NOS VOEUX avec le Poing de Montpellier et la grand goule

La rédaction du Poing vous souhaite ses meilleurs vœux pour 2024 ! Nous avons fouillé dans nos archives pour vous proposer un petit bilan de l’année écoulée dans le Clapas

Bon, qu’on se le dise, 2023 était quand même bien pourrie. Peut-être moins pire que 2020 et ses confinements, mais quand même : records de températures, massacres dans la bande de Gaza, gouvernement macroniste toujours plus en roue libre… Petit tour d’horizon (non-exhaustif) d’un an d’actu dans la 7ème ville de (F)rance.

Un mouvement massif contre les retraites

2023 a démarré en fanfare : la réforme des retraites, mesure phare du second quinquennat Macron, a largement mobilisé dans les rues de Montpellier. Premier round massif le 19 janvier dans les rues de la “surdoue”, avec 25 000 personnes à battre le pavé, à l’appel de l’intersyndicale, suivi de son lot d’actions (blocage du dépôt pétrolier de Frontignan, rassemblement devant les locaux du MEDEF, manifs sauvages avec feux de poubelles) et de mobilisations sectorielles, notamment chez les cheminots, dans l’éducation nationale ou chez les étudiants, notamment en fac de sciences, pourtant peu connue pour se mobiliser en période de mouvement social. Autre moment important de cette séquence : la visite de Macron à Ganges, fortement perturbée par des manifestants, aussitôt réprimés.

Manifestation du 7 février à Montpellier contre la réforme des retraites. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

Une mobilisation quantitativement importante (jusqu’à 40 000 personnes le 7 ou le 22 mars), mais insuffisante pour faire plier Macron et son gouvernement. Comment l’expliquer ? Dans un article d’analyse publié dans notre numéro 36 (printemps 2023), une étudiante pointait du doigt la difficulté d’organiser et de coordonner des assemblées générales de luttes : « On a eu la sensation d’atteindre un plafond de verre assez vite, dans le nombre de secteurs représentés. La plupart de ces secteurs étaient déjà connectés avant la première AG : les cheminots venaient souvent sur le campus, les autres secteurs représentés se retrouvaient régulièrement sur des actions. Malgré une présence collective sur les piquets de grève, l’AG interpro n’a pas réussi à drainer d’autres salarié·e·s mobilisé·e·s sur la ville, comme les travailleur·ses de la TAM, de Nicollin, ou de l’énergie. Un faible investissement dans l’orga, accentué par la fonte des taux de grévistes au quotidien, a découragé. Le bilan n’est pas nul, à défaut d’une direction locale et démocratique pour le mouvement, les liens entre participant·e·s se sont resserrés, on a pu organiser une belle soirée de soutien à la grève le 6 avril. »

Cette désaffection des assemblées générales professionnelles peut aussi s’expliquer par la multiplication des contrats de travail courts et précaires, très exposés à la répression patronale, l’inflation importante pesant lourdement sur les petits salaires, etc. La grève dans le privé, notamment dans les PME, était faible. Une culture de la grève ne se construit pas en quelques semaines, et les projets de massification des arrêts de travail ne se situent pas sur la même temporalité que la lutte sur les retraites.

Les assemblées de luttes autonomes, comme celles initiées par le groupe Montpellier contre la vie chère, n’ont pas non plus rassemblées les masses, bien qu’elles aient conduits à mener plusieurs actions : barrages filtrants, tractages, blocages de sites jugés moteurs dans l’économie locale.

Assassinat de Nahel : la ville s’est embrasée

27 juin. Nahel, un jeune de Nanterre, se faisait tuer par un policier. Des émeutes ont eu lieu dans tout le pays en signe de protestation. A Montpellier, les quartiers Mosson-La Paillade ont rejoint la révolte dans la nuit du 29 au 30 juin. Barricades incendiées, bris de vitres du bureau de police Nord, tirs de feu d’artifice, pillage de l’Aldi Saint-Paul, caméras cassées… France 3 notait qu’une « personne âgée de 71 ans a également été admise au CHU de Montpellier […] elle aurait été victime d’un tir de LBD, un lanceur de balles de défense. »

Des affrontements ont également eu lieu à la Devèze, à Béziers (attaques de la mairie annexe, de la Mission locale et d’un distributeur automatique de billets), à Nîmes (poste de police de l’avenue Bir Hakeim visé) et à Narbonne (voitures incendiées).

Des scènes de jonctions entre militants du centre-ville et jeunes des quartiers populaires ont également été observées. Le 3 juillet, 19 personnes ont été déférées au parquet, avec des condamnations allant des travaux d’intérêts généraux à de la prison ferme.

En septembre, en réaction à ces violences policières, une manifestation réunissant un millier de personnes a été organisée à Montpellier.

Photo de la manifestation contre les violences policières organisée en septembre à Montpellier. (“Le Poing”)

Montpellier la mystique

Si Montpellier n’a pas été choisie pour devenir capitale européenne de la culture, serait-elle en train de devenir la capitale des thérapies new-age teintées d’ésotérisme ? En mai 2023, le salon du bien-être “Demain c’est aujourd’hui” accueillait au château de Flaugergues des entrepreneurs en bien-être (ainsi que des membres de la secte d’extrême-droite “Les Brigandes”). Le Poing avait sorti une enquête très détaillée à ce propos, et des sponsors s’étaient retirés de l’événement. Le salon avait d’ailleurs été pointé du doigt par l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi) pour ses risques de dérives sectaires. Le sommet aura finalement fait un beau flop, qui conduira l’organisatrice à lancer une cagnotte en ligne pour rembourser son manque à gagner et payer ses prestataires. Elle récupèrera seulement 200 euros sur les 66 000 demandés.

En septembre, des « mediums » et « guérisseuses » proposaient des « rituels de dégagement des magies noires » au plomb et autres massages, lithothérapie et « nettoyage énergétique du mauvais œil » à la journée des associations d’Antigone. En octobre, un autre salon du bien-être, “Mystic”, avait lieu au château de Flaugergues, sans médecins du CHU, mais avec son lot de « chamans », litothérapeutes et autres promoteurs de « thérapies holistiques ».

Toujours en octobre, la foire internationale de Montpellier, soutenue par la Ville, la Métropole et le Département, qui s’est tenue au parc des expositions, a encore fait la part belle aux « guérisseurs », « patriciens reiki », et « annulateurs de sortilèges »… Enfin, le salon “Bio&harmonies”, qui s’est tenu du 8 au 10 décembre dernier, également au parc des expos, mettait lui aussi en avant des « thérapies complémentaires » : « alchimie gnostique », « thérapeute dans le Quantique », « sono-thérapeute », « psychologie biodynamique », « soin spirituel »…

Enfin, en décembre, étaient organisées les journées internationales de l’Observatoire des pratiques professionnelles en santé intégrative (OPPSI), une association de promotion de cette médecine. Le congrès, finalement annulé après une saisie des autorités par l’Ordre des médecins, prévoyait d’inviter entre autres, un médecin antivax et surtout, un médecin se réclamant de la doctrine de l’anthroposophie, un courant ésotérique cité par la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires comme pouvant présenter des risques pour la population.

Ce n’était pas la première fois que le Poing évoquait dans ses colonnes l’anthroposophie à Montpellier : en septembre dernier, nous révélions que la mairie et la Métropole avaient signé un prêt à une banque citée dans un rapport de la Miviludes dans son chapitre sur l’anthroposophie, et en octobre, que le site de la Ville faisait la promotion sur son “portail des assos” en ligne d’une association dont la mission est de faire connaître cette doctrine (supprimée après publication de notre article).

L’extrême-droite toujours en embuscade

Fidèle à sa ligne éditoriale fermement engagée contre les extrêmes-droites, Le Poing a encore une fois beaucoup documenté les faits et gestes des fachos locaux en 2023.

Nous avons notamment évoqué les menaces subies par des syndicalistes du bassin de Thau durant la réforme des retraites, la complaisance de l’ancien préfet Hugues Moutouh (remplacé depuis par François Xavier-Lauch, un proche de Macron et Darmanin) avec les manifestations d’extrême-droite, les péripéties administratives conduisant à l’annulation du spéctacle de l’antisémite Dieudonné (théoriquement de retour dans le Clapas à la fin du mois), ainsi que la présence de symbole fascistes sur les tenues de policiers montpelliérains.

Nous avons également révélé que Jordi Vives, ancien cadre du groupuscule raciste et violent La Ligue du Midi, était devenu assistant parlementaire de l’eurodéputé Gilbert Collard. A l’occasion du sommet “MEET” dont nous parlions plus haut, nous avons consacré deux articles à la secte d’extrême-droite les Brigandes : l’un sur leur business immobilier et sur leurs conférences ésotériques new-age, et l’autre sur leurs liens avec Moscou et des nationalistes russes.

Nous avons relaté une série de procès opposant justement un membre de la Ligue du Midi ou un soutien des brigandes à des membres de la Ligue des droits de l’Homme.

En septembre, nouvelle révélation : une ex-cadre du groupuscule dissous Génération Identitaire fonde une association de parents d’élèves à Aniane, petit village héraultais. Une information ensuite reprise par Libération en citant Le Poing.

Nous avons aussi beaucoup parlé de Béziers et de son sulfureux maire Robert Ménard : son refus de marier un couple car l’époux était sous un régime d’obligation de quitter le territoire français, son obstination à mettre des crèches de Noël dans sa mairie malgré les refus successifs du tribunal administratif, et de sa politique de fichage des propriétaires de chiens. De plus, nous avons discuté avec Daniel Kupferstein, réalisateur qui a filmé cette ville pendant sept ans pour en faire un documentaire sur la gestion municipale de Ménard.

Grève chez Onet : l’évènement social de la rentrée

Un phare dans la nuit” selon certains militants. il faut dire que cette grève, menée essentiellement par des femmes, souvent issues de l’immigration, en temps partiel imposé et sans grande culture syndicale, a suscité beaucoup d’attention de par sa longévité : le 13 septembre, les salariés d’Onet, entreprise qui gère le nettoyage du CHU de Montpellier, se sont mis en grève pour demander pour demander des augmentations de salaires, une prime équivalente au treizième mois et pour marquer leur refus d’un dispositif de contrôle sur téléphone où elles devaient rendre compte de chaque prestation effectuée dans les divers endroits qu’elles nettoyaient.

Une grève historique par sa durée, qui aura eu le soutien de députés insoumis comme Rachel keke ou François Ruffin.

Au bout de 80 jours de grève, elles ont finalement obtenu, via des négociations avec la direction, une prime exceptionnelle de 650 euros et un allègement du dispositif de traçage. 80 jours de lutte qui n’auraient sans doute pas été possibles sans un comité de soutien, rassemblant largement divers pans du mouvement social montpelliérain, qui a réuni près de 20 000 euros en organisant divers évènements pour abonder la caisse de grève.

Les salariées d’Onet étaient en première ligne de la manifestation intersyndicale du 13 octobre à Montpellier. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

Toujours aux côtés de celles et ceux qui luttent, Le Poing a également couvert le mouvement des coursiers en lutte contre les plateformes de livraisons pour plus de droits, le combat des intermittents du spectacle pour la défense de leur statut, celui des profs contre la réforme des lycées pro ou des étudiants contre la sélection à l’université, la grève historique des attachés parlementaires en novembre ou plus récemment celle des salariés de l’association Issue, qui militent pour le renouvellement des contrats dans un accueil de jour pour des personnes à la rue, mais encore la mobilisation écologiste contre les travaux du LIEN au nord de Montpellier, jugés illégaux.

Fait cocasse, quand Michaël Delafosse, maire “socialiste” de Montpellier, se vante de “grignoter de l’espace aux voitures” en mettant en place la gratuité des transports (opérationnelles depuis fin décembre), alors que son comparse lui aussi socialiste Kléber Mesquida, à la tête du Département, fait construire un échangeur autoroutier qui va augmenter le trafic. N’y aurait-il pas une dissonance cognitive dans les rangs du PS héraultais ?

Massacres à Gaza : réaction populaire

Une actu chasse l’autre. C’est celle, dramatique, provoquée par l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, qui a agité les rues montpélliéraines en cette fin d’années. Malgré des tentatives d’interdictions par la préfecture (retoquées par le tribunal administratif), pas moins de dix manifestations réunissant parfois plusieurs milliers de personnes se sont enchainées tous les samedis dans le Clapas depuis octobre, avec la dernière en date, celle de la veille de Noël dans le quartier de la Paillade.

Image de la manifestation du 28 octobre en soutien à la Palestine sur la Place de la Comédie. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

L’une d’elle a été marquée par une interpellation pour apologie du terrorisme, après qu’une personne ait qualifié l’attaque du 7 octobre comme un “battement d’aile de papillon” pour la résistance palestinienne. Des propos tenus en fin de manifestation alors que les organisateurs étaient déjà partis. L’homme sera jugé en février. Les organisateurs des manifestations avaient alors dénoncé une “instrumentalisation” politique et médiatique pour masquer le caractère légitime de la mobilisation.

Par ailleurs, les organisations mobilisées ont dénoncé le 11 décembre dernier devant la mairie de Montpellier la position de la Ville sur le conflit en cours et ont demandé (sans succès) à Michaël Delafosse, d’adopter en Conseil municipal une motion en faveur d’un cessez-le-feu.

Car depuis 1977, les élus locaux montpelliérains célèbrent, à l’initiative du centre culturel juif de Montpellier, la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Et plus récemment, Michaël Delafosse a déclaré ;“il est mensonger de parler d’apartheid Israélien”.

Enfin, la fin de l’année a été marquée par la mobilisation contre la loi immigration de Darmanin. Des rassemblements et manifestations ont été organisées à Montpellier.

De notre côté, dix ans et un salarié

Pour la presse indépendante, 2023 a été une année riche : les camarades de la revue Frustration et du média Marseillais CQFD nous ont rendu visite à Montpellier, on s’est tous fédéré autour des états généraux de la presse indépendante le 30 novembre dernier à Paris pour porter des revendications, et la mobilisation devrait continuer en 2024.

Pour Le Poing, 2023 fut l’année des dix ans d’existence, une durée de vie inespérée pour un petit canard comme le notre (un numéro papier spécial anniversaire paraîtra le 12 janvier), mais aussi celle de l’embauche de son premier salarié à temps partiel. On a aussi commencé nos ateliers d’éducation aux médias et à l’information dans des établissements scolaires, et on compte bien poursuivre ! Cependant, la suite demeure précaire. Pour qu’on dure dix ans de plus (et c’est tout ce qu’on peut nous souhaiter en ce début d’année), une seule solution, vu qu’on refuse la pub et l’asservissement à un milliardaire : abonnez-vous à notre journal papier ou faites un don !

Sur ce, la rédaction du Poing vous souhaite une excellente année 2024, pleine de luttes et (on l’espère), de victoires !

Bilan 2023 de la Grand Goule journal militant du limousin

une répression des mouvements sociaux en pleine expansion !

Le premier semestre 2023 a largement exprimé une forte colère sociale, avec la mobilisation contre la réforme des retraites et la lutte contre les mégabassines, puis avec les émeutes déclenchées par le meurtre de Nahel, adolescent abattu à bout portant par un policier le 27 juin lors d’un contrôle routier à Nanterre. Le bilan que l’on peut tirer de cette année est aussi celui d’une répression de plus en plus violente – au total, ce sont des milliers de manifestant-e-s et d’émeutiers qui ont été blessés, interpellés ou poursuivis devant les tribunaux.

Le 5 avril dernier, le ministre de l’Intérieur Darmanin avait menacé de supprimer les subventions de la LDH parce qu’elle dénonçait dans les médias l’« usage disproportionné » d’armes (grenades, LBD…) par les forces de l’ordre le 25 mars, lors de la manifestation antibassines interdite de Sainte-Soline, ainsi que leur refus de laisser les secours accéder aux blessé-e-s. Le 10 juillet, la LDH a néanmoins rendu public son rapport sur ces faits. Ont ainsi été mis en relief que – pour défendre un trou – plus de 5 000 grenades ont été lancées contre les manifestant-e-s, et 3 200 gendarmes, 9 hélicoptères, 4 blindés et 4 camions à eau ont été mobilisés. Ces chiffres montrent une nette augmentation des moyens mis en œuvre par l’Etat français pour « maintenir l’ordre », en comparaison par exemple avec les affrontements sur la ZAD de Sivens le 25 octobre 2014, où il n’a paraît-il été tiré « que » 237 grenades lacrymogènes, 38 grenades GLI-F4 et 23 grenades offensives F1 – et où l’une de ces dernières a tué Rémi Fraisse.

L’Etat français a plusieurs fois été épinglé par des institutions telles que l’ONU ou le Conseil de l’Europe pour la violence de ses troupes, mais il n’en a cure. En 2023, il a multiplié les mesures coercitives : innombrables interdictions de manifester (que ce soit contre les mégabassines1 ou pour dénoncer les bombardements de Gaza après le 7 octobre) ; renforcement de la surveillance des populations – par l’utilisation des drones, de la reconnaissance faciale ou du prélèvement d’ADN 1 C’est même depuis septembre 2021 que les manifestations antibassines font l’objet d’arrêtés d’interdiction systématiques. – ainsi que des contrôles policiers, notamment à l’encontre de personnes venant soutenir des prévenu-e-s lors de procès. La décision qu’a prise, le 21 juin, le conseil des ministres de dissoudre les Soulèvements de la Terre n’est tombée à l’eau que grâce à l’avis négatif rendu à son sujet par le Conseil d’Etat le 9 novembre.

Concernant la lutte contre la réforme des retraites : d’après Darmanin le 5 avril, il y avait eu alors, depuis le 16 mars – jour où le gouvernement a utilisé l’article 49-3 pour faire passer sa réforme des retraites –, 1 851 interpellations. Pendant ce mouvement, des centaines (au moins) d’arrestations préventives ont eu lieu, à ajouter aux milliers d’interpellations lors des manifestations, et des centaines de personnes ont été blessées (dont quatre manifestant-e-s et un journaliste gravement) . Actuellement, plus de 400 militant-e-s de la CGT sont poursuivis en justice, selon ce syndicat , et plus de 1 000 sont menacés de licenciement, des procédures à leur encontre étant en cours dans les entreprises. Par exemple, le secrétaire général de la fédération mines-énergie Sébastien Ménesplier a été entendu par la gendarmerie à Montmorency dans le cadre d’une enquête sur des coupures d’électricité en mars. La FSU signale de son côté une hausse des signalements dans la fonction publique ; et Solidaires fait état de conseils de discipline à la Poste et de mutations forcées dans l’Education nationale.

Concernant les émeutes du 27 juin au 3 juillet : selon le ministère de la Justice, le 6 juillet, il y avait eu au niveau national 3 693 personnes interpellées, donc 31 % de mineurs. Le 19 juillet, Dupond-Moretti a parlé de « 1 278 jugements, avec 95 % de condamnations, 1 300 déferrements au parquet, 905 comparutions immédiates, 1 056 personnes condamnées à une peine d’emprisonnement, dont 742 à une peine ferme avec un quantum moyen des peines fermes de 8,2 mois, et 600 personnes incarcérées ». Pour rappel, pendant les trois semaines d’émeutes déclenchées, le 27 octobre 2005, par la mort des adolescents Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois lors d’une coursepoursuite avec la police, il n’y avait eu « que » 400 peines de prison ferme. En 2023, jusqu’à 45 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés – contre 11 000 en 2005. Au moins 10 personnes ont été gravement blessées (le plus souvent éborgnées par des tirs, de LBD ou autres grenades) et il y a eu deux morts.

Le procès « mégabassines » de Niort Deux épisodes judiciaires se sont déroulés, le 8 septembre et le 28 novembre, au tribunal correctionnel niortais sur la thématique « mégabassines ». Un dossier a en effet été monté sur cette thématique pour inculper neuf personnes : il mêle diverses « affaires » et vise des militants de diverses organisations… en les incriminant pour l’essentiel à partir de vidéos ou d’articles mis en ligne par ces organisations. Les 1 neuf prévenus ont comparu libres, le 8 septembre après-midi, au tribunal correctionnel de Niort. Sébastien Wyon (de la Confédération paysanne), Joan Monga et Nicolas Bauvillain (de Bassines non merci, BNM) sont poursuivis pour « vol aggravé »2 car « commis en réunion » pendant le « printemps maraîchin » des 25- 27 mars 2022 à La Rochénard. Lors de cet événement festif qui a réuni plusieurs milliers de personnes contre la création des 16 « retenues d’eau » prévues dans la région par le protocole d’accord de la Coop de l’eau3 , deux tuyaux de canalisation d’irrigation ont été déterrés et découpés, puis un bout en a été « frauduleusement soustrait » et 1 « A Niort, un procès des antibassines fourre-tout et sous haute tension », Politis, 8 septembre 2023. 2 Ils le sont aussi pour avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes et d’ADN. 3 Les travaux pour creuser celle de Priaires – la troisième de ces 16 mégabas- sines – ont démarré le 28 août. emporté – une action revendiquée par plusieurs organisations4 . Julien Le Guet (porte-parole de BNM) est quant à lui inculpé pour organisation d’une manifestation non déclarée et « participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou dégradations de biens, vol et dégradations » lors de la « grillade party » du 2 octobre 2022 à Sainte-Soline – une manifestation où une cinquantaine de personnes avait été empêchée par la police de piqueniquer sur un terrain. Ce militant est aussi accusé d’avoir démonté une grille à cette occasion. Cinq des neuf prévenus sont poursuivis pour organisation d’une manifestation interdite le 29 octobre 2022 : Julien Le Guet, Joan Monga, Nicolas Garrigues (porte-parole des Soulèvements de la Terre), Hervé Auguin (codélégué départemental Solidaires 79) et David Bodin, secrétaire de l’union départementale 4 Toutes ces manifestations interdites ont été soutenues par… 150 à 200 orga- nisations. CGT. Les syndicalistes de Solidaires et de la CGT sont en fait là parce qu’ils ont déposé, au nom de leurs organisations respectives, une déclaration de manifestation et que la préfecture a ensuite interdit cette manifestation. L’organisation d’une manifestation interdite est un délit passible de 6 mois d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, alors que la participation à une manifestation interdite n’est passible que d’une amende forfaitaire de 135 euros… Ces cinq prévenus sont également inculpés pour organisation d’une manifestation interdite le 25 mars 2023, et deux autres personnes avec elles : Nicolas Girod (ancien porteparole de la Confédération paysanne) et Benoît Jaunet (porte-parole de la Confédération paysanne 79), parce qu’ils ont participé au convoi de tracteurs venus alors à Sainte-Soline. Acte I : le 8 septembre L’hétérogénéité du dossier et le nombre des prévenus ont conduit le président du tribunal à ne pas procéder par individu, mais par ordre Des interpellations et des condamnations en lien avec les émeutes du printemps ont toujours lieu (les gardes à vue ont ainsi dépassé les 4 000), notamment « grâce » à l’exploitation de la vidéosurveillance, aux tests ADN réalisés sur les projectiles ou les véhicules, et à la géolocalisation des téléphones. Par exemple, le 4 décembre à Brest, un jeune homme a pris douze mois de prison ferme pour « dégradation » du tennis-club, tandis que, à Gaillon dans l’Eure, quatre personnes dont deux mineurs étaient placées en garde à vue pour des tirs de mortier contre les forces de l’ordre. Ces procès qui se déroulent à bas bruit aboutissent, d’après l’AFP4 , « dans de nombreux 4 « Emeutes après la mort de Nahel : cinq mois après, les enquêteurs voient cas à des condamnations en justice [mais] il n’existe pour l’instant pas de statistiques nationales sur ce sujet ». Concernant la lutte contre les mégabassines : à Sainte-Soline le 25 mars, il y a eu au moins 200 blessée-s chez les manifestants – une quarantaine gravement, dont deux dans le coma. Plus de 24 000 contrôles de véhicule ont été réalisés, selon Darmanin, et des arrestations opérées sur la seule base d’un marquage chimique (un… journaliste a ainsi effectué 28 heures de garde à vue). Le procès de Niort portant entre autres sur cette manifestation (voir l’article suivant) montre une fois de plus que des moyens d’enquête d’ordinaire utilisés contre le terrorisme ou le le bout du tunnel », Nice-Matin du 5 dé- cembre 2023. grand banditisme – ainsi la section de recherches de Poitiers – peuvent être employés pour des infractions rangées en bas de l’échelle pénale (tel l’« emprunt » d’un bout de canalisation) afin de dramatiser un dossier. Aujourd’hui comme hier, les poursuites judiciaires traduisent la volonté gouvernementale de criminaliser les mouvements sociaux. Et, sous Macron comme sous Hollande auparavant, ces poursuites contribuent, avec les violences policières, à servir les intérêts des capitalistes – que ce soit pour imposer une réforme du code du travail ou des retraites ou pour faciliter l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie.

NOTE : A Paris, du 16 au 20 mars, 790 personnes ont été interpellées lors de « nasses », et 200 ont été blessées rien que le 1er Mai. « Mobilisation contre la réforme des retraites : plus de 400 militants CGT sont visés par des poursuites judiciaires après des actions », Franceinfo, le 6 septembre 2023.

LE REMPLAÇANT, Journal d’un prof précaire de banlieue.

Rencontre avec Nedjib Sidi Moussa pour la sortie de “Le Remplaçant : journal d’un prof (précaire) de banlieue présenté à la librairie quilombo Le 7 septembre 2023 dans le XIe de Paris.

Le malaise des enseignants, les difficultés de recrutement ou encore la désillusion des contractuels, thèmes désormais familiers du paysage politico-médiatique, ne sont que les symptômes d’une crise profonde – celle de l’éducation -, qui interroge notre capacité à « prendre soin, préserver et admirer les choses du monde » (Hannah Arendt).

Ce récit singulier et sensible, à rebours des plaidoyers lénifiants pour une école postmoderne ou des complaintes anxiogènes sur les « territoires abandonnés » de la République, invite les lecteurs à suivre les pérégrinations d’un professeur contractuel nommé dans un collège de la banlieue parisienne afin d’apprendre aux enfants des classes laborieuses l’histoire et la géographie – sans oublier l’enseignement moral et civique.

En passant du rire aux larmes et de la compassion à la révolte, “Le Remplaçant” offre une chronique saisissante de la France contemporaine.

Il raconte aussi l’histoire d’une jeunesse perdue, celle d’un fils d’ouvrier à l’orée de ses quarante ans, celle d’un ancien sorbonnard durablement installé dans le précariat, comme tant d’autres aujourd’hui.

BANLIEUSARDS ATTITUDE

Ce mardi 17 mai, nous vous diffusons une émission qui a été enregistrée en studio le jeudi 12 mai dernier avec la sphère d’influence ” banlieusards attitude”. Issue du mouvement la révolution est en marche, la sphère d’influence mènent de nombreuses actions de terrain, notamment sur la question du logement. Mais, elle veut intervenir à plusieurs niveaux du quotidien des habitant-e-s des banlieues à travers un programme d’orientation global (à lire ci-dessous).

https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==2/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

À l’occasion des présidentielles ils et elles avaient organisé plusieurs réunions dans diverses villes de banlieue parisiennes a l’issues desquelles se sont écrites trois tribunes (à lire ci-dessous).

1er tribune La sécurité pour nos quartiers https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==3/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

2eme tribune CONTRE LA STIGMATISATION DES FRANÇAIS ET DES FRANÇAISES DE CONFESSION MUSULMANE. POUR LE DROIT À LA DIFFÉRENCE https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==4/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

3 eme tribune POUR L’ABOLITION DES CRA ET L’AUTOGESTION DES FOYERS https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTlCKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==5/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100ARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==5/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

Dans cette émission, vous pourrez donc entendre quatre de ces membres revenir sur cette initiative au global et sur les moyens que la sphère d’influence se donne pour développer ses projets.

Bonne écoute !

NOUS SOMMES EN GUERRE de Pierre Douillard

Le 26 septembre Pierre Douillard présentait son dernier livre ; « Nous sommes en guerre » à la librairie Michelle Firk. Blessé à l’œil en 2007 alors qu’il était lycéen, par le tir d’un policier qui expérimentait le Lanceur de Balles de Défense – LBD 40 –Pierre Douillard-Lefèvre mène depuis des recherches sur la militarisation de la Police et s’engage au sein de collectifs de mutilés.

Il est par ailleurs chercheur en sciences sociales et auteur de travaux de sociologie urbaine. Et c’est bien ça qui fait de ce livre un témoignage et une critique forte et implacable. Dans un langage percutant Pierre analyse une société qui se militarise pour défendre les intérêts de quelques-uns. Il relie les expériences pour tenter de dégager des rapports de force efficaces.

« Qu’est-ce qui relie un lycéen et un Gilet Jaune, un teufeur et l’habitant d’une cité, un supporter et un occupant de la ZAD ? Tous ont subi des violences préméditées de la part de policiers qui les ont visés à la tête. Tous ont été touchés par la même arme. Il y a toujours, en amont de leurs histoires, une volonté assumée par la Police de faire mal, d’en mutiler un pour en terroriser cent. »

Dans la pénombre sécuritaire de l’époque, la question de la répression est devenue centrale. Sur fond d’écrasement de toutes les oppositions et d’états d’urgence illimités, il est désormais largement admis que le pouvoir ne tient que par sa police. Si la question du maintien de l’ordre est désormais sur le devant de la scène médiatique, il s’agit de l’aboutissement d’un processus qui s’étend sur plusieurs décennies, dont les banlieues, puis les protestations indociles ont été les laboratoires. Alors que l’horizon ne cesse de s’obscurcir et le régime policier d’étendre sa toute puissance, ce livre retrace la généalogie d’une militarisation du maintien de l’ordre et propose des pistes pour y résister.

NADIA ; CONDUCTRICE DE BUS A PANTIN

Nadia a fait 60 jours de gréve reconductible. Non syndiquée, elle a pris une part active dans la mobilisation contre la “réforme des retraites”. Une nouvelle génération de militantes déterminées, Gilet jaune, grévistes, souvent habitantes des banlieues. C’est le portrait de l’une d’entre elle que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.

NANTERRE DU BIDONVILLE A LA CITÉ

Dans cette émission, Victor Collet nous parlent de son livre « Nanterre du bidonville à la cité ». Il y retrace les luttes qui ont traversé le bidonville de Nanterre au gré de l’évolution de la ville. Des cités de transit au cité HLM comment la figure de l’étranger se transforme pour finir par s’enliser dans ce qu’on appelle la crise des banlieues ?  Comment la stigmatisation évolue pour se cristalliser et devenir un problème dit « d’intégration » . 

Le livre de Victor Collet, “Nanterre du Bidonville à la cité” fait dialoguer les archives et les mémoires sur l’histoire de l’immigration et de Nanterre au regard du présent.  Bonne écoute !

MARCHE POUR LA JUSTICE ET LA DIGNITÉ / LES VIOLENCES D’ÉTAT

151. Ils étaient 151 enfants, agenouillés et mains sur la tête pendant plusieurs heures, victimes d’une violence policière inouïe, ce 6 décembre 2018 à Mantes-La-Jolie. Aujourd’hui, 151 mamans, femmes de Mantes-la-Jolie et du Mantois se dressent contre l’arbitraire policier et pour “l’amour de leurs enfants

Dans ce premier temps d’émission , nous entendrons le reportage réalisé le 8 Décembre dernier à Paris sur La marche des mamans

En seconde parties d’émission , nous entendrons un entretien réalisé avec Ian , du collectif désarmons les . Nous débuterons l’entretien en parlant du film qu’a réalisé Ian sur les violences d’état , qui sortira en Janvier 2020

ACTE 30 : GILETS JAUNES A MONTPELLIER / ACTE1 EN BANLIEUE PARISIENNE


190611 gilets jaunes banlieue

En fin de semaine dernière , ce tenait l’acte 30 du mouvement des gilets jaunes . Dans un premier temps , nous reviendrons avec le récit d’un participant a la manifestation de Montpellier, sur la mobilisation de samedi dernier.

Dans un second temps , nous seront toujours a Montpellier en compagnie de Jules pour revenir sur l’aspect juridique des répressions des manifestations gilets jaunes.

Suivra un retour sur l’acte 1 gilets jaunes banlieue avec un Cortège qui partait de Stade de France en direction de Bobigny . Nous en parlerons avec un manifestant.

Nous terminerons l’émission par quelques rendez-vous