Contre la résilience par Thierry Ribault / mobilisation pour Vincenzo Viecchi

Sciences Critiques et l’association Technologos organisait une Rencontre consacrée à la technocritique, le vendredi 23 et le samedi 24 septembre 2022, à Sceaux (Hauts-de-Seine).

Intitulées « Crise écologique : pourquoi critiquer la technique aujourd’hui ? », ces rencontres avaient pour objectif, dans le contexte actuel de fuite en avant technoscientifique sur fond de crises environnementale, sociale et (géo)politique, de penser la dynamique mortifère du solutionnisme technologique contemporain et armer intellectuellement la critique.

Nous vous proposons d’écouter, Contre la résilience, par Thierry Ribault qui est intervenu lors de cette rencontre.
« La résilience entend nous préparer au pire sans jamais en élucider les causes »

Le chercheur en sciences sociales Thierry Ribault se livre à une critique virulente de la résilience, véritable « technologie du consentement » visant, à rendre acceptable et inéluctable le désastre par tous. Avec la résilience il s’agit de cogérer et de s’adapter aux politique de destruction du vivant.

Face à l’épidémie de Covid-19, au changement climatique ou au terrorisme, la société française est invitée à renforcer sa résilience. Dix ans après la catastrophe de Fukushima et l’adoption par le Japon d’un plan de « résilience nationale », la France forte de cette expérience à mis en place le projet de loi Climat et résilience.

Chercheur en sciences sociales au CNRS, coauteur avec Nadine Ribault des Sanctuaires de l’abîme. Chronique du désastre de Fukushima (L’Encyclopédie des nuisances, 2012), Thierry Ribault vient de publier Contre la résilience. À Fukushima et ailleurs (L’Échappée, 368 pages, 22 euros).

Une critique radicale d’un concept qu’il décrit à la fois comme une idéologie de l’adaptation et une technologie du consentement qui vise à rendre acceptable la fatalité du désastre en évitant de nous interroger ou de nous attaquer aux causes. Il faut vivre avec et gérer les conséquences. C’est le règne de la démerde individuelle. Ce qui compte, ce n’est pas ce qui s’est passé, mais comment les individus le vivent, le ressentent et acceptent de vivre avec.

La résilience nous invite à explorer les mille et une manières de plier sans rompre, se nous rendre conforme à notre milieu et nous renforcer dans l’épreuve. Il s’agit de résister sans opposer de résistance et d’accepter d’évoluer dans une société profondément inégalitaire, injuste et destructrice de notre environnement.

Apprivoiser le pire afin de soi-disant nous renforcer, gagner le droit de survivre. La résilience n’est pas un truc médiatique ou psychologique, mais plus concrètement ce sont des politiques publiques misent en place.

En seconde partie d’émission, nous reviendrons sur les mobilisations contre l’expulsion de Vincenzo Viecchi. À cet effet, nous entendrons deux prises de paroles : celle de Jean-Baptiste du comité qui revient sur l’audience de La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 21 janvier 2022 et l’intervention de Margot Medkour de Nantes en Commun le 24 septembre dernier à Nantes.

Pour plus d’info :