La Science en débat

Le 22 et 23 septembre 2023 dernier se tenait la rencontre annuelle de l’association Technologos, en association avec Sciences Critiques. Cette rencontre portait sur le rôle et la place de la science dans notre société. Et se donnait comme intention plus concrète d’en interroger les fondements, l’organisation mais aussi la finalité, essayant d’apporter une critique à l’institution scientifique, alors même que cette dernière, peu à peu, devient ou deviendrait incritiquable. C’est en ce sens que vous pourrez écouter au cours de cette émission, tout d’abord en première partie, des extraits choisis d’interventions sur l’histoire populaire de la science et sur une histoire de la subjectivité — celle-ci, au prisme de l’épistémologie. La seconde partie d’émission quant à elle, sera consacrée à la question de la continuation ou non de la recherche scientifique. François Graner, pourtant directeur de recherche au CNRS, y apportera son point de vue argumenté. Cette intervention sera enfin suivi d’extraits traitant de la question de la démocratie dans la science.

Site internet de l’association Technologos
Site internet de l’association Sciences Critiques

Table Ronde: Quelle santé publique pour demain ?

Le numérique investit et envahit tous les secteurs de notre vie. L’application des services du numérique au domaine sensible de la santé, appelée communément « e-santé », selon la définition de l’OMS, est présentée par les pouvoirs publics comme une stratégie pertinente pour accroître l’efficacité des systèmes et services de santé tout en réduisant la dépense publique. Son développement suscite cependant un accueil partagé, tant de la part des patients (malades ou potentiels) que des professionnels de la santé, mais aussi des économistes, techniciens, politiques, philosophes.

La chirurgie robotique, la consultation à distance ou le dossier médical partagé peuvent être considérés comme des avancées technologiques qui permettent d’accroître l’efficacité des soins de santé. Demeurent des critiques et questions concernant la disparition du face à face soigné-soignant, la mise en péril du secret médical, la confidentialité et les utilisations des données personnelles.

Comment distinguer les croyances des réalités qui nous échappent, et apprécier les impacts réels de la numérisation dans le secteur de la santé sur l’avenir de notre société, nos droits fondamentaux et notre intimité ? Quels sont les enjeux éthiques de ce virage numérique ? Entre progrès technique et intérêts économiques, qu’advient-il de la santé, bien essentiel de l’être humain ?

Nous tenterons de comprendre et analyser ces enjeux et les alternatives possibles à ce « virage numérique de la santé », au cours de deux tables rondes portées par

– les usagers : le vécu et le ressenti des usagers et des professionnels du secteur de la santé, l’impact de la numérisation sur les soins de santé et sur la santé publique.

– les observateurs et analystes : l’utilisation des données de santé, les risques de dérives et les alternatives envisageables pour une gestion régulée, dans le respect des droits humains fondamentaux.

Chaque partie comprendra l’intervention d’acteurs, analystes et témoins des faits étudiés, et une large part sera accordée au débat avec le public.

Liens des organisateurs:

https://sciences-critiques.fr/

 https://medicament-bien-commun.org/

Contre la résilience par Thierry Ribault / mobilisation pour Vincenzo Viecchi

Sciences Critiques et l’association Technologos organisait une Rencontre consacrée à la technocritique, le vendredi 23 et le samedi 24 septembre 2022, à Sceaux (Hauts-de-Seine).

Intitulées « Crise écologique : pourquoi critiquer la technique aujourd’hui ? », ces rencontres avaient pour objectif, dans le contexte actuel de fuite en avant technoscientifique sur fond de crises environnementale, sociale et (géo)politique, de penser la dynamique mortifère du solutionnisme technologique contemporain et armer intellectuellement la critique.

Nous vous proposons d’écouter, Contre la résilience, par Thierry Ribault qui est intervenu lors de cette rencontre.
« La résilience entend nous préparer au pire sans jamais en élucider les causes »

Le chercheur en sciences sociales Thierry Ribault se livre à une critique virulente de la résilience, véritable « technologie du consentement » visant, à rendre acceptable et inéluctable le désastre par tous. Avec la résilience il s’agit de cogérer et de s’adapter aux politique de destruction du vivant.

Face à l’épidémie de Covid-19, au changement climatique ou au terrorisme, la société française est invitée à renforcer sa résilience. Dix ans après la catastrophe de Fukushima et l’adoption par le Japon d’un plan de « résilience nationale », la France forte de cette expérience à mis en place le projet de loi Climat et résilience.

Chercheur en sciences sociales au CNRS, coauteur avec Nadine Ribault des Sanctuaires de l’abîme. Chronique du désastre de Fukushima (L’Encyclopédie des nuisances, 2012), Thierry Ribault vient de publier Contre la résilience. À Fukushima et ailleurs (L’Échappée, 368 pages, 22 euros).

Une critique radicale d’un concept qu’il décrit à la fois comme une idéologie de l’adaptation et une technologie du consentement qui vise à rendre acceptable la fatalité du désastre en évitant de nous interroger ou de nous attaquer aux causes. Il faut vivre avec et gérer les conséquences. C’est le règne de la démerde individuelle. Ce qui compte, ce n’est pas ce qui s’est passé, mais comment les individus le vivent, le ressentent et acceptent de vivre avec.

La résilience nous invite à explorer les mille et une manières de plier sans rompre, se nous rendre conforme à notre milieu et nous renforcer dans l’épreuve. Il s’agit de résister sans opposer de résistance et d’accepter d’évoluer dans une société profondément inégalitaire, injuste et destructrice de notre environnement.

Apprivoiser le pire afin de soi-disant nous renforcer, gagner le droit de survivre. La résilience n’est pas un truc médiatique ou psychologique, mais plus concrètement ce sont des politiques publiques misent en place.

En seconde partie d’émission, nous reviendrons sur les mobilisations contre l’expulsion de Vincenzo Viecchi. À cet effet, nous entendrons deux prises de paroles : celle de Jean-Baptiste du comité qui revient sur l’audience de La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 21 janvier 2022 et l’intervention de Margot Medkour de Nantes en Commun le 24 septembre dernier à Nantes.

Pour plus d’info :