MARCHE POUR L’ÉGALITE : Episode 0

Libérés des exigences institutionnelles et des critères imposés par les commémoration officielles, notre équipe entame un cycle d’émission sur la mémoires des luttes des années 80 et notamment autour de la marche pour l’égalité et contre le racisme. Dans cette série d’émission, nous utiliserons de nombreux documents d’archives provenant de sources militantes mais aussi de nouveau enregistrements avec certains acteurs de la lutte afin de produire des émissions thématiques sur les différentes mobilisations qui ont eu lieu en amont de la marche, et celles qui perdureront par la suite.

Dans cette première émission, nous revenons sur l’ensemble des thèmes que nous aborderons plus en détails par la suite avec de nombreux extraits d’archives sonores, et sur nos intentions quant à la manière de questionner l’ensemble de cette période.

Quand l’extrême droite rêve de faire école

L’extrême droite nourrit une obsession souvent méconnue pour la question scolaire. C’est là, selon Éric Zemmour, que « la bataille culturelle et politique se joue avant tout ».

Retour à l’ordre, roman national, élitisme, haine de l’égalité, rééducation de la jeunesse, mise au pas des personnels… Au fil des polémiques sur le « grand endoctrinement » et des campagnes de délation des enseignant·es « déviant·es », la droite de la droite impose sa rhétorique et déroule son programme pour l’école : Autorité, Inégalité, Identité.

En remontant le fil de l’histoire, en allant voir du côté de l’étranger (Brésil, États-Unis, Hongrie, Turquie) ou en étudiant les villes laboratoires de l’extrême droite française, se lisent les dynamiques et les enjeux de cette contre-révolution scolaire conservatrice qui accompagne et inspire également l’agenda éducatif d’un néolibéralisme de plus en plus autoritaire.

Au-delà de la simple posture dénonciatrice, l’ambition de cet ouvrage est de doter d’outils historiques, pédagogiques et politiques celles et ceux qui n’entendent pas abandonner la critique du système éducatif aux seuls discours réactionnaires, ni surtout laisser l’extrême droite faire école.

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons la présentation de l’ouvrage par son auteur : Grégory Chambat et cette présentation se tenait le 13 mars 2024 à l’Université d’Évry.

CONTRE LES VIOLENCES D’ETAT

Le 16 mars 2024 avait lieu la Marche internationale annuelle contre les violences d’état policières, pénitentiaires, judiciaires et le racisme systémique organisé par le Réseau entraide et vérité. Dans cette émission, nous diffusons donc une partie des prises de paroles réalisées à l’occasion de cette manifestation. Nous faisons aussi l’appel à la marche du 23 mars prochain à 14 h, au départ de Bastille, pour la journée internationale contre le racisme et le fascisme organisée par de nombreux collectifs de sans-papiers.

Retrouver ici toutes les revendications du Réseau d’Entraide vérité et justice.

Contre le déni des droits humains :

– Mettre fin aux contrôles d’identité permanents et mettre en place le récépissé qui oblige les agents à justifier ces contrôles.
– Supprimer le délit d’outrage et rébellion. Pour en finir avec les procédures abusives, le harcèlement quotidien et le « business des outrages ».
– Interdire le harcèlement répressif et judiciaire contre les manifestants.
– Abroger l’article « permis de tuer » L435-1 de la loi sécurité publique du 28 février 2017 qui assouplit et élargit le cadre de la « légitime défense ».
– Interdire les techniques d’étouffement :  clé d’étranglement, plaquage ventral et pliage.
– Interdire les armes classées armes de guerre (LBD et grenades) et les pistolets électriques, pour la police du quotidien comme lors des manifestations et dans les établissements pénitentiaires.
– Interdire les « pare-chocages » et les courses-poursuites pour de simples infractions routières.
– Supprimer l’usage systématique des gaz et des nasses en maintien de l’ordre.
– Fermer les quartiers d’isolement et disciplinaires (QI et QD).
– Dissoudre les équipes de matons cagoulés (ELSP et ERIS), responsables de tabassages et impliqués dans des morts « suspectes ».
– Installer des caméras dans les véhicules de patrouille.

Contre l’impunité et le déni de justice :

– Créer un organe indépendant pour enquêter sur les plaintes contre les forces de l’ordre et les surveillants pénitentiaires, et pour garantir l’indépendance des expertises scientifiques nécessaires.
– Dépayser systématiquement l’instruction des plaintes contre les forces de l’ordre et les surveillants pénitentiaires.
– Mettre en place une assistance psychologique systématique pour les victimes et leurs proches et la gratuité des soins nécessaires.
– Garantir la prise en charge complète, par la Sécurité sociale et les mutuelles, des soins et traitements médicaux nécessaires consécutifs à des violences d’État.
– Garantir l’audition par le magistrat instructeur de tous les témoins identifiés, leur remettre une copie de leurs auditions et leur mise sous protection.
– Garantir l’accès à tous les enregistrements audios et vidéos disponibles.
– Encadrer et engager la responsabilité des médecins intervenant dans des procédures judiciaires.

Contre le dénigrement et les violences faites aux « sans-papiers » :

– La liberté de circulation et d’installation.
– La régularisation.
– La protection automatique, dès leur arrivée, des jeunes étranger·ère·s isolé·e·s.
– La fermeture des centres de rétention.
– L’abolition des mesures administratives d’enfermement et d’expulsion notamment au travers des OQTF et les IRTF.
– L’égalité des droits pour toutes et tous dans tous les domaines.
– Le droit de vote des étrangers.

ENFIN, nous exigeons :

– La suspension immédiate des agents mis en cause pour violences ou homicides, et leur radiation définitive.
– La suspension immédiate des agents ayant tenu des propos racistes ou commis des actes racistes et leur radiation définitive.
– L’abrogation de toutes les lois liberticides, sécuritaires, racistes, xénophobes, négrophobes, islamophobes, homophobes et sexistes qui ont justifié et justifient encore l’augmentation des moyens des forces de l’ordre, des surveillants pénitentiaires, en les armant davantage, en les privilégiant davantage, face à une population de plus en plus criminalisée, contrôlée, fichée, opprimée, blessée, mutilée et tuée.

DISSOUDRE de Pierre DOUILLARD

Dissoudre par Pierre Douillard-Lefèvre aux éditions Grévis

L’Actualité des luttes s’est rendu à la librairie Le monte en l’air dans le 20ᵉ le 12 mars 2024, pour enregistrer la présentation de Dissoudre de Pierre Douillard.

« Nous avons vu l’État s’attaquer au mouvement écologiste après avoir démantelé des associations anti-racistes, musulmanes et contestataires. Nous avons vu les manifestations interdites et l’antiterrorisme maintenir l’ordre. Nous avons vu un Ministre menacer la plus ancienne organisation de défense des Droits de l’Homme. L’objectif de ce régime n’est pas de susciter l’adhésion, mais la soumission, pas de provoquer l’action, mais l’apathie. Dissoudre tout ce qui fait commun. Alors que l’horizon se rétrécit, cet essai propose une histoire des procédures de dissolutions et la manière dont elles incarnent désormais la gouvernementalité contemporaine. Mais surtout, il se demande comment faire face. »

MEDIAS GAZAOUIS / MINEURS ISOLES

A Gaza, pour la première fois, nous assistons à un génocide en direct, et les journalistes qui le documentent le font au péril de leur vie. Depuis le 7 octobre, 123 journalistes et travailleuses/rs des médias à Gaza ont été tués·es lors des bombardements israéliens sur la bande de Gaza. Il s’agit de la période la plus meurtrière pour les journalistes dans l’histoire moderne. Les journalistes qui continuent leur travail le font dans des conditions terribles et traumatisantes. Ce sont des aussi des personnes civiles déplacées de leurs foyers avec leur famille. Leur matériel est détruit : appareils photo, ordinateurs portables, téléphones. A ce sujet, le 18 février, se tenait au Hasard Ludique, une soirée de soutien aux journalistes palestiniens de Gaza. Nous vous diffusons donc en première partie d’émission un montage réalisé à partir des prises de paroles qui s’y sont tenues. Nous entendrons les interventions d’Anne Paq, coréalisatrice du documentaire “Gaza, a Gaping Wound” et d’une membre de reporter solidaire. Serons également abordés les questions du Pinkwashing, la responsabilité des médias occidentaux et l’accessibilité aux médias arabophones.

Dans une deuxième partie d’émission, nous diffusons un reportage réalisé le 6 février 2024 dernier autour de la mobilisation des collectifs de mineurs isolés pour le respect de la présomption de minorité et l’obtention des droits qui en découle. En effet, cette semaine, la préfecture de Paris a envoyé sa police démanteler les 3 camps de fortune occupés par plusieurs centaines de mineurs isolés depuis des mois au Pont Marie, Pont Sully et Pont Neuf. La préfecture a prétexté la montée de la Seine pour expulser des enfants des seuls abris qu’ils avaient trouvés. Si l’objectif avait été réellement de les protéger de quoi que ce soit, alors des hébergements en mesure d’apporter cette garantie auraient été proposés. Suite à leur expulsion des 3 ponts, les mineurs se sont rassemblés mercredi soir devant l’hôtel de ville, le collectif des jeunes du parc de Belleville a demandé à ce que les mineurs isolés soient reçus en délégation par la préfecture et par la mairie pour trouver rapidement une solution, aucune réponse. La police a plutôt nassé les mineurs isolés avant de les menacer de les dégager par la force. Les jeunes ont décidé de partir en direction de la cité des Arts pour s’abriter sous les arcades, la préfecture leur dit d’abord qu’elle les tolérera à cet endroit avant de les menacer de dégager pour finalement, face à la résistance des jeunes épuisés mais déterminés, accepter qu’ils restent à condition de ne pas monter leur tente. Depuis plusieurs jours, le collectif des mineurs isolés du parc de Belleville alertent l’ensemble des réseaux de solidarité : dans plusieurs gymnases que les jeunes ont arrachés au fur et à mesure de leur lutte et de leurs actions, la mairie de Paris commence à proposer des rendez-vous individuels afin d’établir des dossier SIAO (Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation). Inquiets de la pérennité de leur hébergement, solidaires de leurs camarades laissés à la rue, les mineurs isolés soupçonnent que la mairie a pour projet de les disperser hors de Paris après la fin de la trêve hivernale et avant les Jeux Olympiques.Rien ces derniers jours n’a démontré que ces soupçons étaient faux. 23 jeunes mineurs du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville ont été expulsés du centre de Porte de La Villette la semaine dernière. Après le 31 mars, pendant le ramadan et avant les JO : Expulsion, dispersion, évacuation. Chaque jour, les mineurs isolés hébergés doivent se débrouiller pour manger auprès des associations, se réfugier de la pluie car leurs hébergements sont fermés en journée, éviter les contrôles RATP, fuir la police qui les harcèle, se soigner…Ce qui arrive aux mineurs isolés à Paris, n’est ni une exception, ni une erreur, ni un manque de moyen. C’est le projet raciste de société du pouvoir qui explose à nos yeux, comme à Calais, dans les Alpes, dans la Manche, la Méditerranée, une société qui refuse de reconnaître la moindre humanité aux migrant.e.s. Les mineurs isolés exigent immédiatement : 

• La présomption de minorité• Des hébergements dignes où ils peuvent rester jusqu’à leur recours ensemble et en lien avec les réseaux de solidarité, syndicats et associations 

• Une couverture médicale digne

• L’accès aux cantines solidaires de la Ville de Paris pour se nourrir • L’accès à l’école 

• Des transports gratuits comme tous les mineurs d’Ile-de-FranceNous demandons également que les demandes de délégations des mineurs soient acceptées, qu’ils soient représentés par les délégués du collectif des jeunes du parc de Belleville et leurs soutiens comme ils l’exigent depuis des semaines à la Maire du 20e, à la Ville de Paris et à la Préfecture.

Cagnotte du collectif des mineurs isolés du parc de Belleville : https://www.helloasso.com/associations/liberte-egalite-papiers/formulaires/1

LA LUTTE DES MINEURS ISOLÉS

Au quotidien, le non-respect de la présomption de minorité pousse des centaines d’adolescents étrangers à l’errance. Pourtant, dans le cadre de la protection de l’enfance, la prise en charge des mineurs isolés (MNA) relève des services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) mis en place par les départements. Ils ont théoriquement droit à un logement, à des soins, et à une scolarité.

Quand une personne se présente comme mineure et privée de la protection de sa famille, le service de l’ASE doit organiser un accueil provisoire d’urgence (également appelé “mise à l’abri“) de cinq jours maximum. L’accueil provisoire de cinq jours doit permettre d’évaluer la minorité et l’isolement familial. Les jeunes passent donc par une évaluation sociale à caractère pluridisciplinaire menée par les services du département ou par une structure du secteur public ou du secteur associatif à laquelle cette mission a été déléguée. Cette évaluation comporte notamment des tests osseux qui font polémique. Ils consistent à radiographier de face la main et le poignet gauche et à examiner les points d’ossification des doigts et les cartilages de croissance. Les radiographies sont ensuite comparées à des planches d’images réalisées dans les années 1930 et 1940 à partir d’une population d’enfants américains (l’atlas de Greulich et Pyle), selon des tranches de six mois à un an. Si la minorité ou l’isolement du jeune ne sont pas reconnus, une décision de refus de prise en charge lui est notifiée et il est remis à la rue.

Cette procédure, c’est ce qui à amené des dizaines de jeunes à trouver refuge dans le Parc de Belleville. Le 17 octobre, jour de l’expulsion menée par la préfecture, ils étaient 471 à être évacués et pour la plupart remis dans la rue peu de temps après. Quelques jours avant cette évacuation violente et humiliante, les jeunes par dizaines déclaraient lors d’une réunion publique à la Maison de l’Air : ” Nous sommes des enfants du 20e ! ” Pendant toute cette période les jeunes se sont constitués en collectif et des liens avec les habitants du 20e. Mais des campements il en existe aussi à Pont Marie, à Gare de Lyon et dans de nombreux autres lieux de Paris. Ces derniers mois ces jeunes se sont regroupés. Ils mènent des actions, organisent des assemblées générales et participent à la mobilisation pour l’abrogation de la loi asile et immigration.

Aujourd’hui, nous vous diffusons l’émission que nous avons réalisés avec eux, dans les studios de la radio, le 31 janvier 2024. Une occasion de vous laisser écouter, leur voix, leur histoire et leur combat.

DISSOUDRE de Pierre DOUILLARD

Dissoudre par Pierre Douillard-Lefèvre aux éditions Grévis

L’Actualité des luttes s’est rendu à la librairie Le monte en l’air dans le 20ieme le 12 mars 2024, pour enregistrer la présentation de Dissolution de Pierre Douillard.

« Nous avons vu l’État s’attaquer au mouvement écologiste après avoir démantelé des associations anti-racistes, musulmanes et contestataires. Nous avons vu les manifestations interdites et l’antiterrorisme maintenir l’ordre. Nous avons vu un Ministre menacer la plus ancienne organisation de défense des Droits de l’Homme. L’objectif de ce régime n’est pas de susciter l’adhésion mais la soumission, pas de provoquer l’action mais l’apathie. Dissoudre tout ce qui fait commun. Alors que l’horizon se rétrécit, cet essai propose une histoire des procédures de dissolutions et la manière dont elles incarnent désormais la gouvernementalité contemporaine. Mais surtout, il se demande comment faire face.

120 pages

NOS VOEUX avec le Poing de Montpellier et la grand goule

La rédaction du Poing vous souhaite ses meilleurs vœux pour 2024 ! Nous avons fouillé dans nos archives pour vous proposer un petit bilan de l’année écoulée dans le Clapas

Bon, qu’on se le dise, 2023 était quand même bien pourrie. Peut-être moins pire que 2020 et ses confinements, mais quand même : records de températures, massacres dans la bande de Gaza, gouvernement macroniste toujours plus en roue libre… Petit tour d’horizon (non-exhaustif) d’un an d’actu dans la 7ème ville de (F)rance.

Un mouvement massif contre les retraites

2023 a démarré en fanfare : la réforme des retraites, mesure phare du second quinquennat Macron, a largement mobilisé dans les rues de Montpellier. Premier round massif le 19 janvier dans les rues de la “surdoue”, avec 25 000 personnes à battre le pavé, à l’appel de l’intersyndicale, suivi de son lot d’actions (blocage du dépôt pétrolier de Frontignan, rassemblement devant les locaux du MEDEF, manifs sauvages avec feux de poubelles) et de mobilisations sectorielles, notamment chez les cheminots, dans l’éducation nationale ou chez les étudiants, notamment en fac de sciences, pourtant peu connue pour se mobiliser en période de mouvement social. Autre moment important de cette séquence : la visite de Macron à Ganges, fortement perturbée par des manifestants, aussitôt réprimés.

Manifestation du 7 février à Montpellier contre la réforme des retraites. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

Une mobilisation quantitativement importante (jusqu’à 40 000 personnes le 7 ou le 22 mars), mais insuffisante pour faire plier Macron et son gouvernement. Comment l’expliquer ? Dans un article d’analyse publié dans notre numéro 36 (printemps 2023), une étudiante pointait du doigt la difficulté d’organiser et de coordonner des assemblées générales de luttes : « On a eu la sensation d’atteindre un plafond de verre assez vite, dans le nombre de secteurs représentés. La plupart de ces secteurs étaient déjà connectés avant la première AG : les cheminots venaient souvent sur le campus, les autres secteurs représentés se retrouvaient régulièrement sur des actions. Malgré une présence collective sur les piquets de grève, l’AG interpro n’a pas réussi à drainer d’autres salarié·e·s mobilisé·e·s sur la ville, comme les travailleur·ses de la TAM, de Nicollin, ou de l’énergie. Un faible investissement dans l’orga, accentué par la fonte des taux de grévistes au quotidien, a découragé. Le bilan n’est pas nul, à défaut d’une direction locale et démocratique pour le mouvement, les liens entre participant·e·s se sont resserrés, on a pu organiser une belle soirée de soutien à la grève le 6 avril. »

Cette désaffection des assemblées générales professionnelles peut aussi s’expliquer par la multiplication des contrats de travail courts et précaires, très exposés à la répression patronale, l’inflation importante pesant lourdement sur les petits salaires, etc. La grève dans le privé, notamment dans les PME, était faible. Une culture de la grève ne se construit pas en quelques semaines, et les projets de massification des arrêts de travail ne se situent pas sur la même temporalité que la lutte sur les retraites.

Les assemblées de luttes autonomes, comme celles initiées par le groupe Montpellier contre la vie chère, n’ont pas non plus rassemblées les masses, bien qu’elles aient conduits à mener plusieurs actions : barrages filtrants, tractages, blocages de sites jugés moteurs dans l’économie locale.

Assassinat de Nahel : la ville s’est embrasée

27 juin. Nahel, un jeune de Nanterre, se faisait tuer par un policier. Des émeutes ont eu lieu dans tout le pays en signe de protestation. A Montpellier, les quartiers Mosson-La Paillade ont rejoint la révolte dans la nuit du 29 au 30 juin. Barricades incendiées, bris de vitres du bureau de police Nord, tirs de feu d’artifice, pillage de l’Aldi Saint-Paul, caméras cassées… France 3 notait qu’une « personne âgée de 71 ans a également été admise au CHU de Montpellier […] elle aurait été victime d’un tir de LBD, un lanceur de balles de défense. »

Des affrontements ont également eu lieu à la Devèze, à Béziers (attaques de la mairie annexe, de la Mission locale et d’un distributeur automatique de billets), à Nîmes (poste de police de l’avenue Bir Hakeim visé) et à Narbonne (voitures incendiées).

Des scènes de jonctions entre militants du centre-ville et jeunes des quartiers populaires ont également été observées. Le 3 juillet, 19 personnes ont été déférées au parquet, avec des condamnations allant des travaux d’intérêts généraux à de la prison ferme.

En septembre, en réaction à ces violences policières, une manifestation réunissant un millier de personnes a été organisée à Montpellier.

Photo de la manifestation contre les violences policières organisée en septembre à Montpellier. (“Le Poing”)

Montpellier la mystique

Si Montpellier n’a pas été choisie pour devenir capitale européenne de la culture, serait-elle en train de devenir la capitale des thérapies new-age teintées d’ésotérisme ? En mai 2023, le salon du bien-être “Demain c’est aujourd’hui” accueillait au château de Flaugergues des entrepreneurs en bien-être (ainsi que des membres de la secte d’extrême-droite “Les Brigandes”). Le Poing avait sorti une enquête très détaillée à ce propos, et des sponsors s’étaient retirés de l’événement. Le salon avait d’ailleurs été pointé du doigt par l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi) pour ses risques de dérives sectaires. Le sommet aura finalement fait un beau flop, qui conduira l’organisatrice à lancer une cagnotte en ligne pour rembourser son manque à gagner et payer ses prestataires. Elle récupèrera seulement 200 euros sur les 66 000 demandés.

En septembre, des « mediums » et « guérisseuses » proposaient des « rituels de dégagement des magies noires » au plomb et autres massages, lithothérapie et « nettoyage énergétique du mauvais œil » à la journée des associations d’Antigone. En octobre, un autre salon du bien-être, “Mystic”, avait lieu au château de Flaugergues, sans médecins du CHU, mais avec son lot de « chamans », litothérapeutes et autres promoteurs de « thérapies holistiques ».

Toujours en octobre, la foire internationale de Montpellier, soutenue par la Ville, la Métropole et le Département, qui s’est tenue au parc des expositions, a encore fait la part belle aux « guérisseurs », « patriciens reiki », et « annulateurs de sortilèges »… Enfin, le salon “Bio&harmonies”, qui s’est tenu du 8 au 10 décembre dernier, également au parc des expos, mettait lui aussi en avant des « thérapies complémentaires » : « alchimie gnostique », « thérapeute dans le Quantique », « sono-thérapeute », « psychologie biodynamique », « soin spirituel »…

Enfin, en décembre, étaient organisées les journées internationales de l’Observatoire des pratiques professionnelles en santé intégrative (OPPSI), une association de promotion de cette médecine. Le congrès, finalement annulé après une saisie des autorités par l’Ordre des médecins, prévoyait d’inviter entre autres, un médecin antivax et surtout, un médecin se réclamant de la doctrine de l’anthroposophie, un courant ésotérique cité par la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires comme pouvant présenter des risques pour la population.

Ce n’était pas la première fois que le Poing évoquait dans ses colonnes l’anthroposophie à Montpellier : en septembre dernier, nous révélions que la mairie et la Métropole avaient signé un prêt à une banque citée dans un rapport de la Miviludes dans son chapitre sur l’anthroposophie, et en octobre, que le site de la Ville faisait la promotion sur son “portail des assos” en ligne d’une association dont la mission est de faire connaître cette doctrine (supprimée après publication de notre article).

L’extrême-droite toujours en embuscade

Fidèle à sa ligne éditoriale fermement engagée contre les extrêmes-droites, Le Poing a encore une fois beaucoup documenté les faits et gestes des fachos locaux en 2023.

Nous avons notamment évoqué les menaces subies par des syndicalistes du bassin de Thau durant la réforme des retraites, la complaisance de l’ancien préfet Hugues Moutouh (remplacé depuis par François Xavier-Lauch, un proche de Macron et Darmanin) avec les manifestations d’extrême-droite, les péripéties administratives conduisant à l’annulation du spéctacle de l’antisémite Dieudonné (théoriquement de retour dans le Clapas à la fin du mois), ainsi que la présence de symbole fascistes sur les tenues de policiers montpelliérains.

Nous avons également révélé que Jordi Vives, ancien cadre du groupuscule raciste et violent La Ligue du Midi, était devenu assistant parlementaire de l’eurodéputé Gilbert Collard. A l’occasion du sommet “MEET” dont nous parlions plus haut, nous avons consacré deux articles à la secte d’extrême-droite les Brigandes : l’un sur leur business immobilier et sur leurs conférences ésotériques new-age, et l’autre sur leurs liens avec Moscou et des nationalistes russes.

Nous avons relaté une série de procès opposant justement un membre de la Ligue du Midi ou un soutien des brigandes à des membres de la Ligue des droits de l’Homme.

En septembre, nouvelle révélation : une ex-cadre du groupuscule dissous Génération Identitaire fonde une association de parents d’élèves à Aniane, petit village héraultais. Une information ensuite reprise par Libération en citant Le Poing.

Nous avons aussi beaucoup parlé de Béziers et de son sulfureux maire Robert Ménard : son refus de marier un couple car l’époux était sous un régime d’obligation de quitter le territoire français, son obstination à mettre des crèches de Noël dans sa mairie malgré les refus successifs du tribunal administratif, et de sa politique de fichage des propriétaires de chiens. De plus, nous avons discuté avec Daniel Kupferstein, réalisateur qui a filmé cette ville pendant sept ans pour en faire un documentaire sur la gestion municipale de Ménard.

Grève chez Onet : l’évènement social de la rentrée

Un phare dans la nuit” selon certains militants. il faut dire que cette grève, menée essentiellement par des femmes, souvent issues de l’immigration, en temps partiel imposé et sans grande culture syndicale, a suscité beaucoup d’attention de par sa longévité : le 13 septembre, les salariés d’Onet, entreprise qui gère le nettoyage du CHU de Montpellier, se sont mis en grève pour demander pour demander des augmentations de salaires, une prime équivalente au treizième mois et pour marquer leur refus d’un dispositif de contrôle sur téléphone où elles devaient rendre compte de chaque prestation effectuée dans les divers endroits qu’elles nettoyaient.

Une grève historique par sa durée, qui aura eu le soutien de députés insoumis comme Rachel keke ou François Ruffin.

Au bout de 80 jours de grève, elles ont finalement obtenu, via des négociations avec la direction, une prime exceptionnelle de 650 euros et un allègement du dispositif de traçage. 80 jours de lutte qui n’auraient sans doute pas été possibles sans un comité de soutien, rassemblant largement divers pans du mouvement social montpelliérain, qui a réuni près de 20 000 euros en organisant divers évènements pour abonder la caisse de grève.

Les salariées d’Onet étaient en première ligne de la manifestation intersyndicale du 13 octobre à Montpellier. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

Toujours aux côtés de celles et ceux qui luttent, Le Poing a également couvert le mouvement des coursiers en lutte contre les plateformes de livraisons pour plus de droits, le combat des intermittents du spectacle pour la défense de leur statut, celui des profs contre la réforme des lycées pro ou des étudiants contre la sélection à l’université, la grève historique des attachés parlementaires en novembre ou plus récemment celle des salariés de l’association Issue, qui militent pour le renouvellement des contrats dans un accueil de jour pour des personnes à la rue, mais encore la mobilisation écologiste contre les travaux du LIEN au nord de Montpellier, jugés illégaux.

Fait cocasse, quand Michaël Delafosse, maire “socialiste” de Montpellier, se vante de “grignoter de l’espace aux voitures” en mettant en place la gratuité des transports (opérationnelles depuis fin décembre), alors que son comparse lui aussi socialiste Kléber Mesquida, à la tête du Département, fait construire un échangeur autoroutier qui va augmenter le trafic. N’y aurait-il pas une dissonance cognitive dans les rangs du PS héraultais ?

Massacres à Gaza : réaction populaire

Une actu chasse l’autre. C’est celle, dramatique, provoquée par l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, qui a agité les rues montpélliéraines en cette fin d’années. Malgré des tentatives d’interdictions par la préfecture (retoquées par le tribunal administratif), pas moins de dix manifestations réunissant parfois plusieurs milliers de personnes se sont enchainées tous les samedis dans le Clapas depuis octobre, avec la dernière en date, celle de la veille de Noël dans le quartier de la Paillade.

Image de la manifestation du 28 octobre en soutien à la Palestine sur la Place de la Comédie. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)

L’une d’elle a été marquée par une interpellation pour apologie du terrorisme, après qu’une personne ait qualifié l’attaque du 7 octobre comme un “battement d’aile de papillon” pour la résistance palestinienne. Des propos tenus en fin de manifestation alors que les organisateurs étaient déjà partis. L’homme sera jugé en février. Les organisateurs des manifestations avaient alors dénoncé une “instrumentalisation” politique et médiatique pour masquer le caractère légitime de la mobilisation.

Par ailleurs, les organisations mobilisées ont dénoncé le 11 décembre dernier devant la mairie de Montpellier la position de la Ville sur le conflit en cours et ont demandé (sans succès) à Michaël Delafosse, d’adopter en Conseil municipal une motion en faveur d’un cessez-le-feu.

Car depuis 1977, les élus locaux montpelliérains célèbrent, à l’initiative du centre culturel juif de Montpellier, la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Et plus récemment, Michaël Delafosse a déclaré ;“il est mensonger de parler d’apartheid Israélien”.

Enfin, la fin de l’année a été marquée par la mobilisation contre la loi immigration de Darmanin. Des rassemblements et manifestations ont été organisées à Montpellier.

De notre côté, dix ans et un salarié

Pour la presse indépendante, 2023 a été une année riche : les camarades de la revue Frustration et du média Marseillais CQFD nous ont rendu visite à Montpellier, on s’est tous fédéré autour des états généraux de la presse indépendante le 30 novembre dernier à Paris pour porter des revendications, et la mobilisation devrait continuer en 2024.

Pour Le Poing, 2023 fut l’année des dix ans d’existence, une durée de vie inespérée pour un petit canard comme le notre (un numéro papier spécial anniversaire paraîtra le 12 janvier), mais aussi celle de l’embauche de son premier salarié à temps partiel. On a aussi commencé nos ateliers d’éducation aux médias et à l’information dans des établissements scolaires, et on compte bien poursuivre ! Cependant, la suite demeure précaire. Pour qu’on dure dix ans de plus (et c’est tout ce qu’on peut nous souhaiter en ce début d’année), une seule solution, vu qu’on refuse la pub et l’asservissement à un milliardaire : abonnez-vous à notre journal papier ou faites un don !

Sur ce, la rédaction du Poing vous souhaite une excellente année 2024, pleine de luttes et (on l’espère), de victoires !

Bilan 2023 de la Grand Goule journal militant du limousin

une répression des mouvements sociaux en pleine expansion !

Le premier semestre 2023 a largement exprimé une forte colère sociale, avec la mobilisation contre la réforme des retraites et la lutte contre les mégabassines, puis avec les émeutes déclenchées par le meurtre de Nahel, adolescent abattu à bout portant par un policier le 27 juin lors d’un contrôle routier à Nanterre. Le bilan que l’on peut tirer de cette année est aussi celui d’une répression de plus en plus violente – au total, ce sont des milliers de manifestant-e-s et d’émeutiers qui ont été blessés, interpellés ou poursuivis devant les tribunaux.

Le 5 avril dernier, le ministre de l’Intérieur Darmanin avait menacé de supprimer les subventions de la LDH parce qu’elle dénonçait dans les médias l’« usage disproportionné » d’armes (grenades, LBD…) par les forces de l’ordre le 25 mars, lors de la manifestation antibassines interdite de Sainte-Soline, ainsi que leur refus de laisser les secours accéder aux blessé-e-s. Le 10 juillet, la LDH a néanmoins rendu public son rapport sur ces faits. Ont ainsi été mis en relief que – pour défendre un trou – plus de 5 000 grenades ont été lancées contre les manifestant-e-s, et 3 200 gendarmes, 9 hélicoptères, 4 blindés et 4 camions à eau ont été mobilisés. Ces chiffres montrent une nette augmentation des moyens mis en œuvre par l’Etat français pour « maintenir l’ordre », en comparaison par exemple avec les affrontements sur la ZAD de Sivens le 25 octobre 2014, où il n’a paraît-il été tiré « que » 237 grenades lacrymogènes, 38 grenades GLI-F4 et 23 grenades offensives F1 – et où l’une de ces dernières a tué Rémi Fraisse.

L’Etat français a plusieurs fois été épinglé par des institutions telles que l’ONU ou le Conseil de l’Europe pour la violence de ses troupes, mais il n’en a cure. En 2023, il a multiplié les mesures coercitives : innombrables interdictions de manifester (que ce soit contre les mégabassines1 ou pour dénoncer les bombardements de Gaza après le 7 octobre) ; renforcement de la surveillance des populations – par l’utilisation des drones, de la reconnaissance faciale ou du prélèvement d’ADN 1 C’est même depuis septembre 2021 que les manifestations antibassines font l’objet d’arrêtés d’interdiction systématiques. – ainsi que des contrôles policiers, notamment à l’encontre de personnes venant soutenir des prévenu-e-s lors de procès. La décision qu’a prise, le 21 juin, le conseil des ministres de dissoudre les Soulèvements de la Terre n’est tombée à l’eau que grâce à l’avis négatif rendu à son sujet par le Conseil d’Etat le 9 novembre.

Concernant la lutte contre la réforme des retraites : d’après Darmanin le 5 avril, il y avait eu alors, depuis le 16 mars – jour où le gouvernement a utilisé l’article 49-3 pour faire passer sa réforme des retraites –, 1 851 interpellations. Pendant ce mouvement, des centaines (au moins) d’arrestations préventives ont eu lieu, à ajouter aux milliers d’interpellations lors des manifestations, et des centaines de personnes ont été blessées (dont quatre manifestant-e-s et un journaliste gravement) . Actuellement, plus de 400 militant-e-s de la CGT sont poursuivis en justice, selon ce syndicat , et plus de 1 000 sont menacés de licenciement, des procédures à leur encontre étant en cours dans les entreprises. Par exemple, le secrétaire général de la fédération mines-énergie Sébastien Ménesplier a été entendu par la gendarmerie à Montmorency dans le cadre d’une enquête sur des coupures d’électricité en mars. La FSU signale de son côté une hausse des signalements dans la fonction publique ; et Solidaires fait état de conseils de discipline à la Poste et de mutations forcées dans l’Education nationale.

Concernant les émeutes du 27 juin au 3 juillet : selon le ministère de la Justice, le 6 juillet, il y avait eu au niveau national 3 693 personnes interpellées, donc 31 % de mineurs. Le 19 juillet, Dupond-Moretti a parlé de « 1 278 jugements, avec 95 % de condamnations, 1 300 déferrements au parquet, 905 comparutions immédiates, 1 056 personnes condamnées à une peine d’emprisonnement, dont 742 à une peine ferme avec un quantum moyen des peines fermes de 8,2 mois, et 600 personnes incarcérées ». Pour rappel, pendant les trois semaines d’émeutes déclenchées, le 27 octobre 2005, par la mort des adolescents Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois lors d’une coursepoursuite avec la police, il n’y avait eu « que » 400 peines de prison ferme. En 2023, jusqu’à 45 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés – contre 11 000 en 2005. Au moins 10 personnes ont été gravement blessées (le plus souvent éborgnées par des tirs, de LBD ou autres grenades) et il y a eu deux morts.

Le procès « mégabassines » de Niort Deux épisodes judiciaires se sont déroulés, le 8 septembre et le 28 novembre, au tribunal correctionnel niortais sur la thématique « mégabassines ». Un dossier a en effet été monté sur cette thématique pour inculper neuf personnes : il mêle diverses « affaires » et vise des militants de diverses organisations… en les incriminant pour l’essentiel à partir de vidéos ou d’articles mis en ligne par ces organisations. Les 1 neuf prévenus ont comparu libres, le 8 septembre après-midi, au tribunal correctionnel de Niort. Sébastien Wyon (de la Confédération paysanne), Joan Monga et Nicolas Bauvillain (de Bassines non merci, BNM) sont poursuivis pour « vol aggravé »2 car « commis en réunion » pendant le « printemps maraîchin » des 25- 27 mars 2022 à La Rochénard. Lors de cet événement festif qui a réuni plusieurs milliers de personnes contre la création des 16 « retenues d’eau » prévues dans la région par le protocole d’accord de la Coop de l’eau3 , deux tuyaux de canalisation d’irrigation ont été déterrés et découpés, puis un bout en a été « frauduleusement soustrait » et 1 « A Niort, un procès des antibassines fourre-tout et sous haute tension », Politis, 8 septembre 2023. 2 Ils le sont aussi pour avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes et d’ADN. 3 Les travaux pour creuser celle de Priaires – la troisième de ces 16 mégabas- sines – ont démarré le 28 août. emporté – une action revendiquée par plusieurs organisations4 . Julien Le Guet (porte-parole de BNM) est quant à lui inculpé pour organisation d’une manifestation non déclarée et « participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou dégradations de biens, vol et dégradations » lors de la « grillade party » du 2 octobre 2022 à Sainte-Soline – une manifestation où une cinquantaine de personnes avait été empêchée par la police de piqueniquer sur un terrain. Ce militant est aussi accusé d’avoir démonté une grille à cette occasion. Cinq des neuf prévenus sont poursuivis pour organisation d’une manifestation interdite le 29 octobre 2022 : Julien Le Guet, Joan Monga, Nicolas Garrigues (porte-parole des Soulèvements de la Terre), Hervé Auguin (codélégué départemental Solidaires 79) et David Bodin, secrétaire de l’union départementale 4 Toutes ces manifestations interdites ont été soutenues par… 150 à 200 orga- nisations. CGT. Les syndicalistes de Solidaires et de la CGT sont en fait là parce qu’ils ont déposé, au nom de leurs organisations respectives, une déclaration de manifestation et que la préfecture a ensuite interdit cette manifestation. L’organisation d’une manifestation interdite est un délit passible de 6 mois d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, alors que la participation à une manifestation interdite n’est passible que d’une amende forfaitaire de 135 euros… Ces cinq prévenus sont également inculpés pour organisation d’une manifestation interdite le 25 mars 2023, et deux autres personnes avec elles : Nicolas Girod (ancien porteparole de la Confédération paysanne) et Benoît Jaunet (porte-parole de la Confédération paysanne 79), parce qu’ils ont participé au convoi de tracteurs venus alors à Sainte-Soline. Acte I : le 8 septembre L’hétérogénéité du dossier et le nombre des prévenus ont conduit le président du tribunal à ne pas procéder par individu, mais par ordre Des interpellations et des condamnations en lien avec les émeutes du printemps ont toujours lieu (les gardes à vue ont ainsi dépassé les 4 000), notamment « grâce » à l’exploitation de la vidéosurveillance, aux tests ADN réalisés sur les projectiles ou les véhicules, et à la géolocalisation des téléphones. Par exemple, le 4 décembre à Brest, un jeune homme a pris douze mois de prison ferme pour « dégradation » du tennis-club, tandis que, à Gaillon dans l’Eure, quatre personnes dont deux mineurs étaient placées en garde à vue pour des tirs de mortier contre les forces de l’ordre. Ces procès qui se déroulent à bas bruit aboutissent, d’après l’AFP4 , « dans de nombreux 4 « Emeutes après la mort de Nahel : cinq mois après, les enquêteurs voient cas à des condamnations en justice [mais] il n’existe pour l’instant pas de statistiques nationales sur ce sujet ». Concernant la lutte contre les mégabassines : à Sainte-Soline le 25 mars, il y a eu au moins 200 blessée-s chez les manifestants – une quarantaine gravement, dont deux dans le coma. Plus de 24 000 contrôles de véhicule ont été réalisés, selon Darmanin, et des arrestations opérées sur la seule base d’un marquage chimique (un… journaliste a ainsi effectué 28 heures de garde à vue). Le procès de Niort portant entre autres sur cette manifestation (voir l’article suivant) montre une fois de plus que des moyens d’enquête d’ordinaire utilisés contre le terrorisme ou le le bout du tunnel », Nice-Matin du 5 dé- cembre 2023. grand banditisme – ainsi la section de recherches de Poitiers – peuvent être employés pour des infractions rangées en bas de l’échelle pénale (tel l’« emprunt » d’un bout de canalisation) afin de dramatiser un dossier. Aujourd’hui comme hier, les poursuites judiciaires traduisent la volonté gouvernementale de criminaliser les mouvements sociaux. Et, sous Macron comme sous Hollande auparavant, ces poursuites contribuent, avec les violences policières, à servir les intérêts des capitalistes – que ce soit pour imposer une réforme du code du travail ou des retraites ou pour faciliter l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie.

NOTE : A Paris, du 16 au 20 mars, 790 personnes ont été interpellées lors de « nasses », et 200 ont été blessées rien que le 1er Mai. « Mobilisation contre la réforme des retraites : plus de 400 militants CGT sont visés par des poursuites judiciaires après des actions », Franceinfo, le 6 septembre 2023.

Abrogation de la loi Darmanin : manifestation du 14 janvier 2024

Des milliers de personnes ont défilé dimanche à Paris et dans une trentaine de villes de France pour demander l’abrogation de la loi asile et immigration le dimanche 14 janvier dernier. Le Conseil constitutionnel, saisi du texte, doit se prononcer sur sa conformité le 25 janvier, alors que, plusieurs dispositions adoptées par le Parlement seraient anticonstitutionnelles : remise en cause le droit du sol, durcissement de l’accès au regroupement familial ou aux prestations sociales, ou encore instauration d’un quotas d’immigrés par le Parlement. Face à cette loi la mobilisation se poursuit avec un nouveau rendez- vous le dimanche 21 janvier 2024 à 14h au départ du Trocadéro.

En appel à cette mobilisation, nous vous diffusons dans une première partie d’émission les reportages que nous avons réalisé lors de la manifestation du 14 janvier dernier. Pour approfondir les questions liées au travail et à l’immigration, nous vous diffusons en deuxième partie d’émission, un montage constitué d’extraits du premier épisode d’un podcast intitulé : travailleurs détachés, les dessous d’une exploitation, que vous pourrez retrouver en intégralité sur Blast.

Pour retrouver en intégralité les deux épisodes du podcast : https://www.blast-info.fr/podcasts/travailleurs-detaches-les-dessous-dune-exploitation-fMsrQ0U-TK2vxYM-aitI2g

DIX QUESTIONS SUR L’ANTIFASCISME

À la fois mouvement d’autodéfense et mouvement d’émancipation, pratique politique d’action directe, d’information, d’éducation populaire et de contre-culture, l’antifascisme est bien plus varié que l’image qu’il renvoie dans les médias ou dans le monde politique, où on se plaît à le caricaturer.

En dix chapitres, ce livre présente l’histoire et l’actualité de la lutte antifasciste, ainsi que les enjeux auxquels elle doit faire face. Il a pour ambition de donner suffisamment d’éléments à la fois théoriques et pratiques afin de présenter l’antifascisme dans sa complexité, sa richesse, mais aussi ses contradictions.

Pour parler de tout cela, nous recevions dans nos studios, Hervé, du collectif antifascisme la Horde.

IMPERIALISME ET NEO COLONIALISME

En appel à la mobilisation pour un cessez le feu à Gaza du samedi 13 janvier à 13h30 sur la Place de la République, et pour l’abrogation de la loi asile et immigration à 15h le dimanche 14 janvier sur la même place, nous vous diffusons aujourd’hui un débat qui avait eu lieu le 17 octobre 2023 dernier à Ivry lors de la semaine décoloniale intitulé « Impérialisme et néo-colonialisme. Du renouveau des mouvements révolutionnaires à l’unité des peuples ? » avec Saïd Bouamama.

« En ce jour de commémoration du massacre du 17 octobre 1961, comme chaque année à Ivry nous rendons hommage à ces manifestant.es algérien.ne.s réclamant l’indépendance de leur pays et réprimé.e.s dans le sang, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui se sont battu.es et qui se battent encore contre le colonialisme. Et aujourd’hui, aux quatre coins du monde, les peuples se soulèvent et s’organisent pour une indépendance réelle, débarrassée de l’impérialisme et du néocolonialisme, comment construire les solidarités concrètes avec et entre les peuples, là-bas et ici même, au cœur des puissances impérialistes ? Comment répondre aux attaques violentes, réactionnaires et contre-révolutionnaires de tous ces « empires » qui ne veulent pas mourir ?

L’unité des peuples en lutte contre le système colonial et capitaliste apparaît déterminante pour y mettre un terme. Le sociologue et militant Saïd Bouamama présentera la résurgence de ces mouvements révolutionnaires, inscrits dans la continuité des expériences passées, et ayant des répercussions sur les combats de libération et d’émancipation à toutes les échelles, jusque dans nos propres quartiers. »

Journée internationale des migrants contre la loi Darmanin

Après le vote de la loi scélérate connue initialement comme « loi Darmanin », 400 collectifs, associations, syndicats, partis politiques appellent à une journée nationale de manifestations pour le retrait de la loi Darmanin, contre le racisme et la xénophobie, le dimanche 14 janvier. L’ampleur de cette première vague sera déterminante pour la suite. Pour faire plier Macron et Darmanin et ouvrir à un mouvement qui change le climat politique et barre la route à la progression du fascisme. Le RDV est donné Le dimanche 14 janvier à 15 h Place de La République.

En appel à cette date, nous vous diffusons aujourd’hui les reportages que nous avons réalisés lors de la manifestation du 18 décembre 2023 à Paris pour la journée internationale des migrants.

La loi asile immigration reprend de nombreuses idées de l’extrême droite comme la préférence nationale et aura des conséquences terribles sur la vie de centaines de milliers d’habitant.e.s étrangèr.e.s sur le sol français. Il s’agit de la loi la plus régressive depuis 40 ans. Cette loi raciste et xénophobe restreint le droit au séjour, accentue considérablement la répression, s’attaque au droit d’asile, au droit du sol, aux étrangers malades, aux étudiants non européens, au regroupement familial. L’attaque contre l’hébergement d’urgence, le durcissement de l’accès aux prestations sociales dont les allocations familiales et les aides aux logements, vont jeter des familles à la rue ou dans les bras de marchands de sommeil, particulièrement les femmes migrantes.

Cette loi va précariser davantage les travailleuses et travailleurs, les lycéens, les étudiants avec ou sans-papiers. L’arbitraire préfectoral est encore renforcé, refoulement aux frontières, délivrance systématique des OQTF et IRTF et allongement de leur durée, notamment pour les travailleuses et les travailleurs.

Cette loi s’attaque aux libertés publiques, bafoue les droits fondamentaux tels que le droit d’asile, restaure la double peine et fait honte à la France, qui prétend défendre les valeurs d’égalité entre toutes et tous.

loi asile et immigration : la question de la double peine

La loi asile et immigration, après avoir été rejetée par l’Assemblée nationale dès le premier jour de son examen en séance publique, est passée par une commission mixte parlementaire lundi et mardi afin d’être de nouveau présenté à l’Assemblée nationale le soir même. Or, c’est une version semblable à celle du texte retravaillé au Sénat, considérablement durcie et inspirée des propositions du RN, qui est passée au vote.
Dans cette émission, nous reviendrons sur un des volets répressif de cette loi et la réactualisation de la notion de “double peine” autour du dernier numéro de Plein droit, (revue du gisti) intitulé ” étrangers sous écrous”. En effet, nous serons en direct pendant 1 h 30 avec Julien Fischmeister qui a écrit l’article “Méchant avec les méchants » : la démagogie langagière à l’épreuve des faits ; et Juliette Petit, qui elle, a rédigé l’article  “contre la loi Pasqua, la voix des détenus sur les ondes de Parloir Libre”. Une occasion de revenir aussi bien sur la construction d’un discours qui légitime ces nouvelles lois, que sur la mémoire des luttes, afin de nourrir nos imaginaires pour les mobilisations à venir. 

Édito de “Plein droit” numéro d’octobre 2023

À rebours du fantasme bien tenace d’une « sur-délinquance », la surreprésentation des étrangers dans les prisons dévoile une économie de la peine discriminatoire. D’ailleurs, les statistiques officielles l’attestent : de profondes inégalités subsistent, selon que les personnes sont françaises ou étrangères, dans l’application de la loi, et ce, à toutes les étapes de la chaîne pénale. Ainsi ces dernières ne sont-elles pas seulement envoyées davantage en prison, elles le sont aussi pour des durées plus longues et en sortent moins vite. Pourtant, l’arsenal juridique prévoit un certain nombre de dispositifs permettant d’aménager les peines des personnes étrangères détenues, avec ou sans papiers. Mais leur condition carcérale, loin de corriger ces discriminations, en créé de nouvelles.

Surpénalisées, les personnes étrangères incarcérées, qu’elles soient ou non mineures, sont sous-protégées. Et si, derrière les barreaux, rien n’interdit aux sans-papiers détenus de travailler, la réforme du travail pénitentiaire prévoit une nouvelle dégradation de leurs droits : ils ne seront bientôt plus couverts par la législation professionnelle en cas d’accident du travail. En outre, la marge d’appréciation exorbitante dont disposent les administrations préfectorale et pénitentiaire entrave l’accès au séjour et à l’asile, a fortiori vu l’emprise du motif de la « menace à l’ordre public » et la rareté des dispositifs d’accès aux droits en détention.
Comment saisir le tribunal administratif depuis une cellule verrouillée, sans accès à internet, sans téléphone, bref sans possibilité de communiquer avec le monde extérieur, le tout en moins de 48 heures pour contester une obligation de quitter le territoire ? La collaboration entre les administrations préfectorale et pénitentiaire a fait de la prison l’antichambre de l’expulsion des étrangers hors du territoire national. Le continuum entre la détention et la rétention illustre ainsi d’une instrumentalisation de la finalité de l’incarcération, bien éloignée de l’objectif affiché d’une « contribution à l’insertion ». Loin des regards, la machine à expulser tourne à plein régime.

MANIFESTATION CONTRE LA LOI DARMANIN : Saint-Denis se mobilise

Aujourd’hui, une émission en appel a la manifestation de ce jour contre le projet de loi asile et immigration, qui partira de la place de l’opéra à 17 h.

CHANGEMENT DE POINT DE RALLIEMENT : suite à l’interdiction de la manifestation parisienne du 18 décembre entre Opéra et Concorde. Les collectifs de sans-papiers décident d’appeler à se rassembler ce lundi 18 décembre à 17 H place de la République, lieu autorisé par arrêté préfectoral.

Gérald Darmanin l’a dit : sa loi immigration est « la plus ferme avec les moyens les plus durs de ces trente dernières années ». Et devant le Sénat, il a fixé l’enjeu : il s’agit de savoir dans quelle société nous voulons vivre.

C’est effectivement l’enjeu. Voulons-nous vivre dans une société raciste, sécuritaire et anti-sociale ? Où allons-nous nous battre pour défendre nos libertés, l’égalité et la solidarité ?

Les modifications votées au Sénat, dont la suppression de l’aide médicale d’état est devenue l’emblème, durcissent encore le projet initial et étendent le champ des attaques. D’ailleurs, si la semaine dernière, même en votant la motion de rejet du projet de loi, celui-ci revient ce lundi 18 octobre en commission mixte paritaire, c’est-à-dire 14 parlementaires, 7 pour l’Assemblée nationale et 7 pour le sénat.

Le gouvernement espère ainsi, que cette commission s’accordera sur un texte commun qui devra ensuite être voté dans les deux chambres du Parlement. Voilà le niveau de la démocratie représentative en France.

Les associations et collectif de sans-papiers continuent la mobilisation. Et ce fut le cas mardi 12 décembre dernier à Saint-Denis où un rassemblement avait lieu.

Les organisations signataires appelaient à ce rassemblement pour le maintien de l’aide médicale d’état sans restrictions d’accès et contre le durcissement des conditions d’admission au titre de séjour pour étranger·e malade et dire non à la loi asile et immigration.

Dans cette émission, nous entendrons le reportage réaliser ce 12 décembre à Saint-Denis avec les prises de parole des collectifs et des associations et des interviews réalisés avec des habitantes du quartier des Francs-moisin a Saint-Denis.

Bonne écoute !

J.O chantier adidas arena acte 2

Le mardi 17 octobre, un grand mouvement de lutte des travailleurs sans-papiers a été lancé par de multiples structures syndicales et collectives en Île-de-France.

Les travailleurs sans-papiers des chantiers des JO, ont occupé le chantier de l’Arena (porte de la Chapelle, à Paris) toute la journée du 17 octobre 2023, avec le soutien de leurs collectifs et du syndicat du BTP, de la CNT-Solidarité Ouvrière.  Cette journée s’est soldée par une première victoire pour la régularisation qui en appelle d’autres !

Le vendredi 1ᵉʳ décembre, le chantier de l’Arena a de nouveau occupé, par la CNT-SO et les collectifs, pour rappeler au groupe Bouygues et aux donneurs d’ordre une chose simple : #PasDePapiersPasDeJo !

Dans l’émission de ce jour, nous vous rediffusons une partie de l’émission du 19 octobre sur l’occupation du chantier Adidas arena du 17 octobre et en seconde partie, l’action mené sur ce même chantier le vendredi 1ᵉʳ décembre 2023

Être immigré.e en France à l’heure de la loi Darmanin

Du 12 au 17 octobre a eu lieu la semaine décoloniale d’Ivry organisé depuis trois ans par divers collectifs pour lutter contre le racisme, les discriminations, le colonialisme et le système d’exploitation.

Dans cette émission, vous écouterez la table ronde du 15 octobre qui revient sur les conditions du logement et du travail des personnes immigrés.

Bonne écoute

Lutter contre la Loi Darmanin

Le 17 octobre, des travailleurs sans papiers, soutenus par les syndicats, collectifs, associations de solidarité aux sans-papiers et activistes écologistes, ont occupé le chantier des JO Arena Bouygues pour exiger leur régularisation. Cette action coup de poing, coordonnée depuis des mois, a permis d’obtenir une rencontre avec Bouygues et la ville de Paris et la promesse de régularisations de 630 salarié.es.

Le combat des travailleuses et travailleurs sans papiers relève de la justice sociale et écologique : défense des droits humains, droits du travail, droit à la santé, lutte contre l’exploitation des terres, des femmes et des hommes partout dans le monde.

Les victoires montrent que la mobilisation porte ses fruits. C’est aussi une bonne nouvelle pour le milieu militant dans son ensemble alors que passage de la loi Immigration au Sénat à partir du 6 novembre augure le pire dans un contexte où la droite et l’extrême droite assimilent immigration, délinquance et terrorisme.

Dans ce contexte, se tenait, le 8 novembre dernier, une soirée de soutien aux grèves des sans-papiers, au cirque électrique et dans l’émission de ce jour, nous entendrons les prises de parole des grévistes et leurs soutiens.

Journée internationale de solidarité avec les peuples autochtones des Amériques 2023

Dans cette émission, vous pourrez entendre les interventions ayant eu lieu lors de la journée internationale de solidarité avec les peuples autochtones des Amériques, le 14 octobre dernier, organisée par le Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques dans le cadre de l’action globale “LE SUD RÉSISTE !”. Ainsi, en première partie d’émission, vous pourrez entendre lors de la première table-ronde : “Peuples autochtones en défense de la Terre-Mère et de l’eau face aux Mégaprojets”, des militants des peuples maya, cheyenne et yukpa. Puis, en seconde partie d’émission, ce sera une autre lutte amérindienne qui sera à l’honneur. Mais cette fois-ci en France, avec une délégation du peuple des kali’na, venue de Guyane.

Lien vers le site du Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques : https://www.csia-nitassinan.org/
Lien vers un article de Reporterre sur la lutte en cours du peuple des kali’na : https://reporterre.net/Des-ados-se-font-gazer-en-Guyane-les-Amerindiens-combattent-une-centrale-electrique

GAZA : un enjeu pour la liberté des peuples

Depuis le 7 octobre 2023, la lutte palestienne est remise sur le devant de la scène médiatique. L’ensemble des puissances internationales s’emparent de la question de sorte à négocier de futurs accords entre les unes et les autres, et le gouvernement français y voit une occasion d’accélérer sa politique intérieure sécuritaire. Rien ou très peu de choses sur le contexte politique au global, aussi bien en Israël qu’en Palestine. Encore moins sur les responsabilités occidentales d’une genèse coloniale qui s’applique aujourd’hui en Palestine.

Dans cette émission, nous vous diffusons donc un ensemble de témoignage, prise de parole et interviews qui nous semblent nécessaires pour dessiner les contours d’un mouvement international de solidarité. Tout d’abord vous pourrez entendre le témoignage d’une rescapée du kibboutz de Beeri. Ensuite, nous diffusons l’interview de Pierre Stanbul, représentant de l’Union des Juifs Français pour la Paix. Puis, vous entendrez une prise de parole réalisée au Vigan lors d’un rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien interdit. Enfin, nous terminerons avec l’interview de Guy Dardel, membre du Mouvement Immigration et des Banlieues, qui reviend sur l’histoire des mobilisations de solidarité avec la Palestine depuis les années 90.

DES SANS-PAPIERS METTENT UN COUP D’ARRÊT AU JO ET AU GRAND PARIS

Depuis le mardi 17 octobre 2023, un mouvement de luttes de travailleur sans-papier à débuter pour leur droit à la régularisation, a paris et en région parisienne et notamment le 17 octobre par l’occupation du chantier de l’Arena à paris. Obtenue grâce à la coopération entre collectifs de sans-papiers (CSP75, Droits devant, Gilets Noirs, CSPM, CSP20), le syndicat CNT-SO et différents réseaux.

L’émission de ce jour, sera consacré à ce mouvement. Dans un premier temps, nous serons sur l’occupation de chantier de l’aréna. Par là suite, nous entendrons le reportage réaliser le 18 octobre, car la veille, la CGT organisait des piquets devant une quarantaine d’agences intérim de la région parisienne pour réclamer des CERFA pour les travailleurs sans papiers.

Il ne restait plus le 18 octobre que 13 agences qui ne s’étaient pas régularisées. Ce même jour, nous nous sommes rendus à celles de porte Clichy chez Mistertemp.

Communiqué de la Marche des Solidarités du mercredi 18 octobre 2023

Occupation chantier des JO : Cette victoire obtenue par la lutte n’est qu’un début !

La Marche des Solidarités se félicite de la victoire de l’occupation du chantier de l’Arena obtenue grâce à la coopération entre collectifs de sans-papiers (CSP75, Droits devant, Gilets Noirs, CSPM, CSP20), le syndicat CNT-SO et différents réseaux.Les grévistes vont être régularisés. Plus encore, tous les sans-papiers qui ont travaillé pour les 3 sous-traitants concernés et ont été licenciés parce que sans-papiers seront réintégrés. Plus encore, tous les sans-papiers travaillant pour ces sous-traitants ont 3 mois pour se signaler aux syndicats pour que leur situation soit régularisée.

Une délégation sera reçue au ministère du Travail pour exprimer l’opposition à la loi Darmanin et exiger la régularisation de tous les sans-papiers.Au-delà, la victoire obtenue aujourd’hui démontre, si besoin en était, qu’il n’y a pas besoin de nouvelle loi pour régulariser les sans-papiers. Seule la lutte et la solidarité sont nécessaires. Le roi est nu : le projet de loi Darmanin apparaît ainsi pour ce qu’il est, un projet raciste et sécuritaire qui n’a d’autre but que de ´mener la vie impossible pour tous les étrangers et étrangères’ dans ce pays. Et d’amplifier la précarisation de tous et toutes les travailleurs aux conditions du patronat.

Cette victoire obtenue par la lutte n’est qu’un début. Nous l’avons dit, on ne recule plus. Nous appelons à apporter tout soutien aux camarades en lutte sur les piquets organisés par la CGT, tout comme nous exigeons la régularisation des grévistes de Chronopost, DPD et Emmaüs. Nous appelons toutes et tous à venir le lundi 23 octobre à la réunion de la Marche des Solidarités à la Bourse du travail de Paris à 19 h pour organiser la suite de la lutte.

Darmanin ne fera pas sa loi

De février à août 1996, à Paris, des centaines d’étranger·e·s « clandestins » sortent en pleine lumière, occupent des églises, des gymnases, un entrepôt de la SNCF pour obtenir leurs papiers. Ils et elles seront expulsé·e·s violemment de l’église St Bernard par la police le 23 août 1996 mais celles et ceux qui se sont renommé·e·s « Sans-papiers » sont sortis de l’ombre sur tout le territoire soutenus par des centaines de milliers de personnes. Depuis 27 ans, les Sans-papiers organisés en collectifs, continuent de lutter, se retrouvant chaque année devant l’église St Bernard.

Cette année, la manifestation qui se déroulait le samedi 26 aout 2023 en direction de St Bernard s’intitulait “DARMANIN NE FERA PAS SA LOI – Contre le racisme et contre le fascisme – Et en souvenir de St Bernard !”. En effet, depuis bientôt un an, le gouvernement met en avant un projet de “loi asile et immigration” pour “contrôler l’immigration et améliorer l’intégration”, qui accélère les procédures d’expulsions et en précarise avec la régularisation par le travail avec la notion de “métier en tension”. Contre ce projet aux contours flous, l’ UCIJ (uni-e-s contre l’immigration jetable), qui réunie collectifs de sans papiers associations et syndicat, et qui s’était formée contre la réforme du droit d’asile CESEDA, s’est reformée et organise la mobilisation. Cette date de mobilisation était donc une occasion de remettre en avant l’histoire de la lutte de st Bernard, et de faire le lien avec la mobilisation actuelle.

Dans cette émission, nous vous diffusons donc un montage contenant plusieurs extraits de reportage réalisés lors de cette manifestation; et, un interview de Bchira, militante au CSP75 et à la marche des solidarités, qui revient sur les différents aspects de ce projets et ses conséquences.

Ecole de la souffrance : quelles résistances?

Hanane Ameqrane, documentaliste au lycée Angela Davis est convoquée le 5 octobre 2023 au rectorat de Créteil pour : “avoir manifesté ostensiblement vos opinions notamment votre intention de vote pour les élections professionnelles ; ainsi que vos opinions politiques“ et “avoir tenu des propos portant atteinte aux valeurs de la République”.

Face à cette répression anti-syndicale un comité de soutien s’est constitué et à organiser le 27 septembre, à la Fléche d’or, une réunion publique intitulée “École de la souffrance, quelles résistances ?” avec Hanane Ameqrane, (sud éduc 93, “sois prof et tais-toi”), Fatou Dieng (réseau d’entraide Vérité et justice), Amanda, (vérité et justice pour Safyatou, Salif et Ilan), Pierrette Pyram ( Diivines LgbtqiA+), le collectif d’action judiciaire, la marche féministe Antiraciste, le collectif “touche pas à mon abaya”, la FIDL et des personnels et élèves mobilisé.e.s

Dans l’émission de ce jour nous vous diffusons le montage d’une partie des prises de paroles réalisées lors de cet événement.

MAYOTTE / ARCHIPEL DES COMORES : Généalogie d’une politique du pire

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons intervention de l’auteur de l’article Mayotte / Comores : Généalogie d’une politique du pire paru dans le numéro de Courant Alternative. Il a répondu aux remarques, demandes de précision et interrogations sur la situation à Mayotte et aux Comores. Cette présentation se tenait dans le cadre des rencontres libertaires du Quercy qui se déroulait du 18 au 23 juillet 2023 . Elle s’appuyait sur un article publié dans Courant Alternatif du 11 juin 2023 que nous vous diffusons :

“L’opération militaro-policière Wuambushu menée actuellement par l’État français dans la colonie départementalisée de Mayotte, sous les prétextes officiels d’une destruction de l’habitat précaire et d’une lutte contre la délinquance, amalgamée à la présence jugée illégale de « Comoriens » issus des trois autres îles de l’archipel, s’inscrit dans un contexte régional tout à fait particulier dont cet article se propose d’esquisser sommairement les coordonnées historiques, politiques et sociales.

Perspective historique
Outre un substrat linguistique commun, des échanges commerciaux, alliances matrimoniales ou réseaux confrériques (d’obédience sunnite) établissent des rapports multiséculaires de réciprocité entre les quatre îles de l’archipel des Comores (1). Le Protectorat français que devient Mayotte à partir de 1841 prélude à la domination coloniale que la France exerce sur l’archipel de 1886 à 1974 (2). À la décision prise en 1958 par l’État français de transférer la capitale administrative du Territoire, de Dzaoudzi (Mayotte) à Moroni (Grande Comore), suscitant la méfiance à l’égard des élites grand-comoriennes et anjouanaises, soupçonnées de favoriser leurs îles au détriment de celle de Mayotte, répond en novembre de la même année un Congrès des notables qui initie à Tsoundzou le mouvement procolonial en faveur de « Mayotte française », amplifié et structuré à partir de 1963 par le Mouvement Populaire Mahorais (MPM), matrice historique du départementalisme dont la classe politique mahoraise contemporaine est en quelque sorte l’héritière, du député LR Mansour Kamardine (adepte de la théorie du grand remplacement dans sa version mahoraise (3)) à la députée LIOT Estelle Youssouffa (aux arguties racistes délibérément criminogènes (4)), en passant par le 1er vice-président du Conseil départemental, Salime Mdéré (apprenti-provocateur de la rhétorique génocidaire (5)).

En plus d’un lobbying tenace auprès des autorités françaises, appuyé notamment par l’Action Française (sans oublier les réseaux françafricains de Jacques Foccart), l’activisme du MPM se déploie durant les années 1960-1970 à travers des milices populaires (les soroda, pour soldats), notamment féminines (les « chatouilleuses »(6)), que la perspective rapprochée de l’indépendance incite à la persécution systématique de tous ressortissants des trois autres îles (mais également de Mahorais), jugés favorables à l’unité politique de l’archipel (les serrelamen, ceux qui se tiennent la main). Dans le contexte du référendum d’autodétermination de décembre 1974 (63% des Mahorais s’y opposent) et de l’indépendance unilatéralement proclamée des Comores en juillet 1975, plus d’un millier de « Comoriens » sont expulsés ou fuient avec l’assentiment complice de l’État français, lequel promulgue une loi qui entérine le principe d’un décompte différencié des votes, séparant de fait Mayotte du reste de l’archipel (7) en contradiction avec le principe d’intangibilité des frontières coloniales, appliqué partout ailleurs au moment des indépendances, notamment africaines (depuis, la France a été maintes fois condamnée par l’Assemblée générale des Nations-Unies, sans effet…). Dans la foulée, un coup d’état fomenté par les Services français renverse dès le mois d’août 1975 le président comorien Abdallah : où le mercenaire Bob Denard inaugure vingt années de politique françafricaine aux Comores (dont l’assassinat de deux présidents, en 1978 et 1989).


« Comoriens » et « clandestins »
Depuis lors, une dissociation intime travaille la géographie humaine et mentale de l’archipel. De même que l’État comorien, sous l’influence de Paris, n’exploite le sentiment d’inachèvement territorial de la nation qu’à des fins démagogiques en matière de politique intérieure, de même un spectre hante la conscience mahoraise, dans son rapport contrarié à l’État français (entre angoisse de l’abandon et affirmation du Département) : celui de cette altérité « comorienne » qu’elle s’acharne à refouler d’elle-même. Dans ce cadre, l’histoire du « clandestin » est celle de sa fabrique procoloniale, entre fiction administrative et politique schizophrène de l’identité. À cet égard, l’instauration en janvier 1995 d’un visa préalable d’entrée à Mayotte (Visa Balladur) pour les ressortissants des trois autres îles de l’archipel, officialise l’alliance objective de l’État français avec les discours du MPM et de l’extrême-droite dans leur criminalisation commune du « Comorien » (8) : « Voleurs d’emplois, de terrains, d’époux et d’épouses, de convictions et même d’identité… Dès la fin des années 80, les Comoriens des autres îles étaient accusés de tous les maux à Maore [Mayotte]. Une manière de dissimuler les véritables enjeux auxquels était confrontée l’île. ‘Non à l’envahissement des travailleurs étrangers dans nos entreprises’, ‘Non au commerce ambulant étranger et illégal’, ‘Non au développement des bidonvilles étrangers’, ‘À bas les maris étrangers’… Brandies il y a près de vingt ans – le 16 novembre 1988 – par environ 300 manifestants dont une majorité de femmes, ces banderoles illustrent toute la diversité des tares dont se trouvaient déjà accusés les ressortissants des îles voisines. » (9)

Par ailleurs, ce Visa Balladur inflige aux « Comoriens » une condition migratoire de plus en plus difficile, quand elle n’est pas tragique : lourdeur dissuasive des process administratifs (85% des demandes d’asile rejetées) ; entre 300 et 500 euros pour franchir dans un kwassa (pirogue à moteur) souvent surchargé les 70 kms qui séparent Mayotte d’Anjouan ; plus de 20.000 naufragés morts en mer durant les 25 dernières années. Conjointement aux moyens mis en œuvre par l’État français contre l’entrée et le séjour de Comoriens devenus « illégaux » dans une île de leur archipel (radars, patrouilles nautiques, surveillance aérienne, rafles, rétention) (10), de véritables raids villageois sont menés à l’encontre d’habitations précaires abritant des « Anjouanais » ; le maire d’une commune peut ordonner à ses agents d’incendier des habitations de « sans-papiers » (Hamouro, octobre 2003), sans évoquer les émeutes anti-comoriennes de mars 2008. Macron déclare en 2017 : « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien » – calembour de négrier.
{{L’Opération, paradigme politico-militaire de la Métropole
En 2019, l’opération Shikandra (11) constitue le banc d’essai de Wuambushu, avec une pratique déjà systématique du « décasage » dont l’euphémisme d’inspiration coloniale recouvre près de 1.800 habitations détruites, concernant plus de 8.500 personnes, pour les seules années 2020-2022.L’amplitude sémantique du verbe uwambushu (12) offre quelques nuances instructives : défaire pour refaire (si possible en mieux) ; le terme peut également désigner le fait d’initier une action incertaine, sans en mesurer vraiment les risques. À propos d’un tiers, il a valeur de reproche ; en référence à soi, il suggère les difficultés rencontrées dans l’action que l’on a engagée. Si Libération évoque « une opération ni faite ni à faire », il n’en demeure pas moins que l’État français et ses fidèles prétendent réagir par la brutalité aux effets mortifères du leurre procolonial qu’ils ont eux-mêmes produit :


• la cible : déporter en deux mois 10.000 personnes en situation « irrégulière » vers l’île comorienne d’Anjouan et démolir les bidonvilles. Le 21 avril, Darmanin déclare dans Le Figaro : « Nous allons détruire l’écosystème de ces bandes criminelles ».
• les troupes : envoi de 510 [sic] membres des forces de l’ordre, ajoutés aux 750 policiers et 600 gendarmes déjà sur place : CRS8, GIGN, RAID. Dès le 23 avril, à Tsoundzou, le ton est donné : 650 grenades lacrymogènes, 85 grenades de désencerclement, 60 tirs de LBD, des tirs à balles réelles au pistolet automatique de la part des sinistres de la CRS8…
• l’agenda, validé par Macron en Conseil de défense : « Il n’y a pas un moment où on la commence et un moment où on la termine » (Darmanin à propos de l’opération, Le Figaro, 20 avril) – caricature sordide de l’Opération Justice Infinie lancée par le Pentagone suite aux attentats du 11 septembre 2001.
Plutôt indifférent aux manifestations (en métropole, à La Réunion (13)) d’une opposition sporadique à Wuambushu, en dehors de tribunes et autres appels à l’initiative d’associations de défense des droits humains, de syndicats et mouvements politiques français ainsi que d’organisations ou collectifs comoriens, le gouvernement doit néanmoins négocier certaines entraves et dissonances d’ordre éthique, juridique ou diplomatique qui ont pour effet, sinon d’enrayer le récit officiel de sa bataille de Mayotte, du moins d’en différer le double volet opérationnel (démolitions et expulsions) ; la droite et l’extrême-droite l’accusant de ne pas se donner les moyens d’un objectif qu’ils partagent par ailleurs, les élu.e.s et collectifs mahorais le pressant d’entreprendre la déportation de masse qu’ils réclament.


Contre la LDH / Contre la magistrature
Les propos pernicieux que Borne, Darmanin et consorts ont tenu à propos de la Ligue des Droits de l’Homme, après que l’association a dénoncé la violence diluvienne de l’État ainsi que son entrave faite à l’intervention des secours lors de la manifestation du 25 mars à Sainte-Soline, ne sont pas sans lien avec les condamnations multiples par lesquelles la LDH et la CNCDH s’opposent à la politique migratoire de l’État français à Mayotte comme à l’indignité du traitement réservé aux habitants des quartiers pauvres (« Comoriens » ou pas), sous couvert de lutte contre l’insalubrité. Et c’est sans surprise que le député Mansour Kamardine ou le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla, reprennent la rhétorique vindicative du régime à l’égard des « associations droitdelhommistes »…

Par ailleurs, dès les 24 et 25 avril, le Tribunal judiciaire de Mamoudzou suspend l’évacuation et la destruction d’habitations précaires en raison d’une absence de relogement (14). Le Préfet de Mayotte fait appel (15). Un affrontement juridique et politico-médiatique s’annonce, qui oppose en quelque sorte le droit de l’État à l’État de droit. Dans ce cadre, la présidente du Tribunal, Catherine Vannier, passe pour avoir outrageusement suspendu l’opération ; et la presse d’évoquer à charge l’ancienne vice-présidente du Syndicat de la Magistrature, « plutôt à gauche » (Europe 1, 27 avril) (16). En comparaison, le chef de la police de Mayotte bénéficie d’une mansuétude complice : Laurent Simonin fut en effet condamné dans l’affaire Benalla pour avoir transmis au barbouze la vidéo de la Contrescarpe : « violation du secret professionnel » et « détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection »… Quant à Mansour Kamardine, il fantasme un « harcèlement judiciaire contre l’État à Mayotte » et délire sur le « caractère raciste et anti-français des associations d’aide aux immigrés clandestins », animées par des « humanistes hémiplégiques » (lefigaro.fr, 28 avril). Finalement, le 17 mai, la chambre d’appel de Mayotte autorise la destruction du quartier Talus 2 (Majicavo), démarrée avec fracas dès le 22 mai, dans l’incertitude d’un relogement pérenne pour les habitants.À noter toutefois que le 19 mai, un groupement d’associations, dont le Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) et le Collectif comorien Stop Uwambushu à Mayotte (CSUM), formule une requête auprès de la Cour Pénale Internationale pour « crime contre l’humanité » commis par l’État français à l’encontre de Comoriens dans le cadre de l’opération Wuambushu. Il réclame conjointement l’émission d’un mandat d’arrêt international visant la députée Estelle Youssouffa ainsi que le 1er vice-président du Conseil départemental, Salime Mdéré, pour leurs propos d’inspiration génocidaire. La bataille juridique n’est pas close…


Contre (tout contre) l’État comorien…
Depuis le début de l’opération, l’État comorien pratique un jeu délicat d’ouverture et de fermeture à l’égard de Wuambushu. Si le régime du colonel Azali annonce dès le 24 avril la fermeture des ports comoriens, celui de Mutsamudu (Anjouan) réouvre officiellement le 26 avril, augurant d’une reprise des expulsions. Mais le 27, c’est le gouverneur même d’Anjouan, Anissi Chamsidine, qui conditionne l’entrée des expulsés en provenance de Mayotte à la présentation d’une pièce d’identité (17) ainsi qu’à l’attestation d’une adresse de résidence dans l’île comorienne. Pour autant, la position de l’État comorien à l’égard de Paris n’en est pas moins ambiguë, comme en atteste l’accord-cadre signé en 2019 : le financement à hauteur de 150 millions d’euros par la France d’une aide au développement engage les Comores à accueillir les expulsés en provenance de Mayotte (18)… Cette ambivalence à l’égard de l’ancienne et si présente puissance coloniale (19) apparait dans l’entretien que le président Azali, promu depuis février à la tête de l’Union Africaine (20), accorde au Monde le 8 mai dans le cadre d’une visite officielle en France : « [Wuambushu] aurait pu être plus discret et efficace [sic]. Il y a un vol et un bateau entre Mayotte et Anjouan tous les jours » et, en même temps, « Je demande la levée du visa entre les Comores et Mayotte », tout en plaçant la France devant sa responsabilité historique à l’égard du département qu’elle a elle-même institué, avant que la langue de bois diplomatique ne reprenne le dessus dès le 9 mai dans un communiqué conjoint des gouvernements français et comoriens, manifestant leur volonté de « lutter contre les trafics et contre les passeurs » et de « coordonner leurs efforts communs pour la sauvegarde des vies humaines en mer »… Cynisme morbide.On comprend pourquoi le Comité Maore (dont le but est d’« œuvrer à la libération de l’île comorienne de Mayotte ») fut interdit de défiler à Moroni contre Wuambushu ; idem pour un rassemblement prévu le 14 mai devant le Palais du Peuple de la capitale comorienne, sans évoquer l’empêchement fait au gouverneur d’Anjouan de pénétrer dans l’enceinte du port de Mutsamudu, suite à sa création d’un Comité de vigilance « habilité à prendre toutes initiatives et entreprendre des actions non violentes pour éviter que la population d’Anjouan soit menacée dans sa sécurité et dans sa quiétude en raison du déplacement massif de la population par la France » (Mayotte la 1ère, 12 mai).Le 15 mai, le gouvernement comorien se déclare prêt à accueillir les expulsés volontaires (?), à l’exclusion des personnes ayant fait l’objet d’une condamnation. Dès le 17, une vingtaine de « Comoriens en situation irrégulière » (dont 4 « départs volontaires ») embarque à bord du Maria Galanta, sous la supervision menaçante de membres du Collectif des Citoyens de Mayotte dont Safina Soula déplore qu’ils ne soient « qu’une vingtaine à bord » (nouvelobs.com, 17 mai). Le soir même, le porte-parole du gouvernement comorien assure du débarquement effectif des expulsés dans le port anjouanais de Mutsamudu : « Il n’y a eu que des départs volontaires [sic] » (europe1.fr, 17 mai). Le 19, le Citadelle prend la mer à destination d’Anjouan avec 48 expulsé.e.s (de force) à son bord, tandis que les autorités comoriennes prétendent n’autoriser aucun accostage au-delà de 16h30… Encore et toujours, l’État comorien assume de jouer le jeu de Paris : un jeu de dupes, certes – et de massacre ?

Contre les « barbares »
Outre un double processus de dépendance et de dépossession, qui révèle plus largement la colonialité des rapports qu’entretient l’État français avec les quatre îles de l’archipel, l’assimilation xénophobe de la délinquance juvénile à l’immigration « clandestine » (quand les mineurs en question, isolés ou non (21), sont souvent natifs de Mayotte et de nationalité française (22)), occulte les mutations sociales et culturelles que le département induit au sein de la jeunesse ; une jeunesse à la recherche d’elle-même entre les inerties d’une structure familiale traditionnelle en voie d’éclatement et la paupérisation d’une existence pliée aux lois iniques de la marchandise et de l’argent, soumise à la violence accrue d’un rapport social capitaliste dont les milliers d’enfants et adolescents (« comoriens » et « mahorais » confondus) actuellement non (ou peu) scolarisés à Mayotte, éprouvent la terreur et la désespérance, exposés qu’ils sont à la mendicité, à la chimik (mélange de cannabis et d’alcool), aux rafles policières, etc…À cet égard, la haine que le député LR Mansour Kamardine voue à la figure expiatoire du jeune « barbare » comorien (lefigaro.fr, 28 avril) ne fait que trahir l’ampleur d’un point aveugle : celui de « Mayotte française », de son impasse et de son échec (23). Quant aux opérations de blocage devant les établissements de soins supposés favoriser les « Comorien.ne.s » (24), ils n’apaiseront pas un refoulé aussi ravageur. La surcharge des infrastructures sanitaires, dispensaires et maternités, serait due aux « Anjouanaises » venues accoucher à Mayotte, avant de repartir sans leur progéniture, promise au droit du sol… L’accusation, au relent de préférence biologique, recoupe la théorie du grand remplacement dont le député LR Mansour Kamardine (25) est l’un des plus fervents adeptes : « La politique du grand remplacement doit cesser » (Mayottehebdo.com, 24 avril) ; tandis qu’Estelle Youssouffa (26) (LIOT) évoque un « enfer migratoire à Mayotte » sur Radio Courtoisie (24 avril). De toute évidence, le Rassemblement National (à Mayotte, 59% au second tour des présidentielles de 2022) dicte le vocabulaire du champ politique mahorais. En vérité, Mayotte dispose d’un système de soins lacunaire dont 170 membres du personnel de santé hospitalier et libéraux de l’île dressent le constat alarmant dans la lettre qu’ils envoient le 3 avril aux autorités afin d’exprimer leur inquiétude quant à la catastrophe sanitaire que l’opération Wuambushu ne manquerait pas de produire.Qu’importe ! Le 2 mai, le sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi appelle à un « Wuambushu de l’éducation, de la santé et du logement » – un programme de discriminations sanitaire et scolaire, assorti de pogroms, comme y incitent ces dernières semaines plusieurs tracts (sans parler des réseaux sociaux) appelant par exemple à chasser les « étrangers » de leurs habitations, ou commandant à ces derniers de quitter Mayotte : « N’oubliez pas d’emmener vos enfants avec vous. Ils font partie de vos bagages » (Bouéni, 13 mai). À Moinatrindri, dans la nuit du 14 au 15 mai, un commando encagoulé digne des soroda enlève un propriétaire (mahorais) dont il saccage le domicile, au motif qu’il louerait à des « Comoriens » jugés illégaux. Relais d’un récit officiel qui construit et impose la figure du jeune-délinquant-comorien-en-situation-irrégulière comme la cause unique de tous les malheurs mahorais, Mayotte la 1ère recouvre le silence complice qui règne dans le village d’un « nuit de violences » suffisamment vague pour maintenir par amalgame un imaginaire favorable à Wuambushu.« Clandestins », « voyous », « bandes criminelles », « jeunes armés de machettes » ? Du point de vue de l’appareil procolonial, de sa police, de sa Justice (27) et de ses médias, l’équation semble donc évidente : « On a d’abord vu un Comorien déguisé en femme enceinte », dixit un flic à propos d’affrontements à Doujani. En réalité, ce que dissimulent les combinaisons blanches de chantier portées par certains émeutiers (comme à Tsoundzou), ce sont toutes les misères françaises d’une île qui n’en sont pas moins les mieux partagées au monde ; ce monde hostile dans lequel ils vivent, s’y montrant hostiles à tout le monde, pour paraphraser Alèssi dell’Umbria. Néanmoins, le repli tactique qu’opèrent certains « délinquants » dans les collines n’est pas sans rappeler l’histoire marronne du m’toro fugitif, en rupture avec l’impôt colonial ou l’asservissement. Dans ce cadre, l’intervention menée le 12 mai par quelques jeunes en cagoules, blouses blanches et machettes (selon Mayotte la 1ère) contre le blocage du Centre médical de Dzoumogné, témoigne d’un acte de résistance face à la manifestation xénophobe d’un ordre social inique. De même, si le caillassage d’un bus de soignants du Centre Hospitalier de Mamoudzou (Mayotte la 1ère, 17 mai) relève assez du régime de l’agression, trop souvent propice à la confusion anomique des cibles, il n’en exprime pas moins un sentiment de révolte à l’égard d’une institution de soins identifiée (à tort ou à raison) au Collectif mahorais qui en occupe depuis des jours le parvis d’entrée, incarnant de fait la perspective infâme d’un apartheid sanitaire (28).

Épilogue provisoire
À l’heure où démolitions et expulsions vers les Comores reprennent, après les revers essuyés par Darmanin ces dernières semaines, l’île aux parfums s’abîme dans les marécages nauséabonds de sa fiction identitaire, et suicidaire (29) – tandis qu’elle s’apprête à connaître les restrictions d’eau les plus importantes de son histoire. Au cours de sa prise de parole, à l’occasion du rassemblement tenu Place de la République à Paris le 15 avril dernier à l’appel du Collectif Stop Uwambushu à Mayotte (CSUM), l’écrivain et artiste comorien Soeuf Elbadawi déclare : « Je comprends que Darmanin ait envie d’expérimenter à Mayotte ce qu’il essaiera de faire plus tard, sur l’ensemble du territoire français, avec son projet de loi de l’immigration. Permettre à ce que des déplacements de population, pour ne pas dire des déportations de masse, aient lieu, est une limite que l’État français se doit de ne pas franchir (30)… Aujourd’hui, nous savons que ce sont les États qui s’allient contre les intérêts des habitants de cet espace… [Mais] la vérité, j’ai envie de dire, jamais ne se noie ».


Gamal Oya,

24 mai 2023″


Notes
(1) Grande Comore (Ngazidja), Mohéli (Mwali), Anjouan (Ndzuani) et Mayotte (Maore).
(2) Unité administrative qui prend le nom de « Mayotte et dépendances » en 1892, avant d’être rattachée à la colonie française de Madagascar en 1912 et de constituer un Territoire d’Outre-Mer à part entière en 1946.
(3) Ce vétéran du sarkozysme souhaite que « tout ressortissant comorien sollicitant un visa ou un titre de séjour pour la France reconnaisse, par écrit, l’appartenance de Mayotte à la France »… (Mayotte la 1ère, 29 avril).
(4) « 80 % des élèves de Mayotte sont des Comoriens totalement illettrés, des bébés barbus [sic], des élèves inscrits au CP en pleine adolescence » ; « Il faut exterminer toutes ces vermines » (CNews, 24 avril). 
(5) « … ces délinquants, ces voyous, ces terroristes… à un moment donné, il faut peut-être en tuer, je pèse mes mots. Il faut peut-être en tuer » (JT de Mayotte la 1ère, 24 avril). Salime Mdéré se présentait pour LREM aux élections départementales de 2021 dans le canton de Bouéni.
(6) La place des femmes est prépondérante dans le soutien public à Wuambushu. Parmi bien d’autres, Safina Soula, fondatrice du Collectif des Citoyens de Mayotte, est l’incarnation caricaturale de la chatouilleuse en quelque sorte radicalisée (à l’instar de la députée Estelle Youssouffa) : « Avec 80% de naissances d’enfants qui ne sont pas Français, Mayotte dans quinze ou vingt ans sera une île comorienne… Ce n’est rien du tout 1.000 cases. J’aurais préféré un plan global, raser toutes les cases en tôle existantes » (mayottehebdo.com, 24 avril).
(7) Lors du nouveau référendum que la France organise à Mayotte en février 1976, 99% des voix s’expriment en faveur de « Mayotte française », laquelle obtient le statut de Collectivité territoriale. Le Conseil général demeurera sous la tutelle du préfet, qui fait office de gouverneur colonial, jusqu’à juillet 2001, date à laquelle Mayotte devient une Collectivité départementale, création hybride sur la voie de la départementalisation (mars 2011).
(8) Mayotte est aussi la destination de personnes issues de l’Afrique des Grands Lacs, de Madagascar, voire du Sri Lanka.
(9) Cité in L. Giachino & R. Carayol, « ‘Étrangers’ à Maore : le fantasme de la cinquième colonne », Kashkazi, n°73, 2008.
(10) Une mise au point : les naufragés ne périssent pas en raison de la précarité qui les inciterait à rejoindre le mirage mahorais « au péril de leur vie » mais bien parce que la PAF française accule les embarcations qu’elle traque à emprunter des voies de navigation dangereuses : les eaux peu agitées des passes balisées (reliant le lagon au large) sont ainsi délaissées au profit des lames tourmentées au-dessus de la barrière de corail. De telles conditions demeurent étrangères aux mêmes embarcations qui circulent normalement entre les trois autres îles « comoriennes » de l’archipel.
(11) Le terme emprunté à la langue comorienne (et retourné contre ses locuteurs) désigne un poisson redouté du lagon, habitué à défendre son territoire en mordant les baigneurs : les Comoriens, à la mer ? Une vidéo montre deux femmes mahoraises, participant à la manifestation du 29 avril en soutien à Wuambushu, intimer à une « Anjouanaise » de se « jeter à la mer »…
(12) En effet, wuambushu procède d’une déformation morphologique du verbe uwambushu.
(13) Presque impossibles à Mayotte, où les quelques syndicats (CGT, FSU, Solidaires) et associations (caritatives, humanitaires) qui tentent d’exprimer publiquement leur opposition à Wuambushu sont l’objet d’invectives, voire de menaces, de la part des collectifs comme de la plupart des élu.e.s mahorais en faveur de l’opération.
(14) Il s’agit du quartier Talus 2 à Majicavo, sur la commune de Koungou, où vivent des familles (de nationalité française ou pas) engagées pour certaines depuis des années dans une procédure de titrisation des parcelles sur lesquelles elles se sont initialement installées avec l’aval des autorités. En fait de relogement, des lieux tels que la MJC de M’tsapéré sont réquisitionnés en guise de Locaux de Rétention Administrative, en complément du CRA (136 places) déjà saturé et sous tension (26000 retenu.e.s en 2022, triste record national). Quant à la prison de Mayotte, elle est à plus de 300% de sa capacité ! À quand les stades ?…
(15) En poste à Mayotte depuis 2021, auparavant Préfet délégué pour la défense et la sécurité (Auvergne-Rhône-Alpes), Thierry Suquet est né en 1960 à Constantine (Algérie).
(16) La même n’en préside pas moins les audiences en rapport avec des comparutions immédiates qui participent de la répression pénale en cours dans le cadre de Wuambushu.
(17) Se débarrasser de ses papiers peut éviter le renvoi vers son pays d’origine.
(18) Comble de l’ignominie, cet accord-cadre (se) raconte que « la jeunesse [comorienne] cherche un salut dans des contextes qui semblent plus accueillants et plus propices à [son] épanouissement comme Mayotte » ! Par ailleurs, le cynisme de ce « partenariat migratoire » rappelle l’accord que le Royaume-Uni a conclu avec le Rwanda, qui accepte en échange de 140 millions de livres sterling de recevoir les migrants que Londres serait dans l’incapacité d’expulser vers leur pays d’origine.
(19) Ne parle-t-on pas de pétrole, quelque part entre le Mozambique et les Comores ?
(20) Une présidence qui permettrait à Azali de réactiver le Comité Ad Hoc 7 de l’UA en rapport avec l’île comorienne de Mayotte, un comité en sommeil depuis les années 1990. Le fera-t-il ?
(21) Le sociologue Nicolas Roinsard contextualise ainsi le phénomène des « bandes » à Mayotte : « Certains ont quitté le domicile familial à la suite d’un conflit ou de l’expulsion d’un parent, d’autres pour soulager leur mère isolée et paupérisée… » (lejdd.fr, 16 mai).
(22) Certains sont nés de l’union « mixte » d’un Mahorais avec une Comorienne, mais restent perçus comme des « étrangers ».
(23) À Mayotte, près de la moitié des 18-30 ans subit le chantage systémique au salariat depuis la condition reléguée du chômage, dans une île d’environ 280 000 habitants dont un sur deux a moins de 20 ans, quand 70 % de la population vit sous le seuil national de pauvreté (moins de 30€ par jour).
(24) Depuis le 4 mai, avec le blocage puis la fermeture (sur décision du Centre Hospitalier de Mamoudzou, dont le directeur dépose plainte contre X) du Centre de consultation et de soins de Jacaranda, à l’appel du Collectif des citoyens de Mayotte, le mouvement se poursuit par l’entrave des accès au CHM ainsi qu’à la plupart des autres établissements de santé dans l’île, empêchant ainsi les « clandestins » d’accéder aux soins, dans le cadre d’une protestation coordonnée contre la suspension (levée depuis le 17 mai) des expulsions initialement prévues vers l’île comorienne d’Anjouan.
(25) Outre une propriété en Grande Comore, il possède de la famille à Anjouan, où il a célébré son grand-mariage coutumier.
(26) D’une mère d’origine belge et d’ascendance grand-comorienne du côté paternel.
(27) Comparutions immédiates, convocations de mineurs, procès sommaires, condamnations à plusieurs années de prison ferme… Darmanin brandit ses trophées de guerre : « À Mayotte, la fermeté paie. Merci aux policiers et gendarmes qui ont mené plusieurs interpellations très importantes ces derniers jours, notamment des chefs de bandes » (un tweet).
(28) Si les personnels de santé semblent désapprouver (plus ou moins ouvertement) l’entrave faite aux soins de la part des Collectifs mahorais, la Préfecture relativise les blocages qu’elle attribue à des « femmes inoffensives », complaisance manifestée le 19 mai au cours d’une audience du tribunal administratif de Mamoudzou, dans le cadre d’une requête formulée à l’encontre du préfet de Mayotte par une patiente s’étant vue refuser l’accès à l’hôpital malgré sa pathologie lourde.
(29) Ironie tragique : le 22 mai, un ouvrier mahorais de l’entreprise Tetrama, engagée dans la destruction de Talus 2 (Majicavo), est victime d’un AVC devant son propre domicile promis à la démolition…
(30) Une limite que le député LR Mansour Kamardine incite à franchir lorsqu’il propose de « réfléchir aux voies et moyens législatifs pour couper les pompes aspirantes que sont le droit du sol, l’accès au système de soins gratuits et illimités pour les étrangers… et l’obligation pour les collectivités de scolariser des enfants jetés par leurs parents sur nos plages » (lefigaro.fr, 28 avril). Le même déclare encore sur le site de Valeurs Actuelles, dont l’éditorial oblique du 5 mai s’intitule « Mayotte, laboratoire de catastrophe générale » : « L’opération de restauration de l’État de droit Wuambushu est une urgente nécessité pour Mayotte, dont il conviendra de tirer les leçons pour la métropole ».

JUILLET 2023 : Les violences policières en question

Le 7 juillet 2023, la marche pour la vérité et la justice et la justice organisée depuis 7 ans à Persan Beaumont par le comité Adama était interdite par la préfecture suite aux révoltes qui ont eu lieu après la mort de Nahel lors d’un contrôle routier à Nanterre. En réponse à cette interdiction, le comité Adama a appelé à se réunir le 8 juillet 2023 sur la place de la République, rassemblement qui a lui même était interdit et maintenu par le comité. Vous entendrez donc dans la première partie de cette émission le reportage que nous avons réalisé lors de ce rassemblement avec les prises de parole du Comité et un interview de Mahamadou Camara, frére de Gaye Camara, tué par la police en janvier 2018 d’une balle dans la tête alors qu’il était au volant de sa voiture.

Ensuite, dans une deuxième partie d’émission nous reviendrons avec Emilie du collectif stop violence policières de St Denis, sur la lutte contre les violences d’état, l’article l435-1 qui accorde le permis de tuer à la police et sur les activités du collectif au quotidien mais aussi lors des nuits de révoltes qui se sont déroulés à St Denis.

LA REPRESSION DES REVOLTES DE 2023

Depuis la mort de Nahel, tué par la police à Nanterre, la répression s’abat fermement sur celles et ceux qui sont sorti.e.s dans les quartiers pour mettre en actes leur colère. Les chiffres sont clairs : 3500 interpellé-es, 1000 déferré-es dont 250 mineurs et 400 interpellé-es.

Face à cette offensive judiciaire, La solidarité s’organise. Un appel à soutien a été fait pour se rendre dans les Tribunaux d’IDF assister aux comparutions immédiates et un appel à rassemblement devant la prison de Fresne le dimanche 9 juillet 2023 est diffusé.

Dans cette émission et en soutien à ces initiatives, nous vous diffusons un interview réalisé avec une des personnes qui s’est rendue au tribunal cette semaine. Afin d’illustrer la différence de traitement judiciaire entre les affaires de violences policières et celle des révoltes qui en découlent, nous avons ponctué cet interview d’ une partie des prises de paroles réalisées lors de la marche contre les brutalité policières organisée par le réseau entraide vérité et justice du 18 mars 2023 dernier.

Liberté pour les prisonnier.es.s du mouvement, liberté pour tou.te.s !

RDV à la gare du Parc de Sceaux (RER B) à 15h dimanche pour aller à la Maison d’arrêt de Fresnes !

MARCHE BLANCHE POUR NAHEL A NANTERRE

Dans la matinée du mardi 27 juin 2023, Nahel, 17 ans, est tué par la police, lors d’un contrôle routier à Nanterre. Depuis, tous les soirs, des révoltes ont lieux dans les quartiers populaires de France.

Le 14 juin, c’était Alhoussein Camara, un jeune de 19 ans, qui était tué par un policier lors d’un contrôle routier à Saint-Yrieix-sur-Charente dans la banlieue d’Angoulême. La nuit du 3 au 4 juin, Mozomba, un jeune homme de 28 ans, en moto, décède des suites de ses blessures après avoir été pris en chasse par la police. En 18 mois, ce sont quinze personnes qui ont été tuées par la police pour refus d’obtempérer. Systématiquement, la police invoque la légitime défense. Dans l’affaire de Nahel, une vidéo de l’interpellation a été diffusée sur les réseaux sociaux et le doute n’est pas permis : il y a intention de donner la mort sans qu’aucun danger ne soit immédiat.

Deux jours après, le 29 juin, la marche blanche qui était organisée pour Nahel à Nanterre réunissait des milliers de personnes. Au fil de celle-ci, nous avons pu rencontrer des habitants et habitantes de Nanterre, d’anciens et d’actuels militants pour l’égalité des droits et contre les violences policières, mais aussi de nombreux jeunes présents en manifestation pour la première fois. Nous avons ouvert nos micros et recueillis leur parole.

Dans un monde gouverné par l’argent et la force, ces révoltes ne surprennent personne et les problématiques qu’elles soulèvent ne sont pas inédites. Elles ponctuent l’histoire des luttes depuis 60 ans : du massacre du 17 octobre 1961, à la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, jusqu’aux révoltes de 2005. Elles sont une réponse non seulement à la violence de la police mais aussi à celle de l’ordre social qu’elle garantie.

Les chaines d’information en continu et la répression ne doivent pas nous faire oublier l’élan de solidarité qui s’est exprimé la semaine dernière à Nanterre.

Depuis le 27 juin, une colère s’exprime et des voix s’élèvent.

Écoutons-les.

Solidaires RATP antifasciste/ Grève au Technicentre de Châtillon

Le 23 juin 2023, Solidaires RATP appelait à un rassemblement antifasciste devant la maison de la RATP contre des faits de racisme et de sexismes avérés au sein de l’entreprise. En effet, “SOLIDAIRES RATP accompagne des victimes de racisme et de harcèlement après avoir dénoncé les faits. Malgré les alertes, la Direction protège les agresseurs. Sur un établissement des collègues subissent un racisme décomplexé : « il te manque plus que ta ceinture de banane » , « la France ne peut pas accueillir tous les immigrés » , « les femmes voilées c’est inacceptable en France », etc… Sur un autre établissement, une collègue se plaint de sexisme et de racisme, la Direction conclut à une affaire de personnes. Pourtant, quelques temps après, fleurissent des tags « Fuck Arabe » ou « Portugal, rasa de merda = sclavi ». ” Nous nous sommes donc rendus sur place afin de réaliser un reportage que nous vous diffusons en première partie d’émission.

Dans une deuxième partie d’émission nous reviendrons sur la gréve sauvage (c’est-à-dire sans déclaration 48h à l’avance (DII)) qui s’est déclenchée dans la nuit du 19 au 20 juin, au technicentre SNCF de Châtillon. Votée en assemblée dans la soirée, cette grève était une réponse cinglante aux sanctions lourdes que la direction voulait infliger à l’un des travailleurs suite à sa mobilisation contre la réforme des retraites. Nous vous diffusons donc l’interview que nous avons réalisé avec Rachid ( le gréviste concerné) à l’issue de leur mobilisation, le 24 juin 2023 .

MAYOTTE : Wuambushu, opération coloniale de la France

22 mai 2023, 5 h 50, les gendarmes arrivent sur le quartier de Talus II à Majicavo-Koropa, Mayotte. Plusieurs familles sortent de chez elles, derniers bagages à la main. Louis Witter

L’opération « Wuambushu » à Mayotte qui a débuté en avril 2023 après le ramadan, a pour objectif la déportation de milliers de comorien.nes en deux mois. Près d’un millier de gendarmes mobiles, de policiers et de CRS 8 vont débarquer en renfort pour détruire 10 % des cases et vont expulser plus de 250 personnes par jour vers les autres îles de l’archipel des Comores.

Ce lundi 29 mai 2023 se tenait à la baudriere a Montreuil, une journée de discussions organisé par l’AG anti-CRA Île-de-France sur la situation à Mayotte autour de l’opération Uwambushu menée par Darmanin depuis plusieurs semaines.

Dans cette émission, nous entendrons les interventions du Collectif Stop Uwambushu.
Avec une Genèse de la politique migratoire coloniale à Mayotte et ainsi que de la Rétention et du système carcéral sur l’île et nous poursuivrons avec l’entretien téléphonique réalisé par l’AG anti-CRA Île-de-France en compagnie de deux prisonniers d’un centre de rétention à Mayotte.

Régularisation des sans papiers : Créteil le 17 mai 2023

Le 17 mai avait lieu un rassemblement devant la préfecture de Créteil, à l’appel d’un certains nombres d’organisations qui luttent pour la régularisation des sans papiers afin d’obtenir un rendez vous pour contester les obligations de quitter le territoire français et interdiction de retour sur le territoire français qui ont été délivrées à plusieurs étudiants et lycéens. A cette occasion ils ont pu être rejoins par de nombreux soutiens et notamment les grévistes de Chronopost, qui eux même sont en lutte depuis plus d’un an pour leur régularisation.

Dans cette émission, nous vous diffusons un montage avec une partie des prises de parole réalisée devant la préfecture le 17 mai, accompagné d’un interview que nous avons pu réaliser par la suite avec Théo, militant pour la liberté de circulation, afin de revenir sur les enjeux politiques propres aux démarches administratives de régularisation et les perspectives de luttes soulevées par la prochaine loi asile et immigration.

REFORME DES RETRAITES : manifestation à paris et Montpellier/manifestation contre la loi asile et immigration

Ce mardi 28 mars 2023, une 10e journée de mobilisation interprofessionnelle, c’est tenu dans tout le pays contre là reforme des retraites. Les blocages et grèves se poursuivent notamment dans les raffineries et les incinérateurs.

Dans l’actualité des luttes, nous étions dans la manifestation parisienne et Montpelliéraine. À paris, nous avons rencontré les secteurs de l’enseignement et une cheminote de la gare Saint-Lazare et un point avec David, de la CGT INFOCOM sur la caisse de gréve. pour Montpellier, un point sur le blocage du dépôt de carburant de Frontignan qui fourni du carburant jusqu’au massif central, ensuite des entretiens réalisés dans la manifestation à Montpellier.

Un mot sur le projet de loi DARMANIN qui se targue de “mieux contrôler l’asile et l’immigration” et qui va être débattu dans les jours qui viennent devant le Sénat. Cette loi sera très négative pour les droits des étrangers.

Il y a une batterie de mesures pour accélérer les expulsions, limiter les droits au recours contre les décisions de justice ou de la police, limiter les cas où on est protégés de l’expulsion. SI on reçoit un OQTF*Ordre de Quitter le Territoire Français ou un IRTF** Interdiction de Retour sur le Territoire Français, on est assimilé à un délinquant étranger ; votre nom est placé sur un registre des personnes recherchées par la police. Être sans papiers en France devient un crime.

C’est dans ce contexte que se tenait ce samedi 25 mars 2023, la manifestation parisienne contre le projet de loi asile et immigration. Dans cette seconde partie d’émission, nous entendrons une prise de parole sur le contexte de ce projet de loi et un entretien sur la situation à Mayotte.

S’ORGANISER CONTRE LA POLICE

En appel à la Marche contre les violences d’état et le racisme systémique qui se déroule le 18 Mars 2023 à 14h au départ de la place de la République.

Nous vous diffusons aujourd’hui un plateau radio intitulé “S’organiser contre la police” qui s’est déroulé le dimanche 23 octobre 2022, à La Maison Ouverte (17 rue hoche 93100), dans le cadre du Festival Internationaliste ” Les Peuples Veulent 4.0″. Vous pourrez entendre Aydin Yaman (militant.e de Minneapolis, USA), des membres du collectif Los Panchos (Mexique), et des membres du collectif Defend the Atlanta Forest (USA)

Texte D’Appel à La Marche contre les violences d’État et le racisme systémique

“En 2023, pour la 27e année consécutive, l’appel du Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) de Montréal est lancé pour faire du 15 mars la Journée Internationale contre la brutalité policière.

En France, afin de rompre l’isolement, de dénoncer l’impunité et l’immunité accordées aux agents assermentés face à la justice et de rendre hommage aux victimes, les familles de personnes assassinées, les victimes blessées et mutilées ont répondu à l’appel dès 2011. Elles se sont passé le relais depuis pour faire de la mi-mars le moment de convergence de toutes les personnes victimes de violences et de crimes d’État.

Cette année le Réseau d’Entraide Vérité et Justice, constitué de familles de victimes tuées par la police et la gendarmerie, de familles qui ont perdu un proche tué en prison ou suite à des disparitions forcées, et de personnes blessées et mutilées par les forces de l’ordre, porte l’organisation de cette journée avec des collectifs féministes, antiracistes, antifascistes, de personnes exilées, de sans-papiers et de collectifs en lutte contre les violences et crimes d’État.

Le samedi 18 mars 2023, le Réseau d’Entraide Vérité et Justice appelle à marcher toutes et tous ensemble dans toutes les villes et tous les pays.
Vérité, Justice et Réparations pour toustes !”

Pour soutenir le Réseau d’Entraide Vérité et Justice via Hello Asso

MANIFESTATIONS : contre la réforme des retraites/ contre la loi asile et immigration

En ce jour de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, nous décidons de vous diffuser plusieurs reportages. Tout d’abord un reportage qui a été réalisé lors de la manifestation contre la réforme des retraites du jeudi 16 février 2023 dernier à Paris. Ensuite nous vous diffuserons un reportage qui lui a été réalisé lors de la manifestation du 18 février 2023 contre le projet de loi asile et immigration qui partait de la Porte Dorée en direction du Centre Administratif de Rétention de Vincennes. En effet, le mercredi 1er février 2023, le projet de loi sur l’asile et l’immigration a été présenté en Conseil des ministres. Il devrait être présenté au Sénat en mars puis à l’Assemblée nationale avant l’été. Ce 22ème texte en 30 ans confirme une fois de plus l’érosion des droits des personnes exilées en France. Dans cette émission nous vous diffusons ces deux reportages car il est nécessaire de faire le liens entre différentes attaques du gouvernement afin de les combattre.

CONTRE LA LOI ASILE ET IMMIGRATION

En appel à la mobilisation contre la loi Asile et Immigration du 18 février 2023, dont le départ de la manifestation sera à 14h à porte Dorée en direction du Centre de Rétention de Vincennes; nous vous diffusons aujourd’hui le montage de la rencontre qui avait lieu le 8 février 2023, à la Flèche d’or, dans laquelle vous entendrez un ensemble de collectifs qui participent de cette mobilisation.

LA HORDE : Quelle normalisation pour le Rassemblement National ?

Nous invitons pour cette émission le collectif « la horde », qui existe depuis maintenant 10 ans. La Horde se propose de fournir un matériel antifasciste d’information et de propagande, entre autre son jeu « antifa » qui a attisé quelques polémiques qui ont plutôt fait de la publicité au jeu.

Nous parlerons avec Hervé de la normalisation du front national qui ne date pas d’hier. Le Front National, maintenant appelé le Rassemblement National, est en apparence l’épouvantail des régimes dits démocratiques. Ces régimes s’en servent pour se reconduire à chaque élection, pour nous effrayer à chaque réforme antisociale : « Attention, ça ne sert à rien de vous révolter, car le réforme passera de toute manière, et vous allez alimenter le mécontentement qui profitera à l’extrême droite ! »

Nous lui avons demandé ce que ça changé d’avoir plus de 80 député-e-s Rassemblement national dans l’hémicycle, car on ne les entend pas beaucoup, ni lors des débats, ni dans la rue ?

Est ce que le RN pourrait être une alternative de droite en France, comme pour d’autres pays Européens ?

Quels sont les rapports entre le RN et les groupuscules d’extrême droite ou fascistes ? Ces groupuscules sont ils plus actifs aujourd’hui car nous avons l’impression qu’ils ont des apparitions publiques en France fréquentes ; ils attaquent des librairies anarchistes, des cortège du NPA, des supporters marocains sans que les pouvoirs publiques ne s’en émeuvent et ne réagissent juridiquement ?

Et pour finir, nous parlerons du jeu Antifa.

AG CONTRE LA LOI ASILE ET IMMIGRATION 2023

Le nouveau projet de loi Asile & Immigration conduit à une négation radicale des droits fondamentaux des migrant-es. Le projet s’inscrit délibérément dans une vision utilitariste et répressive. Les migrant-es sont déshumanisé-es et considéré-es uniquement comme de la potentielle main d’œuvre. Le droit du séjour et le droit d’asile vont être encore plus restreints. Le projet prévoit des moyens pour empêcher d’accéder ou de rester sur le territoire, au lieu de les utiliser pour accueillir dignement celles et ceux qui fuient la guerre, la misère ou les conséquences du dérèglement climatique.

C’est l’ensemble des droits des étranger-es qui est en danger. Il est de la responsabilité de nos organisations, associations, collectifs et syndicats de réagir. En 2006 déjà, nous étions uni-es contre l’immigration jetable, nous appelons donc à nous mobiliser contre cette réforme qui, si elle était adoptée, accentuerait encore le fait que les étranger-es en France, soient considéré-es comme une population de seconde zone, privée de droits, précarisée et livrée à l’arbitraire du patronat, de l’administration et du pouvoir.

Le 20 janvier 2023, à la bourse du travail de Paris, avait lieu une assemblée générale afin d organiser une mobilisation contre ce projet. Aujourd’hui, nous vous diffusons une partie des prises de paroles qui ont eu lieu à cette occasion.

“Les frangins” de ABDEL BENYAHIA

Le mercredi 7 dernier dernier sortait en salle le film ” Nos frangins” de Rachid Bouchareb. Dans ce film, le réalisateur reprend les affaires de crimes racistes et sécuritaires de Malik Oussekine et Abdelouahad Benyahia commis dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Or, la famille de Abdel Benyahia critique le produit fini autant que la démarche du réalisateur. En réponse à sa sortie en salle, les fréres d’Abdel ont publié un texte ( ci-dessous) afin de faire entendre leur point de vue. De plus, ils ont organisés une soirée au cinéma l’étoile à la Courneuve le vendredi 1 décembre dans laquelle était diffusé “Mémoire pour Abdel” un film documentaire d’intervention réalisé par l’Agence Im-media à l’époque de la lutte menée par la famille, puis “Nos frangins”, afin ensuite d’ouvrir un débat avec les personnes présentes. Dans cette émission nous vous diffusons une partie des prises de paroles réalisées à l’occasion de cette soirée, entrecoupé d’extrait d’archives du film “Mémoire pour Abdel”.

Texte “Nous Frangins d’Abdel”:

“Nous, frangins d’Abdelouahab Benyahia, dit Abdel, n’avons pas été concertés pour le film Nos Frangins, qui évoque les morts d’Abdel à Pantin et de Malik Oussekine à Paris, tués par des policiers dans des contextes différents, la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Et notre père n’a pas du tout été informé de ce projet de film. Or un des rôles principaux, joué par un comédien, est censé le représenter aux lendemains du drame. Personne n’a demandé l’accord préalable de notre père.

A titre de comparaison, Antoine Chevrollier, le réalisateur de la mini-série Oussekine diffusée en mai 2022, nous avait demandé l’autorisation de reproduire ne serait-ce que la banderole avec le portrait d’Abdel, ce que nous lui avons volontiers accordé.
Le réalisateur de Nos Frangins lui, reconnaît qu’il n’a pas associé les familles au projet, volontairement, qu’il a juste parlé au téléphone avec un d’entre nous, « mais très peu ».*


C’est inadmissible, et nous tenons à le faire savoir haut et fort sur la place publique, sans préjuger de possibles poursuites pour atteinte à l’image ou à la réputation de notre famille. Alors certes, il s’agit d’une fiction cinématographique, mais le cinéma ne permet pas tout et n’importe quoi, surtout lorsqu’il s’agit de faits et de personnages réels cités en nom propre. Est-ce par ignorance ou par choix délibéré que notre père apparaît dans cette fiction comme un personnage effacé et hagard, qui subit et accepte sans broncher les injustices, contrairement aux jeunes ?


A travers cette caricature, le réalisateur prétend tracer un portrait représentatif des immigrés de la première génération qui d’après lui rasaient les murs. C’est stéréotypé, indigne et surtout, nous concernant, complètement faux ! On ne peut pas généraliser ainsi. La singularité de notre père, c’est d’avoir pris la parole très tôt et d’avoir manifesté à chaque fois dans le cortège de tête. Même si on s’est réparti les tâches, il a suivi les événements de bout en bout.

Photos et images vidéo l’attestent : dès le lundi 8 décembre 1986, notre père intervient publiquement lors d’une conférence de presse transformée en meeting improvisé à La Courneuve, tout en brandissant le portrait d’Abdel. Le lendemain, il est à la tête de la manifestation partie de la cité des 4 000 où nous habitions alors, et qui ira jusqu’aux Quatre Chemins, sur le lieu du drame.
Toute la famille y participe. Avec notre maman, bien sûr !
Pourquoi dans cette fiction, notre famille réunie est-elle si absente ?


Par ailleurs, le réalisateur prétend que la rencontre entre la famille de Malik et la notre « n’a pasexisté » 2, mais qu’il la suscite grâce à sa fiction. Encore une fois, c’est faux. Différents membres des deux familles se sont bien rencontrés à plusieurs reprises, par exemple lors de réunions ou de meetings du Comité Justice pour Abdel. Et dès nos premières manifs, nous avions une grande banderole qui disait « Abdel, Malik, plus jamais ça ! ». Puis nous avons défilé ensemble lors d’une manifestation à Paris, un an après, derrière la banderole « Nous n’oublions pas ». D’autres familles aussi étaient présentes, dont celles des blessés victimes de la répression policière des manifestations étudiantes contre le projet de réforme Devaquet. Enfin, l’opposition sociale entre nos deux familles, sous-entendue par ce film, est grotesque. Le grand frère de Malik est présenté comme un jeune entrepreneur à belle allure qui sait tenir tête à l’inspecteur de police, tandis que nous autres sommes réduits à la caricature d’un gamin de banlieue à la révolte erratique. Pourtant, avec les Amis d’Abdel et le comité, avec les avocats aussi, nous sommes restés mobilisés jusqu’au bout, dans une dynamique collective dont nous sommes fiers. Nous avons ainsi obtenu, entre autres, la requalification du meurtre d’Abdel en homicide volontaire, l’incarcération puis la condamnation du policier à sept ans fermes. Nous savons que cela ne suffira pas pour que les crimes cessent. Mais, plutôt que de débattre sans fin sur la lourdeur appropriée de la peine, rappelons le message public de notre père à la fin du procès en novembre 1988 : « Mon fils est parti. On est là pour les vivants, on est là pour que d’autres policiers ne tirent pas encore ».


Nos Frangins n’apporte aucune révélation, aucun élément nouveau dans l’affaire Abdel, soit disant cachée ou oubliée. Ce film de fiction permet peut-être d’en reparler au grand public, mais cela au risque d’une distorsion des faits et de la défiguration de ses protagonistes. Il passe notre mobilisation à la trappe. Sans doute a-t-elle été trop indépendante par rapport à certaines organisations qui ont échoué dans leur velléité de nous instrumentaliser et qui, avec ce film, tentent de recommencer ! Mais ils n’effaceront pas nos traces. Notre mémoire est là, intacte, et nos archives
aussi. Nos tracts, photos, bandes sons, vidéos etc. sont disponibles pour les gens intéressés et pour les générations futures.

Vous pouvez d’ores et déjà les consulter.

La Courneuve, 2 décembre 2022″


Contact Frangins d’Abdel :
Moustafa Benyahia- razwet@gmail.com

VERITE ET JUSTICE POUR CLAUDE JEAN PIERRE

Le 3 décembre 2022 de 20h30 à l’aube, à la STREET DREAM GALLERY, 53 rue Jules Vallès à 93400 Saint-Ouen aura lieu une soirée d’ hommage à Claude Jean pierre. Claude Jean-Pierre, 67 ans, est mort le 3 décembre 2020 au centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre. Il y avait été admis en urgence douze jours plus tôt, le 21 novembre, à la suite d’un contrôle de gendarmerie à Deshaies, dans le nord-ouest de l’île. Depuis, Fatia ( sa fille) et Christophe ( son conjoint) se battent pour la vérité et la justice en s’investissant dans les luttes en Guadeloupe et dans l’Hexagone.

A l’occasion de cet évènement, nous avons réalisé avec eux un entretien le 28 novembre 2022, dans lequel nous revenons sur leur combat contre les violences d’état et la manière dont ils l’articulent avec les combats qui ont rythmé l’année 2020-2021 en Guadeloupe.

Meeting contre le racisme et pour l’égalité

L’ « Ambassade des immigrés », c’était une occupation organisée par un groupe de 80 immigrés, depuis le 18 avril 2022, dans le 9ème arrondissement de Paris, dans un bâtiment qui appartenait à une filiale de la Société générale. L’objectif du lieu était de protéger les gens de la rue, d’avoir une base d’organisation pour lutter afin d’obtenir papiers et logements, mais aussi de permettre des rencontres entre collectifs, associations et individus.

Le jeudi 03/11 à 18h au local de Solidaires (31, rue de la Grange aux belles) avait lieu un meeting contre le racisme et pour l’égalité. Cet événement faisait suite à l’expulsion le 19/10 par 180 gendarmes de l’Ambassade des Immigrés (raflant au passage 6 habitants); mais aussi, à la mise en place le 27/10, d’un immense dispositif policier de rafle à La Chapelle, laissant 500 personnes sur le carreau. Depuis, 200 immigrés de La Chapelle résiste au harcèlement policier et tiennent la rue.


Dans cette émission vous entendrez donc un montage des prises de paroles réalisées à cette occasion avec les membres du collectif La Chapelle debout!; les habitants de l’Ambassade des immigrés et Nicolas De Sa-Pallix, président du Syndicat des Avocats de France Paris.

LETTRE OUVERTE DE L’ AMBASSADE DES IMMIGRES

” Monsieur le Président de la République,

Les noms de nos pays et de nos dictateurs diffèrent mais nos histoires sont les mêmes. Nous, les immigrés, n’avons pas trouvé le droit de vivre dans nos pays.

Comme tout le monde, nous aurions aimé travailler, étudier et apprendre.

Nous n’avons jamais voulu partir.

Dans nos pays, nous avons échappé à la mort, certains d’entre nous se sont échappés de prison. Parce que nous  n’avons pas trouvé le droit d’y vivre, nous avons traversé le Sahara puis nous avons risqué notre vie en traversant la Méditerranée. 

Pendant ce voyage nous avons perdu beaucoup trop d’entre nous.

Lorsque nous sommes miraculeusement arrivés sur les côtes européennes, nous étions heureux car nous croyions alors être en sécurité dans des États de droit, particulièrement en France.

Mais lorsque nous sommes arrivés, nous sommes allés à la préfecture, nous avons donné nos empreintes et nous avons été Dublinés hors de France. On nous a promis que notre Dublin prendrait fin après 6 mois et nous  ne savions pas, alors, qu’en réalité nous pourrions attendre deux ans avant d’être convoqués à l’OFPRA. On nous met en procédure accélérée illégalement. On nous coupe l’argent, le logement et on ne nous laisse  rien.

Il faut connaître la loi pour pouvoir se défendre.

Quand on a aucune aide pour être réintégré dans le système, en être écarté est lourd de conséquences.

Aujourd’hui, même la rue nous est interdite.

La police vient à 3h, à 4h du matin. Ils attendent que nos tentes soient vides puis nous gazent et lacèrent nos tentes pour qu’on ne puisse pas y retourner.

Nous avons rencontré ici de plus grands problèmes encore que dans nos pays.

C’est alors que nous nous sommes demandé si, ici, nous étions vraiment des êtres humains, si nous avions vraiment le droit de vivre.

Après tout ça, ils nous déboutent de l’asile, sans raison. Ils nous trimballent à la CNDA, que nous attendons toujours trop longtemps.

On nous déporte alors que pour certains nous sommes là depuis 6 ans, 7 ans.

Et parmi celles et ceux d’entre nous qui ont arraché des papiers, beaucoup sont malgré tout à la rue. A quoi bon avoir des papiers mais pas de logement après 10 ans.

Ils auraient peut-être dû couper notre droit de séjour en deux : 5 ans de papiers et 5 ans de logement.  Nous avons donc décidé avec toutes les nationalités, pour nous protéger de la police, du froid et de la pluie,  de prendre possession de ce bâtiment.

Nous voulons les mêmes droits et la même considération que les Ukrainiens, que les migrants qui sont blancs. Nous remercions encore les personnes solidaires qui nous ont accompagné dans cette démarche. Du fait du rejet et du refus du gouvernement français, beaucoup d’entre nous sont devenus fous, se sont  suicidés, ont sombré dans l’alcool, la drogue, ont été rendus muets. 

Nous, les migrants, nous demandons donc au gouvernement français :

– des papiers

– de casser Dublin

– le droit de travailler

– des logements

Tout cela pour pouvoir assumer la responsabilité de nous-mêmes et de nos familles restées au pays.

Pour accéder à nos demandes et à nos droits fondamentaux, nous demandons à ce que vous saisissiez  les autorités compétentes afin que nous puissions les rencontrer.

Les habitants de l’Ambassade des immigrés du 17 rue Saulnier à Paris

Lien vers la cagnotte anti représsion :

https://www.okpal.com/solidarite-avec-l-ambassade-des-immigres-expulsa/#/

APPEL A LA MARCHE POUR YANIS 2022

“Le 3 juin 2021, notre fils, notre frère, notre ami Yanis, jeune dyonisien de 20 ans, mourrait de ses blessures après avoir été pourchassé dangereusement par un véhicule de la BAC quelques semaines auparavant.
Certains diront qu’il aurait dû s’arrêter. Il était à l’arrêt. Il rentrait chez lui accompagné d’un ami, chacun sur un scooter. Au bout de sa rue, un véhicule de la BAC a foncé droit dans leur direction. La panique. La peur. Après des années de violences et d’humiliations de la part des policiers dans nos quartiers populaires, précaires et racisés, ils ont fui. La BAC a décidé de les prendre en chasse. Plusieurs témoins témoignent de la dangerosité du véhicule de police lors de cette poursuite.

Une circulaire, envoyée à tous les commissariats et régulièrement mise à jour depuis 2005, interdit pourtant la poursuite des deux-roues sauf en cas de crime de sang. Ce n’était donc pas le profil de Yanis. Ce n’était pas non plus celui de Maïcol (mort en en janvier 2021 à Nice), de Curtis (mort en 2017 dans l’Essonne), d’Ibo (mort en 2019 à Sarcelles) ou de Sabri (mort en 2020 à Argenteuil) ou de Miguel (mort en 2020 à la Réunion). Tous ont perdu la vie après que leur moto, scooter ou quad aient été dangereusement pourchassé et/ou violemment parchoqué par la police.

Depuis le début de la mobilisation, nous avons constaté trop d’incohérences, que ce soit sur la course poursuite en elle-même, ou lorsque Yanis a été retrouvé au sol. Les témoignages mis à notre disposition contredisent la version policière. C’est pourquoi nous ne cesserons de lutter pour que la Vérité éclate que Justice soit rendue pour Yanis et ses proches.

Engagés depuis maintenant 18 mois pour faire éclater la vérité sur ce terrible soir où il a été percuté, l’association JUSTICE ET VÉRITÉ POUR YANIS appelle à la mobilisation et à la solidarité lors de la deuxième journée de commémoration et d’action en la mémoire de Yanis qui aura lieu le samedi 5 novembre 2022, à partir de 14h à Porte de Paris (Saint Denis).

Nous, l’association Vérité et Justice pour Yanis, dénonçons :

  • les violences policières subies depuis de longues années dans nos quartiers, avec une hausse croissante de l’impunité (contrôles au faciès, amendes, humiliations, coups, déclarations mensongères, refus de prendre des plaintes…)
  • le silence des administrations publiques face aux victimes
  • le racisme délétère et systémique de l’institution policière
  • toutes les formes d’injustices couvertes par l’État

Nous marcherons pour :

  • que cesse le silence des administrations publiques et de la justice devant le drame que la famille de Yanis vit depuis 18 mois
  • réclamer à nouveau l’accès à la vidéosurveillance dont une partie est directement gérée par les services de la mairie de Saint-Denis afin d’avoir accès aux faits exacts qui se sont déroulés le soir de la poursuite et de pouvoir poursuivre, s’il y a lieu d’être, les responsables de la mort de Yanis en justice
  • que soit enfin respectée la circulaire qui préconise de ne pas prendre en chasse les véhicules à deux-roues sauf en cas de crime de sang que cessent toutes les formes de violences policières, pénitentiaires et d’État sur notre territoire
  • que les polices, en tant qu’administrations publiques, rendent des comptes aux citoyens

L’association JUSTICE ET VÉRITÉ POUR YANIS est membre du réseau Entraide, Vérité et Justice qui accompagne et fédère les victimes survivantes et les familles de victimes de violences policières, pénitentiaires et d’État. Au niveau local, nous soutenons la mise en place d’un collectif « anti violences policières » dont l’objectif est de créer un réel rapport de force face à la politique sécuritaire inquiétante qui s’est mis en place à Saint-Denis et qui s’est accrue en vue de la préparation des Jeux Olympiques 2024. Cette marche sera l’occasion de rappeler que Yanis n’est pas la seule victime des violences policières sur notre territoire.


Nous donnons rendez-vous le samedi 5 novembre, à 13h30 à Porte de Paris (ou 13h à Pont de Soissons pour départ collectif vers la manifestation) pour rendre hommage à Yanis et à toutes les victimes de violences policières.

Le dimanche 7 novembre 2021, plus de 200 personnes avaient marché à Saint-Denis contre l’impunité policière à l’appel du Comité Justice et vérité pour Yanis. De nombreux soutien avaient répondu présents à l’appel du comité, et notamment le réseau d’entraide Vérité et Justice, Justice pour Ibo, Vérité et justice pour Gaye, le collectif Vies Volées mais aussi des Gilets jaunes avec le collectif des Mutilé.e.s pour l’exemple etc. Dans cette émission et en appel à la marche qui se déroulera le 5 novembre 2022, nous vous diffusons une interview réalisée avec une des membres du collectif le 3 novembre 2022 dernier, et une partie du reportage que nous avions réaliser lors de la marche de l’année dernière.

Pour plus d’infos :

https://justiceveritepouryanis.webnode.fr/marchepouryanis/

Pour soutenir financièrement l’association :

https://www.cotizup.com/marche-pour-yanis

Appel : la marche féministe antiraciste/Cinéma des luttes : Ibis

Dans cet émission nous vous diffusons, dans une première partie, un reportage réalisé le dimanche 9 octobre 2022 sur le marché de st Denis en appel à la marche antiraciste féministe du 15 octobre prochain. Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffuserons les interviews réalisés suite à l’avant première du film ” la révolte des femmes de chambre” autour de la lutte menée à l’Ibis Batignolle contre la sous-traitance et les discriminations démarrée en 2019 et victorieuse en mai 2021.

L’appel de la marche:

“Le 2 octobre 2002, mourrait brulée vive Sohane Benziane à Vitry. Elle a été tuée par son ex compagnon, dans le local poubelle de son immeuble. Sa mort a bouleversé une génération de femmes de quartiers populaires, choquées par la violence des faits. Une mobilisation sans précédent a vu le jour pour dénoncer les féminicides, les violences sexistes et sexuelles dans nos quartiers, et ce avant le mouvement #MeToo. Cette colère légitime a pourtant été récupérée par le PS et son mouvement Ni Pute Ni Soumise.

Cette récupération d’Etat a ciblé les hommes des banlieues comme des barbares sexistes. Ce mouvement a voulu faire de la France et de sa République, le seul outil de libération possible des femmes des quartiers populaires. Depuis, nous vivons un conflit de loyauté qui nous condamne au silence, reproduisant le fameux “laver son linge sale en famille”.

Pourtant, tous les ans, nous continuons à compter nos mort·es et mutilé·es : Dinah, Alisha, Melissa, Farida, Fouad, Vanessa Campos… Les féminicides sont le haut de l’iceberg des violences faites aux femmes : agressions, harcèlements, suicides, corps abîmés par l’exploitation. Les femmes voilées subissent des violences racistes et sexistes spécifiques dans le contexte islamophobe actuel.

Il est temps d’organiser une riposte féministe antiraciste à la hauteur des enjeux.

Nous dénonçons :

  • L’impunité des hommes violents qui traverse tous les milieux, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat (Hulot, Darmanin, Abad…).
  • la vision raciste du féminisme d’Etat, ciblant clairement les hommes des quartiers populaires
  • Les structures patriarcales dans nos familles : violences, tabou sur les sexualités, éducation différente des filles et des garçons (charge administrative, travail domestique, gestion des enfants et des ancien.ne.s )
  • L’impunité des hommes violents et la culture du viol dans les milieux militants.
  • Le sexisme et le racisme dans les commissariats quand nous portons plainte pour violences. La justice n’est qu’une façade : les hommes violentent, la justice acquitte.
  • Les silences autour des violences policières vécues par les femmes et les lgbtqi+ dans nos quartiers et lors de manifestations.
  • L’impunité policière, les méthodes létales d’interpellation qui mutilent et tuent dans les quartiers. Le système carcéral tue aussi. Vérité et Justice pour les familles de victimes.
  • Le manque de moyens pour la formation des personnels de santé et d’éducation sur le sujet des violences, des sexualités, des LGBTQIphobies et du harcèlement scolaire. L’accès à la contraception et l’IVG doivent rester gratuits et accessibles dans tous nos quartiers.
  • Le manque de lieux gratuits pour notre réparation face aux traumatismes : congés maladie non rémunérés, coût excluant des prises en charge psy…
  • La précarité et les bas salaires enfermant les femmes dans un lien de dépendance avec leurs conjoints violents (papiers, logements, salaires, gestion de la garde et des pensions alimentaires, calcul AAH Allocation Adulte Handicapé·e).
  • Le racisme d’Etat subi par les femmes et/ou LGBTQI+ sans papiers, exilé.e.s : régularisation sans conditions de tou·tes les sans papiers, liberté d’installation et de circulation !
  • La précarisation des travailleur·euses du sexe par des lois putophobes. Soutien inconditionnel envers ces travailleur·euses, notamment trans, qui en paient le prix fort : harcèlements policiers, violences, assassinats…
  • L’échec du système scolaire dans nos quartiers et la misère sociale qui poussent la jeunesse à la prostitution, comme seule issue possible.
  • Les LGBTPhobies : PMA au rabais, les violences physiques, médicales et administratives sur les personnes trans, la mutilation des enfants intersexes. Les Prides des banlieues et Radicales doivent être des temps de mobilisations de toutes les forces antiracistes, en soutien avec les concerné·es.
  • La criminalisation des mouvements militants : antifascistes, antisionistes, Gilets Jaunes etc. Les féministes des quartiers populaires sont de tous ces combats : s’attaquer à un.e de nous, c’est s’attaquer à tou·tes

Nous marcherons donc le 15 octobre 2022 dans les rues de Saint Denis.

Nous marcherons pour que cesse notre silence collectif face aux violences : que notre bourreau soit l’État, intime ou nos camarades de lutte. Nous marcherons pour porter un féminisme populaire antiraciste, en rupture avec le féminisme d’Etat. Nous marcherons pour honorer les mort·es et pour protéger les vivant·es.

Nous marcherons pour mettre au centre des débats : nos combats, nos réparations et nos victoires.

Qu’avec les noms de : Zyed, Bouna, Adama, Lamine ou Yanis et toutes les victimes de la police résonnent aussi dans nos quartiers les noms de : Sohane, Fouad, Dinah, Melissa, Alisha, Farida, Vanessa Campos, Ivana… et toutes les victimes des violences sexistes, LGBTQIphobes et sexuelles.

Nos quartiers ne sont pas des déserts féministes !

Rendez-vous à la basilique de Saint-Denis le samedi 15 octobre à partir de 14 h pour une marche par et pour les habitant.e.s des quartiers populaires.

CHRONOPOST/RSI/DPD COUDRAY: une lutte pour la régularisation

Depuis maintenant bientôt un an les trois piquets de gréve de DPD Coudray, Chronopost, et RSI ( agence d’interim) sont en gréve reconductible pour leur régularisation.

Notre émission a pu réaliser de nombreux reportages lors de cette dernière année. Néanmoins, nous n’avions pu les recevoir dans les studios de Fréquence Paris Plurielle. Le 26 septembre dernier, et en vue de la “rentrée sociale”, il nous a semblé important de les accueillir afin de pouvoir faire un point de bilan sur les différentes étapes de la lutte l’année dernière afin ensuite de pouvoir envisager l’avenir.

Nous vous diffusons donc aujourd’hui une émission d’un format d’une heure et trente minutes, réalisé avec un membre de chacun des piquets de gréve qui permet de faire un point sur leur actualité et de revenir sur les stratégies de luttes qui s’offrent à nous.

Pour les soutenir :

https://www.cotizup.com/sanspapiersdpd

5 et 6 DÉCEMBRE 1986 : mort d’Abdel Benyahia et de Malik Oussekine

Malik Oussekine est assassiné à Paris dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, lors d’une manifestation étudiante contre la loi Devaquet. Étudiant à dauphine, il rentrait chez lui, rue Monsieur le prince, quand il s’est fait tabassé à mort par les voltigeurs. Une série de quatre épisodes réalisée par Antoine Chevrollier produite par Disney plus, ravive cet événement et nous donne l’occasion d’en ressuscité un autre.

Le même jour, aux quatre chemins à Pantin, Abdel Benyahia était assassiné par un inspecteur de police judiciaire. Ce policier, ivre, bien que n’étant pas en service, avait conservé son arme de fonction (en 1986 ce n’était pas légal) et sûr de son impunité, a tiré à bout portant sans sommation. Abdel avait 20 ans, il habitait chez ses parents à la cité des 4000 à la Courneuve et faisait un stage d’agent d’accueil et d’information à la cité des sciences de la Villette.

Pourquoi la plateforme Disney+ a-t-elle produit cette série ? Étudiant à Dauphine, amateur de club de jazz, s’intéressant peu à la politique en pleine mobilisation étudiante ; Malik Oussekine incarne la victime consensuelle, un exemple d’intégration. Il n’avait pas bu ni fumé, n’avait pas de casier, ne militait pas, n’a pas été abattu au bas d’une cité HLM ou lors d’un contrôle routier.

Un autre argument à du peser en faveur de la minisérie ; Dans leur regard (When They See Us) d’Ava DuVernay. Mise en ligne en 2019, la réalisatrice utilise, elle aussi, les codes des séries commerciales pour raconter le calvaire judiciaire de cinq jeunes Afro-Américains condamnés à tort pour le meurtre d’une joggeuse. Elle constitue à ce jour un des plus gros succès d’audience de Netflix.

L’histoire retiendra l’affaire de Malik Oussékine et occultera celle d’Abdel benyahia. Le temps construit ces récits et en tait d’autres pour continuer à dissimuler le racisme de classe qui perdure toujours 26 ans après les faits.

Déjà à l’époque, il aura fallu deux jours de révolte dans la cité des 4000 pour qu’une information judiciaire soit ouverte. Les parents et les amis d’Abdel attendront plusieurs jours avant de connaître la terrible nouvelle. Les médias passeront sous silence cet assassinat.

Mais replongeons-nous dans le contexte de cette année 1986. A l’époque, nous sommes en pleine cohabitation. François Mitterrand est Président de la République, Jacques Chirac, devient son Premier ministre après que le RPR ait remporté les élections législatives en mars 1986. Charles Pasqua est alors ministre de l’Intérieur et Robert Pandraud est son délégué à la sécurité. Depuis le 25 novembre 1986, étudiants et lycéens manifestent contre le projet Devaquet.

Un mouvement de jeunesse, des LEP aux facs, déferle dans les rues, un million de manifestants crie leur refus d’un nouveau projet de loi renforçant la sélection dans les universités et l’orientation après la 5ème. Une main arrachée, un œil crevé, un mort, le gouvernement frappe fort. Mais c’est aussi le code du travail qui est réformé en favorisant les licenciements, la flexibilité, les emplois subventionnés et sous-payés (TUC). Ce sont également les lois Pasqua contre les étrangers et la loi Chalandon qui criminalise les consommateurs et petits dealers… Qui viendront peupler ses nouvelles prisons, la création des peines incompressibles pour qu’ils y restent.

Trois jours après les faits, le 10 décembre, le mouvement étudiant, organise une grande manifestation silencieuse, sans slogans, sans banderoles, ce que les pacificateurs appellent « digne » ; c’est-à-dire sans désigner les responsabilités. Les habitants de la Courneuve qui avaient manifesté la veille jusqu’à Pantin, ont rejoint les 200000 manifestants parisiens pour crier leur colère. Ils ont pris la tête du cortège avec des banderoles et le portrait d’Abdel. Pendant que les organisateurs du mouvement étudiant, la famille de Malik et maître Kiejman avocat proche de Mitterrand négocient en haut lieu pour que rien ne change, pour que la police soit blanchit. Du côté de la Courneuve, c’est une toute autre stratégie qui est choisie. Le 10 décembre 1986, Devaquet est remercié, sa loi abrogée et les voltigeurs dissous, pour mieux refaire surface quelques années plus tard.

Immédiatement après la mort de Abdel la famille et les ami(e)s d’Abdel se mobilisent et le resteront jusqu’au procès. Autour se constitue un commité de soutien très actif. Manifestations, meetings rassemblant jusqu’à 2000 personnes, tractage dans la ville, devant les lycées… Informer, rassembler, s’élargir.

Il est intéressant de noter que le comité a su intégrer toutes les tendances et contradictions parmi les jeunes : il n’a pas marginalisé les plus violents, il a compris leurs légitimités et les a intégrés dans la mobilisation qui a touché toute la cité, et au-delà. Des militants autonomes ont participé au comité, sans distinction de couleur, car les violences policières regardent toute la population et surtout celles et ceux que le système capitaliste accule à la débrouille, à la marginalité, à la pauvreté, à la répression.

Un pôle d’Avocats est nommé dont Maître Verges qui participe aux différents meetings, travaille en relation avec la famille et le comité de soutien, informe de l’avancée du dossier, engage à se mobiliser : « Nous sommes surtout là pour protester contre la discrimination, nous ne voyons pas comment à l’avenir vous pourrez jeter un seul jeune ou adulte en prison quand vous laissez le meurtrier d’Abdel en liberté. Le seul recours, c’est l’appel à l’opinion, non seulement à travers des articles dans des journaux équilibrés, mais à travers des manifestations populaires ou vous étés tous réunis ».

Appuyé par les mobilisations à la préfecture et lors de la reconstitution, ont su mener la bataille d’une manière offensive et transparente sur le terrain juridique. Six mois après les faits, le meurtre est requalifié en « homicide volontaire » et Savrey est incarcéré. Lors du procès qui s’est déroulé en novembre 1988, il écopera de sept ans de réclusion.

Les deux policiers dans l’affaire de la mort de Malik prendront cinq ans avec sursis et trois ans avec sursis.

Vous pouvez trouver sur YouTube, « Abdel pour mémoire » un film réalisé par l’agence IM’média. https://youtu.be/UwJrMapSC3c

Lire sur Archive autonome la brochure L’État assassine « meurtres racistes et sécuritaires »

sur internet : RUSH_ARCHIVE_1987.01.0http://Abdel_Benyahia9_ParloirLibre_meeting_Abdel_Benyahia_LaCourneuve_puis_manif_interviews

Nous sommes en studio en compagnie de Nadia, Mogniss et Guy, qui ont vécut les mobilisations pour Abdel Benyahia

Pour un débat : tract diffusé lors du procès le 23 novembre 1988

Nous sommes quelques-uns a avoir participe au comite Justice pour Abdel
et les autres . Si nous sommes, et avons toujours été persuadés de la
nécessite de la mobilisation de masse comme réponse à la violence policière,
nous pensons cependant qu’il y a des contradictions difficiles, voire impossible à surmonter pour que cette mobilisation puisse avoir lieu :

peut on s’allier avec des gens qui participent à la répression ?
1er exemple : l’amicale des Algériens en Europe assume la responsabilité
d’avoir soutenu la répression féroce qui s’est abattue sur la légitime
révolte de la jeunesse algérienne en 86. Pourtant un de ses représentants est
intervenu en toute liberté au meeting du lundi 21 novembre.

2eme exemple : comment admettre le double langage de la mairie qui d’un
coté demande le renforcement de l’appareil policier, et de l’autre « s’indigne »
de la mort d’Abdel ; et appelle par ailleurs publiquement au renfort de la police après

la mort d’Ali Mafhoufi (rappelons que les flics dans cette affaire n’ont même pas été inculpés, l’enquête est apparemment terminée!).

Y a t il de “bons” et de ‘mauvais” flics ? La police est un corps constitué pour la répression. S’il est exact que certains outrepassent leurs droits (ceux qui, ivres, hors service et mal-notés, tirent sans raison sur un jeune!), et peuvent donc être condamnés, en quoi seraient-ils meilleurs ou pire que ceux qui en service vident un chargeur dans le dos d’un gosse, gazent à mort une mère de famille, renversent volontairement un jeune motard et le tue. etc.

La police est un organe néfaste qui historiquement a toujours exécuté les basses besognes de 1’Etat (en se mettant au service de la Gestapo en 1940 1944, en assassinant à Paris des centaines d’Algériens en octobre 1961.

La notion même de bavure est à remettre en question car la justice a depuis longtemps légalisé la violence policière. Ainsi s’est installe le droit de tuer, et ce n’est pas l’éventuelle condamnation de Savrey aujourd’hui qui changera cet état de fait.

Espérons tout de même qu’il soit condamné pour que ceux qui, demain, seraient amenés, dans les mêmesconditions à tirer, y réfléchissent à deux fois ; mais restons vigilant ;

si le flic est en service, et couvert par sa hiérarchie et par ses syndicats
(ce qui n’est pas le cas de Savrey), son crime sera absout, logique sécuritaire oblige ;

la logique du bouc émissaire est aussi nécessaire : Savrey est un assassin, une pourriture difficile à défendre puisque saoul et hors service. De plus il ne peut pas salir Abdel (face à la mobilisation) et en faire un dangereux délinquant comme dans d’autres affaires.

Les syndicats sont muets, cet condamnation est donc logique. Mais il faut aussi savoir quelles conditions de détention sont faites aux flics en taule :

d’une part, remise de peine et libération conditionnelle à mi-peine à tout les coups

(alors que seul 7% des détenu(e)s bénéficient d’une conditionnelle, et encore la plupart du temps quelques mois avant la libération prévue!) d’autre part, conditions de détentions souples dans des centrales modernes (comme Mauzac ou Casabianda), alors que les jeunes des cités sont entassés comme des chiens dans des prisons surpeuplées ou dans des centrales-goulag (Clairvaux, Saint-Maur…).

En clair , les gouvernants d’aujourd’hui, alors que d’autres crimes sont commis par les forces de l’ordre, ont intérêt à condamner Savrey afin de pouvoir redorer leur blason d’anti-raciste.

3) Sur la violence.
Nous ne pensons pas que les réactions violentes des jeunes de la cité soient comme certains le disent, des “réactions indignes” à mettre en opposition avec la dignité du comite.

Au regard de notre objectif que nous espérons commun. à savoir la fin de tous les crimes racistes et sécuritaires, nous ne trouverons

notre dignité que lorsque cette barbarie des crimes racistes s’arrêtera quels que soient les moyens

pour y parvenir. Cela pour le moment, ni les violences de jeunes, si compréhensibles soient-elles, ni la tentative d’organisation dans le comité n’ont réussi à l’atteindre. Il nous reste donc à réfléchir et à avancer

des propositions.
mais il est sûr déjà que seule la mobilisation de la population sur des bases claires (pas d’unité avec ceux qui participent à la répression), des axes de luttes précis, peuvent aider à la prise de conscience de masse du drame que constituent les meurtres racistes et sécuritaires. Pour qu’il n’y ait jamais plus de jeunes comme Abdel, Ali … qui meurent en pleine jeunesse sous les coups des policiers.
Solidarité à toutes les familles des victimes, à tous les comités. Notre victoire sera la fin de la barbarie.

DROITS DES ÉTRANGER-E-S : DES LOIS TOUJOURS PLUS RESTRICTIVES

Compliqué et fluctuant, le droit des étranger-e-s (droit d’asile et droit du séjour) est souvent mal connu, autorisant l’extrême-droite à dénoncer un prétendu laxisme de l’État français. En réalité, cette législation est de plus en plus restrictive et les façons dont elle est mise en application restreignent encore les possibilités pour les étranger-e-s : manque de moyens, règles arbitraires, tout-numérique… Qu’il s’agisse de demander une protection (asile, protection subsidiaire), de faire valoir son droit au rapprochement familial ou à la régularisation par le travail, tout est fait pour décourager et mener une politique de fermeture.

C’est ce qu’abordent Vincent Sizaire (enseignant-chercheur en droit à Nanterre) et Sophie Giroud (avocate, membre de la Ligue des Droits de l’Homme) lors d’une rencontre organisée le 23 juin 2022 par l’association des Amis du Monde Diplomatique de Paris.

Dans la dernière partie de l’émission, deux membres de la CSP 75 et de la CSP Montreuil qui participaient au rassemblement du 28 juin devant l’Assemblée Nationale expliquent les revendications des collectifs de sans-papiers et leurs attentes pour cette nouvelle législature, puisqu’ils et elles comptent sur les député-e-s de l’union de la gauche pour défendre leurs droits et mener une véritable politique d’accueil.

APPEL DE LA MARCHE DES SOLIDARITE/ VIOLENCE POLICIERE : HOMMAGE A RAYANA

Dans cette émission, nous vous diffusons plusieurs montages en appel à deux rdv qui auront lieu demain. Tout d’abord nous vous diffusons la conférence de presse de la Campagne Antiraciste de Solidarité organisée par la Marche des solidarités qui avait lieu le 8 juin 2022 en appel au rdv du samedi 11 juin Place Blanche à 15 h contre le racisme et l’extrême droite, pour la justice sociale et climatique et pour l’égalité des droits de toutes et tous.

Extrait du texte d’appel :

“Encore Macron à l’Élysée, rien de bon à espérer, tout à redouter : on n’attend pas !
Treize millions de voix pour l’extrême-droite, le fascisme en embuscade, on n’a plus l’temps!
Cotes d’alertes dépassées pour la planète et le vivant, on n’a plus l’temps!
Réfugié·e·s sacrifié·e·s, Sans-papiers pourchassé·e·s et surexploité·e·s, on n’a plus l’temps!
Les prix explosent, des milliards pour les grands patrons, mourir au travail ou crever au chômage, on n’a plus l’temps!
Crimes racistes, féminicides, crimes policiers, on n’a plus l’temps!

Alors, on n’attend pas!

L’égalité des droits pour tou·te·s, c’est maintenant !
Liberté de circuler, de manifester, régularisation des Sans-papiers, c’est maintenant !
Justice sociale et climatique, c’est maintenant !
Plus de fascistes dans nos quartiers, c’est maintenant !
Le pouvoir de vivre, c’est maintenant !”

Ensuite, nous vous diffusons un montage  en vue du rdv de demain à 13 h Place de la République contre les violences policières, en Hommage à Rayana morte des suites d’un contrôle de police le 5 juin 2022, et pour l’abrogation de la loi de présomption de légitime défense de la police ( article l 435-1 de la loi de sécurité intérieur de 2017).

Extrait du texte d’appel :

” Non au permis de tuer !

Samedi 4 juin, dans le quartier de Château-Rouge, la police a tiré sur des personnes en refus d’obtempérer. Au cours d’un contrôle pour non-port de ceinture de sécurité, des policiers ont tiré neuf balles sur un véhicule, blessant le conducteur au thorax et une passagère à la tête. Cette jeune femme de 21 ans est décédée des suites de ses blessures.

Nous habitant·es, membres d’organisations du 18e, choqué·es et bouleversé·es par cet événement d’une extrême violence, manifestons notre colère et notre indignation. Nous apportons tout notre soutien et solidarité aux victimes ainsi qu’à leurs familles.
C’est l’ensemble de la population qui est mise en danger par cet usage d’armes à feu sur la voie publique, un samedi en pleine journée.
Ce drame s’inscrit dans un climat de violence et de harcèlement policier déjà particulièrement pesant dans nos quartiers.

La police tue.

Elle a encore tué il y a quelques jours en plein Paris. Cette fois, la victime est une jeune femme de 21 ans. Un homme de 38 ans a été sévèrement touché.
Il y a quelques semaines, c’étaient deux frères qui étaient tués au fusil d’assaut par un policier. Et ils ne sont malheureusement pas les seuls. La liste des personnes violentées, mutilées, tuées par les forces de l’ordre ne cesse de s’allonger. Cela fait des années que nous dénonçons ces crimes. Cela fait des années que nous alertons en particulier sur la loi de 2017 qui a assoupli les règles d’usage d’armes à feu pour les policiers. C’est derrière l’article L435-1 qu’ils se cachent pour justifier ces meurtres. Jusqu’à quand ?”

Vous pourrez donc entendre le témoignage d’Inès, amie de Rayana présente dans la voiture lors du contrôle policier qui a entraîné la mort de la jeune fille ; celui de l’avocat du conducteur de la voiture, actuellement mis en examen, Ibrahim Shalabi, puis un extrait de la conférence de presse du jeudi 9 juin avec la sœur du conducteur, la tante de Souheil El Khalfaoui mort lors d’un contrôle à Marseille en aout dernier ; et  enfin Amal Bentounsi du collectif Urgence notre police Assassine.

Bonne écoute !

GRÈVE A AMAZON/ RSI DPD ET CHRONOPOST DEVANT LE MINISTÈRE DU TRAVAIL/ MOBILISATION CONTRE LA MISE EN SERVICE DE OUIGO TRAIN CLASSIQUE

Depuis plusieurs jours, les salariés des huit grands centres logistiques que compte la filiale française d’Amazon sont en grève, à l’appel d’une large intersyndicale, pour réclamer de meilleurs salaires.

Le 7 avril dernier, un meeting de lutte était organisé pour penser la lutte après la présidentielle et ceux quelque soit les résultats de ces dernières. En présence de syndicalistes, d’acteurs des Luttes et d’intellectuels. Étaient présents les grévistes d’Amazon et dans ce premier reportage, nous entendrons la parole d’un des grévistes.

Le mardi 12 avril 2022, les grévistes sans-papiers de RSI, de DPD et de Chronopost (ces deux derniers sont des filiales de La Poste) étaient rassemblés devant puis aux abords du ministère du Travail. Et en marge de ce rassemblement ont été reçus par un fonctionnaire de ce ministère.

Cela fait maintenant près de six mois qu’ils ont en grève pour obtenir leur régularisation par le travail. Après de nombreux rendez-vous et rassemblement infructueux devant les préfectures du 91,92,94, ils ont décidé de changer de tactique et de se tourner vers ce ministère après des fins de non-recevoir de la part de celui de l’intérieur. Malheureusement, on craint une partie ping-pong entre les deux ministères, car celui du travail dit ne pas être compétentes. Nous entendrons dans ce reportage notamment la parole des grévistes et d’inspecteurs du travail.

Le 11 avril dernier s’est tenu un rassemblement à l’appel de Sud Rail et de la CFDT Cheminot pour retarder le départ en gare d’Austerlitz du premier train Ouigo classique. Cette offre tarifaire de la filiale low cost TGV de la SNCF vise à “compléter” l’offre intercités et Corail en mettant les Cheminots de cette branche de la SNCF sous statut privé ( CDI,CDD,etc) donc créé un nouveau dumping social au sein de la compagnie ferroviaire nationale.

Dans cet entretien, c’est Fabien Villedieu, de SUD-Rail, qui nous parle du moins-disant sur les conditions sociales de cette nouvelle filiale de la SNCF.

Nous terminerons cette émission par une note d’humour par l’entremise de Pierre-Emmanuel barré.

RSI DPD ET CHRONOPOST TOUJOURS EN LUTTES / LIBERTÉ POUR LIBRE FLOT

Le 23 mars était organisé une nouvelle manifestation de soutien aux travailleurs grévistes sans-papiers RSI, DPD et Chronopost en lutte depuis cinq mois. Elle prenait fin à Bercy devant le ministère de l’Économie et des finances, c’est-à-dire celui-là même qui décide de ne pas décider de délivrer les CERFA, qui décide de l’exploitation des travailleurs sans-papiers. Nous rappelons que c’est La Poste, entreprise en partie Étatique qui permet les contrats les plus pourris, et qui permet par le biais de la sous traitance de passer au-dessus des lois qui régissent le code du travail. Dans ce premier reportage, noue entendrons les prises de parole de cette manifestation

Le 30 mars, un nouveau rendez-vous se tenait à la préfecture de Nanterre en vue de la réponse sur les dossiers de régularisations. Une manifestation partait de l’arche de la défense, pour se rendre à la préfecture des Hauts-de-Seine. Dans ce second reportage, nous avons interviewé des salariés de DPD, RSI et Chronopost pour comprendre quelle est la stratégie de cette lutte.

Les travailleurs sans-papiers de RSI, DPD et Chronopost n’ont pour le moment rien gagné, mais ils restent déterminés.

En deuxième partie d’émission, nous vous diffuserons un montage dans lequel nous alternons les prises de parole de libre flot (orales ou écrites) avec les prises de parole du rassemblement organisé à Ménilmontant le 29 mars 2022 “pour crier la libération de Libre Flot en grève de la faim depuis le 27/02 et l’arrêt de l’isolement, torture blanche pour tout.es les prisonnier.es”.

Rappel : le 8 décembre 2020, la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) interpellait dans plusieurs régions neuf personnes « de la mouvance d’ultragauche » pour « association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste ». Sept d’entre elles sont alors mises en examen et maintenues en détention provisoire. Six finiront par être libérées sous contrôle judiciaire au fil des mois. Et une reste enfermée, sous le régime de l’isolement, depuis plus d’un an.

Mercredi 26 janvier 2022, après près de deux ans d’une enquête menée depuis février 2020 par la DGSI, la chambre de l’instruction a rejeté sans surprise la série de « requêtes en nullité » déposées par les avocat·es de certain·es des inculpé·es. Sans surprise parce que la reconnaissance de ces nullités mettait en jeu l’existence même de l’affaire dite du 8 décembre, et que la justice s’est dans cette histoire montrée prête à s’asseoir sur ses propres principes pour valider le storytelling antiterroriste.

Libre Flot, un ancien volontaire français des YPG (Les Unités de protection du peuple kurde), maintenu en détention provisoire et à l’isolement depuis plus d’un an, entame alors une grève de la faim le 27 février et demande sa mise en liberté. Depuis le jeudi 24 mars, il est à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes et poursuit sa grève de la faim.

Au vu de ces circonstances et rappelant que son accès à la santé ayant été bafoué continuellement depuis son incarcération, Libre Flot souhaitait cette hospitalisation pour sortir de l’isolement et avoir accès directement à des médecins et des soins si nécessaires.

Le 29 mars était annoncé lors de ce rassemblement la levée de son isolement et la levée des interdictions de communication.

Plus d’info sur l’enquête judiciaire : https://iaata.info/La-justice-s-entete-dans-l-affaire-du-8-decembre-5129.html

Vous pourrez retrouver plusieurs de ces lettres sur : https://lenvolee.net/tag/libre-flo/

https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/?fbclid=IwAR3a2udRxPMlsy7znMrSKeeb2Ztp4F-CUMXx-aT1c7YNU0Azmcnu4vSxViA

APPEL AU 19 MARS : CONFÉRENCE DE PRESSE/MEETING DES DPD CHRONOPOST ET RSI

En 2022, c’est la 26eme années consécutive que l’appel du collectif opposé à la brutalité policière de Montréal est lancé pour faire du 15 mars la journée internationale contre les violences policières. En France, l’appel est repris de sorte à faire de la mi Mars un moment de convergences de toutes les luttes contre les violences d’état.

Cette année, ce sont le réseau entraide vérité et justice et la Campagne antiracisme et Solidarité qui s’associe pour appeler à la manifestation annuelle se déroulera le 19 mars à 14 h à partir de Châtelet.

En appel, dans cette émission, nous vous diffusons dans une première partie d’émission la Conférence de presse réalisée par les collectifs organisateurs de la marche le 15 mars dernier. Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons une partie des prises de parole qui avait lieu lors du meeting de soutien des travailleurs sans papier de DPD Coudray RSI et Chronopost Alfortville du 10 mars dernier.

Le texte d’appel à la marche de la Campagne Antiraciste et de Solidarité:

Notre pays construit des ponts pas des murs. D’où que l’on vienne, où que l’on soit né·e, notre pays existe. Il s’appelle Solidarité.

Notre pays n’a ni carte, ni limites. Il ne fait pas la guerre si ce n’est au fascisme, au colonialisme, au racisme, à l’injustice et aux inégalités.

Notre pays n’existe pas isolé, atomisé, soumis. Il existe dans tout ce qui relie, regroupe, donne confiance et lutte.

Notre pays est en grand danger. Il doit sortir, se montrer, se lever. Vivre.

Car notre pays brûle. Il s’appelle Avenir.
Car notre pays est étouffé. Il s’appelle Liberté.
Car notre pays se meurt. Il s’appelle Égalité.
Car notre pays est opprimé. Il s’appelle Dignité.

Notre pays est en danger. Nous appelons à la mobilisation générale.

Pour l’avenir. Si la planète brûle, cela n’a rien à voir avec les migrations, nos couleurs de peau, nos origines, nos religions. Le monde n’attend qu’une étincelle pour exploser et certain.e.s nourrissent l’incendie qui nous menace.
Nous dénonçons toutes les formes de racisme dont l’islamophobie, l’antisémitisme, l’anti-tziganisme, la négrophobie et le racisme anti-asiatique. Nous exigeons notamment la fin des contrôles au faciès, l’abrogation de la loi dite « séparatisme », le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la fin des dominations économiques, militaires et politiques, en particulier la Françafrique.

Pour la liberté. Nous voyons que lorsqu’on commence à limiter la liberté pour certain·e·s, c’est la liberté de tou·te·s qui recule. C’est ainsi que se mettent en place des pouvoirs de plus en plus autoritaires.
Nous exigeons la liberté de circuler et de manifester et notamment l’abrogation de la loi dite « sécurité globale », la fin des violences et des crimes policiers et pénitentiaires, la suppression des mesures de répression contre les migrant·e·s (OQTF*, IRTF*, …) et la fermeture des Centres de Rétention Administrative. Nous exigeons la destruction des murs qui s’érigent partout dans le monde pour séparer et contrôler les peuples.

Pour l’égalité des droits. Les arguments utilisés contre l’immigration sont faux économiquement et ne servent qu’à justifier les mesures qui amplifient monstrueusement le racisme et les inégalités sociales. L’oppression et la surexploitation des migrant·e·s aggravent les conditions de tou·te·s les salarié·e·s.
Nous revendiquons l’égalité des droits pour tou·te·s, le renforcement et l’accès réel à la santé, à l’éducation, à des revenus décents, au logement et l’arrêt des expulsions dans les foyers de travailleurs/euses migrant-es. Nous exigeons notamment la régularisation des sans-papiers.

Pour la Dignité. Nous refusons la banalisation de l’insoutenable. Nous dénonçons les politiques anti-migratoires et de non-accueil des migrant·e·s. Nous refusons l’instrumentalisation des femmes à des fins racistes. Nous réclamons vérité et justice pour les victimes de violences policières et pénitentiaires. Nous exigeons le respect des convictions et croyances de tou·te·s. Debout, nous redevenons dignes.

Pour la Solidarité. Nous appelons toutes et tous à se lever, se rassembler, s’organiser. À faire vivre notre pays partout où il existe. Dans les quartiers, les villages, les ronds-points, les écoles, les lieux de travail. Autour d’un hôpital menacé, d’une mosquée ou d’une synagogue fermée ou attaquée, d’une église où l’on fait une grève de la faim pour les migrant·e·s, des associations antiracistes dissoutes ou menacées de l’être, d’un théâtre qui avait été occupé, d’un piquet de grève, d’un immeuble menacé d’expulsion, d’une frontière. A partir d’un local associatif ou syndical, d’un lieu culturel et solidaire…

Nous appelons notre pays à se lever en masse, s’organiser et lutter pour la solidarité et contre le racisme.

  • en multipliant les initiatives de toutes sortes,
  • dans toutes les villes et les villages en manifestant ensemble le même jour le samedi 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrant·e·s,
  • à Paris pour une manifestation nationale au mois de mars à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme.

Notre pays existe. Il s’appelle Solidarité.

« Pour Yvan Colonna, État français assassin », non à l’antisémitisme, non à la dissolution des associations de défense du peuple palestinien.

Nous allons dans un premier temps revenir sur ce qui se passe en corse autour de l’agression d’Yvan Colonna qui l’a plongé dans un coma profond et qui a plongé la Corse dans une colère que nous ne soupçonnons pas. Pour cela nous avons rencontré Thibault et Sylvain lors du salon anticoloniale et anti raciste qui s’est tenu le 12 et 13 mars à la parole errante à Montreuil.

Ensuite vous pourrez entendre une courte interview réalisée lors de la marche contre l’antisémitisme qui a eu lieu le 13 mars à Paris. Et nous finirons cette émission par des prises de parole et interviews que nous avons pu réaliser lors du rassemblement qui se tenait à Paris le 12 mars contre l’interdiction par l’État Français de collectifs de soutien au peuple palestinien.

Yvan Colonna était Incarcéré à Arles (Bouches-du-Rhône) après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en Corse. Yvan Colonna a été hospitalisé dans un état grave le 2 mars après avoir été violemment frappé par un codétenu emprisonné pour terrorisme et déjà connu pour avoir agressé d’autres co-détenus. Annoncé mort dans un premier temps par plusieurs médias, il serait en état de mort cérébrale.

Yvan Colonna, dont la culpabilité dans l’assassinat du préfet Erignac avait fait débat, demandait depuis de longues années son rapprochement en Corse ( comme la loi sur le rapprochement familiale le stipule pour tous les prisonniers), ce qui lui avait systématiquement été refusé en raison de son statut de “détenu particulièrement signalé” (DPS). Le statut de DPS aggrave significativement les conditions de détention, déjà déplorables et les possibilités d’aménagement de peine.

Le Premier ministre Jean Castex a levé ce statut mardi pour Yvan, une décision jugée par beaucoup comme une provocation, Yvan Colonna se trouvant désormais entre la vie et la mort dans un hôpital de Marseille, et pour ses co-inculpés ; Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. Ce que le gouvernement autonome n’avait pas obtenu en sept ans d’exercice du pouvoir, la rue l’a gagné en quelques nuits de révolte.

Depuis la corse est en ébullition ; c’est notamment sa jeunesse qui s’insurge. Les manifestations se sont multipliées en Corse à l’appel d’étudiants, de lycéens, d’organisations nationalistes ou de syndicats. Les banderoles “Per Yvan, Statu francesu assassinu” (Pour Yvan, État français assassin), désigne le responsable de la mort cérébrale d’Yvan Colonna ; les bâtiments de l’État ; palais de justice, préfecture, hôtel des impôts…

Une nouvelle génération fait l’épreuve de la violence d’État, beaucoup de blessés, des deux cotés de la barricade et va redistribuer les cartes sur le terrain politique corse.

Contre l’antisémitisme

10 ans après la tuerie antisémite de l’école juive à Toulouse, une journée d’actions est prévue dimanche 13 mars. Parce que l’antisémitisme est toujours d’une actualité forte, il importe « de prendre position pour agir contre l’antisémitisme et tous les racismes », exhortent plusieurs associations, syndicats et partis politiques.

Le 19 mars, il y a 10 ans à eu lieu la tuerie antisémite de l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse, au cours de laquelle trois enfants, Gabriel Sandler, 3 ans, Arié Sandler, 6 ans, Myriam Monsonégo, 8 ans et le père de deux d’entre eux, Jonathan Sandler, 30 ans, ont été assassiné·es parce que juif/ves.

C’était la première fois en France depuis la Seconde Guerre mondiale que des enfants étaient tué·es parce que juifs/ves. L’assassin avait auparavant tué trois soldats.

Ces assassinats se sont produit après plusieurs années d’actes antisémites ; l’assassinat d’Ilan Halimi en février 2006. En janvier 2015, quatre personnes juives étaient assassinées lors de l’attentat de l’Hypercacher : Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada. Sarah Halimi en 2017 et Mireille Knoll en 2018 étaient tuées à cause de la même haine antijuive. 

L’été dernier des pancartes antisémites fleurissaient lors des manifestations contre le passe sanitaire.

Un des candidats à l’élection présidentielle prétend que Pétain aurait sauvé les Juifs français et stigmatise les victimes de Toulouse.

L’antisémitisme reste d’une actualité forte. C’est pourquoi il importe de prendre position pour agir contre l’antisémitisme et tous les racismes.

Le dimanche 13 mars, une marche contre l’antisémitisme partira à 16h30, de la place de la République et se rendra au Parvis des 260 enfants assassiné.es par les nazis dans le quatrième arrondissement, Rue des Rosiers. Nous serons dans la rue pour dire « Non à l’antisémitisme » et « Oui à une société fraternelle et sans racisme », une société qui refuse l’exclusion de l’autre, qu’il ou soit juif/ve, musulman.e, noir.e, rom, asiatique… 

Organisations signataires : RAAR, LDH, MRAP, SOS-Racisme, FSU, Union syndicale Solidaires, Memorial 98, JJR, UAVJ, UJRE, Juif/ves vénères, Ibuka-France, La Jeune Garde, Association des citoyens originaires de Turquie ACORT, Nouveaux Démocrates, Ensemble, EELV, Gauche Démocratique et sociale GDS, PEPS, UCL, AFA77. Éditions syndicalistes, les Amis de la Révolution prolétarienne.

Non à la dissolution des associations de défense du peuple palestinien.

Ce samedi 12 mars 2022 à la Fontaine des Innocents, se tenait un rassemblement pour soutenir la Palestine et tous ceux et celles qui défendent les droits des Palestiniens !

Des interventions pour dénoncer la dissolution de deux associations pro-palestiniennes par le gouvernement Macron, pour faire savoir que le Collectif Palestine Vaincra n’a pas dit son dernier mot et fait un recours devant le conseil d’État. Et aussi que ces mesures liberticides ne nous ferons pas taire !

Nous vous proposons dans cette dernière partie d’émission, l’écoute de prises de parole et un entretien réalisé avec l’un des membres du collectif EuroPalestienne.

Bonne écoute !

APPEL AU 19 MARS CONTRE LES VIOLENCES D’ÉTAT : JUSTICE POUR NORDINE / JUSTICE POUR JIMONY

En 2022, c’est la 26eme années consécutive que l’appel du collectif opposé à la brutalité policière de Montréal est lancé pour faire du 15 mars la journée internationale contre les violences policières. En France, l’appel est repris de sorte à faire de la mi Mars un moment de convergences de toutes les luttes contre les violences d’état.

Cette année, ce sont le réseau entraide vérité et justice et la Campagne antiracisme et Solidarité qui s’associe pour appeler à la manifestation annuelle se déroulera le 19 mars à 14 h à partir de Châtelet.

En appel, dans cette émission, nous vous diffusons trois reportages.

Tout d’abord nous vous diffusons la conférence de presse qui se tenait le 22 févier 2022 devant le tribunal de Bobigny suite au rendu de justice du 18 février 2022 qui condamnait Nordine (victime de violences policières dans la nuit du 16 aout 2021 a Stains) à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt et 15000 euros d’amendes pour refus d’obtempérer vis-à-vis des policiers de la BAC qui l’ont atteint de sept balles.

Ensuite nous vous diffuserons la prise de parole de Charlotte, compagne de Jimony Rousseaux, décédé le 2 février 2021 des suites des violences que lui ont fait subir des surveillants pénitentiaires dans la prison de Meaux Chauconin, lors du rassemblement organisé le 19 janvier 2022 devant le Tribunal de Meaux pour demander la mise en examen des surveillants pénitentiaires mis en cause.

Enfin, nous vous diffuserons la prise de parole de la CSP 75 lors du rassemblement qui avait lieu le 4 mars 2022 devant le Ministère de l’Intérieur dans le cadre du rassemblement organisé en soutien a la gréve des travailleurs sans papiers de RSI/ DPD Coudray et Chronopost qui durent depuis maintenant cinq mois.

DES POSTIERS MENACÉ DE RÉVOCATION / SNCF RATP : l’ouverture a la concurrence en Île-de-France

16 février 2022 Saint-Ouen : devant le siège d’Île-de-France mobilité

Les rassemblements du 13 janvier et 3 février dernier ont été un véritable succès, tant en termes du nombre de participants que par le caractère large des intervenantes et intervenant qui sont venues s’y exprimer. Pour gagner, la mobilisation contre la révocation de Christophe et le licenciement d’Antoine de la CGT FAPT 14.

Le 14 février dernier, la CGT FAPT Poste Calvados 14, SUD Poste 78, et SudPoste92 organisaient un rassemblement de soutien à Christophe (militant CGT FAPT 14) menacé de révocation par la direction de La Poste. Ce rassemblement se tenait devant le siège de La Poste à Montrouge.

Dans ce reportage réalisé se jour là, nous entendrons notamment des entretiens réalisés avec Christophe et Antoine, qui nous parlerons de la stratégie de la poste pour museler les syndicalistes.

Ce mercredi 16 février 2022, des centaines de salariés de la SNCF et de la RATP se sont rassemblés devant le siège d’IDF Mobilité, suite à l’appel des syndicats Sud Rail, CGT et Force Ouvrière. Ils dénoncent la déshumanisation des gares et la destruction du service public, et plus largement la privatisation et l’ouverture à la concurrence de la SNCF.

L’actualité des luttes se trouvait dans le rassemblement et c’est le reportage que nous vous proposons en cette seconde partie d’émission ou nous entendrons les entretiens réalisés avec une cheminote du secteur nord du RER B, un cheminot, agent d’équipe mobile sur la ligne H et un syndicaliste de la RATP sur la gréve du 18 février.

Nous terminerons cette émission en revenant sur la déambulation nocturne qui se tenait ce 12 février, contre le fascisme et l’extrême droite, organiser par le Collectif Paris 20ᵉ Solidaire avec tous les migrants, la Campagne Antiracisme et Solidarité, le collectif des sans papiers de Montreuil et la marche des solidarités.

Ce vendredi, c’est jour de grève dans les transports publics pour réclamer des hausses de salaires, et plusieurs rassemblements sont prévus.
À 8 h 30, la CGT RATP, FO, l’UNSA et Solidaires organisent un rassemblement à la gare de Val-de-Fontenay.
À 10 h 30, la CGT Cheminots-Paris Austerlitz organise un rassemblement en Gare d’Austerlitz devant les guichets pour interpeller la direction. 

Pour la campagne antiracisme et solidarité : les collectifs de sans-papiers et la campagne nationale Antiracisme et Solidarité appellent à Manifestation de soutien aux 5 de Montpellier ce vendredi 18 février à Paris à 16 h à partir de place de la République.

Le même jour Réunion publique COPAF : Droits des travailleurs migrants résidant en foyers Centre Sportif Jean Dame 17 Rue Léopold Bellan -75002, Paris métro sentier.