DELIVEROO : la question du travail dissimulé

Deliveroo est fondée en 2013. En 2015, la société est présente dans douze pays et 84 villes, et passe la barre du million de commandes et des 1 000 restaurants partenaires en France en 2015 et 2 000 restaurants avec 2 000 livreurs en juillet 2016. Elle lève cette année-là 195 millions de dollars, puis 275 millions en août 2016 pour sa cinquième collecte de fonds. Plusieurs fonds d’investissement ont participé à ce dernier tour de table dont General Catalyst (américain) ou encore Bridgepoint (britannique). Cette nouvelle a été annoncée une semaine après la faillite de l’un de ses concurrents belges, Take EAT Easy.

La justice vient de rendre son jugement, ce mardi 19 avril. L’entreprise Deliveroo est condamnée à la peine maximale prévue par la loi : 375 000 euros d’amende pour travail dissimulé

Le verdict est historique. Il reconnaît que les livreurs de cette plateforme auraient dû travailler comme salariés. Et non comme auto-entrepreneurs.

Au-delà de l’entreprise elle-même, trois ex-dirigeants étaient sur le banc des accusés. Hugues Decosse et Adrien Falcon sont condamnés à douze mois de prison avec sursis et cinq ans avec sursis d’interdiction de diriger une société. Tous deux avaient occupé le poste de directeur général de Deliveroo France sur la période couverte par le procès, de 2015 à 2017. Les deux ex-DG écopent également, chacun, d’une amende de plus de 27 000 euros à verser à l’URSSAF.

Le troisième homme, Elie Demoustier, directeur des opérations jusqu’en 2018, est condamné en tant que salarié complice à quatre mois d’emprisonnement avec sursis.

Dans l’émission de ce jour, nous sommes en plateau avec Hichem, du syndicat SUD commerce et service Île-de-France et en sa compagnie, nous revenons sur le procès de l’entreprise Deliveroo et sur la signification du verdict.

PALESTINE VAINCRA : menace de dissolution

Le Conseil d’État annonce aujourd’hui la suspension du décret de dissolution du Collectif Palestine Vaincra publié le 9 mars dernier par le ministère de l’Intérieur ! C’est une première victoire pour Collectif Palestine Vaincra et le Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra en attendant le jugement du recours en annulation.

Dans son ordonnance du 29 avril, le Conseil d’État estime que le décret « n’est ni nécessaire, ni adapté et porte une atteinte disproportionnée à la liberté d’expression et à la liberté d’association », étant donné que le Collectif Palestine Vaincra « ne provoque ni ne contribue à la discrimination, à la haine ou à la violence, que ses prises de position vis-à-vis d’Israël et du sionisme ne présentent pas un caractère antisémite, qu’il a toujours condamné l’antisémitisme, que la campagne de boycott des produits israéliens constitue une modalité légitime d’expression d’opinions protestataires (…) », balayant par la même les accusations mensongères faites au collectif. Ainsi, alors que le président de la République, Emmanuel Macron, affirmait éhontément il y a quelque temps à Toulouse que le CPV était un « collectif antisémite », cette décision est un véritable camouflet contre le pouvoir et bat en brèche la propagande de l’extrême droite sioniste et ses amalgames entre antisionisme et antisémitisme.

La décision du Conseil d’État réaffirme la légitimité du soutien au peuple palestinien et celle de l’existence du Collectif Palestine Vaincra et de ses diverses activités exercées depuis plus de trois ans à Toulouse et ailleurs. Le Collectif Palestine Vaincra se réjouit de pouvoir poursuivre ses luttes librement et tient particulièrement à saluer l’Union Juive Française pour la Paix, l’Association France-Palestine Solidarité ainsi que l’Union Syndicale Solidaires pour leur important soutien dans cette bataille judiciaire, mais également la grande mobilisation du Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra qui réunit plus d’une trentaine d’organisations et de nombreux soutiens à travers la monde. La mobilisation doit continuer pour une annulation totale du décret !

Le Collectif Palestine Vaincra, 29 avril 2022

Cette première victoire doit en appeler d’autres et pose la question de la criminalisation de la solidarité avec la Palestine. Nous revenons sur toutes ces questions avec Tom du Collectif Palestine Vaincra.

collectifpalestinevaincra@gmail.com

GRÈVE A LA RATP

Le 1er juillet 2022 , est la date choisie par la direction de la RATP pour mettre en œuvre ce que les syndicats du pôle Réseau de surface (RDS – les bus et tramways) considèrent comme une « casse des conditions de travail des machinistes -receveurs » anticipant l’ouverture à la concurrence prévue fin 2024 ?

Les 23, 24 et 25 mai, une grève se déroule contre, en autre, l’ouverture à la concurrence et contre les dégradations de travail et de vie des machinistes-Receveurs de la RATP.

Ce lundi, en fin de mâtiné, un rassemblement se tenait devant le ministère des Transports à l’appel des syndicats et nous auront par téléphone, des syndicalistes qui se trouvait devant le ministère et qui nous parleront de l’origine de ce mouvement de grève.

Nous commencerons cette émission par une prise de parole d’un machiniste RATP lors de l’AG interluttes 93 qui se tenait devant l’université Condorcet à Saint-Denis le 19 mai 2022

JO 2024 : présentation du week-end saccage 2024

Les chantiers des Jeux Olympiques 2024 ont commencé malgré la crise sanitaire et les résistances locales, et les retards accumulés accélèrent leurs cadences et dégradent les conditions de travail. Les conséquences sont nombreuses : quartiers irrespirables ( accélération de la bétonisation et de la pollution, inabordables (spéculation immobilière, entraînant l’expulsion des pauvres et des modestes, policés (imposition des normes des investisseurs et du tourisme, surveillance et répression, implantation de grandes enseignes, réduction des espaces publics et des parcs (comme à Taverny, à Aubervilliers, à la Courneuve, disparition d’espèces protégées, … et la liste est encore longue.

Saccage 2024 rassemble des habitant-e-s de Seine-Saint-Denis et de ses alentours, des associations et des collectifs entré-e-s en résistance face aux saccages écologiques et sociaux que provoquent les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Nous défendons les espaces avec lesquels l’on vit, où l’on habite, où l’on se rencontre, où l’on tisse des liens et où l’on s’amuse, menacés par la préparation et la tenue de ces jeux.

Depuis octobre 2020, nous, collectifs, associations et habitant-e-s, mêlons nos voix et nos envies d’agir au sein de la coalition Saccage 2024, en composant avec les positionnements et les stratégies différentes des un-e-s et des autres, pour que ce désastreux héritage ne soit pas imposé sur les territoires concernés.

Cette coalition vise à renforcer notre force d’action face aux transformations urbaines. Elle symbolise aussi que ces projets, aussi éparpillés qu’ils paraissent, s’inscrivent tous dans une vision que nous rejetons – celle de la transformation de nos espaces de vie en une métropole toujours plus mondialisée, inégale et ravageuse pour nos environnements.

Nous avons vu la destruction du foyer de travailleurs de l’ADEF de Saint-Ouen pour faire place au village olympique. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les anciens résidents, tous travailleurs immigrés, sont entassés dans des logements provisoires exigus et ne savent pas où ils iront ensuite. Nous avons vu la destruction de l’Aire des Vents, un parc public et une partie d’un corridor écologique protégé, qui a été pavé pour construire un « village des médias » que même le CIO (comité international olympique) a déclaré inutile.

Nous avons vu la destruction des jardins ouvriers à Aubervilliers. Comme les Manor Garden Allotments de Londres, le sol sera recouvert de béton, mais cette fois, pour une piscine olympique « d’entraînement » qui ne sera même pas utilisée pour les compétitions. À Taverny et Saint-Leu-la-Forêt, deux piscines parfaitement fonctionnelles seront remplacées par une piscine olympique. Au Champs-de-Mars, le sol est déjà goudronné pour un autre projet olympique (Grand Palais Éphémère). À Élancourt, des arbres seront coupés pour une piste de VTT.

Collectifs et associations faisant partie de la coalition : Collectif de défense des Jardins d’Aubervilliers, Notre Parc N’est Pas à Vendre, Pleyel à Venir, Changeons d’Ère à Taverny, Comité de vigilance JO 2024, Non aux JO à Paris.

Nous recevions dans notre émission ; Natsuko, Fleuve et Nina, membre de la coalition saccage 2024 et en leurs compagnies, nous revenons sur l’opposition aux jeux olympique 2024, les conséquences sur les villes accueillante. Les mobilisations internationales et la présentation des événements 21 et 22 mai à Saint-Denis et a la Courneuve.

Pour plus infos  : https://saccage2024.noblogs.org/

Réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Telegram) : @saccage2024

Sur Twitter : @2024saccage

La Commune de Paris / Épisode 1(rediffusion)

Aujourd’hui, nous vous proposons en nouvelle diffusion cette émission du 18 mars 2021 en appel a la journée de commémoration au mur des fédérés de ce 21 mai 2022

Toutes les infos dans le lien ci-contre : https://www.agendamilitant.org/Montee-au-Mur-des-Federes.html

Gardes Nationaux Fédérés et canons sur la butte Montmartre, 1871.
Raspouteam – Paris – 2021

À l’occasion des 150 ans de la commune de Paris, et à partir du 18 mars Raspouteam et l’Actualité des luttes font revivre les idéaux de l’insurrection parisienne dans une série d’émissions thématiques,

Vous entendrez des lectures de textes de l’époque, des archives et des entretiens avec des historien-ne-s. Mais la commune n’est pas morte, et nous ferons aussi le lien avec luttes actuelles à travers des reportages et interviews inédites.

Rendez vous tous les jeudi de 12h30 à 13h30 sur Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM et partout dans le monde sur rfpp.net.

Retrouvez le Journal Illustré de la Commune de Paris sur le site de Raspouteam.

Dans ce premier épisode, nous allons écouter des extraits de conférences d’Henri Guillemin, enregistrées en 1971 pour la Télévision Suisse Romande (TSR), qui revient à sa façon sur les origines historiques et sociales de la Commune de Paris de 1871.

Pause musicale : Simone Bartel / La Canaille

Bonne écoute !

GRENNWASHING : Manuel pour dépolluer le débat public

Nous remercions nos amies de « vive la sociale » qui ont réalisé la captation de la présentation du livre. A l’heure ou Macron nous promet un monde plus vivable pour les générations futures, cette réflexion nous montre à quel point le projet capitaliste écologique est une supercherie et combien cette recherche tombe à pic pour nous le démontrer.

Ce travail est Collectif et est réalisé par Aurélien Berlan qui est docteur en philosophie, chargé de cours à l’université Toulouse Jean-Jaurès ; Guillaume Carbou qui est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université de Bordeaux ; Laure Teulières qui est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université Toulouse Jean-Jaurès. Tous trois sont membres de l’Atécopol, collectif de chercheuses et de chercheurs réfléchissant à la question écologique.

Présentation du livre : Saviez-vous que les objectifs de « neutralité carbone » reposent largement sur des technologies qui n’existent pas ? Que la destruction d’une zone naturelle peut être « compensée » par l’investissement dans un produit financier ? Que l’on ne produira jamais assez d’hydrogène « vert » pour remplacer le pétrole ? Alors que l’enjeu écologique est décisif, nous avons un besoin urgent de clarifier les débats sur le sujet. Le greenwashing (ou écoblanchiment est une méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique) est ce qui nous en empêche.

Évoquant tour à tour un verdissement de façade, la récupération d’un discours environnementaliste vidé de sa substance, la mise en place d’innovations aux effets « écologiques » douteux, il biaise le débat public et empêche des choix démocratiques éclairés.

Fort de ses vingt-quatre entrées : croissance verte, économie circulaire, énergies décarbonées, dématérialisation, politiques publiques, nucléaire, transition, véhicule propre, ville durable… ce manuel d’autodéfense intellectuelle permet d’appréhender le greenwashing dans toute son ampleur. Trente-cinq scientifiques et spécialistes de ces questions révèlent les fausses promesses, les illusions rassurantes et les formes d’enfumage qui nous enferment dans des trajectoires insoutenables. Un outil essentiel pour ouvrir la voie aux bifurcations nécessaires.

Date de parution du livre 25/03/2022, 19.00 € TTC, 256 pages

BANLIEUSARDS ATTITUDE

Ce mardi 17 mai, nous vous diffusons une émission qui a été enregistrée en studio le jeudi 12 mai dernier avec la sphère d’influence ” banlieusards attitude”. Issue du mouvement la révolution est en marche, la sphère d’influence mènent de nombreuses actions de terrain, notamment sur la question du logement. Mais, elle veut intervenir à plusieurs niveaux du quotidien des habitant-e-s des banlieues à travers un programme d’orientation global (à lire ci-dessous).

https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==2/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

À l’occasion des présidentielles ils et elles avaient organisé plusieurs réunions dans diverses villes de banlieue parisiennes a l’issues desquelles se sont écrites trois tribunes (à lire ci-dessous).

1er tribune La sécurité pour nos quartiers https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==3/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

2eme tribune CONTRE LA STIGMATISATION DES FRANÇAIS ET DES FRANÇAISES DE CONFESSION MUSULMANE. POUR LE DROIT À LA DIFFÉRENCE https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTl-_CKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==4/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

3 eme tribune POUR L’ABOLITION DES CRA ET L’AUTOGESTION DES FOYERS https://apis.mail.yahoo.com/ws/v3/mailboxes/@.id==VjN-9qjr9ve0gTlCKIdjMytgWrf_7tSX2XGwP3QqIwN8hiFxqjxpKd0uRIGotpJxZ4fuSv2dyYKMLOAEoHrmKWWA/messages/@.id==AGXeRTlyiARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==5/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100ARqYoUJhgzRQFdUVHo/content/parts/@.id==5/refresh?appid=YMailNorrinLaunch&ymreqid=d4d24f72-2fc8-c0c9-1cae-e30000014100

Dans cette émission, vous pourrez donc entendre quatre de ces membres revenir sur cette initiative au global et sur les moyens que la sphère d’influence se donne pour développer ses projets.

Bonne écoute !

TECHNOPOLICE: une surveillance sous surveillance

Manifeste

Résister à la surveillance totale de nos villes et de nos vies

Partout sur le territoire français, la Smart City révèle son vrai visage : celui d’une mise sous surveillance totale de l’espace urbain à des fins policières. 

À Toulouse, Valenciennes ou Paris, on expérimente la vidéosurveillance réputée « intelligente » car fondée sur le traitement automatisé des flux vidéos pour imposer la reconnaissance faciale. 

À Saint-Étienne, une startup s’allie avec la mairie pour déployer des micros dans l’espace urbain afin d’alerter la police en cas de bruit suspect. 

À Marseille où Nice, des industriels voraces comme Thalès ou Engie avancent main dans la main avec les élus pour pousser leurs projets de « Safe City », sorte de couteau-suisse sécuritaire qui va de la reconnaissance des émotions dans l’espace public urbain à l’interconnexion massive de bases de données à des fins de police prédictive, en passant par la surveillance des réseaux sociaux.

Les nouvelles technologies informatiques comme le Big Data et l’Intelligence Artificielle sont la clé de voûte de ces différents projets. Ce sont elles qui doivent permettre de faire sens de toutes les données que l’on saura produire ou collecter, établir des corrélations, faire des recoupages statistiques, tracer des individus ou administrer des lieux.

La Smart City fait ainsi de la Technopolice notre futur. Sous couvert d’optimisation et d’aide à la décision, elle transforme l’urbanité toute entière pour en faire une vaste entreprise de surveillance. Une surveillance macroscopique d’abord, dédiée à un pilotage serré et en temps réel des flux de population et de marchandises, à une gestion centralisée depuis un centre de commandement hyperconnecté. Puis, une surveillance rapprochée des individus et des groupes : dès que des comportements « suspects » sont détectés, les appareils répressifs pourront fondre sur eux, « préempter la menace » et réprimer la moindre petite infraction à l’ordre public. Ou à l’inverse récompenser les citoyens jugés vertueux.

Sauf qu’il suffit de regarder dans le miroir que nous tendent l’histoire ou d’autres régions du monde pour savoir à quoi la Technopolice nous conduit : renforcement des formes de discrimination et de ségrégation, musellement des mouvements sociaux et dépolitisation de l’espace public, automatisation de la police et du déni de justice, déshumanisation toujours plus poussée des rapports sociaux. Tout cela et plus encore, au prix d’un gigantesque gâchis financier et écologique qui ne servira qu’à conforter le pouvoir des marchands de peur, et à maquiller le plus longtemps possible l‘ineptie de leurs politiques.

Les technocrates misent donc sur le Plan et la Machine pour réguler nos villes et nos vies. En lieu et place de la polis entendue comme cité démocratique, comme espace pluraliste, lieu de déambulation, de rencontres impromptues et de confrontation à l’altérité, ils mettent la ville sous coupe réglée. La technopolice ressemble à un gigantesque tube à essai dans lequel les formes les plus avancées du contrôle social pourront être mises au point. 

Contre cette dystopie que préparent ceux qui prétendent nous gouverner, nous appelons à une résistance systématique.

Le vendredi 22 avril 2022 avait lieu une “cartopartie”. Soit, une promenade cartographique groupée dans les rues de Paris. Celle-ci visant à repérer, observer et photographier des caméras de surveillance dans l’espace publique, pour pouvoir, par la suite, les reporter sur une carte collaborative.

Cette déambulation guidée, prompte aux discussions et interrogations, était animée par des personnes de la Quadrature du Net et du collectif Technopolice. Le rendez-vous était donné à proximité du métro Stalingrad, à la frontière entre le 10e et le 19e arrondissement, pour arriver à la librairie du Pied-à-Terre, située, elle, dans le quartier de Château rouge dans le 18e arrondissement. C’est dans cette dernière qu’a pu se tenir de plus amples débats sur l’appareillage techno policier et son monde totalitaire.

C’est la restitution sonore de cette action, que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.

Liens utiles :

https://www.laquadrature.net/

https://sunders.uber.space/

https://www.369editions.com/technopolice-defaire-le-reve-securitaire-de-la-safe-city/

TRANSDEV / LE SERVICE PUBLIC FERROVIAIRE EN DRÔME- ARDÈCHE / SAFRAN-SNECMA

Le 28 avril dernier, la députée France Insoumise de Seine-et-Marne Julie Garnier était convoquée au commissariat de Chelles. Son crime ? Avoir apporté son soutien aux grévistes du centre bus Transdev de Chelles. Celui-ci était à l’époque tenue par une ex-gendarme, ce qui explique que pour la première fois une députée était convoquée pour avoir fait son métier.

Un rassemblement de soutien a été organisé le jour de son audition. Une procédure judiciaire a été lancée contre la députée. Vous allez entendre les interviews de deux machinistes, l’un de la RATP, l’autre au centre bus de Chelles Transdev.

Ensuite, nous nous rendrons dans la Drôme où se tenait un rassemblement à Montélimar en ce 1er mai. En grève ce week-end à l’appel de la CGT pour réclamer un emploi de plus en gare de Montélimar et Pierrelatte.

Une partie des guichetiers et agents d’escale des gares de Pierrelatte et Montélimar étaient en grève. « 75 % du personnel », affirme la CGT Cheminots (majoritaire en Drôme-Ardèche), qui est à l’initiative de ce mouvement social, visant à dénoncer « la suppression de quatre emplois secs ». Nous entendrons l’entretien réalisé avec Rémi Fumat, secrétaire général de la CGT Cheminots de Montélimar et nous parlerons de la situation du service public ferroviaire en Drôme-Ardèche.

Le 9 mai dernier, un rassemblement était organisé à l’entrée de l’usine Safran-Snecma de Colombes, à la lisière du port de Gennevilliers. Depuis 17 semaines, les ouvriers de l’ex SNECMA sont en grève pour l’augmentation de leurs salaires et la sauvegarde de leur retraites. En outre, toujours au port de Gennevilliers, l’entreprise de logistique Geodis appartenant à la SNCF est frappé de nombreux et graves accidents de travail. Dans ce reportage, vous entendrez Olivier de saffran-Snecma, puis Mouloud de Geodis.

École Pasteur de Saint-Denis : audience au tribunal administratif de Montreuil / Grève à la bibliothèque nationale de France

Vendredi 22 avril 2022, la veille des vacances de printemps, deux jours avant le second tour des élections présidentielles, la mutation forcée de six enseignant·es de l’école Pasteur de Saint-Denis, est devenue effective. Ils et elles ont reçu leur mutation avec leur affectation dans une nouvelle école dès le lundi 9 mai. Pour rappel, cette décision, qui n’est pas officiellement une sanction, mais en constitue une de fait, fait suite à la publication d’un article calomnieux sur l’école Pasteur (non nommée, mais très reconnaissable), paru dans un journal d’extrême-droite et intitulé « Gauchisme à l’école, le niveau monte ».

Elle fait suite également à une enquête administrative, dont un certain nombre de personnes entendues dénoncent la malhonnêteté et l’absence de rigueur.

Lundi 9 mai au Tribunal Administratif de Montreuil, se tenait l’audience de la requête en référé-liberté posée par les enseignant.es, les parents d’élèves et les syndicats demandant l’annulation des mutations.

Dans ce premier temps d’émission, nous vous proposons l’écoute du reportage réalisé ce 9 mai, devant le Tribunal Administratif de Montreuil. Nous entendrons les différentes prises de parole et un entretien réalisé avec l’une des six enseignantes de l’école Pasteur de Saint-Denis.

Pour plus d’info et soutien :

Caisse de solidarité : https://www.papayoux.com/fr/cagnotte/soutien-aux-6-de-pasteur

La pétition : https://www.change.org/p/pas-de-mutation-pour-les-6-de-pasteurs-

Après plusieurs mois de mobilisation (envahissement du Conseil d’administration par près de 150 agents en novembre, grèves les 27 janvier et 17 mars, pétition de plus de 700 collègues en avril, etc.) la direction reste totalement sourde aux demandes des agents et à leurs difficultés.

Une situation qui s’est aggravée pour les personnels

Baisse d’effectifs à Tolbiac (-40 postes), retour de la grande précarité avec la fin des CDI pour les « vacataires », non-revalorisations des primes à l’ancienneté des titulaires (perte de 500 à 1500 euros par an), augmentation de la charge de travail à Richelieu avec la réouverture du site, absence de primes de fin d’année pour une partie des contractuels, etc. : la liste est longue et démontre que la politique de la direction se résume à demander aux agents de faire plus sans moyens et dans des conditions dégradées.

Les lecteurs désormais dans le viseur des restrictions

Malgré une pétition en ligne signée par des milliers de lecteurs, la direction de la BnF met en œuvre un système de communication dégradé des collections (les documents conservés en magasins ne seraient plus accessibles aux lecteurs le matin) dans le but de concentrer l’activité l’après-midi et ainsi réduire sensiblement le nombre d’agents postés. Cette réorganisation ne fera que concentrer la charge de travail et les cadences sur des périodes toujours plus courtes, au détriment des conditions de travail, tout en réduisant de façon drastique les services offerts au public.

> Pour des créations de postes et des moyens financiers ;

> Pour le maintien de la communication directe des documents aux lecteurs et la défense de nos missions ;

> Contre le retour des contrats ultra-précaires à la BnF ;

Dans ce contexte, ce mardi 10 mai, une grève à débuter. Dans cette seconde partie d’émission, nous vous proposons un reportage réalisé ce même jour à la BNF et nous entendrons les entretiens réalisés avec un lecteur et une salariée de la bibliothèque qui nous expliquent les raisons de ce mouvement et avec des salariés de la bibliothèque de Bussy-Saint-Georges.

Pour plus d’info :

https://sudculturebnf.wordpress.com/2022/05/05/mardi-10-mai-une-greve-specifique-pour-la-bnf-et-ses-personnels/

/La pétition des lecteurs https://www.mesopinions.com/petition/art-culture/bibliotheque-nationale-france-retour-aux-communications/175704

DES PRISONS POURQUOI FAIRE ?

Nous étions une trentaine de personnes aux profils très diversifiés ce mercredi 2 février 2022, à l’appel de l’Union Syndicale Solidaire, à la librairie La Nouvelle Réserve de Limay, pour discuter de la prison et du modèle de société qu’elle représente : des militant.es qui luttent contre le système carcéral, des anciens détenus, des personnes qui interviennent auprès des prisonniers, des curieux, et beaucoup d’habitant.es du Mantois qui refusent la construction d’une prison de Magnanville.

Au cours de cette rencontre, Nadia Menenger, autrice de deux livres sur la prison (“A ceux qui se croient libres” et “La liberté ne se mendie pas”, éditions l’Insomniaque) et Alex, membre du journal l’Envolée (porte voix des prisonniers en lutte, qui a édité le livre “La peine de mort n’a jamais été abolie”), ont pu donner un état des lieux actuel de la prison : 70 000 personnes sont détenues en France aujourd’hui, nombre qui ne fait qu’augmenter ces dernières années du fait de l’alourdissement des peines, des prolongements de détention pour contestation des conditions de (sur)vie carcérale, et que les programmes de construction pénitentiaires n’ont en rien amélioré. Plus on construit de prisons plus on enferme.

Les intervenants ont aussi insisté sur la composition sociale de la population carcérale : ce sont en très grosse majorité les pauvres, les exclus, les sans-papiers, les chômeurs que l’on enferme. L’image du prisonnier ultra-violent, asocial et inarrêtable ne sert qu’à renforcer l’adhésion de la population à un système carcéral qui maintient l’ordre économique injuste et inégalitaire imposé par cette société.

Les différentes réformes, de droite comme de gauche, n’ont pas infléchi cette tendance et les auteurs ont souligné l’hypocrisie de l’abolition de la peine de mort (la France étant la dernière à l’avoir votée en Europe !) alors que l’on enferme parfois jusqu’à la mort, avec des peines qui n’en finissent plus.

Enfin, avant un échange riche avec la salle, où chacun.e a pu exprimer soit un témoignage de détention particulièrement violent et injuste, soit un désaccord, soit une question ou un prolongement sur un aspect de la discussion, nous sommes revenus sur les luttes de prisonniers contre le sort qui leur est fait et sur les solidarités possibles avec l’extérieur. La prison étant un pilier de cette société capitaliste, au même titre que la police et la justice, lutter contre la prison c’est aussi lutter pour des hausses de salaires, contre le chômage, pour le lien social, la santé et l’éducation et contre l’exclusion, l’autoritarisme et le tout sécuritaire.

Toujours est-il que l’opposition au projet de prison de Magnanville nous rassemble, et que nous avons affûté nos armes théoriques pour combattre ce projet, et tous les autres !

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons un montage de cette rencontre

Les ouvrages de cette soirée :

À ceux qui se croient libres – Thierry Chatbi, 1955-2006, Nadia Menenger, L’Insomniaque

La liberté ne se mendie pas, L’Envolée, 2001-2008, Olivier Cuelo, Nadia Menenger, L’Insomniaque.

La Peine de mort n’a jamais été abolie, Dits et écrits de prison choisis par L’Envolée

Utopie 2021 : Léon de Mattis

9 euros – 132 pages chez Acratie

Propos

Utopie 2021 a pour ambition de répondre à une question : est-il encore possible d’imaginer, de nos jours, un monde totalement différent du monde actuel ? Un monde qui ne soit pas dominé par le capitalisme, et dans lequel il n’y ait ni propriété, ni argent, ni classes sociales ?

Le retour en force de la critique des excès du capitalisme depuis la grande crise de 2007-2008 s’est en effet accompagné d’un curieux phénomène : l’incapacité à aller au bout de cette critique.

Les utopistes contemporains, ceux qui veulent changer le monde, imaginent toutes sortes d’alternatives : des monnaies alternatives, une propriété alternative (« les communs »), des formes d’organisations politiques alternatives (plus démocratiques), des moyens de production alternatifs. Mais très peu, voire aucun, ne semble capable d’imaginer une société où il n’y ait plus d’État, plus d’argent et plus d’échange marchand du tout.

Utopie 2021 prend le contrepied de la tendance actuelle. Son objectif est de montrer qu’il est possible d’imaginer une société sans domination et sans exploitation, de se figurer la création d’un tel monde dans un moment révolutionnaire et de concevoir, à partir des luttes actuelles, le surgissement d’une telle révolution.

L’utopie, on le sait depuis Thomas More, ne nous parle ni de l’ailleurs ni du futur : l’utopie, ou l’uchronie, ne sont situées hors de l’espace et du temps actuels que pour mieux décaler le regard. La réflexion utopique menée par Utopie 2021 ne cherche donc pas tant à penser à quoi pourrait ressembler un monde différent qu’à imaginer par quelles voies il serait possible de l’atteindre : comment et pourquoi les luttes pourraient se transformer en autre chose que ce qu’elles sont maintenant. C’est ici que l’utopie rejoint la critique sociale dont elle n’est, somme toute, que le versant positif. L’utopie sert d’abord à critiquer la société de son temps, et c’est pourquoi elle a toujours une date. C’est ce qui explique le titre du livre : Utopie 2021.

Imaginer la création d’un monde différent ne signifie pas croire en son surgissement réel. Une nouvelle organisation sociale, de toute façon, ne pourra jamais naitre de cette manière. Un rapport social ne sort pas du cerveau d’un seul individu, quel qu’il soit, mais est toujours le résultat de l’activité d’un nombre incalculable de personnes.

L’utopie, bien qu’elle soit imaginaire, n’est pas non plus le fait d’un seul. Les manques et les défauts que chaque lecteur ne manquera pas de relever dans cette utopie seront des défauts pour ce lecteur, mais l’ensemble du projet lui permet de comprendre que c’est à lui de recomposer cette utopie pour y ajouter ce qui manque ou corriger ce qui, selon lui, ne va pas.

Un livre qui parle de la révolution est nécessairement un « livre-dont-vous-êtes-le-héros ». L’ambition d’Utopie 2021 n’est pas de décrire un futur radieux, mais de proposer une réflexion collective sur les formes que peuvent prendre la critique en actes de la société actuelle.

Plan

Utopie 2021 est composé de trois parties précédées d’une introduction. Les parties sont intitulées : « communisme », « production du communisme » et « critique en actes du capital ». Cependant, le terme « communisme » pourraient être remplacé par « anarchisme » dans tout le livre sans que le sens n’en soit le moins du monde changé, et ces trois parties pourraient donc aussi bien s’intituler « anarchisme », « production de l’anarchie » et « critique en actes du capital ».

La première partie présente, en des termes généraux, l’idée que l’on pourrait se faire de l’organisation d’un monde différent. La seconde partie est un aperçu de la manière dont la révolution peut s’envisager à l’heure actuelle. La troisième partie, enfin, analyse les luttes contemporaines en cherchant comment elles pourraient conduire à la révolution. Au premier abord, on pourrait penser que la première partie nous parle d’après-demain (le communisme ou l’anarchisme achevé), la deuxième partie de demain (la révolution) et la troisième partie d’aujourd’hui (les luttes actuelles). En réalité, chacune de ces parties, conformément à la manière dont est définie l’utopie dans cet ouvrage, ne nous parle que du présent.

L’interview que vous allez entendre a été réalisée à Toulouse par le collectif Camarade. Vous pouvez aller sur leur site « camarade pour la révolution » pour en savoir plus et lire ou écouter d’autres réflexions.

Technocentre Renault Guyancourt: les agents d’entretien sont en grève, balayés par le télétravail et la réduction des coûts/Boubacar et Fadigui, tués au pont-neuf par un policier

Mercredi 4 mai 2022 Guyancourt, Technocentre Renault

Renault sous traite à un prestataire de service l’entretien de ses bâtiments. Les salariés, parfois depuis plusieurs dizaines d’années, qui interviennent dans le centre de recherche et de développement du groupe automobile sont en grève depuis mardi 3 mai. Suite à une réduction d’activité, conséquence du développement du télétravail et de la réduction des coûts.

Le jeudi matin, la direction de Renault du Technocentre, à décider de désactiver les badges d’accès au centre des agents d’entretien, réduisant par là-même leur droit de grève.

En plus de la réduction de leur temps de travail dû au télétravail, La direction ferme une partie du Technocentre le vendredi, ce qui ampute d’environ 30 % de leur salaire.

Concernant l’entretien du centre de recherche et de développement, le nouveau contrat prendra effet le 20 mai prochain. Le recours à la sous-traitance permet à de nombreuses boites de se dédouaner des conditions de travail et de salaire de leurs salariés. Elle se défausse en prétendant ne peut pas pouvoir intervenir dans la gestion des ressources humaines de PEI, entreprise installée dans l’Essonne qui intervient dans plus de 2 000 entreprises en France.

Pour nous parler de cette grève à Renault Guyancourt, nous seront en compagnie de Jérôme et Mohamed.

Le soir de la réélection d’Emmanuel Macron, au cœur de Paris, sur le Pont Neuf, près de la Préfecture, un policier a ouvert le feu avec une arme de guerre ; un fusil d’assaut HK G36, qui équipe l’armée allemande et permet de tirer en rafales. Pourquoi utiliser une telle arme contre des civils ? Pour un simple refus d’obtempérer. Deux frères, noirs, meurent sur le coup. Un troisième homme est blessé par balle au bras. Le policer à tirer une dizaine de cartouches en deux temps. Le fou de la gâchette est âgé de 24 ans et avait six mois d’expérience. Voilà à qui l’État français confie des armes aussi puissantes et dangereuses, avec l’autorisation de s’en servir.

Le tireur plaide la « légitime défense », récit immédiatement repris en boucle par les médias. Pourtant, les juges viennent de le mettre en examen pour « homicide volontaire » après sa garde à vue. Ils estiment qu’il a tiré pour tuer, tiré avec l’intention de donner la mort. Néanmoins, le tireur est ressorti libre, en attendant les suites de l’enquête. Les syndicats de policiers d’extrême droite dénoncent une décision « inadmissible » et ont appelé à manifester pour élargir encore le cadre de la légitime défense. Chaque crime policier est pour eux l’occasion de réclamer plus de droits.

Cette affaire intervient alors que le nombre de tirs à balles réelles par la police française explose. Cet été, deux voitures ont été criblées de balles à Rosny et Stains par des agents qui n’étaient pas en danger, comme l’ont montrées les images de ces scènes. Idem fin mars, à Sevran : un père de famille tué d’une balle dans le dos. Il n’est plus exceptionnel de voir les forces de l’ordre sortir leur arme à feu, voire de tirer sur des véhicules ou des individus.

En 1995, lorsqu’il est distribué pour la première fois par le gouvernement français, le Flash-Ball Super Pro est pourtant présenté comme une « arme anti-bavure », qui permettrait au policier de tirer sans tuer, et d’éviter d’avoir à sortir leurs pistolets. C’est tout l’inverse qui s’est passé.

Durant la campagne présidentielle de 2012, les policiers manifestaient, en arme, dans des véhicules de police, sur les Champs-Élysées, pour réclamer une «présomption de légitime défense» – autrement dit, un permis de tuer –, revendication vite reprise par les candidats du FN et de l’UMP. La mesure sera mise en œuvre par le Parti Socialiste qui «assouplit» en 2017 le cadre de la légitime défense et étend l’usage des armes à feu. Les policiers obtiennent le droit de tirer non seulement pour se défendre, mais aussi pour «défendre un lieu sous leur responsabilité» – on devine les interprétations qui peuvent être faites dans le cas de luttes contre des grands projets –, «lorsqu’ils doivent empêcher un détenu de s’échappe» mais aussi «pour empêcher une voiture de se soustraire à un contrôle».

En 2020, dans le cadre de la «Loi de sécurité globale», le Parlement vote l’autorisation, pour les policiers, de se promener armés dans les établissements publics. Une mesure qui s’inscrit dans la continuité de l’État d’exception : dès 2015, le gouvernement avait autorisé les policiers à garder leurs armes en dehors du travail.

Le geste de brandir une arme à feu n’est plus exclu. Les tirs pour de simples contrôles non plus. À présent, c’est un double homicide au fusil d’assaut. Et ces gens sont armés 24h/24. Entre 2016 et 2019, les tirs à balles réelles par la police ont augmenté de 54%.

En 2019, le Ministère de l’Intérieur commandait simultanément plusieurs dizaines de milliers de grenades pour le maintien de l’ordre et 25 millions de cartouches destinées aux fusils d’assaut. Les autorités elles-mêmes s’alarment dans une note confidentielle du nombre de tirs « accidentels » ou commis « par imprudence » avec ces armes de guerre.

Dans cette seconde partie d’émission, nous serons avec Christian, de l’assemblée des blessées et en sa compagnie, nous reviendrons sur la contre-manifestation en réponse à celle organisée par les policiers plaidant la « légitime défense ».

« TERRE ET LIBERTÉ » PAR AURÉLIEN BERLAN(rediffusion)

C’est avec cette émission du 7 mars 2022 que nous ouvrons une série de rediffusions qui nous mènera au 7 mai et nous vous retrouverons pour de nouvelles émissions le lundi 9 mai.

Bonne écoute !

L’équipe radio actualité des luttes

C’est l’article de CQFD (que nous reproduisons) qui nous a donné envie d’aller à la librairie de l’Atelier, à paris pour écouter la présentation de « Terre et liberté » ; le livre d’Aurélien Berlan, sorti aux éditions de La Lenteur.

Il s’agit de ne pas abandonner le mot Liberté, mais de le définir collectivement pour ne pas s’en laisser usurper par l’extrême droite, comme par le capitalisme. Que signifie la liberté à l’heure de la surveillance électronique, de l’intrusion de plus en plus envahissante de l’État dans la vie privé et de la destruction du commun…

La liberté est sacrifiée au profit de ce qu’Aurélien appelle la « délivrance » ; être délivré des autres, des nécessités de la vie… Mais cela engendre individualisme, égoïsme, solitude et exploitation, car la délivrance des uns est la servitude des autres et la destruction de la planéte.

« Se réapproprier le terme de “liberté” » ; CQFD

Des murs de nos rues aux affiches électorales, nombre de slogans rythmés par l’idée de liberté ont fleuri ces derniers temps. Mais entre Bakounine, Tocqueville et les fascistes, le terme se prête à tous les usages. Il nous a donc semblé important de faire le point. C’est chose faite avec Aurélien Berlan, philosophe-jardinier, qui vient de publier Terre et liberté aux éditions La Lenteur. Un bouquin qui invite à repenser le concept de liberté contre le fantasme de délivrance matérielle et politique, qui nous a conduits droit dans l’impasse sociale et écologique actuelle.

En 2013, le lanceur d’alerte Edward Snowden levait le voile sur l’existence d’une vaste entreprise de surveillance menée par les services de renseignements américains. La liberté, telle qu’elle avait été conçue par les libéraux, est révolue – aspirée par les pipelines de la « révolution numérique ». Quel est donc, pour ceux et celles qui se sentent encore libres, le régime de liberté actuel ?

« Quand on se penche sur la pensée libérale, censée avoir triomphé depuis l’effondrement de l’URSS, on voit que ce qu’elle entendait par liberté n’était pas la démocratie, même pas “représentative” (qui ne représente, on le sait, que les intérêts d’une mince oligarchie). Mais plutôt l’inviolabilité de la sphère privée, entendue comme un espace dans lequel ni l’État ni la société ne sont censés intervenir. Depuis le XVIIIe siècle, cet espace s’est toutefois réduit comme peau de chagrin, pour se limiter aux relations personnelles et à la propriété privée. Avec la surveillance de masse, rendue possible par les outils numériques, le principe de l’inviolabilité de la sphère privée est littéralement balayé : les grandes organisations, publiques ou privées, peuvent pénétrer incognito dans les aspects les plus “privés” de nos vies afin d’influencer nos comportements. On peut donc se demander si la “critique du libéralisme” ne rate pas une donnée nouvelle et essentielle : le piétinement des principes du libéralisme est au cœur même du monde prétendument libéral.

Ce paradoxe m’a poussé à réfléchir au sens de la liberté à notre époque. Peu à peu, j’en suis venu à l’idée que nous avions abandonné la conception moderne et libérale de la liberté au profit de ce que j’appelle la “délivrance” : ce qui explique notre sentiment persistant de liberté, malgré la surveillance électronique, c’est que nous sommes largement délivrés des exigences du quotidien par le techno-capitalisme (voir extrait 1).

En relisant de près les philosophies de la liberté antiques et modernes, libérales ou socialistes, je me suis ensuite rendu compte que cette quête de délivrance, notamment sur le plan de la vie matérielle, les traversait presque toutes. Pour une raison simple : parce que ces philosophies ont été formulées par des membres des classes dominantes et que celles-ci ont toujours cherché à être délivrées des nécessités matérielles de la vie, pour se consacrer à des activités jugées plus “hautes”. Même Marx a identifié la liberté au dépassement du “règne de la nécessité”. La nouveauté, de nos jours, est que ce fantasme de délivrance exerce une telle hégémonie que l’on est prêts à sacrifier nos libertés publiques pour un gain de délivrance. D’où notre absence de réaction collective face aux révélations de Snowden. »

Ce « fantasme de délivrance », trait distinctif de la liberté au sens des Modernes, met en scène un individu déchargé à la fois de la politique et de la subsistance. Et c’est à travers cette quête de délivrance que tu retraces l’histoire de la catastrophe socio-écologique…

« La quête de délivrance se joue sur deux plans : on veut être libéré de la nécessité de faire avec les autres, avec tout ce que cela implique de conflictualité, de réunions chronophages, etc., et on veut être déchargé des activités liées à la subsistance matérielle, jugées pénibles et ennuyantes (le travail de la terre, les tâches domestiques, les soins aux personnes dépendantes, etc.). Ces deux aspirations, qui traversent le monde occidental, s’alimentent réciproquement, car on ne peut assurer sa subsistance tout seul. Voilà pourquoi l’avènement de la grande industrie et de la société de consommation a été accueilli comme une “libération” (non pas de la domination sociale, mais des “nécessités de la vie”). C’est alors que l’histoire du sens de la liberté se noue avec celle du désastre écologique. Car la quête de délivrance suppose une exploitation croissante des êtres humains et de la nature.

« Ce que les dominants ont toujours cherché à faire faire aux groupes qu’ils dominaient, qu’il s’agisse des femmes, des esclaves ou des ouvriers, ce sont les tâches liées à la subsistance. »

Si la liberté suppose d’être délivré de la “nécessité” (au sens relatif de “choses à faire” dont on ne voit pas comment se passer), elle suppose de se délester des tâches qu’on ne veut pas assumer soi-même. La délivrance suppose donc de les “faire faire”. Or c’est là la formule même de la domination sociale, qui suppose toujours la séparation entre des exécutants (qui font) et des dirigeants (qui ordonnent). Et ce que les dominants ont toujours cherché à faire faire aux groupes qu’ils dominaient, qu’il s’agisse des femmes, des esclaves ou des ouvriers, ce sont les tâches liées à la subsistance. L’histoire montre qu’il y a plusieurs manières de s’y prendre, plus ou moins directes et violentes. Cette histoire croisée des voies de délivrance matérielle et des formes de domination sociale constitue le cœur de Terre et liberté. Au terme de cette histoire, on arrive à la société de consommation basée sur la généralisation de la séparation consommateur / producteur.

Beaucoup d’écologistes pensent, à juste titre, que le désastre écologique dans lequel nous nous enfonçons est étroitement lié au gouffre qui s’est creusé entre la production et la consommation, jusqu’à prendre une dimension géopolitique mondiale – d’où la valorisation écologique des circuits courts, du “local”, de l’autonomie, etc. Mais cela ne tient pas seulement à ce que cette distance entraîne une consommation aberrante de carburants fossiles. Plus fondamentalement, cela tient à ce que seule cette séparation permet de comprendre la fuite en avant des besoins qui caractérise notre forme de vie de consommateurs salariés qui, pour reprendre une formule du philosophe André Gorz, “ne produisent rien de ce qu’ils consomment et ne consomment rien de ce qu’ils produisent”. Quand on fait les choses soi-même, le premier besoin est de ne pas perdre sa vie à produire de quoi satisfaire des besoins illimités, ce qui pousse à réfléchir nos besoins et à les réduire. À l’inverse, rien ne vient borner les besoins et les désirs de celles et ceux qui font tout faire aux autres. »

« Le fait que le terme “liberté” puisse être accaparé aujourd’hui par les partis autoritaires est désespérant. »

En ces tristes temps électoraux, nous assistons à l’accaparement de la question de la liberté par l’extrême droite en France et en Allemagne. Que dit cette confiscation sur notre époque ?

« C’est la sanction du fait que les forces prétendument libérales ont en fait abandonné les principes de base du libéralisme. Plus profondément, cela révèle à quel point nous vivons dans un monde “orwellien”, où l’on fait dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient. Dans la célèbre dystopie de George Orwell, 1984 1, le régime totalitaire de Big Brother ne cesse de marteler : “La liberté, c’est l’esclavage”, “La guerre, c’est la paix”, etc. Rappelons que le mot “liberté” a d’abord été l’étendard des luttes contre les diverses formes de domination, politiques ou économiques : celui des esclaves pour dettes contre les aristocraties antiques, des paysans contre les propriétaires fonciers lors de la révolution mexicaine (à laquelle on réduit souvent le slogan “Terre et liberté”), des révolutionnaires qui prenaient pour devise “Vivre libre ou mourir”, etc.

Le fait que le terme “liberté” puisse être accaparé aujourd’hui par les partis autoritaires et pire encore, le fait qu’une partie de la gauche capitule devant cette OPA idéologique et affirme que la liberté est “une valeur de droite”, voire “une invention du capitalisme”, est désespérant. Car en contrôlant les mots, on détermine les pensées. Or dominer les esprits permet d’assujettir les populations – c’est cela, le message d’Orwell.

Contre ce rapt sémantique, je propose que l’on se réapproprie le terme “liberté”, ce qui implique de le repenser profondément, à rebours de la plupart des théories de l’émancipation qui sont tombées dans le piège du fantasme de délivrance. Je l’ai fait en m’inspirant moins des “grands” textes de la pensée politique, qui témoignent surtout du désir de délivrance, que de la texture même des formes de vie des classes populaires et des luttes qu’elles ont menées, presque partout, pour la défense des biens communs. Car ces luttes témoignent de tout autre chose que d’un désir d’être déchargé des nécessités de la vie quotidienne : elles manifestent la volonté d’accéder aux ressources (la terre d’abord, mais aussi les forêts, les rivières, les outils, les connaissances, etc.) permettant de prendre en charge ces nécessités. »

Peux-tu en dire plus sur cette conception de la liberté comme autonomie, que tu opposes à la liberté des Modernes ?

« Quand on parle aujourd’hui d’autonomie alimentaire ou énergétique, on prend le mot dans un sens matériel qui semble éloigné de sa signification étymologique : l’autonomie, ce n’est pas “se donner ses propres lois”, mais “subvenir à ses propres besoins”. Toutefois, ces deux significations sont en fait étroitement imbriquées. Car dès lors que l’on dépend matériellement (pour satisfaire ses besoins) d’une autre instance, on ne peut plus être pleinement libre. Comme le rappelle le dicton : “On ne mord pas la main de celui qui vous nourrit.” Bref, la liberté est conditionnée par l’autonomie matérielle – et celle-ci l’est par l’accès aux ressources permettant de satisfaire nos besoins. Tel est le sens politique profond de la quête d’autonomie matérielle. À condition toutefois de ne pas confondre autonomie et indépendance : assurer sa subsistance ne se fait jamais seul, mais en lien avec les autres. L’autonomie invite en fait à nous libérer des liens de dépendance asymétriques qui nous ligotent aux grandes organisations anonymes, pour recréer des interdépendances personnelles sur lesquelles il est possible d’avoir prise.

« La conception dominante de la liberté reposait sur l’aspiration à être délivré de la terre et des activités paysannes. Il est frappant de voir aujourd’hui que la liberté est de moins en moins associée à la ville. »

Une autre dimension de l’autonomie est sa dimension terrestre, son lien intime à la terre comme base de la subsistance humaine. La conception dominante de la liberté à l’époque moderne reposait au fond sur l’aspiration à être délivré de la terre et des activités paysannes qui y sont liées, ce qui a conduit à identifier la liberté avec la vie urbaine (“l’air de la ville rend libre”). Contre cette conception extra-terrestre de la liberté – qui pousse ses ultimes partisans fanatisés, comme Elon Musk, à vouloir aller vivre sur Mars –, il est frappant de voir aujourd’hui que la liberté est de moins en moins associée à la ville – sa devise serait plutôt “prendre la clé des champs”. C’est un changement d’esprit frappant, intimement lié au désir de renouer avec la liberté comme autonomie. »

Pour Sartre, « l’existence précède l’essence ». Tu complètes : « La subsistance précède l’existence »… Est-ce que ton livre serait un manifeste subsistancialiste ?

« Oui, mais à condition de souligner que je n’invente rien : je ne fais que remettre à jour des idées politiques qui ont été jetées aux oubliettes, même par les théories prétendument radicales. Et je le fais pour rendre justice à toutes celles et ceux qui voient bien qu’il y a quelque chose de problématique dans notre mode de vie, où l’on fait faire à d’autres presque tout ce qui concerne notre subsistance. En fait, je m’inscris dans un tournant subsistancialiste2 plus général, porté notamment par certaines écoféministes qui ont critiqué la conception de l’émancipation féminine qui fut celle de Beauvoir, typique de la volonté extra-terrestre de délivrance (voir extrait 2). Car cette critique a une portée bien plus générale, qui permet de repenser une émancipation compatible avec la Terre (voir extrait 3).

Propos recueillis par Momo Brücke

CAF : Les raisons d’une dérive, les enjeux d’une action

Dessin issu du site http://www.changerdecap.net/

Dans l’émission de ce jour, nous reviendrons sur le fonctionnement des CAF(caisse d’allocation familiale). Pour cela, nous serons en plateaux avec Evelyne, du réseau stop précarité et par téléphone avec Valérie pras, pour la question numérique et Didier minot, pour le volet juridique, tous deux membre du collectif changer de cap.

L’analyse du fonctionnement des CAF(caisse d’allocation familiale) pose plusieurs catégories de questions. On peut les regrouper en quatre catégories.

Une convention d’objectifs et de gestion assimilant les CAF à des entreprises

Les conventions pluriannuelles d’objectifs et de gestion (COG) entre l’État et La Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), découlant du New public management, imposent une gestion financière centrée sur la réduction des moyens, présentée comme un objectif central, alors que la sécurité sociale est l’expression d’un droit universel. L’assimilation des CAF à des entreprises conduit à considérer les prestations sociales comme des coûts et les allocataires comme des risques dont les besoins empêchent de réduire « le pognon de dingue qu’on met dans les minima sociaux »1.

Le pouvoir politique et la technostructure imposent leur pouvoir à travers la multiplication des objectifs chiffrés, décomposés par programmes. Le vote du budget de la sécurité sociale par le Parlement, la tutelle du ministère des finances dessaisissent les représentants syndicaux, qui sont réduits un rôle de figuration, et parfois s’y complaisent. Un déficit permanent est entretenu par les exonérations massives de cotisations sociales consenties aux entreprises, et sa budgétisation constitue un outil de contrôle.

Les COG présentent comme des outils de progrès et de maîtrise des risques le traitement automatisé des données, la liquidation automatique des prestations et le data mining. Dans la réalité, on constate que l’automatisation entraîne une augmentation des erreurs et des injustices, en l’absence de dialogue physique permettant de prendre en compte la diversité des situations.

Cela se traduit par des objectifs de fraudes constatées à atteindre chaque année (380 millions d’euros en 2022) sous forme d’indicateurs de résultats chiffrés. Ces objectifs se transmettent à chaque CAF et à chaque contrôleur. La prime d’intéressement des contrôleurs dépend en partie du montant des indus frauduleux détectés. De tels objectifs sont de nature à inciter les organismes à qualifier d’actes frauduleux ce qui relève de l’erreur ou de l’oubli non intentionnel2.

Le développement de contrôles3 de plus en plus durs s’inspire de la suspicion entretenue par les milieux patronaux et les politiciens de droite et parfois de gauche dénonçant sans relâche « la fraude aux prestations sociales », même si celle-ci est démentie par les faits (0,27 % d’allocataires reconnus fraudeurs en 2020 4).

La numérisation des contrôles, banc d’essai d’une société de surveillance

La numérisation a été pensée pour pouvoir se substituer aux services des CAF. Emmanuel Macron a parlé d’automatisation intégrale des aides sociales. Toute une série de bases de données, de logiciels et d’algorithmes ont été mis en place pour gérer les différents aides relevant des CAF, à partir des instructions venant du pouvoir politique.

Cette automatisation a permis une gigantesque accumulation de données (1000 données par personne pour 13 millions de foyers, c’est-à-dire 30 millions de personnes) résultant de l’interconnexion des fichiers publics et parfois privés. Cette utilisation du Big data réduit à néant le droit à l’intimité, le secret bancaire, le secret médical et les libertés individuelles, d’autant que les données sont « fouillées » (data mining) avec des méthodes opaques, non rendues publiques, discriminatoires.

– Un profil individuel est établi pour chaque personne assorti d’un « score de risque », qui est en fait un indice de non-conformité à la norme d’un allocataire bien portant, français, vivant en couple, dans un quartier non sensible, doté de revenus réguliers, numérisé, comprenant le langage des règlements.

L’accroissement exponentiel des contrôles (32 millions de contrôles automatisés en 2020) est rendu possible par la puissance du numérique. Ces contrôles sont déclenchés automatiquement chaque fois qu’une variation même infime apparaît dans le croisement des données (par exemple un écart de 30 € sur les revenus, un changement de situation familiale). Sont donc considérés particulièrement comme « à risque » les femmes seules avec enfants, les chômeurs, les intérimaires aux revenus variables, les personnes handicapées, celles qui sont nées à l’étranger, etc. Ces personnes subissent des contrôles répétitifs si leur « score de risque » est élevé.

L’administration des CAF à la dérive

Les conventions d’objectifs et de gestion ont imposé une logique d’efficacité et d’efficience, mais la simplification des procédures régulièrement annoncée depuis 10 ans n’est pas au rendez-vous :

Des règles multiples et complexes se superposent et s’entrecroisent (plusieurs milliers pour les seules aides au logement), et ne sont plus gérables que par les algorithmes. La logique néolibérale génère la bureaucratie, comme le dit David Graeber5. Les circulaires internes ne sont pas toutes publiées, les allocataires ne peuvent pas appliquer des règles inintelligibles. Cette pagaille favorise l’arbitraire des algorithmes et de certains contrôleurs.

L’automatisation conduite par des bureaux d’études génère de nombreuses erreurs, des retards, des incohérences et une désorganisation des CAF, aggravés par les réductions d’effectifs que le ministère des finances impose en contrepartie de la numérisation, sans aucune considération pour les allocataires ni pour le service aux usagers (même logique que pour l’hôpital) ni pour le mal-être et la dégradation des conditions de travail des agents soucieux de défendre un service public humain, auquel beaucoup restent attachés.

La prise de pouvoir par la machine est en fait celle des bureaux d’études ou des services informatiques qui ont mis en place les logiciels et deviennent indispensables au fonctionnement d’une usine à gaz dont ils ont seuls les clés. Les agents des CAF ne sont plus capables d’expliquer pourquoi une personne est contrôlée, mais doivent rattraper les erreurs de la machine en bricolant comme ils le peuvent et en répondant à la détresse ou à la révolte des allocataires. Aujourd’hui, le système est au bord de l’implosion (cf. témoignage des agents de la CAF du Doubs).

Face à ce problème, la CNAF est dans le déni, affirmant que les dysfonctionnements ne touchent que 2 % des bénéficiaires, la correction des anomalies se fait au fil de l’eau et que les services sont conscients des désagréments causés à une partie des allocataires.

Des contrôles hors-la-loi

Vis-à-vis des citoyens « de seconde zone », le pouvoir ne prend pas les mêmes précautions que par rapport aux autres catégories de la population :

La plupart des contrôles sont déclenchés automatiquement, et les suppressions d’aide sont le plus souvent appliquées sans en informer les allocataires et sans notification, ce qui est contraire à la loi. Juridiquement la fraude doit être intentionnelle, mais ici les incompréhensions, les difficultés face au numérique, les erreurs, y compris celles des CAF, sont assimilées à de la fraude, en l’absence de contrôles de légalité exercés par la CNAF et les directions des Caisses.

Les procès-verbaux sont remplacés au mieux par des notifications sommaires, qui ne précisent ni les modalités de calcul de l’indu, ni les délais de réponse, ni les voies de recours. Les contrôleurs sont dotés de larges pouvoirs juridiques et d’investigation, mais n’ont pas la formation, les directives ni la supervision les obligeant à faire accéder à leurs droits les personnes contrôlées, par le respect du contradictoire et de la présomption d’innocence, le droit à l’erreur et des conseils adéquats.

Dans de nombreux cas, les allocations sont suspendues dès le début des contrôles, sans respect du reste à vivre légalement imposé à tous les créanciers.

Une police et une justice numériques parallèles au rabais se mettent ainsi en place, insensibles à des situations humaines parfois dramatiques. Ces pratiques ne respectent pas les principes fondamentaux du droit, et sont entachées d’illégalité6.

Un choix de société

C’est pourquoi nous demandons le démantèlement des pratiques illégales qui se sont développées en matière de contrôle des aides sociales par les CAF, une transparence de la récolte et du traitement des données personnelles des 13 millions de foyers répertoriés, et la remise de l’intervention humaine au coeur du service public afin de faire du numérique un outil pour rendre effectif l’accès de chacun à ses droits sociaux, tout en respectant son intimité.

A travers le débat qui s’instaure, ce sont deux conceptions alternatives de la société qui s’opposent. D’un côté une gouvernance par les nombres7 et la violence. La mise en place d’une société de surveillance et d’un « contrôle des assistés » (cf. Vincent Dubois)8 s’inscrit dans un capitalisme de contrôle de toute la population, exercé par la violence, la propagande et les atteintes aux droits, qui va de pair avec une aggravation du mal-être social et des souffrances d’une part croissante de la population (rappelons que 12% de la population connaît des difficultés psychiques et que 14 % est en dessous du seuil de pauvreté).

De l’autre, la réaffirmation d’une société solidaire, de justice et de droits, où la solidarité entre tous conjugue entraide, prévoyance et coopération, d’une société inclusive où chacun a sa place. Dans cette perspective, il est possible de concevoir une utilisation alternative des nouvelles capacités de calcul et de traitement des données, qui se conjugue avec une place centrale donnée à la relation humaine, tant dans les services publics que dans l’ensemble de la société, et avec le respect du droit fondamental à l’intimité.

Ce choix ne peut être tranché que par un combat politique qui conjugue la résistance aux oppressions (comme le fait la présente action à l’encontre des pratiques actuelles des CAF), la multiplication des actions porteuses d’alternatives sur le terrain, montrant la voie, l’action politique pour transformer les institutions et les lois et l’instauration de nouvelles formes de dialogue et de relations au sein de la société.

1 Emmanuel Macron, 12 juin 2018 « La politique sociale, regardez : on met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres. On n’en sort pas. Les gens qui naissent pauvres, ils restent pauvres. Ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres. On doit avoir un truc qui permette aux gens de s’en sortir ». voir ici

2 Rapport du Défenseur des droits, 2017, Lutte contre la fraude aux prestations sociales : à quel prix pour les droits des usagers ? page 14 Voir ici

3 Annexe 11 de la COG 2018-2022

4 CNAF, 2021, La politique de prévention et de lutte contre la fraude en 2020, p. 3 Voir ici

5 David Graeber, 2015, Bureaucratie, LLL Il y dénonce l’inflation des tâches administratives introduites dans la vie courante au nom de l’excellence ou de la qualité, constituant une tyrannie invisible et violente

6 Cabinet DBKM. Incompatibilité des mesures nationales de lutte contre la fraude aux prestations sociales avec le Pacte des droits civils et politiques. Rapport au comité des droits de l’homme des Nations unies (voir ici)

7 Alain Supiot, 2015, la gouvernance par les nombres, cours au collège de France, Fayard

8 Vincent Dubois, 2021, Contrôler les assistés, 2021, Raisons d’agir

Pour plus d’info : fr.facebook.com/collectifchangerdecap

Projet de nouvelles prisons / Lutte des femmes sans papiers au centre de rétention du Mesnil-Amelot

Plan du chantier de la Structure d’Accompagnement vers la Sortie

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur les projets de construction de nouvelles prisons et sur la lutte des femmes sans papier du centre de rétention du Mesnil-Amelot. Pour cela nous sommes en plateau avec une membre du collectif à bas les cra.

Nous commencerons cette émission par la diffusion d’un reportage réalisé le 16 avril ou un Rassemblement fut organisé pour protester contre la construction d’une nouvelle prison dont le chantier a commencé à Noisy-le-Grand et nous entendrons une interview réalisée avec des membres du collectif qui organisé ce rassemblement.

À Noisy-le-Grand, une SAS va commencer à sortir de terre en décembre. Derrière cet acronyme se cachent de nouvelles places d’enfermement, donc plus de prisonnier-es. D’après ses concepteurs cette « Structure d’Accompagnement vers la Sortie » est un dispositif de plus pour favoriser « l’insertion », et aider à l’« autonomisation des personnes détenues ». Vingt-quatre nouvelles prisons de ce type sont prévues sur le territoire, faisant partie du plan prison national, où 15 000 nouvelles cellules doivent être construites d’ici à 2027.

Celle de Noisy sera coincée entre l’autoroute, des IUT, un entrepôt Amazon, un giga-chantier du Grand Paris express… avec seulement 30 prisonnier-es en semi-liberté sur les 120 qu’elle est censée enfermer. Ça veut dire pour les 90 autres des conditions comparables à un régime porte ouvertes de centre de détention, avec a priori plus d’activités, des entretiens pôle emploi, un « accompagnement individualisé »…

En seconde partie d’émission, en compagnie de notre invitée, nous reviendrons sur luttes de femmes au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Deux retenues colombiennes et une retenue chilienne de la section femme du Mesnil-Amelot ont entamé une grève de la faim depuis le 6 avril. À ce moment, nous diffuserons un entretien réalisé par l’équipe radio de l’envolée, du 15 octobre 2021, ou une prisonnière du centre de rétention du Mesnil-Amelot témoigne de sa situation au CRA.

Numéros de téléphone pour soutenir les retenu.es : https://abaslescra.noblogs.org/appeler-les-retenu-e-s-numeros-des-cabines-en-cra/

COMMENT LES IDÉES D’EXTRÊME DROITE SE SONT BANALISÉES(rediffusion)

Aujourd’hui, en nouvelle diffusion, nous vous proposons l’écoute de cette émission du 26 janvier 2022

Dans cette émission, nous nous revenons sur l’évolution de l’extrême-droite avec Hervé du collectif antifasciste La Horde, afin de se donner des outils pour résister à l’omniprésence médiatique des discours d’extrême-droite, qui ne va pas aller en s’arrangeant avec la campagne électorale.


Pour remettre les choses à l’endroit, on analyse certains des retournements opérés par les discours d’extrême-droite, par exemple faire passer les hommes blancs hétérosexuels pour les victimes principales de la marche actuelle du monde.

D’abord, on s’interroge sur le choix des mots : pour ne pas tout mélanger, il est important de pas qualifier tous les adversaires ou ennemis politiques de “fascistes”. En effet, en France, historiquement, on a plutôt une extrême-droite nationaliste, réactionnaire et des gouvernements autoritaires, qu’un véritable passé fasciste à la sauce italienne. 

Pour y voir plus clair, notre invité propose un retour sur les fondements idéologiques de l’extrême-droite dans la 2e moitié du XXe siècle. Même s’il existe “50 nuances de fafs”, la plus grande partie de l’extrême-droite française a en commun d’être réactionnaire (elle veut revenir à un “avant” idéal, en général avant 1789), inégalitaire et élitiste (l’inégalité est supposée être dans l’ordre des choses, justifié par la nature, Dieu, le bon sens…).

Après la défaite du nazisme, l’enjeu pour les nationalistes réactionnaires était de réussir à revenir dans le jeu politique alors que leurs discours n’étaient plus acceptables après la guerre et là Shoah. Ce processus s’est avéré très long, mais mai 68 a fini de convaincre la droite nationaliste qu’elle devait mener une bataille sûr
le terrain de la culture, des valeurs.

D’où le projet du Front national au début des années 1970 : un parti qui s’inscrit dans le jeu électoral républicain, qui tente de rassembler toutes les tendances nationalistes, ce qui n’allait pas de soi. À cette époque, différentes organisations et
intellectuels travaillent à une transformation du discours d’extrême-droite pour être de nouveau entendables dans les termes de l’époque, même si l’intégration au cadre républicain a des limites.

Parmi les idéologues de l’extrême-droite, on prend l’exemple de Jean-Yves Le Gallou, passé la le GRECE et la Nouvelle Droite qui créée le club de l’Horloge au milieu des années 1970. Ultra-libéral sur le plan économique, il est le promoteur du concept de préférence nationale, qu’il ne parvient pas à vendre à la droite classique, mais que le FN adopte avec enthousiasme.

Au début des années 2000 il revient à la lutte “culturelle” avec le même projet de réhabilitation des idées d’extrême-droite et théorise l’usage d’internet et le concept de réinformation qui est aujourd’hui central (notamment chez le candidat E.Z. soutenu par Le Gallou).

Ce qui nous amène à l’état des lieux de la situation actuelle : les discours d’extrême-droite choquent encore, dans une certaine mesure, car la gauche a tout de même gagné du terrain, par exemple sur l’antiracisme, le féminisme et la lutte contre l’homophobie. C’est là que le concept de réinformation entre en jeu : il a plus à voir avec la propagande qu’avec l’information et tente de répondre au besoin, pour l’extrême-droite, de faire accepter des idées qui ont été inacceptables pendant des décennies. 

La réinformation fonctionne de pair avec une stratégie de victimisation, notamment le fait de se dire censuré alors qu’on les entend partout, ou encore de se revendiquer “dissident”. Ce terme renvoie à la dissidence en Union soviétique et permet de se présenter comme des libre-penseurs face à une dictature qui prend les allures de la démocratie. Il est donc important de ne pas se faire avoir par ce sophisme : “si on était vraiment dans une démocratie, nos idées (racistes, sexistes, etc) ne seraient pas inacceptables”.

On voit bien en effet que quand des personnalités d’extrême-droite se revendiquent de la liberté d’expression, c’est leur liberté d’expression à eux qu’ils défendent et
pas celle des groupes sociaux que l’on n’entend jamais ! Face à ces stratégies qui retournent complètement la réalité des inégalités, il faut se rappeler qu’à gauche on défend un monde égalitaire, que c’est une lutte de chaque jour et que ce n’est jamais
vraiment acquis.

Et enfin, n’oublions pas qu’on n’a pas à débattre avec l’extrême-droite,
tout simplement parce qu’on n’a rien à lui dire !

SEMAINE ANTICOLONIALE ET ANTIRACISTE 2022

La Semaine Anticoloniale existe depuis 2006 au sein du réseau Sortir du Colonialisme, né suite à la mobilisation contre la loi du 23 février 2005 qui prétendait que la colonisation avait eu des aspects positifs. Le réseau avait pris une grande ampleur et regroupait horizontalement une cinquantaine d’associations et d’organisations à l’échelle nationale et internationale. Le salon anticolonial était devenu un carrefour au sein du combat anticolonialiste et antiraciste. Il représente un moment de rencontre important et permet de donner la parole à celles et ceux qui en sont privé·e·s tout au long de l’année, à celles et ceux aussi que le capitalisme et l’impérialisme veulent faire taire.

Durant un week-end, des débats côtoient des projections de films, des présentations d’ouvrages et des expositions, en invitant auteurs, réalisateurs et militants autour des différents stands de collectifs impliqués dans ces luttes. En 2019, la perte d’une membre importante et la situation sanitaire ont affecté profondément le réseau et ses activités. Grâce à la restructuration récente, avec un nouveau comité d’organisation, le Salon Anticolonial va enfin reprendre forme et l’évènement sera organisé pleinement, en présentiel. Rassembleur comme toujours et au cœur de nos combats plus que jamais d’actualité. »

Cette année, la semaine se tenait du 12 au 13 mars 2022 à la parole errante à Montreuil. Quelles alternatives face à l’inaction de la France et de la communauté internationale ?

Organisé par la Plateforme pour la Solidarité avec le peuple du Sahara Occidental,
CSIA (Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques), CSPB (Comité de
Solidarité avec le Peuple Basque).
Avec : Gilles Devers (avocat), Mohamed Sidati (représentant en France du Front
Polisario), Rock Haocas (responsable des relations internationales du Parti travailliste de Kanaky), Mohamed Nabhane (CDISCOM – Comores) et Pablo pour le pays Basques.

Dans cette émission, nous diffusons la présentation qui a été faite lors de la semaine anticoloniale et antiraciste sur les alternatives pour les peuples en lutte pour leur auto-détermination face à l’inaction de la France et de la communauté internationale. Les limites se retrouvent au niveau du droit auprès des nations unis et au niveau du droit international. Mais au-delà des limites que pose le recours au droit, les peuples continuent de lutter pour leur liberté.

Cette présentation était assurée par Gilles Devers qui est avocat du droit international qui a notamment travaillé sur la Palestine et le Sahara occidental.

LES SERVICES PUBLICS : l’école, la santé, la poste

L’émission de ce jour, reviendra sur les différentes menaces qui pèse sur l’avenir des services publics en France comme en Europe. Pour illustré ce sujet, dans l’émission de ce jour, nous vous proposons trois reportages.

Tout d’abord, la situation à l’école élémentaire pasteur de Saint-Denis

Le 4 avril, 6 des 19 enseignant·es de l’école élémentaire Louis Pasteur
à Saint-Denis ont appris qu’ils et elles allaient subir une mutation «
dans l’intérêt du service », dans les jours à venir.Cette décision des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN 93) est la suite d’une série de maltraitances institutionnelles.

À la rentrée 2021, après une année sans direction d’école où l’équipe a dû porter seule les charges administratives, une nouvelle directrice a été nommée par la direction académique. Très rapidement, celle-ci a mise en place des pratiques managériales allant contre le fonctionnement collectif et coopératif de l’équipe et ne prenant jamais en compte l’intérêt des enfants.

Ils·elles ont appris par la suite que la directrice entretenait des relations avec
l’extrême-droite. Aujourd’hui, l’institution, au lieu de protéger les enseignant·es comme il est de son devoir (les demandes de protection fonctionnelle sont restées sans réponse), les réprime violemment et collabore ainsi avec l’extrême-droite !

En prenant cette décision de muter de force des enseignant·es investi·es
auprès de leurs élèves (certain·es sont en poste depuis plus de dix ans
dans l’école) sous prétexte d’une volonté de retour à la « sérénité de
l’école », l’administration prive les élèves de six classes de leur
maître·sse en plein cours de l’année scolaire et désorganise ainsi le
service public d’éducation.

Les enseignant·es de l’école, les parents d’élèves et plusieurs syndicats du 93 appelaient à un rassemblement en soutien aux “6 de Pasteur” le 12 avril dernier devant la DSDEN à Bobigny.”

L’équipe de l’actualité des luttes, se trouvait dans le rassemblement et nous pourront entendre les différentes prises de parole et une interview réalisée avec une enseignante qui nous parle de la situation à Louis Pasteur.

LE 7 AVRIL 2022, Le collectif notre santé en danger, le collectif inter-Urgences, le collectif Stop aux brevets-Réquisitions et le Réseau Santé européens organisaient une manifestation, à l’occasion de la journée mondiale de la Santé, pour interpeler le gouvernement français sur la situation du secteur de la Santé, en France et en Europe.

Dans ce second reportage, nous vous diffusions les entretiens réalisés avec des syndicalistes Belges, majoritairement présent dans le cortège parisien et il nous parle de la situation du secteur de la santé et des services publics en Belgique.
À signaler la faible participation des confédérations syndicales française dans la manifestation parisienne.

Nous terminerons cette émission sur le droit syndical à la poste et pour cela nous nous rendrons à Issy-Les-Moulineaux, ou Le 28 mars dernier était organisé un rassemblement de soutien à Xavier, postier syndicaliste à SUD PTT 92, pourtant protégé, convoqué pour son Entretien Préalable a Licenciement pour prises de parole et activité syndicale.

RETOUR SUR LA RÉSISTANCE DES PEUPLES EN UKRAINE

Moscou, 2014 : Des anarchistes défilent contre l’agression russe.

Depuis le début de la guerre, une multitude d’initiatives d’auto-organisation et d’autodéfense fleurissent sur le territoire ukrainien. Des milliers de gens « normaux », des étudiantes, des infirmiers, des boulangères, s’organisent dans leurs quartiers et dans leurs villages pour défendre leurs terres, assurer le minimum vital dans les villes, organiser l’exil, soigner les blessés, nourrir celles et ceux qui restent, etc.

Nous défendons un internationalisme par en bas qui, fidèle à nos principes et avec nos moyens, entend soutenir en Ukraine ou en Russie celles et ceux qui résistent en défendant des valeurs émancipatrices et égalitaristes.

Loin de soutenir les brigades d’extrême droite qui, comme le bataillon Azov, entendent renforcer leur prestige avec leurs exploits guerriers. Aussi, n’oublions pas qu’en Russie aussi, malgré une répression de plus en plus implacable et des milliers de personnes emprisonnées depuis le début de la guerre, des voix s’élèvent pour s’opposer aux massacres du régime de Poutine.

Enfin, rappelons que si nous exigeons bien sur un accueil inconditionnel pour les réfugié.e.s ukrainien.ne.s fuyant les horreurs de la guerre, cette exigence ne se limite pas aux peuples d’Ukraine, mais bien à tous celles et ceux à la recherche d’une vie meilleure, qu’elles. Ils soient syrienne, afghan, sénégalaise, soudanais ou d’ailleurs.

Si dessus le texte d’introduction de la cantine syrienne qui ouvrait cette journée. Dans l’émission de ce jour, nous pourrons entendre une grande partie de la discussion qui suivait la projection du film : Maïdan de Sergeï Loznitsa. Cette discussion, intitulée : Retour sur la résistance des peuples en Ukraine, réunissait ; Daria Saburova (chercheuse ukrainienne), Coline Maestracci (chercheuse), une membre de la Cantine Syrienne de Montreuil et un membre des Communaux. La rencontre se tenait à la ‎La Cantine Syrienne de Montreuil le 9 avril 2022.

Mais nous commencerons cette émission par quelques minutes sur les occupations d’universités, notamment la Sorbonne à Paris, suite au résultat du premier tour des élections présidentielles.

Bonne écoute !

GRÈVE A AMAZON/ RSI DPD ET CHRONOPOST DEVANT LE MINISTÈRE DU TRAVAIL/ MOBILISATION CONTRE LA MISE EN SERVICE DE OUIGO TRAIN CLASSIQUE

Depuis plusieurs jours, les salariés des huit grands centres logistiques que compte la filiale française d’Amazon sont en grève, à l’appel d’une large intersyndicale, pour réclamer de meilleurs salaires.

Le 7 avril dernier, un meeting de lutte était organisé pour penser la lutte après la présidentielle et ceux quelque soit les résultats de ces dernières. En présence de syndicalistes, d’acteurs des Luttes et d’intellectuels. Étaient présents les grévistes d’Amazon et dans ce premier reportage, nous entendrons la parole d’un des grévistes.

Le mardi 12 avril 2022, les grévistes sans-papiers de RSI, de DPD et de Chronopost (ces deux derniers sont des filiales de La Poste) étaient rassemblés devant puis aux abords du ministère du Travail. Et en marge de ce rassemblement ont été reçus par un fonctionnaire de ce ministère.

Cela fait maintenant près de six mois qu’ils ont en grève pour obtenir leur régularisation par le travail. Après de nombreux rendez-vous et rassemblement infructueux devant les préfectures du 91,92,94, ils ont décidé de changer de tactique et de se tourner vers ce ministère après des fins de non-recevoir de la part de celui de l’intérieur. Malheureusement, on craint une partie ping-pong entre les deux ministères, car celui du travail dit ne pas être compétentes. Nous entendrons dans ce reportage notamment la parole des grévistes et d’inspecteurs du travail.

Le 11 avril dernier s’est tenu un rassemblement à l’appel de Sud Rail et de la CFDT Cheminot pour retarder le départ en gare d’Austerlitz du premier train Ouigo classique. Cette offre tarifaire de la filiale low cost TGV de la SNCF vise à “compléter” l’offre intercités et Corail en mettant les Cheminots de cette branche de la SNCF sous statut privé ( CDI,CDD,etc) donc créé un nouveau dumping social au sein de la compagnie ferroviaire nationale.

Dans cet entretien, c’est Fabien Villedieu, de SUD-Rail, qui nous parle du moins-disant sur les conditions sociales de cette nouvelle filiale de la SNCF.

Nous terminerons cette émission par une note d’humour par l’entremise de Pierre-Emmanuel barré.

CONTRE LES PROJETS DE MÉGA-BASSINE : l’assemblée des rivières du 27 mars 2022

Bois de la Colombière sur le plateau de Beauregard VS travaux sur la retenue collinaire de la Feclaz (crédit : collectif Sauvons Beauregard)

Paysans, syndicalistes, naturalistes, militant·es écolo, de plus en plus de personnes veulent faire de la gestion de l’eau un sujet de société et obtenir un moratoire sur les projets de méga-bassines.  

En ce début de printemps 2022, un nouvel appel à mobilisation a été lancé par les organisations Bassines Non Merci, les Soulèvements de la Terre et la Confédération Paysanne, pour un rassemblement du 25 au 27 mars dans la commune de La Rochénard. Un territoire symbolique puisque les habitant·es de La Rochénard subissent déjà des restrictions d’eau, un phénomène qui va s’aggraver avec la réalisation de six bassines autour de la commune. 

Ce samedi 26 mars, plus de 7 000 personnes se sont rassemblées dans les Deux-Sèvres à la Rochénard, une mobilisation d’une ampleur inédite contre les projets de méga-bassines qui accaparent l’eau dans la région. La manifestation s’est poursuivie par le démontage du réseau d’alimentation d’une future bassine, qui prélèvera l’eau au détriment des besoins des habitants de Vallans en eau potable.

Dans l’émission du 6 avril dernier (à retrouver sur ce site) nous vous faisions partager cette journée de manif action du 26 mars.

Le dimanche 27 mars, se tenait Une assemblée des rivières pour coordonner la défense de l’eau sur les différents territoires français, les échanges sur les pratiques agricoles et le partage de l’eau avec l’intervention de collectifs et de syndicats paysans, d’habitants.es du Marais poitevin et d’ailleurs, de naturalistes et de scientifiques.

Ce sont les interventions du dimanche matin, que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.

Interviendront tour à tour : le collectif de la clusaz, Loire Vienne zéro nucléaire, la coordination eau Île-de-France, le collectif eau Vittel 88 et nous terminerons avec les soulèvements de la mer.

Bonne écoute !

Pour plus d’info :

http://collectif Loire Vienne Zéro nucléaire

https://www.facebook.com/coordination.eau.iledefrance/

https://www.leauquimord.com/collectif-eau-88/

https://www.facebook.com/soulevementsmer/

SUITE À L’ARTICLE DE FLORENCE AUBENAS SUR JÉRÔME LARONZE

Florence Aubenas, figure typique de cette gauche bien pensante, fait des enquêtes fades, sans points de vue et de ce fait vont dans le sens de la pensée dominante, mais tintée d’humanisme. Elle a été journaliste à Libération en 1986. En 2005, elle est enlevée à Bagdad en compagnie de son fixeur, Hussein Hanoun al-Saadi. En 2009, Florence Aubenas est élue à la tête de l’Observatoire international des prisons – section française (OIP-SF), poste qu’elle occupe jusqu’en juin 2012.

Dans les deux livres qu’elle à écrit, elle nous révèle ce que nous savons déjà et ce que disent bien mieux qu’elle les femmes de ménage et les habitants d’un village quand le micro leur est tendu. Mais aujourd’hui, nous parlerons plus précisément d’une série d’articles que Florence Aubenas a publiée dans Le Monde, du 17 au 23 août 2021, à propos de la vie, des combats et de l’assassinat par les gendarmes de Jérôme Laronze.

Jérôme Laronze était un paysan combatif qui s’est fait saisir ses bêtes. Revenons sur ce drame en écoutant une émission réalisée en 2017 avec Pierre qui fait partie du collectif Hors norme.

Décidément ces articles de Florence Aubenas n’ont pas plu, mais pas plus du tout, à une partie du collectif Hors norme, qui lui a écrit des lettres auxquelles elle n’a pas dénié répondre. C’est un crachat sur Jérôme, sur les paysans qui se battent pour continuer à travailler, rester autonome.

Pendant que les petits paysans subissent un acharnement de la part de l’administration, les entreprises agroalimentaires enchaînent les scandales sanitaires Ferrero, Buitoni, Graindorge… Alors que les alertes sanitaires concernant des aliments industriels contaminés s’enchaînent, l’ONG Foodwatch dénonce le manque de moyens des autorités de contrôles sanitaires en France ainsi que « l’opacité » des géants de l’alimentaire.

Le 5 avril 2022, le groupe Ferrero a été obligé de rappeler des lots de produits Kinder, en raison de présence de salmonelle. Déjà en décembre, Ferrero était épinglé pour des cas de salmonelles dans l’usine belge d’Arlon.

Mardi 6 avril, ce sont six fromages commercialisés par plusieurs grandes enseignes qui ont été rappelés, dont un brie et des coulommiers, car ils contenaient la bactérie responsable de la listériose, une infection alimentaire meurtrière dans 25 % des cas.

Et c’est au tour de Buitoni! Alors que depuis début janvier, ont été dénombrés, les terribles décès de deux enfants et pas moins de 75 infections par la bactérie E. Coli, c’est seulement maintenant, soit quatre mois après les premiers signalements, que les pratiques déplorables en matière d’hygiène du fabricant Nestlé se confirmer, deux inspections officielles ayant récemment mis en évidence un niveau dégradé d’hygiène alimentaire dans l’usine.

Lettres ouvertes, présentes et posthumes, en réponses aux articles de Florence Aubenas à propos de la vie, des combats et de l’assassinat de Jérôme Laronze, publiés dans Le Monde, du 17 au 23 août 2021

La première lettre, personnalisée, ci-dessous a été envoyée en octobre au journal Le Monde et à sa journaliste Florence Aubenas ; mais est restée sans réponse.

Le 1er octobre 2021, Madame Aubenas, Du 17 au 23 août, vous publiez dans Le Monde 6 articles, à raison d’un par jour, retraçant l’histoire de Jérôme Laronze, éleveur bovin de Saône-et-Loire, mort sous les balles de la gendarmerie le 20 mai 2017. Je ne peux m’empêcher en lisant vos articles, Madame Aubenas, de me poser de nombreuses questions à propos du cheminement de votre réflexion au cours de votre enquête ainsi que des partis pris que vous avez choisi d’adopter.

Ces articles, issus d’un travail d’enquête pourtant approfondi, comportent de grossières omissions et déformations sur l’histoire de Jérôme Laronze ainsi que de nombreuses trahisons de sa parole et des combats qu’il menait. C’est pourquoi je voudrais prendre le temps de revenir sur quelques points précis qui m’ont particulièrement marqué et pour lesquels j’aimerai quelques explications.

Tout d’abord, aucune mention n’est faite des idées et de la lutte visionnaire et à contre-courant que menait Jérôme Laronze contre l’industrie, l’administration et sa traçabilité qui transforment aujourd’hui l’agriculture à coups de mises aux normes et d’encadrement administratif. Cette critique d’une campagne « puante », comme il la décrivait, est occultée au profit de la construction pleine de pathos et de littérature fleur bleue d’une ruralité éternelle, taiseuse, archaïque, arriérée mais tellement belle, au sein de laquelle Laronze n’aurait fait que dériver vers une folie radicalisée. Comment avez-vous pu faire un travail d’enquête aussi poussé sur une personne sans jamais citer une ligne de la lettre qu’il a écrite et envoyée, lors de sa cavale alors qu’il était caché et traqué ?! [lettre rare et à retrouver intégralement à la fin de ce document] Une lettre pourtant très claire, puissante et belle, un écrit de référence marquant une date et une prise de conscience dans les luttes paysannes. De plus, si vous ne faites aucune mention de la parole du concerné, l’administration et ses fonctionnaires ont, eux, largement voix au chapitre, signalant leur bonne foi en « [ayant] voulu l’aider ». Il semble pourtant nécessaire de rappeler que « l’aide » administrative s’est traduite par un harcèlement de plusieurs années, concrétisé par des contrôles encadrés de gendarmes, par une saisie d’animaux et une décision d’internement « pour son bien », l’obligeant à partir en cavale pour garder la parole. Rappelons aussi que les contrôles sont aujourd’hui reconnus illégaux par la justice et que l’un d’eux a donné lieu à la mort de 5 vaches noyées, ce qui n’apparaît à aucun moment dans vos écrits.

Par ailleurs, Madame Aubenas, vous vantez un soi-disant traitement de faveur que l’administration lui aurait proposé pour rétablir l’identification et la traçabilité de ses veaux en évoquant la possibilité qu’il lui a été accordé de procéder à des tests génétiques sur une partie de ses veaux seulement. Là encore les omissions sont scandaleuses quand vous vous attachez à ne faire aucunement mention des motivations pour lesquelles Jérôme l’a refusé, reléguant sous le tapis le combat ouvertement politique que menait cet homme, et vous dressez le portrait d’un fou arrogant et égocentré. Il est pourtant évident pour quiconque a suivi l’histoire de Jérôme Laronze qu’il ne souhaitait aucunement un traitement de faveur pour ne pas se compromettre dans les rouages d’une cogestion qui a historiquement servi avantageusement les responsables syndicaux. Il ne voulait aucunement s’abaisser à ces tests génétiques également pour dénoncer ces aberrations bureaucratiques là où toutes les preuves matérielles étaient déjà disponibles pour prouver que ses veaux étaient bien nés sur sa ferme et que ces défauts d’identification ne devraient jamais justifier l’abattage des animaux.

Enfin, je suis sidérée de voir la part belle faite à des organisations telles que les associations animalistes (OABA, Fondation Brigitte Bardot…) ainsi qu’à la Confédération paysanne, qui ont pourtant joué un rôle majeur dans la déchéance progressive qu’a vécue Jérôme. Pour commencer par les associations animalistes. Bien que la tendance de leur nouveau discours soit de s’inquiéter du sort des paysans, du « mal-être de l’éleveur », dans les faits ces associations dénoncent les paysans à l’administration, saisissent les troupeaux laissant l’agriculteur seul au milieu d’une ferme fantôme, les font condamner à de la prison, et les ruinent en réclamant des centaines de milliers d’euros de frais de pension et préjudices moraux au cours des jugements. Elles fabriquent, main dans la main avec l’administration, la disparition des paysans. Donner la parole à M. Freund, directeur de l’OABA, dans le cadre de l’histoire de Jérôme Laronze est une manière de le mépriser une énième fois, en laissant ce fossoyeur se parer de vertu, sans le moindre recul contradictoire de la part de la journaliste. Offrir la parole à Max Josserand, transporteur et marchand de bestiaux au service de l’OABA, est une autre insulte. Ce dernier, sous votre plume, vante son humanisme : « Je ne veux pas de sang. Pas de pendu à la poutre après une opération ». Avec un peu d’effort d’investigation, Madame Aubenas, vous auriez pu donner à voir un autre visage de cet infâme personnage. Il suffisait de consulter la vidéo de l’AG 2020* de l’OABA pour le voir se pavaner devant son public fanatisé : relatant une opération de saisie auquel il prend part, Josserand en vient à déclarer que si l’agriculteur s’était suicidé « ça ne serait pas grave », recevant pour ce bon mot l’acclamation du public.

De même, dois-je vous apprendre que la Confédération paysanne fut l’une des premières instances à abandonner Jérôme dans son combat. Marc Grozellier — cet ancien porte-parole départemental décrit avec tant de douceur dans vos articles — déclarait au Journal de Saône-et-Loire trois jours avant le meurtre de Laronze : « le cas de cet agriculteur est plus un problème de santé qu’un problème professionnel. […] Il a besoin de soins. » Quelques jours après sa mort, un communiqué national du même syndicat suggère qu’il a agi « au-delà de la raison ». La « Conf » qui est allée chercher Laronze pour son charisme et son franc-parler l’a finalement rejeté parce qu’elle n’acceptait pas d’être remise en question dans son rôle de cogestionnaire agricole avec l’État. Comble de la perversion, ce syndicat écolo a publié en 2018 son Guide des droits et devoirs en situation de contrôle avec une dédicace à Jérôme Laronze, lui qui contestait la légitimité des contrôles et refusait de se soumettre aux injonctions de l’administration. Pour finir, concernant les circonstances de sa mort, il n’y avait pas besoin d’être un détective aguerri pour comprendre que lorsque quelqu’un reçoit des balles dans le flanc et dans le dos, ce dernier était sans conteste en train de fuir et non en train de charger ses agresseurs. Alors lire que son assassinat par les gens d’arme n’est qu’une « hypothèse » est une injure de plus ainsi que la preuve d’un manque de courage politique et journalistique notable. Rendez-vous compte que par vos lignes, Madame Aubenas, vous tenter d’enterrer dans les archives de l’histoire officielle, écrite chaque jour dans les pages de votre journal de référence, l’histoire erronée et encore vivante d’un paysan visionnaire en lutte. Pourtant, je sais que vous connaissiez tous les éléments ci-dessus et vous avez choisi de les occulter. Nous sommes nombreux et nombreuses dans le milieu agricole à nous être reconnus dans les paroles de Jérôme Laronze, quand nous les avons découvertes après sa mort. Ce sont ses prises de positions qui nous ont donné le courage de ne plus nous taire et de poursuivre ce combat pour nous opposer à notre élimination.

C’est pourquoi vos articles suscitent en moi beaucoup de questionnements, auxquels j’espère vous voudrez bien répondre : Pourquoi vous avez autant donné la parole et la part belle aux détracteurs de Jérôme ? Pourquoi vous n’avez pas cité ni fait mention de sa lettre détaillée sur ces positions politiques ? Pourquoi avoir voulu écrire une série d’articles sur lui, pour finalement le faire passer pour un fou alors que vous aviez tout en votre possession pour comprendre ses choix(ce qui n’a rien à voir avec le fait d’y adhérer) ?

Dans l’attente de votre réponse, * https://oaba.fr/assemblee-generale2020-en-video/ Florence Aubenas et Le Monde ou comment ce journalisme de pouvoir utilise la vie et la mort d’un agriculteur pour vendre du papier en été. Tout en occultant les paroles et les combats de cet homme, Jérôme Laronze, qui s’est battu pour sa liberté et son autonomie et celle de ce qui reste de la communauté paysanne

L’été 2021 aura été l’occasion de lire un touchant drame paysan en feuilleton dans Le Monde au sujet de l’assassinat de Jérôme Laronze. Touchant, mais mensonger, par occultation choisie. Dont une essentielle que nous allons expliquer. Florence Aubenas avait pourtant rencontré d’autres sons de cloche que ceux de la DDCSPP, des associations animalistes et du syndicalisme réuni face aux critiques, pendant son enquête. Et, en particulier, elle a pu avoir tous les documents expliquant le parcours de Jérôme.

Notamment un, essentiel : la lettre de Jérôme Laronze écrite pendant qu’il était traqué et intitulée Chroniques et états d’âme ruraux**. Celle-ci s’achève très clairement ainsi : « Ne disposant pas suffisamment d’hypocrisie, je me suis abstenu de signer cette charte. » De quelle « charte » s’agit-il ? De la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, voici le passage clé de la lettre à ce propos : « Toujours dans la période 2015/2016, je participais aux réunions d’élaboration de la charte des contrôles en exploitations agricoles. Cela a débuté à la préfecture, sous la présidence du préfet. Je m’y rends sans a priori, riche de mon expérience et avec la volonté de construire quelque chose. Après la déception de découvrir que la chose n’était pas une initiative locale, mais une injonction de Matignon via la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, et que l’administration avait déjà bien ficelé le dossier avec la FNSEA (opérateur historique du syndicalisme agricole mais non représentatif et non majoritaire). Un modèle étant même en annexe de la circulaire. Un sentiment de complicité de tartuferie montait en moi alors qu’en même temps j’apprenais qu’en Saône et Loire 50% des notifications sont faites hors délais, me rassurant ainsi sur la pérennité de certains emplois. »

De quelle injonction de Matignon s’agit-il ? De l’article 3.3 signé Manuel Valls : « Les préfets de département établiront, d’ici le premier trimestre 2016, une charte des contrôles en agriculture afin de partager les bonnes pratiques entre la profession agricole et les différents corps de contrôles. Son élaboration doit être l’occasion d’échanges approfondis entre les parties concernées, afin de sécuriser le déroulement des contrôles, depuis la prise de rendez-vous jusqu’à l’information sur les constats et la suite de la procédure. Un modèle de charte figure en annexe à la présente circulaire. »***

Jérôme s’est trouvé isolé pour avoir explicitement refusé d’avaler la couleuvre d’une collaboration entre syndicats et gouvernement, de contribuer à sécuriser les contrôles qui sont un élément clef de l’écrasement des fermes. « Syndicats » au pluriel, comprenant la Conf’, puisque c’est comme (co)porteparole et représentant départemental de celle-ci qu’il s’était trouvé à participer aux réunions d’élaboration de la charte commanditée par le gouvernement. Voilà une des occultations délibérée à laquelle Florence Aubenas se prête dans son drame paysan qui vend du papier l’été, puisqu’elle savait. C’est une des informations qu’elle a cachée. Et c’était là le sens d’un des combats essentiel que menait Jérôme Laronze malgré l’isolement, l’abandon et la trahison mise en place par les cogestionnaires syndicaux de tous bords.

* https://www.lejsl.com/actualite/2017/05/17/la-confederationpaysanne-l-a-aide-mais

** https://larotative.info/jerome-laronze-chroniques-et-etats3390.html

*** http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2015/08/cir_39892.pdf

Quelques vaillants iconoclastes encore agri, 26 décembre 2021

Lettre de Jérome Laronze

Chroniques et états d’âmes ruraux Tué par les gendarmes le 20 mai 2017, Jérôme Laronze était éleveur bovin en Saône-et-Loire, Dans ce texte qu’il a écrit et envoyé à la presse, pendant qu’il était seul et traqué par les gendarmes et donc peu de temps avant son assassinat, il relatait l’acharnement administratif qu’il a subi et ses combats contre la traçabilité, un des outils de l’écrasement planifié des paysans, les artisans de notre satiété.

Nous sommes en septembre 2014 quand je reçois un courrier m’informant que mon exploitation fera l’objet d’un contrôle portant sur l’identification de mes bovins. Celui-ci se passera bien, et ne mettra en évidence aucun défaut majeur, juste des hors délais de notifications (déclaration des mouvements des animaux à l’EDE, Établissement départemental de l’élevage). Par la suite, sans doute frustrée d’une chasse si maigre, l’administration, via la Direction Départementale de la Protection des Population (DDPP) m’informe qu’à la vue de ces hors délais elle refuse de valider mes déclarations de naissances et exige que je prouve, à mes frais, les filiations mère/veau par des tests ADN, et que dans l’attente de ceux-ci mon cheptel est interdit de tout mouvement.

Quelques jours plus tard, en entretien téléphonique avec une agent de la DDPP, j’exposais mes réticences à justifier que la meumeu 9094 est bien la mère du veauveau 4221 par des méthodes relatives à l’identification criminelle. Cette personne me récita alors son catéchisme administratif et bafouilla quelques arguments que je mis facilement à mal ce qui me valut d’entendre que ce n’était pas grave et que si je refusais de me conformer à ses exigences, mes animaux entreraient en procédure d’élimination (entendez « abattus ») à mes frais et collectés par le service d’équarrissage puis de clore en déclarant cette phrase qui me revient quotidiennement en tête : « Moi je m’en fiche ce ne sont pas mes bêtes ». Pour avoir en d’autres temps côtoyé cette personne, je peux pourtant affirmer qu’elle est ni de sotte ni de méchante nature et me demande quel est le mal qui a corrompu son esprit. Si la Grèce antique avait ses rites et ses croyances, aujourd’hui, au nom de quels dieux, sur l’autel de quelles valeurs m’a-t-on promis l’hécatombe ? « Moi je m’en fiche, ce ne sont pas mes bêtes »

Dans la continuité, la DDPP me submergera de menaces, de mises en demeures, d’injonctions, d’intimidations et de contrôles sur ma ferme avec à chaque fois, toujours plus de gens en armes alors que j’ai toujours étais courtois et jamais menaçant. Ces manœuvres furent pour moi l’occasion d’observer des comportements inopportuns comme par exemple le jour où, venu me confisquer mes documents accompagnements bovins (DAB), la chef se plaira à taquiner les gendarmes au sujet de la signalétique défectueuse de leur véhicule, dans un comportement relatif à celui de l’adolescente cherchant à évaluer sa cote auprès des hommes, émettant éclats de rires et blagues analogues à celle du poulet aux amandes. N’a-t-on jamais appris à cette personne qu’il est des circonstances où la bonne humeur affichée des uns est une insulte faite aux autres ? Cela étant, si j’avais soupçonné un tel effet de l’uniforme, peut-être aurais-je moi-même passé ma tenue de sapeur-pompier volontaire. En outre, j’invite à une pensée compassionnelle pour ces gendarmes, dont le vieux véhicule souffrait de dysfonctionnements électriques généralisés, et qui ont pour de peu été contraints afin de le redémarrer de solliciter l’aide de celui qu’ils étaient venus intimider. Ultérieurement, souhaitant cocher les animaux présents sur sa grille d’inventaire, cette même personne s’agacera de n’en trouver aucun et se mettra à déblatérer jusqu’à que sa collègue vienne lui chuchoter que tout concordait et que, manifestement elle n’avait pas le bon inventaire. Si l’erreur est humaine et certainement imputable à un bureau surchargé de dossiers, en revanche, l’empressement à tirer de méchantes conclusions est, lui, lourd de sens.

Le 6 juin 2016, cette administration est revenue avec encore davantage de gens en armes qui m’encerclèrent immédiatement, et, après des salutations négligées de la part de tous ces importuns, toujours la même chef débuta par un rappel de sa liturgie administrato-réglementaire et, alors que je pensais la logorrhée arrivée à son terme, celle-ci m’annonça avec grande satisfaction les lourdes peines prononcées à mon égard et, avec tout autant de satisfaction, que le délai pour un éventuel appel était expiré. Plombé d’apprendre ainsi la perte de ma virginité judiciaire, mais face à une telle orthodoxie administrato-réglementaire, je déclarais néanmoins mon étonnement, en évoquant une surface marchande mâconnaise, que l’on pourrait nommer « intersection marché », qui a pendant deux semaines, en juillet 2015, au plus fort de la crise de l’élevage, fait une promotion sur la viande d’agneaux, en arborant au rayon boucherie un ostentatoire panneau de cinq mètres carrés, avec la mention « agneaux de Bourgogne » alors que la viande fraîche était irlandaise et la surgelée néo-zélandaise et que de plus, la viande de bœuf bénéficiait d’un étiquetage aussi approximatif que fantaisiste. Durant ma brève allocution, l’agent ne cessera d’afficher un mépris surjoué et me fera pour toute réponse un sourire des plus cyniques. J’ajoute aujourd’hui qu’une immense banderole vantait ce magasin comme étant le premier débit de viande du Mâconnais et que celui-ci, le siège de la DDPP, et le domicile de la très zélée fonctionnaire se situent dans un rayon de 3 500 mètres. Comprendra qui peut, mais voilà qui met en exergue que la bruyère et la ronze (ronce en patois de chez moi) ne sont pas du même côté du manche. À cette même époque, sous mandat syndical, je siégeais à la cellule d’urgence départementale mise en place pour la crise de l’élevage. A cette occasion, la directrice adjointe de la DDPP a présenté la mesure douze du plan de soutien à l’élevage, portant sur un renforcement des contrôles de l’étiquetage des viandes et sur les mentions trompeuses en grandes surface de 25 %. À cette annonce, je pris la parole pour signifier mon approbation et l’interroger sur les moyens financiers et humains mis à sa disposition pour atteindre ces objectifs. Non sans embarras, elle m’a répondu, pas un sous de plus, pas un agent de plus. En toute évidence, 25 % de zéro ne font toujours pas beaucoup plus que la tête à Toto !

J’en reviens à la journée du 6 juin 2016. Après avoir entendu moult menaces, intimidations et humiliations, les sinistres lurons ont décidé de faire un tour des pâtures. Arrivant dans une où paissaient plus de vingt bovins, les agents de la DDPP eurent fantaisie de les serrer à l’angle d’une clôture en barbelé et d’un ruisseau puis ont débuté la vocifération du matricule des animaux, qui, eux même paniqués par la meute hurlante, se sont précipités dans le ruisseau avec un fracas extraordinaire. Voyant que des animaux étaient en difficultés dans le ruisseau, je m’approchais de ceux-ci. La première réaction de la chef fût de me dire que cela était entièrement de ma faute, même si je me demande encore comment, puisque j’étais à 100 mètres de là sous le joug de matraques, tasers et autres fusils mitrailleurs. Toujours est-il que cinq animaux gisaient au fond du ruisseau, ayant abondamment bu la tasse et lourdement souffert du piétinement des presque vingt autres. J’ai donc, dans l’urgence et à mains nues, tenté de sortir les animaux. Les uns tirant sur les pattes, les autres donnant des coups de matraques, ou suggérant l’emploi du taser, Agents DDPP et gens en armes se joindront à moi en prenant bien soin de ne pas mouiller leurs chaussettes. Les uns tirant sur les pattes, les autres donnant des coups de matraques, ou suggérant l’emploi du taser et les fusils mitrailleurs devenant plus encombrants qu’autres choses… La nécessité d’un tracteur s’imposant, je suis rentré seul à la ferme en chercher un avec des cordes, et celles-ci en main, je me suis demandé s’il n’y aurait pas un usage plus radical à en faire en les associant à une poutre et à un quelconque point surélevé. Mais pour aboutir, la chose prend un certain temps et ne me voyant pas revenir, ils pourraient arriver avant. Et puis cette bande de dégourdis arrivera-t-elle à extraire les animaux sans moi ? Il est bon de préciser que cette pâture est mise en valeur par ma famille depuis le 19ème siècle et que jamais le moindre incident ne fût à déplorer sur celle-ci. Des suites de cet « incident », les cinq bovins périront. Là-dessus, la chef décidait d’interrompre le contrôle. Me trouvant seul avec elle (alors qu’elle prétendait avoir besoin de huit gens en armes pour garantir sa sécurité) qui changeait de chaussure, elle m’exprima tout le dégoût que je lui suscitais et m’insinuait, l’encombrant que j’étais pour la société. Chuchotant entre collègues, je les entendais dire que je n’avais pas l’air très gai et qu’il n’était peut-être pas prudent de me laisser seul et s’en allèrent. Une fois seul, puis hébété, je suis retourné voir les gisants et leur prodiguer quelques vains soins. J’ai déconnecté mes téléphones, ensuite entrepris de faire un peu de ménage dans la maison, ensuite, ce faisant, je me mis à penser à mon député et mon imaginaire me transporta dans une conversation avec lui dont voici la retranscription : Moi : Salut Thomas, ça me fait plaisir de te voir ! Assieds- toi, je vais déboucher une bouteille. T’as le temps maintenant que t’es plus ministre ! Tu sais que je me suis senti con d’avoir voté pour toi ! C’était ben du foutage de gueule ton histoire de phobie administrative, mais bon, dans l’urgence on peut comprendre. Allez santé ! Thomas : Tchin-tchin, in vino véritas ! Moi : Absit reverentia vero ! Tu sais, autant j’ai du mal à avaler ton histoire de phobie quand je vois ton parcours estudiantin, autant je suis disposé à croire que, totalement investi dans ton travail parlementaire, tu as négligé quelques impératifs administratifs parce qu’en tant que paysan, je m’y reconnais un peu.

Nous avons toujours une vache à soigner, une terre à labourer, de l’orge à moissonner, une vigne à tailler, une prairie à faucher et des fruits à cueillir alors, la paperasse, elle attend, parce que dans l’ordre naturel des choses le superflu ne commande pas au vital. Permets-moi de te dire que nous, les lois naturelles, nous y sommes tous les jours soumis, et quand on vit dans une république hors sol, qui ne cesse de vouloir les transgresser, ben tu peux me croire qu’on fait un putain de grand écart. Il nous est souvent reproché de ne pas être administrophile, et on s’adresse à nous comme à des demeurés qui ne comprendraient pas ce qu’on leur demande, alors que c’est justement parce qu’on comprend bien où que ça nous mènent qu’on a du mal à le faire. Aujourd’hui en agriculture, la pire calamité, c’est pas la sécheresse, ce n’est pas la grêle, c’est pas le gel, c’est la calamité administrative qui nous pond des textes qui profitent toujours aux mêmes, abscons, contradictoires, contre-productifs, absurdes qui sont l’antimatière du bon sens paysan !

Pis je vais encore te dire une chose, contrairement à certains parasites, qui officient dans la confidentialité d’immeuble maçonnais par exemple, notre travail il est à la vue et au su de tous, exposé le long des routes et des chemins, alors quand le paysan est en mesure de bien faire il en tire satisfaction, orgueil, amour-propre et accessoirement salaire, mais qu’advient-il lorsque celui-ci est mis en incapacité de faire ? En définitive, ce n’est rien d’autre que la persécution du vital par le futile. Tu sais Tom, il y pas si longtemps en France, la population comptait 50% de paysans et le sol 50 % d’humus, aujourd’hui, nous sommes 4 % et il reste pas bien plus d’humus dans le sol. Ben quand on sait qu’étymologiquement, humus est la racine du mot humanité, je me demande s’il y a encore beaucoup d’humanité dans notre société ! Moi, je pense que la république est une pute et la finance sa mère maquerelle ! Thomas : Tu peux pas dire ça, des gens se sont battus pour obtenir la république ! Moi : Et les Vendéens y ont plongé de leur plein gré dans la Loire ? Alors ferme ta gueule de franc-maçon et rebois un canon. Toi et ta bande à Flamby vous pouvez vous vanter d’avoir fait de la France un sacré pays de cocus ! Pis mon gars, si on compare nos négligences réelles ou supposées, ben on paye pas le même prix, toi tu vas tranquillement finir ton mandat, je ne peux pas te destituer, tu vas toucher ta retraite parlementaire, bien plus conséquente que celle de mon père qui a treize ans travaillait déjà, alors que moi, c’est taule, amende, pénalités et une partie de mon troupeau à la benne. Thomas (en riant la mine réjouie par le vin) : Oui, mais la France est un territoire ordonné sur lequel ne peut pénétrer n’importe quel terroriste ! Moi : Quand je dis que ce vin est un élixir de vérité ! C’est con j’aimais bien ta petite gueule de premier de la classe. Au début, moi j’aimais bien quand tu emmerdais Mcdo avec sa TVA et tes propositions de lois visant à moderniser la vie politique. J’ai pas fait la dépense de ton livre, mais si tu veux m’en offrir un exemplaire dédicacé, je le lirai avec l’attention qu’il mérite. Je sais bien que ta situation administrative était connue de tous les initiés, et qu’elle fût soudainement dévoilée quand ton mentor s’est fait débarquer de Bercy, mais il faut savoir que quand là-haut, vous vous faites des coups de putes entre putes, c’est nous en bas qui payons la note ! Ceci dit, avec le purgatoire que tu as subi, tu es peut-être devenu le moins pire de tous alors tourne le dos à ces crevures de libéro-libertaires, demande une investiture au Front National, je revote pour toi et je te casse pas la bouteille sur la tête. Mon ménage terminé, j’employais mon esprit à la rédaction d’une succincte lettre et à la clôture de mon compte sur le livre des visages. Après quoi, muni d’une corde et d’un tabouret, je me mis en route avec le dessein de mettre en œuvre le message subliminal de l’agent DDPP et pour destination la proximité de sa résidence. Manière de rendre à César les honneurs qui lui reviennent. J’arrive au crépuscule dans un joli village qui s’endort paisiblement. En m’approchant, je vois une belle demeure aux abords soignés, où l’on devine une vie de famille heureuse.

Rien de commun avec l’antre du diable, mais plutôt le chaleureux foyer du couple fonctionnaire et cadre de l’industrie agroalimentaire soumis au paradigme légalomarchand et heureux de l’être, tant que cela lui finance bâti ancien, piscine, voitures cossues, loisirs coûteux et chevaux de valeurs. Ici, le salaire de la terreur cumulé à celui de la spoliation des producteurs de lait est converti en un espace bucolique transpirant de bonheur. La nature est autorisée à s’y exprimer, tant qu’elle produit de beaux légumes, de beaux fruits, du bon miel et qu’elle ne porte pas atteinte à la rigueur du lieu. Un cadavre y ferait fausse note. Il y a, non loin de là, un cheval qui par tous ses moyens cherche à attirer mon attention. Je m’approche de lui, il se calme, je le câline et lui parle. La nuit est fraîche, le dessous de son crin me réchauffe les mains, son encolure le cou et son souffle le dos. Il reste là, immobile, ni moralisateur ni condescendant, ni traître ni lâche, n’obéissant qu’à lui-même, sa chaleur animale rayonne d’humanité, elle. Un instant, j’aurais voulu le chevaucher, sauter la barrière, mais le galop du meilleur pur-sang est bien dérisoire pour fuir l’absurdité du monde. Alors, ainsi installé, je pleurais sur le paradoxe du suicide qui satisfait ceux qui ne vous apprécient pas et est susceptible de peiner les éventuelles personnes qui vous apprécient. Je pleurais aussi sur la trahison de ma propre colère, celle que je ressentais aux funérailles de mes camarades d’école respectivement pendu et noyé. Car, outre la peine et la tristesse, je me souviens avoir été envahi de colère à leur encontre, de nous laisser avec notre chagrin et l’image de cette jeune femme effondrée sur la boite qui renfermée son petit frère, de n’avoir rien dit, de ne pas s’être battu autrement qu’en utilisant pour seule arme le sacrifice de leurs vies que la société rangera, avec leur dépouille, purement et simplement six pieds sous terre. Si je devais ici faire vivre leur mémoire, je parlerais de ce que sont les paysans. Ils étaient de ceux qui ne travaillent pas en priorité pour un salaire, mais pour l’amour du travail bien fait, du sillon droit, des animaux bien conformés, du cep bien taillé, du lait propre et de la couleur des blés, quitte trop souvent, et on doit le déplorer, à se laisser éblouir par l’agrochimie et autres doux leurres sources de douleurs.

Car ils sont là les vrais artistes, ces conservateurs du savoir-faire qu’au Japon on nommerait « trésor national vivant », les virtuoses de l’adaptation et les artisans de votre satiété. Ils existent encore les travailleurs, les opiniâtres, les taiseux, les humbles, les enracinés qui œuvrent en communion avec leur territoire et sont assassinés quotidiennement dans un crime silencieux Récemment encore, une enquête menée en lycée agricole indiquait que le revenu arrivait en lointaine position dans les objectifs de leur futur métier. Dans cette société du fric, quel avenir pour ces jeunes candides ? Mais si ceux-ci réclament rémunération de leur travail, qui le leur paiera ? L’État (qui paiera peut-être en 2017 les aides 2015 !) ? Bigard ? Lactalis ? Auchan ? Carrefour ? Qui est prêt à remettre 60 % de son pouvoir d’achat dans la nourriture ? Les précarisés de Macron ? Les syndicats qui soutiennent la paysannerie comme la corde soutient le pendu ? Si Elzéard Bouffier n’a eu qu’une existence fictive sous la plume de Giono, ils existent encore les travailleurs, les opiniâtres, les taiseux, les humbles, les enracinés qui œuvrent en communion avec leur territoire, ces paysans, ces artisans, ces soignants, ces maires, ces curés, ces institutrices, ces facteurs, ces épiciers … qui sont assassinés quotidiennement dans un crime silencieux, mais très réel lui. Apaisé par l’humanité de ce cheval, et ne pouvant trahir ma colère, je me suis, au chant des oiseaux diurnes, résigné à rentrer chez moi. L’inquisition républicaine viendra finir son contrôle, ne me laissant à l’issue de celui-ci que des carbones illisibles et des bleus à l’âme. Puis de manière aussi soudaine qu’inattendue, elle m’indiquera qu’après expertise de mon dossier, la très grande majorité des animaux figurant sur la liste de ceux à éliminer n’avaient pas lieu d’y figurer, qu’elle passait l’éponge sur les autres et que ma situation serait régularisée dans les plus brefs délais. Je laisse à chacun le soin de trouver les mots pour nommer et qualifier ceux, qui d’abord cognent et ensuite réfléchissent. A toutes fins utiles, je tiens les documents qui en attestent à la disposition de mes collègues paysans confrontés à cette procédure. Je fis quand même faire, à mes frais, quelques tests ADN qui confirmèrent l’honnêteté de mes déclarations. Celle qui, orgueilleuse d’avoir bloqué mes boucles à Mâcon, me dira sur un ton badin que mes boucles sont récupérables à l’EDE. Bien qu’étant en règle, je tardais à recevoir mes DAB, je téléphone donc à la DDPP où la chef de service me répond. Je lui fais immédiatement part de mon soulagement d’être régularisé, mais m’étonnais de ne pas recevoir mes DAB, et, de m’entendre répondre sur le ton maniéré, agaçant et méprisant qui lui est intrinsèque, qu’elle a effectué toutes les démarches, que cela ne la concerne plus, et qu’elle a autres choses à faire que de courir après les cartes vertes de M. Laronze, sur ce merci au revoir. Les mois passaient et je n’avais toujours reçu qu’une partie des DAB, quand j’ai appris que le reste s’était noyé dans les marécages administratifs des bords de Saône et personne ne savait quels DAB. De leurs coassements, les crapauds du marécage demandaient à moi, l’Al Capone de l’élevage qui nécessite d’être mis sous le joug de huit gens en armes, moi le faussaire qui doit prouver ses déclarations par des tests ADN, moi que l’on a mis à l’amende, moi le taulard sursitaire, de produirene liste des DAB me manquant et me les rééditèrent sur la bonne foi de celle-ci. Pour éclaircir l’image noire que mon propos peu donner de la DDPP, je vais ici citer les paroles de son directeur alors qu’en cellule d’urgence j’étais assis à sa gauche la plus immédiate : « J’entends bien ici tout le désarroi qui est exprimé, je prends bien toute la mesure des difficultés de l’élevage, j’en déduis l’impact psychologique sur les humains […] et naturellement la DDPP n’a pas vocation à venir compliquer les choses sur les exploitations. » Dans tout ça, cette usine à eau de boudin a sacrifié le bien-être animal dont elle est supposée être la garante en me mettant en incapacité de l’assurer sur ma ferme, et en jetant elle-même des animaux à la rivière pour voir aboutir les exigences d’une réglementation dont la genèse est un roman noir à elle seule (farine animale/vache folle) et qui n’évite pas les lasagnes à la viande de cheval. J’invite donc quelques vétérinaires ratés et pantouflés dans une administration à beaucoup d’introspection. Pour leur gouverne, je leur indique qu’ils sont des nains arrogants posés sur les épaules d’un colosse aux pieds d’argile, que j’invite à s’instruire de la fable des deux mulets. Constante dans ses incohérences, la DDPP m’ordonnait de souscrire à un suivi personnalisé payant auprès de l’EDE, sur qui pourtant, elle rejette la faute de l’envoi tardif des documents, alors voilà pourquoi un beau matin, un brave type de l’EDE que je connais et une très emmitouflée jeune femme (qui n’a pas jugé utile de se présenter) sont venus me faire signer les trois feuilles du contrat. Après un échange franc et courtois et refusant le café que je leur proposais, ils sont repartis avec douze morceaux de feuilles non signées. Dans les dommages en cascades, étant devenu un « client à emmerdes », mes vétérinaires ne souhaitent plus intervenir chez moi. J’étais pourtant l’un de leurs presque rares clients à régler ses factures à échéances exactes (un cabinet comme celui-ci a facilement un million d’euros d’impayés par les rues) malgré une situation économique devenue tendue en me disant qu’une fois tout cela fini, au moins, je ne serai pas brouillé avec eux. Les vétérinaires étant des partenaires importants dans la conduite d’un élevage. Je constate que ce cabinet à une façon très personnelle de rendre grâce. D’autant plus qu’au cours de successives acquisitions, fusions et absorptions, il est en situation de monopole sur mon secteur. Toujours dans la période 2015/2016, je participais aux réunions d’élaboration de la charte des contrôles en exploitations agricoles. Cela a débuté à la préfecture, sous la présidence du préfet. Je m’y rends sans a priori, riche de mon expérience et avec la volonté de construire quelque chose. Après la déception de découvrir que la chose n’était pas une initiative locale, mais une injonction de Matignon via la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, et que l’administration avait déjà bien ficelé le dossier avec la FNSEA (opérateur historique du syndicalisme agricole, mais non représentatif et non majoritaire). Un modèle étant même en annexe de la circulaire. Un sentiment de complicité, de tartuferie montait en moi alors qu’en même temps j’apprenais qu’en Saône-et-Loire 50 % des notifications sont faites hors délais, me rassurant ainsi sur la pérennité de certains emplois. À une autre date, voulant m’assurer de l’honnêteté de ce projet, je prenais la parole et, à franches coudées, mais avec sincérité et courtoisie, je commençais d’exposer mon point de vue quand, soudain, une petite sotte s’est dressée sur ses talons de six et m’a intimé l’ordre de me taire. En toute flagrance Iségoria ne présidait pas à la séance et Parrêsia n’y était pas la bienvenue. En revanche, lapalissades et autres exsudats du Pipotron étaient mis en éloges. Si Molière faisait dire à son bigot de Tartufe : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir », la république à ces dévotes qui veillent à ce que tout ne soit pas dit, car, peut-être que « par de pareils objets, les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées ». Sous son vernis de mesurettes et d’éléments de langage en novlangue orwellienne, cette charte n’apporte aucune sécurité aux contrôleurs, est avant tout un outil de communication au service de quelques hauts responsables, vers qui se tournent les médias quand un contrôleur se fait assassiner (les suicides de paysans corrélatifs à un contrôle sont très vite étouffés par l’administration et la profession) afin qu’ils puissent, la main sur le cœur, la bouche en cœur et en chœur évoquer la charte, et dire : « Nous avons tout fait pour éviter cela » et ainsi se disculper de toutes responsabilités. « Preuve est faite que visages dévots et pieuses actions nous servent à enrober de sucre le diable lui-même. » William Shakespeare Ne disposant pas suffisamment d’hypocrisie, je me suis abstenu de signer cette charte.

Printemps 2017. Jérôme Laronze paysan à Trivy entre Saône et Loire.

Lettre accessible à : https://larotative.info/jerome-laronzechroniques-et-etats-3390.html

Pour tout contact, contre les saisies d’animaux : collectifparias@gmail.com

Pour l’autodéfense agricole contre les normes industrielles et administratives : hors.norme@riseup.net

PRE-ASSISE DE LA PRESSE INDÉPENDANTE : du constat aux possibles

Image d’illustration : https://lagedefaire-lejournal.fr/la-carte-de-la-presse-pas-pareille-2021/

Alors que Bolloré parachève son empire médiatique entièrement dédié à l’extrême-droite, et en plein contexte d’une période électorale disons… tendue, ou gerbante, selon le point de vue, et une nouvelle guerre chaude-froide par-dessus le marché, l’idée est de réfléchir sur la place que peut/doit tenir le réseau médiatique indépendant dans cette période.

“Le 26 et 27 mars 2022, avait lieu à la librairie du Monte-en-l’air les : “Pré-assises Pré-Présidentielles de la Presse Pas Pareille”. Un événement se présentant comme un préambule aux véritables assises de la presse indépendante, devant se dérouler le 4 et 5 juin dans les environs de Nice.

Organisée par la rédaction du journal mensuel “Mouais”, ces discussions avaient pour objet de réfléchir à la situation de la presse indépendante, à la faveur de tables rondes thématiques.

Dans l’émission proposée ici, a été retenu des morceaux choisis sur l’état des médias dominants et leur rapport à l’extrême-droite. Tandis qu’une autre partie, la seconde de l’émission, s’intéresse aux possibles de la presse indépendante. Et plus particulièrement à la question de l’écosystème.”

GUADELOUPE : l’affaire des « grands frères » Crise sociale, répression et criminalisation judiciaire

Communiqué de presse des familles

Depuis le 17 janvier 2022, nos familles se trouvent projetées dans une injustice
sans précédent. À la suite de l’explosion sociale dans l’île à l’automne 2021, la répression judiciaire a ciblé sept « grands frères ». Ce sont nos proches, travailleurs sociaux et responsables associatifs, qui sont aujourd’hui incarcérés comme boucs émissaires.

Pour les avocats de la défense, les dossiers sont vides face à des accusations très lourdes.Ils dénoncent une violation délibérée des droits humains, des conditions de détention indignes et une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
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En Guadeloupe, ce 17 janvier, à l’aube, Oneel, Lillow, Zébrist, Oneel, BB, Bwana, Samuel, et Didier ont été arrêtés par le Raid et le GIGN pour être placés en garde à vue quatre jours durant. Une spécificité que la justice réserve d’habitude aux affaires de terrorisme ou de grand banditisme. Le 21 janvier, le procureur de la République a annoncé leur incarcération lors d’une conférence de presse.

Les chefs d’accusation sont graves : « association de malfaiteurs en vue de commettre crimes et délits en bande organisée » et « extorsion de fonds », à l’encontre d’élus locaux et de responsables ou propriétaires de grandes enseignes commerciales. Mais le procureur a usé de nombreux conditionnels tout au long de sa prise de parole, pour mettre en cause la responsabilité présumée de nos maris, compagnons, pères, fils, frères dans l’organisation des émeutes en novembre et décembre dernier.

Ils sont à ce jour maintenus en détention provisoire et toute communication avec eux nous est interdite ; ni parloir, ni téléphone, ni courrier. Il est temps pour nous de rétablir la vérité !

Ces grands frères sont des hommes de 33 à 52 ans, investis dans le dialogue quotidien pour convertir la colère et le désespoir des jeunes en revendications légitimes. Ils sont impliqués dans des actions concrètes afin de permettre à celles et ceux qui sont victimes des inégalités sociales de retrouver dignité et pouvoir d’agir.

Leur engagement, c’est l’insertion ou la réinsertion socio-professionnelle, l’organisation d’événements culturels et d’opérations caritatives et de solidarité, l’aide à l’accès aux droits, des campagnes de prévention et des interventions de jour comme de nuit en cas de conflits, parfois armés, entre jeunes. Leur dévouement prend souvent le pas sur leur vie personnelle et familiale. Ils se battent pour que la Guadeloupe se pacifie et que les plus démunis ou délaissés soient pris en compte par notre société. Et les résultats de leur investissement sont connus de tous : habitants, politiques et relais institutionnels. Ils n’avaient donc aucun intérêt à répandre le désordre.

Pourquoi mettre en cause le travail avec les élus ? Les grands frères ne peuvent pas être à l’origine du mouvement social que connaît l’île depuis l’année dernière, ni de toutes les actions qui en ont suivi. La population s’est soulevée de son propre chef. Il est important de rappeler que, depuis des années, ce sont les élus politiques eux-mêmes qui font appel aux grands frères pour contrer la délinquance et garantir la tranquillité publique.

Depuis 2013, l’État a initié la campagne citoyenne « Déposons les armes » pour la restitution des armes personnelles à la police ou à la gendarmerie. Sans le relais et l’appui des grands frères, cette politique d’apaisement et de désescalade serait restée une coquille vide. Cette coopération a été menée au grand jour, comme récemment avec la diffusion publique des séances de travail. Il est donc très surprenant que, pour justifier aujourd’hui la détention de sept hommes, l’enquête judiciaire incrimine cette concertation avec des élus qui ont réfuté toute thèse d’extorsion, de pression ou d’agression. Dossiers vides et violations des droits humains : le choix de la répression.

Pour l’ensemble des avocats, la fragilité des éléments retenus par l’accusation ne permet pas de justifier une détention provisoire. Quelques jours après les arrestations, les présumées victimes d’extorsion de fonds ont affirmé qu’aucun des mis en examen n’avait tenté de leur extorquer quoi que ce soit. De plus, les avocats précisent que les écoutes téléphoniques présentées comme déterminantes par l’accusation sont en réalité des extraits de conversations en créole, tirés de leur contexte et traduits à charge contre les grands frères.

Mais surtout, les avocats dénoncent des violations délibérées des droits de la défense et des droits humains, compte tenu de l’indignité des conditions de détention. Les mises à l’isolement, les blocages de la plupart des communications, les obstacles opposés à l’accès aux soins, les transferts en métropole, tout est fait pour écarter et briser des hommes que l’on considère comme déjà condamnés.

Aussi, en accusant nos proches d’être les meneurs d’émeutes, le procureur appuie la division parmi les habitants, renforce la méfiance à l’égard des élus et vise à délégitimer et criminaliser une protestation massive de la population et particulièrement l’irruption inédite de la jeunesse dans les enjeux politiques guadeloupéens. Une mobilisation à laquelle l’État ne sait répondre autrement que par la contrainte, la force et la répression violente.

Aujourd’hui, nos sept familles sont en grande souffrance et nous tentons de briser le silence médiatique sur nos réclamations et nos revendications.

À travers ce communiqué, nous, les familles de, Samuel, Lillow, Zébrist, Oneel, BB, Didier, et Bwana lançons un appel à toutes et tous pour relayer, soutenir et diffuser notre lutte à travers vos médias et réseaux sociaux. Nous vous appelons à nous rejoindre, toutes et tous ensemble, pour obtenir vérité et justice, pour les grands frères, pour notre jeunesse, pour la Guadeloupe.
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Dans le sens de cet appel, l’émission de ce jour est construite en collaboration avec l’Envolée et met en avant, à travers la répression que subissent les “grands frères”, comment la gestion de la crise sociale en Guadeloupe est exclusivement sécuritaire.

Pour cela, nous vous diffuserons deux reportages réalisés en Guadeloupe lors d’une journée de soutien pour les inculpés le 5 mars 2022, dans lequel vous pourrez entendre un membre de l’association JPMC crée par Frédéric Dumesnil ( un des grands frère incarcéré), puis son avocate Gladys Democrite qui revient sur l’ensemble de la procédure mais aussi sur la place du système carcéral.

Ensuite nous diffuserons l’interview de Ludovic Tolassy du collectif Moun Gwadloup avec qui nous discuterons à la fois de la répression qui s’est abattu sur l’ensemble des participants aux mobilisations et qui nous fera par de son constat sur la situation sociale actuelle.

LES AESH DU 94 POURSUIVENT LA LUTTE / LA GRÈVE CONTINUE A L’EHPAD LE CHÂTEAU DE NEUVILLE SUR OISE

Les accompagnant-es d’élèves en situation de handicap (AESH) du Val-de-Marne, avec l’appui de l’intersyndicale FO-FSU-CGT-SUD souhaitent que la mobilisation entamée dans le département puisse désormais s’élargir aux autres départements, notamment ceux d’Ile-de-France.

Nous travaillons au quotidien dans les classes de vos enfants, pour aider les élèves en situation de handicap dans les apprentissages. Nous faisons souvent ce travail depuis plusieurs années, sur des temps partiels de 21 heures qui nous sont imposés et rémunérés 728 euros par mois, soit sous le seuil de pauvreté (57% du SMIC, à peine 160 euros de plus que le RSA).

Ce 10 janvier 2022, débute dans le val-de-marne une grève qui se poursuit. Pour faire le point sur ce mouvement, nous accueillons dans cette première partie d’émission, Magalie Trarieux, enseignante et déchargée syndicale au SNUIPP-FSU du Val-de-Marne et en charge du secteur des AESH.

Pour le soutien financier : https://www.leetchi.com/c/caisse-de-solidarite-avec-la-greve-illimitee-des-aesh-du-val-de-marne

Le 3 janvier 2022, commence une grève des salariées de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) privé du Château de Neuville-sur-Oise, dans l’agglomération de Cergy.

Le 10 mars dernier, nous rencontrions les salariées grévistes sur le piquet de grève situé devant l’établissement(voir notre émission du 21 mars 2022).

Les quelques séquences, qui se sont déroulés depuis :

-Médiation entreprise par l’inspection du travail, trois rendez-vous stériles sur des aspects réglementaires et conventionnels.
-La direction ne s’est pas présentée à la 4ᵉ médiation et a informé l’inspection de son arrêt.
-Rupture du dialogue qui n’existait déjà plus depuis très longtemps. Le dialogue social n’existe par pour la Société de portefeuille EPINOMIS.

-L’établissement est accompagné dans ce sens depuis 15 mois par l’inspection du travail, sans aucune avancée, bien au contraire un véritable pourrissement.

Du harcèlement caractérisé des représentants du personnel (deux mises à pied en vue d’un licenciement retoqué par l’inspection du travail), les poursuites sont d’ailleurs toujours en cours (recours ministère du Travail).

Pour cette seconde partie d’émission, nous serons en compagnie de Siham, infirmière, déléguée CSE (comité social et économique) et déléguée syndicale CGT de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) privé du Château de Neuville-sur-Oise qui nous parlera de la suite de cette grève.

Pour les soutenir sur le piquet de grève : EHPAD Château de Neuville 4 Rue Joseph CORNUDET 95000 Neuville sur Oise

CONTRE LES PROJETS DE MÉGA-BASSINES : manif action du 26 mars dans le marais poitevin

“UN PRINTEMPS MARAÎCHIN CONTRE LES MÉGA-BASSINES”

Le Marais poitevin assiste, ces dernières années, au réveil d’un combat vital autour de l’eau.

Sur ce territoire humide remarquable, l’agro-industrie a décidé de lancer une vaste entreprise d’accaparement de l’eau au détriment de la qualité et du partage de ce bien commun. Avec le soutien actif de l’État, des dizaines de « méga-bassines » menacent d’être construites !

Ces ouvrages de stockage hydraulique massif ont pour but de maintenir coûte que coûte l’irrigation intensive de monocultures destinées, pour l’essentiel, à alimenter la spéculation sur les marchés internationaux et les usines de méthanisation.

Financée avec de l’argent public, c’est la solution catastrophique soutenue par Macron et son gouvernement pour sauver un mode de production agricole destructeur, dopé aux pesticides, face au changement climatique et ses sécheresses.

Malgré les alertes, les travaux ont commencé l’automne dernier sur le territoire du Mignon, au sud du Marais poitevin. En réaction, nous étions des centaines, le 22 septembre, à converger pour entraver la construction de la « méga-bassine » de Mauzé et faire valoir l’existence d’alternatives. Puis, des milliers, le 6 novembre, pour la prise et le démontage de la bassine illégale de Cramchaban.

La résistance à ce projet résonne désormais au-delà du territoire des deux Sèvres. De plus en plus de personnes, prennent la mesure de la dangerosité de cette opération d’accaparement et du risque de sa généralisation.

Avec l’échec des pseudo-concertations sous forme de « Protocoles » et le recours aux dérogations, la collusion entre les agro-industriels, La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) en tête et le gouvernement est aujourd’hui claire.

Les « méga-bassines » ne tiennent désormais plus qu’au nombre de gendarmes employés à les défendre. Il faut se donner les moyens de préserver les rivières et l’agriculture paysanne et stopper ces projets socialement et écologiquement injustes !

L’actualité des luttes fut présente sur la manif action de se 26 mars 2022 dans le marais Poitevin et dans le village de la Rochénard, qui accueillait cette mobilisation. Dans l’émission de ce jour, outre l’ambiance de cette journée, nous entendrons l’entretien réalisé avec des syndicalistes de la confédération paysanne pour nous parler de ce projet de méga-bassines.

Nous poursuivrons avec des sons d’ambiance et prises de parole, notamment avec un paysan Espagnol. Puis nous terminerons ce reportage avec un entretien réalisé avec Amandine Pacault, co-porte-parole de la confédération paysanne des Deux-Sèvre, qui nous donnera son sentiment sur cette journée.

UKRAINE : journée de soutien a la résistance

En vue de la journée de soutien à la résistance populaire en Ukraine organisé par le média Tous dehors et la Cantine syrienne qui aura lieu le 9  avril à l’AERI, nous vous diffusons aujourd’hui des reportages, lecture de texte et interview sur la diversité des questions qui peuvent être soulevé par la guerre en Ukraine.

Tout d’abord, nous vous diffusons un montage réalisé à partir des prises de paroles qui avaient lieues le jeudi 17 mars, au Marbré, à Montreuil, lors de l’événement organisé par le collectif russophone contre la guerre.

Dans cet événement était abordé la Russie contemporaine de Poutine – le système politique, la dictature, la violence policière et la censure. De cette façon, ils voulaient montrer ce que Poutine apporte à l’Ukraine et a déjà apporté à de nombreuses régions occupées. La narration était accompagnée de séquences vidéo, suivie d’une discussion autour de la résistance anarchiste à l’invasion russe.

Ensuite nous diffusons la lecture d’un texte publié dans la revue Contretemps le 16 mars et rédigé par Daria Saburova ( militante et étudiante ukrainienne). Cet article décrit précisément la guerre vue d’Ukraine et la façon dont une partie de la population ukrainienne rejoint la résistance, en particulier les unités territoriales de défense : une vaste mobilisation populaire.

Dès lors, Daria Saburova  adresse un certain nombre de questions à la gauche anti-impérialiste, notamment sur l’aide militaire pour la résistance populaire. Faute de quoi, selon elle, le salut internationaliste et la solidarité témoignée au peuple ukrainien risquent de demeurer abstraits. Daria sera présente et animera une partie de la discussion qui aura lieu le 9 avril dans les locaux de l ‘AERI à Montreuil.

Nous terminerons cette émission avec l’interview de Roland Desbordes, membre de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), faite pour la nuit blanche de la radio Fréquence Paris Plurielles contre la guerre, dans lequel il explique la veille sur la radioactivité que l’association effectue et surtout depuis le début de la guerre en Ukraine : les risques spécifiques d’avoir des centrales nucléaires dans une zone de guerre et l’exception nucléaire dans les “sanctions économiques” de l’UE contre la Russie, alors qu’EDF continue de faire affaire avec Rosatom.

Lire les articles en entier :

Info sur l’événement : https://www.facebook.com/events/677229700089146?ref=newsfeed

Texte de la cantine syriennehttps://cantinesyrienne.fr/ressources/les-peuples-veulent/guerre-en-ukraine-10-enseignements-syriens

LES GROUPES D’ENTRAIDE MUTUELLES

Dans cette émission, on vous diffuse une rencontre autour de l’existence des Groupes d’Entraides Mutuelles, des lieux portés par des associations d’usagers en psychiatrie. Cette rencontre s’est tenue à Main d’Oeuvre, dans le cadre du festival Sonic Protest, les 25 et 26 mars 2022 à Saint-Ouen.

Les Groupes d’Entraide Mutuelles (GEM) sont des espaces pensés et organisés au quotidien par les adhérents eux-mêmes, avec l’aide d’animateurs salariés et bénévoles. Les GEM ne sont pas médicalisés et si certains cherchent une complémentarité avec les différents dispositifs de soin, d’autres s’organisent comme des accueils occupationnels plus classiques, se substituant même parfois à des prises en charge médicales.

À la différence des lieux de soins, les activités y sont largement portées par les adhérent.e.s eux-mêmes, suivant leurs envies et leurs possibilités. Après quinze années d’existence, des questions nous viennent : de quelles missions les GEM sont-ils porteurs ? Quelles approches pour les nouveaux GEM “autisme” ? Comment s’accommodent-ils de leur cahier des charges et des nombreuses circulaires qui paraissent régulièrement à leur sujet ainsi que de leurs bases économiques fragiles ?

Quels liens entretiennent ces lieux avec la création artistique ? Quels liens avec les structures culturelles extérieures ? Qu’en est-il de la question du soin, de la thérapeutique ? C’est donc pour réfléchir à la fois à l’intérêt spécifique de tels espaces ainsi qu’à leur précarité que le GEM La Maison de la Vague animer ce temps de discussion.

Pour l’occasion seront invités des GEMs mais également certains acteurs qui ne se sont pas reconnus dans cette proposition de la loi de 2005 et qui ont, soit continué une route engagée depuis fort longtemps (clubs thérapeutiques), soit décidé de tracer une autre trajectoire comme réponse aux limitations inhérentes à ce dispositif.

À SEVRAN JEAN-PAUL TUÉ PAR LA BAC / ANGELO GARAND

Aujourd’hui, une émission constituée de reportages et informations autour de la lutte contre les violences policières ; en appel à la mobilisation de demain samedi 2 avril à 11 h en hommage à Jean-Paul place du docteur Laennec à Aulnay-sous-Bois et à la manifestation du 3 avril à République appelé par le collectif des mutilé-e-s pour l’exemple à République.

À Sevran, Jean-Paul tué par la BAC

À Sevran, le 26 mars 2022, un homme de 32 ans a été tué par balle, par un agent de la BAC. Jean-Paul, avait 32 ans, il laisse derrière lui une famille, des enfants, et tout un quartier en deuil. À un feu rouge, situé à la jonction de Sevran et d’Aulnay-sous-Bois, Jean-Paul est alors contrôlé par l’un des agents de la BAC qui descend du véhicule pour l’appréhender. L’agent de la BAC fait usage de son arme et l’utilitaire de la victime percute des véhicules garés dans la rue. L’homme de 32 ans succombera à ses blessures après avoir été transporté à l’hôpital.

Présenté par les médias et les services de police comme « connu des services de police », interpelé « après le vol d’une camionnette », les faits se révèlent bien différents d’après les témoignages des habitants : le père de famille aurait décidé de ne pas remettre à son employeur la camionnette de livraison, avec laquelle il travaillait chaque jour, en raison du non-versement de son salaire. Ce n’était donc pas un vol, mais l’action de résistance d’un travailleur qui veut récupérer son du.

Le geste de la police a donc été de protéger la propriété d’un employeur inique, au prix de la vie d’un travailleur. Abattu à un feu rouge, il est plus que douteux que la « légitime défense » fréquemment invoquée par les forces de l’ordre pour couvrir leurs abus soit une justification crédible.

Le policier qui a tué Jean-Paul a été placé en garde à vue, il serait poursuivi du chef d’inculpation de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec circonstance aggravante de sa qualité d’agent dépositaire de l’autorité publique avec une arme.

Il ne faut pas crier victoire trop vite, tout peut changer, on est dans une période électorale présidentielle, il ne faudrait pas que les banlieues s’embrasent.

Même si le parquet de Bobigny poursuit, il faut rappeler que celui-ci dépend hiérarchiquement du Ministère de la justice et en cas de chantage des syndicats policiers qui pourraient manifester sirène hurlante pour contester cette mise en examen, on pourrait connaître un revirement de situation.

Cette affaire, ce n’est pas seulement l’affaire de la famille de Jean-Paul, mais c’est notre histoire à tous, celle qui se répète depuis des décennies dans les banlieues ; la mort d’un frère, d’un père, d’un ami, d’un homme tué par des policiers.

Il faut le vouloir pour tuer un homme. Les policiers sortent de plus en plus leurs armes et tuent. Trois nuits de révoltes dans le quartier des Beaudottes s’en sont suivies. Car l’histoire est têtue et nous savons que trop comment les crimes policiers sont absous. Les médias salissent, la justice couvre. Derrière les images de voitures brûlées, c’est tout un quartier qui pleure la mort d’un proche, et qui doit faire face aux mêmes récupérations politiques en pleine campagne.

Évidemment, les médias mainstream passeront plus de temps à évoquer des dégradations d’ordre matérielle qu’à se pencher sur les causes des révoltes ; des quartier abandonnés ; des écoles, des transport, des services de santé dégradés, des logements chères et mal entretenus, du travail rare et surexploité et pour couronner le tout des brigades policières spéciales sur-armées violentes et haineuses.

Même si le véhicule avait été volé, ce qui n’est pas le cas, en l’état il s’agit d’avantage d’une réquisition, est-ce un motif pour abattre quelqu’un ? La peine de mort est théoriquement abolie en France, mais elle est rétablit sommairement par les flics en toute impunité.

C’est pour ces raisons que les habitants du quartier évoquent à juste titre un assassinat.

Après deux nuits de révolte, 16 personnes dont 4 mineurs ont été interpellées selon la préfecture.

La loi du 28 février 2017, relative à la sécurité publique, votée sous le gouvernement de François Hollande et de son ministre Manuel Valls, est venue aggraver l’usage par les forces de l’ordre de leurs armes à feu. Le refus d’obtempérer peut se solder par la mort. C’est un véritable permis de tuer qui a été légalisé et qui endeuille aujourd’hui la ville de Sevran et tant d’autres avant elle.

Depuis 2017, il y a une nette augmentation de l’usage des armes à feu par les policiers dans les cas de refus d’obtempérer, dans la majorité des cas, il s’agit de personnes qui ne se sont pas arrêtées soit pour un défaut de permis ou par peur de la police. La mort de Jean-Paul nous concerne tous !

Un hommage sera rendu à Jean-Paul samedi 2 avril à 11 h. Le rendez-vous est place du docteur Laennec à Aulnay-sous-Bois.


Les policiers ouvrent le feu sur un homme menaçant armé d’un couteau à Villeneuve-Saint-Georges

Ce dimanche 27 mars après-midi, un homme déambulait autour des rues Guynemer, Branly et Thimonnier à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Cet habitant âgé de 25 ans était en pleine crise de nerfs, il s’en est pris, sans gravité, aux policiers, qui ont tiré sur lui, alors qu’ils n’étaient pas en danger. Il a été atteint de deux balles. Blessé grièvement, sa vie n’est plus en danger.

La scène, filmée par un riverain, dure moins d’une minute mais a figé d’effroi les habitants du quartier Nord de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).

Vers 14 heures, ce sont des habitants de la cité qui ont appelé les sapeurs-pompiers car une personne arpente les rues muni d’une arme blanche et proférant des menaces. Visiblement déséquilibré ou souffrant de problèmes psychiques, ce jeune de 25 ans originaire du quartier. Les pompiers préviennent aussitôt la police.

La patrouille du commissariat de Villeneuve-Saint-Georges arrive et forme un triangle autour de l’homme. « Allonge-toi ! Mets-toi par terre ! », « lâcher ton couteau », ils le mettent en joue avec leur pistolet et un Taser. Le policier tire ! Son collègue tire également à deux reprises. La victime s’écroule, touchée par deux balles au niveau de la cuisse et du dos. Ce qui est particulièrement troublant quand on regarde la vidéo, qui a été heureusement prise par un passant, c’est que les policiers avance vers leur victime l’arme à la main et qu’après avoir tiré ils sont calmes alors qu’ils viennent de tirer sur un homme, aucun état d’âme, la vie humaine n’a plus de sens pour eux. Ce qui est révoltant c’est qu’ils aient privilégié la neutralisation par balle réelle, plutôt que d’autres méthodes. Ce n’est pas la première fois que les policiers tirent sur une personne souffrant de troubles mentaux. Il faut rappeler qu’un policier doit neutraliser non tuer, il dispose d’une matraque, d’un teaser, d’un gilet par balle, d’une bombe lacrymogène.

Les Médiateurs et les éducateurs ont été déployés «afin de maintenir le calme dans le quartier», comme si c’était leur travail.

Dans la cité, des habitants se demandent pourquoi l’un des trois policiers n’a pas utilisé le Taser qu’il tenait pourtant à la main. Mais les journalistes qui prennent directement leurs informations auprès des services de police ont eu la réponse qui couvrent les fonctionnaires qui se trouvaient trop loin selon eux, pour que le pistolet à impulsion électrique puisse atteindre sa cible !


Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons la conférence de presse du 30 mars du GENIE au sujet de l’affaire d’Angelo Garand mourrait sous les tirs de gendarmes du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale), une unité d’élite consacrée à la lutte contre le grand banditisme, les prises d’otage et les attaques à main armée le 30 mars 2017.

Ces derniers étaient venus le chercher pour le ramener à la prison de Vivonne. Angelo qui avait obtenu une permission de sortie, ne voulait pas retourner en prison et était resté manger ce jour-là avec sa famille. C’est caché dans une remise
qu’il fut abattu de cinq balles.Il s’ensuivit une bataille judiciaire pour obtenir justice et vérité.

D’abord mis en examen pour “violences volontaires avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner”, deux des cinq gendarmes accusés d’avoir tué furent finalement mis hors de cause, la nouvelle juge d’instruction, remplaçant l’ancienne, prononçant un non-lieu sur là base de l’article L435-1 du code de la sécurité intérieure. Il est question ici de l’emploi de la légitime défense par les forces de l’ordre, s’appuyant sur la version des gendarmes, prêtant à Angelo, dangerosité, résistance et volonté d’en découdre à l’aide d’un couteau. Une version que conteste pourtant vivement les proches.

Et c’est de cette version qu’il sera ici question, par l’action de l’organisation GENIE, un groupe de contre-enquête indépendant, “dont l’objectif principal est de faire la lumière sur les crimes et violences impliquant l’État français ou ses agents”. En recourant au journalisme d’investigation et à la modélisation 3D, le groupe de contre-enquête se propose d’établir une hypothèse alternative. Comme il permet sinon d’invalider la version des forces de l’ordre, au moins de contribuer à la vérité sur la mort d’Angelo Garand.

RSI DPD ET CHRONOPOST TOUJOURS EN LUTTES / LIBERTÉ POUR LIBRE FLOT

Le 23 mars était organisé une nouvelle manifestation de soutien aux travailleurs grévistes sans-papiers RSI, DPD et Chronopost en lutte depuis cinq mois. Elle prenait fin à Bercy devant le ministère de l’Économie et des finances, c’est-à-dire celui-là même qui décide de ne pas décider de délivrer les CERFA, qui décide de l’exploitation des travailleurs sans-papiers. Nous rappelons que c’est La Poste, entreprise en partie Étatique qui permet les contrats les plus pourris, et qui permet par le biais de la sous traitance de passer au-dessus des lois qui régissent le code du travail. Dans ce premier reportage, noue entendrons les prises de parole de cette manifestation

Le 30 mars, un nouveau rendez-vous se tenait à la préfecture de Nanterre en vue de la réponse sur les dossiers de régularisations. Une manifestation partait de l’arche de la défense, pour se rendre à la préfecture des Hauts-de-Seine. Dans ce second reportage, nous avons interviewé des salariés de DPD, RSI et Chronopost pour comprendre quelle est la stratégie de cette lutte.

Les travailleurs sans-papiers de RSI, DPD et Chronopost n’ont pour le moment rien gagné, mais ils restent déterminés.

En deuxième partie d’émission, nous vous diffuserons un montage dans lequel nous alternons les prises de parole de libre flot (orales ou écrites) avec les prises de parole du rassemblement organisé à Ménilmontant le 29 mars 2022 “pour crier la libération de Libre Flot en grève de la faim depuis le 27/02 et l’arrêt de l’isolement, torture blanche pour tout.es les prisonnier.es”.

Rappel : le 8 décembre 2020, la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) interpellait dans plusieurs régions neuf personnes « de la mouvance d’ultragauche » pour « association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste ». Sept d’entre elles sont alors mises en examen et maintenues en détention provisoire. Six finiront par être libérées sous contrôle judiciaire au fil des mois. Et une reste enfermée, sous le régime de l’isolement, depuis plus d’un an.

Mercredi 26 janvier 2022, après près de deux ans d’une enquête menée depuis février 2020 par la DGSI, la chambre de l’instruction a rejeté sans surprise la série de « requêtes en nullité » déposées par les avocat·es de certain·es des inculpé·es. Sans surprise parce que la reconnaissance de ces nullités mettait en jeu l’existence même de l’affaire dite du 8 décembre, et que la justice s’est dans cette histoire montrée prête à s’asseoir sur ses propres principes pour valider le storytelling antiterroriste.

Libre Flot, un ancien volontaire français des YPG (Les Unités de protection du peuple kurde), maintenu en détention provisoire et à l’isolement depuis plus d’un an, entame alors une grève de la faim le 27 février et demande sa mise en liberté. Depuis le jeudi 24 mars, il est à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes et poursuit sa grève de la faim.

Au vu de ces circonstances et rappelant que son accès à la santé ayant été bafoué continuellement depuis son incarcération, Libre Flot souhaitait cette hospitalisation pour sortir de l’isolement et avoir accès directement à des médecins et des soins si nécessaires.

Le 29 mars était annoncé lors de ce rassemblement la levée de son isolement et la levée des interdictions de communication.

Plus d’info sur l’enquête judiciaire : https://iaata.info/La-justice-s-entete-dans-l-affaire-du-8-decembre-5129.html

Vous pourrez retrouver plusieurs de ces lettres sur : https://lenvolee.net/tag/libre-flo/

https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/?fbclid=IwAR3a2udRxPMlsy7znMrSKeeb2Ztp4F-CUMXx-aT1c7YNU0Azmcnu4vSxViA

GRÈVE A LA RATP/QUEL AVENIR POUR LE CINÉMA LA CLEF ?

Suite à la mobilisation du 18 février a la RATP pour de meilleures conditions de travail et contre la privatisation de la RATP, le 25 mars 2022 avait lieu un second appel à la grève.

Ce jour, ce sont principalement les agents de conduite surface (bus- tram) de la RATP qui se sont mis en grève à 80 %, car ils seront impactés les premiers par la bascule sociale qui s’opère avec la privatisation. Le réseau métro et RER n’était effectivement que très peu mobilisé suite à l’annonce de la direction selon laquelle la privatisation ne serait pas mise en place d’ici à 2039. 

Aujourd’hui, nous vous diffusons donc un reportage réalisé le 25 mars lors du rassemblement qui avait lieu le matin devant la direction de la RATP à Paris.

Près d’un mois après son expulsion et le retrait du Groupe SOS, le 1er mars 2022, l’équipe de la Clef reviendra dans cette seconde partie d’émission sur les objectifs du fonds de dotation, Cinéma Revival, créé afin de racheter le bâtiment pour le sortir du marché spéculatif, et en faire un lieu tout à la fois de diffusion, de création et de formation, indépendant et ouvert à toutes et tous.

Cette Conférence publique VENDEZ-NOUS LA CLEF // pour présenter le projet de reprise du ciné la Clef, se tenait ce 28 mars 2022 à la bourse du travail de Paris.

PIPELINE EACOP: Une bombe climatique & sociale de Total en Ouganda

À l’occasion de la venue d’une délégation de quatre activistes ougandais·es en France et en Europe pour une tournée politique et médiatique, les organisations Survie, 350.org et Les Amis de la Terre organisait, le 17 mars 2022, une conférence sur le projet EACOP/Tilenga en Afrique de l’Est.

Ce fut l’occasion de rencontrer des activistes ougandais et français, d’informer le plus grand nombre sur l’immense danger que représente le méga-pipeline EACOP pour les droits humains, l’environnement et le climat. Ils témoigneront de leurs luttes et des menaces et risques auxquels ils font face dans leur combat contre le géant Total.

LES INTERVENANT·ES DE CETTE RENCONTRE :
Vanessa Nakate (Rise Up Movement/Fridays for Future Uganda) ;
Hilda Flavia Nakabuye (Fridays for Future Uganda) ;
Diana Nabiruma (Afiego) ;
Maxwell Athuhura (Tasha Research Institute) ;
Juliette Renaud (les Amis de la Terre France) ;

Thomas Bart (chercheur indépendant qui a coordonné des enquêtes de terrain en Ouganda et Tanzanie)

LES LUTTES AUTOUR DES JARDINS OUVRIERS ET POPULAIRE EN SEINE-SAINT-DENIS

Dans cette émission, il est question des luttes pour les jardins ouvriers et populaires en Seine-Saint-Denis.

Dans un premier temps, nous allons à la marche pour le climat dans le 93
organisée le dimanche 13 mars 2022 à l’appel du collectif des Jardins
d’Aubervilliers, qui célébrait une première victoire juridique : là
suspension des travaux de la piscine sur l’emprise des jardins et là
condamnation des aménageurs à le remettre en état.

Cette décision redonne un peu d’espoir pour la protection d’autres parties des jardins, menacées par le chantier de la ligne 15 du Grand Paris Express. Elle
donne aussi un peu d’espoir face au rouleau compresseur des JO 2024 et
du Grand Paris. Plusieurs collectifs du 93 étaient présents à cette marche pour défendre des lieux de vie contre la bétonisation, ainsi que le collectif des Jardins des Vaîtes de Besançon qui appelle à des Assises nationales des jardins populaires en lutte les 2 et 3 avril 2022.

Dans un 2e temps, nous allons entre Saint-Denis, Pierrefitte et Stains,
où 33 ha de terre agricole sont en train d’être détruite ! Le collectif
Des Tartres faisons terres communes organisait un Rassemblement contre
le Béton le dimanche 20 mars 2022 pour se réapproprier ces terres qui ont nourri pendant plusieurs générations et existent depuis plus de 100 ans ! Ce sont des terres riches et nourricières faisant partie de la’Plaine des Vertus’.

Différents membres du collectif évoquent les enjeux de la réappropriation de ces terres : la possibilité d’une production maraîchère autonome pour les habitant.e.s des quartiers populaires, le besoin d’espaces extérieurs collectifs pour jouer, cultiver, se promener… sans se faire avoir par les logiques marchandes de l’économie”sociale” ou de la spéculation immobilière.

LA SEMAINE DE LA FOLIE ORDINAIRE

Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons un entretien réalisé avec des membres du collectif organisateur de la semaine de la folie ordinaire sur Paris.

En effet, la Semaine de la Folie ordinaire (SDLFO) est de retour du 28 mars au 3 avril 2022, avec au programme, une déambulation festive dans les rues de Montreuil le vendredi 1er avril et un week-end de folie à la Parole Errante.

Les Semaines de la Folie ordinaire (SDLFO) ont été créées en 2011 à Reims par le collectif Artaud, un collectif de patient(e)s et soignant(e)s, en contrepoint des « Semaines d’information sur la Santé mentale ».

Au travers des manifestations culturelles et artistiques, des rencontres et des débats, nous souhaitons questionner la politique dite de « santé mentale ». C’est l’occasion de créer et rendre visible des espaces libres, créatifs et politiques ; se redonner de l’air collectivement ; se réapproprier les questions liées au soin et à l’accueil ; continuer à nourrir nos luttes et se raconter avec nos mots !

RATP : appel a la grève le 25 mars / MANIFESTATION INTERPROFESSIONNELLE du 17 mars

La maison de la RATP à Lyon-Bercy. Crédit photo : O Phil Des Contrastes

Les agents RATP seront en grève ce vendredi pour les salaires et contre la privatisation. Un rassemblement est appelé à 9 h 30 devant le siège à Lyon-Bercy

Avec la privatisation en marche, les conducteurs de bus savent ce qui les attend dès cet été 2022 : « travailler le samedi en deux fois, rajouter 1 h 30 de travail et perdre six jours de repos pour une compensation d’à peine 80 € ».

Pour parler de cette journée de grève, nous vous proposons un entretien réalisé avec Ahmed Berrahal, délégué syndical CGT RATP.

L’intersyndicale nationale interprofessionnelle réunissant la CGT, FSU, Solidaires et UNSA, et les organisations de jeunesse, FIDL, MNL, UNEF et VL organisait une Manifestation pour L’augmentation des salaires et des pensions, ce 17 mars 2022.

Les salarié-es du secteur public comme du privé, les retraité-es, les jeunes partagent toutes et tous une même priorité face à l’augmentation du coût de la vie, il demande une augmention des salaires, les pensions, les allocations et des bourses étudiantes.

Les micros de l’actualité des luttes se trouvaient dans cette manifestation, ou nous avons rencontré, notamment, les salariés en lutte de Chronopost/ DPD et RSI , les salarié-e-s de la FNAC Saint-Lazare et nous avons réalisé en fin de manifestation, un entretien avec un syndicaliste de SUD-ÉDUCATION 93 sur une menace de dissolution de ce même syndicat.

les salarié-e-s de la FNAC Saint-Lazare sont toujours en gréve depuis le 8 décembre .

Voici le lien pour les soutenir : https://www.cotizup.com/grevefnacstlaz

En fin d’émission, nous vous lirons l’appel à mobilisation de cette fin de semaine contre le projet de méga-bassine ”un printemps maraîchin contre les méga- bassines”

Les infos sur ce weekend contre les bassines et les départs en bus sont ici : https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/un-printemps-maraichin-contre-les-megabassines

CRIMES CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX

Le 24 février 2022, se tenait à la librairie Le Monte en l’Air dans le 20eme arrondissement de Paris, une discussion croisée autour des deux ouvrages de Mickaël Correia et Grégory Salle : Criminels climatiques (La Découverte) et Qu’est-ce que le crime environnemental ? (Seuil)

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie de cette discussion.

Mickaël Correia est journaliste à Mediapart, spécialiste des questions climatiques. Il est aussi l’auteur d’Une histoire populaire du football (La Découverte 2018, poche 2020).

Grégory Salle est chercheur en sciences sociales au CNRS, membre du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques.

Présentation des deux ouvrages :

Criminels climatiques de Mickaël Correia (La Découverte)

Cent entreprises sont responsables de 70 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Et parmi elles, Aramco, Gazprom et China Energy sont les trois premières multinationales qui régurgitent le plus de CO2 au monde. Inconnues du grand public, elles sont les championnes internationales du pétrole, du gaz et du charbon. Si ce trio était un pays, il incarnerait la troisième nation la plus émettrice, juste derrière la Chine et les États-Unis.

Cette enquête inédite révèle comment ces trois géants industriels déploient tout un arsenal de stratégies redoutables – corruption, néocolonialisme, lobbying, greenwashing, soft power, etc. – pour perpétuer notre addiction au carbone. En continuant coûte que coûte à extraire les ressources des entrailles de la Terre, ils attisent sciemment les flammes qui brûlent notre planète et agissent en criminels climatiques.

Des clubs privés de New York aux couloirs de l’Élysée, des banques de Pékin aux palaces de Riyad, l’auteur dévoile les cercles de pouvoir au cœur de ce capitalisme fossile et la manière dont ces firmes élaborent dans l’ombre une véritable bombe climatique, mettant en péril toute l’humanité.

Qu’est-ce que le crime environnemental ? De Grégory Salle : (Seuil)
Un quart du commerce mondial de bois serait illégal, le saviez-vous ? Sous l’influence des organisations internationales, l’existence d’une « délinquance écologique », d’une « criminalité environnementale » est désormais visible. Elle prend la forme du trafic d’espèces sauvages protégées, du déversement illicite de déchets toxiques ou de la contrebande de ressources naturelles. Mafias et autres réseaux clandestins opérant dans le Sud global en seraient les principaux acteurs et bénéficiaires.

Et si ces représentations étaient tronquées, voire trompeuses ? Dépassant la conception commune, dont il retrace la genèse et la diffusion, ce livre invite à penser le crime environnemental au-delà de ses manifestations les plus spectaculaires. Contre le juridisme, il soutient que la focalisation sur les infractions patentées sert commodément d’alibi au saccage légal de notre Terre. Aberration ou distorsion, la criminalité environnementale ? Plutôt une expression, arbitrairement stigmatisée, d’un système socio-économique fondé sur l’exploitation.


JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTES DU DROIT DES FEMMES : retour sur la manifestation parisienne

Le 8 mars est la Journée Internationale pour les Droits des Femmes. Elle trouve son origine dans les luttes des ouvrières et des suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. En 1977, elle est officialisé par les Nations Unies comme la Journée Internationale des Femmes.

Cette année, les collectifs et associations qui participent de l’organisation de cette manifestation ont fait le choix d’une journée de grève des femmes avec une manifestation de la Gare du Nord à l’Hôpital Tenon. Nous vous diffusons un reportage réalisé lors de cette manifestation afin d’illustrer la diversité des personnes présentes et une partie des prises de paroles officielles. De plus, nous vous diffusons dans le corps du texte l’appel à cette journée, afin que vous puissiez mieux contextualiser cette mobilisation.
 

” La prise de conscience et les mobilisations féministes grandissent et font bouger les lignes partout dans le monde. Nous sommes debout, nous voulons décider de nos vies. Nous voulons l’égalité.

→ Nous voulons être reconnues dans nos métiers, bien payées, à égalité avec les hommes au travail !

Avec la crise sanitaire, les femmes sont toujours en première ligne, mal payées, majoritaires dans des métiers essentiels (soins, santé, services publics). Nous sommes touchées de plein fouet par la précarité, les bas salaires et le temps partiel subi. Notre travail est déconsidéré et invisibilisé. Aides à domicile, assistantes d’élèves en situation de handicap (AESH), enseignantes, soignantes, travailleuses sociales…Les grèves se multiplient dans les métiers féminisés. Faisons converger ces luttes le 8 mars pour imposer des revalorisations salariales, des emplois stables et durables et des perspectives de carrière ambitieuses ! Les femmes immigrées ou sans papiers sont surexploitées, peu reconnues socialement et peu susceptibles d’évoluer dans leurs emplois. Nous voulons qu’elles soient régularisées !

→ Nous voulons vivre dans une société sans violence sexiste et sexuelle ! Nous voulons être libres de nos choix sur nos corps !

#Metoo, notre mobilisation partout dans le monde bouscule les rapports de domination et met à mal le patriarcat. Nous refusons les violences sexistes et sexuelles que ce soit dans les bars (#BalanceTonBar), dans nos couples ou nos familles (#MeTooInceste), dans la santé (#StopVog, Stop violences obstetricales et gynécologiques), dans notre travail, les lieux scolaires universitaires (#metoofac), dans les fédérations sportives, la culture (#metootheatre), le journalisme, la politique (#metoopolitique).

Les femmes handicapées sont pénalisées par le manque de soins et freinées dans leur choix d’autodétermination de leur sexualité ou dans la possibilité de mettre au monde des enfants. Elles subissent d’autant plus les violences sexistes et sexuelles qu’elles soient d’ordre privé, institutionnel, médical ou économique (le versement de l’allocation d’adulte handicapé.e dépend des revenus du conjoint).

Nous dénonçons l’élection à la présidence du parlement européen d’une parlementaire anti-avortement et nous exigeons que le droit à l’IVG entre dans la charte des droits fondamentaux. En France, l’allongement du délai pour avorter doit enfin être voté, plus question d’être obligée de partir à l’étranger !

L’éducation non sexiste, la lutte contre les stéréotypes dans les manuels scolaires, contre le cyberharcèlement doivent enfin être effectives ! L’orientation ne doit plus être genrée, personne ne doit contrôler nos corps et la façon dont nous nous habillons !

→ Nous voulons avoir du temps pour nous, nous en avons assez d’assurer toutes les tâches à la maison, parce que c’est l’égalité et que nous le valons bien !

Nous refusons d’être les variables d’ajustement, celles qui sacrifient leur travail, qui enchaînent les doubles journées avec le ménage, les courses, la cuisine, etc. pour pallier les déficits de services publics et prendre soin des enfants ou des personnes dépendantes. Comble du mépris : notre travail est si dévalorisé que deux ans après le début de la crise sanitaire, le pouvoir fait toujours comme si on pouvait télétravailler tout en gardant les enfants ! Nous voulons une réduction du temps de travail pour toutes et tous, allongement du congé maternité et du congé paternité et d’accueil de l’enfant, nous voulons une meilleure rémunération du congé parental pour qu’il soit plus partagé, nous voulons un vrai service public de prise en charge de la petite enfance et de la dépendance !

Le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous ferons la grève féministe partout dans le monde pour

  • Affirmer notre solidarité avec les femmes du monde entier qui subissent la répression, la négation de leurs droits, à commencer par nos sœurs d’Afghanistan, violemment réprimées par les talibans et abandonnées par les pays occidentaux
  • Exiger des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, sachant que pour les seules violences conjugales, le Conseil Economique Social et Environnemental estime à 1 milliard l’investissement nécessaire. Afin de prévenir toutes les formes de violence, il est indispensable d’accompagner et protéger les victimes, de former toutes les personnes qui travaillent à leurs côtés, de sanctionner les agresseurs, de faire appliquer les lois existantes et de compléter la législation.
  • Exiger l’égalité salariale et professionnelle et dénoncer le fait que les femmes sont toujours payées un quart en moins. En France, c’est comme si nous arrêtions d’être payées chaque jour à partir de 15h40
  • Revendiquer la revalorisation des métiers féminisés, la fin de la précarité et des temps partiels et l’application de la loi qui – depuis 50 ans ! – prévoit un salaire égal pour un travail de valeur égale
  • Obtenir le rattrapage des pensions des femmes retraitées qui sont inférieures de 40% à celles des hommes
  • Exiger un investissement financier et un recrutement massif dans les services publics, notamment dans les secteurs du soin, du lien et de l’éducation pour socialiser les tâches domestiques !
  • Développer une éducation féministe et égalitaire qui lutte enfin contre les stéréotypes et les violences et qui donne à tou.te.s la possibilité de réussir leur parcours scolaire et professionnel
  • Exiger l’allongement des délais pour l’IVG et l’accès sur l’ensemble du territoire à des centres IVG

Ce 8 mars, nous serons à la veille des élections présidentielles. Le gouvernement et le patronat bloquent toute avancée et multiplient le féminisme washing. Pire, la réaction masculiniste s’organise relayée par l’extrême droite qui revendique un discours sexiste, raciste et LGBTophobe. Partout dans le monde, la première chose que font ces partis réactionnaires quand ils arrivent au pouvoir, c’est de remettre en cause les droits fondamentaux des femmes.

Alors que la « grande cause » d’Emmanuel Macron s’est avérée une vaste opération d’enfumage, que les idées misogynes relèvent la tête, nous donnons rendez-vous à toutes les femmes, à tous et toutes les féministes. Le 8 mars, on s’arrête tout.e.s. On se met en grève. Plus de bla bla, plus de promesses sans lendemain, des actes. Ne nous libérez pas, on s’en charge ! “

Appel lancé par : Action Aid Peuples Solidaires, Appel Femmes Debout, Assemblée des Femmes, Association Nationale des Etudes Féministes (ANEF), APEL-Égalité, ATTAC, Chiennes de garde, CGT, Collectif National pour les Droits des Femmes, Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV), CFD syndicale afghane, Collectif Tenon, Collectif bas les masques, Les Effrontées, Émission Remue Méninge féministe, Enfants d’Afghanistan, la FAGE, Féministes Tunisiennes, Femmes Egalité, Femmes Solidaires, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir – FDFA, Fffrac, FIDL, Fond pour les Femmes en Méditerranée, Fondation Copernic, FSU, Hero.ïnes 95, Latir Por Mexico, Las Rojas, Les Rosies, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie-LFID, Maison des femmes de Paris, Maison des Femmes Thérèse Clerc Montreuil, Marche mondiale des femmes France, Mariachi au féminin ArrieraSomos, Mémoire Traumatique et Victimologie, Mouvement Femen, Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-F), Negar- soutien aux femmes afghanes, Nous Toutes, NUAWE, Osez le féminisme, Planning Familial, Plus jamais ça, RajFire, Réseau Féministe « Ruptures », Solidaires, Stop Violences Obstetricales et Gynécologiques, SKB, UNEF, Union Nationale des Familles de Feminicides (UNFF), Union citoyenne pour la liberté, Urgences Afghanes.

Soutien des partis politiques : EELV, Ensemble !, France Insoumise, Génération.s, NPA, Parti de Gauche, PCF, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti Socialiste, Place Publique, Union des Communistes Libertaires

GRÈVE A L’EHPAD LE CHÂTEAU DE NEUVILLE SUR OISE

10 mars 2022 : Neuville-sur-Oise, sur le piquet de grevé devant l’Ehpad privé du Château

Depuis le 3 janvier, des salariées de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) privé du Château de Neuville-sur-Oise, dans l’agglomération de Cergy, sont en grève.

Cela fait des mois que ces infirmières et aides-soignantes dénoncent le manque de personnel, les emplois du temps démentiels, les congés qu’elles ne peuvent prendre, le manque de linge, de garnitures, de douches, et même de nourriture pour les résidents !

L’Ehpad de Neuville-sur-Oise appartient à un groupe tenu par la famille Liogier, de Compiègne, qui possède quatre établissements de ce type dans la région.

Le 10 mars dernier, nous nous sommes rendus sur le piquet de grève qui se tient devant l’Ehpad le château de Neuville- sur Oise, et nous avons rencontré : Siham, infirmière, déléguée CSE (comité social et économique) et déléguée syndicale CGT, Anaïs ; aide médicopsychologique et aide-soignante et Amélie, aide-soignante et assistante de soin en gérontologie, qui nous ont parlé de la situation dans cet Ehpad.

“La porosité et les liens entretenus entre Orpea et certaines ARS( agence régionale de santé) questionnent. Quand Orpea embauche d’anciens inspecteurs ou hauts fonctionnaires d’ARS, c’est pour une raison précise : leurs contacts”, explique le journaliste Victor Castanet devant les sénateurs. En cette fin d’émission, nous entendrons l’Auteur du livre enquête Les fossoyeurs sur les établissements du groupe Orpea, il était auditionné le 15 mars au Palais du Luxembourg par la mission d’information sur le contrôle des Ehpad.

Rencontre avec Gerald Horne autour de la présentation du livre “Paul Robeson, artiste et révolutionnaire “

Nous vous proposons d’écouter la rencontre avec l’historien Gérald Horne, à l’occasion de la sortie en français de la biographie du trop méconnu militant, artiste et athlète afro-américain, Paul Robeson.

Pourquoi éditer ce livre ? La vie de Paul Robeson est indissociable des combats contre le système ségrégationniste aux États-Unis et les années 30 et 40 firent de Jim Crow son plus terrible adversaire. « L’un des tournants qui conduisirent à sa chute saisissante fut son face-à-face, à la Maison-Blanche, avec le président des États-Unis Harry S. Truman, à qui il reprochait l’apathie de Washington devant les lynchages d’Africains-Américains. » Luther et Malcom X n’auront eu qu’à rallumer son flambeau quand sa voix s’est éteinte.

Les éditions Otium, coopérative ouvrière réinventant sans cesse son rapport au monde éditorial et prolongeant le projet de la librairie Envie de Lire, sortent dans la collection L’Autre Amérique, une monographie que Gérald Horne, historien afro-américain et parfait connaisseur des enjeux de la Black Culture aux USA, consacre à Paul Robeson.

La rencontre a eu lieu au Hangar à Ivry-sur-Seine, le 22 janvier 2020, dans le cadre du festival Sons d’Hiver, en partenariat avec la librairie Scop Envie de lire.

Nous terminerons cette émission avec un hommage à négé gilet jaune de la première heure, décédé cette semaine. Pour cela, nous vous diffusons une prise de parole de négé lors d’un rassemblement du 7 janvier 2019 près de Bercy.

APPEL AU 19 MARS : CONFÉRENCE DE PRESSE/MEETING DES DPD CHRONOPOST ET RSI

En 2022, c’est la 26eme années consécutive que l’appel du collectif opposé à la brutalité policière de Montréal est lancé pour faire du 15 mars la journée internationale contre les violences policières. En France, l’appel est repris de sorte à faire de la mi Mars un moment de convergences de toutes les luttes contre les violences d’état.

Cette année, ce sont le réseau entraide vérité et justice et la Campagne antiracisme et Solidarité qui s’associe pour appeler à la manifestation annuelle se déroulera le 19 mars à 14 h à partir de Châtelet.

En appel, dans cette émission, nous vous diffusons dans une première partie d’émission la Conférence de presse réalisée par les collectifs organisateurs de la marche le 15 mars dernier. Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons une partie des prises de parole qui avait lieu lors du meeting de soutien des travailleurs sans papier de DPD Coudray RSI et Chronopost Alfortville du 10 mars dernier.

Le texte d’appel à la marche de la Campagne Antiraciste et de Solidarité:

Notre pays construit des ponts pas des murs. D’où que l’on vienne, où que l’on soit né·e, notre pays existe. Il s’appelle Solidarité.

Notre pays n’a ni carte, ni limites. Il ne fait pas la guerre si ce n’est au fascisme, au colonialisme, au racisme, à l’injustice et aux inégalités.

Notre pays n’existe pas isolé, atomisé, soumis. Il existe dans tout ce qui relie, regroupe, donne confiance et lutte.

Notre pays est en grand danger. Il doit sortir, se montrer, se lever. Vivre.

Car notre pays brûle. Il s’appelle Avenir.
Car notre pays est étouffé. Il s’appelle Liberté.
Car notre pays se meurt. Il s’appelle Égalité.
Car notre pays est opprimé. Il s’appelle Dignité.

Notre pays est en danger. Nous appelons à la mobilisation générale.

Pour l’avenir. Si la planète brûle, cela n’a rien à voir avec les migrations, nos couleurs de peau, nos origines, nos religions. Le monde n’attend qu’une étincelle pour exploser et certain.e.s nourrissent l’incendie qui nous menace.
Nous dénonçons toutes les formes de racisme dont l’islamophobie, l’antisémitisme, l’anti-tziganisme, la négrophobie et le racisme anti-asiatique. Nous exigeons notamment la fin des contrôles au faciès, l’abrogation de la loi dite « séparatisme », le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la fin des dominations économiques, militaires et politiques, en particulier la Françafrique.

Pour la liberté. Nous voyons que lorsqu’on commence à limiter la liberté pour certain·e·s, c’est la liberté de tou·te·s qui recule. C’est ainsi que se mettent en place des pouvoirs de plus en plus autoritaires.
Nous exigeons la liberté de circuler et de manifester et notamment l’abrogation de la loi dite « sécurité globale », la fin des violences et des crimes policiers et pénitentiaires, la suppression des mesures de répression contre les migrant·e·s (OQTF*, IRTF*, …) et la fermeture des Centres de Rétention Administrative. Nous exigeons la destruction des murs qui s’érigent partout dans le monde pour séparer et contrôler les peuples.

Pour l’égalité des droits. Les arguments utilisés contre l’immigration sont faux économiquement et ne servent qu’à justifier les mesures qui amplifient monstrueusement le racisme et les inégalités sociales. L’oppression et la surexploitation des migrant·e·s aggravent les conditions de tou·te·s les salarié·e·s.
Nous revendiquons l’égalité des droits pour tou·te·s, le renforcement et l’accès réel à la santé, à l’éducation, à des revenus décents, au logement et l’arrêt des expulsions dans les foyers de travailleurs/euses migrant-es. Nous exigeons notamment la régularisation des sans-papiers.

Pour la Dignité. Nous refusons la banalisation de l’insoutenable. Nous dénonçons les politiques anti-migratoires et de non-accueil des migrant·e·s. Nous refusons l’instrumentalisation des femmes à des fins racistes. Nous réclamons vérité et justice pour les victimes de violences policières et pénitentiaires. Nous exigeons le respect des convictions et croyances de tou·te·s. Debout, nous redevenons dignes.

Pour la Solidarité. Nous appelons toutes et tous à se lever, se rassembler, s’organiser. À faire vivre notre pays partout où il existe. Dans les quartiers, les villages, les ronds-points, les écoles, les lieux de travail. Autour d’un hôpital menacé, d’une mosquée ou d’une synagogue fermée ou attaquée, d’une église où l’on fait une grève de la faim pour les migrant·e·s, des associations antiracistes dissoutes ou menacées de l’être, d’un théâtre qui avait été occupé, d’un piquet de grève, d’un immeuble menacé d’expulsion, d’une frontière. A partir d’un local associatif ou syndical, d’un lieu culturel et solidaire…

Nous appelons notre pays à se lever en masse, s’organiser et lutter pour la solidarité et contre le racisme.

  • en multipliant les initiatives de toutes sortes,
  • dans toutes les villes et les villages en manifestant ensemble le même jour le samedi 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrant·e·s,
  • à Paris pour une manifestation nationale au mois de mars à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme.

Notre pays existe. Il s’appelle Solidarité.

« Pour Yvan Colonna, État français assassin », non à l’antisémitisme, non à la dissolution des associations de défense du peuple palestinien.

Nous allons dans un premier temps revenir sur ce qui se passe en corse autour de l’agression d’Yvan Colonna qui l’a plongé dans un coma profond et qui a plongé la Corse dans une colère que nous ne soupçonnons pas. Pour cela nous avons rencontré Thibault et Sylvain lors du salon anticoloniale et anti raciste qui s’est tenu le 12 et 13 mars à la parole errante à Montreuil.

Ensuite vous pourrez entendre une courte interview réalisée lors de la marche contre l’antisémitisme qui a eu lieu le 13 mars à Paris. Et nous finirons cette émission par des prises de parole et interviews que nous avons pu réaliser lors du rassemblement qui se tenait à Paris le 12 mars contre l’interdiction par l’État Français de collectifs de soutien au peuple palestinien.

Yvan Colonna était Incarcéré à Arles (Bouches-du-Rhône) après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en Corse. Yvan Colonna a été hospitalisé dans un état grave le 2 mars après avoir été violemment frappé par un codétenu emprisonné pour terrorisme et déjà connu pour avoir agressé d’autres co-détenus. Annoncé mort dans un premier temps par plusieurs médias, il serait en état de mort cérébrale.

Yvan Colonna, dont la culpabilité dans l’assassinat du préfet Erignac avait fait débat, demandait depuis de longues années son rapprochement en Corse ( comme la loi sur le rapprochement familiale le stipule pour tous les prisonniers), ce qui lui avait systématiquement été refusé en raison de son statut de “détenu particulièrement signalé” (DPS). Le statut de DPS aggrave significativement les conditions de détention, déjà déplorables et les possibilités d’aménagement de peine.

Le Premier ministre Jean Castex a levé ce statut mardi pour Yvan, une décision jugée par beaucoup comme une provocation, Yvan Colonna se trouvant désormais entre la vie et la mort dans un hôpital de Marseille, et pour ses co-inculpés ; Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. Ce que le gouvernement autonome n’avait pas obtenu en sept ans d’exercice du pouvoir, la rue l’a gagné en quelques nuits de révolte.

Depuis la corse est en ébullition ; c’est notamment sa jeunesse qui s’insurge. Les manifestations se sont multipliées en Corse à l’appel d’étudiants, de lycéens, d’organisations nationalistes ou de syndicats. Les banderoles “Per Yvan, Statu francesu assassinu” (Pour Yvan, État français assassin), désigne le responsable de la mort cérébrale d’Yvan Colonna ; les bâtiments de l’État ; palais de justice, préfecture, hôtel des impôts…

Une nouvelle génération fait l’épreuve de la violence d’État, beaucoup de blessés, des deux cotés de la barricade et va redistribuer les cartes sur le terrain politique corse.

Contre l’antisémitisme

10 ans après la tuerie antisémite de l’école juive à Toulouse, une journée d’actions est prévue dimanche 13 mars. Parce que l’antisémitisme est toujours d’une actualité forte, il importe « de prendre position pour agir contre l’antisémitisme et tous les racismes », exhortent plusieurs associations, syndicats et partis politiques.

Le 19 mars, il y a 10 ans à eu lieu la tuerie antisémite de l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse, au cours de laquelle trois enfants, Gabriel Sandler, 3 ans, Arié Sandler, 6 ans, Myriam Monsonégo, 8 ans et le père de deux d’entre eux, Jonathan Sandler, 30 ans, ont été assassiné·es parce que juif/ves.

C’était la première fois en France depuis la Seconde Guerre mondiale que des enfants étaient tué·es parce que juifs/ves. L’assassin avait auparavant tué trois soldats.

Ces assassinats se sont produit après plusieurs années d’actes antisémites ; l’assassinat d’Ilan Halimi en février 2006. En janvier 2015, quatre personnes juives étaient assassinées lors de l’attentat de l’Hypercacher : Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada. Sarah Halimi en 2017 et Mireille Knoll en 2018 étaient tuées à cause de la même haine antijuive. 

L’été dernier des pancartes antisémites fleurissaient lors des manifestations contre le passe sanitaire.

Un des candidats à l’élection présidentielle prétend que Pétain aurait sauvé les Juifs français et stigmatise les victimes de Toulouse.

L’antisémitisme reste d’une actualité forte. C’est pourquoi il importe de prendre position pour agir contre l’antisémitisme et tous les racismes.

Le dimanche 13 mars, une marche contre l’antisémitisme partira à 16h30, de la place de la République et se rendra au Parvis des 260 enfants assassiné.es par les nazis dans le quatrième arrondissement, Rue des Rosiers. Nous serons dans la rue pour dire « Non à l’antisémitisme » et « Oui à une société fraternelle et sans racisme », une société qui refuse l’exclusion de l’autre, qu’il ou soit juif/ve, musulman.e, noir.e, rom, asiatique… 

Organisations signataires : RAAR, LDH, MRAP, SOS-Racisme, FSU, Union syndicale Solidaires, Memorial 98, JJR, UAVJ, UJRE, Juif/ves vénères, Ibuka-France, La Jeune Garde, Association des citoyens originaires de Turquie ACORT, Nouveaux Démocrates, Ensemble, EELV, Gauche Démocratique et sociale GDS, PEPS, UCL, AFA77. Éditions syndicalistes, les Amis de la Révolution prolétarienne.

Non à la dissolution des associations de défense du peuple palestinien.

Ce samedi 12 mars 2022 à la Fontaine des Innocents, se tenait un rassemblement pour soutenir la Palestine et tous ceux et celles qui défendent les droits des Palestiniens !

Des interventions pour dénoncer la dissolution de deux associations pro-palestiniennes par le gouvernement Macron, pour faire savoir que le Collectif Palestine Vaincra n’a pas dit son dernier mot et fait un recours devant le conseil d’État. Et aussi que ces mesures liberticides ne nous ferons pas taire !

Nous vous proposons dans cette dernière partie d’émission, l’écoute de prises de parole et un entretien réalisé avec l’un des membres du collectif EuroPalestienne.

Bonne écoute !

LE GROUPE SOS ou “les chemins souriants du capitalisme sans but lucratif” / FNAC SAINT LAZARE : 3eme mois de grève

Le 5 mars 2022 se tenait une table ronde organisée par le cinéma La Clef. Était présent des membres du cinéma, ainsi que Marianne Langlet du Collectif des associations citoyennes et anciennement journaliste à Lien Social, aux côtés de Jean-Louis Laville, lui spécialiste de l’entrepreneuriat social et solidaire.

Le collectif La Clef revival occupe depuis septembre 2019 un cinéma dans le Ve arrondissement, proposant une programmation élaborée collectivement et proposée à prix libre. La démarche est à but non lucratif et le collectif entend tenir une organisation horizontale.

Quelques jours plus tôt, le cinéma était la proie d’une expulsion. Ce dernier étant l’objet à ce moment-là d’une proposition de rachat par le groupe SOS. C’est de ce dernier, et de la confrontation avec un projet économique et politique aux antipodes dont il sera question dans le sujet proposé (celui de “l’entrepreneuriat social”). Avec en perspective, la quête d’un modèle économique pérenne pour le collectif La Clef revival. Fidèle à sa ligne politique.

C’est bien de ce sujet dont il sera question dans l’émission qui va suivre. D’entrepreneuriat social. Ou d’analyser, non sans comparaison faite avec l’histoire et le modèle du collectif La Clef, ce qui se trouve derrière la logique de rachat par le groupe SOS. Un important acteur de l’économie sociale et solidaire.

Site internet du cinéma La Clef : https://laclefrevival.com/

Le 11 mars 2022, se tenait, un rassemblement de soutien aux salarié-e-s de la FNAC St-Lazare en grève depuis le 8 décembre 2021 pour protester contre des conditions de travail dégradées et les bas salaires, était organisé à proximité de la FNAC St-Lazare

Pour les salarié-e-s, les quelques avancées de la direction de la FNAC sont insuffisantes et les intimidations notamment avec la présence d’un huissier et d’un service de sécurité spécialisé se font de plus en plus présente.

C’est dans ce contexte que se tenait ce rassemblement et le reportage de cette seconde partie d’émission en sera l’objet

Bonne écoute !

GUERRE EN UKRAINE

Pour commencer à aborder cette question, nous avons décidé de commencer par vous diffuser un reportage réalisé le dimanche 6 mars 2022 derniers à la cantine des Pyrénées, 77 rue de la mare à Paris, organisé par le collectif des russophones contre la guerre, en soutien à un bataillon anarchiste résistant en Ukraine.

Nous vous diffuserons donc un reportage réalisé avec deux étudiantes russes et deux réfugiés politiques russes,et une partie de la discussion qui a eu lieu dans la cantine lors du repas de l’événement.

Nous avons aussi décidé afin d’encadrer ce reportage de deux lectures d’extraits de textes. Le premier est un texte qui a été composé collectivement par plusieurs activistes anti-autoritaires d’Ukraine. Ils ne représentent aucune organisation, mais s’étaient réuni·es pour écrire ce texte et de se préparer à une éventuelle guerre. En effet, ce texte à été initialement publié le 15 février sur Crimethinc, donc avant le début du conflit et permet d’éclairer leur choix de rester sur le territoire face à l’éventualité de celui-ci.

Il a été édité par plus d’une dizaine de personnes, dont des participant·es aux événements qui y sont décrits, des journalistes qui ont vérifié l’exactitude de leurs affirmations, et des anarchistes de Russie, de Biélorussie et d’Europe. Voici leur première ligne :

“Si la guerre éclate, nous ne savons pas si le mouvement anti-autoritaire survivra, mais nous ferons notre possible pour que ce soit le cas. En attendant, ce texte est une tentative de déposer en ligne l’expérience que nous avons accumulée.

En ce moment, le monde discute activement d’une possible guerre entre la Russie et l’Ukraine. Nous devons préciser que cette guerre est déjà en cours depuis 2014.

Mais chaque chose en son temps.”

(vous pourrez trouvez le lien vers le texte publié en intégralité sur parislutteinfo en bas de l’article)

Le second texte a été publié le 7 mars sur le site de A2C intitulé” pas de guerre entre les peuples pas de paix entre les classes” et permet de replacer les enjeux internationaux dans une chronologie qui n’épargne aucun empire. Voici leur chapeau :

“La crise militaire d’ampleur qui vient de se déclarer aux portes de l’Europe est le point culminant d’une série de crises majeures qui frappent l’humanité depuis une décennie. La crise climatique, la crise économique de 2008, la crise de la covid étaient déjà les symptômes d’un système capitaliste mondial à bout de souffle. Mais l’aggravation brutale de la situation marque un tournant vers un risque de déflagration mondiale. Plus que jamais, les luttes de notre camp, des masses que ce système opprime et exploite, sont essentielles pour stopper cette folie.”

Pour terminer nous vous diffusons les prochains événements organisé par le collectif pour cette semaine :

Les étudiantes et réfugiés politiques russes prendront la parole pour témoigner de leur expérience du régime de Poutine.

Le mardi 15 mars et le jeudi 17 mars à 19h00, une série d’événements sera organisée au cours desquels nous parlerons de la Russie contemporaine de Poutine – le système politique, la dictature, la violence policière et la censure. De cette façon, nous voulons montrer ce que Poutine apporte à l’Ukraine et a déjà apporté à de nombreuses régions occupées. Également, on traitera le thème de la guerre en Ukraine et de la résistance du peuple ukrainien contre l’armée russe.

La narration sera accompagnée de séquences vidéo, dont beaucoup montrent des scènes de violence.

Une discussion suivra au cours de laquelle nous répondrons aux questions. Le 17 mars on va ainsi discuter autour de la résistance anarchiste à l’invasion russe.

   RDV : mardi 15 mars, 19 h, à l’Hypocrite, 10 rue de Poitou, Montrouge

: jeudi 17 mars, 19 h, au Marbré, 39 rue des Deux Communes, Montreuil

Pour lire les articles dans leur intégralité :

https://paris-luttes.info/anarchistes-et-guerre-perspectives-15761
https://paris-luttes.info/anarchistes-et-guerre-perspectives-15761

APPEL AU 19 MARS CONTRE LES VIOLENCES D’ÉTAT : JUSTICE POUR NORDINE / JUSTICE POUR JIMONY

En 2022, c’est la 26eme années consécutive que l’appel du collectif opposé à la brutalité policière de Montréal est lancé pour faire du 15 mars la journée internationale contre les violences policières. En France, l’appel est repris de sorte à faire de la mi Mars un moment de convergences de toutes les luttes contre les violences d’état.

Cette année, ce sont le réseau entraide vérité et justice et la Campagne antiracisme et Solidarité qui s’associe pour appeler à la manifestation annuelle se déroulera le 19 mars à 14 h à partir de Châtelet.

En appel, dans cette émission, nous vous diffusons trois reportages.

Tout d’abord nous vous diffusons la conférence de presse qui se tenait le 22 févier 2022 devant le tribunal de Bobigny suite au rendu de justice du 18 février 2022 qui condamnait Nordine (victime de violences policières dans la nuit du 16 aout 2021 a Stains) à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt et 15000 euros d’amendes pour refus d’obtempérer vis-à-vis des policiers de la BAC qui l’ont atteint de sept balles.

Ensuite nous vous diffuserons la prise de parole de Charlotte, compagne de Jimony Rousseaux, décédé le 2 février 2021 des suites des violences que lui ont fait subir des surveillants pénitentiaires dans la prison de Meaux Chauconin, lors du rassemblement organisé le 19 janvier 2022 devant le Tribunal de Meaux pour demander la mise en examen des surveillants pénitentiaires mis en cause.

Enfin, nous vous diffuserons la prise de parole de la CSP 75 lors du rassemblement qui avait lieu le 4 mars 2022 devant le Ministère de l’Intérieur dans le cadre du rassemblement organisé en soutien a la gréve des travailleurs sans papiers de RSI/ DPD Coudray et Chronopost qui durent depuis maintenant cinq mois.

MON ESPACE SANTÉ : c’est comme le pass, on peut s’en passer !

MON ESPACE SANTÉ, pourquoi s’en passer !

Mon espace santé, nouvel avatar numérique du gouvernement, est venté à grand renfort de communication et de termes abscons, censés nous rassurer sur la confidentialité du dispositif.

Le fait que l’État soit le garant de la protection de nos données n’est pas fait pour nous rassurer. Comme si l’État était devenu, comme par miracle, le défenseur du bien commun et du respect de l’individu. La privatisation des services publics ne nous met pas à l’abri de partages de nos données avec des employeurs ou des assurances, d’un flicage de nos arrêts maladie, d’un contrôle de nos consommations de médicaments, du fichage de nos pathologies.

Nous pouvons refuser d’adhérer à ce système numérique qui nous éloigne toujours plus des rapports humains et de notre autonomie concernant notre santé.

Nous avons demandé à Camille du syndicat de la médecine générale ce qu’elle en pense.

Nous terminons cette émission avec des interviews glanés lors de l’Apéro Zone Libre Zéro Pass NI Sécuritaire NI Policier Passe Vaccinal C’est NON qui c’est tenu le 6 mars à Paris au bord du Canal Saint-Martin.

Non au dossier numérique de santé !
L’épidémie de Covid-19 a fourni aux “autorités” de santé l’occasion rêvée d’accélérer fortement la numérisation de nos données de santé, amorcée en 1998 avec la carte Vitale. Nous l’avons vu et subi, avec la création de SIDEP(Système d’Informations de DEPistage), puis avec l’instauration du pass sanitaire devenu vaccinal (qui a en outre permis au pouvoir de faire majoritairement accepter la banalisation des contrôles).

Le gouvernement veut maintenant pousser plus loin la centralisation de nos données de santé.Après l’échec du “dossier médical partagé”, il choisit le passage en force, avec la création sans concertation d’un dossier numérique automatique pour chaque individu, sous le nom de Mon Espace Santé (MES).

Ce dossier numérique sera ouvert sans consentement ! Notre consentement sera supposé acquis de manière automatique, sauf si nous faisons la démarche de nous y opposer dans un délai de six semaines. Ne pas (pouvoir ou savoir) dire non dans le délai imparti, ce sera dire oui !

Refusons son activation ! Attention : pour refuser l’ouverture du dossier “Mon Espace Santé”, il faut donc réagir dans les six semaines suivant la réception de sa notification par la CNAM (caisse nationale d’assurance maladie), par courrier papier ou courriel.

Avec “Mon Espace santé” (MES), rien à gagner, beaucoup à perdre : Aux oubliettes, le consentement libre et éclairé conquis difficilement ces vingt dernières années pour préserver les droits des patients !

Aux oubliettes, le secret médical : dans le MES seront recueillies de multiples données portant sur notre état de santé, les professionnels étant invités à y déposer les documents nous concernant (comptes rendus, résultats, analyses…) sans avoir à nous consulter. Or nos données de santé touchent à ce que nous avons de plus personnel, de plus intime. Quelles barrières infranchissables nous garantiront-elles contre les consultations abusives (des employeurs, par exemple) et contre les fuites informatiques déjà massives… ?

Grand coup d’accélérateur pour la centralisation de nos données de santé :
Évidemment, ce dossier numérisé nous est vendu comme un outil “pratique”, concentrant toutes nos infos santé. Mais pratique, il le sera surtout :
– pour le médecin pressé qui n’aura plus à vous interroger sur vos antécédents, vos raisons de consulter, qui dialoguera surtout avec son écran, oubliant que vous êtes un être parlant et souffrant…

Pour tous les organismes qui pourront tirer parti de la compilation des masses de données de santé que la CNAM a commencé à faire collecter à travers le MES. Les ARS (Agences régionales de santé), en particulier, disposeront d’un moyen de pousser plus loin encore la logique de “rentabilité” des offres de soin qui a si bien réussi aux hôpitaux… sur le dos du personnel soignant et des patients. Et qui nous dit qu’un jour les labos pharmaceutiques, les assurances, les mutuelles, voire les banques… n’obtiendront pas, au nom de l’efficacité, l’accès légal à ces données (comme c’est déjà le cas avec Doctolib) ?

La généralisation du MES risque donc d’être un nouvel outil, redoutable, de déconstruction silencieuse de notre système de soin fondé sur la solidarité.

Ne laissons pas faire ce pas supplémentaire vers la numérisation de nos vies, la dégradation de notre système de soin et la déshumanisation de la médecine.

Voici les sept principes directeurs de la loi Informatique et libertés (n° 78-17 du 6 janvier 1978).
Question : lesquels selon vous seront respectés avec l’instauration du MES ?
Principe de finalité : les données se rapportant à une personne ne peuvent être utilisées sans son consentement, pour une finalité autre que celle qui a justifié leur collecte.
Principe de proportionnalité : on ne peut exiger de la personne sur le compte de laquelle on collecte des informations des données non nécessaires à la prestation pour laquelle ces données sont collectées.
Principe de loyauté : on ne peut effectuer de collecte et de traitement à l’insu des personnes.
Principe de l’exactitude et de la mise à jour des données et de la sécurité des traitements.
Principe de transparence reconnu aux personnes : droit d’accès et de rectification des données les concernant.
Droit d’opposition : les personnes peuvent s’opposer à l’utilisation commerciale de leurs données ou à leur transmission à des tiers.
Droit à l’oubli : la durée de conservation des données nominatives est définie, limitée et proportionnelle à la finalité poursuivie.
* * *
Quelques articles sur le sujet (consultables sur Internet) :
. Outils du soin, “Nos données de santé les intéressent …”
. Pièces et main-d’œuvre, “Non à l’Espace numérique de santé”
. Syndicat de la médecine générale : “Mon Espace Santé” : trop de doutes et trop de risques”

Le Collectif anti-passe sécuritaire
regroupant des gilets jaunes, des membres de la Coordination antirepression et de la Ligue des Droits de l’Homme, Stop précarité, des citoyen.nes syndiqué.es ou non, la CGT Société de restauration du musée du Louvre, SUD Commerce et services, SUD Emploi.Réunion tous les mercredis à 18 h 30 à la Bourse du travail,métro République nonsecuritaire@gmail.com

Pour refuser l’ouverture de “Mon Espace Santé”
Par téléphone : appeler le 3422 (service gratuit – du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h 30), donner le code confidentiel communiqué par mail ou par courrier, son numéro de Sécurité sociale et le numéro de série de sa carte Vitale.
Par Internet : s’identifier sur monespacesanté.fr, puis saisir le code confidentiel communiqué par mail ou par courrier, son numéro de Sécurité sociale et le numéro de série de sa carte Vitale. N’oubliez pas de demander un justificatif.

DROIT DES TRAVAILLEURS MIGRANTS EN FOYER

Aujourd’hui, les résidents des anciens foyers de travailleurs immigrés, vivant isolés en France, et en solidarité avec d’autres membres de leur communauté, sont contraints de subir un changement de statut de leurs logements, catastrophique pour leurs droits et leurs modes de vie.

À la place des foyers, ils habitent des résidences dites « sociales ». Ces résidences sont conçues pour être des logements passerelle en attendant l’accès à un HLM. Sauf que les travailleurs en question ne vont pas dans leur majorité accéder à un HLM. L’offre est massivement insuffisante. Et leur projet n’est pas de mourir en France. Beaucoup souhaitent passer une bonne partie de leur retraite de retour au pays.

Les règlements intérieurs et contrats imposés par les gestionnaires dans ces résidences sociales sont infantilisants et abusivement restrictifs des droits. Il est interdit, sous peine d’expulsion des lieux, d’accueillir sa femme, son fils ou tout autre membre de la famille ou invité. Il est interdit, sous peine d’expulsion, de copier ou modifier la clef, le mobilier ou l’arrangement de la chambre. Les retards de loyer, quelle qu’en soit la cause, mènent tout droit vers le tribunal sans passer par les dispositifs protégeant les locataires de l’expulsion évitable.

Les résidents âgés qui font des allers-retours entre le pays et la France pour les besoins de la santé ou pour garder les contacts faits le long d’une vie de travail sont les premières victimes de ces exclusions et expulsions. Les résidences doivent, selon la loi, comporter des espaces dédiés à la vie collective et démocratique des résidents : salles polyvalentes, bureau pour les délégués élus, éventuellement restaurants associatifs.

Ces espaces existaient dans les anciens foyers. Ils étaient gérés, en commun accord avec le gestionnaire, par les comités de résidents. Dans les résidences, ils sont trop souvent interdits, l’accès étant sous le contrôle total du gérant.

Cette transformation provoque une montée scandaleuse des expulsions !

Le 18 février 2022, se tenait dans la Salle Jean Dame à Paris, une réunion publique sur le thème de la restructuration des foyers des travailleurs migrants. Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie des interventions de cette soirée. La rencontre se tenait dans le cadre de la campagne antiracisme et solidarité.

Bonne écoute !

8 mars : Les Peuples Veulent ! 3.0 /L’INTERNATIONALE FÉMINISTE

Du 12 au 14 novembre 2021 avaient lieu Les rencontres internationalistes « Les Peuples Veulent” pour une troisième édition à l’espace AERI 57 rue Etienne Marcel à Montreuil.

Des activistes du monde entier étaient attendu.e.s en novembre à Montreuil pour nous raconter leurs expériences, partager leurs idées, analyses et espoirs. Cette édition comprenait trois thèmes : Internationalismes d’hier et de demain/ Les voies du changement/ L’internationale Féministe. Tout au long de l’événement, un plateau radio organisé par FPP permettait de discuter et de présenter chacun.e.s de nos invité.e.s plus en détail.

Ainsi pour cette journée internationale de lutte pour le droit des femmes, nous décidons de vous diffuser deux montages. Tout d’abord un plateau radio réalisé avec la Coordinadora Feminista 8M (Chili). Ensuite, nous vous diffuserons la première partie du débat organisé lors de cet événement sur l’Internationale Féministe.

La vague de révolte féministe ne cesse de grossir dans le monde entier. Ces dernières années les combats féministes n’ont cessé de bouleverser l’ordre établi et d’imaginer un futur plus égalitaire pour toutes et tous.

Alors que certaines revendications sont parfois spécifiques aux contextes locaux, il existe plus que des résonances entre les luttes féministes en Amérique Latine, en Europe, au Moyen-Orient ou ailleurs. Ces mobilisations et la circulations des outils, des idées et des formes d’actions peuvent être comprises comme une expérience collective, à la fois locale et transnationale.

Ainsi, l’internationale féministe, ne serait-il pas une hypothèse révolutionnaire à part entier ?

Avec la Coordinadora Feminista 8M (Chili), Roula Seghaier (Liban, Tunisie), Arya Thomas (Inde), Somayeh Rostampour du Collectif98 (Kurdistan, Iran), Louise des Bombes Atomiques à Bure (France) – Syrian Feminist Society (Syrie) par zoom.

Vous pourrez retrouver l’ensemble du débat sur la chaine youtube de la cantine syrienne : https://www.youtube.com/channel/UC6mrrpePlPS8w6VhEgieyPQ

« TERRE ET LIBERTÉ » PAR AURÉLIEN BERLAN

C’est l’article de CQFD (que nous reproduisons) qui nous a donné envie d’aller à la librairie de l’Atelier, à paris pour écouter la présentation de « Terre et liberté » ; le livre d’Aurélien Berlan, sorti aux éditions de La Lenteur.

Il s’agit de ne pas abandonner le mot Liberté, mais de le définir collectivement pour ne pas s’en laisser usurper par l’extrême droite, comme par le capitalisme. Que signifie la liberté à l’heure de la surveillance électronique, de l’intrusion de plus en plus envahissante de l’État dans la vie privé et de la destruction du commun…

La liberté est sacrifiée au profit de ce qu’Aurélien appelle la « délivrance » ; être délivré des autres, des nécessités de la vie… Mais cela engendre individualisme, égoïsme, solitude et exploitation, car la délivrance des uns est la servitude des autres et la destruction de la planéte.

« Se réapproprier le terme de “liberté” » ; CQFD

Des murs de nos rues aux affiches électorales, nombre de slogans rythmés par l’idée de liberté ont fleuri ces derniers temps. Mais entre Bakounine, Tocqueville et les fascistes, le terme se prête à tous les usages. Il nous a donc semblé important de faire le point. C’est chose faite avec Aurélien Berlan, philosophe-jardinier, qui vient de publier Terre et liberté aux éditions La Lenteur. Un bouquin qui invite à repenser le concept de liberté contre le fantasme de délivrance matérielle et politique, qui nous a conduits droit dans l’impasse sociale et écologique actuelle.

En 2013, le lanceur d’alerte Edward Snowden levait le voile sur l’existence d’une vaste entreprise de surveillance menée par les services de renseignements américains. La liberté, telle qu’elle avait été conçue par les libéraux, est révolue – aspirée par les pipelines de la « révolution numérique ». Quel est donc, pour ceux et celles qui se sentent encore libres, le régime de liberté actuel ?

« Quand on se penche sur la pensée libérale, censée avoir triomphé depuis l’effondrement de l’URSS, on voit que ce qu’elle entendait par liberté n’était pas la démocratie, même pas “représentative” (qui ne représente, on le sait, que les intérêts d’une mince oligarchie). Mais plutôt l’inviolabilité de la sphère privée, entendue comme un espace dans lequel ni l’État ni la société ne sont censés intervenir. Depuis le XVIIIe siècle, cet espace s’est toutefois réduit comme peau de chagrin, pour se limiter aux relations personnelles et à la propriété privée. Avec la surveillance de masse, rendue possible par les outils numériques, le principe de l’inviolabilité de la sphère privée est littéralement balayé : les grandes organisations, publiques ou privées, peuvent pénétrer incognito dans les aspects les plus “privés” de nos vies afin d’influencer nos comportements. On peut donc se demander si la “critique du libéralisme” ne rate pas une donnée nouvelle et essentielle : le piétinement des principes du libéralisme est au cœur même du monde prétendument libéral.

Ce paradoxe m’a poussé à réfléchir au sens de la liberté à notre époque. Peu à peu, j’en suis venu à l’idée que nous avions abandonné la conception moderne et libérale de la liberté au profit de ce que j’appelle la “délivrance” : ce qui explique notre sentiment persistant de liberté, malgré la surveillance électronique, c’est que nous sommes largement délivrés des exigences du quotidien par le techno-capitalisme (voir extrait 1).

En relisant de près les philosophies de la liberté antiques et modernes, libérales ou socialistes, je me suis ensuite rendu compte que cette quête de délivrance, notamment sur le plan de la vie matérielle, les traversait presque toutes. Pour une raison simple : parce que ces philosophies ont été formulées par des membres des classes dominantes et que celles-ci ont toujours cherché à être délivrées des nécessités matérielles de la vie, pour se consacrer à des activités jugées plus “hautes”. Même Marx a identifié la liberté au dépassement du “règne de la nécessité”. La nouveauté, de nos jours, est que ce fantasme de délivrance exerce une telle hégémonie que l’on est prêts à sacrifier nos libertés publiques pour un gain de délivrance. D’où notre absence de réaction collective face aux révélations de Snowden. »

Ce « fantasme de délivrance », trait distinctif de la liberté au sens des Modernes, met en scène un individu déchargé à la fois de la politique et de la subsistance. Et c’est à travers cette quête de délivrance que tu retraces l’histoire de la catastrophe socio-écologique…

« La quête de délivrance se joue sur deux plans : on veut être libéré de la nécessité de faire avec les autres, avec tout ce que cela implique de conflictualité, de réunions chronophages, etc., et on veut être déchargé des activités liées à la subsistance matérielle, jugées pénibles et ennuyantes (le travail de la terre, les tâches domestiques, les soins aux personnes dépendantes, etc.). Ces deux aspirations, qui traversent le monde occidental, s’alimentent réciproquement, car on ne peut assurer sa subsistance tout seul. Voilà pourquoi l’avènement de la grande industrie et de la société de consommation a été accueilli comme une “libération” (non pas de la domination sociale, mais des “nécessités de la vie”). C’est alors que l’histoire du sens de la liberté se noue avec celle du désastre écologique. Car la quête de délivrance suppose une exploitation croissante des êtres humains et de la nature.

« Ce que les dominants ont toujours cherché à faire faire aux groupes qu’ils dominaient, qu’il s’agisse des femmes, des esclaves ou des ouvriers, ce sont les tâches liées à la subsistance. »

Si la liberté suppose d’être délivré de la “nécessité” (au sens relatif de “choses à faire” dont on ne voit pas comment se passer), elle suppose de se délester des tâches qu’on ne veut pas assumer soi-même. La délivrance suppose donc de les “faire faire”. Or c’est là la formule même de la domination sociale, qui suppose toujours la séparation entre des exécutants (qui font) et des dirigeants (qui ordonnent). Et ce que les dominants ont toujours cherché à faire faire aux groupes qu’ils dominaient, qu’il s’agisse des femmes, des esclaves ou des ouvriers, ce sont les tâches liées à la subsistance. L’histoire montre qu’il y a plusieurs manières de s’y prendre, plus ou moins directes et violentes. Cette histoire croisée des voies de délivrance matérielle et des formes de domination sociale constitue le cœur de Terre et liberté. Au terme de cette histoire, on arrive à la société de consommation basée sur la généralisation de la séparation consommateur / producteur.

Beaucoup d’écologistes pensent, à juste titre, que le désastre écologique dans lequel nous nous enfonçons est étroitement lié au gouffre qui s’est creusé entre la production et la consommation, jusqu’à prendre une dimension géopolitique mondiale – d’où la valorisation écologique des circuits courts, du “local”, de l’autonomie, etc. Mais cela ne tient pas seulement à ce que cette distance entraîne une consommation aberrante de carburants fossiles. Plus fondamentalement, cela tient à ce que seule cette séparation permet de comprendre la fuite en avant des besoins qui caractérise notre forme de vie de consommateurs salariés qui, pour reprendre une formule du philosophe André Gorz, “ne produisent rien de ce qu’ils consomment et ne consomment rien de ce qu’ils produisent”. Quand on fait les choses soi-même, le premier besoin est de ne pas perdre sa vie à produire de quoi satisfaire des besoins illimités, ce qui pousse à réfléchir nos besoins et à les réduire. À l’inverse, rien ne vient borner les besoins et les désirs de celles et ceux qui font tout faire aux autres. »

« Le fait que le terme “liberté” puisse être accaparé aujourd’hui par les partis autoritaires est désespérant. »

En ces tristes temps électoraux, nous assistons à l’accaparement de la question de la liberté par l’extrême droite en France et en Allemagne. Que dit cette confiscation sur notre époque ?

« C’est la sanction du fait que les forces prétendument libérales ont en fait abandonné les principes de base du libéralisme. Plus profondément, cela révèle à quel point nous vivons dans un monde “orwellien”, où l’on fait dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient. Dans la célèbre dystopie de George Orwell, 1984 1, le régime totalitaire de Big Brother ne cesse de marteler : “La liberté, c’est l’esclavage”, “La guerre, c’est la paix”, etc. Rappelons que le mot “liberté” a d’abord été l’étendard des luttes contre les diverses formes de domination, politiques ou économiques : celui des esclaves pour dettes contre les aristocraties antiques, des paysans contre les propriétaires fonciers lors de la révolution mexicaine (à laquelle on réduit souvent le slogan “Terre et liberté”), des révolutionnaires qui prenaient pour devise “Vivre libre ou mourir”, etc.

Le fait que le terme “liberté” puisse être accaparé aujourd’hui par les partis autoritaires et pire encore, le fait qu’une partie de la gauche capitule devant cette OPA idéologique et affirme que la liberté est “une valeur de droite”, voire “une invention du capitalisme”, est désespérant. Car en contrôlant les mots, on détermine les pensées. Or dominer les esprits permet d’assujettir les populations – c’est cela, le message d’Orwell.

Contre ce rapt sémantique, je propose que l’on se réapproprie le terme “liberté”, ce qui implique de le repenser profondément, à rebours de la plupart des théories de l’émancipation qui sont tombées dans le piège du fantasme de délivrance. Je l’ai fait en m’inspirant moins des “grands” textes de la pensée politique, qui témoignent surtout du désir de délivrance, que de la texture même des formes de vie des classes populaires et des luttes qu’elles ont menées, presque partout, pour la défense des biens communs. Car ces luttes témoignent de tout autre chose que d’un désir d’être déchargé des nécessités de la vie quotidienne : elles manifestent la volonté d’accéder aux ressources (la terre d’abord, mais aussi les forêts, les rivières, les outils, les connaissances, etc.) permettant de prendre en charge ces nécessités. »

Peux-tu en dire plus sur cette conception de la liberté comme autonomie, que tu opposes à la liberté des Modernes ?

« Quand on parle aujourd’hui d’autonomie alimentaire ou énergétique, on prend le mot dans un sens matériel qui semble éloigné de sa signification étymologique : l’autonomie, ce n’est pas “se donner ses propres lois”, mais “subvenir à ses propres besoins”. Toutefois, ces deux significations sont en fait étroitement imbriquées. Car dès lors que l’on dépend matériellement (pour satisfaire ses besoins) d’une autre instance, on ne peut plus être pleinement libre. Comme le rappelle le dicton : “On ne mord pas la main de celui qui vous nourrit.” Bref, la liberté est conditionnée par l’autonomie matérielle – et celle-ci l’est par l’accès aux ressources permettant de satisfaire nos besoins. Tel est le sens politique profond de la quête d’autonomie matérielle. À condition toutefois de ne pas confondre autonomie et indépendance : assurer sa subsistance ne se fait jamais seul, mais en lien avec les autres. L’autonomie invite en fait à nous libérer des liens de dépendance asymétriques qui nous ligotent aux grandes organisations anonymes, pour recréer des interdépendances personnelles sur lesquelles il est possible d’avoir prise.

« La conception dominante de la liberté reposait sur l’aspiration à être délivré de la terre et des activités paysannes. Il est frappant de voir aujourd’hui que la liberté est de moins en moins associée à la ville. »

Une autre dimension de l’autonomie est sa dimension terrestre, son lien intime à la terre comme base de la subsistance humaine. La conception dominante de la liberté à l’époque moderne reposait au fond sur l’aspiration à être délivré de la terre et des activités paysannes qui y sont liées, ce qui a conduit à identifier la liberté avec la vie urbaine (“l’air de la ville rend libre”). Contre cette conception extra-terrestre de la liberté – qui pousse ses ultimes partisans fanatisés, comme Elon Musk, à vouloir aller vivre sur Mars –, il est frappant de voir aujourd’hui que la liberté est de moins en moins associée à la ville – sa devise serait plutôt “prendre la clé des champs”. C’est un changement d’esprit frappant, intimement lié au désir de renouer avec la liberté comme autonomie. »

Pour Sartre, « l’existence précède l’essence ». Tu complètes : « La subsistance précède l’existence »… Est-ce que ton livre serait un manifeste subsistancialiste ?

« Oui, mais à condition de souligner que je n’invente rien : je ne fais que remettre à jour des idées politiques qui ont été jetées aux oubliettes, même par les théories prétendument radicales. Et je le fais pour rendre justice à toutes celles et ceux qui voient bien qu’il y a quelque chose de problématique dans notre mode de vie, où l’on fait faire à d’autres presque tout ce qui concerne notre subsistance. En fait, je m’inscris dans un tournant subsistancialiste2 plus général, porté notamment par certaines écoféministes qui ont critiqué la conception de l’émancipation féminine qui fut celle de Beauvoir, typique de la volonté extra-terrestre de délivrance (voir extrait 2). Car cette critique a une portée bien plus générale, qui permet de repenser une émancipation compatible avec la Terre (voir extrait 3).

Propos recueillis par Momo Brücke

CONTRÔLES ET RADIATIONS A PÔLE EMPLOI ET A LA CAF(rediffusion)

Nous ouvrons avec cette émission, une série de rediffusions sur FPP, qui nous mènera jusqu’au 4 mars et nous vous retrouverons pour de nouvelles émissions inédites. Bonne écoute !

L’équipe radio actualité des luttes

Dessin issu de https://lepoing.net/

Alors que plus d’un million de chômeuses et de chômeurs voient leurs allocations brutalement réduites et que l’ouverture des droits de près d’un demi-million de personnes est remise en cause, le gouvernement Macron fait encore du renforcement des contrôles un objectif politique !

Depuis le 1er octobre par décret et avec validation d’un Conseil d’État qui s’est couché, la réforme – ou casse – de l’indemnisation du chômage frappe de façon hallucinante et inégale les plus précaires.

Les dysfonctionnements graves se multiplient à Pôle emploi, où les demandeurs d’emploi sont gérés par des boites privées en sous-traitance, ou par des applications ou algorithmes conçus apparemment pour calculer les droits au rabais, multiplier les erreurs au détriment des plus précaires, tandis que s’accumulent les radiations abusives et illégales (pour non recherche d’emploi par internet alors qu’il ne peut y avoir d’obligation numérique vu la fracture numérique) et prélèvements de trop perçus non fondés.

Le 10 février dernier, Un collectif unitaire composé du comité national CGT chômeurs-précaires, CGT Pôle Emploi, SUD Emploi, SUD Culture Solidaires…), d’associations de chômeurs/ses, et d’associations comme la Quadrature du Net organisait une AG contre le contrôle des chômeurs (CAF et Pôle emploi).

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons une partie des témoignages et les propositions d’action issue de cette assemblée générale.