ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONTRE LE PASS VACCINAL

Issue du site : https://lepoing.net/

Nous vous proposons la diffusion d’une grande partie des débats qui a eu lieu le mercredi 12 janvier à la bourse du travail de Paris. Il s’agit de réfléchir et de s’organiser collectivement pour dénoncer et se battre contre le passe sécuritaire. En effet, sous couvert d’une question de santé publique, l’État met en place des dispositifs de contrôle sécuritaire des populations au lieu de repenser les raisons de cette pandémie et d’en tirer les conséquences qui s’imposent.

Un premier débat public organisé le 16 novembre par la Coordination contre la répression et les violences policières Île-de-France a décidé d’organiser la défense solidaire des personnes privées de droits fondamentaux, licenciées ou suspendues, faute de passe sanitaire.

Deux autres Assemblées générales tenues les 14 décembre et 12 janvier à l’appel de la CGT Restaurants du Louvre, SUD Commerce et Services Île-de-France, SUD Emploi et Stop Précarité ont décidé d’actions communes, afin de multiplier les formes de résistance solidaire au pass sécuritaire et vaccinal.

Des assemblées générales ouvertes sont appelées tous les mercredis à 18H30 à la Bourse du Travail de Paris salle Varlin.

Contact : nonsecuritaire@gmail.com

LES POSTIERS SANS PAPIERS DEVANT CHRONOPOST / MANIFESTATION CONTRE LE PASS VACCINAL

Samedi 8 janvier 2022 – Place de Catalogne → Place de la nation. Crédit photo : Serge D’Ignazio https://www.flickr.com/photos/119524765@N06/albums

Avec les limitations d’accès aux magasins causées par la pandémie, le trafic du colis a explosé. Les plateformes se font une concurrence sauvage entre Amazon, Prisme, Geodis… et la Poste. La Poste avec ses différentes divisions ou filiales utilise, elle aussi, la main-d’œuvre sans papiers. Alors Sans-papiers et postier, est-ce possible ? La direction de la Poste dira que non. Non, la Poste se contente de sous-traiter. La Poste, sous le nom de Viapost, Coliposte, DPD ou Chronopost, sous-traite à des sociétés qui gèrent les colis sur les lignes de roulement.

Dans ses garages et ses plateformes, la Poste et ses filiales ont confié une partie du travail à des entreprises de manutention pour contourner l’organisation syndicale et intensifier le travail. Au DPD de Coudray Montceaux comme au Chronopost d’Alfortville, la société sous-traitante s’appelle DERICHEBOURG. Cette société a fabriqué une entreprise d’intérim, DERICHEBOURG INTERIM. DERICHEBOURG se loue ainsi du personnel à lui-même à l’aide d’un artifice juridique validé par l’État. Cela rajoute un niveau de sous-traitance qui rend encore plus difficile la défense de nos droits.

Pendant 7 mois, de juin 2019 à janvier 2020, une lutte devant l’agence Chronopost d’Alfortville, avec un piquet installé jour et nuit, a permis d’imposer la régularisation de 27 travailleurs surexploités par cette filiale de La Poste et ses sous-traitants. Cela a permis aussi la régularisation de 46 autres travailleurs, travaillant dans d’autres sociétés et ayant activement participé à ce combat.

Depuis le 7 décembre 2021, un piquet de grève est réinstallé devant l’agence Chronopost Alfortville. Cette action a été décidée suite aux ruptures de contrats imposées par le sous-traitant Derichebourg sur le site de l’agence.

Le jeudi 6 janvier, se tenait devant le siège de Chronopost, un rassemblement des postiers sans papiers. Cela concernait tout particulièrement les deux piquets de grève liés à la Poste : celui de DPD, au Coudray-Montceaux avec Solidaires et SUD Poste 91 et celui devant l’agence Chronopost d’Alfortville avec Solidaires et SUD Poste 94.

Nous vous proposons dans ce premier temps d’émission, le reportage réalisé ce 6 janvier 2022 devant le siège de Chronopost dans le 14eme arrondissement de Paris.

La prochaine manifestation de soutien aux grévistes sans-papiers du piquet Chronopost Alfortville aura lieu jeudi 13 janvier à 11H, de la Direction de La Poste, 3 Place Salvador Allende à Créteil (M° Créteil Préfecture), jusqu’à l’antenne 94 de la Direction du travail (DRIEETS), hall B, immeuble Le Pascal (entrée sur le parking du centre commercial Créteil Soleil, niveau 2).

Le 8 janvier 2022, les Gilets jaunes et citoyens en colère était bien décidés à emmerder Macron, alors que la loi sur le Pass Vaccinal a été votée à l’Assemblée nationale puis renvoyée au sénat et un appel national fut lancer aux gilets jaunes.

Ce samedi, la manifestation parisienne partait de la place de Catalogne, en direction de nation. L’équipe de l’actualité des luttes se trouvait dans le cortège et nous vous diffusons le reportage réalisé ce même jour.

Bonne écoute !

 

PASS VACCINAL OU PASS SÉCURITAIRES ?

Dessin issu du site https://lepoing.net/

Passe sanitaire : quelle surveillance redouter ?

Les critiques du passe sanitaire dénoncent unanimement un « danger autoritaire ». Assez justement, la CNIL elle-même présente ce danger comme « le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles deviendraient la norme et non l’exception ». Prenons un instant pour détailler ce danger et répondre à la question : de quel type de surveillance le passe sanitaire est-il l’expression ?

Il existe déjà de nombreux « dispositifs attentatoires à la vie privée » contre la généralisation desquels nous luttons depuis des années : écoutes téléphoniques, fichage, caméras, drones, géolocalisation, logiciels espions… Pour comprendre et prévenir les dangers posés par le passe sanitaire, il faut le situer précisément au sein de cet écosystème. Certains outils de surveillance sont plus ou moins faciles à déployer, à plus ou moins grande échelle, de façon plus ou moins visible et avec des conséquences très variables. En comprenant dans quel mouvement technologique et à partir de quels outils pré-existants le passe sanitaire s’est construit, nous espérons lutter plus efficacement contre la banalisation du type de surveillance qu’il permet.

Contrôler pour exclure

Pour prendre du recul, décrivons de façon générale l’action que permet de réaliser le passe sanitaire : exclure de certains emplois, transports et lieux des personnes dont la situation diffère de certains critères fixés par l’État.

Formulé ainsi, ce mode de régulation n’a rien de nouveau. C’est notamment de cette façon que l’État français traite les personnes étrangères : l’accès aux transports vers le territoire national, puis l’accès au séjour et à l’emploi sur le-dit territoire n’est permis que si la situation des personnes étrangères est conforme à des critères fixés par l’État (situation personnelle familiale et économique, pays d’origine, âge…). Le respect des critères est vérifié une première fois en amont puis se traduit par la délivrance d’un titre : visa, cartes de séjour, etc. Ensuite, la police n’a plus qu’à contrôler la possession de ces titres pour contrôler la situation des personnes, puis leur ouvrir ou leur fermer les accès correspondants. En menaçant d’exclure du territoire ou de l’emploi les personnes ne disposant pas du bon titre, l’État déploie une lourde répression – les conséquences pour les personnes exclues sont particulièrement dissuasives.

Toutefois, jusqu’à peu, ce type de répression avait d’importantes limitations pratiques : les titres ne pouvaient être délivrés qu’avec un certain délai et à un certain coût, de nombreux policiers devaient être déployés pour les vérifier et certains policiers devaient même être spécifiquement formés pour en vérifier l’authenticité. Ces limitations expliquent sans doute en partie pourquoi ce type de répression s’est jusqu’ici centré sur des cas précis (tel que le contrôle des personnes étrangères) sans être systématiquement déployé pour gérer n’importe quelle situation que l’État souhaiterait réguler.

Le passe sanitaire est la traduction d’évolutions techniques qui pourraient supprimer ces anciennes limites et permettre à cette forme de répression de s’appliquer à l’ensemble de la population, pour une très large diversité de lieux et d’activités.

Passage à l’échelle technologique

Au cours de la dernière décennie, la majorité de la population française (84% en 2020) s’est équipée en smartphone muni d’un appareil photo et capable de lire des code-barres en 2D, tels que des codes QR. En parallèle, l’administration s’est largement appropriée les outils que sont le code-barre en 2D et la cryptographie afin de sécuriser les documents qu’elle délivre : avis d’imposition, carte d’identité électronique… Le code en 2D rend quasi-nul le coût et la vitesse d’écriture et de lecture d’informations sur un support papier ou numérique, et la cryptographie permet d’assurer l’intégrité et l’authenticité de ces informations (garantir qu’elles n’ont pas été modifiées et qu’elles ont été produites par l’autorité habilitée).

Si ces évolutions ne sont pas particulièrement impressionnantes en elles-même, leur concomitance rend aujourd’hui possible des choses impensables il y a encore quelques années. Elle permet notamment de confier à des dizaines de milliers de personnes non-formées et non-payées par l’État (mais simplement munies d’un smartphone) la mission de contrôler l’ensemble de la population à l’entrée d’innombrables lieux publics, et ce, à un coût extrêmement faible pour l’État puisque l’essentiel de l’infrastructure (les téléphones) a déjà été financée de manière privée par les personnes chargées du contrôle.

Désormais, et soudainement, l’État a les moyens matériels pour réguler l’espace public dans des proportions presque totales.

Une brique de plus à la Technopolice

La crise sanitaire a très certainement facilité ces évolutions, mais son rôle ne doit pas être exagéré. Cet emballement dramatique des pouvoirs de l’État s’inscrit dans un mouvement d’ensemble déjà à l’œuvre depuis plusieurs années, qui n’a pas attendu le coronavirus, et contre lequel nous luttons sous le nom de « Technopolice ». Il s’agit du déploiement de nouvelles technologies visant à transformer les villes en « safe cities » capables de réguler l’ensemble de l’espace public.

La Technopolice est l’expression d’évolutions technologiques qui, comme on l’a vu avec le cas du passe sanitaire, ont permis de rendre totales des formes de régulations qui, jusqu’alors, étaient plus ou moins ciblées. Prenons le cas emblématique des caméras : jusqu’à peu, la police était matériellement limitée à une politique de vidéosurveillance ciblée. Elle ne pouvait exploiter les enregistrements vidéo que pour analyser quelques situations ciblées, à défaut de pouvoir mettre un agent derrière chaque caméra 24 heures sur 24. De même, l’identification d’une personne filmée demandait des efforts importants.

Ces limitations ont depuis volé en éclat. La reconnaissance faciale rend presque triviale l’identification des personnes filmées (voir notre exposé). L’analyse automatisée d’images permet de détecter en continu tous les événements définis comme « anormaux » : faire la manche, être trop statique, courir, former un grand groupe de personnes, dessiner sur un mur… (voir par exemple les projets imaginés à Marseille ou à Valenciennes). Plus besoin de placer un agent derrière chaque caméra pour avoir une vision totale. Qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de l’analyse d’image automatisée, dans les deux cas, la technologie a permis à des techniques ciblées de se transformer en outils de contrôle de masse de l’espace public.

Contrôle permanent des corps

Ce parallèle nous permet d’apporter une précision importante : qu’il s’agisse du passe sanitaire ou de la détection automatique des comportements « anormaux », ces systèmes ne nécessitent pas forcément un contrôle d’identité. Le logiciel d’imagerie qui signale votre comportement « anormal » se moque bien de connaître votre nom. De même, en théorie, le passe sanitaire aussi pourrait fonctionner sans contenir votre nom – c’est d’ailleurs ce que prévoyait la loi initiale sur la sortie de crise ou, plus inquiétant, ce que proposent désormais certaines entreprises en se fondant non plus sur le nom mais le visage. Dans ces situations, tout ce qui compte pour l’État est de diriger nos corps dans l’espace afin de renvoyer aux marges celles et ceux qui – peu importe leurs noms – ne se conforment pas à ses exigences.

Ce contrôle des corps se fait en continu et à tous les niveaux. D’abord pour détecter les corps jugés « anormaux », que ce soit par leur comportement, leur apparence, leur visage, leur statut vaccinal, leur âge… Ensuite pour contraindre les corps et les exclure de la société, que ce soit par la force armée de la police ou par des interdictions d’entrée. Enfin pour habiter les corps et les esprits en nous faisant intérioriser les règles dictées par l’État et en poussant à l’auto-exclusion les personnes qui ne s’y soumettent pas. Tout cela à l’échelle de l’ensemble de la population.

Une accoutumance injustifiée

L’adoption massive du passe sanitaire aurait pour effet d’habituer la population à se soumettre à ce contrôle de masse, ce qui s’inscrit dans la bataille culturelle plus large déjà initiée par le gouvernement, notamment autours des caméras. Cette accoutumance permettrait à l’État de poursuivre plus facilement sa conquête totale de l’espace public telle qu’il l’a déjà entamée avec la Technopolice.

Pourtant, paradoxalement, dans son format actuel, le passe sanitaire n’apparaît pas comme étant lui-même un outil de régulation très efficace. Il semble difficile d’empêcher les médecins qui le souhaitent de fournir des passes à des personnes qui ne devraient pas en recevoir. Et, quand bien même les passes seraient attribués aux « bonnes personnes », en l’état celles-ci peuvent facilement les partager avec les « mauvaises personnes ». Certes, la police entend réaliser des contrôles d’identité pour lutter contre ces échanges mais, si l’efficacité du système repose au final sur des contrôles de police aléatoires, il n’était pas nécessaire de déployer des mécanismes de surveillance de masse pour aller au-delà ce qui se fait déjà en la matière, par exemple avec les ordonnances manuscrites délivrées par les médecins que la police peut vérifier en cas de soupçons. Cela permettrait au moins de diminuer les risques d’accoutumance à un nouveau système de contrôle de masse.

Hélas, il semble plus sérieux d’envisager le scénario inverse : l’inefficacité du passe sanitaire pourrait servir de prétexte pour le perfectionner, notamment en permettant aux contrôleurs non-policiers de détecter les échanges de passe. Comme vu plus haut, certains proposent déjà un nouveau système affichant le visage des personnes contrôlées. Une telle évolution nous livrerait la version pleinement aboutie et efficace du système de contrôle de masse rêvé par la Technopolice – et la police n’aurait presque plus à travailler pour contrôler les passes.

Obligation de prouver la nécessité

Même dans son format le plus sophistiqué, l’efficacité du passe sur le plan sanitaire resterait toujours à démontrer – il demeure de nombreuses incertitudes, que ce soit sur la valeur des tests au bout de 72 heures, sur le taux de transmission même une fois vacciné, sur le cas des nouveaux variants, sur l’efficacité de la contrainte pour inciter la population à se faire vacciner, ou sur la durée de validité à retenir pour les tests de dépistage.

Au plan juridique et politique, et tel que nous l’avions rappelé pour StopCovid, l’État est soumis à une règle simple mais fondamentale : il a l’obligation de prouver qu’une mesure causant des risques pour les libertés fondamentales est absolument nécessaire avant de la déployer. Dans notre cas, non seulement le gouvernement n’a pas encore démontré l’efficacité du passe sanitaire mais, plus grave, il a refusé de déployer ou de tester l’efficacité de mesures alternatives qui ne causeraient aucun risque pour les libertés (telles que des campagnes de communication bienveillantes, transparentes et non-paternalistes pour inviter à se faire vacciner), ou des mesures complémentaires ambitieuses (tel que le déblocage de financements pour permettre le dédoublement des salles de classe et leur aération, ce que le gouvernement à tout bonnement écarté).

Conclusion

Résumons : le passe sanitaire illustre des évolutions technologiques qui permettent à un mode de répression ancien (la répression par l’exclusion, illustrée notamment par le contrôle des personnes étrangères) de passer d’une échelle relativement restreinte à une échelle presque totale, concernant l’ensemble de la population et de l’espace public, afin de renvoyer à ses marges les personnes qui ne se soumettent pas aux injonctions de l’État.

Si, aujourd’hui, ces injonctions ne sont que d’ordre sanitaire, il faut encore une fois redouter que ce genre d’outil, une fois banalisé, soit mis au service d’injonctions dépassant largement ce cadre. Cette crainte est d’autant plus pesante que ce processus a déjà commencé au sein de la Technopolice, qui esquisse d’ores et déjà un mode de régulation social fondé sur la détection et l’exclusion de toute personne considérée comme déviante ou comme ayant un comportement « anormal » aux yeux de l’État et des entreprises de sécurité qui définissent ensemble et de manière opaque les nouvelles normes de comportement en société.

Dernier rappel stratégique : si le gouvernement français se permet d’imposer de tels outils de détection et d’exclusion des personnes qu’il juge indésirables, c’est notamment, car il peut reprendre à son compte, et redynamiser à son tour, les obsessions que l’extrême droite est parvenue à banaliser dans le débat public ces dernières années afin de traquer, de contrôler et d’exclure une certaine partie de la population.

La lutte contre les risques autoritaires du passe sanitaire serait vaine si elle ne s’accompagnait pas d’une lutte contre les idées d’extrême droite qui en ont été les prémices. La lutte contre le passe sanitaire ne doit pas se faire avec, mais contre l’extrême droite et ses obsessions, qu’elles soient dans la rue ou au gouvernement.

Au moment où l’assemblée nationale et le sénat statut sur le passage du pass sanitaire en pass vaccinal, dans l’émission de ce jour, nous voyons comment la résistance face à cette nouvelle étape se met en place et pour cela, nous serons en plateau avec Évelyne, Arthur, de la quadrature du net et Philippe, gilet jaune de Nanterre.

Nous aurons également par téléphone : Catherine, de la bibliothèque publique d’information de Beaubourg et Hichem, du syndicat sud commerce.

Sur cette même question, une assemblée générale aura lieu MERCREDI 12 JANVIER de 18 h 30 à 21 h 30 à la Bourse du Travail de Paris 3 rue du Château d’Eau, salle Jean Jaurès.

L’ASSASSINAT DE 3 MILITANTES KURDES / PASS POLICIER : d’une démission à gauche

Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz (Sara), co-fondatrice du PKK, Fidan Dogan (Rojbîn), représentante en France du Congrès national du Kurdistan (KNK), et Leyla Saylemez (Ronahî), membre du mouvement de jeunesse kurde, étaient sauvagement assassinées à Paris. Neuf ans après ce massacre, la justice fait toujours défaut.  

La première instruction ouverte au lendemain des faits allait révéler que le massacre avait été commandité et planifié par l’agence du renseignement turc (MIT). Pourtant, suite à la mort du tireur, Ömer Güney – qui serait décédé en prison d’une tumeur au cerveau en décembre 2016 -, la justice française a décidé de clore le dossier au prétexte que « l’assassin présumé étant mort, l’action publique est éteinte ».

Par la suite, deux hauts fonctionnaires du MIT capturés par les forces armées du PKK ont révélé des informations cruciales sur la planification du triple assassinat, indiquant notamment que celui-ci avait été commis avec l’assentiment d’Erdogan qui était alors premier ministre.  

Une autre évolution importante tient à une procédure pénale engagée en Belgique suite à une tentative d’assassinat contre des politiciens kurdes. Les investigations menées dans le cadre de cette affaire ont révélé que certaines des personnes mises en cause, ainsi que İsmail Hakkı Musa, alors ambassadeur de Turquie à Paris, étaient Impliqués dans les assassinats.  

Se fondant sur ces nouveaux éléments, les avocats des familles des victimes ont obtenu l’ouverture d’une nouvelle instruction qui dure maintenant depuis trois ans. Cependant, prétextant le « secret-défense », les autorités françaises refusent toujours de partager avec les juges les informations détenues par leurs services de renseignement.  

Ce refus qui fait obstacle à la manifestation de la vérité constitue une entrave politique à la mission du juge d’instruction. Ainsi, le gouvernement français maintient dans l’impunité un crime terroriste commis sur son territoire par les services secrets turcs. Ne pas lever le Secret-défense revient à un déni de justice intolérable. Tant que la vérité et la justice seront dans l’ombre, la France restera coupable!

À la veille de la manifestation qui se tiendra à Paris ce samedi 8 janvier 2022, à 12 h 00, pour une grande marche au départ de la Gare du Nord (Boulevard de Denain) jusqu’à la place de la République où aura lieu un meeting, nous vous diffusons un entretien que nous avions réalisé le 17 janvier 2013 avec une avocate au barreau de paris, elle défendait les demandeurs d’asiles politiques et était secrétaire générale de l’institut kurde de paris. En sa compagnie, nous sommes revenues sur les circonstances de ce triple assassinat.

Dans un entretien avec les lecteurs du Parisien, Macron poursuit sa guerre : “Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie… Un irresponsable n’est plus un citoyen”. La violence, la vulgarité et le mépris du gouvernement bannit 5 millions de ses sujets de la citoyenneté.

Dans cette seconde partie d’émission, nous vous proposons un montage autour de la question du pass vaccinal.

PASS POLICIER : D’UNE DÉMISSION À GAUCHE

Joseph Andras, prix Goncourt (qu’il a refusé) pour son premier roman, dresse un bilan que nous partageons : celui d’une trahison historique de la gauche face au Pass policier et à la technopolice. Pire, une partie de l’extrême gauche en voie de liquéfaction applaudit même les dispositifs de contrôle. Nous en sommes là. Tout est à reconstruire.

“L’aurait-on imaginé que personne n’y aurait cru.

Qu’un gouvernement instaurerait un code matriciel pour autoriser l’accès aux plus banales activités du quotidien. Qu’un gouvernement scinderait par la loi le corps social en deux parties : les citoyens légitimes et ceux qui ne le sont plus. Qu’un gouvernement foulerait aux pieds l’article premier de sa constitution et le ferait au devant d’un parterre d’applaudissements. Que ses forces armées – après avoir mobilisé des drones en vue d’ordonner à la population de rentrer chez elle sous peine de sanction – seraient mandatées pour contrôler le bon port du code-citoyen et pénétreraient, un flingue à la ceinture, jusque dans les cafés du commerce.

Que ses forces armées se verraient exemptées du port en question. Que les députés le seraient également à l’Assemblée nationale. Que des milliers d’infirmières et d’infirmiers seraient jetés comme on jette le fumier. Que des pompiers subiraient le même sort. Que cinq à six millions de citoyens seraient officiellement désignés comme les parasites et les surnuméraires de la nation. Qu’une large majorité de la population l’accepterait sans barguigner. Qu’une part conséquente de « la gauche » ne trouverait rien de mieux à faire que de baisser les yeux. Que le débat démocratique, fût-il parlementaire, serait confisqué par un Conseil de défense et des réunions classées secret-défense. Qu’un ancien banquier d’affaires élu président par la grâce d’un concours de circonstance s’assiérait sur l’Organisation mondiale de la santé. Que la discussion critique en société serait tenue pour suspecte. On aurait aussitôt convoqué quelque fameuse série télévisée de science-fiction ; on aurait cité les grands classiques de la littérature d’anticipation – pour un peu, on aurait jugé que le scénario manquait de crédibilité.

Personne n’y aurait cru ; c’est précisément ce que nous vivons.

Je dois avouer m’être trompé. J’écrivais, peu après la mise en place de ce dispositif de contrôle sans précédent : « faire tomber le pass, amplifier la lutte ». Je m’aventurais à penser que le gouvernement – un gouvernement, on s’en souvient, d’éborgneurs, d’arracheurs de mains et de saboteurs d’hôpitaux – pourrait être mis à genoux sous un délai raisonnable. Prescience : zéro pointé. Six mois plus tard, le « pass sanitaire » se fait « pass vaccinal » et durcit plus encore ses modalités d’exclusion : les parasites de la nation n’auront plus accès aux trains à grande vitesse. Tout un chacun flique tout un chacun avec un zèle de jeune croisé ; voici qu’on discute tranquillement de la désactivation des codes-citoyen et du refus possible de prendre en charge certains malades.

Il faut dire que l’affaire avait commencé comme une farce : la gestion d’un virus né du capitalisme international revenait aux hommes de main du capitalisme international. Qu’on ait laissé à l’État du capital et sa police le soin de louer le bien commun, l’intérêt général et la protection des populations n’augurait que le pire. Que la gauche ait désigné pour cible privilégiée – et parfois unique – une petite troupe d’illuminés plutôt que la technopolice d’État n’a fait que le parachever. Feu nourri sur Francis Lalanne : enfin la gauche se trouvait un ennemi à sa taille.

La gauche serait impardonnable si elle n’était pas notre unique foyer.

Alors oui, bien sûr, elle a protesté. Elle a répété l’évidence : le pass n’entretient aucune espèce de relation avec la santé publique. Pire : le pass aggrave la crise sanitaire en ce qu’il propage l’illusion d’une sécurité pourtant inexistante (le vaccin, tout le monde sait, limitant efficacement le développement de formes graves mais n’abolissant en rien la transmission). Attac a dénoncé « la méthode employée par le gouvernement, génératrice de fortes tensions » ; la LDH a fait savoir que le pass était « une mauvaise solution » et que la loi qui le portait s’avérait « particulièrement inquiétante pour les libertés et droits fondamentaux » ; Le Monde diplomatique a alerté sur « l’impasse des libertés » ; Philippe Poutou a lancé « On est contre le pass vaccinal » ; Philippe Martinez a déclaré être « contre le pass sanitaire car il va générer des discriminations » ; Lutte Ouvrière a juré « C’est non ! ». Fabien Roussel, on ne sait pas toujours bien. À la condition d’oublier qu’il était ici question de la gauche et que l’intéressé a accueilli avec un sérieux tout présidentiel l’envoi du RAID et du GIGN en Guadeloupe, on a même vu Yannick Jadot avouer que, oui, quand même, puisque les scientifiques l’affirment, on ne saurait « recommand[er] le pass vaccinal ». Saluons La France insoumise et le champ autonome qui, chacun à sa façon, ont porté le fer avec le plus d’ampleur.

Mais la gauche, dans ses grandes largeurs, n’a fait guère plus que protester. Elle a râlé puis elle a poursuivi son petit bonhomme de chemin. Même sa fraction la plus résolue – si encline, d’ordinaire, à traquer jusqu’à la plus infime modalité de la « domination » – a baissé les armes : la voici qui tempête contre « le fascisme à nos portes » puis brandit gracieusement son code-citoyen pour assister à une conférence, se rendre au cinéma ou prendre un verre sans la présence de citoyens parasites.

On me dira deux ou trois choses.

On dira le vaccin : hors-sujet.

On dira que le gouvernement Macron n’est pas le seul à mettre en place de telles dispositions et qu’il en existe même de plus contraignantes ailleurs : on produira là des sons dépourvus de la moindre ambition logique. L’Internationale des ordures est un fait bien documenté et l’on ne sache pas qu’elle constitue une quelconque variable d’ajustement.

On dira que l’opposition au pass ne fonde pas en elle-même une politique de santé publique : c’est d’une évidence telle que les propositions démocratiques, sociales et collectives s’entassent (sous les fesses du président).

On dira que les libertariens et les fascistes ont pris la main sur le mouvement de contestation. Que leur « liberté » est la liberté des forts. Qu’ils ont rendu toute alternative émancipatrice inaudible. Qu’on ne saurait marcher aux côtés de Phillipot, Dupont-Aignan et de Villiers. Alors ceci : leur hégémonie n’est jamais que l’autre nom de notre démission. Leur victoire a le visage pourri de la défaite que nous avons voulue. Leur emprise est l’envers de notre abandon.

Car : avons-nous organisé des marches, des rassemblements et des actions indépendantes ? Jeté toutes nos forces dans la bataille contre le classement étatique, technologique et policier de la population, en France continentale comme dans les « outre-mers » ? Appelé à la grève, au boycott et au blocage ? Soutenu massivement les débrayages en cours – dans les piscines ou les bibliothèques ? Nous sommes-nous souciés du sort des travailleurs déchus et broyés par le gouvernement ? Nous savons la réponse. Comme nous savons que Philippot n’a jamais autant parlé de « grève générale » que tous ces derniers mois. La belle gauche a préféré, pour sa part, remettre ses beaux gants – ceux qu’elle avait enfilés pour serrer la main des gilets jaunes.

L’avocat Arié Alimi nous avait avertis : les mesures d’exception s’inscrivent dans le droit commun. L’état d’urgence marque l’ordinaire. Rogne sans retour entier sur les libertés fondamentales.

La CNIL nous avait avertis : « Le législateur doit tenir compte du risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles seraient la norme et non l’exception. »

On ne cède jamais impunément au technocontrôle d’État : notre capitulation se paiera au décuple.”
(Nantes Révoltée)