1er rencontre de la coordination des salarié-e-s des transports

En ce mois de septembre 2022, commençait une grève de grande ampleur dans une grande partie des raffineries, gréve qui se poursuit toujours.

TotalEnergies, dont le directeur Patrick Pouyanné peut se féliciter d’avoir augmenté de 52 % la part variable de son salaire entre 2020 et 2022. La CGT, syndicat majoritaire chez Total, demande une augmentation générale des salaires de 10 % pour amortir les effets de l’inflation et partager les profits. La multinationale pétrolière a attendu plus de 10 jours de grève pour réagir aux demandes des grévistes. Seule proposition pour l’instant : avancer la date des négociations, prévues en novembre, si les grévistes arrêtent leur mouvement.

La première ministre Élisabeth Borne a annoncé la réquisition des raffineries ExxonMobil le 11 octobre dernier. La négociation salariale, louée jusqu’ici là par le gouvernement, ne convient plus lorsqu’elle se fait avec un rapport de force réel.

Comment, dans cette perspective, intensifier et étendre la gréve à d’autres secteurs ?

Le 15 octobre 2022, au théâtre de l’Échangeur à Bagnolet se tenait la première Rencontre des travailleurs et travailleuses des transports. 

Était présent-e-s ce samedi, des syndicalistes de la RATP, de la SNCF, de la société de car TRANSDEV , des raffineurs de TOTAL Grandpuits.

Dans l’émission de ce jour, nous allons entendre une grande partie des interventions qui ont rythmé cette rencontre qui mettait l’emphase sur les moyens d’étendre la gréve et la stratégie des confédérations syndicale et cela, a la veille du mouvement de grève interprofessionnelle de ce 18 octobre.

Communiqué intersyndical CGT – FO – FSU – Solidaires et organisations lycéennes et étudiantes

Que ce soit dans les raffineries, l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l’énergie et nucléaire, les organismes sociaux, les banque-assurances, les services informatiques, la maintenance industrielle, l’éducation, la santé, le commerce, la métallurgie… les salarié.e.s de très nombreux secteurs professionnels se mobilisent depuis des mois dans leurs entreprises ou leurs services pour revendiquer et gagner de légitimes augmentations de salaire, de meilleures conditions de travail, des emplois de qualité. Les jeunes se mobilisent aussi pour leurs conditions de vie et d’études ainsi que pour une réforme des bourses ambitieuse.

Le mouvement des lycées professionnels, d’ores et déjà décidé pour le 18 octobre, s’inscrit dans cette dynamique.

Pourtant, et alors qu’elles réalisent d’énormes profits, les entreprises de la branche Pétrole, en particulier Total ou Exxon, refusent d’accéder, aux exigences des salarié.e.s massivement mobilisés par l’ouverture immédiate d’une négociation sérieuse. Ces dernier.e.s réclament avant tout le rattrapage de l’inflation et une meilleure répartition des richesses créées par les travailleuses et travailleurs, alors que des milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires.

C’est cette situation de blocage patronal qui crée aujourd’hui la pénurie de carburants. Mardi dernier, une limite a été franchie par le gouvernement, annonçant faire procéder aux réquisitions des salarié.e.s des raffineries et dépôts par les préfectures. Elles sont en cours depuis hier. Cette procédure déjà condamnée par l’OIT (organisation internationale du travail) constitue une atteinte inacceptable au droit constitutionnel de grève et aux libertés fondamentales.

La mobilisation gagne des secteurs de plus en plus nombreux dans le privé comme dans le public. Elles et ils obtiennent par leurs actions avec leurs organisations syndicales l’ouverture de nouvelles négociations et des avancées salariales significatives. C’est aujourd’hui qu’il faut se mobiliser dans tous les secteurs professionnels, public comme privé.

C’est pourquoi les organisations syndicales et les organisations de jeunesse signataires décident d’appeler ensemble les travailleuses et travailleurs et la jeunesse à la mobilisation, y compris par la grève le mardi 18 octobre pour l’augmentation des salaires, des pensions et minima sociaux, et l’amélioration des conditions de vie et d’études.

Elles appellent également les salarié.e.s, les retraité.e.s, les privé.e.s d’emploi et la jeunesse à se mobiliser pour la défense du droit de grève en participant aux rassemblements organisés devant les préfectures et sous-préfectures.
Le 18 octobre, elles s’engagent à organiser partout avec les jeunes et les salarié.e.s des différents secteurs professionnels des mobilisations et actions, dans les entreprises et les services.

CRIMES CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX

Le 24 février 2022, se tenait à la librairie Le Monte en l’Air dans le 20eme arrondissement de Paris, une discussion croisée autour des deux ouvrages de Mickaël Correia et Grégory Salle : Criminels climatiques (La Découverte) et Qu’est-ce que le crime environnemental ? (Seuil)

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie de cette discussion.

Mickaël Correia est journaliste à Mediapart, spécialiste des questions climatiques. Il est aussi l’auteur d’Une histoire populaire du football (La Découverte 2018, poche 2020).

Grégory Salle est chercheur en sciences sociales au CNRS, membre du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques.

Présentation des deux ouvrages :

Criminels climatiques de Mickaël Correia (La Découverte)

Cent entreprises sont responsables de 70 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Et parmi elles, Aramco, Gazprom et China Energy sont les trois premières multinationales qui régurgitent le plus de CO2 au monde. Inconnues du grand public, elles sont les championnes internationales du pétrole, du gaz et du charbon. Si ce trio était un pays, il incarnerait la troisième nation la plus émettrice, juste derrière la Chine et les États-Unis.

Cette enquête inédite révèle comment ces trois géants industriels déploient tout un arsenal de stratégies redoutables – corruption, néocolonialisme, lobbying, greenwashing, soft power, etc. – pour perpétuer notre addiction au carbone. En continuant coûte que coûte à extraire les ressources des entrailles de la Terre, ils attisent sciemment les flammes qui brûlent notre planète et agissent en criminels climatiques.

Des clubs privés de New York aux couloirs de l’Élysée, des banques de Pékin aux palaces de Riyad, l’auteur dévoile les cercles de pouvoir au cœur de ce capitalisme fossile et la manière dont ces firmes élaborent dans l’ombre une véritable bombe climatique, mettant en péril toute l’humanité.

Qu’est-ce que le crime environnemental ? De Grégory Salle : (Seuil)
Un quart du commerce mondial de bois serait illégal, le saviez-vous ? Sous l’influence des organisations internationales, l’existence d’une « délinquance écologique », d’une « criminalité environnementale » est désormais visible. Elle prend la forme du trafic d’espèces sauvages protégées, du déversement illicite de déchets toxiques ou de la contrebande de ressources naturelles. Mafias et autres réseaux clandestins opérant dans le Sud global en seraient les principaux acteurs et bénéficiaires.

Et si ces représentations étaient tronquées, voire trompeuses ? Dépassant la conception commune, dont il retrace la genèse et la diffusion, ce livre invite à penser le crime environnemental au-delà de ses manifestations les plus spectaculaires. Contre le juridisme, il soutient que la focalisation sur les infractions patentées sert commodément d’alibi au saccage légal de notre Terre. Aberration ou distorsion, la criminalité environnementale ? Plutôt une expression, arbitrairement stigmatisée, d’un système socio-économique fondé sur l’exploitation.


LUBRIZOL TENTE D’ÉCHAPPER A SON PROCÈS

Rouen 26 septembre 2020 ; manifestation devant l’usine lubrizol

Le 26 septembre 2019, les habitantes et habitants de Rouen et de son agglomération se réveillaient sous un immense panache de fumées. Dans la nuit, près de 10 000 tonnes de produits chimiques ont brûlé. Malgré les propos rassurants du ministre Castaner et du préfet local, les faits sont là : le nuage comprenait bel et bien des composants cancérogènes, et des débris des toitures amiantés ont couvert une partie de la ville. Mais 18 mois après, Lubrizol essaie d’éviter son procès pénal

Tout d’abord le Samedi 27 mars 2021, dix-huit mois après l’incendie de l’usine Lubrizol, près de 150 personnes se sont rassemblées à Rouen pour manifester.

Car Lubrizol est en train de tenter un recours en nullité au tribunal de Paris pour échapper aux sanctions qui pèsent justement sur cette entreprise chimique. En effet, ils veulent faire valoir un vice de procédure pour que le procès n’ait pas lieu et tente d’acheter Bertrand Bellanger, président du Département, qui aimerait abandonner toutes poursuites contre l’entreprise pour la somme de 115 000 € , affirme Christophe Holleville, secrétaire de l’Union des victimes de Lubrizol.

Nous sommes le deuxième pays d’Europe en nombre de sites dangereux. Il y a en France trois accidents industriels par jour et nous ne le savons pas et nous ne bougeons pas », continue Paul Poulain, membre de Notre maison brûle, une « plateforme d’autodéfense populaire face aux dangers industriels ».

Il faut que le procès ait lieu, parce que c’est le moyen de faire reconnaître ce qui s’est passé. Pour l’instant, les différentes associassions mobilisées ont plutôt l’impression que tout est fait pour invisibiliser l’incendie de Lubrizol et pour minimiser ces conséquences, car il faut absolument qu’il y ait un suivi des maladies, des cancers, des malformations congénitales.

“Lubrizol France par l’intermédiaire de Madame Striga, la présidente de Lubrizol France, soutient qu’un agent de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) aurait été auditionné par le service régional de police judiciaire (SRPJ) durant l’enquête, et que cette audition n’aurait pas été versée à la procédure, jetant un doute sur l’ensemble de la procédure. Elle s’appuie sur une discussion qu’elle aurait eu soi-disant avec un agent de la DREAL, dans un couloir, qui lui aurait dit qu’elle aurait été auditionnée par le SRPJ, sauf que c’est faux.

Les associations d’habitants soutienne que « c‘est un gros mensonge, et le dossier ne serait pas équitable. Mais de qui on se moque là ? Une entreprise qui fait des milliards, si elle veut bien se battre, elle n’a qu’à engager de bons avocats, et se battre contre nous, les pauvres petites victimes. Si elle croit qu’elle va se défiler comme ça, elle se trompe, parce que nous on ne lâchera pas. C’est vraiment la honte de voir un industriel qui fuit ses responsabilités. Nous sommes déterminés, une affaire comme celle-ci, elle ne peut pas s’arrêter sur une nullité comme ça. C’est grave ce qui s’est passé le 26 septembre, on a eu de grosses séquelles, psychologiques, physiques. C’est David contre Goliath, une industrie milliardaire, face à nous qui sommes des victimes, monsieur et madame tout le monde, avec nos pauvres moyens qui nous battons contre cette multinationale. Et aujourd’hui, elle se fait passer pour quelqu’un qui n’aurait pas le droit à un procès équitable. Quelle honte, c’est honteux. Mais ça nous donne de l’énergie pour les combattre pénalement ».

L’agent de la Dreal a été interrogée par un juge d’instruction, elle  aurait déclaré qu’elle n’a jamais été auditionnée par le SRPJ de Rouen, contrairement à ce que prétendrait la présidente de Lubrizol France, ajoute Simon De Carvalho.

Cette affaire, a été étudiée le 31 mars à Paris.

Manifestement, cette requête est vouée à l’échec, comme cela devrait être confirmé lors du délibéré du 30 juin. Cependant, cela aura permis à Lubrizol de gagner du temps en retardant les investigations et en reculant la programmation du procès pénal, espérant sans doute que les habitantes et habitants auront alors oublié le crime industriel du 26 septembre 2019.

Si le ministère de l’Environnement a pris quelques mesures après l’incendie concernant les stockages de produits dangereux, le compte n’y est pas et les industriels, à Rouen comme ailleurs, continuent à jouer avec la vie des travailleurs et travailleuses et des riveraines et riverains. Il reste à construire un mouvement d’ensemble pour organiser une résistance populaire contre les risques industriels. Les initiatives de mobilisation de septembre prochain pour les 20 ans de l’explosion d’AZF et les deux ans de l’incendie de Lubrizol pourraient y contribuer.

Dans un premier temps, vous allez entendre Simon qui fait partie de l’association des victimes de Lubrizol et qui était à Paris dans la salle d »audience. Puis Christophe qui s’est rendu également à Paris et suivra un extrait de la réunion publique organisée le 25 septembre 2020 par le collectif unitaire lors de l “anniversaire” dès un an de la catastrophe de Lubrizol à Rouen.

LA GUYANE


190613

Dans l’émission d’aujourd’hui nous revenons à l’Astragale à Sète pour écouter une autre présentation de la revue Z sur le Guyane et le projet d’extraction minier “Montagne d’or”. Une occasion d’engager une discussion sur l’étau du capitaliste, vert et responsable sur une face, avide d’or et de domination sur l’autre, dans une région encore coloniale de France et des multinationales. Bonne écoute