Manif Gilets jaunes – Manifestation commémoration kurde 10ans

Le 7 janvier 2023 se tenait des manifestations gilets jaunes à travers la France avec des revendications portant principalement sur les retraites, la vie chère et l’utilisation des articles 49.3. Vous pourrez entendre un reportage à cette occasion, réalisé dans le cortège parisien.

En complément d’information, nous recopions ici un extrait d’un article du Poing relatif à cette journée, publié le 8 janvier 2023. Le reste de l’article est à retrouver sur leur site internet à cette adresse : https://lepoing.net/retour-sur-la-mobilisation-des-gilets-jaunes-le-7-janvier-en-province/

“Les gilets jaunes d’Agde dans l’Hérault se sont retrouvés sur leur rond-point habituel. Ils étaient une vingtaine à Millau, et le même nombre à Nîmes. L’indépendant aura recensé une centaine de manifestants à Carcassonne.

Une centaine de Gilets jaunes sont réunis à Angers, où un gilet jaune géant floqué de l’inscription « Stop Macron et son monde » à été enlevé des grilles du Jardin des Plantes par la police. Sur Pau les contestataires ont plutôt opté pour une ouverture des barrières du péage d’autoroute local. Deux rendez-vous étaient proposés aux gilets jaunes de la région d’Avignon . Le premier sur un rond-point. Le second en centre-ville, où les manifestants ont dû se séparer en petits groupes pour échapper à une nasse mise en place par les forces de l’ordre. Le Progrès comptait une vingtaine de gilets jaunes en début d’après midi à Bellay. Sur Bordeaux une centaine de manifestants ont défilé en centre ville. Une petite quinzaine de gilets jaunes ont occupé un rond-point à Nancy. 60 personnes étaient rassemblées à Nice. France 3 Régions évoque des revendications contre la réforme des retraites, la vie chère et l’usage intensif de l’article 49.3 par la majorité macroniste, là où le journal indépendant Mouais parle d’une mobilisation contre le vaccin du Covid. La Dépêche compte une cinquantaine de manifestants à Tarbes La mobilisation était plus importante à Vannes où, selon « Le Télégramme »« 200 personnes environ ont manifesté ». Des chiffres similaires dans le Grand Est, où le quotidien régional « l’Alsace » évoque« autour de 150 manifestants à Strasbourg et Colmar, 200 à Mulhouse ». Trois cents gilets jaunes étaient mobilisés à Toulouse, et une vingtaine à Montauban. Une quarantaine de gilets se sont aussi retrouvés à Gerzat, tout près de Clermont Ferrand, au rond-point près du péage de l’A67. Mobilisation comparable au Mans. Cinquante GJ battaient le pavé à Chambéry et à Perpignan, pour une dizaine à Albertville.

D’autres rassemblements se sont tenus à Alençon, Andrézieux, Annecy, Annonay, Augny (près de Metz), Barentin, Belfort, Bergerac, Besançon, Cahors, Cannes, Choisey, Cognac, Colomiers, Davézieux, Dijon, Essay-les-Nancy, Etampes, Figeac, Fontainebleau, Gisors, Grenoble, Kingersheim, La Roche sur Yon, La Réunion, Lille, Lommes, Lons le Saunier, Marseille, Montabon, Montélimar, Montluçon, Niort, Le Puy en Velay, Saint-Avold, Saint-Brieuc, Saint- Nazaire, Saint-Geneviève des bois, Toulon, Trignac, Ussel, Villefranche de Lauragais, Villefranche sur Saône, Villeneuve sur Lot, Voujeaucourt ou encore Wassellonne.”

Également, nous vous partageons un article de Politis en date du 14 novembre 2022 et relatif au rachat d’équipement et de fourniture pour les force de l’ordre par le ministère de l’intérieur, et ce, pour les 4 ans à venir : https://www.politis.fr/articles/2022/11/maintien-de-lordre-un-appel-doffres-de-38-millions-deuros-de-grenades-45030/

Le deuxième reportage porte sur la marche commémorative en hommage à trois militantes kurdes assassinées il y a 10 ans, pour crier leur exigence de vérité et de justice, et ce, alors que deux semaines plus tôt, trois personnes kurdes, se faisaient tuer à nouveau dans les rues de Paris.

Communiqué du Conseil démocratique kurde en France :

“Alors que nous étions entièrement affairés aux préparatifs du 10e anniversaire du triple assassinat des militantes kurdes exécutées par l’État turc à Paris le 9 janvier 2013, trois autres militants kurdes ont été froidement assassinés le 23 décembre 2022, dans un attentat terroriste visant le siège de notre association, dans le 10e arrondissement de Paris.

Parmi les victimes, figure Emine Kara (connue sous le nom d’Evîn Goyî), une figure emblématique du Mouvement des Femmes kurdes, ainsi que le jeune chanteur kurde Mîr Perwer, qui avait été contraint de se réfugier en France suite à une condamnation par la justice turque à une peine de prison en raison de son engagement pour la culture kurde. La troisième victime est Abdurrahman Kizil, un homme kurde d’une soixantaine d’années qui fréquentait régulièrement l’association. L’attentat a fait par ailleurs trois blessés.

Pour le CDK-F, il ne fait aucun doute que la Turquie et ses services de renseignements sont impliqués dans cet attentat terroriste qui a endeuillé le peuple kurde et toute la France. C’est pourquoi, nous avons aussitôt soulevé auprès des autorités judiciaires le caractère terroriste de ces crimes. Cependant, à ce stade, aucune de nos revendications n’a été prise en compte. Bien que toutes les conditions soient réunies pour qualifier cette attaque meurtrière de terroriste, le parquet n’a pas retenu cette qualification, considérant qu’il s’agissait d’un acte raciste.

C’est la deuxième fois en moins de dix ans que Paris est le théâtre d’un massacre politique contre les Kurdes et particulièrement contre les femmes kurdes. Ces crimes terroristes ne touchent pas seulement la France et sa communauté kurde, mais un peuple de 50 millions de personnes dispersées dans les quatre coins du monde.

10 ans après l’assassinat à Paris des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, le sentiment d’impunité règne plus que jamais, le sentiment que la France cherche à jeter aux oubliettes ce crime politique, comme tant d’autres qui jalonnent son histoire contemporaine.

En effet, durant ces 10 longues années, l’État français n’a manifesté aucune volonté politique pour élucider cette affaire, ni fait aucun geste pour faciliter les investigations et le travail de la justice. Or, il ne s’agit pas là d’une simple affaire judiciaire, mais d’un crime terroriste dans lequel sont impliqués les services d’un État étranger, comme le confirme le réquisitoire du Procureur de la République : « de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. »

Sollicité à plusieurs reprises par les juges d’instruction pour la déclassification des informations détenues par les différents services de renseignements français concernant cette affaire, les gouvernements français successifs ont toujours opposé le secret-défense. En refusant de lever le secret-défense, la France commet un déni de justice et entretient l’impunité d’un crime politique et terroriste.

Nous le disons haut et fort: tant que les commanditaires du triple assassinat du 9 janvier 2013 ne seront pas jugés et condamnés, l’attentat politique du 23 décembre 2022 restera également impuni. Toute la lumière doit être faite, tant sur la première affaire que sur la deuxième qui endeuille et meurtrit une fois de plus notre communauté.

C’est pourquoi, il est plus que jamais nécessaire d’adopter une position commune face à cette barbarie du régime turc dont les répercussions dépassent largement la sphère kurde.

Le 7 janvier sera l’occasion de manifester notre colère et de crier haut et fort notre exigence de vérité et de justice.

Nous appelons les élus de la République, de quelque bord qu’ils soient, à se joindre à nous dans cette marche, avec leur écharpe tricolore, afin de revendiquer la justice et de mettre fin à cette impunité qui ternit l’honneur de la France.

En outre, nous appelons les défenseurs des droits humains, et particulièrement les avocats, à se joindre à la manifestation avec leur robe, afin de rappeler la primauté du droit et de revendiquer la justice aux côtés des familles des victimes et des milliers d’autres manifestants.

Enfin, nous demandons aux organisations politiques, syndicales et associatives de nous rejoindre pour porter haut nos voix et notre quête de justice.

La France doit lever le secret-défense et faire tout le nécessaire pour résoudre l’affaire du triple assassinat du 9 janvier. La justice française doit reconnaître le caractère terroriste de l’attentat du 23 décembre 2022 afin que les commanditaires soient jugés et condamnés.

Conseil démocratique kurde en France”

Lien vers le site du CDK-F : https://cdkf.fr/

DES MILITANTS ET UNE MILITANTE KURDES, A NOUVEAU, TUÉS EN PLEIN PARIS

En plein Paris, le 23 décembre 2022, le centre culturel Kurdes a une nouvelle fois été visé, trois personnes ont été blessées et trois autres tuées : deux hommes et une femme ; Emine Kara, responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Mir Perwer chanteur kurde et Abdulrahman Kizil un habitué du centre : pas vraiment des passants pris au hasard !

Dans cette émission, en recoupant les éléments notamment mis à jour dans les articles de l’Humanité et de Libération, et la conférence de presse du 24 décembre organisée par le conseil démocratique Kurde, nous vous proposons de revenir sur les événement qui ont endeuillé la communauté kurdes de France, forte de 350 000 membres.

Selon le gouvernement français ; Un loup solitaire, déséquilibré, pris d’une impulsion raciste, aurait pris son arme et tiré au hasard ? Yekbun Eksen le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) n’y croit pas : « Le peuple kurde, en quarante ans de lutte de libération nationale, sait qu’il n’y a jamais de coïncidence », « Pour nous, ce n’est pas anodin que ces assassinats se soient produits dans ce lieu qui fait office d’ambassade du plus grand peuple sans État ».

Difficile de croire à la thèse officielle d’un tireur isolé. Le tireur était récemment sorti de prison et a très bien pu être instrumentalisé par des pro-Erdogan, président d’extrême droite de Turquie.

«Dans cette affaire tout est trop gros»

L’homme arrêté, William M., 69 ans, ancien conducteur de train, est connu de la justice pour deux tentatives d’homicide, commises en 2016 et décembre 2021, un des faits visés concerne l’attaque raciste d’un camp de migrants, le 8 décembre 2021. Il avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour des dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire avant d’être remis en liberté le 12 décembre dernier. Malgré ces faits extrêmement graves et en récidive, il a été libéré au bout d’un an et n’est pas connu des renseignements territoriaux et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ni « fiché comme étant quelqu’un d’ultradroite » !

Selon les informations recueillies par l’Humanité, l’homme aurait été déposé par une voiture devant le siège du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) alors que devait se tenir une réunion d’une soixantaine de femmes kurdes, finalement décalée d’une heure au dernier moment. Un massacre a été évité. Qui aurait renseigné le tueur ?

Pourquoi le suspect avait-il une arme alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de port d’arme ? Pourquoi cibler les Kurdes alors qu’ils sont connus pour avoir lutté contre les islamistes radicaux de Daech ?» Qui lui a fourni cette arme ?

Selon Agit Polat, porte-parole du CDKF,  « il est inadmissible que dans cette affaire le caractère terroriste ne soit pas retenu et qu’on essaie de nous faire croire qu’il s’agit d’un simple militant d’extrême droite, un récidiviste tout juste sorti de prison le 12 décembre ». « Il y a à peine vingt jours de cela, lors d’un échange avec les services de renseignements français, j’ai moi-même fait part personnellement de mes craintes concernant notre sécurité. J’ai souligné la nécessité d’augmenter la sécurité au sein et autour de notre association ».

Le centre kurde n’était pas protégé par la police

le 9 janvier 2013, la communauté kurde avaient déjà été visée par les assassinats de trois militantes, Sakine Cansız, figure historique du PKK, Leyla Saylemez et Fidan Doğan, Déjà ces assassinats avaient été perpétrés dans le centre Kurdes du 147, rue La Fayette, siège du Centre d’information du Kurdistan. En 2015, le principal suspect, Omer Güney, est renvoyé devant la cour d’assises de Paris sans que les commanditaires soient identifiés par la justice française . Le chef d’accusation à l’époque est : participation à la préparation d’une action terroriste «à la demande d’individus se trouvant en Turquie et possiblement liés aux services de renseignement turcs». il meurt quelques semaines avant l’ouverture de son procès, qui été prévu en janvier 2017, clôturant l’instruction. De quoi attiser la défiance et la colère des Kurdes vis à vis des autorités françaises.

Malgré une volonté manifeste d’enterrer cette affaire, les familles des victimes obtiennent en 2019 l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire visant, cette fois, Les complices et commanditaires éventuels. Mais l’enquête continue de se heurter au secret-défense. La raison d’État est-elle toujours à l’œuvre face à une Turquie puissante, prompte au chantage migratoire ?

Autre «coïncidence troublante», et ceci au niveau européen ; selon l’avocat Antoine Comte: trois jours avant ce nouveau meurtre, le 20 décembre 2022, les familles des victimes ont été reçues par les juges d’instruction, qui leur ont fait part de l’avancée de l’enquête, relancée récemment «après une série d’événements en Europe : un projet d’attentat contre des dirigeants kurdes à Bruxelles, une condamnation pour espionnage en Allemagne et une tentative d’assassinat en Autriche».

A cette occasion, Antoine Comte a décidé de verser à la procédure les Loups aiment la brume, un livre d’enquête publié en septembre par les journalistes Laure Marchand et Guillaume Perrier, qui «ont mis au jour un réseau d’agents secrets turcs prêts à tout pour liquider leur opposition kurde ou turque, de véritables escadrons de la mort qui circulent en Europe». Yekbun Eksen ne dit pas autre chose : «On s’attendait à ce qu’il y ait des problèmes à Paris, pour les dix ans. On sait que des équipes d’assassins sillonnent l’Europe pour tuer des militants kurdes, et que ça ne s’est pas arrêté le 9 janvier 2013.»

Vous allez maintenant écouter des extraits de la conférence de presse du conseil démocratique kurde de France qui s’est tenu le 23 décembre dans leurs locaux. Nous poursuivrons avec les extraits des prises de parole enregistrées lors de la manifestation du 24 décembre. Une manifestation aura lieu à Paris le 5 janvier à 11 h à Gare du Nord pour réclamer justice, la levée du secret défense et dénoncer la politique d’extrême droite d’Erdogan.

Nous voulions, grâce au travail d’enquête de Médiapart vous donner un peu plus de détail sur l’attaque au sabre dont ont été victimes deux réfugiés à Paris le 8 décembre 2021 par William M., mis en examen dans la tuerie récente rue d’Enghien. Alors qu’ils ignoraient que l’homme avait été libéré, les deux exilés font part de leur incompréhension et de leur sentiment d’insécurité.

Omar*, le réfugié érythréen, n’arrive pas à admettre que son agresseur ait pu sortir de détention provisoire. Pas après qu’il eut « tenté de [le] tuer », il y a tout juste un an, en lui assenant des coups de sabre dans le dos et à la jambe, alors qu’il se réveillait tout juste sur le camp où il vivait avec près de soixante autres exilés dans le parc de Bercy

Omar est en train d’uriner quand, au petit matin, William M. le frappe une première fois dans le dos avec son sabre. Il se retourne pour essayer de comprendre ce qu’il se passe avant de recevoir un deuxième coup à la jambe droite.

Omar est emmené à l’hôpital, où on ne le garde que quelques heures, le temps de le recoudre. « Ensuite, je me suis retrouvé au commissariat. Le policier me demandait pourquoi on s’était bagarrés. Mais comment on peut parler de bagarre quand une personne a été agressée ? »

Comme l’a documenté Mediapart, les quatre principales victimes de l’attaque au sabre, dont Omar fait partie, ont été placées en garde à vue durant quarante-huit heures après le drame. L’une d’entre elles, un ressortissant marocain sans papiers, s’est même vu délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF), alors qu’il est décrit par plusieurs témoins comme celui ayant réussi à maîtriser l’assaillant du parc de Bercy.

Au commissariat, Omar affirme avoir refusé de signer la déclaration rédigée par l’agent de police et demandé la présence d’un avocat, en vain. Il a refusé de signer, le policier l’a menacé de couper sa carte de séjour et de le renvoyer dans son pays. Il a même dit qu’il appellerait la préfecture pour qu’elle ne renouvelle pas ses papiers , il confie n’avoir pas donné ce détail au juge qui l’a interrogé, par peur de représailles.

Parmi les occupants du camp, Omar est celui qui a été le plus blessé : il s’est vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) de dix jours par le médecin à l’hôpital.

Avec du recul, Omar dit ne pas comprendre pourquoi il n’a pas été reconnu comme « victime », ni pourquoi William M. s’est comporté ainsi, alors qu’à son âge, il devrait « montrer le bon exemple aux jeunes et faire preuve de sagesse »« Son père a dit à la télé qu’il ne vivait pas comme tout le monde. Il paraît qu’il voulait garder une balle pour se suicider. Entendre ça m’a détruit. »

Mais ce qui le hante le plus, depuis l’attaque au sabre, c’est son parcours d’errance en France. Arrivé en 2013 après avoir fui son pays, Omar obtient vite le statut de réfugié, mais est trimbalé de centre d’urgence en centre d’urgence, sans parvenir à trouver un logement stable. « J’ai vécu à la rue durant cinq ans, alors que j’avais des papiers, que j’avais fait une procédure Dalo [Droit au logement opposable, un dispositif permettant de se voir proposer une solution de logement digne sous six mois – NDLR] et que mes droits avaient été reconnus en 2019. »

L’assistante sociale qui le suit dans les Hauts-de-Seine dès 2015 lui suggère de trouver d’abord un emploi. « Elle m’a dit qu’on ne donnait pas de maison à quelqu’un qui ne travaille pas. Mais comment je peux travailler si je vis dehors ? Vous savez ce que c’est que de dormir dans une tente et de trimbaler son sac sur le dos et sa couverture toute la journée ? D’être regardé par les gens comme un clochard ?, s’agace-t-il. Ce qu’elle m’a dit ce jour-là m’a fait tellement mal. »

S’il avait eu un logement, jamais William M. ne l’aurait trouvé, ce jour-là à Bercy, pour lui faire du mal. Omar s’est retrouvé dans ce parc parce que c’était l’un des seuls lieux qu’il connaissait à Paris. Durant des mois, il a dormi non loin de là, sous un pont.

Omar a depuis obtenu un logement dans une résidence sociale en région parisienne . Mais aujourd’hui, il dit vivre dans la peur. « Mon cœur saigne. Je dois recommencer ma vie à zéro, mais j’ai vécu trop de choses douloureuses »,

Mediapart a également retrouvons Fares*, un autre Érythréen, témoin de l’attaque au sabre perpétrée le 8 décembre 2021. « Vendredi, quand il a entendu que c’était le même homme qui a tué les Kurdes à Gare de l’Est, ça a été un choc, soupire-t-il, assis près d’un Syrien qui était présent lui aussi dans le parc de Bercy l’an dernier. 

Sans le Marocain qui était dehors et a maîtrisé l’homme en premier, il y aurait eu un massacre », poursuit son ami syrien, qui a depuis obtenu le statut de réfugié. Selon lui, l’exilé marocain aurait quitté la France après avoir été placé en garde à vue et s’être vu délivrer l’OQTF, et reste introuvable. « Je ne l’ai plus revu depuis l’attaque. Il nous avait dit qu’il ne voulait plus rester ici et qu’il avait des enfants en Espagne, peut-être qu’il les a rejoints. »

JOURNÉE D’ACTION DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ/ MILITANTES KURDES ASSASSINÉES

Saint-Denis 8 janvier 2022 : devant le siège de l’agence régionale de santé

L’actuelle vague épidémique de la COVID-19 met une nouvelle fois durement à l’épreuve notre hôpital public, déjà fortement sollicité par cette pandémie. Cette crise sanitaire a par ailleurs mis en lumière les inégalités d’accès au soin et les grandes difficultés de notre hôpital public complétement dévasté par des années d’austérité budgétaire.

Tous ces problèmes nous les retrouvons démultiplié en Seine-Saint-Denis, territoire particulièrement frappé par l’épidémie, où ici plus qu’ailleurs l’hôpital public joue un rôle déterminant pour l’accès au soin, alors qu’il connait un épuisement très inquiétant des personnels.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, l’hôpital Robert Ballanger dénombre plus de 30 % de ses lits fermés par manque de personnels. Et pour tordre le cou aux affirmations qui martèlent que nous ne pouvons pas former des soignants en 3 mois, nous rappelons que cette pandémie dure depuis 2 ans et qu’il y a quelques mois des étudiants ont dû saisir le conseil d’État pour contraindre le gouvernement à ouvrir des places dans les facultés de médecine.

Ce ne sont que des exemples parmi d’autres qui témoignent d’un véritable abandon de l’hôpital public. Car notre système de santé est bien au bord de l’effondrement et les grands discours, les promesses généreuses, sont vécus par les personnels comme autant de gifles tant ils peinent à se concrétiser et sont à rebours des réalités du terrain.

La communication semble vouloir agir comme un contrefeu pour tenter de masquer une situation de crise d’une intensité jamais égalée. Pourtant, chacun reconnait que les salarié.e.s des secteurs du sanitaire, médico-social et social public et privé sont essentiels, notamment pour garantir à toutes et tous l’accès aux droits sociaux et aux soins. Quand va-t-on enfin leur donner les moyens d’exercer leur métier dans de bonnes conditions ? Quand va-t-on réellement décider de valoriser les métiers du soin ? Combien de crises faut-il pour qu’enfin les demandes citoyennes soient traduites en politiques publiques à la hauteur des besoins et des enjeux ?

Ce tract d’appel cosigné par une intersyndicale du 93, appelait à un rassemblement le 11 janvier 2022 au matin devant l’Agence régionale de Santé à Saint-Denis et en début d’après-midi, une manifestation partait de l’hôpital Cochin.

Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons un reportage mixant ses deux rendez-vous.

Comme chaque année à la date anniversaire de l’assassinat des trois militantes le 9 janvier 2013, les organisations kurdes en France, appelle à descendre dans les rues afin de réclamer justice pour Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez. Dans cette seconde partie d’émission, nous entendront un entretien réalisé avec deux militantes kurdes, lors de la manifestation du samedi 8 janvier 2022 à Paris.

L’ASSASSINAT DE 3 MILITANTES KURDES / PASS POLICIER : d’une démission à gauche

Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz (Sara), co-fondatrice du PKK, Fidan Dogan (Rojbîn), représentante en France du Congrès national du Kurdistan (KNK), et Leyla Saylemez (Ronahî), membre du mouvement de jeunesse kurde, étaient sauvagement assassinées à Paris. Neuf ans après ce massacre, la justice fait toujours défaut.  

La première instruction ouverte au lendemain des faits allait révéler que le massacre avait été commandité et planifié par l’agence du renseignement turc (MIT). Pourtant, suite à la mort du tireur, Ömer Güney – qui serait décédé en prison d’une tumeur au cerveau en décembre 2016 -, la justice française a décidé de clore le dossier au prétexte que « l’assassin présumé étant mort, l’action publique est éteinte ».

Par la suite, deux hauts fonctionnaires du MIT capturés par les forces armées du PKK ont révélé des informations cruciales sur la planification du triple assassinat, indiquant notamment que celui-ci avait été commis avec l’assentiment d’Erdogan qui était alors premier ministre.  

Une autre évolution importante tient à une procédure pénale engagée en Belgique suite à une tentative d’assassinat contre des politiciens kurdes. Les investigations menées dans le cadre de cette affaire ont révélé que certaines des personnes mises en cause, ainsi que İsmail Hakkı Musa, alors ambassadeur de Turquie à Paris, étaient Impliqués dans les assassinats.  

Se fondant sur ces nouveaux éléments, les avocats des familles des victimes ont obtenu l’ouverture d’une nouvelle instruction qui dure maintenant depuis trois ans. Cependant, prétextant le « secret-défense », les autorités françaises refusent toujours de partager avec les juges les informations détenues par leurs services de renseignement.  

Ce refus qui fait obstacle à la manifestation de la vérité constitue une entrave politique à la mission du juge d’instruction. Ainsi, le gouvernement français maintient dans l’impunité un crime terroriste commis sur son territoire par les services secrets turcs. Ne pas lever le Secret-défense revient à un déni de justice intolérable. Tant que la vérité et la justice seront dans l’ombre, la France restera coupable!

À la veille de la manifestation qui se tiendra à Paris ce samedi 8 janvier 2022, à 12 h 00, pour une grande marche au départ de la Gare du Nord (Boulevard de Denain) jusqu’à la place de la République où aura lieu un meeting, nous vous diffusons un entretien que nous avions réalisé le 17 janvier 2013 avec une avocate au barreau de paris, elle défendait les demandeurs d’asiles politiques et était secrétaire générale de l’institut kurde de paris. En sa compagnie, nous sommes revenues sur les circonstances de ce triple assassinat.

Dans un entretien avec les lecteurs du Parisien, Macron poursuit sa guerre : “Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie… Un irresponsable n’est plus un citoyen”. La violence, la vulgarité et le mépris du gouvernement bannit 5 millions de ses sujets de la citoyenneté.

Dans cette seconde partie d’émission, nous vous proposons un montage autour de la question du pass vaccinal.

PASS POLICIER : D’UNE DÉMISSION À GAUCHE

Joseph Andras, prix Goncourt (qu’il a refusé) pour son premier roman, dresse un bilan que nous partageons : celui d’une trahison historique de la gauche face au Pass policier et à la technopolice. Pire, une partie de l’extrême gauche en voie de liquéfaction applaudit même les dispositifs de contrôle. Nous en sommes là. Tout est à reconstruire.

“L’aurait-on imaginé que personne n’y aurait cru.

Qu’un gouvernement instaurerait un code matriciel pour autoriser l’accès aux plus banales activités du quotidien. Qu’un gouvernement scinderait par la loi le corps social en deux parties : les citoyens légitimes et ceux qui ne le sont plus. Qu’un gouvernement foulerait aux pieds l’article premier de sa constitution et le ferait au devant d’un parterre d’applaudissements. Que ses forces armées – après avoir mobilisé des drones en vue d’ordonner à la population de rentrer chez elle sous peine de sanction – seraient mandatées pour contrôler le bon port du code-citoyen et pénétreraient, un flingue à la ceinture, jusque dans les cafés du commerce.

Que ses forces armées se verraient exemptées du port en question. Que les députés le seraient également à l’Assemblée nationale. Que des milliers d’infirmières et d’infirmiers seraient jetés comme on jette le fumier. Que des pompiers subiraient le même sort. Que cinq à six millions de citoyens seraient officiellement désignés comme les parasites et les surnuméraires de la nation. Qu’une large majorité de la population l’accepterait sans barguigner. Qu’une part conséquente de « la gauche » ne trouverait rien de mieux à faire que de baisser les yeux. Que le débat démocratique, fût-il parlementaire, serait confisqué par un Conseil de défense et des réunions classées secret-défense. Qu’un ancien banquier d’affaires élu président par la grâce d’un concours de circonstance s’assiérait sur l’Organisation mondiale de la santé. Que la discussion critique en société serait tenue pour suspecte. On aurait aussitôt convoqué quelque fameuse série télévisée de science-fiction ; on aurait cité les grands classiques de la littérature d’anticipation – pour un peu, on aurait jugé que le scénario manquait de crédibilité.

Personne n’y aurait cru ; c’est précisément ce que nous vivons.

Je dois avouer m’être trompé. J’écrivais, peu après la mise en place de ce dispositif de contrôle sans précédent : « faire tomber le pass, amplifier la lutte ». Je m’aventurais à penser que le gouvernement – un gouvernement, on s’en souvient, d’éborgneurs, d’arracheurs de mains et de saboteurs d’hôpitaux – pourrait être mis à genoux sous un délai raisonnable. Prescience : zéro pointé. Six mois plus tard, le « pass sanitaire » se fait « pass vaccinal » et durcit plus encore ses modalités d’exclusion : les parasites de la nation n’auront plus accès aux trains à grande vitesse. Tout un chacun flique tout un chacun avec un zèle de jeune croisé ; voici qu’on discute tranquillement de la désactivation des codes-citoyen et du refus possible de prendre en charge certains malades.

Il faut dire que l’affaire avait commencé comme une farce : la gestion d’un virus né du capitalisme international revenait aux hommes de main du capitalisme international. Qu’on ait laissé à l’État du capital et sa police le soin de louer le bien commun, l’intérêt général et la protection des populations n’augurait que le pire. Que la gauche ait désigné pour cible privilégiée – et parfois unique – une petite troupe d’illuminés plutôt que la technopolice d’État n’a fait que le parachever. Feu nourri sur Francis Lalanne : enfin la gauche se trouvait un ennemi à sa taille.

La gauche serait impardonnable si elle n’était pas notre unique foyer.

Alors oui, bien sûr, elle a protesté. Elle a répété l’évidence : le pass n’entretient aucune espèce de relation avec la santé publique. Pire : le pass aggrave la crise sanitaire en ce qu’il propage l’illusion d’une sécurité pourtant inexistante (le vaccin, tout le monde sait, limitant efficacement le développement de formes graves mais n’abolissant en rien la transmission). Attac a dénoncé « la méthode employée par le gouvernement, génératrice de fortes tensions » ; la LDH a fait savoir que le pass était « une mauvaise solution » et que la loi qui le portait s’avérait « particulièrement inquiétante pour les libertés et droits fondamentaux » ; Le Monde diplomatique a alerté sur « l’impasse des libertés » ; Philippe Poutou a lancé « On est contre le pass vaccinal » ; Philippe Martinez a déclaré être « contre le pass sanitaire car il va générer des discriminations » ; Lutte Ouvrière a juré « C’est non ! ». Fabien Roussel, on ne sait pas toujours bien. À la condition d’oublier qu’il était ici question de la gauche et que l’intéressé a accueilli avec un sérieux tout présidentiel l’envoi du RAID et du GIGN en Guadeloupe, on a même vu Yannick Jadot avouer que, oui, quand même, puisque les scientifiques l’affirment, on ne saurait « recommand[er] le pass vaccinal ». Saluons La France insoumise et le champ autonome qui, chacun à sa façon, ont porté le fer avec le plus d’ampleur.

Mais la gauche, dans ses grandes largeurs, n’a fait guère plus que protester. Elle a râlé puis elle a poursuivi son petit bonhomme de chemin. Même sa fraction la plus résolue – si encline, d’ordinaire, à traquer jusqu’à la plus infime modalité de la « domination » – a baissé les armes : la voici qui tempête contre « le fascisme à nos portes » puis brandit gracieusement son code-citoyen pour assister à une conférence, se rendre au cinéma ou prendre un verre sans la présence de citoyens parasites.

On me dira deux ou trois choses.

On dira le vaccin : hors-sujet.

On dira que le gouvernement Macron n’est pas le seul à mettre en place de telles dispositions et qu’il en existe même de plus contraignantes ailleurs : on produira là des sons dépourvus de la moindre ambition logique. L’Internationale des ordures est un fait bien documenté et l’on ne sache pas qu’elle constitue une quelconque variable d’ajustement.

On dira que l’opposition au pass ne fonde pas en elle-même une politique de santé publique : c’est d’une évidence telle que les propositions démocratiques, sociales et collectives s’entassent (sous les fesses du président).

On dira que les libertariens et les fascistes ont pris la main sur le mouvement de contestation. Que leur « liberté » est la liberté des forts. Qu’ils ont rendu toute alternative émancipatrice inaudible. Qu’on ne saurait marcher aux côtés de Phillipot, Dupont-Aignan et de Villiers. Alors ceci : leur hégémonie n’est jamais que l’autre nom de notre démission. Leur victoire a le visage pourri de la défaite que nous avons voulue. Leur emprise est l’envers de notre abandon.

Car : avons-nous organisé des marches, des rassemblements et des actions indépendantes ? Jeté toutes nos forces dans la bataille contre le classement étatique, technologique et policier de la population, en France continentale comme dans les « outre-mers » ? Appelé à la grève, au boycott et au blocage ? Soutenu massivement les débrayages en cours – dans les piscines ou les bibliothèques ? Nous sommes-nous souciés du sort des travailleurs déchus et broyés par le gouvernement ? Nous savons la réponse. Comme nous savons que Philippot n’a jamais autant parlé de « grève générale » que tous ces derniers mois. La belle gauche a préféré, pour sa part, remettre ses beaux gants – ceux qu’elle avait enfilés pour serrer la main des gilets jaunes.

L’avocat Arié Alimi nous avait avertis : les mesures d’exception s’inscrivent dans le droit commun. L’état d’urgence marque l’ordinaire. Rogne sans retour entier sur les libertés fondamentales.

La CNIL nous avait avertis : « Le législateur doit tenir compte du risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles seraient la norme et non l’exception. »

On ne cède jamais impunément au technocontrôle d’État : notre capitulation se paiera au décuple.”
(Nantes Révoltée)