LA LIBERTÉ NE SE MENDIE PAS

Aujourd’hui, dans cette émission, nous vous proposons l’écoute de la présentation du livre de Nadia Menenger : La liberté ne se mendie pas. Cette présentation se tenait en juin 2022 à Paris. Nous entendrons également l’intervention de Abdelhamid Hakkar, présent lors de cette rencontre.

Préface de « La liberté ne se mendie pas »

Ce livre est un hommage à Olivier Cueto, cofondateur du journal anticarcéral L’Envolée. Il compile principalement ses articles écrits entre 2001 et 2008 et quelques textes rédigés par des prisonniers qui participaient à la rédaction du journal. Ce livre est un moyen, dans une société numérique qui redécouvre en permanence l’instant, de revisiter la naissance de ce nouveau siècle qui s’est faite sous le signe du tout-sécuritaire dans un consensus largement partagé.

À l’annonce de la mort d’Olivier j’ai relu un à un les premiers numéros de L’Envolée, cherchant en moi-même les réminiscences de moments passés, submergée par le souvenir d’instants hors du commun. Vingt ans déjà, et pourtant j’y ai trouvé des textes d’une actualité criante, des analyses qui parlent à notre époque et qui permettent de mieux la saisir. J’ai pu y mesurer la banalisation d’une répression qui colonise toujours plus notre quotidien et nos pensées. Tout relire fiévreusement. Relire tous les Envolées, les éditos qu’Olivier rédigeait le plus souvent seul. Relire les dossiers, les témoignages, les articles de fond que nous écrivions tous les deux pour chaque numéro du journal. Me remémorer les heures à échanger, les jours à lire, à se documenter avant de se mettre à l’ouvrage. L’urgence de laisser une trace. Parler de lui, de sa force, de sa pensée. Nourrir la mémoire contemporaine des luttes contre les prisons par ceux et celles qui les ont menées. Revenir sur la filiation de L’Envolée avec le GIP, groupe d’information sur les prison et le CAP, comité d’action des prisonniers : son lien direct avec les prisonniers en lutte, ce va-et-vient intellectuel et pratique incontournable pour comprendre, analyser, combattre les institutions mortifères de l’État. Faire connaître la parole des enfermé-e-s. Chercher les raisons de la colère. Interroger les évidences. Soutenir les insurgés.

En partant des expériences passées, nous voulions poursuivre la critique de la prison et de la société qui la produit. Elle implique un travail d’enquête avec ceux et celles qui dénoncent leurs conditions d’enfermement et qui ont pour objectif de les transformer. Cette approche tranche avec les écrits universitaires ; la radicalité s’élabore rarement dans les salons ou les bibliothèques ; il faut éprouver, vivre, partager les lieux, les situations, les luttes. S’il existe des ouvrages de sociologues tout à fait passionnants sur le constat et la description théorique des phénomènes carcéraux, ceux-ci semblent incapables d’aborder leurs dépassements. La langue y est souvent empreinte d’un mélange entre un verbiage universitaire incompréhensible et des concepts qui restent hermétiques au plus grand nombre. Quant aux propositions, quand il y en a, elles sont souvent cantonnées au domaine de l’aménagement et se cramponnent au giron de l’État.

Les quatre personnes qui ont créé L’Envolée ont traversé les décennies sans renier leurs engagements, chacun à sa manière. Notre rencontre nous a donné la force et l’envie de continuer d’agir sur un sujet aussi peu consensuel que la suppression de la prison. J’ai quitté L’Envolée aux alentours de 2008, mais l’émission comme le journal continuent avec d’autres ; une belle longévité pour un journal fonctionnant sans aucune subvention, publiant des textes de prisonniers et de prisonnières, traitant de sujets qui remettent en question aussi radicalement les fondements moraux, économiques et politiques de nos sociétés.

Ce livre retrace les sept premières années d’existence de L’Envolée à travers un choix de textes forcément subjectif. J’espère qu’ils permettront aux lecteurs de s’approprier le travail que nous avons entrepris et de comprendre que, si nous voulons détruire ce monde qui ressemble de plus en plus à une prison, il faut impérativement inscrire au programme de la révolution la fin des lieux d’enfermement. Un monde sans prison semble impensable, un objectif inatteignable. La fin des années 1970 a sonné la défaite des courants révolutionnaires à travers le monde. Le capitalisme a triomphé. En France, la gauche au pouvoir en 1981 et la chute du mur de Berlin en 1989 sonnent la fin de l’histoire, l’avènement du meilleur des mondes possible, désormais indépassable et uniquement aménageable à la marge. Pour s’en sortir, il ne reste plus que la course à la réussite individuelle et que le plus pourri gagne !

Dès la fin des années 1990, les États pour construire et consolider le libéralisme mondialisé ont imposé sur l’ensemble de la planète son ordre destructeur des biens communs, le pillage des richesses planétaires et, parallèlement, ont mis en place des outils répressifs pour maintenir et développer une exploitation maximale et gérer une misère grandissante qui va s’abattre sur des franges de plus en plus importantes des populations.

Ceux et celles qui ne voulaient pas se résigner ont tenté de poursuivre leur combat mais de manière éclatée ; ici le logement, là les prisonniers, là encore les sans-papiers, les salariés, les précaires, les féministes… Mais rien pour les relier, rien pour trouver les points communs à toutes ces tentatives de résistance, pour construire ensemble… Il en va de la lutte comme des sciences et de toutes productions ; tout morceler, émietter, décomposer aboutit à ce que plus personne n’ait la compréhension du tout, qu’aucun projet politique n’émerge. Chacun, s’il détient désormais une part de la question – et donc du problème –, ne peut à lui seul le résoudre et se trouve renvoyé à son formidable isolement, à son impuissance. En lieu et place de la lutte des classes se déclinent alors les groupes infinitaires, les comités de soutien, les collectifs informels, les communautés… Ne voulant ou ne pouvant plus changer les structures, chacun essaie de changer (un peu) son quotidien. Dans un monde qui s’uniformise et s’individualise l’identité, les modes de vie deviennent centraux. Les attentats du 11 septembre 2001 avaient déjà servi de prétexte au renforcement d’une offensive tous azimuts contre tout ce qui pourrait mettre en danger un système d’exploitation qui se veut toujours plus totalitaire et performant. Nous sommes tous des ennemis potentiels du nouvel ordre économique mondial.

À partir des années 2000, l’État s’est ingénié à greffer dans le cerveau de chaque citoyen, les textes de loi comme un univers indépassable, et ce, dès le plus jeune âge. Il lui a fallu piétiner les principes constitutionnels, inverser le sens des valeurs, détruire le langage, séparer les êtres, effacer l’histoire de la lutte des classes, détruire un à un les conquis sociaux. Se plonger à nouveau dans les textes publiés dans L’Envolée permet de retracer ce virage sécuritaire. Comprendre comment, petit à petit, le discours dominant repris par les esprits simplistes a assimilé la « délinquance » à une maladie qu’il convient de dépister et de traiter : évaluation, punition, rémission. La délinquance est devenu un problème individuel ou familial qui n’a plus rien de politique, qui n’a pas à interroger la société tout entière et son fonctionnement profondément inégalitaire. Inutile de se pencher sur les causes sociales, économiques, politiques, morales pour les résoudre. Les responsabilités sont à chercher dans la psychologie des individus ou de leurs proches ; les « inadaptés » n’ont qu’à bien se tenir et arrêter de s’attrouper.

Depuis des décennies, les prisons et les quartiers populaires (réservoirs d’ouvriers, de précaires et de chômeurs) où vivent les populations les plus vulnérables et exploitées sont les lieux d’expérimentation des techniques de maintien de l’ordre et d’enfermement. C’est de ces laboratoires sécuritaires que sont sorties les techniques de contrôle et de répression qui se sont généralisées pour être élargies aux classes moyennes. L’abandon d’une critique radicale des thématiques du droit, de la justice et de la prison par les mouvements sociaux depuis les années 1980 a permis aux différents gouvernements d’avancer sans limite, en nous faisant croire que la sécurité était synonyme de liberté.

Il faut toujours rappeler que le droit garantit l’ordre social et la propriété privée, plutôt que le bien commun et l’intérêt général et qu’avant tout ce sont les dépossédés qui se retrouvent derrière les barreaux. Il y a un ordre à faire respecter, la société à protéger et les réponses sont avant tout punitives, car comme disait Valls « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ». Pour s’en sortir, il faut faire siennes les valeurs de l’entreprise ; compter sur soi-même, quitte à marcher sur les autres au passage : c’est ainsi qu’on apprend à être le gestionnaire de son « capital-vie ».

Les aménagements des conditions de vie ou de détention se calculent au mérite, au degré d’adaptabilité ou de soumission : maître-mot de la logique entrepreneuriale adaptée à l’individu, incarcéré ou pas. Se battre collectivement pour réformer ou révolutionner les rapports d’exploitation serait vain : « désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit » déclarait Sarkozy en 2007. Même les trois millions de manifestants contre la contre-réforme des retraites de 2010 n’ont pas fait plier le gouvernement Fillon de l’époque… ou bien faut-il identifier l’échec des mobilisations passées dans le corporatisme, la bureaucratie syndicale, les grèves perlées incarnées par des « journées d’action » absurdes, la délégation de pouvoir et plus encore, à notre enfermement dans un cadre légal de plus en plus étriqué qui nous conduit à l’impuissance.

Le consensus des classes moyennes et petites-bourgeoises avec le pouvoir a permis dans les années 2000 au gouvernement d’instaurer un arsenal répressif conséquent sans que cela ne suscite beaucoup l’indignation. Persuadées de maintenir leurs intérêts grâce à leur collaboration, elles avalisent et participent aux contrôles, aux fichages, aux signalements, au respect des « valeurs de la République » et deviennent de véritables adjoints à la sécurité. Mais depuis des décennies, les salaires baissent, les statuts se détériorent, dégradant les conditions de vie et barrant l’avenir pour une partie croissante de la population. Ceux et celles qui pensaient être préservés après avoir fourni tant de gages d’honnêteté et de docilité se retrouvent déclassés. Face à l’accélération des mesures gouvernementales privatisant les services publics, saccageant l’environnement, bétonnant à tout-va, sécurisant les libertés, le nombre des contestataires a gonflé.

Les mobilisations sociales ont subi un traitement jusque-là réservé aux révoltes de banlieue (occupations militaires, violences policières, justice d’abattage). L’expérience de la répression est vécue par des franges de plus en plus larges de la population et est largement documentée, filmée, dénoncée ; contrairement aux années 2000 durant lesquelles le consensus citoyenniste isolait les manifestants, protégeait les fonctionnaires du maintien de l’ordre de toute critique et confinait l’expression politique dans le cadre étouffant et paralysant du code pénal.

Après les ZAD, depuis 2015, les mobilisations cherchent à s’émanciper des cadres et structures institutionnelles sans toutefois les dépasser ; loi travail, «gilets jaunes», mobilisation contre la réforme des retraites ; des centaines de milliers de personnes se sont confrontées au pouvoir et se sont considérablement politisées. Les familles de victimes de violences policières et les mutilés pour l’exemple s’organisent, se coordonnent et tentent d’élaborer une critique systémique des violences policières et des violences d’État, mais celles-ci ne se limitent pas aux exactions des forces de l’ordre, elles commencent dès la naissance jusqu’à la mort en passant par l’école, le logement, l’urbanisme, le travail… Et touchent tous les dépossédés.

Les «gilets jaunes» sont venus apporter une bouffée d’oxygène dans le marécage stérile des contestations dûment encadrées par les partis, syndicats, associations… et les rituels mimant le spectacle de la violence. Ce mouvement a su remettre à l’ordre du jour la lutte des classes, refouler les spécialistes qu’ils soient de l’information, de la politique ou de l’économie pour critiquer en acte leur propagande qui colonise nos cerveaux à la sauce néolibérale. Ils ont dénoncé le racket et les détournements d’argent public, exiger que le pouvoir politique et les richesses soient partagés entre tous et toutes ; le pouvoir par le peuple, pour le peuple…

À chaque mouvement d’ampleur, la répression est de plus en plus militarisée, et le nombre de ceux et celles qui n’aiment pas la police de leur pays croît. La police se révèle de plus en plus clairement ce qu’elle est : une milices d’hommes en armes qui défendent les intérêts des puissants, du capitalisme. Le déferrement de milliers d’interpellés devant les tribunaux a ouvert des brèches mais n’a pas encore permis de prendre conscience du fonctionnement et de la fonction de l’institution judiciaire. Qui fait les lois ? Pour protéger qui ? Quoi ? Malgré les 72 000 prisonniers et le millier de personnes incarcérées à la suite des révoltes des «gilets jaunes», la question carcérale a du mal à émerger, laissant souvent les détenus seuls face à la violence de l’institution pénitentiaire. Les comités se limitent au soutien d’une personne ou à une catégorie de prisonniers laissant indemne la critique de la prison elle-même. Mais ces oubliettes modernes sont bien là ! Elles servent avant tout à imposer un ordre social, à gérer la misère grandissante et à faire taire les révoltes. Et il faudra bien les mettre à l’ordre du jour si l’on prétend vouloir changer ce monde ! La situation actuelle n’est pas une dérive, mais bien une continuité.

Dans la lignée de ces prédécesseurs, toutes couleurs confondues et en l’absence de rapport de force conséquent, Macron poursuit l’adaptation de l’appareil répressif à l’évolution du capitalisme. Des « sauvageons » de Chevènement à l’« ensauvagement » de Darmanin, c’est toujours la même volonté de stigmatiser une catégorie de la population, de désigner des boucs émissaires, de créer du séparatisme, pour diviser les dépossédés et détourner leur attention des véritables enjeux politiques. Les nouvelles réformes du code du travail, de l’Assurance-chômage, de la retraite, la destruction des logements sociaux… entraîneront inévitablement le développement de la délinquance et de la révolte, que le gouvernement gère de l’école à l’entreprise en passant par la cité, en construisant de nouvelles prisons, en renforçant le contrôle, la précarité, l’isolement et la répression à l’aide des nouveaux outils numériques.

Le capitalisme élimine impitoyablement tous ceux et toutes celles qui sont éjecté-e-s du monde du travail ou qui ne s’y conforment pas et pulvérise chaque année son record d’incarcérations dans et hors les murs. Ce livre s’adresse à ceux et celles qui croient que la démocratie est en péril depuis Macron, ceux et celles qui se raccrochent aux branches des droits de l’homme à chaque promulgation de nouvelles lois liberticides, déclarations d’état d’urgence ou d’exception, qui s’agrippent aux valeurs républicaines sans les définir.

Mais surtout, cette lecture a pour ambition de donner force et détermination à ceux et celles qui continuent de se battre, malgré tout, et qui cherchent dans l’obscurité de notre époque des perspectives qui relient les dépossédé-e-s, les exploité-e-s pour construire un monde débarrassé de ses aliénations. Je continue le décryptage de notre époque en participant à la fabrication d’une émission quotidienne d’information sur les luttes sociales sur une radio libre ; L’actualité des luttes sur Fréquence Paris Plurielle 106.3 fm. Partout ou la résistance existe, nous essayons d’être là pour enregistrer et diffuser la parole de ceux et celles qui ne renoncent pas. Nous ne croyons pas en une avant-garde particulière, mais en une alliance des opprimés, des travailleurs précaires ou garantis, des chômeurs, des voleurs, des prisonniers, des fous, des paysans, des habitants des cités populaires ou des campagnes…

Nadia M

Appel des perpétuités de Clairvaux

Pour un rétablissement effectif de la peine de mort pour nous


A ceux de l’extérieur osant affirmer que la peine de mort est abolie Silence ! On achève bien les chevaux !…

Nous, les emmurés vivants à perpétuité du Centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (dont aucun de nous ne vaut un Papon) nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous.

Assez d’hypocrisie ! Dès lors qu’on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l’issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toute que de nous voir crever à petit feu, sans espoir d’aucun lendemain après bien plus de 20 années de misères absolues. A l’inverse des autres pays européens, derrière les murs gris de ses prisons indignes « la République des Lumières et des libertés » de 2006 nous torture et nous anéantit tranquillement en toute apparente légalité, « au nom du peuple Français », en nous assénant en fonction du climat social ou à la faveur d’un fait divers ou encore d’échéances électorales, mesures répressives sur mesures répressives sur le fondement du dogme en vogue du « tout sécuritaire. »..érigé en principe premier supplantant tous les autres.

Qu’on se rassure : de nos jours, ici, même « les mauvaises herbes ne repoussent plus. » I1 n’y a que le noir et le désespoir De surenchères en surenchères : la machine à broyer l’homme a pris impitoyablement le pas.

A quoi servent les peines de sûreté qu’on nous inflige quand une fois leur durée dûment purgée on n’a aucun espoir de recouvrer la liberté ? (depuis l’année 2000 à la Loi Perben II de 2005- on a fait mine de s’appliquer à légiférer en instituant de nouvelles « juridictions de libération conditionnelle », seulement, comme hier le ministre de la justice, les juges d’aujourd’hui à l’oreille de l’administration nous opposent… refus sur refus, nous vouant à des durées de détention à la Lucien Léger).

Pourtant, sur « la finalité de la peine » l’État français, admettant que nous avons vocation de sortir un jour, et s’inscrivant dans le cadre des recommandations du Conseil de l’Europe, a posé pour principe s’étendant aux longues peines et aux (700) condamnés à perpétuité que : « L’exécution des peines privatives de liberté (…) a été conçue non seulement pour protéger la société et assurer la punition du condamné, mais aussi pour favoriser l’amendement de celui-ci et préparer sa réinsertion » ? En réalité : tout est au châtiment.

Combien d’entre nous – du moins pour ceux qui ne sont pas décédés depuis – ont déjà purgé plusieurs années au-delà même de leur peine de sûreté de 18 ans sans se voir présenter à ce jour une réelle perspective de libération ? Après de telles durées de prison tout rescapé ne peut que sortir au mieux sénile et totalement brisé. En pareil cas, qui peut vraiment se réinsérer socialement ? En fait, pour toute alternative, comme avant 1981, ne nous reste-t-il pas mieux à trouver plus rapidement dans la mort notre liberté ?

De surcroît, pour nous amener à nous plier à ce sort d’enterré vif, on nous a ces dernières années rajouté murs, miradors, grilles en acier et maintes autres contraintes. Le tout, pour faire taire toute velléité. assorti de « commandos » de surveillants casqués, armés et cagoulés, à l’impunité et aux dérives vainement dénoncées çà et là, dans l’indifférence générale (…n’en croyez rien : il y a ici une place pour vous et pour vos fils. C’est encore plus vrai que jamais à l’heure où l’on préfère supprimer à tour de bras dans les écoles du pays bien des postes d’instituteurs et d’éducateurs pour en lieu et place miser sur l’embauche de toujours plus de nouveaux policiers et surveillants de prison et en érigeant de nouvelles prisons et autant de QHS).

Aussi, parce qu’une société dite « démocratique » ne devrait pas se permettre de jouer ainsi avec la politique pénale visant à l’allongement indéfini des peines, selon la conjoncture, l’individu ou les besoins particuliers : À choisir à notre mort lente programmée, nous demandons à l’État français, chantre des droits de l’homme et des libertés, de rétablir instamment pour nous tous la peine de mort effective.

Clairvaux, le 16 janvier 2006

Soussignés, les susnommés ci-après du mouroir de Clairvaux :
Abdelhamid Hakkar, André Gennera, Bernard Lasselin, Patrick Perrochon, Milivoj Miloslavjevic, Daniel Aerts, Farid Tahir, Christian Rivière, Jean-Marie Dubois et Tadeusz Tutkaj


Mis en ligne le mercredi 15 février 2006.

« Pour Yvan Colonna, État français assassin », non à l’antisémitisme, non à la dissolution des associations de défense du peuple palestinien.

Nous allons dans un premier temps revenir sur ce qui se passe en corse autour de l’agression d’Yvan Colonna qui l’a plongé dans un coma profond et qui a plongé la Corse dans une colère que nous ne soupçonnons pas. Pour cela nous avons rencontré Thibault et Sylvain lors du salon anticoloniale et anti raciste qui s’est tenu le 12 et 13 mars à la parole errante à Montreuil.

Ensuite vous pourrez entendre une courte interview réalisée lors de la marche contre l’antisémitisme qui a eu lieu le 13 mars à Paris. Et nous finirons cette émission par des prises de parole et interviews que nous avons pu réaliser lors du rassemblement qui se tenait à Paris le 12 mars contre l’interdiction par l’État Français de collectifs de soutien au peuple palestinien.

Yvan Colonna était Incarcéré à Arles (Bouches-du-Rhône) après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en Corse. Yvan Colonna a été hospitalisé dans un état grave le 2 mars après avoir été violemment frappé par un codétenu emprisonné pour terrorisme et déjà connu pour avoir agressé d’autres co-détenus. Annoncé mort dans un premier temps par plusieurs médias, il serait en état de mort cérébrale.

Yvan Colonna, dont la culpabilité dans l’assassinat du préfet Erignac avait fait débat, demandait depuis de longues années son rapprochement en Corse ( comme la loi sur le rapprochement familiale le stipule pour tous les prisonniers), ce qui lui avait systématiquement été refusé en raison de son statut de “détenu particulièrement signalé” (DPS). Le statut de DPS aggrave significativement les conditions de détention, déjà déplorables et les possibilités d’aménagement de peine.

Le Premier ministre Jean Castex a levé ce statut mardi pour Yvan, une décision jugée par beaucoup comme une provocation, Yvan Colonna se trouvant désormais entre la vie et la mort dans un hôpital de Marseille, et pour ses co-inculpés ; Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. Ce que le gouvernement autonome n’avait pas obtenu en sept ans d’exercice du pouvoir, la rue l’a gagné en quelques nuits de révolte.

Depuis la corse est en ébullition ; c’est notamment sa jeunesse qui s’insurge. Les manifestations se sont multipliées en Corse à l’appel d’étudiants, de lycéens, d’organisations nationalistes ou de syndicats. Les banderoles “Per Yvan, Statu francesu assassinu” (Pour Yvan, État français assassin), désigne le responsable de la mort cérébrale d’Yvan Colonna ; les bâtiments de l’État ; palais de justice, préfecture, hôtel des impôts…

Une nouvelle génération fait l’épreuve de la violence d’État, beaucoup de blessés, des deux cotés de la barricade et va redistribuer les cartes sur le terrain politique corse.

Contre l’antisémitisme

10 ans après la tuerie antisémite de l’école juive à Toulouse, une journée d’actions est prévue dimanche 13 mars. Parce que l’antisémitisme est toujours d’une actualité forte, il importe « de prendre position pour agir contre l’antisémitisme et tous les racismes », exhortent plusieurs associations, syndicats et partis politiques.

Le 19 mars, il y a 10 ans à eu lieu la tuerie antisémite de l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse, au cours de laquelle trois enfants, Gabriel Sandler, 3 ans, Arié Sandler, 6 ans, Myriam Monsonégo, 8 ans et le père de deux d’entre eux, Jonathan Sandler, 30 ans, ont été assassiné·es parce que juif/ves.

C’était la première fois en France depuis la Seconde Guerre mondiale que des enfants étaient tué·es parce que juifs/ves. L’assassin avait auparavant tué trois soldats.

Ces assassinats se sont produit après plusieurs années d’actes antisémites ; l’assassinat d’Ilan Halimi en février 2006. En janvier 2015, quatre personnes juives étaient assassinées lors de l’attentat de l’Hypercacher : Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada. Sarah Halimi en 2017 et Mireille Knoll en 2018 étaient tuées à cause de la même haine antijuive. 

L’été dernier des pancartes antisémites fleurissaient lors des manifestations contre le passe sanitaire.

Un des candidats à l’élection présidentielle prétend que Pétain aurait sauvé les Juifs français et stigmatise les victimes de Toulouse.

L’antisémitisme reste d’une actualité forte. C’est pourquoi il importe de prendre position pour agir contre l’antisémitisme et tous les racismes.

Le dimanche 13 mars, une marche contre l’antisémitisme partira à 16h30, de la place de la République et se rendra au Parvis des 260 enfants assassiné.es par les nazis dans le quatrième arrondissement, Rue des Rosiers. Nous serons dans la rue pour dire « Non à l’antisémitisme » et « Oui à une société fraternelle et sans racisme », une société qui refuse l’exclusion de l’autre, qu’il ou soit juif/ve, musulman.e, noir.e, rom, asiatique… 

Organisations signataires : RAAR, LDH, MRAP, SOS-Racisme, FSU, Union syndicale Solidaires, Memorial 98, JJR, UAVJ, UJRE, Juif/ves vénères, Ibuka-France, La Jeune Garde, Association des citoyens originaires de Turquie ACORT, Nouveaux Démocrates, Ensemble, EELV, Gauche Démocratique et sociale GDS, PEPS, UCL, AFA77. Éditions syndicalistes, les Amis de la Révolution prolétarienne.

Non à la dissolution des associations de défense du peuple palestinien.

Ce samedi 12 mars 2022 à la Fontaine des Innocents, se tenait un rassemblement pour soutenir la Palestine et tous ceux et celles qui défendent les droits des Palestiniens !

Des interventions pour dénoncer la dissolution de deux associations pro-palestiniennes par le gouvernement Macron, pour faire savoir que le Collectif Palestine Vaincra n’a pas dit son dernier mot et fait un recours devant le conseil d’État. Et aussi que ces mesures liberticides ne nous ferons pas taire !

Nous vous proposons dans cette dernière partie d’émission, l’écoute de prises de parole et un entretien réalisé avec l’un des membres du collectif EuroPalestienne.

Bonne écoute !

ASPF: 1985 LA SYNDICALISATION DES PRISONNIERS EN QUESTION

Nous produisons cette émission pour rétablir quelques vérités sur la syndicalisation des prisonniers en France. Nous écarterons d’emblée l’expérience malheureuse, éphémère et trop peu élaborée qui a surgi au cours des années 2010.

Nous partirons de la critique de l’ASPF, l’association syndicale des prisonniers de France qui a vu le jour pendant quelques mois en 1985.

Nous avons vécu cette expérience ; kiou à l’intérieur et Nadia à l’extérieur faisant partie de Parloir libre une émission de radio soutenant les prisonniers en luttes. Nous réagissons suite aux mémoires de deux sociologues « Syndiquer les prisonniers, abolir la prison », paru en 2015 de Joël Charbit et Gwénola Ricordeau et à l’article des utopiques, cahier de réflexions de l’union syndical Solidaire.

L’ASPF(association syndicale des prisonniers de France) a été créée en 1985 par Jacques Gambier et six autres détenus de Fleury-Mérogis. Parmi les autres acteurs figure Jacques Lesage de la Haye ancien prisonnier ayant accepté de participer à la commission Prison-Architecture du ministère de la Justice, qui animait à l’époque l’émission hebdomadaire « Prison » sur Radio Libertaire ; Ras les murs.

Notons également la proximité de L’ASPF avec la « Commission d’Étude pour le Respect du Droit Fondamental d’Association en Prison », dite « Commission Bloch » ; du nom de son Président, Étienne Bloch co-fondateurs du syndicat de la magistrature.

Même si elle entend garder son autonomie par rapport à l’ASPF, leur but est similaire ; réfléchir sur le concept du droit d’association et les modalités de son exercice en prison.L’ASPF a très vite été confronté à la réalité des luttes et n’a finalement jamais lutté pour autre chose que pour le droit d’association.

Le contexte à l’intérieur des prisons est explosif. Après un court instant d’euphorie suite à l’élection de Mitterrand, les prisonniers déchantent rapidement. Si une grande partie des organisations dont l’ASPF, ont cru aux sornettes de la gauche au pouvoir, les prisonniers eux vivant de plein fouet l’allongement des peines, le maintien des QHS(quartier de haute sécurité), la violence de l’administration pénitentiaire se révoltent.

L’ASPF cramponnée à la légalité refuse de se joindre aux mouvements et de soutenir les prisonniers frappés par la répression et c’en sera fini de leur crédibilité et de leur existence.

Face à la violence de l’État les prisonniers et prisonnières tentent de se faire entendre ; ils témoignent, pétitionnent, refusent de remonter de promenade, font des grèves de la faim, s’auto-mutilent, montent sur les toits, se mutinent, détruisent la prison.

Contrairement au syndicat Industrial Workers of the World (IWW) des États-Unis, en France les centrales syndicales, SUD compris, n’ont jamais syndiqués les prisonniers, mais ce n’est pas pour cette raison que L’ASPF est morte, mais bien plutôt parce qu’elles refusent de reconnaître la souveraineté des prolétaires et soutenir toutes les formes de luttes que proposent les insurgés.

Vous aller entendre le témoignage d’un détenu ayant participé aux mouvement et à la critique de L’ASPF, des document sonores et des fragments de textes de l’époque.

Vous trouverez en pièce jointe les documents parus à cette époque que les deux sociologues n’ont pas pris en compte dans leurs travaux et l’article de Solidaire.

https://champpenal.revues.org/9124#tocto1n2

Venceroms n°1

LA PAUVRETÉ EN PRISON

Nous profitons d’une enquête réalisée par Emmaüs et la croix rouge sur la pauvreté en prison pour affirmer, chiffres à l’appui, que ce sont les pauvres qui vont en prison. Ce que nous savions déjà, mais qu’il est toujours bon de rappeler, et qui semble un préalable a toute réflexion constructive sur la délinquance.

La prison est un outil de gestion de la misère, qui la renforce et la reproduit. Les données sur l’origine sociale des prisonniers et des prisonnières ne sont pas ou très peu étudiées, c’est pourquoi nous avons réalisé cette interview.

Nous restons cependant critiques quant à la gestion misérabiliste de ces organismes de charité qui proposent avant tout des solutions précaires de prises en charge des prisonniers soit pour faire leurs TIG (travaux d’intérêt généraux) soit exécuter leurs conditionnelles ou leurs sorties de prison aux seins de leurs structures.

Tant qu’il n’y aura que des miettes à se partager, il n’y en aura jamais pour tout le monde, bien au contraire. Ce sont des solutions pérennes en termes de revenu, de travail, de logement, de santé… qu’il faut mettre en place.

Les données concernant les catégories socio-professionnelles sont, elles totalement absentes des statistiques pour mieux ramener le prisonnier à sa très grande faute et à sa responsabilité individuelle.

Le rapport en pièce jointe https://emmaus-france.org/wp-content/uploads/2021/10/2021-RAPPORT_PRISON-EF-SC-VDEF.pdf

ACTION DE RÉGULARISATION DES TRAVAILLEURS SANS PAPIERS / LE FONCTIONNEMENT DE LA JUSTICE DANS LES CRA

Le lundi 25 octobre 2021, plus de 200 travailleurs sans-papiers ont entamé un mouvement de grève coordonné avec occupation de leurs entreprises sur huit sites en Île-de-France.

Dans diverses professions : Livreurs, plongeurs, ouvriers, éboueurs, intérimaires, les travailleurs sans-papiers, ont décidé de s’organiser avec la CGT pour gagner leur régularisation et pour ne plus subir la surexploitation dont ils sont victimes de la part des employeurs.

Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons l’écoute du reportage réalisé ce mercredi 27 octobre devant le site de Sepur, entreprise spécialisée dans la collecte et le tri des déchets à Pavillons sous bois ou les travailleurs sans papiers menait une action de blocage.

En seconde partie d’émission, nous parlerons de l’abattage judiciaire qui s’exercent tous les jours dans les audiences des juges des libertés et de la détention pour les prisonniers des centres de rétention administrative(CRA). Nos invités reviendront sur une audience à laquelle ils ont pu assister, a l’annexe du tribunal de grande instance de Meaux qui se trouve à l’intérieur du centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot.

LES CENTRES DE RÉTENTION

Comme régulièrement, nous poursuivons notre collaboration avec un membre du collectif à bas les cra, pour revenir en ce mois de septembre sur les mouvements dans les centres de rétention

L’émission de ce jour, sera principalement consacré à la situation au centre de rétention du Canet à Marseille.

Au centre de rétention du Canet à Marseille, une grève de la faim a commencé ce vendredi 10 septembre pour protester contre les conditions d’enfermement. Alors qu’un rassemblement de soutien se tenait à l’extérieur du CRA, un incendie s’est déclenché dans le centre.

Nous aurons, par téléphone, le témoignage d’une proche de prisonnier incarcéré dans le centre de rétention du Canet et suivit par un appel de prisonniers de ce même centre de rétention.

QUE PENSER DES « ALTERNATIVES » A LA PRISON ?

À L’occasion d’une conférence donnée à Montréal peu après la publication de Surveiller et punir, en 1976, Michel Foucault avance l’idée que les sanctions « alternatives », loin de rompre avec l’emprisonnement, reviennent bien souvent à étendre les murs de la prison à toute la société.

En effet, le progressisme pénal semble aller de pair avec le développement des techniques de surveillance. Devant les transformations pénales, la bonne question est donc la suivante : font-elles décroître le contrôle social ou contribuent-elles à l’étendre et à le diffuser ? En une époque où le confinement et la surveillance ne concernent plus seulement les prisonniers, mais toute la population, la lecture rétrospective d’« Alternatives » à la prison suscite de nombreuses interrogations.

Des textes de Sylvain Lafleur, Tony Ferri et Anthony Amicelle viennent actualiser ces analyses. Un ouvrage dirigé par Sylvain Lafleur. »”Alternatives” à la prison
Michel Foucault Paru le 29.1.21 /112 pages/14 euros.

Nous avons demandé à Tony Ferri d’échanger sur cette nouvelle publication qui d’une manière prémonitoire dénonce les errances des gauches en mal de projet politique de rupture, qui ne proposent que d’étendre l’enfermement hors les murs.

L’actualité donne raison à Foucault, en constatant que les « peines alternatives » bien loin de faire reculer l’institution prison : 72000 prisonniers aujourd’hui contre 35000 quand il écrit, étend à l’infini la surveillance, le contrôle, l’enfermement domiciliaire : 180000 personnes sous main de justice.

C’est pourquoi nous les appellerons des « peines supplémentaires ». Les nouvelles technologies, notamment le numérique, viennent permettre à l’œil de l’État de s’infiltrer partout, de réaliser si l’on n’y prend garde le panoptique parfait…


INDE : UNE RÉVOLUTION EN COURS

C’est en compagnie de Jacques Chastaing que nous allons passer cette heure d’émission, pour continuer à parler du soulèvement paysan en Inde.

En même temps que la Covid-19 étend ses ravages, en particulier à la campagne, dépourvue de structures de santé, de lits, de respirateurs, d’oxygène, de médecins, de médicaments, une colère monumentale et sans précédent à cette échelle s’est exprimée dans l’ensemble de l’Inde contre le régime de Modi le 26 mai 2021 dans tous les secteurs des classes populaires en s’organisant autour de la révolte des paysans.

UNE MOBILISATION HISTORIQUE POUR UN AUTRE MONDE

Ce 26 mai, au sixième mois d’occupation des portes d’entrée de Delhi, le soulèvement paysan animé par le SKM (Front Uni Paysan) coordination d’une quarantaine d’organisations paysannes, a appelé à une journée noire.

Il appelait à la mobilisation malgré l’urgence de la solidarité face au Covid qui occupe tous les bras et la nécessité de garantir la sécurité sanitaire dans des rassemblements qui de fait ne peuvent pas être de masse, en mettant des drapeaux noirs partout, sur les logements, les bâtiments administratifs, les entreprises, les mines, les commerces, les échoppes d’artisans, les voitures, les véhicules en tous genres et dans les rues.

L’objectif était d’exiger toujours que Modi annule ses lois anti-paysans et anti-ouvriers qui tuent la petite paysannerie, le monde du travail, le service public et les emplois pour la jeunesse mais aussi de dénoncer la responsabilité criminelle de Modi dans le carnage humain actuel du Covid en Inde et exiger des mesures rapides pour combattre ce fléau.

Le pays entier s’est couvert de noir y compris pour ceux qui travaillent avec des rubans ou badges noirs sur leurs vêtements, à l’exception en partie des deux États en proie au cyclone Yaas qui sévit ces jours-ci au Bengale occidental et en Odisha.

Toutes les colères du peuple indien se sont cristallisées autour de la gestion du Covid par Narendra Modi qui achève sept ans de son mandat au cours desquels il a multiplié les attaques contre les classes populaires, a complètement détruit l’économie par une privatisation effrénée où il a vendu toutes les entreprises comme les aéroports, les ports, les chemins de fer et d’importantes entreprises du secteur public au profit des capitalistes qui sont ses sponsors électoraux, Adani, Ambani en Inde mais aussi dans le monde Cargill, Walmart, Nestlé ou le français Dreyfus, supprimant des millions d’emplois pour la jeunesse indienne et aboutissant au désastre de probablement des millions de morts du Covid par défaut de structures de santé partout dans le pays et en particulier à la campagne.

Rakesh Tikait, un des leaders paysans parmi les plus populaires, a déclaré le 26 mai que la protestation des paysans était désormais devenue une lutte contre l’oppression, le fascisme et le capitalisme tandis que d’autres dirigeants paysans appelaient le gouvernement à faire ses valises.

C’est pourquoi Modi ne veut pas céder aux revendications des paysans car leur mouvement entraîne toutes les classes pauvres du pays bien au-delà des revendications paysannes, mais aussi toute la population indienne – et même la base policière pour qui le mouvement paysan demande de meilleures retraites contre les décisions du gouvernement – en exigeant la liberté de la presse, la lutte contre les effets du changement climatique et surtout en cassant dans la pratique et dans leurs objectifs, toutes les oppressions et les divisions de religions, de sexes, de couleurs de peau, de castes qui fondent le pouvoir de Modi et derrière lui du capitalisme en Inde… et ailleurs.

Le soulèvement paysan veut une Inde qui ne sert pas seulement les chefs d’entreprise, mais qui œuvre pour le droit de tous les citoyens indiens à l’alimentation, à la santé et à la liberté. Il veut non seulement une Inde où les agriculteurs obtiennent des prix équitables pour leur travail mais aussi un système entier pour le peuple, pas pour les profits de quelques hommes avides.

Et ce mouvement des paysans indiens a des revendications en Inde, mais aussi pour l’Asie, dénonçant les accords de l’Asean (association commerciale des pays d’Asie du Sud-Est aux origines anti-communistes), de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud et de Singapour de novembre 2020, le plus grand pacte commercial du monde, qui feront considérablement baisser les prix d’achats de leurs productions aux agriculteurs et en amèneront de nombreux à la ruine, sans faire pour autant baisser les prix à la consommation, puisque le but est d’augmenter la marge de profits des trusts de l’agro-alimentaire.

Et comme illustration de ce qu’il veut, le soulèvement paysan et ses soutiens a montré dans les campements de protestation aux portes de Delhi où habitent depuis 6 mois plusieurs centaines de milliers de paysans, ouvriers, jeunes, étudiants, soignants, militants de tous bords, syndicalistes … En lointain écho des occupations des places Tahrir, Kasbah, Syntagma, Puerta del Sol ou Parc Zuccotti – qu’un nouveau type de société est non seulement possible, mais est en train de naître en même temps qu’une nouvelle économie basée sur la communauté et le don. Les campements offrent gratuitement de la nourriture, de l’eau, un abri, des soins médicaux et des vêtements à tous ceux qui en ont besoin. Ainsi, depuis six mois maintenant, de nombreux enfants démunis et pauvres des bidonvilles sont éduqués, soignés et nourris de la gentillesse des agriculteurs. Contre l’économie de la cupidité, les agriculteurs représentent un nouveau modèle de société basée sur la coopération et le partage. Aujourd’hui, chaque campement offre un espace commun pour parler, discuter, argumenter et surtout faire partie d’une nouvelle fraternité humaine. Ils ont créé un nouveau melting-pot d’espoir en ces temps Covid-19, quand plus de la moitié du pays est enfermée, sans emploi et affamée.

Aussi, cette journée du 26 mai 2021, très politique, a vu des milliers et des milliers d’effigie ou de mannequins de Modi, brûlés un peu partout en signe de ce que les paysans pensent de lui et de son monde.

Mais cette journée était aussi conçue pour envoyer un signal au monde entier pour dire que Modi qui tue les paysans et le petit peuple, tue plus que le virus, qu’il commet un crime contre l’humanité, en Inde, mais aussi ailleurs avec le risque d’extension du variant indien au monde, bref qu’il est nécessaire qu’il s’en aille maintenant et que la communauté internationale peut y jouer un rôle, elle qui se mobilise déjà pour les paysans, en tout cas dans les anciens États membres du Commonwealth où, contrairement à la France, la presse ne fait pas barrage aux informations venant d’Inde.

Les dix principaux syndicats ouvriers ont rejoint l’appel paysan au 26 mai, comme 12 grands partis, les principales organisations féministes, celles des jeunes et des étudiants, des Intouchables, des petits commerçants et artisans, des journalistes et intellectuels et 4 gouvernements d’États fédéraux également, le Bengale Occidental, le Tamil Nadu où de nouveaux gouvernements opposés à Modi viennent d’être désignés dans des élections où le sens du scrutin se faisait contre Modi, dans le Maharashtra où le parti au gouvernement vient de rompre son alliance avec Modi et enfin dans le Jharkhand dont le gouvernement est opposé à celui du BJP de Modi.

LE CARNAGE DU MANQUE DE MOYENS DE SANTÉ

Le mouvement du 26 mai avait déjà été précédé d’une grève nationale massive le 24 mai des personnels de santé de la campagne qui sont en lutte depuis le début aux côtés de paysans dénonçant leur manque de moyens humains et matériels, de vaccins, médicaments et exigeant des hausses de salaires.

Malgré les chiffres officiels d’un gouvernement qui nie toujours l’importance du nombre de personnes contaminées ou décédées, tous les témoignages qui remontent de partout décrivent une situation infernale.

Les trois quarts par exemple du village de Basi, pas loin de Delhi, 5 400 habitants, sont malades et 30 sont morts sur les trois dernières semaines, ce qui rapporté au pays ferait dans les 9 millions de morts en trois semaines. Bien sûr, les situations sont inégales suivant les régions et les villages – 400 000 villages seraient touchés sur 600 000 – et on ne peut pas calculer ainsi sinon pour donner une idée de l’ampleur du drame.

On compte par exemple aussi 9 morts en 7 jours dans le village de Afzal Nagar, 3 300 habitants, où chaque foyer compte au moins un malade, dans l’Etat du Bihar ; 20 morts en un mois à Larma, 3 800 habitants, toujours dans le Bihar.

Des familles entières disparaissent et des villages sont menacés, par ailleurs, s’il y a peu d’informations sur ce qui se passe dans les tribus (Adivasis, 100 millions d’habitants) abandonnées à elles-mêmes, tout porte à penser que certaines tribus sont fortement contaminées et que faute de moyens sanitaires, la mortalité y soit importante, menaçant peut-être l’existence même de certaines tribus

Selon le mouvement paysan qui a fait un recensement dans un certain nombre de villages, il faudrait compter 10 000 morts par jour dans le seul État de l’UttarPradesh (200 millions d’habitants), 127 000 personnes sont mortes dans les deux mois de mars et avril dans l’État du Madhya Pradesh (73 millions d’habitants) et le mouvement estime qu’il pourrait y avoir de 5 à 10 millions de morts pour le pays entier dans l’année si la situation ne s’aggrave pas.

Les témoins racontent que des milliers de cadavres dérivent sur le Gange, que d’autres sont sommairement posés sur les rives, que les chiens mangent les cadavres humains, tandis que les communes manquent de bois pour incinérer les morts et que les crématoriums étant débordés, il y en a partout, improvisés, aux abords des hôpitaux, dans les jardins, sur les parkings, les trottoirs… Des récoltes ne sont pas faites, des terres entières sont abandonnées parce que les paysans qui les travaillaient sont morts…

Mais tout cela n’est pas fatalité.

L’inde, bien qu’une grande puissance et la pharmacie industrielle du monde, le plus grand fabricant de vaccins et de médicaments génériques sur la planète, est le pays au monde qui consacre le moins d’argent à son système de santé publique : officiellement 1,25% de son PIB, mais plus probablement 0,34% bien en dessous de ce que font les pays les plus pauvres du monde.

Par ailleurs 78% des soins de santé en ville sont privés et 74% à la campagne. Il y a bien des hôpitaux, mais hors de prix, réservés aux riches. Les centres de santé issus de la période de décolonisation sont abandonnés, servent d’étables pour les animaux… Et les personnels de santé sont tellement mal payés que beaucoup démissionnent : 1/6e des travailleurs de santé a démissionné par rapport à l’an passé.

A ce drame sanitaire s’ajoute un drame alimentaire.

N’ayant pas les moyens de santé pour faire face au virus, le gouvernement a encouragé partout au couvre feu et au confinement.

Or 93% des travailleurs en Inde travaillent dans le secteur informel, de petits boulots, de la menuiserie ou la cordonnerie au travail de chantier du bâtiment, en passant par la vente ambulante de fruits et légumes dans la rue.

Au delà de l’absurdité criminelle d’un confinement pour un peuple qui vit dans la rue ou en grande partie dans des bidonvilles, le couvre-feu et le confinement font perdre leur travail et leurs revenus aux plus pauvres et à partir de là leur logement et toute possibilité de se nourrir. N’ayant pas de protections chômage, maladie ou retraite, ils n’ont plus rien.

Avec la fermeture de l’accès à la rue, en quelques semaines, ils ont perdu leurs maigres économies et ne sont plus en mesure de se nourrir ou de nourrir leurs familles.

Or cette seconde vague du virus s’ajoute à la première, en 2020, où on estime que 47% des femmes actives ont perdu définitivement leur travail (9% des hommes), 33% des jeunes de moins de 24 ans également ont perdu leur travail et n’en ont pas retrouvé et sont donc physiquement affaiblis, situation aggravée par une pollution atmosphérique terrible qui tue en nombre.

Aujourd’hui, le chômage officiel a déjà doublé en une semaine du 9 au 16 mai 2021 en passant de 7 à 14% en même temps que les prix bondissent.

La famine menace et si des États ont promis des distributions alimentaires de secours, à la date du 24 mai, rien n’était encore arrivé par exemple à Delhi et des manifestations ont lieu dans des bidonvilles, où habitent un tiers des indiens, comme par exemple à Bombay dans le Maharashtra, pour dénoncer l’abandon des habitants des bidonvilles.

800 000 travailleurs “migrants” qui viennent de la campagne et travaillent en ville et qui vivent de petits boulots ont déjà quitté Delhi dés les premiers jours de la seconde vague de Covid – et plus encore ensuite – pour tenter de survivre dans leurs villages d’origine et avant que les transports publics soient bloqués. Mais en voyageant entassés dans les pires conditions, les bus et trains se sont transformés en clusters et ont contribué à propager le Covid partout.

Comme le gouvernement n’a rien prévu, n’a rien préparé, ne fait rien aujourd’hui, a même fortement contribué à la propagation du virus par ses campagnes électorales et pèlerinages hindous et est dirigé par des ministres obscurantistes qui rejettent la science en expliquant par exemple que pour chasser le virus il faudrait taper sur des casseroles, sa principale activité est d’accuser les autres dans la presse de ses propres crimes : les États fédéraux, la population en général, mais surtout le mouvement paysan qu’il accuse, tous les jours, inlassablement, à longueur de journaux, d’avoir propagé le virus en particulier à la campagne en même temps qu’il criminalise violemment tous ceux qui sur les réseaux sociaux appellent à l’aide, demandent de l’oxygène, des médicaments ou documentent le drame.

CONTINUATION, SUSPENSION ET REPRISE DE LA LUTTE A UN NIVEAU PLUS ÉLEVÉ

Le soulèvement paysan a bien sûr été affaibli dans un premier temps du simple fait que tout un chacun pare au plus urgent en essayant de se protéger soi-même de la Covid ou d’aider les autres, familles, voisins, amis, collègues qui sont en difficulté. Du coup, pendant les premiers moments de la seconde vague de la Covid, bien des luttes ont été suspendues.

Cependant, au delà de l’entraide auquel il participe lui-même en fournissant aux nécessiteux des repas, médicaments, centres sanitaires et logements gratuits dans ses campements et lieux de mobilisation, le mouvement a repris son essor dés lors que la période des récoltes a commencé à se terminer à partir du 8 mai où une première mobilisation a eu lieu mais surtout de la seconde semaine de mai, où des milliers et des milliers de paysans et soutiens reviennent en nombre tous les jours aux campements de Delhi depuis le 12 mai environ, 40 000 étant arrivés par exemple le 25 mai.

Le 24 mai, ils étaient déjà plus de 10 000 à bloquer le commissariat central de Hisar dans l’Haryana malgré les 3 000 flics impuissants qui tentaient de le protéger, après que quelques jours auparavant, des policiers aient violemment chargé une manifestation paysanne qui encerclait le premier ministre BJP de l’Haryana, faisant de nombreux blessés et prisonniers. Les paysans ont obtenu que les prisonniers soient relâchés, que ceux qui ont été blessés ou ont eu des véhicules endommagés , soient indemnisés et que même des emplois soient fournis à la famille d’un paysan qui est décédé.

Le 26 mai,en réponse aux calomnies du gouvernement de Modi et de son parti, le BJP, ce sont des millions de paysans, ouvriers agricoles, ouvriers, employés,enseignants, étudiants qui ont organisé rien qu’au Pendjab, 108 lieux de mobilisation et de blocages en plus des manifestations avec libération de péages autoroutiers, blocage de stations essence Reliance, un groupe qui soutient Modi, blocage de grandes surfaces commerciales liées aussi aux groupes capitalistes soutenant Modi et qui seront bénéficiaires des lois anti-paysans, de gares, et de résidences de leaders du BJP. En Haryana, on comptait plus de 60 lieux de mobilisation et rien que dans le seul district (département) de Jhajjar dans l’Haryana on comptabilisait 240 manifestations. A Delhi, 50 lieux de mobilisation étaient recensés.

Dans l’Assam et le haut Assam, des manifestations ont eu lieu comme ailleurs mais en plus avec des tribus Adivasis dénonçant l’accaparement des terres par des sociétés capitalistes après que dans le Chhatisgarh il y a quelques jours la police avait tiré et tué trois indigènes qui dénonçaient le vol de leurs forêts par les militaires.

A Ropar, les paysans ont chassé de la ville les membres du RSS, la milice fasciste au service du pouvoir. A Rupnagar et dans d’autres lieux, les militants du BJP et du RSS ont été pris à partie et ont du fuir. Dans l’Uttar Pradesh où la police du BJP a voulu interdire les rassemblements de nombreux affrontements ont eu lieu et les policiers ont souvent été mis en difficulté.

Malgré les difficultés de mobilisation et de rassemblements dues à la Covid-19, le soulèvement paysan a franchi ce 26 mai une nouvelle marche importante dans l’entraînement avec lui de l’ensemble des classes populaires d’Inde sur un programme de plus en plus large.

Et d’ores et déjà, le SKM a annoncé qu’il allait intensifier la mobilisation dans le cadre d’une alliance renforcée des paysans et des ouvriers et allait appeler à de nouvelles initiatives d’ici peu.

Jacques Chastaing, le 27 mai 2021

REFORME DES RÉDUCTIONS DE PEINE

Dupont Morreti souhaite présenter sa réforme en Conseil des ministres « mi-avril », avant un examen au Parlement un mois plus tard.

Il s’agit de filmer les audiences, supprimer des crédits de réduction de peine, encadrer les enquêtes préliminaires et construire 7 000 nouvelles places de prisons supplémentaires. Il « ne s’agit pas d’incarcérer plus, mais d’incarcérer dans la dignité ». Une promesse d’avenir barbelé, mais dans le respect des droits… Le but de cette loi pour le ministre est de « restaurer la confiance de nos concitoyens dans la justice ». Ce sera d’ailleurs probablement son nom : « Loi pour la confiance dans l’institution judiciaire ».

Aujourd’hui nous revenons sur la réduction des remises de peine, bien que le peu de réactions et de critiques concernant cette énième réforme soit affligeantes.

Depuis les lois Perben de 2004, les crédits réduction de peine, qui s’octroie en fonction du comportement en détention soit trois mois de moins la première année de détention, deux mois par an pour les années suivantes ou 7 jours par mois, limités à 60 jours, si la peine est inférieure à 12 mois. « C’est une carotte pour le détenu : on lui donne la possibilité d’anticiper à date certaine sa libération.

De quoi l’inciter à bien se comporter d’emblée, car il peut les perdre en cas de faute disciplinaire. Il faut créer de l’espoir si on veut pouvoir tenir des taules surpeuplées », souligne Cécile Mamelin, ancien juge de l’application des peines. « Mais pour les établissements sous pression, c’est aussi une façon efficace de gérer la détention en prévoyant ses flux de détenus et son taux d’occupation », poursuit-elle.

Et les remises de peines supplémentaires : qui viennent gratifier les efforts de réadaptations sociales des détenus (travail, participation aux activités, visite chez le psy, mais surtout payer les parties civiles…) les remises de peine exceptionnelles viennent quant à elles récompenser la délation, la soumission, la traîtrise.

La trouvaille de super Dupont si elle voit le jour… À l’avenir, les remises de peine ne seraient donc octroyées qu’aux détenus qui témoigneraient d’un comportement exemplaire. Va t il fusionner des deux systèmes, mais les barèmes ne sont pas connus pour le moment. On ne sait pas si le cumul sera moins important ?

Est-ce que celui-ci rendra illisible la date de fin de peine ? Est-ce qu’elle sera jugée chaque année au risque d’embouteiller des commissions d’application des peines et qu’il sera difficile d’anticiper les sorties de prison. On peut dire que nous croulons sous les réformes successives, et qu ‘elles sont illisibles. Coté juge d’application des peines, c’est la panique et l’incompréhension ; Coté matons ont se réjoui d’avoir moins de boulot puisque ce serait le juge de l’application des peines qui en serait chargé.

Parmi les dispositions envisagées, le ministre entend « mettre un terme aux crédits de remise de peine (…) mis en place au début des années 2000. « Ce que je veux, c’est en finir avec l’hypocrisie et remettre de la vertu dans le système : des remises de peine, oui, si elles profitent à la société, au personnel et au détenu lui-même, qui devra faire, pour en bénéficier, les efforts de réinsertion nécessaires », justifie-t-il.

Le gouvernement est bien mal placé pour nous parler de vertu, et semble également ignorer le fonctionnement de ces tribunaux qui assènent des peines de plus en plus longues et qui prennent en compte les remises de peines dans le prononcé de la peine. Sa vertu rougirait aux vues des conditions de détention.
Depuis le début de la création des remises de peine en 1972, celles-ci n’ont fait que diminuer tandis que les peines augmentaient.

Le délire de nos dirigeants serait de faire exécuter dans leur totalité les peines. Le précédant qui touche certains détenus pourrait se généraliser ; En effet depuis quelques années, l’octroi des crédits de peine a été supprimé pour certains prisonniers : pour les peines liées à des faits de terrorisme d’une part, puis, depuis 2019, pour certains détenus condamnés dans le cadre de violences conjugales et en projet pour les personnes inculpées dans des dossiers liés aux fonctionnaires dépositaires de l ‘autorité publique.

Mais ce dispositif n’est pas un cadeau, mais une nécessité pour pacifier la détention. Non seulement la suppression de remise de peine aggraverait la surpopulation carcérale, elle rallongerait les peines déjà très longues et boucherait les perspectives pour beaucoup.

Elle créerait une compétition insupportable dans les prisons puisque du travail, il n’y en à pas pour tout le monde, loin de là, idem pour les activités et tout le reste… Entamer une démarche de soins ou une thérapie en prison ou reprendre des études ou une formation révèle de l’exploit.

DES DÉTENUS PORTENT PLAINTE CONTRE LES CONDITIONS DE VISITE DE LEURS PROCHES.

Depuis le début de la crise de la Covid-19 véritable État de guerre et d’État d’urgence sanitaire, le gouvernement plutôt que de donner des réponses sanitaires a décidé de privilégier la réponse sécuritaire.

Il en va de l’extérieur des prisons comme de l’intérieur. Le peu d’aménagement gagné de dures luttes est repris petit à petit. Au lieu de faire des tests l’administration pénitentiaire dresse des vitres en plexiglas pour séparer les parloirs entre les prisonniers et leurs proches ; sas de décompression.

Saisi par cinq détenus de la maison d’arrêt de Seysses qui contestent le dispositif de séparation mis en place dans les parloirs depuis le début de la crise sanitaire, le tribunal administratif de Toulouse a confirmé que ce dispositif portait atteinte au maintien des liens entre les détenus et leurs proches,

Depuis la reprise des parloirs en mai dernier, les dispositifs visant, pour des raisons sanitaires, à séparer physiquement les personnes détenues de leurs visiteurs n’ont cessé de se multiplier.

Depuis l’automne, la mise en place de cloisons de plexiglas hermétiques courant du sol au plafond s’est généralisée et la quasi-totalité des boxes de parloir en sont désormais dotés. Chacun d’un côté de la vitre, les détenus et leurs proches se retrouvent ainsi contraint de hausser la voix, parfois jusqu’à hurler, pour s’entendre.

À Seysses, c’est une vingtaine de boxes contigus qui accueillent les visiteurs, dans une cacophonie géante, empêchant tout échange et toute intimité. Ce nouveau dispositif se rapproche désormais des parloirs réservés aux prisonniers punis.

Confronté à une telle situation, cinq détenus de la maison d’arrêt ont demandé à la direction de retirer ce dispositif puis, face à son refus, ont saisi le tribunal administratif de Toulouse en référé. Celui-ci a, dans une ordonnance datée du 18 février 2021, de leur donner raison, confirmant que le fait « de refuser de retirer l’installation de deux plaques de plexiglas séparant les parloirs en deux zones hermétiquement fermées du sol au plafond est de nature à créer un doute sérieux quant à sa légalité dans la mesure où les dégradations acoustiques de telles mesures ne permettent plus aux détenus de maintenir les liens personnels et affectifs avec les membres de leurs familles ».

En outre, prenant acte du fait que la direction a, entre temps, fait percer des trous dans les parois de plexiglas pour faciliter les échanges ainsi qu’elle l’a affirmé dans sa défense, le juge a exigé qu’un contrôle acoustique de cet aménagement soit effectué rapidement, sans la présence des avocats et hors des conditions d’utilisation ordinaire.

En entendant parler de cette plainte 15 prisonniers de la maison centrale de Châteauroux ont entrepris de porter le même recours.

Dans cette émission vous pourrez entendre non seulement les prisonniers de Châteauroux expliquer les conditions de visites sous Covid-19 et les raisons de leur colère, mais également maître julien Brel du barreau de Toulouse et maître Romain profit pour Châteauroux.

Cette initiative renoue, dans un contexte particulièrement difficile, avec l’action collective. Nous verrons combien malgré le fait que la forme choisie ; la contestation juridiques, n’est pas une évidence au sein des prisons.

Cette émission est faite pour soutenir ce dépôt de plainte et sera diffusée le plus largement possible afin que d’autres prisonniers s’en saisissent. Nous saluons ici le courage de ceux et celles qui l’ont intenté et espérons que d’autres feront de même.

HOMMAGE À JIMONY ROUSSEAU-SISSOKO BATTU À MORT PAR DES SURVEILLANTS DE PRISON

Marche blanche en mémoire de Jimony Rousseau-Sissoko, le 7 février 2021 à Meaux.

Jimony Rousseau est mort, mardi 2 février, à l’hôpital de Jossigny. Le jeune homme, incarcéré au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin, y avait été transféré, c’est là qu’il a succombé à ses blessures. Le 25 janvier, le détenu « vulnérable, [aurait] été roué de coups », portés notamment « à la tête », par « des agents alors qu’il était menotté et maîtrisé au sol », a révélé un surveillant, souhaitant rester anonyme.

On ne parle pas assez des violences pénitentiaires !

Le 7 février, la famille de Jimony a organisé une marche blanche se terminant devant la prison. Une manière d’encourager les prisonniers à témoigner. Plusieurs collectifs ont également pris la parole pour dénoncer les violences policières, faisant le lien avec les violences pénitentiaires.

On n’est pas condamnés à l’échec ! Il faut s’organiser…

La sœur de Jimony, Cora Sissoko, était venue s’exprimer sur les ondes, le 5 février, dans l’émission de « L’Envolée » (diffusée par Fréquence Paris Plurielle, le vendredi de 19 heures à 20 h 30). Nous écouterons son message, puis reviendrons sur les prises de parole, le 7 février, devant le centre pénitentiaire de Meaux. Enfin, nous avons repris le son de « La fin de la police » de la chaîne Youtube Mémoire de lutte.

PRISONS : LE JOURNAL “L’ENVOLÉE” CENSURÉ

“C’est à l’administration pénitentiaire de prouver qu’aucun de ses agents n’humilie ni ne tabasse ceux dont elle a la garde”, extrait du communiqué de L’Envolée, à la suite de la censure du n° 52.


Le numéro 52 du journal L’Envolée est censuré dans les prisons. Les pages incriminées par l’administration pénitentiaire (AP) sont celles qui dénoncent plusieurs morts en détention. Dans une note placardée dans tous les établissements et datée du 4 janvier 2021, le ministre de la justice, par la plume de son directeur de l’AP, Stéphane Bredin, vise « un corpus d’articles regroupés sous l’intitulé “Peine de mort en prison” » qui « allèguent des faits de violences volontaires commis par des personnels de l’administration pénitentiaire dans l’exercice de leurs fonctions contre des détenus ayant pu entraîner leur mort ».

Ce numéro – qui a commencé à être distribué en novembre – contient des propos revêtant, selon l’AP, « un caractère diffamatoire » et qu’il est « de nature à inciter à la violence contre les personnels de direction et de surveillance ».

Ils s’appelaient Jimony Rousseau (Meaux-Chauconin, 02.02.2021), Idir (Lyon-Corbas, 09.09.2020), Jaouad (Toulouse-Seysses, 14.04.2018), Sambaly (Saint-Martin-de-Ré, 2016)… Tous les trois jours, l’AP annonce la mort d’un.e détenu.e. Combien de morts suspectes ?

A l’ombre des violences policières, il y a les violences carcérales. Les violences infligées par des surveillants à des détenus est une réalité, confirmée par les nombreux témoignages de prisonniers, des documentaires, des articles de presse, des dossiers d’ONG et des paroles d’avocat.

La France met un tabou sur les réalités carcérales

Si la question des violences policières enflamme le débat public, ces dernières années, il existe un phénomène tout aussi glaçant, dont on parle moins : les violences carcérales. Officiellement, elles n’existent pas.

La censure du journal anticarcéral L’Envolée, qui s’en fait l’écho, est une autre manière d’affirmer qu’elles n’existent pas.

L’administration pénitentiaire justifie en invoquant « l’usage proportionné de la force », arguant même que « le détenu s’est fait cela tout seul ». Depuis 2011, la parole des surveillants est devenue quasiment inattaquable puisqu’ils prêtent serment, sacralisant ainsi leurs paroles et leurs écrits. Les plaintes des détenu.e.s, elles, finissent souvent dans un tiroir et ne seront qu’exceptionnellement instruites.

Ce silence administratif, politique, judiciaire contraste avec ce que de nombreux avocats constatent sur le terrain. Ainsi, Jérémy Kalfon témoignait auprès du journal Libération : « Fréquemment, lorsque nous assistons nos clients en commission de discipline, ces derniers nous révèlent avoir été victimes de violences ou de brimades par des surveillants visant à “rétablir l’ordre” au sein de la prison. Le plus souvent, les détenus présentent les stigmates de ces violences, hématomes, plaies, vêtements déchirés. »

J’ai vu le corps de mon fils plein de coups… sur la tête, mais j’ai du mal à en parler

La mère d’Idir

En juin 2019, l’Observatoire international des prisons (OIP) publiait un rapport montrant la réalité et l’ampleur du phénomène. Depuis 2017, l’OIP reçoit deux signalements par semaine de violences carcérales. Dans la réalité, les chiffres sont sans doute beaucoup plus importants, et pour cause : le ou la détenu.e est enfermé.e avec le ou la surveillant.e violent.e.

Le dénoncer, c’est être constamment « saqué », même brimé, et voir ses conditions de vie, déjà dégradées, se détériorer. Ce huis clos permanent rend la situation des détenus relativement proche de celle des femmes battues dans l’intimité du foyer. Comme elles, le ou la détenu.e violenté.e partage le quotidien avec son bourreau. Et quand un surveillant, gagné par une once de culpabilité, en vient à dénoncer ces faits, sa situation devient intenable.

On ne peut pas filmer les violences à l’intérieur comme à l’extérieur

Dernière minute

Le 4 février, le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, revenant sur la mort de Jimony Rousseau, survenue le 2 février à l’hôpital, a demandé une enquête « pour faire toute la lumière » sur cette affaire. Le 25 janvier, le détenu « vulnérable, [aurait] été roué de coups », portés notamment « à la tête », par « des agents alors qu’il était menotté et maîtrisé au sol », a révélé un surveillant, souhaitant rester anonyme. « Les agents ont peur de parler, il y a eu une pression hiérarchique, mais les images des caméras montreront ce qui s’est réellement passé », a-t-il ajouté.

L’Observatoire international des prisons estime que la décision du ministre « mérite d’être soulignée ». Selon l’association, « si les allégations de violences commises par des personnels pénitentiaires à l’encontre de prisonniers sont récurrentes, il est rare qu’elles bénéficient de la part des pouvoirs publics de l’attention nécessaire, de même qu’elles ne font pas suffisamment l’objet d’enquêtes effectives de la part des autorités administratives et judiciaires ».

INTERVENANTES :

Sylvia, coanimatrice de l’émission « L’Envolée » sur les ondes de Fréquence Paris plurielle, reviendra sur la censure du numéro 52.

Suit un entretien réalisé avec la mère d’Idir, mort à la prison de Lyon-Corbas, en septembre 2020. Elle appelle à la lutte contre ces exactions. Contact : association Idir espoir et solidarité (sur Twitter, Facebook, Instagram) ou au 07.83.12.62.26. Une pétition et une collecte sont en cours.

Enfin, Fatou Dieng, sœur de Lamine Dieng, mort entre les mains de la police le 17 juin 2007, a prononcé un discours public le 30 janvier dernier, dans lequel elle dénonce les pratiques policières et carcérales.

IL FAUT DÉSENGORGER LES PRISONS !

Les prisonniers se révoltent partout en France pour dénoncer le traitement désastreux du gouvernement face à la pandémie de covid 19. Le chômage et des politiques répressives ont engorgé les prisons. Les prisonniers s’entassent à 3 ou 4 dans 9m2 dans les maisons d’arrêts. La santé, là moins qu’ailleurs, ne fonctionne. C’est une véritable catastrophe sanitaire programmée!

Il faut absolument libérer massivement des prisonniers? l’annonce de Belloubet d’élargir 5000 détenus, est dérisoire.

Dans et déjà, il est tout à fait possible de faire sortir en aménagement de peine à l’extérieur tous les détenus qui purgent une peine de moins d’un an, et ils sont au moins 30000 dans ce cas… sans compter les fins de peine, les prisonniers en attente de procès et une pensée particulière pour les prisonniers malades et âgés qui sont plus encore exposés à la contagion. N’oublions pas que leurs santés c’est aussi la notre.

COVID-19 : PAROLES DE PRISONNIERS

Depuis Mardi dernier , nous sommes confiné-e-s dans nos appartements et autre logis suite a l’intensification de l’épidémie de coronavirus qui sévit depuis plusieurs semaines.

Quand est il dans les lieux d’enfermement ? voici le thème de notre émission aujourd’hui , préparée avec un membre de l’équipe radio de l’émission anti-carcérale l’envolée.

Nous commencerons cette émission par des témoignages de prisonniers en centres de rétention de la région parisienne et de Lyon. Ensuite , nous entendrons trois témoignages de prisonniers de maison d’arrêt .

Voici quelques mouvements survenues il y a quelques jours

une mutinerie est en cours au centre pénitentiaire de Maubeuge. Une centaine de détenus sont concernés. Il y a de nombreuses dégradations. L’ERIS (équipes régionales d’intervention et de sécurité) de Lille se rend sur place. La police arrive également en renfort. De nombreux feux ont été déclenchés dans différentes parties de la prison. Situation très tendue sur place

une mutinerie est en cours au centre pénitentiaire de Longuenesse. Au moins 30 détenus détruisent les grillages. Ils ont également bloqué la porte de la cour de promenade afin d’empêcher les agents de l’ouvrir. L’ERIS était sur place à 16h00. Les détenus réclament plus de douche, plus de lavage du linge et le port du masque pour les agents. L’incident était clos à 16h45. 5 détenus ont été placés au quartier disciplinaire.

Incidents en cours au centre pénitentiaire de Meaux. L’ERIS de Paris se rend sur place. 57 détenus refuseraient de réintégrer les bâtiments. Vers 16h00, les détenus sont remontés après avoir eu l’information que l’ERIS arrivait. Un détenu a tenté de s’évader. Il est actuellement en garde à vue. L’incident est clos dans cette prison.

Incidents en cours au centre pénitentiaire de Nantes. Les détenus refusent de réintégrer les bâtiments. Vers 16h30, l’incident était clos dans cette prison.Incidents en cours à la maison d’arrêt de Carcassonne. 11 détenus refusent de réintégrer. L’ERIS de Toulouse est en route vers la prison.

Mutinerie en cours au centre de détention d’Uzerche. 40 détenus sont sur les toits. Une centaine d’autres sont dans des zones interdites de la prison. Les surveillants ont quitté un bâtiment en urgence qui est pris d’assaut par les détenus. La situation est très tendu sur place.

Incidents en cours à la maison d’arrêt de Moulins. Les détenus refusent de réintégrer les bâtiments. A 18H15, les détenus remontaient en cellule. Incidents clos dans cette prison.

Incidents en cours à la maison d’arrêt de Limoges. 25 détenus refusent de réintégrer. Les forces de l’ordre sont sur place. L’ERIS de Bordeaux est en route vers l’établissement.

Incidents en cours au centre pénitentiaire de Rennes-Vezin. 150 détenus refusent de réintégrer. L’ERIS de Rennes est sur Place

Incidents en cours à la maison d’arrêt de Saint-Malo. Les détenus refusent de réintégrer. À 18h10, les détenus ont été réintégrés. 2 sont placés au quartier disciplinaire. Incidents clos dans cette prison.

Incidents en cours à la maison d’arrêt de Nice. Une trentaine de détenus refusent de réintégrer. L’ERIS de Marseille est en route vers l’établissement.

Incidents en cours à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. 250 détenus refusent de réintégrer à l’issue des promenades. L’ERIS de Paris est en route vers la prison