste des pays à décoloniser. – Se battre pour refuser de participer au référendum Pons de 1987, qui avait pour seul et unique objectif de noyer la revendication kanak dans un vote aussi massif qu’insignifiant de tous ceux qui, parce qu’ils étaient venus avec la colonisation, avaient l’arrogante prétention de se croire le peuple de notre pays tout en incarnant la légitimité de la France.

On sait quel en fût le résultat. Plus de 97,8 % pour le maintien de la Nouvelle Calédonie dans la France, et une abstention du peuple kanak qui lui ôta toute crédibilité, tant au plan national qu’international. Le gouvernement français entend-il sérieusement renouveler l’opération, avec le secret espoir cette fois, de ne pas avoir à en payer les frais ? – Se battre encore en 1988 pour que Michel Rocard mette fin au travail de destruction sociale et politique mené par Bernard Pons et Jacques Chirac, et qu’au travers des Accords de Matignon-Oudinot puisse reprendre le processus tragiquement interrompu de décolonisation, d’émancipation et de construction de notre pays. – Se battre toujours en 1996 et jusqu’en 1998 pour que l’État accepte de signer le « protocole de Bercy » entérinant l’échange des massifs miniers entre la SLN et la SMSP. Protocole donnant aux Kanaks les moyens de prendre leur part dans le développement de l’économie minière du pays. Protocole permettant de reprendre les négociations politiques qui ont mené à l’Accord de Nouméa.

Nous ne sommes ni naïfs, ni amnésiques et, depuis à plusieurs années déjà nous avons compris que les vieux démons coloniaux ne sont pas morts et continuent de hanter la conscience des dirigeants français actuels comme ils le faisaient hier chez leurs prédécesseurs. Si nous avions seulement eu un doute, la pitoyable conclusion de la récente crise industrielle et minière de Goro aurait suffi à nous l’enlever. Tout comme le fameux document sur les conséquences du « Oui » et du « Non » qui dissimulait très mal ses arrière-pensées.

C’est une vieille ritournelle qu’on entendait nous chanter. Alors que la France a pour obligation au plan international de discuter avec les Kanak et les autres citoyens de ce pays de toutes les options imaginables permettant de faire progresser la décolonisation, alors qu’une majorité de la population calédonienne, y compris kanak, souhaitent pouvoir conserver des relations privilégiées avec la France, alors qu’approchait enfin le moment de concrétiser la promesse d’émancipation explicitement contenue dans l’Accord de Nouméa, voilà que le gouvernement établissait un document uniquement à charge sur les conséquences du vote du Oui ou du Non.

Ce document laissait le seul choix entre une indépendance solitaire ou un statut renouvelé dans la France sans explorer les interdépendances. Ce document n’avait d’autre but que de dissuader de faire le choix de l’indépendance et d’instaurer une possible relance de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie. Oui, une vieille ritournelle. L’indépendance avec la misère et l’incertitude politique. Ou la France avec la prospérité et un renoncement à voir réparer enfin l’injustice dont les Kanaks ont été victimes en 1853. Pas de salut hors de la France. Pas de troisième voie.

Nous ne sommes ni naïfs, ni amnésiques. Le Président Macron maudissait à Tahiti ceux qui ont l’impardonnable tort d’être petits, comme si les grands ne devaient rien aux petits, surtout après les avoir si longtemps colonisés. Le Président Macron critiquait le Vanuatu pour ses relations avec la Chine, mais oubliait que la France avait peut-être un rôle à jouer pour les éviter, et ce d’autant plus qu’elle prétend aujourd’hui œuvrer à la création d’un axe de défense Indopacifique. Le Président français ne semble pas être capable de penser que, si la France l’avait voulu, elle aurait pu être aujourd’hui au Vanuatu à la place de la Chine, avec une véritable ambassade et de solides accords de partenariat.

Personne ne peut nier au peuple kanak son droit à l’indépendance

Le Président Macron qui affirmait en Algérie que la colonisation est un crime contre l’Humanité, déclarait à Nouméa que la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie. Avec nous ou contre nous, jamais égaux, jamais partenaires. La dépendance, pas les interdépendances. L’État français et ses vieux démons coloniaux !

Un président et un gouvernement qui n’entendent rien, ne veulent rien entendre des conseils pourtant avisés que lui donnent certains de ceux qui avant lui ont eu en charge d’accompagner l’évolution de notre pays. Mépris pour Michel Levallois, pour Christian Blanc, pour Jean-François Merle, malgré tout ce qu’ils ont pu et su faire pour qu’hier ce pays ne sombre pas dans l’affrontement et la déraison.

Peu importe ce que pensent ou ressentent les Kanak face à l’ampleur de la pandémie et au deuil qui les frappent durement, ces ignorants s’érigent en seuls décideurs de la date de la troisième consultation référendaire. Peu importe la parole donnée et la décolonisation promise en 1983, en 1988 et 1998, peu importe les véritables conséquences humaines du « Oui » et du « Non ».

Encouragés par l’État français, ils sont encore nombreux ceux qui s’apprêtent à s’autoriser de la légitimité que leur reconnaissent les Kanak pour nier l’exercice du droit kanak à l’indépendance. Mais combien de temps ceux-là pourront-ils faire accepter aux yeux du reste du monde qu’en Nouvelle-Calédonie la démocratie conférerait aux « victimes de l’histoire » le droit exceptionnel et dérogatoire de priver le peuple premier occupant, le peuple colonisé de son droit le plus élémentaire à recouvrer sa liberté et sa souveraineté ?

À ceux-là, nous disons clairement cette fois, faites attention à ce qu’en niant une fois encore, une fois de plus, une fois de trop le droit du peuple kanak à l’indépendance, vous ne preniez pas le risque que ce peuple se lasse de discuter et de négocier avec vous.

Au Président Macron et à son gouvernement, nous ne souhaitons pas rompre les relations avec la France, nous souhaitons seulement les changer. Mais s’il nous faut absolument choisir entre la liberté et ces relations, nous choisirons la liberté.

Peuple de France, nous souhaitons par la présente lettre ouverte vous interpeller sur la situation en Kanaky-Nouvelle-Calédonie afin que le plus grand nombre d’entre vous puisse être informé de la situation dans laquelle le peuple Kanak est enfermé.

Le gouvernement Macron manifeste une volonté déterminée de ne plus assumer la décolonisation de notre pays en maintenant une consultation référendaire partiale qui sera politiquement et historiquement contestée par le peuple Kanak. La France n’a réussi aucune décolonisation. Elle pourrait sans y prendre garde clore une séquence originale ouverte en juillet 1983 avec la table de Nainville-les-Roches par laquelle les Kanaks et les autres se sont engagés ensemble dans la construction du peuple calédonien uni par sa citoyenneté dans un destin commun.

Signataires

Front de Libération National Kanak et Socialiste (FLNKS)

Le Comité Stratégique indépendantiste de non-participation (CSINP)

Le groupe UC-FLNKS et Nationalistes

Le groupe Union Nationale pour l’indépendance (UNI)

Le Parti travailliste (PT)

La Dynamique Unitaire Sud (DUS)

La Dynamique Autochtone (DA)

Les Nationalistes

Sénat coutumier

Union Syndicale des Travailleurs Kanak Exploités (USTKE)

MARSEILLE : l’après Macdo/ UN CONTRÔLE D’IDENTITÉ QUI DÉGÉNÈRE

La Société Citoyenne Immobilière“la part du peuple”

La Société Citoyenne Immobilière est une association à but non lucratif dont l’ensemble des adhérents participent à acquérir ou plutôt reprendre la maîtrise légale des bâtiments, des terrains et du matériel de l’ex MacDo de Sainte Marthe à Marseille. Ce lieu est l’emblème d’une lutte syndicale dans le secteur de la restauration rapide multinationale devenu depuis le 1er confinement en plateforme de lutte contre la détresse et la précarité alimentaire.

Rapidement rejoints par des habitants, des militants, des bénévoles et des artistes, l‘équipe de l’AprèsM (nom de plateforme) a permis de porter assistance à plus de 100 000 personnes en un an. C’est encore plus de 2000 familles par semaine qui bénéficient de colis.

La SCI a pour ambition de rassembler au moins 50 000 personnes pour donner les moyens au projet de Fast-Social-Food géré pas une SCIC composée d’anciens salariés, d’habitants, de commerçants, d’artistes et de tous ceux qui rêvent d’un monde centré sur l’humain, le partage et l’entraide

Dans cette première partie d’émission, nous sommes au téléphone avec Fati, qui nous parle de cette initiative.

Pour plus d’info : https://www.apresm.org

Soleymane, travaillant a Champigny-sur-Marne, dans le secteur de l’automobile, voit débarquer des policiers pour un contrôle de tarification non affiché à l’extérieur de son garage. S’ensuit un contrôle d’identité, mais Soléman n’a pas ses papiers identité. L’un des policier lui dit qu’il ment et ensuite cela dégénère de la part de policiers.

Cette affaire aurait pu en rester la. il se fait que Evelyne (présente en studio) et habitante de Champigny-sur-Marne, a suivi cette affaire.

Soleymane, que nous avons au téléphone, nous raconte la suite.

LA POSTE : les sans papiers comme variable d’ajustement

Lors de l’émission de ce jour en compagnie de Brahim

Entre le 15 et le 30 novembre, un piquet de grève des travailleurs sans-
papiers de cette société de colis, filiale de la Poste, s’est tenu à
l’intérieur du site. Un jugement, assimilant les grévistes à des squatteurs
(“sans droit [de bail] ni titre [de propriété]”) a ordonné l’évacuation. La
trentaine d’occupants a alors rejoint le piquet extérieur qui existe depuis
lors et se renforce de jour en jour.

Le 13 décembre,Poste/DPD/Derichebourg/Derichebourg Intérim, prétend ne pas connaître les grévistes. Mais confronté au manque de personnel pour les chargements, les déchargements et le tri des colis, les agences d’intérim recherchent de nouveaux Sans-papiers pour remplacer les grévistes.

Dans l’émission de ce jour, nous sommes en compagnie de Brahim, postier a Asnières-sur-Seine qui nous parle de la situation des sans papier à la poste

À noter, que nous ne pouvons vous diffuser q’une partie de cette émission, car une panne d’électricité a eu lieu dans les locaux de la radio ce même jour.

Bonne écoute !

BONNA SABLA: quand des intérimaires demandent leurs droits / MONTREUIL : le logement, ont en parlent quand ?

Dessin issu du site : https://www.droitaulogement.org/

Les intérimaires de Bonna Sabla construisent les tunnels du Grand Paris : leur entreprise ferme et le patron jette les intérimaires dehors sans même verser les primes qu’il leur avait promis.

Plus de la moitié de l’effectif est en intérim dont beaucoup d’entre eux sont dans l’usine depuis deux ou trois ans.

Le 2 novembre, commence une grève sur le site de Conflans Sainte Honorine.

Ce 9 décembre 2021, une délégation était reçue par la région Île-de-France

Dans ce reportage, nous entendrons une interview avec deux salariés et avec une membre de la CGT intérim, nous reviendront sur l’utilisation de l’intérim par des entreprises travaillant pour l’état.

Depuis 2018, la maison du 18, rue de l’Ermitage était occupée. Propriété de la mairie de Montreuil depuis 1990 et jusque-là louée à des proches des maires successifs, elle était restée vacante depuis l’arrivée au pouvoir de Patrick Bessac, mais la situation de détresse de logement de Mme Fahima LAIDOUDI, son fils et d’autres occupantEs sans logement nous avait conduits à la réquisitionner.

Cet été, des pourparlers étaient en cours avec le cabinet du maire et la préfecture pour résoudre les problèmes de logement de ses occupantEs et décider d’un avenir collectif pour cette maison qui ne devrait pas être bradée à des promoteurs immobiliers, mais servir au bien commun.

Samedi 25 septembre, après avoir préparé des sandwichs pour être distribués dans une manifestation, les habitantEs avaient quitté les lieux à 13 heures pour se rendre à Paris au lieu du rassemblement. À leur retour aux alentours de 19 h, les habitantEs ont alors trouvé porte close, une chaîne avait été installée ainsi que des vigiles et chiens d’attaque afin de les empêcher de réintégrer leur logement. Les voisinEs leur ont alors expliqué qu’un incendie s’était déclaré une heure après leur départ de la maison, vers 14 heures, et qu’ils avaient immédiatement prévenu les pompiers que des personnes étaient potentiellement restées bloquées à l’intérieur. Merci à eux pour leur réactivité et leur solidarité !

Ce serait vers 18 heures que la mairie aurait décidé d’envoyer une société de gardiennage privée changer la serrure et prendre possession des lieux. Pourtant, sur le plan légal et de l’aveu même de la police, aucun commandement de quitter les lieux n’avait alors été émis contre les occupantEs, un point devant être fait avec la préfecture en octobre sur la situation de la maison et de ses habitantEs.

L’expertise des pompiers a permis de constater trois départs de feux, à trois endroits différents de la maison… De quoi prêter à interrogation. Tout comme l’absence totale de préoccupation de la mairie pour ses habitantEs, premièrEs sinistréEs, dont elle avait les contacts au travers du cabinet de la mairie et avec qui elle avait durant l’été entamé des négociations ! Loin de s’inquiéter de leur situation, c’est étonnement les agents de police qui ont demandé des nuits d’hôtel pour les occupantEs, et pas la mairie, uniquement préoccupée de la condamnation informelle des lieux par une société de sécurité financée avec l’argent des contribuables.

C’est ainsi que dès le lundi matin des agentEs des services d’hygiène de la mairie étaient dépêchéEs sur place, accompagnéEs de la BAC, pour faire légaliser au plus vite le gardiennage de la maison pour raison de sécurité suite à l’incendie, bien qu’une seule des huit pièces de la maison ait été touchée par les flammes.

Malgré le campement improvisé par les habitantEs à l’extérieur de la maison, aucun éluE, aucun membre du cabinet, aucune personne des services de l’habitat ne s’est rendu sur place pour discuter avec les habitantEs, leur permettre de constater les dégâts, ni leur donner accès à leurs affaires, leur mobilier et les provisions restés à l’intérieur de la maison. De sorte que les habitantEs de l’Ermitage se trouvent actuellement dans une situation d’expulsion de fait, cet incendie venant à point nommé pour contourner la procédure légale en cours, l’avocat de la mairie ne se privant pas d’ailleurs de rappeler la précarité juridique de ses habitantEs plutôt que de s’inquiéter de leur situation.

Suite à l’incendie, une plainte a été déposée contre X par les habitantEs. Une autre devrait être ouverte pour violation de domicile. Nous attendons des explications de la mairie. Nombre d’habitations ont connu des sinistres bien plus graves, n’ayant jamais conduit à la mise à la rue de leurs habitantEs.

Depuis l’incendie, aucun contact n’a été établi par les services de la mairie en vue de résoudre le problème critique du logement des habitantEs, aucune assistance mise en place de son propre chef et aucun accès aux affaires n’a été jusque-là permis, bien que trois vigiles vivent et dorment sur place.

Par rapport à cette expulsion et l’ensemble des problèmes de logement sur la ville de Montreuil, le 8 décembre avait lieu une assemblée populaire sur la question du logement sur la place de la Mairie de Montreuil lors du conseil municipal tenu à huis clos ce même jour.

Nous entendrons dans cette seconde partie d’émission, le reportage réalisé sur l’assemblé populaire.

Le moyen pour les mal logés-e-s de se faire entendre publiquement, mais aussi de commencer à s’organiser sur la ville de Montreuil en appelant à une nouvelle réunion le mercredi 15 décembre à l’AERI au 57 rue Étienne marcel métro croix de chavaux

MANIFESTATION CONTRE LA PRÉCARITÉ ET LE CHÔMAGE

Paris 4 décembre 2021 : 19ᵉ manifestation contre la précarité et le chômage

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons le reportage réalisé ce samedi 4 décembre 2021, sur la 19ᵉ manifestation contre la précarité et le chômage

Pour plus d’info lire également : Comité pour le rétablissement de la semaine des 4 jeudis

L’HÔPITAL EN COLÈRE / SIDA : journée mondiale

L’accès à une santé de qualité et de proximité est de moins en moins assuré malgré l’abnégation des personnels. L’hôpital public se désintègre avec partout des fermetures de lits, de services, en particulier d’urgence et de SMUR mais aussi en psychiatrie, en chirurgie, en médecine, en soins de suite … Le laisser-faire actuel privilégie le secteur privé, avec des conséquences dramatiques pour l’accès aux soins (dépassement d’honoraire, frais administratifs… Mais aussi recul de la proximité).

C’est une catastrophe sanitaire qui s’amplifie. La situation actuelle des hôpitaux a pour conséquence d’accroître les souffrances des malades, des personnes en situation de handicap, et de provoquer une surmortalité. Le renoncement aux soins s’accroît.

Le gouvernement ne peut se contenter de distribuer quelques millions ici et là pour tenter de calmer les esprits. L’hôpital public est garant de l’accès aux soins de toutes et tous.

Nous demandons un plan d’urgence pour l’hôpital public !

Un choc d’attractivité pour les personnels, par une vraie reconnaissance salariale, par une amélioration de leurs conditions de travail, mais aussi en leur permettant de travailler conformément à leur éthique ce qui suppose de les écouter et de réformer la gouvernance. Il faut changer les systèmes de fonctionnement et de management basés sur des critères de performance et de rentabilité. Il n’y pas de soins sans humanité !
Un vaste plan de formation, de recrutement et la titularisation des contractuels.le.s :
La réouverture de tous les lits et services fermés et des ouvertures autant que de besoin.
L’établissement d’une vraie démocratie sanitaire unissant personnels et usagers-citoyens.
Les moyens financiers suffisants doivent en être donnés par une modification du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2022.

Face aux fermetures de lits et à un hôpital public « qui se désintègre », des associations, syndicats, collectifs de soignant.es et de citoyens appelait à une journée de mobilisations pour l’accès aux soins, le samedi 4 décembre 2021.

L’actualité des luttes se trouvait dans le cortège parisien, et nous vous proposons le reportage réalisé ce samedi 4 décembre. Nous pourrons entendre entre autre les paroles d’un médecin urgentiste au CHU d’Angers , d’une pédopsychiatre qui officie dans l’Essonne, le collectif grand Est…

Mercredi 1er décembre 2021, Act Up-Paris organisait la manifestation pour la journée mondiale de lutte contre le sida à Paris. Mot d’ordre : PRÉCARITÉ SANITAIRE, RIPOSTE COMMUNAUTAIRE.

Au-delà de l’invisibilisation, la chute du nombre de dépistages du fait de la crise sanitaire liée à la Covid-19 est le présage d’un retard dans la découverte de personnes contaminées, de leur mise sous traitement, de leur prise en charge, des impasses thérapeutiques et une hausse probable des contaminations, sans parler des effets délétères sur la santé mentale.

Dans cette seconde partie d’émission, nous vous proposons le reportage réalisé ce 1er décembre et nous entendrons les prises de paroles place de la Bastille et un entretien avec le collectif ACCEPTESS

Bonne écoute !

SORTIR DU CADRE COLONIAL EN KANAKI NOUVELLE-CALÉDONIE

Après 170 ans de colonisation de la Kanaky, l’État français colonialiste n’entend pas lâcher le plus grand des “territoires non autonomes” qu’elle administre dans l’océan pacifique à plus de 16 000 km de Paris.

Pourtant, le 14 décembre 1960, l’assemblée générale de l’ONU se prononçait pour le droit des peuples et pays colonisés à l’autodétermination. Soixante-deux ans plus tard Emmanuel Macron veut réitérer le “sale coup” du référendum aux Comores perpétré par Giscard d’Estaing.

Alors que les signataires de l’accord de Nouméa s’était entendu pour que la troisième consultation référendaire ait lieu en septembre 2022,

La pandémie a gravement touché les îles où vivent les Kanak depuis le mois de septembre 2021.

Les conditions de circulation et surtout les conditions de décence ne permettent pas aujourd’hui d’organiser une campagne électorale dans une région endeuillée, alors même que de nouvelles restrictions sanitaires sont attendues dans les jours prochains.

Un rassemblement se tenait le 13 novembre dernier, à l’occasion du référendum pour l’indépendance de la Kanaky. Ce rassemblement se déroulait dans le 12ᵉ arrondissement de Paris, près du palais de la porte dorée/musée immigration. Nous vous proposons dans l’émission de ce jour, un reportage réalisé ce même 13 novembre.

Le rendez-vous pour le meeting de soutien au peuple Kanak.

JEUDI 9 DÉCEMBRE A 18 h à la Bourse du Travail

3 rue du Château d’Eau Paris 10ᵉ (métro République)

L’AGENDA MILITANT & INDÉPENDANT

Conçu par un collectif pluriel de militant•es, ce nouvel agenda participatif des luttes et des mouvements sociaux franciliens est le vôtre, le nôtre ! À nous de le faire battre au rythme du mouvement social !

Vous pourrez y annoncer des manifestations, des rassemblements de soutien, des conf, des soirées…

Dans l’émission de ce jour, nous recevions une partie de l’équipe de l’agenda militant & indépendant et en leur compagnie, nous avons parlé des motivations et de la nécessité de la création de cet agenda

RDV pour une présentation, mais surtout se rencontrer et partager un moment convivial, vendredi 10 décembre à 19 h au Lieu-Dit, 6 rue Sorbier, Paris 20e

OCCUPATION DES SANS FAC A L’UNIVERSITÉ DE NANTERRE/ LES BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRE EN LUTTE

Depuis le 27 octobre dernier, un groupe d’étudiants et étudiantes emmené par une tendance de l’UNEF, occupe les locaux de la présidence de l’université de Nanterre. Ce mouvement des “sans-facs”revendique l’inscription en licence ou en master d’une soixantaine d’étudiants et étudiantes qui se sont retrouvés sans aucune place en formation à la rentrée, à cause de la sélection de plus en plus grande à l’université.

Le jeudi 2 décembre, un appel à soutenir et rejoindre l’occupation a amené des enseignant.e.s du 1er et 2ᵉ, des étudiant.e.s d’autres universités et des syndicalistes de différents secteurs à s’inviter eux et elles aussi dans les bureaux occupés.

Plusieurs participantes racontent cette journée et les raisons de leur participation dans des Interviews enregistrées pendant l’occupation. Et nous pourrons entendre également des prises de parole issue des meetings de fin novembre et début décembre.

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/mobilisation-des-sans-facs-de-nanterre-un-combat-juste-20211111_ERCFNXT55RCWRHSMN2NKAJXHDI/)

En fin d’après midi, un huissier est entré avec des responsables de la fac, pour “constater l’occupation et les éventuelles dégradations”… Les personnes présentes en ont profité pour lui demander de constaté qu’elles étaient empêchées de sortir. Les agents de sécurité ont alors enfin accepté la sortie des quelques soutiens qui avaient besoin de partir.

À 19 h, une sorte de meeting s’est tenu dans l’entrée, avec le soutien des personnes dehors à travers des grilles et portes vitrées. Et le lendemain matin (vendredi), une rencontre s’est enfin tenue entre la direction de l’université et une délégation de sans-facs et de militants de l’UNEF. La direction a proposé que chaque sans-fac soit reçu par les responsables des UFR concernées.

En attendant, l’occupation se poursuit et une nouvelle rencontre a été proposée lundi à la présidence pour poursuivre la négociation.

Le communiqué de presse de la présidence et ses déclarations dans le Parisien comportent des mensonges flagrants :

– des agents de sécurité blessés… alors qu’ils m’ont parus en bon état, et que les contacts physiques les plus risqués sont systématiquement venus d’eux (et encore, pas tous, car la plupart étaient raisonnables) ;

– plusieurs fenêtres fracturées… alors qu’il y a eu simplement une fenêtre ouverte pour entrer.

– un agent de sécurité retenu plusieurs heures contre son gré… alors que ce sont ses collègues qui verrouillaient tout le bâtiment, l’enfermant dans l’occupation !

Depuis la mi-novembre, plusieurs mouvements de grève ont débuté dans des bibliothèques universitaires franciliennes.

Nous commencerons cette partie d’émission avec une des grévistes de la bibliothèque universitaire de Paris-8 (Saint-Denis) nous explique les motifs de ce mouvement lui aussi très suivi : la lutte contre le non-renouvellement de trois magasiniers et bibliothécaires contractuels qui enchaînent pourtant les CDD depuis cinq ans, et plus généralement la lutte contre la précarité de l’emploi. Dans les deux bibliothèques, les grévistes se rassemblent malgré les différences de statut pour défendre leurs conditions d’emploi et de rémunération.

Pour les soutenir, on peut passer sur les piquets de grève de chaque bibliothèque et même contribuer à la caisse de grève de Paris-8 :https://www.helloasso.com/associations/crev/collectes/caisse-de-greve-bibliotheque-paris-8

Ensuite, nous nous rendrons au campus Condorcet à Aubervilliers, ou le 30 novembre dernier, se tenait un rassemblement et nous avons rencontré une salariée du campus qui nous entretien de la difficulté de fonctionnement du site.

Et nous terminerons avec des grévistes de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (Paris) à l’occasion du rassemblement qui s’est tenu sur place le jeudi 2 décembre pour demander le maintien du niveau de rémunération des horaires de soirée pour les magasiniers.

C’est la première fois que cette bibliothèque est fermée du fait d’une grève, très suivie par les personnels de différents statuts (fonctionnaires titulaires, contractuels en CDD, étudiants et étudiantes vacataires).

Voir par exemple le texte des vacataires étudiantes de la BSG :

https://paris-luttes.info/manifeste-deux-monitrices-de-la-15514?lang=fr
https://paris-luttes.info/manifeste-deux-monitrices-de-la-15514?lang=fr

DPD DE COUDRAY : Des postiers sans- papiers en grève

Ce lundi 15 novembre, 70 salariés sans titre de séjour travaillant pour DPD de Coudray-Monceau ou pour d’autres établissements de filiales de la Poste, se sont mis en grève.

Des postiers sans-papiers toujours plus nombreux
Avec les limitations d’accès aux magasins causées par la pandémie, le
trafic du colis a explosé. Les plateformes se font une concurrence sauvage
entre Amazon, Prisme, Geodis… et la Poste. La Poste avec ses différentes
divisions ou filiales utilise, elle aussi, la main-d’œuvre sans papiers.

Alors Sans-papiers et postier, est-ce possible ? La direction de la Poste dira
que non. Non, la Poste se contente de sous-traiter. La Poste, sous le nom de
Viapost, Coliposte, DPD ou Chronopost, sous-traite à des sociétés qui gèrent
les colis sur les lignes de roulement. Dans ses garages et ses plateformes, là
Poste et ses filiales ont confié une partie du travail à des entreprises de
manutention pour contourner l’organisation syndicale et intensifier le travail.

Au DPD de Coudray Montceaux, la société sous-traitante s’appelle
DERICHEBOURG. Cette société a fabriqué une entreprise d’intérim,
DERICHEBOURG INTERIM.

DERICHEBOURG se loue ainsi du personnel à lui-même, avec un artifice juridique organisé par l’État. Cela rajoute un niveau de sous-traitance qui rend encore plus difficile la défense de nos droits.

Il y a environ 200 Sans-papiers dans cette immense plateforme et il n’y a que des travailleurs sans titre qui arrivent à supporter ces conditions de travail sans fuir à toutes jambes.

Des conditions de travail de plus en plus abominables
Tout le travail doit se faire dans la vitesse. Le déchargement d’un camion doit se faire en quinze minutes avec des colis qui peuvent atteindre 50 kg. À ce régime, tout le monde a les reins en compote et si vous ne pouvez plus,
ce n’est pas grave. Votre mission sera interrompue et DERICHEBOURG trouvera quelqu’un d’autre. De toute façon, les missions d’intérim ne durent qu’une semaine, alors que nous pouvons être sur le même travail pendant des mois. L’argument pour l’utilisation de l’intérim est toujours le même « hausse temporaire de l’activité ».

Les horaires changent tout le temps, sans délai de prévenance. Nous pouvons faire des heures dans les transports en commun pour venir au travail et qu’on nous dise qu’on n’a pas besoin de nous. Quand des camions sont en retard, quand une machine de tri est en panne, notre temps de présence est transformé en pause non payée. Cela peut durer des heures. Les horaires sont totalement impossibles.

Le travail peut se terminer à minuit trente, nous obligeant à nous rendre à pied jusqu’à la gare de Corbeil, puis prendre deux bus de nuit pour rentrer. Certains jours, on peut passer 6 ou 7 heures dans les transports en commun.

Nous vous proposons un reportage réalisé, le mardi 30 novembre sur le piquet de grève des postiers sans papier de DPD et nous entendrons les grévistes et des syndicalistes, nous parler de la situation a DPD.

Pour soutenir les grévistes :DPD, Chemin de Chevannes, 91830 LE COUDRAY MONTCEAUX

VENTES D’ARME, UNE HONTE FRANÇAISE

Depuis plus de cinquante ans, faisant fi de ses engagements au profit de ses intérêts économiques, le « pays des droits de l’homme » arme des régimes qui les bafouent ouvertement. Une stratégie payante : la France est aujourd’hui le troisième exportateur mondial de matériel militaire.

Contrats lucratifs signés avec l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou encore l’Égypte, absence de contrôle parlementaire, soutien financier à l’industrie de l’armement… : l’historique accablant dressé par Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle montre comment les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont hissé la France en haut de ce classement mortifère. Un business aussi florissant qu’il est opaque.

Nous passerons cette heure en compagnie d’Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle, auteurs de l’ouvrage : Ventes d’armes, une honte française, qui présentait leur livre au bar restaurant le-lieu-dit dans le 20ᵉ arrondissement de Paris.

LUTTE CONTRE LES LICENCIEMENTS / MANIFESTATION ANTIFASCISTE

Paris 27 novembre 2021 : manifestation nationale contre les licenciements

Ce samedi 27 novembre, se tenait à l’initiative des salariés de PPG et de TUI, soutenus par de nombreuses organisations syndicales et politiques, parmi lesquelles notamment Sud poste Hauts-de-Seine, info’Com-CGT, Fédération Sud Commerces et services, une manifestation nationale contre les licenciements.

Fut présent également dans cette manifestation les salarié-e-s de H&M France au Bourget et des salarié-e-s de monoprix, que nous entendrons dans ce reportage, ainsi que différentes prises de parole.

Au même moment, se tenait la manifestation unitaire contre l’extrême droite et le racisme organisée par la Jeune garde, le collectif paris Queer Antifa, la Horde, l’Afa paris-Banlieue, l’UCL et le NPA Paris et pour cette manif antifasciste, l’Afa paris-Banlieue, l’Afa-Nantes, Grenoble, Lyon, Strasbourg et Toulouse, la Coordination Féministe Antifasciste.

Mais aussi le Réseau d’Entraide Vérité et Justice, Cerveaux Non Disponibles, Acta, Collectif Justice et Vérité pour Babacar Gueye, Collectif Paris-Ayotzinapa , Comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng, Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires, Les Mutilé.e.s pour l’Exemple, Le Printemps du Care, L’Offensive, l’Union des Juifs Français pour la Paix, Urgence Notre Police Assassine, ou encore Act Up – Paris, la Brigade Anti-Négrophobie et la Brigade de Solidarité Populaire Aubervilliers – Pantin appellent à faire-bloc contre les violences d’État

Nous pourrons entendre les différentes prises de parole et interview réalisé dans le cortège.

Bonne écoute !