Journée “10 ans d’APPUII” : S’entraider et s’organiser dans les quartiers populaires

Depuis dix ans, une centaine de bénévoles actifs, des centaines d’étudiant.es d’architectures et d’urbanisme, une dizaine de stagiaires et services civiques, et sept salarié.e.s ont fait vivre et font vivre APPUII. L’association est intervenue dans une trentaine de quartiers populaires de France, ce qui a permis de faire entendre une voix peu audible et parfois de modifier certains projets.

À travers plusieurs campagnes d’interpellation des élus, l’organisation d’évènements de mise en réseau de compétences, et la participation à d’autres dynamiques nationales aux côtés d’acteurs associatifs et institutionnels, notre ambition est de changer durablement la manière de produire la ville en y intégrant les premiers concernés.

Cette célébration des dix ans d’APPUII donne la parole à ceux qui revendiquent d’agir sur leur quartier et se mobilisent pour construire une ville plus juste et durable. Elle a eu lieu le 11 juin 2022 et s’est organisé en plusieurs temps avec 3 débats :

  • ” S’entraider et s’organiser dans les quartiers populaires”
  • “Contester un projet urbain imposé”
  • “Soutenir des initiatives populaires pour construire des projets alternatifs”

Aujourd’hui, nous vous diffusons donc le montage du premier débat qui avait lieu lors de cette journée intitulé ” s’entraider et s’organiser dans les quartiers populaires” avec : Diangou Traoré, Franc-Moisin Citoyenne; Rachid Najmaoui, Elancoeur, Mohamed Ragoubi, APPUII et La cantine des femmes battantes.

BELLEVILLE EN VRAI : LA QUESTION DES RIXES

Depuis sept ans, l’association Pazapas Belleville, organise un événement sportif et culturel d’envergure à destination de la jeunesse bellevilloise. Cet événement participatif et grassroots est pensé, réalisé et encadré par les jeunes du quartier. Plus de cinquante jeunes participent ainsi directement à l’organisation de l’événement, décidant collectivement des modalités des épreuves ainsi que du contenu de la programmation artistique lors de réunions publiques.

Pendant l’événement, c’est une centaine de bénévoles qui se mobilisent pour donner corps à l’événement. Par le sport et l’expression artistique, Belleville en Vrai porte la parole et les idées des habitants et dévoile ainsi la force vive qui anime les quartiers populaires.

Lors de cet événement, le dimanche 29 mai 2022 avait lieu un débat sur les rivalités inter quartiers avec plusieurs intervenants qui revenaient sur leur histoire et les actions concrètes qu’ils ont pu mettre en place face à ce problème :
– Adama Camara : rappeur et auteur de terrain- Aoua Diabate : mére de Ismael décédé dans le 11 éme le 13/01/2018
– Morjane et Boubou de l’association ” pas la même ville et alors ?”- Bamba et Sallah : deux jeunes du 94

Nous vous diffusons aujourd’hui un montage des prises de paroles qui avait lieu à l’occasion de cet événement.

ASPF: 1985 LA SYNDICALISATION DES PRISONNIERS EN QUESTION

Nous produisons cette émission pour rétablir quelques vérités sur la syndicalisation des prisonniers en France. Nous écarterons d’emblée l’expérience malheureuse, éphémère et trop peu élaborée qui a surgi au cours des années 2010.

Nous partirons de la critique de l’ASPF, l’association syndicale des prisonniers de France qui a vu le jour pendant quelques mois en 1985.

Nous avons vécu cette expérience ; kiou à l’intérieur et Nadia à l’extérieur faisant partie de Parloir libre une émission de radio soutenant les prisonniers en luttes. Nous réagissons suite aux mémoires de deux sociologues « Syndiquer les prisonniers, abolir la prison », paru en 2015 de Joël Charbit et Gwénola Ricordeau et à l’article des utopiques, cahier de réflexions de l’union syndical Solidaire.

L’ASPF(association syndicale des prisonniers de France) a été créée en 1985 par Jacques Gambier et six autres détenus de Fleury-Mérogis. Parmi les autres acteurs figure Jacques Lesage de la Haye ancien prisonnier ayant accepté de participer à la commission Prison-Architecture du ministère de la Justice, qui animait à l’époque l’émission hebdomadaire « Prison » sur Radio Libertaire ; Ras les murs.

Notons également la proximité de L’ASPF avec la « Commission d’Étude pour le Respect du Droit Fondamental d’Association en Prison », dite « Commission Bloch » ; du nom de son Président, Étienne Bloch co-fondateurs du syndicat de la magistrature.

Même si elle entend garder son autonomie par rapport à l’ASPF, leur but est similaire ; réfléchir sur le concept du droit d’association et les modalités de son exercice en prison.L’ASPF a très vite été confronté à la réalité des luttes et n’a finalement jamais lutté pour autre chose que pour le droit d’association.

Le contexte à l’intérieur des prisons est explosif. Après un court instant d’euphorie suite à l’élection de Mitterrand, les prisonniers déchantent rapidement. Si une grande partie des organisations dont l’ASPF, ont cru aux sornettes de la gauche au pouvoir, les prisonniers eux vivant de plein fouet l’allongement des peines, le maintien des QHS(quartier de haute sécurité), la violence de l’administration pénitentiaire se révoltent.

L’ASPF cramponnée à la légalité refuse de se joindre aux mouvements et de soutenir les prisonniers frappés par la répression et c’en sera fini de leur crédibilité et de leur existence.

Face à la violence de l’État les prisonniers et prisonnières tentent de se faire entendre ; ils témoignent, pétitionnent, refusent de remonter de promenade, font des grèves de la faim, s’auto-mutilent, montent sur les toits, se mutinent, détruisent la prison.

Contrairement au syndicat Industrial Workers of the World (IWW) des États-Unis, en France les centrales syndicales, SUD compris, n’ont jamais syndiqués les prisonniers, mais ce n’est pas pour cette raison que L’ASPF est morte, mais bien plutôt parce qu’elles refusent de reconnaître la souveraineté des prolétaires et soutenir toutes les formes de luttes que proposent les insurgés.

Vous aller entendre le témoignage d’un détenu ayant participé aux mouvement et à la critique de L’ASPF, des document sonores et des fragments de textes de l’époque.

Vous trouverez en pièce jointe les documents parus à cette époque que les deux sociologues n’ont pas pris en compte dans leurs travaux et l’article de Solidaire.

https://champpenal.revues.org/9124#tocto1n2

Venceroms n°1

DÉBAT SUR LES AMENDES ABUSIVES SUR LE BELVÉDÈRE DE BELLEVILLE

Le dimanche 17 octobre 2021, se déroulait sur le belvédère de Belleville, une rencontre d’une diversité de collectifs et d’association issus du 20ᵉ arrondissement et d’ailleurs, autour de la question des amendes abusives distribuées dans le quartier. Cette pratique n’est pas nouvelle, mais elle se développe et s’est accélérée avec la situation de la covid.

Cette initiative avait été impulsée par “La brigade des mamans” qui s’organisent autour des abus policiers, à travers des maraudes hebdomadaires. En effet, le harcèlement policier se solde très fréquemment par la distribution d’amendes abusives aux jeunes, qui rapidement, parce qu’elles s’accumulent, ne peuvent plus les payer. Ces dettes suivent ensuite ces personnes et leur famille pendant des années, ce qui précarise leur condition de vie et les enchaine à une condition de surendettement qui empêche toutes projections futures.

Une violence sociale qui s’ajoute aux humiliations, brimades et violence physiques que ces personnes subissent au quotidien, dans un quartier qui se transforme. l’espace public ne leur appartient pas et la police se charge de faire le ménage.
Face à ce constat, cette initiative a été rejointe par un ensemble de collectifs et associations travaillant sur cette question de sorte à ouvrir le débat une première fois, pour ensuite pouvoir s’organiser afin de contester cette pratique.

Dans l’émission de ce jour, vous entendrez un montage d’une partie des prises de parole réalisé lors de cette rencontre. Pour finir cette émission, nous vous rediffusons un interview remonté, réalisé avec une maraude de copwatching qui s’organise sur le 20ᵉ arrondissement et qui a participé à l’organisation de cette rencontre.

LOIS SÉCURITAIRES VERSION NUMÉRIQUE

Journal CQFD n°201 septembre 2021

Le Parlement a adopté définitivement vendredi 23 juillet le projet de loi controversé contre le séparatisme et sa batterie fourre tout de mesures sur la neutralité du service public, la lutte contre la haine en ligne ou encore, la protection des fonctionnaires et des enseignants, l’encadrement de l’instruction en famille, le contrôle renforcé des associations, une meilleure transparence des cultes et de leur financement, ou encore la lutte contre les certificats de virginité, la polygamie ou les mariages forcés…

Après sept mois d’allers et retours entre Palais-Bourbon et Sénat, le texte, intitulé la loi contre le séparatisme est devenue, grâce à la novlangue habituelle du gouvernement ; « Respect des principes de la République ». Elle est présentée comme un moyen de combattre le terrorisme islamiste ; en réalité cette loi permet à l’État d’étendre toujours plus son contrôle sur l’ensemble de la population.

En effet le s’agit pour le gouvernement de contrôler non pas seulement les associations religieuses mais bien toutes les associations, leurs activités doivent être conformes aux « principes républicains », principes vagues, fourrent tout interprétables à merci, qui serviront avant tout à réduire les subventions et à écarter les associations qui ne suivent pas la voix de son maître.

Cette nouvelle loi sert à recaser tout les articles retoqués précédemment ; ainsi le port du voile – ou tout autre signe religieux ostensible – est interdit pour les parents accompagnant les sorties scolaires et lors des compétitions sportives nationales, pour les mineures dans l’espace public, ainsi que le burkini à la piscine. Pour l’université, le Sénat a prévu d’interdire l’exercice du culte dans l’enceinte des établissements publics d’enseignement supérieur.

Est votée également, la possibilité de suspendre les allocations familiales pour lutter contre l’absentéisme scolaire. Ce qui fait des parents, souvent en grande difficultés financières, des flics responsables de l’attitude de leurs enfants et s’ils échouent à faire respecter la règle ils ne pourront plus recevoir leurs droits aux allocs. C’est aussi valable pour les parents d’enfants délinquants puisqu’ils pourront être expulsés de leurs logements sociaux. Les droits deviennent assujettis à leurs comportements et à ceux de leurs progénitures.

Le Sénat a également donné son feu vert à deux amendements de dernière minute du gouvernement. L’un instaure une obligation d’information du préfet trois mois au préalable, avant toute subvention publique pour la construction d’un lieu de culte. Le second permet au préfet de s’opposer à l’ouverture d’écoles hors contrat soutenue par un État étranger « hostile » à la République et une loi précédente interdit également aux écoles en langue régionales.

Adopté le 30 juillet, la loi relatif à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement prévoit la pérennisation dans le droit commun de dispositifs issus de l’état d’urgence expérimentés depuis 2017 via la loi « sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme ».

Le volet renseignement de la loi entend tirer les conséquences des évolutions technologiques et juridiques des cinq dernières années. Il pérennise la technique dite de l’algorithme : un traitement automatisé des données de connexion et de navigation sur Internet, grâce à la coopération des fournisseurs d’accès, afin de repérer les profils à risque.  Concept vague qui permet au service de renseignement de déployer des moyens colossaux pour surveiller, sous couvert de lutte contre le terrorisme des militants syndicaux, écologistes et autres gilets jaune…

Le texte pérennise quatre mesures de police administrative de la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, dite SILT, qui a pris le relais de l’état d’urgence instauré à la suite des attentats de Paris et de Saint-Denis de novembre 2015. Il s’agit des périmètres de protection, de la fermeture des lieux de culte, des mesures individuelles de contrôle et de surveillance (MICAS) et des visites domiciliaires. Ces mesures étaient soumises à une expérimentation qui a été récemment prolongée par une loi du 24 décembre 2020 jusqu’au 31 juillet 2021.

Elles sont renforcées en particulier par :

  • la possibilité de fermer des lieux dépendants d’un lieu de culte fermé ;
  • l’extension jusqu’à deux ans cumulés – au lieu d’un an –  des mesures administratives de surveillance (MICAS) pour les sortants de prison condamnés pour terrorisme à une peine de prison de cinq ans ou plus (trois ans en cas de récidive). Cet allongement à deux ans a été censuré par le Conseil constitutionnel compte tenu de la rigueur des obligations et interdictions pouvant être prononcées à l’occasion d’une telle mesure ;
  • la création, pour ces mêmes sortants de prison, d’une “mesure judiciaire de prévention de la récidive terroriste et de réinsertion”. Elle concernera des individus particulièrement dangereux. Elle pourra être décidée en l’absence de mesure de suivi judiciaire. Sa durée sera d’un an maximum, renouvelable dans la limite de cinq ans.

Cette nouvelle mesure de sûreté sera prononcée en fin de peine par le tribunal de l’application des peines de Paris sur réquisition du parquet national antiterroriste. Elle doit remplacer les mesures de sûreté voulues par la loi du 10 août 2020, dite Braun-Pivet, que le Conseil constitutionnel a censurées. Elle impliquera une obligation de prise en charge sanitaire, sociale, éducative, psychologique ou psychiatrique.

Toujours au titre de l’arsenal antiterroriste, les préfets et les services de renseignement seront destinataires des informations sur les soins psychiatriques sans consentement (fichier HOPSYWEB) des personnes radicalisées qu’ils suivent. Avant cette loi, ces informations étaient limitées au préfet du lieu d’hospitalisation.

Un amendement des députés a maintenu et durci le rapport annuel remis au Parlement par le gouvernement sur l’application des mesures antiterroristes (gel des avoirs, interdiction de sortie du territoire, mesures judiciaires préventives…).

Un article 25 (ex 19) réforme l’accès aux archives classées secret-défense. L’accès à ces archives au bout de 50 ans est généralisé à des fins d’études et de recherches, mais le champ des exceptions au délai de 50 ans pour les documents les plus sensibles est élargi. Certains documents ne pourront être accessibles au public qu’après leur “perte de valeur opérationnelle”. Des amendements des parlementaires ont exclu de l’allongement des délais prévu par la réforme les documents déclassifiés qui sont aujourd’hui librement communicables (par exemple sur la guerre d’Algérie) et les documents ayant fait l’objet d’une ouverture anticipée de fonds d’archives publiques.

Le Conseil constitutionnel a énoncé deux réserves d’interprétation sur cet article. Il a jugé qu’il ne peut pas s’appliquer à des documents dont la communication n’a pas pour effet de révéler une information jusqu’alors inaccessible au public. L’autre réserve concerne l’accès aux archives intéressant des installations nucléaires ou militaires.

Nous reviendrons sur toutes ces mesures ultérieurement, mais dans cette émission, nous aborderons le volet combattre la haine en ligne avec Wikimedia et la surveillance des échanges en ligne avec la quadrature du net.

LA FORCE INVISIBLE DES AIDES A DOMICILE / L’HÔPITAL EST DANS LA RUE

Le 25 mai dernier, nous avons rencontré Sabrina et Isabelle du collectif national des aides a domicile d’Île-de-France.

Elles se battent pour rejoindre statutairement le secteur de la santé, avec un statut unique, pour l’ensemble des aides a domicile, cela entend une augmentation conséquente de leur salaire et de pouvoir bénéficier de formation afin d’accomplir leur métier dans de bonne condition.

CONTACT: collectiflaforceinvisible75@gmail.com

Les politiques d’austérité pour la santé conduisent depuis des années à une dégradation des conditions de travail des professionnels de santé et de l’accès, de la qualité et de la sécurité des soins avec des pertes de chance inacceptables pour toutes et tous ; aussi pour réclamer :un accès universel aux soins de santé et aux médicaments une nouvelle politique de santé publique engagée socialement, qui lutte contre les discriminations.

Une augmentation massive du financement des systèmes de santé à la hauteur des besoins de santé de la population.

Une vraie revalorisation des métiers de la santé qui permettre un choc d’attractivité indispensable à la pérennité du système de santé.

Un changement de gouvernance qui associe les acteurs de terrain et usagers aux prises de décision.

Plus de 60 collectifs, associations et syndicats rejoignent l’appel européen pour la Santé et se sont retrouvés à Paris ce 29 mai 2021, pour une manifestation qui se tenait de l’hôpital de la pitié-salpêtrière a république.

Dans ce reportage, nous entendrons les paroles d’étudiantes en médecine et celle d’une infirmière a l’hôpital Saint-Louis.