Moins de droit au chômage, plus de contrôles et de travail gratuit

Le jeudi 29 février, se tenait à la bourse du travail de paris, une Assemblée de chômeurs, appelée par la CGT chômeurs. Une petite cinquantaine de personnes était présente, principalement des représentants de syndicat de travailleurs de Pôle Emploi (France travail) et le comité local de chômeurs. Face aux attaques renouvelées du gouvernement, il s’agissait de se mobiliser pour freiner ses ardeurs à nous contrôler, réduire nos maigres ressources. D’un côté, il s’agit de réduire le montant des allocations chômage, réduire leur durée, faire passer le plus de monde au RSA. Une fois au RSA, le gouvernement et le patronat, pour répondre aux dispositions de l’Europe, veulent imposer du travail gratuit aux allocataires et renforcer les contrôles. 

ON ACHÈVE BIEN PÔLE EMPLOI

Ce mardi 4 octobre, une majorité de député.e.s de l’Assemblée Nationale a validé, lors de sa première lecture, le texte proposé par le gouvernement sur les « mesures d’urgence » concernant l’Assurance Chômage, notamment dans son article 1.

Retour sur les conséquences des règles actuelles Les règles actuelles d’indemnisation du chômage issues des décrets de 2019, 2020 et 2021 ont déjà produit des effets néfastes pour les chômeurs : des dizaines de milliers d’entre elles/eux ont été exclu.e.s du régime d’Assurance Chômage alors qu’ils/elles auraient pu y prétendre avec les règles antérieures.

La part des bénéficiaires du revenu de remplacement est de 40 % des inscrit.e.s à Pôle emploi (2,4 millions de personnes), chiffre qui diminue d’année en année… Le montant perçu par les privé.e.s d’emploi indemnisé.e.s est de 960 € en moyenne, soit en dessous du seuil de pauvreté.

Dans l’émission de ce jour, nous recevions, Francine royon, de la CGT Pôle emploi. En sa compagnie, nous revenons sur la situation à Pôle emploi et sur le mouvement de grève qui débute ce 11 octobre.

COMMUNIQUE DE PRESSE Paris, le 22/09/2022
RÉMUNÉRATION, ASSURANCE CHÔMAGE, ARRIVÉE DE FRANCE TRAVAIL :LES AGENTS FRANCILIENS DE POLE EMPLOI EN GRÈVE À PARTIR DU 11 OCTOBRE

Réunis en Assemblée générale le 28 juin et le 19 septembre, plus de 200 agents de Pôle emploi Ile de France ont décidé
de lancer une grève reconductible à compter du 11 octobre afin d’obtenir l’augmentation de leurs rémunérations et
une amélioration sensible de leurs conditions de travail.

Ils ont le soutien des syndicats franciliens de la CGT Pôle emploi, FO Pôle emploi, SNU Pôle emploi et Sud Solidaires(organisations majoritaires dans la région), et l’appui des syndicats et associations de chômeurs.
Avec la préoccupation de la défense des missions de service public et à la veille de décisions capitales (création de
France Travail, réforme de l’assurance chômage, entre autres…), dans un contexte d’inflation particulièrement difficile
pour ces agents, ces agents entendent revendiquer, entre autres :
-l’augmentation des rémunérations afin d’obtenir une réelle revalorisation qui prenne en compte
l’inflation actuelle et la perte du pouvoir d’achat notée ces dernières années
-la création de milliers de postes en CDI et la titularisation des agents en CDD sur, notamment, les missions
de conseil à l’emploi et d’indemnisation
-l’abandon des prestations collectives inefficaces, multipliées ces derniers mois, au bénéfice
d’accompagnements répondant aux besoins des usagers.
-l’abandon du CRI (conseiller référent indemnisation) qui conduit les agents à devoir s’occuper chacun de
plus de 1000 usagers dans de nombreuses agences,
-la fin de l’externalisation des missions d’accompagnement auprès d’opérateurs privés de placement
-l’abrogation de la contre-réforme de l’assurance chômage
Une première mobilisation nationale a eu lieu le 1er février, donnant lieu à des niveaux de débrayage inédits en Ile de
France, principalement parmi les conseillers mais aussi parmi les membres de l’encadrement intermédiaire.
Depuis cette mobilisation, les agents considèrent que la situation a empiré :
-une souffrance accrue et généralisée dans tout le réseau
-une charge de travail en augmentation permanente, chez les collègues en charge de l’indemnisation (mise en place
de nouvelles règles de calcul, création des postes de conseillers référents…) et de l’accompagnement (augmentation
des plans d’actions chronophages et inefficaces…).
-une mise sous pressions aux résultats et aux indicateurs

D’ores et déjà, des rendez-vous sont fixés 
: 8.30 : piquets de grève et distribution de tracts à l’attention des usagers devant les agences de Diderot (Paris 12e),
Montreuil, Vitry notamment.
 11.00 : Assemblée Générale des grévistes et rassemblement devant la Direction Générale (5 Avenue du Docteur Gley
75020 Paris)

ANTILLES : face à la répression la lutte continue

Depuis le mois de juillet, la mobilisation aux Antilles françaises ne faiblit pas. Au départ sur la question des mesures sanitaires et contre l’obligation vaccinal pour les soignants, cette mobilisation a pris de l’ampleur et revient sur l’ensemble des problématiques sociales qui ne sont qu’aggravées par la crise sanitaire : chômage, empoisonnement au chlordécone, accès aux soins vie chère, etc.

Ce mouvement réuni plusieurs formes de mobilisation avec des manifestations, des grèves, des actions et la mises en place de barrages en Guadeloupe. Il réunit aussi l’ensemble des acteurs sociaux avec un collectif de syndicats, divers collectifs, associations et des individus. Au mois de janvier 2022, cette mobilisation est aussi importante en termes de durée, de revendications et d’acteurs impliqués que la grève de 2009 qui avait durée 45 jours.

Pourtant, les institutions locales et hexagonales ne font que se renvoyer la balle quant à leur responsabilité face à la crise actuelle et encore aucunes négociations n’a pu être mise en place.

La seule réponse de l’État a été l’envoi de troupe du GIGN(groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) et du RAID(Recherche Assistance Intervention Dissuasion) accompagné d’une campagne médiatique qui ne revient que sur des faits de violences qui s’ils existent ne sont pas au cœur de la question.

Et pourtant, face au refus de dialogue social de la part de l’État et les conditions de vies que ce même état maintient lui-même par la violence comment ne pas s’expliquer que les tensions augmentent ?

La semaine dernière, alors que des barrages tentaient de se mettre en place suite à leur destruction en décembre par la police et l’armée, et et que les manifestations du samedis perdraient, les médias nous diffusaient  l’information selon laquelle 8 personnes responsables de certaines des “violences urbaines” ayant eu lieu lors du mois de décembre et de novembre en Guadeloupe.

Ils ont tous été mis en examen pour un ou plusieurs chefs d’association de malfaiteurs en vue de commettre crimes et délits en bande organisée. Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire. Et au moment où nous avons réalisé cette émission, les débats se poursuivent devant le juge de la liberté et de la détention pour les trois autres.

Rien sur la mobilisation, et surtout pas sur la participation active de ces personnes a la mobilisation en tant que tel. Rien non plus sur leur rôle en tant qu’acteurs sociaux dans l’île avant même le début de cette lutte. Nous avons nous décidé ” de ne pas nous tromper de combat” et de continuer à diffuser la parole des acteurs de cette lutte, afin de réfléchir ensemble aux véritables raisons sociales qui animent cette mobilisation.

Ainsi, nous vous diffuserons dans cette émission plusieurs interventions. Tout d’abord vous pourrez entendre le montage de la prise de parole du collectif Moun gwadeloup (que nous avons interrogé au mois de décembre) suite à la manifestation de soutien qui avait lieu devant le commissariat où se trouvaient les personnes interpellées le  samedi 22 janvier 2022.

Ensuite vous pourrez entendre l’interview de Christophe Sinnan, gendre de Claude jean pierre, mort le 3 décembre 2021 des suites de ses blessures lors d’un contrôle de gendarmerie, sur le traitement médiatique de cette affaire.

Enfin nous vous diffuserons l’interview de Léandre Emrick, créateur et journaliste sur le média indépendant the link fwi, autour de son expérience les six derniers mois sur le terrain de la mobilisation et sur les éléments de contexte au plus long terme qui nourrissent et explique la détermination du peuple guadeloupéen.

Pour plus d’infos : 
http://www.thelinkfwi.com
https://m.facebook.com/MounGwadloup971GAM/

MANIFESTATION CONTRE LA PRÉCARITÉ ET LE CHÔMAGE

Paris 4 décembre 2021 : 19ᵉ manifestation contre la précarité et le chômage

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons le reportage réalisé ce samedi 4 décembre 2021, sur la 19ᵉ manifestation contre la précarité et le chômage

Pour plus d’info lire également : Comité pour le rétablissement de la semaine des 4 jeudis

SANS EMPLOI MAIS PAS SANS SALAIRE !

La guerre contre les chômeurs et les chômeuses s’est encore intensifiée sous la présidence Macron : elle s’est traduite concrètement par une nouvelle attaque de l’assurance chômage. On en connaît les effets : réduction du nombre de bénéficiaires, diminution du montant et de la durée des prestations… On ignore en revanche largement l’histoire dans laquelle elle s’inscrit.

Cette brochure cherche à combler ce manque, en revenant sur la construction et la généralisation de l’indemnisation du chômage en France, puis sur les attaques dont elle a été la cible. D’abord pour comprendre la logique générale de toutes les réformes de ces dernières décennies : faire dépendre toujours plus fortement les droits aux chômages de l’emploi exercé avant.

Mais ce retour historique rappelle aussi la logique originale de l’assurance-chômage, qui tend à attribuer aux chômeurs et aux chômeuses un droit à conserver son salaire hors de l’emploi.

En rappelant cette voie, et en montrant comment les syndicats combattifs l’ont défendue avant d’intégrer partiellement la logique des réformes, ce texte vise à outiller leur lutte, et à nourrir la réflexion autour de nos revendications sur le versement des prestations, la gestion des régimes et leur financement.

Les militant⋅es contre la réforme de l’assurance chômage y trouveront de quoi défendre une vision cohérente et offensive d’un régime unifié du chômage, géré par les travailleurs et les travailleuses, et leur garantissant le maintien de leur salaire hors de l’emploi.

Pour parler de cette petite histoire de l’indemnisation du chômage, nous recevons dans l’émission de ce jour, Baptiste Panier, l’un des auteurs de cette brochure.

INDE : UNE RÉVOLUTION EN COURS

C’est en compagnie de Jacques Chastaing que nous allons passer cette heure d’émission, pour continuer à parler du soulèvement paysan en Inde.

En même temps que la Covid-19 étend ses ravages, en particulier à la campagne, dépourvue de structures de santé, de lits, de respirateurs, d’oxygène, de médecins, de médicaments, une colère monumentale et sans précédent à cette échelle s’est exprimée dans l’ensemble de l’Inde contre le régime de Modi le 26 mai 2021 dans tous les secteurs des classes populaires en s’organisant autour de la révolte des paysans.

UNE MOBILISATION HISTORIQUE POUR UN AUTRE MONDE

Ce 26 mai, au sixième mois d’occupation des portes d’entrée de Delhi, le soulèvement paysan animé par le SKM (Front Uni Paysan) coordination d’une quarantaine d’organisations paysannes, a appelé à une journée noire.

Il appelait à la mobilisation malgré l’urgence de la solidarité face au Covid qui occupe tous les bras et la nécessité de garantir la sécurité sanitaire dans des rassemblements qui de fait ne peuvent pas être de masse, en mettant des drapeaux noirs partout, sur les logements, les bâtiments administratifs, les entreprises, les mines, les commerces, les échoppes d’artisans, les voitures, les véhicules en tous genres et dans les rues.

L’objectif était d’exiger toujours que Modi annule ses lois anti-paysans et anti-ouvriers qui tuent la petite paysannerie, le monde du travail, le service public et les emplois pour la jeunesse mais aussi de dénoncer la responsabilité criminelle de Modi dans le carnage humain actuel du Covid en Inde et exiger des mesures rapides pour combattre ce fléau.

Le pays entier s’est couvert de noir y compris pour ceux qui travaillent avec des rubans ou badges noirs sur leurs vêtements, à l’exception en partie des deux États en proie au cyclone Yaas qui sévit ces jours-ci au Bengale occidental et en Odisha.

Toutes les colères du peuple indien se sont cristallisées autour de la gestion du Covid par Narendra Modi qui achève sept ans de son mandat au cours desquels il a multiplié les attaques contre les classes populaires, a complètement détruit l’économie par une privatisation effrénée où il a vendu toutes les entreprises comme les aéroports, les ports, les chemins de fer et d’importantes entreprises du secteur public au profit des capitalistes qui sont ses sponsors électoraux, Adani, Ambani en Inde mais aussi dans le monde Cargill, Walmart, Nestlé ou le français Dreyfus, supprimant des millions d’emplois pour la jeunesse indienne et aboutissant au désastre de probablement des millions de morts du Covid par défaut de structures de santé partout dans le pays et en particulier à la campagne.

Rakesh Tikait, un des leaders paysans parmi les plus populaires, a déclaré le 26 mai que la protestation des paysans était désormais devenue une lutte contre l’oppression, le fascisme et le capitalisme tandis que d’autres dirigeants paysans appelaient le gouvernement à faire ses valises.

C’est pourquoi Modi ne veut pas céder aux revendications des paysans car leur mouvement entraîne toutes les classes pauvres du pays bien au-delà des revendications paysannes, mais aussi toute la population indienne – et même la base policière pour qui le mouvement paysan demande de meilleures retraites contre les décisions du gouvernement – en exigeant la liberté de la presse, la lutte contre les effets du changement climatique et surtout en cassant dans la pratique et dans leurs objectifs, toutes les oppressions et les divisions de religions, de sexes, de couleurs de peau, de castes qui fondent le pouvoir de Modi et derrière lui du capitalisme en Inde… et ailleurs.

Le soulèvement paysan veut une Inde qui ne sert pas seulement les chefs d’entreprise, mais qui œuvre pour le droit de tous les citoyens indiens à l’alimentation, à la santé et à la liberté. Il veut non seulement une Inde où les agriculteurs obtiennent des prix équitables pour leur travail mais aussi un système entier pour le peuple, pas pour les profits de quelques hommes avides.

Et ce mouvement des paysans indiens a des revendications en Inde, mais aussi pour l’Asie, dénonçant les accords de l’Asean (association commerciale des pays d’Asie du Sud-Est aux origines anti-communistes), de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud et de Singapour de novembre 2020, le plus grand pacte commercial du monde, qui feront considérablement baisser les prix d’achats de leurs productions aux agriculteurs et en amèneront de nombreux à la ruine, sans faire pour autant baisser les prix à la consommation, puisque le but est d’augmenter la marge de profits des trusts de l’agro-alimentaire.

Et comme illustration de ce qu’il veut, le soulèvement paysan et ses soutiens a montré dans les campements de protestation aux portes de Delhi où habitent depuis 6 mois plusieurs centaines de milliers de paysans, ouvriers, jeunes, étudiants, soignants, militants de tous bords, syndicalistes … En lointain écho des occupations des places Tahrir, Kasbah, Syntagma, Puerta del Sol ou Parc Zuccotti – qu’un nouveau type de société est non seulement possible, mais est en train de naître en même temps qu’une nouvelle économie basée sur la communauté et le don. Les campements offrent gratuitement de la nourriture, de l’eau, un abri, des soins médicaux et des vêtements à tous ceux qui en ont besoin. Ainsi, depuis six mois maintenant, de nombreux enfants démunis et pauvres des bidonvilles sont éduqués, soignés et nourris de la gentillesse des agriculteurs. Contre l’économie de la cupidité, les agriculteurs représentent un nouveau modèle de société basée sur la coopération et le partage. Aujourd’hui, chaque campement offre un espace commun pour parler, discuter, argumenter et surtout faire partie d’une nouvelle fraternité humaine. Ils ont créé un nouveau melting-pot d’espoir en ces temps Covid-19, quand plus de la moitié du pays est enfermée, sans emploi et affamée.

Aussi, cette journée du 26 mai 2021, très politique, a vu des milliers et des milliers d’effigie ou de mannequins de Modi, brûlés un peu partout en signe de ce que les paysans pensent de lui et de son monde.

Mais cette journée était aussi conçue pour envoyer un signal au monde entier pour dire que Modi qui tue les paysans et le petit peuple, tue plus que le virus, qu’il commet un crime contre l’humanité, en Inde, mais aussi ailleurs avec le risque d’extension du variant indien au monde, bref qu’il est nécessaire qu’il s’en aille maintenant et que la communauté internationale peut y jouer un rôle, elle qui se mobilise déjà pour les paysans, en tout cas dans les anciens États membres du Commonwealth où, contrairement à la France, la presse ne fait pas barrage aux informations venant d’Inde.

Les dix principaux syndicats ouvriers ont rejoint l’appel paysan au 26 mai, comme 12 grands partis, les principales organisations féministes, celles des jeunes et des étudiants, des Intouchables, des petits commerçants et artisans, des journalistes et intellectuels et 4 gouvernements d’États fédéraux également, le Bengale Occidental, le Tamil Nadu où de nouveaux gouvernements opposés à Modi viennent d’être désignés dans des élections où le sens du scrutin se faisait contre Modi, dans le Maharashtra où le parti au gouvernement vient de rompre son alliance avec Modi et enfin dans le Jharkhand dont le gouvernement est opposé à celui du BJP de Modi.

LE CARNAGE DU MANQUE DE MOYENS DE SANTÉ

Le mouvement du 26 mai avait déjà été précédé d’une grève nationale massive le 24 mai des personnels de santé de la campagne qui sont en lutte depuis le début aux côtés de paysans dénonçant leur manque de moyens humains et matériels, de vaccins, médicaments et exigeant des hausses de salaires.

Malgré les chiffres officiels d’un gouvernement qui nie toujours l’importance du nombre de personnes contaminées ou décédées, tous les témoignages qui remontent de partout décrivent une situation infernale.

Les trois quarts par exemple du village de Basi, pas loin de Delhi, 5 400 habitants, sont malades et 30 sont morts sur les trois dernières semaines, ce qui rapporté au pays ferait dans les 9 millions de morts en trois semaines. Bien sûr, les situations sont inégales suivant les régions et les villages – 400 000 villages seraient touchés sur 600 000 – et on ne peut pas calculer ainsi sinon pour donner une idée de l’ampleur du drame.

On compte par exemple aussi 9 morts en 7 jours dans le village de Afzal Nagar, 3 300 habitants, où chaque foyer compte au moins un malade, dans l’Etat du Bihar ; 20 morts en un mois à Larma, 3 800 habitants, toujours dans le Bihar.

Des familles entières disparaissent et des villages sont menacés, par ailleurs, s’il y a peu d’informations sur ce qui se passe dans les tribus (Adivasis, 100 millions d’habitants) abandonnées à elles-mêmes, tout porte à penser que certaines tribus sont fortement contaminées et que faute de moyens sanitaires, la mortalité y soit importante, menaçant peut-être l’existence même de certaines tribus

Selon le mouvement paysan qui a fait un recensement dans un certain nombre de villages, il faudrait compter 10 000 morts par jour dans le seul État de l’UttarPradesh (200 millions d’habitants), 127 000 personnes sont mortes dans les deux mois de mars et avril dans l’État du Madhya Pradesh (73 millions d’habitants) et le mouvement estime qu’il pourrait y avoir de 5 à 10 millions de morts pour le pays entier dans l’année si la situation ne s’aggrave pas.

Les témoins racontent que des milliers de cadavres dérivent sur le Gange, que d’autres sont sommairement posés sur les rives, que les chiens mangent les cadavres humains, tandis que les communes manquent de bois pour incinérer les morts et que les crématoriums étant débordés, il y en a partout, improvisés, aux abords des hôpitaux, dans les jardins, sur les parkings, les trottoirs… Des récoltes ne sont pas faites, des terres entières sont abandonnées parce que les paysans qui les travaillaient sont morts…

Mais tout cela n’est pas fatalité.

L’inde, bien qu’une grande puissance et la pharmacie industrielle du monde, le plus grand fabricant de vaccins et de médicaments génériques sur la planète, est le pays au monde qui consacre le moins d’argent à son système de santé publique : officiellement 1,25% de son PIB, mais plus probablement 0,34% bien en dessous de ce que font les pays les plus pauvres du monde.

Par ailleurs 78% des soins de santé en ville sont privés et 74% à la campagne. Il y a bien des hôpitaux, mais hors de prix, réservés aux riches. Les centres de santé issus de la période de décolonisation sont abandonnés, servent d’étables pour les animaux… Et les personnels de santé sont tellement mal payés que beaucoup démissionnent : 1/6e des travailleurs de santé a démissionné par rapport à l’an passé.

A ce drame sanitaire s’ajoute un drame alimentaire.

N’ayant pas les moyens de santé pour faire face au virus, le gouvernement a encouragé partout au couvre feu et au confinement.

Or 93% des travailleurs en Inde travaillent dans le secteur informel, de petits boulots, de la menuiserie ou la cordonnerie au travail de chantier du bâtiment, en passant par la vente ambulante de fruits et légumes dans la rue.

Au delà de l’absurdité criminelle d’un confinement pour un peuple qui vit dans la rue ou en grande partie dans des bidonvilles, le couvre-feu et le confinement font perdre leur travail et leurs revenus aux plus pauvres et à partir de là leur logement et toute possibilité de se nourrir. N’ayant pas de protections chômage, maladie ou retraite, ils n’ont plus rien.

Avec la fermeture de l’accès à la rue, en quelques semaines, ils ont perdu leurs maigres économies et ne sont plus en mesure de se nourrir ou de nourrir leurs familles.

Or cette seconde vague du virus s’ajoute à la première, en 2020, où on estime que 47% des femmes actives ont perdu définitivement leur travail (9% des hommes), 33% des jeunes de moins de 24 ans également ont perdu leur travail et n’en ont pas retrouvé et sont donc physiquement affaiblis, situation aggravée par une pollution atmosphérique terrible qui tue en nombre.

Aujourd’hui, le chômage officiel a déjà doublé en une semaine du 9 au 16 mai 2021 en passant de 7 à 14% en même temps que les prix bondissent.

La famine menace et si des États ont promis des distributions alimentaires de secours, à la date du 24 mai, rien n’était encore arrivé par exemple à Delhi et des manifestations ont lieu dans des bidonvilles, où habitent un tiers des indiens, comme par exemple à Bombay dans le Maharashtra, pour dénoncer l’abandon des habitants des bidonvilles.

800 000 travailleurs “migrants” qui viennent de la campagne et travaillent en ville et qui vivent de petits boulots ont déjà quitté Delhi dés les premiers jours de la seconde vague de Covid – et plus encore ensuite – pour tenter de survivre dans leurs villages d’origine et avant que les transports publics soient bloqués. Mais en voyageant entassés dans les pires conditions, les bus et trains se sont transformés en clusters et ont contribué à propager le Covid partout.

Comme le gouvernement n’a rien prévu, n’a rien préparé, ne fait rien aujourd’hui, a même fortement contribué à la propagation du virus par ses campagnes électorales et pèlerinages hindous et est dirigé par des ministres obscurantistes qui rejettent la science en expliquant par exemple que pour chasser le virus il faudrait taper sur des casseroles, sa principale activité est d’accuser les autres dans la presse de ses propres crimes : les États fédéraux, la population en général, mais surtout le mouvement paysan qu’il accuse, tous les jours, inlassablement, à longueur de journaux, d’avoir propagé le virus en particulier à la campagne en même temps qu’il criminalise violemment tous ceux qui sur les réseaux sociaux appellent à l’aide, demandent de l’oxygène, des médicaments ou documentent le drame.

CONTINUATION, SUSPENSION ET REPRISE DE LA LUTTE A UN NIVEAU PLUS ÉLEVÉ

Le soulèvement paysan a bien sûr été affaibli dans un premier temps du simple fait que tout un chacun pare au plus urgent en essayant de se protéger soi-même de la Covid ou d’aider les autres, familles, voisins, amis, collègues qui sont en difficulté. Du coup, pendant les premiers moments de la seconde vague de la Covid, bien des luttes ont été suspendues.

Cependant, au delà de l’entraide auquel il participe lui-même en fournissant aux nécessiteux des repas, médicaments, centres sanitaires et logements gratuits dans ses campements et lieux de mobilisation, le mouvement a repris son essor dés lors que la période des récoltes a commencé à se terminer à partir du 8 mai où une première mobilisation a eu lieu mais surtout de la seconde semaine de mai, où des milliers et des milliers de paysans et soutiens reviennent en nombre tous les jours aux campements de Delhi depuis le 12 mai environ, 40 000 étant arrivés par exemple le 25 mai.

Le 24 mai, ils étaient déjà plus de 10 000 à bloquer le commissariat central de Hisar dans l’Haryana malgré les 3 000 flics impuissants qui tentaient de le protéger, après que quelques jours auparavant, des policiers aient violemment chargé une manifestation paysanne qui encerclait le premier ministre BJP de l’Haryana, faisant de nombreux blessés et prisonniers. Les paysans ont obtenu que les prisonniers soient relâchés, que ceux qui ont été blessés ou ont eu des véhicules endommagés , soient indemnisés et que même des emplois soient fournis à la famille d’un paysan qui est décédé.

Le 26 mai,en réponse aux calomnies du gouvernement de Modi et de son parti, le BJP, ce sont des millions de paysans, ouvriers agricoles, ouvriers, employés,enseignants, étudiants qui ont organisé rien qu’au Pendjab, 108 lieux de mobilisation et de blocages en plus des manifestations avec libération de péages autoroutiers, blocage de stations essence Reliance, un groupe qui soutient Modi, blocage de grandes surfaces commerciales liées aussi aux groupes capitalistes soutenant Modi et qui seront bénéficiaires des lois anti-paysans, de gares, et de résidences de leaders du BJP. En Haryana, on comptait plus de 60 lieux de mobilisation et rien que dans le seul district (département) de Jhajjar dans l’Haryana on comptabilisait 240 manifestations. A Delhi, 50 lieux de mobilisation étaient recensés.

Dans l’Assam et le haut Assam, des manifestations ont eu lieu comme ailleurs mais en plus avec des tribus Adivasis dénonçant l’accaparement des terres par des sociétés capitalistes après que dans le Chhatisgarh il y a quelques jours la police avait tiré et tué trois indigènes qui dénonçaient le vol de leurs forêts par les militaires.

A Ropar, les paysans ont chassé de la ville les membres du RSS, la milice fasciste au service du pouvoir. A Rupnagar et dans d’autres lieux, les militants du BJP et du RSS ont été pris à partie et ont du fuir. Dans l’Uttar Pradesh où la police du BJP a voulu interdire les rassemblements de nombreux affrontements ont eu lieu et les policiers ont souvent été mis en difficulté.

Malgré les difficultés de mobilisation et de rassemblements dues à la Covid-19, le soulèvement paysan a franchi ce 26 mai une nouvelle marche importante dans l’entraînement avec lui de l’ensemble des classes populaires d’Inde sur un programme de plus en plus large.

Et d’ores et déjà, le SKM a annoncé qu’il allait intensifier la mobilisation dans le cadre d’une alliance renforcée des paysans et des ouvriers et allait appeler à de nouvelles initiatives d’ici peu.

Jacques Chastaing, le 27 mai 2021

LA QUESTION DU CHÔMAGE

À l’heure ou se succèdent les plans de licenciement économique ou des entreprises ayant reçu des aides de l’état, ne se privent pas de faire de même, ou en somme nous sur la lutte contre le chômage et la précarité ?

Pour aborder cette question, nous diffusons un montage de la conférence de presse qui se tenait dans les locaux de solidaire, le 30 novembre dernier a l’appel du collectif unedic.

Nous entendrons les interventions de différents secteurs associatifs et syndicaux, dans la perspectives de la manifestation annuelles qui se tiendra ce samedi 5 décembre à 14 h et qui partira de porte des lilas à place de la république.

PRÉCARITÉ CHÔMAGE

Dans l’émission de ce jour nous parlerons précarité et chomage.

En réalité, la question du “nombre de chômeurs” est piégée : les chiffres du chômage sont un enjeu de luttes, qui engagent un ensemble d’institutions et d’acteurs politiques, administratifs, médiatiques, militants, etc.
Leur brouillage sert les intérêts des politiques d’austérité budgétaires actuelles, qui affaiblissent le service public et ont pour objectif de diminuer les redistributions des ressources publiques, tout en retraduisant la dégradation du marché du travail (développement des contrats courts et des temps partiels : actuellement, plus de 8/10e des emplois disponibles sont des CDD).
Les deux principaux indicateurs sont celui du BIT et le nombre d’inscrits à Pôle Emploi. Du fait de sa fonction de contrôle des chômeurs, Pôle Emploi distingue d’abord les personnes “tenues de chercher un emploi” (catégories A, B et C : 5,4 millions d’inscrits) de celles qui ne le sont pas (catégories D et E : 0,7 millions d’inscrits). La distinction des catégories A, B et C reflète la dégradation actuelle des conditions d’activité des travailleurs : 4 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi et tenues de chercher un emploi sont sans activité ou ayant travaillé moins d’un mi-temps au cours du mois précédent (3,3 millions en catégorie A, c’est-à-dire n’ayant pas travaillé le moins précédent, et 720 000 relèvent de la catégorie B, c’est-à-dire qu’elles ont travaillé moins de 78h). 1,4 millions ont travaillé plus de 78h le mois précédent (catégorie C). Autrement dit, les “chiffres du chômage” reflètent l’explosion de l’intermittence de l’emploi.
En outre, le nombre inscrits à Pôle Emploi ne recouvrent pas la totalité des personnes qui n’ont pas d’activité rémunérée et sont à la recherche d’un emploi. Ainsi, près d’un quart des chômeurs au sens du BIT n’y sont pas inscrits (càd 22% des 2,4 millions personnes qui n’ont pas travaillé au cours d’une semaine de référence et sont disponibles dans les 15 jours). 
Au-delà de l’intérêt politique, électoraliste, à publier de “bons chiffres du chômage”, il y a évidemment un enjeu budgétaire de manipulation des catégories: Mathieu Grégoire et Claire Vivès indiquaient en 2018 que seuls 51% des chômeurs étaient réellement indemnisés, quand Pôle Emploi mettait en avant un pourcentage de 69% de chômeurs dits “indemnisables”. Ce glissement masquait la part croissante des chômeurs non indemnisés au cours des quinze années précédentes et, comme le notaient alors les auteurs “on semble ainsi faire de moins en moins cas de la fonction première de l’assurance chômage : indemniser.” (note de l’IES, n°42, mars 2018) La réforme de novembre 2019 marque une rupture, et elle est d’une grande violence institutionnelle, mais elle est aussi un point d’aboutissement des politiques répressives menées depuis plusieurs années.

PAS DE TRÊVE POUR LA REFORME DES RETRAITES

Dans toute l’Ile de France, dès le 5 décembre, des travailleur.se.s ont rejoint le mouvement bien au-delà des seuls secteurs du transport et de l’éducation : éboueurs, livreurs, travailleurs sans-papiers… Les travailleuses et les mères de famille sont particulièrement nombreuses : le projet du gouvernement nuirait particulièrement aux femmes s’il était appliqué ! Il y a aussi des chômeur.se.s, des personnes privées d’emploi, des étudiant.e.s non-salarié.e.s et des retraité.e.s qui y participent.

Dans l’émission de ce jour , nous revenons sur la manifestation parisienne de ce 17 Décembre avec nos invité-e-s en plateau et par téléphone avec une enseignante de Saint-Denis et un cheminot de la gare Saint Lazare

CHÔMAGE ET PRÉCARITÉ / GRÉVE DU 5 DÉCEMBRE / LA BUTTE ROUGE


Trois sujets dans l’émission de ce jour. Nous serons dans la manifestation de ce 30 Novembre contre le chômage et la précarité et nous entendrons plusieurs entretiens et prises de parole qui parleront de cette situation.

En seconde parties d’émission , nous reviendrons sur la gréve du 5 Décembre avec la seconde parties de la rencontre interprofessionnelle qui se tenait a la bourse du travail le 27 Novembre dernier.

Nous terminerons cette émission par un reportage réalisé le 30 Novembre dernier a la cité de la butte rouge à Châtenay-Malabry ou se déroulait un rassemblement contre le projet de destruction de cette cité.