REVOLTE PAYSANS INDIEN 2024

Les campagnes européennes sont en ébullition. Des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne, l’Allemagne, l’Italie, partout la colère gronde. Les agriculteurs manifestent leur mécontentement. Un mécontentement également présent en France, ou nous avons entendu essentiellement les gros exploitants s’exprimer pour demander moins de réglementation donc plus d’artificialisation des terres, de produits polluants répendus, d’exploitations gigantesques. Ils ont utilisé des méthodes plutôt musclées qui ont bénéficiées de la part des médias et du gouvernement d’un traitement complaisant, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous avons trop peu entendu les petit paysans qui dénonçaient leurs morts programmée, des prix trop bas, des subventions qui vont toujours aux plus gros exploitants, des sols ravagés par les pesticides issus de la pétrochimie. ils dénonçaient l’agroindustrie qui tue les sols et les humains. Cette colère touche également l’Inde, une fois de plus, c’est pourquoi nous avons demandé à jacques Chastaing de luttesinvisibles de nous faire un point.

Pourquoi les agriculteurs indiens ont-ils relancé leur mouvement de protestation ?

Des milliers d’agriculteurs indiens convergent cette semaine vers New Delhi sur des tracteurs, tentant de relancer le mouvement de protestation de 2020-2021 qui avait bloqué les autoroutes vers la capitale pendant plus d’un an.

Le Premier ministre Narendra Modi avait alors été contraint de reculer et d’abroger des lois de déréglementation des marchés agricoles. Les syndicats agricoles affirment que le gouvernement n’a depuis pas fait assez pour résoudre leurs problèmes, ce qui les a poussés à reprendre leur mouvement. Des colonnes de police anti-émeute ont jusqu’à présent freiné l’avancée des manifestants avec des tirs de gaz lacrymogènes et des barricades en béton, mais les agriculteurs ont promis de continuer leur mouvement.

Quelle est la situation du secteur agricole en Inde ?

Le secteur agricole indien est gigantesque et plongé dans de multiples difficultés. Il emploie plus de 45% de la main-d’œuvre du pays et représente 15% de son produit intérieur brut (PIB). La “Révolution verte” des années 1970 avait fait de l’Inde, alors régulièrement confrontée à des pénuries alimentaires, un important exportateur de produits alimentaires.

La taille moyenne des exploitations reste modeste : plus de 85% des agriculteurs possèdent moins de deux hectares de terre. Et moins d’un agriculteur sur cent possède plus de 10 hectares, selon une enquête du ministère de l’Agriculture de 2015-2016.

Les pénuries d’eau, les inondations et des conditions météorologiques irrégulières liées au changement climatique, ainsi que l’endettement pèsent fortement sur les agriculteurs.

Plus de 300.000 d’entre eux se sont suicidés depuis les années 1990, selon les chiffres officiels, et les agriculteurs sont nombreux à déplorer un état de détresse financière constante.

Les agriculteurs indiens ont néanmoins un poids politique important en raison de leur nombre : des dizaines de milliers de personnes avaient campé dans la banlieue de Delhi lors du précédent mouvement pour exiger que le gouvernement de Narendra Modi abandonne son projet de déréglementation de l’agriculture.

Que demandent les agriculteurs ?

Les agriculteurs indiens disposent déjà de garanties de longue date obligeant le gouvernement à acheter certains produits, notamment le riz et le blé, lorsque leur prix tombe au-dessous d’un certain niveau sur le marché. La principale revendication des syndicats est d’élargir ces prix minimum de soutien à toutes les cultures pour les protéger des fluctuations du marché.

Le gouvernement Modi avait promis d’examiner cette demande après les manifestations de 2021, mais les syndicats affirment que rien n’a été fait depuis. Ils veulent également que les poursuites contre les dirigeants syndicaux datant de ces manifestations soient abandonnées et qu’une pension mensuelle de 120 dollars soit versée aux agriculteurs de plus de 60 ans.

Plusieurs autres revendications visent une plus grande protection des agriculteurs face aux fluctuations du marché : allègement des dettes, retrait de l’Inde de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des accords de libre-échange, ainsi que l’assurance que les subventions existantes, notamment l’électricité gratuite, ne seront pas supprimées.

Quelle a été la réponse du gouvernement ?

L’Inde dépense déjà plus de 50 milliards de dollars par an en subventions aux agriculteurs, selon des documents budgétaires. Ces subventions ont parfois aggravé le manque de productivité en encourageant des cultures inadaptées aux conditions locales, comme le riz qui a épuisé les nappes phréatiques dans l’État du Pendjab.

Les subventions et les achats publics de produits agricoles ont fréquemment été des facteurs de corruption et de gaspillage. Le gouvernement a tenu cette semaine plusieurs séries de négociations avec les syndicats pour désamorcer la crise, sans succès.

Le parti de M. Modi, le BJP, affirme que l’extension du système de prix minimum est régressive et inabordable, avec un coût estimé à au moins 140 milliards de dollars supplémentaires. Le gouvernement a plutôt cherché à contenir les manifestations afin d’éviter un mouvement de grande ampleur comme celui de 2020-2021, qui avait suscité une grande sympathie dans l’opinion publique.

Les agriculteur·trices indien·nes protestent à nouveau. La garantie légale du prix minimum de soutien est la principale revendication

 14 FÉVRIER 2024  ASIE DU SUDDROITS DES PAYSANS ET DES PAYSANNESORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE

La capitale de l’Inde, New Delhi, est une fois de plus à la limite.

Des milliers d’agriculteur·trice·s de l’État du Pendjab marchent vers la métropole, réclamant l’assurance légale d’un prix minimum de soutien pour leurs récoltes. À quelques mois des élections nationales, la coalition au pouvoir craint qu’une mobilisation de grande ampleur, comme celle de 2020, ne lui cause des problèmes. Les agriculteur·trice·s sont convaincu·e·s que les gouvernements ne tiennent compte de leurs demandes qu’en période électorale. La marche se poursuit donc.

Le 13 février, à la frontière de Shambu, entre l’Haryana et le Pendjab, les agriculteur·trice·s en marche ont été accueillis par des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Plus près de la capitale nationale, les médias décrivent les principales artères fortifiées par des clôtures en fer, des anneaux métalliques et des clous sur le sol. Les agriculteur·trice·s comparent la région à une zone de guerre et s’interrogent sur de telles tactiques dans une nation fière de ses valeurs démocratiques. Les travailleur·euse·s locaux qui empruntent cette route pour se rendre de leur lieu de travail à leur domicile parcourent désormais plusieurs kilomètres par jour, la circulation automobile étant interrompue.

Les dirigeants du Samyukt Kisan Morcha (SKM), qui a été le fer de lance des manifestations historiques de 2020, ont précisé qu’ils n’organisaient pas la marche actuelle. Celle-ci est organisée par des groupes qui faisaient autrefois partie des mobilisations de 2020, mais qui se sont depuis détachés pour fonctionner indépendamment de la coalition plus large du SKM. Néanmoins, le SKM a défendu le droit de chacun à manifester et a réitéré son appel à une journée de grève nationale des agriculteur·trice·s et des syndicats le 16 février, en particulier dans les zones rurales. Les syndicats qui ont appelé à cette grève nationale ont demandé des pensions pour les agriculteur·trice·s, un prix minimum de soutien pour les cultures, la mise en œuvre de l’ancien régime de retraite et le retrait de l’amendement des lois sur le travail.

Sous la surface de ces détails et de ces subtilités se cache l’état désastreux de l’agriculture indienne actuelle.

Entre 1991 et 2011, près de 15 millions d’agriculteur·trice·s ont abandonné l’agriculture pour chercher d’autres moyens de subsistance. Bien que l’on ne dispose pas de données pour la dernière décennie, la plupart des villes indiennes ont connu un afflux important de travailleur·euse·s, ce qui témoigne de la détresse des zones rurales. L’un des principaux facteurs rendant l’agriculture non viable pour de nombreux petit·e·s producteur·trice·s indien·ne·s est la faiblesse des revenus qu’il·elle·s perçoivent.

Dans une interview accordée à Thirdpole en 2022, Devinder Sharma, analyste de l’alimentation et du commerce, a élucidé cette question en citant une étude de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement qui a révélé la stagnation des prix à la production des produits agricoles entre 1985 et 2005, corrigés de l’inflation. Une autre étude réalisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques et le Conseil indien pour la recherche sur les relations économiques internationales a estimé que les agriculteur·trice·s indien·ne·s avaient perdu 600 milliards de dollars entre 2000 et 2016. M. Sharma a souligné la dure réalité : en 2016, les revenus agricoles annuels par habitant dans 17 États, soit la moitié du pays, s’élevaient à moins de 270 USD, soit moins de 23 USD par mois.

Nalla Gounder, un agriculteur du Tamil Nadu, pose une question poignante : « Au cours de la dernière décennie, le prix de vente de la noix de coco a diminué de moitié tandis que le coût de la main-d’œuvre agricole a doublé. Comment voulez-vous que les agriculteur·trice·s survivent ? »

La fréquence croissante des catastrophes climatiques, notamment les tempêtes de grêle, les pluies intempestives, les sécheresses prolongées et la diminution des sources d’eau, rend encore plus difficile l’obtention d’une bonne récolte. Au cours des 30 dernières années, le coût des intrants a régulièrement augmenté, alors que les prix de vente n’ont pas suivi. En conséquence, la moitié des ménages agricoles ruraux se retrouvent endettés, le suicide devenant tragiquement un moyen désespéré de s’en sortir.

Les agriculteur·trice·s ne savent plus où donner de la tête. S’accrochant à leurs dernières forces pour survivre, ils croient fermement qu’un prix minimum de soutien garanti par la loi empêcherait au moins que leur production soit vendue à des prix inférieurs.

Toutefois, l’adoption d’une telle loi est plus facile à dire qu’à faire. L’adhésion de l’Inde à l’Organisation mondiale du commerce a exposé ses programmes de sécurité alimentaire et d’approvisionnement public à des attaques répétées de la part des pays orientés vers l’exportation, en particulier les États-Unis, qui les qualifient de « distorsions commerciales ». Ces pays considèrent tout soutien national offert aux agriculteur·trice·s indien·ne·s comme une entrave à l’accès au marché. Même les mécanismes de sauvegarde spéciale proposés pour permettre aux gouvernements nationaux de contrôler l’afflux d’importations bon marché ont été des points litigieux lors des négociations agricoles à l’OMC. Pour les pays en développement comme l’Inde, le soutien interne qu’ils apportent aux agriculteur·trice·s – y compris le prix minimum de soutien – est crucial pour le maintien des économies rurales.

Pris dans ce bourbier, les agriculteurs sont les premiers à souffrir de la situation.

Le prix minimum de soutien proposé par le gouvernement indien ne couvre que 23 cultures, et les agriculteur·trice·s affirment depuis longtemps que ces prix couvrent à peine les coûts de production. Ils plaident en faveur d’une méthodologie redéfinie pour déterminer le coût de la culture en incluant les loyers et les intérêts pour les terres possédées et les actifs fixes. Ils demandent que le prix minimum de soutien soit au moins 50 % plus élevé que le coût révisé des intrants. Un rapport de 2006, souvent appelé « rapport de la commission Swaminathan » en Inde, recommandait que le prix minimum de soutien soit supérieur d’au moins 50 % au coût de production moyen pondéré. Cette recommandation n’a toutefois pas été suivie d’effet.

À Bangalore, lors de la commémoration du 88e anniversaire du légendaire leader paysan Prof. M D Nanjudaswamy au Karnataka, Rakesh Tikat de l’Union Bhartiya Kisan, une figure importante de l’agitation de 2020, a souligné l’importance de mettre en œuvre les recommandations faites par M S Swaminathan, plutôt que de simplement l’honorer à titre posthume.

« C’est une bonne chose que le gouvernement ait honoré M S Swaminathan de la plus haute distinction civile à titre posthume. Mais ce qui est plus important pour les agriculteur·trice·s, c’est que les gouvernements mettent en œuvre les recommandations de M S Swaminathan et en fassent une garantie juridique. »

1 tracteur, 1 village, 15 personnes, 10 jours – la formule qui a soutenu un mouvement paysan pendant 13 mois en Inde

En 2020, le gouvernement indien a introduit trois lois agricoles controversées qui, selon les agriculteurs, visaient à corporatiser le système agricole sans s’attaquer aux causes profondes de la détresse. Les protestations véhémentes menées par les agriculteur·trice·s pendant 13 mois ont contraint le gouvernement indien à retirer ces lois.

Tikait a décrit leur stratégie pendant les manifestations : “Il n’a pas été facile de protester pendant 13 mois, car cela s’étendait sur plusieurs saisons. Nous avons donc suivi une formule selon laquelle chaque village envoyait un tracteur transportant 15 personnes jusqu’à la frontière de Delhi et, au bout de 10 jours, ces personnes revenaient tandis qu’un autre groupe du village les remplaçait. Il s’agissait d’une démonstration de force et de solidarité de la part des agriculteur·trice·s indien·ne·s, qui s’inscrivait dans une réalité liée à la baisse des revenus et à l’augmentation des dépenses

En retirant les lois en 2021, le gouvernement indien s’est également engagé à aborder la question du prix minimum de soutien, mais aucun progrès n’a été réalisé depuis.

S’adressant à TRT World lors de la commémoration du 13 février, Chukki Nanjudaswamy, de l’association des agriculteur·trice·s de l’État de Karnataka, a regretté le manque d’action du gouvernement concernant la détresse rurale et l’absence de législation garantissant le prix minimum de soutien. « Nous avons été victimes d’un système néolibéral et de catastrophes climatiques. Aucun gouvernement ne se penche sur la question. Ils auraient dû au moins organiser une discussion sérieuse au Parlement. Plus de 25 % de notre population a quitté les zones rurales au cours de la dernière décennie. »

Devinder Sharma, également présent lors de la cérémonie à Bangalore, a souligné le caractère mondial de la crise des paysan·ne·s, citant les manifestations en cours en Europe pour réclamer des prix équitables pour les produits et un plus grand soutien de l’État à la transition agroécologique. Il a mis en garde contre les dangers de la mondialisation, faisant écho aux précédentes mises en garde du professeur M.D. Nanjundaswamy concernant ses implications pour les agriculteur·trice·s.

« De l’Europe à l’Inde, les petits producteur·trice·s de denrées alimentaires descendent dans la rue pour protester contre les tentatives visant à rendre l’agriculture non viable pour eux·elles. Alors que la tendance mondiale s’oriente vers l’agriculture industrielle et l’agrotechnologie, avec l’émergence d’usines agroalimentaires à grande échelle, le modèle agricole traditionnel est confronté à des menaces existentielles », a-t-il déclaré. M. Sharma a également cité des exemples de protéines fabriquées en laboratoire qui remplacent les protéines réelles, comme l’approbation récente de la viande cultivée en laboratoire aux États-Unis. Il a averti que cette tendance poussait l’agriculture vers un avenir dystopique où les agriculteur·trice·s seraient marginalisé·e·s, faisant écho aux préoccupations exprimées par le professeur M.D. Nanjundaswamy il y a plusieurs dizaines d’années.

« La situation critique des agriculteur·trice·s indien·ne·s est un microcosme d’une crise mondiale qui touche les petit·e·s agriculteur·trice·s du monde entier. En 2020, les agriculteur·rice·s indien·ne·s ont fait preuve de résilience en manifestant pendant 13 mois. Nous pouvons recommencer, et nos villages observent attentivement ce qui se passe. Le gouvernement peut apporter une solution en un rien de temps s’il le souhaite sincèrement. Il suffit d’adopter une loi qui garantisse le PMS », rappelle Yudhvir Singh, de la Bhartiya Kisan Union, qui a également assisté à l’anniversaire de la naissance du professeur M.D. Nanjudaswamy.

« Le professeur MDN avait cette étrange capacité à relier les luttes mondiales, car il reconnaissait les réalités partagées par les paysan·ne·s du monde entier. Il a été l’un des fondateurs du mouvement paysan mondial La Via Campesina il y a trente ans, un excellent organisateur qui a rassemblé de nombreux mouvements paysans. Aujourd’hui, nous devons nous souvenir de son héritage alors que nous assistons une fois de plus à la mobilisation mondiale des petit·e·s producteur·trice·s du monde entier pour obtenir de meilleurs prix. » Le professeur Ravivarma Kumar, ancien procureur général du Karnataka et actuel membre du Comité international de coordination de La Via Campesina, s’est souvenu du légendaire leader paysan.

Le syndicat des agriculteurs de l’État de Karnataka, qui a organisé la manifestation de Bangalore, a également publié une résolution appelant le gouvernement indien à protéger ses stocks alimentaires publics et ses programmes d’approvisionnement, ainsi que les aides nationales aux intrants agricoles lors de la 13e réunion ministérielle de l’OMC qui se tiendra à Abou Dhabi à la fin du mois. « L’Inde devrait résister à la pression de ces pays développés, car cela pourrait compromettre la sécurité alimentaire d’autres pays en développement, y compris l’Inde elle-même. Pour garantir la souveraineté des agriculteur·trice·s, telle qu’elle est défendue par le KRRS depuis les années 1990, nous demandons que l’agriculture reste en dehors des négociations de l’OMC », peut-on lire dans la résolution.

L’association des agriculteur·trice·s de l’État a également condamné l’attaque israélienne contre Gaza. « Nous demandons à notre gouvernement d’intervenir et de soutenir l’appel mondial en faveur de la paix à Gaza, d’exiger la fin immédiate de cette guerre et de demander à Israël de retirer immédiatement ses troupes afin de sauver les cinq millions de Palestinien·ne·s de Gaza et de Cisjordanie de la famine, de la mort et du meurtre. »

La résolution demande également l’interdiction stricte de l’expérimentation et des essais en plein champ de toutes les cultures transgéniques, y compris la moutarde transgénique tolérante aux herbicides. « L’introduction de moutarde tolérante aux herbicides dans les champs des agriculteurs sous le couvert de la technologie hybride est trompeuse, en particulier lorsque des hybrides non génétiquement modifiés sont facilement disponibles. Le gouvernement du Karnataka peut créer un précédent fort pour les autres États en interdisant la moutarde transgénique et toutes les autres cultures génétiquement modifiées dans l’État et en demandant instamment au gouvernement central de révoquer son approbation antérieure ».

le monde international article du 2024/02/17

En-inde-modi-defie-par-une-nouvelle-manifestation-de-masse-des-paysans

Des dizaines de milliers de paysans indiens ont commencé une nouvelle marche vers la capitale, baptisée « Delhi Chalo » (« en route pour Delhi »), à l’appel de deux cents syndicats d’agriculteurs. Ils se sont mis en branle avec tracteurs et remorques, mardi 13 février, partis du Penjab, le grenier de l’Inde, et de l’Haryana, avec la ferme intention de bloquer New Delhi. L’histoire se répète : ils avaient déjà campé aux portes de la capitale entre novembre 2020 et novembre 2021, la plus longue grève de l’histoire de l’Inde. Ils avaient regagné leurs champs après avoir obtenu le retrait de trois lois de libéralisation des marchés agricoles. Une immense victoire, remportée à un prix très lourd. Sept cents paysans sont morts durant le siège de la capitale.

Toutes les promesses n’ont pas été tenues. Le gouvernement avait lancé la création d’un groupe chargé d’examiner la possibilité d’imposer des prix minimum garantis pour les récoltes dans l’ensemble du pays. Mais aucune décision n’a été prise. Cette question est au cœur de la nouvelle marche.

Les paysans réclament l’instauration de tarifs minimum pour toutes leurs productions, pas seulement le blé, le riz et la canne à sucre, comme c’est le cas aujourd’hui. Ce système permet de protéger les agriculteurs de la volatilité des cours, les pouvoirs publics intervenant lorsque les prix du marché passent en dessous du tarif minimum garanti.

« Des années de négligence »

Les syndicats demandent aussi une pension de 5 000 roupies (55,8 euros) pour les agriculteurs, un allègement de leur dette et le retrait des poursuites judiciaires engagées lors des précédentes manifestations. Ils exigent enfin que l’Inde quitte l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pour se protéger de la concurrence de l’étranger. Février 14, 2024 AMNESTY INTERNATIONALES

Inde. Les restrictions croissantes et l’escalade de la répression contre la marche des paysans menacent le droit de manifester pacifiquement

En réaction aux restrictions croissantes et à l’escalade de la répression imposées par les autorités indiennes face à la marche pacifique des paysans, baptisée « Dilli Chalo », Aakar Patel, président du conseil exécutif d’Amnesty International Inde, a déclaré :

« Au lieu de faciliter le droit de manifester, le gouvernement indien déploie encore une fois beaucoup d’efforts pour réprimer les manifestations pacifiques des paysans à travers le pays. La marche ” Dilli Chalo “ se heurte à la répression, ce qui va à l’encontre de l’obligation du gouvernement de ne pas restreindre les rassemblements pacifiques de manière inutile ou disproportionnée.

« Les autorités indiennes doivent désamorcer sans attendre la situation et garantir les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et de circulation. Elles doivent condamner toute allégation de recours inutile et excessif à la force par les forces de l’ordre contre les manifestations d’agriculteurs dans le pays et mener des enquêtes efficaces. Les gaz lacrymogènes ne doivent être utilisés qu’en dernier recours pour faire face à une violence généralisée, après avoir évalué précisément les risques, lancé un avertissement verbal et donné aux participants la possibilité de se disperser.

« En outre, les grenades lacrymogènes ne doivent pas être larguées par des drones, au risque d’exposer les manifestants à des quantités excessives de substances chimiques, de provoquer panique et désorientation, et d’empêcher les manifestants d’identifier le meilleur itinéraire pour se disperser.

« Amnesty International engage les autorités indiennes à cesser d’écraser la dissidence pacifique et à lever toutes les restrictions injustifiées qui entravent les manifestations pacifiques dans le pays, notamment les interdictions générales, les coupures d’Internet empêchant la diffusion d’informations en temps voulu, ainsi que l’usage illégal de la force par les responsables de l’application des lois et l’arrestation et la détention arbitraires de manifestant·e·s pacifiques. »

Complément d’information

Plus de 200 syndicats agricoles indiens participent à la marche du « Dilli Chalo » depuis les États du Pendjab, de l’Haryana et de l’Uttar Pradesh, dans le but de parvenir jusqu’à la capitale, New Delhi. Ils portent 12 revendications, notamment la garantie légale d’un prix minimum de soutien pour toutes les récoltes, promesse faite par le gouvernement en 2021. D’après les informations dont dispose Amnesty International, la marche est pacifique, car elle ne donne pas lieu à des violences graves et généralisées, et est par conséquent protégée par les normes internationales relatives au droit à la réunion pacifique.

Les autorités ont imposé l’article 144 du Code indien de procédure pénale, qui interdit les rassemblements de plus de quatre personnes, à trois frontières de Delhi et dans 15 districts de l’État de l’Haryana. L’accès à New Delhi est bloqué par d’importantes barricades et un vaste déploiement de forces de sécurité, la mise en place de blocs de béton, de clous en fer et de fils barbelés, et Internet est coupé dans au moins sept districts de l’Haryana. Ces restrictions injustifiées constituent une violation du droit de réunion pacifique.

Le 13 février, certains des paysans mobilisés, près de la frontière de Shambhu en périphérie de Delhi, ont commencé à écarter les barricades pour poursuivre leur avancée. Ces actes n’ont pas entraîné un usage de la force susceptible de provoquer des blessures ou des décès, ni des dégâts matériels graves, et ne justifiaient donc pas l’intervention de la police pour disperser le rassemblement. Pourtant, la police de l’Haryana a tiré des salves de gaz lacrymogènes, y compris à l’aide de drones, pour disperser les manifestants. C’est la première force de police en Inde à utiliser des drones pour larguer des grenades lacrymogènes afin de disperser une manifestation.

D’après des sources policières, au moins 4 500 grenades lacrymogènes ont été tirées pendant six heures. Les leaders du mouvement paysan ont affirmé que certaines ont été larguées sur des fermiers âgés qui attendaient un peu plus loin sur des remorques de tracteurs. Ils ont ajouté que la police détenait une dizaine de paysans depuis mardi 13 février et que plusieurs manifestants ont été blessés par des tirs de projectiles à impact cinétique (balles en caoutchouc).

Argentine : l’élection de Javier Milei

En haut à droite : “Ici les forces du ciel nous disent qu’il ne faut pas sous-estimer les forces du sol”* ; En bas à gauche : “DNU dehors Milei, la caste ne sont pas les libres du Sud/travailleurs” ; En bas-milieu : “Milei je te défie de vivre avec le salaire de ma mère”

Dans cette émission, il sera fait un état des lieux de l’Argentine, des dynamiques à l’œuvre ayant conduit à l’élection du président libertarien argentin Javei Milei, le 19 novembre 2023. Avec notre invitée, Lauriane de la commission Amérique Latine du Nouveau Parti Anticapitaliste, nous nous entretiendrons du profil politique du nouveau président, de ses liens avec les extrêmes-droites, et bien sûr de ses politiques. Le 24 janvier 2024, jour d’appel à la grève générale, se tenait de nombreuses manifestations à travers le pays afin de contester deux énormes trains de mesures : la loi dite Ómnibus et le Décret de Nécessité et d’Urgence (DNU) ; lesquelles entraîneraient si elles étaient adoptées, de profonds reculs des droits sociaux et politiques, mais aussi des mesures répressives et quantité de dérégulations. C’est à cette attaque brutale que répond une partie de la population argentine, par cette première journée de mobilisation d’ampleur.

Commentaire de slogan
*Par rapport à la référence inscrite sur le ballon visible dans la vignette d’illustration : “Les forces du ciel” font initialement référence à une citation de l’Ancien Testament, écrits au IIe siècle avant notre ère et traitant des révoltes des Maccabées. « À la guerre, la victoire ne dépend pas du nombre de soldats, mais des forces du ciel. ». Un article de Clarin en date du 10 décembre 2023 nous apprend que Javier Milei se serait référé pour la première fois à cette citation en 2021, pour faire référence au protestations sociales à Cuba, et une autre fois, selon lui, afin de répondre à ceux qui remettaient en question le poids de son nouveau et alors minuscule parti, La Libertad Avanza (LLA), au Congrès. Après quoi, avec notamment l’usage des réseaux sociaux, ses militants auraient repris à leur compte l’expression, jusqu’à s’en faire une identité. L’expression a depuis été réutilisée, et a servi allégrement dans le merchandising de la campagne présidentielle du nouveau président argentin, devenant également un meme, comme le fut le slogan Make America Great Again pour Donald Trump aux États-Unis. Toutefois, cette première expression se distingue par sa dimension messianique, et vient renforcer la dimension de figure providentielle et d’outsider de Milei. Les forces du ciel ne sont de sorte pas juste ses militants, mais constituent aussi la force et la ferveur qui anime sa politique et ses partisans. A la manière de David contre Goliath d’une certaine façon. On comprendra donc que l’inscription sur le ballon en haut à droite de la vignette d’illustration « Ici les forces du ciel nous disent qu’il ne faut pas sous-estimer les forces du sol », constitue une réponse à l’ambition de Milei et de ses partisans, non sans une certaine ingéniosité dans sa réarticulation : le ciel fait référence au ballon, lequel n’est en réalité qu’une balise pour se rendre visible, à la manière d’une ancre rattachée à la terre. Terre qui se trouve être les masses manifestantes, présentes en nombre ce jour-là. Une manière de ramener symboliquement le président argentin à la réalité, et de signifier que si le ciel pouvait insuffler et guider les foules, il pouvait également soulever des montagnes.

Lien vers le site de l’Assemblée de Citoyens Argentins en France (ACAF) : lien
Lien vers le site H.I.J.O.S. Paris : lien

NOS VOEUX avec le Poing de Montpellier et la grand goule

La rédaction du Poing vous souhaite ses meilleurs vœux pour 2024 ! Nous avons fouillé dans nos archives pour vous proposer un petit bilan de l’année écoulée dans le Clapas

Bon, qu’on se le dise, 2023 était quand même bien pourrie. Peut-être moins pire que 2020 et ses confinements, mais quand même : records de températures, massacres dans la bande de Gaza, gouvernement macroniste toujours plus en roue libre… Petit tour d’horizon (non-exhaustif) d’un an d’actu dans la 7ème ville de (F)rance.

Un mouvement massif contre les retraites

2023 a démarré en fanfare : la réforme des retraites, mesure phare du second quinquennat Macron, a largement mobilisé dans les rues de Montpellier. Premier round massif le 19 janvier dans les rues de la “surdoue”, avec 25 000 personnes à battre le pavé, à l’appel de l’intersyndicale, suivi de son lot d’actions (blocage du dépôt pétrolier de Frontignan, rassemblement devant les locaux du MEDEF, manifs sauvages avec feux de poubelles) et de mobilisations sectorielles, notamment chez les cheminots, dans l’éducation nationale ou chez les étudiants, notamment en fac de sciences, pourtant peu connue pour se mobiliser en période de mouvement social. Autre moment important de cette séquence : la visite de Macron à Ganges, fortement perturbée par des manifestants, aussitôt réprimés.

Manifestation du 7 février à Montpellier contre la réforme des retraites. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

Une mobilisation quantitativement importante (jusqu’à 40 000 personnes le 7 ou le 22 mars), mais insuffisante pour faire plier Macron et son gouvernement. Comment l’expliquer ? Dans un article d’analyse publié dans notre numéro 36 (printemps 2023), une étudiante pointait du doigt la difficulté d’organiser et de coordonner des assemblées générales de luttes : « On a eu la sensation d’atteindre un plafond de verre assez vite, dans le nombre de secteurs représentés. La plupart de ces secteurs étaient déjà connectés avant la première AG : les cheminots venaient souvent sur le campus, les autres secteurs représentés se retrouvaient régulièrement sur des actions. Malgré une présence collective sur les piquets de grève, l’AG interpro n’a pas réussi à drainer d’autres salarié·e·s mobilisé·e·s sur la ville, comme les travailleur·ses de la TAM, de Nicollin, ou de l’énergie. Un faible investissement dans l’orga, accentué par la fonte des taux de grévistes au quotidien, a découragé. Le bilan n’est pas nul, à défaut d’une direction locale et démocratique pour le mouvement, les liens entre participant·e·s se sont resserrés, on a pu organiser une belle soirée de soutien à la grève le 6 avril. »

Cette désaffection des assemblées générales professionnelles peut aussi s’expliquer par la multiplication des contrats de travail courts et précaires, très exposés à la répression patronale, l’inflation importante pesant lourdement sur les petits salaires, etc. La grève dans le privé, notamment dans les PME, était faible. Une culture de la grève ne se construit pas en quelques semaines, et les projets de massification des arrêts de travail ne se situent pas sur la même temporalité que la lutte sur les retraites.

Les assemblées de luttes autonomes, comme celles initiées par le groupe Montpellier contre la vie chère, n’ont pas non plus rassemblées les masses, bien qu’elles aient conduits à mener plusieurs actions : barrages filtrants, tractages, blocages de sites jugés moteurs dans l’économie locale.

Assassinat de Nahel : la ville s’est embrasée

27 juin. Nahel, un jeune de Nanterre, se faisait tuer par un policier. Des émeutes ont eu lieu dans tout le pays en signe de protestation. A Montpellier, les quartiers Mosson-La Paillade ont rejoint la révolte dans la nuit du 29 au 30 juin. Barricades incendiées, bris de vitres du bureau de police Nord, tirs de feu d’artifice, pillage de l’Aldi Saint-Paul, caméras cassées… France 3 notait qu’une « personne âgée de 71 ans a également été admise au CHU de Montpellier […] elle aurait été victime d’un tir de LBD, un lanceur de balles de défense. »

Des affrontements ont également eu lieu à la Devèze, à Béziers (attaques de la mairie annexe, de la Mission locale et d’un distributeur automatique de billets), à Nîmes (poste de police de l’avenue Bir Hakeim visé) et à Narbonne (voitures incendiées).

Des scènes de jonctions entre militants du centre-ville et jeunes des quartiers populaires ont également été observées. Le 3 juillet, 19 personnes ont été déférées au parquet, avec des condamnations allant des travaux d’intérêts généraux à de la prison ferme.

En septembre, en réaction à ces violences policières, une manifestation réunissant un millier de personnes a été organisée à Montpellier.

Photo de la manifestation contre les violences policières organisée en septembre à Montpellier. (“Le Poing”)

Montpellier la mystique

Si Montpellier n’a pas été choisie pour devenir capitale européenne de la culture, serait-elle en train de devenir la capitale des thérapies new-age teintées d’ésotérisme ? En mai 2023, le salon du bien-être “Demain c’est aujourd’hui” accueillait au château de Flaugergues des entrepreneurs en bien-être (ainsi que des membres de la secte d’extrême-droite “Les Brigandes”). Le Poing avait sorti une enquête très détaillée à ce propos, et des sponsors s’étaient retirés de l’événement. Le salon avait d’ailleurs été pointé du doigt par l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi) pour ses risques de dérives sectaires. Le sommet aura finalement fait un beau flop, qui conduira l’organisatrice à lancer une cagnotte en ligne pour rembourser son manque à gagner et payer ses prestataires. Elle récupèrera seulement 200 euros sur les 66 000 demandés.

En septembre, des « mediums » et « guérisseuses » proposaient des « rituels de dégagement des magies noires » au plomb et autres massages, lithothérapie et « nettoyage énergétique du mauvais œil » à la journée des associations d’Antigone. En octobre, un autre salon du bien-être, “Mystic”, avait lieu au château de Flaugergues, sans médecins du CHU, mais avec son lot de « chamans », litothérapeutes et autres promoteurs de « thérapies holistiques ».

Toujours en octobre, la foire internationale de Montpellier, soutenue par la Ville, la Métropole et le Département, qui s’est tenue au parc des expositions, a encore fait la part belle aux « guérisseurs », « patriciens reiki », et « annulateurs de sortilèges »… Enfin, le salon “Bio&harmonies”, qui s’est tenu du 8 au 10 décembre dernier, également au parc des expos, mettait lui aussi en avant des « thérapies complémentaires » : « alchimie gnostique », « thérapeute dans le Quantique », « sono-thérapeute », « psychologie biodynamique », « soin spirituel »…

Enfin, en décembre, étaient organisées les journées internationales de l’Observatoire des pratiques professionnelles en santé intégrative (OPPSI), une association de promotion de cette médecine. Le congrès, finalement annulé après une saisie des autorités par l’Ordre des médecins, prévoyait d’inviter entre autres, un médecin antivax et surtout, un médecin se réclamant de la doctrine de l’anthroposophie, un courant ésotérique cité par la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires comme pouvant présenter des risques pour la population.

Ce n’était pas la première fois que le Poing évoquait dans ses colonnes l’anthroposophie à Montpellier : en septembre dernier, nous révélions que la mairie et la Métropole avaient signé un prêt à une banque citée dans un rapport de la Miviludes dans son chapitre sur l’anthroposophie, et en octobre, que le site de la Ville faisait la promotion sur son “portail des assos” en ligne d’une association dont la mission est de faire connaître cette doctrine (supprimée après publication de notre article).

L’extrême-droite toujours en embuscade

Fidèle à sa ligne éditoriale fermement engagée contre les extrêmes-droites, Le Poing a encore une fois beaucoup documenté les faits et gestes des fachos locaux en 2023.

Nous avons notamment évoqué les menaces subies par des syndicalistes du bassin de Thau durant la réforme des retraites, la complaisance de l’ancien préfet Hugues Moutouh (remplacé depuis par François Xavier-Lauch, un proche de Macron et Darmanin) avec les manifestations d’extrême-droite, les péripéties administratives conduisant à l’annulation du spéctacle de l’antisémite Dieudonné (théoriquement de retour dans le Clapas à la fin du mois), ainsi que la présence de symbole fascistes sur les tenues de policiers montpelliérains.

Nous avons également révélé que Jordi Vives, ancien cadre du groupuscule raciste et violent La Ligue du Midi, était devenu assistant parlementaire de l’eurodéputé Gilbert Collard. A l’occasion du sommet “MEET” dont nous parlions plus haut, nous avons consacré deux articles à la secte d’extrême-droite les Brigandes : l’un sur leur business immobilier et sur leurs conférences ésotériques new-age, et l’autre sur leurs liens avec Moscou et des nationalistes russes.

Nous avons relaté une série de procès opposant justement un membre de la Ligue du Midi ou un soutien des brigandes à des membres de la Ligue des droits de l’Homme.

En septembre, nouvelle révélation : une ex-cadre du groupuscule dissous Génération Identitaire fonde une association de parents d’élèves à Aniane, petit village héraultais. Une information ensuite reprise par Libération en citant Le Poing.

Nous avons aussi beaucoup parlé de Béziers et de son sulfureux maire Robert Ménard : son refus de marier un couple car l’époux était sous un régime d’obligation de quitter le territoire français, son obstination à mettre des crèches de Noël dans sa mairie malgré les refus successifs du tribunal administratif, et de sa politique de fichage des propriétaires de chiens. De plus, nous avons discuté avec Daniel Kupferstein, réalisateur qui a filmé cette ville pendant sept ans pour en faire un documentaire sur la gestion municipale de Ménard.

Grève chez Onet : l’évènement social de la rentrée

Un phare dans la nuit” selon certains militants. il faut dire que cette grève, menée essentiellement par des femmes, souvent issues de l’immigration, en temps partiel imposé et sans grande culture syndicale, a suscité beaucoup d’attention de par sa longévité : le 13 septembre, les salariés d’Onet, entreprise qui gère le nettoyage du CHU de Montpellier, se sont mis en grève pour demander pour demander des augmentations de salaires, une prime équivalente au treizième mois et pour marquer leur refus d’un dispositif de contrôle sur téléphone où elles devaient rendre compte de chaque prestation effectuée dans les divers endroits qu’elles nettoyaient.

Une grève historique par sa durée, qui aura eu le soutien de députés insoumis comme Rachel keke ou François Ruffin.

Au bout de 80 jours de grève, elles ont finalement obtenu, via des négociations avec la direction, une prime exceptionnelle de 650 euros et un allègement du dispositif de traçage. 80 jours de lutte qui n’auraient sans doute pas été possibles sans un comité de soutien, rassemblant largement divers pans du mouvement social montpelliérain, qui a réuni près de 20 000 euros en organisant divers évènements pour abonder la caisse de grève.

Les salariées d’Onet étaient en première ligne de la manifestation intersyndicale du 13 octobre à Montpellier. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

Toujours aux côtés de celles et ceux qui luttent, Le Poing a également couvert le mouvement des coursiers en lutte contre les plateformes de livraisons pour plus de droits, le combat des intermittents du spectacle pour la défense de leur statut, celui des profs contre la réforme des lycées pro ou des étudiants contre la sélection à l’université, la grève historique des attachés parlementaires en novembre ou plus récemment celle des salariés de l’association Issue, qui militent pour le renouvellement des contrats dans un accueil de jour pour des personnes à la rue, mais encore la mobilisation écologiste contre les travaux du LIEN au nord de Montpellier, jugés illégaux.

Fait cocasse, quand Michaël Delafosse, maire “socialiste” de Montpellier, se vante de “grignoter de l’espace aux voitures” en mettant en place la gratuité des transports (opérationnelles depuis fin décembre), alors que son comparse lui aussi socialiste Kléber Mesquida, à la tête du Département, fait construire un échangeur autoroutier qui va augmenter le trafic. N’y aurait-il pas une dissonance cognitive dans les rangs du PS héraultais ?

Massacres à Gaza : réaction populaire

Une actu chasse l’autre. C’est celle, dramatique, provoquée par l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, qui a agité les rues montpélliéraines en cette fin d’années. Malgré des tentatives d’interdictions par la préfecture (retoquées par le tribunal administratif), pas moins de dix manifestations réunissant parfois plusieurs milliers de personnes se sont enchainées tous les samedis dans le Clapas depuis octobre, avec la dernière en date, celle de la veille de Noël dans le quartier de la Paillade.

Image de la manifestation du 28 octobre en soutien à la Palestine sur la Place de la Comédie. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

L’une d’elle a été marquée par une interpellation pour apologie du terrorisme, après qu’une personne ait qualifié l’attaque du 7 octobre comme un “battement d’aile de papillon” pour la résistance palestinienne. Des propos tenus en fin de manifestation alors que les organisateurs étaient déjà partis. L’homme sera jugé en février. Les organisateurs des manifestations avaient alors dénoncé une “instrumentalisation” politique et médiatique pour masquer le caractère légitime de la mobilisation.

Par ailleurs, les organisations mobilisées ont dénoncé le 11 décembre dernier devant la mairie de Montpellier la position de la Ville sur le conflit en cours et ont demandé (sans succès) à Michaël Delafosse, d’adopter en Conseil municipal une motion en faveur d’un cessez-le-feu.

Car depuis 1977, les élus locaux montpelliérains célèbrent, à l’initiative du centre culturel juif de Montpellier, la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Et plus récemment, Michaël Delafosse a déclaré ;“il est mensonger de parler d’apartheid Israélien”.

Enfin, la fin de l’année a été marquée par la mobilisation contre la loi immigration de Darmanin. Des rassemblements et manifestations ont été organisées à Montpellier.

De notre côté, dix ans et un salarié

Pour la presse indépendante, 2023 a été une année riche : les camarades de la revue Frustration et du média Marseillais CQFD nous ont rendu visite à Montpellier, on s’est tous fédéré autour des états généraux de la presse indépendante le 30 novembre dernier à Paris pour porter des revendications, et la mobilisation devrait continuer en 2024.

Pour Le Poing, 2023 fut l’année des dix ans d’existence, une durée de vie inespérée pour un petit canard comme le notre (un numéro papier spécial anniversaire paraîtra le 12 janvier), mais aussi celle de l’embauche de son premier salarié à temps partiel. On a aussi commencé nos ateliers d’éducation aux médias et à l’information dans des établissements scolaires, et on compte bien poursuivre ! Cependant, la suite demeure précaire. Pour qu’on dure dix ans de plus (et c’est tout ce qu’on peut nous souhaiter en ce début d’année), une seule solution, vu qu’on refuse la pub et l’asservissement à un milliardaire : abonnez-vous à notre journal papier ou faites un don !

Sur ce, la rédaction du Poing vous souhaite une excellente année 2024, pleine de luttes et (on l’espère), de victoires !

Bilan 2023 de la Grand Goule journal militant du limousin

une répression des mouvements sociaux en pleine expansion !

Le premier semestre 2023 a largement exprimé une forte colère sociale, avec la mobilisation contre la réforme des retraites et la lutte contre les mégabassines, puis avec les émeutes déclenchées par le meurtre de Nahel, adolescent abattu à bout portant par un policier le 27 juin lors d’un contrôle routier à Nanterre. Le bilan que l’on peut tirer de cette année est aussi celui d’une répression de plus en plus violente – au total, ce sont des milliers de manifestant-e-s et d’émeutiers qui ont été blessés, interpellés ou poursuivis devant les tribunaux.

Le 5 avril dernier, le ministre de l’Intérieur Darmanin avait menacé de supprimer les subventions de la LDH parce qu’elle dénonçait dans les médias l’« usage disproportionné » d’armes (grenades, LBD…) par les forces de l’ordre le 25 mars, lors de la manifestation antibassines interdite de Sainte-Soline, ainsi que leur refus de laisser les secours accéder aux blessé-e-s. Le 10 juillet, la LDH a néanmoins rendu public son rapport sur ces faits. Ont ainsi été mis en relief que – pour défendre un trou – plus de 5 000 grenades ont été lancées contre les manifestant-e-s, et 3 200 gendarmes, 9 hélicoptères, 4 blindés et 4 camions à eau ont été mobilisés. Ces chiffres montrent une nette augmentation des moyens mis en œuvre par l’Etat français pour « maintenir l’ordre », en comparaison par exemple avec les affrontements sur la ZAD de Sivens le 25 octobre 2014, où il n’a paraît-il été tiré « que » 237 grenades lacrymogènes, 38 grenades GLI-F4 et 23 grenades offensives F1 – et où l’une de ces dernières a tué Rémi Fraisse.

L’Etat français a plusieurs fois été épinglé par des institutions telles que l’ONU ou le Conseil de l’Europe pour la violence de ses troupes, mais il n’en a cure. En 2023, il a multiplié les mesures coercitives : innombrables interdictions de manifester (que ce soit contre les mégabassines1 ou pour dénoncer les bombardements de Gaza après le 7 octobre) ; renforcement de la surveillance des populations – par l’utilisation des drones, de la reconnaissance faciale ou du prélèvement d’ADN 1 C’est même depuis septembre 2021 que les manifestations antibassines font l’objet d’arrêtés d’interdiction systématiques. – ainsi que des contrôles policiers, notamment à l’encontre de personnes venant soutenir des prévenu-e-s lors de procès. La décision qu’a prise, le 21 juin, le conseil des ministres de dissoudre les Soulèvements de la Terre n’est tombée à l’eau que grâce à l’avis négatif rendu à son sujet par le Conseil d’Etat le 9 novembre.

Concernant la lutte contre la réforme des retraites : d’après Darmanin le 5 avril, il y avait eu alors, depuis le 16 mars – jour où le gouvernement a utilisé l’article 49-3 pour faire passer sa réforme des retraites –, 1 851 interpellations. Pendant ce mouvement, des centaines (au moins) d’arrestations préventives ont eu lieu, à ajouter aux milliers d’interpellations lors des manifestations, et des centaines de personnes ont été blessées (dont quatre manifestant-e-s et un journaliste gravement) . Actuellement, plus de 400 militant-e-s de la CGT sont poursuivis en justice, selon ce syndicat , et plus de 1 000 sont menacés de licenciement, des procédures à leur encontre étant en cours dans les entreprises. Par exemple, le secrétaire général de la fédération mines-énergie Sébastien Ménesplier a été entendu par la gendarmerie à Montmorency dans le cadre d’une enquête sur des coupures d’électricité en mars. La FSU signale de son côté une hausse des signalements dans la fonction publique ; et Solidaires fait état de conseils de discipline à la Poste et de mutations forcées dans l’Education nationale.

Concernant les émeutes du 27 juin au 3 juillet : selon le ministère de la Justice, le 6 juillet, il y avait eu au niveau national 3 693 personnes interpellées, donc 31 % de mineurs. Le 19 juillet, Dupond-Moretti a parlé de « 1 278 jugements, avec 95 % de condamnations, 1 300 déferrements au parquet, 905 comparutions immédiates, 1 056 personnes condamnées à une peine d’emprisonnement, dont 742 à une peine ferme avec un quantum moyen des peines fermes de 8,2 mois, et 600 personnes incarcérées ». Pour rappel, pendant les trois semaines d’émeutes déclenchées, le 27 octobre 2005, par la mort des adolescents Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois lors d’une coursepoursuite avec la police, il n’y avait eu « que » 400 peines de prison ferme. En 2023, jusqu’à 45 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés – contre 11 000 en 2005. Au moins 10 personnes ont été gravement blessées (le plus souvent éborgnées par des tirs, de LBD ou autres grenades) et il y a eu deux morts.

Le procès « mégabassines » de Niort Deux épisodes judiciaires se sont déroulés, le 8 septembre et le 28 novembre, au tribunal correctionnel niortais sur la thématique « mégabassines ». Un dossier a en effet été monté sur cette thématique pour inculper neuf personnes : il mêle diverses « affaires » et vise des militants de diverses organisations… en les incriminant pour l’essentiel à partir de vidéos ou d’articles mis en ligne par ces organisations. Les 1 neuf prévenus ont comparu libres, le 8 septembre après-midi, au tribunal correctionnel de Niort. Sébastien Wyon (de la Confédération paysanne), Joan Monga et Nicolas Bauvillain (de Bassines non merci, BNM) sont poursuivis pour « vol aggravé »2 car « commis en réunion » pendant le « printemps maraîchin » des 25- 27 mars 2022 à La Rochénard. Lors de cet événement festif qui a réuni plusieurs milliers de personnes contre la création des 16 « retenues d’eau » prévues dans la région par le protocole d’accord de la Coop de l’eau3 , deux tuyaux de canalisation d’irrigation ont été déterrés et découpés, puis un bout en a été « frauduleusement soustrait » et 1 « A Niort, un procès des antibassines fourre-tout et sous haute tension », Politis, 8 septembre 2023. 2 Ils le sont aussi pour avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes et d’ADN. 3 Les travaux pour creuser celle de Priaires – la troisième de ces 16 mégabas- sines – ont démarré le 28 août. emporté – une action revendiquée par plusieurs organisations4 . Julien Le Guet (porte-parole de BNM) est quant à lui inculpé pour organisation d’une manifestation non déclarée et « participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou dégradations de biens, vol et dégradations » lors de la « grillade party » du 2 octobre 2022 à Sainte-Soline – une manifestation où une cinquantaine de personnes avait été empêchée par la police de piqueniquer sur un terrain. Ce militant est aussi accusé d’avoir démonté une grille à cette occasion. Cinq des neuf prévenus sont poursuivis pour organisation d’une manifestation interdite le 29 octobre 2022 : Julien Le Guet, Joan Monga, Nicolas Garrigues (porte-parole des Soulèvements de la Terre), Hervé Auguin (codélégué départemental Solidaires 79) et David Bodin, secrétaire de l’union départementale 4 Toutes ces manifestations interdites ont été soutenues par… 150 à 200 orga- nisations. CGT. Les syndicalistes de Solidaires et de la CGT sont en fait là parce qu’ils ont déposé, au nom de leurs organisations respectives, une déclaration de manifestation et que la préfecture a ensuite interdit cette manifestation. L’organisation d’une manifestation interdite est un délit passible de 6 mois d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, alors que la participation à une manifestation interdite n’est passible que d’une amende forfaitaire de 135 euros… Ces cinq prévenus sont également inculpés pour organisation d’une manifestation interdite le 25 mars 2023, et deux autres personnes avec elles : Nicolas Girod (ancien porteparole de la Confédération paysanne) et Benoît Jaunet (porte-parole de la Confédération paysanne 79), parce qu’ils ont participé au convoi de tracteurs venus alors à Sainte-Soline. Acte I : le 8 septembre L’hétérogénéité du dossier et le nombre des prévenus ont conduit le président du tribunal à ne pas procéder par individu, mais par ordre Des interpellations et des condamnations en lien avec les émeutes du printemps ont toujours lieu (les gardes à vue ont ainsi dépassé les 4 000), notamment « grâce » à l’exploitation de la vidéosurveillance, aux tests ADN réalisés sur les projectiles ou les véhicules, et à la géolocalisation des téléphones. Par exemple, le 4 décembre à Brest, un jeune homme a pris douze mois de prison ferme pour « dégradation » du tennis-club, tandis que, à Gaillon dans l’Eure, quatre personnes dont deux mineurs étaient placées en garde à vue pour des tirs de mortier contre les forces de l’ordre. Ces procès qui se déroulent à bas bruit aboutissent, d’après l’AFP4 , « dans de nombreux 4 « Emeutes après la mort de Nahel : cinq mois après, les enquêteurs voient cas à des condamnations en justice [mais] il n’existe pour l’instant pas de statistiques nationales sur ce sujet ». Concernant la lutte contre les mégabassines : à Sainte-Soline le 25 mars, il y a eu au moins 200 blessée-s chez les manifestants – une quarantaine gravement, dont deux dans le coma. Plus de 24 000 contrôles de véhicule ont été réalisés, selon Darmanin, et des arrestations opérées sur la seule base d’un marquage chimique (un… journaliste a ainsi effectué 28 heures de garde à vue). Le procès de Niort portant entre autres sur cette manifestation (voir l’article suivant) montre une fois de plus que des moyens d’enquête d’ordinaire utilisés contre le terrorisme ou le le bout du tunnel », Nice-Matin du 5 dé- cembre 2023. grand banditisme – ainsi la section de recherches de Poitiers – peuvent être employés pour des infractions rangées en bas de l’échelle pénale (tel l’« emprunt » d’un bout de canalisation) afin de dramatiser un dossier. Aujourd’hui comme hier, les poursuites judiciaires traduisent la volonté gouvernementale de criminaliser les mouvements sociaux. Et, sous Macron comme sous Hollande auparavant, ces poursuites contribuent, avec les violences policières, à servir les intérêts des capitalistes – que ce soit pour imposer une réforme du code du travail ou des retraites ou pour faciliter l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie.

NOTE : A Paris, du 16 au 20 mars, 790 personnes ont été interpellées lors de « nasses », et 200 ont été blessées rien que le 1er Mai. « Mobilisation contre la réforme des retraites : plus de 400 militants CGT sont visés par des poursuites judiciaires après des actions », Franceinfo, le 6 septembre 2023.

Abrogation de la loi Darmanin : manifestation du 14 janvier 2024

Des milliers de personnes ont défilé dimanche à Paris et dans une trentaine de villes de France pour demander l’abrogation de la loi asile et immigration le dimanche 14 janvier dernier. Le Conseil constitutionnel, saisi du texte, doit se prononcer sur sa conformité le 25 janvier, alors que, plusieurs dispositions adoptées par le Parlement seraient anticonstitutionnelles : remise en cause le droit du sol, durcissement de l’accès au regroupement familial ou aux prestations sociales, ou encore instauration d’un quotas d’immigrés par le Parlement. Face à cette loi la mobilisation se poursuit avec un nouveau rendez- vous le dimanche 21 janvier 2024 à 14h au départ du Trocadéro.

En appel à cette mobilisation, nous vous diffusons dans une première partie d’émission les reportages que nous avons réalisé lors de la manifestation du 14 janvier dernier. Pour approfondir les questions liées au travail et à l’immigration, nous vous diffusons en deuxième partie d’émission, un montage constitué d’extraits du premier épisode d’un podcast intitulé : travailleurs détachés, les dessous d’une exploitation, que vous pourrez retrouver en intégralité sur Blast.

Pour retrouver en intégralité les deux épisodes du podcast : https://www.blast-info.fr/podcasts/travailleurs-detaches-les-dessous-dune-exploitation-fMsrQ0U-TK2vxYM-aitI2g

Dissolution des Soulèvements de la terre/Rassemblement anti-JO

Devant l’hôtel de ville à Paris, le 21 juin

Mercredi dernier était annoncé la dissolution des mouvements de la terre en conseil des ministres. Une dissolution qui n’a pas manqué d’indigner et de mettre en colère les multiples composantes de celles et ceux qui se revendiquent ou participent aux soulèvement de la terre. A Paris, devant l’hôtel de ville le soir-même, avait alors lieu un rassemblement pour protester contre la décision ministérielle. On ne dissout pas des idées. On ne saurait dissoudre non plus des liens de lutte, et encore moins un mouvement social. C’est absurde. Et dangereux.
Vous entendrez en conséquence en première partie d’émission le reportage réalisé ce mercredi 21 juin dernier, et qui appelle à un nouveau rassemblement, plus massif, le mercredi 28 juin, à place de la république à 19h.

La seconde partie d’émission quant à elle, traitera d’un rassemblement contre les jeux olympiques, vendredi 23 juin dernier, à l’occasion de la révélation de l’itinéraire de la flamme olympique. Ses détracteurs reprochent au flambeau de constituer un symbole raciste et sexiste, hérité du IIIe Reich.

Lien vers le communiqué des Ami-es des Soulèvement de la Terre
Lien vers le convoi de l’eau 18 – 27 août – Sainte-Soline–Orléans–Paris
Lien vers la campagne 100 jours pour les sécher!

Ci-après, un article de Saccage2024 sur la flamme olympique :
« Pour dévoiler le parcours de la flamme olympique, qui débute le 8 mai 2024 à Marseille, le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) a choisi de rendre hommage à Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux Olympiques modernes. Le dévoilement aura lieu le 23 juin 2023 au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, l’endroit symbolique où les JO modernes sont nés à la même date en 1894.

Pour nous, cela représente une occasion de se rappeler que les Jeux Olympiques sont nés d’un fantasme de Grèce antique d’un baron français raciste et misogyne, voire eugéniste. «Les races sont de valeur différente et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance», a-t-il dit selon Wikipédia. Ce n’est pas si étonnant que quelqu’un avec cet esprit ait activement soutenu le régime nazi : les JO 1936 ont bel et bien lieu dans la capitale du Troisième Reich, avec la grande complicité du Comité international olympique (CIO). Il est également impératif de se rappeler que le relais de la flamme olympique est une invention du secrétaire du comité d’organisation des Jeux de Berlin, Carl Diem.

Après tout cela, ce qui est étonnant, c’est que cet héritage nazi n’ait pas été abandonné jusqu’à aujourd’hui. En été 2020, à un an des JO de Tokyo reportés à cause du Covid-19, le CIO nous a carrément rappelé son origine, avec une série de Tweets montrant un film des Jeux de Berlin 1936, accompagné du hashtag #StrongerTogether. Ces Tweets ont suscité quelques indignations, mais sans éteindre la flamme.

Une dizaine des départements français (les Vosges, la Meurthe-et-Moselle, l’Indre-et-Loire, le Lot-et-Garonne, la Creuse, la Haute-Loire, la Haute-Vienne …) ont refusé d’accueillir cette flamme à cause de la somme demandée par le COJOP, qui peut atteindre jusqu’à 180 000 EUR. Nous regrettons que tous les départements n’aient pas suivi ce chemin, d’autant plus que le relais est sponsorisé par deux grandes entreprises, Coca-cola et Banque Populaire – Caisse d’Épargne. L’argent public des départements complices finance donc le convoi qui sert à la pub de ses sponsors.

Les JOP de Paris ont déjà saccagé nos espaces verts, nos habitats et nos libertés publiques. Les Jeux sont en train d’évacuer les plus précaires de la région parisienne et ce processus va s’accélérer d’ici un an, comment on a vu maintes fois ailleurs : à Pékin, à Londres, à Rio de Janeiro et à Tokyo. Pour montrer notre colère contre ce spectacle qui ne cache même pas son origine réactionnaire, nous voudrions éteindre sa flamme symbolique. »

Lien vers la brochure sur le baron Pierre de Courbetin, considéré comme “le fondateur des Jeux Olympiques modernes” : ici

Réforme des retraites : Bilan et perspectives lycéennes

Le 17 juin 2023, nous nous sommes retrouvés en studio avec des lycéens d’Hélène Boucher et de Voltaire ( Paris) mobilisé-es contre le réforme des retraites. Nous avions déjà pu les rencontrer et réaliser avec eux plusieurs reportages et émissions lors de ce mouvement social ( en réécoute et téléchargement sur ce site). A cette date et avant la période des vacances notre objectif était de revenir sur la mobilisation, d’en faire un bilan, et de voir avec eux les perspectives de luttes que la mobilisation permet.

REFORME DES RETRAITES : Manifestation 06/06 / Ne tournons pas la page

Le 6 juin dernier avait lieu un nouvel appel à manifestation contre le projet de réforme des retraites. Cet appel émanant de l’intersyndicale était la seule date qu’elle avait proposé depuis la mobilisation du 1er mai. Face à ce constat, et concernant l’ensemble de la stratégie de l ‘intersyndicale, un ensemble de personnes qui se sont rencontrés en bloquant l’incinérateur d’Issy ont décidé de continuer la lutte ensemble, et dans ce cadre, d’ interpeler l’intersyndicale en rédigeant un appel intitulé “ne tournons pas la page”. Celui ci était distribué le long du parcours de la manifestation.

Dans cette émission, vous pourrez donc entendre dans une première partie, les interviews que nous avons réalisé lors du parcours de la manifestation. Dans une deuxième partie, nous reviendrons sur l ‘ appel “ne tournons pas la page” et sur la stratégie menée lors de ce mouvement par l’intersyndicale en vous diffusant un interview réalisé avec une des personnes qui a participé à sa rédaction.

APPEL :

Adresse aux directions de la CGT, FO, SOLIDAIRES, FSU, CFDT, CFTC, UNSA, CFE-CGC :

NE TOURNONS PAS LA PAGE!

«Mesdames, Messieurs,

Nous sommes mobilisés depuis plusieurs mois contre la loi Borne. En effet, le système des retraites par répartition étant à l’équilibre, et l’heure de travail en France étant parmi les plus productives au monde, il n’y a aucune raison acceptable de repousser de 2 ans l’âge de départ à la retraite. Comme vous aujourd’hui nous exigeons l’abrogation de la loi Borne.

Emmanuel Macron, ses ministres, ses députés, ses sénateurs, et de larges pans du patronat sont heureux que la loi ait enfin pu être promulguée. Ils veulent passer à autre chose, passer à d’autres “réformes”, c’est-à-dire d’autres attaques contre les services publics, les travailleuses et travailleurs (en emploi ou non), et la jeunesse.

Par ailleurs, les candidats à la présidence du Medef réclament déjà «d’introduire une dose de capitalisation». C’est bien la mise à mort du système par répartition qui est programmée.
A l’instar des millions de manifestantes et manifestants le 1er mai, de ceux qui depuis font grève dans leur entreprise, et de tous ceux qui casserolent chaque jour les représentants de Macron, nous, nous ne tournons pas la page.

Nous sommes pour la plupart syndiqués dans vos fédérations. Nous avons pour la plupart repris le travail. Nous entendons nos collègues nous dire que «faire grève ne sert à rien». Nous pouvons les comprendre. Qui a envie de perdre du salaire “pour rien”? Nous faisons aussi le constat que 14 journées de grève réparties sur 6 mois, de janvier à juin, est une tactique qui est loin d’avoir porté ses fruits.
Le pouvoir était beaucoup plus chancelant courant mars, lors de la grève reconductible de plusieurs secteurs (cheminots, raffineurs, énergéticiens, secteur des déchets…).

Nous avons conscience, comme des millions de travailleuses et travailleurs en France, que nous devons arrêter le travail tous en même temps, pour véritablement bloquer le pays et avoir le rapport de force nécessaire pour obtenir l’abrogation de la loi Borne.

En tant que directions syndicales, vous avez le pouvoir d’appeler à la grève générale, de l’organiser et de la financer. Pas de fausse modestie entre nous. Il est insupportable d’entendre dire qu’il n’y a pas de bouton pour déclencher la grève générale, quand on voit avec quelle aisance on appuie sur le frein pour empêcher le déferlement. Vous ne pouvez pas vous défausser de vos responsabilités sur le reste de la direction de votre confédération, ou sur vos fédérations.

Si nous perdons ce combat de civilisation, celui du travail contre le capital, celui du temps libre sur le temps contraint, vous serez les coupables tout désignés de cette défaite. Vos dizaines de milliers de nouveaux syndiqués ne seront bientôt plus qu’un lointain souvenir.

Nous vous demandons donc de prendre toutes vos responsabilités, et de vous engager par écrit à :

  1.  : Cesser toute rencontre avec Macron ou ses ministres. Ne pas “négocier” d’autres contre-réformes.
    Assumer la politique de la chaise vide. Arrêter d’être des “interlocuteurs responsables”. Vous gagnerez en crédibilité auprès des seules personnes qui comptent : les travailleuses et les travailleurs.
  2.  : Appeler à la grève générale, l’organiser, et la financer.

Dans le cas contraire, nous en tirerons toutes les conséquences.»

Pour devenir signataire de ce texte :
Envoyez vos NOM, Prénom, Syndicat (Responsabilités syndicales éventuelles)
à netournonspaslapage@proton.me

REFORME DES RETRAITES : Bilan et perspectives avec les grévistes de la filière des déchets

Dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites et en appel à la manifestation du 6 juin 2023 au départ d’Invalides, nous vous diffusons aujourd’hui une émission que nous avons réalisée en studio le 2 juin 2023 avec trois gréviste de la filières des déchets.

Sabrina, Bobby et Alain sont tous les trois à la CGT FTDNEEA (Filière Traitement Déchets Nettoiement Eau Egouts Assainissement de la Ville de Paris), et participe à la mobilisation qui s’organise autour du site de l’incinérateur d’Ivry. En 2017, les syndicats CGT Nettoiement et CGT Egouts de la Ville de Paris déciaient de se réunir et fusionner en un seul syndicat. Ce syndicat rassemble et organise les corps suivants de la Ville de Paris : Eboueurs, Egoutiers, Conducteurs (CDA), Adjoints Techniques, Techniciens des Services Opérationnels et Personnels de Maitrise.

” L’histoire des luttes et la conscience de classe, fortement ancrées parmi nos syndiqués, vont résolument confirmer notre organisation sur un syndicalisme de classe, de masse, unitaire et indépendant.”

Avec eux, nous reviendrons sur la mobilisation de cette année, sur ces perspectives et sur leur manière d’envisager leur outil syndical.

RETOUR CRITIQUE PROCES 1312

L’actualité des luttes a assisté au procès du flic éborgneur qui s’est tenu au tribunal de Paris les 12, 13 et 14 décembre 2022. Nous avions besoin d’y réfléchir collectivement, car bien que nous sachions que l’institution judiciaire produit une justice de classe qui défend l’appareil répressif, certains d’entre nous ont été surpris par l’acquittement du flic. Malgré l’expérience de ce type de procès sur plusieurs dizaines d’années, l’attitude de la juge et même du procureur ont étonné. Le manque d’anticipation, de travail sur le dossier, l’absence de stratégie d’attaque ont fait de ce procès une mascarade ou la violence de l’Etat et de ses institutions n’a pu émerger.


Nous avons subit les propos mensongés de Lienard, l’avocat qui s’est fait une vocation de défendre les flics et auteur d’un livre faisant leurs louanges en regrettant qu’ils aient des complexe à appuyer trop rarement sur le gâchette dans son « force
à la loi ». Ce Lienard qui nous a dépeint son client membre de la BAC, avant d’être CRS comme un défenseur de la veuve et de l’orphelin, quasi éducateur de quartier sans aucune réaction. Une juge donnant la parole à l’accusé qui pour une fois n’est pas coutume avait tout le loisir de s’exprimer et qui la ravissait aux témoins désignés par la victime et à Laurent lui-même, sans réaction. Nous avons été choqué par les propos dégueulasses de l’enquête psychologique qui humiliait publiquement Laurent avant de relaxer son éborgneur, responsable mais pas coupable, sans réaction…

Pour témoigner, crier leurs rages ou partager leurs compte-rendu, des personnes présentes pendant les trois jours d’audience de la Cour d’assises ont écrit des textes rassemblé dans un livret de 24 pages. Le tout illustré grâce aux dessins pris sur le vif par Red et Ana Pich (qui a réalisé un BD reportage pour Contre-attaque que l’on peut retrouver ici).

Dans le même sens, cette émission, est une occasion de faire un point pour éviter les écueils et être plus armés à l’avenir avec Laurent, Red et Crayon.

Laurent a pris le temps de réfléchir au verdict et quatre mois après, il dresse ses propres conclusions dans un texte que nous reproduisons ici (à retrouver page 22 de la brochure).

” Le tribunal, temple des mensonges d’État

Il s’est passé quelques mois depuis que j’ai mangé le verdict, quelques mois pour digérer l’acquittement et finalement vomir. Ces quelques phrases seront ce qu’il reste de ce passage dans cette très basse Cour d’assises. Si j’emploie la première personne du singulier ce sera pour marquer mes défaites. J’utiliserais le nous pour nos victoires. Les deux se mêlent, car je suis Laurent Théron, et nous sommes l’Assemblée des Blessées et Désarmons-les.


J’ai fait une erreur, je me suis pris au jeu du tribunal, j’ai cru à une « victoire » possible c’est-à-dire la révocation du flic. J’ai cru aux Assises et prétendu « tribunal du peuple », j’ai voulu « jouer le jeu ». J’ai échoué, car j’ai cru un peu trop en la justice. Mon dossier était quasi limpide : un flic sans formation au maintien de l’ordre, sans permis d’utiliser les GMD, sans ordres, sans menaces, en dehors de tout cadre de légitime défense, jette une grenade dans une foule éparse et m’éborgne.
Même le rapport de l’IGPN n’était pas contre moi, et mon casier était vierge.
Alors je me suis dit que « peut-être on en tient un ». Et que sa condamnation marquerait un point de départ pour que les futurs jeteurs de grenade réfléchissent.
Quel idiot j’ai été ! C’est exactement l’inverse qui s’est produit. Les grenades sont devenues les « couilles des CRS » *, et elles sont désormais utilisées massivement sans aucune limite. Et pourquoi se limiteraient-ils ? Je n’attendais pas grand-chose de la justice, mais je n’attendais pas rien.

J’étais préparé à la « norme » : une peine avec sursis dont bénéficient les flics comme celui qui m’a rendu borgne. Mais je n’étais pas prêt à l’acquittement. Cette justice n’apporte rien d’autre que de la rancœur. C’est un sale moment à passer, à nouveau face à la police. C’est se retrouver dans un tribunal, avec ses tentures du Moyen Âge, une « cour » déguisée avec leur col en hermine, les « altesses » devant lesquelles il faut se lever et s’assoir, un lieu où le peuple est envoyé derrière des barreaux, et où les bourreaux et les bourgeois sont innocentés. C’est un moment que nous investissons comme nécessaire dans le cheminement de notre reconstruction psychologique, une attente de 6 ans et 3 mois pour mon cas, qui nous fera passer à autre chose. Il n’en est rien. C’est une violence de plus.

La violence judiciaire, c’est une violence plus sournoise, plus insidieuse que la violence policière

C’est une violence réfléchie, qui ne s’encombre pas de la légalité qu’elle nous impose, mais au contraire contournera ses propres règles pour que le policier coupable s’échappe de son banc des accusés. C’est revivre cette journée de douleurs, c’est se retrouver dans un tribunal à côté de mon criminel, c’est écouter les mensonges de ses complices, c’est être questionné avec arrogance par l’avocat du coupable.
C’est entendre ma vie privée, mon intimité, ma vie que seules quelques personnes connaissent, être entendue par des CRS, des syndicalistes de flics, que je conchie et avec qui je ne veux rien partager d’autre que ma colère. C’est entendre un verdict qui de toute façon niera à nouveau mes blessures physiques, psychologiques, sociales, familiales… C’est comprendre que ma mutilation ne servira pas à faire réfléchir, ni sur les armes, ni sur la police, ni sur la répression, même pas sur le fait que dès le lendemain Alexandre Mathieu pourra retourner balancer des grenades dans la gueule du peuple.


Un tribunal n’est pas un lieu de justice, ni de vérité. C’est le temple du mensonge, et donc DES mensonges d’État. Ces mensonges qui veulent nous faire croire que la police est là pour nous protéger, et qu’il faudrait avoir confiance « dans la justice de son pays ». La justice est le prolongement de la police. La violence judiciaire est le prolongement de la violence policière.


Durant ces quelques années avec mes camarades et ami·e·s, nous avons parcouru la France pour être aux côtés d’autres victimes et familles de victimes, nous partageons le même dégoût pour la police, dans les quartiers populaires, en manif et dans les ZAD — ce sont les mêmes flics, les mêmes armes. Durant ces 6 années et 3 mois, et pour encore longtemps je l’espère, nous avons partagé nos tristes expériences policières, aux quatre coins du pays, de l’Europe et du Monde, et heureusement j’ai eu la chance d’être informé, formé, accompagné, éduqué… par des collectifs présents depuis de nombreuses années, et finalement en faire partie. Nous avons écrit des articles, des textes, nous avons communiqué dans les médias. Nous avons fait de l’éducation populaire. Nous nous sommes rencontrés. Nous avons marché, nous avons couru, nous avons voyagé. Nous sommes lié·e·s avec les autres victimes et familles de victimes. Mais il y a une différence entre être témoin d’injustices et vivre l’injustice. C’est un fait. Je suis révolté par les morts de Lamine Dieng, d’Angelo Garrand, de Wissam El Yamni, de Babacar Gaye… des mutilé·e·s Gilets jaunes, des blessé·e·s… de toutes les victimes de la police…Pour chaque victime, et famille de victime, j’étais témoin de la violence d’État, je pouvais la sentir, mais je ne la subissais pas personnellement. Être le sujet de l’injustice a touché profondément mon cœur, mon âme, mon intelligence, mon esprit… ma partie « non-visible ». Comme personne d’autre n’a vécu ma mutilation, personne d’autre n’a subi cet acquittement comme une violence supplémentaire sur mon être.

Si la police violente nos corps, la justice violente nos « corps subtils ». (Et la prison les deux à la fois.)

La justice est bête et méchante, elle n’existe que pour faire souffrir.
Victimes, futures victimes nos victoires sont ailleurs. Pour ce procès nous avons répondu à une lettre du coupable, nous avons partagé notre critique de la police, nous avons mis en place un athénée autour de « la fabrique du non-lieu », organisé un tribunal populaire et un moment de catharsis où nous avons libéré nos paroles, nos corps, nos âmes… Des camarades de Toulouse, Montpellier, Rennes, Lille, Saint-Étienne, Grenoble, Nantes, Le Mans, Clermont-Ferrand, Paris et sa banlieue… Des camarades allemand·e·s, mexicain·e·s étaient présent·e·s à chaque évènement, nous avons crié dans les couloirs du tribunal, nous avons vécu des moments qui nous appartiennent, des souvenirs, des expériences, qui m’ont aidé, m’ont construit et qui resteront nos victoires.


C’est ça qui me réjouis, me donne de l’espoir, et m’aide à tourner une page, notre fraternité/sororité, ces formes de contre-procès populaires. Les textes de ce livret sont un témoignage, une mémoire pour les futures victimes. Mes conseils à présent. Nos blessures individuelles sont des blessures collectives. Les auteurs sont les mêmes, les armes sont les mêmes. Seuls les lieux changent. Il ne s’agit pas d’un policier, mais de LA police, sous toutes ses formes (police, gendarmerie, polices municipales, agents pénitentiaires, polices privées, etc.). Votre combat rentre donc dans un combat collectif de résistance, mais aussi historique, dans le prolongement de la résistance à l’oppression des dominants d’hier et d’aujourd’hui.


Obtenir un procès est une victoire, quand le non-lieu est la norme.
Obtenir un procès sert à fissurer un peu plus le mur de l’injustice.
Les verdicts des procès servent juste à démontrer l’a-justice.
Cette justice n’apporte rien d’autre que du mépris.
Seule la Vérité compte. La présence de la victime au tribunal doit être un moment de critique des institutions policières et judiciaires pour les victimes.
Notre parole doit être entendue, quitte à hurler, quitte à se faire sortir.


Ce n’est pas en jouant le jeu, dans le respect des institutions que nous aurons justice, c’est dans la libération de notre parole.

Notre victoire est dans la Solidarité.
Notre victoire est collective. ♠ “

Laurent Théron
avril 2023

VERBAUDET/ BLOCAGE DU LYCÉE PRO A NOISY-LE-SEC/ RÉFORME DES RETRAITES : stratégies de l’intersyndicale

Le 16 mai 2023, se tenait à paris, un rassemblement en soutien au salarié-e-s de Verbaudet en grève depuis le 20 mars 2023 pour des questions salariales. Signalons que Verbaudet est possédé par un fond d’investissement géré en autre par Édouard… Fillon, le fils de François Fillon. Vertbaudet est une entreprise française spécialisée dans le monde de l’enfant. Dans ce premier reportage, nous entendrons notamment un entretien avec une syndicaliste de Verbaudet qui nous parlera de la situation dans l’entreprise.

Dans un communiqué, la CGT Vertbaudet rapportait mardi 16 mai 2023, que son délégué syndical aurait « été embarqué devant chez lui » par ce qui semblait être des « policiers en civil » dans un « véhicule banalisé » ce mardi soir. « Plaqué sur sa voiture devant son enfant », il a ensuite été insulté de « sale gréviste », puis « copieusement gazé, frappé », avant de se faire « cracher à la figure ». Les hommes l’ont ensuite « jeté de leur véhicule » en l’ayant « délesté de son portefeuille ».

Nous poursuivrons avec un reportage réalisé les lundi 15 et mardi 16 mai 2023 lors du blocage du lycée Théodore Monod de Noisy-le-Sec à propos de la reforme du lycée professionnel. Avec une enseignante du lycée, nous reviendrons sur la signification de cette action de blocage.

Nous conclurons cette émission, avec un rassemblement qui se tenait à proximité de Matignon le 17 mai 2023, contre la réforme des retraites et l’invitation des responsables syndicaux à Matignon. Nous entendrons les entretiens réalisés avec des syndicalistes présents sur ce rassemblement.

Réforme des retraites/ Education nationale à Gennevilliers

Dans cette émission nous vous diffusons plusieurs reportages réalisés la semaine dernière. Tout d’abord, vous pourrez entendre un montage réalisé avec des prises de parole et interviews réalisés lors de l’appel à la mobilisation contre la réforme des retraites du 11 mai 2023 devant l’ Hôtel de Ville de Paris.

Ensuite, nous vous diffuserons le reportage réalisé autour de la mobilisation contre la fermeture de classe qui avait lieu le 11 mai 2023 devant l’ Hôtel de ville de Gennevilliers.

Pour finir, vous pourrez entendre deux interviews réalisés eux le 9 mai 2023 autour de la question de la répression du mouvement social à l’occasion d’un rassemblement en solidarité à deux syndicalistes de la CGT infocom qui ont été convoqués au commissariat du 3è arrondissement, après une action syndicale : traverser Paris avec des banderoles sur un camion de location. Ils ont été convoqué pour manifestation illégale et cela montre un durcissement de la répression du mouvement social à l’image des casserolades. Toute divergences par rapport à la parole présidentielles est considéré comme illégale.

Après le 1er mai, quelle suite au mouvement contre là reforme des retraites ?

Le 1er mai 2023, comme chaque année, à rassembler à travers le pays un grand nombre de manifestantes et manifestants et cette année avec un cran au-dessus avec la réforme des retraites. pendant ce temps l’inter-syndicale, appelle à une nouvelle d’action le 6 juin. Quelle suite au mouvement contre là reforme des retraites ?

Dans le direct de ce jour, nous tentons de répondre à cette question. Nous commençons l’émission avec le reportage réalisé le 1er mai à paris et nous entendrons une militante CGT qui parle du stade de France. Suivie d’une interview avec une personne d’attac pour parler des casserolades et de la loi travail. Ça s’attarde aussi sur la répression et les libertés.

Dans la suite de l’émission, nous reviendrons avec Nathalie, salariée du SIVOM sur la gréve qui a débuté 30 mars et a pris fin il y a quelques jours. Le SIVOM, collecte et traite des déchets ménagers, assure la collecte et du traitement des encombrants, du nettoiement des voies et des espaces publics, des déchets verts, du déneigement, repartie dans le 77,91 et 94.

Les millions de manifestant.e.s du 1er mai, dont des milliers de jeunes, ont montré que la réforme des retraites de Macron reste très largement rejetée et que la colère contre sa politique n’est pas près de se calmer.

Le gouvernement souhaite tourner la page, mais pas un de leurs déplacements n’est à l’abri du son des casseroles et des huées des opposant.e.s à la réforme. Après plus de 3 mois de mobilisation, des millions de manifestant.e.s dans les rues, ce ne sont pas “100 jours d’apaisement” qui nous feront rentrer chez nous. Personne ne souhaite un retour à la normale, tout le monde veut le retrait !

Dans ce contexte, une manifestation se tiendra à Paris ce 11 mai 2023. Nous aurons au téléphone un des organisateurs pour nous parler des enjeux de cette mobilisation.

LA COORDINATION ANTI-REPRESSION

Dans cette émission, nous sommes en direct pour 1h30 dans les studios de Fréquence Paris Plurielle avec la coordination anti-répression. A cette occasion, nous aborderons la question de la répression des mobilisations sociales et les outils développés par la coordination pour y faire face, notamment avec le témoignage de Françoise ( la mère de Serge, toujours dans le coma suite à la répression de la manifestation de st Soline) et Sylvain, qui interviendra de Versailles où se déroulait une action contre la caravane du SNU(service nationale universel).

La coordination contre la répression et les violences policières s’est créée en 2016 au moment du mouvement contre la loi Travail. Cette coordination s’est donné pour but de combattre la répression systématique du gouvernement face aux mobilisations sociales.

Si la coordination est née dans le but de soutenir les manifestants dans un contexte de mouvement social, elle n’oublie pas que les politiques répressives, les violences policières et judiciaires utilisées lors du mouvement contre la loi Travail étaient à l’œuvre depuis longtemps dans les quartiers populaires et auprès des personnes exilées, sans papiers ou migrantes.

La coordination se veut anticapitaliste, antipatriarcale, antiraciste, antiautoritaire, ancrée dans la lutte des classes, elle se bat contre toutes formes d’oppressions. Aujourd’hui, la coordination soutient l’idée que c’est l’ensemble de la répression quotidienne qu’il faut combattre face à la multiplication des lois absurdes qui font tomber de plus en plus de comportements dans l’illégalité.

RETRAITES : Journée de la colère cheminote

Dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, les cheminots avaient appelé a une journée de mobilisation le jeudi 20 avril 2023. Cette journée a commencée à 11h à la Gare de Lyon avec une assemblée générale, suivie d’ une action unitaire d’envahissement de la Tour Euronext le siège d’Euronext, propriétaire de la Bourse de Paris et de six autres places européennes, à la Défense (Hauts-de-Seine). A 14h nous nous retrouvions tous sur la place de Hotel de Ville pour une manifestation, et à 19h était appelé une assemblée générale interpro à la Bourse du travail de Paris à République, afin d’envisager la poursuite de la mobilisation en vue de la date du 1er mai.

Ce fut l occasion pour nous de récolter un ensemble de sons que nous vous diffusons aujourd’hui, et qui illustre selon nous chacune des étapes de cette journée de la colère cheminote.

Du mouvement des retraites à st soline : l’état terrorrise

Ces dernières semaines, nous avons observé une augmentation de la répression dans l’ensemble des lieux de mobilisation. Depuis la mobilisation de st Soline, un vocabulaire et le développement d’ outils répressifs spécifiques aux mobilisation environnementales ont été diffusées dans les médias. Cela vise à dissocier et à justifier l’action des forces de l’ordre dans ces mobilisations, de celle des retraites, afin d’éviter toute forme de convergence face aux violences d’état.

Face à ce constat, nous avons plutôt décider de réfléchir à la répression et à son évolution au cours des mouvements sociaux en demandant à Joël, militant écologiste mais pas que, de nous en parler. Grâce à son expérience et son implication dans différents mouvements comme celui de Notre Dame des Landes, Bures, les GJ et aujourd’hui dans les collectifs antinucléaires, il nous donnera une vision plus spécifique de la répression que l’Etat exerce contre les mobilisations pour l’environnement, tout en la reliant plus largement au développement une logique sécuritaire sur l ensemble du territoire.

COMMUNIQUE DES PARENTS DE SERGE

(Ce communiqué a été lu lors de la soirée de soutien aux Soulèvements de la terre.)

La menace de dissoudre un des collectifs qui ont appelé à manifester contre les bassines, le 25 mars, est une nouvelle illustration du mépris que ce régime exprime envers quiconque veut faire barrage à la politique qu’il mène au service de la bourgeoisie.

Il s’agit en effet pour lui d’accréditer l’idée que les milliers de manifestants présents à Sainte-Soline auraient été des enfants sans aucune autonomie, arrivés là sous l’influence de quelque puissance occulte.

Menacer de dissoudre des structures qui organisent la solidarité contre la répression est un autre reflet de ce mépris consistant à faire croire que les gens eux-mêmes, à la base, sont incapables de s’organiser pour se défendre.

Or c’est tout le contraire qui se passe aujourd’hui en France.

A Sainte-Soline, il n’y a pas eu, d’un côté, les « bleus » et les « noirs » et, de l’autre, les « familles ».

Les dizaines de milliers de personnes participant à cette manifestation interdite savaient que les plus mobiles se trouveraient dans le cortège chargé d’ouvrir le chemin vers la bassine, et nul ne dissociait les « non-violents » des « violents », les « bons » manifestants des « mauvais ». La complicité entre les uns et les autres était évidente. Ces dizaines de milliers de personnes ont agi ensemble, chacune selon ses possibilités, contre le modèle capitaliste que représentent les bassines et malgré les menaces de répression émanant de l’Etat. Et elles ont été capables, ensemble, de résister physiquement au bras armé de cet Etat.

La violence a été du côté des forces de l’ordre, qui ont visé l’ensemble des manifestants.

Les 200 blessés de Sainte-Soline – dont notre fils Serge et Mickaël, les plus gravement atteints – ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion de l’ordre », d’erreurs de tel ou tel, ou simplement le fruit du hasard. Le responsable de ces 200 blessés, c’est un Etat qui a pour seul objectif, dans la période actuelle, de mettre à genoux toute contestation sociale afin de mieux gérer l’exploitation du travail dans les années à venir, face à la crise que connaît le capitalisme pour se perpétuer.

La répression policière et juridique est omniprésente et se répand comme la misère sur le pauvre monde, mais nous ne nous laisserons pas enfermer dans un combat contre cette répression qui accaparerait tous nos espaces et notre vision de la vie. Car notre monde, c’est aussi celui de la lutte, et la lutte c’est la fête. La fête, ce sont les barbecues des gilets jaunes sur les ronds-points ; ce sont les cris et les chants lors des manifestations contre la réforme des retraites ; c’est l’expression créative et colorée que peuvent avoir les manifestations des femmes ou des homos ; ce sont les grèves ou les occupations dans lesquelles les salariés se découvrent sur leur lieu de travail ; ce sont les blocages joyeux de routes ou de lycées…

Contre la répression, ces espaces de lutte et de fête témoignent que le monde doit changer de base, et que nous avons en nous, dès maintenant, la capacité d’y parvenir en les mettant en valeur et en les élargissant.
Nous n’avons besoin d’aucune « figure » ou d’aucun parti pour nous indiquer la voie à suivre tout en nous prenant par la main.

Nous maintiendrons notre union dans un même combat contre l’aménagement capitaliste du territoire, et notre solidarité contre la répression. On ne tue pas un mouvement en déclarant dissoutes certaines de ses structures ou en les interdisant.

Dissolution ou interdictions ne changeront donc rien.

Et nous ne céderons pas aux palinodies de partis politiques qui cherchent encore à parler en notre nom alors qu’ils ne représentent plus grand-chose. C’est en nous que nous devons avoir confiance pour repousser l’assaut de l’Etat policier, comme celui d’une extrême droite à l’affût.

Les parents de Serge, le 12 avril 2023

FESTIVAL FPP : La réforme des retraites

Le 15 avril 2023 dernier était organisé à la Parole Errante, le Festival des 30 ans de Fréquence Paris Plurielle. Lors de cet événement nous avons pu organiser plusieurs plateaux radio dans l’après midi et l’un d’eux concernait la lutte contre la réforme des retraites.

Nous vous proposons donc d’écouter cette émission d’ une heure et trente minutes, réalisée en direct et en public. Vous pourrez entendre les travailleurs grévistes du technicentre de Châtillon, des travailleurs des déchets de Ivry, et des lycéens de Hélène Boucher; en plus d’un certains nombres de reportages réalisés par notre collectif. Ce fut l occasion pour chacun de revenir sur la mobilisation et les modalités qu’elles ont prises depuis le début de ce mouvement, et d’aborder les perspectives de celui ci.

Manifestation contre la contre-réforme des retraites : juste avant la décision du conseil constitutionnel

Dans cette émission vous pourrez entendre un reportage réalisé dans la manifestation du 13 avril 2023. Cette manifestation prenait place la veille du rendu de décision du conseil constitutionnel. Le lendemain, ce même conseil avalisera la loi gouvernementale sur les retraites, à l’exception de 6 dispositions, la jugeant conforme à la constitution. A noter que le soir-même du rendu de décision du conseil constitutionnel, Macron promulguait la loi sans plus attendre. La même nuit, plusieurs manifestations et rassemblements spontanés éclataient dans différentes villes du pays, les manifestants refusant une loi injuste et perçue comme illégitime d’un président autoritaire. A Paris, au moins 150 personnes ont été arrêtées et mises en garde à vue par la police.

Réseau écosyndicaliste : de la question des déchets dans la lutte

Le mercredi 5 avril 2023, au Cirque électrique (Paris 20e), le Réseau éco syndicaliste organisait une soirée festive de solidarité aux salariés des déchets. Le réseau écosyndicaliste a été créé en décembre 2021 sur la base d’un appel lancé par plus d’une centaine de militants syndicaux de différents métiers et confédérations. Lors de cette soirée de nombreux membres de ce réseau, des salariés des déchets, des soutiens, une chercheuse travaillant sur la question des déchets (ici comme outils de lutte et de manifestation), mais aussi des personnes militant contre les violences policières et la répression d’État (avocat, membres du collectif Désarmons-les)*, ont pris la parole.

Un peu plus de 1000 euros ont été collecté à cette occasion, pour être reversé à la caisse de solidarité de la CGT le 14 avril. Ce moment de rencontre avait pour but également de lancer un réseau de solidarité pour les mobilisations en cours (la contre-réforme des retraites donc), et au-delà. Nous vous diffusons donc aujourd’hui une partie des prises de paroles réalisées lors de cette soirée, précédé d’un interview de présentation du réseau par un de ces membre.

L’APPEL POUR UN RESEAU ECO SYNDICALISTE :

” Chaque jour les effets du « dérèglement climatique » sont de plus en plus visibles notamment avec la multiplication des catastrophes environnementales. Ils s’ajoutent à l’épuisement progressif des ressources naturelles, aux pollutions de toutes natures, à l’affaiblissement de la biodiversité et à la dénaturation des équilibres au sein des écosystèmes. L’Humanité qui a longtemps pensé pouvoir régenter ces équilibres soumet les conditions de la vie sur la planète à des dégradations irréversibles, aux effets désastreux, y compris favoriser l’épidémie de Covid et ses conséquences sanitaires, sociales et économiques.

Une telle situation n’a rien d’une fatalité liée à une nature humaine intrinsèquement destructrice. Elle résulte en grande partie du modèle de production « industrialisation-financiarisation-mondialisation » capitaliste. Une poignée de possédant.es ou de trusts s’approprient de plus en plus de moyens de production et d’échange, les délocalisent, s’accaparent sans limites, ni contrôle les énergies fossiles et nucléaire, pillent et gâchent les ressources naturelles. Iels continuent d’opposer à la dénonciation des crises structurelles du capitalisme, le mythe du progrès, comme croissance « infinie » des productions et des technosciences, en fonction du profit maximal attendu au lieu de leur utilité sociale et écologique. Cette course aux profits passe par l’oppression des peuples autochtones et de leur mode de vie, par la régression sociale, par l’exploitation de plus en plus violente des travailleurs -ses condamné.es à perdre leur vie à mal la gagner et réduit.es à une consommation « de masse » dictée par les médias et les pouvoirs au service des multinationales.

Des résistances à ce système productiviste et extractiviste se développent : luttes populaires pour la préservation des terres et des forêts, mouvements pour la « justice environnementale », ZAD et JAD (Jardins à défendre), lutte éco-féministes, gilets jaunes…  Ces mobilisations impliquent souvent les plus exploité.es et dominé.es, qui subissent le plus la dégradation environnementale : peuples des pays pauvres, jeunes, précaires, femmes, populations racisées subissant les séquelles du colonialisme et du racisme. Elles se fondent aussi sur l’auto-organisation des opprimé.es, montrant leur potentiel émancipateur et défiant des pouvoirs en place de plus en plus autoritaire (comme la 5e République en France). Car aujourd’hui la politique de plus en plus brutale et cynique des gouvernements capitalistes ne peut s’imposer que par le recours à des méthodes de plus en plus répressives. Mais si ces mobilisations permettent localement de préserver et se réapproprier le cadre de vie, et si elles commencent à se coordonner, elles ne permettent pas, à elles seules de s’attaquer au cœur économique du système et font encore trop souvent abstraction des problématiques sociales.

Le syndicalisme est plus ancré sur les lieux de travail. Depuis ses origines il pose la question de l’expropriation des grands groupes capitalistes et de la gestion démocratique de la production par la population, par les assemblées de travailleur.es, pour produire de façon organisée, rationnelle et planifiée en fonction des seuls besoins populaires et de l’économie de la ressource. Les grandes luttes syndicales et les épisodes révolutionnaires, comme la Commune de Paris, ont permis d’indéniables avancées. Mais le syndicalisme aussi connaît des difficultés : il s’est en partie intégré à l’ordre social, il s’est bureaucratisé et beaucoup de ses responsables ont renoncé à transformer en profondeur la société.

C’est dans les entreprises que nous devons affronter les conséquences du productivisme : amiante, pollution chimique, air pollué, ondes électromagnétiques, énergie nucléaire…Ce sont d’abord les ouvrier·es qui meurent des cancers professionnels liés aux produits chimiques… Pourtant même quand il n’élude pas délibérément les évolutions rendues indispensables par les urgences écologiques (nucléaire, chimie, transport…), le syndicalisme a du mal à intégrer les réponses environnementales dans ses revendications. Il a aussi largement perdu le contact avec les travailleur.es les plus pauvres et les plus précaires. Pour autant, lui aussi est traversé par des évolutions encourageantes : l’apparition régulière de structures d’auto-organisation des luttes, d’AG de base souveraines qui se coordonnent, qui organisent la solidarité collective. Les exemples abondent dans les mobilisations de ces dernières années, jusqu’à l’apparition de grèves dans des entreprises employant massivement des jeunes, des précaires et des femmes (luttes d’Ibis Batignolles, de Chronodrive, du nettoyage à Jussieu, des travailleurs -ses saisonnier.es…).

Ces mouvements sur la fin du monde et la fin du mois seront de plus en plus appelés à converger dans une même lutte anticapitaliste. Ils sont porteurs d’une même remise en cause  de la société, d’une même exigence de réponses à la crise écologique et ils concernent en premier lieu les mêmes secteurs de la population : le monde du travail, et en particulier ses parties les plus fragilisées dans le système actuel (chômeurs·ses, précaires, intérimaires, travailleur·ses exilé·es…), les jeunes, les femmes… Iels ont le même refus du repli sur les comportements individuels, des manœuvres de récupération de prétendant.es au pouvoir ou de toute réponse technocratique et institutionnelle… qui se situerait dans le cadre du système (capitalisme vert, green washing, « Green deal », croissance verte…).

Pour favoriser ces convergences, nous appelons à constituer un réseau « éco-syndicaliste ».

Pas pour fonder une nouvelle structure, mais au contraire pour irriguer de nos réflexions et expériences les organisations existantes. Nous souhaitons, par delà nos différences et divergences, dans le respect de notre diversité et sans hégémonisme, pouvoir confronter nos expériences et pratiques militantes, élaborer des réponses, selon les axes ci dessous, qui peuvent être précisés ou complétés :

-En commençant par soutenir et faire connaître les expériences de convergences existantes, fondées sur l’auto-organisation, comme récemment, à la raffinerie de Grandpuits, la lutte syndicale pour l’emploi dirigée par une AG de travailleur.es en grève reconductible, rejointe par des associations écologistes, pour porter un projet écologique et social opposé à celui de Total.

-En ayant l’objectif de faire converger le plus possible les mobilisations éco-syndicalistes, mais aussi les luttes éco-féministes, des jeunes et associations pour le climat, des travailleurs qui reprennent en autogestion leur outil de travail, du mouvement coopératif….

-En explorant avec les travailleurs -ses et les syndicats concernés et avec les associations de défense de l’environnement et les usagers, les débouchés éco-syndicalistes des luttes des secteurs directement impactés par les questions écologiques. Il en est ainsi des centaines de milliers de travailleurs -ses des déchets, du nettoyage, du BTP, des usines Seveso, de l’énergie, de l’agro alimentaire, des transports…

-Et faisant soutenir et étendre ces mobilisations par les syndicats et associations qui n’en sont pas encore partie prenante, en veillant à ce que les déclarations d’intention comme « plus jamais ça », impliquent un travail de convergence dès le niveau local, avec les habitant.es, sur des objectif précis.

– En osant débattre de nos différences sur le nucléaire, la croissance, la reconversion écologique, la taxe carbone, les nouvelles formes de luttes issues de la désobéissance civile, le revenu garanti, le protectionnisme et les normes sociales et environnementales à imposer, sans préalables, mais avec la volonté de trouver des solutions nouvelles et adaptées à la crise du productivisme et de l’État providence. Nous devons nous saisir de ces perspectives pour en finir avec la culture productiviste.

-En rendant accessibles et en popularisant des outils pour promouvoir l’éco-syndicalisme, comme les diagnostics d’impact environnemental et des outils de formation (modules, podcasts, stages…), à la réalisation desquels seront associé.es des travailleurs·ses de l’éducation populaire, de l’éducation nationale, des associations de défense de l’environnement, du mouvement coopératif et mutualiste……”

REFORME DES RETRAITES : avant la journée intersyndicale du 13 avril 2023

À quelques jours de la nouvelle journée d’action intersyndicale, nous vous proposons un tour d’horizon des mobilisations.

Nous irons du côté de La Baule en compagnie de Sophie, qui nous parlera de la garden-party chez les potes à Macron qui se tenait le 8 avril 2023. Ensuite, nous reviendrons dans les Hauts-de-Seine avec Cécile, sur les actions de l’AG interpro du 92.

Nous poursuivrons dans l’Essonne, où depuis le jeudi 30 mars, les salariés du SIVOM (Syndicat Intercommunal de Valorisation des Ordures Ménagères) de Varennes-Jarcy (80 % des personnels techniques) à l’appel de leurs Organisations Syndicales, se sont mis en grève pour une augmentation générale des salaires (ils revendiquent 9 % d’augmentation), une amélioration de leurs conditions de travail et le retrait de la contre-réforme des retraites.

Le SIVOM, entreprise qui s’occupe de la collecte et du traitement des déchets ménagers, la collecte et le traitement des encombrants, le nettoyage des voies et espaces publics, le déneigement, couvre une quinzaine de communes réparties dans le 77, 91 et 94.C’est Nathalie, salariée du site, qui nous parle de la gréve.

Nous terminerons cette émission, avec Karim, de la CGT ÉNERGIE OUEST IDF, qui nous fera le récit des mobilisations dans son secteur.

Pour soutenir les grévistes du site de Varennes-Jarcy

https://www.cotizup.com/eboueurs-sivom

REFORME DES RETRAITES : Blocage de la Tiru d’Issy/ Manifestation 06/04 / La Quadrature du Net

Dans cette émission nous vous diffusons plusieurs reportages autour de la mobilisation contre la réforme des retraites. Tout d’abord, vous pourrez entendre des interviews réalisées le Mardi 04 Avril sur le point de blocage de la Tiru d’Issy les moulineaux ( incinérateur de déchets). Ensuite, nous vous diffusons un reportage réalisé lors de la manifestation du 06 avril 2023 dans les rues de Paris, qui partait de la place des Invalides et en direction de la place d’Italie.

Pour finir cette émission nous vous diffusons deux prises de sons prises lors du Quadra apéro organisé par la quadrature du net. Les quadr’apéros ont lieu tous les mois (ou presque). Ils sont l’occasion de discussions informelles d’une part et de discussions plus sérieuses sur les différents thèmes d’importance et les différentes actions et campagnes en cours.

Inauguration du cube numérique à Garges / Housing action Day : Journée d’action pour le logement / l’ag du 92 au lycée autogéré de paris

Les mobilisations contre la réforme des retraites se poursuivent. Fin de semaine dernière, dans le Val-d’Oise, des manifestations se sont tenues notamment à Argenteuil, Enghien, Deuil-la-Barre…

Jeudi 30 mars 2023, un rassemblement se tenait à Garges à l’appel de l’intersyndicale du Val-d’Oise en vue de la venue de la première ministre et de la présidente de la région Île-de-France pour l’inauguration du centre culturel dédié aux arts numériques le cube Garges

À cette occasion, l’actualité des luttes fut présente et nous vous proposons le reportage réalisé ce 30 mars, avec l’intervention de syndicalistes, d’un habitant du département et d’enseignantes et enseignants dénonçant cette réforme des retraites et le manque de moyen pour les écoles.

La fin de la trêve hivernale des expulsions et des coupures d’énergie, dans le contexte de dégradation de la situation sociale des locataires, confrontés à la hausse des charges, des loyers, des prix de l’énergie et de l’inflation sur les produits alimentaires de base, s’annonce particulièrement brutale cette année.

D’autant plus que : Les mesures répressives prévues dans la loi KASBARIAN-BERGÉ, dont la 2e lecture à l’Assemblée s’est achevée dans la nuit du 29-30 mars, à l’encontre des locataires en difficulté et des sans-logis qui occupent un local vacant pour se protéger de la rue, en dépit de l’aggravation de la crise du logement, constituent un effarant et injustifié durcissement social.

Dans ce contexte, et dans le cadre du Housing day en Europe, la plateforme logement pour toutes et tous organisait une manifestation qui partait de la Place de la Bastille ce samedi 1er avril 2023. Dans ce reportage, nous entendrons la prise de parole de Jean-baptiste Eyraud, porte-parole de droit au logement, sur la situation du mal logement et un entretien réalisé avec monsieur Bakary, suite à la demande de condamnation par le gestionnaire ADOMA de 118 résidents du foyer de Boulogne-Billancourt et menacés d’expulsion.

Nous terminerons cette émission, par le reportage réalisé le 31 mars 2023 lors de la soirée festive de soutien a l’interpro du 92 au lycée autogéré de paris. Nous entendrons notamment les interventions d’un cheminot du technicentre de Châtillon, d’enseignant du LAP et de conducteur du centre bus de Malakoff et d’une salariée du théâtre de Bagneux.

À SEB, SERGE ET TOUS LES RÉVOLTES… Le capital n’écrasera pas notre soif de vivre.

Le 28 mars 2023 se tenait au techni-centre près de gare de Lyon, un rassemblement à 11 h, juste avant la grande manifestation intersyndicale.

Ce rassemblement était organisé à la fois contre la réforme des retraite mais également pour protester contre la répression qui avait éborgné Sébastien, un cheminot qui travaille dans ce centre, lors de la précédente manifestation. Plus de 500 personnes, principalement cheminotes, ont traversées les voix pour écouter des représentants de SUD, la CGT, même l’UNSA et ses camarades de combat. Le communiqué des amis de Serge, camarade dans le coma suite à la manifestation de Sainte-Soline contre l’accaparement de l’eau par l’industrie agro-alimentaire.

Ensuite vous pourrez écouter la lettre d’Agathe pour Seb et la nécessaire extension de la grève.

La lettre de la famille et les amis de Serge, et de la mère de Mickaël.

Un témoignage d’une manifestante qui revient de Sainte-Soline.

27 mars 2023-03-28

Bonsoir à tous. Je m’appelle Agathe, je bosse comme ouvrière en logistique au technicentre SNCF de Châtillon, où nous sommes en grève continue contre la réforme des retraites. J’interviens ici en tant que gréviste et aussi militante CGT et militante Lutte Ouvrière. Je vais être brève. Je tiens d’abord, bien sûr, comme tous nos camarades, à exprimer ma solidarité à Sébastien, à sa famille, à ses collègues. Il s’agit d’un militant ouvrier victime de la répression policière alors qu’il manifestait avec des centaines de milliers d’autres.

Sébastien a été victime comme d’autres d’une politique délibérée du gouvernement. Depuis l’usage du 49.3, on a tous senti que le gouvernement a passé un cran dans la répression. Macron et Darmanin tentent de nous faire peur et de mater ainsi la contestation sociale. Le pouvoir avait déjà procédé de cette façon contre les gilets jaunes il y a quelques années. Cette fois-ci, ils s’en prennent aux grévistes. Les policiers, cette bande de voyous, depuis plusieurs jours, ont carte blanche pour tabasser les manifestants, les mutiler en utilisant des armes de guerre, les arrêter sous le moindre prétexte, les insulter et les menacer.

Même quand on ne l’a pas vécu soi-même, on a tous vu les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux et sur les télévisions. Cette violence du pouvoir, dont Sébastien a été la victime, a pour but de nous intimider. Macron voudrait nous faire taire à coups de matraques, de grenades, de gaz lacrymo ou de garde à vue. Avec les réquisitions aussi, il voudrait nous voler notre droit de grève et nous faire travailler de force. Si le pouvoir use de ces méthodes brutales, c’est qu’il est en difficulté.

Après deux mois, le mouvement de grève contre sa réforme antiouvrière se poursuit et il a même connu un second souffle depuis le 49.3 et les provocations de Macron. Partout, les cortèges de travailleurs du privé comme du public et ont été énorme et jeudi dernier, comme aujourd’hui, ont montré l’entrée de plus en plus massive de la jeunesse dans le mouvement. Et tout l’arsenal antiouvrier, antidémocratique du gouvernement se retourne contre lui : il décide de nouveaux bataillons à entrer dans la lutte en plus de ceux qui étaient déjà à poursuivre la mobilisation.

Actuellement, les médias nous inondent de poubelles cramées, de vitrines cassées destinées à discréditer le mouvement. Mais la hantise des possédants n’est pas dans le feu de quelques poubelles et de mobilier urbain. Leur crainte, c’est que notre grève se généralise. Notre force, elle est actuellement dans la grève des éboueurs, dans la grève des raffineurs, des électriciens, dans la grève des cheminots, des dockers et nous l’espérerons demain de l’automobile, de la chimie, de la grande distribution et bien d’autres secteurs.

Quand on fait grève, ça se voit : les poubelles débordent dans les beaux quartiers des richards. Pas de kérozène, c’est pas d’avion pour les paradis fiscaux, c’est pas de TGV pour Biarritz… et surtout en cas de grève, plus de profit. La hantise du patronat, c’est que notre grève se généralise. Si elle s’étend, comme en 1936 ou mai 68, elle pourra imposer non seulement le retrait de la réforme, mais aussi imposer l’augmentation des salaires en fonction des prix, l’embauche massive et la répartition du travail entre tous.

Tout ce qu’on nous dit utopique aujourd’hui sera possible parce que, ce sera la panique du côté des Bolloré, des Bernard Arnault, des milliardaires du CAC40. Aujourd’hui et demain, notre force la plus radicale et la plus efficace : c’est la grève ! Le gouvernement mise sur la répression. Mais il ne peut pas mettre un bataillon de CRS devant chaque entreprise. Il ne peut pas remplacer par les flics chacun de nous sur nos postes de travail. Alors la meilleure solidarité qu’on peut apporter à Sébastien, c’est de continuer le mouvement et l’amplifier jusqu’à la victoire.

COMMUNIQUE des parents de SERGE

Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un “pronostic vital engagé”, suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.

Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité.

Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :

  • – Oui, Serge est fiché “S” – comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui.
  • – Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires – comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi.
  • – Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes – comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.

Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.

Les parents de Serge
Le Mercredi 29 mars 2023

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Après Sainte-Soline : deux plaintes déposées par la famille de Serge. pour tentative de meurtre et entrave aux secours

mercredi 29 mars 2023

Après Sainte-Soline : deux plaintes déposées par la famille de S. pour tentative de meurtre et entrave aux secours

Après la mobilisation à Sainte-Soline ce samedi 25 mars, émaillée de graves violences policières qui ont occasionné plus de 200 blessures, deux manifestants, S. et M. sont toujours entre la vie et la mort.

La famille de S. a déposé 2 plaintes : la première pour tentative de meurtre et entrave aux secours ; et la deuxième pour violation du secret professionnel dans le cadre de l’enquête et détournement de l’objet de la consultation des fichiers pour un objectif autre.

En effet la police a honteusement fait fuiter mardi 28 dans la presse un profil de S. et des éléments confidentiels de l’enquête dans l’unique but de faire diversion et camoufler ses exactions – une manœuvre non seulement indigne mais aussi illégale qui mérite d’être sanctionnée.

La plainte pour tentative de meurtre et entrave aux secours a été enregistrée. Le procureur de Rennes a ainsi saisi l’IGGN d’une procédure pour violence de la part d’une personne dépositaire de l’autorité publique et non assistance à personne en péril. L’avocate Chloé Chalot demande la désignation d’un juge d’instruction en urgence pour faire toute la lumière de façon indépendante sur ces faits d’une extrême gravité.

Nous rappelons qu’il est désormais avéré que la préfecture et le ministère de l’intérieur ont menti au moins par quatre fois sur les événements du 25 mars :

  • – En affirmant n’avoir pas entravé l’intervention du SAMU alors que de multiples témoignages et des enregistrements du SAMU publiés par Le Monde et Médiapart l’attestent
  • – En niant la réalité des armes de guerre employées, pourtant vérifiée par Checknews.
  • – En parlant d’usage légal de LBD avant de rétropédaler et de condamner des “bavures”
  • – En affirmant que 7 blessé-e-s étaient à déplorer parmi les manifestant-e-s qui en comptent et en attestent plus de 200.

Tous ces éléments démontrent largement la responsabilité grave des forces de l’ordre, la tentative de meurtre et l’entrave aux secours, et nous comptons sur cette plainte et cette enquête pour le prouver définitivement. L’ensemble des témoignages semblent concorder pour dire que S. a été victime de l’explosion d’une grenade GM2L

L’avocate des blessé-e-s est disponible pour répondre à vos questions sur les plaintes :

(nous contacter pour avoir son téléphone)

Nous vous demandons de ne pas chercher à contacter la famille sans leur accord et de passer par leur avocate. Merci de respecter leur souffrance et de les laisser choisir la façon dont ils veulent en parler.

Nous relayons ici un deuxième communiqué écrit par les proches de S.

Alors que notre camarade Serge se bat comme un lion pour garder la vie que l’État essaie de lui enlever, nous assistons à un nouveau déferlement de violences, cette fois-ci médiatiques, qui vise à faire de lui un homme qu’on peut légitimement abattre. Aujourd’hui, il est toujours dans le coma et son pronostic vital est toujours engagé. Notre solidarité va aussi à Mickaël et à toutes celles et ceux qui ont rencontré la violence de la police sur leur chemin.

Les mots du pouvoir d’état sont inlassablement répétés sur les plateaux des médias bourgeois pour construire l’ennemi qu’ils veulent combattre. Leur écran de fumée ne supportera pas les dizaines de récits qui sont venus recomposer le déroulement des faits. La gendarmerie a utilisé des grenades dans le but d’abîmer les manifestants et a orchestré la faillite de la prise en charge des secours, quitte à laisser mourir les camarades.

Les services de renseignements distribuent à tour de bras le dossier de Serge dans les rédactions dans le but d’imposer le prisme policier pour désigner ce que nous sommes. Nous ne nous amuserons pas ici à démonter chacune des versions policières volontairement tronquées. Ça serait croire qu’une quelconque vérité à ce sujet puisse exister dans les arcanes des propagandes étatique et médiatique. Serge, en tant que militant révolutionnaire, participe depuis de nombreuses années de toute sa volonté aux différentes luttes de classe qui surgissent contre notre exploitation, toujours dans un souci d’élargissement, de renforcement et de victoires pour les prolétaires.

Parce que oui, nous ne pouvons pas nous résigner à l’écrasement.

Nous appelons toutes celles et ceux qui le connaissent à dire autour d’eux qui il est. Mais en se souvenant d’une chose : Serge, dans la lutte, refuse la stratégie du pouvoir de désigner les bons et les mauvais. Nous tenons, avec lui, cette ligne.

Mardi 28 mars, des gens d’un peu partout ont pris l’initiative de témoigner de leur solidarité au cœur du mouvement contre la réforme des retraites en France. Nous avons également reçu de nombreux messages de camarades d’autres pays. Nous les en remercions chaleureusement et les invitons à poursuivre et renforcer la lutte. D’autres initiatives sont d’ores et déjà programmées et nous appelons les gens à les rejoindre et à les multiplier, sans modération, en France et dans le monde.

Nous appelons à diffuser massivement ce communiqué.

PS : de nombreuses rumeurs circulent sur l’état de santé de Serge. Ne les relayez pas. Nous vous tiendrons informés de l’évolution de la situation.

Pour nous contacter : s.informations@proton.me

Des camarades du S.

Reste avec nous

Je reviens de Sainte-Soline.

Je reviens de manif.

Je reviens de contrôle d’identité aller, réquisition du procureur.

Je reviens après avoir ôté mes protections, ce n’est plus envisageable de manifester sans.

Je reviens d’une manifestation où les observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme ressemblent aux observateurs des droits fondamentaux dans des pays lointains, où ces droits sont bafoués quotidiennement.

Je reviens de ce territoire absurde où l’on peut masser 3 000 flics pour protéger un cratère pensé pour que quelques-uns s’accaparent l’eau de tous.

Je reviens d’un lieu où l’État montre son visage comme il le fait dans les banlieues ou dans les stades depuis belle lurette.

Je reviens de contrôle d’identité retour, réquisition d’un autre procureur, je ne suis plus, potentiellement mal intentionné, mais terroriste cette fois, moi le terrorisé par la débauche de violence à laquelle j’ai assisté.

Je reviens et tu ne reviens pas, et tu ne reviendras d’ailleurs peut-être pas.

« Reste avec nous. »

Il y a ton corps qui se convulse dans les bras des medics.

Il y a cette femme médecin qui appelle le SAMU au téléphone, SAMU qui ne vient pas car ta vie importe peu, visiblement.

Il y a ces médecins militaires, équipés, mais pas pour nous, qui sont à côté, de l’autre côté de la ligne. Des médecins pour prendre soin des sbires de l’État, du capital et du cratère. Ils finiront par arriver près de toi, peu avant le SMUR.

Reste avec nous disent toutes ces voix pour que tu te raccroches à la vie dans cet univers nécrophile.

Et je les entends car nous faisons un cordon autour de toi, d’eux, pour que les premiers secours ne soient pas troublés par la terreur alentour, les grenades qui pleuvent, les manifestants tranquilles apeurés par l’irruption des flics sur quad qui déboulent à revers sur la manif, pleins de grenades et de gaz, encore.

Parce que pour nous c’est la vie qui est à protéger.

Reste avec nous camarade

Je reviens et je n’ai pas été danser à Melle.

Je reviens et me pose quelques questions sur nos formes de lutte.

Je reviens en souhaitant que le respect du vivant soit intégré à celles-ci, à nos modes d’actions et que la nécrophilie de l’époque ne nous gagne pas, que le romantisme de l’émeute n’égare pas la jeunesse dans les bras de la police.

Parce qu’ils sont prêts à tout pour préserver les privilèges de quelques-uns, nous devons être prêts à tout pour protéger la vie, les nôtres, la tienne.

Reste avec nous camarade !

Que nos larmes ne remplissent pas leurs bassines !

REFORME DES RETRAITES : manifestation à paris et Montpellier/manifestation contre la loi asile et immigration

Ce mardi 28 mars 2023, une 10e journée de mobilisation interprofessionnelle, c’est tenu dans tout le pays contre là reforme des retraites. Les blocages et grèves se poursuivent notamment dans les raffineries et les incinérateurs.

Dans l’actualité des luttes, nous étions dans la manifestation parisienne et Montpelliéraine. À paris, nous avons rencontré les secteurs de l’enseignement et une cheminote de la gare Saint-Lazare et un point avec David, de la CGT INFOCOM sur la caisse de gréve. pour Montpellier, un point sur le blocage du dépôt de carburant de Frontignan qui fourni du carburant jusqu’au massif central, ensuite des entretiens réalisés dans la manifestation à Montpellier.

Un mot sur le projet de loi DARMANIN qui se targue de “mieux contrôler l’asile et l’immigration” et qui va être débattu dans les jours qui viennent devant le Sénat. Cette loi sera très négative pour les droits des étrangers.

Il y a une batterie de mesures pour accélérer les expulsions, limiter les droits au recours contre les décisions de justice ou de la police, limiter les cas où on est protégés de l’expulsion. SI on reçoit un OQTF*Ordre de Quitter le Territoire Français ou un IRTF** Interdiction de Retour sur le Territoire Français, on est assimilé à un délinquant étranger ; votre nom est placé sur un registre des personnes recherchées par la police. Être sans papiers en France devient un crime.

C’est dans ce contexte que se tenait ce samedi 25 mars 2023, la manifestation parisienne contre le projet de loi asile et immigration. Dans cette seconde partie d’émission, nous entendrons une prise de parole sur le contexte de ce projet de loi et un entretien sur la situation à Mayotte.

Raffineries et incinérateurs face aux réquisitions

Dessin issu du site https://lepoing.net/

Alors que le gouvernement tente de briser les grèves par des réquisitions, la résistance s’organise.

Le 24 mars dernier, à l’appel des grévistes de la raffinerie Total du Havre, un rassemblement a été organisé par la CGT locale et le réseau pour la grève générale, où une centaine de travailleurs et d’étudiants essentiellement franciliens se sont mobilisés pour apporter leur soutien non seulement à la grève de la raffinerie alimentant l’Île-de-France en fioul et en kérosène, mais aussi les grévistes face aux réquisitions.

Le réseau pour la grève générale est à l’origine une initiative parti d’une tribune dans le journal du dimanche à la veille de la manif du 31 janvier pour mettre la pression sur l’intersyndicale Une coordination de raffineurs de transporteurs publiques, étudiant-e-s, professeurs, énergéticiens visant à pousser à la grève générale. 

Dans ce premier reportage, nous entendrons les interventions et les entretiens réalisés devant la raffinerie de Gonfreville prés Havre lors de l’assemblée générale du 24 mars dernier.

Depuis le 6 mars, le centre d’incinération des déchets (TIRU) d’Ivry est occupé par les grévistes, éboueurs et travailleurs de Suez, filiale d’EDF. Ce vendredi 24 mars 2023, la police a réquisitionnée des grévistes de Suez.

Dans cette seconde partie d’émission, nous vous proposons l’écoute du reportage réalisé ce lundi 27 mars 2023 au centre d’incinération des déchets (TIRU) d’Ivry. Nous entendrons l’entretien réalisé avec le secrétaire général du syndicat de la production de la région parisienne qui nous parle des suites de la réquisition et ensuite, nous entendrons les diverses prises de parole.

REFORME DES RETRAITES : Mobilisation du 23 mars 2023/ L’interpro du Havre

Le jeudi 23 mars 2023 était la 9 éme journée de mobilisation nationale appelé par l’intersyndicale dans cette mobilisation contre la réforme des retraites. C’était la première après le passage en force de la réforme avec l’utilisation de l’article 49-3. La journée a donc était rythmée par une diversité d’actions de blocages dans la matinée, et une manifestation au départ de bastille et en direction de la place de l’opéra, qui une fois dispersée s’est transformé en un ensemble de petites manifestations sauvages comme toute les nuits depuis l’annonce du passage en force de la réforme.

Dans la première partie de notre émission nous vous diffusons les reportages que nous avons pu réaliser le 23 mars. Tout d’abord, vous pourrez entendre un reportage au Techni-centre de Châtillon, en gréve sauvage. Ensuite, nous serons à la gare de Lyon avec un cheminot qui reviendra sur l’action d’envahissement des rails qui avait eu lieu dans la matinée. Enfin, vous entendrez l’interview d’ étudiants de l’université Panthéon-Assas en cortège lors de la manifestation de l’après midi.

Dans une seconde partie d’émission, nous vous diffusons un interview réaliser avec deux membres de l’ Assemblée Interprofessionnelle du Havre. Ce fut l’occasion pour nous de revenir sur l’ensemble de la mobilisation avec eux, et plus précisément sur le tournant qu’elle a pris depuis une semaine.

Nous terminons cette émission en lisant le communiqué des camarade de Rennes de S. blessé gravement ( pronostic vital engagé) à Sainte Soline lors de la mobilisation de ce week end contre les méga bassines :

” Samedi 26 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’État démocratique en est la traduction la plus saillante.

Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

Vive la révolution.

Des camarades du S.

PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations@proton.me”

Après & Avant le 49-3 : Rassemblement place de la république & réunion autour de la caisse de grève solidaire

Dans cette émission de l’actualité des luttes, vous entendrez tout d’abord un reportage réalisé Place de la République le mardi 21 mars dernier, où les personnes venues sur place se sont ambiancées, réitérant malgré le rejet des motions de censure, leur refus de la loi gouvernementale. Dans un second temps, vous entendrez les interventions de syndicalistes, s’étant réunis samedi 18 mars, avec pour but une première réunion autour de la caisse de solidarité, vue comme un moyen de coordination entre différents secteurs et comités de grève, dans le but de reconduire et généraliser la grève reconductible.

Intervenants/secteurs : Info-com CGT, Mathieu de la CASVP, Sud commerce solidaire, un point de situation sur Grenoble, Catacombes de Paris.

Vous trouverez à cette adresse le formulaire pour contribuer si vous le souhaitez, à la caisse de grève solidaire : https://www.caisse-solidarite.fr/
Vous pourrez également trouver ici une carte de France des caisses de grève avec les liens correspondants vers chacune : https://caissedegreve.fr/

REFORME DES RETRAITES : Rassemblement du 18/03 Place d’Italie/ La Tiru D’ivry

Le 16 mars 2023 le gouvernement annonce le passage de la réformes des retraites par l’utilisation du 49.3. Le 20 mars, les motions de censure du gouvernement sont rejetées. Pendant ce temps là, dans la rue, depuis le 16 des rassemblement et manifestations sauvages ont lieux dans toutes les rues de Paris et les blocages tiennent la gréve reconductibles jusqu’à la prochaine date de mobilisation appelée par l’intersyndicale : ce jour du 23 mars 2023 au départ de la place de Bastille et en direction d’Opéra.

Pour cette émission, nous choisissons donc de vous diffusez dans un premier temps : un reportage qui a été réalisé le 18 mars 2023 dernier, sur la Place d’Italie lors du rassemblement contre la réformes des retraites qui avait lieu là bas.

Ensuite, nous vous diffuserons un reportage réalisé le mardi 21 mars 2023 dernier à l’incinérateur d’Ivry bloqué et occupé 24h/24h depuis le 9 mars 2023.

REFORME DES RETRAITES 2023 : après adoption par le 49-3

Jeudi 16 mars 2023, pour la centième fois dans l’histoire de la Ve république, un gouvernement a choisi d’utiliser la procédure de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution afin de faire adopter une loi.
En engageant sa responsabilité devant l’Assemblée nationale sur le projet de réforme des retraites, le gouvernement d’Élisabeth Borne Adopte cette démarche pour la 12e fois.

Cela marque un tournant dans la vie politique française : la fin du long règne du fétiche qu’est la Démocratie. Qu’est-ce la Démocratie quand, à coups de clownesques artifices réglementaires et carnavalesques « appels au dialogue social », la « représentation nationale » est muselée, les syndicats traînés dans la fange surie de mépris ; qu’est-ce donc que cette Démocratie, sinon la forme abstraite aux allures de fausseté revêtue par le tailleur même : le rapport-capital démasqué.

Dans l’émission de ce jour, nous serons en direct de nos studios afin d’effectuer le tour d’horizon des mobilisations contre l’adoption de cette réforme des retraites.

Nous débuterons avec une camarade de l’assemblée générale interpro du 93 qui nous parlera des diverses actions menées. On continue avec Saint-Nazaire. Ensuite, nous parlerons avec Agathe, du technicentre TGV de Châtillon, de leur départ en grève sauvage. Nous poursuivrons avec l’assemblée générale interpro du Mantois.

Nous terminerons cette émission, par la diffusion de deux reportages. Le premier réalisé le vendredi 17 mars 2023 sur l’action de blocage du périphérique au nord de Paris à la porte de Clichy. Ensuite, nous vous diffuserons un reportage réalisé le lundi 20 mars 2023 sur le blocage d’un rond-point routier au port de Gennevilliers.

Manifestation contre la réforme de retraites ce jeudi 23 mars à 14 h Parcours de la manifestation  : Bastille – Boulevard Saint-Antoine – rue de Rivoli – Avenue de l’Opéra

REFORME DES RETRAITES 2023 : Blocage de chantier à Saint-Denis/ Manifestation du 15/03/23/Rassemblement à la concorde

Le mercredi 15 mars, le projet de réforme des retraites arrivait au Sénat et ce même jour se tenait la 8e journée de mobilisation contre cette réforme. Dans la matinée, avait donc lieu une action de blocage du chantier de la piscine olympique de Saint-Denis. Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons l’écoute du reportage réalisé lors de cette action.

Dans une deuxième partie d’émission l’après midi, nous vous diffusons les interviews qui ont pu être réalisée lors de la manifestation appelée par l’intersyndicale nationale d’Invalide à la place d’Italie.

Pour finir cette émission, nous vous diffusons les reportages réalisée sur la place de la Concorde le 16 mars dernier, à la suite de l’annonce de l’utilisation de l’article 49.3. En effet, le 16 mars dernier, une manifestation organisée par la coordination nationale étudiante à l’occasion du (non-) vote solennel de la contre-réforme des retraites, est partie de la place de la sorbonne dans le quartier latin, faisait la jonction avec le rassemblement organisé par l’union syndicale Solidaires place de la Concorde.

Dispersée peu avant 20 h par les forces de l’ordre, le rassemblement s’est transformé en une multitudes de manifestations sauvages qui ont défilé dans la ville, malgré les violences policières et arrestations arbitraires.

Le jeudi 16 : sur les 292 personnes interpellées le soir à Concorde, seul neuf ont été déferrées : toutes les autres ont eu droit à une nuit au poste juste pour le plaisir. Les personnes envoyées au tribunal l’ont juste été pour finalement écoper d’un « avertissement pénal probatoire » pour des accusations de « groupement en vue de (…) ». Il y a eu aussi une convocation ultérieure et une comparution immédiate pour refus de signalétique


Vendredi 17 : (Concorde bis) 64 garde à vue, 32 relâchées sans suite, 26 convocations ultérieures ou déferrement devant le substitut du procureur. 6 garde à vue toujours en cours

Luttes pour le logement : manifestation du 28 janvier et carnaval du 11 mars contre la loi Kasbarian / caisses de grève

Dans la première partie de cette émission, nous revenons sur les luttes contre la loi Kasbarian et pour un logement pour toutes et tous, avec un reportage à la manifestation Se loger n’est pas un crime du 28 janvier dernier, suivi d’un reportage au Carnaval contre les expulsions du 11 mars à Montreuil.

Les profits tirés du logement cher sur notre dos n’ont jamais été aussi importants, comme le nombre de logements et immeubles entiers laissés vides pour spéculer. Le nombre de familles et personnes mal logées, sans logis, menacées d’expulsion explose, tandis qu’il faut maintenant choisir entre se nourrir, payer les charges ou payer son loyer… Cette loi est un cadeau aux investisseurs immobiliers et autres profiteurs. La Loi Kasbarian-Bergé c’est la prison ou la rue !

À Montreuil, la fin de la trêve hivernale s’accompagne de nombreuses expulsions. Le Bas-Montreuil qui est en pleine gentrification depuis des années, est particulièrement touché cette année avec l’expulsabilité d’au moins 4 squats accueillant des centaines de personnes : sans-papiers, personnes âgées et jeunes, LGBTQIA+… Plusieurs collectifs de squats et de lutte pour le logement ainsi que l’Assemblée des mal-logé.e.s se sont donc retrouvés pour une déambulation festive et revendicative le 11 mars.

Prochains rendez-vous le 21 mars à 18 h devant le siège de Plaine Commune contre l’augmentation des loyers et des charges par les bailleurs sociaux ; et le 1er avril à 15 h place de la Bastille pour une nouvelle manifestation contre la loi Kasbarian et pour un logement digne pour toutes et tous (plus d’infos ici).

Dans la dernière partie de l’émission, nous écoutons Romain de la CGT expliquer le fonctionnement des caisses de grève, indispensables à la poursuite sur la durée du mouvement contre la destruction de nos retraites.

Piquet de grève a Issy-Les Moulineaux

Ce dimanche 19 mars 2023,au centre d’incinération d’Issy-les-Moulineaux, au 99 quai du président Roosevelt, se tenait dans le cadre du mouvement social contre la réforme des retraites, un piquet de grève.

Dans ce reportage, nous entendrons notamment des salarié-e-s de la Fnac venir soutenir le blocage et Fatiha sur la mobilisation des agent.e.s de la Filière ouvrière de la Direction de la propreté et de l’eau (DPE) (Ville de Paris) qui occupent le centre d’incinération d’Issy-les-Moulineaux.

Sur le piquet de grève des éboueurs & Hôpital en perdition

Grève-ordure par The Chômeuse Go On

Dans cette émission, vous entendrez dans un premier temps un reportage réalisé le lundi 13 mars au centre de collecte des déchets de Pizzorno Environnement situé à Vitry-sur-Seine (30 rue Berthie Albrecht), où se tient un piquet de grève dans le cadre du mouvement social pour le retrait de la réforme des retraites. La séquence est complétée par deux interviews réalisées le même jour, à l’incinérateur de déchets d’Issy-les-Moulineaux, qui était également bloqué.

En seconde partie d’émission, vous entendrez une interview de soignantes recueillies en manifestation, pour parler de leur conditions de travail, de la répressions envers une infirmière ayant voulu prioriser les soins d’un patient, et in fine de la dégradation du service public hospitalier. Le tout est complété par des extraits d’une émission diffusée sur Radio Canut le 28 février dernier, réalisée par Salomé Dzuilka, intitulée “Plus de Champagne pour Champagnole”. Vous y entendrez des témoignages de soignant.es ayant perdu leur poste suite à la fermeture suspensive de l’hôpital dans lequel ils et elles travaillaient.

“L’hôpital de Champagnole, situé dans le Jura, subit une fermeture suspensive depuis novembre 2022. Pour des raisons économiques et politiques, ce petit centre hospitalier est encore aujourd’hui à l’arrêt. Plus d’une vingtaine de soignants et soignantes ont perdu leurs postes et ont dû trouver des solutions pour rebondir. Abasourdies de cette volonté de fermer cet hôpital qui avait pourtant tout pour continuer à exister, Isabelle, Didier, Paola, Christelle et Stéphanie témoignent aujourd’hui de la violence politique, émotionnelle et psychologique qu’ils et elles ont subis.

Malheureusement le cas de Champagnole n’est pas isolé : en France, les choix politiques de ces dernières années ont montré une volonté de réduire le budget économique accordé au service hospitalier. Partout, mais principalement en milieu rural, la population se voit privé de services médicaux et est mise en danger.”

Lien vers radio Canut : https://radiocanut.org/

REFORME DES RETRAITES : La Parole aux Lycéens

A l’occasion du mouvement social contre la réformes des retraites, nous avions pu rencontrer les lycéens d’Hélène Boucher lors de leur blocage le lundi 13 février 2023 (reportage diffusé dans l’émission du 17 février).

Dans la suite de cette mobilisation nous les avons retrouvés le mercredi 8 mars 2023 afin de prendre le temps de discuter avec eux de leur place dans le mouvement social et des raisons de leurs engagements.

9 MARS : GAZIER ET ÉLECTRICIEN EN ACTION /ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LUTTES

9 mars 2023 gaziers et électriciens en lutte

Nous commençons cette émission par l’action menée dans le secteur de l’énergie ce jeudi 9 mars 2023. En effet, des agents et des agentes du secteur du gaz et de l’électricité de la CGT MINES ÉNERGIE, ont coupé dans la matinée le courant du stade de France et du chantier du village olympique à Saint-Denis, L’action a privé d’énergie le village olympique, le quartier au niveau zone commerciale, des data centers et aussi le stade de France. Environ 300 agentes et agents étaient présent-e-s pour cette action. Et on commence ce reportage à l’espace Mandela, ou un électricien nous donnent quelques consignes avant l’action. Ensuite, nous poursuivrons le reportage sur le site près du chantier du village olympique à Saint-Denis.

En seconde partie d’émission, nous reviendrons sur l’assemblée générale de mobilisation contre la réforme des retraites, de l’assurance chômage et du RSA contre activité qui se tenait le 9 mars dernier à la bourse du travail de Paris.

LE TEXTE D’APPEL

Hors du dernier carré macroniste et des représentants “responsables” de la gauche et de la droite du capital, le mot d’ordre de l’intersyndicale « Mettre le pays à l’arrêt à partir du 7 mars » met tout le monde d’accord. Comme en 2019, la mobilisation contre la réforme des retraites renferme une contestation plus générale des effets sur nos vies du travail, contraint, souvent discontinu, et mal payé.

Qui a encore une « carrière complète » et sans interruption ? Qui veut ou peut encore, tout le long, travailler 40 heures par semaine, 47 semaines par an, pendant une quarantaine d’années ? De quel travail parle-t-on, et à quels droits ouvre-t-il ?  
Après 55 ans, près de la moitié des gens sont au chômage. Dans ces conditions, décaler de deux ans l’âge de départ à la retraite, ce sera prendre des bouts de boulot, ou sinon, s’arrêter avec une décote. Pour beaucoup, ce ne sera pas tant travailler deux années de plus qu’attendre deux ans de plus, coincés entre Pôle emploi, la CAF, et leurs logiques de contrôle et de sanction financière. Avant cela, pour une majorité de prolétaires, la précarité et l’irrégularité de l’emploi sont déjà la norme depuis longtemps. Le plein emploi précaire se nourrit de mises au pas, de radiations par Pôle emploi, et bien souvent de boulots de moins d’un mois, mal payés et n’ouvrant aucun droit. Si la réforme des retraites passait, il y aurait, selon les projections gouvernementales, 300 000 allocataires de plus (pension d’invalidité, ARE, ASS ou RSA), sans parler de celles et ceux qui n’auraient aucun droit deux ans de plus – du fait de la conjugalisation des ressources, entre autres. 

Les salaires stagnent, les allocations de Pôle emploi sont sabordées par les réformes successives, et bientôt le RSA va être conditionné à une activité imposée à mi-temps. De 2019 à 2022, les réformes de l’assurance chômage ont déjà baissé considérablement les allocations et la durée d’indemnisation des chômeurs, tout en augmentant de 4 à 6 mois à temps plein le temps de cotisation nécessaire pour (r)ouvrir des droits. En parallèle, le contrôle a été renforcé, visant à rendre la vie au chômage intenable et à obliger ainsi les chômeurs à accepter n’importe quel travail, dans n’importe quelles conditions. Le versement du RSA tend, quant à lui, à être conditionné à une activité imposée de 15 à 20 h par semaine, sans droits et sans contrepartie : c’est la subordination, mais sans le salaire ! 

Autour de Paris, l’Eure et les Yvelines sont concernés. D’ici quelques jours, un quart des allocataires de l’Eure devront se mettre à disposition pendant 6 mois, pour de pseudo-formations, ou auprès de collectivités ou d’entreprises du département s’ils veulent continuer de recevoir une allocation. La Seine-Saint-Denis ne participe pas formellement à «l’expérimentation», pour s’en être désistée, mais elle se saisit de l’occasion pour essayer d’accroître la pression sur les allocataires, quand même.

La contrainte sur la (re)mise au travail se généralise
C’est ce que montrent bien les usages politico-administratifs des « secteurs en tension » dans plusieurs domaines d’intervention publique – même si ceux-ci sont définis par les patrons, en fonction de difficultés de recrutements qu’ils croient pouvoir anticiper à six mois. À Pôle emploi, si le dernier contrat relève des secteurs en tension (bâtiment, restauration par exemple), nous sommes plus souvent contrôlés, plus souvent contraints de se rendre à de pseudo-recrutements collectifs, et plus souvent radiés. S’agissant de la régularisation des sans-papiers par le travail, le projet de loi Darmanin, s’il était adopté, la verrouillerait doublement, à savoir à une seule année – soit le temps des Jeux Olympiques – et aux métiers des secteurs en tension. Au service des patrons, au bon vouloir de la préfecture.

Les prix explosent, les expulsions vont être accélérées.
Les difficultés pour se loger sont déjà massives, la part des loyers sur les revenus, et plus largement les charges contraintes, sont en accroissement constant. Dans ce contexte, le gouvernement a fait adopter la loi Kasbarian : les procédures d’expulsions seront accélérées et élargies, accompagnant la répression accrue sur l’occupation de logements vacants. Les prix explosent et vont continuer d’augmenter pendant plusieurs mois encore. 

Face à cette situation, des collectifs s’organisent et passent à l’offensive dans plusieurs département. Quelle que soit notre situation actuelle, salariés plus ou moins précaires, avec ou sans papiers, ou bien au chômage, et quelles que soient les raisons pour lesquelles nous sommes au chômage, nous revendiquons d’avoir plus, sans condition, et pour toutes et tous!

Pour réfléchir ensemble à nos modes d’intervention dans le mouvement contre la réforme des retraites, contrer les réformes en cours et gagner de nouveaux droits dans ce moment de mobilisation massive Pour créer des espaces d’auto-organisation, trouver les moyens d’agir collectivement, contre l’atomisation, et contribuer à bloquer la machine capitaliste de mise au travail généralisée…
agdu9mars@protonmail.com

REFORME DES RETRAITES 2023 : suite des mobilisations

À la veille d’une nouvelle journée de manifestation contre la réforme des retraites, alors que la colère et le rejet massif de cette réforme s’étend, nous poursuivons le suivi des actions et des mobilisations.

Hier, une action de gaziers et électriciens s’est faite sur le chantier et à l’alentour de la future cité olympique de Saint-Denis. Aujourd’hui, une mobilisation des agent.e.s de la Filière ouvrière de la DPE (Ville de Paris) qui occupent le centre d’incinération d’Issy-les-Moulineaux à l’appel de la CGT FTDNEEA au 99 quai du président Roosevelt, à Issy-les-Moulineaux.

Dans le direct de ce jour, nous sommes revenus avec un reportage sur l’action d’hier à Saint-Denis et par la suite, nous avons eu par téléphone un camarade de Saint-Nazaire pour les mobilisations en Loire-Atlantique. Dans la continuité, des salarie-e-s des transports en région parisienne et en fin d’émission Le récit d’une occupation d’usine produisant de la chaleur par le biais de déchets ménager.

REFORME DES RETRAITES 2023: manifestation du 7 mars

En opposition à ce projet de réforme des retraites, l’unité des organisations syndicales a construit un mouvement social solide, déterminé, ancré dans le paysage social de tout le pays. Il révèle également l’inquiétude face à la désertification des territoires, le manque de services publics, les incertitudes en matière d’emploi, de salaires et de pouvoir d’achat.

En complément de ces manifestations, c’est plus d’un million de personnes qui ont signé et diffusent la pétition en ligne proposée par les organisations syndicales. Cette opposition à la réforme touche désormais toutes les strates de la population.
Malgré cela, le gouvernement et le président de la République restent sourds et dégradent la cohésion sociale du pays en refusant toujours de retirer ce projet injuste.

L’équipe de l’actualité des luttes se trouvait dans la manifestation parisienne du 7 mars et dans l’émission de ce jour, nous entendrons les paroles de luttes de cheminotes et cheminots lors d’assemblée générale du matin à la gare du nord.

Ensuite, nous nous rendrons en ce début d’après-midi dans la manifestation ou nous entendrons entre-autre un gazier, un salarié de Géodis-calberson, des professeurs de Bagnolet…

MANIFESTATIONS : contre la réforme des retraites/ contre la loi asile et immigration

En ce jour de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, nous décidons de vous diffuser plusieurs reportages. Tout d’abord un reportage qui a été réalisé lors de la manifestation contre la réforme des retraites du jeudi 16 février 2023 dernier à Paris. Ensuite nous vous diffuserons un reportage qui lui a été réalisé lors de la manifestation du 18 février 2023 contre le projet de loi asile et immigration qui partait de la Porte Dorée en direction du Centre Administratif de Rétention de Vincennes. En effet, le mercredi 1er février 2023, le projet de loi sur l’asile et l’immigration a été présenté en Conseil des ministres. Il devrait être présenté au Sénat en mars puis à l’Assemblée nationale avant l’été. Ce 22ème texte en 30 ans confirme une fois de plus l’érosion des droits des personnes exilées en France. Dans cette émission nous vous diffusons ces deux reportages car il est nécessaire de faire le liens entre différentes attaques du gouvernement afin de les combattre.

APPEL A LA MOBILISATION DU 7 MARS 2023

En appel à la mobilisation du 7 mars 2023 contre la réforme des retraites, nous sommes aujourd’hui en direct afin d’effectuer un tour d’horizon de la mobilisation en cours. Dans un premier temps vous pourrez entendre un reportage réalisé lors de la manifestation aux flambeaux du vendredi 03 mars 2023 dans le 20 éme arrondissement de Paris. Puis, nous aurons Karim de CGT énergie ouest Ile-de-France; Fred du dépôt de bus de Lagny dans le 20eme arrondissement; et enfin, Fathia et son collègue de st Ouen sur la mobilisation aux incinérateurs de Paris.

Ce fut l’occasion de revenir sur l’état à cette date de la mobilisation, la nécessité et les besoins d’une gréve reconductible, et les différents rendez vous de la semaine.

Stop violences policières /manifestation réforme des retraites du 11 février à paris / association mamama/ blocage au lycée Hélène boucher

En ce vendredi et avant de vous proposer pour les 15 jours à venir une sélection de nos émissions et vous retrouver pour de nouvelles émissions, le lundi 6 mars, nous vous proposons un panorama de différents reportages réalisé en ce mois de février.

Nous commencerons en nous rendant en Seine-Saint-Denis

Le collectif Stop Violences Policières à Saint-Denis souhaiter en effet mener une action forte en réponse à ces violences exercées sur les étudiant.e.s de l’Ehess (école des hautes études en science sociale) lors de leur garde à vue après une tentative de se rassembler en AG sur le campus Condorcet.

Le Collectif entend ainsi dénoncer ces faits et faire condamner les responsables qui sont déjà mêlés à d’autres affaires de violences sur le quartier.

Ce 4 février, un rassemblement non violent se tenait pour revendiquer l’arrêt immédiat de tout abus de pouvoir de la part des fonctionnaires en poste dans ce commissariat et la condamnation des faits qui leur sont reprochés.

Nous entendrons un entretien réalisé avec une membre de collectif stop violence policière saint Denis.

Nous poursuivrons avec la 4ᵉ mobilisation contre la réforme retraite à eu lieu le 11 février dernier, tout aussi massive que la précédente avec l’apport des salariés qui ne peuvent pas se mobiliser en semaine accompagnée de leurs familles.

Au cours de cette manifestation, nous avons pris le pouls de la mobilisation avec un agent de la RATP qui nous expliquera pourquoi la mobilisation ne prend pas dans le métro et le RER. Un salarié de Radio France qui par ailleurs nous expliquera la précarité sociale à la radio publique.

Un militant de la marche des solidarités qui nous expliquera le lien entre les différentes contre-réformes qui visent à précariser toutes les couches de la société et un étudiant qui dit pourquoi il se mobilise.

Dans le reportage qui suit, nous parlerons de la situation de l’association MaMaMa

Créé lors du premier confinement, l’association de lutte contre la précarité infantile MaMaMa devait quitter ses locaux situés à Saint-Denis, suite une décision du juge des référés du tribunal de Bobigny.

Une audience en référé, c’est tenu ce lundi 13 février 2023 et le résultat de ce référé donné le 15 février et que Le tribunal de Bobigny accorde à MaMaMa un an de délai ! L’indemnisation financière et l’expulsion immédiate demandées par Plaine CoDev sont rejetées.

Nous entendrons l’entretien réalisé avec une membre de l’association MaMaMa qui nous parle de leur relation avec la mairie de Saint-Denis.

Dans la dernière partie de cette émission, nous vous diffusons un reportage réalisé le lundi 13 février devant le lycée Hélène Boucher à Paris. Ce jour, l’AG des lycéens avait décidé de bloquer le lycée et les lycéens tiennent un piquet de grève. Nous sommes donc allés à leur rencontre afin de mieux comprendre de quelle manière ils se sentaient concernés par la réforme des retraites et quelle place ils voulaient avoir dans ce mouvement.

MANIFESTATIONS DU 07/02/2023 ET DU 11/02/2023 CONTRE LA REFORME DES RETRAITES

La mobilisation contre la réforme des retraites continue. Cette semaine deux dates de manifestation étaient posées : le mardi 7 février et le samedi 11 février. Nous nous sommes donc rendus à celles ci afin de questionner les manifestants sur les raisons de leur présence, la stratégie de lutte mise en place, et la possibilité d’un départ en gréve reconductible. Vous pourrez donc entendre dans une première partie d’émission les reportages réalisés lors de la mobilisation du mardi 7 février 2023 sur Paris. Ensuite vous pourrez entendre un reportage réalisé lui le samedi 11 février 2023 dans la ville de Montpellier. Nous terminerons l’émission en vous diffusant le point d’étape fait par un camarade du Tarn sur la mobilisation dans sa région.

AU LYCÉE HENNAF DE BAGNOLET CA BLOQUE. AU COLLÈGE SULLY CA GRÈVE

Aujourd’hui, nous consacrons une bonne partie de notre émission au blocage qu’ont fait les lycéens et lycéennes du lycée Hennaf de Bagnolet ; ils étaient nombreux à bloquer leur établissement ce lundi 6 février et ils savaient parfaitement pourquoi. Contre la réforme des retraites bien sur mais pas seulement.

À cette réforme de trop venait s’ajouter les conditions déplorables d’enseignement et le manque d’avenir pour cette jeunesse lourdement pénalisée par la Covid et parcours Sup, sans oublier la réforme des lycées professionnels et la surexploitation de leurs parents. En effet, dans ce lycée mixte du 93, délaissé par les pouvoirs publics, le niveau économique est faible.

Dans un deuxième temps, nous irons faire un tour du côté du Mantois ou les professeurs du collège Sully ont entamé une grève reconductible toute la semaine dernière.

MANIFESTATION DU 31 JANVIER 2023

Le mardi 31 janvier 2023 c’est 2, 5 millions de personnes qui défilaient dans les rues sur l’ensemble de la France contre le projet de réforme des retraites. Dans cette émission nous vous diffusons un ensemble de reportages que nous avons récoltés dans les rues. Dans une première partie d’émission vous entendrez les reportages réalisés à paris tout au long du parcours de la Place d’Italie, aux Invalides. Dans une seconde partie d’émission nous élargirons notre périmètre en vous diffusant un reportage réalisé à Tarbes, puis un bilan des mobilisation dans le Tarn à Albi, et enfin un point d’info sur la mobilisation au Pays Basque.

REFORME DES RETRAITES 2023 : tour d’horizon des mobilisations

Le projet de loi réformant le système de retraites était présenté le lundi 23 janvier en Conseil des ministres. Malgré la séquence, débutée jeudi 19 janvier, de fortes mobilisations dans la rue et dans plusieurs secteurs professionnels, le gouvernement compte bien faire passer sa version du texte le plus rapidement possible. Pour ce faire, il inscrit cette réforme dans un projet de loi rectificatif du budget de la Sécurité sociale. Et pourrait ainsi recourir, pour la première fois depuis sa création, à l’article 47-1

Le mardi 31 janvier, nouvelle journée de grève et de manifestation partout en France avec autant de monde et de détermination. Deux nouvelles journées appelées les 7 et 11 février.Plusieurs appels de grèves reconductibles. Comment cela se met en place ?

C’est de cela dont nous allons parler dans l’émission de ce jour. Et pour ce faire, nous serons en compagnie de Laurent, conducteur de bus au dépôt de Montrouge. Karim, secrétaire CGT énergie ouest Île-de-France et Romain, secrétaire général de la CGT Énergie 93.

LE CAMPUS CONDORCET SE MOBILISE CONTRE LA REFORME DES RETRAITES

Lundi 23 janvier 2023, à la Maison des Jeunes, un petit bâtiment au sein du campus EHESS-Condorcet à Aubervilliers seine-saint-Denis dont les portes s’ouvrent manuellement, à la différence de toutes les autres portes des bâtiments du campus qui sont à ouverture/ fermeture électronique, on était une bonne trentaine. L’idée était de prendre le lieu pour l’utiliser comme lieu de discussion et d’organisation pour les luttes. On a barricadé les portes, sauf une. Une banderole est accrochée dans le but de pouvoir diffuser un appel à rejoindre le lieu dans la soirée.

Ceci est le témoignage des étudiantes et étudiants qui ont tenté-e-s d’occuper ce lieu pour protester contre la réforme des retraites.

Avec nos invité-e-s, nous revenons sur cette occupation et comment, dans ses lieux sans vie, on tente de faire rentrer la politique : la vie de la cité.

Quels sont les enjeux véritables de la réforme des retraites?

Le « problème » des retraites est une construction politique. Ce terme renvoie, lorsqu’il est utilisé à propos de la réalité économique et sociale, à la sphère de la technicité, de l’expertise. En revanche, utiliser le terme « question » à propos de la réalité économique et sociale, signale la possibilité non seulement de la pluralité des réponses, mais aussi de leur éventuelle contradiction : en général, à une question correspond rarement une seule réponse, mais plusieurs réponses possibles, voire des réponses contradictoires, ce qui, à la différence de la sphère de la technicité, laisse la place au débat et à la pluralité des points de vue propre à la réalité économique et sociale.

Pour répondre à la question des Retraites, y a deux options : augmenter les recettes, ou réduire les dépenses. Le pouvoir choisit la réduction des dépenses : augmenter la durée de cotisation nécessaire et reculer l’âge légal de départ à la retraite, revient à diminuer le montant moyen des pensions versées et la durée pendant laquelle ces pensions sont versées.

En effet, dans la réforme Macron, pour toucher une retraite à taux plein (sans décote), il faut remplir une condition d’âge minimum (64 ans) et une condition de durée de cotisations requises (43 ans). Si, arrivé à l’âge légal de départ à la retraite, on décide de partir en retraite sans avoir assez de trimestres cotisés, on touche une pension décotée (diminuée) jusqu’à sa mort.

L’idée est d’inciter les gens à chercher à travailler au-delà de l’âge minimum de retraite afin d’obtenir le nombre de trimestres manquants… en sachant qu’il y a un âge d’annulation de la décote dit aussi de « taux plein automatique » (variant de 65 à 67 ans aujourd’hui, selon l’année de naissance). Mais ce taux plein ne l’est pas en réalité puisque s’il manque des trimestres à 67 ans, votre pension est diminuée d’autant.

En réalité, les personnes sans emploi sont nombreuses après 50 ans et encore plus après 60 ans et les conditions de travail sont telles, que nombreux sont ceux qui partent en retraite malgré une décote. Le recul de l’âge minimum de retraite revient donc à diminuer la durée de vie en retraite et à augmenter le nombre de pensions décotées. Bref, tout cela permet de verser moins de retraites et moins longtemps, donc de dépenser moins.  

Quels sont les intérêts que le pouvoir sert lorsqu’il fait ce choix? Comment dégager les problématiques économiques et politiques qui se cachent derrière un discours d’urgence présentant les choix du gouvernement comme des nécessités? C’est ce que nous abordons dans cette émission avec notre invité Ozgür Gün, maitre de conférence à l’ Université de Reims Champagne-Ardenne ayant aussi enseigné à Paris 1 Panthéon Sorbonne, l’ENSTA et PSL.

REFORME DES RETRAITES 2023 : ag et marches aux flambeaux des 26 et 27 janvier 2023

Reculer l’âge de la retraite à 64 ans et augmenter à 43 le nombre d’années de cotisations, c’est priver l’ensemble des travailleur.se.s du privé comme du public d’une retraite à taux plein, c’est encourager le recours aux assurances individuelles et aggraver la pauvreté et les inégalités sociales.

Comme les précédentes réformes, celle-ci va frapper d’abord les classes populaires, renforcer les inégalités entre les femmes et les hommes et la pauvreté chez les personnes âgées. Il n’y a pourtant aucun problème de financement. Il s’agit avant tout de briser l’idée même de solidarité et d’une meilleure répartition des richesses. Nous refusons d’être des stocks de main-d’œuvre corvéables à merci.

Travailler jusqu’à 64 ans, c’est non ! Oui à une retraite digne pour toutes et tous.

Dans l’émission de ce jour et a la veille de la seconde manifestation intersyndicale, nous vous proposons l’écoute de différents reportages réalisés jeudi et vendredi dernier.

Le vendredi 27 janvier, se tenait à la bourse du travail de Massy-Palaiseau une assemblée générale de lutte contre la réforme des retraites. Avant la marche aux flambeaux qui avait lieu, nous entendrons un entretien réalisé lors de L’AG avec un syndicaliste CGT travaux publique Île-de-France, qui nous parlera des mobilisations dans son secteur. Ensuite, dans la marche, une interview avec une rédactrice en chef de la publication statistique pour l’administration de l’éducation nationale.

Dans la continuité de l’émission, nous serons sur la retraite aux flambeaux qui partait ce jeudi soir de la gare RER de Vitry-sur-Seine et se dirigeait vers la mairie de vitry. À l’appel de l’Union local CGT de plusieurs communes. Il y avait environ 200 personnes. Nous entendrons les entretiens réalisés avec une retraitée et un salarié de Sanofi

Nous poursuivrons avec des extraits de l’Assemblée Générale interprofessionnelle du 20ème qui se tenait le vendredi 27 janvier 2023 à la Mairie du 20e arrondissement de Paris.

Nous terminerons ce panorama dans les Hauts-de-Seine ou comme dans de nombreuse ville en France Le vendredi 27 janvier dernier, une marche au flambeau était organisée à Gennevilliers. Faute de manifestation de masse (empêchée par la CFDT, et accepter par la CGT au nom de l’unité syndicale) cette marche, pas très massive, mais combative, est aussi un préambule au rassemblement pour le délégué syndical de Mersen, entreprise sous-traitante de la scnema constructeur aéronautique, menacé de licenciement après avoir mené en décembre 2022 une grève historique.

Bonne écoute !

REFORME DES RETRAITES 2023 : assemblée générale et manifestation du jeudi 19 janvier 2023

En 1982, l’age de la retraite était fixé à 60 ans. Depuis les premières contre-réformes de 1993, nous sommes passée de 40 ans de cotisation et a un allongement progressif vers 43 ans (loi Touraine) avec un départ à 62 ans minimum.

La Première Ministre a annoncé ce 10 janvier 2023 le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans avec une accélération de l’augmentation de la durée de cotisation.

Depuis 1991, les réformes se sont succédé à un rythme soutenu. En 1995, Présentation par Alain Juppé, Premier ministre, d’un plan de réforme de la sécurité sociale. Le plan, prévoyez de réformer les régimes de retraite des fonctionnaires et les régimes spéciaux des salariés des entreprises publiques (SNCF, RATP, EDF-GDF…) Mais, face à l’ampleur du mouvement social déclenché par ce plan et l’annonce du plan de restructuration de la SNCF, le gouvernement retire son projet.

Que va-t-il se passer pour cette réforme 2023 ? Suite à l’annonce de la réforme gouvernementale, toutes les organisations syndicales se sont immédiatement réunies pour construire une réponse commune de mobilisation interprofessionnelle. Une première journée de grèves et de manifestations a eu lieu ce 19 janvier 2023. À paris et en région, les manifestations ont fait le plein, mais cela ne sera pas suffisant pour faire reculer le gouvernement. Comment construire l’offensive ?

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur cette journée du 19 janvier. On commencera par un extrait de l’assemblée générale qui se tenait ce jeudi matin à la bourse du travail d’Aubervilliers.

Ensuite, nous serons dans la manifestation parisienne et dans les différents cortèges qui la composent. Nous entendrons les voix de travailleur de l’automobile, de lycéennes et de lycéens, de l’éducation national et autres. Nous aurons aussi des échos sonores de manifestation en régions.

Pour se tenir informer des mobilisations :

agenda.rfpp.net

agendamilitant.org

https://paris-luttes.info/

Appel à la Mobilisation contre la réforme des retraites 2023

En Appel à la mobilisation contre la réforme des retraite du 19 janvier 2023, nous avons décidé de vous rediffuser le montage que nous avions réaliser de la 1ere journée de mobilisation contre la réforme des retraites du 5 décembre 2019.

Vous pourrez donc entendre les reportages réalisé lors de manifestation qui partait de République; puis une partie des prises de parole de l’assemblée générale qui se dérouler à “la Générale” dans le 11eme arrondissement de Paris suite à cette manifestation.

ENTRETIEN AVEC L’ANARCHIST BLACK CROSS BÉLARUS

A l’occasion de la 4 ème édition du festival internationaliste “Les Peuples veulent” qui se déroulait du 21 au 23 octobre 2022 à Montreuil, nous avons pu rencontrer deux membres de l’Anachirst Black Cross Bielorusse.

La Croix Noire Anarchiste (“Anarchist Black Cross” : ABC) est un réseau international de collectifs engagés dans la lutte anticarcérale et plus largement dans l’antirépression. L’ABC est connue pour son soutien aux prisonnier.es dit.es politiques, mais aussi aux personnes incarcérées pour leur action ou leur résistance contre le capitalisme, la répression (atteintes aux personnes en raison de leur opposition aux arrangements sociaux – e.g., violences policières, judiciaires) et les oppressions (atteintes aux personnes en raison de leur appartenance supposée à une catégorie – e.g., violences racistes, sexistes, homophobes). L’ABC lutte pour une organisation sociale basée sur l’égalité de statut, de ressources et de condition de vie, la solidarité, l’entraide et la coopération, l’autogestion et la propriété commune. Chaque collectif ABC agit selon le contexte local et ses possibilités, suivant un certain nombre de principes :

  • A-légalisme, les actes politiques ne sont pas évalués au regard de leur légalité.
  • Abolitionnisme, l’objectif est non pas la réforme de la prison mais sa suppression, principe étendu à l’ensemble des outils d’oppression et de répression (e.g., état, police, armée, frontières).
  • Internationalisme, les collectifs ABC sont solidaires entre eux et soutiennent les personnes, collectifs, communautés et mouvements réprimés à travers le monde pour leur lutte contre le capitalisme, la répression et les oppressions.

Initialement appelée “Anarchist Red Cross”, l’ABC a été créée en russie dans le contexte de la révolution de 1905 afin d’organiser l’aide aux prisonnier.es politiques et l’autodéfense contre les raids politiques militaires. Le premier groupe ABC londonien est créé en 1907 et réunit entre autres Kropotkine, Rocker, Shapiro et Tcherkezichvili. Le premier groupe ABC étasunien est fondé la même année à New York et réunit entre autres Louise Berger et Emma Goldman. Durant la guerre civile russe (1918-1921), l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne met en place des groupes ABC “de terrain”. Leur activité comprend le soin ainsi que le combat. Après la répression de Kronstadt (1921), les groupes ABC russes sont confrontés à une intense répression avant d’être interdits en 1925. L’ABC se reforme dans les années 1960 en grande-bretagne avec comme but premier de soutenir les prisonnier.es anarchistes de l’espagne franquiste. Des collectifs ABC sont créés dans plusieurs villes européennes ainsi qu’en amérique du nord, où ils soutiennent des prisonnier.es politiques comme Lorenzo Kom’boa Ervin et Mumia Abu-Jamal.

L’ABC Biélorusse, formée en 2000-2001, a pour but de soutenir les inculpé-es anarchistes, anti-autoritaires et antifascistes, et dans certains cas d’autres activistes qui ne font pas forcement parti du mouvement anarchiste. Depuis 2009, l’ABC Biélorussie a connu un regain d’activité, les anarchistes Biélorusses ayant été à l’origine d’un certain nombre d’actions illégales dont certaines ont entraîné des dégât matériels. La répression contre le mouvement a vite suivi, et plusieurs anarchistes se sont vu infliger des peines de prison.

Lors de la rencontre ” Les peuples veulent 4.0″ ils étaient venus abordés la question de la répression politique du mouvement de 2020, de celle du Covid mais aussi de la question de la guerre en Ukraine, dans laquelle un certains nombre de leur membres participent aux bataillons de résistance. Cette rencontre fût alors l’occasion pour nous revenir sur l’ensemble de ces questions et sur le contexte politique actuelle en Biélorussie.

Pour plus d’info :

https://abc-belarus.org/?lang=en

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