LES JEUX OLYMPIQUES SÉCURITAIRES

Photo Collectif Saccage 2024


Le 9 juin dernier, nous vous avons diffusé une première session de la rencontre anti-olympique qui se déroulait à Saint-Denis le 21 mai 2022, organisée par le collectif Saccage 2024. Celui-ci rassemble des collectifs et des associations de Seine-Saint-Denis et de ses alentours qui défendent leurs espaces de vie menacés par la préparation et la tenue des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons la seconde session : Surveillance olympique : comment les Jeux ont pu servir à mettre en place ou tester le contrôle des populations.

À cette occasion, étaient présents d’autres collectifs dont certains avaient fait le déplacement depuis l’international, tels que Rio OnWatch, NOlympia Hamburg, NOlympics Los angeles, STOP JJOO pour Barcelone et les Pyrénées, mais aussi La Quadrature du Net, le Collectif de défense des Jardins d’Aubervilliers et Pleyel à Venir pour la France.

(Extrait du texte d’appel de la Rencontre internationale anti-Olympique)

« Des camarades du monde entier viendront à Paris parce que notre indignation est trop lourde à porter seul·es dans chaque ville. Certain·es D’entre nous ont perdu leur maison, leurs moyens de subsistance, leur communauté, leurs droits. Nous nous réunissons à Paris, car nous avons besoin d’écouter l’expérience des autres pour être mieux armé·es pour l’avenir. »

GRÈVE A LA BNF / CONTRE LA FUSION DES HÔPITAUX DU 95

Dans cette émission en deux parties, nous avons deux reportages sur des luttes en défense des services publics : sur le piquet de grève à la Bibliothèque Nationale de France le 9 juin, et sur le rassemblement contre la fusion des hôpitaux de Beaumont-sur-Oise, Saint-Martin et Pontoise le 10 juin.

Déclaration intersyndicale CGT-FSU-SUD Culture au CHSCT BnF du 09/06/2022 :
“Le personnel de la BnF est en grève et en actions depuis le 2 mai contre la réorganisation du travail en service public, qui réduit fortement la communication directe des documents des magasins aux chercheurs et qui dégrade les conditions de travail des agents, mais aussi contre le sous-effectif, qui est particulièrement fort en catégorie C où beaucoup de postes ont été supprimés ces dernières années, contre le retour des contrats ultra-précaires pour les « vacataires », contre de mauvaises conditions de travail, contre le nouveau fonctionnement prévu du site de Richelieu et contre la remise en cause des missions de service public de la BnF (catalogage, communication des ouvrages, temps et moyens impartis à la conservation..).

C’est pour cela que nous sommes de nouveau en grève aujourd’hui, jeudi 9 juin. Cela montre la détermination du personnel et son opposition aux réorganisations imposées de façon autoritaires par la direction de la BnF. Nous ne sommes pas « inquiets » ou « interrogatifs », nous sommes en grève pour faire aboutir nos revendications et obtenir les moyens en personnel et financier nécessaires pour garantir la pleine mise en œuvre des missions de la BnF tout en garantissant de bonnes conditions de travail et l’arrêt de l’ultra-précarité.

De plus, à la mobilisation du personnel s’ajoute celle des lecteurs et lectrices, qui sont opposés depuis le début à la réorganisation du service public et qui soutiennent aussi pleinement les revendications du personnel.
Face à un mouvement social de cette ampleur, il n’est pas normal que la direction de la BnF attende aussi longtemps pour proposer une vraie réunion de négociation et se contente d’une communication provocatrice. Nous n’accepterons pas que la direction tente de contourner le cadre de la grève et des négociations avec le personnel en grève. Nous n’accepterons pas que la direction et le ministère jouent sur les délais pour laisser la situation se dégrader. Car il est aussi de la responsabilité sociale du ministère de la Culture d’intervenir réellement pour résoudre le conflit social en cours en donnant satisfaction au personnel en lutte.

Nous exigeons donc que le ministère de la Culture donne les moyens nécessaires à la BnF pour son fonctionnement et que la direction de la BnF dans le cadre de vraies négociations prenne pleinement en compte nos revendications :
– Le retrait immédiat de la réorganisation du travail en service public et le retour aux communications directes des documents toute la journée.
– La mise en place immédiate de toutes les mesures nécessaires pour pourvoir les postes dont la BnF a besoin, en particulier de magasiniers titulaires, avec la publication dès maintenant des postes vacants, puis l’organisation rapide d’un recrutement direct conséquent, avec un volet interne important.
– L’arrêt des chantiers internes supplémentaires, qui dégradent les conditions de travail, afin de permettre aux agents de pouvoir faire dans de bonnes conditions le travail en service public et leurs tâches internes fondamentales.
– L’abandon immédiat du recrutement des contractuels à temps incomplet sur besoins permanents sur des CDD d’un an, contrats ultra-précaires sans droit et retour à leur recrutement en CDI.
– L’augmentation des moyens en personnel et financiers de la BnF pour pouvoir remplir dans de bonnes conditions l’ensemble de ses missions (catalogage, SP…).
– Des engagements clairs et précis sur les primes.
– Une révision du fonctionnement prévu pour le site de Richelieu et le recrutement du personnel titulaire nécessaire.
Nous attendons des réponses précises et qui permettent de trouver des solutions positives sur l’ensemble de ces points lors de la réunion de négociation du 10 juin. En l’absence de réponses à la hauteur de la situation, nous serons de nouveau en grève les 15 et 16 juin prochain.”

La catastrophe sanitaire surgit à nu dans tout le pays. Urgences hors d’état de fonctionnement, des dizaines de milliers de lits fermés, des services de santé essentiels disparus, des fusions-fermetures d’hôpitaux… Un taux de mortalité infantile en augmentation…

C’est un véritable désastre.

Ils nous ont dit : manque de médecins. Mais ils refusent la titularisation à plus de 30 000 en situation précaire. Et en cinq ans de gouvernement, s’ils l’avaient décidé, des dizaines de milliers de jeunes médecins, formés en 6 ans d’études, auraient pu être prêts dès l’année prochaine…

Messieurs Macron, Véran, quel est votre bilan ?

La santé de la population, la santé des vieux, des enfants, vous n’en avez que faire !

Et nous le prouvons :

  • L’hôpital de Saint Martin du Tertre, spécialisé dans les soins gériatriques, vous l’avez promis à la fermeture.
  • À l’hôpital de Beaumont, malgré toutes nos alertes, nos protestations, vous avez osé, en pleine pandémie, priver la population d’un service de réanimation, de lits de soins intensifs, que vous aviez fermés deux mois auparavant.
  • Vous avez osé, en plein confinement, quand des enfants perturbés dans leur scolarité étaient en pleine détresse, fermer 12 lits de pédiatrie.
  • Vous avez osé à la maternité de l’hôpital fermer le service de néonatalogie, mettant en péril les parturientes, les prématurés, face à toute situation imprévue…

Vous avez refusé d’entendre les besoins de la population. 180 000 habitants concernés…

Et puis, ces derniers mois, les choses se sont accélérées. Après l’urologie, ce sont les services de pneumologie, de diabétologie, de neurologie, de cardiologie, qui ont vu leurs chefs de services partie, certains à la retraite et d’autres dégoutés des conditions qui leur sont faites…

Et en fait de remplaçants, ce sera au mieux pour une journée dans la semaine.

Ce n’est plus un hôpital. C’est un naufrage !

Monsieur Macron, Monsieur Véran, Madame Borne et votre exécutant servile, le directeur Monsieur Aubert, vous avez organisé sciemment ce désastre. Et vous avez osé nous dire d’aller à Pontoise, malgré la distance et les embouteillages.

Mais voilà qu’à Pontoise, on a appris par un communiqué de presse de la CGT, que là aussi les services de néonatalogie, de pédiatrie et de réanimation avaient perdu des dizaines de lits depuis 3 ans, qu’avec le départ du chef de service de psychopathologie de l’adolescent, 10 lits allaient être fermés et comble de tout c’est la cancérologie qui devrait être réduite à peau de chagrin !

Et cette situation catastrophique menace non plus 180 000 habitants, mais près de 700 000.

Et ces forfaits accomplis, que vous restait-il à faire ?

La nouvelle est tombée. Le directeur Aubert vient d’annoncer la fusion administrative des hôpitaux de Saint-Martin-du-Tertre, Beaumont, Pontoise. Avec toutes les conséquences prévisibles de cette opération : la mobilité forcée des personnels soignants, administratifs, des services de restauration, de lingerie… la mise sur la touche des maires concernés.

Les syndicats CGT, UNSA, Solidaires, de l’hôpital, outrés, ont décidé dans l’unité une journée de protestation le 10 juin pour s’opposer à cette fusion. Nous, Comité de défense de l’hôpital de Beaumont, de Saint-Martin-du-Tertre, nous y serons et nous appelons la population à nous rejoindre.

La fusion, c’est non ! Le Comité de Défense de l’hôpital

Et ce vendredi 10 juin, l’actualité des luttes se trouvait sur le rassemblement de l’hôpital de Beaumont sur Oise et nous entendrons les prises de paroles et un entretien réalisé avec des soignantes de l’hôpital.

abrogation de la loi L 435-1 / Deux profs ridiculisent à la chantilly Blanquer

Le samedi 4 juin, dans le quartier de Château-Rouge, la police qui voulait effectuer pour non-port de ceinture de sécurité, a tiré neuf balles sur un véhicule, blessant le conducteur au thorax et une passagère à la tête. Cette jeune femme de 21 ans est décédée des suites de ses blessures. Sur des personnes en refus d’obtempérer. Cette action, la police la justifie en s’appuyant sur l’article l435-1 de la loi relative à la sécurité intérieure de 2017, qui leur accorde une présomption de légitime défense, pour la justifier.

Le 24 avril dernier, c’était Boubacar et Fadjigui et étaient âgés respectivement de 31 et 25 ans qui était tués à Paris le 24 avril dernier lors d’un contrôle de police au niveau du Pont-Neuf. Armé d’un fusil d’assaut, l’un des agents a ouvert le feu une dizaine de fois sur le véhicule des jeunes, entrainant leur mort et blessant le passager qui se trouvait à l’arrière. Le policier à l’origine du tir, invoque la légitime défense, prétextant que la voiture qui aurait tenté d’échapper au contrôle des agents, allait lui foncer dessus.

Le 26 mars 2022, à Sevran, c’était Jean-Paul, un homme de 32 ans qui a été tué par balle, par un agent de la BAC. À un feu rouge, situé à la jonction de Sevran et d’Aulnay-sous-Bois, Jean-Paul est alors contrôlé par l’un des agents de la BAC qui descend du véhicule pour l’appréhender. L’agent de la BAC fait usage de son arme et l’utilitaire de la victime percute des véhicules garés dans la rue. Cela fait donc 4 morts en 3 mois, et cela, seulement depuis le début de l’année 2022.

Depuis la promulgation de cette loi même,L’inspection générale de la Police nationale (IGPN) , pourtant première à camoufler ou minimiser les violences commises par la police, rapporte en août 2018, une hausse de 54 % de l’usage des armes à feu par rapport à l’année précédente. Dans l’affaire de Rayana, c’est le conducteur de la voiture lui-même blessé au thorax qui est interrogé et mis en examen, quand les policiers qui ont tiré ont étaient libérés sans aucune poursuite après leur garde à vue. Dans l’affaire de Nordine, victime de violence policière en aout 2021(sept balles dans le corps) à Stains avec sa compagne pour refus d’obtempérer, c’est lui qui a été condamné à deux ans de prisons ferme.

Face à cela et à la déferlante médiatique et judiciaire qui criminalise systématiquement les victimes, un rassemblement était organisé le samedi 11 juin dernier afin de demander l’abrogation de la loi l435-1 sur la place de la République dont nous vous diffusons une partie des prises de paroles. Dans une deuxième partie d’émission, nous reviendrons sur un autre événement qui s’est produit à Montargis le 4 juin 2022 :

Deux profs ridiculisent à la chantilly Blanquer.

Samedi à Montargis, l’ancien ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, qui faisait campagne sur un marché pour les élections législatives, a reçu de la crème chantilly. Blanquer a porté plainte. Les deux enseignants ont également reçu de la main même des plus hautes autorités des poursuites administratives.

« On allait sur le marché et c’est la saison des fraises », a précisé à l’AFP Christophe, l’un des deux professeurs. Sur leur compte Twitter, créé dimanche sous le nom de « ProfsChantillyonneurs », Christophe et Olivier, deux enseignants de technologie et d’arts plastiques en collège REP, ont expliqué leur geste dans une vidéo intitulée « Blanquer mousse-Montargis-Chantilly gate

Dans cette vidéo, les deux hommes de 51 et 57 ans, enseignants depuis 20 ans et accusés d’avoir fait usage de la violence face à l’ancien ministre, racontent la violence subie au quotidien au sein de l’institution scolaire. « La violence, c’est 12 % d’élèves qui arrivent en 6ème et qui ne sont pas capables de lire ou de comprendre un texte. Combien sortent du système scolaire, humiliés, méprisés, et sans solution d’avenir ? »

« La violence ce sont les agressions physiques et les insultes au quotidien », c’est « le manque d’adultes pour protéger nos enfants, les éduquer, les aider : pas d’infirmières, pas de psychologues, pas de surveillants en nombre suffisant. La violence, c’est de mépriser les enfants et les parents en embauchant des gens non formés en 30 minutes », martèlent-ils.

« L’Éducation nationale est en chute libre »

« L’Éducation nationale est en chute libre, mais M. Blanquer a lui son parachute pour les législatives à Montargis », fustigent les deux enseignants, qui dénoncent un point d’indice « gelé depuis des années » et un pouvoir d’achat « en berne ». Dans leur vidéo, les deux hommes expliquent en vouloir tout autant à la candidature de l’ancien ministre dans leur circonscription que son bilan au ministère. Ces derniers affirment qu’ils reviendront sur « leurs conditions d’arrestation et leurs 8 h de garde à vue » dans une prochaine vidéo. Ils comparaîtront le 4 juillet prochain à 9 h au tribunal judiciaire de Montargis pour une audience de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité ou plaider-coupable. Ils encourent jusqu’à trois ans de prison pour « violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail ».

ON S’EN MÊLE : assemblée nationale des quartiers

Crédit Photo : À l’AG de On s’en mêle, le 8 mai 2022. © On s’en mêle.

Le 8 mai dernier s’est tenue la deuxième assemblée nationale des quartiers à Stains dans la banlieue nord de Paris. Cette assemblée était appelée par le collectif « On s’en mêle » créé dans les mois précédant l’élection présidentielle – début mars.

Le collectif « On s’en mêle » est issu d’un appel signé par une centaine de représentantEs des quartiers dits populaires et aussi beaucoup de figures historiques des mobilisations de ces quartiers, par exemple des organisateur/ices de la Marche pour l’égalité, du MIB (Mouvement de l’immigration et des banlieues) ou encore autour du groupe Zebda).

Cette rencontre a réuni autour de 250 acteurs et actrices de luttes de quartiers de toute la France.

L’appel « On s’en mêle » part du constat que les organisations de gauche ne prennent pas en considération les questions spécifiques aux quartiers et qu’il convient de s’organiser soi-même en toute indépendance. Même si cette constatation n’est pas nouvelle, il y a déjà eu un grand nombre d’initiatives politiques dans les quartiers des 30 dernières années : il y a un changement pour « On s’en mêle » car même si l’indépendance vis-à-vis des organisations classiques de la gauche est revendiquée, il y a une volonté de participer politiquement avec ces organisations.

En ce mois de mai, nous nous trouvions dans une période électorale, coincé entre la présidentielle et les élections législatives. Comment se ressaisir de la politique et peser dans le quartier. Ce 8 mai, à Stains, la question fut posée.

Ce dimanche, dans cette rencontre, trois temps. D’abords, un retour sur le premier tour des élections présidentielles ensuite la campagne des législatives et la recomposition de la gauche et enfin, le thème de l’émission de ce jour : construction du réseau national vers l’université des quartiers populaire et comment recomposer la scène politique.

Rencontre avec le Roucous : une expérience de lieu de vie et d’accueil

Rencontre avec “le Roucous »Une expérience de lieu de vie et d’accueil (LVA), autogéré et situé en Aveyron.

Discussion en présence de l’équipe du lieu ainsi que Bertrand Ogilvie, psychanalyste et professeur de philosophie à Paris ayant travaillé sur l’expérience de Deligny dans les Cévennes.

Aujourd’hui dans votre émission, on vous parle du Roucous, un lieu de vie et d’accueil (LVA) un peu particulier, qui a plus de 30 ans. C’est une structure de soin et d’éducation qui accueille en petit effectif des enfants, adolescents ou adultes qui vivent une situation difficile.

C’est une structure de vie aussi. La particularité est que les acteurs de l’accueil sont présents en permanence. Les acteurs tentent de reproduire un schéma d’accueil familial qui repose sur le partage des tâches du quotidien ou des activités pédagogiques spécifiques.

Le roucous est apparu avant que les LVA ne soient reconnues en 2002. Il est particulier aussi parce qu’il est autogéré en association, l’organisation est horizontale et ne répond pas forcément aux exigences des institutions avec lesquelles ils ont réussi à imposer un rapport de force qui leur permet tout simplement de vivre comme ils l’entendent avec les jeunes accueillis.

Le Roucous est situé en Aveyron. Leurs membres travaillent avec différentes institutions comme L’aide sociale à l’enfance (ASE), la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), les institutions médicales de la pédopsychiatrie, ou d’éducation spécialisée.

Vous allez entendre Nunu, un des fondateurs de ce lieu, et les autres permanents Arnaud, Pierre ou Solange nous parler de leur quotidien avec Yanis, Myriam ou Hugo, des enfants, en marge, souffrant de difficultés familiales et de troubles psychiques et autistiques.

La discussion s’est déroulée à la parole errante à Montreuil, dans le cadre de la semaine de la folie ordinaire qui a eu lieu du 28 mars au 3 avril 2022. Ce festival est animé par le collectif Artaud, un collectif de patient(e)s et soignant(e)s, et a été créé en contrepoint des « Semaines d’information sur la Santé mentale ».

APPEL DE LA MARCHE DES SOLIDARITE/ VIOLENCE POLICIERE : HOMMAGE A RAYANA

Dans cette émission, nous vous diffusons plusieurs montages en appel à deux rdv qui auront lieu demain. Tout d’abord nous vous diffusons la conférence de presse de la Campagne Antiraciste de Solidarité organisée par la Marche des solidarités qui avait lieu le 8 juin 2022 en appel au rdv du samedi 11 juin Place Blanche à 15 h contre le racisme et l’extrême droite, pour la justice sociale et climatique et pour l’égalité des droits de toutes et tous.

Extrait du texte d’appel :

“Encore Macron à l’Élysée, rien de bon à espérer, tout à redouter : on n’attend pas !
Treize millions de voix pour l’extrême-droite, le fascisme en embuscade, on n’a plus l’temps!
Cotes d’alertes dépassées pour la planète et le vivant, on n’a plus l’temps!
Réfugié·e·s sacrifié·e·s, Sans-papiers pourchassé·e·s et surexploité·e·s, on n’a plus l’temps!
Les prix explosent, des milliards pour les grands patrons, mourir au travail ou crever au chômage, on n’a plus l’temps!
Crimes racistes, féminicides, crimes policiers, on n’a plus l’temps!

Alors, on n’attend pas!

L’égalité des droits pour tou·te·s, c’est maintenant !
Liberté de circuler, de manifester, régularisation des Sans-papiers, c’est maintenant !
Justice sociale et climatique, c’est maintenant !
Plus de fascistes dans nos quartiers, c’est maintenant !
Le pouvoir de vivre, c’est maintenant !”

Ensuite, nous vous diffusons un montage  en vue du rdv de demain à 13 h Place de la République contre les violences policières, en Hommage à Rayana morte des suites d’un contrôle de police le 5 juin 2022, et pour l’abrogation de la loi de présomption de légitime défense de la police ( article l 435-1 de la loi de sécurité intérieur de 2017).

Extrait du texte d’appel :

” Non au permis de tuer !

Samedi 4 juin, dans le quartier de Château-Rouge, la police a tiré sur des personnes en refus d’obtempérer. Au cours d’un contrôle pour non-port de ceinture de sécurité, des policiers ont tiré neuf balles sur un véhicule, blessant le conducteur au thorax et une passagère à la tête. Cette jeune femme de 21 ans est décédée des suites de ses blessures.

Nous habitant·es, membres d’organisations du 18e, choqué·es et bouleversé·es par cet événement d’une extrême violence, manifestons notre colère et notre indignation. Nous apportons tout notre soutien et solidarité aux victimes ainsi qu’à leurs familles.
C’est l’ensemble de la population qui est mise en danger par cet usage d’armes à feu sur la voie publique, un samedi en pleine journée.
Ce drame s’inscrit dans un climat de violence et de harcèlement policier déjà particulièrement pesant dans nos quartiers.

La police tue.

Elle a encore tué il y a quelques jours en plein Paris. Cette fois, la victime est une jeune femme de 21 ans. Un homme de 38 ans a été sévèrement touché.
Il y a quelques semaines, c’étaient deux frères qui étaient tués au fusil d’assaut par un policier. Et ils ne sont malheureusement pas les seuls. La liste des personnes violentées, mutilées, tuées par les forces de l’ordre ne cesse de s’allonger. Cela fait des années que nous dénonçons ces crimes. Cela fait des années que nous alertons en particulier sur la loi de 2017 qui a assoupli les règles d’usage d’armes à feu pour les policiers. C’est derrière l’article L435-1 qu’ils se cachent pour justifier ces meurtres. Jusqu’à quand ?”

Vous pourrez donc entendre le témoignage d’Inès, amie de Rayana présente dans la voiture lors du contrôle policier qui a entraîné la mort de la jeune fille ; celui de l’avocat du conducteur de la voiture, actuellement mis en examen, Ibrahim Shalabi, puis un extrait de la conférence de presse du jeudi 9 juin avec la sœur du conducteur, la tante de Souheil El Khalfaoui mort lors d’un contrôle à Marseille en aout dernier ; et  enfin Amal Bentounsi du collectif Urgence notre police Assassine.

Bonne écoute !

JO 2024 : écologie et grennwashing olympique

Saccage 2024 rassemble des collectifs et des associations de Seine-Saint-Denis et de ses alentours qui défendent leurs espaces de vie menacés par la préparation et la tenue des Jeux Olympiques.

À cette occasion, étaient présents d’autres collectifs dont certains d’entre eux avaient fait le déplacement depuis l’international, tels que Rio OnWatch, NOlympia Hamburg, NOlympics LOS ANGELES, STOP JJOO pour Barcelone et les Pyrénées, mais aussi La Quadrature du Net, le Collectif de défense des Jardins d’Aubervilliers et Pleyel à Venir pour la France.

(Extrait du texte d’appel de la Rencontre internationale anti-Olympique)

« Des camarades du monde entier viendront à Paris parce que notre indignation est trop lourde à porter seul·es dans chaque ville. Certain·es D’entre nous ont perdu leur maison, leurs moyens de subsistance, leur communauté, leurs droits. Nous nous réunissons à Paris, car nous avons besoin d’écouter l’expérience des autres pour être mieux armé·es pour l’avenir. »

Le samedi 21 mai, avec des délégations internationales et toutes les personnes qui le souhaitent, nous nous retrouverons à l’Université Paris 8 Saint-Denis pour échanger sur les dégâts et les effets des Jeux Olympiques dans nos pays respectifs. Mais aussi pour organiser une lutte contre l’olympisme à l’échelle internationale.

Des anti-JO japonais, anglais, allemands, États-uniens, catalans et français seront présents·es, car nous ne pouvons pas continuer à lutter chacun de son côté sans s’enrichir des expériences de nos amis·es.
Toutes les personnes qui se posent des questions sur les Jeux Olympiques, ou plus spécifiquement sur Paris 2024 sont bienvenues. C’est une rencontre ouverte à toutes et tous ! »

Le thème de La première session du 21 mai 2022, que nous entendront dans cette émission, était : Saccage écologique et greenwashing olympique : peut-on empêcher les prochains « Jeux les plus verts de l’histoire » ?

On ne pouvait pas finir sans évoquer les incidents qui ont eu lieux au stade de France, lors de la finale de la Ligue des Champions entre les équipes de Liverpool et du Real Madrid, le samedi 4 juin. Le match devait être organisé à l’origine en Ukraine, mais a été transféré en France. L’organisation ainsi que la gestion de cet événement, disons-le, y a été déplorable, suscitant une indignation internationale. La foule a été compactée, attendant sans informations, avant de se retrouver gazée, matraquée par les forces de l’ordre. Les supporters ont pu se faire une idée précise de la gestion de foule à la Française.

Pour se couvrir, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, suivi par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ont évoqué des falsifications massives de billets, des hordes de jeunes de banlieues déferlant sur le stade et même une grève du RER B Comme à leur habitude, l’État français a désigné leurs éternels coupables alors que sa responsabilité dans l’organisation puis la gestion de cet événement sportif est patente. Cela laisse présager du pire pour les jeux olympiques de 2024.

Quel avenir pour la maternité des lilas ?

les lilas 28 mai 2022 : fête de la maternité

Fondée en 1964, la maternité des Lilas est une institution féministe incontournable de l’Île-de-France qui ne pratique que des actes liés à la santé sexuelle : avortements, accouchements, soins de transition… La structure est gérée par une association accréditée par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Seine-Saint-Denis, mais elle fait face depuis déjà plus de dix ans à des difficultés financières. En cause, le mode de financement des établissements de santé dit de la tarification à l’activité (T2A).

Mis en place en 2005, ce nouveau mode de financement consiste à ne plus allouer un budget de fonctionnement sous la forme d’une enveloppe globale couvrant les besoins estimés, mais à ajuster en chaque année selon le total des soins facturés à la sécurité sociale : un moyen pour l’État de compresser sans arrêt le budget de la santé qui a joué un rôle important dans la dégradation du système public de santé depuis les années 2000.

Outre son effet de coupe budgétaire, cette réforme a également eu l’effet pervers d’instituer un rapport productiviste à la santé : pour éviter de voir leur enveloppe réduite, l’administration des hôpitaux est amenée à encourager les équipes soignantes à réaliser un maximum d’actes médicaux pour pouvoir facturer le plus possible à la sécurité sociale.

En matière d’obstétrique, cela se traduit par la volonté des hôpitaux de faire sortir les parturient.e.s trois jours après leur accouchement, incite le recours à la césarienne ou à l’épisiotomie, pourtant pas toujours nécessaires et souvent perçus comme de véritables violences par les femmes qui accouchent.

La maternité des lilas est la dernière petite maternité (niveau 1) à financement entièrement public en seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France et avec un taux de fécondité le plus élevé, particulièrement touché par les inégalités territoriales de santé.

L’ARS (agences régionales de santé) pourrait valider un projet de reprise par un groupe privé nommé AVEC. Ce groupe prévoit la fusion de la maternité des lilas avec la clinique Vauban situé à Livry-Gargan

Dans ce contexte, avait lieu, ce 28 mai 2022, la fête de la maternité dans le parc Lucie Aubrac au Lilas. L’actualité des luttes avait posé son micro pour capter cette journée de fête et de luttes. Dans l’émission de ce jour, nous entendrons les interviews d’ancienne et de nouvelle sages-femme, de parent et d’une syndicaliste de la maternité qui nous parlera des enjeux de la lutte.

Pour soutenir la maternité des lilas : https://www.change.org/p/soutien-%C3%A0-la-maternit%C3%A9-des-lilas-pour-%C3%A9viter-sa-fermeture

RATP : trois jour de grève reussis ?

Nous revenons dans cette émission sur la grève de la RATP du 23, 24 et 25 mai 2022. Vous pourrez entendre le reportage réalisé lors du rassemblement du 24 mai devant le siège social de la RATP, et de revenir sur les raisons de ce mouvement.

Du 23 au 25 mai dernier, une grève du réseau de surface de la RATP, bus et tramway, a été largement suivi (60 %). Appelée par la CGT RATP, UNSA, mais aussi Solidaires RATP et en partie Force Ouvrière ; elle n’a pas été suivi par le réseau “lourd” (métro et RER) où FO est majoritaire.

La raison de ce mouvement est la lutte contre la privatisation à très court terme (2030) et le découpage en lots du réseau de surface. Alors que le RER et le métro ne le seraient que 10 ans plus tard et conservé en droit privé par le groupe RATP. C’est sur cette différentiation temporelle que se joue la division entre bus et métro…

Bien que le RER B semble se mettre en brande avec deux jours de grève le 28 mai dernier, jour de la finale de la coupe d’Europe de football et le 03 juin prochain, premier match de la ligue des nations de football entre la  France et le Danemark, (bien que cela ne touche que très partiellement l’accès au Stade de France).

Cette division est fatale tout comme avec celle des réseaux privés de transports urbains de la région.

Dans cette première partie, nous entendrons les prises de parole devant le ministère des Transports, le 23 mai, puis un entretien avec un agent de maintenance bus sur les incendies des bus électrique bolloré et enfin l’entrée des salarié-e-s a la maison de la RATP le 24 mai dernier.

Nous tenterons, dans la deuxième moitié de l’émission, de faire avec Yassine qui est conducteur de bus du dépôt de Malakoff de la CGT, un bilan du mouvement de grève et de ces perspectives.

RATP : TROIS JOURS DE GRÈVE RÉUSSIS : CE N’EST QUE LE DÉBUT !

Pendant trois jours, les 23, 24 et 25 mai, les conducteurs de bus, de tram et la maintenance ont fait grève massivement : avec des taux de grévistes de 50 à 60 %, de nombreuses lignes n’ont pas été desservies. Les équipes militantes se sont retrouvées autour des piquets matinaux, puis se sont rassemblées lundi devant le ministère des Transports et mardi devant le siège social de la RATP. Une manière de dénoncer « l’ouverture à la concurrence » qui n’est qu’une mise en concurrence des travailleurs au profit de l’entente entre les grands groupes du secteur. La direction de la Régie entend faire passer le « cadre social territorialisé » (CST) dès cet été – probablement au 1er août (En plein été!!!).

Au menu : suppression de certaines primes et aménagements, vol de jours de congés, etc. La direction chiffre l’augmentation du temps de travail prévue à 120 heures par an, la CGT à 190. Dans tous les cas, entre un mois et six semaines de travail volé ! Le tout accompagné d’un chantage : la vague promesse d’une prime équivalente à un 14e mois à condition que les syndicats signent ce recul social. Et pour ça, la direction n’a pas lésiné sur les moyens puis a envoyé ses cadres militer auprès des salariés pour les convaincre d’accepter et de faire pression sur leurs syndicats pour qu’ils signent. Mais ni discours policés ni tracts en couleurs et papier glacé n’auront suffi à convaincre de l’entourloupe que représente cet accord. Face à ce chantage, les travailleurs de la RATP ont choisi la lutte !

Si les salariés ont répondu massivement « présent » dans la grève, ce sont les directions syndicales elles-mêmes qui ont fixé des limites à l’action des conducteurs de bus. L’appel à trois jours de grève, ficelé à l’avance et décidé d’en haut, n’a pas aidé à convaincre de l’utilité de se rendre sur les piquets de grève pour organiser la suite du mouvement. Le choix de limiter la grève aux seuls conducteurs de bus et tram – même si les ouvriers de la maintenance des dépôts ont tenu à juste titre à s’y joindre – favorise l’émiettement des réactions alors qu’il est urgent de les regrouper.

Car des raisons de se rejoindre, il y en a dans tous les secteurs de l’entreprise : la mise en concurrence, la dégradation des conditions de travail, le manque d’effectif et surtout les salaires trop bas qui ne suivent pas l’inflation concernent aussi le métro, les ateliers puis même les bureaux ! Ces secteurs sont d’ailleurs loin d’être endormis : grèves surprises isolées au métro, grèves perlées au RER (notamment une grève d’une heure sur le RER B, devenue célèbre après le fiasco du préfet Lallement et de Darmanin dans l’organisation de la finale de la Ligue des champions), un éventuel appel à la grève en juin dans les ateliers.

La colère est bien là pour construire la riposte à la politique patronale de la RATP, malgré ces limites que posent les organisations syndicales. Il faudra imposer des suites rapidement, avant le 1er août, et dans tous les services, pour construire un rapport de force à la hauteur qui permettra de faire reculer tous les projets de la direction.

(Article à paraître dans l’Anticapitaliste n°617)

Le business de nos données médicales / Plainte collective contre la technopolice

Le 21 mai 2022, avait lieu une conférence-débat à l’initiative du collectif contre le passe sécuritaire et son monde totalitaire, autour du livre “Le business de nos données médicales”. Co-écrit par Simon Woillet, Audrey Boulard et par Eugène Favier-Baron. Vous retrouverez ici la présentation suivie d’interventions de l’assistance

En fin d’émission, une rediffusion de l’émission l’Égrégore du 30 mai 2022 diffusé initialement sur Radio primitive parlera de la présentation d’une plainte collective initiée par la Quadrature du Net contre la technopolice.

Il y a trois ans, La Quadrature du Net lançait l’initiative Technopolice pour recenser les nouvelles technologies policières installées dans nos villes. Aujourd’hui, la surveillance de nos rues est devenue totale, car ces technologies se renforcent les unes les autres : vidéosurveillance généralisée, fichage de masse, reconnaissance faciale et détection automatisée de comportements. Pour mettre un coup d’arrêt à cette surveillance totale, nous lançons une plainte collective contre le ministère de l’Intérieur qui l’organise illégalement.

En résumé, il s’agit d’une procédure similaire à celle que nous avions engagée il y a 4 ans devant la CNIL contre les GAFAM. Ces plaintes collectives avaient réuni 12 000 personnes et conduit à quelques belles victoires, telle que l’amende record de 746 millions d’euros contre Amazon (les autres plaintes sont encore en cours de traitement).

Aujourd’hui, nous attaquons l’État français pour demander l’arrêt de quatre dispositifs de surveillance :

Les caméras de surveillance installées depuis plus de 20 ans dans toutes les villes de France, qui n’ont cessé de démontrer leur inutilité (et donc leur illégalité) ;
les logiciels qui s’ajoutent à ces caméras, dans le but de détecter des comportements « indésirables » (mendicité, maraude, regroupement, tag…) pour aseptiser nos villes et en exclure les personnes les plus vulnérables ou encore les activistes politiques ;

les fichiers de police enregistrant nos visages, qu’il s’agisse du TAJ (« traitement des antécédents judiciaires »), qui contient 8 millions de photos de personnes connues de la police, ou du TES (« titres électroniques sécurisés »), qui contient la photo de toute personne demandant un passeport ou une carte d’identité ;

l’utilisation de la reconnaissance faciale par la police (plus de 1 600 fois par jour en 2021) et par les services de renseignement, qui est en train d’abroger l’anonymat dans l’espace public.

Le but de notre action n’est pas uniquement juridique : il s’agit aussi d’imposer un rapport de force politique dans un contexte dans lequel ces technologies s’imposent dans l’opacité la plus totale. Unissons-nous massivement pour reprendre notre place dans le débat public et faire savoir que la Technopolice est illégale et doit le rester.”

Lien : https://technopolice.fr/plainte/

UKRAINE : Semaine de solidarité avec la résistance ukrainienne

Aujourd’hui dans cette émission du 1ᵉʳ juin, nous vous diffusons une rencontre qui avait lieu à la Brèche, librairie du NPA le 18 mai 2022, a l’occasion d’une semaine de solidarité avec la résistance ukrainienne.

Vous pourrez entendre Gilbert Achkar ( universitaire) revenir sur le contexte historique et internationale du déclenchement de l’invasion et notamment de la responsabilité de l’OTAN. Devis Forbach chercheur franco-Ukrainien revenir sur l’histoire récente de la construction d’un état Ukrainien et Daria Saburova chercheuse franco-Ukrainienne nous faire le retour du voyage d’une délégation international s’étant rendu sur place au début du mois de mai.

À ce sujet, nous diffusons un rapide compte rendu effectué à la suite de ce voyage : 

Une délégation de 26 participantEs de dix pays européens s’est rendue en Ukraine du 3 au 6 mai à la rencontre du mouvement social, féministe et syndical d’Ukraine et en coordination avec le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine. Deux des participantEs français, Laurence Boffet et Roland Mérieux, en ont fait un court compte rendu.


Nous sommes arrivés à Lviv hier après-midi. Laurence Boffet ainsi que les parlementaires présents dans la délégation ont rencontré le parti Razem (gauche radicale polonaise, environ 7 % des voix aux dernières élections législatives, six députés) puis des associations qui tiennent une maison des solidarités à la frontière polonaise. Ensuite, nous avons rencontré des humanitaires polonais (anciens musiciens, organisateurs de festivals reconvertis en convoyeurs de tout, médicaments, repas, réfugiés).

Deuxième journée à Lviv Ce jeudi 5, en lien avec les camarades de Sotsialnyi Rukh [Mouvement social] qui militent pour un socialisme démocratique, nous rencontrerons, aujourd’hui et demain, des représentants syndicaux (en particulier du rail, services publics, santé, mineurs), des militants écologistes, féministes, LGBTQ+.

La matinée a été consacrée à une rencontre avec les responsables de Sotsialnyi Rukh. Ils nous ont présenté leurs activités, notamment sur les questions sociales et démocratiques que leur mouvement tente de mettre en œuvre et leur vision de la situation politique dans leur pays en état de guerre (soutien au président Zelensky et son gouvernement, bien que très critiques sur les questions sociales et écologiques).

Une déclaration commune est en cours de rédaction reprenant les larges convergences évoquées toute la matinée, déclaration proche de celle du texte du Réseau européen de solidarité à l’Ukraine avec un point complémentaire majeur pour eux, l’adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE.

L’après-midi a été consacré à des échanges avec les syndicats ukrainiens, qui se retrouvent essentiellement dans deux grandes confédérations (la Confédération des syndicats et la Confédération des syndicats libres). Étaient présentEs des représentantEs de différents secteurs d’activité (construction, transports, santé), ainsi qu’un syndicat nouveau et indépendant des deux confédérations qui défend les travailleurs pauvres de la santé, des mines et de l’énergie (nucléaire). Nous avons eu une description détaillée des luttes sociales avant la guerre pour les hausses de salaires, contre les conséquences du néolibéralisme sur les secteurs publics ou la santé, qui nous ont rappelé les nôtres…

Aujourd’hui, les syndicats sont tournés vers l’aide concrète aux travailleurs ukrainiens victimes de la dérégulation en ces temps de guerre (licenciements, non-paiement des salaires, voire travail gratuit, maintien de la sécurité et des infra­structures dans les transports ou le nucléaire). La question écologique a aussi été abordée par certains syndicats.

Troisième jour, rencontres avec des mouvements féministes, écologiques, de solidarité et libertaires. Dès le matin, une première réunion s’est tenue entre les femmes de la délégation européenne et des représentantes de trois organisations ukrainiennes féministes, intersectionnelles, LGBT. Un groupe de travail spécifique sur ces questions démarre dans le Réseau européen en lien avec ces groupes féministes.

Ces groupes se focalisent en particulier sur l’aide aux femmes qui ont besoin de soutien immédiat sur le plan financier, psychologique, mais aussi politique. Plusieurs contacts très concrets ont été pris lors de cette rencontre pouvant permettre ultérieurement de créer des ponts avec les Ukrainiennes de Lyon, mais aussi avec des mouvements féministes (au plan national) qui voudront les aider. La matinée s’est poursuivie avec la présentation des actions de ces mouvements féministes et d’entraide entre femmes.

Plusieurs centaines de milliers de femmes se retrouvent seules avec leurs enfants, avec ou sans travail, exilées en Pologne ou déplacées dans leur propre pays ; elles ont besoin d’une prise en charge au niveau de l’éducation des enfants, du travail, un logement, des soins médicaux ainsi que d’accès à l’avortement, que ce soit en Pologne, qui l’interdit, mais aussi en Ukraine, où c’est autorisé, mais aujourd’hui de plus en plus difficile à mettre en œuvre.

Au cours de l’après-midi, d’autres présentations ont été faites par des représentants de mouvements écologistes, qui sont favorables aux sanctions et qui se concentrent en particulier sur une demande d’embargo du pétrole et du gaz russes, en exigeant qu’ils ne soient pas remplacés par d’autres énergies fossiles. Un appel en ce sens est en train de circuler auprès des parlementaires du monde entier […].

Une représentante d’un mouvement LGBTQ a décrit les actions de solidarité qu’ils et elles ont mis en place pour tous et toutes à partir d’une coopérative qu’ils et elles géraient déjà avant la guerre. Selon elles et eux, une des justifications de la guerre avancée par les Russes est la défense des valeurs traditionnelles chrétiennes et par conséquent la lutte contre la domination LGBT sur l’Ukraine comme sur l’ensemble de l’Europe ; Zelensky étant « accusé » d’être gay ! Par ailleurs, la société ukrainienne est assez conservatrice et la guerre renforce les valeurs « viriles ». Ce collectif défend la visibilité de la communauté LGBTQ, y compris dans l’armée, travaille au consensus et prône une démarche non violente.

Troisième jour, suites, Un représentant des droits des Rroms est également intervenu. Leur mouvement est très structuré, car les Rroms d’Ukraine sont parmi les plus discriminéEs d’Europe. Leur défense avait démarré bien avant la guerre. Ils profitent du fait que l’Ukraine demande son adhésion rapide à l’UE pour exiger l’accélération de l’agenda 2021-2030 qui prévoit une amélioration du traitement du peuple rrom demandée par l’Europe à tous les pays membres.

Les associations rroms disposaient déjà avant la guerre de réseaux européens efficaces qu’ils mettent aujourd’hui à disposition de l’ensemble des UkrainienEs. Malgré le racisme, leur représentant reconnaît que l’aide spontanée des UkrainienEs a concerné aussi les Rroms ; des cas de maltraitance policière, comme à Lviv, ont été signalés. Dans cette ville, un cas de violence policière médiatisé a été utilisé par les Russes pour faire croire à des attaques envers les russophones d’Ukraine !

D’autres actions humanitaires ont également été présentées en association avec les mouvements libertaires. Ces réseaux sont a priori efficaces en termes de logistique de l’ouest vers l’est de l’Ukraine, mais aussi dans les zones sous occupation ou les zones de guerre. Partout ailleurs, ils proposent des abris, des hébergements, des lieux de stockage.

Des actions du côté de la défense territoriale ukrainienne sont également prises en charge par ces mouvements. Ils demandent des soutiens financiers, mais aussi de l’aide pour le soutien psychologique et pour répondre aux revendications des femmes qui peuvent aussi être ­réalisées depuis l’étranger.

Une représentante de ces mouvements nous a expliqué la question des trafics d’êtres humains, dans le cadre du travail forcé ou de l’exploitation sexuelle. L’Ukraine était déjà une grande pourvoyeuse de travail forcé, cela, c’est bien sûr renforcé depuis le début du conflit. […]

En conclusion de ces deux journées, une déclaration commune a été proposée par Vitalii Dudin au nom de Sotsialnyi Rukh, que nous avons adoptée.

L’ASIE EN EBULITION : sri lanka, inde, pakistan

Le Sri Lanka s’enfonce dans une crise économique qui s’aggrave de jour en jour, la pire depuis l’indépendance du pays il y a 74 ans. Une situation en partie causée par la pandémie de Covid-19, la baisse du tourisme, des dépenses publiques inconsidérées pour des projets bénéficiant aux plus riches, la fin de l’imposition des hauts revenus, le détournement d’argent public, une dette extérieure abyssale de 23 milliards d’euros. Une grande partie de la population sri lankaise ne peux plus vivre, elle doit faire des queues interminables pour faire face aux pénuries de produits alimentaires, de carburants, de médicaments, quand elle en a encore les moyens.

La population Sri-lankaise depuis plusieurs mois est en insurrection, des dizaines de milliers de manifestants défient le gouvernement, incendiant les maisons des riches propriétaires, les traquant dans les rues.

Puisque nous avions Jacques Chastaing nous en avons profité pour faire un petit point sur le mouvement paysan indien et le mouvement Pakistanais.

REVOLUTION OUVRIERE AU SRI LANKA DANS UNE ASIE DU SUD EN ÉBULLITION

Depuis fin mars 2022 le pays vit une situation insurrectionnelle où les classes populaires cherchent à faire tomber le pouvoir. Ce moment à caractère insurrectionnel est l’aboutissement d’une large mobilisation commencée depuis novembre 2021 où le Sri Lanka déborde de grèves ouvrières et de manifestations populaires quotidiennes additionnées de quatre grèves générales ces cinq derniers mois qui ont été chacune autant de véritables tsunami populaires dont l’ampleur a été crescendo en avançant dans le temps.

Mais cette situation est elle même le prolongement de luttes qui ne cessent pas dans le pays depuis 2018 dans un cadre plus général de luttes ou de situations aussi insurrectionnelles dans les pays voisins commencées aussi en 2018-2019, en particulier en Inde et au Pakistan, sans oublier la Birmanie, le Népal ou les Maldives où l’agitation sociale et les résistances populaires sont également intenses avec une interaction permanente entre les différents pays.

Ce qui se passe au Sri Lanka est emblématique de toute l’évolution de l’Asie du sud, mais plus largement à des degrés divers, du monde entier.

Au Sri Lanka, la situation est catastrophique pour les classes populaires avec une inflation démesurée depuis le mois de novembre 2021, atteignant 30% pour le seul mois d’avril 2022, des pénuries récurrentes de médicaments, d’aliments, de gaz, des coupures d’électricité à répétition, des entreprises, des services, des hôpitaux ou des commerces qui ferment faute d’énergie, des gens qui font des heures de queue tous les jours pour se procurer la moindre des choses, beaucoup de familles populaires qui ne font plus qu’un repas par jour, les plus fragiles qui meurent y compris en faisant la queue, des journaux qui ne paraissent qu’épisodiquement ou sur des paginations restreintes faute de papier et d’encre, des examens scolaires qui ne peuvent pas avoir lieu pour les mêmes raisons de pénurie de papier ou d’encre, un pays en quasi faillite.

Et à côté de ça, les profits des entreprises ont battu tous les records historiques, les riches n’ont jamais été aussi riches, étalant sans honte leurs voitures de luxes, palaces, yachts devant l’immense misère de la grande majorité.

DE LA CRISE DE LA DETTE AU SOULEVEMENT DES PAYSANS EN PASSANT PAR LE MOUVEMENT PAYSAN INDIEN JUSQU’A L’INSURRECTION POLITIQUE OUVRIERE
Même si la racine de la crise remonte aux années 2009/2010, à l’origine actuelle de cette situation de quasi faillite, il y a la décision en octobre 2021 prise pour faire plaisir aux riches par le gouvernement dirigé par les frères Rajapkse, de réduire les impôts sur la fortune et les entreprises quasi à rien et de lever le contrôle sur les prix. Le résultat a été d’une part une inflation colossale et d’autre part une perte de revenus importante pour l’État.

Or depuis 2010, le gouvernement (déjà des frères Rajapakse) avait décidé d’ouvrir totalement le pays au marché mondial en empruntant massivement au capital chinois pour renouveler toutes les infrastructures du pays, routes, ports, voies ferrées, aéroports… afin de satisfaire au miroir aux alouettes des “nouvelles routes de la soie” que lui faisait miroiter la Chine. Pendant un moment, le Sri Lanka a été le modèle de réussite du libéralisme. Puis les attentes escomptées n’ont pas été au rendez-vous et les choses se sont gâtées. Là dessus, le covid et la perte de ressources que cela a entraîné pour le tourisme, la première source de revenus du pays, a aggravé la situation, d’où, pour compenser, les cadeaux aux riches d’octobre 2021 en impôts et suppression du contrôle des prix.

Mais il fallait rembourser la dette, faute de revenus pour cela, il fallait emprunter à nouveau à des taux de plus en plus élevés. Jusqu’à un moment où les créditeurs chinois, ont dit stop ; on veut être payés. L’État s’est alors attaqué à la population. Il achetait moins d’essence, d’électricité, de gaz, de médicaments, d’aliments…
Ça a commencé par les engrais.

En août 2021, le gouvernement a brutalement cessé d’acheter des engrais et a demandé aux paysans de se reconvertir du jour au lendemain à une agriculture écologique. C’était impossible et cela signifiait que nombre de paysans allaient mourir mais qu’ils produiraient beaucoup moins pour assurer les ressources vivrières du pays. Résultat, les paysans se sont soulevés, et instruits des combats de leurs voisins indiens, ils ont pendant quatre mois d’août à novembre, coupé les routes et les voies ferrées, occupé des places, bloqué le siège des pouvoirs locaux, se sont affrontés violemment à la police et ont organisé plusieurs marches sur la capitale.

Des manifestations paysannes contre la misère avaient déjà eu lieu auparavant mais cette fois leur objectif revendiqué dans leur dernière marche du 30 mars 2022 était de renverser le gouvernement. Ce qui a tout changé.

Ce mouvement paysan et cet objectif politique allaient en effet débloquer la situation au sein du mouvement social ouvrier cantonné jusque là aux conflits économiques.
Le mouvement social chez les ouvriers et dans les classes populaires était loin d’être inexistant. Bien au contraire. En fait, depuis 2018, une vague de grèves et de manifestations incessantes croissantes comme dans beaucoup de pays du monde à ce moment ont traversé le pays jusqu’à début 2020 avant la pandémie pour reprendre donc en novembre 2021, mais c’étaient des grèves et luttes aux objectifs économiques.

C’est contre cette vague de grèves montantes, d’ouvriers mais aussi de pauvres des campagnes, de la jeunesse et du mécontentement global des populations que le président actuel du Sri Lanka, Rajapakse, lieutenant-colonel corrompu et tortionnaire, a accédé au pouvoir lors des élections présidentielles de novembre 2019.

En effet en septembre 2019, juste avant les élections, 17 000 employés des universités se sont mis en grève, les cheminots – après déjà une grève en juin- entamant pour leur part une grève quasi totale pour une durée indéterminée, tandis que les enseignants exerçaient un arrêt national de deux jours et les agents administratifs du gouvernement entraient en lutte tout comme d’ailleurs les travailleurs des transports et les agents de santé. Mais les directions syndicales refusaient de donner la perspective de l’union des colères comme celui de renverser le gouvernement qui réprimait tant qu’il pouvait toutes ces luttes non coordonnées.

Gotabhaya Rajapakse remporta donc les élections contre son prédécesseur qui était soutenu “comme un moindre mal” par la gauche et les directions syndicales alors qu’il avait mené une féroce politique d’austérité et réprimé les grèves. Ce soutien de la gauche au pouvoir anti-ouvrier et répressif permis à Rajapakse de s’appuyer sur le mécontentement généré par cette politique d’austérité et de lui offrir comme politique toute une démagogie religieuse anti musulmane, à la faveur de pogroms anti-musulmans et ethniques anti tamoul.

Une fois élu, les premières mesures de Gotabhaya Rajapakse ont été de corrompre et de militariser l’appareil d’État un peu plus à tous les niveaux en mettant ses frères, cousins, oncles et tantes et des militaires à la tête des administrations – y compris les criminels de guerre condamnés de la guerre contre les tamouls. Il renforça les forces de répression en vue de la confrontation avec la classe ouvrière et toutes autres formes de contestation sociale que dans la démagogie habituelle, il confondait avec le terrorisme, le crime organisé et le trafic de drogue tout en rendant responsables les musulmans de la propagation du virus du covid.

Très rapidement avec la pandémie, il montrait presque publiquement qu’il préparait un coup de force en concentrant des troupes sur Colombo la capitale et en faisant envahir les rues par des militaires en armes et faisant occuper les écoles du nord du pays par 20 000 soldats.

Mais les grèves et manifestations continuaient. Ainsi 14 manifestations nationales de différents secteurs professionnels se sont déroulées devant le siège du gouvernement sur les 15 premiers jours de février 2020. Le 28 février, 200 000 enseignants se mettaient en grève alors que des mineurs d’une mine d’État entraient aussi en lutte et que les ouvriers agricoles des plantations de thé poursuivaient une grève quasi continue depuis trois mois. Le 2 mars, les employés des services d’audit entrent en grève illimitée pour être intégrés à la fonction publique et des employés d’État entrent eux aussi en grève. Face à ce nouvel élan de grèves, le président dissolvait le Parlement début mars 2020 pour organiser de nouvelles élections législatives en août dans le but de cumuler tous les pouvoirs, ce qu’il obtint avec une nouvelle vague de démagogie anti-musulmans et tamouls.

A partir de là, le mouvement social n’allait reprendre qu’avec les paysans en août 2021, puis une grève de trois mois de 250 000 enseignants pour les salaires, contre la privatisation de l’éducation et sa mise sous contrôle de l’armée, et enfin une nouvelle vague de grèves à partir de novembre 2021, avec des travailleurs de la santé, du pétrole, de l’électricité, des ports, des plantations de thé et à nouveau des enseignants pour des augmentations de salaire, unissant les travailleurs de toutes les ethnies cinghalaises, tamoules et musulmanes, soulignant une détermination commune et une classe unique loin des divisions traditionnelles alimentées par certains partis politiques pour diviser le petit peuple.

En même temps, poussés par la population en colère, et pour tenter de prendre le contrôle du mouvement social émergeant, le principal parti de l’opposition bourgeoise, le SJB, appelait à occuper les rues de la capitale Colombo à la mi-novembre ce qui fut fait avec succès, bien au delà de ses capacités de mobilisation traditionnelle et le JVP, principal parti de l’oppostion de gauche, faisait de même.

Le 8 décembre, plus d’un demi-million de travailleurs du secteur public organisent une grève nationale d’une journée tandis que des dizaines de milliers d’agents de santé du secteur public ont lancé une série de manifestations au niveau provincial et qu’en même temps, les ouvriers de l’électricité, des ports et des sociétés pétrolières manifestaient conjointement dans le centre de Colombo pour protester contre la privatisation de ces entreprises.

Le 13 décembre, environ 10 000 travailleurs de 12 plantations de thé entament une grève d’une semaine pour s’opposer à l’augmentation de la charge de travail et aux baisses de salaires.
Le 14 décembre, environ 16 000 postiers participent à une grève nationale pour les salaires.

Face à la montée de cette colère des travailleurs et des ruraux pauvres et leur unification sociale, le gouvernement interdit les grèves et autres actions revendicatives dans la fonction publique avec de lourdes amendes et de longues peines de prison à partir de la mi-décembre 2021. Il suspend en même temps le Parlement du 12 décembre 2021 au 18 janvier 2022, tout en intensifiant la militarisation de l’école et de son programme, la militarisation de l’administration, avec un général à la tête de la lutte contre le covid, un général à la tête de lutte contre l’inflation, une fonction de “leader” dans les universités formée par l’armée, poussant la militarisation de la société jusqu’au ridicule puisque les autorités imposent aux étrangers désirant épouser une sri-lankaise d’avoir l’autorisation de l’armée.

Un instant freiné, les luttes reprennent en mars 2022 avec une campagne d’un mois de grèves pour des augmentations de salaires organisée par les directions syndicales tandis que les partis d’opposition SJB et JVP continuent pour leur part à organiser d’immenses manifestations et marches sur la capitale pour remettre en cause le gouvernement mais en exigeant seulement des élections anticipées ou que le Parlement prenne en main la situation.

On avait donc le train train classique des grèves et manifestations ouvrières aux objectifs économiques d’un côté et de l’autre l’opposition bourgeoise qui se réservait le débouché politique, électoral ou parlementaire. Le schéma de qui s’est passé au Pakistan avec la chute du premier ministre le 9 avril 2022, provoqué par une lame de fond de mobilsations populaires contre les hausses de prix, les privatisations, les licenciements, mais canalisée par une union des partis de l’opposition bourgeoise et détournée vers une motion de censure parlementaire, cause secondaire de la chute du pouvoir mais qui volait le succès à la mobilisation des classes populaires.

Le mouvement paysan sri lankais allait bousculer cette mécanique, par la marche sur Colombo le 30 mars qui elle était directement politique en affichant clairement son but de renverser le gouvernement.

Les réseaux sociaux ont pris le relais en appelant à descendre dans la rue le 31 mars contre le gouvernement. Le pouvoir coupa internet et interdit toute manifestation. Mais c’était trop tard, le feu avait pris. Dans la nuit du 31 mars, des manifestants tentèrent de prendre d’assaut la résidence du président de la république et du premier ministre. Cela fut un coup de tonnerre. Tous les partis et toutes les directions syndicales, débordés et surpris de perdre leur monopole de la représentation populaire, dénoncèrent ce vandalisme commis par des anonymes.

Mais le mouvement des classes populaires sur le terrain politique était lancé.
Pour comprendre cette opposition de toutes les forces politiques et syndicales du pouvoir comme de l’opposition à ce mouvement sorti du tréfonds des classes populaires et comprendre donc les événements qui vont suivre, quelques mots sont ici nécessaires pour décrire l’évolution de la représentation politique et syndicale des classes populaires au Sri Lanka ces dernières années, une évolution assez symptomatique de ce qu’on peut voir partout dans le monde.

EFFACEMENT DE L’OPPOSITION GAUCHE/DROITE ET APPARITION D’UN ESPACE PUBLIC OPPOSITIONNEL
En 2009, le clan des Rajapakse au pouvoir depuis 2005 à la tête du grand parti de gauche de l’époque le SLFP, mettait fin à vingt ans de guerre civile contre la tentative fédérative des tamouls qui a fait au moins 100 000 morts.

A partir de là et des élections présidentielles de 2010, en même temps que le pouvoir tournait l’économie à fond vers le marché au point de devenir le meilleur élève du libéralisme comme on l’a vu plus haut, au lieu de l’opposition traditionnelle gauche/droite, opposant les deux grands partis SLFP (gauche) et UNP (droite), on va assister à une sorte de gouvernement permanent d’union nationale, unissant l’ensemble des grands partis de gauche et droite, dans une alliance permanente, avec de nombreuses ruptures, combats, trahisons et divisions internes mais toujours dans le cadre de cette alliance permanente.

Ainsi par exemple, Ranil Wickramasinghe (UNP droite) vient d’être nommé ce 14 mai 2022, nouveau premier ministre du président Gotabaya Rjapakse (SLPP gauche ex SLFP), en remplacement de son frère Mahinda Rajapakse, qui lui-même était président jusqu’en 2015 et son frère Gotabaya alors ministre et chef des armées. Mais en 2015 Ranil Wickramasinghe (UNP droite) avait déjà été le premier ministre de Maithripala Sirisena (SLFP gauche) qui avait été lui-même candidat contre Mahinda Rajapakse (ex SLFP devenu SLPP gauche), tandis qu’un peu plus tard Mahinda Rajapkase devient à son tour premier ministre de Maithripala Sirisena, etc.

A cela s’ajoute le soutien sans participation des partis qui dénoncent cette union nationale. Ainsi, les deux grands partis qui jouent un rôle dans les mobilisations aujourd’hui, le JVP, la gauche dure et ancien parti guerilleriste, qui exige le départ de Rajapakse le soutenait pourtant hier et le SJB, une scission de l’UNP qui s’oppose à la participation de ce parti à cette union nationale permanente, exigeait il y a cinq jours la démission du président Gotabaya Rajapakse mais lui proposait il y a deux jours d’être son premier ministre et a accepté hier de faire partie du nouveau gouvernement.

Les directions syndicales sont quasi toutes aux mains des grands partis de cette union nationale défendant l’orientation libérale. En même temps, à cause des dégâts de ce libéralisme, elles recrutaient massivement des jeunes syndicalistes combatifs mais peu conscients politiquement. Les directions syndicales arrivaient à concilier cette contradiction avec d’une part une radicalité certaine dans la lutte économique et d’autre part l’arrêt de la lutte lorsque cette radicalité s’approchait de la mise en cause du pouvoir politique, au prétexte que ça risquait de casser l’économie et d’être préjudiciable à tous.

Cet équilibre vient d’être rompu par la politisation du mouvement actuel et nous entrons dans une situation où l’évolution de cette jeunesse ouvrière militante est inédite.

Avec cette politique libérale passant à l’offensive contre les classes populaires et cette union nationale pour la mettre en œuvre, le pouvoir s’attaquait aux libertés démocratiques pour paralyser toute riposte. Il limitait les libertés démocratiques, muselait les médias, emprisonnait les opposants et les torturait, accentuait le fait de donner les pleins pouvoirs à l’armée, accroissait sa démagogie contre les tamouls et les musulmans, pendant que la corruption et les fraudes augmentaient. Aussi, en même temps que l’espace public traditionnel de débat politique s’éteignait au parlement et dans les médias, il resurgissait dans les médias sociaux et dans l’opposition de rue.

La première manifestation de cette espace public oppositionnel se fait en 2012, en même temps que les printemps arabes, avec un “printemps sri lankais”, mené par les étudiants et enseignants, occupant universités et places publiques tout comme ailleurs les places Tahrir, Kasbah, Syntagma, Puerta del Sol… avaient été occupées, ou plus tard à des niveaux différents « Nuits debout » mais dans la même logique d’espace public oppositionnel, et aujourd’hui encore à des niveaux éloignés, les rond-points des Gilets Jaunes jusqu’aux « townships » révolutionnaires des paysans indiens aux portes de Delhi et dans des centaines d’endroits dans le pays, qui fonctionneront comme un entre-deux, entre le besoin d’organes horizontaux de pouvoir les plus démocratiques possibles et en même temps le ferment centralisé pour l’élaboration et la mise en pratique des conceptions et tactiques révolutionnaires afin de faire face efficacement à la centralisation des pouvoirs bourgeois, une sorte de centralisme démocratique pour la situation.

Le printemps sri lankais étudiant et enseignant va entraîner peu à peu toutes les classes populaires dans une lutte tous azimuts contre ce monde et le pouvoir, probablement avec les mêmes illusions qu’en Egypte, en Grèce ou en Espagne à cette époque, mais que le gouvernement aura toutefois déjà toutes les peines à stopper et dont on voit ressurgir aujourd’hui le souvenir instruit des leçons de l’histoire avec les occupations de « Galle Face » à Colombo au Sri Lanka.

LES ETAPES DE L’INSURRECTION ACTUELLE
Trois grandes étapes ont marqué la dernière période insurrectionnelle au Sri Lanka autour des dates 31 mars, 9 avril et 9 mai avant probablement une quatrième étape le 19 mai 2022.

Au lendemain de la tentative des classes populaires le 31 mars 2022 de prendre les résidences du président et du premier ministre et leur dénonciation par toutes les forces politiques et syndicales, la mobilisation qu’on avait vu en 2012 avec le “printemps sri lankais” réapparaît et occupe l’espace politique ouvert par la révolte ouvrière et abandonné par les forces institutionnelles.

A partir du 9 avril, les abords et même le hall d’entrée de la présidence de la république dans le quartier chic de “Galle Face” à Colombo sont occupés jour et nuit par une foule de manifestants dont beaucoup d’étudiants, artistes, intellectuels mais aussi beaucoup d’ouvriers, de jeunes, de chômeurs, de femmes des quartiers populaires, de pauvres… qui sont là à titre individuel et qui reprennent tous l’exigence des manifestants des 30 et 31 mars : le départ du gouvernement des Rajapakse. Les abords du Parlement et du siège du premier ministre sont également occupés en même temps que les abords des bâtiments du pouvoir dans la plupart des villes du pays.

Significativement le campement devant la présidence est baptisé « Gota dégage » (Gota, abréviation du nom du président) tandis que celui devant les bureaux du premier ministre se nomme « pas d’accord » (pas de compromis). A « Galle Face » comme aux portes de Delhi, on installe un mini hôpital, un cinéma, une école, les débats et meetings sont permanents, les spectacles également.

Après le 9 avril, les directions syndicales qui jusque là continuaient à s’aligner sur les partis pour réclamer des solutions politiques qui soient parlementaires et des solutions économiques dirigées par le FMI, sont poussées par la base à une grève générale le 28 avril qui sera très suivie. Face au succès, la base exige une suite avec de plus en plus l’objectif de faire tomber le gouvernement comme première étape pour aller vers un changement de société. Des syndicat comme le syndicat des enseignants s’expriment dans ce sens. La nouvelle étape est une grève générale durcie le 6 mai, baptisée « hartal », mêlant désobéissance civile et grève, en référence à une première de ce type en 1953, la première après l’indépendance.
C’est un tsunami populaire.

Tout s’arrête, des trains aux bus, des usines aux commerces, des hôpitaux aux universités, des banques à l’électricité, la poste, les plantations de thé, l’administration… C’est une formidable démonstration de force de la classe ouvrière. Des cheminots, des chauffeurs de bus, d’autres encore continuent spontanément la grève le lendemain. Les directions syndicales appellent alors à la grève illimitée à partir du 11 mai jusqu’à la chute du gouvernement.

Le gouvernement parle de lâcher le premier ministre pour calmer les choses. Les directions syndicales hésitent. Le pouvoir en profite et le 9 mai au matin, le premier ministre mobilise des milliers de miliciens de son parti et des prisonniers de droit commun sortis de prison pour l’occasion, qui s’attaquent violemment avec la protection de la police aux campements des manifestants devant les bureaux du premier ministre et de «Galle Face » en même temps que le pouvoir décrète le couvre-feu. Il y a de nombreux blessés et des morts.

Mais c’est sans compter avec la riposte ouvrière qui est formidable. Dans l’après-midi du 9 mai, des centaines de milliers de travailleurs se mettent en grève spontanément dans tout le pays en même temps que des syndicats de base ou des fédérations appellent à la grève, certains pour dénoncer les violences du pouvoir d’autres pour renverser le pouvoir. Les rues sont occupées par les insurgés, les miliciens du pouvoir sont poursuivis, défaits et se cachent.

Les insurgés mettent des check-points un peu partout pour arrêter les miliciens et les hommes du pouvoir, ils arrêtent des policiers et même un chef de la police qui est passé à tabac. La nuit du 9 au 10 et encore en partie dans la matinée du 10 mai, plus d’une centaine de résidences de ministres, dont celle du premier ministre, des députés et de responsables du pouvoir sont incendiés comme leurs bureaux et leurs véhicules. Une caserne de l’armée ou se cache le premier ministre est encerclée. Paniqué, le premier ministre démissionne.

Le 10, la presse se déchaîne contre les insurgés (et à peine contre les violences du pouvoir) et appelle l’armée au secours. Quasi toutes les directions politiques lâchent le mouvement et le dénoncent, les directions syndicales également et annulent leur mot d’ordre de grève illimitée pour le 11 pour ne pas céder, disent-elles, au chaos et à l’anarchie. Les patrons en profitent pour lock-outer (ferment) toutes leurs entreprises tandis que l’État ferme tous les services publics pour empêcher les travailleurs de se rassembler. Le gouvernement envoie l’armée dans les rues tout en renforçant le couvre-feu pour maintenir l’ordre.

Surpris tout à la fois parce qu’ils viennent de faire et en même temps par les trahisons syndicales et politiques, sans pouvoir se rassembler ni faire grève, les travailleurs font une pause pour prendre la mesure de ce qui vient de se passer. En même temps, les contrôles de l’armée sont plus dans les désirs des bourgeois paniqués et sur les pages de leurs journaux que dans la réalité. En effet, l’occupation reprend quand même le 11 mai à « Galle Face » et devant les bureaux du premier ministre et des manifestations continuent dans de nombreux endroits pour obtenir du gaz avec des routes coupées plus par les manifestants que par l’armée.

Signe de cette situation, alors que la police donne un mot poli aux occupants de « Galle Face » pour qu’ils dégagent au titre du couvre-feu, le premier geste du nouveau premier ministre d’union nationale nommé le 12 mai est d’annuler publiquement l’exigence de la police et de dire qu’il est tout à fait normal que les gens manifestent contre le président. La velléité de nouveau coup de force du pouvoir a échoué bien que l’opposition face bloc autour du nouveau premier ministre , ou se taise comme les directions syndicales.

Tandis que dans la rue, les manifestations populaires continuent exigeant du gaz et pas un nouveau premier ministre, le 14 mai, la « Fédération inter-universitaire des étudiants » qui anime la lutte en milieu étudiant pour dégager le pouvoir, organise une conférence de presse avec la participation d’enseignants, d’artistes et de syndicalistes et, suppléant, à la trahison des directions syndicales, appelle à une marche sur la capitale le 19 mai, contre l’union nationale qui s’est remise en place autour du nouveau premier ministre, pour dégager le président et le nouveau premier ministre, procéder à l’arrestation de l’ancien premier ministre et d’autres ministres, députés ou notables du parti au pouvoir, responsables des violences du 9 mai qui ont fait 8 morts et des centaines de blessés et libérer les insurgés des 9 et 10 mai.

Pour faire face à la situation, pour la première fois, elle propose un programme indépendant pour la révolution :

1. Dehors Gotabaya, dehors le système présidentiel, pour transformer le système économique et social.
2. Nouvelle constitution élaborée publiquement par le peuple pour que tout le pouvoir revienne au peuple.
3. Restitution de tout l’argent volé au peuple depuis 1977 par les politiciens et tous les pillards de l’argent public.
4. Jugement et punition de tous les auteurs de crimes au pouvoir,
5. 85% des recettes fiscales sont des impôts indirects pris au peuple, et les grandes entreprises ne paient que 15% des impôts. Il faut inverser ces chiffres : que les riches paient 85% des impôts !
6. Les sociétés cotées en bourse ont fait un bénéfice de 200 milliards de roupies en 2020, les 9 plus riches du pays ont gagné 891 milliards, le capital des quatre plus riches ont dépassé le billon de roupies. 2020 est en même temps l’année où la grande majorité est tombée au fond de la pauvreté. Cette richesse doit être prise à ces quelques individus et utilisée pour les besoins du peuple !
7. Une commission publique d’enquête avec les ouvriers, paysans, enseignants, syndicalistes, étudiants, représentants d’association, déterminera les responsabilités de l’exécutif et du législatif dans la situation présente.
8. Un organisme public de contrôle des prix doit être instauré par les organisations de femmes, de paysans, d’ouvriers, d’étudiants, de pécheurs, de consommateurs, pour fixer les prix des produits de première nécessité et en enlever le pouvoir au marché et aux entreprises.
9. Il faudra prendre le contrôle de l’économie pour l’arracher aux mains de la Banque mondiale et du FMI.
10. L’éducation ne doit plus être une marchandise mais une arme d’émancipation.
11. Tous les accords signés avec les impérialismes : États-Unis, Inde, Chine, doivent être rompus s’ils vont contre les intérêts populaires.
12. Stop à la privatisation des biens publics et restitution de ce qui a été privatisé !

Le 16 mai, la jeunesse bloque le siège de la police à Colombo, exigeant l’arrestation des ministres et députés responsables des violences du 9 mai.
Le 17 mai le nouveau gouvernement, qui regroupe désormais le parti au pouvoir et les grands partis d’opposition de gauche et de droite à l’exception d’un seul, prend peur. Pour tenter de couper l’herbe sous le pied à la manifestation du 19 mai et afin que le soulèvement ne se trouve pas une direction dans la fédération inter-universitaire étudiante et la coordination large qu’elle anime ainsi qu’un programme révolutionnaire, le nouveau gouvernement annonce qu’il a ordonné l’arrestation du premier ministre et de 22 autres ministres, députés et notables impliqués dans la tentative du coup de force violent du 9 mai.
La révolution continue à exercer sa pression et sa marche en avant.
Elle l’exerce également au delà du Sri Lanka.

UNE RÉVOLUTION SCRUTÉE DANS TOUTE L’ASIE
On a vu plus haut, que le mouvement paysan sri lankais s’était inspiré du formidable soulèvement des paysans indiens qui a ébranlé le pouvoir de Modi en Inde et que c’est cela qui avait débloqué la situation politique au Sri Lanka en contribuant à donner des objectifs politiques au mouvement des prolétaires sri lankais. Il en a été de même au Pakistan. C’est aussi le mouvement paysan pakistanais en imitant la marche des paysans indiens sur Delhi, pour la reproduire vers Islamabad en mars 2022 qui a suscité la panique dans la bourgeoise pakistanaise et a incité l’alliance des partis d’opposition bourgeois à lancer à leur tour des marches populaires sur la capitale pour prendre la tête du mécontentement et des luttes importantes qui traversent le pays depuis deux ans et empêcher le mouvement populaire d’avoir sa propre direction. Ainsi le gouvernement militaro-islamiste d’Imran Khan est tombé le 9 avril sous la pression populaire à la date où les sri lankais occupaient les abords de la présidence à Colombo, mais c’est l’opposition bourgeoise qui en a tiré les fruits, prenant la place de l’ancien gouvernement en ayant la volonté d’avoir tout changé pour que rien ne change fondamentalement. Cependant, rien n’est joué, l’agitation populaire continue de plus belle en même temps que l’inflation bondit et ce qui se joue au Sri Lanka y est scruté attentivement, comme d’ailleurs dans toute la presse asiatique.

De la même manière, si le soulèvement paysan indien a accéléré les prises de conscience au Sri Lanka, ce qui se passe actuellement au Sri Lanka n’est pas sans répercussion en Inde. Le plus grand Etat tamoul d’Asie du sud est le Tamil Nadu indien avec une communauté de 80 millions de tamouls, qui vient de passer à gauche contre un allié du BJP aux dernières élections et a décidé d’aider la population sri lankaise. Mais au delà de cette communauté historique et culturelle, le congrès national de la jeunesse démocratique indienne qui vient de se tenir à Calcutta devant une foule de jeunes, a averti le gouvernement de Modi, que la jeunesse indienne saurait prendre exemple sur la jeunesse sri lankaise en train de mettre en échec le pouvoir autoritaire des Rajapakse, pour mettre à son tour en échec le pouvoir autoritaire de Modi. Un événement marquant, un succès notable dans l’île et les tensions sociales qui sont toujours vives sur le continent mais dispersées pourraient soudain retrouver une unification. Tout le monde le sait ou le sent et il y a de l’électricité dans l’air.

Soyons sûrs également que la progression de la révolution au Sri Lanka est scrutée de près par la résistance armée du peuple birman qui continue depuis plus d’un an contre la dictature de l’armée, de même que par les népalais où l’agitation ne cesse pas depuis deux ans ou encore aux Maldives où la population tente de renverser le pouvoir en place, sans oublier le Bangladesh où la colère ouvrière, encore sourde, n’attend qu’une étincelle pour ressurgir soudainement comme en 2018 et 2019.
Toute l’Asie du sud est en ébullition, soit une population d’un milliard huit cents millions d’habitants qui s’éveille politiquement, un séisme pour le monde et la pointe avancée de ce tsunami à venir en est aujourd’hui la révolution ouvrière au Sri Lanka
Jacques Chastaing le 17 mai 2022

APRES LES PAYSANS INDIENS, LES PAYSANS PAKISTANAIS APPELLENT A UNE MARCHE SUR LA CAPITALE ISLAMABAD EN FEVRIER

Cela fait au moins depuis 2019, que les paysans pakistanais tentent d’élargir le nœud coulant qui les étrangle, la lutte des paysans indiens et leur succès a donné un coup de boost à leur lutte.

De son côté le PPP, le principal parti d’opposition, a annoncé une marche sur la capital fin février et le PDM (alliance de 10 partis d’opposition) appelle à une marche sur la capitale le 23 mars contre la hausse des prix.

Le gouvernement militaro-islamiste d’Imran Khan est mal parti.

Si le gouvernement d’Imran Khan était affaibli, voire dégagé par une vague populaire, soyons sûrs que le gouvernement Taliban ne tiendrait pas longtemps en Afghanistan, lui qui est tenu à bout de bras par le régime islamiste du Pakistan.  Et ce d’autant, que toute la partie ouest du Pakistan (aux frontières afghanes et iraniennes) est déjà en quasi sécession sous l’influence des grands partis Baloutches et Pachtounes d’obédience marxiste, en guerre contre les talibans du Pakistan autant que contre ceux de l’Afghanistan et qui les tiennent en échec et les font reculer autant sur le terrain social que militaire.

TRAVAIL SOCIAL : regards croisés (rediffusion)

Nous vous proposons, en nouvelle diffusion, une émission du 18 février 2022 en appel a deux journées de grève du 31 mai et 1er juin. Ce 31 mai, Rdv donné à 13 h devant l’hôtel de ville de Paris

Face aux mobilisations du 7 décembre 2021 et du 1er février 2022, le gouvernement ne pouvait plus faire comme si le secteur du travail social n’exister pas. Voilà pourquoi, il a décidé d’attribuer 183 € d’augmentation des rémunérations pour les filières socio-éducatives, dans le public comme dans le privé.

Le compte n’y est pas :

183 € c’est moins que les 300 € revendiquer pour rattraper le (quasi) gel du point d’indice.

👉Un certain nombre de collègues (assistantes familiales, filières administratives, techniques, et d’autres) pourraient être à nouveau exclus de cette augmentation

.👉 Des travaux sur une nouvelle architecture des diplômes et des qualifications est annoncé. Pour rappel, les derniers décrets datent de 2018 et des mobilisations avaient déjà fait reculer en partie le gouvernement de l’époque sur leur volonté de créer un diplôme « unique ».

👉 confirmation du projet de convention collective unique sans garantie de la niveler par le haut. À noter, que là aussi, les mobilisations ont pesé puisque le gouvernement a annoncé mettre 500 millions d’euros pour espérer obtenir la signature de syndicats. Un accord de méthode pourrait être signé d’ici au printemps, laissant ensuite place à une négociation pendant 15 à 18 mois.

Le 12 et 13 mars se tiendrons à Poitiers, les 8eme rencontres nationales du travail social en lutte et a cette occasion, l’émission de ce jour est consacré à la situation dans ce secteur.

Nous débutons par l’intervention d’une assistante sociale en psychiatrie lors de la mobilisation du 1er février dernier.

Par la suite, nous vous proposons un entretien avec Morgane, éducatrice spécialisée qui travaille auprès des personnes à la rue et usagères de crack dans le nord de Paris (18e-19e arrondissement). Elle aborde la grande précarité, les personnes suivies, la difficulté des conditions de travail des éducateurs et éducatrices et les mobilisations,
à la fois en interne, face à une hiérarchie qui tient serrés les cordons de la bourse, et de manière plus générale les perspectives de mobilisation dans le secteur du travail social.

Nous terminerons cette émission, par un entretien réalisé avec Julien, éducateur de rue dans l’est parisien. Il nous parle de son parcours et du contexte actuel dans lequel il exerce son métier.

Médecine de ville en péril : Sept propositions pour la transformer

La crise sanitaire liée à la covid-19 a révélé combien le système médical français était précieux, mais fragile. Les inégalités territoriales augmentent, l’espérance de vie en bonne santé stagne, voire diminue et trouver un médecin devient de plus en plus difficile. Nous ne sommes plus dans un système d’offre de soins à la hauteur de nos besoins.

Il fallait le regard et la pratique décalée d’un médecin « des cités » pour porter des propositions pour la nécessaire refondation de la médecine en France. En créant un lieu de soins et de santé collectif pluriprofessionnel avec la population de la cité du Franc-Moisin à Saint-Denis, Didier Ménard a mis en œuvre des alternatives de rupture dans la pratique médicale.

Dans ce livre :Médecine de ville en péril- Sept propositions pour la transformer s’appuyant sur son expérience des 40 dernières années, Didier Ménard formule sept propositions de transformation de notre système de soins : soigner avec les personnes malades et non pas des maladies, favoriser le collectif et le pluriprofessionnel, faire vivre la santé communautaire avec les habitants, inventer de nouvelles pratiques de soins et de prévention, diminuer les inégalités territoriales de santé, sortir du paiement à l’acte.

Ces défis sont immenses. Ils impliquent la médecine de ville, l’hôpital et les populations

Didier Ménard est président du centre de santé communautaire, La Place Santé, membre du bureau d’AVEC santé et président de la fédération régionale d’Ile-de-France des maisons de santé pluriprofessionnelles. Il a exercé de 1980 à 2013 la médecine générale à la cité du Franc-Moisin (Saint-Denis, 93) et a été président du Syndicat de la médecine générale de 2006 à 2014. Il est l’auteur de Pour une médecine sociale, Éditions Anne Carrière et contributeur régulier de la revue Pratiques, les cahiers de la médecine utopique.

La librairie Utopia organisait, le 12 mai 2022, une rencontre avec l’auteur Didier Ménard, qui formule dans Médecine de ville en péril : sept propositions de transformation de notre système de soin. (éditions Utopia, 2022)

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons la diffusion d’une grande partie de cette rencontre qui débutera par l’intervention d’André Grimaldi, ancien patron de la diabétologie à la Pitié-Salpêtrière, qui nous parlera de la situation de l’hôpital et Didier Ménard, reviendra sur son expérience à la cité du Franc-Moisin.

Petite histoire politique des banlieues françaises, de Hacène Belmessous

À la librairie de l’Atelier au 2 BIS RUE JOURDAIN 75020 PARIS, avait lieu le 24 mars dernier, la présentation du livre : Petite histoire politique des banlieues françaises. L’auteur ; Hacène Belmessous, interroge les idées reçues et fantasmes associés à ces quartiers populaires depuis les années 1970.

Il décrit des zones de relégation dominées par la pauvreté et les humiliations sociales, où l’application du droit commun ainsi que les promesses d’égalité républicaine sont restées lettre morte.

Hacène Belmessous est chercheur, auteur de nombreux ouvrages sur les questions urbaines dont Opération banlieues. Comment l’État prépare la guerre urbaine dans les cités françaises, La Découverte (2010), Le nouveau bonheur français. Ou le monde selon Disney, L’Atalante (2009) et Mixité sociale : une imposture. Retour sur un mythe français, L’Atalante (2006).

À propos

L’histoire récente des banlieues populaires demeure un terrain en grande partie délaissé et inexploré. Pourtant, ces lieux concentrent depuis plusieurs décennies tous les débats, toutes les polémiques, toutes les fractures qui témoignent d’une société française qui ne sait pas comment aborder ces quartiers de relégation où dominent la pauvreté et la ségrégation. Évoquer ces quartiers, c’est convoquer toute la série de fantasmes qui servent de support aux pratiques discriminatoires quotidiennes : ils formeraient la dernière étape avant le « grand remplacement », des « ségrégation » qui mettraient l’ordre républicain à feu et à sang…

Revenir sur l’histoire politique de ces quartiers, de ces villes, de ces banlieues, c’est constater que le droit commun n’y a jamais été instauré malgré les promesses d’égalité républicaine par les promoteurs de la politique de la Ville. C’est aboutir à ce constat implacable : la République, dans les banlieues populaires, c’est pour leurs habitants quarante années d’humiliations sociales.

Cet ouvrage s’efforce de décrire et analyser ce qui s’y est joué durant cette période en abordant avec profondeur et de façon incisive une série de questions : la police, le logement social, l’islam, la politique de la Ville, les politiques conduites dans ces quartiers par les partis politiques aux affaires (de droite comme de gauche), etc.

Pour cela, l’auteur s’est appuyé sur des archives locales de communes emblématiques (La Courneuve (93), Mantes-la-Jolie (78), Vaulx-en-Velin (69), Vénissieux (69), Montfermeil (93)…), des documents étonnamment souvent jamais consultés, et sur des entretiens avec des personnages historiques de l’histoire urbaine récente.

Cette histoire politique des banlieues livre finalement en creux ce qu’elles ont toujours incarné : les démons des mauvaises consciences françaises.

Nous vous proposons dans l’émission de ce jour, une large partie de la présentation par Hacène Belmessous de son ouvrage.

DELIVEROO : la question du travail dissimulé

Deliveroo est fondée en 2013. En 2015, la société est présente dans douze pays et 84 villes, et passe la barre du million de commandes et des 1 000 restaurants partenaires en France en 2015 et 2 000 restaurants avec 2 000 livreurs en juillet 2016. Elle lève cette année-là 195 millions de dollars, puis 275 millions en août 2016 pour sa cinquième collecte de fonds. Plusieurs fonds d’investissement ont participé à ce dernier tour de table dont General Catalyst (américain) ou encore Bridgepoint (britannique). Cette nouvelle a été annoncée une semaine après la faillite de l’un de ses concurrents belges, Take EAT Easy.

La justice vient de rendre son jugement, ce mardi 19 avril. L’entreprise Deliveroo est condamnée à la peine maximale prévue par la loi : 375 000 euros d’amende pour travail dissimulé

Le verdict est historique. Il reconnaît que les livreurs de cette plateforme auraient dû travailler comme salariés. Et non comme auto-entrepreneurs.

Au-delà de l’entreprise elle-même, trois ex-dirigeants étaient sur le banc des accusés. Hugues Decosse et Adrien Falcon sont condamnés à douze mois de prison avec sursis et cinq ans avec sursis d’interdiction de diriger une société. Tous deux avaient occupé le poste de directeur général de Deliveroo France sur la période couverte par le procès, de 2015 à 2017. Les deux ex-DG écopent également, chacun, d’une amende de plus de 27 000 euros à verser à l’URSSAF.

Le troisième homme, Elie Demoustier, directeur des opérations jusqu’en 2018, est condamné en tant que salarié complice à quatre mois d’emprisonnement avec sursis.

Dans l’émission de ce jour, nous sommes en plateau avec Hichem, du syndicat SUD commerce et service Île-de-France et en sa compagnie, nous revenons sur le procès de l’entreprise Deliveroo et sur la signification du verdict.

PALESTINE VAINCRA : menace de dissolution

Le Conseil d’État annonce aujourd’hui la suspension du décret de dissolution du Collectif Palestine Vaincra publié le 9 mars dernier par le ministère de l’Intérieur ! C’est une première victoire pour Collectif Palestine Vaincra et le Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra en attendant le jugement du recours en annulation.

Dans son ordonnance du 29 avril, le Conseil d’État estime que le décret « n’est ni nécessaire, ni adapté et porte une atteinte disproportionnée à la liberté d’expression et à la liberté d’association », étant donné que le Collectif Palestine Vaincra « ne provoque ni ne contribue à la discrimination, à la haine ou à la violence, que ses prises de position vis-à-vis d’Israël et du sionisme ne présentent pas un caractère antisémite, qu’il a toujours condamné l’antisémitisme, que la campagne de boycott des produits israéliens constitue une modalité légitime d’expression d’opinions protestataires (…) », balayant par la même les accusations mensongères faites au collectif. Ainsi, alors que le président de la République, Emmanuel Macron, affirmait éhontément il y a quelque temps à Toulouse que le CPV était un « collectif antisémite », cette décision est un véritable camouflet contre le pouvoir et bat en brèche la propagande de l’extrême droite sioniste et ses amalgames entre antisionisme et antisémitisme.

La décision du Conseil d’État réaffirme la légitimité du soutien au peuple palestinien et celle de l’existence du Collectif Palestine Vaincra et de ses diverses activités exercées depuis plus de trois ans à Toulouse et ailleurs. Le Collectif Palestine Vaincra se réjouit de pouvoir poursuivre ses luttes librement et tient particulièrement à saluer l’Union Juive Française pour la Paix, l’Association France-Palestine Solidarité ainsi que l’Union Syndicale Solidaires pour leur important soutien dans cette bataille judiciaire, mais également la grande mobilisation du Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra qui réunit plus d’une trentaine d’organisations et de nombreux soutiens à travers la monde. La mobilisation doit continuer pour une annulation totale du décret !

Le Collectif Palestine Vaincra, 29 avril 2022

Cette première victoire doit en appeler d’autres et pose la question de la criminalisation de la solidarité avec la Palestine. Nous revenons sur toutes ces questions avec Tom du Collectif Palestine Vaincra.

collectifpalestinevaincra@gmail.com

GRÈVE A LA RATP

Le 1er juillet 2022 , est la date choisie par la direction de la RATP pour mettre en œuvre ce que les syndicats du pôle Réseau de surface (RDS – les bus et tramways) considèrent comme une « casse des conditions de travail des machinistes -receveurs » anticipant l’ouverture à la concurrence prévue fin 2024 ?

Les 23, 24 et 25 mai, une grève se déroule contre, en autre, l’ouverture à la concurrence et contre les dégradations de travail et de vie des machinistes-Receveurs de la RATP.

Ce lundi, en fin de mâtiné, un rassemblement se tenait devant le ministère des Transports à l’appel des syndicats et nous auront par téléphone, des syndicalistes qui se trouvait devant le ministère et qui nous parleront de l’origine de ce mouvement de grève.

Nous commencerons cette émission par une prise de parole d’un machiniste RATP lors de l’AG interluttes 93 qui se tenait devant l’université Condorcet à Saint-Denis le 19 mai 2022

JO 2024 : présentation du week-end saccage 2024

Les chantiers des Jeux Olympiques 2024 ont commencé malgré la crise sanitaire et les résistances locales, et les retards accumulés accélèrent leurs cadences et dégradent les conditions de travail. Les conséquences sont nombreuses : quartiers irrespirables ( accélération de la bétonisation et de la pollution, inabordables (spéculation immobilière, entraînant l’expulsion des pauvres et des modestes, policés (imposition des normes des investisseurs et du tourisme, surveillance et répression, implantation de grandes enseignes, réduction des espaces publics et des parcs (comme à Taverny, à Aubervilliers, à la Courneuve, disparition d’espèces protégées, … et la liste est encore longue.

Saccage 2024 rassemble des habitant-e-s de Seine-Saint-Denis et de ses alentours, des associations et des collectifs entré-e-s en résistance face aux saccages écologiques et sociaux que provoquent les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Nous défendons les espaces avec lesquels l’on vit, où l’on habite, où l’on se rencontre, où l’on tisse des liens et où l’on s’amuse, menacés par la préparation et la tenue de ces jeux.

Depuis octobre 2020, nous, collectifs, associations et habitant-e-s, mêlons nos voix et nos envies d’agir au sein de la coalition Saccage 2024, en composant avec les positionnements et les stratégies différentes des un-e-s et des autres, pour que ce désastreux héritage ne soit pas imposé sur les territoires concernés.

Cette coalition vise à renforcer notre force d’action face aux transformations urbaines. Elle symbolise aussi que ces projets, aussi éparpillés qu’ils paraissent, s’inscrivent tous dans une vision que nous rejetons – celle de la transformation de nos espaces de vie en une métropole toujours plus mondialisée, inégale et ravageuse pour nos environnements.

Nous avons vu la destruction du foyer de travailleurs de l’ADEF de Saint-Ouen pour faire place au village olympique. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les anciens résidents, tous travailleurs immigrés, sont entassés dans des logements provisoires exigus et ne savent pas où ils iront ensuite. Nous avons vu la destruction de l’Aire des Vents, un parc public et une partie d’un corridor écologique protégé, qui a été pavé pour construire un « village des médias » que même le CIO (comité international olympique) a déclaré inutile.

Nous avons vu la destruction des jardins ouvriers à Aubervilliers. Comme les Manor Garden Allotments de Londres, le sol sera recouvert de béton, mais cette fois, pour une piscine olympique « d’entraînement » qui ne sera même pas utilisée pour les compétitions. À Taverny et Saint-Leu-la-Forêt, deux piscines parfaitement fonctionnelles seront remplacées par une piscine olympique. Au Champs-de-Mars, le sol est déjà goudronné pour un autre projet olympique (Grand Palais Éphémère). À Élancourt, des arbres seront coupés pour une piste de VTT.

Collectifs et associations faisant partie de la coalition : Collectif de défense des Jardins d’Aubervilliers, Notre Parc N’est Pas à Vendre, Pleyel à Venir, Changeons d’Ère à Taverny, Comité de vigilance JO 2024, Non aux JO à Paris.

Nous recevions dans notre émission ; Natsuko, Fleuve et Nina, membre de la coalition saccage 2024 et en leurs compagnies, nous revenons sur l’opposition aux jeux olympique 2024, les conséquences sur les villes accueillante. Les mobilisations internationales et la présentation des événements 21 et 22 mai à Saint-Denis et a la Courneuve.

Pour plus infos  : https://saccage2024.noblogs.org/

Réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Telegram) : @saccage2024

Sur Twitter : @2024saccage

La Commune de Paris / Épisode 1(rediffusion)

Aujourd’hui, nous vous proposons en nouvelle diffusion cette émission du 18 mars 2021 en appel a la journée de commémoration au mur des fédérés de ce 21 mai 2022

Toutes les infos dans le lien ci-contre : https://www.agendamilitant.org/Montee-au-Mur-des-Federes.html

Gardes Nationaux Fédérés et canons sur la butte Montmartre, 1871.
Raspouteam – Paris – 2021

À l’occasion des 150 ans de la commune de Paris, et à partir du 18 mars Raspouteam et l’Actualité des luttes font revivre les idéaux de l’insurrection parisienne dans une série d’émissions thématiques,

Vous entendrez des lectures de textes de l’époque, des archives et des entretiens avec des historien-ne-s. Mais la commune n’est pas morte, et nous ferons aussi le lien avec luttes actuelles à travers des reportages et interviews inédites.

Rendez vous tous les jeudi de 12h30 à 13h30 sur Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM et partout dans le monde sur rfpp.net.

Retrouvez le Journal Illustré de la Commune de Paris sur le site de Raspouteam.

Dans ce premier épisode, nous allons écouter des extraits de conférences d’Henri Guillemin, enregistrées en 1971 pour la Télévision Suisse Romande (TSR), qui revient à sa façon sur les origines historiques et sociales de la Commune de Paris de 1871.

Pause musicale : Simone Bartel / La Canaille

Bonne écoute !

GRENNWASHING : Manuel pour dépolluer le débat public

Nous remercions nos amies de « vive la sociale » qui ont réalisé la captation de la présentation du livre. A l’heure ou Macron nous promet un monde plus vivable pour les générations futures, cette réflexion nous montre à quel point le projet capitaliste écologique est une supercherie et combien cette recherche tombe à pic pour nous le démontrer.

Ce travail est Collectif et est réalisé par Aurélien Berlan qui est docteur en philosophie, chargé de cours à l’université Toulouse Jean-Jaurès ; Guillaume Carbou qui est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université de Bordeaux ; Laure Teulières qui est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université Toulouse Jean-Jaurès. Tous trois sont membres de l’Atécopol, collectif de chercheuses et de chercheurs réfléchissant à la question écologique.

Présentation du livre : Saviez-vous que les objectifs de « neutralité carbone » reposent largement sur des technologies qui n’existent pas ? Que la destruction d’une zone naturelle peut être « compensée » par l’investissement dans un produit financier ? Que l’on ne produira jamais assez d’hydrogène « vert » pour remplacer le pétrole ? Alors que l’enjeu écologique est décisif, nous avons un besoin urgent de clarifier les débats sur le sujet. Le greenwashing (ou écoblanchiment est une méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique) est ce qui nous en empêche.

Évoquant tour à tour un verdissement de façade, la récupération d’un discours environnementaliste vidé de sa substance, la mise en place d’innovations aux effets « écologiques » douteux, il biaise le débat public et empêche des choix démocratiques éclairés.

Fort de ses vingt-quatre entrées : croissance verte, économie circulaire, énergies décarbonées, dématérialisation, politiques publiques, nucléaire, transition, véhicule propre, ville durable… ce manuel d’autodéfense intellectuelle permet d’appréhender le greenwashing dans toute son ampleur. Trente-cinq scientifiques et spécialistes de ces questions révèlent les fausses promesses, les illusions rassurantes et les formes d’enfumage qui nous enferment dans des trajectoires insoutenables. Un outil essentiel pour ouvrir la voie aux bifurcations nécessaires.

Date de parution du livre 25/03/2022, 19.00 € TTC, 256 pages

BANLIEUSARDS ATTITUDE

Ce mardi 17 mai, nous vous diffusons une émission qui a été enregistrée en studio le jeudi 12 mai dernier avec la sphère d’influence ” banlieusards attitude”. Issue du mouvement la révolution est en marche, la sphère d’influence mènent de nombreuses actions de terrain, notamment sur la question du logement. Mais, elle veut intervenir à plusieurs niveaux du quotidien des habitant-e-s des banlieues à travers un programme d’orientation global (à lire ci-dessous).

https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==2/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

À l’occasion des présidentielles ils et elles avaient organisé plusieurs réunions dans diverses villes de banlieue parisiennes a l’issues desquelles se sont écrites trois tribunes (à lire ci-dessous).

1er tribune La sécurité pour nos quartiers https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==3/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

2eme tribune CONTRE LA STIGMATISATION DES FRANÇAIS ET DES FRANÇAISES DE CONFESSION MUSULMANE. POUR LE DROIT À LA DIFFÉRENCE https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==4/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

3 eme tribune POUR L’ABOLITION DES CRA ET L’AUTOGESTION DES FOYERS https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTlCKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==5/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100ARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==5/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

Dans cette émission, vous pourrez donc entendre quatre de ces membres revenir sur cette initiative au global et sur les moyens que la sphère d’influence se donne pour développer ses projets.

Bonne écoute !

TECHNOPOLICE: une surveillance sous surveillance

Manifeste

Résister à la surveillance totale de nos villes et de nos vies

Partout sur le territoire français, la Smart City révèle son vrai visage : celui d’une mise sous surveillance totale de l’espace urbain à des fins policières. 

À Toulouse, Valenciennes ou Paris, on expérimente la vidéosurveillance réputée « intelligente » car fondée sur le traitement automatisé des flux vidéos pour imposer la reconnaissance faciale. 

À Saint-Étienne, une startup s’allie avec la mairie pour déployer des micros dans l’espace urbain afin d’alerter la police en cas de bruit suspect. 

À Marseille où Nice, des industriels voraces comme Thalès ou Engie avancent main dans la main avec les élus pour pousser leurs projets de « Safe City », sorte de couteau-suisse sécuritaire qui va de la reconnaissance des émotions dans l’espace public urbain à l’interconnexion massive de bases de données à des fins de police prédictive, en passant par la surveillance des réseaux sociaux.

Les nouvelles technologies informatiques comme le Big Data et l’Intelligence Artificielle sont la clé de voûte de ces différents projets. Ce sont elles qui doivent permettre de faire sens de toutes les données que l’on saura produire ou collecter, établir des corrélations, faire des recoupages statistiques, tracer des individus ou administrer des lieux.

La Smart City fait ainsi de la Technopolice notre futur. Sous couvert d’optimisation et d’aide à la décision, elle transforme l’urbanité toute entière pour en faire une vaste entreprise de surveillance. Une surveillance macroscopique d’abord, dédiée à un pilotage serré et en temps réel des flux de population et de marchandises, à une gestion centralisée depuis un centre de commandement hyperconnecté. Puis, une surveillance rapprochée des individus et des groupes : dès que des comportements « suspects » sont détectés, les appareils répressifs pourront fondre sur eux, « préempter la menace » et réprimer la moindre petite infraction à l’ordre public. Ou à l’inverse récompenser les citoyens jugés vertueux.

Sauf qu’il suffit de regarder dans le miroir que nous tendent l’histoire ou d’autres régions du monde pour savoir à quoi la Technopolice nous conduit : renforcement des formes de discrimination et de ségrégation, musellement des mouvements sociaux et dépolitisation de l’espace public, automatisation de la police et du déni de justice, déshumanisation toujours plus poussée des rapports sociaux. Tout cela et plus encore, au prix d’un gigantesque gâchis financier et écologique qui ne servira qu’à conforter le pouvoir des marchands de peur, et à maquiller le plus longtemps possible l‘ineptie de leurs politiques.

Les technocrates misent donc sur le Plan et la Machine pour réguler nos villes et nos vies. En lieu et place de la polis entendue comme cité démocratique, comme espace pluraliste, lieu de déambulation, de rencontres impromptues et de confrontation à l’altérité, ils mettent la ville sous coupe réglée. La technopolice ressemble à un gigantesque tube à essai dans lequel les formes les plus avancées du contrôle social pourront être mises au point. 

Contre cette dystopie que préparent ceux qui prétendent nous gouverner, nous appelons à une résistance systématique.

Le vendredi 22 avril 2022 avait lieu une “cartopartie”. Soit, une promenade cartographique groupée dans les rues de Paris. Celle-ci visant à repérer, observer et photographier des caméras de surveillance dans l’espace publique, pour pouvoir, par la suite, les reporter sur une carte collaborative.

Cette déambulation guidée, prompte aux discussions et interrogations, était animée par des personnes de la Quadrature du Net et du collectif Technopolice. Le rendez-vous était donné à proximité du métro Stalingrad, à la frontière entre le 10e et le 19e arrondissement, pour arriver à la librairie du Pied-à-Terre, située, elle, dans le quartier de Château rouge dans le 18e arrondissement. C’est dans cette dernière qu’a pu se tenir de plus amples débats sur l’appareillage techno policier et son monde totalitaire.

C’est la restitution sonore de cette action, que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.

Liens utiles :

https://www.laquadrature.net/

https://sunders.uber.space/

https://www.369editions.com/technopolice-defaire-le-reve-securitaire-de-la-safe-city/

TRANSDEV / LE SERVICE PUBLIC FERROVIAIRE EN DRÔME- ARDÈCHE / SAFRAN-SNECMA

Le 28 avril dernier, la députée France Insoumise de Seine-et-Marne Julie Garnier était convoquée au commissariat de Chelles. Son crime ? Avoir apporté son soutien aux grévistes du centre bus Transdev de Chelles. Celui-ci était à l’époque tenue par une ex-gendarme, ce qui explique que pour la première fois une députée était convoquée pour avoir fait son métier.

Un rassemblement de soutien a été organisé le jour de son audition. Une procédure judiciaire a été lancée contre la députée. Vous allez entendre les interviews de deux machinistes, l’un de la RATP, l’autre au centre bus de Chelles Transdev.

Ensuite, nous nous rendrons dans la Drôme où se tenait un rassemblement à Montélimar en ce 1er mai. En grève ce week-end à l’appel de la CGT pour réclamer un emploi de plus en gare de Montélimar et Pierrelatte.

Une partie des guichetiers et agents d’escale des gares de Pierrelatte et Montélimar étaient en grève. « 75 % du personnel », affirme la CGT Cheminots (majoritaire en Drôme-Ardèche), qui est à l’initiative de ce mouvement social, visant à dénoncer « la suppression de quatre emplois secs ». Nous entendrons l’entretien réalisé avec Rémi Fumat, secrétaire général de la CGT Cheminots de Montélimar et nous parlerons de la situation du service public ferroviaire en Drôme-Ardèche.

Le 9 mai dernier, un rassemblement était organisé à l’entrée de l’usine Safran-Snecma de Colombes, à la lisière du port de Gennevilliers. Depuis 17 semaines, les ouvriers de l’ex SNECMA sont en grève pour l’augmentation de leurs salaires et la sauvegarde de leur retraites. En outre, toujours au port de Gennevilliers, l’entreprise de logistique Geodis appartenant à la SNCF est frappé de nombreux et graves accidents de travail. Dans ce reportage, vous entendrez Olivier de saffran-Snecma, puis Mouloud de Geodis.

École Pasteur de Saint-Denis : audience au tribunal administratif de Montreuil / Grève à la bibliothèque nationale de France

Vendredi 22 avril 2022, la veille des vacances de printemps, deux jours avant le second tour des élections présidentielles, la mutation forcée de six enseignant·es de l’école Pasteur de Saint-Denis, est devenue effective. Ils et elles ont reçu leur mutation avec leur affectation dans une nouvelle école dès le lundi 9 mai. Pour rappel, cette décision, qui n’est pas officiellement une sanction, mais en constitue une de fait, fait suite à la publication d’un article calomnieux sur l’école Pasteur (non nommée, mais très reconnaissable), paru dans un journal d’extrême-droite et intitulé « Gauchisme à l’école, le niveau monte ».

Elle fait suite également à une enquête administrative, dont un certain nombre de personnes entendues dénoncent la malhonnêteté et l’absence de rigueur.

Lundi 9 mai au Tribunal Administratif de Montreuil, se tenait l’audience de la requête en référé-liberté posée par les enseignant.es, les parents d’élèves et les syndicats demandant l’annulation des mutations.

Dans ce premier temps d’émission, nous vous proposons l’écoute du reportage réalisé ce 9 mai, devant le Tribunal Administratif de Montreuil. Nous entendrons les différentes prises de parole et un entretien réalisé avec l’une des six enseignantes de l’école Pasteur de Saint-Denis.

Pour plus d’info et soutien :

Caisse de solidarité : https://www.papayoux.com/fr/cagnotte/soutien-aux-6-de-pasteur

La pétition : https://www.change.org/p/pas-de-mutation-pour-les-6-de-pasteurs-

Après plusieurs mois de mobilisation (envahissement du Conseil d’administration par près de 150 agents en novembre, grèves les 27 janvier et 17 mars, pétition de plus de 700 collègues en avril, etc.) la direction reste totalement sourde aux demandes des agents et à leurs difficultés.

Une situation qui s’est aggravée pour les personnels

Baisse d’effectifs à Tolbiac (-40 postes), retour de la grande précarité avec la fin des CDI pour les « vacataires », non-revalorisations des primes à l’ancienneté des titulaires (perte de 500 à 1500 euros par an), augmentation de la charge de travail à Richelieu avec la réouverture du site, absence de primes de fin d’année pour une partie des contractuels, etc. : la liste est longue et démontre que la politique de la direction se résume à demander aux agents de faire plus sans moyens et dans des conditions dégradées.

Les lecteurs désormais dans le viseur des restrictions

Malgré une pétition en ligne signée par des milliers de lecteurs, la direction de la BnF met en œuvre un système de communication dégradé des collections (les documents conservés en magasins ne seraient plus accessibles aux lecteurs le matin) dans le but de concentrer l’activité l’après-midi et ainsi réduire sensiblement le nombre d’agents postés. Cette réorganisation ne fera que concentrer la charge de travail et les cadences sur des périodes toujours plus courtes, au détriment des conditions de travail, tout en réduisant de façon drastique les services offerts au public.

> Pour des créations de postes et des moyens financiers ;

> Pour le maintien de la communication directe des documents aux lecteurs et la défense de nos missions ;

> Contre le retour des contrats ultra-précaires à la BnF ;

Dans ce contexte, ce mardi 10 mai, une grève à débuter. Dans cette seconde partie d’émission, nous vous proposons un reportage réalisé ce même jour à la BNF et nous entendrons les entretiens réalisés avec un lecteur et une salariée de la bibliothèque qui nous expliquent les raisons de ce mouvement et avec des salariés de la bibliothèque de Bussy-Saint-Georges.

Pour plus d’info :

https://sudculturebnf.wordpress.com/2022/05/05/mardi-10-mai-une-greve-specifique-pour-la-bnf-et-ses-personnels/

/La pétition des lecteurs https://www.mesopinions.com/petition/art-culture/bibliotheque-nationale-france-retour-aux-communications/175704

DES PRISONS POURQUOI FAIRE ?

Nous étions une trentaine de personnes aux profils très diversifiés ce mercredi 2 février 2022, à l’appel de l’Union Syndicale Solidaire, à la librairie La Nouvelle Réserve de Limay, pour discuter de la prison et du modèle de société qu’elle représente : des militant.es qui luttent contre le système carcéral, des anciens détenus, des personnes qui interviennent auprès des prisonniers, des curieux, et beaucoup d’habitant.es du Mantois qui refusent la construction d’une prison de Magnanville.

Au cours de cette rencontre, Nadia Menenger, autrice de deux livres sur la prison (“A ceux qui se croient libres” et “La liberté ne se mendie pas”, éditions l’Insomniaque) et Alex, membre du journal l’Envolée (porte voix des prisonniers en lutte, qui a édité le livre “La peine de mort n’a jamais été abolie”), ont pu donner un état des lieux actuel de la prison : 70 000 personnes sont détenues en France aujourd’hui, nombre qui ne fait qu’augmenter ces dernières années du fait de l’alourdissement des peines, des prolongements de détention pour contestation des conditions de (sur)vie carcérale, et que les programmes de construction pénitentiaires n’ont en rien amélioré. Plus on construit de prisons plus on enferme.

Les intervenants ont aussi insisté sur la composition sociale de la population carcérale : ce sont en très grosse majorité les pauvres, les exclus, les sans-papiers, les chômeurs que l’on enferme. L’image du prisonnier ultra-violent, asocial et inarrêtable ne sert qu’à renforcer l’adhésion de la population à un système carcéral qui maintient l’ordre économique injuste et inégalitaire imposé par cette société.

Les différentes réformes, de droite comme de gauche, n’ont pas infléchi cette tendance et les auteurs ont souligné l’hypocrisie de l’abolition de la peine de mort (la France étant la dernière à l’avoir votée en Europe !) alors que l’on enferme parfois jusqu’à la mort, avec des peines qui n’en finissent plus.

Enfin, avant un échange riche avec la salle, où chacun.e a pu exprimer soit un témoignage de détention particulièrement violent et injuste, soit un désaccord, soit une question ou un prolongement sur un aspect de la discussion, nous sommes revenus sur les luttes de prisonniers contre le sort qui leur est fait et sur les solidarités possibles avec l’extérieur. La prison étant un pilier de cette société capitaliste, au même titre que la police et la justice, lutter contre la prison c’est aussi lutter pour des hausses de salaires, contre le chômage, pour le lien social, la santé et l’éducation et contre l’exclusion, l’autoritarisme et le tout sécuritaire.

Toujours est-il que l’opposition au projet de prison de Magnanville nous rassemble, et que nous avons affûté nos armes théoriques pour combattre ce projet, et tous les autres !

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons un montage de cette rencontre

Les ouvrages de cette soirée :

À ceux qui se croient libres – Thierry Chatbi, 1955-2006, Nadia Menenger, L’Insomniaque

La liberté ne se mendie pas, L’Envolée, 2001-2008, Olivier Cuelo, Nadia Menenger, L’Insomniaque.

La Peine de mort n’a jamais été abolie, Dits et écrits de prison choisis par L’Envolée

Utopie 2021 : Léon de Mattis

9 euros – 132 pages chez Acratie

Propos

Utopie 2021 a pour ambition de répondre à une question : est-il encore possible d’imaginer, de nos jours, un monde totalement différent du monde actuel ? Un monde qui ne soit pas dominé par le capitalisme, et dans lequel il n’y ait ni propriété, ni argent, ni classes sociales ?

Le retour en force de la critique des excès du capitalisme depuis la grande crise de 2007-2008 s’est en effet accompagné d’un curieux phénomène : l’incapacité à aller au bout de cette critique.

Les utopistes contemporains, ceux qui veulent changer le monde, imaginent toutes sortes d’alternatives : des monnaies alternatives, une propriété alternative (« les communs »), des formes d’organisations politiques alternatives (plus démocratiques), des moyens de production alternatifs. Mais très peu, voire aucun, ne semble capable d’imaginer une société où il n’y ait plus d’État, plus d’argent et plus d’échange marchand du tout.

Utopie 2021 prend le contrepied de la tendance actuelle. Son objectif est de montrer qu’il est possible d’imaginer une société sans domination et sans exploitation, de se figurer la création d’un tel monde dans un moment révolutionnaire et de concevoir, à partir des luttes actuelles, le surgissement d’une telle révolution.

L’utopie, on le sait depuis Thomas More, ne nous parle ni de l’ailleurs ni du futur : l’utopie, ou l’uchronie, ne sont situées hors de l’espace et du temps actuels que pour mieux décaler le regard. La réflexion utopique menée par Utopie 2021 ne cherche donc pas tant à penser à quoi pourrait ressembler un monde différent qu’à imaginer par quelles voies il serait possible de l’atteindre : comment et pourquoi les luttes pourraient se transformer en autre chose que ce qu’elles sont maintenant. C’est ici que l’utopie rejoint la critique sociale dont elle n’est, somme toute, que le versant positif. L’utopie sert d’abord à critiquer la société de son temps, et c’est pourquoi elle a toujours une date. C’est ce qui explique le titre du livre : Utopie 2021.

Imaginer la création d’un monde différent ne signifie pas croire en son surgissement réel. Une nouvelle organisation sociale, de toute façon, ne pourra jamais naitre de cette manière. Un rapport social ne sort pas du cerveau d’un seul individu, quel qu’il soit, mais est toujours le résultat de l’activité d’un nombre incalculable de personnes.

L’utopie, bien qu’elle soit imaginaire, n’est pas non plus le fait d’un seul. Les manques et les défauts que chaque lecteur ne manquera pas de relever dans cette utopie seront des défauts pour ce lecteur, mais l’ensemble du projet lui permet de comprendre que c’est à lui de recomposer cette utopie pour y ajouter ce qui manque ou corriger ce qui, selon lui, ne va pas.

Un livre qui parle de la révolution est nécessairement un « livre-dont-vous-êtes-le-héros ». L’ambition d’Utopie 2021 n’est pas de décrire un futur radieux, mais de proposer une réflexion collective sur les formes que peuvent prendre la critique en actes de la société actuelle.

Plan

Utopie 2021 est composé de trois parties précédées d’une introduction. Les parties sont intitulées : « communisme », « production du communisme » et « critique en actes du capital ». Cependant, le terme « communisme » pourraient être remplacé par « anarchisme » dans tout le livre sans que le sens n’en soit le moins du monde changé, et ces trois parties pourraient donc aussi bien s’intituler « anarchisme », « production de l’anarchie » et « critique en actes du capital ».

La première partie présente, en des termes généraux, l’idée que l’on pourrait se faire de l’organisation d’un monde différent. La seconde partie est un aperçu de la manière dont la révolution peut s’envisager à l’heure actuelle. La troisième partie, enfin, analyse les luttes contemporaines en cherchant comment elles pourraient conduire à la révolution. Au premier abord, on pourrait penser que la première partie nous parle d’après-demain (le communisme ou l’anarchisme achevé), la deuxième partie de demain (la révolution) et la troisième partie d’aujourd’hui (les luttes actuelles). En réalité, chacune de ces parties, conformément à la manière dont est définie l’utopie dans cet ouvrage, ne nous parle que du présent.

L’interview que vous allez entendre a été réalisée à Toulouse par le collectif Camarade. Vous pouvez aller sur leur site « camarade pour la révolution » pour en savoir plus et lire ou écouter d’autres réflexions.

Technocentre Renault Guyancourt: les agents d’entretien sont en grève, balayés par le télétravail et la réduction des coûts/Boubacar et Fadigui, tués au pont-neuf par un policier

Mercredi 4 mai 2022 Guyancourt, Technocentre Renault

Renault sous traite à un prestataire de service l’entretien de ses bâtiments. Les salariés, parfois depuis plusieurs dizaines d’années, qui interviennent dans le centre de recherche et de développement du groupe automobile sont en grève depuis mardi 3 mai. Suite à une réduction d’activité, conséquence du développement du télétravail et de la réduction des coûts.

Le jeudi matin, la direction de Renault du Technocentre, à décider de désactiver les badges d’accès au centre des agents d’entretien, réduisant par là-même leur droit de grève.

En plus de la réduction de leur temps de travail dû au télétravail, La direction ferme une partie du Technocentre le vendredi, ce qui ampute d’environ 30 % de leur salaire.

Concernant l’entretien du centre de recherche et de développement, le nouveau contrat prendra effet le 20 mai prochain. Le recours à la sous-traitance permet à de nombreuses boites de se dédouaner des conditions de travail et de salaire de leurs salariés. Elle se défausse en prétendant ne peut pas pouvoir intervenir dans la gestion des ressources humaines de PEI, entreprise installée dans l’Essonne qui intervient dans plus de 2 000 entreprises en France.

Pour nous parler de cette grève à Renault Guyancourt, nous seront en compagnie de Jérôme et Mohamed.

Le soir de la réélection d’Emmanuel Macron, au cœur de Paris, sur le Pont Neuf, près de la Préfecture, un policier a ouvert le feu avec une arme de guerre ; un fusil d’assaut HK G36, qui équipe l’armée allemande et permet de tirer en rafales. Pourquoi utiliser une telle arme contre des civils ? Pour un simple refus d’obtempérer. Deux frères, noirs, meurent sur le coup. Un troisième homme est blessé par balle au bras. Le policer à tirer une dizaine de cartouches en deux temps. Le fou de la gâchette est âgé de 24 ans et avait six mois d’expérience. Voilà à qui l’État français confie des armes aussi puissantes et dangereuses, avec l’autorisation de s’en servir.

Le tireur plaide la « légitime défense », récit immédiatement repris en boucle par les médias. Pourtant, les juges viennent de le mettre en examen pour « homicide volontaire » après sa garde à vue. Ils estiment qu’il a tiré pour tuer, tiré avec l’intention de donner la mort. Néanmoins, le tireur est ressorti libre, en attendant les suites de l’enquête. Les syndicats de policiers d’extrême droite dénoncent une décision « inadmissible » et ont appelé à manifester pour élargir encore le cadre de la légitime défense. Chaque crime policier est pour eux l’occasion de réclamer plus de droits.

Cette affaire intervient alors que le nombre de tirs à balles réelles par la police française explose. Cet été, deux voitures ont été criblées de balles à Rosny et Stains par des agents qui n’étaient pas en danger, comme l’ont montrées les images de ces scènes. Idem fin mars, à Sevran : un père de famille tué d’une balle dans le dos. Il n’est plus exceptionnel de voir les forces de l’ordre sortir leur arme à feu, voire de tirer sur des véhicules ou des individus.

En 1995, lorsqu’il est distribué pour la première fois par le gouvernement français, le Flash-Ball Super Pro est pourtant présenté comme une « arme anti-bavure », qui permettrait au policier de tirer sans tuer, et d’éviter d’avoir à sortir leurs pistolets. C’est tout l’inverse qui s’est passé.

Durant la campagne présidentielle de 2012, les policiers manifestaient, en arme, dans des véhicules de police, sur les Champs-Élysées, pour réclamer une «présomption de légitime défense» – autrement dit, un permis de tuer –, revendication vite reprise par les candidats du FN et de l’UMP. La mesure sera mise en œuvre par le Parti Socialiste qui «assouplit» en 2017 le cadre de la légitime défense et étend l’usage des armes à feu. Les policiers obtiennent le droit de tirer non seulement pour se défendre, mais aussi pour «défendre un lieu sous leur responsabilité» – on devine les interprétations qui peuvent être faites dans le cas de luttes contre des grands projets –, «lorsqu’ils doivent empêcher un détenu de s’échappe» mais aussi «pour empêcher une voiture de se soustraire à un contrôle».

En 2020, dans le cadre de la «Loi de sécurité globale», le Parlement vote l’autorisation, pour les policiers, de se promener armés dans les établissements publics. Une mesure qui s’inscrit dans la continuité de l’État d’exception : dès 2015, le gouvernement avait autorisé les policiers à garder leurs armes en dehors du travail.

Le geste de brandir une arme à feu n’est plus exclu. Les tirs pour de simples contrôles non plus. À présent, c’est un double homicide au fusil d’assaut. Et ces gens sont armés 24h/24. Entre 2016 et 2019, les tirs à balles réelles par la police ont augmenté de 54%.

En 2019, le Ministère de l’Intérieur commandait simultanément plusieurs dizaines de milliers de grenades pour le maintien de l’ordre et 25 millions de cartouches destinées aux fusils d’assaut. Les autorités elles-mêmes s’alarment dans une note confidentielle du nombre de tirs « accidentels » ou commis « par imprudence » avec ces armes de guerre.

Dans cette seconde partie d’émission, nous serons avec Christian, de l’assemblée des blessées et en sa compagnie, nous reviendrons sur la contre-manifestation en réponse à celle organisée par les policiers plaidant la « légitime défense ».

« TERRE ET LIBERTÉ » PAR AURÉLIEN BERLAN(rediffusion)

C’est avec cette émission du 7 mars 2022 que nous ouvrons une série de rediffusions qui nous mènera au 7 mai et nous vous retrouverons pour de nouvelles émissions le lundi 9 mai.

Bonne écoute !

L’équipe radio actualité des luttes

C’est l’article de CQFD (que nous reproduisons) qui nous a donné envie d’aller à la librairie de l’Atelier, à paris pour écouter la présentation de « Terre et liberté » ; le livre d’Aurélien Berlan, sorti aux éditions de La Lenteur.

Il s’agit de ne pas abandonner le mot Liberté, mais de le définir collectivement pour ne pas s’en laisser usurper par l’extrême droite, comme par le capitalisme. Que signifie la liberté à l’heure de la surveillance électronique, de l’intrusion de plus en plus envahissante de l’État dans la vie privé et de la destruction du commun…

La liberté est sacrifiée au profit de ce qu’Aurélien appelle la « délivrance » ; être délivré des autres, des nécessités de la vie… Mais cela engendre individualisme, égoïsme, solitude et exploitation, car la délivrance des uns est la servitude des autres et la destruction de la planéte.

« Se réapproprier le terme de “liberté” » ; CQFD

Des murs de nos rues aux affiches électorales, nombre de slogans rythmés par l’idée de liberté ont fleuri ces derniers temps. Mais entre Bakounine, Tocqueville et les fascistes, le terme se prête à tous les usages. Il nous a donc semblé important de faire le point. C’est chose faite avec Aurélien Berlan, philosophe-jardinier, qui vient de publier Terre et liberté aux éditions La Lenteur. Un bouquin qui invite à repenser le concept de liberté contre le fantasme de délivrance matérielle et politique, qui nous a conduits droit dans l’impasse sociale et écologique actuelle.

En 2013, le lanceur d’alerte Edward Snowden levait le voile sur l’existence d’une vaste entreprise de surveillance menée par les services de renseignements américains. La liberté, telle qu’elle avait été conçue par les libéraux, est révolue – aspirée par les pipelines de la « révolution numérique ». Quel est donc, pour ceux et celles qui se sentent encore libres, le régime de liberté actuel ?

« Quand on se penche sur la pensée libérale, censée avoir triomphé depuis l’effondrement de l’URSS, on voit que ce qu’elle entendait par liberté n’était pas la démocratie, même pas “représentative” (qui ne représente, on le sait, que les intérêts d’une mince oligarchie). Mais plutôt l’inviolabilité de la sphère privée, entendue comme un espace dans lequel ni l’État ni la société ne sont censés intervenir. Depuis le XVIIIe siècle, cet espace s’est toutefois réduit comme peau de chagrin, pour se limiter aux relations personnelles et à la propriété privée. Avec la surveillance de masse, rendue possible par les outils numériques, le principe de l’inviolabilité de la sphère privée est littéralement balayé : les grandes organisations, publiques ou privées, peuvent pénétrer incognito dans les aspects les plus “privés” de nos vies afin d’influencer nos comportements. On peut donc se demander si la “critique du libéralisme” ne rate pas une donnée nouvelle et essentielle : le piétinement des principes du libéralisme est au cœur même du monde prétendument libéral.

Ce paradoxe m’a poussé à réfléchir au sens de la liberté à notre époque. Peu à peu, j’en suis venu à l’idée que nous avions abandonné la conception moderne et libérale de la liberté au profit de ce que j’appelle la “délivrance” : ce qui explique notre sentiment persistant de liberté, malgré la surveillance électronique, c’est que nous sommes largement délivrés des exigences du quotidien par le techno-capitalisme (voir extrait 1).

En relisant de près les philosophies de la liberté antiques et modernes, libérales ou socialistes, je me suis ensuite rendu compte que cette quête de délivrance, notamment sur le plan de la vie matérielle, les traversait presque toutes. Pour une raison simple : parce que ces philosophies ont été formulées par des membres des classes dominantes et que celles-ci ont toujours cherché à être délivrées des nécessités matérielles de la vie, pour se consacrer à des activités jugées plus “hautes”. Même Marx a identifié la liberté au dépassement du “règne de la nécessité”. La nouveauté, de nos jours, est que ce fantasme de délivrance exerce une telle hégémonie que l’on est prêts à sacrifier nos libertés publiques pour un gain de délivrance. D’où notre absence de réaction collective face aux révélations de Snowden. »

Ce « fantasme de délivrance », trait distinctif de la liberté au sens des Modernes, met en scène un individu déchargé à la fois de la politique et de la subsistance. Et c’est à travers cette quête de délivrance que tu retraces l’histoire de la catastrophe socio-écologique…

« La quête de délivrance se joue sur deux plans : on veut être libéré de la nécessité de faire avec les autres, avec tout ce que cela implique de conflictualité, de réunions chronophages, etc., et on veut être déchargé des activités liées à la subsistance matérielle, jugées pénibles et ennuyantes (le travail de la terre, les tâches domestiques, les soins aux personnes dépendantes, etc.). Ces deux aspirations, qui traversent le monde occidental, s’alimentent réciproquement, car on ne peut assurer sa subsistance tout seul. Voilà pourquoi l’avènement de la grande industrie et de la société de consommation a été accueilli comme une “libération” (non pas de la domination sociale, mais des “nécessités de la vie”). C’est alors que l’histoire du sens de la liberté se noue avec celle du désastre écologique. Car la quête de délivrance suppose une exploitation croissante des êtres humains et de la nature.

« Ce que les dominants ont toujours cherché à faire faire aux groupes qu’ils dominaient, qu’il s’agisse des femmes, des esclaves ou des ouvriers, ce sont les tâches liées à la subsistance. »

Si la liberté suppose d’être délivré de la “nécessité” (au sens relatif de “choses à faire” dont on ne voit pas comment se passer), elle suppose de se délester des tâches qu’on ne veut pas assumer soi-même. La délivrance suppose donc de les “faire faire”. Or c’est là la formule même de la domination sociale, qui suppose toujours la séparation entre des exécutants (qui font) et des dirigeants (qui ordonnent). Et ce que les dominants ont toujours cherché à faire faire aux groupes qu’ils dominaient, qu’il s’agisse des femmes, des esclaves ou des ouvriers, ce sont les tâches liées à la subsistance. L’histoire montre qu’il y a plusieurs manières de s’y prendre, plus ou moins directes et violentes. Cette histoire croisée des voies de délivrance matérielle et des formes de domination sociale constitue le cœur de Terre et liberté. Au terme de cette histoire, on arrive à la société de consommation basée sur la généralisation de la séparation consommateur / producteur.

Beaucoup d’écologistes pensent, à juste titre, que le désastre écologique dans lequel nous nous enfonçons est étroitement lié au gouffre qui s’est creusé entre la production et la consommation, jusqu’à prendre une dimension géopolitique mondiale – d’où la valorisation écologique des circuits courts, du “local”, de l’autonomie, etc. Mais cela ne tient pas seulement à ce que cette distance entraîne une consommation aberrante de carburants fossiles. Plus fondamentalement, cela tient à ce que seule cette séparation permet de comprendre la fuite en avant des besoins qui caractérise notre forme de vie de consommateurs salariés qui, pour reprendre une formule du philosophe André Gorz, “ne produisent rien de ce qu’ils consomment et ne consomment rien de ce qu’ils produisent”. Quand on fait les choses soi-même, le premier besoin est de ne pas perdre sa vie à produire de quoi satisfaire des besoins illimités, ce qui pousse à réfléchir nos besoins et à les réduire. À l’inverse, rien ne vient borner les besoins et les désirs de celles et ceux qui font tout faire aux autres. »

« Le fait que le terme “liberté” puisse être accaparé aujourd’hui par les partis autoritaires est désespérant. »

En ces tristes temps électoraux, nous assistons à l’accaparement de la question de la liberté par l’extrême droite en France et en Allemagne. Que dit cette confiscation sur notre époque ?

« C’est la sanction du fait que les forces prétendument libérales ont en fait abandonné les principes de base du libéralisme. Plus profondément, cela révèle à quel point nous vivons dans un monde “orwellien”, où l’on fait dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient. Dans la célèbre dystopie de George Orwell, 1984 1, le régime totalitaire de Big Brother ne cesse de marteler : “La liberté, c’est l’esclavage”, “La guerre, c’est la paix”, etc. Rappelons que le mot “liberté” a d’abord été l’étendard des luttes contre les diverses formes de domination, politiques ou économiques : celui des esclaves pour dettes contre les aristocraties antiques, des paysans contre les propriétaires fonciers lors de la révolution mexicaine (à laquelle on réduit souvent le slogan “Terre et liberté”), des révolutionnaires qui prenaient pour devise “Vivre libre ou mourir”, etc.

Le fait que le terme “liberté” puisse être accaparé aujourd’hui par les partis autoritaires et pire encore, le fait qu’une partie de la gauche capitule devant cette OPA idéologique et affirme que la liberté est “une valeur de droite”, voire “une invention du capitalisme”, est désespérant. Car en contrôlant les mots, on détermine les pensées. Or dominer les esprits permet d’assujettir les populations – c’est cela, le message d’Orwell.

Contre ce rapt sémantique, je propose que l’on se réapproprie le terme “liberté”, ce qui implique de le repenser profondément, à rebours de la plupart des théories de l’émancipation qui sont tombées dans le piège du fantasme de délivrance. Je l’ai fait en m’inspirant moins des “grands” textes de la pensée politique, qui témoignent surtout du désir de délivrance, que de la texture même des formes de vie des classes populaires et des luttes qu’elles ont menées, presque partout, pour la défense des biens communs. Car ces luttes témoignent de tout autre chose que d’un désir d’être déchargé des nécessités de la vie quotidienne : elles manifestent la volonté d’accéder aux ressources (la terre d’abord, mais aussi les forêts, les rivières, les outils, les connaissances, etc.) permettant de prendre en charge ces nécessités. »

Peux-tu en dire plus sur cette conception de la liberté comme autonomie, que tu opposes à la liberté des Modernes ?

« Quand on parle aujourd’hui d’autonomie alimentaire ou énergétique, on prend le mot dans un sens matériel qui semble éloigné de sa signification étymologique : l’autonomie, ce n’est pas “se donner ses propres lois”, mais “subvenir à ses propres besoins”. Toutefois, ces deux significations sont en fait étroitement imbriquées. Car dès lors que l’on dépend matériellement (pour satisfaire ses besoins) d’une autre instance, on ne peut plus être pleinement libre. Comme le rappelle le dicton : “On ne mord pas la main de celui qui vous nourrit.” Bref, la liberté est conditionnée par l’autonomie matérielle – et celle-ci l’est par l’accès aux ressources permettant de satisfaire nos besoins. Tel est le sens politique profond de la quête d’autonomie matérielle. À condition toutefois de ne pas confondre autonomie et indépendance : assurer sa subsistance ne se fait jamais seul, mais en lien avec les autres. L’autonomie invite en fait à nous libérer des liens de dépendance asymétriques qui nous ligotent aux grandes organisations anonymes, pour recréer des interdépendances personnelles sur lesquelles il est possible d’avoir prise.

« La conception dominante de la liberté reposait sur l’aspiration à être délivré de la terre et des activités paysannes. Il est frappant de voir aujourd’hui que la liberté est de moins en moins associée à la ville. »

Une autre dimension de l’autonomie est sa dimension terrestre, son lien intime à la terre comme base de la subsistance humaine. La conception dominante de la liberté à l’époque moderne reposait au fond sur l’aspiration à être délivré de la terre et des activités paysannes qui y sont liées, ce qui a conduit à identifier la liberté avec la vie urbaine (“l’air de la ville rend libre”). Contre cette conception extra-terrestre de la liberté – qui pousse ses ultimes partisans fanatisés, comme Elon Musk, à vouloir aller vivre sur Mars –, il est frappant de voir aujourd’hui que la liberté est de moins en moins associée à la ville – sa devise serait plutôt “prendre la clé des champs”. C’est un changement d’esprit frappant, intimement lié au désir de renouer avec la liberté comme autonomie. »

Pour Sartre, « l’existence précède l’essence ». Tu complètes : « La subsistance précède l’existence »… Est-ce que ton livre serait un manifeste subsistancialiste ?

« Oui, mais à condition de souligner que je n’invente rien : je ne fais que remettre à jour des idées politiques qui ont été jetées aux oubliettes, même par les théories prétendument radicales. Et je le fais pour rendre justice à toutes celles et ceux qui voient bien qu’il y a quelque chose de problématique dans notre mode de vie, où l’on fait faire à d’autres presque tout ce qui concerne notre subsistance. En fait, je m’inscris dans un tournant subsistancialiste2 plus général, porté notamment par certaines écoféministes qui ont critiqué la conception de l’émancipation féminine qui fut celle de Beauvoir, typique de la volonté extra-terrestre de délivrance (voir extrait 2). Car cette critique a une portée bien plus générale, qui permet de repenser une émancipation compatible avec la Terre (voir extrait 3).

Propos recueillis par Momo Brücke

CAF : Les raisons d’une dérive, les enjeux d’une action

Dessin issu du site http://www.changerdecap.net/

Dans l’émission de ce jour, nous reviendrons sur le fonctionnement des CAF(caisse d’allocation familiale). Pour cela, nous serons en plateaux avec Evelyne, du réseau stop précarité et par téléphone avec Valérie pras, pour la question numérique et Didier minot, pour le volet juridique, tous deux membre du collectif changer de cap.

L’analyse du fonctionnement des CAF(caisse d’allocation familiale) pose plusieurs catégories de questions. On peut les regrouper en quatre catégories.

Une convention d’objectifs et de gestion assimilant les CAF à des entreprises

Les conventions pluriannuelles d’objectifs et de gestion (COG) entre l’État et La Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), découlant du New public management, imposent une gestion financière centrée sur la réduction des moyens, présentée comme un objectif central, alors que la sécurité sociale est l’expression d’un droit universel. L’assimilation des CAF à des entreprises conduit à considérer les prestations sociales comme des coûts et les allocataires comme des risques dont les besoins empêchent de réduire « le pognon de dingue qu’on met dans les minima sociaux »1.

Le pouvoir politique et la technostructure imposent leur pouvoir à travers la multiplication des objectifs chiffrés, décomposés par programmes. Le vote du budget de la sécurité sociale par le Parlement, la tutelle du ministère des finances dessaisissent les représentants syndicaux, qui sont réduits un rôle de figuration, et parfois s’y complaisent. Un déficit permanent est entretenu par les exonérations massives de cotisations sociales consenties aux entreprises, et sa budgétisation constitue un outil de contrôle.

Les COG présentent comme des outils de progrès et de maîtrise des risques le traitement automatisé des données, la liquidation automatique des prestations et le data mining. Dans la réalité, on constate que l’automatisation entraîne une augmentation des erreurs et des injustices, en l’absence de dialogue physique permettant de prendre en compte la diversité des situations.

Cela se traduit par des objectifs de fraudes constatées à atteindre chaque année (380 millions d’euros en 2022) sous forme d’indicateurs de résultats chiffrés. Ces objectifs se transmettent à chaque CAF et à chaque contrôleur. La prime d’intéressement des contrôleurs dépend en partie du montant des indus frauduleux détectés. De tels objectifs sont de nature à inciter les organismes à qualifier d’actes frauduleux ce qui relève de l’erreur ou de l’oubli non intentionnel2.

Le développement de contrôles3 de plus en plus durs s’inspire de la suspicion entretenue par les milieux patronaux et les politiciens de droite et parfois de gauche dénonçant sans relâche « la fraude aux prestations sociales », même si celle-ci est démentie par les faits (0,27 % d’allocataires reconnus fraudeurs en 2020 4).

La numérisation des contrôles, banc d’essai d’une société de surveillance

La numérisation a été pensée pour pouvoir se substituer aux services des CAF. Emmanuel Macron a parlé d’automatisation intégrale des aides sociales. Toute une série de bases de données, de logiciels et d’algorithmes ont été mis en place pour gérer les différents aides relevant des CAF, à partir des instructions venant du pouvoir politique.

Cette automatisation a permis une gigantesque accumulation de données (1000 données par personne pour 13 millions de foyers, c’est-à-dire 30 millions de personnes) résultant de l’interconnexion des fichiers publics et parfois privés. Cette utilisation du Big data réduit à néant le droit à l’intimité, le secret bancaire, le secret médical et les libertés individuelles, d’autant que les données sont « fouillées » (data mining) avec des méthodes opaques, non rendues publiques, discriminatoires.

– Un profil individuel est établi pour chaque personne assorti d’un « score de risque », qui est en fait un indice de non-conformité à la norme d’un allocataire bien portant, français, vivant en couple, dans un quartier non sensible, doté de revenus réguliers, numérisé, comprenant le langage des règlements.

L’accroissement exponentiel des contrôles (32 millions de contrôles automatisés en 2020) est rendu possible par la puissance du numérique. Ces contrôles sont déclenchés automatiquement chaque fois qu’une variation même infime apparaît dans le croisement des données (par exemple un écart de 30 € sur les revenus, un changement de situation familiale). Sont donc considérés particulièrement comme « à risque » les femmes seules avec enfants, les chômeurs, les intérimaires aux revenus variables, les personnes handicapées, celles qui sont nées à l’étranger, etc. Ces personnes subissent des contrôles répétitifs si leur « score de risque » est élevé.

L’administration des CAF à la dérive

Les conventions d’objectifs et de gestion ont imposé une logique d’efficacité et d’efficience, mais la simplification des procédures régulièrement annoncée depuis 10 ans n’est pas au rendez-vous :

Des règles multiples et complexes se superposent et s’entrecroisent (plusieurs milliers pour les seules aides au logement), et ne sont plus gérables que par les algorithmes. La logique néolibérale génère la bureaucratie, comme le dit David Graeber5. Les circulaires internes ne sont pas toutes publiées, les allocataires ne peuvent pas appliquer des règles inintelligibles. Cette pagaille favorise l’arbitraire des algorithmes et de certains contrôleurs.

L’automatisation conduite par des bureaux d’études génère de nombreuses erreurs, des retards, des incohérences et une désorganisation des CAF, aggravés par les réductions d’effectifs que le ministère des finances impose en contrepartie de la numérisation, sans aucune considération pour les allocataires ni pour le service aux usagers (même logique que pour l’hôpital) ni pour le mal-être et la dégradation des conditions de travail des agents soucieux de défendre un service public humain, auquel beaucoup restent attachés.

La prise de pouvoir par la machine est en fait celle des bureaux d’études ou des services informatiques qui ont mis en place les logiciels et deviennent indispensables au fonctionnement d’une usine à gaz dont ils ont seuls les clés. Les agents des CAF ne sont plus capables d’expliquer pourquoi une personne est contrôlée, mais doivent rattraper les erreurs de la machine en bricolant comme ils le peuvent et en répondant à la détresse ou à la révolte des allocataires. Aujourd’hui, le système est au bord de l’implosion (cf. témoignage des agents de la CAF du Doubs).

Face à ce problème, la CNAF est dans le déni, affirmant que les dysfonctionnements ne touchent que 2 % des bénéficiaires, la correction des anomalies se fait au fil de l’eau et que les services sont conscients des désagréments causés à une partie des allocataires.

Des contrôles hors-la-loi

Vis-à-vis des citoyens « de seconde zone », le pouvoir ne prend pas les mêmes précautions que par rapport aux autres catégories de la population :

La plupart des contrôles sont déclenchés automatiquement, et les suppressions d’aide sont le plus souvent appliquées sans en informer les allocataires et sans notification, ce qui est contraire à la loi. Juridiquement la fraude doit être intentionnelle, mais ici les incompréhensions, les difficultés face au numérique, les erreurs, y compris celles des CAF, sont assimilées à de la fraude, en l’absence de contrôles de légalité exercés par la CNAF et les directions des Caisses.

Les procès-verbaux sont remplacés au mieux par des notifications sommaires, qui ne précisent ni les modalités de calcul de l’indu, ni les délais de réponse, ni les voies de recours. Les contrôleurs sont dotés de larges pouvoirs juridiques et d’investigation, mais n’ont pas la formation, les directives ni la supervision les obligeant à faire accéder à leurs droits les personnes contrôlées, par le respect du contradictoire et de la présomption d’innocence, le droit à l’erreur et des conseils adéquats.

Dans de nombreux cas, les allocations sont suspendues dès le début des contrôles, sans respect du reste à vivre légalement imposé à tous les créanciers.

Une police et une justice numériques parallèles au rabais se mettent ainsi en place, insensibles à des situations humaines parfois dramatiques. Ces pratiques ne respectent pas les principes fondamentaux du droit, et sont entachées d’illégalité6.

Un choix de société

C’est pourquoi nous demandons le démantèlement des pratiques illégales qui se sont développées en matière de contrôle des aides sociales par les CAF, une transparence de la récolte et du traitement des données personnelles des 13 millions de foyers répertoriés, et la remise de l’intervention humaine au coeur du service public afin de faire du numérique un outil pour rendre effectif l’accès de chacun à ses droits sociaux, tout en respectant son intimité.

A travers le débat qui s’instaure, ce sont deux conceptions alternatives de la société qui s’opposent. D’un côté une gouvernance par les nombres7 et la violence. La mise en place d’une société de surveillance et d’un « contrôle des assistés » (cf. Vincent Dubois)8 s’inscrit dans un capitalisme de contrôle de toute la population, exercé par la violence, la propagande et les atteintes aux droits, qui va de pair avec une aggravation du mal-être social et des souffrances d’une part croissante de la population (rappelons que 12% de la population connaît des difficultés psychiques et que 14 % est en dessous du seuil de pauvreté).

De l’autre, la réaffirmation d’une société solidaire, de justice et de droits, où la solidarité entre tous conjugue entraide, prévoyance et coopération, d’une société inclusive où chacun a sa place. Dans cette perspective, il est possible de concevoir une utilisation alternative des nouvelles capacités de calcul et de traitement des données, qui se conjugue avec une place centrale donnée à la relation humaine, tant dans les services publics que dans l’ensemble de la société, et avec le respect du droit fondamental à l’intimité.

Ce choix ne peut être tranché que par un combat politique qui conjugue la résistance aux oppressions (comme le fait la présente action à l’encontre des pratiques actuelles des CAF), la multiplication des actions porteuses d’alternatives sur le terrain, montrant la voie, l’action politique pour transformer les institutions et les lois et l’instauration de nouvelles formes de dialogue et de relations au sein de la société.

1 Emmanuel Macron, 12 juin 2018 « La politique sociale, regardez : on met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres. On n’en sort pas. Les gens qui naissent pauvres, ils restent pauvres. Ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres. On doit avoir un truc qui permette aux gens de s’en sortir ». voir ici

2 Rapport du Défenseur des droits, 2017, Lutte contre la fraude aux prestations sociales : à quel prix pour les droits des usagers ? page 14 Voir ici

3 Annexe 11 de la COG 2018-2022

4 CNAF, 2021, La politique de prévention et de lutte contre la fraude en 2020, p. 3 Voir ici

5 David Graeber, 2015, Bureaucratie, LLL Il y dénonce l’inflation des tâches administratives introduites dans la vie courante au nom de l’excellence ou de la qualité, constituant une tyrannie invisible et violente

6 Cabinet DBKM. Incompatibilité des mesures nationales de lutte contre la fraude aux prestations sociales avec le Pacte des droits civils et politiques. Rapport au comité des droits de l’homme des Nations unies (voir ici)

7 Alain Supiot, 2015, la gouvernance par les nombres, cours au collège de France, Fayard

8 Vincent Dubois, 2021, Contrôler les assistés, 2021, Raisons d’agir

Pour plus d’info : fr.facebook.com/collectifchangerdecap

Projet de nouvelles prisons / Lutte des femmes sans papiers au centre de rétention du Mesnil-Amelot

Plan du chantier de la Structure d’Accompagnement vers la Sortie

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur les projets de construction de nouvelles prisons et sur la lutte des femmes sans papier du centre de rétention du Mesnil-Amelot. Pour cela nous sommes en plateau avec une membre du collectif à bas les cra.

Nous commencerons cette émission par la diffusion d’un reportage réalisé le 16 avril ou un Rassemblement fut organisé pour protester contre la construction d’une nouvelle prison dont le chantier a commencé à Noisy-le-Grand et nous entendrons une interview réalisée avec des membres du collectif qui organisé ce rassemblement.

À Noisy-le-Grand, une SAS va commencer à sortir de terre en décembre. Derrière cet acronyme se cachent de nouvelles places d’enfermement, donc plus de prisonnier-es. D’après ses concepteurs cette « Structure d’Accompagnement vers la Sortie » est un dispositif de plus pour favoriser « l’insertion », et aider à l’« autonomisation des personnes détenues ». Vingt-quatre nouvelles prisons de ce type sont prévues sur le territoire, faisant partie du plan prison national, où 15 000 nouvelles cellules doivent être construites d’ici à 2027.

Celle de Noisy sera coincée entre l’autoroute, des IUT, un entrepôt Amazon, un giga-chantier du Grand Paris express… avec seulement 30 prisonnier-es en semi-liberté sur les 120 qu’elle est censée enfermer. Ça veut dire pour les 90 autres des conditions comparables à un régime porte ouvertes de centre de détention, avec a priori plus d’activités, des entretiens pôle emploi, un « accompagnement individualisé »…

En seconde partie d’émission, en compagnie de notre invitée, nous reviendrons sur luttes de femmes au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Deux retenues colombiennes et une retenue chilienne de la section femme du Mesnil-Amelot ont entamé une grève de la faim depuis le 6 avril. À ce moment, nous diffuserons un entretien réalisé par l’équipe radio de l’envolée, du 15 octobre 2021, ou une prisonnière du centre de rétention du Mesnil-Amelot témoigne de sa situation au CRA.

Numéros de téléphone pour soutenir les retenu.es : https://abaslescra.noblogs.org/appeler-les-retenu-e-s-numeros-des-cabines-en-cra/

COMMENT LES IDÉES D’EXTRÊME DROITE SE SONT BANALISÉES(rediffusion)

Aujourd’hui, en nouvelle diffusion, nous vous proposons l’écoute de cette émission du 26 janvier 2022

Dans cette émission, nous nous revenons sur l’évolution de l’extrême-droite avec Hervé du collectif antifasciste La Horde, afin de se donner des outils pour résister à l’omniprésence médiatique des discours d’extrême-droite, qui ne va pas aller en s’arrangeant avec la campagne électorale.


Pour remettre les choses à l’endroit, on analyse certains des retournements opérés par les discours d’extrême-droite, par exemple faire passer les hommes blancs hétérosexuels pour les victimes principales de la marche actuelle du monde.

D’abord, on s’interroge sur le choix des mots : pour ne pas tout mélanger, il est important de pas qualifier tous les adversaires ou ennemis politiques de “fascistes”. En effet, en France, historiquement, on a plutôt une extrême-droite nationaliste, réactionnaire et des gouvernements autoritaires, qu’un véritable passé fasciste à la sauce italienne. 

Pour y voir plus clair, notre invité propose un retour sur les fondements idéologiques de l’extrême-droite dans la 2e moitié du XXe siècle. Même s’il existe “50 nuances de fafs”, la plus grande partie de l’extrême-droite française a en commun d’être réactionnaire (elle veut revenir à un “avant” idéal, en général avant 1789), inégalitaire et élitiste (l’inégalité est supposée être dans l’ordre des choses, justifié par la nature, Dieu, le bon sens…).

Après la défaite du nazisme, l’enjeu pour les nationalistes réactionnaires était de réussir à revenir dans le jeu politique alors que leurs discours n’étaient plus acceptables après la guerre et là Shoah. Ce processus s’est avéré très long, mais mai 68 a fini de convaincre la droite nationaliste qu’elle devait mener une bataille sûr
le terrain de la culture, des valeurs.

D’où le projet du Front national au début des années 1970 : un parti qui s’inscrit dans le jeu électoral républicain, qui tente de rassembler toutes les tendances nationalistes, ce qui n’allait pas de soi. À cette époque, différentes organisations et
intellectuels travaillent à une transformation du discours d’extrême-droite pour être de nouveau entendables dans les termes de l’époque, même si l’intégration au cadre républicain a des limites.

Parmi les idéologues de l’extrême-droite, on prend l’exemple de Jean-Yves Le Gallou, passé la le GRECE et la Nouvelle Droite qui créée le club de l’Horloge au milieu des années 1970. Ultra-libéral sur le plan économique, il est le promoteur du concept de préférence nationale, qu’il ne parvient pas à vendre à la droite classique, mais que le FN adopte avec enthousiasme.

Au début des années 2000 il revient à la lutte “culturelle” avec le même projet de réhabilitation des idées d’extrême-droite et théorise l’usage d’internet et le concept de réinformation qui est aujourd’hui central (notamment chez le candidat E.Z. soutenu par Le Gallou).

Ce qui nous amène à l’état des lieux de la situation actuelle : les discours d’extrême-droite choquent encore, dans une certaine mesure, car la gauche a tout de même gagné du terrain, par exemple sur l’antiracisme, le féminisme et la lutte contre l’homophobie. C’est là que le concept de réinformation entre en jeu : il a plus à voir avec la propagande qu’avec l’information et tente de répondre au besoin, pour l’extrême-droite, de faire accepter des idées qui ont été inacceptables pendant des décennies. 

La réinformation fonctionne de pair avec une stratégie de victimisation, notamment le fait de se dire censuré alors qu’on les entend partout, ou encore de se revendiquer “dissident”. Ce terme renvoie à la dissidence en Union soviétique et permet de se présenter comme des libre-penseurs face à une dictature qui prend les allures de la démocratie. Il est donc important de ne pas se faire avoir par ce sophisme : “si on était vraiment dans une démocratie, nos idées (racistes, sexistes, etc) ne seraient pas inacceptables”.

On voit bien en effet que quand des personnalités d’extrême-droite se revendiquent de la liberté d’expression, c’est leur liberté d’expression à eux qu’ils défendent et
pas celle des groupes sociaux que l’on n’entend jamais ! Face à ces stratégies qui retournent complètement la réalité des inégalités, il faut se rappeler qu’à gauche on défend un monde égalitaire, que c’est une lutte de chaque jour et que ce n’est jamais
vraiment acquis.

Et enfin, n’oublions pas qu’on n’a pas à débattre avec l’extrême-droite,
tout simplement parce qu’on n’a rien à lui dire !

SEMAINE ANTICOLONIALE ET ANTIRACISTE 2022

La Semaine Anticoloniale existe depuis 2006 au sein du réseau Sortir du Colonialisme, né suite à la mobilisation contre la loi du 23 février 2005 qui prétendait que la colonisation avait eu des aspects positifs. Le réseau avait pris une grande ampleur et regroupait horizontalement une cinquantaine d’associations et d’organisations à l’échelle nationale et internationale. Le salon anticolonial était devenu un carrefour au sein du combat anticolonialiste et antiraciste. Il représente un moment de rencontre important et permet de donner la parole à celles et ceux qui en sont privé·e·s tout au long de l’année, à celles et ceux aussi que le capitalisme et l’impérialisme veulent faire taire.

Durant un week-end, des débats côtoient des projections de films, des présentations d’ouvrages et des expositions, en invitant auteurs, réalisateurs et militants autour des différents stands de collectifs impliqués dans ces luttes. En 2019, la perte d’une membre importante et la situation sanitaire ont affecté profondément le réseau et ses activités. Grâce à la restructuration récente, avec un nouveau comité d’organisation, le Salon Anticolonial va enfin reprendre forme et l’évènement sera organisé pleinement, en présentiel. Rassembleur comme toujours et au cœur de nos combats plus que jamais d’actualité. »

Cette année, la semaine se tenait du 12 au 13 mars 2022 à la parole errante à Montreuil. Quelles alternatives face à l’inaction de la France et de la communauté internationale ?

Organisé par la Plateforme pour la Solidarité avec le peuple du Sahara Occidental,
CSIA (Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques), CSPB (Comité de
Solidarité avec le Peuple Basque).
Avec : Gilles Devers (avocat), Mohamed Sidati (représentant en France du Front
Polisario), Rock Haocas (responsable des relations internationales du Parti travailliste de Kanaky), Mohamed Nabhane (CDISCOM – Comores) et Pablo pour le pays Basques.

Dans cette émission, nous diffusons la présentation qui a été faite lors de la semaine anticoloniale et antiraciste sur les alternatives pour les peuples en lutte pour leur auto-détermination face à l’inaction de la France et de la communauté internationale. Les limites se retrouvent au niveau du droit auprès des nations unis et au niveau du droit international. Mais au-delà des limites que pose le recours au droit, les peuples continuent de lutter pour leur liberté.

Cette présentation était assurée par Gilles Devers qui est avocat du droit international qui a notamment travaillé sur la Palestine et le Sahara occidental.

LES SERVICES PUBLICS : l’école, la santé, la poste

L’émission de ce jour, reviendra sur les différentes menaces qui pèse sur l’avenir des services publics en France comme en Europe. Pour illustré ce sujet, dans l’émission de ce jour, nous vous proposons trois reportages.

Tout d’abord, la situation à l’école élémentaire pasteur de Saint-Denis

Le 4 avril, 6 des 19 enseignant·es de l’école élémentaire Louis Pasteur
à Saint-Denis ont appris qu’ils et elles allaient subir une mutation «
dans l’intérêt du service », dans les jours à venir.Cette décision des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN 93) est la suite d’une série de maltraitances institutionnelles.

À la rentrée 2021, après une année sans direction d’école où l’équipe a dû porter seule les charges administratives, une nouvelle directrice a été nommée par la direction académique. Très rapidement, celle-ci a mise en place des pratiques managériales allant contre le fonctionnement collectif et coopératif de l’équipe et ne prenant jamais en compte l’intérêt des enfants.

Ils·elles ont appris par la suite que la directrice entretenait des relations avec
l’extrême-droite. Aujourd’hui, l’institution, au lieu de protéger les enseignant·es comme il est de son devoir (les demandes de protection fonctionnelle sont restées sans réponse), les réprime violemment et collabore ainsi avec l’extrême-droite !

En prenant cette décision de muter de force des enseignant·es investi·es
auprès de leurs élèves (certain·es sont en poste depuis plus de dix ans
dans l’école) sous prétexte d’une volonté de retour à la « sérénité de
l’école », l’administration prive les élèves de six classes de leur
maître·sse en plein cours de l’année scolaire et désorganise ainsi le
service public d’éducation.

Les enseignant·es de l’école, les parents d’élèves et plusieurs syndicats du 93 appelaient à un rassemblement en soutien aux “6 de Pasteur” le 12 avril dernier devant la DSDEN à Bobigny.”

L’équipe de l’actualité des luttes, se trouvait dans le rassemblement et nous pourront entendre les différentes prises de parole et une interview réalisée avec une enseignante qui nous parle de la situation à Louis Pasteur.

LE 7 AVRIL 2022, Le collectif notre santé en danger, le collectif inter-Urgences, le collectif Stop aux brevets-Réquisitions et le Réseau Santé européens organisaient une manifestation, à l’occasion de la journée mondiale de la Santé, pour interpeler le gouvernement français sur la situation du secteur de la Santé, en France et en Europe.

Dans ce second reportage, nous vous diffusions les entretiens réalisés avec des syndicalistes Belges, majoritairement présent dans le cortège parisien et il nous parle de la situation du secteur de la santé et des services publics en Belgique.
À signaler la faible participation des confédérations syndicales française dans la manifestation parisienne.

Nous terminerons cette émission sur le droit syndical à la poste et pour cela nous nous rendrons à Issy-Les-Moulineaux, ou Le 28 mars dernier était organisé un rassemblement de soutien à Xavier, postier syndicaliste à SUD PTT 92, pourtant protégé, convoqué pour son Entretien Préalable a Licenciement pour prises de parole et activité syndicale.

RETOUR SUR LA RÉSISTANCE DES PEUPLES EN UKRAINE

Moscou, 2014 : Des anarchistes défilent contre l’agression russe.

Depuis le début de la guerre, une multitude d’initiatives d’auto-organisation et d’autodéfense fleurissent sur le territoire ukrainien. Des milliers de gens « normaux », des étudiantes, des infirmiers, des boulangères, s’organisent dans leurs quartiers et dans leurs villages pour défendre leurs terres, assurer le minimum vital dans les villes, organiser l’exil, soigner les blessés, nourrir celles et ceux qui restent, etc.

Nous défendons un internationalisme par en bas qui, fidèle à nos principes et avec nos moyens, entend soutenir en Ukraine ou en Russie celles et ceux qui résistent en défendant des valeurs émancipatrices et égalitaristes.

Loin de soutenir les brigades d’extrême droite qui, comme le bataillon Azov, entendent renforcer leur prestige avec leurs exploits guerriers. Aussi, n’oublions pas qu’en Russie aussi, malgré une répression de plus en plus implacable et des milliers de personnes emprisonnées depuis le début de la guerre, des voix s’élèvent pour s’opposer aux massacres du régime de Poutine.

Enfin, rappelons que si nous exigeons bien sur un accueil inconditionnel pour les réfugié.e.s ukrainien.ne.s fuyant les horreurs de la guerre, cette exigence ne se limite pas aux peuples d’Ukraine, mais bien à tous celles et ceux à la recherche d’une vie meilleure, qu’elles. Ils soient syrienne, afghan, sénégalaise, soudanais ou d’ailleurs.

Si dessus le texte d’introduction de la cantine syrienne qui ouvrait cette journée. Dans l’émission de ce jour, nous pourrons entendre une grande partie de la discussion qui suivait la projection du film : Maïdan de Sergeï Loznitsa. Cette discussion, intitulée : Retour sur la résistance des peuples en Ukraine, réunissait ; Daria Saburova (chercheuse ukrainienne), Coline Maestracci (chercheuse), une membre de la Cantine Syrienne de Montreuil et un membre des Communaux. La rencontre se tenait à la ‎La Cantine Syrienne de Montreuil le 9 avril 2022.

Mais nous commencerons cette émission par quelques minutes sur les occupations d’universités, notamment la Sorbonne à Paris, suite au résultat du premier tour des élections présidentielles.

Bonne écoute !

GRÈVE A AMAZON/ RSI DPD ET CHRONOPOST DEVANT LE MINISTÈRE DU TRAVAIL/ MOBILISATION CONTRE LA MISE EN SERVICE DE OUIGO TRAIN CLASSIQUE

Depuis plusieurs jours, les salariés des huit grands centres logistiques que compte la filiale française d’Amazon sont en grève, à l’appel d’une large intersyndicale, pour réclamer de meilleurs salaires.

Le 7 avril dernier, un meeting de lutte était organisé pour penser la lutte après la présidentielle et ceux quelque soit les résultats de ces dernières. En présence de syndicalistes, d’acteurs des Luttes et d’intellectuels. Étaient présents les grévistes d’Amazon et dans ce premier reportage, nous entendrons la parole d’un des grévistes.

Le mardi 12 avril 2022, les grévistes sans-papiers de RSI, de DPD et de Chronopost (ces deux derniers sont des filiales de La Poste) étaient rassemblés devant puis aux abords du ministère du Travail. Et en marge de ce rassemblement ont été reçus par un fonctionnaire de ce ministère.

Cela fait maintenant près de six mois qu’ils ont en grève pour obtenir leur régularisation par le travail. Après de nombreux rendez-vous et rassemblement infructueux devant les préfectures du 91,92,94, ils ont décidé de changer de tactique et de se tourner vers ce ministère après des fins de non-recevoir de la part de celui de l’intérieur. Malheureusement, on craint une partie ping-pong entre les deux ministères, car celui du travail dit ne pas être compétentes. Nous entendrons dans ce reportage notamment la parole des grévistes et d’inspecteurs du travail.

Le 11 avril dernier s’est tenu un rassemblement à l’appel de Sud Rail et de la CFDT Cheminot pour retarder le départ en gare d’Austerlitz du premier train Ouigo classique. Cette offre tarifaire de la filiale low cost TGV de la SNCF vise à “compléter” l’offre intercités et Corail en mettant les Cheminots de cette branche de la SNCF sous statut privé ( CDI,CDD,etc) donc créé un nouveau dumping social au sein de la compagnie ferroviaire nationale.

Dans cet entretien, c’est Fabien Villedieu, de SUD-Rail, qui nous parle du moins-disant sur les conditions sociales de cette nouvelle filiale de la SNCF.

Nous terminerons cette émission par une note d’humour par l’entremise de Pierre-Emmanuel barré.

CONTRE LES PROJETS DE MÉGA-BASSINE : l’assemblée des rivières du 27 mars 2022

Bois de la Colombière sur le plateau de Beauregard VS travaux sur la retenue collinaire de la Feclaz (crédit : collectif Sauvons Beauregard)

Paysans, syndicalistes, naturalistes, militant·es écolo, de plus en plus de personnes veulent faire de la gestion de l’eau un sujet de société et obtenir un moratoire sur les projets de méga-bassines.  

En ce début de printemps 2022, un nouvel appel à mobilisation a été lancé par les organisations Bassines Non Merci, les Soulèvements de la Terre et la Confédération Paysanne, pour un rassemblement du 25 au 27 mars dans la commune de La Rochénard. Un territoire symbolique puisque les habitant·es de La Rochénard subissent déjà des restrictions d’eau, un phénomène qui va s’aggraver avec la réalisation de six bassines autour de la commune. 

Ce samedi 26 mars, plus de 7 000 personnes se sont rassemblées dans les Deux-Sèvres à la Rochénard, une mobilisation d’une ampleur inédite contre les projets de méga-bassines qui accaparent l’eau dans la région. La manifestation s’est poursuivie par le démontage du réseau d’alimentation d’une future bassine, qui prélèvera l’eau au détriment des besoins des habitants de Vallans en eau potable.

Dans l’émission du 6 avril dernier (à retrouver sur ce site) nous vous faisions partager cette journée de manif action du 26 mars.

Le dimanche 27 mars, se tenait Une assemblée des rivières pour coordonner la défense de l’eau sur les différents territoires français, les échanges sur les pratiques agricoles et le partage de l’eau avec l’intervention de collectifs et de syndicats paysans, d’habitants.es du Marais poitevin et d’ailleurs, de naturalistes et de scientifiques.

Ce sont les interventions du dimanche matin, que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.

Interviendront tour à tour : le collectif de la clusaz, Loire Vienne zéro nucléaire, la coordination eau Île-de-France, le collectif eau Vittel 88 et nous terminerons avec les soulèvements de la mer.

Bonne écoute !

Pour plus d’info :

http://collectif Loire Vienne Zéro nucléaire

https://www.facebook.com/coordination.eau.iledefrance/

https://www.leauquimord.com/collectif-eau-88/

https://www.facebook.com/soulevementsmer/

SUITE À L’ARTICLE DE FLORENCE AUBENAS SUR JÉRÔME LARONZE

Florence Aubenas, figure typique de cette gauche bien pensante, fait des enquêtes fades, sans points de vue et de ce fait vont dans le sens de la pensée dominante, mais tintée d’humanisme. Elle a été journaliste à Libération en 1986. En 2005, elle est enlevée à Bagdad en compagnie de son fixeur, Hussein Hanoun al-Saadi. En 2009, Florence Aubenas est élue à la tête de l’Observatoire international des prisons – section française (OIP-SF), poste qu’elle occupe jusqu’en juin 2012.

Dans les deux livres qu’elle à écrit, elle nous révèle ce que nous savons déjà et ce que disent bien mieux qu’elle les femmes de ménage et les habitants d’un village quand le micro leur est tendu. Mais aujourd’hui, nous parlerons plus précisément d’une série d’articles que Florence Aubenas a publiée dans Le Monde, du 17 au 23 août 2021, à propos de la vie, des combats et de l’assassinat par les gendarmes de Jérôme Laronze.

Jérôme Laronze était un paysan combatif qui s’est fait saisir ses bêtes. Revenons sur ce drame en écoutant une émission réalisée en 2017 avec Pierre qui fait partie du collectif Hors norme.

Décidément ces articles de Florence Aubenas n’ont pas plu, mais pas plus du tout, à une partie du collectif Hors norme, qui lui a écrit des lettres auxquelles elle n’a pas dénié répondre. C’est un crachat sur Jérôme, sur les paysans qui se battent pour continuer à travailler, rester autonome.

Pendant que les petits paysans subissent un acharnement de la part de l’administration, les entreprises agroalimentaires enchaînent les scandales sanitaires Ferrero, Buitoni, Graindorge… Alors que les alertes sanitaires concernant des aliments industriels contaminés s’enchaînent, l’ONG Foodwatch dénonce le manque de moyens des autorités de contrôles sanitaires en France ainsi que « l’opacité » des géants de l’alimentaire.

Le 5 avril 2022, le groupe Ferrero a été obligé de rappeler des lots de produits Kinder, en raison de présence de salmonelle. Déjà en décembre, Ferrero était épinglé pour des cas de salmonelles dans l’usine belge d’Arlon.

Mardi 6 avril, ce sont six fromages commercialisés par plusieurs grandes enseignes qui ont été rappelés, dont un brie et des coulommiers, car ils contenaient la bactérie responsable de la listériose, une infection alimentaire meurtrière dans 25 % des cas.

Et c’est au tour de Buitoni! Alors que depuis début janvier, ont été dénombrés, les terribles décès de deux enfants et pas moins de 75 infections par la bactérie E. Coli, c’est seulement maintenant, soit quatre mois après les premiers signalements, que les pratiques déplorables en matière d’hygiène du fabricant Nestlé se confirmer, deux inspections officielles ayant récemment mis en évidence un niveau dégradé d’hygiène alimentaire dans l’usine.

Lettres ouvertes, présentes et posthumes, en réponses aux articles de Florence Aubenas à propos de la vie, des combats et de l’assassinat de Jérôme Laronze, publiés dans Le Monde, du 17 au 23 août 2021

La première lettre, personnalisée, ci-dessous a été envoyée en octobre au journal Le Monde et à sa journaliste Florence Aubenas ; mais est restée sans réponse.

Le 1er octobre 2021, Madame Aubenas, Du 17 au 23 août, vous publiez dans Le Monde 6 articles, à raison d’un par jour, retraçant l’histoire de Jérôme Laronze, éleveur bovin de Saône-et-Loire, mort sous les balles de la gendarmerie le 20 mai 2017. Je ne peux m’empêcher en lisant vos articles, Madame Aubenas, de me poser de nombreuses questions à propos du cheminement de votre réflexion au cours de votre enquête ainsi que des partis pris que vous avez choisi d’adopter.

Ces articles, issus d’un travail d’enquête pourtant approfondi, comportent de grossières omissions et déformations sur l’histoire de Jérôme Laronze ainsi que de nombreuses trahisons de sa parole et des combats qu’il menait. C’est pourquoi je voudrais prendre le temps de revenir sur quelques points précis qui m’ont particulièrement marqué et pour lesquels j’aimerai quelques explications.

Tout d’abord, aucune mention n’est faite des idées et de la lutte visionnaire et à contre-courant que menait Jérôme Laronze contre l’industrie, l’administration et sa traçabilité qui transforment aujourd’hui l’agriculture à coups de mises aux normes et d’encadrement administratif. Cette critique d’une campagne « puante », comme il la décrivait, est occultée au profit de la construction pleine de pathos et de littérature fleur bleue d’une ruralité éternelle, taiseuse, archaïque, arriérée mais tellement belle, au sein de laquelle Laronze n’aurait fait que dériver vers une folie radicalisée. Comment avez-vous pu faire un travail d’enquête aussi poussé sur une personne sans jamais citer une ligne de la lettre qu’il a écrite et envoyée, lors de sa cavale alors qu’il était caché et traqué ?! [lettre rare et à retrouver intégralement à la fin de ce document] Une lettre pourtant très claire, puissante et belle, un écrit de référence marquant une date et une prise de conscience dans les luttes paysannes. De plus, si vous ne faites aucune mention de la parole du concerné, l’administration et ses fonctionnaires ont, eux, largement voix au chapitre, signalant leur bonne foi en « [ayant] voulu l’aider ». Il semble pourtant nécessaire de rappeler que « l’aide » administrative s’est traduite par un harcèlement de plusieurs années, concrétisé par des contrôles encadrés de gendarmes, par une saisie d’animaux et une décision d’internement « pour son bien », l’obligeant à partir en cavale pour garder la parole. Rappelons aussi que les contrôles sont aujourd’hui reconnus illégaux par la justice et que l’un d’eux a donné lieu à la mort de 5 vaches noyées, ce qui n’apparaît à aucun moment dans vos écrits.

Par ailleurs, Madame Aubenas, vous vantez un soi-disant traitement de faveur que l’administration lui aurait proposé pour rétablir l’identification et la traçabilité de ses veaux en évoquant la possibilité qu’il lui a été accordé de procéder à des tests génétiques sur une partie de ses veaux seulement. Là encore les omissions sont scandaleuses quand vous vous attachez à ne faire aucunement mention des motivations pour lesquelles Jérôme l’a refusé, reléguant sous le tapis le combat ouvertement politique que menait cet homme, et vous dressez le portrait d’un fou arrogant et égocentré. Il est pourtant évident pour quiconque a suivi l’histoire de Jérôme Laronze qu’il ne souhaitait aucunement un traitement de faveur pour ne pas se compromettre dans les rouages d’une cogestion qui a historiquement servi avantageusement les responsables syndicaux. Il ne voulait aucunement s’abaisser à ces tests génétiques également pour dénoncer ces aberrations bureaucratiques là où toutes les preuves matérielles étaient déjà disponibles pour prouver que ses veaux étaient bien nés sur sa ferme et que ces défauts d’identification ne devraient jamais justifier l’abattage des animaux.

Enfin, je suis sidérée de voir la part belle faite à des organisations telles que les associations animalistes (OABA, Fondation Brigitte Bardot…) ainsi qu’à la Confédération paysanne, qui ont pourtant joué un rôle majeur dans la déchéance progressive qu’a vécue Jérôme. Pour commencer par les associations animalistes. Bien que la tendance de leur nouveau discours soit de s’inquiéter du sort des paysans, du « mal-être de l’éleveur », dans les faits ces associations dénoncent les paysans à l’administration, saisissent les troupeaux laissant l’agriculteur seul au milieu d’une ferme fantôme, les font condamner à de la prison, et les ruinent en réclamant des centaines de milliers d’euros de frais de pension et préjudices moraux au cours des jugements. Elles fabriquent, main dans la main avec l’administration, la disparition des paysans. Donner la parole à M. Freund, directeur de l’OABA, dans le cadre de l’histoire de Jérôme Laronze est une manière de le mépriser une énième fois, en laissant ce fossoyeur se parer de vertu, sans le moindre recul contradictoire de la part de la journaliste. Offrir la parole à Max Josserand, transporteur et marchand de bestiaux au service de l’OABA, est une autre insulte. Ce dernier, sous votre plume, vante son humanisme : « Je ne veux pas de sang. Pas de pendu à la poutre après une opération ». Avec un peu d’effort d’investigation, Madame Aubenas, vous auriez pu donner à voir un autre visage de cet infâme personnage. Il suffisait de consulter la vidéo de l’AG 2020* de l’OABA pour le voir se pavaner devant son public fanatisé : relatant une opération de saisie auquel il prend part, Josserand en vient à déclarer que si l’agriculteur s’était suicidé « ça ne serait pas grave », recevant pour ce bon mot l’acclamation du public.

De même, dois-je vous apprendre que la Confédération paysanne fut l’une des premières instances à abandonner Jérôme dans son combat. Marc Grozellier — cet ancien porte-parole départemental décrit avec tant de douceur dans vos articles — déclarait au Journal de Saône-et-Loire trois jours avant le meurtre de Laronze : « le cas de cet agriculteur est plus un problème de santé qu’un problème professionnel. […] Il a besoin de soins. » Quelques jours après sa mort, un communiqué national du même syndicat suggère qu’il a agi « au-delà de la raison ». La « Conf » qui est allée chercher Laronze pour son charisme et son franc-parler l’a finalement rejeté parce qu’elle n’acceptait pas d’être remise en question dans son rôle de cogestionnaire agricole avec l’État. Comble de la perversion, ce syndicat écolo a publié en 2018 son Guide des droits et devoirs en situation de contrôle avec une dédicace à Jérôme Laronze, lui qui contestait la légitimité des contrôles et refusait de se soumettre aux injonctions de l’administration. Pour finir, concernant les circonstances de sa mort, il n’y avait pas besoin d’être un détective aguerri pour comprendre que lorsque quelqu’un reçoit des balles dans le flanc et dans le dos, ce dernier était sans conteste en train de fuir et non en train de charger ses agresseurs. Alors lire que son assassinat par les gens d’arme n’est qu’une « hypothèse » est une injure de plus ainsi que la preuve d’un manque de courage politique et journalistique notable. Rendez-vous compte que par vos lignes, Madame Aubenas, vous tenter d’enterrer dans les archives de l’histoire officielle, écrite chaque jour dans les pages de votre journal de référence, l’histoire erronée et encore vivante d’un paysan visionnaire en lutte. Pourtant, je sais que vous connaissiez tous les éléments ci-dessus et vous avez choisi de les occulter. Nous sommes nombreux et nombreuses dans le milieu agricole à nous être reconnus dans les paroles de Jérôme Laronze, quand nous les avons découvertes après sa mort. Ce sont ses prises de positions qui nous ont donné le courage de ne plus nous taire et de poursuivre ce combat pour nous opposer à notre élimination.

C’est pourquoi vos articles suscitent en moi beaucoup de questionnements, auxquels j’espère vous voudrez bien répondre : Pourquoi vous avez autant donné la parole et la part belle aux détracteurs de Jérôme ? Pourquoi vous n’avez pas cité ni fait mention de sa lettre détaillée sur ces positions politiques ? Pourquoi avoir voulu écrire une série d’articles sur lui, pour finalement le faire passer pour un fou alors que vous aviez tout en votre possession pour comprendre ses choix(ce qui n’a rien à voir avec le fait d’y adhérer) ?

Dans l’attente de votre réponse, * https://oaba.fr/assemblee-generale2020-en-video/ Florence Aubenas et Le Monde ou comment ce journalisme de pouvoir utilise la vie et la mort d’un agriculteur pour vendre du papier en été. Tout en occultant les paroles et les combats de cet homme, Jérôme Laronze, qui s’est battu pour sa liberté et son autonomie et celle de ce qui reste de la communauté paysanne

L’été 2021 aura été l’occasion de lire un touchant drame paysan en feuilleton dans Le Monde au sujet de l’assassinat de Jérôme Laronze. Touchant, mais mensonger, par occultation choisie. Dont une essentielle que nous allons expliquer. Florence Aubenas avait pourtant rencontré d’autres sons de cloche que ceux de la DDCSPP, des associations animalistes et du syndicalisme réuni face aux critiques, pendant son enquête. Et, en particulier, elle a pu avoir tous les documents expliquant le parcours de Jérôme.

Notamment un, essentiel : la lettre de Jérôme Laronze écrite pendant qu’il était traqué et intitulée Chroniques et états d’âme ruraux**. Celle-ci s’achève très clairement ainsi : « Ne disposant pas suffisamment d’hypocrisie, je me suis abstenu de signer cette charte. » De quelle « charte » s’agit-il ? De la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, voici le passage clé de la lettre à ce propos : « Toujours dans la période 2015/2016, je participais aux réunions d’élaboration de la charte des contrôles en exploitations agricoles. Cela a débuté à la préfecture, sous la présidence du préfet. Je m’y rends sans a priori, riche de mon expérience et avec la volonté de construire quelque chose. Après la déception de découvrir que la chose n’était pas une initiative locale, mais une injonction de Matignon via la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, et que l’administration avait déjà bien ficelé le dossier avec la FNSEA (opérateur historique du syndicalisme agricole mais non représentatif et non majoritaire). Un modèle étant même en annexe de la circulaire. Un sentiment de complicité de tartuferie montait en moi alors qu’en même temps j’apprenais qu’en Saône et Loire 50% des notifications sont faites hors délais, me rassurant ainsi sur la pérennité de certains emplois. »

De quelle injonction de Matignon s’agit-il ? De l’article 3.3 signé Manuel Valls : « Les préfets de département établiront, d’ici le premier trimestre 2016, une charte des contrôles en agriculture afin de partager les bonnes pratiques entre la profession agricole et les différents corps de contrôles. Son élaboration doit être l’occasion d’échanges approfondis entre les parties concernées, afin de sécuriser le déroulement des contrôles, depuis la prise de rendez-vous jusqu’à l’information sur les constats et la suite de la procédure. Un modèle de charte figure en annexe à la présente circulaire. »***

Jérôme s’est trouvé isolé pour avoir explicitement refusé d’avaler la couleuvre d’une collaboration entre syndicats et gouvernement, de contribuer à sécuriser les contrôles qui sont un élément clef de l’écrasement des fermes. « Syndicats » au pluriel, comprenant la Conf’, puisque c’est comme (co)porteparole et représentant départemental de celle-ci qu’il s’était trouvé à participer aux réunions d’élaboration de la charte commanditée par le gouvernement. Voilà une des occultations délibérée à laquelle Florence Aubenas se prête dans son drame paysan qui vend du papier l’été, puisqu’elle savait. C’est une des informations qu’elle a cachée. Et c’était là le sens d’un des combats essentiel que menait Jérôme Laronze malgré l’isolement, l’abandon et la trahison mise en place par les cogestionnaires syndicaux de tous bords.

* https://www.lejsl.com/actualite/2017/05/17/la-confederationpaysanne-l-a-aide-mais

** https://larotative.info/jerome-laronze-chroniques-et-etats3390.html

*** http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2015/08/cir_39892.pdf

Quelques vaillants iconoclastes encore agri, 26 décembre 2021

Lettre de Jérome Laronze

Chroniques et états d’âmes ruraux Tué par les gendarmes le 20 mai 2017, Jérôme Laronze était éleveur bovin en Saône-et-Loire, Dans ce texte qu’il a écrit et envoyé à la presse, pendant qu’il était seul et traqué par les gendarmes et donc peu de temps avant son assassinat, il relatait l’acharnement administratif qu’il a subi et ses combats contre la traçabilité, un des outils de l’écrasement planifié des paysans, les artisans de notre satiété.

Nous sommes en septembre 2014 quand je reçois un courrier m’informant que mon exploitation fera l’objet d’un contrôle portant sur l’identification de mes bovins. Celui-ci se passera bien, et ne mettra en évidence aucun défaut majeur, juste des hors délais de notifications (déclaration des mouvements des animaux à l’EDE, Établissement départemental de l’élevage). Par la suite, sans doute frustrée d’une chasse si maigre, l’administration, via la Direction Départementale de la Protection des Population (DDPP) m’informe qu’à la vue de ces hors délais elle refuse de valider mes déclarations de naissances et exige que je prouve, à mes frais, les filiations mère/veau par des tests ADN, et que dans l’attente de ceux-ci mon cheptel est interdit de tout mouvement.

Quelques jours plus tard, en entretien téléphonique avec une agent de la DDPP, j’exposais mes réticences à justifier que la meumeu 9094 est bien la mère du veauveau 4221 par des méthodes relatives à l’identification criminelle. Cette personne me récita alors son catéchisme administratif et bafouilla quelques arguments que je mis facilement à mal ce qui me valut d’entendre que ce n’était pas grave et que si je refusais de me conformer à ses exigences, mes animaux entreraient en procédure d’élimination (entendez « abattus ») à mes frais et collectés par le service d’équarrissage puis de clore en déclarant cette phrase qui me revient quotidiennement en tête : « Moi je m’en fiche ce ne sont pas mes bêtes ». Pour avoir en d’autres temps côtoyé cette personne, je peux pourtant affirmer qu’elle est ni de sotte ni de méchante nature et me demande quel est le mal qui a corrompu son esprit. Si la Grèce antique avait ses rites et ses croyances, aujourd’hui, au nom de quels dieux, sur l’autel de quelles valeurs m’a-t-on promis l’hécatombe ? « Moi je m’en fiche, ce ne sont pas mes bêtes »

Dans la continuité, la DDPP me submergera de menaces, de mises en demeures, d’injonctions, d’intimidations et de contrôles sur ma ferme avec à chaque fois, toujours plus de gens en armes alors que j’ai toujours étais courtois et jamais menaçant. Ces manœuvres furent pour moi l’occasion d’observer des comportements inopportuns comme par exemple le jour où, venu me confisquer mes documents accompagnements bovins (DAB), la chef se plaira à taquiner les gendarmes au sujet de la signalétique défectueuse de leur véhicule, dans un comportement relatif à celui de l’adolescente cherchant à évaluer sa cote auprès des hommes, émettant éclats de rires et blagues analogues à celle du poulet aux amandes. N’a-t-on jamais appris à cette personne qu’il est des circonstances où la bonne humeur affichée des uns est une insulte faite aux autres ? Cela étant, si j’avais soupçonné un tel effet de l’uniforme, peut-être aurais-je moi-même passé ma tenue de sapeur-pompier volontaire. En outre, j’invite à une pensée compassionnelle pour ces gendarmes, dont le vieux véhicule souffrait de dysfonctionnements électriques généralisés, et qui ont pour de peu été contraints afin de le redémarrer de solliciter l’aide de celui qu’ils étaient venus intimider. Ultérieurement, souhaitant cocher les animaux présents sur sa grille d’inventaire, cette même personne s’agacera de n’en trouver aucun et se mettra à déblatérer jusqu’à que sa collègue vienne lui chuchoter que tout concordait et que, manifestement elle n’avait pas le bon inventaire. Si l’erreur est humaine et certainement imputable à un bureau surchargé de dossiers, en revanche, l’empressement à tirer de méchantes conclusions est, lui, lourd de sens.

Le 6 juin 2016, cette administration est revenue avec encore davantage de gens en armes qui m’encerclèrent immédiatement, et, après des salutations négligées de la part de tous ces importuns, toujours la même chef débuta par un rappel de sa liturgie administrato-réglementaire et, alors que je pensais la logorrhée arrivée à son terme, celle-ci m’annonça avec grande satisfaction les lourdes peines prononcées à mon égard et, avec tout autant de satisfaction, que le délai pour un éventuel appel était expiré. Plombé d’apprendre ainsi la perte de ma virginité judiciaire, mais face à une telle orthodoxie administrato-réglementaire, je déclarais néanmoins mon étonnement, en évoquant une surface marchande mâconnaise, que l’on pourrait nommer « intersection marché », qui a pendant deux semaines, en juillet 2015, au plus fort de la crise de l’élevage, fait une promotion sur la viande d’agneaux, en arborant au rayon boucherie un ostentatoire panneau de cinq mètres carrés, avec la mention « agneaux de Bourgogne » alors que la viande fraîche était irlandaise et la surgelée néo-zélandaise et que de plus, la viande de bœuf bénéficiait d’un étiquetage aussi approximatif que fantaisiste. Durant ma brève allocution, l’agent ne cessera d’afficher un mépris surjoué et me fera pour toute réponse un sourire des plus cyniques. J’ajoute aujourd’hui qu’une immense banderole vantait ce magasin comme étant le premier débit de viande du Mâconnais et que celui-ci, le siège de la DDPP, et le domicile de la très zélée fonctionnaire se situent dans un rayon de 3 500 mètres. Comprendra qui peut, mais voilà qui met en exergue que la bruyère et la ronze (ronce en patois de chez moi) ne sont pas du même côté du manche. À cette même époque, sous mandat syndical, je siégeais à la cellule d’urgence départementale mise en place pour la crise de l’élevage. A cette occasion, la directrice adjointe de la DDPP a présenté la mesure douze du plan de soutien à l’élevage, portant sur un renforcement des contrôles de l’étiquetage des viandes et sur les mentions trompeuses en grandes surface de 25 %. À cette annonce, je pris la parole pour signifier mon approbation et l’interroger sur les moyens financiers et humains mis à sa disposition pour atteindre ces objectifs. Non sans embarras, elle m’a répondu, pas un sous de plus, pas un agent de plus. En toute évidence, 25 % de zéro ne font toujours pas beaucoup plus que la tête à Toto !

J’en reviens à la journée du 6 juin 2016. Après avoir entendu moult menaces, intimidations et humiliations, les sinistres lurons ont décidé de faire un tour des pâtures. Arrivant dans une où paissaient plus de vingt bovins, les agents de la DDPP eurent fantaisie de les serrer à l’angle d’une clôture en barbelé et d’un ruisseau puis ont débuté la vocifération du matricule des animaux, qui, eux même paniqués par la meute hurlante, se sont précipités dans le ruisseau avec un fracas extraordinaire. Voyant que des animaux étaient en difficultés dans le ruisseau, je m’approchais de ceux-ci. La première réaction de la chef fût de me dire que cela était entièrement de ma faute, même si je me demande encore comment, puisque j’étais à 100 mètres de là sous le joug de matraques, tasers et autres fusils mitrailleurs. Toujours est-il que cinq animaux gisaient au fond du ruisseau, ayant abondamment bu la tasse et lourdement souffert du piétinement des presque vingt autres. J’ai donc, dans l’urgence et à mains nues, tenté de sortir les animaux. Les uns tirant sur les pattes, les autres donnant des coups de matraques, ou suggérant l’emploi du taser, Agents DDPP et gens en armes se joindront à moi en prenant bien soin de ne pas mouiller leurs chaussettes. Les uns tirant sur les pattes, les autres donnant des coups de matraques, ou suggérant l’emploi du taser et les fusils mitrailleurs devenant plus encombrants qu’autres choses… La nécessité d’un tracteur s’imposant, je suis rentré seul à la ferme en chercher un avec des cordes, et celles-ci en main, je me suis demandé s’il n’y aurait pas un usage plus radical à en faire en les associant à une poutre et à un quelconque point surélevé. Mais pour aboutir, la chose prend un certain temps et ne me voyant pas revenir, ils pourraient arriver avant. Et puis cette bande de dégourdis arrivera-t-elle à extraire les animaux sans moi ? Il est bon de préciser que cette pâture est mise en valeur par ma famille depuis le 19ème siècle et que jamais le moindre incident ne fût à déplorer sur celle-ci. Des suites de cet « incident », les cinq bovins périront. Là-dessus, la chef décidait d’interrompre le contrôle. Me trouvant seul avec elle (alors qu’elle prétendait avoir besoin de huit gens en armes pour garantir sa sécurité) qui changeait de chaussure, elle m’exprima tout le dégoût que je lui suscitais et m’insinuait, l’encombrant que j’étais pour la société. Chuchotant entre collègues, je les entendais dire que je n’avais pas l’air très gai et qu’il n’était peut-être pas prudent de me laisser seul et s’en allèrent. Une fois seul, puis hébété, je suis retourné voir les gisants et leur prodiguer quelques vains soins. J’ai déconnecté mes téléphones, ensuite entrepris de faire un peu de ménage dans la maison, ensuite, ce faisant, je me mis à penser à mon député et mon imaginaire me transporta dans une conversation avec lui dont voici la retranscription : Moi : Salut Thomas, ça me fait plaisir de te voir ! Assieds- toi, je vais déboucher une bouteille. T’as le temps maintenant que t’es plus ministre ! Tu sais que je me suis senti con d’avoir voté pour toi ! C’était ben du foutage de gueule ton histoire de phobie administrative, mais bon, dans l’urgence on peut comprendre. Allez santé ! Thomas : Tchin-tchin, in vino véritas ! Moi : Absit reverentia vero ! Tu sais, autant j’ai du mal à avaler ton histoire de phobie quand je vois ton parcours estudiantin, autant je suis disposé à croire que, totalement investi dans ton travail parlementaire, tu as négligé quelques impératifs administratifs parce qu’en tant que paysan, je m’y reconnais un peu.

Nous avons toujours une vache à soigner, une terre à labourer, de l’orge à moissonner, une vigne à tailler, une prairie à faucher et des fruits à cueillir alors, la paperasse, elle attend, parce que dans l’ordre naturel des choses le superflu ne commande pas au vital. Permets-moi de te dire que nous, les lois naturelles, nous y sommes tous les jours soumis, et quand on vit dans une république hors sol, qui ne cesse de vouloir les transgresser, ben tu peux me croire qu’on fait un putain de grand écart. Il nous est souvent reproché de ne pas être administrophile, et on s’adresse à nous comme à des demeurés qui ne comprendraient pas ce qu’on leur demande, alors que c’est justement parce qu’on comprend bien où que ça nous mènent qu’on a du mal à le faire. Aujourd’hui en agriculture, la pire calamité, c’est pas la sécheresse, ce n’est pas la grêle, c’est pas le gel, c’est la calamité administrative qui nous pond des textes qui profitent toujours aux mêmes, abscons, contradictoires, contre-productifs, absurdes qui sont l’antimatière du bon sens paysan !

Pis je vais encore te dire une chose, contrairement à certains parasites, qui officient dans la confidentialité d’immeuble maçonnais par exemple, notre travail il est à la vue et au su de tous, exposé le long des routes et des chemins, alors quand le paysan est en mesure de bien faire il en tire satisfaction, orgueil, amour-propre et accessoirement salaire, mais qu’advient-il lorsque celui-ci est mis en incapacité de faire ? En définitive, ce n’est rien d’autre que la persécution du vital par le futile. Tu sais Tom, il y pas si longtemps en France, la population comptait 50% de paysans et le sol 50 % d’humus, aujourd’hui, nous sommes 4 % et il reste pas bien plus d’humus dans le sol. Ben quand on sait qu’étymologiquement, humus est la racine du mot humanité, je me demande s’il y a encore beaucoup d’humanité dans notre société ! Moi, je pense que la république est une pute et la finance sa mère maquerelle ! Thomas : Tu peux pas dire ça, des gens se sont battus pour obtenir la république ! Moi : Et les Vendéens y ont plongé de leur plein gré dans la Loire ? Alors ferme ta gueule de franc-maçon et rebois un canon. Toi et ta bande à Flamby vous pouvez vous vanter d’avoir fait de la France un sacré pays de cocus ! Pis mon gars, si on compare nos négligences réelles ou supposées, ben on paye pas le même prix, toi tu vas tranquillement finir ton mandat, je ne peux pas te destituer, tu vas toucher ta retraite parlementaire, bien plus conséquente que celle de mon père qui a treize ans travaillait déjà, alors que moi, c’est taule, amende, pénalités et une partie de mon troupeau à la benne. Thomas (en riant la mine réjouie par le vin) : Oui, mais la France est un territoire ordonné sur lequel ne peut pénétrer n’importe quel terroriste ! Moi : Quand je dis que ce vin est un élixir de vérité ! C’est con j’aimais bien ta petite gueule de premier de la classe. Au début, moi j’aimais bien quand tu emmerdais Mcdo avec sa TVA et tes propositions de lois visant à moderniser la vie politique. J’ai pas fait la dépense de ton livre, mais si tu veux m’en offrir un exemplaire dédicacé, je le lirai avec l’attention qu’il mérite. Je sais bien que ta situation administrative était connue de tous les initiés, et qu’elle fût soudainement dévoilée quand ton mentor s’est fait débarquer de Bercy, mais il faut savoir que quand là-haut, vous vous faites des coups de putes entre putes, c’est nous en bas qui payons la note ! Ceci dit, avec le purgatoire que tu as subi, tu es peut-être devenu le moins pire de tous alors tourne le dos à ces crevures de libéro-libertaires, demande une investiture au Front National, je revote pour toi et je te casse pas la bouteille sur la tête. Mon ménage terminé, j’employais mon esprit à la rédaction d’une succincte lettre et à la clôture de mon compte sur le livre des visages. Après quoi, muni d’une corde et d’un tabouret, je me mis en route avec le dessein de mettre en œuvre le message subliminal de l’agent DDPP et pour destination la proximité de sa résidence. Manière de rendre à César les honneurs qui lui reviennent. J’arrive au crépuscule dans un joli village qui s’endort paisiblement. En m’approchant, je vois une belle demeure aux abords soignés, où l’on devine une vie de famille heureuse.

Rien de commun avec l’antre du diable, mais plutôt le chaleureux foyer du couple fonctionnaire et cadre de l’industrie agroalimentaire soumis au paradigme légalomarchand et heureux de l’être, tant que cela lui finance bâti ancien, piscine, voitures cossues, loisirs coûteux et chevaux de valeurs. Ici, le salaire de la terreur cumulé à celui de la spoliation des producteurs de lait est converti en un espace bucolique transpirant de bonheur. La nature est autorisée à s’y exprimer, tant qu’elle produit de beaux légumes, de beaux fruits, du bon miel et qu’elle ne porte pas atteinte à la rigueur du lieu. Un cadavre y ferait fausse note. Il y a, non loin de là, un cheval qui par tous ses moyens cherche à attirer mon attention. Je m’approche de lui, il se calme, je le câline et lui parle. La nuit est fraîche, le dessous de son crin me réchauffe les mains, son encolure le cou et son souffle le dos. Il reste là, immobile, ni moralisateur ni condescendant, ni traître ni lâche, n’obéissant qu’à lui-même, sa chaleur animale rayonne d’humanité, elle. Un instant, j’aurais voulu le chevaucher, sauter la barrière, mais le galop du meilleur pur-sang est bien dérisoire pour fuir l’absurdité du monde. Alors, ainsi installé, je pleurais sur le paradoxe du suicide qui satisfait ceux qui ne vous apprécient pas et est susceptible de peiner les éventuelles personnes qui vous apprécient. Je pleurais aussi sur la trahison de ma propre colère, celle que je ressentais aux funérailles de mes camarades d’école respectivement pendu et noyé. Car, outre la peine et la tristesse, je me souviens avoir été envahi de colère à leur encontre, de nous laisser avec notre chagrin et l’image de cette jeune femme effondrée sur la boite qui renfermée son petit frère, de n’avoir rien dit, de ne pas s’être battu autrement qu’en utilisant pour seule arme le sacrifice de leurs vies que la société rangera, avec leur dépouille, purement et simplement six pieds sous terre. Si je devais ici faire vivre leur mémoire, je parlerais de ce que sont les paysans. Ils étaient de ceux qui ne travaillent pas en priorité pour un salaire, mais pour l’amour du travail bien fait, du sillon droit, des animaux bien conformés, du cep bien taillé, du lait propre et de la couleur des blés, quitte trop souvent, et on doit le déplorer, à se laisser éblouir par l’agrochimie et autres doux leurres sources de douleurs.

Car ils sont là les vrais artistes, ces conservateurs du savoir-faire qu’au Japon on nommerait « trésor national vivant », les virtuoses de l’adaptation et les artisans de votre satiété. Ils existent encore les travailleurs, les opiniâtres, les taiseux, les humbles, les enracinés qui œuvrent en communion avec leur territoire et sont assassinés quotidiennement dans un crime silencieux Récemment encore, une enquête menée en lycée agricole indiquait que le revenu arrivait en lointaine position dans les objectifs de leur futur métier. Dans cette société du fric, quel avenir pour ces jeunes candides ? Mais si ceux-ci réclament rémunération de leur travail, qui le leur paiera ? L’État (qui paiera peut-être en 2017 les aides 2015 !) ? Bigard ? Lactalis ? Auchan ? Carrefour ? Qui est prêt à remettre 60 % de son pouvoir d’achat dans la nourriture ? Les précarisés de Macron ? Les syndicats qui soutiennent la paysannerie comme la corde soutient le pendu ? Si Elzéard Bouffier n’a eu qu’une existence fictive sous la plume de Giono, ils existent encore les travailleurs, les opiniâtres, les taiseux, les humbles, les enracinés qui œuvrent en communion avec leur territoire, ces paysans, ces artisans, ces soignants, ces maires, ces curés, ces institutrices, ces facteurs, ces épiciers … qui sont assassinés quotidiennement dans un crime silencieux, mais très réel lui. Apaisé par l’humanité de ce cheval, et ne pouvant trahir ma colère, je me suis, au chant des oiseaux diurnes, résigné à rentrer chez moi. L’inquisition républicaine viendra finir son contrôle, ne me laissant à l’issue de celui-ci que des carbones illisibles et des bleus à l’âme. Puis de manière aussi soudaine qu’inattendue, elle m’indiquera qu’après expertise de mon dossier, la très grande majorité des animaux figurant sur la liste de ceux à éliminer n’avaient pas lieu d’y figurer, qu’elle passait l’éponge sur les autres et que ma situation serait régularisée dans les plus brefs délais. Je laisse à chacun le soin de trouver les mots pour nommer et qualifier ceux, qui d’abord cognent et ensuite réfléchissent. A toutes fins utiles, je tiens les documents qui en attestent à la disposition de mes collègues paysans confrontés à cette procédure. Je fis quand même faire, à mes frais, quelques tests ADN qui confirmèrent l’honnêteté de mes déclarations. Celle qui, orgueilleuse d’avoir bloqué mes boucles à Mâcon, me dira sur un ton badin que mes boucles sont récupérables à l’EDE. Bien qu’étant en règle, je tardais à recevoir mes DAB, je téléphone donc à la DDPP où la chef de service me répond. Je lui fais immédiatement part de mon soulagement d’être régularisé, mais m’étonnais de ne pas recevoir mes DAB, et, de m’entendre répondre sur le ton maniéré, agaçant et méprisant qui lui est intrinsèque, qu’elle a effectué toutes les démarches, que cela ne la concerne plus, et qu’elle a autres choses à faire que de courir après les cartes vertes de M. Laronze, sur ce merci au revoir. Les mois passaient et je n’avais toujours reçu qu’une partie des DAB, quand j’ai appris que le reste s’était noyé dans les marécages administratifs des bords de Saône et personne ne savait quels DAB. De leurs coassements, les crapauds du marécage demandaient à moi, l’Al Capone de l’élevage qui nécessite d’être mis sous le joug de huit gens en armes, moi le faussaire qui doit prouver ses déclarations par des tests ADN, moi que l’on a mis à l’amende, moi le taulard sursitaire, de produirene liste des DAB me manquant et me les rééditèrent sur la bonne foi de celle-ci. Pour éclaircir l’image noire que mon propos peu donner de la DDPP, je vais ici citer les paroles de son directeur alors qu’en cellule d’urgence j’étais assis à sa gauche la plus immédiate : « J’entends bien ici tout le désarroi qui est exprimé, je prends bien toute la mesure des difficultés de l’élevage, j’en déduis l’impact psychologique sur les humains […] et naturellement la DDPP n’a pas vocation à venir compliquer les choses sur les exploitations. » Dans tout ça, cette usine à eau de boudin a sacrifié le bien-être animal dont elle est supposée être la garante en me mettant en incapacité de l’assurer sur ma ferme, et en jetant elle-même des animaux à la rivière pour voir aboutir les exigences d’une réglementation dont la genèse est un roman noir à elle seule (farine animale/vache folle) et qui n’évite pas les lasagnes à la viande de cheval. J’invite donc quelques vétérinaires ratés et pantouflés dans une administration à beaucoup d’introspection. Pour leur gouverne, je leur indique qu’ils sont des nains arrogants posés sur les épaules d’un colosse aux pieds d’argile, que j’invite à s’instruire de la fable des deux mulets. Constante dans ses incohérences, la DDPP m’ordonnait de souscrire à un suivi personnalisé payant auprès de l’EDE, sur qui pourtant, elle rejette la faute de l’envoi tardif des documents, alors voilà pourquoi un beau matin, un brave type de l’EDE que je connais et une très emmitouflée jeune femme (qui n’a pas jugé utile de se présenter) sont venus me faire signer les trois feuilles du contrat. Après un échange franc et courtois et refusant le café que je leur proposais, ils sont repartis avec douze morceaux de feuilles non signées. Dans les dommages en cascades, étant devenu un « client à emmerdes », mes vétérinaires ne souhaitent plus intervenir chez moi. J’étais pourtant l’un de leurs presque rares clients à régler ses factures à échéances exactes (un cabinet comme celui-ci a facilement un million d’euros d’impayés par les rues) malgré une situation économique devenue tendue en me disant qu’une fois tout cela fini, au moins, je ne serai pas brouillé avec eux. Les vétérinaires étant des partenaires importants dans la conduite d’un élevage. Je constate que ce cabinet à une façon très personnelle de rendre grâce. D’autant plus qu’au cours de successives acquisitions, fusions et absorptions, il est en situation de monopole sur mon secteur. Toujours dans la période 2015/2016, je participais aux réunions d’élaboration de la charte des contrôles en exploitations agricoles. Cela a débuté à la préfecture, sous la présidence du préfet. Je m’y rends sans a priori, riche de mon expérience et avec la volonté de construire quelque chose. Après la déception de découvrir que la chose n’était pas une initiative locale, mais une injonction de Matignon via la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, et que l’administration avait déjà bien ficelé le dossier avec la FNSEA (opérateur historique du syndicalisme agricole, mais non représentatif et non majoritaire). Un modèle étant même en annexe de la circulaire. Un sentiment de complicité, de tartuferie montait en moi alors qu’en même temps j’apprenais qu’en Saône-et-Loire 50 % des notifications sont faites hors délais, me rassurant ainsi sur la pérennité de certains emplois. À une autre date, voulant m’assurer de l’honnêteté de ce projet, je prenais la parole et, à franches coudées, mais avec sincérité et courtoisie, je commençais d’exposer mon point de vue quand, soudain, une petite sotte s’est dressée sur ses talons de six et m’a intimé l’ordre de me taire. En toute flagrance Iségoria ne présidait pas à la séance et Parrêsia n’y était pas la bienvenue. En revanche, lapalissades et autres exsudats du Pipotron étaient mis en éloges. Si Molière faisait dire à son bigot de Tartufe : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir », la république à ces dévotes qui veillent à ce que tout ne soit pas dit, car, peut-être que « par de pareils objets, les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées ». Sous son vernis de mesurettes et d’éléments de langage en novlangue orwellienne, cette charte n’apporte aucune sécurité aux contrôleurs, est avant tout un outil de communication au service de quelques hauts responsables, vers qui se tournent les médias quand un contrôleur se fait assassiner (les suicides de paysans corrélatifs à un contrôle sont très vite étouffés par l’administration et la profession) afin qu’ils puissent, la main sur le cœur, la bouche en cœur et en chœur évoquer la charte, et dire : « Nous avons tout fait pour éviter cela » et ainsi se disculper de toutes responsabilités. « Preuve est faite que visages dévots et pieuses actions nous servent à enrober de sucre le diable lui-même. » William Shakespeare Ne disposant pas suffisamment d’hypocrisie, je me suis abstenu de signer cette charte.

Printemps 2017. Jérôme Laronze paysan à Trivy entre Saône et Loire.

Lettre accessible à : https://larotative.info/jerome-laronzechroniques-et-etats-3390.html

Pour tout contact, contre les saisies d’animaux : collectifparias@gmail.com

Pour l’autodéfense agricole contre les normes industrielles et administratives : hors.norme@riseup.net

PRE-ASSISE DE LA PRESSE INDÉPENDANTE : du constat aux possibles

Image d’illustration : https://lagedefaire-lejournal.fr/la-carte-de-la-presse-pas-pareille-2021/

Alors que Bolloré parachève son empire médiatique entièrement dédié à l’extrême-droite, et en plein contexte d’une période électorale disons… tendue, ou gerbante, selon le point de vue, et une nouvelle guerre chaude-froide par-dessus le marché, l’idée est de réfléchir sur la place que peut/doit tenir le réseau médiatique indépendant dans cette période.

“Le 26 et 27 mars 2022, avait lieu à la librairie du Monte-en-l’air les : “Pré-assises Pré-Présidentielles de la Presse Pas Pareille”. Un événement se présentant comme un préambule aux véritables assises de la presse indépendante, devant se dérouler le 4 et 5 juin dans les environs de Nice.

Organisée par la rédaction du journal mensuel “Mouais”, ces discussions avaient pour objet de réfléchir à la situation de la presse indépendante, à la faveur de tables rondes thématiques.

Dans l’émission proposée ici, a été retenu des morceaux choisis sur l’état des médias dominants et leur rapport à l’extrême-droite. Tandis qu’une autre partie, la seconde de l’émission, s’intéresse aux possibles de la presse indépendante. Et plus particulièrement à la question de l’écosystème.”

GUADELOUPE : l’affaire des « grands frères » Crise sociale, répression et criminalisation judiciaire

Communiqué de presse des familles

Depuis le 17 janvier 2022, nos familles se trouvent projetées dans une injustice
sans précédent. À la suite de l’explosion sociale dans l’île à l’automne 2021, la répression judiciaire a ciblé sept « grands frères ». Ce sont nos proches, travailleurs sociaux et responsables associatifs, qui sont aujourd’hui incarcérés comme boucs émissaires.

Pour les avocats de la défense, les dossiers sont vides face à des accusations très lourdes.Ils dénoncent une violation délibérée des droits humains, des conditions de détention indignes et une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
***
En Guadeloupe, ce 17 janvier, à l’aube, Oneel, Lillow, Zébrist, Oneel, BB, Bwana, Samuel, et Didier ont été arrêtés par le Raid et le GIGN pour être placés en garde à vue quatre jours durant. Une spécificité que la justice réserve d’habitude aux affaires de terrorisme ou de grand banditisme. Le 21 janvier, le procureur de la République a annoncé leur incarcération lors d’une conférence de presse.

Les chefs d’accusation sont graves : « association de malfaiteurs en vue de commettre crimes et délits en bande organisée » et « extorsion de fonds », à l’encontre d’élus locaux et de responsables ou propriétaires de grandes enseignes commerciales. Mais le procureur a usé de nombreux conditionnels tout au long de sa prise de parole, pour mettre en cause la responsabilité présumée de nos maris, compagnons, pères, fils, frères dans l’organisation des émeutes en novembre et décembre dernier.

Ils sont à ce jour maintenus en détention provisoire et toute communication avec eux nous est interdite ; ni parloir, ni téléphone, ni courrier. Il est temps pour nous de rétablir la vérité !

Ces grands frères sont des hommes de 33 à 52 ans, investis dans le dialogue quotidien pour convertir la colère et le désespoir des jeunes en revendications légitimes. Ils sont impliqués dans des actions concrètes afin de permettre à celles et ceux qui sont victimes des inégalités sociales de retrouver dignité et pouvoir d’agir.

Leur engagement, c’est l’insertion ou la réinsertion socio-professionnelle, l’organisation d’événements culturels et d’opérations caritatives et de solidarité, l’aide à l’accès aux droits, des campagnes de prévention et des interventions de jour comme de nuit en cas de conflits, parfois armés, entre jeunes. Leur dévouement prend souvent le pas sur leur vie personnelle et familiale. Ils se battent pour que la Guadeloupe se pacifie et que les plus démunis ou délaissés soient pris en compte par notre société. Et les résultats de leur investissement sont connus de tous : habitants, politiques et relais institutionnels. Ils n’avaient donc aucun intérêt à répandre le désordre.

Pourquoi mettre en cause le travail avec les élus ? Les grands frères ne peuvent pas être à l’origine du mouvement social que connaît l’île depuis l’année dernière, ni de toutes les actions qui en ont suivi. La population s’est soulevée de son propre chef. Il est important de rappeler que, depuis des années, ce sont les élus politiques eux-mêmes qui font appel aux grands frères pour contrer la délinquance et garantir la tranquillité publique.

Depuis 2013, l’État a initié la campagne citoyenne « Déposons les armes » pour la restitution des armes personnelles à la police ou à la gendarmerie. Sans le relais et l’appui des grands frères, cette politique d’apaisement et de désescalade serait restée une coquille vide. Cette coopération a été menée au grand jour, comme récemment avec la diffusion publique des séances de travail. Il est donc très surprenant que, pour justifier aujourd’hui la détention de sept hommes, l’enquête judiciaire incrimine cette concertation avec des élus qui ont réfuté toute thèse d’extorsion, de pression ou d’agression. Dossiers vides et violations des droits humains : le choix de la répression.

Pour l’ensemble des avocats, la fragilité des éléments retenus par l’accusation ne permet pas de justifier une détention provisoire. Quelques jours après les arrestations, les présumées victimes d’extorsion de fonds ont affirmé qu’aucun des mis en examen n’avait tenté de leur extorquer quoi que ce soit. De plus, les avocats précisent que les écoutes téléphoniques présentées comme déterminantes par l’accusation sont en réalité des extraits de conversations en créole, tirés de leur contexte et traduits à charge contre les grands frères.

Mais surtout, les avocats dénoncent des violations délibérées des droits de la défense et des droits humains, compte tenu de l’indignité des conditions de détention. Les mises à l’isolement, les blocages de la plupart des communications, les obstacles opposés à l’accès aux soins, les transferts en métropole, tout est fait pour écarter et briser des hommes que l’on considère comme déjà condamnés.

Aussi, en accusant nos proches d’être les meneurs d’émeutes, le procureur appuie la division parmi les habitants, renforce la méfiance à l’égard des élus et vise à délégitimer et criminaliser une protestation massive de la population et particulièrement l’irruption inédite de la jeunesse dans les enjeux politiques guadeloupéens. Une mobilisation à laquelle l’État ne sait répondre autrement que par la contrainte, la force et la répression violente.

Aujourd’hui, nos sept familles sont en grande souffrance et nous tentons de briser le silence médiatique sur nos réclamations et nos revendications.

À travers ce communiqué, nous, les familles de, Samuel, Lillow, Zébrist, Oneel, BB, Didier, et Bwana lançons un appel à toutes et tous pour relayer, soutenir et diffuser notre lutte à travers vos médias et réseaux sociaux. Nous vous appelons à nous rejoindre, toutes et tous ensemble, pour obtenir vérité et justice, pour les grands frères, pour notre jeunesse, pour la Guadeloupe.
***

Dans le sens de cet appel, l’émission de ce jour est construite en collaboration avec l’Envolée et met en avant, à travers la répression que subissent les “grands frères”, comment la gestion de la crise sociale en Guadeloupe est exclusivement sécuritaire.

Pour cela, nous vous diffuserons deux reportages réalisés en Guadeloupe lors d’une journée de soutien pour les inculpés le 5 mars 2022, dans lequel vous pourrez entendre un membre de l’association JPMC crée par Frédéric Dumesnil ( un des grands frère incarcéré), puis son avocate Gladys Democrite qui revient sur l’ensemble de la procédure mais aussi sur la place du système carcéral.

Ensuite nous diffuserons l’interview de Ludovic Tolassy du collectif Moun Gwadloup avec qui nous discuterons à la fois de la répression qui s’est abattu sur l’ensemble des participants aux mobilisations et qui nous fera par de son constat sur la situation sociale actuelle.

LES AESH DU 94 POURSUIVENT LA LUTTE / LA GRÈVE CONTINUE A L’EHPAD LE CHÂTEAU DE NEUVILLE SUR OISE

Les accompagnant-es d’élèves en situation de handicap (AESH) du Val-de-Marne, avec l’appui de l’intersyndicale FO-FSU-CGT-SUD souhaitent que la mobilisation entamée dans le département puisse désormais s’élargir aux autres départements, notamment ceux d’Ile-de-France.

Nous travaillons au quotidien dans les classes de vos enfants, pour aider les élèves en situation de handicap dans les apprentissages. Nous faisons souvent ce travail depuis plusieurs années, sur des temps partiels de 21 heures qui nous sont imposés et rémunérés 728 euros par mois, soit sous le seuil de pauvreté (57% du SMIC, à peine 160 euros de plus que le RSA).

Ce 10 janvier 2022, débute dans le val-de-marne une grève qui se poursuit. Pour faire le point sur ce mouvement, nous accueillons dans cette première partie d’émission, Magalie Trarieux, enseignante et déchargée syndicale au SNUIPP-FSU du Val-de-Marne et en charge du secteur des AESH.

Pour le soutien financier : https://www.leetchi.com/c/caisse-de-solidarite-avec-la-greve-illimitee-des-aesh-du-val-de-marne

Le 3 janvier 2022, commence une grève des salariées de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) privé du Château de Neuville-sur-Oise, dans l’agglomération de Cergy.

Le 10 mars dernier, nous rencontrions les salariées grévistes sur le piquet de grève situé devant l’établissement(voir notre émission du 21 mars 2022).

Les quelques séquences, qui se sont déroulés depuis :

-Médiation entreprise par l’inspection du travail, trois rendez-vous stériles sur des aspects réglementaires et conventionnels.
-La direction ne s’est pas présentée à la 4ᵉ médiation et a informé l’inspection de son arrêt.
-Rupture du dialogue qui n’existait déjà plus depuis très longtemps. Le dialogue social n’existe par pour la Société de portefeuille EPINOMIS.

-L’établissement est accompagné dans ce sens depuis 15 mois par l’inspection du travail, sans aucune avancée, bien au contraire un véritable pourrissement.

Du harcèlement caractérisé des représentants du personnel (deux mises à pied en vue d’un licenciement retoqué par l’inspection du travail), les poursuites sont d’ailleurs toujours en cours (recours ministère du Travail).

Pour cette seconde partie d’émission, nous serons en compagnie de Siham, infirmière, déléguée CSE (comité social et économique) et déléguée syndicale CGT de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) privé du Château de Neuville-sur-Oise qui nous parlera de la suite de cette grève.

Pour les soutenir sur le piquet de grève : EHPAD Château de Neuville 4 Rue Joseph CORNUDET 95000 Neuville sur Oise

CONTRE LES PROJETS DE MÉGA-BASSINES : manif action du 26 mars dans le marais poitevin

“UN PRINTEMPS MARAÎCHIN CONTRE LES MÉGA-BASSINES”

Le Marais poitevin assiste, ces dernières années, au réveil d’un combat vital autour de l’eau.

Sur ce territoire humide remarquable, l’agro-industrie a décidé de lancer une vaste entreprise d’accaparement de l’eau au détriment de la qualité et du partage de ce bien commun. Avec le soutien actif de l’État, des dizaines de « méga-bassines » menacent d’être construites !

Ces ouvrages de stockage hydraulique massif ont pour but de maintenir coûte que coûte l’irrigation intensive de monocultures destinées, pour l’essentiel, à alimenter la spéculation sur les marchés internationaux et les usines de méthanisation.

Financée avec de l’argent public, c’est la solution catastrophique soutenue par Macron et son gouvernement pour sauver un mode de production agricole destructeur, dopé aux pesticides, face au changement climatique et ses sécheresses.

Malgré les alertes, les travaux ont commencé l’automne dernier sur le territoire du Mignon, au sud du Marais poitevin. En réaction, nous étions des centaines, le 22 septembre, à converger pour entraver la construction de la « méga-bassine » de Mauzé et faire valoir l’existence d’alternatives. Puis, des milliers, le 6 novembre, pour la prise et le démontage de la bassine illégale de Cramchaban.

La résistance à ce projet résonne désormais au-delà du territoire des deux Sèvres. De plus en plus de personnes, prennent la mesure de la dangerosité de cette opération d’accaparement et du risque de sa généralisation.

Avec l’échec des pseudo-concertations sous forme de « Protocoles » et le recours aux dérogations, la collusion entre les agro-industriels, La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) en tête et le gouvernement est aujourd’hui claire.

Les « méga-bassines » ne tiennent désormais plus qu’au nombre de gendarmes employés à les défendre. Il faut se donner les moyens de préserver les rivières et l’agriculture paysanne et stopper ces projets socialement et écologiquement injustes !

L’actualité des luttes fut présente sur la manif action de se 26 mars 2022 dans le marais Poitevin et dans le village de la Rochénard, qui accueillait cette mobilisation. Dans l’émission de ce jour, outre l’ambiance de cette journée, nous entendrons l’entretien réalisé avec des syndicalistes de la confédération paysanne pour nous parler de ce projet de méga-bassines.

Nous poursuivrons avec des sons d’ambiance et prises de parole, notamment avec un paysan Espagnol. Puis nous terminerons ce reportage avec un entretien réalisé avec Amandine Pacault, co-porte-parole de la confédération paysanne des Deux-Sèvre, qui nous donnera son sentiment sur cette journée.

UKRAINE : journée de soutien a la résistance

En vue de la journée de soutien à la résistance populaire en Ukraine organisé par le média Tous dehors et la Cantine syrienne qui aura lieu le 9  avril à l’AERI, nous vous diffusons aujourd’hui des reportages, lecture de texte et interview sur la diversité des questions qui peuvent être soulevé par la guerre en Ukraine.

Tout d’abord, nous vous diffusons un montage réalisé à partir des prises de paroles qui avaient lieues le jeudi 17 mars, au Marbré, à Montreuil, lors de l’événement organisé par le collectif russophone contre la guerre.

Dans cet événement était abordé la Russie contemporaine de Poutine – le système politique, la dictature, la violence policière et la censure. De cette façon, ils voulaient montrer ce que Poutine apporte à l’Ukraine et a déjà apporté à de nombreuses régions occupées. La narration était accompagnée de séquences vidéo, suivie d’une discussion autour de la résistance anarchiste à l’invasion russe.

Ensuite nous diffusons la lecture d’un texte publié dans la revue Contretemps le 16 mars et rédigé par Daria Saburova ( militante et étudiante ukrainienne). Cet article décrit précisément la guerre vue d’Ukraine et la façon dont une partie de la population ukrainienne rejoint la résistance, en particulier les unités territoriales de défense : une vaste mobilisation populaire.

Dès lors, Daria Saburova  adresse un certain nombre de questions à la gauche anti-impérialiste, notamment sur l’aide militaire pour la résistance populaire. Faute de quoi, selon elle, le salut internationaliste et la solidarité témoignée au peuple ukrainien risquent de demeurer abstraits. Daria sera présente et animera une partie de la discussion qui aura lieu le 9 avril dans les locaux de l ‘AERI à Montreuil.

Nous terminerons cette émission avec l’interview de Roland Desbordes, membre de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), faite pour la nuit blanche de la radio Fréquence Paris Plurielles contre la guerre, dans lequel il explique la veille sur la radioactivité que l’association effectue et surtout depuis le début de la guerre en Ukraine : les risques spécifiques d’avoir des centrales nucléaires dans une zone de guerre et l’exception nucléaire dans les “sanctions économiques” de l’UE contre la Russie, alors qu’EDF continue de faire affaire avec Rosatom.

Lire les articles en entier :

Info sur l’événement : https://www.facebook.com/events/677229700089146?ref=newsfeed

Texte de la cantine syriennehttps://cantinesyrienne.fr/ressources/les-peuples-veulent/guerre-en-ukraine-10-enseignements-syriens

LES GROUPES D’ENTRAIDE MUTUELLES

Dans cette émission, on vous diffuse une rencontre autour de l’existence des Groupes d’Entraides Mutuelles, des lieux portés par des associations d’usagers en psychiatrie. Cette rencontre s’est tenue à Main d’Oeuvre, dans le cadre du festival Sonic Protest, les 25 et 26 mars 2022 à Saint-Ouen.

Les Groupes d’Entraide Mutuelles (GEM) sont des espaces pensés et organisés au quotidien par les adhérents eux-mêmes, avec l’aide d’animateurs salariés et bénévoles. Les GEM ne sont pas médicalisés et si certains cherchent une complémentarité avec les différents dispositifs de soin, d’autres s’organisent comme des accueils occupationnels plus classiques, se substituant même parfois à des prises en charge médicales.

À la différence des lieux de soins, les activités y sont largement portées par les adhérent.e.s eux-mêmes, suivant leurs envies et leurs possibilités. Après quinze années d’existence, des questions nous viennent : de quelles missions les GEM sont-ils porteurs ? Quelles approches pour les nouveaux GEM “autisme” ? Comment s’accommodent-ils de leur cahier des charges et des nombreuses circulaires qui paraissent régulièrement à leur sujet ainsi que de leurs bases économiques fragiles ?

Quels liens entretiennent ces lieux avec la création artistique ? Quels liens avec les structures culturelles extérieures ? Qu’en est-il de la question du soin, de la thérapeutique ? C’est donc pour réfléchir à la fois à l’intérêt spécifique de tels espaces ainsi qu’à leur précarité que le GEM La Maison de la Vague animer ce temps de discussion.

Pour l’occasion seront invités des GEMs mais également certains acteurs qui ne se sont pas reconnus dans cette proposition de la loi de 2005 et qui ont, soit continué une route engagée depuis fort longtemps (clubs thérapeutiques), soit décidé de tracer une autre trajectoire comme réponse aux limitations inhérentes à ce dispositif.

À SEVRAN JEAN-PAUL TUÉ PAR LA BAC / ANGELO GARAND

Aujourd’hui, une émission constituée de reportages et informations autour de la lutte contre les violences policières ; en appel à la mobilisation de demain samedi 2 avril à 11 h en hommage à Jean-Paul place du docteur Laennec à Aulnay-sous-Bois et à la manifestation du 3 avril à République appelé par le collectif des mutilé-e-s pour l’exemple à République.

À Sevran, Jean-Paul tué par la BAC

À Sevran, le 26 mars 2022, un homme de 32 ans a été tué par balle, par un agent de la BAC. Jean-Paul, avait 32 ans, il laisse derrière lui une famille, des enfants, et tout un quartier en deuil. À un feu rouge, situé à la jonction de Sevran et d’Aulnay-sous-Bois, Jean-Paul est alors contrôlé par l’un des agents de la BAC qui descend du véhicule pour l’appréhender. L’agent de la BAC fait usage de son arme et l’utilitaire de la victime percute des véhicules garés dans la rue. L’homme de 32 ans succombera à ses blessures après avoir été transporté à l’hôpital.

Présenté par les médias et les services de police comme « connu des services de police », interpelé « après le vol d’une camionnette », les faits se révèlent bien différents d’après les témoignages des habitants : le père de famille aurait décidé de ne pas remettre à son employeur la camionnette de livraison, avec laquelle il travaillait chaque jour, en raison du non-versement de son salaire. Ce n’était donc pas un vol, mais l’action de résistance d’un travailleur qui veut récupérer son du.

Le geste de la police a donc été de protéger la propriété d’un employeur inique, au prix de la vie d’un travailleur. Abattu à un feu rouge, il est plus que douteux que la « légitime défense » fréquemment invoquée par les forces de l’ordre pour couvrir leurs abus soit une justification crédible.

Le policier qui a tué Jean-Paul a été placé en garde à vue, il serait poursuivi du chef d’inculpation de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec circonstance aggravante de sa qualité d’agent dépositaire de l’autorité publique avec une arme.

Il ne faut pas crier victoire trop vite, tout peut changer, on est dans une période électorale présidentielle, il ne faudrait pas que les banlieues s’embrasent.

Même si le parquet de Bobigny poursuit, il faut rappeler que celui-ci dépend hiérarchiquement du Ministère de la justice et en cas de chantage des syndicats policiers qui pourraient manifester sirène hurlante pour contester cette mise en examen, on pourrait connaître un revirement de situation.

Cette affaire, ce n’est pas seulement l’affaire de la famille de Jean-Paul, mais c’est notre histoire à tous, celle qui se répète depuis des décennies dans les banlieues ; la mort d’un frère, d’un père, d’un ami, d’un homme tué par des policiers.

Il faut le vouloir pour tuer un homme. Les policiers sortent de plus en plus leurs armes et tuent. Trois nuits de révoltes dans le quartier des Beaudottes s’en sont suivies. Car l’histoire est têtue et nous savons que trop comment les crimes policiers sont absous. Les médias salissent, la justice couvre. Derrière les images de voitures brûlées, c’est tout un quartier qui pleure la mort d’un proche, et qui doit faire face aux mêmes récupérations politiques en pleine campagne.

Évidemment, les médias mainstream passeront plus de temps à évoquer des dégradations d’ordre matérielle qu’à se pencher sur les causes des révoltes ; des quartier abandonnés ; des écoles, des transport, des services de santé dégradés, des logements chères et mal entretenus, du travail rare et surexploité et pour couronner le tout des brigades policières spéciales sur-armées violentes et haineuses.

Même si le véhicule avait été volé, ce qui n’est pas le cas, en l’état il s’agit d’avantage d’une réquisition, est-ce un motif pour abattre quelqu’un ? La peine de mort est théoriquement abolie en France, mais elle est rétablit sommairement par les flics en toute impunité.

C’est pour ces raisons que les habitants du quartier évoquent à juste titre un assassinat.

Après deux nuits de révolte, 16 personnes dont 4 mineurs ont été interpellées selon la préfecture.

La loi du 28 février 2017, relative à la sécurité publique, votée sous le gouvernement de François Hollande et de son ministre Manuel Valls, est venue aggraver l’usage par les forces de l’ordre de leurs armes à feu. Le refus d’obtempérer peut se solder par la mort. C’est un véritable permis de tuer qui a été légalisé et qui endeuille aujourd’hui la ville de Sevran et tant d’autres avant elle.

Depuis 2017, il y a une nette augmentation de l’usage des armes à feu par les policiers dans les cas de refus d’obtempérer, dans la majorité des cas, il s’agit de personnes qui ne se sont pas arrêtées soit pour un défaut de permis ou par peur de la police. La mort de Jean-Paul nous concerne tous !

Un hommage sera rendu à Jean-Paul samedi 2 avril à 11 h. Le rendez-vous est place du docteur Laennec à Aulnay-sous-Bois.


Les policiers ouvrent le feu sur un homme menaçant armé d’un couteau à Villeneuve-Saint-Georges

Ce dimanche 27 mars après-midi, un homme déambulait autour des rues Guynemer, Branly et Thimonnier à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Cet habitant âgé de 25 ans était en pleine crise de nerfs, il s’en est pris, sans gravité, aux policiers, qui ont tiré sur lui, alors qu’ils n’étaient pas en danger. Il a été atteint de deux balles. Blessé grièvement, sa vie n’est plus en danger.

La scène, filmée par un riverain, dure moins d’une minute mais a figé d’effroi les habitants du quartier Nord de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).

Vers 14 heures, ce sont des habitants de la cité qui ont appelé les sapeurs-pompiers car une personne arpente les rues muni d’une arme blanche et proférant des menaces. Visiblement déséquilibré ou souffrant de problèmes psychiques, ce jeune de 25 ans originaire du quartier. Les pompiers préviennent aussitôt la police.

La patrouille du commissariat de Villeneuve-Saint-Georges arrive et forme un triangle autour de l’homme. « Allonge-toi ! Mets-toi par terre ! », « lâcher ton couteau », ils le mettent en joue avec leur pistolet et un Taser. Le policier tire ! Son collègue tire également à deux reprises. La victime s’écroule, touchée par deux balles au niveau de la cuisse et du dos. Ce qui est particulièrement troublant quand on regarde la vidéo, qui a été heureusement prise par un passant, c’est que les policiers avance vers leur victime l’arme à la main et qu’après avoir tiré ils sont calmes alors qu’ils viennent de tirer sur un homme, aucun état d’âme, la vie humaine n’a plus de sens pour eux. Ce qui est révoltant c’est qu’ils aient privilégié la neutralisation par balle réelle, plutôt que d’autres méthodes. Ce n’est pas la première fois que les policiers tirent sur une personne souffrant de troubles mentaux. Il faut rappeler qu’un policier doit neutraliser non tuer, il dispose d’une matraque, d’un teaser, d’un gilet par balle, d’une bombe lacrymogène.

Les Médiateurs et les éducateurs ont été déployés «afin de maintenir le calme dans le quartier», comme si c’était leur travail.

Dans la cité, des habitants se demandent pourquoi l’un des trois policiers n’a pas utilisé le Taser qu’il tenait pourtant à la main. Mais les journalistes qui prennent directement leurs informations auprès des services de police ont eu la réponse qui couvrent les fonctionnaires qui se trouvaient trop loin selon eux, pour que le pistolet à impulsion électrique puisse atteindre sa cible !


Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons la conférence de presse du 30 mars du GENIE au sujet de l’affaire d’Angelo Garand mourrait sous les tirs de gendarmes du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale), une unité d’élite consacrée à la lutte contre le grand banditisme, les prises d’otage et les attaques à main armée le 30 mars 2017.

Ces derniers étaient venus le chercher pour le ramener à la prison de Vivonne. Angelo qui avait obtenu une permission de sortie, ne voulait pas retourner en prison et était resté manger ce jour-là avec sa famille. C’est caché dans une remise
qu’il fut abattu de cinq balles.Il s’ensuivit une bataille judiciaire pour obtenir justice et vérité.

D’abord mis en examen pour “violences volontaires avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner”, deux des cinq gendarmes accusés d’avoir tué furent finalement mis hors de cause, la nouvelle juge d’instruction, remplaçant l’ancienne, prononçant un non-lieu sur là base de l’article L435-1 du code de la sécurité intérieure. Il est question ici de l’emploi de la légitime défense par les forces de l’ordre, s’appuyant sur la version des gendarmes, prêtant à Angelo, dangerosité, résistance et volonté d’en découdre à l’aide d’un couteau. Une version que conteste pourtant vivement les proches.

Et c’est de cette version qu’il sera ici question, par l’action de l’organisation GENIE, un groupe de contre-enquête indépendant, “dont l’objectif principal est de faire la lumière sur les crimes et violences impliquant l’État français ou ses agents”. En recourant au journalisme d’investigation et à la modélisation 3D, le groupe de contre-enquête se propose d’établir une hypothèse alternative. Comme il permet sinon d’invalider la version des forces de l’ordre, au moins de contribuer à la vérité sur la mort d’Angelo Garand.

RSI DPD ET CHRONOPOST TOUJOURS EN LUTTES / LIBERTÉ POUR LIBRE FLOT

Le 23 mars était organisé une nouvelle manifestation de soutien aux travailleurs grévistes sans-papiers RSI, DPD et Chronopost en lutte depuis cinq mois. Elle prenait fin à Bercy devant le ministère de l’Économie et des finances, c’est-à-dire celui-là même qui décide de ne pas décider de délivrer les CERFA, qui décide de l’exploitation des travailleurs sans-papiers. Nous rappelons que c’est La Poste, entreprise en partie Étatique qui permet les contrats les plus pourris, et qui permet par le biais de la sous traitance de passer au-dessus des lois qui régissent le code du travail. Dans ce premier reportage, noue entendrons les prises de parole de cette manifestation

Le 30 mars, un nouveau rendez-vous se tenait à la préfecture de Nanterre en vue de la réponse sur les dossiers de régularisations. Une manifestation partait de l’arche de la défense, pour se rendre à la préfecture des Hauts-de-Seine. Dans ce second reportage, nous avons interviewé des salariés de DPD, RSI et Chronopost pour comprendre quelle est la stratégie de cette lutte.

Les travailleurs sans-papiers de RSI, DPD et Chronopost n’ont pour le moment rien gagné, mais ils restent déterminés.

En deuxième partie d’émission, nous vous diffuserons un montage dans lequel nous alternons les prises de parole de libre flot (orales ou écrites) avec les prises de parole du rassemblement organisé à Ménilmontant le 29 mars 2022 “pour crier la libération de Libre Flot en grève de la faim depuis le 27/02 et l’arrêt de l’isolement, torture blanche pour tout.es les prisonnier.es”.

Rappel : le 8 décembre 2020, la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) interpellait dans plusieurs régions neuf personnes « de la mouvance d’ultragauche » pour « association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste ». Sept d’entre elles sont alors mises en examen et maintenues en détention provisoire. Six finiront par être libérées sous contrôle judiciaire au fil des mois. Et une reste enfermée, sous le régime de l’isolement, depuis plus d’un an.

Mercredi 26 janvier 2022, après près de deux ans d’une enquête menée depuis février 2020 par la DGSI, la chambre de l’instruction a rejeté sans surprise la série de « requêtes en nullité » déposées par les avocat·es de certain·es des inculpé·es. Sans surprise parce que la reconnaissance de ces nullités mettait en jeu l’existence même de l’affaire dite du 8 décembre, et que la justice s’est dans cette histoire montrée prête à s’asseoir sur ses propres principes pour valider le storytelling antiterroriste.

Libre Flot, un ancien volontaire français des YPG (Les Unités de protection du peuple kurde), maintenu en détention provisoire et à l’isolement depuis plus d’un an, entame alors une grève de la faim le 27 février et demande sa mise en liberté. Depuis le jeudi 24 mars, il est à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes et poursuit sa grève de la faim.

Au vu de ces circonstances et rappelant que son accès à la santé ayant été bafoué continuellement depuis son incarcération, Libre Flot souhaitait cette hospitalisation pour sortir de l’isolement et avoir accès directement à des médecins et des soins si nécessaires.

Le 29 mars était annoncé lors de ce rassemblement la levée de son isolement et la levée des interdictions de communication.

Plus d’info sur l’enquête judiciaire : https://iaata.info/La-justice-s-entete-dans-l-affaire-du-8-decembre-5129.html

Vous pourrez retrouver plusieurs de ces lettres sur : https://lenvolee.net/tag/libre-flo/

https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/?fbclid=IwAR3a2udRxPMlsy7znMrSKeeb2Ztp4F-CUMXx-aT1c7YNU0Azmcnu4vSxViA

GRÈVE A LA RATP/QUEL AVENIR POUR LE CINÉMA LA CLEF ?

Suite à la mobilisation du 18 février a la RATP pour de meilleures conditions de travail et contre la privatisation de la RATP, le 25 mars 2022 avait lieu un second appel à la grève.

Ce jour, ce sont principalement les agents de conduite surface (bus- tram) de la RATP qui se sont mis en grève à 80 %, car ils seront impactés les premiers par la bascule sociale qui s’opère avec la privatisation. Le réseau métro et RER n’était effectivement que très peu mobilisé suite à l’annonce de la direction selon laquelle la privatisation ne serait pas mise en place d’ici à 2039. 

Aujourd’hui, nous vous diffusons donc un reportage réalisé le 25 mars lors du rassemblement qui avait lieu le matin devant la direction de la RATP à Paris.

Près d’un mois après son expulsion et le retrait du Groupe SOS, le 1er mars 2022, l’équipe de la Clef reviendra dans cette seconde partie d’émission sur les objectifs du fonds de dotation, Cinéma Revival, créé afin de racheter le bâtiment pour le sortir du marché spéculatif, et en faire un lieu tout à la fois de diffusion, de création et de formation, indépendant et ouvert à toutes et tous.

Cette Conférence publique VENDEZ-NOUS LA CLEF // pour présenter le projet de reprise du ciné la Clef, se tenait ce 28 mars 2022 à la bourse du travail de Paris.

PIPELINE EACOP: Une bombe climatique & sociale de Total en Ouganda

À l’occasion de la venue d’une délégation de quatre activistes ougandais·es en France et en Europe pour une tournée politique et médiatique, les organisations Survie, 350.org et Les Amis de la Terre organisait, le 17 mars 2022, une conférence sur le projet EACOP/Tilenga en Afrique de l’Est.

Ce fut l’occasion de rencontrer des activistes ougandais et français, d’informer le plus grand nombre sur l’immense danger que représente le méga-pipeline EACOP pour les droits humains, l’environnement et le climat. Ils témoigneront de leurs luttes et des menaces et risques auxquels ils font face dans leur combat contre le géant Total.

LES INTERVENANT·ES DE CETTE RENCONTRE :
Vanessa Nakate (Rise Up Movement/Fridays for Future Uganda) ;
Hilda Flavia Nakabuye (Fridays for Future Uganda) ;
Diana Nabiruma (Afiego) ;
Maxwell Athuhura (Tasha Research Institute) ;
Juliette Renaud (les Amis de la Terre France) ;

Thomas Bart (chercheur indépendant qui a coordonné des enquêtes de terrain en Ouganda et Tanzanie)

LES LUTTES AUTOUR DES JARDINS OUVRIERS ET POPULAIRE EN SEINE-SAINT-DENIS

Dans cette émission, il est question des luttes pour les jardins ouvriers et populaires en Seine-Saint-Denis.

Dans un premier temps, nous allons à la marche pour le climat dans le 93
organisée le dimanche 13 mars 2022 à l’appel du collectif des Jardins
d’Aubervilliers, qui célébrait une première victoire juridique : là
suspension des travaux de la piscine sur l’emprise des jardins et là
condamnation des aménageurs à le remettre en état.

Cette décision redonne un peu d’espoir pour la protection d’autres parties des jardins, menacées par le chantier de la ligne 15 du Grand Paris Express. Elle
donne aussi un peu d’espoir face au rouleau compresseur des JO 2024 et
du Grand Paris. Plusieurs collectifs du 93 étaient présents à cette marche pour défendre des lieux de vie contre la bétonisation, ainsi que le collectif des Jardins des Vaîtes de Besançon qui appelle à des Assises nationales des jardins populaires en lutte les 2 et 3 avril 2022.

Dans un 2e temps, nous allons entre Saint-Denis, Pierrefitte et Stains,
où 33 ha de terre agricole sont en train d’être détruite ! Le collectif
Des Tartres faisons terres communes organisait un Rassemblement contre
le Béton le dimanche 20 mars 2022 pour se réapproprier ces terres qui ont nourri pendant plusieurs générations et existent depuis plus de 100 ans ! Ce sont des terres riches et nourricières faisant partie de la’Plaine des Vertus’.

Différents membres du collectif évoquent les enjeux de la réappropriation de ces terres : la possibilité d’une production maraîchère autonome pour les habitant.e.s des quartiers populaires, le besoin d’espaces extérieurs collectifs pour jouer, cultiver, se promener… sans se faire avoir par les logiques marchandes de l’économie”sociale” ou de la spéculation immobilière.