JANOS B : itinéraire d’un militant révolutionnaire

Janos B. est un militant révolutionnaire incontournable de la région parisienne. Lors de la révolution d’octobre 1956 à Budapest, il a 16 ans. Aujourd’hui, il a 81 ans, est réfugié politique en France depuis 1962, il n’a eu de cesse d’arpenter le pavé.

Il a participé à mai 68, à la création de sud éducation, à la création du réseau résistons ensemble, au mouvement des gilets jaunes, à la coordination contre les répressions et les violences policières idf, et nous en oublions sûrement. Il fait partie de ces anonymes qui ont construit nombre de luttes dont nous sommes les héritiers. Mais Janos n’est pas un « ancien », c’est un acteur des luttes contemporaines et pour ces raisons, il a longtemps refusé que nous fassions un portrait. Il n’en voyait pas l’intérêt.

Face à l’invasion de l’Ukraine, il a une fois de plus fait preuve de constance et de curiosité en participant à la rédaction de textes en soutien à la résistance ukrainienne sans pour autant méconnaitre les réalités sociales et politique de la Russie. Et face aux réactions du monde militant, il a trouvé que nous parler de son expérience en Hongrie pouvait nous permettre de mieux comprendre la situation actuelle. Alors, il a accepté de prendre le temps de témoigner.

Dans cette émission, vous allez donc entendre le témoignage de Janos, qui nous raconte à la fois ses souvenirs de la Hongrie en 1956 et la manière de cela à déterminer l’ensemble de son parcours politique.

Pour finir l’émission, nous vous diffuserons une lecture d’extrait d’un interview réalisé par le collectif russophone contre la guerre avec des camarades de la résistance ukrainienne que nous vous diffusons ici en intégralité.

Entretien avec les combattants des brigades anarchistes ukrainiennes
Le comité russophoneJune 21, 2022
Après le déclenchement de l’invasion russe à grande échelle, de nombreux anarchistes en Ukraine ont pris les armes pour résister à l’agression. En particulier, plusieurs brigades autonomes ont été créées au sein de la Force de défense territoriale ukrainienne (en ukrainien : Війська територіальної оборони ; Viiska terytorialnoi oborony).

Nous avons discuté avec les combattants de plusieurs unités de ce type. Nous leur avons demandé leurs motivations pour partir en guerre, et comment les brigades anarchistes sont organisées ; nous leur avons posé des questions sur la guerre en soi et beaucoup plus. Trois anarchistes originaires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie ont répondu à nos questions. Nos correspondants biélorusse et russe appartiennent à la brigade internationale appelée « Komitet Sprotyvu » ( en ukrainien : Комітет Спротиву ; en français : Comité de résistance). Notre interlocuteur ukrainien est un membre d’une brigade formée par l’organisation anarchiste ukrainienne nommée « Chornyi Stiag » (en ukrainien : Чорний Стяг ; en français : Drapeau noir). Il est très important pour nous de présenter les points de vue des gens des différentes brigades qui participent à cette guerre ; des gens qui ont des expériences variées dans l’activisme politique et dans la lutte contre la dictature dans des différents pays.

Raconte-nous à propos de ta vie avant la guerre. Quels sont les collectifs anarchistes dont tu faisais partie ? Que faisaient-ils ?

Cooper : Avant la guerre je faisais de l’activisme social de gauche. J’étais un membre de « Avtonomnyi Opir » (en ukrainien : Автономний Опір : en français : Résistance autonome) et de « Chornyi Stiag ».

Biélorusse : Ça fait 13 ans que je suis un anarchiste. Durant cette période j’ai participé dans des différentes activités : du graffiti à l’organisation des manifestations à grande échelle. Il y avait aussi beaucoup de collectifs dont j’ai fait partie. Parmi ces collectifs le plus connu est « Pramégne » (en biélorusse : Прамень ; en français : Rayon).

Avant la guerre j’ai vécu en Pologne. Depuis mon exil à cause des répressions, quand j’ai été accusé d’avoir participé à quelques actions directes, j’ai dû quitter le pays en automne 2020. Avant d’avoir déménagé en Pologne, j’ai vécu en Ukraine pendant un petit moment. 
Alekseï : Quand j’ai vécu en Russie, j’ai été un membre de l’Action autonome (en russe : Автономное действие; Avtonomnoye deystviye) avant sa séparation. Après cette séparation j’ai été dans l’Autodéfense populaire (en russe : Народная самооборона, Narodnaya samooborona). Avec l’éclat des répressions massives contre nous, j’ai dû m’enfuir en Ukraine, parce qu’autrement je serais mis en prison.

Qu’est-ce que tu as ressenti, quand la Russie a attaqué l’Ukraine ? Pourquoi as-tu décidé de prendre les armes ? Est-ce qu’il y avait des doutes idéologiques, ou as-tu eu peur de partir en guerre ? Ça peut paraître bizarre pour certains anarchistes, que les anarchistes en Ukraine défendent à main armée l’état. Comment pourrais-tu expliquer sa motivation et les raisons de prendre les armes ?
Cooper : J’ai été « un peu » bluffé, je n’ai pas pu totalement accepter que le scénario de l’invasion à grande échelle ait été possible. Non, je n’ai eu aucun doute. En outre, je crois que si quelqu’un a besoin d’explications concernant les raisons pour lesquelles je suis parti en guerre à main armée contre ceux qui tuent des civils, des enfants et des femmes, contre ceux qui bombardent des villes, alors, nous avons des différents chemins à suivre avec cette personne, peu importe de quelle façon elle se croit.

Biélorusse : Dès le moment où les pays occidentaux ont commencé à déplacer leurs ambassades, je me suis rendu compte que la guerre a été inévitable, même si je n’ai pas voulu croire que Poutine ait été si fou.

J’ai appris, que la guerre avait commencé, de mes voisins m’étant réveillé à 8 heures du matin dans mon appartement. Je l’ai pris calmement, j’ai juste envoyé un message à mes camarades ukrainiens pour leur demander leurs projets et comment je pourrais participer à la guerre.
Pourquoi j’ai décidé de participer à la guerre ? Parce que le « Monde russe » (Pax Russica), que Poutine essaie d’imposer à l’Ukraine, n’apportera que de la douleur et de la souffrance. Il supprimera tous les droits et toutes les libertés pour lesquels le peuple ukrainien a dû se battre. Le monde russe détruira toutes les initiatives populaires, tous les syndicats indépendants, les programmes de défense des droits de l’homme et d’autres projets. La victoire de la Russie sur l’Ukraine signifiera la perte de l’espoir de renverser la dictature en Biélorussie pendant plusieurs années. Je pense que la défaite de l’armée russe pourrait affaiblir le régime de Poutine et devenir un catalyseur de changements positifs en Russie même.

Et, peut-être, le plus important, c’est qu’aujourd’hui, ici et maintenant, pour la première fois depuis de nombreuses années les anarchistes forment une unité de combat et, qui sait, peut-être que cette unité même pourra devenir une base pour la création d’une sorte de nouveau projet libertaire dans l’esprit du makhnovisme.

Je ne me bats pas pour l’état ukrainien, même si je dois me rallier à lui. Je me bats contre l’impérialisme russe et ce camp de concentration en lequel Poutine veut transformer toute la région.
La peur était certainement présente, elle l’est toujours. Je pense que seulement les psychopathes n’ont pas peur dans ce type de conditions. Mais la compréhension claire de ce pour et contre quoi je me bats m’aide à faire face à la peur.

Alekseï : Malgré tous les reportages de nombreux médias occidentaux sur une future invasion, un tel scénario me semblait peu probable, car de tels reportages étaient apparus dans les médias ukrainiens il y a un an et périodiquement même plus tôt. D’autant plus qu’à cette époque, la date de l’invasion présumée a changé constamment. Donc l’invasion a été plutôt inattendue pour moi. Néanmoins, Néanmoins, je n’ai pas beaucoup hésité. J’ai su tout de suite ce que j’étais censé faire, et au premier jour de la guerre j’ai rejoint la brigade anarchiste au sein de la Force de défense territoriale ukrainienne à côté de mes camarades.

Je pense que d’une façon ou d’une autre tout le monde a peur en partant en guerre. Certains plus, certains moins. Je ne suis pas une exception à cet égard. Mais la peur n’est qu’un facteur parmi tant d’autres. Elle a été complètement contrebalancée par d’autres facteurs. Ça fait déjà plus que douze ans que je suis un anarchiste. Pendant tout ce temps, j’ai combattu le régime de Poutine et j’ai payé le prix pour ça. Beaucoup de mes ami·e·s sont emprisonné·e·s, tandis que j’ai été dépourvu de ma maison et de la possibilité de voir mes parents et mes proches. J’ai fui les autorités russes vers l’Ukraine. Et tout d’un coup, j’ai une chance de ne pas fuir, mais de me battre contre eux. De quelles autres motivations ou raisons ai-je besoin ? Je ne « défends pas un état » en premier lieu, je suis en guerre avec la dictature avec laquelle j’étais en guerre depuis toujours. Je considère que c’est cohérent.

Raconte-nous de ta brigade. Que fait-elle ? Quels sont ses objectifs ? Comment s’est-elle formée ? Y a-t-il beaucoup de monde ? À quel point est-elle internationale ? Y a-t-il des femmes qui se battent à vos côtés ?

Cooper : Malheureusement, je peux pas répondre à cette question, car il s’agit d’informations stratégiques.

Biélorusse : Nous appartenons à la Force de défense territorial (FDT) de la région de Kyiv. Nous assurons la formation du personnel, nous réalisons aussi les missions de sécurité et de convoiement.

Il y a 50 personnes dans la brigade en ce moment. Une vingtaine d’entre eux sont des étrangers de Biélorussie, de Russie et de certains autres pays européens.

Alekseï : Notre unité de combat est composée principalement par des anarchistes et des antifascistes. Elle s’est formée à partir de diverses organisations, collectifs et groupes d’amis anarchistes et antifascistes. Il faut dire qu’en temps de paix tous ces gens n’auraient pas interagi les uns avec les autres, mais face à la guerre ils se sont mis d’accord de mettre en pause tous les conflits. Je ne suis pas sûr que je doive divulguer le nombre exact de personnes, d’autant plus que des nouveaux combattants continuent à arriver jusqu’à présent. Disons-le de cette façon : nous avons plus qu’assez pour un peloton, et dans une perspective à court terme, nous parlerons d’une compagnie. Les femmes sont également présentes ici.

Comment sont vos relations avec l’état ? Dans quelle mesure êtes-vous soumis au commandement de l’armée ? Jusqu’où les unités de FDT et leurs membres combattants sont autonomes ? L’état vous approvisionne-t-il, ou êtes-vous autosuffisants ?

Cooper : Notre relation avec l’état n’a pas changé de toute façon. Néanmoins, nous profitons de chaque occasion pour protéger le peuple ukrainien. Nous opérons en coordination avec toutes les structures des ZSU (en ukrainien : Збройні сили України, abrégé en ЗСУ et romanisé en Zbroyni syly Ukrayiny, ZSU, en français : les Forces armées de l’Ukraine). En ce qui concerne l’approvisionnement, nous recevons certaines choses de l’état, mais nous nous procurons certaines choses par nous-mêmes également.

Biélorusse : L’état nous fournit des armes, des munitions et des uniformes. Quant à presque tout le reste, nous l’avons grâce au travail de nos camarades de « Operation Solidarity » (en ukrainien : Операция Солидарнiсть ; romanisé en : Operatsiya Solidarnist’) en Ukraine et en Europe et à d’autres initiatives bénévoles.

J’ai l’impression que le FDT ne prête guère attention à notre unité. C’est pour ça que le contrôle du commandement n’est pas très strict, ça nous laisse une certaine liberté d’action.
Alekseï : Structurellement, nous appartenons à la Défense territoriale, qui, à son tour, fait partie des Forces armées de l’Ukraine. Il y a presque la même structure de commandement ici que dans les forces régulières. En ce qui concerne l’autonomie, nous changeons périodiquement le lieu de déploiement, et le niveau d’autonomie dépend fortement de l’endroit où nous nous trouvons à ce moment précis. Si on parle d’un lieu, où nous sommes stationnés avec d’autres pelotons et des officiers, alors, nous avons un peu moins d’autonomie. Il y a des moments où un site entier est occupé exclusivement par notre équipe. Dans ce cas nous pourrions dire que nous avons une autonomie relativement large. Mais en général comme nous appartenons structurellement aux forces armées, nous recevons périodiquement des ordres du haut commandement. Au moins, ce n’est pas à nous de choisir le site de stationnement.

En ce qui concerne les approvisionnements, alors, l’état nous fournit des armes, des munitions et d’un minimum d’équipement. Des gilets pare-balles normaux, des plaques et des porte-plaques, des vestes tactiques, des cartouchières, des sacs à dos et d’autres équipements ; tout ça entièrement grâce aux gens, qui nous transfèrent de l’argent, et aux bénévoles, qui achètent et nous livrent ce matériel. Quant à la nourriture, elle est donc généralement fournie par des bénévoles locaux. À cette occasion, je voudrais remercier énormément toutes ces personnes. Sans eux, l’existence de notre unité telle qu’elle l’est aujourd’hui ne serait tout simplement pas possible.

Comment l’état ukrainien se porte-t-il envers les anarchistes combattants en général ? Y a-t-il un risque que l’état lorsque la situation se stabilisera, ne tolérera pas votre existence ? Dans quelle mesure l’état ukrainien est-il répressif en général vers les anarchistes ?

Cooper : Pour l’instant, l’état ne porte aucun intérêt envers nous. Pour le reste, nous le verrons après la guerre.

Biélorusse : Les anarchistes, surtout avec un passeport biélorusse, n’ont pas été vraiment les bienvenus en Ukraine auparavant. Le cas d’expulsion de Frantskévitch et la tentative d’expulsion de Bolénkov méritent une mention spéciale. Mais jusqu’à présent, tout est calme, en ce qui concerne les prévisions sur l’avenir, je suis habitué à n’être que pessimiste.

Alekseï : Il y a beaucoup d’unités FDT, donc, l’état ukrainien est à peine conscient de notre existence. Bref, avant la guerre, comme tout autre état, il était négatif envers les anarchistes. Je ne vois aucune raison pour qu’il change son point de vue après la guerre. Ce n’est pas une sorte de type, qui nous dira : « Merci d’avoir combattu mon ennemi, maintenant je me rends compte que vous êtes les gentils ». L’état, c’est une institution, il fonctionne selon sa propre logique institutionnelle. Et selon cette logique, nous ne deviendrons guère amis tout d’un coup. C’est pour ça que le scénario, dans lequel après la guerre l’état aura des questions pour nous, me semble tout à fait probable.

Si nous parlons du degré des répressions en général, alors, avant la guerre les répressions n’ont pas été aussi dures qu’en Russie ou en Biélorussie. En même temps, néanmoins, les répressions ont eu lieu, comme il sied à l’état. RevDiya (en ukrainien : Революційна Дія, romanisé : Revolyutsiïna Diya ; en français : Action révolutionnaire) est considérée comme une organisation extrémiste, ses membres sont constamment pourchassés, de nombreux anarchistes ont été fouillés et saisis.

De nombreux anarchistes, qui avaient fui la Russie ou la Biélorussie de leurs régimes dictatoriaux, ont vu leurs titres de séjour révoqués ici, certains ont été interdits d’entrer dans le pays ou, comme dans le cas d’Aleksandr Frantskévitch, ont été séquestrés, puis, transportés à la frontière biélorusse, où leurs passeports ont été estampillés avec une interdiction d’entrée en Ukraine. Autrement dit, il a en fait été extradé vers la Biélorussie. Pour rappel, il est à présent dans une prison biélorusse depuis cet incident

La propagande russe utilise l’image des néo-nazis ukrainiens pour justifier l’invasion en Ukraine. À son tour, cela relève de nombreuses questions de la part des personnes qui ne connaissent pas la situation. Pouvez-vous nous parler de la situation avec les néo-nazis en Ukraine ? Quelle est leur influence et leur nombre dans la société et dans le gouvernement ?

Cooper : Je ne le cacherai pas, en effet, le problème des groupes nazis existe en Ukraine. Cependant, le problème peut être résolu sans aucune intervention externe, alors, leur existence ne justifie absolument pas l’invasion russe en Ukraine.

Biélorusse : Comme je n’ai pas beaucoup suivi cette situation en Ukraine, c’est difficile pour moi de répondre à cette question. D’après ce que je vois, il y avait eu de nombreux groupes néonazis différents, pour la plupart en petit nombre, en Ukraine avant la guerre. Beaucoup d’entre eux sont partis en guerre. De plus, des néo-nazis de Biélorussie se battent actuellement en Ukraine, mais ils sont peu nombreux.

Alekseï : Je dirais que les néo-nazis en Ukraine, en particulier, sont assez marginaux et l’ont toujours été. L’extrême droite en général, c’est une autre histoire. Après les manifestations de Maïdan, ils ont vraiment gagné en popularité pendant un certain temps. D’ailleurs, cela s’est largement produit, parce que la gauche, pour la plupart, a refusé de participer au Maidan, en se plaignant que c’était une sorte de mauvaise révolution et que, voyez-vous, la droite y participait.

De nos jours, ils perdent en popularité depuis quelques années consécutives. Certains d’entre eux ont quitté la rue et se sont lancés à la politique et, comme ça arrive souvent aux gents rapaces, ils ont commencé à tendre vers le centrisme en employant le populisme. Quant à leur impact social, tous leurs partis ne remportent même pas plus que cinq pour cent des votes au total à toute élection.
La guerre entre la Russie et l’Ukraine, n’est-ce qu’une guerre entre deux états représentant le même mal ? Quelle est la différence essentielle entre les régimes russe et ukrainien et leurs objectifs dans cette guerre ? Qu’adviendra-t-il de l’Ukraine si la Russie gagnera ?

Cooper : Objectivement le mal n’est pas le même. L’Ukraine n’attaque personne et ne bombarde pas de villes civiles. De plus, l’Ukraine n’est pas une formation impériale et, au cours de son histoire, n’a asservi aucun peuple. La différence est que l’objectif de la Russie est l’acquisition de territoires étrangers par la force, et l’objectif de l’Ukraine est le sien, tout simplement. Si la Russie gagnera, donc, je pense que nous n’existerons pas.

Biélorusse : Je ne suis pas allé en Russie depuis cinq ans et je ne sais pas exactement ce qui se passe là-bas maintenant. D’après ce que j’ai lu dans les médias et entendu parler par mes camarades, je peux dire que le régime de Poutine devient de plus en plus répressif. La dissidence est pratiquement écrasée, l’opinion alternative est supprimée. En revanche, l’Ukraine semble être une île de liberté, où il y a des médias indépendants, où l’état ne détruit aucune dissidence, etc. Bien sûr, l’Ukraine est pleine de problèmes, mais il y en a beaucoup plus en Russie. Et il est beaucoup plus facile de les résoudre dans le cas de l’Ukraine.

Alekseï : Le régime ukrainien est beaucoup plus clément que le régime russe. Son objectif est de maintenir son statu quo. Alors que le régime russe est dictatorial et, en cas de victoire, apportera également la dictature à l’Ukraine.

Actuellement la question de la responsabilité collective des Russes pour ce qui se passe en Ukraine est en cours de discussion. Qu’est-ce que tu en penses ? Les Russes sont-ils tous responsables, ou c’est que le régime de Poutine ? Penses-tu que tu es en guerre contre les Russes en tant que nation, peuple, ou que tu es en guerre contre le régime de Poutine ? Et si les Russes sont coupables, peuvent-ils se rédimer ? Comment, si c’est le cas ? Comment une personne qui se trouve en Russie ou en Biélorussie peut-elle vous soutenir ?

Cooper : Il est difficile pour moi de répondre. Je crois que les Russes qui ne proposent en aucune manière la moindre résistance au régime de Poutine sont, dans un degré ou un autre, responsables. Je ne suis en guerre ni avec la nation, ni avec le peuple, ni, en principe, avec des individus au hasard. Mon ennemi est clair : le régime fasciste de Poutine. Les Russes et les Biélorusses peuvent, tout d’abord, nous aider en organisant une résistance aux régimes dans leur pays. Ils peuvent également nous aider financièrement ou en faisant du bénévolat.

Biélorusse : Non seulement les Russes, mais aussi les Biélorusses sont collectivement tenus pour responsables. Ils nous accusent de ne pas pouvoir renverser le régime de Loukachenko, qui aide en fait à Moscou dans la guerre contre l’Ukraine.
Personnellement, je pense que la responsabilité collective est de la connerie et toutes ces attaques contre les Russes et les Biélorusses sont les tentatives de culpabiliser la victime. En tant que personne qui a vécu en Biélorussie pendant 28 ans, je suis très conscient que les décisions sont prises là-bas, dans les cercles supérieurs, pas par nous en bas. Bien sûr, beaucoup de gens en Russie sont décervelés par la propagande de Poutine, mais je crois qu’ils sont aussi des victimes.

Pourraient-ils en quelque sorte se rédimer ? Je pense qu’ils le pourraient. Les Biélorusses se rédiment en combattant et en aidant aux réfugiés. Le peuple russe pourrait saboter l’envoi des troupes et protester, ce que beaucoup de gens font actuellement. Et aussi ils pourraient dire la vérité et ne pas avoir peur d’appeler la guerre une guerre.

Alekseï : Je ne pense pas que tous les Russes soient coupables. Comme je vous ai déjà dit, je me bats contre le régime de Poutine et je vois la guerre à travers cette perspective. Quant au soutien, vous pouvez nous soutenir en organisant des actes de sabotage sur les territoires de la Fédération russe et de la Biélorussie (que la Russie utilise comme terrain pour préparer ses attaques), en endommageant les voies d’approvisionnement, en diffusant de l’agitation et des informations sur notre lutte. Vous pouvez également transférer de l’argent pour les besoins de notre équipe. Les deux derniers points s’appliquent également aux Européens

Comment les gens qui se trouvent actuellement en Europe peuvent-ils vous soutenir ?
Cooper : Pareil : par le bénévolat et le soutien financier.

Biélorusse : Je pense que la moindre chose que les gens puissent faire pour nous aider est de diffuser les informations sur notre unité et de faire les dons aux initiatives bénévoles qui aident aux unités anarchistes. Le soutien de niveau supérieur, c’est de venir ici et participer à la vie de notre équipe.
– Comment évalues-tu le cours de la guerre ? Quelles sont, selon toi, les raisons des échecs de l’armée russe ?

Cooper : Globalement, nous gagnons. La raison de ces échecs est évidente : il n’y a pas une seule raison objective pour qu’un soldat russe franchisse la frontière ukrainienne à main armée. Autrement dit, les seuls soldats motivés qu’ils ont sont un petit groupe des complètement dingues, qui s’amusent à tuer des innocents, les autres sont amenés ici à la pointe des baïonnettes.

Biélorusse : Je ne suis pas un expert militaire, mais il me semble que l’armée de Poutine est coincée et ne peut pas briser la résistance de l’armée ukrainienne. Je pense que le gouvernement russe a sous-estimé ce à quoi il pourrait faire face en Ukraine. Il me semble qu’ils croyaient vraiment que les Ukrainiens attendaient les « libérateurs » russes. Mais au lieu de fleurs, ils ont été accueillis avec des Molotovs.

Alekseï : Il m’est difficile d’avoir une image complète de la guerre en raison de la propagande des deux côtés. Ce que je peux dire avec certitude, c’est qu’apparemment la Russie prévoyait de terminer l’opération en quelques jours avec succès, mais au lieu de ça, elle a subi de lourdes pertes, et ça a amené Poutine à se poser la question de déclarer officiellement la guerre, afin qu’il puisse procéder à la mobilisation pour restocker les rangs de l’armée avec de la chair à canon fraîche. Et ça entraîne l’accroissement des contestations dans le pays.

Quant aux raisons des échecs, je vois le système dégradant et on pourrait même dire pourri, qui est le résultat de nombreuses années de règne unipersonnel de Poutine. Il l’a cultivé, ce système, de telle manière que les personnes incompétentes, mais proches, occupent les postes clés. Quand cela se produit au cours de nombreuses années, la piste de carrière dans un tel système n’est pas définie par des compétences, mais par la flatterie et par le népotisme. Il devient plus avantageux de dire ce que la direction supérieure veut entendre, plutôt que ce qui se passe réellement. Ça conduit à une perception inadéquate de la réalité par les dirigeants, comme, par exemple, cette fausse impression que la population accueillera les troupes russes à bras ouverts. L’autre aspect de ce système est la mauvaise qualité des cadres due à la corruption totale.

Pourquoi est-il important pour les peuples d’Europe et de Russie de soutenir l’Ukraine ? Que signifiera la victoire ou la défaite de la Russie pour eux ?
Cooper : Parce que si l’Ukraine perdra, toute la planète perdra, y compris les peuples qui habitent en Russie. Si l’Ukraine gagnera, le monde sera comme avant la guerre. Pas sans problèmes, mais en même temps, il sera possible de les aborder. Si la Russie gagnera, alors, Poutine ne s’arrêtera pas, il ira plus loin.

Biélorusse : La victoire de la Russie signifiera une suppression complète de tout le champ politique, y compris les initiatives de gauche et anarchistes, les syndicats indépendants et toutes les organisations locales. La victoire de la Russie apportera de nombreuses années de dictature dans la région, des répressions constantes, des tortures dans les sous-sols du FSB (en russe : Федеральная служба безопасности Российской Федерации (ФСБ), retranscrite en Federalnaïa sloujba bezopasnosti Rossiyskoï Federatsii, en français : Service fédéral de sécurité) et bien d’autres crimes.

Alekseï : Dans le cas de l’Europe, la victoire russe signifiera une dictature se rapprochant de ses frontières avec tout ce qui va avec ça. Pour le peuple russe, cela signifiera une nouvelle « cimentation » de la dictature, l’élimination de ce qui reste des droits et des libertés et un abaissement du niveau de vie à cause des sanctions.

Références bancaires pour soutenir les anarchistes combattants :

Pour soutenir « Komitet Sprotyvu » : http://paypal.me/gnimperialpride

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Pour plus d’info : Lien vers le réseau résistons ensemble :https://resistons.lautre.net/

https://paris-luttes.info/bienvenue-a-la-coordination-contre-12654#:~:text=La%20coordination%20contre%20la%20r%C3%A9pression%20et%20les%20violences%20polici%C3%A8res%20s,%2C%20manifestations%2C%20occupations%E2%80%A6

CAS DE RACISME A LA SNCF / DÉSARMONS LES ! / RÉSISTONS ENSEMBLE

Dans cette émission du 30 septembre 2021 nous abordons plusieurs sujets. Tout d’abord nous vous diffusons un reportage réalisé à gare du nord le 21 septembre dernier lors d’un rassemblement appelé par sud rail afin de dénoncer un ensemble de pratiques racistes au sein même de l’organisation de l’entreprise et suite à l’agression d’une de leur camarade.

Ensuite nous diffusons un entretien réalisé avec des membres de l’assemblée des blessées et désarmons la police suite à un communiqué critique sur la mobilisation contre la loi de sécurité globale de l’année dernière qu’ils et elles ont publié avec le réseau entraide vérité et justice.

Le communiqué de Désarmons la Police :
” L’article 36 de la Loi contre le Séparatisme (“confortant le respect des principes de la République”) prouve une fois de plus que la construction des désaccords par des bonimenteurs soi-disant alliés permettent au pouvoir de toujours arriver à ses fins. Nous n’occultons pas notre propre responsabilité, mais rien ne se construit durablement sur une vérité feinte.

Après le projet de loi Ciotti avorté mais remis sournoisement à plus tard, la Coordination contre la Loi de Sécurité Globale, campée sur son article 24 sans se soucier des quartiers populaires, a permis au gouvernement de jouer un coup à trois bandes en sachant fort bien que personne ou presque ne contesterait la loi séparatisme.

Normal, personne ne bouge (ou si peu) pour les musulmans, l’épouvantail social si facile à agiter. Voilà comment après avoir divisé le peuple, ils l’ont mis dans le même sac avec l’article 36, en tenant compte des arguments du conseil constitutionnel sur l’article 24 de la LSG. L’article 24 n’a pas été censuré, il a juste été demandé au législateur de revoir légèrement sa copie. D’où la formulation de l’article 36 ! Toujours la même stratégie du pouvoir : diviser les uns et les autres pour mieux régner sur l’ensemble.

Voilà encore une fois la réalité et la conséquence de ces machines à perdre telles que la Coordination contre la Loi de Sécurité Globale, bâtie sur un boniment originel, un mensonge inscrit dans le titre même de son slogan (“stop loi sécurité globale”) pour tromper militants et manifestants, alors que dans son programme originel, son mandat clair, écrit noir sur blanc, se réduisait au retrait de l’article 24, seul point de la LSG relayé par les médias complices ou aveugles, corporatisme oblige!D’ailleurs, pour récompenser certains de leurs turpitudes, on les a même protégés dans la loi contre le séparatisme. Alors, pouvait-on vraiment parler de victoire de la Coordination contre la Loi de Sécurité Globale comme on entendait il y a peu, notamment aux Universités d’été des Mouvements Sociaux à Nantes… Où peut-être devions-nous comprendre… une victoire individuelle, personnelle, corporative, pour cacher une défaite collective ! Le temps a dit la vérité !

Le Réseau d’Entraide Vérité et Justice fait partie des rares qui ont tout tenté pour éviter cela. À l’arrière, nous avons fait ce que nous avions à faire avec nos petits moyens et c’était honorable. Merci à celles et ceux du REV&J qui siégeaient avec patience et courage aux côtés de ces inconscients. L’important est que nous tou.te.s, partie prenante du REV&J, pouvons encore nous regarder dans la glace. Seule la Vérité nous rendra Justice… avec Dignité !

Assemblée des Blessés IDF et Désarmons-les!Rappel déc 2020https://m.youtube.com/watch?v=2uMqBSTtBEU

https://desarmons.net/2021/09/20/communique-de-24-a-36-ou-quand-la-loi-de-securite-globale-se-recycle-dans-la-loi-contre-le-separatisme/

Pour, finir nous écouterons la présentation du dernier numéro de “résistons ensemble” enregistré avec un de ses membres.

RÉSISTONS ENSEMBLE – bulletin numéro 199 – du 20 septembre 2021

Les contrôleurs qui ne sont pas contrôlés
Bonne nouvelle pour les riches : l’épidémie de Covid a ouvert l’opportunité extraordinaire de développer des nouvelles formes d’oppression et de contrôle de la population… et, en passant, d’ouvrir de nouvelles mines de profit. Privation de salaires, licenciements à terme, harcèlements dans la vie quotidienne, des récalcitrants qualifiés d’« égoïstes » par le Grand Virologue Macron.

Dans ces conditions le « Pass Sanitaire » n’a de « sanitaire » que le nom. Il n’a rien à voir avec la lutte contre le virus, il est simplement une nouvelle arme policière. La preuve : les patrons, eux-mêmes contrôleurs du Pass ne sont pas contrôlés et les « forces de l’ordre » en sont exemptées, pourtant elles ont bien le pouvoir de mettre les PV. Le développement des technologies, avec entre autres le QR code, et la massification des smartphones, a permis une généralisation du contrôle de la population, et ce, sans que l’État ait à déployer des moyens logistiques et humains difficiles à réunir.

Ce contrôle et fichage est, pour le moment, majoritairement accepté, car enrobé du vernis de la soi-disant utilité sanitaire. L’idée de Macron semble être de prolonger l’état d’urgence sanitaire au-delà du 15 novembre en maintenant le climat de confusion, crainte et interdictions. En tout cas, la méthode Pass/QR code/PV est rodée. L’unique objectif dans son viseur, c’est sa réélection l’année prochaine. Pas d’illusion ! Après son galop d’essai le « Pass Sanitaire » continuera sous une nouvelle forme encore plus vicieuse et il survivra à la Covid. Serons-nous alors tous du bétail numérisé ? >

C H R O N I Q U E D E L’A R B I T R A I R E
Quand la loi assouplit les règles de légitime défense à Marseille 4 août à 19 h, Souheil El Khalfaoui est avec un ami dans sa voiture à l’arrêt. La police reconnaît le véhicule qui aurait fui un contrôle la veille. De cette nouvelle rencontre le jeune homme ne sortira pas vivant.

Pour les syndicats de police, en reculant, Souheil aurait heurté un policier légitimant le tir en plein cœur. Mais les témoignages des riverains (lire mars-infos.org/souhil-tue-par-la-police-une-5880) sont tout autres. Au moment du contrôle les policiers étaient très agités, « Ils avaient la haine ».

Lorsque le policier à l’arrière du véhicule s’écarte pour téléphoner, le jeune homme fait une marche arrière et touche à la jambe le policier resté à l’avant. Pour les témoins, « La version de la légitime défense, c’est n’importe quoi. Le policier qui a tiré était complètement hors de portée du véhicule », et celui tombé « était très loin à ce moment, puisqu’il était devant et que la voiture partait sur l’autre rue ».

Ensuite les policiers ont laissé le blessé se vider de son sang, trop occupés à interpeller le passager « à coups de latte ». C’est une infirmière de passage qui, non sans mal, apportera les premiers soins, avant que les pompiers arrivent et constatent le décès. Le quartier est sous le choc… Le 11 août plusieurs centaines de personnes manifestaient pour l’ouverture d’une information judiciaire.

À Stains est 1 h 30 du matin le lundi 16 août lorsque des policiers de la BAC procèdent à un contrôle routier. Le véhicule aurait reculé et blessé un policier : deux agents tirent avec leur arme à feu à sept reprises. Quatre balles ont atteint le conducteur et sa passagère les blessant grièvement.

La vidéo d’un témoin interroge. Pourquoi avoir tiré autant de fois, en visant les personnes à bout portant et non pas les roues du véhicule pour l’immobiliser ? Pourquoi ne voit-on pas de signes permettant d’identifier les policiers comme tels (pas de brassards, pas de gyrophare…) ? Les victimes s’en sortent heureusement, mais pas sans séquelles. Samedi 21 aout une marche rassemblait une centaine de personnes derrière une banderole « Justice pour Nordine ».

La famille qui se constitue partie civile, a déposé plainte pour « tentative d’homicide volontaire » et « faux en écriture publique ». À Rosny-sous-Bois« On était effrayé. Dans le bus, tout le monde s’est jeté à terre. Des enfants criaient. Une petite fille était traumatisée. » Mardi 17 août dans l’après-midi des policiers descendus de leur moto font feu sur une voiture grise qui tente de prendre la fuite et de s’extraite de la circulation en marche arrière en renversant au passage une moto de la police. La version officielle explique que le véhicule était poursuivi depuis l’A86 à hauteur de Créteil pour un « un refus d’obtempérer ». Les flics invoquent la légitime défense. Le conducteur s’est rendu de lui-même à l’hôpital pour une blessure au cou. Une enquête est confiée à l’IGPN -L’inspection générale de la Police nationale.

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