Artificialisation des sols et place de l’agriculture dans une économie mondialisée

Le 2 mars 2024, la Confédération paysanne organisait un rassemblement sur la Place de la République, afin de promouvoir leurs revendications, festoyer et débattre. Dans cette émission, vous pourrez écouter des extraits d’intervention de tables ronde s’y étant déroulées. Tout d’abord avec des morceaux choisis d’intervention sur l’artificialisation des sols, puis, en seconde partie d’émission, il sera question de la place de l’agriculture dans une économie mondialisée, et notamment des traités de libre-échange.

Lien vers le tract du rassemblement.

théorie critique du sport et JOP 2024: Les anneaux des J.O n’enchaîneront pas les travailleurs

Dans l’émission de ce jour, il sera question de la théorie critique du sport et de mobilisation sociale en vue des jeux olympique et paralympique paris 2024.

Nous commençons par la question de la théorie critique du sport. En effet, ce 17 janvier 2024, dans le 11e arrondissement de paris, la librairie Quilombo recevait À l’occasion du nouveau numéro spécial consacré aux Jeux Olympiques de Paris 2024, l’équipe du Chiffon, le journal de Paname et de sa banlieue, ils le présentaient en compagnie de Jean-Marie Brohm, auteur de notamment : Pierre de Coubertin, le seigneur des anneaux (Éditions Quel Sport ?) et nous allons entendre une partie de son intervention.

En seconde partie d’émission, nous continuons sur les jeux olympique et paralympique paris 2024 et l’appel à la grève et à se rassembler ce 17 janvier 2024 devant le siège du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques à Saint-Denis. Car Les travailleurs du commerce et services ne veulent pas être les esclaves du capitalisme. En effet, un palmarès de mesures régressives est déjà annoncé. particulièrement un décret permettant de suspendre le repos hebdomadaire dans certaines entreprises pendant les JO. Pour cela, Nous avons réalisé un entretien avec Amar Lagha Secrétaire Général de la CGT commerce.

Revenons sur Bernard Thibault, en effet, L’ancien secrétaire général de la CGT, copréside, depuis 2018, le Comité de suivi de la charte sociale, signée par les organisations syndicales, patronales, et les collectivités impliquées dans l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Il siège également, au sein du Comité d’organisation des Jeux et au conseil d’administration de la Solideo, l’établissement public chargé des infrastructures construites. Voilà comme se recycle aujourd’hui, les anciens chefs syndicaux.

Ruses de riches: Pourquoi les riches veulent maintenant aider les pauvres et sauver le monde

Après le capitalisme commercial au XVIe siècle, le capitalisme industriel au XIXe et le capitalisme financier à la fin du XXe siècle, voici le capitalisme philanthropique qui, tout en se disant humaniste, applique les stratégies du capitalisme financier à la pauvreté, l’éducation, le social, le sport… bref, à tous ces liens qui fondent une société.

Pourquoi ceux qui ont le plus contribué à casser l’économie réelle sont-ils ceux qui, quelques années plus tard, prétendent résoudre la question sociale ? Parce qu’ils estiment que le marché de la pauvreté représente entre 5 000 et 13 000 milliards de dollars par an, soit plusieurs dizaines de fois le marché du luxe.

Les grandes entreprises et leurs fondations, les fonds d’investissement, les start-ups sociales, mais aussi des États et des associations internationales élaborent un hold-up sur le marché de la pauvreté – détournant le sens de mots tels émancipation, environnement, écosystème, coopération, intérêt général – et s’allient pour augmenter leur pouvoir au risque d’accroître toujours plus les inégalités et tuer le lien social.

Le 16 novembre 2022 Jean-François DRAPERI, fondateur et ancien directeur du Centre d’économie sociale Travail et société, présenter son ouvrage Ruses de riches: Pourquoi les riches veulent maintenant aider les pauvres et sauver le monde à la Médiathèque Françoise-Sagan dans le 10eme arrondissement de Paris.

Partant d’une vraie question : pourquoi ceux qui ont le plus contribué à casser l’économie réelle sont-ils ceux qui, quelques années après, prétendent résoudre la question sociale ?, ce livre ne critique évidemment pas la sincérité des projets des start-ups sociales, mais il nous alerte sur l’un des nouveaux visages du capitalisme pour que nous ne participions pas involontairement à une idéologie que nous réprouvons profondément. Exemples à l’appui, il rappelle qu’il existe depuis longtemps des alternatives efficaces, fondées sur un autre modèle que les riches combattent. Et si l’on osait se passer des riches?

FUITE EN AVANT BIOTECHNOLOGIQUE DU CAPITALISME / ATELIER PAYSAN

Hélène Tordjman, maître de conférences à l’Université Sorbonne-Paris Nord et membre du Centre de Recherche en économie Paris-Nord, ainsi que Nicolas Decome, président de Technologos et membre de l’Atelier paysan, faisaient partie des intervenants lors des rencontres de Technologos les 23 et 24 septembre 2022, à la fac de Jean Monet à Sceaux. Ces dernières étaient co-organisées par l’association éponyme avec le laboratoire IEDP de droit public, et en partenariat avec Sciences critiques. Le colloque avait pour titre “Pourquoi critiquer la technique aujourd’hui ?”.

Hélène Tordjman est intervenue sur la fuite en avant biotechnologique du capitalisme, ce dernier puisant dans la convergence NBIC (nanotechnologie, biotechnologie, sciences de l’information et de l’informatique, sciences cognitives) et l’idéologie transhumaniste pour se perpétuer en s’étendre à de nouveaux domaines.

Nicolas Decome a présenté quant à lui l’Atelier paysan, une coopérative d’intérêt collectif à but non lucratif, imaginant et concevant collectivement des machines sous licence libre, adaptées aux besoin des paysans. Contre-modèle en expérience s’il en est à une agriculture robotisée, alliant numérique et génétique, répondant à la fuite en avant dressée par Hélène Tordjman en première partie.

Texte de présentation des rencontres de Technologos :
“Alors que l’actualité en Ukraine a relégué au second plan les avertissements alarmistes du dernier rapport du GIEC, le climat continue de se réchauffer, les pollutions de se multiplier et le vivant de s’effondrer. L’invasion russe fait flamber le cours des matières premières, hydrocarbures et céréales au premier plan, faisant craindre des rationnements potentiellement catastrophiques. Face à l’urgence, et comme pour la crise sanitaire, les gouvernants tendent à promouvoir toujours les mêmes recettes éculées : sécuriser notre approvisionnement en gaz et pétrole sans réfléchir à l’ampleur de notre consommation, rechercher un productivisme agricole dont on connait les effets délétères… En d’autres termes, les solutions court-termistes sont une nouvelle fois privilégiées au détriment d’une réflexion approfondie fondée sur la compréhension des enjeux de long terme. Or, ces différentes crises sont multidimensionnelles et imbriquées, en fait diverses facettes d’une même crise globale, profonde, anthropologique..

Depuis les débuts de la modernité occidentale au 16ème siècle, les êtres humains se sont progressivement pensés en dehors de la nature, et ont considéré cette dernière comme un réservoir de ressources dans lequel puiser de manière illimitée. Colonisation, révolution industrielle et consommation de masse, les sociétés européennes puis nord-américaines se sont engagées sur un chemin unique dans l’histoire de l’humanité. D’une part, le marché est apparu comme la meilleure forme d’organisation sociale, prenant en charge des pans de plus en plus importants des activités humaines. D’autre part, le progrès technique est devenu l’horizon indépassable de nos existences, justifié par la recherche de « l’efficacité maximale en toutes choses ». La civilisation occidentale a acquis un tel pouvoir d’agir qu’elle met aujourd’hui en danger le vivant.

De tout temps, l’activité humaine a contribué à modeler la nature et les paysages. Ce n’est toutefois que depuis deux siècles de capitalisme industriel qu’elle les détruit systématiquement, et ce à l’échelle planétaire. Or, les seules « solutions » envisagées par les gouvernants pour contrer le désastre sont d’ordre technologique : bio et nanotechnologies de plus en plus puissantes et intrusives qui nous permettraient de remplacer les ressources fossiles par des matières « renouvelables » et de soigner les maladies créées par nos modes de vie ; géo-ingénierie pour manipuler le climat et la biosphère ; numérique, Big Data et intelligence artificielle à tous les étages pour un monde plus « intelligent » et plus « propre ». Pour les élites politiques et économiques, la transition écologique est d’ailleurs récemment devenue écologique et numérique. Ce solutionnisme technologique ne fait qu’approfondir la trajectoire mortifère dans laquelle le monde s’est enfermé, et de plus en plus vite. La puissance de l’action humaine va encore s’accroître, la Terre et le vivant vont être encore plus artificialisés et réifiés qu’ils ne le sont, les montagnes de déchets continueront à grandir, et les êtres humains resteront désemparés face à ce rouleau compresseur.

Sortir de cette folie collective exige à minima de faire un pas de côté et d’identifier les causes profondes de la crise systémique que nous vivons : la puissance technique mise au service du capital, la démesure prométhéenne des moyens mis en œuvre, une science souvent sans conscience qui, comme le disait Rabelais, n’est que ruine de l’âme. Lors de ces Rencontres qui marqueront les 10 ans de Technologos, nous tenterons de donner des éléments pour penser cette dynamique mortifère et armer intellectuellement la critique. C’est le préalable à toute action. Nos Rencontres se feront en partenariat avec Sciences Critiques, et se dérouleront en trois temps, trois demi-journées. Dans la première, nous ferons un état des lieux de la dimension technique de différentes facettes de la crise globale. La deuxième demi-journée sera consacrée à une critique historique et théorique de la technique qui donnera des outils conceptuels permettant de penser la crise écologique. Enfin, dans la dernière demi-journée, nous aborderons la question du comment. Comment penser autrement nos rapports à la nature, d’une manière moins anthropocentrée et plus harmonieuse ? Comment lutter contre le capitalisme technoscientifique et explorer d’autres alternatives ?”

Site de Technologos : https://technologos.fr/index.php
Site de l’atelier paysan : https://www.latelierpaysan.org/
Pour aller plus loin sur la convergence NBIC : https://theconversation.com/convergence-technologique-lhomme-la-machine-et-la-societe-76044

Utopie 2021 : Léon de Mattis

9 euros – 132 pages chez Acratie

Propos

Utopie 2021 a pour ambition de répondre à une question : est-il encore possible d’imaginer, de nos jours, un monde totalement différent du monde actuel ? Un monde qui ne soit pas dominé par le capitalisme, et dans lequel il n’y ait ni propriété, ni argent, ni classes sociales ?

Le retour en force de la critique des excès du capitalisme depuis la grande crise de 2007-2008 s’est en effet accompagné d’un curieux phénomène : l’incapacité à aller au bout de cette critique.

Les utopistes contemporains, ceux qui veulent changer le monde, imaginent toutes sortes d’alternatives : des monnaies alternatives, une propriété alternative (« les communs »), des formes d’organisations politiques alternatives (plus démocratiques), des moyens de production alternatifs. Mais très peu, voire aucun, ne semble capable d’imaginer une société où il n’y ait plus d’État, plus d’argent et plus d’échange marchand du tout.

Utopie 2021 prend le contrepied de la tendance actuelle. Son objectif est de montrer qu’il est possible d’imaginer une société sans domination et sans exploitation, de se figurer la création d’un tel monde dans un moment révolutionnaire et de concevoir, à partir des luttes actuelles, le surgissement d’une telle révolution.

L’utopie, on le sait depuis Thomas More, ne nous parle ni de l’ailleurs ni du futur : l’utopie, ou l’uchronie, ne sont situées hors de l’espace et du temps actuels que pour mieux décaler le regard. La réflexion utopique menée par Utopie 2021 ne cherche donc pas tant à penser à quoi pourrait ressembler un monde différent qu’à imaginer par quelles voies il serait possible de l’atteindre : comment et pourquoi les luttes pourraient se transformer en autre chose que ce qu’elles sont maintenant. C’est ici que l’utopie rejoint la critique sociale dont elle n’est, somme toute, que le versant positif. L’utopie sert d’abord à critiquer la société de son temps, et c’est pourquoi elle a toujours une date. C’est ce qui explique le titre du livre : Utopie 2021.

Imaginer la création d’un monde différent ne signifie pas croire en son surgissement réel. Une nouvelle organisation sociale, de toute façon, ne pourra jamais naitre de cette manière. Un rapport social ne sort pas du cerveau d’un seul individu, quel qu’il soit, mais est toujours le résultat de l’activité d’un nombre incalculable de personnes.

L’utopie, bien qu’elle soit imaginaire, n’est pas non plus le fait d’un seul. Les manques et les défauts que chaque lecteur ne manquera pas de relever dans cette utopie seront des défauts pour ce lecteur, mais l’ensemble du projet lui permet de comprendre que c’est à lui de recomposer cette utopie pour y ajouter ce qui manque ou corriger ce qui, selon lui, ne va pas.

Un livre qui parle de la révolution est nécessairement un « livre-dont-vous-êtes-le-héros ». L’ambition d’Utopie 2021 n’est pas de décrire un futur radieux, mais de proposer une réflexion collective sur les formes que peuvent prendre la critique en actes de la société actuelle.

Plan

Utopie 2021 est composé de trois parties précédées d’une introduction. Les parties sont intitulées : « communisme », « production du communisme » et « critique en actes du capital ». Cependant, le terme « communisme » pourraient être remplacé par « anarchisme » dans tout le livre sans que le sens n’en soit le moins du monde changé, et ces trois parties pourraient donc aussi bien s’intituler « anarchisme », « production de l’anarchie » et « critique en actes du capital ».

La première partie présente, en des termes généraux, l’idée que l’on pourrait se faire de l’organisation d’un monde différent. La seconde partie est un aperçu de la manière dont la révolution peut s’envisager à l’heure actuelle. La troisième partie, enfin, analyse les luttes contemporaines en cherchant comment elles pourraient conduire à la révolution. Au premier abord, on pourrait penser que la première partie nous parle d’après-demain (le communisme ou l’anarchisme achevé), la deuxième partie de demain (la révolution) et la troisième partie d’aujourd’hui (les luttes actuelles). En réalité, chacune de ces parties, conformément à la manière dont est définie l’utopie dans cet ouvrage, ne nous parle que du présent.

L’interview que vous allez entendre a été réalisée à Toulouse par le collectif Camarade. Vous pouvez aller sur leur site « camarade pour la révolution » pour en savoir plus et lire ou écouter d’autres réflexions.

LES DROITS DES CHÔMEURS ET CHÔMEUSES ENCORE ATTAQUÉS

Notre invitée, Claire vives a participé à un rapport : « Quelle évolution des droits à l’assurance chômage ? (1979-2020) », avec Mathieu Grégoire, Claire Vivès, Jérôme Deyris. Ce rapport a été commandé par la CGT, IRES, en mai 2020.

Claire Vives revient dans cette émission sur l’histoire de l’indemnisation du chômage depuis les années 70 à nos jours. Comment, plus précisément, les droits des chômeurs se sont transformés depuis 40 ans ? Qui décident et payent les chômeurs ? Comment progressivement ils sont passés de « sans emploi » à des « faignants » incapables de traverser une rue pour trouver du taf et qu’il faut fliquer.

Le 1er octobre une nouvelle réforme de l’assurance chômage est entrée en application.

Réforme après réforme, ce sont le taux de rémunération des chômeurs, la durée des indemnisations, les critères d’admission qui se modifient pour devenir de plus en plus restrictifs et faibles.

La nouvelle réforme va faire basculer des centaines de milliers de travailleurs précaires dans de plus en plus de pauvreté. Depuis les années 79, c’est toujours à cette catégorie que l’État s’attaque pour dégager des milliards d’économie mais surtout pour mettre sur le marché du travail des personnes pris à la gorge qui seront contraintes d’accepter des boulots aux conditions de plus en plus dégradées. A l’heure actuelle ou dans pas mal de secteur, les travailleurs préfèrent déserter, plutôt que de supporter le mépris, le harcèlement, des payes dérisoires… La situation des chômeurs – armée de réserve du capitalisme – nous regarde tous, travailleurs, précaires ou non, avec ou sans statut, car de leur nombre et leur indemnisation dépendra les conditions de travail de tous.

NOUVELLE ATTAQUE CONTRE L’ASSURANCE CHÔMAGE

Le gouvernement s’acharne à imposer par la force la réforme de l’assurance-chômage avant la campagne présidentielle, prétextant de la reprise économique pour accuser les chômeurs d’être des profiteurs ne voulant pas rechercher d’emploi. Il vient d’informer les organisations syndicales d’un nouveau décret imposant au 1er octobre de nouvelles règles de calcul des allocations, déjà prévues par le décret du 30 mars dernier. Or ce décret s’est vu suspendu le 22 juin par le Conseil d’État, celui-ci arguant des « incertitudes sur la situation économique », et estimant que « ces nouvelles règles de calcul pénaliseront les salariés ayant alterné contrats courts et inactivité ».

Le gouvernement impose cette réforme alors même que le Conseil d’État ne s’est pas encore prononcé sur le fond des recours déposés par les organisations syndicales, à savoir les inégalités de droits entre demandeurs d’emploi. Une étude de l’Unedic estimait que 1,15 millions de demandeurs d’emploi connaîtraient une baisse significative de leur allocation, notamment les plus précaires. Or 87 % des embauches sont actuellement en CDD.

Comme à son habitude, le gouvernement veut passer en force et imposer sa politique de régression sociale. En détruisant allègrement le droit du travail, et en transformant le service public de l’emploi en structure de contrôle et de coercition à l’égard des salarié·es privé·es d’emploi, le gouvernement compte les contraindre à accepter n’importe quel travail et à n’importe quel prix.

Mais cette stratégie va peser sur l’ensemble de la société, en faisant pression sur les salaires et en continuant de généraliser la précarité. Cette réforme de l’assurance chômage est une nouvelle étape dans la destruction de notre système social.

NOUS SOMMES TOUTES ET TOUS CONCERNÉS !

Pour défendre les droits de toutes et tous les chômeur·es et précaires, nous exigeons :

  • L’abrogation définitive de la réforme de l’assurance chômage,
  • L’abrogation du décret sur le renforcement des sanctions de décembre 2018,
  • La revalorisation immédiate des allocations des chômeur·es et précaires,
  • L’indemnisation de tous les chômeur·es et précaires,
  • La baisse des loyers et l’augmentation des APL.

ACCÈS PLUS DIFFICILE AUX DROITS

Pour ouvrir des droits : au moins 6 mois de travail dans les 24 derniers mois au lieu de 4 mois dans les 28 derniers mois auparavant.

Pour recharger ses droits : 6 mois de travail ou 910 heures contre 1 mois ou 150 heures auparavant. Quasi fin du rechargement des droits pour les précaires. RECUL DES CRITÈRES DE L’OFFRE RAISONNABLE D’EMPLOI

Dès le deuxième refus d’une Offre Raisonnable d’Emploi (ORE), possibilité de radiation et de suppression d’allocation.

Abrogation du critère du salaire antérieurement perçu

L’ORE mentionne la zone géographique privilégiée, mais plus la durée de trajet ni le kilométrage maximum comme auparavant.

DE NOUVEAU DE NOUVEAUX DROITS DÉRISOIRES

Démissionnaires : 5 ans dans la même entreprise, projet de reconversion validé. Très peu de salariés concernés

Indépendants : en cas de liquidation ou de redressement judiciaires : allocation théorique de 800 euros par mois pendant 6 mois…mais en mars 2021, on ne comptait qu’un peu plus de 900 bénéficiaires ! DÉGRESSIVITÉ POUR LES CADRES SUPÉRIEURS +

Dégressivité des indemnités des chômeurs les mieux rémunérés : – 30% après 6 mois d’indemnisation (application prévue en 2022).

ET LE PLUS GRAVE : LA MODIFICATION DU CALCUL DES INDEMNITÉS

Changement des modalités de calcul du Salaire Journalier de Référence en prenant en compte une partie des périodes d’inactivité ; ce qui baissera les allocations chômage, surtout pour les plus précaires.

DURCISSEMENT DES CONTRÔLES ET DES SANCTIONS

Renforcement de la mission de contrôle de Pôle emploi

Sanctions alourdies en cas de manquements (non-présentation rendez-vous à Pôle emploi, insuffisance de recherche d’emploi) : suppression des allocations et non-suspension. Les chômeurs sont assimilés à des fraudeurs. Alors que 6 chômeur.euse.s sur 10 n’étaient pas indemnisés avant la crise, le gouvernement persiste à vouloir appliquer sa réforme brutale de l’assurance chômage qui durcit l’accès aux droits et abaisse les indemnités. Plus d’un milliard d’euros d’économies par an sur le dos des chômeurs, centrées sur les plus précaires !

LA COORDINATION LYCÉENNE DE PANAME

Le dimanche 9 mai la coordination lycéenne autonome  de Paname nous appeler à manifester :”Cette année covid 2020-2021, sous chape de plomb, n’en finit pas de finir et nombreux sont ceux qui commencent à comprendre qu’elle n’en finira peut-être jamais, ce qui est pour le moins effrayant.

Ajoutons à cela, à cette crise sanitaire systémique, une raison encore de désespérer : la perspective d’une période électorale exécrable, déjà entamée, durant laquelle le nauséabond le disputera au répugnant : de la laïcité, des valeurs de la République, de l’islamophobie, des réunions en non-mixité, du non-débat sur l’écriture inclusive, en passant par la raréfaction à très vive allure de nos libertés, la surveillance généralisée, les incitations à la délation de tout ordre, à l’instrumentalisation sans aucune vergogne, de nos peurs, celle de la mort en particulier, induite par le virus qui nous assiège en effet, virus dont on ne dira jamais assez qu’il a notre mode de vie pour cause, le capitalisme agonisant pour le dire autrement, nous allons, les 12 mois à venir, en baver, jusqu’à la nausée.

Tout cela, évidemment, pour ne surtout pas avoir à parler des problèmes essentiels : un système hospitalier à l’agonie, une école et une université exsangues, un creusement de plus en plus obscène des inégalités, une crise sociale cataclysmique à venir, des problèmes écologiques à ne plus pouvoir les compter, bref une fuite en avant qui poursuit, quasi à l’identique, en pire peut-être, dans le monde d’après, tout ce qu’il faudrait pourtant éradiquer du monde d’avant.

D’aucuns veulent croire que la manifestation du 1er mai pourrait relancer les luttes, si nécessaires en effet et faire fleurir un vent de révolte printanier. J’espère me tromper, mais la manif du 1er mai, avec son habituel cortège de tête où quasi tout le monde se connaît, ses rituels de “chamailleries” contre les condés, quelques mobiliers urbains ciblés amochés et agences bancaires redécorées ou réellement roussies, pas plus qu’une autre mobilisation, ne parviendra pas à ébranler le pouvoir en place, muré dans sa surdité feinte, donc abjecte, mais fort bien orchestrée.

Le retour du : Moi-Macron ou le chaos et le fascisme dans lequel on veut, de nouveau, nous enferrer, risque bien une nouvelle fois de fonctionner et de permettre au pantin managérial de renouveler – ou pas – son mandat. Ou non ? Peu importe en effet puisque le chaos et le fascisme sont déjà bien là qui devraient nous conduire, acte de résistance sans fumée ni danger, à déserter, fissa, fissa, toute fréquentation des urnes électorales qui n’ont maintenant avec les urnes funéraires pas que le substantif de commun.

Par quoi donc les nervis nous tenant lieu de gouvernants pourraient-ils donc se sentir déstabilisés et être ébranlés ? La jeunesse fougueuse, si fébrile à l’approche du sacro-saint baccalauréat, pourrait bien être notre planche de salut, il n’est pas déraisonnable, en tout cas, d’en faire le pari alors que depuis la reprise en présentiel, ce lundi 3 mai, les blocages de bahuts essaiment comme le pollen se propageant anarchiquement au gré du vent durant le printemps.

Ne laissons pas les lycéens, une fois encore, se faire massacrer, sans coup férir, lycéens qui après plus d’une année de scolarité chaotique sous confinement liberticide et scolarité rabougrie, se trouvent légitimement à bout et secondons-les ce dimanche dans les rues de Paname !

Le “relâchement” des examens, en 1968, a permis, selon une étude, l’ascension sociale des bacheliers de cette année-là, diplômés de l’université par la suite, plus souvent mieux intégrés. Cette “faveur” de départ a aussi eu des conséquences positives pour leurs enfants, surtout ceux issus des classes populaires, les conduisant à mieux réussir à l’école.

Au vu de ce que les élèves de terminales ont dû subir depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, il ne serait que justice que tous obtiennent ce sésame qu’est le bac, tel un baume largement mérité, après ces plus de 15 mois de scolarité asphyxiante, et pas seulement du fait du port du masque. Quant à contrer Parcoursup, cet algorithme à sélectionner et à gérer des flux sans considération de l’humain, quant à créer des places à l’université et à construire de nouvelles universités, sur tout le territoire, c’est une autre affaire encore, dont ces mêmes futurs étudiants pourront s’emparer lorsqu’ils seront, toutes et tous, dans la place.
Et Georges Bernanos de déclarer : « Hélas ! C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents » ; « Il faut beaucoup d’indisciplinés pour faire un peuple libre ».”

Afin de mieux connaitre cette organisation et les enjeux politiques qui l’anime nous les avons invitées en studio afin de réaliser une émission ensemble.

Plus information sur https://twitter.com/clapaname?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Eembeddedtimeline%7Ctwterm%5Eprofile%3Aclapaname%7Ctwgr%5EeyJ0ZndfZXhwZXJpbWVudHNfY29va2llX2V4cGlyYXRpb24iOnsiYnVja2V0IjoxMjA5NjAwLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X2hvcml6b25fdHdlZXRfZW1iZWRfOTU1NSI6eyJidWNrZXQiOiJodGUiLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X3R3ZWV0X2VtYmVkX2NsaWNrYWJpbGl0eV8xMjEwMiI6eyJidWNrZXQiOiJjb250cm9sIiwidmVyc2lvbiI6bnVsbH19&ref_url=http%3A%2F%2Factualitedesluttes.info%2Fwp-admin%2Fpost.php%3Fpost%3D8389%26action%3Dedit

QUAND LA RATP VEUT LICENCIER UN SYNDICALISTE COMBATIF

Paris 10 mai 2021 ; conseil de discipline d’Ahmed Berrahal

Le lundi 10 mai a eu lieu le conseil de discipline d’Ahmed Berrahal, près de 200 personnes étaient venues place Lachambeaudie pour le soutenir, pour s’opposer avec force à son licenciement.

Ahmed est délégué du personnel CGT, référant harcèlement. Il se bat avec ténacité et sans compromis contre les mauvaises conditions de travail et soutient les femmes qui se font harceler sur leur lieu de travail. Malgré les grandes intentions et la féminisation de la PDG de la RATP, la boite ne fait rien et à tendance à sanctionner les femmes victimes de harcèlement et les délégués syndicaux qui les soutiennent.

Ahmed est un syndicaliste de base qui prend son mandat au sérieux, il fait parti de ces syndicalistes qui se battent avec leurs collègues, qui cherchent par tous les moyens à dénoncer les conditions de travail dégueulasses et se battent pour les améliorer, à renforcer le camps des travailleurs et à l’élargir ; il a été de ceux et celles qui ont fait vivre la convergence des luttes pendant la contre réforme des retraites, qui ne rechignait pas à bloquer les dépôts de bus, ni à faire des grèves reconductibles, qui a pris position contre les crimes racistes et sécuritaire. Il est déjà passé en conseil de discipline et a pris deux mois de mise à pied pour avoir fait vivre son engagement syndical ! Il risque lors de cette deuxième comparution son licenciement.

Une campagne de soutien a été réalisée à l’appel de ses collègues : appel/vidéo de 30 agents RATP à faire grève en solidarité avec Ahmed : « Nous sommes 30 agents de la RATP, au dépôt de bus de Flandre et ailleurs, et nous lançons un appel urgent à nos collègues : ne laissons pas se faire licencier notre camarade Ahmed, syndicaliste référent harcèlement et secrétaire de La commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT). Pour nous, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et à un moment il faut savoir dire stop ! Stop au harcèlement, stop aux violences sexistes et sexuelles dans l’entreprise, aux pressions et à la dégradation de nos conditions de travail…

Tous Ahmed, tous en grève le 10 mai ! ». Malheureusement, comme à son accoutumé, la confédération a une fois de plus brillé par son absence de soutien ; aucun communiqué, aucune affiche, autocollant… n’ont été réalisés par la centrale. Devant la mobilisation du 10, le lendemain elle s’est fendu d’un texte !

« Est-ce que oui ou non la CGT RATP (pas la CGT RATP bus, pas la CGT RATP métro RER), la CGT RATP a fait un tract avant le conseil de discipline d d’Ahmed ? Est-ce que le secrétaire de la CGT RATP est venu à Flandre lors de l’entretien ? Est-ce que le Secrétaire de la CGT RATP est venu à Lachambeaudie hier ? »NON !

Une fois de plus nous tenons à faire la distinction entre les syndicalistes de bases qui se battent pour leur classe et les bureaucrates cogestionnaires du capitalisme qui défendent leurs places.

Ce reportage a été réalisé le 10 mai 2021 devant le conseil de discipline de la RATP ou comparaissait Ahmed Berrahal.

INDE : UN GIGANTESQUE TSUNAMI SOCIAL AUX INCIDENCES MONDIALES

Janvier 2021; Grève et manifestation des aides soignantes pour leurs revendications et en soutien aux paysans dans l’Andhra Pradesh (crédit photo : aplutsoc).

Dans l’émission de ce jour, nous serons en compagnie de Jacques Chastaing, pour continuer à parler du mouvement social en Inde.

Ce qui se passe en Inde est déterminant pour le monde.

L’Inde est certainement parmi les grands pays de la planète, celui qui concentre le pire du capitalisme et du féodalisme. C’est aussi en conséquence un pays en ébullition permanente et aux millions de révoltes.

De plus, avec 28 États et 8 territoires, près de 1 400 millions d’habitants, trois fois l’Union Européenne et ses 27 États, autant que la Chine, mais avec une démographique galopante, l’Inde est le pays à la population la plus nombreuse de la planète. Presque un habitant du globe sur 6 habite en Inde. L’agglomération de Delhi a presque autant d’habitants que l’Espagne.

Le soulèvement paysan actuel qui dure depuis presque 3 mois dans le cadre d’un mouvement plus large de 15 mois est un laboratoire vivant du processus révolutionnaire en cours dans le monde.

I. Un Moyen Age maintenu dans le monde moderne, amplifié par le capitalisme actuel, devient l’étincelle de l’explosion générale

L’Inde n’a pas connu de révolution semblable à celle de 1789 en France voire même à celle de la Chine.

Le mouvement d’indépendance après la seconde guerre mondiale n’a pas cherché à éradiquer l’ancienne classe féodale mais l’a intégrée aux sommets de l’État comme des groupes capitalistes.

Aussi, le Moyen-Âge des divisions de castes, de religions, de sexe s’y est maintenu et y a même été accentué par la phase de capitalisme sénile actuel. Tous les gouvernements successifs, de gauche et de droite, surtout depuis le tournant libéral de 1991, inquiets du bouillonnement des révoltes, ont amplifié ces divisions pour régner. Le gouvernement actuel de Modi, élu en 2014, ne fait que pousser cette tendance jusqu’au bout.

Il y a deux Indes : l’Inde urbaine aisée ou riche qui a produit 102 milliardaires (dont 63 ont des revenus supérieurs à ceux du budget de l’État) et 330 000 individus très fortunés, 1% de la population gagne 4 fois plus que 70% de la population ; et puis il y a le pays des bidonvilles et du monde rural où 800 millions d’habitants vivent avec moins de deux euros par jour, 200 millions souffrent de la faim. 480 millions de travailleurs – soit 93% de l’ensemble- ne sont même pas salariés, sans protection maladie, retraite ou chômage.

Il y a 3 000 castes. Au bas de l’échelle les Dalits. Si l’ombre d’un Dalit (Intouchable) effleure un membre d’une caste supérieure, cela peut motiver son assassinat car son ombre peut rendre “impur”. Il y a ainsi deux meurtres de Dalits (qui sont 200 millions) et trois viols de femmes Dalits par jour parce qu’ils valent moins qu’un animal. Il en va de même des 100 millions d’Adivasis (aborigènes indiens) encore plus méprisés et maltraités.

Aujourd’hui, ce monde d’oppression est en voie d’explosion.

II. Particularités de la paysannerie indienne : un soulèvement prolétarien

Sur 600 millions de paysans, familles comprises, 86% ont moins de 2 hectares ce qui ne suffit pas à vivre et 30% n’ont pas du tout de terres. Beaucoup travaillent comme ouvriers agricoles dans les exploitations plus grandes. Les ouvriers agricoles, 150 millions (souvent Dalits), sont plus nombreux que les “paysans” eux-mêmes, 140 millions et leur nombre croît toujours plus vite. 

Dans les années 1960, l’Inde tenta d’assurer une auto-suffisance alimentaire au pays et un revenu minimum aux paysans en plaçant le monde paysan au centre de son action qu’elle qualifiait de “socialiste ».

L’État garantissait l’achat des récoltes à un prix fixé au dessus des prix du marché, des travaux d’irrigation et de routes, des prix cassés de l’électricité et un revenu minimum par des distributions alimentaires ou cent jours de travail par an fournis aux paysans dans des travaux d’utilité publique. 

Le « socialisme » indien encouragea la démocratie directe rurale des “Panchayats” (institutionnalisés en 1992), des structures municipales soumises au contrôle d’Assemblées Générales qui organisent la vie du village en matière d’administration locale, d’école, de santé, de retraite et de justice.

Ces protections étatiques ont été grignotées à partir de 1991. Ainsi 34 millions d’agriculteurs ont quitté l’agriculture entre 2004 et 2012, leur exode se poursuit au rythme de 500 000 par an. Ils errent maintenant dans les bidonvilles des grandes cités. 300 000 paysans se sont suicidés au cours des 25 dernières années.

C’est ce qui reste encore de ce monde agricole de paysans prolétarisés, protégés par l’État, baignant avec leurs organisations syndicales dans un modèle socialisant et de démocratie directe que Modi veut éradiquer sous la pression des groupes agro-alimentaires indiens et mondiaux.

Or les paysans indiens ont une longue tradition de révolte, une tous les 3 ans sur les 200 dernières années et leurs révoltes ont été multipliées par six depuis que Modi a voulu liquider les protections étatiques à partir de 2015.

Depuis et pour la première fois, ce sont les paysans pauvres qui mènent les luttes, ciblant particulièrement le capitalisme et deux des groupes principaux bénéficiaires des réformes agricoles de Modi : Ambani et Adani.

De ce fait, ce mouvement entraîne avec lui non seulement la population ouvrière rurale, des employées de crèches et garderies rurales jusqu’à ceux des banques et assurances publiques rurales, les instituteurs, les ouvriers de l’irrigation mais aussi le monde ouvrier de l’industrie et la jeunesse au chômage – tous enfants, frères ou sœurs de paysans – et tous concernés par le combat contre l’oppression et l’exploitation capitaliste. C’est un soulèvement prolétarien.

III. Racines et premiers pas du soulèvement actuel

1. La gauche, Modi, et l’amplification de l’oppression

C’est la gauche qui a conduit le tournant libéral des années 1990, en particulier le parti du Congrès. Pour cela il a amplifié les oppositions religieuses, de castes et l’oppression des femmes.

Issu d’un parti fasciste, le RSS, Modi prolongea cela, créa des milices pour s’attaquer violemment aux Dalits, organisa de multiples provocations entre religions, mit en place des campagnes pour forcer les musulmans et chrétiens à revenir à la religion hindoue, interdit les mariages mixtes religieux et voudrait imposer aux femmes de se signaler au poste de police quand elles sortent de chez elles. Enfin, il donna la nationalité indienne à des réfugiés à condition qu’ils ne soient pas musulmans. Ce fut la mesure de trop.

2. Shaheen Bagh, Décembre 2019/Mars 2020

Cela déclencha une révolte des musulmans, en particulier des femmes, en décembre 2019 qui entraîna peu à peu une bonne partie de la société indienne qui en avait marre de toutes les oppressions.

Le mouvement prit une telle ampleur que les directions syndicales ouvrières (bien que profondément corrompues), appelèrent à une grève générale le 8 janvier 2020. 

250 millions de travailleurs firent grève, la plus grosse grève de l’histoire de l’Inde jusque là.

Les directions syndicales ne donnèrent aucune suite. En revanche, le mouvement, lui, continua  de plus belle contre toutes les oppressions, se renforçant de multiples grèves, enseignants du primaire, employés d’État, municipaux, gardiennes d’enfants, ouvriers du bâtiment. 

Le mouvement s’enracina à Shaheen Bagh, quartier pauvre et musulman de Delhi, où des places furent occupées par 10 000 à 150 000 personnes chaque soir et particulièrement par des femmes du petit peuple, devenant un centre populaire de débat et le centre de l’opposition au régime de Modi. Une espèce de place Tahrir, d’Occupy des prolétaires. Ces occupations furent une bouffée d’oxygène dans cette Inde étouffante où la presse et le monde politique étaient rangés derrière la démagogie communautariste de Modi.

Modi, n’arriva pas à stopper ce mouvement. Sa démagogie raciste et religieuse avait été brisée par la révolte contre la misère qui unifiait toutes les communautés.

On retrouva immédiatement cet acquis fraternel dans le soulèvement paysan.

  1. Modi utilise le covid pour tenter de tout détruire

Ce fut le brutal confinement policier de Modi face au covid qui mit fin à ce mouvement le 24 mars 2020. Modi se déchaîna et voulut utiliser le covid pour écraser toute possibilité de soulèvement et tenter de liquider toutes les protections ouvrières et paysannes. 

Dans tous les États de l’Inde que le BJP (parti de Modi) dirigeait, il supprima tous les droits et protections ouvriers en matière d’horaires, d’emploi, de salaires, de conditions de travail, de protection sanitaire. Bien sûr, cela ne touchait qu’une minorité des travailleurs – les autres vivaient déjà dans cet univers sans protections ouvrières – mais c’était la plus organisée.

Modi programma au niveau national la privatisation systématique de tout le secteur public et étatisé, depuis la Défense jusqu’au monde paysan, en passant par les chemins de fer, mines, la santé, l’école… 

Dans cette période, les capitalistes licencièrent massivement. Modi les aida en obligeant 50 à 80 millions de travailleurs licenciés considérés comme “migrants” (qui ne sont pas originaires de l’État ou la ville où ils travaillent) à retourner dans leurs villages d’origine, semant un chaos total dans tout le pays. Partis sans ressources et souvent à pied pour des centaines ou milliers de km, certains sont morts. Beaucoup se révoltèrent faisant entendre dans les campagnes un message de détermination : “Nous sommes en train de mourir, aussi nous préférons mourir en combattant“. Leur colère rencontra celle des travailleurs restés en ville qui explosa dans 21 des États et territoires indiens, beaucoup n’ayant reçu aucun salaire en mars et avril, parfois après.

Les directions syndicales ont alors rappelé à de multiples grèves à partir de septembre 2020 mais ces luttes étaient volontairement émiettées

4. Le soulèvement paysan et son orientation ouvrière avec l’AIKSCC

Dès juin, les premières protestations paysannes contre des lois qui visaient à liquider la petite propriété et ruiner le monde paysan se firent entendre et s’amplifièrent fin septembre. Dans le nord, Pendjab et l’Haryana, durant 2 mois les manifestants, des villages entiers, des Dalits et des femmes bloquèrent les autoroutes nationales et les lignes de chemins de fer. Le 5 novembre, ils furent un million à manifester.

Ils étaient conduits par l’AIKSCC, une coordination de 350 puis 500 organisations paysannes créée dans une précédente lutte en 2017.

La révolte ne s’étendit partout qu’à partir d’octobre et surtout à partir de la grève générale que l’AIKSCC réussit à imposer conjointe aux directions syndicales ouvrières le 26 novembre. 

Il y eut ce jour-là 250 millions de grévistes et des dizaines de millions de paysans, battant tous les records de mobilisation en Inde et dans le monde.

Les directions syndicales ouvrières n’avaient prévu aucune suite. L’AIKSCC profita de l’élan pur appeler l’ensemble des paysans et ouvriers à une nouvelle grève générale/blocage le 8 décembre. Ce fut encore un gros succès mais moindre et pas suffisant pour permettre à la direction paysanne de prendre  la tête de l’ensemble du mouvement pour l’engager dans  une lutte commune. 

5. La marche sur Delhi, le ciblage politique du pouvoir et le SKM

Une nouvelle coordination paysanne se fait alors connaître à ce moment, le SKM (Front Uni Paysan). Composée de 40 des organisations de l’AIKSCC, elle désigne l’adversaire, le gouvernement appelant à organiser une marche sur les instances gouvernementales à Delhi.

Immédiatement 300 000 paysans partent de tout le pays, franchissent les barrages policiers mais sont bloqués à l’entrée de Delhi par un fort déploiement de forces de police. Ils décident alors de camper aux portes de Delhi. Début janvier, ils donnent un ultimatum au pouvoir : il avait jusqu’au 26 janvier pour retirer ses lois, sinon les paysans rentreraient dans Delhi.

A partir de là, ce fut un feu d’artifice d’actions et d’initiatives avec un objectif politique commun, attaquer Modi, mobilisant bien au delà du monde paysan et de ses revendications.

Les 6 campements paysans aux portes de Delhi deviennent de véritables townships militants de 300 000 personnes où on trouve tous les équipements collectifs d’une ville mais gratuits, regroupant syndicalistes, féministes, artistes, jeunes de bidonvilles, étudiants… des immenses ZAD prolétaires où on refait le monde, fabriquant des convergences, une coordination paysanne déjà un peu ouvrière et citoyenne de fait. 

6. Tentative de coup de force du pouvoir, les Mahapanchayats et Rakesh Tikait

Prenant peur, le 23 janvier, le gouvernement autorise les paysans à rentrer dans Delhi à condition qu’ils défilent en banlieue. Les paysans choisissent alors de faire du 26 janvier – jour de la principale fête nationale en Inde – un défilé national paysan à Delhi avec un million de manifestants, pour redonner cette journée au peuple, indiquant là, la perspective du pouvoir par le peuple, pour le peuple.

Le gouvernement réussit toutefois à atténuer l’effet de cette démonstration en montant ce jour-là une manipulation policière avec le soutien de l’ensemble des médias. Ils font croire que les paysans ont remplacé le drapeau national indien sur le lieu central symbolique du Fort Rouge par le drapeau sikh, prouvant selon eux que les paysans indiens roulent pour le séparatisme religieux sikh. La campagne des médias sème le trouble. Profitant de la confusion, Modi envoie ses bandes fascistes appuyées par la police pour dégager les campements paysans de Delhi dans la nuit du 28 au 29 janvier.

Le coup de force échoue. Les dirigeants paysans du SKM présents et notamment l”un d’entre eux, Rakesh Tikait, appelent à la résistance indiquant qu’ils ne partiraient que morts. Dans la nuit, des dizaines de milliers de paysans et soutiens marchent sur les campements de Delhi dont ils chassent les bandes fascistes, policiers et paramilitaires préférant alors se retirer.

Dans la foulée, Rakesh Tikait appele à un Mahapanchayat le 29 janvier dans l’Uttar Pradesh qui réunit plus de 100 000 participants, ouvrant une nouvelle étape dans le soulèvement.

En s’emparant de la démocratie directe socialisante des Panchayats pour les élargir à tous (Maha), les paysans construisent leur propre pouvoir à la base. Depuis, le soulèvement appelle à des Mahapanchayats partout, associant toutes les catégories, religions, castes et sexes, ouvriers, paysans et étudiants.

Ces structures commencent à exercer leur propre pouvoir. Elles ont décidé avec des Comités de Défense de chasser des zones sur lesquelles elles ont une influence, les militants de la milice fasciste du RSS, du BJP et leurs alliés.

En complément des Mahapanchayats, le soulèvement continue à s’adresser à l’ensemble de la population, en continuant les actions diverses, en appelant tout le monde à venir aux campements de Delhi et à se battre tous ensemble dans des grandes journées communes d’action nationale. Par exemple le 6 février ils ont bloqué les routes du pays et le 18 février ils ont prévu de bloquer les voies ferrées.

Par ailleurs, Rakesh Tikait a annoncé l’objectif d’une marche nationale de 4 millions de tracteurs – une menace visant Modi – comme il y en avait eu 400 000 le 26 janvier à Delhi.

Shaheen Bagh a apporté au soulèvement, la fraternité contre les divisions de castes, religions et sexes. L’AIKSCC a apporté l’union paysans et ouvriers. Le SKM, l’objectif politique de virer Modi. Rakesh Tikait, la construction du pouvoir des ouvriers et des paysans par la démocratie directe des exploités et opprimés. Ce cumul d’expériences des couches les plus avancées, constitue peu à peu un programme en même temps que la direction et les moyens pour y arriver.

Il y a encore beaucoup d’étapes dans ce processus car il faut du temps pour entraîner l’immense masse indienne, sans même parler de toute l’Asie du Sud voire du Sud Est qui est également ébranlée, à l’instar du Pakistan (et d’autres) qui suit un chemin parallèle. Mais le processus est engagé.

Jacques Chastaing le 13.02.2021.

L’article est paru dans la revue Anticapitalisme et Révolution du mois février/mars 2021  https://www.facebook.com/Anticapitalisme.et.Revolution/photos/pcb.3586849174760877/3586857274760067

LA LOGISTIQUE ; ARME DE GUERRE DU CAPITALISME

L’infrastructure logistique permet au capitalisme de se mondialiser en cherchant le moindre coût au détriment des conditions de travail, des salaires et de l’environnement. Elles ont permis également de faciliter la mondialisation du virus.

Les ouvriers de ces entrepôts sont parmi les plus exposés au Covid-19. Continuant à travailler dans des conditions bien éloignées des recommandations sanitaires, ils font transiter des milliers de tonnes de marchandises. Seuls leurs luttes ont permis de freiner l’exploitation et le mépris patronal.

Dans cette émission, nous avons demandé à David Gaborieau, sociologue au Centre d’étude de l’emploi et du travail du CNAM, de nous expliquer l’importance du rôle des plates-formes logistique et également à Mohamed qui travaille pour Eurotranspharma et à Mouloud de GEODIS de nous dire concrètement leurs conditions de travail et leur volonté de ne pas crever pour leurs profits.

Pour en savoir plus :
https://acta.zone/sils-veulent-mourir-ca-les-regarde-mais-quils-nembarquent-pas-tout-le-monde-avec-eux/