ADOLFO KAMINSKY : une vie de faussaire

Dans l’émission de ce jour, nous rendons un hommage à Adolfo Kaminsky

L’actualité des luttes poursuit son travail de diffusion d’histoires d’anonymes qui ont su avec courage et détermination s’inscrire dans l’Histoire en prenant leur responsabilité et en défiant la légalité.

Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l’expert en faux papiers de la Résistance à Paris, il ne sait pas encore qu’il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d’une vie. Durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.

Sa fille, Sarah, retrace son histoire de clandestinité, d’engagement, de combat contre le racisme, pour la solidarité avec la lutte des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l’émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d’Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d’Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d’Afrique, l’opposition aux dictateurs d’Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s’est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté.

À lire : Adolfo Kaminsky Une vie de faussaire chez Calmann-Levy de Sarah Kaminsky

Cette émission fut diffusée pour la première fois, le 12 janvier 2015

De la précarité à la misère : ONF – FNAC – Portrait d’une braqueuse – Magasin sans argent

Dans cette émission diffusée le 6 janvier 2023, vous entendrez différents petits sujets portant sur le manque d’argent, la précarité et la misère. Sous-financement, salaire trop bas et solutions pour échapper à la misère sont au programme.

L’Office National des Forêts (ONF) s’occupe de nos forêts publiques. Mais malgré les menaces croissantes qui pèsent sur elles (incendies, épidémies sanitaires, changement climatique…) l’ONF est peu à peu dépecé par le gouvernement, il a perdue 1/3 de ses effectifs. Les gardes forestières et gardes forestiers, qui se sont engagés à l’ONF par amour pour les forêts, sont aujourd’hui de moins en moins nombreux et surtout sous pression pour produire toujours plus de bois.

Le 3 novembre 2022, se tenait a l’assemblée nationale le débat sur la loi de finance 2022 2023. a cette occasion le Syndicat National Unifié des Personnels des Forêts et de l’Espace Naturel (SNUPFEN) et les salarié de l’ONF , était présent pendant 3 jours prés de l’assemblée nationale pour faire entendre leurs voix. Une suppression de 95 postes était envisagé pour 2023. Et malgré la communication du gouvernement, ce seront l’équivalent de 35 postes qui seront supprimés en 2023 à l’issue de la votation du budget.

Vous entendrez des entretiens réalisés le 3 novembre 2022 avec Patrice Martin du syndicat SNUPFEN ONF et de Bruno Doucet de l’ ONG canopée forêt vivante.

De novembre 2021 à mars 2022, de nombreux salariés des Fnac Relais et Paris ont participé à des mouvements de grève dont la principale revendication était les conditions de travail. Pour ne plus revivre la même chose, la direction a donc embauché plus que de coutumes des renforts en cette fin d’année sur tous les points chauds de l’année dernière en Province.

Et Saint Lazare qui a connu plus de 3 mois de conflit est le seul magasin parisien qui n’a pas perdu en effectif CDI depuis 1 an. Autrement dit, le relatif confort dans lequel travaillent ces salariés aujourd’hui a été arraché par la lutte.

Pour autant, ces renforts ont vocation à disparaître dès le mois de janvier, renvoyant les titulaires au sous-effectif chronique qui touche l’ enseigne, et aux mauvaises conditions de travail qui en découlent. Parallèlement à ça, nous avons connu une année très compliquée, où l’inflation est venue rappeler de façon cinglante à quel point notre rémunération est basse. À ce titre, malgré les augmentations générales des salaires de 2022, le travailleur de la Fnac n’a jamais été aussi proche du statut de SMICARD qu’aujourd’hui. C’est dans ce contexte que les salarié-é-s de la FNAC paris et relais appelait a des journée de gréve les 23 et 24 décembre 2022.

Vous écouterez un reportage réalisé le 23 décembre 2022 devant la FNAC st-Lazare.

Portrait d’une des “Amazones” d’Avignon, un groupe de braqueuse, qui entre 1989 et 1990, a organisé sept braquages pour échapper à la misère et améliorer ses conditions de vie ainsi que celles de ses proches.
Le portrait a été réalisé par l’émission l’Egrégore et a été diffusée le 28 novembre 2022 sur Radio Primitive.

Un reportage réalisé dans un magasin sans argent éphémère à Villejuif, appelé aussi zone de gratuité, où des habitants à l’issue d’une action de solidarité pendant le confinement de 2020, ont décidé de monter un projet pour aider leurs semblables. Elles et ils expérimentent ainsi une alternative au magasin marchand, où les habitants peuvent donner leurs biens et en acquérir d’autres, sans troc et sans intermédiaire financier.

Fabienne Lauret une féministe révolutionnaire

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de l’entretien réalisé avec Fabienne Lauret en novembre dernier.

Entretien. Après la publication en 2018 du livre « L’Envers de Flins », Fabienne Lauret, ouvrière établie à Renault Flins à partir de 1972, s’est lancée dans une prolongation sous forme de BD.

Avec le scénario tiré du livre, les dessins, cette BD est une œuvre collective. Comment vous en est venue l’idée, comment l’avez-vous construite ?

Étonnamment, c’est venu très vite à la première présentation publique du livre le 10 février 2018 à la librairie La Nouvelle Réserve (Limay 78) : Philippe Guillaume, que je ne connaissais pas, emballé par le livre, est venu me proposer, en tant que scénariste de BD historiques et engagées de l’adapter ensemble en BD. Surprise et n’y connaissant pas grand-chose, mais curieuse de nature, j’ai vite accepté cette aventure qui s’est révélée passionnante, prenante et très enrichissante ! Un autre libraire indépendant nous a mis en contact avec la jeune Elena Vieillard, illustratrice, dont des membres de la famille avaient travaillé et milité chez Renault.Fabienne Lauret

Grâce aux connaissances de Philippe, nous avons trouvé un éditeur de BD, « la Boîte à bulles » en ayant un accord écrit de Syllepse, l’éditeur du livre, tout en gardant le titre initial (inversé). Dès 2019, le plan puis le synopsis très précis fut élaboré, mais il a fallu faire des choix parfois difficiles : passer des 300 pages du livre (notre boussole) à 130 pages de BD + 15 pages de volet documentaire — et respecter la demande de l’éditeur pour un récit plus personnel, tout en insérant un important passage inédit sur deux voyages militants en Pologne en 1980 et 1981.

Nous avons ensuite travaillé avec Philippe tous les mardis, à Mantes-la-Jolie, pour fournir entre deux et trois pages à Elena avec des indications écrites précises pour chaque case : le contexte, les dialogues et aussi les images ou les photos dont elle pouvait s’inspirer. Son dessin assez vif et dynamique, pas forcément réaliste pour les portraits, mais recherché pour le reste, nous a plu ! Notre travail a été ralenti notamment pendant la période du Covid, les vacances ou certains autres impératifs personnels. Le travail de corrections et de finalisation par Zoom avec l’éditeur a été très dense et très pointu, et le résultat final est chouette ! Il semble que la BD touche aussi un autre public, plus jeune, moins militant que pour le livre, de fait aussi relancé !

Pourquoi le « dialogue » avec les moutons ?

Il y a un passage dans le livre sur les moutons blancs ou bruns, remplaçant les jardiniers pour tondre des pelouses de l’usine. Philippe a eu la bonne idée de les introduire de temps en temps dans la BD comme des personnages naïfs me posant des questions qui pourraient aussi traverser l’esprit des lecteurs et lectrices. Ils peuvent être aussi un symbole d’une partie des salariéEs soumis au patron mais s’interrogeant sur leur sort et prêts parfois à se rebeller en sortant du rang de la soumission. Les moutons bruns ou noirs seraient plus rebelles, ce sont mes préférés !

« Établie », féministe, révolutionnaire, antiraciste, syndicaliste, quelle dimension te paraît la plus importante ?

De fait, je ne me suis pas sentie longtemps « établie », comme une pièce rapportée extérieure, mais assez vite comme ayant intégré cette usine tel un pays qu’on adopte et qui devient le nôtre : à 22 ans, ma position sociale pouvait facilement et naturellement être ouvrière syndicaliste révolutionnaire, d’autant que j’avais déjà en moi le féminisme et l’antiracisme. L’important est donc cette cohérence à mon avis indispensable, sur tous les fronts — ne pas oublier l’écologie déjà présente ! — contre le système exploiteur et destructeur qu’impose le capitalisme et son allié le patriarcat.

Même si tout ne fut pas « rouge » tout le temps, ton parcours semble se dérouler dans un autre monde, une tout autre époque. Tout est-il si lointain ?

Le récit s’étale sur plus de 40 ans d’engagement où les causes des luttes n’ont pas vraiment changé sur le fond, même s’il y a eu quelques avancées mais sans cesse remises en cause, que ce soit au niveau national ou plus local, lutte des classes oblige ! Le tournant des années 1980, avec la déferlante de la mondialisation néolibérale, avait déjà changé la donne. Certes, le droit à l’avortement a été obtenu, mais il est toujours menacé, les inégalités salariales persistent ainsi que les violences sexistes, les 35 heures de travail hebdomadaires sont sans cesse dévoyées, la précarité a explosé, le travail du samedi est redevenu quasi obligatoire, le travail à la chaîne ou très parcellisé n’a pas totalement disparu même s’il est plus robotisé ou externalisé, le racisme et les idées fascisantes fluctuent selon la tension économique et politique.

La modernisation de Renault est aussi une façade, une vitrine qui cache les reculs sur les statuts salariaux avec la prégnance des contrats précaires, les salaires moindres, les temps de trajet aussi longs. La baisse des effectifs passant de 22 000 salariéEs en 1972 à 3 000 aujourd’hui a certes entraîné une disparition des grands conflits sociaux faisant la une dans les années 1980 ou 1990, mais il y a toujours quelques résistances locales dans les ateliers.

Alors je comprends que ça puisse apparaître à certainEs comme une autre époque, un autre monde. En 1968, même si on faisait référence à 1936 qui nous semblait très lointain, comme une vieille page d’histoire sociale, il y avait un lien évident.

Pour ma part — et pour bien d’autres — ce n’est si lointain, car j’ai tout dans la tête et dans le cœur. L’exploitation capitaliste même « modernisée » est toujours là et les raisons ne manquent pas de s’y opposer au quotidien et de vouloir la renverser un jour !

Dans les présentations du livre et de la BD, qu’est-ce qui interpelle le plus le public ?

Pour le livre, il y a quatre ans, le public était souvent plus engagé, militant, syndicaliste, souvent un peu plus âgé. Comme c’était l’année des 50 ans de 1968, la question d’un long établissement en usine interpellait vraiment. Aux présentations, je préparais des extraits marquants du livre, choisis selon le public prévu, pour animer — parfois avec des copines lectrices — et relancer le débat : le premier jour à l’atelier de couture, ma première grève, le machisme « ordinaire », une grève marquante, le racisme à l’entreprise.

Pour la BD, avec Philippe mon co-auteur, nous rencontrons plus de jeunes : c’est souvent la découverte concrète du travail dans une grande usine qui étonne et aussi la résistance quotidienne au machisme ambiant. Le public est souvent plus jeune, assez féminin et féministe, et n’ayant pas forcément les mêmes références historiques (1968, le syndicalisme, les grandes grèves, le Comité d’établissement). On a aussi des questions sur le travail (énorme !) d’adaptation du livre en BD. Le dessin d’Elena plait mais nous n’avons pas encore pu le présenter avec elle.

Raconter tout ce parcours d’une autre façon, plus ramassée et ludique que le livre, nous paraît être une contribution utile pour la mémoire des luttes ouvrières et féministes.

Et si c’était à refaire ?

Si j’avais 21 ans aujourd’hui, je ne crois pas, d’autant que l’usine est quasi moribonde et puis ce n’est pas la même période d’engouement de l’après 68, même s’il parait que quelques jeunes militantEs s’établissent, peut-être plutôt dans les services que dans les usines ?

En tout cas, à 72 ans, je n’ai absolument aucun regret d’avoir vécu tout cela, d’avoir participé à toutes ces luttes, d’avoir découvert et aimé des personnes formidables, qui m’ont soutenue lors du terrible harcèlement moral au CE. Et surtout j’y ai rencontré en 1980 mon compagnon Jamaà et nous avons un fils !

Les luttes ne manquent pas où je peux m’investir : avec mon syndicat Solidaires 78, un groupe féministe local et sa chorale, l’antiracisme et le soutien aux sans-papiers, des combats écologiques, encore un peu dans l’altermondialisme. Et depuis quelque temps, je me suis rapprochée d’un courant communiste libertaire qui entretient ma réflexion politique en plus des ­journaux du NPA !

Propos recueillis par Robert Pelletier

JANOS B : itinéraire d’un militant révolutionnaire

Janos B. est un militant révolutionnaire incontournable de la région parisienne. Lors de la révolution d’octobre 1956 à Budapest, il a 16 ans. Aujourd’hui, il a 81 ans, est réfugié politique en France depuis 1962, il n’a eu de cesse d’arpenter le pavé.

Il a participé à mai 68, à la création de sud éducation, à la création du réseau résistons ensemble, au mouvement des gilets jaunes, à la coordination contre les répressions et les violences policières idf, et nous en oublions sûrement. Il fait partie de ces anonymes qui ont construit nombre de luttes dont nous sommes les héritiers. Mais Janos n’est pas un « ancien », c’est un acteur des luttes contemporaines et pour ces raisons, il a longtemps refusé que nous fassions un portrait. Il n’en voyait pas l’intérêt.

Face à l’invasion de l’Ukraine, il a une fois de plus fait preuve de constance et de curiosité en participant à la rédaction de textes en soutien à la résistance ukrainienne sans pour autant méconnaitre les réalités sociales et politique de la Russie. Et face aux réactions du monde militant, il a trouvé que nous parler de son expérience en Hongrie pouvait nous permettre de mieux comprendre la situation actuelle. Alors, il a accepté de prendre le temps de témoigner.

Dans cette émission, vous allez donc entendre le témoignage de Janos, qui nous raconte à la fois ses souvenirs de la Hongrie en 1956 et la manière de cela à déterminer l’ensemble de son parcours politique.

Pour finir l’émission, nous vous diffuserons une lecture d’extrait d’un interview réalisé par le collectif russophone contre la guerre avec des camarades de la résistance ukrainienne que nous vous diffusons ici en intégralité.

Entretien avec les combattants des brigades anarchistes ukrainiennes
Le comité russophoneJune 21, 2022
Après le déclenchement de l’invasion russe à grande échelle, de nombreux anarchistes en Ukraine ont pris les armes pour résister à l’agression. En particulier, plusieurs brigades autonomes ont été créées au sein de la Force de défense territoriale ukrainienne (en ukrainien : Війська територіальної оборони ; Viiska terytorialnoi oborony).

Nous avons discuté avec les combattants de plusieurs unités de ce type. Nous leur avons demandé leurs motivations pour partir en guerre, et comment les brigades anarchistes sont organisées ; nous leur avons posé des questions sur la guerre en soi et beaucoup plus. Trois anarchistes originaires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie ont répondu à nos questions. Nos correspondants biélorusse et russe appartiennent à la brigade internationale appelée « Komitet Sprotyvu » ( en ukrainien : Комітет Спротиву ; en français : Comité de résistance). Notre interlocuteur ukrainien est un membre d’une brigade formée par l’organisation anarchiste ukrainienne nommée « Chornyi Stiag » (en ukrainien : Чорний Стяг ; en français : Drapeau noir). Il est très important pour nous de présenter les points de vue des gens des différentes brigades qui participent à cette guerre ; des gens qui ont des expériences variées dans l’activisme politique et dans la lutte contre la dictature dans des différents pays.

Raconte-nous à propos de ta vie avant la guerre. Quels sont les collectifs anarchistes dont tu faisais partie ? Que faisaient-ils ?

Cooper : Avant la guerre je faisais de l’activisme social de gauche. J’étais un membre de « Avtonomnyi Opir » (en ukrainien : Автономний Опір : en français : Résistance autonome) et de « Chornyi Stiag ».

Biélorusse : Ça fait 13 ans que je suis un anarchiste. Durant cette période j’ai participé dans des différentes activités : du graffiti à l’organisation des manifestations à grande échelle. Il y avait aussi beaucoup de collectifs dont j’ai fait partie. Parmi ces collectifs le plus connu est « Pramégne » (en biélorusse : Прамень ; en français : Rayon).

Avant la guerre j’ai vécu en Pologne. Depuis mon exil à cause des répressions, quand j’ai été accusé d’avoir participé à quelques actions directes, j’ai dû quitter le pays en automne 2020. Avant d’avoir déménagé en Pologne, j’ai vécu en Ukraine pendant un petit moment. 
Alekseï : Quand j’ai vécu en Russie, j’ai été un membre de l’Action autonome (en russe : Автономное действие; Avtonomnoye deystviye) avant sa séparation. Après cette séparation j’ai été dans l’Autodéfense populaire (en russe : Народная самооборона, Narodnaya samooborona). Avec l’éclat des répressions massives contre nous, j’ai dû m’enfuir en Ukraine, parce qu’autrement je serais mis en prison.

Qu’est-ce que tu as ressenti, quand la Russie a attaqué l’Ukraine ? Pourquoi as-tu décidé de prendre les armes ? Est-ce qu’il y avait des doutes idéologiques, ou as-tu eu peur de partir en guerre ? Ça peut paraître bizarre pour certains anarchistes, que les anarchistes en Ukraine défendent à main armée l’état. Comment pourrais-tu expliquer sa motivation et les raisons de prendre les armes ?
Cooper : J’ai été « un peu » bluffé, je n’ai pas pu totalement accepter que le scénario de l’invasion à grande échelle ait été possible. Non, je n’ai eu aucun doute. En outre, je crois que si quelqu’un a besoin d’explications concernant les raisons pour lesquelles je suis parti en guerre à main armée contre ceux qui tuent des civils, des enfants et des femmes, contre ceux qui bombardent des villes, alors, nous avons des différents chemins à suivre avec cette personne, peu importe de quelle façon elle se croit.

Biélorusse : Dès le moment où les pays occidentaux ont commencé à déplacer leurs ambassades, je me suis rendu compte que la guerre a été inévitable, même si je n’ai pas voulu croire que Poutine ait été si fou.

J’ai appris, que la guerre avait commencé, de mes voisins m’étant réveillé à 8 heures du matin dans mon appartement. Je l’ai pris calmement, j’ai juste envoyé un message à mes camarades ukrainiens pour leur demander leurs projets et comment je pourrais participer à la guerre.
Pourquoi j’ai décidé de participer à la guerre ? Parce que le « Monde russe » (Pax Russica), que Poutine essaie d’imposer à l’Ukraine, n’apportera que de la douleur et de la souffrance. Il supprimera tous les droits et toutes les libertés pour lesquels le peuple ukrainien a dû se battre. Le monde russe détruira toutes les initiatives populaires, tous les syndicats indépendants, les programmes de défense des droits de l’homme et d’autres projets. La victoire de la Russie sur l’Ukraine signifiera la perte de l’espoir de renverser la dictature en Biélorussie pendant plusieurs années. Je pense que la défaite de l’armée russe pourrait affaiblir le régime de Poutine et devenir un catalyseur de changements positifs en Russie même.

Et, peut-être, le plus important, c’est qu’aujourd’hui, ici et maintenant, pour la première fois depuis de nombreuses années les anarchistes forment une unité de combat et, qui sait, peut-être que cette unité même pourra devenir une base pour la création d’une sorte de nouveau projet libertaire dans l’esprit du makhnovisme.

Je ne me bats pas pour l’état ukrainien, même si je dois me rallier à lui. Je me bats contre l’impérialisme russe et ce camp de concentration en lequel Poutine veut transformer toute la région.
La peur était certainement présente, elle l’est toujours. Je pense que seulement les psychopathes n’ont pas peur dans ce type de conditions. Mais la compréhension claire de ce pour et contre quoi je me bats m’aide à faire face à la peur.

Alekseï : Malgré tous les reportages de nombreux médias occidentaux sur une future invasion, un tel scénario me semblait peu probable, car de tels reportages étaient apparus dans les médias ukrainiens il y a un an et périodiquement même plus tôt. D’autant plus qu’à cette époque, la date de l’invasion présumée a changé constamment. Donc l’invasion a été plutôt inattendue pour moi. Néanmoins, Néanmoins, je n’ai pas beaucoup hésité. J’ai su tout de suite ce que j’étais censé faire, et au premier jour de la guerre j’ai rejoint la brigade anarchiste au sein de la Force de défense territoriale ukrainienne à côté de mes camarades.

Je pense que d’une façon ou d’une autre tout le monde a peur en partant en guerre. Certains plus, certains moins. Je ne suis pas une exception à cet égard. Mais la peur n’est qu’un facteur parmi tant d’autres. Elle a été complètement contrebalancée par d’autres facteurs. Ça fait déjà plus que douze ans que je suis un anarchiste. Pendant tout ce temps, j’ai combattu le régime de Poutine et j’ai payé le prix pour ça. Beaucoup de mes ami·e·s sont emprisonné·e·s, tandis que j’ai été dépourvu de ma maison et de la possibilité de voir mes parents et mes proches. J’ai fui les autorités russes vers l’Ukraine. Et tout d’un coup, j’ai une chance de ne pas fuir, mais de me battre contre eux. De quelles autres motivations ou raisons ai-je besoin ? Je ne « défends pas un état » en premier lieu, je suis en guerre avec la dictature avec laquelle j’étais en guerre depuis toujours. Je considère que c’est cohérent.

Raconte-nous de ta brigade. Que fait-elle ? Quels sont ses objectifs ? Comment s’est-elle formée ? Y a-t-il beaucoup de monde ? À quel point est-elle internationale ? Y a-t-il des femmes qui se battent à vos côtés ?

Cooper : Malheureusement, je peux pas répondre à cette question, car il s’agit d’informations stratégiques.

Biélorusse : Nous appartenons à la Force de défense territorial (FDT) de la région de Kyiv. Nous assurons la formation du personnel, nous réalisons aussi les missions de sécurité et de convoiement.

Il y a 50 personnes dans la brigade en ce moment. Une vingtaine d’entre eux sont des étrangers de Biélorussie, de Russie et de certains autres pays européens.

Alekseï : Notre unité de combat est composée principalement par des anarchistes et des antifascistes. Elle s’est formée à partir de diverses organisations, collectifs et groupes d’amis anarchistes et antifascistes. Il faut dire qu’en temps de paix tous ces gens n’auraient pas interagi les uns avec les autres, mais face à la guerre ils se sont mis d’accord de mettre en pause tous les conflits. Je ne suis pas sûr que je doive divulguer le nombre exact de personnes, d’autant plus que des nouveaux combattants continuent à arriver jusqu’à présent. Disons-le de cette façon : nous avons plus qu’assez pour un peloton, et dans une perspective à court terme, nous parlerons d’une compagnie. Les femmes sont également présentes ici.

Comment sont vos relations avec l’état ? Dans quelle mesure êtes-vous soumis au commandement de l’armée ? Jusqu’où les unités de FDT et leurs membres combattants sont autonomes ? L’état vous approvisionne-t-il, ou êtes-vous autosuffisants ?

Cooper : Notre relation avec l’état n’a pas changé de toute façon. Néanmoins, nous profitons de chaque occasion pour protéger le peuple ukrainien. Nous opérons en coordination avec toutes les structures des ZSU (en ukrainien : Збройні сили України, abrégé en ЗСУ et romanisé en Zbroyni syly Ukrayiny, ZSU, en français : les Forces armées de l’Ukraine). En ce qui concerne l’approvisionnement, nous recevons certaines choses de l’état, mais nous nous procurons certaines choses par nous-mêmes également.

Biélorusse : L’état nous fournit des armes, des munitions et des uniformes. Quant à presque tout le reste, nous l’avons grâce au travail de nos camarades de « Operation Solidarity » (en ukrainien : Операция Солидарнiсть ; romanisé en : Operatsiya Solidarnist’) en Ukraine et en Europe et à d’autres initiatives bénévoles.

J’ai l’impression que le FDT ne prête guère attention à notre unité. C’est pour ça que le contrôle du commandement n’est pas très strict, ça nous laisse une certaine liberté d’action.
Alekseï : Structurellement, nous appartenons à la Défense territoriale, qui, à son tour, fait partie des Forces armées de l’Ukraine. Il y a presque la même structure de commandement ici que dans les forces régulières. En ce qui concerne l’autonomie, nous changeons périodiquement le lieu de déploiement, et le niveau d’autonomie dépend fortement de l’endroit où nous nous trouvons à ce moment précis. Si on parle d’un lieu, où nous sommes stationnés avec d’autres pelotons et des officiers, alors, nous avons un peu moins d’autonomie. Il y a des moments où un site entier est occupé exclusivement par notre équipe. Dans ce cas nous pourrions dire que nous avons une autonomie relativement large. Mais en général comme nous appartenons structurellement aux forces armées, nous recevons périodiquement des ordres du haut commandement. Au moins, ce n’est pas à nous de choisir le site de stationnement.

En ce qui concerne les approvisionnements, alors, l’état nous fournit des armes, des munitions et d’un minimum d’équipement. Des gilets pare-balles normaux, des plaques et des porte-plaques, des vestes tactiques, des cartouchières, des sacs à dos et d’autres équipements ; tout ça entièrement grâce aux gens, qui nous transfèrent de l’argent, et aux bénévoles, qui achètent et nous livrent ce matériel. Quant à la nourriture, elle est donc généralement fournie par des bénévoles locaux. À cette occasion, je voudrais remercier énormément toutes ces personnes. Sans eux, l’existence de notre unité telle qu’elle l’est aujourd’hui ne serait tout simplement pas possible.

Comment l’état ukrainien se porte-t-il envers les anarchistes combattants en général ? Y a-t-il un risque que l’état lorsque la situation se stabilisera, ne tolérera pas votre existence ? Dans quelle mesure l’état ukrainien est-il répressif en général vers les anarchistes ?

Cooper : Pour l’instant, l’état ne porte aucun intérêt envers nous. Pour le reste, nous le verrons après la guerre.

Biélorusse : Les anarchistes, surtout avec un passeport biélorusse, n’ont pas été vraiment les bienvenus en Ukraine auparavant. Le cas d’expulsion de Frantskévitch et la tentative d’expulsion de Bolénkov méritent une mention spéciale. Mais jusqu’à présent, tout est calme, en ce qui concerne les prévisions sur l’avenir, je suis habitué à n’être que pessimiste.

Alekseï : Il y a beaucoup d’unités FDT, donc, l’état ukrainien est à peine conscient de notre existence. Bref, avant la guerre, comme tout autre état, il était négatif envers les anarchistes. Je ne vois aucune raison pour qu’il change son point de vue après la guerre. Ce n’est pas une sorte de type, qui nous dira : « Merci d’avoir combattu mon ennemi, maintenant je me rends compte que vous êtes les gentils ». L’état, c’est une institution, il fonctionne selon sa propre logique institutionnelle. Et selon cette logique, nous ne deviendrons guère amis tout d’un coup. C’est pour ça que le scénario, dans lequel après la guerre l’état aura des questions pour nous, me semble tout à fait probable.

Si nous parlons du degré des répressions en général, alors, avant la guerre les répressions n’ont pas été aussi dures qu’en Russie ou en Biélorussie. En même temps, néanmoins, les répressions ont eu lieu, comme il sied à l’état. RevDiya (en ukrainien : Революційна Дія, romanisé : Revolyutsiïna Diya ; en français : Action révolutionnaire) est considérée comme une organisation extrémiste, ses membres sont constamment pourchassés, de nombreux anarchistes ont été fouillés et saisis.

De nombreux anarchistes, qui avaient fui la Russie ou la Biélorussie de leurs régimes dictatoriaux, ont vu leurs titres de séjour révoqués ici, certains ont été interdits d’entrer dans le pays ou, comme dans le cas d’Aleksandr Frantskévitch, ont été séquestrés, puis, transportés à la frontière biélorusse, où leurs passeports ont été estampillés avec une interdiction d’entrée en Ukraine. Autrement dit, il a en fait été extradé vers la Biélorussie. Pour rappel, il est à présent dans une prison biélorusse depuis cet incident

La propagande russe utilise l’image des néo-nazis ukrainiens pour justifier l’invasion en Ukraine. À son tour, cela relève de nombreuses questions de la part des personnes qui ne connaissent pas la situation. Pouvez-vous nous parler de la situation avec les néo-nazis en Ukraine ? Quelle est leur influence et leur nombre dans la société et dans le gouvernement ?

Cooper : Je ne le cacherai pas, en effet, le problème des groupes nazis existe en Ukraine. Cependant, le problème peut être résolu sans aucune intervention externe, alors, leur existence ne justifie absolument pas l’invasion russe en Ukraine.

Biélorusse : Comme je n’ai pas beaucoup suivi cette situation en Ukraine, c’est difficile pour moi de répondre à cette question. D’après ce que je vois, il y avait eu de nombreux groupes néonazis différents, pour la plupart en petit nombre, en Ukraine avant la guerre. Beaucoup d’entre eux sont partis en guerre. De plus, des néo-nazis de Biélorussie se battent actuellement en Ukraine, mais ils sont peu nombreux.

Alekseï : Je dirais que les néo-nazis en Ukraine, en particulier, sont assez marginaux et l’ont toujours été. L’extrême droite en général, c’est une autre histoire. Après les manifestations de Maïdan, ils ont vraiment gagné en popularité pendant un certain temps. D’ailleurs, cela s’est largement produit, parce que la gauche, pour la plupart, a refusé de participer au Maidan, en se plaignant que c’était une sorte de mauvaise révolution et que, voyez-vous, la droite y participait.

De nos jours, ils perdent en popularité depuis quelques années consécutives. Certains d’entre eux ont quitté la rue et se sont lancés à la politique et, comme ça arrive souvent aux gents rapaces, ils ont commencé à tendre vers le centrisme en employant le populisme. Quant à leur impact social, tous leurs partis ne remportent même pas plus que cinq pour cent des votes au total à toute élection.
La guerre entre la Russie et l’Ukraine, n’est-ce qu’une guerre entre deux états représentant le même mal ? Quelle est la différence essentielle entre les régimes russe et ukrainien et leurs objectifs dans cette guerre ? Qu’adviendra-t-il de l’Ukraine si la Russie gagnera ?

Cooper : Objectivement le mal n’est pas le même. L’Ukraine n’attaque personne et ne bombarde pas de villes civiles. De plus, l’Ukraine n’est pas une formation impériale et, au cours de son histoire, n’a asservi aucun peuple. La différence est que l’objectif de la Russie est l’acquisition de territoires étrangers par la force, et l’objectif de l’Ukraine est le sien, tout simplement. Si la Russie gagnera, donc, je pense que nous n’existerons pas.

Biélorusse : Je ne suis pas allé en Russie depuis cinq ans et je ne sais pas exactement ce qui se passe là-bas maintenant. D’après ce que j’ai lu dans les médias et entendu parler par mes camarades, je peux dire que le régime de Poutine devient de plus en plus répressif. La dissidence est pratiquement écrasée, l’opinion alternative est supprimée. En revanche, l’Ukraine semble être une île de liberté, où il y a des médias indépendants, où l’état ne détruit aucune dissidence, etc. Bien sûr, l’Ukraine est pleine de problèmes, mais il y en a beaucoup plus en Russie. Et il est beaucoup plus facile de les résoudre dans le cas de l’Ukraine.

Alekseï : Le régime ukrainien est beaucoup plus clément que le régime russe. Son objectif est de maintenir son statu quo. Alors que le régime russe est dictatorial et, en cas de victoire, apportera également la dictature à l’Ukraine.

Actuellement la question de la responsabilité collective des Russes pour ce qui se passe en Ukraine est en cours de discussion. Qu’est-ce que tu en penses ? Les Russes sont-ils tous responsables, ou c’est que le régime de Poutine ? Penses-tu que tu es en guerre contre les Russes en tant que nation, peuple, ou que tu es en guerre contre le régime de Poutine ? Et si les Russes sont coupables, peuvent-ils se rédimer ? Comment, si c’est le cas ? Comment une personne qui se trouve en Russie ou en Biélorussie peut-elle vous soutenir ?

Cooper : Il est difficile pour moi de répondre. Je crois que les Russes qui ne proposent en aucune manière la moindre résistance au régime de Poutine sont, dans un degré ou un autre, responsables. Je ne suis en guerre ni avec la nation, ni avec le peuple, ni, en principe, avec des individus au hasard. Mon ennemi est clair : le régime fasciste de Poutine. Les Russes et les Biélorusses peuvent, tout d’abord, nous aider en organisant une résistance aux régimes dans leur pays. Ils peuvent également nous aider financièrement ou en faisant du bénévolat.

Biélorusse : Non seulement les Russes, mais aussi les Biélorusses sont collectivement tenus pour responsables. Ils nous accusent de ne pas pouvoir renverser le régime de Loukachenko, qui aide en fait à Moscou dans la guerre contre l’Ukraine.
Personnellement, je pense que la responsabilité collective est de la connerie et toutes ces attaques contre les Russes et les Biélorusses sont les tentatives de culpabiliser la victime. En tant que personne qui a vécu en Biélorussie pendant 28 ans, je suis très conscient que les décisions sont prises là-bas, dans les cercles supérieurs, pas par nous en bas. Bien sûr, beaucoup de gens en Russie sont décervelés par la propagande de Poutine, mais je crois qu’ils sont aussi des victimes.

Pourraient-ils en quelque sorte se rédimer ? Je pense qu’ils le pourraient. Les Biélorusses se rédiment en combattant et en aidant aux réfugiés. Le peuple russe pourrait saboter l’envoi des troupes et protester, ce que beaucoup de gens font actuellement. Et aussi ils pourraient dire la vérité et ne pas avoir peur d’appeler la guerre une guerre.

Alekseï : Je ne pense pas que tous les Russes soient coupables. Comme je vous ai déjà dit, je me bats contre le régime de Poutine et je vois la guerre à travers cette perspective. Quant au soutien, vous pouvez nous soutenir en organisant des actes de sabotage sur les territoires de la Fédération russe et de la Biélorussie (que la Russie utilise comme terrain pour préparer ses attaques), en endommageant les voies d’approvisionnement, en diffusant de l’agitation et des informations sur notre lutte. Vous pouvez également transférer de l’argent pour les besoins de notre équipe. Les deux derniers points s’appliquent également aux Européens

Comment les gens qui se trouvent actuellement en Europe peuvent-ils vous soutenir ?
Cooper : Pareil : par le bénévolat et le soutien financier.

Biélorusse : Je pense que la moindre chose que les gens puissent faire pour nous aider est de diffuser les informations sur notre unité et de faire les dons aux initiatives bénévoles qui aident aux unités anarchistes. Le soutien de niveau supérieur, c’est de venir ici et participer à la vie de notre équipe.
– Comment évalues-tu le cours de la guerre ? Quelles sont, selon toi, les raisons des échecs de l’armée russe ?

Cooper : Globalement, nous gagnons. La raison de ces échecs est évidente : il n’y a pas une seule raison objective pour qu’un soldat russe franchisse la frontière ukrainienne à main armée. Autrement dit, les seuls soldats motivés qu’ils ont sont un petit groupe des complètement dingues, qui s’amusent à tuer des innocents, les autres sont amenés ici à la pointe des baïonnettes.

Biélorusse : Je ne suis pas un expert militaire, mais il me semble que l’armée de Poutine est coincée et ne peut pas briser la résistance de l’armée ukrainienne. Je pense que le gouvernement russe a sous-estimé ce à quoi il pourrait faire face en Ukraine. Il me semble qu’ils croyaient vraiment que les Ukrainiens attendaient les « libérateurs » russes. Mais au lieu de fleurs, ils ont été accueillis avec des Molotovs.

Alekseï : Il m’est difficile d’avoir une image complète de la guerre en raison de la propagande des deux côtés. Ce que je peux dire avec certitude, c’est qu’apparemment la Russie prévoyait de terminer l’opération en quelques jours avec succès, mais au lieu de ça, elle a subi de lourdes pertes, et ça a amené Poutine à se poser la question de déclarer officiellement la guerre, afin qu’il puisse procéder à la mobilisation pour restocker les rangs de l’armée avec de la chair à canon fraîche. Et ça entraîne l’accroissement des contestations dans le pays.

Quant aux raisons des échecs, je vois le système dégradant et on pourrait même dire pourri, qui est le résultat de nombreuses années de règne unipersonnel de Poutine. Il l’a cultivé, ce système, de telle manière que les personnes incompétentes, mais proches, occupent les postes clés. Quand cela se produit au cours de nombreuses années, la piste de carrière dans un tel système n’est pas définie par des compétences, mais par la flatterie et par le népotisme. Il devient plus avantageux de dire ce que la direction supérieure veut entendre, plutôt que ce qui se passe réellement. Ça conduit à une perception inadéquate de la réalité par les dirigeants, comme, par exemple, cette fausse impression que la population accueillera les troupes russes à bras ouverts. L’autre aspect de ce système est la mauvaise qualité des cadres due à la corruption totale.

Pourquoi est-il important pour les peuples d’Europe et de Russie de soutenir l’Ukraine ? Que signifiera la victoire ou la défaite de la Russie pour eux ?
Cooper : Parce que si l’Ukraine perdra, toute la planète perdra, y compris les peuples qui habitent en Russie. Si l’Ukraine gagnera, le monde sera comme avant la guerre. Pas sans problèmes, mais en même temps, il sera possible de les aborder. Si la Russie gagnera, alors, Poutine ne s’arrêtera pas, il ira plus loin.

Biélorusse : La victoire de la Russie signifiera une suppression complète de tout le champ politique, y compris les initiatives de gauche et anarchistes, les syndicats indépendants et toutes les organisations locales. La victoire de la Russie apportera de nombreuses années de dictature dans la région, des répressions constantes, des tortures dans les sous-sols du FSB (en russe : Федеральная служба безопасности Российской Федерации (ФСБ), retranscrite en Federalnaïa sloujba bezopasnosti Rossiyskoï Federatsii, en français : Service fédéral de sécurité) et bien d’autres crimes.

Alekseï : Dans le cas de l’Europe, la victoire russe signifiera une dictature se rapprochant de ses frontières avec tout ce qui va avec ça. Pour le peuple russe, cela signifiera une nouvelle « cimentation » de la dictature, l’élimination de ce qui reste des droits et des libertés et un abaissement du niveau de vie à cause des sanctions.

Références bancaires pour soutenir les anarchistes combattants :

Pour soutenir « Komitet Sprotyvu » : http://paypal.me/gnimperialpride

BTC: bc1qgchewwgj4dhkn30r9pcyfskfjrv22l7kf07fwj
ETH: 0x3D054496Cf6d09deA543C4A67e1d132c79f25037

Pour plus d’info : Lien vers le réseau résistons ensemble :https://resistons.lautre.net/

https://paris-luttes.info/bienvenue-a-la-coordination-contre-12654#:~:text=La%20coordination%20contre%20la%20r%C3%A9pression%20et%20les%20violences%20polici%C3%A8res%20s,%2C%20manifestations%2C%20occupations%E2%80%A6

CHRISTOPHE SOULIER : Taule ondulée

Pour mieux comprendre le présent, il est nécessaire de faire un tour dans le passé. La mémoire des luttes vient nous éclairer, nous ragaillardir et nous rappeler que rien n’est figé. Nous faisons partie de ce mouvement qui avance au gré des rapports de force que la classe des exploités, des dépossédés arrivent à faire vivre. Même si la période est au recul, ne baissons jamais les bras.

Au début des années 1980, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, les ondes se libèrent pour se libéraliser par la suite. Les expériences sont multiples sur tout le territoire. Avec Christophe Soulier, nous allons évoquer l’expérience de Taule ondulée sur radio Trouble fête, une émission anticarcérale qui voit le jour sur Limoges au tout début des années 80. Christophe Soulier est également l’auteur d’un excellent livre sur l’histoire du CAP ; comité d’action prisonniers : Liberté sur parole.

Utopie 2021 : Léon de Mattis

9 euros – 132 pages chez Acratie

Propos

Utopie 2021 a pour ambition de répondre à une question : est-il encore possible d’imaginer, de nos jours, un monde totalement différent du monde actuel ? Un monde qui ne soit pas dominé par le capitalisme, et dans lequel il n’y ait ni propriété, ni argent, ni classes sociales ?

Le retour en force de la critique des excès du capitalisme depuis la grande crise de 2007-2008 s’est en effet accompagné d’un curieux phénomène : l’incapacité à aller au bout de cette critique.

Les utopistes contemporains, ceux qui veulent changer le monde, imaginent toutes sortes d’alternatives : des monnaies alternatives, une propriété alternative (« les communs »), des formes d’organisations politiques alternatives (plus démocratiques), des moyens de production alternatifs. Mais très peu, voire aucun, ne semble capable d’imaginer une société où il n’y ait plus d’État, plus d’argent et plus d’échange marchand du tout.

Utopie 2021 prend le contrepied de la tendance actuelle. Son objectif est de montrer qu’il est possible d’imaginer une société sans domination et sans exploitation, de se figurer la création d’un tel monde dans un moment révolutionnaire et de concevoir, à partir des luttes actuelles, le surgissement d’une telle révolution.

L’utopie, on le sait depuis Thomas More, ne nous parle ni de l’ailleurs ni du futur : l’utopie, ou l’uchronie, ne sont situées hors de l’espace et du temps actuels que pour mieux décaler le regard. La réflexion utopique menée par Utopie 2021 ne cherche donc pas tant à penser à quoi pourrait ressembler un monde différent qu’à imaginer par quelles voies il serait possible de l’atteindre : comment et pourquoi les luttes pourraient se transformer en autre chose que ce qu’elles sont maintenant. C’est ici que l’utopie rejoint la critique sociale dont elle n’est, somme toute, que le versant positif. L’utopie sert d’abord à critiquer la société de son temps, et c’est pourquoi elle a toujours une date. C’est ce qui explique le titre du livre : Utopie 2021.

Imaginer la création d’un monde différent ne signifie pas croire en son surgissement réel. Une nouvelle organisation sociale, de toute façon, ne pourra jamais naitre de cette manière. Un rapport social ne sort pas du cerveau d’un seul individu, quel qu’il soit, mais est toujours le résultat de l’activité d’un nombre incalculable de personnes.

L’utopie, bien qu’elle soit imaginaire, n’est pas non plus le fait d’un seul. Les manques et les défauts que chaque lecteur ne manquera pas de relever dans cette utopie seront des défauts pour ce lecteur, mais l’ensemble du projet lui permet de comprendre que c’est à lui de recomposer cette utopie pour y ajouter ce qui manque ou corriger ce qui, selon lui, ne va pas.

Un livre qui parle de la révolution est nécessairement un « livre-dont-vous-êtes-le-héros ». L’ambition d’Utopie 2021 n’est pas de décrire un futur radieux, mais de proposer une réflexion collective sur les formes que peuvent prendre la critique en actes de la société actuelle.

Plan

Utopie 2021 est composé de trois parties précédées d’une introduction. Les parties sont intitulées : « communisme », « production du communisme » et « critique en actes du capital ». Cependant, le terme « communisme » pourraient être remplacé par « anarchisme » dans tout le livre sans que le sens n’en soit le moins du monde changé, et ces trois parties pourraient donc aussi bien s’intituler « anarchisme », « production de l’anarchie » et « critique en actes du capital ».

La première partie présente, en des termes généraux, l’idée que l’on pourrait se faire de l’organisation d’un monde différent. La seconde partie est un aperçu de la manière dont la révolution peut s’envisager à l’heure actuelle. La troisième partie, enfin, analyse les luttes contemporaines en cherchant comment elles pourraient conduire à la révolution. Au premier abord, on pourrait penser que la première partie nous parle d’après-demain (le communisme ou l’anarchisme achevé), la deuxième partie de demain (la révolution) et la troisième partie d’aujourd’hui (les luttes actuelles). En réalité, chacune de ces parties, conformément à la manière dont est définie l’utopie dans cet ouvrage, ne nous parle que du présent.

L’interview que vous allez entendre a été réalisée à Toulouse par le collectif Camarade. Vous pouvez aller sur leur site « camarade pour la révolution » pour en savoir plus et lire ou écouter d’autres réflexions.

Rencontre avec Gerald Horne autour de la présentation du livre “Paul Robeson, artiste et révolutionnaire “

Nous vous proposons d’écouter la rencontre avec l’historien Gérald Horne, à l’occasion de la sortie en français de la biographie du trop méconnu militant, artiste et athlète afro-américain, Paul Robeson.

Pourquoi éditer ce livre ? La vie de Paul Robeson est indissociable des combats contre le système ségrégationniste aux États-Unis et les années 30 et 40 firent de Jim Crow son plus terrible adversaire. « L’un des tournants qui conduisirent à sa chute saisissante fut son face-à-face, à la Maison-Blanche, avec le président des États-Unis Harry S. Truman, à qui il reprochait l’apathie de Washington devant les lynchages d’Africains-Américains. » Luther et Malcom X n’auront eu qu’à rallumer son flambeau quand sa voix s’est éteinte.

Les éditions Otium, coopérative ouvrière réinventant sans cesse son rapport au monde éditorial et prolongeant le projet de la librairie Envie de Lire, sortent dans la collection L’Autre Amérique, une monographie que Gérald Horne, historien afro-américain et parfait connaisseur des enjeux de la Black Culture aux USA, consacre à Paul Robeson.

La rencontre a eu lieu au Hangar à Ivry-sur-Seine, le 22 janvier 2020, dans le cadre du festival Sons d’Hiver, en partenariat avec la librairie Scop Envie de lire.

Nous terminerons cette émission avec un hommage à négé gilet jaune de la première heure, décédé cette semaine. Pour cela, nous vous diffusons une prise de parole de négé lors d’un rassemblement du 7 janvier 2019 près de Bercy.

PAROLE DE SOIGNANTE : le témoignage de Yasmina kettal épisode 2

Infirmière à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93), membre du Collectif Inter-Urgences et syndiquée à Sud Santé, Yasmina Kettal écrivait en octobre 2020 « Je crois que ça y est, je n’ai même plus la force d’être en colère (…).

Derrière les hommages, Macron asphyxie l’hôpital. Je me rappelle avoir dit juste avant la première vague : « On sera là, on fera le boulot » ». La gestion de cette première vague a été telle que, nous avons développé des trésors d’imagination et d’inventivité pour parfaire aux défaillances de l’État.

Les soignant.e.s avait fait de même.« La situation a changé depuis ! (…) Ce ne sont plus les respirateurs qu’il faut compter, mais les soignants. ». À la sortie du premier confinement, la manifestation des soignant.e.s du 16 juin 2020 contre la réforme du Ségur était violemment réprimée. Dans l’été, la réforme était adoptée et les fameux héros méprisés.

« Ces fameux gens, toujours là, toujours prêts (…). Tous ces gens ne vont pas de nouveau se donner autant, une fois encore. Car ils ont eu des crachats en retour. (…) C’est notre faute, on n’a pas assez déconstruit notre côté héroïnes, mais en même temps il ne nous reste plus que ça. Là est toute la perversion. Ce qui devrait être la contrepartie gratifiante est devenu notre poison ».

(…) Mais dans tout cela rendons à César ce qui appartient à César. La plus grande part de responsabilité revient à ceux qui décident. Oui, certaines mesures sont absurdes. Tout comme ne pas avoir mis les moyens tant qu’il en était encore temps, ne pas se pencher sur la gestion de facs surpeuplées ou la situation au sein des écoles. On laisse la gestion d’une épidémie au préfet ? Soyons sérieux deux minutes, crise sanitaire/préfet, ça ne choque personne ? La défiance est partout, mais n’est le fruit que de leur inconséquence et de leur mensonge.(…)

L’économie nous coûte la vie. Je suis bien placée pour le savoir. La surmortalité dans le 93 durant la première vague, j’en assez parlé. Je ne vais pas donner de chiffres, je ne les supporte plus. A-t-on eu le temps de prendre conscience que c’étaient des êtres humains, des familles ? Pendant le confinement, lorsque certains se mettaient au yoga ou à une langue étrangère, j’ai vu les miens partir travailler ou grossir les files d’attentes pour des colis alimentaires.(…)Et à présent il faudra peut-être les maintenir « quoi qu’il en coûte » au travail pour ne pas sacrifier l’économie ?

Pourquoi ne serait-il pas possible d’envisager que le coût incombe à ceux qui possèdent ? Pourquoi culpabiliser la population alors qu’ils font déjà beaucoup de sacrifices ? Si on n’était pas tributaires de décisions parfois absurdes ou injustes, pourquoi pas, mais là… (…) Toutes les décisions ou leur absence vont peser sur le bout de la chaîne, entre autres l’hôpital. Il y aura des choix à opérer et une nouvelle fois, ils seront pour ceux habitué à faire le sale boulot. Et donc, en ce moment, comment va le bout de la chaîne ?

Lire le texte en entier https://blogs.mediapart.fr/yasmina-kettal/blog/021020/probablement-qu-y-est-l-hopital-s-effondre-0

Au mois de février 2022, nous réalisons un entretien avec Yasmina justement à ce sujet : comment va le bout de la chaîne ? L’occasion de revenir sur les luttes qui se sont déroulées avant la covid-19 avec le collectif inter-urgence et inter-hôpitaux, de comprendre comment la gestion de cette épidémie les a éteintes, mais aussi ce qui nous reste aujourd’hui de nos envies de luttes et de changement profond sur la question du soin et la gestion de la santé.

Dans ce second volet, nous poursuivons cet entretien avec Yasmina Kettal et nous débutons avec son récit qui part de son expérience de septembre 2020.

PAROLE DE SOIGNANTE : le témoignage de Yasmina kettal épisode 1

Infirmière à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93), membre du Collectif Inter-Urgences et syndiquée à Sud Santé, Yasmina Kettal écrivait en octobre 2020 « Je crois que ça y est, je n’ai même plus la force d’être en colère (…).

Derrière les hommages, Macron asphyxie l’hôpital. Je me rappelle avoir dit juste avant la première vague : “On sera là, on fera le boulot” ». La gestion de cette première vague a été telle que, nous avons développé des trésors d’imagination et d’inventivité pour parfaire aux défaillances de l’État.

Les soignant.e.s avait fait de même.« La situation a changé depuis ! (…) Ce ne sont plus les respirateurs qu’il faut compter, mais les soignants. ». À la sortie du premier confinement, la manifestation des soignant.e.s du 16 juin 2020 contre la réforme du Ségur était violemment réprimée. Dans l’été, la réforme était adoptée et les fameux héros méprisés.

« Ces fameux gens, toujours là, toujours prêts (…). Tous ces gens ne vont pas de nouveau se donner autant, une fois encore. Car ils ont eu des crachats en retour. (…) C’est notre faute, on n’a pas assez déconstruit notre côté héroïnes, mais en même temps il ne nous reste plus que ça. Là est toute la perversion. Ce qui devrait être la contrepartie gratifiante est devenu notre poison ».

(…) Mais dans tout cela rendons à César ce qui appartient à César. La plus grande part de responsabilité revient à ceux qui décident. Oui, certaines mesures sont absurdes. Tout comme ne pas avoir mis les moyens tant qu’il en était encore temps, ne pas se pencher sur la gestion de facs surpeuplées ou la situation au sein des écoles. On laisse la gestion d’une épidémie au préfet ? Soyons sérieux deux minutes, crise sanitaire/préfet, ça ne choque personne ? La défiance est partout, mais n’est le fruit que de leur inconséquence et de leur mensonge.(…)

L’économie nous coûte la vie. Je suis bien placée pour le savoir. La surmortalité dans le 93 durant la première vague, j’en assez parlé. Je ne vais pas donner de chiffres, je ne les supporte plus. A-t-on eu le temps de prendre conscience que c’étaient des êtres humains, des familles ? Pendant le confinement, lorsque certains se mettaient au yoga ou à une langue étrangère, j’ai vu les miens partir travailler ou grossir les files d’attentes pour des colis alimentaires.(…)Et à présent il faudra peut-être les maintenir « quoi qu’il en coûte » au travail pour ne pas sacrifier l’économie ?

Pourquoi ne serait-il pas possible d’envisager que le coût incombe à ceux qui possèdent ? Pourquoi culpabiliser la population alors qu’ils font déjà beaucoup de sacrifices ? Si on n’était pas tributaires de décisions parfois absurdes ou injustes, pourquoi pas, mais là… (…) Toutes les décisions ou leur absence vont peser sur le bout de la chaîne, entre autres l’hôpital. Il y aura des choix à opérer et une nouvelle fois, ils seront pour ceux habitué à faire le sale boulot. Et donc, en ce moment, comment va le bout de la chaîne ?

Lire le texte en entier https://blogs.mediapart.fr/yasmina-kettal/blog/021020/probablement-qu-y-est-l-hopital-s-effondre-0

Au mois de février 2022, nous réalisons un entretien avec Yasmina justement à ce sujet : comment va le bout de la chaîne ? L’occasion de revenir sur les luttes qui se sont déroulées avant la covid-19 avec le collectif inter-urgence et inter-hôpitaux, de comprendre comment la gestion de cette épidémie les a éteintes, mais aussi ce qui nous reste aujourd’hui de nos envies de luttes et de changement profond sur la question du soin et la gestion de la santé.

LA COORDINATION LYCÉENNE DE PANAME

Le dimanche 9 mai la coordination lycéenne autonome  de Paname nous appeler à manifester :”Cette année covid 2020-2021, sous chape de plomb, n’en finit pas de finir et nombreux sont ceux qui commencent à comprendre qu’elle n’en finira peut-être jamais, ce qui est pour le moins effrayant.

Ajoutons à cela, à cette crise sanitaire systémique, une raison encore de désespérer : la perspective d’une période électorale exécrable, déjà entamée, durant laquelle le nauséabond le disputera au répugnant : de la laïcité, des valeurs de la République, de l’islamophobie, des réunions en non-mixité, du non-débat sur l’écriture inclusive, en passant par la raréfaction à très vive allure de nos libertés, la surveillance généralisée, les incitations à la délation de tout ordre, à l’instrumentalisation sans aucune vergogne, de nos peurs, celle de la mort en particulier, induite par le virus qui nous assiège en effet, virus dont on ne dira jamais assez qu’il a notre mode de vie pour cause, le capitalisme agonisant pour le dire autrement, nous allons, les 12 mois à venir, en baver, jusqu’à la nausée.

Tout cela, évidemment, pour ne surtout pas avoir à parler des problèmes essentiels : un système hospitalier à l’agonie, une école et une université exsangues, un creusement de plus en plus obscène des inégalités, une crise sociale cataclysmique à venir, des problèmes écologiques à ne plus pouvoir les compter, bref une fuite en avant qui poursuit, quasi à l’identique, en pire peut-être, dans le monde d’après, tout ce qu’il faudrait pourtant éradiquer du monde d’avant.

D’aucuns veulent croire que la manifestation du 1er mai pourrait relancer les luttes, si nécessaires en effet et faire fleurir un vent de révolte printanier. J’espère me tromper, mais la manif du 1er mai, avec son habituel cortège de tête où quasi tout le monde se connaît, ses rituels de “chamailleries” contre les condés, quelques mobiliers urbains ciblés amochés et agences bancaires redécorées ou réellement roussies, pas plus qu’une autre mobilisation, ne parviendra pas à ébranler le pouvoir en place, muré dans sa surdité feinte, donc abjecte, mais fort bien orchestrée.

Le retour du : Moi-Macron ou le chaos et le fascisme dans lequel on veut, de nouveau, nous enferrer, risque bien une nouvelle fois de fonctionner et de permettre au pantin managérial de renouveler – ou pas – son mandat. Ou non ? Peu importe en effet puisque le chaos et le fascisme sont déjà bien là qui devraient nous conduire, acte de résistance sans fumée ni danger, à déserter, fissa, fissa, toute fréquentation des urnes électorales qui n’ont maintenant avec les urnes funéraires pas que le substantif de commun.

Par quoi donc les nervis nous tenant lieu de gouvernants pourraient-ils donc se sentir déstabilisés et être ébranlés ? La jeunesse fougueuse, si fébrile à l’approche du sacro-saint baccalauréat, pourrait bien être notre planche de salut, il n’est pas déraisonnable, en tout cas, d’en faire le pari alors que depuis la reprise en présentiel, ce lundi 3 mai, les blocages de bahuts essaiment comme le pollen se propageant anarchiquement au gré du vent durant le printemps.

Ne laissons pas les lycéens, une fois encore, se faire massacrer, sans coup férir, lycéens qui après plus d’une année de scolarité chaotique sous confinement liberticide et scolarité rabougrie, se trouvent légitimement à bout et secondons-les ce dimanche dans les rues de Paname !

Le “relâchement” des examens, en 1968, a permis, selon une étude, l’ascension sociale des bacheliers de cette année-là, diplômés de l’université par la suite, plus souvent mieux intégrés. Cette “faveur” de départ a aussi eu des conséquences positives pour leurs enfants, surtout ceux issus des classes populaires, les conduisant à mieux réussir à l’école.

Au vu de ce que les élèves de terminales ont dû subir depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, il ne serait que justice que tous obtiennent ce sésame qu’est le bac, tel un baume largement mérité, après ces plus de 15 mois de scolarité asphyxiante, et pas seulement du fait du port du masque. Quant à contrer Parcoursup, cet algorithme à sélectionner et à gérer des flux sans considération de l’humain, quant à créer des places à l’université et à construire de nouvelles universités, sur tout le territoire, c’est une autre affaire encore, dont ces mêmes futurs étudiants pourront s’emparer lorsqu’ils seront, toutes et tous, dans la place.
Et Georges Bernanos de déclarer : « Hélas ! C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents » ; « Il faut beaucoup d’indisciplinés pour faire un peuple libre ».”

Afin de mieux connaitre cette organisation et les enjeux politiques qui l’anime nous les avons invitées en studio afin de réaliser une émission ensemble.

Plus information sur https://twitter.com/clapaname?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Eembeddedtimeline%7Ctwterm%5Eprofile%3Aclapaname%7Ctwgr%5EeyJ0ZndfZXhwZXJpbWVudHNfY29va2llX2V4cGlyYXRpb24iOnsiYnVja2V0IjoxMjA5NjAwLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X2hvcml6b25fdHdlZXRfZW1iZWRfOTU1NSI6eyJidWNrZXQiOiJodGUiLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X3R3ZWV0X2VtYmVkX2NsaWNrYWJpbGl0eV8xMjEwMiI6eyJidWNrZXQiOiJjb250cm9sIiwidmVyc2lvbiI6bnVsbH19&ref_url=http%3A%2F%2Factualitedesluttes.info%2Fwp-admin%2Fpost.php%3Fpost%3D8389%26action%3Dedit

GAYE CAMARA

Ce mardi 15 décembre à 16 h se tiendra un rassemblement devant le tribunal de grand instance de Paris, après la décision de non-lieu suite au décès de Gaye camara abattu par la police, dans la nuit du 16 au 17 janvier 2018 à Épinay-sur-Seine. Et ce 15 décembre, la cour d’appel doit à nouveau se pencher sur le dossier.

C’est dans ce contexte, que nous vous proposons la diffusion de l’entretien réalisé le 12 décembre dernier avec mahamadou Camara et Lendri, membres du collectif vérité et justice pour Gaye camara.

LOI DE PROGRAMMATION DE LA RECHERCHE / FRANÇOIS CHOUQUET

de gauche a droite ; Anzoumane Sissoko, François Chouquet, Bouba Touré (écrivain)

En ce début d’émission, nous serons dans le reportage réalisé le 28 Octobre dernier devant le sénat ou se tenait un rassemblement au moment ou arrivait dans l’hémicycle en première lecture la loi de programmation de la recherche.

François Chouquet, le “vieux lion” de beaucoup de sans-papiers est mort le
22 octobre dernier. L’un des animateurs de l’émission “La voix des sans-papiers” sur la radio fréquence Paris plurielle.

Très fidèle aux sans-papiers depuis longtemps, il était aussi connu pour
avoir enseigné français et philo en prison entre autres…
Avait réalisé plusieurs documentaires dont “Comme un seul homme” sur les
réfractaires à la guerre d’Algérie…

En seconde partie d’émission, nous lui rendons hommage en diffusant les prises de paroles qui ont eu lieu lors de ses obsèques le 29 Octobre dernier au cimetière du père Lachaise.

HOMMAGE A MAURICE RAJSFUS

Maurice Rajsfus un homme constamment révolté.

Maurice Rajsfus est mort le 13 juin 2020 à Cachan. Il est parti peu après marie Jeanne son amour de toujours. Il était juif de naissance et a échappé à la rafle du Vél d’hiv. Ses parents ont été déportés et ne sont jamais revenus.

Toute sa vie fût consacrée à la révolution, consacrant sa vie à la lutte, préférant les longues réunions et les manifestations au travail salarié. il rejoint après la guerre le PC dont il sera exclu. Il fricote un temps avec les trotskistes pour rejoindre par la suite, comme il dit, une organisation à un membre. Il fait parti des créateurs du mouvement des auberges de jeunesse.

Auteur, journaliste, historien, antifasciste, antiraciste, il consacrera le plus clair de sa vie à travailler sur la police, les règles qu’elle est sensées respecter, sa fonction, ses exactions… Maurice était généreux et savait que la révolution ne se fait pas seul. Il répondait présent à chaque volonté de partage d’expérience.

Un temps, il a était président d’honneur de Fréquence Paris Plurielle.Au cours de cette émission nous diffuserons un entretien réalisé avec Maurice Rajsfus avant sa mort en 2019.

Merci à lui pour sa constance, sa détermination et pour le travail qu’il nous laisse. A nous de continuer.

HOMMAGE A RAYMOND GURÊME

Dans l’émission de ce jour nous rendons hommage a Raymond Gurême en vous diffusant une prise de parole réalisé avec lui même lors d’un forum autour du sujet de la violence d’État datant de 2015.

LES SOLIDARITÉS FACE AU COVID-19

Quelle sont les initiatives politiques de solidarité mise en place suite a l’épidémie de covid-19 ? Dans l’émission de ce jour, il en sera question avec des témoignages collectives.

le premier sera avec des membres de la cantine des Pyrénées situé dans le 20eme arrondissement de Paris et dans le second , nous irons a la rencontre des brigades populaires de solidarité de Montreuil . Bonne écoute !

PAROLE DE CHEMINOTE

aujourd’hui , nous passons intégralité de cette heure avec Torya , Agente SNCF à Vaires-sur-Marne en Seine et Marne.

Dans cette entretien , elle revient sur ses engagements sociales et politiques , notamment sur le mouvement des gilets jaunes et les dernières gréves a la SNCF.

NADIA ; CONDUCTRICE DE BUS A PANTIN

Nadia a fait 60 jours de gréve reconductible. Non syndiquée, elle a pris une part active dans la mobilisation contre la “réforme des retraites”. Une nouvelle génération de militantes déterminées, Gilet jaune, grévistes, souvent habitantes des banlieues. C’est le portrait de l’une d’entre elle que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.

EMMA GOLDMAN

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Quatre-vingt-dix ans après sa rédaction, l’autobiographie d’Emma Goldman paraît pour la première fois en français dans sa version intégrale, Vivre ma vie : une anarchiste au temps des révolutions (L’Échappée, 2018).

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons la présentation de ce récit quand fit Laure Batier , l’une des deux traductrices, le 18 janvier dernier à la BAM- bibliothèque associative de Malakoff, bonne écoute !

LE 20eme FAIT SON CINÉMA OU AILLEURS SA TOURNE AP

Dans l’émission de ce jour,nous vous diffusons un entretien avec le collectif ailleurs.C’est un collectif de jeune du 20éme arrondissement qui ont réalisé un court métrage qui s’appelle ça tourne ap. Cet entretien a été réalisé dans le cadre de l’atelier radio animé par l’actualité des luttes a la cantine des Pyrénées 77 rue de la mare.

RENCONTRE ENTRE MIREILLE FANNON ET DES ÉLÈVES DE 3eme


Le 11 Mai 2017 la classe de 3éme du collège Lenain Tillemont de Montreuil rencontraient Mireille fannon pour faire un reportage avec elle autour de la mémoire des héros oubliés, ici Frantz Fannon.

Ce reportage intervenait dans un projet radiophonique qui s’étalait sur toutes l’année animé par Aline Pailler et en collaboration avec l’actualité des luttes. Nous avons décidé de vous diffusé cette rencontre, dans lequel les élèves ont été acteurs aussi bien de l’interview que de la prise de son, qui nous semble aboutie et pour mettre en avant la relève !

HOMMAGE A JEAN PIERRE PETIT / LA SITUATION A EDF -ERDF


Nous commençons l’émission par une pensée radiophonique à la mémoire de Jean Pierre Petit,décédé brutalement la semaine dernière.Jean Pierre fut de nombreux combat

En seconde parties d’émission,nous recevons Cédric, de la CGT énergie Paris.en sa compagnie,nous revenons sur l’histoire de la construction de EDF-GDF,sa semi privatisation et voir quelle serait les perspectives de luttes,notamment avec l’arrivé des compteurs Linky.

ADOLFO KAMINSKY : une vie de faussaire

L’actualité des luttes poursuit son travail de diffusion d’histoires d’anonymes qui ont su avec courage et détermination s’inscrire dans l’Histoire en prenant leur responsabilité et en défiant la légalité.

Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l’expert en faux papiers de la Résistance à Paris, il ne sait pas encore qu’il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d’une vie. Durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.

Sa fille, Sarah, retrace son histoire de clandestinité, d’engagement, de combat contre le racisme, pour la solidarité avec la lutte des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l’émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d’Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d’Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d’Afrique, l’opposition aux dictateurs d’Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s’est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté.

À lire : Adolfo Kaminsky Une vie de faussaire chez Calmann-Levy de Sarah Kaminsky

Cette émission fut diffusée pour la première fois, le 12 janvier 2015

DÉFENDONS PINAR SELEK !


Dans l’émission d’aujourd’hui, nous diffusion une émission réalisée par radio zinzine avec pinar Selek, sociologue, militante antimilitariste féministe et écrivaine turque, vivant en exil en France.

ÉCHANGE AVEC UN CHEMINOT


 

Avec Anasse,cheminot au Bourget et délégué syndical a sud rail Paris Nord,nous revenons sur le mouvement contre la loi travail du printemps dernier. Anas nous parlent aussi de sa vision politique de la société.

En début d’émission,nous avons par téléphone un salarié de la FNAC Champs-Élysées en gréve depuis 50 jours,pour l’annonce d’un rassemblement devant l’enseigne des Champs-Élysées ce Jeudi a partir de 18h.

LA CENSURE MILITAIRE ET POLICIÈRE ENTRE 1914 ET 1918


 

En 2015,nous rencontrions Maurice Rajfus à propos de son livre publié en 1999 : La censure militaire et policière 1914-1918.

Maurice Rajsfus, né le 9 avril 1928 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), est un écrivain, journaliste, historien et militant français. Il est auteur de nombreux livres dans lesquels il a abordé les thèmes du génocide des juifs en France, de la police et des atteintes aux libertés.

En 1994, il a cofondé l’Observatoire des libertés publiques, qu’il préside.Il est a l’origine du bulletin: que fait la police? publié entre 1994 et 2012.

Dès les premiers jours de la Grande Guerre, la censure est instaurée et cette mesure va bien au-delà du contrôle pointilliste de la presse. L’état-major de l’armée, chargé des opérations de censure, délègue une grande partie de son pouvoir à la préfecture de Police. Sont traqués prioritairement les propos défaitistes, les slogans et écrits divers appelant à la Paix. Plus généralement, l’attention est portée à tout ce qui pourrait nuire au moral des troupes et, plus encore, à celui de l’arrière. Des pères-la-pudeur s’acharnent sur des chansons datant de la Belle Époque et il en va de même pour le théâtre, le cinéma et la littérature. Une armée de censeurs veille également dans le domaine du contrôle postal aux armées, tandis que nombre de civils voient leur correspondance interceptée par la police.

Émission diffusée la première fois en Mars 2015.