RATP : trois jour de grève reussis ?

Nous revenons dans cette émission sur la grève de la RATP du 23, 24 et 25 mai 2022. Vous pourrez entendre le reportage réalisé lors du rassemblement du 24 mai devant le siège social de la RATP, et de revenir sur les raisons de ce mouvement.

Du 23 au 25 mai dernier, une grève du réseau de surface de la RATP, bus et tramway, a été largement suivi (60 %). Appelée par la CGT RATP, UNSA, mais aussi Solidaires RATP et en partie Force Ouvrière ; elle n’a pas été suivi par le réseau “lourd” (métro et RER) où FO est majoritaire.

La raison de ce mouvement est la lutte contre la privatisation à très court terme (2030) et le découpage en lots du réseau de surface. Alors que le RER et le métro ne le seraient que 10 ans plus tard et conservé en droit privé par le groupe RATP. C’est sur cette différentiation temporelle que se joue la division entre bus et métro…

Bien que le RER B semble se mettre en brande avec deux jours de grève le 28 mai dernier, jour de la finale de la coupe d’Europe de football et le 03 juin prochain, premier match de la ligue des nations de football entre la  France et le Danemark, (bien que cela ne touche que très partiellement l’accès au Stade de France).

Cette division est fatale tout comme avec celle des réseaux privés de transports urbains de la région.

Dans cette première partie, nous entendrons les prises de parole devant le ministère des Transports, le 23 mai, puis un entretien avec un agent de maintenance bus sur les incendies des bus électrique bolloré et enfin l’entrée des salarié-e-s a la maison de la RATP le 24 mai dernier.

Nous tenterons, dans la deuxième moitié de l’émission, de faire avec Yassine qui est conducteur de bus du dépôt de Malakoff de la CGT, un bilan du mouvement de grève et de ces perspectives.

RATP : TROIS JOURS DE GRÈVE RÉUSSIS : CE N’EST QUE LE DÉBUT !

Pendant trois jours, les 23, 24 et 25 mai, les conducteurs de bus, de tram et la maintenance ont fait grève massivement : avec des taux de grévistes de 50 à 60 %, de nombreuses lignes n’ont pas été desservies. Les équipes militantes se sont retrouvées autour des piquets matinaux, puis se sont rassemblées lundi devant le ministère des Transports et mardi devant le siège social de la RATP. Une manière de dénoncer « l’ouverture à la concurrence » qui n’est qu’une mise en concurrence des travailleurs au profit de l’entente entre les grands groupes du secteur. La direction de la Régie entend faire passer le « cadre social territorialisé » (CST) dès cet été – probablement au 1er août (En plein été!!!).

Au menu : suppression de certaines primes et aménagements, vol de jours de congés, etc. La direction chiffre l’augmentation du temps de travail prévue à 120 heures par an, la CGT à 190. Dans tous les cas, entre un mois et six semaines de travail volé ! Le tout accompagné d’un chantage : la vague promesse d’une prime équivalente à un 14e mois à condition que les syndicats signent ce recul social. Et pour ça, la direction n’a pas lésiné sur les moyens puis a envoyé ses cadres militer auprès des salariés pour les convaincre d’accepter et de faire pression sur leurs syndicats pour qu’ils signent. Mais ni discours policés ni tracts en couleurs et papier glacé n’auront suffi à convaincre de l’entourloupe que représente cet accord. Face à ce chantage, les travailleurs de la RATP ont choisi la lutte !

Si les salariés ont répondu massivement « présent » dans la grève, ce sont les directions syndicales elles-mêmes qui ont fixé des limites à l’action des conducteurs de bus. L’appel à trois jours de grève, ficelé à l’avance et décidé d’en haut, n’a pas aidé à convaincre de l’utilité de se rendre sur les piquets de grève pour organiser la suite du mouvement. Le choix de limiter la grève aux seuls conducteurs de bus et tram – même si les ouvriers de la maintenance des dépôts ont tenu à juste titre à s’y joindre – favorise l’émiettement des réactions alors qu’il est urgent de les regrouper.

Car des raisons de se rejoindre, il y en a dans tous les secteurs de l’entreprise : la mise en concurrence, la dégradation des conditions de travail, le manque d’effectif et surtout les salaires trop bas qui ne suivent pas l’inflation concernent aussi le métro, les ateliers puis même les bureaux ! Ces secteurs sont d’ailleurs loin d’être endormis : grèves surprises isolées au métro, grèves perlées au RER (notamment une grève d’une heure sur le RER B, devenue célèbre après le fiasco du préfet Lallement et de Darmanin dans l’organisation de la finale de la Ligue des champions), un éventuel appel à la grève en juin dans les ateliers.

La colère est bien là pour construire la riposte à la politique patronale de la RATP, malgré ces limites que posent les organisations syndicales. Il faudra imposer des suites rapidement, avant le 1er août, et dans tous les services, pour construire un rapport de force à la hauteur qui permettra de faire reculer tous les projets de la direction.

(Article à paraître dans l’Anticapitaliste n°617)