Surveillance et répression d’État à l’ère numérique

Cette émission du mercredi 18 octobre 2023 sera toute entière consacrée au contrôle, à la répression et à la surveillance d’état. A la surveillance d’État numérique, technologique dirons-nous. Dans ce cadre-là, vous pourrez entendre des interventions choisies ayant pris place dans une réunion publique organisée par la Quadrature du net et traitant de la criminalisation du chiffrement à l’œuvre dans l’affaire du « 8 décembre ». Laquelle y “transforme les pratiques numériques des inculpé·es en « preuves » d’une « clandestinité »”, qui trahirait selon les renseignements l’existence d’un projet terroriste. Puis en seconde partie d’émission, c’est de plateformes, d’opérateurs et de navigateurs internet dont il sera question, l’État français cherchant à contrôler et à censurer la toile. Nous terminerons enfin par deux brèves d’actualité se focalisant là aussi sur les moyens de surveillance de l’État français, à travers l’enquête des Predator files¹ d’une part, et à travers l’espionnage de manifestants pendant et après le mouvement des gilets jaunes² d’autre part.

¹ Lien vers des articles d’Amnesty international accès libre) et de Médiapart (sur abonnement) concernant l’enquête Predator files. L’enquête a été réalisée par le réseau d’investigation journalistique European Investigative Collaborations, en collaboration avec les experts du Security Lab d’Amnesty International.
² Interview de Vincent Nouzille, auteur du livre “Le côté obscur de la force – Enquête sur les dérives du ministère de l’Intérieur et de sa police”, par Ariane Gressiel, en date du 9 octobre, sur France inter.

Lien vers l’article de la Quadrature du net sur le droit au chiffrement et à la vie privée, en cause lors du procès du « 8 décembre ». Ledit procès se tiendra du 3 au 27 octobre 2023.

L’affaire du 8 décembre :
“L’affaire du 8 décembre 2020 est une opération antiterroriste commanditée par le Ministère de l’Intérieur contre des militant·es désigné·es par ce dernier comme des « activistes d’ultragauche » et mis·es en examen pour « association de malfaiteurs terroristes ».
La DGSI, accompagnée d’unités de polices militarisées (GAO, RAID), a procédé à l’arrestation de neufs personnes – que nous réunissons sous la bannière « libertaires » – dont les engagements politiques étaient divers et dans des régions différentes: soutien aux familles réfugié·es, projets d’autonomie et de lieux collectifs à la campagne, soutien aux victimes de meurtres d’État, squat d’activités politiques et contre-culturelles, écologie et défense de la cause animale, implication dans des Zones A Défendre, activisme dans la scène punk, féminisme, etc.
Ces neuf personnes ne se connaissent pas toutes. Certaines ne s’étaient côtoyées qu’une fois dans leur vie (pendant le confinement). Mais toutes avaient comme point commun une personne, Libre-Flot, ciblée par la DGSI depuis son retour du Rojava en 2018 où il avait participé à la lutte contre DAESH. […]” Lire la suite sur le blog des comités du 8/12

Les calanques sous surveillance numérique

Le 20 juillet 2023 dernier avait lieu une projection-débat autour du film “Du QR code dans les Calanques” (au café associatif La Trockette). Sa réalisatrice, NG, avec le concours d’un autre membre du blog d’Art debout, se proposait ainsi avec le documentaire de mettre en discussion l’utilisation de la technologie du QR code. Mais plus globalement, d’interroger la gouvernance et fréquentation des espaces naturels, leur privatisation, soulevant au passage les contradictions existant entre la finalité affichée et la réalité. Le documentaire que vous pourrez entendre en première partie d’émission (légèrement édité pour s’adapter à un format audio), s’inscrit en outre à la suite d’un travail réalisé par un collectif marseillais, nommé Le Platane, et qui a étudié tant les tenants et aboutissants de l’instauration du QR code, que la gestion du Parc National des Calanques.

La seconde partie d’émission quant à elle, donnera à entendre des morceaux choisis des discussions qui ont suivi la projection.
Bonne écoute !

Résumé d’introduction au documentaire Du QR code dans les calanques :

“Avertissement : un texte sur le nouveau Pass dans les Calanques signé par un groupe mystérieux « le platane » a circulé dans le groupe parisien ‘Non au Pass’. Cette enquête très pointue m’a beaucoup intéressée et j’en ai vérifié les justes propos. Je regrette beaucoup que ce texte ait été publié sur le site de PMO par le Platane car ce site est très problématique et patriarcal. En tant que féministe je me bats sans cesse contre le sexisme et racisme et toutes formes d’oppressions!

Après 9 mois d’enquête et de réalisation de la vidéo dont je ne montre que le début ici (5mn) je dois dire que le Parc national des Calanques m’écœure !
Je vomis sa politique de gestion et d’exploitation de ‘la nature’ – de labellisation des Posidonies à des fins d’intégrer le marché des points carbone avec des partenaires comme Interxion qui construit des Data Center, Schneider electric France ou le groupe Atos leader de la Cyber surveillance Numérique.
Placarder leurs pancartes partout dans la forêt : ‘Réserver c’est Préserver’ quelle Arnaque ! Les ravages écologiques du numérique sont très bien identifiés !
Traçabilité et Numérisation de tout – Privatisation et Police : des agents privés contrôlent vos QR codes: 200.000 € ont été dépensés pour le seul été 2022 !
Culpabilisation omniprésente : ‘Vous êtes trop nombreux et nombreuses’ ‘Vous érodez la Calanque …’
Alors que le parc a permis récemment la construction de Kedge École privée de commerce qui a doublé le campus de Luminy et a dit OUI aux ‘Boues Rouges’ en 2014 !
Je souhaite en conséquence m’éloigner du numérique et regarder cette vidéo avec quelques personnes ‘en live’ pour en parler et penser ensemble.

Lien vers le texte entier de présentation du documentaire
Lien vers la bande-annonce “Du QR code dans les calanques”

Vous trouverez ici des ressources complémentaires à l’émission, pour aller plus loin :
– Un article paru sur The Conversation en date du 6 septembre 2023 de Alain Karsenty, portant sur les crédits carbone : Histoire des crédits carbone : Vie et mort d’une fausse bonne idée ?
– Une longue vidéo de vulgarisation sur les tarifications du carbone par la chaîne youtube Euhreka : Une bonne idée ? Les pays qui l’utilisent déjà ? Les réformes à venir…
– Un reportage de Thalassa de 2016 par Sophie Bontemps et Nedjma Berder sur les boues rouges : Boues Rouges, la mer empoisonnée
– Un article de Médiapart de Sophie Bourlet en date du 17 juillet 2023 (sur abonnement) : À Marseille, la mer n’appartient pas à tout le monde

La gestion sanitaire de la covid-19

Illustration La Quadrature du Net

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur la gestion de la covid-19, en compagnie de Mathieu Amiech, membre du collectif écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies).

Texte publié en mai 2020

Du point de vue sanitaire, l’épidémie de Covid-19 mettra du temps à livrer tous ses mystères. Le brouillard qui entoure l’origine de la maladie, sa diffusion et sa létalité ne pourra se dissiper que lorsqu’elle cessera de frapper dans autant de pays à la fois. A ce jour, personne n’a l’air de savoir quand une telle accalmie se produira. D’ici là, pour continuer de vivre, nous ne devons ni sous-estimer, ni surestimer cette épidémie en tant que telle.

Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher. Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement.

Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du Covid-19.

« Restez chez vous »… sur Internet

Dès les premiers jours du confinement, il était clair qu’une des conséquences sociales immédiates de la pandémie, en Espagne et en France, serait la radicalisation de notre dépendance à l’informatique. Au train où allaient les choses, il semblait pourtant difficile d’accélérer ! Mais avec l’enfermement au domicile, pour beaucoup, les écrans deviennent un mode quasi-exclusif d’accès au monde ; le commerce en ligne explose, et même l’organisation de réseaux d’approvisionnements locaux en légumes et produits frais passe souvent par des sites Internet ; la consommation de jeux vidéo s’envole ; le nombre de consultations de « télémédecine » montent en flèche (alors qu’elles n’apportent rien de plus en général qu’une conversation téléphonique) ; la « continuité pédagogique » se fait aussi par ordinateur, au mépris de toutes les recommandations médicales de limiter l’exposition des enfants aux écrans ; et des millions de personnes se retrouvent à travailler chez elles – non plus « métro-boulot-dodo », mais directement « du lit à l’ordi ».

Les grands médias ne voient en général rien d’inquiétant à cette réduction de toutes les activités humaines à une seule. Au contraire, ils applaudissent d’autant plus les initiatives de solidarité qu’elles passent par un site, une plateforme, un groupe sur messagerie… Ils encouragent tout un chacun à se résigner au fait de prendre l’apéritif seuls-ensemble [1], « par » Skype, et trouvent même des croyants ravis de communier pour Pâques par écrans interposés.

A cette campagne incessante de promotion de la vie numérique ne répond aucune alarme dans le débat d’idées : l’informatisation totale ne semble un problème pour personne. Des journalistes, des économistes, des hommes d’État, des deux côtés des Pyrénées, nous serinent qu’il faudra à l’avenir ne pas rester si dépendants de l’industrie chinoise pour les médicaments, le textile, etc. ; mais leur souci d’indépendance nationale les amène rarement à se préoccuper du fait que le secteur du numérique tout entier repose sur les mines et les usines asiatiques, souvent de véritables bagnes industriels qu’il est très difficile d’imaginer « relocaliser ». D’autres voix s’élèvent, qui ne s’en tiennent pas à la critique de la mondialisation des échanges, et réclament un changement profond de « notre modèle de développement ». Mais elles éludent la place centrale du numérique dans ce modèle, et ne signalent pas que rien ne pourra changer en matière de précarisation sociale et d’écologie si nous continuons de tout faire par Internet.

Le président Macron, quant à lui, se permet de faire des allusions répétées au programme du Conseil national de la Résistance et à son esprit de compromis social ; mais dans les faits, le projet de conversion de la France en start-up nation n’est nullement en pause, au contraire il connaît un grand bond en avant. Cette nouvelle ère de travail sans contact permet de compléter l’offensive contre les salariés entamée bien avant le coronavirus : suppression massive de postes au profit d’applications, de plateformes et de robots ; réduction du travail relationnel au profit de réponses automatisées pilotées par algorithmes ; perte de sens du travail supplanté par d’absurdes routines bureautiques ; exploitation accrue, et affaiblissement des capacités de résistance des salariés, de plus en plus isolés les uns des autres.

Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres. Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen.

« La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIe siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût (…) Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être rétrospectivement comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société [de services] » [2]. Cette analyse de bon sens n’est pas le fait d’un contempteur du néolibéralisme, en colère contre les choix politiques faits depuis quarante ans sous la pression des milieux d’affaires. Elle est d’un économiste de centre-gauche, participant au Conseil de surveillance du journal Le Monde. Elle suffit à comprendre que si « stratégie du choc » [3] il y a, dans le contexte actuel, elle se trouve en bonne partie sous nos yeux, dans ce surcroît de numérisation de la vie domestique et économique. Il nous semble juste de parler de stratégie du choc numérique, au sens où la crise sanitaire crée l’occasion de renforcer la dépendance aux outils informatiques, et de déployer des projets économiques et politiques pré-existants : enseignement à distance, recours massif au télétravail, « e-santé », Internet des objets et robotisation, élimination de l’argent liquide au profit de la monnaie électronique, promotion de la 5G, smart city… On peut aussi faire figurer dans ce tableau les projets de suivi des individus par leur smartphone, au-delà de ce qui se pratiquait déjà en matière de surveillance policière, de marketing, ou de rencontres amoureuses par applications dédiées. Ainsi le risque n’est-il pas seulement que les choses restent « comme avant », mais qu’elles empirent nettement.

Quand la Chine s’éveille en nous ?

Il est à peu près acquis que plusieurs gouvernements européens vont mettre en place de nouveaux dispositifs de surveillance par smartphone, en contrepartie de la sortie, ou du relâchement, du confinement. Alors qu’à la peur de tomber malade s’ajoute la lassitude et l’impossibilité économique de rester confinés pendant des mois, c’est un véritable chantage auquel les populations sont soumises.

Prenons la mesure de l’imposture : dans un contexte de pénurie grave des moyens ordinaires pour lutter contre la contagion (trop peu de masques et de blouses à l’hôpital, manque de soignants et de lits à l’hôpital et en dehors, peu de tests), on nous propose à la place un gadget de science-fiction, les applications de détection électronique de la transmission du coronavirus. Aucune annonce claire n’est faite dans le sens d’un soutien financier massif et structurel aux hôpitaux publics pour faire face à une crise qui va durer ; par contre, on s’apprête à franchir un nouveau cap dans la traçabilité systématique des déplacements et des relations sociales – au moins, dans un premier temps, pour ceux qui l’acceptent. Les résultats sanitaires sont plus qu’incertains ; les conséquences politiques, elles, ne font pas de doute.

Car le fait de se savoir tracé en permanence est source de conformisme et de soumission aux autorités, même quand on ne vit pas sous une dictature [4]. Les éléments de langage gouvernementaux assurent que les informations données par les applications de traçage des personnes porteuses du Covid-19 seront anonymisées puis détruites, mais il suffit de lire les mémoires d’Edward Snowden à propos de la surveillance électronique pour voir que ce genre de garantie ne tient pas [5]. Qui plus est, un coup d’œil à l’histoire récente des technologies montre qu’il n’y a pratiquement jamais de retour en arrière avec les dispositifs liberticides introduits en temps de crise : si elles sont mises en œuvre à grande échelle sous l’égide de l’État, les applications de traçage resteront, et il sera difficile d’en empêcher l’extension à toute la population. Pensons au fichage ADN, introduit à la fin des années 1990 suite à une série de meurtres à caractère sexuel et dont les ministres de l’époque juraient qu’il resterait toujours limité aux grands criminels – de nos jours, il est devenu quasi-automatique, quand on est arrêté pour être resté un peu tard en manifestation. Pensons aussi, tout simplement, que nous n’avons aucune idée de la durée de l’épisode épidémique où nous sommes entrés début mars – six mois ? trois ans ? bien plus ?

En tous cas, cet épisode est marqué par l’idée que l’efficacité, en matière de lutte contre les coronavirus, serait à chercher du côté de l’Asie en général et de la Chine en particulier. En France, médias et politiques portent plutôt leur regard vers la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour, dont l’hyper-modernité technologique n’est pas associée (à tort ou à raison) au despotisme politique. En Espagne, par contre, le début de la crise sanitaire a vu la presse dominante se demander ouvertement si la « démocratie » n’est pas un fardeau qui condamne à l’inefficacité, tandis que de vieux politiciens « libéraux » faisaient part de leur admiration pour l’autoritarisme chinois high tech : géolocalisation des téléphones mobiles, systèmes de notation sociale alimentée par les données recueillies en permanence sur les citoyens avec Internet, reconnaissance faciale, usage de drones pour surveiller et sanctionner la population. C’est un des éléments du tournant que nous vivons peut-être : nous avons été habitués depuis des décennies à lire notre avenir dans les évolutions de la société nord-américaine, et tout à coup, c’est la Chine post-maoïste qui semble devenir notre horizon – elle qui fait un usage véritablement décomplexé des innovations de la Silicon Valley.

La surenchère technologique ne peut que nourrir les effondrements écologiques et sanitaires

Pour l’heure, le recours par les autorités politiques européennes aux applications de traçage des smartphones pour traquer la Covid-19 relève d’une forme de bluff [6]. C’est une mesure d’accompagnement psychologique, pour donner l’impression qu’elles agissent, qu’elles peuvent quelque chose, qu’elles ont des idées pour maîtriser la situation. Alors qu’il est manifeste qu’elles ne maîtrisent rien, en tout cas dans des pays comme les nôtres ou comme l’Italie. Par contre, dans toute l’Europe, elles emboîtent le pas aux milieux d’affaire qui réclament la reprise du travail et la relance de l’économie ; il est donc d’autant plus urgent de sortir des « applis » magiques de leurs chapeaux, puisqu’elles n’ont visiblement rien d’autre à leur disposition pour protéger les populations.

Des dispositifs comme la géolocalisation électronique servent en fait à assurer le maintien d’une organisation sociale pathologique, tout en prétendant limiter l’impact de l’épidémie que nous connaissons aujourd’hui. Le traçage du coronavirus vise à sauver (momentanément) un type de monde où l’on se déplace beaucoup trop, pour notre santé et celle de la Terre ; où l’on travaille de plus en plus loin de chez soi, en côtoyant au passage des milliers de gens qu’on ne connaît pas ; où l’on consomme les produits d’un commerce mondial dont l’échelle exclut toute régulation morale. Ce que les promoteurs de la géolocalisation cherchent à préserver, ce n’est donc pas d’abord notre santé, ni notre « système de santé » : c’est la société de masse. C’est même une société de masse renforcée, au sens où les individus qui la composent seront encore plus esseulés et renfermés sur eux-mêmes, par la peur et par la technologie.

Alors que la pandémie actuelle devrait nous inciter à transformer radicalement une société où l’urbanisation galopante, la pollution de l’air et la surmobilité peuvent avoir des conséquences aussi incontrôlables, le déconfinement géré par big data menace de nous y enfoncer un peu plus. L’émergence de la Covid-19, comme celle des autres grands virus depuis l’an 2000, est reliée par de nombreux chercheurs à la déforestation qui oblige beaucoup d’espèces animales à se retrouver en contact imprévu avec les humains. D’autres mettent en cause les élevages intensifs concentrationnaires, arrosés d’antibiotiques mutagènes. Dire que la réponse à la Covid-19 doit être technologique (comme Stéphane Richard, le PDG d’Orange dans Le Monde du 1er avril), c’est poursuivre la fuite en avant dans une logique de puissance et de maîtrise illusoire de la nature, dont la crise écologique nous montre chaque jour l’échec. L’impact de l’industrie numérique sur les écosystèmes est déjà intenable. Elle a créé une ruée sur les métaux qui dévaste les zones les plus préservées de la planète. Elle s’appuie sur une industrie chimique particulièrement polluante et engendre des montagnes de déchets. Du fait de la multiplication des data center et de l’augmentation permanente du trafic Internet, elle fait carburer les centrales électriques et émet autant de gaz à effet de serre que le trafic aérien [7].

Qui plus est, le mode de vie connecté est globalement nocif pour notre santé. Addictions, difficultés relationnelles et d’apprentissage chez les plus jeunes, mais aussi électro-hypersensibilité : l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) estime ainsi à 3,3 millions le nombre de Français qui disent en souffrir (soit 5 % de la population), et affirme la nécessité d’importantes recherches pour comprendre comment ces souffrances se déclenchent et s’amplifient [8]. Ajoutons à cela les doutes qui entourent le caractère cancérogène des ondes électromagnétiques artificielles, considéré comme possible par l’OMS. Les liens établis entre tumeurs au cœur (chez des rats) et ondes 2G/3G par le National Toxicology Programm américain en 2018 [9] ne font pas l’objet d’un consensus scientifique, mais le doute est toujours à décharge pour les industriels de la téléphonie mobile : il sert de justification à la fuite en avant, jamais au principe de précaution.

D’ailleurs, au premier rang de la stratégie du choc menée par le gouvernement français figure l’installation simplifiée des antennes-relais, contestées par tant de riverains et d’associations, notamment pour motifs de santé. La loi d’urgence du 25 mars 2020 permet leur déploiement sans l’accord de l’Agence nationale des fréquences. Dans le même temps, l’explosion du trafic Internet lié au confinement justifie la poursuite du déploiement du réseau 5G – c’est en Italie que les choses s’accélèrent le plus [10]. Alors que des scientifiques et des citoyens du monde entier s’y opposent depuis plusieurs années, la presse rabat les inquiétudes qui s’expriment à ce sujet, en différents endroits du monde, sur des thèses improbables reliant la propagation de la Covid-19 aux ondes 5G. Les Gafam vont jusqu’à envisager ces derniers jours de supprimer de nombreuses publications en ligne qui alarment sur les effets de cette nouvelle étape dans l’intensification des champs électromagnétiques artificiels. Or, ces alarmes sont souvent parfaitement légitimes : d’une part parce que déployer, sans en connaître les effets, une source de pollution électromagnétique au moins deux fois supérieure à celle de tous les réseaux déjà existants est une aberration du point de vue du principe de précaution ; d’autre part parce que le danger le plus avéré du réseau 5G est qu’il doit servir d’infrastructure à la prolifération des objets connectés, des voitures automatiques et, globalement, d’une société hyperconsumériste dont les effets sociaux et écologiques sont intenables.

Arrêter l’escalade

Bref, les technocrates du monde entier prétendent nous préserver du coronavirus aujourd’hui, en accélérant un système de production qui compromet déjà notre survie demain matin. C’est absurde, en plus d’être voué à l’échec.

Nous n’avons pas besoin de technologies qui nous déresponsabilisent en disant et décidant à notre place où nous pouvons aller. Ce dont nous avons besoin, c’est d’exercer notre responsabilité personnelle, pour pallier les défaillances et le cynisme des dirigeants. Nous avons besoin de construire par le bas, avec l’aide des soignants, des règles de prudence collective raisonnables et tenables sur la longue durée. Et pour que les inévitables contraintes fassent sens, nous n’avons pas seulement besoin de savoir en temps réel quelle est la situation dans les services d’urgence. Nous avons besoin d’une réflexion collective et conséquente sur notre santé, sur les moyens de nous protéger des multiples pathologies que génère notre mode de vie : les futurs virus, autant que leurs divers facteurs de « co-morbidité », tels que l’asthme, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et bien sûr le cancer [11].

Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.

Il se dit régulièrement qu’à un moment donné de cette crise, il faudra demander des comptes aux dirigeants. Et comme à l’accoutumée, les réclamations en matière de dotations budgétaires, d’abus patronaux et financiers, de redistribution économique, ne manqueront pas. Mais à côté de ces indispensables revendications, d’autres mesures sont à prendre nous-mêmes ou à arracher aux décideurs, si nous voulons préserver notre liberté – c’est-à-dire si nous voulons préserver la possibilité de combattre les logiques de concurrence et de rentabilité, de construire un monde où la peur de l’autre et l’atomisation de la population ne dominent pas pour longtemps.

  1. Ces jours-ci, il semble que de nombreuses personnes laissent leur smartphone chez elles, quand elles quittent leur domicile. Nous appelons à la généralisation de ce genre de geste et au boycott des applications privées ou publiques de traçage électronique. Au-delà, nous invitons chacun et chacune à réfléchir sérieusement à la possibilité d’abandonner son téléphone intelligent, et de réduire massivement son usage des technologies de pointe. Revenons enfin à la réalité.
  2. Nous appelons les populations à se renseigner sur les conséquences économiques, écologiques et sanitaires du déploiement planifié du réseau dit « 5G », et à s’y opposer activement. Plus largement, nous invitons chacun et chacune à se renseigner sur les antennes de téléphonie mobile qui existent déjà près de chez soi, et à s’opposer aux installations de nouvelles antennes-relais.
  3. Nous appelons à une prise de conscience du problème de la numérisation en cours de tous les services publics. Un des enjeux de la période d’après-confinement (ou des périodes entre deux confinements ?) sera d’obtenir que des guichets physiques soient encore ou à nouveau disponibles pour les habitants des villes et des campagnes, dans les gares, à la Sécurité sociale, dans les préfectures et autres administrations. Des batailles mériteraient d’être engagées pour la défense du service postal (essentiel par exemple à la circulation d’idées sans numérique) et le maintien d’un service de téléphone fixe, bon marché et indépendant des abonnements à Internet.
  4. Une autre bataille essentielle pour l’avenir de la société est le rejet de l’école numérique. La période critique que nous vivons est mise à profit pour normaliser l’enseignement à distance par Internet, et seule une réaction d’envergure des enseignants et des parents pourra l’empêcher. Malgré toutes les critiques qu’on peut faire de divers points de vue à l’institution scolaire, la période actuelle devrait illustrer aux yeux d’un grand nombre qu’il y a du sens à apprendre à plusieurs et qu’il est précieux pour les enfants d’être au contact d’enseignants en chair et en os.
  5. L’économie n’est pas et n’a jamais été à l’arrêt ; les conflits sociaux ne doivent donc pas l’être non plus. Nous soutenons toutes celles et ceux qui se sentent mis en danger, du point de vue de la santé, à leur poste de travail habituel ou dans leurs déplacements. Mais nous attirons aussi l’attention sur les abus et les souffrances dans le cadre du télétravail, à domicile. Certains d’entre nous dénoncent l’informatisation du travail depuis des années ; il est clair que l’extension du télétravail contraint est un processus à endiguer par de nouvelles formes de luttes, de boycott, de retrait.
  6. Du point de vue économique, les mois à venir s’annoncent terribles. Un appauvrissement très important des populations est possible, au même titre que des effondrements bancaires et monétaires. Face à ces périls, il nous faut penser à manger et comment cultiver des terres ; comment s’inscrire dans des réseaux d’approvisionnement de proximité, et comment étendre ces possibilités au plus grand nombre ; comment soutenir les agriculteurs qui produisent de la nourriture saine près de chez nous, et comment aider d’autres à s’installer. Ce que nous avons dit plus haut explique pourquoi nous pensons que le recours à la technologie de pointe pour faire tout cela n’est pas une solution humaine et pérenne.
  7. Enfin, il va nous falloir défendre les moyens de nous rencontrer physiquement, inventer ou retrouver des lieux de discussion publique dans ce contexte difficile où vont se jouer des batailles décisives. Bien sûr, il faudra prévoir des modalités qui prennent en compte les risques de contagion. Mais la vie connectée ne peut durablement se substituer à la vie vécue, et les succédanés de débats par Internet ne remplaceront jamais la présence en chair et en os, le dialogue de vive voix. Chacune et chacun doit réfléchir dès maintenant à la manière dont il est possible de défendre ce droit à la rencontre (réunions d’habitants, assemblées populaires, manifestations), sans lequel aucun droit politique n’est possible, et sans lequel aucun rapport de force, pour quelque lutte que ce soit, ne peut jamais se constituer.

Non à la fermeture de 6 lycées professionnels sur Paris /contrôle et endoctrinement des enfants

Les lycées professionnels sont en lutte actuellement contre la fermeture annoncée de 7 lycées (dont 6 professionnels) à Paris à la rentrée 2023, puis d’autres en 2024. Cela intervient dans un contexte de réforme des lycées professionnels.
– Prochaine AG lundi 14 novembre 18 h à la bourse du travail.
– Rassemblement à la Sorbonne mercredi 16 novembre 14 h pour le CTA exceptionnel sur le plan de restructuration des lycées.
– Grève intersyndicale contre la réforme des lycées professionnels et manifestation le jeudi 17 novembre 14 h place de la Sorbonne vers le ministère.

Dans ce contexte et dans cette première partie d’émission, nous entendrons le reportage réaliser le mardi 8 novembre dernier lors de l’appel à la grève et à l’occasion de la réunion du CIEN- Le Comité interacadémique de l’éducation nationale- qui se tenait au siège de la région Île-de-France à Saint-Ouen.

CONTRÔLE ET ENDOCTRINEMENT DES ENFANTS

Dans cette seconde partie d’émission, nous serons en compagnie de Camille, membre du collectif : du lien, pas des bracelets, sur l’expérimentation de bracelets électroniques sur des collégiens et collégiennes dans le département de la Sarthe. Ensuite, nous reviendrons sur la question du formatage des lycéennes par le contrôle de leurs tenues vestimentaires, avec un entretien de Julie, enseignante en Seine-Saint-Denis.

LE NUMÉRIQUE

Nous, le collectif Du lien pas des bracelets, sommes organisé.e.s pour lutter contre l’expérimentation de bracelets électroniques sur des collégien.ne.s en Sarthe, contre le monde sans contact et pour la (re)connexion au vivant !

Dernièrement, nous avons envoyé une lettre ouverte au Conseil départemental, posant des questions offensives et exprimant notre détermination intransigeante à empêcher ce projet nuisible : https://pad.lescommuns.org/s/dulienpasdesbracelets_lettreouverteCD# Lettre qui a été reprise par plusieurs médias (Ouest-France, lundi matin…) et qui a débouché sur des interviews radios (Radio alpa, Nostalgie, L’actualité des luttes sur Fréquences Paris Plurielle…) mais qui est restée sans réponse ! Ce qui démontre d’autant plus l’absence de concertation et le manque volontaire de transparence du Conseil départemental de la Sarthe.

Ce projet n’est donc pas démocratique ! Cette lettre et les nombreuses autres actions effectuées, notamment par d’autres individu.e.s et organisations, ainsi que les actions en prévision, ont contraint le Conseil départemental à suspendre ce nuisible projet ! Ce recul est une victoire ! La pertinence de nos actions a mis en évidence la dangerosité de ce projet conduit de manière expéditive, ainsi que la considération hypocrite du Conseil départemental pour la santé des collégien.ne.s. En réalité, ce qui importe à ce dernier, est de parader en porteur de projet du fond de dotation Paris 2024 pour les Jeux olympiques, de sorte de se donner une image technophile avec un gadget électronique, quand bien même celui-ci serait liberticide et écocidaire.

Nous avons fait reculer le conseil départemental jusqu’à la suspension du projet, nous continuerons jusqu’à l’abandon et à la récupération totale des bracelets électroniques distribués ! Dans cet objectif, nous nous rassemblerons et manifêterons notre victoire samedi 19 novembre à 14 h 30 au Mans, place Aristide Briand, face au Conseil départemental et à la Préfecture, c’est-à-dire face à l’État, puisque l’Éducation Nationale est aussi promotrice de ce projet !

De plus, nous appelons à une assemblée après la manifestation, afin que chacun.e puisse s’exprimer et écouter, afin que notre mouvement s’élargisse, afin qu’ensemble nous organisions d’autres actions et agissions ! Le lendemain, le 20 novembre, ce sera la journée planétaire des droits de l’enfant ! Un ciné-discussion de « Votre santé : un trésor très convoité » aura lieu dimanche 20 novembre à 14h30 à la Maison des citoyen.ne.s, sous la place des Comtes du Maine, au Mans. Ce documentaire enquête sur les GAFAM et leur volonté de collecter massivement nos données de santé pour en faire du fric. Donc nous y participerons et y appelons, car nous sommes contre les bracelets électroniques et leur monde ! Si le Conseil départemental ne renonce pas définitivement à ce projet, nous l’y contraindrons par une diversité d’actions juridiques, médiatiques et manifestantes ! Car nous sommes déterminé.e.s et persuadé.e.s de pouvoir y mettre fin ! Nous avons une soif criante et urgente de liens humains, vivants et solidaires !

dulienpasdesbracelets@riseup.net

JOUER A ÊTRE FLIC !!!

Des coups de matraque, des gilets pare balles, des entraînements au tir… pour des enfants de CM1 et CM2, âgés d’une dizaine d’années ! La scène, tout simplement ahurissante, a eu lieu en France,à Saint-Denis le 27 septembre dernier. Des élèves de primaire de l’école Paul Langevin ont participé à une journée présentée comme «sportive citoyenne». Elle était animée par une association, ou plutôt un lobby policiers baptisé «Raid Aventure». En réalité, il s’agissait d’une initiation à la répression, un endoctrinement d’enfants aux violences d’État. Les élèves ont pu enfiler des casques, donner des coups de tonfa, prendre une arme en main… En présence de policiers, sans que les parents n’aient été informés.

Des parents d’élèves ont protesté publiquement, par une lettre ouverte adressée au maire de la ville, à l’inspecteur d’éducation et au préfet. Ils explique que «sur le temps scolaire, nos enfants ont été emmenés par l’école à une journée présentée très brièvement comme “sportive et citoyenne” […] Nous étions partagés, certains d’entre nous accueillant l’initiative plutôt favorablement, d’autres ayant exprimé leur inquiétude.» Tous ont été scandalisés par «le retour des enfants à l’issue de cette journée» : cet «atelier» n’avait rien de «citoyen» : «les enfants ont été déguisés en policiers et équipés d’une,matraque voire d’un gilet pare-balle et encouragés à courir, d’autres ont été entraînés à tirer avec des pistolets laser. L’atelier consacré aux premiers secours n’était pas en service. Et les élèves n’étaient même pas accompagnés d’un enseignant !»

Pour couronner le tout, «des policiers ont demandé et noté sur leur portable le nom, l’âge, voire l’adresse de certains enfants. Quelle est la légitimité et l’objet de ce recueil parfaitement illégal de
données ?» s’interrogent les parents. Un fichage policier d’enfants dans un cadre scolaire.

Cette opération n’est malheureusement pas isolée. L’association Raid Aventure, fortement soutenue par les autorités, multiplie les initiatives. Sur les réseaux sociaux, la structure affiche de nombreux «ateliers» : à Poissy le 7 octobre, 500 élèves en classe de 3e des collèges ont suivi une «formation» animée par des policiers. Le 28 septembre c’était à Toulouse. Quelques jours plus tôt, des collégiens de la ville de Méru, dans l’Oise. Cet été, c’était à Strasbourg que des adolescents suivaient un atelier «menottage» avec la même structure. À chaque fois, les images montrent des enfants en tenue de maintien de l’ordre, qui frappent, tirent sur des cibles, montent sur des motos de police…

Raid Aventure prétend organiser « une initiation aux techniques de maîtrise d’un individu et de self-défense », des « démonstrations du savoir-faire des forces de sécurité » ou un « atelier de découverte des gestes et techniques professionnels en intervention ». Il s’agit évidemment d’un endoctrinement délibéré, avec la complicité de l’Éducation Nationale.

L’État ne recrute pas assez de professeurs, des centaines de classes manquent de personnel pour enseigner des matières essentielles, les réseaux prioritaires n’ont plus de moyens, mais des dizaines de flics sont envoyés auprès de mineurs pour leur montrer comment matraquer. Et plusieurs milliards d’euros sont consacrés au SNU-Le Service national universel, un stage militaro-patriotique pour lycéens. Ce pays bascule dans la folie. Les enseignants complices de ces opérations devraient être couverts de honte.

Ce genre de manœuvres porte un nom : la contre-insurrection. C’est une doctrine militaire visant à obtenir le soutien de la population dans le cadre d’un conflit armé. Il s’agit de mener des actions de propagande en parallèle des actions de répression, pour obtenir l’adhésion des habitants et donc isoler les opposants. Cette doctrine, élaborée en France, a été utilisée lors des guerres coloniales puis exportée dans de nombreux régimes autoritaires. Derrière l’aspect « loisir », habituer dès le plus jeune âge la population aux pratiques policières et militaires n’a rien d’anodin.
À présent, le Secrétariat à la Jeunesse est mis sous tutelle du Ministère des Armées. Macron militarise et endoctrine la jeunesse à marche forcée. Les jeunes doivent être des futurs flics, de la chair à canon ou de la chair à patron. Pas d’autres perspectives. Aucune différence avec un gouvernement d’extrême droite. Aucune. Mais si Marine Le Pen organisait de tels stages, beaucoup plus de monde se scandaliserait.

À quand de vrais «ateliers» utiles pour la jeunesse ? Riposter à l’extrême droite, se défendre en manifestation, déserter le SNU, bloquer un lycée, nourrir son esprit critique, défendre la nature, faire des graffitis politiques ? Il y a urgence.

Atteintes à la laïcité : Darmanin mobilise les préfets

Le ministre de l’Intérieur et la secrétaire d’État à la citoyenneté Sonia Backès s’inquiètent de la multiplication des « signalements d’atteinte à la laïcité depuis la rentrée scolaire » et invitent les préfets à « soutenir » l’éducation nationale.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la secrétaire d’État à la citoyenneté Sonia Backès ont demandé, lundi 17 octobre, aux préfets de « soutenir la communauté éducative dans une indispensable réaction de grande fermeté face » aux atteintes à la laïcité à l’école qui « se multiplient depuis la rentrée ».

Dans un télégramme aux préfets, Gérald Darmanin et Sonia Backès font valoir que la multiplication des « signalements d’atteinte à la laïcité depuis la rentrée scolaire, [est] manifestement le fruit d’une offensive islamiste visant les plus jeunes, notamment à travers l’incitation à porter des vêtements traditionnels ».

Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, a estimé que, face à ce phénomène, la loi de 2004 devait « être appliquée de manière stricte et ferme ». Cette législation interdit au sein des enceintes scolaires les vêtements ou les signes religieux ostensibles.

le ministère de l’éducation nationale avait publié les chiffres, des atteintes à la laïcité dans les écoles, collèges et lycées pour le mois de septembre, montrant une hausse des signalements pour le port de tenues comme les abayas et qamis (vêtements longs traditionnels portés respectivement par les femmes et par les hommes). Au total, 313 signalements ont été recensés le mois passé et 904 au deuxième trimestre de 2022. Cela constitue une hausse par rapport à la moyenne de 627 incidents recensés au premier trimestre. Les incidents pour « port de signes et de tenues » religieux représentent plus de la moitié des signalements de septembre (54 %), contre 41 % au deuxième trimestre et 22 % au premier trimestre.

Dans ce télégramme aux préfets, Gérald Darmanin a précisé que Sonia Backès et lui-même étaient « avec le ministre de l’éducation nationale très attentifs à ce sujet ». Il est demandé aux préfets d’apporter « toute l’assistance nécessaire aux personnels de la communauté éducative qui feraient l’objet de menaces, voire d’agressions en lien avec l’application stricte du principe de laïcité ». Et, dans l’éventualité où ils seraient saisis de « cas de port de vêtements traditionnels en milieu scolaire » d’apporter leur concours pour l’application de la loi de 2004.

Lire aussi l’entretien : Article réservé à nos abonnés Pap Ndiaye, ministre de l’éducation nationale : « Il y a bel et bien une vague de port de tenues pouvant être considérées comme religieuses »

Les deux ministres rappellent que le port des vêtements tels que « les abayas ou les qamis constituent bien des vêtements religieux par destination dès lors que la finalité qui s’attache à leur port ne fait aucun doute et qu’elle constitue une tentative de contournement » de la loi de 2004. Dès lors, ajoutent-ils, « les chefs d’établissement sont fondés à prendre des sanctions contre les élèves à l’origine de tels comportements et à leur interdire l’accès à leur établissement ».

CAF : Les raisons d’une dérive, les enjeux d’une action

Dessin issu du site http://www.changerdecap.net/

Dans l’émission de ce jour, nous reviendrons sur le fonctionnement des CAF(caisse d’allocation familiale). Pour cela, nous serons en plateaux avec Evelyne, du réseau stop précarité et par téléphone avec Valérie pras, pour la question numérique et Didier minot, pour le volet juridique, tous deux membre du collectif changer de cap.

L’analyse du fonctionnement des CAF(caisse d’allocation familiale) pose plusieurs catégories de questions. On peut les regrouper en quatre catégories.

Une convention d’objectifs et de gestion assimilant les CAF à des entreprises

Les conventions pluriannuelles d’objectifs et de gestion (COG) entre l’État et La Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), découlant du New public management, imposent une gestion financière centrée sur la réduction des moyens, présentée comme un objectif central, alors que la sécurité sociale est l’expression d’un droit universel. L’assimilation des CAF à des entreprises conduit à considérer les prestations sociales comme des coûts et les allocataires comme des risques dont les besoins empêchent de réduire « le pognon de dingue qu’on met dans les minima sociaux »1.

Le pouvoir politique et la technostructure imposent leur pouvoir à travers la multiplication des objectifs chiffrés, décomposés par programmes. Le vote du budget de la sécurité sociale par le Parlement, la tutelle du ministère des finances dessaisissent les représentants syndicaux, qui sont réduits un rôle de figuration, et parfois s’y complaisent. Un déficit permanent est entretenu par les exonérations massives de cotisations sociales consenties aux entreprises, et sa budgétisation constitue un outil de contrôle.

Les COG présentent comme des outils de progrès et de maîtrise des risques le traitement automatisé des données, la liquidation automatique des prestations et le data mining. Dans la réalité, on constate que l’automatisation entraîne une augmentation des erreurs et des injustices, en l’absence de dialogue physique permettant de prendre en compte la diversité des situations.

Cela se traduit par des objectifs de fraudes constatées à atteindre chaque année (380 millions d’euros en 2022) sous forme d’indicateurs de résultats chiffrés. Ces objectifs se transmettent à chaque CAF et à chaque contrôleur. La prime d’intéressement des contrôleurs dépend en partie du montant des indus frauduleux détectés. De tels objectifs sont de nature à inciter les organismes à qualifier d’actes frauduleux ce qui relève de l’erreur ou de l’oubli non intentionnel2.

Le développement de contrôles3 de plus en plus durs s’inspire de la suspicion entretenue par les milieux patronaux et les politiciens de droite et parfois de gauche dénonçant sans relâche « la fraude aux prestations sociales », même si celle-ci est démentie par les faits (0,27 % d’allocataires reconnus fraudeurs en 2020 4).

La numérisation des contrôles, banc d’essai d’une société de surveillance

La numérisation a été pensée pour pouvoir se substituer aux services des CAF. Emmanuel Macron a parlé d’automatisation intégrale des aides sociales. Toute une série de bases de données, de logiciels et d’algorithmes ont été mis en place pour gérer les différents aides relevant des CAF, à partir des instructions venant du pouvoir politique.

Cette automatisation a permis une gigantesque accumulation de données (1000 données par personne pour 13 millions de foyers, c’est-à-dire 30 millions de personnes) résultant de l’interconnexion des fichiers publics et parfois privés. Cette utilisation du Big data réduit à néant le droit à l’intimité, le secret bancaire, le secret médical et les libertés individuelles, d’autant que les données sont « fouillées » (data mining) avec des méthodes opaques, non rendues publiques, discriminatoires.

– Un profil individuel est établi pour chaque personne assorti d’un « score de risque », qui est en fait un indice de non-conformité à la norme d’un allocataire bien portant, français, vivant en couple, dans un quartier non sensible, doté de revenus réguliers, numérisé, comprenant le langage des règlements.

L’accroissement exponentiel des contrôles (32 millions de contrôles automatisés en 2020) est rendu possible par la puissance du numérique. Ces contrôles sont déclenchés automatiquement chaque fois qu’une variation même infime apparaît dans le croisement des données (par exemple un écart de 30 € sur les revenus, un changement de situation familiale). Sont donc considérés particulièrement comme « à risque » les femmes seules avec enfants, les chômeurs, les intérimaires aux revenus variables, les personnes handicapées, celles qui sont nées à l’étranger, etc. Ces personnes subissent des contrôles répétitifs si leur « score de risque » est élevé.

L’administration des CAF à la dérive

Les conventions d’objectifs et de gestion ont imposé une logique d’efficacité et d’efficience, mais la simplification des procédures régulièrement annoncée depuis 10 ans n’est pas au rendez-vous :

Des règles multiples et complexes se superposent et s’entrecroisent (plusieurs milliers pour les seules aides au logement), et ne sont plus gérables que par les algorithmes. La logique néolibérale génère la bureaucratie, comme le dit David Graeber5. Les circulaires internes ne sont pas toutes publiées, les allocataires ne peuvent pas appliquer des règles inintelligibles. Cette pagaille favorise l’arbitraire des algorithmes et de certains contrôleurs.

L’automatisation conduite par des bureaux d’études génère de nombreuses erreurs, des retards, des incohérences et une désorganisation des CAF, aggravés par les réductions d’effectifs que le ministère des finances impose en contrepartie de la numérisation, sans aucune considération pour les allocataires ni pour le service aux usagers (même logique que pour l’hôpital) ni pour le mal-être et la dégradation des conditions de travail des agents soucieux de défendre un service public humain, auquel beaucoup restent attachés.

La prise de pouvoir par la machine est en fait celle des bureaux d’études ou des services informatiques qui ont mis en place les logiciels et deviennent indispensables au fonctionnement d’une usine à gaz dont ils ont seuls les clés. Les agents des CAF ne sont plus capables d’expliquer pourquoi une personne est contrôlée, mais doivent rattraper les erreurs de la machine en bricolant comme ils le peuvent et en répondant à la détresse ou à la révolte des allocataires. Aujourd’hui, le système est au bord de l’implosion (cf. témoignage des agents de la CAF du Doubs).

Face à ce problème, la CNAF est dans le déni, affirmant que les dysfonctionnements ne touchent que 2 % des bénéficiaires, la correction des anomalies se fait au fil de l’eau et que les services sont conscients des désagréments causés à une partie des allocataires.

Des contrôles hors-la-loi

Vis-à-vis des citoyens « de seconde zone », le pouvoir ne prend pas les mêmes précautions que par rapport aux autres catégories de la population :

La plupart des contrôles sont déclenchés automatiquement, et les suppressions d’aide sont le plus souvent appliquées sans en informer les allocataires et sans notification, ce qui est contraire à la loi. Juridiquement la fraude doit être intentionnelle, mais ici les incompréhensions, les difficultés face au numérique, les erreurs, y compris celles des CAF, sont assimilées à de la fraude, en l’absence de contrôles de légalité exercés par la CNAF et les directions des Caisses.

Les procès-verbaux sont remplacés au mieux par des notifications sommaires, qui ne précisent ni les modalités de calcul de l’indu, ni les délais de réponse, ni les voies de recours. Les contrôleurs sont dotés de larges pouvoirs juridiques et d’investigation, mais n’ont pas la formation, les directives ni la supervision les obligeant à faire accéder à leurs droits les personnes contrôlées, par le respect du contradictoire et de la présomption d’innocence, le droit à l’erreur et des conseils adéquats.

Dans de nombreux cas, les allocations sont suspendues dès le début des contrôles, sans respect du reste à vivre légalement imposé à tous les créanciers.

Une police et une justice numériques parallèles au rabais se mettent ainsi en place, insensibles à des situations humaines parfois dramatiques. Ces pratiques ne respectent pas les principes fondamentaux du droit, et sont entachées d’illégalité6.

Un choix de société

C’est pourquoi nous demandons le démantèlement des pratiques illégales qui se sont développées en matière de contrôle des aides sociales par les CAF, une transparence de la récolte et du traitement des données personnelles des 13 millions de foyers répertoriés, et la remise de l’intervention humaine au coeur du service public afin de faire du numérique un outil pour rendre effectif l’accès de chacun à ses droits sociaux, tout en respectant son intimité.

A travers le débat qui s’instaure, ce sont deux conceptions alternatives de la société qui s’opposent. D’un côté une gouvernance par les nombres7 et la violence. La mise en place d’une société de surveillance et d’un « contrôle des assistés » (cf. Vincent Dubois)8 s’inscrit dans un capitalisme de contrôle de toute la population, exercé par la violence, la propagande et les atteintes aux droits, qui va de pair avec une aggravation du mal-être social et des souffrances d’une part croissante de la population (rappelons que 12% de la population connaît des difficultés psychiques et que 14 % est en dessous du seuil de pauvreté).

De l’autre, la réaffirmation d’une société solidaire, de justice et de droits, où la solidarité entre tous conjugue entraide, prévoyance et coopération, d’une société inclusive où chacun a sa place. Dans cette perspective, il est possible de concevoir une utilisation alternative des nouvelles capacités de calcul et de traitement des données, qui se conjugue avec une place centrale donnée à la relation humaine, tant dans les services publics que dans l’ensemble de la société, et avec le respect du droit fondamental à l’intimité.

Ce choix ne peut être tranché que par un combat politique qui conjugue la résistance aux oppressions (comme le fait la présente action à l’encontre des pratiques actuelles des CAF), la multiplication des actions porteuses d’alternatives sur le terrain, montrant la voie, l’action politique pour transformer les institutions et les lois et l’instauration de nouvelles formes de dialogue et de relations au sein de la société.

1 Emmanuel Macron, 12 juin 2018 « La politique sociale, regardez : on met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres. On n’en sort pas. Les gens qui naissent pauvres, ils restent pauvres. Ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres. On doit avoir un truc qui permette aux gens de s’en sortir ». voir ici

2 Rapport du Défenseur des droits, 2017, Lutte contre la fraude aux prestations sociales : à quel prix pour les droits des usagers ? page 14 Voir ici

3 Annexe 11 de la COG 2018-2022

4 CNAF, 2021, La politique de prévention et de lutte contre la fraude en 2020, p. 3 Voir ici

5 David Graeber, 2015, Bureaucratie, LLL Il y dénonce l’inflation des tâches administratives introduites dans la vie courante au nom de l’excellence ou de la qualité, constituant une tyrannie invisible et violente

6 Cabinet DBKM. Incompatibilité des mesures nationales de lutte contre la fraude aux prestations sociales avec le Pacte des droits civils et politiques. Rapport au comité des droits de l’homme des Nations unies (voir ici)

7 Alain Supiot, 2015, la gouvernance par les nombres, cours au collège de France, Fayard

8 Vincent Dubois, 2021, Contrôler les assistés, 2021, Raisons d’agir

Pour plus d’info : fr.facebook.com/collectifchangerdecap

MON ESPACE SANTÉ : c’est comme le pass, on peut s’en passer !

MON ESPACE SANTÉ, pourquoi s’en passer !

Mon espace santé, nouvel avatar numérique du gouvernement, est venté à grand renfort de communication et de termes abscons, censés nous rassurer sur la confidentialité du dispositif.

Le fait que l’État soit le garant de la protection de nos données n’est pas fait pour nous rassurer. Comme si l’État était devenu, comme par miracle, le défenseur du bien commun et du respect de l’individu. La privatisation des services publics ne nous met pas à l’abri de partages de nos données avec des employeurs ou des assurances, d’un flicage de nos arrêts maladie, d’un contrôle de nos consommations de médicaments, du fichage de nos pathologies.

Nous pouvons refuser d’adhérer à ce système numérique qui nous éloigne toujours plus des rapports humains et de notre autonomie concernant notre santé.

Nous avons demandé à Camille du syndicat de la médecine générale ce qu’elle en pense.

Nous terminons cette émission avec des interviews glanés lors de l’Apéro Zone Libre Zéro Pass NI Sécuritaire NI Policier Passe Vaccinal C’est NON qui c’est tenu le 6 mars à Paris au bord du Canal Saint-Martin.

Non au dossier numérique de santé !
L’épidémie de Covid-19 a fourni aux “autorités” de santé l’occasion rêvée d’accélérer fortement la numérisation de nos données de santé, amorcée en 1998 avec la carte Vitale. Nous l’avons vu et subi, avec la création de SIDEP(Système d’Informations de DEPistage), puis avec l’instauration du pass sanitaire devenu vaccinal (qui a en outre permis au pouvoir de faire majoritairement accepter la banalisation des contrôles).

Le gouvernement veut maintenant pousser plus loin la centralisation de nos données de santé.Après l’échec du “dossier médical partagé”, il choisit le passage en force, avec la création sans concertation d’un dossier numérique automatique pour chaque individu, sous le nom de Mon Espace Santé (MES).

Ce dossier numérique sera ouvert sans consentement ! Notre consentement sera supposé acquis de manière automatique, sauf si nous faisons la démarche de nous y opposer dans un délai de six semaines. Ne pas (pouvoir ou savoir) dire non dans le délai imparti, ce sera dire oui !

Refusons son activation ! Attention : pour refuser l’ouverture du dossier “Mon Espace Santé”, il faut donc réagir dans les six semaines suivant la réception de sa notification par la CNAM (caisse nationale d’assurance maladie), par courrier papier ou courriel.

Avec “Mon Espace santé” (MES), rien à gagner, beaucoup à perdre : Aux oubliettes, le consentement libre et éclairé conquis difficilement ces vingt dernières années pour préserver les droits des patients !

Aux oubliettes, le secret médical : dans le MES seront recueillies de multiples données portant sur notre état de santé, les professionnels étant invités à y déposer les documents nous concernant (comptes rendus, résultats, analyses…) sans avoir à nous consulter. Or nos données de santé touchent à ce que nous avons de plus personnel, de plus intime. Quelles barrières infranchissables nous garantiront-elles contre les consultations abusives (des employeurs, par exemple) et contre les fuites informatiques déjà massives… ?

Grand coup d’accélérateur pour la centralisation de nos données de santé :
Évidemment, ce dossier numérisé nous est vendu comme un outil “pratique”, concentrant toutes nos infos santé. Mais pratique, il le sera surtout :
– pour le médecin pressé qui n’aura plus à vous interroger sur vos antécédents, vos raisons de consulter, qui dialoguera surtout avec son écran, oubliant que vous êtes un être parlant et souffrant…

Pour tous les organismes qui pourront tirer parti de la compilation des masses de données de santé que la CNAM a commencé à faire collecter à travers le MES. Les ARS (Agences régionales de santé), en particulier, disposeront d’un moyen de pousser plus loin encore la logique de “rentabilité” des offres de soin qui a si bien réussi aux hôpitaux… sur le dos du personnel soignant et des patients. Et qui nous dit qu’un jour les labos pharmaceutiques, les assurances, les mutuelles, voire les banques… n’obtiendront pas, au nom de l’efficacité, l’accès légal à ces données (comme c’est déjà le cas avec Doctolib) ?

La généralisation du MES risque donc d’être un nouvel outil, redoutable, de déconstruction silencieuse de notre système de soin fondé sur la solidarité.

Ne laissons pas faire ce pas supplémentaire vers la numérisation de nos vies, la dégradation de notre système de soin et la déshumanisation de la médecine.

Voici les sept principes directeurs de la loi Informatique et libertés (n° 78-17 du 6 janvier 1978).
Question : lesquels selon vous seront respectés avec l’instauration du MES ?
Principe de finalité : les données se rapportant à une personne ne peuvent être utilisées sans son consentement, pour une finalité autre que celle qui a justifié leur collecte.
Principe de proportionnalité : on ne peut exiger de la personne sur le compte de laquelle on collecte des informations des données non nécessaires à la prestation pour laquelle ces données sont collectées.
Principe de loyauté : on ne peut effectuer de collecte et de traitement à l’insu des personnes.
Principe de l’exactitude et de la mise à jour des données et de la sécurité des traitements.
Principe de transparence reconnu aux personnes : droit d’accès et de rectification des données les concernant.
Droit d’opposition : les personnes peuvent s’opposer à l’utilisation commerciale de leurs données ou à leur transmission à des tiers.
Droit à l’oubli : la durée de conservation des données nominatives est définie, limitée et proportionnelle à la finalité poursuivie.
* * *
Quelques articles sur le sujet (consultables sur Internet) :
. Outils du soin, “Nos données de santé les intéressent …”
. Pièces et main-d’œuvre, “Non à l’Espace numérique de santé”
. Syndicat de la médecine générale : “Mon Espace Santé” : trop de doutes et trop de risques”

Le Collectif anti-passe sécuritaire
regroupant des gilets jaunes, des membres de la Coordination antirepression et de la Ligue des Droits de l’Homme, Stop précarité, des citoyen.nes syndiqué.es ou non, la CGT Société de restauration du musée du Louvre, SUD Commerce et services, SUD Emploi.Réunion tous les mercredis à 18 h 30 à la Bourse du travail,métro République nonsecuritaire@gmail.com

Pour refuser l’ouverture de “Mon Espace Santé”
Par téléphone : appeler le 3422 (service gratuit – du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h 30), donner le code confidentiel communiqué par mail ou par courrier, son numéro de Sécurité sociale et le numéro de série de sa carte Vitale.
Par Internet : s’identifier sur monespacesanté.fr, puis saisir le code confidentiel communiqué par mail ou par courrier, son numéro de Sécurité sociale et le numéro de série de sa carte Vitale. N’oubliez pas de demander un justificatif.

« TERRE ET LIBERTÉ » PAR AURÉLIEN BERLAN

C’est l’article de CQFD (que nous reproduisons) qui nous a donné envie d’aller à la librairie de l’Atelier, à paris pour écouter la présentation de « Terre et liberté » ; le livre d’Aurélien Berlan, sorti aux éditions de La Lenteur.

Il s’agit de ne pas abandonner le mot Liberté, mais de le définir collectivement pour ne pas s’en laisser usurper par l’extrême droite, comme par le capitalisme. Que signifie la liberté à l’heure de la surveillance électronique, de l’intrusion de plus en plus envahissante de l’État dans la vie privé et de la destruction du commun…

La liberté est sacrifiée au profit de ce qu’Aurélien appelle la « délivrance » ; être délivré des autres, des nécessités de la vie… Mais cela engendre individualisme, égoïsme, solitude et exploitation, car la délivrance des uns est la servitude des autres et la destruction de la planéte.

« Se réapproprier le terme de “liberté” » ; CQFD

Des murs de nos rues aux affiches électorales, nombre de slogans rythmés par l’idée de liberté ont fleuri ces derniers temps. Mais entre Bakounine, Tocqueville et les fascistes, le terme se prête à tous les usages. Il nous a donc semblé important de faire le point. C’est chose faite avec Aurélien Berlan, philosophe-jardinier, qui vient de publier Terre et liberté aux éditions La Lenteur. Un bouquin qui invite à repenser le concept de liberté contre le fantasme de délivrance matérielle et politique, qui nous a conduits droit dans l’impasse sociale et écologique actuelle.

En 2013, le lanceur d’alerte Edward Snowden levait le voile sur l’existence d’une vaste entreprise de surveillance menée par les services de renseignements américains. La liberté, telle qu’elle avait été conçue par les libéraux, est révolue – aspirée par les pipelines de la « révolution numérique ». Quel est donc, pour ceux et celles qui se sentent encore libres, le régime de liberté actuel ?

« Quand on se penche sur la pensée libérale, censée avoir triomphé depuis l’effondrement de l’URSS, on voit que ce qu’elle entendait par liberté n’était pas la démocratie, même pas “représentative” (qui ne représente, on le sait, que les intérêts d’une mince oligarchie). Mais plutôt l’inviolabilité de la sphère privée, entendue comme un espace dans lequel ni l’État ni la société ne sont censés intervenir. Depuis le XVIIIe siècle, cet espace s’est toutefois réduit comme peau de chagrin, pour se limiter aux relations personnelles et à la propriété privée. Avec la surveillance de masse, rendue possible par les outils numériques, le principe de l’inviolabilité de la sphère privée est littéralement balayé : les grandes organisations, publiques ou privées, peuvent pénétrer incognito dans les aspects les plus “privés” de nos vies afin d’influencer nos comportements. On peut donc se demander si la “critique du libéralisme” ne rate pas une donnée nouvelle et essentielle : le piétinement des principes du libéralisme est au cœur même du monde prétendument libéral.

Ce paradoxe m’a poussé à réfléchir au sens de la liberté à notre époque. Peu à peu, j’en suis venu à l’idée que nous avions abandonné la conception moderne et libérale de la liberté au profit de ce que j’appelle la “délivrance” : ce qui explique notre sentiment persistant de liberté, malgré la surveillance électronique, c’est que nous sommes largement délivrés des exigences du quotidien par le techno-capitalisme (voir extrait 1).

En relisant de près les philosophies de la liberté antiques et modernes, libérales ou socialistes, je me suis ensuite rendu compte que cette quête de délivrance, notamment sur le plan de la vie matérielle, les traversait presque toutes. Pour une raison simple : parce que ces philosophies ont été formulées par des membres des classes dominantes et que celles-ci ont toujours cherché à être délivrées des nécessités matérielles de la vie, pour se consacrer à des activités jugées plus “hautes”. Même Marx a identifié la liberté au dépassement du “règne de la nécessité”. La nouveauté, de nos jours, est que ce fantasme de délivrance exerce une telle hégémonie que l’on est prêts à sacrifier nos libertés publiques pour un gain de délivrance. D’où notre absence de réaction collective face aux révélations de Snowden. »

Ce « fantasme de délivrance », trait distinctif de la liberté au sens des Modernes, met en scène un individu déchargé à la fois de la politique et de la subsistance. Et c’est à travers cette quête de délivrance que tu retraces l’histoire de la catastrophe socio-écologique…

« La quête de délivrance se joue sur deux plans : on veut être libéré de la nécessité de faire avec les autres, avec tout ce que cela implique de conflictualité, de réunions chronophages, etc., et on veut être déchargé des activités liées à la subsistance matérielle, jugées pénibles et ennuyantes (le travail de la terre, les tâches domestiques, les soins aux personnes dépendantes, etc.). Ces deux aspirations, qui traversent le monde occidental, s’alimentent réciproquement, car on ne peut assurer sa subsistance tout seul. Voilà pourquoi l’avènement de la grande industrie et de la société de consommation a été accueilli comme une “libération” (non pas de la domination sociale, mais des “nécessités de la vie”). C’est alors que l’histoire du sens de la liberté se noue avec celle du désastre écologique. Car la quête de délivrance suppose une exploitation croissante des êtres humains et de la nature.

« Ce que les dominants ont toujours cherché à faire faire aux groupes qu’ils dominaient, qu’il s’agisse des femmes, des esclaves ou des ouvriers, ce sont les tâches liées à la subsistance. »

Si la liberté suppose d’être délivré de la “nécessité” (au sens relatif de “choses à faire” dont on ne voit pas comment se passer), elle suppose de se délester des tâches qu’on ne veut pas assumer soi-même. La délivrance suppose donc de les “faire faire”. Or c’est là la formule même de la domination sociale, qui suppose toujours la séparation entre des exécutants (qui font) et des dirigeants (qui ordonnent). Et ce que les dominants ont toujours cherché à faire faire aux groupes qu’ils dominaient, qu’il s’agisse des femmes, des esclaves ou des ouvriers, ce sont les tâches liées à la subsistance. L’histoire montre qu’il y a plusieurs manières de s’y prendre, plus ou moins directes et violentes. Cette histoire croisée des voies de délivrance matérielle et des formes de domination sociale constitue le cœur de Terre et liberté. Au terme de cette histoire, on arrive à la société de consommation basée sur la généralisation de la séparation consommateur / producteur.

Beaucoup d’écologistes pensent, à juste titre, que le désastre écologique dans lequel nous nous enfonçons est étroitement lié au gouffre qui s’est creusé entre la production et la consommation, jusqu’à prendre une dimension géopolitique mondiale – d’où la valorisation écologique des circuits courts, du “local”, de l’autonomie, etc. Mais cela ne tient pas seulement à ce que cette distance entraîne une consommation aberrante de carburants fossiles. Plus fondamentalement, cela tient à ce que seule cette séparation permet de comprendre la fuite en avant des besoins qui caractérise notre forme de vie de consommateurs salariés qui, pour reprendre une formule du philosophe André Gorz, “ne produisent rien de ce qu’ils consomment et ne consomment rien de ce qu’ils produisent”. Quand on fait les choses soi-même, le premier besoin est de ne pas perdre sa vie à produire de quoi satisfaire des besoins illimités, ce qui pousse à réfléchir nos besoins et à les réduire. À l’inverse, rien ne vient borner les besoins et les désirs de celles et ceux qui font tout faire aux autres. »

« Le fait que le terme “liberté” puisse être accaparé aujourd’hui par les partis autoritaires est désespérant. »

En ces tristes temps électoraux, nous assistons à l’accaparement de la question de la liberté par l’extrême droite en France et en Allemagne. Que dit cette confiscation sur notre époque ?

« C’est la sanction du fait que les forces prétendument libérales ont en fait abandonné les principes de base du libéralisme. Plus profondément, cela révèle à quel point nous vivons dans un monde “orwellien”, où l’on fait dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient. Dans la célèbre dystopie de George Orwell, 1984 1, le régime totalitaire de Big Brother ne cesse de marteler : “La liberté, c’est l’esclavage”, “La guerre, c’est la paix”, etc. Rappelons que le mot “liberté” a d’abord été l’étendard des luttes contre les diverses formes de domination, politiques ou économiques : celui des esclaves pour dettes contre les aristocraties antiques, des paysans contre les propriétaires fonciers lors de la révolution mexicaine (à laquelle on réduit souvent le slogan “Terre et liberté”), des révolutionnaires qui prenaient pour devise “Vivre libre ou mourir”, etc.

Le fait que le terme “liberté” puisse être accaparé aujourd’hui par les partis autoritaires et pire encore, le fait qu’une partie de la gauche capitule devant cette OPA idéologique et affirme que la liberté est “une valeur de droite”, voire “une invention du capitalisme”, est désespérant. Car en contrôlant les mots, on détermine les pensées. Or dominer les esprits permet d’assujettir les populations – c’est cela, le message d’Orwell.

Contre ce rapt sémantique, je propose que l’on se réapproprie le terme “liberté”, ce qui implique de le repenser profondément, à rebours de la plupart des théories de l’émancipation qui sont tombées dans le piège du fantasme de délivrance. Je l’ai fait en m’inspirant moins des “grands” textes de la pensée politique, qui témoignent surtout du désir de délivrance, que de la texture même des formes de vie des classes populaires et des luttes qu’elles ont menées, presque partout, pour la défense des biens communs. Car ces luttes témoignent de tout autre chose que d’un désir d’être déchargé des nécessités de la vie quotidienne : elles manifestent la volonté d’accéder aux ressources (la terre d’abord, mais aussi les forêts, les rivières, les outils, les connaissances, etc.) permettant de prendre en charge ces nécessités. »

Peux-tu en dire plus sur cette conception de la liberté comme autonomie, que tu opposes à la liberté des Modernes ?

« Quand on parle aujourd’hui d’autonomie alimentaire ou énergétique, on prend le mot dans un sens matériel qui semble éloigné de sa signification étymologique : l’autonomie, ce n’est pas “se donner ses propres lois”, mais “subvenir à ses propres besoins”. Toutefois, ces deux significations sont en fait étroitement imbriquées. Car dès lors que l’on dépend matériellement (pour satisfaire ses besoins) d’une autre instance, on ne peut plus être pleinement libre. Comme le rappelle le dicton : “On ne mord pas la main de celui qui vous nourrit.” Bref, la liberté est conditionnée par l’autonomie matérielle – et celle-ci l’est par l’accès aux ressources permettant de satisfaire nos besoins. Tel est le sens politique profond de la quête d’autonomie matérielle. À condition toutefois de ne pas confondre autonomie et indépendance : assurer sa subsistance ne se fait jamais seul, mais en lien avec les autres. L’autonomie invite en fait à nous libérer des liens de dépendance asymétriques qui nous ligotent aux grandes organisations anonymes, pour recréer des interdépendances personnelles sur lesquelles il est possible d’avoir prise.

« La conception dominante de la liberté reposait sur l’aspiration à être délivré de la terre et des activités paysannes. Il est frappant de voir aujourd’hui que la liberté est de moins en moins associée à la ville. »

Une autre dimension de l’autonomie est sa dimension terrestre, son lien intime à la terre comme base de la subsistance humaine. La conception dominante de la liberté à l’époque moderne reposait au fond sur l’aspiration à être délivré de la terre et des activités paysannes qui y sont liées, ce qui a conduit à identifier la liberté avec la vie urbaine (“l’air de la ville rend libre”). Contre cette conception extra-terrestre de la liberté – qui pousse ses ultimes partisans fanatisés, comme Elon Musk, à vouloir aller vivre sur Mars –, il est frappant de voir aujourd’hui que la liberté est de moins en moins associée à la ville – sa devise serait plutôt “prendre la clé des champs”. C’est un changement d’esprit frappant, intimement lié au désir de renouer avec la liberté comme autonomie. »

Pour Sartre, « l’existence précède l’essence ». Tu complètes : « La subsistance précède l’existence »… Est-ce que ton livre serait un manifeste subsistancialiste ?

« Oui, mais à condition de souligner que je n’invente rien : je ne fais que remettre à jour des idées politiques qui ont été jetées aux oubliettes, même par les théories prétendument radicales. Et je le fais pour rendre justice à toutes celles et ceux qui voient bien qu’il y a quelque chose de problématique dans notre mode de vie, où l’on fait faire à d’autres presque tout ce qui concerne notre subsistance. En fait, je m’inscris dans un tournant subsistancialiste2 plus général, porté notamment par certaines écoféministes qui ont critiqué la conception de l’émancipation féminine qui fut celle de Beauvoir, typique de la volonté extra-terrestre de délivrance (voir extrait 2). Car cette critique a une portée bien plus générale, qui permet de repenser une émancipation compatible avec la Terre (voir extrait 3).

Propos recueillis par Momo Brücke

CONTRÔLES ET RADIATIONS A PÔLE EMPLOI ET A LA CAF

Dessin issu de https://lepoing.net/

Alors que plus d’un million de chômeuses et de chômeurs voient leurs allocations brutalement réduites et que l’ouverture des droits de près d’un demi-million de personnes est remise en cause, le gouvernement Macron fait encore du renforcement des contrôles un objectif politique !

Depuis le 1er octobre par décret et avec validation d’un Conseil d’État qui s’est couché, la réforme – ou casse – de l’indemnisation du chômage frappe de façon hallucinante et inégale les plus précaires.

Les dysfonctionnements graves se multiplient à Pôle emploi, où les demandeurs d’emploi sont gérés par des boites privées en sous-traitance, ou par des applications ou algorithmes conçus apparemment pour calculer les droits au rabais, multiplier les erreurs au détriment des plus précaires, tandis que s’accumulent les radiations abusives et illégales (pour non recherche d’emploi par internet alors qu’il ne peut y avoir d’obligation numérique vu la fracture numérique) et prélèvements de trop perçus non fondés.

Le 10 février dernier, Un collectif unitaire composé du comité national CGT chômeurs-précaires, CGT Pôle Emploi, SUD Emploi, SUD Culture Solidaires…), d’associations de chômeurs/ses, et d’associations comme la Quadrature du Net organisait une AG contre le contrôle des chômeurs (CAF et Pôle emploi).

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons une partie des témoignages et les propositions d’action issue de cette assemblée générale.

QUE PENSER DES « ALTERNATIVES » A LA PRISON ?

À L’occasion d’une conférence donnée à Montréal peu après la publication de Surveiller et punir, en 1976, Michel Foucault avance l’idée que les sanctions « alternatives », loin de rompre avec l’emprisonnement, reviennent bien souvent à étendre les murs de la prison à toute la société.

En effet, le progressisme pénal semble aller de pair avec le développement des techniques de surveillance. Devant les transformations pénales, la bonne question est donc la suivante : font-elles décroître le contrôle social ou contribuent-elles à l’étendre et à le diffuser ? En une époque où le confinement et la surveillance ne concernent plus seulement les prisonniers, mais toute la population, la lecture rétrospective d’« Alternatives » à la prison suscite de nombreuses interrogations.

Des textes de Sylvain Lafleur, Tony Ferri et Anthony Amicelle viennent actualiser ces analyses. Un ouvrage dirigé par Sylvain Lafleur. »”Alternatives” à la prison
Michel Foucault Paru le 29.1.21 /112 pages/14 euros.

Nous avons demandé à Tony Ferri d’échanger sur cette nouvelle publication qui d’une manière prémonitoire dénonce les errances des gauches en mal de projet politique de rupture, qui ne proposent que d’étendre l’enfermement hors les murs.

L’actualité donne raison à Foucault, en constatant que les « peines alternatives » bien loin de faire reculer l’institution prison : 72000 prisonniers aujourd’hui contre 35000 quand il écrit, étend à l’infini la surveillance, le contrôle, l’enfermement domiciliaire : 180000 personnes sous main de justice.

C’est pourquoi nous les appellerons des « peines supplémentaires ». Les nouvelles technologies, notamment le numérique, viennent permettre à l’œil de l’État de s’infiltrer partout, de réaliser si l’on n’y prend garde le panoptique parfait…


LES RADIOS ASSOCIATIVES FACE AU PASSAGE A LA RADIO NUMÉRIQUE TERRESTRE

Dans cette émission, il est question de radio et plus précisément d’un
changement qui ne fait pas beaucoup parler de lui alors qu’il a des
implications importantes : le passage de la radio FM telle qu’on la
connaît à la radio dite numérique (DAB+ pour Digital Audio
Broadcasting), imposé par les autorités audiovisuelles.

On pourrait penser qu’il ne s’agit que d’un détail technique sans conséquences sur
le fond, même s’il aura des conséquences sur nos porte-monnaies
puisqu’il faudra forcément remplacer nos vieux transistors et autoradios
pour recevoir la radio en DAB+. Mais ce sont bien les implications
politiques de ce changement dont nous parlons dans l’émission
d’aujourd’hui en particulier pour les radios locales et associatives
telles que Fréquence Paris Plurielle.

On revient d’abord sur la mobilisation des radios associatives contre le
passage au format numérique lorsqu’il a été annoncé à la fin des années
2000, avec une archive de 2010 extraite d’une rencontre sur l’autonomie
des radios libres.

On reçoit ensuite deux militants des radios libres pour discuter des
modalités et des implications de ce basculement de la FM au DAB+ :
Clément de Radio Galère (88.4fm à Marseille) et Guy de Fréquence Paris
Plurielle.

Autonomie (ou non) de la diffusion, rapports avec les opérateurs commerciaux, manque de financements publics et débrouille pour continuer d’émettre sans pub, importance de défendre la FM et la liberté qu’elle permet sur nos antennes : il y a vraiment beaucoup à dire sur l’avenir des radios libres !

BOYCOTT DE L’APPLICATION STOP COVID-19

Traçage numérique, dans un premier temps pour notre bien et notre santé, et après une fois que le dispositif est mis en place plus rien n’arrêtera les États de ficher nos déplacements et nos rencontres.

La quadrature du net nous parle de cette volonté de tracer la population grâce au numérique. Il ont déposé un recours avec la LDH; recours rejeté. A défaut de mettre en place de véritables moyens sanitaire les gouvernements ont opté pour le contrôle, la répression, l’ enfermement; comme à son habitude.

Un appel à boycotter l’application stop covid-19 a été lancé par Écran total, et le groupe de travail ” digitalisation, TIC et 5G” de l’ organisation Écologistes en action pour refuser la numérisation de nos vies.