SNCF : Liquidation du FRET

En vue de la mobilisation appelé ce jeudi 15 juin 2023 contre la liquidation du FRET, nous consacrons l intégralité de cette émission aux luttes dans le secteur ferroviaire. Tout d’abord, vous pourrez entendre un prise de parole de Anasse Kazib qui revient sur les enjeux de la mobilisation du 15 juin. Ensuite nous vous diffusons un reportage réalisé le 16 mai 2023 lors d’un premier rassemblement contre cette restructuration. Puis, nous reviendrons plus longuement sur cette question et ses conséquences environnementales avec l’interview d’un camarade de sud rail que nous diffusons jusqu’au terme de notre émission.

TRACT UNITAIRE D APPEL A LA MOBILISATION:

LE TRAVAIL TUE

Le 28 avril 2023, a eu lieu, à la bourse du travail de Paris, une réunion constituée de syndicalistes, d’associations pour continuer la lutte contre les accidents du travail. Vous pouvez entendre lors de cette émission une sélection d’interventions qui ont eu lieu lors de ce meeting. De nombreuses propositions concrètes ont été faites qui nous l’espérons seront suivies d’effets.

En 2021, 604 565 accidents du travail ont entraîné un arrêt de travail ou une invalidité.

Plus de 1600 par jour ! Au moins 645 travailleurs sont morts au travail. Plus de 2 par jour ouvrable.
Ceci dans l’indifférence générale. Et encore, ces chiffres, publiés par la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (CNAM) en fin d’année 2022, ne comptabilisent pas les agriculteurs, les pêcheurs, les travailleurs indépendants, les agents du service public… Pas davantage les travailleurs clandestins. Ils n’ont pas fait l’objet de commentaires dans les médias. N’ont pas été suivis d’analyses. De questionnements.
Au-delà des chiffres, ce sont des vies qui ont été fauchées. Souvent en pleine jeunesse. Ce sont des familles plongées dans la douleur.
Le 28 février 2022, Benjamin, 23 ans, perdait la vie au travail.
Le 5 mars, c’était le tour de Flavien, 27 ans. Et tous les autres.…
Au-delà des chiffres, chaque accident mortel au travail raconte une histoire.
Quelques-unes sont à lire ici :
https://matthieulepine.wordpress.com/category/accidents-du-travail/

Au-delà des chiffres, les proches sont confrontés aux administrations, sont aux prises avec la machine judiciaire. Désemparés, isolés. Cet isolement, quelques familles ont décidé de le rompre. Pour ce, elles ont fondé le Collectif Familles : Stop à la mort au travail. Un groupe WhatsApp et une page Facebook ont été créés, afin d’échanger sur le drame commun qui les frappe. De partager les informations, les expériences, dans leur combat pour la justice, pour la vérité. Pour signaler les pièges, les écueils. Éviter les erreurs. 
Ces familles ont sollicité le ministère du Travail, jusque-là assez peu préoccupé par le sujet. Et obtenu un rendez-vous.
Contact : stopalamortautravail@gmail.com

Intervention faite par les Membres du “Collectif Stop : stop à la mort au travail” -Association pour les familles dont un proche est mort au travail- avec les organisatrices et intervenant-es de la Conférence du 02/05/2023 à Bruxelles

En France, lors de la création du Ministère du Travail et de la prévoyance par Décret du 25 octobre 1906, le 1er Ministre du Travail, René Viviani évoquait ce Ministère comme étant celui de la « maison du travailleur ». Nous en sommes loin aujourd’hui, tout comme nous sommes loin de ce « corps de bataille » des inspectrices et inspecteurs du travail veillant à l’application d’un Code du travail protecteur des salariés et dont parlait François Mitterrand, alors Président de la République, au centenaire de l’Inspection du travail en 1992.

Le ministère du travail français est en danger. La crise dure depuis de longues années, elle est évidemment liée aux politiques antisociales conduites en France, qui ont profondément déstructurées les rapports sociaux avec comme acteur principal le ministère du travail, un rôle à contre-emploi total, quand on le replace dans les conditions historiques qui avaient présidées à sa création : à savoir la plus grande catastrophe minière de tous les temps en Europe dans les mines de charbons entre Courrières et Lens le 10 mars 1906 et où 1099 ouvriers vont mourir.

Les effets destructeurs des politiques du Ministère du Travail français se sont accélérées sous Covid où le ministère, en se plaçant sous l’autorité du Ministère de la Santé et des « prescriptions des autorités sanitaires », selon la formule consacrée, a failli à sa mission de protéger la partie faible du contrat de travail, le salarié, et notamment de protéger la santé de celles et ceux qu’on a coutume d’appeler aujourd’hui « les premiers de corvées » chauffeurs de VTC, salariés de la grande distribution, manutentionnaires, livreurs, salariées de l’aide à domicile ….

Il y a besoin revenir sur une série de régressions sociales et de reconstruire un grand Ministère du travail et en son sein une Inspection du travail forte et respectée. Comme le thème de cette table ronde est axè sur les moyens nécessaires pour garantir un environnement de travail sain et sûr et en finir avec l’impunité autour des morts du travail je vais formuler maintenant 10 propositions concrètes et non exhaustives.

Ce dont nous avons besoin c’est par exemple :

  • 1/ Un plan pluriannuel de recrutement massif d’Inspecteurs du travail pour atteindre, a minima, l’effectif de 5 000 agents affectés au contrôle des entreprises, soit un agent de contrôle pour 4 à 5 000 salariés contre un agent pour plus de 10 000 salariés aujourd’hui et alors qu’il ne reste actuellement que 1750 inspecteurs sur le terrain et que 20 % des postes au contrôle ont été supprimés en 10 ans.
  • 2/ Le ministère du Travail doit garantir dans les faits, et même quand son action heurte la logique productiviste du capital, l’indépendance des Inspectrices du travail à l’égard de toute influence extérieure indue, notamment dans leurs enquêtes, comme l’exige la Convention n°81 de l’Organisation Internationale du Travail de 1947 sur l’Inspection du travail et dont la France est signataire. Le Ministère doit sortir du cycle destructeur dans lequel il est entré et dont j’ai pu gouter les effets lorsque j’ai été, pendant la 1ère vague de Covid, suspendu de mes fonctions d’inspecteur du travail, puis sanctionné avant qu’un juge indépendant n’annule la sanction.
  • 3/ Il s’agira également de revenir sur des dispositions règlementaires qui ont affaibli le Code du travail et la protection des travailleurs. Je pense notamment aux dispositions de la Loi « Travail » de 2016 et à une architecture du Code Ordre public/ dispositions négociées / dispositions supplétives qui ont affaibli les protections. Je pense également aux « ordonnances Macron » de 2017, de la « barémisation » des indemnités prud’homales aux accords de performance collectif. Surtout je voudrais insister sur la destruction des Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail et leur effacement complet dans les entreprises de 50 à 300 salariés, ainsi que sur la création des Comités Sociaux et Économiques (CSE) qui ont diminué drastiquement le nombre de représentants du personnel et le volume des heures qui leur était dédié. Autant de moyens et d’instances issues d’une lente construction et tellement nécessaires pour veiller, dans les entreprises, au quotidien, au respect des dispositions relatives à la santé, la sécurité et aux conditions de travail.
  • 4/ Mais nous pourrions aussi, alors que 10 000 apprentis sont victimes d’accidents du travail par an en France, abroger le Décret n°2015-443 du 17/04/2015 qui a remplacé l’obligation de l’employeur de demander à l’Inspection du travail une dérogation pour occuper de jeunes mineurs à des travaux dangereux par exemple utiliser un pétrin ou un laminoir en boulangerie, par une simple déclaration de l’employeur dont la réalité est qu’elle n’est massivement pas faite !

L’ensemble de ces destructions n’est évidemment pas sans lien avec l’explosion actuelle de accidents du travail dans les entreprises en France.

Ce dont nous avons besoin pour lutter efficacement contre les accidents du travail et veiller plus largement au respect de la règlementation du travail dans les entreprises c’est aussi :

  • 5/ De disposer de nouvelles prérogatives à effet immédiat pour l’Inspection du travail afin d’agir sur des situations de danger grave et imminent avant que l’accident ne survienne. Aujourd’hui les Inspectrices ont la possibilité d’arrêter des travaux et de retirer les travailleurs de situations dangereuses en cas de risque de chute de hauteur par exemple et cela sans perte de salaire pour le travailleur. De nouveaux arrêts d’activité face à des risques liés aux équipements de travail ont été créé en 2016 mais les agents de l’Inspection n’ont pas été massivement et correctement formés à leur utilisation alors que les machines sont en cause dans 55000 accidents du travail par an et représentent 3 millions de jours d’arrêts soit l’équivalent d’une entreprise de 15 000 salariés à l’arrêt pendant un an (Source Cnam 2016 cité par INRS).

De même, il manque de nouvelles dispositions légales pour que les Inspectrices du travail puissent arrêter l’activité en cas d’absence de plan de prévention dans les entreprises, de plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS) sur les chantiers ou lorsque ces plans ne sont pas traduits dans une langue comprise par les travailleurs. Mais c’est aussi la possibilité d’arrêter l’activité face à des risques climatiques comme travailler en situation de canicule (voir ma tribune dans Regards ici : http://www.regards.fr/tribunes/article/temperature-maximale-au-travail-l-urgence-d-une-loi), ou face aux expositions à des risques biologiques comme pour le SARS Cov2 (voir ma tribune dans Libération ici : https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/face-au-covid-protegeons-lessalaries20210416_IPR4VD2SSBFDNOQXSX4CXIHMIE/).

C’est aussi la possibilité pour les Inspecteurs de prendre des décisions retirant des situations de travail les travailleurs en cas de défaillance de l’employeur par exemple face à des situations de harcèlements, de lanceurs d’alertes, de Danger Grave et Imminent) et/ou de créer un statut de travailleurs « protégé » pour ces salariés dans ces situations à l’image de celui existant pour les représentants du personnel. C’est encore la création d’une attestation de reconnaissance de travail pénible pour pouvoir agir en amont sur les conditions de travail et permettre ainsi aux travailleurs de faire reconnaitre la pénibilité de leur poste de travail…

  • 6/ Il serait aussi nécessaire de construire de nouvelles pratiques de l’Inspection du travail portant sur l’accueil et le renseignement des victimes d’accidents lorsqu’elles sont en vie et de leurs proches lorsqu’elles sont décédées afin d’informer régulièrement sur l’avancée de nos procédures. Nouvelle pratique par exemple d’information systématique des Unions Départementales des syndicats sur les procédures pénales relevées en matière d’accident du travail afin qu’elles aussi puissent se porter parties civiles. Nouvelle pratique en rendant public, une fois anonymisées, nos lettres d’observations et les constats que nous avons réalisés dans les entreprises en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail. Nouvelle pratique en rendant obligatoire l’information des Inspecteurs du travail en cas d’accident du travail, et pas seulement d’accident du travail mortel dans un délai de 12 h après l’accident (sic !) comme le prévoit un projet de Décret en cours d’élaboration par le Ministère du Travail. Nouvelle pratique en publiant et visibilisant sur le site du ministère du Travail les entreprises particulièrement infractionnistes et condamnées par la justice…
  • 7/ Ce qui nous manque, ce sont aussi des services d’appui à l’Inspection du travail, en nombre, pour pouvoir réellement enquêter sur les accidents et les maladies professionnelles : des médecins inspecteurs du travail, des ingénieurs de prévention -ils sont moins de 100 nationalement aujourd’hui- spécialisés en mécanique, en ergonomie, en risque lié aux Agents Chimiques Dangereux (ACD) dont les agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR). Mais également pouvoir recourir à des collègues expérimentés qui pourraient agir en appui juridique aux collègues de terrain lors des enquêtes. Et je cite encore la restauration de la Médecine du travail et des services de la prévention de la Caisse d’Assurance Retraite et de Santé au Travail (CARSAT), eux aussi exsangues. De même que nous aurions besoin, au niveau local du Ministère du Travail, dans les Départements et les Régions, de nous appuyer sur des services centraux positionnés en appui, en conseil à leur action et non, comme c’est le cas depuis la transformation de la Direction des Relations du Travail (DRT) en Direction Générale du Travail (DGT), en autorité centrale de l’Inspection, hiérarchique et ne valorisant qu’une course aux chiffres et utilisant les menaces et la répression comme mode de management.
  • 8/ Nous pourrions aussi évidemment parler prévention, car c’est elle qui constitue 98 % de l’action de l’Inspection du travail au quotidien, mais les acteurs de la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles ont été largement laminés et cette prévention est regardée, encore aujourd’hui, par une grande partie des employeurs au mieux comme une obligation purement formelle au pire comme un coût qu’on ignore. Pourtant, la construction de vraies formations en Santé, Sécurité et Condition de Travail serait centrale. Pas comme une case à cocher, mais comme un élément essentiel du contrat de travail et du quotidien au travail. Et avant même le travail, dès l’apprentissage, dès l’école car comment imaginer envoyer nos enfants de 13 ans faire des stages de découverte des entreprises, comme c’est le cas en France, sans qu’aucune formation sur la sécurité au travail ne soit faite, ni aucune information sur le travail salarié et ses réalités !
  • 9/ C’est pour cela qu’il y a besoin d’une politique pénale offensive en droit du travail qui s’attaque à la délinquance patronale, mais vous l’avez compris : les moyens de l’Inspection du travail sont dérisoires. A cela s’ajoute des tendances lourdes à combattre : celles du « soft Law » un droit mou de la recommandation qui présuppose une adhésion patronale spontanée à la norme de droit, ce qui est évidemment faux. Le développement d’un droit de la transaction pénale, de la sanction administrative qui invisibilise les infractions. La vision « mainstream » d’employeurs qui, en France, ne sont pas considérés comme des justiciables comme les autres, mais comme des créateurs d’emplois que l’on n’imagine pas délinquants ; Une entreprise, enfin, qui reste un lieu de l’absolutisme et où lorsqu’un accident survient cela ne trouble pas l’« ordre public ».

Et ces tendances lourdes ont des effets ravageurs. Notre syndicat CGT du Département de Seine Saint Denis a travaillé sur le sujet en reprenant les 150 procès-verbaux d’Inspecteurs et Inspectrices du travail relevés suite à d’accidents ou en matière de santé sécurité dans ce Département entre 2014 et 2020 : moins d’un tiers de ces procédures ont donné lieu à des audiences correctionnelles, un tiers sont toujours en enquête 5,6,7 ans voir plus après les faits, un tiers ont été classées sans suite ! Ces constats nous pourrions les reproduire partout sur le territoire et je passe sur les audiences renvoyées, des accidents mortels relaxés sans appel du Parquet, l’absence d’information des Inspecteurs sur les dates d’audiences des procédures, la faiblesse des peines prononcées, comme les rares peines d’emprisonnement quasiment toutes avec sursis.

  • 10/ C’est enfin la nécessité de sortir des logiques d’intensification du travail qui sont un marqueur de la période actuelle : raccourcissement des délais, accélération des changements et changement permanent des organisations, organisations en flux tendus, management par les chiffres, etc. Le travail sous pression a pour effet l’explosion des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS), des Risques Psycho-Sociaux (RPS), il participe aux atteintes à la santé et à la sécurité au travail et à l’explosion des accidents du travail, à cette « hécatombe invisible » qu’évoque Mathieu Lépine.

Ce sont nos conditions de travail qui, en France, se dégradent du fait de cette intensification du travail. Dans son étude de 2022, la fondation européenne pour l’amélioration des conditions de travail indique que la France figure, avec la Pologne et la Slovaquie, parmi les 3 pays où la proportion de travailleuses et de travailleurs ayant de bonnes conditions de travail est la plus faible en Europe !

Nous devons sortir du travail pressé, sous pression, pour imposer que ce soit le travail qui s’adapte à l’Homme et non les travailleuses et travailleurs qui s’adaptent sans cesse à un travail créateur d’accidents.

Alors oui la tâche est immense et le besoin est grand d’une politique du travail qui protège réellement la santé, la sécurité et les conditions de travail des salariés. Il faudra encore attendre quelques temps, en France du moins, l’arrivée d’un « ministre des salariés » mais l’idée d’un Ministère du travail qui, aux côtés des organisations syndicales de travailleurs et des associations comme celles qui se sont exprimées aujourd’hui, soit porteur de grandes lois sociales protectrices fait son chemin grâce notamment à votre initiative. A nouveau, merci.

DES MILITANTS ET UNE MILITANTE KURDES, A NOUVEAU, TUÉS EN PLEIN PARIS

En plein Paris, le 23 décembre 2022, le centre culturel Kurdes a une nouvelle fois été visé, trois personnes ont été blessées et trois autres tuées : deux hommes et une femme ; Emine Kara, responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Mir Perwer chanteur kurde et Abdulrahman Kizil un habitué du centre : pas vraiment des passants pris au hasard !

Dans cette émission, en recoupant les éléments notamment mis à jour dans les articles de l’Humanité et de Libération, et la conférence de presse du 24 décembre organisée par le conseil démocratique Kurde, nous vous proposons de revenir sur les événement qui ont endeuillé la communauté kurdes de France, forte de 350 000 membres.

Selon le gouvernement français ; Un loup solitaire, déséquilibré, pris d’une impulsion raciste, aurait pris son arme et tiré au hasard ? Yekbun Eksen le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) n’y croit pas : « Le peuple kurde, en quarante ans de lutte de libération nationale, sait qu’il n’y a jamais de coïncidence », « Pour nous, ce n’est pas anodin que ces assassinats se soient produits dans ce lieu qui fait office d’ambassade du plus grand peuple sans État ».

Difficile de croire à la thèse officielle d’un tireur isolé. Le tireur était récemment sorti de prison et a très bien pu être instrumentalisé par des pro-Erdogan, président d’extrême droite de Turquie.

«Dans cette affaire tout est trop gros»

L’homme arrêté, William M., 69 ans, ancien conducteur de train, est connu de la justice pour deux tentatives d’homicide, commises en 2016 et décembre 2021, un des faits visés concerne l’attaque raciste d’un camp de migrants, le 8 décembre 2021. Il avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour des dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire avant d’être remis en liberté le 12 décembre dernier. Malgré ces faits extrêmement graves et en récidive, il a été libéré au bout d’un an et n’est pas connu des renseignements territoriaux et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ni « fiché comme étant quelqu’un d’ultradroite » !

Selon les informations recueillies par l’Humanité, l’homme aurait été déposé par une voiture devant le siège du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) alors que devait se tenir une réunion d’une soixantaine de femmes kurdes, finalement décalée d’une heure au dernier moment. Un massacre a été évité. Qui aurait renseigné le tueur ?

Pourquoi le suspect avait-il une arme alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de port d’arme ? Pourquoi cibler les Kurdes alors qu’ils sont connus pour avoir lutté contre les islamistes radicaux de Daech ?» Qui lui a fourni cette arme ?

Selon Agit Polat, porte-parole du CDKF,  « il est inadmissible que dans cette affaire le caractère terroriste ne soit pas retenu et qu’on essaie de nous faire croire qu’il s’agit d’un simple militant d’extrême droite, un récidiviste tout juste sorti de prison le 12 décembre ». « Il y a à peine vingt jours de cela, lors d’un échange avec les services de renseignements français, j’ai moi-même fait part personnellement de mes craintes concernant notre sécurité. J’ai souligné la nécessité d’augmenter la sécurité au sein et autour de notre association ».

Le centre kurde n’était pas protégé par la police

le 9 janvier 2013, la communauté kurde avaient déjà été visée par les assassinats de trois militantes, Sakine Cansız, figure historique du PKK, Leyla Saylemez et Fidan Doğan, Déjà ces assassinats avaient été perpétrés dans le centre Kurdes du 147, rue La Fayette, siège du Centre d’information du Kurdistan. En 2015, le principal suspect, Omer Güney, est renvoyé devant la cour d’assises de Paris sans que les commanditaires soient identifiés par la justice française . Le chef d’accusation à l’époque est : participation à la préparation d’une action terroriste «à la demande d’individus se trouvant en Turquie et possiblement liés aux services de renseignement turcs». il meurt quelques semaines avant l’ouverture de son procès, qui été prévu en janvier 2017, clôturant l’instruction. De quoi attiser la défiance et la colère des Kurdes vis à vis des autorités françaises.

Malgré une volonté manifeste d’enterrer cette affaire, les familles des victimes obtiennent en 2019 l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire visant, cette fois, Les complices et commanditaires éventuels. Mais l’enquête continue de se heurter au secret-défense. La raison d’État est-elle toujours à l’œuvre face à une Turquie puissante, prompte au chantage migratoire ?

Autre «coïncidence troublante», et ceci au niveau européen ; selon l’avocat Antoine Comte: trois jours avant ce nouveau meurtre, le 20 décembre 2022, les familles des victimes ont été reçues par les juges d’instruction, qui leur ont fait part de l’avancée de l’enquête, relancée récemment «après une série d’événements en Europe : un projet d’attentat contre des dirigeants kurdes à Bruxelles, une condamnation pour espionnage en Allemagne et une tentative d’assassinat en Autriche».

A cette occasion, Antoine Comte a décidé de verser à la procédure les Loups aiment la brume, un livre d’enquête publié en septembre par les journalistes Laure Marchand et Guillaume Perrier, qui «ont mis au jour un réseau d’agents secrets turcs prêts à tout pour liquider leur opposition kurde ou turque, de véritables escadrons de la mort qui circulent en Europe». Yekbun Eksen ne dit pas autre chose : «On s’attendait à ce qu’il y ait des problèmes à Paris, pour les dix ans. On sait que des équipes d’assassins sillonnent l’Europe pour tuer des militants kurdes, et que ça ne s’est pas arrêté le 9 janvier 2013.»

Vous allez maintenant écouter des extraits de la conférence de presse du conseil démocratique kurde de France qui s’est tenu le 23 décembre dans leurs locaux. Nous poursuivrons avec les extraits des prises de parole enregistrées lors de la manifestation du 24 décembre. Une manifestation aura lieu à Paris le 5 janvier à 11 h à Gare du Nord pour réclamer justice, la levée du secret défense et dénoncer la politique d’extrême droite d’Erdogan.

Nous voulions, grâce au travail d’enquête de Médiapart vous donner un peu plus de détail sur l’attaque au sabre dont ont été victimes deux réfugiés à Paris le 8 décembre 2021 par William M., mis en examen dans la tuerie récente rue d’Enghien. Alors qu’ils ignoraient que l’homme avait été libéré, les deux exilés font part de leur incompréhension et de leur sentiment d’insécurité.

Omar*, le réfugié érythréen, n’arrive pas à admettre que son agresseur ait pu sortir de détention provisoire. Pas après qu’il eut « tenté de [le] tuer », il y a tout juste un an, en lui assenant des coups de sabre dans le dos et à la jambe, alors qu’il se réveillait tout juste sur le camp où il vivait avec près de soixante autres exilés dans le parc de Bercy

Omar est en train d’uriner quand, au petit matin, William M. le frappe une première fois dans le dos avec son sabre. Il se retourne pour essayer de comprendre ce qu’il se passe avant de recevoir un deuxième coup à la jambe droite.

Omar est emmené à l’hôpital, où on ne le garde que quelques heures, le temps de le recoudre. « Ensuite, je me suis retrouvé au commissariat. Le policier me demandait pourquoi on s’était bagarrés. Mais comment on peut parler de bagarre quand une personne a été agressée ? »

Comme l’a documenté Mediapart, les quatre principales victimes de l’attaque au sabre, dont Omar fait partie, ont été placées en garde à vue durant quarante-huit heures après le drame. L’une d’entre elles, un ressortissant marocain sans papiers, s’est même vu délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF), alors qu’il est décrit par plusieurs témoins comme celui ayant réussi à maîtriser l’assaillant du parc de Bercy.

Au commissariat, Omar affirme avoir refusé de signer la déclaration rédigée par l’agent de police et demandé la présence d’un avocat, en vain. Il a refusé de signer, le policier l’a menacé de couper sa carte de séjour et de le renvoyer dans son pays. Il a même dit qu’il appellerait la préfecture pour qu’elle ne renouvelle pas ses papiers , il confie n’avoir pas donné ce détail au juge qui l’a interrogé, par peur de représailles.

Parmi les occupants du camp, Omar est celui qui a été le plus blessé : il s’est vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) de dix jours par le médecin à l’hôpital.

Avec du recul, Omar dit ne pas comprendre pourquoi il n’a pas été reconnu comme « victime », ni pourquoi William M. s’est comporté ainsi, alors qu’à son âge, il devrait « montrer le bon exemple aux jeunes et faire preuve de sagesse »« Son père a dit à la télé qu’il ne vivait pas comme tout le monde. Il paraît qu’il voulait garder une balle pour se suicider. Entendre ça m’a détruit. »

Mais ce qui le hante le plus, depuis l’attaque au sabre, c’est son parcours d’errance en France. Arrivé en 2013 après avoir fui son pays, Omar obtient vite le statut de réfugié, mais est trimbalé de centre d’urgence en centre d’urgence, sans parvenir à trouver un logement stable. « J’ai vécu à la rue durant cinq ans, alors que j’avais des papiers, que j’avais fait une procédure Dalo [Droit au logement opposable, un dispositif permettant de se voir proposer une solution de logement digne sous six mois – NDLR] et que mes droits avaient été reconnus en 2019. »

L’assistante sociale qui le suit dans les Hauts-de-Seine dès 2015 lui suggère de trouver d’abord un emploi. « Elle m’a dit qu’on ne donnait pas de maison à quelqu’un qui ne travaille pas. Mais comment je peux travailler si je vis dehors ? Vous savez ce que c’est que de dormir dans une tente et de trimbaler son sac sur le dos et sa couverture toute la journée ? D’être regardé par les gens comme un clochard ?, s’agace-t-il. Ce qu’elle m’a dit ce jour-là m’a fait tellement mal. »

S’il avait eu un logement, jamais William M. ne l’aurait trouvé, ce jour-là à Bercy, pour lui faire du mal. Omar s’est retrouvé dans ce parc parce que c’était l’un des seuls lieux qu’il connaissait à Paris. Durant des mois, il a dormi non loin de là, sous un pont.

Omar a depuis obtenu un logement dans une résidence sociale en région parisienne . Mais aujourd’hui, il dit vivre dans la peur. « Mon cœur saigne. Je dois recommencer ma vie à zéro, mais j’ai vécu trop de choses douloureuses »,

Mediapart a également retrouvons Fares*, un autre Érythréen, témoin de l’attaque au sabre perpétrée le 8 décembre 2021. « Vendredi, quand il a entendu que c’était le même homme qui a tué les Kurdes à Gare de l’Est, ça a été un choc, soupire-t-il, assis près d’un Syrien qui était présent lui aussi dans le parc de Bercy l’an dernier. 

Sans le Marocain qui était dehors et a maîtrisé l’homme en premier, il y aurait eu un massacre », poursuit son ami syrien, qui a depuis obtenu le statut de réfugié. Selon lui, l’exilé marocain aurait quitté la France après avoir été placé en garde à vue et s’être vu délivrer l’OQTF, et reste introuvable. « Je ne l’ai plus revu depuis l’attaque. Il nous avait dit qu’il ne voulait plus rester ici et qu’il avait des enfants en Espagne, peut-être qu’il les a rejoints. »

LES SERVICES PUBLICS : l’école, la santé, la poste

L’émission de ce jour, reviendra sur les différentes menaces qui pèse sur l’avenir des services publics en France comme en Europe. Pour illustré ce sujet, dans l’émission de ce jour, nous vous proposons trois reportages.

Tout d’abord, la situation à l’école élémentaire pasteur de Saint-Denis

Le 4 avril, 6 des 19 enseignant·es de l’école élémentaire Louis Pasteur
à Saint-Denis ont appris qu’ils et elles allaient subir une mutation «
dans l’intérêt du service », dans les jours à venir.Cette décision des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN 93) est la suite d’une série de maltraitances institutionnelles.

À la rentrée 2021, après une année sans direction d’école où l’équipe a dû porter seule les charges administratives, une nouvelle directrice a été nommée par la direction académique. Très rapidement, celle-ci a mise en place des pratiques managériales allant contre le fonctionnement collectif et coopératif de l’équipe et ne prenant jamais en compte l’intérêt des enfants.

Ils·elles ont appris par la suite que la directrice entretenait des relations avec
l’extrême-droite. Aujourd’hui, l’institution, au lieu de protéger les enseignant·es comme il est de son devoir (les demandes de protection fonctionnelle sont restées sans réponse), les réprime violemment et collabore ainsi avec l’extrême-droite !

En prenant cette décision de muter de force des enseignant·es investi·es
auprès de leurs élèves (certain·es sont en poste depuis plus de dix ans
dans l’école) sous prétexte d’une volonté de retour à la « sérénité de
l’école », l’administration prive les élèves de six classes de leur
maître·sse en plein cours de l’année scolaire et désorganise ainsi le
service public d’éducation.

Les enseignant·es de l’école, les parents d’élèves et plusieurs syndicats du 93 appelaient à un rassemblement en soutien aux “6 de Pasteur” le 12 avril dernier devant la DSDEN à Bobigny.”

L’équipe de l’actualité des luttes, se trouvait dans le rassemblement et nous pourront entendre les différentes prises de parole et une interview réalisée avec une enseignante qui nous parle de la situation à Louis Pasteur.

LE 7 AVRIL 2022, Le collectif notre santé en danger, le collectif inter-Urgences, le collectif Stop aux brevets-Réquisitions et le Réseau Santé européens organisaient une manifestation, à l’occasion de la journée mondiale de la Santé, pour interpeler le gouvernement français sur la situation du secteur de la Santé, en France et en Europe.

Dans ce second reportage, nous vous diffusions les entretiens réalisés avec des syndicalistes Belges, majoritairement présent dans le cortège parisien et il nous parle de la situation du secteur de la santé et des services publics en Belgique.
À signaler la faible participation des confédérations syndicales française dans la manifestation parisienne.

Nous terminerons cette émission sur le droit syndical à la poste et pour cela nous nous rendrons à Issy-Les-Moulineaux, ou Le 28 mars dernier était organisé un rassemblement de soutien à Xavier, postier syndicaliste à SUD PTT 92, pourtant protégé, convoqué pour son Entretien Préalable a Licenciement pour prises de parole et activité syndicale.

GUERRE EN UKRAINE

Pour commencer à aborder cette question, nous avons décidé de commencer par vous diffuser un reportage réalisé le dimanche 6 mars 2022 derniers à la cantine des Pyrénées, 77 rue de la mare à Paris, organisé par le collectif des russophones contre la guerre, en soutien à un bataillon anarchiste résistant en Ukraine.

Nous vous diffuserons donc un reportage réalisé avec deux étudiantes russes et deux réfugiés politiques russes,et une partie de la discussion qui a eu lieu dans la cantine lors du repas de l’événement.

Nous avons aussi décidé afin d’encadrer ce reportage de deux lectures d’extraits de textes. Le premier est un texte qui a été composé collectivement par plusieurs activistes anti-autoritaires d’Ukraine. Ils ne représentent aucune organisation, mais s’étaient réuni·es pour écrire ce texte et de se préparer à une éventuelle guerre. En effet, ce texte à été initialement publié le 15 février sur Crimethinc, donc avant le début du conflit et permet d’éclairer leur choix de rester sur le territoire face à l’éventualité de celui-ci.

Il a été édité par plus d’une dizaine de personnes, dont des participant·es aux événements qui y sont décrits, des journalistes qui ont vérifié l’exactitude de leurs affirmations, et des anarchistes de Russie, de Biélorussie et d’Europe. Voici leur première ligne :

“Si la guerre éclate, nous ne savons pas si le mouvement anti-autoritaire survivra, mais nous ferons notre possible pour que ce soit le cas. En attendant, ce texte est une tentative de déposer en ligne l’expérience que nous avons accumulée.

En ce moment, le monde discute activement d’une possible guerre entre la Russie et l’Ukraine. Nous devons préciser que cette guerre est déjà en cours depuis 2014.

Mais chaque chose en son temps.”

(vous pourrez trouvez le lien vers le texte publié en intégralité sur parislutteinfo en bas de l’article)

Le second texte a été publié le 7 mars sur le site de A2C intitulé” pas de guerre entre les peuples pas de paix entre les classes” et permet de replacer les enjeux internationaux dans une chronologie qui n’épargne aucun empire. Voici leur chapeau :

“La crise militaire d’ampleur qui vient de se déclarer aux portes de l’Europe est le point culminant d’une série de crises majeures qui frappent l’humanité depuis une décennie. La crise climatique, la crise économique de 2008, la crise de la covid étaient déjà les symptômes d’un système capitaliste mondial à bout de souffle. Mais l’aggravation brutale de la situation marque un tournant vers un risque de déflagration mondiale. Plus que jamais, les luttes de notre camp, des masses que ce système opprime et exploite, sont essentielles pour stopper cette folie.”

Pour terminer nous vous diffusons les prochains événements organisé par le collectif pour cette semaine :

Les étudiantes et réfugiés politiques russes prendront la parole pour témoigner de leur expérience du régime de Poutine.

Le mardi 15 mars et le jeudi 17 mars à 19h00, une série d’événements sera organisée au cours desquels nous parlerons de la Russie contemporaine de Poutine – le système politique, la dictature, la violence policière et la censure. De cette façon, nous voulons montrer ce que Poutine apporte à l’Ukraine et a déjà apporté à de nombreuses régions occupées. Également, on traitera le thème de la guerre en Ukraine et de la résistance du peuple ukrainien contre l’armée russe.

La narration sera accompagnée de séquences vidéo, dont beaucoup montrent des scènes de violence.

Une discussion suivra au cours de laquelle nous répondrons aux questions. Le 17 mars on va ainsi discuter autour de la résistance anarchiste à l’invasion russe.

   RDV : mardi 15 mars, 19 h, à l’Hypocrite, 10 rue de Poitou, Montrouge

: jeudi 17 mars, 19 h, au Marbré, 39 rue des Deux Communes, Montreuil

Pour lire les articles dans leur intégralité :

https://paris-luttes.info/anarchistes-et-guerre-perspectives-15761
https://paris-luttes.info/anarchistes-et-guerre-perspectives-15761

8 mars : Les Peuples Veulent ! 3.0 /L’INTERNATIONALE FÉMINISTE

Du 12 au 14 novembre 2021 avaient lieu Les rencontres internationalistes « Les Peuples Veulent” pour une troisième édition à l’espace AERI 57 rue Etienne Marcel à Montreuil.

Des activistes du monde entier étaient attendu.e.s en novembre à Montreuil pour nous raconter leurs expériences, partager leurs idées, analyses et espoirs. Cette édition comprenait trois thèmes : Internationalismes d’hier et de demain/ Les voies du changement/ L’internationale Féministe. Tout au long de l’événement, un plateau radio organisé par FPP permettait de discuter et de présenter chacun.e.s de nos invité.e.s plus en détail.

Ainsi pour cette journée internationale de lutte pour le droit des femmes, nous décidons de vous diffuser deux montages. Tout d’abord un plateau radio réalisé avec la Coordinadora Feminista 8M (Chili). Ensuite, nous vous diffuserons la première partie du débat organisé lors de cet événement sur l’Internationale Féministe.

La vague de révolte féministe ne cesse de grossir dans le monde entier. Ces dernières années les combats féministes n’ont cessé de bouleverser l’ordre établi et d’imaginer un futur plus égalitaire pour toutes et tous.

Alors que certaines revendications sont parfois spécifiques aux contextes locaux, il existe plus que des résonances entre les luttes féministes en Amérique Latine, en Europe, au Moyen-Orient ou ailleurs. Ces mobilisations et la circulations des outils, des idées et des formes d’actions peuvent être comprises comme une expérience collective, à la fois locale et transnationale.

Ainsi, l’internationale féministe, ne serait-il pas une hypothèse révolutionnaire à part entier ?

Avec la Coordinadora Feminista 8M (Chili), Roula Seghaier (Liban, Tunisie), Arya Thomas (Inde), Somayeh Rostampour du Collectif98 (Kurdistan, Iran), Louise des Bombes Atomiques à Bure (France) – Syrian Feminist Society (Syrie) par zoom.

Vous pourrez retrouver l’ensemble du débat sur la chaine youtube de la cantine syrienne : https://www.youtube.com/channel/UC6mrrpePlPS8w6VhEgieyPQ

MIMMO LUCANO : La solidarité n’est pas un délit !

Bourse du travail de paris : l8 novembre 2021

Un collectif de citoyennes et de citoyens ont organisé à la Bourse du Travail à Paris une soirée de soutien à Mimmo Lucano le mercredi 17 novembre en présence de Mimmo Lucano, de collectifs et associations ainsi que de personnalités engagées dont MM. Eric Fassin, Sylvie Glissant, Cédric Herrou, Marie Cosnay, Olivier Favier, Romain Filhol, Maîtres Arié Alimi, Agnès Tricoire, Nicolas De Sa-Pallix et Vincent Brengarth… 

C’est l’intervention de mimmo lucanno que nous vous proposons d’écouter dans l’émission de ce jour.

Domenico « Mimmo » Lucano, ex-maire de Riace (Calabre) a été condamné en septembre 2021 à plus de treize années de prison et 500 000 € d’amende pour avoir fait preuve d’humanité envers les réfugié•es arrivé•es par la mer en les accueillant dans son village frappé par l’exode rural, et en proposant un modèle d’intégration efficace. Rappelons que le nombre de personnes ayant péri en tentant de rejoindre l’Europe a plus que doublé cette année; selon les statistiques de l’OIM, il se monte à 1 146 pour le premier semestre 2021. Il était de 513 en 2020.

Il s’agissait pour les organisateurs et les personnes présentes d’émettre un message qui franchisse les frontières et résonne à travers l’Europe – car c’est aussi au niveau européen que se livrera la prochaine bataille pour Mimmo. Interventions, projections, musique, livres… ce sera l’occasion d’exprimer chacune et chacun à sa manière un enjeu commun : protester contre le sort réservé aux exilé•es en Occident, et dénoncer la criminalisation de la solidarité.

Il s’agissait d’apporter un soutien à Mimmo, ainsi qu’aux vingt autres personnes condamnées avec lui, et à faire entendre le plus largement possible des paroles d’accueil, de lutte et de fraternité face à la violence des frontières.

 Le collectif de soutien à Mimmo Lucano

(collectifsoutienmimmolucano@protonmail.com)

En Italie, Domenico Lucano a été condamné à treize ans de prison. L’ancien maire de la ville calabraise de Riace avait mis en œuvre une politique d’accueil des exilés qui a permis de repeupler son village et développer les services publics. Un collectif de citoyen a organisé une soirée de solidarité à Paris.

Quand la solidarité s’exprime envers un Italien, c’est « Bella ciao » qui est chantée. À la Bourse du travail de Paris, ils étaient plusieurs centaines dans cette enceinte qui avait accueilli les réunions de Nuit Debout à entonner ce chant de la résistance transalpine, mercredi, en début et en fin de soirée.

Tous venaient dire combien est injuste la peine de plus 13 années de prison, infligée par la justice italienne, à l’encontre de l’ex-maire de Riace, Mimmo Lucano. Ce dernier a été accusé d’abus de bien social, de favoriser l’immigration illégale. En réalité, il paie le prix de sa politique exemplaire de solidarité avec les migrants.

Le village se repeuple

Car il a redonné vie à son village. Face à la salle, c’est l’émotion quand celui qui peut encore faire appel raconte, à la fin des années 1990, l’arrivée d’un navire sur la côte ionienne. Avec l’évêque, il aide à l’accueil des Kurdes qui débarquent sur la plage. « Ils étaient 200, alors que mon village ne comptait que 500 habitants », narre-t-il. Il s’entend avec les émigrés italiens – ceux partis de Riace vers le nord du pays ou en Amérique latine chercher un travail – pour qu’ils mettent à disposition des nouveaux venus leurs maisons vides. Le village se repeuple.

Cabale judiciaire

Et en 2004, il est élu maire. Il utilise les 35 euros de subvention aux villes qui accueillent les migrants, à la fois pour ces derniers, et pour développer les services publics et le développement économique, dans une terre mitée par la mafia. « Il faut que toute la société profite de l’accueil des migrants », explique l’ancien maire. L’histoire est trop belle. Et quand les politiques d’immigrations se durcissent en 2016, une cabale judiciaire se met en place.

Signer la pétition sur change.org

Contact : libertepourmimmo@orange.fr

Suivre l’actualité : «Liberté pour Mimmo»

En 2018, Mimmo est arrêté et placé en résidence surveillée sur ordre du ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Matteo Salvini. Il est accusé d’avoir organisé des mariages de convenance pour aider des femmes déboutées du droit d’asile à rester en Italie. La justice reproche également à l’ex-édile de ne pas avoir fait d’appel d’offres pour la gestion des déchets du village et de l’avoir attribuée à des coopératives liées aux migrants. Le 30 septembre 2021, Mimmo Lucano est condamné à 13 ans de prison et à 500 000 euros d’amende pour « escroquerie, abus de biens sociaux, fraude aux dépens de l’État et aide à l’immigration clandestine ».

Nous sommes consternés tant par la qualification des faits que par l’extravagante sévérité de la peine, qui va bien au-delà des réquisitions du parquet. Comment en est-on arrivé là, alors que le tribunal a retenu qu’il ne s’était pas personnellement enrichi ? Les signataires de cet appel considèrent que cette condamnation purement politique a pour seul objet de dissuader ceux qui mettent en œuvre la solidarité avec les migrants.

Face au climat de montée des haines racistes et xénophobes que connaissent l’Italie, la France et bon nombre de pays européens, il est impérieux que ceux qui, comme cet élu, ont défendu les droits de l’homme les plus élémentaires et transformé un village mourant en lieu de vie, continuent à être salués pour leur action et leur courage plutôt que transformés en délinquants pour satisfaire l’extrême droite. Non, la solidarité n’est pas un délit.

AU MEXIQUE COMME PARTOUT LE CAPITALISME DÉTRUIT TOUT

Paris ; le 18 octobre 2021

Le 18 octobre, nous recevions dans nos studios deux représentants du conseil national indigène ; Angel Sulub et Maria de Jésus Patricio Martinez.

Trois membres du Congrès National Indigène du Mexique étaient de passage à Paris, dans le cadre de la tournée européenne d’une délégation zapatiste. Ces représentants de peuples autochtones ont alerté sur les dommages causés par des méga-projets industriels, portés pour certains par des multinationales françaises. Face aux dégâts environnementaux à venir, la résistance de ces populations affectées s’organise. 

Les entreprises françaises responsables de la destruction de leur environnement sont en première ligne : EDF et Danone. « Ces méga-projets engagent une destruction grave de nos forêts, de nos terres, de notre eau », affirme Angel Sulub, représentant du peuple maya. « On appelle cela une spoliation de la vie. Parce que ces méga-projets sont destructeurs de nos terres », abonde, assise à ses côtés, Maribel Cervantes, représentante du peuple populuca. Derrière eux, une carte du Mexique est projetée, sur laquelle sont épinglés tous ces grands chantiers actuels.

Né en octobre 1996, suite au soulèvement des zapatistes, le Congrès National Indigène (CNI) regroupe des délégués des divers peuples autochtones mexicains. Leur credo : « Jamais plus un Mexique sans nous ». Maria de Jésus Patricio Martinez en est la porte-parole. Guérisseuse Nahua, elle fut la première femme issue d’un peuple autochtone à se présenter à une élection présidentielle mexicaine, en 2018. Leur venue à Paris a été organisée par la délégation zapatiste présente en Europe dans le cadre de leur « Voyage pour la Vie ».

 EDF et Danone pointé du doigt au Mexique

Dans le sud du Mexique, EDF porte un vaste projet d’implantation d’éoliennes, Gunaá Sicarú. « Prisée pour la puissance et la constance de ses vents, la commune d’Union Hidalgo demeure un véritable eldorado pour les leaders mondiaux du secteur énergétique », retrace l’ONG CCFD Terre Solidaire. Dans un rapport paru en juin 2021, l’ONG pointe les manquements de l’État français, principal actionnaire d’EDF. Avec ses 115 éoliennes, le projet affectera le territoire des habitants d’Union Hidalgo, « issus à 90 % du peuple autochtone zapotèque, pour qui le rapport à la terre et à la nature est sacré », rappelle l’ONG.

Au centre du Mexique, Danone est aussi dans le viseur des représentants des peuples autochtones. La multinationale « est en train d’extraire toute l’eau des volcans. Cela créé de grands cratères, et la terre s’y effondre. C’est une catastrophe », alerte Maribel Cervantes. Pour mener à bien ses activités, Danone utilise la société Bonafont, rachetée en 1995 (le Mexique est, depuis lors, un pays stratégique pour le géant de l’eau).

Aux yeux des représentants, ces projets industriels se nourrissent entre eux. Le parc éolien d’EDF viendra répondre aux besoins énergétiques des autres chantiers, que le gouvernement mexicain aime à nommer « pôles de développement ». « Nous ne voulons pas du couloir transisthmique qui transforme en une usine d’énergie éolienne, de sous-traitance et d’exploitation de minerais des zones entières depuis l’Océan Pacifique jusqu’au Golfe du Mexique », écrit le CNI dans une déclaration datée du 11 octobre.

Sans compter qu’un nouvel accord commercial est en cours d’élaboration entre l’Union Européenne et le Mexique. Cet accord risque d’accélérer ce type de méga-projets. « L’expérience nous apprend que les accords de libre échange ont toujours été en faveur des multinationales et des instruments de destruction », tranche Angel Sulub. « Et que cela a toujours accéléré la dépossession de nos peuples ».

 Assassinats et enlèvements de défenseurs des droits humains

 Pour les responsables autochtones, la complicité est grande entre les entreprises transnationales, le gouvernement mexicain, et certains groupes armés. « Ces méga-projets sont accompagnés d’une militarisation ; de programmes d’assistance sociale qui visent à fragmenter les sociétés ; et de persécutions des défenseurs des droits humains » précise Angel Sulub. Les assassinats et enlèvements de défenseurs des droits humains se multiplient, et demeurent impunis. Pour n’en citer qu’un : Samir Flores Soberanes, membre du Front populaire de défense de la terre et de l’eau (une association présente dans le centre-est du Mexique), a été abattu en février 2019 après avoir reçu des menaces de mort. 

Ces menaces sont de plus en plus nombreuses pour ceux qui s’opposent aux méga-projets industriels et au gouvernement mexicain. « Dans le Chiapas, le groupe paramilitaire ORCAO intensifie ses attaques armées contre les communautés zapatistes. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, il y a eu une nouvelle attaque », déplore ainsi Angel Sulub. 

Dans ce contexte, comment continuer à faire entendre la voix des peuples autochtones ? « Le plus important pour nous, c’est d’avoir des organisations de terrain, luttant à la base », insiste Maribel Cervantès. Certaines poches de résistance font face à plusieurs projets. « Dans l’État du Yucatán, il y a une grande résistance contre le mal-nommé « train Maya », un projet qui menace toute la région sud-est du pays. Cette lutte se concentre aussi contre les projets d’éoliennes d’EDF, et les élevages intensifs de porcs », cite Angel Sulub.

 Auto-défense et recours juridique menés de front

 Ces luttes s’articulent autour de plusieurs leviers. Les représentants du CNI en décrivent deux principaux. D’un côté, une stratégie d’auto-défense. Il s’agit de « reprendre la main sur notre sécurité, en l’assurant nous-mêmes, avec les us et coutumes de nos propres communautés », explique Maria de Jésus Patricio Martinez. Des polices communautaires sont créés. « Cela nous est bénéfique, car nous n’avons aucune confiance dans la police, la marine, et toutes les institutions de défense du gouvernement mexicain ».

De l’autre, un levier plus légaliste, basé sur des recours en urgence ou de longs bras-de-fer judiciaires. « Nous utilisons des instruments juridiques comme les recours en référé », indique Maribel Cervantes. « Nous nous appuyons aussi sur la dénonciation de la violation du droit au libre consentement des peuples indigènes ». De fait, le Mexique a ratifié la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Ce texte oblige l’État – en théorie – à réaliser des consultations auprès des populations affectés par un projet industriel. Or, « ces consultations ne se réalisent pas, ou se font de manière frauduleuse. Ce sont des simulacres, qui visent à faire croire que nous sommes d’accord avec ces méga-projets », dénonce Maribel Cervantes.

Malgré les arguments apportés devant les juges, difficile de freiner ces dynamiques. « Le système judiciaire mexicain n’est pas pensé pour les peuples indigènes », déplore la déléguée populuca. En France aussi, EDF est assigné en justice depuis octobre 2020 pour son projet de parc éolien. L’affaire est toujours en cours. « Cela fait partie de notre stratégie de lutte légale », commente Maribel Cervantès. Mais en France comme au Mexique, « nous savons que la justice a sa propre manière de faire, et nous avons davantage confiance dans notre auto-organisation. Même lorsque l’on gagne des recours, ils ne sont souvent pas respectés », craint-elle.

Pour autant, porter ces sujets en France, dans les tribunaux comme auprès de l’opinion publique, est important pour ces représentants du CNI. Ce voyage leur permet « d’écouter les luttes existant dans d’autres territoires, afin de renforcer nos propres résistances. Nous faisons tous partie de cette grande lutte pour la vie », concluent-ils.

LES CENTRES DE RÉTENTION ADMINISTRATIF

Depuis le début de la crise de la Covid 19, le trafic aérien est extrêmement limité, beaucoup de frontières sont fermées mais des personnes continuent d’être enfermées dans les centres de rétention administrative (CRA). Mercredi 28 octobre, le gouvernement annonce un deuxième confinement et la fermeture totale des frontières extérieures à l’Europe. Pourtant, l’État refuse toujours de fermer les centres de rétention !

Dans l’émission de ce jour et de manière réguliere, nous revenons sur la situation au sein des centres de rétention en compagnie d’un membre de l’équipe de l’émission l’envolée.

Nous débuterons cette émission par un tour d’horizon de différent mouvement qui ont eu lieu ses dernière semaines, suivra la lecture d’un communiqué des prisonniers en gréve de la faim au CRA de Vincennes. Ensuite, nous parlerons du mouvement de révolte qui a eu au CRA du Canet à Marseille début Novembre.

En seconde partie d’émission, nous parlerons de la situation au centre de rétention du Mesnil-Amelot et nous diffuserons un entretien réalisé avec une proche d’un prisonnier du CRA.

Nous terminerons cette émission avec la lecture d’un texte de Laurent Jacqua ; lettre d’un prisonnier covid 1984.

LA SITUATION DES MIGRANTS EN EUROPE

Dans cette émission on donne la parole aux enfermés des Centres de Rétention. La machine de démolition bat son plein et les mecs sont à bout.

On va entendre le témoignage d’une personnes transférée du Cra du Mesnil-Amelot au Cra de Oissel suite aux révoltes qui ont eu lieu les 11 et 12 avril et dont on vous parle dans une précédente émission diffusée dans L’actualité des luttes le 14 avril.

Ensuite on vous diffuse trois témoignages de personnes enfermées au CRA de Vincennes, enregistrés vendredi 17avril et qui décrivent les conditions effroyables d’enfermement alors que l’épidémie se répand. On apprend que les personnes infectées par le virus et dans un état critique ne sont pas transférée à l’hôpital.

Dans la deuxième partie d’émission des camarades font un point sur la situation des sans-papiers en Belgique, en Italie et en Grèce au temps de confinement. Bonne écoute!