PAS DE BASSINE A SAINTE- SOLINE ET AILLEURS !

Depuis un an, le mouvement parti du marais poitevin pour arrêter les méga-bassines a pris une ampleur retentissante par le biais d’une série de manifestations populaires et d’actions de désobéissance destinées à arrêter les chantiers en cours. Ces cratères géants d’une dizaine d’hectares, remplis en puisant dans les nappes phréatiques sont devenus le symbole d’une maladaptation au changement climatique. Ils incarnent le maintien coûte que coûte d’une irrigation excessive et d’un modèle agro-industriel qui écrase les paysan.ne.s, détruit les milieux naturels et menace in fine les populations.

A partir d’une série de nouvelles bassines projetées dans les Deux-Sèvres, ces infrastructures menacent de se répandre dans d’autres régions à grand renfort d’argent public. Avec la mobilisation historique de Sainte-Soline, c’est à l’ensemble du pays et bien au-delà que se sont vus révélés les enjeux de l’accaparement de l’eau par une minorité d’irrigants, en pleine sécheresse systémique.

Face à la détermination et au nombre chaque fois croissant de manifestant•es, le gouvernement n’a pour l’instant pour seule réponse que d’interdire, réprimer et annoncer à l’arracher 30 nouvelles méga-bassines dans la Vienne. Mais de toutes parts, le dispositif bassine et ses protocoles prennent l’eau, de nombreux•ses acteurs•trices clés des territoires concernés – tout comme une partie croissante du monde paysan ou scientifique – le rejettent de plus en plus ouvertement.

Les 25 et 26 mars 2023, se tenait dans les Deux-Sèvres, une Mobilisation Internationale pour la défense de l’eau et contre les mégabassines intitulée : Pas une bassine de plus !

Le samedi 26 mars, une manifestation se dirige vers Sainte-Soline ou se construit une bassine de rétention d’eau et l’équipe de la mégaradio (groupement de radio associatif.) dont l’actualité des luttes fut partie prenante.

Nous vous proposons, dans l’émission de ce jour, le reportage réalisé ce 26 mars. Nous entendrons successivement un collectif venant de Redon, les prises de parole du samedi matin avant le départ en manifestation, un entretien avec le porte-parole de la confédération paysanne des deux- Sèvres et une série de sons de la manifestation.

Bien évidemment, nous affirmons, notre solidarité avec les nombreux et nombreuses blessé-e-s et personne dans le coma, victime de la violence de l’état de cette journée

La réponse du gouvernement ne s’est pas fait attendre. La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur a demandé la dissolution du collectif les soulèvement de la terre. En réponse, le collectif a publié un communiqué que nous mettons ci-dessous

Le 02 avril 2023 – Réponse à la trumpisation accélérée du ministre de l’Intérieur Darmanin dans le JDD

Nous sommes les Soulèvements de la Terre

Depuis vendredi matin plus de 50 000 personnes dont des milliers de personnalités, syndicalistes, artistes, scientifiques, élu-es, et des dizaines d’organisations politiques, associatives et syndicales en France et à l’international ont affirmé leur adhésion au mouvement des Soulèvements de la Terre par un appel « Nous sommes les Soulèvements de la Terre » initialement publié dans le Monde.

Cependant et alors que les autres initiatives de soutien se multiplient à travers plusieurs tribunes indépendantes, un ministre de l’intérieur, aux abois, s’entête hier soir encore dans un entretien au JDD à prétendre dissoudre cette large coalition pour la défense des terres et de l’eau. Voici pour rappel notre réaction à l’annonce cette mesure de dissolution.

Faire disparaître les luttes locales ?

Mais après les Soulèvements de la Terre, ce sont désormais aussi les « zads », et derrière ce terme les luttes locales, que le gouvernement prétend faire disparaître.

Rappelons en passant qu’à Sainte-Soline, que ce soit lors des mobilisations d’octobre ou de mars, personne n’a jamais prétendu constituer une zad et rester sur le terrain en dehors du temps de la mobilisation, à part le ministre de l’intérieur qui agitait une pure chimère pour pouvoir affirmer qu’il avait empêché quelque chose de se produire.

En réalité, au vu de la carte des 42 « sites sous surveillance » offerte par le JDD sur la base des services de renseignement, c’est l’ensemble des luttes écologistes vivaces de ce pays – face à des projets inutiles et écocidaires d’autoroutes, d’extension d’aéroports, de mines de lithium, de méga-bassines, de bétonisation de jardins populaires – qu’il s’agit pour ce gouvernement de museler. Sa cellule « anti-zad » et ce qu’elle recouvre réellement est bien une déclaration de guerre au mouvement écologiste et paysan dans son ensemble, aux habitant-es des territoires qui lui font face.

Par ses fables sur la menace d’ultra-gauche et ses mensonges éhontés sur les blessé-es, le ministre de l’intérieur déploie évidemment un exercice de propagande destiné à se protéger de l’ensemble des vives critiques sur sa gestion brutale du maintien de l’ordre auquel il va devoir répondre cette semaine, y compris du côté d’institutions internationales et ONG emblématiques : ONU, Conseil de l’Europe, défenseurs des droits, commission des lois, Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty international… Mais nul doute que dans les délires paranoïaques et fantasmes diabolisateurs du ministère de l’intérieur, l’ensemble de ces personnes soient désormais passées dans le camp des dits « éco-terroristes ». Nul doute aussi que ses allégations délirantes sur les manifestant.es venu.es pour « tuer du flic » ne cherchent qu’à cacher la réalité : ceux qui ont tué ces 20 dernières années dans ce pays ne sont pas les manifestant.es écologistes mais bien la police : dans son service du maintien de l’ordre  et dans les quartiers populaires, entre autre. Elle a éborgné et mutilé ces dernières années des dizaines de personnes durant le soulèvement des gilets jaunes, le mouvement loi travail, l’expulsion des zads ou le mouvement actuel des retraites. 

Quant à son déni réitéré sur l’usage de LBD, d’armes de guerre et surtout sur l’obstruction faite au secours par les forces de l’Ordre à Sainte-Soline, on constate une trumpisation effarante de la parole gouvernementale passée dans une réalité alternative en qualifiant de fake news des éléments délivrés par des journaux de référence sur la base d’enregistrements et de témoignages concordants délivrés par des observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme, élu.es et représentant.es syndicaux présents sur place (https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/sainte-soline-lenregistrement-qui-prouve-que-le-samu-na-pas-eu-le-droit-dintervenir).

Mais Darmanin entend aussi détourner l’attention sur le fond du problème : l’action anti-écologique du gouvernement au profit d’intérêts privés. En pleine crise climatique et hydrologique, alors que des centaines de milliers de personnes à travers le pays ressentent une urgence aussi vitale que salutaire à agir, Darmanin se permet de mettre le doute sur la sincérité de leurs motivations. Il est désormais clair en tout cas que la motivation de son gouvernement est de continuer à protéger les profits de quelques industries du ciment, du sable, des engrais et pesticides (1)quel qu’en soit le coût humain, écologique, et d’ailleurs économique (5 millions d’euros de coût de l’opération de maintien de l’ordre le 25 mars à Sainte-Soline – soit plus que la facture du chantier, des bassines qui profitent aux intérêts privés de quelques agriculteurs mais qui sont financées à 70% par de l’argent public, un ministre de l’Agriculture vient tout juste de revenir sur l’interdiction du S-metholachlore en guise d’allégeance au nouveau président de la FNSEA, émissaire de l’agro-business….).   

Nous ne savons pas jusqu’où ira ce gouvernement pour espérer sauver sa peau en mutilant et piétinant sa population et en augmentant quotidiennement le niveau de mensonges assénés aux médias, mais nous réaffirmons qu’il est grand temps que Darmanin démissionne et que son gouvernement se dissolve.

En ce qui concerne la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre dont le mouvement a reçu la notification jeudi 30 mars et qui pourrait être prononcée dès le 12 avril : l’ensemble des collectifs et les dizaines de milliers de personnes partie prenante des Soulèvements de la Terre n’entendent pas se laisser interdire d’agir ensemble par des décisions ministérielles d’un gouvernement illégitime. Plus d’un millier de personnes sont d’ores et déjà prêtes à attaquer juridiquement le décret de dissolution s’il devait paraître.

Nous attirons à ce sujet l’attention sur la note des renseignements intérieur ayant abouti à cette procédure de dissolution et lisible dans son intégralité sur le site de Lundi Matin avec notre analyse. En effet, à la lecture de cette note confidentielle étonnamment élogieuse, on comprend qu’au-delà du prétexte affiché de la violence, si le ministre cherche à dissoudre le mouvement, c’est essentiellement parce qu’il réussit à fédérer et peser sur le champ politique !

## Enfin et pour l’heure, nos premières préoccupations vont toujours aux blessé-es que le gouvernement a choisi délibérément de démultiplier pour tenter de terrifier un mouvement, à Serge toujours entre la vie et la mort, à Michaël encore dans un état  extrêmement grave, à celles et ceux qui ont perdu un œil, un pied, qui resteront meurtri-es dans leurs corps et dans leurs têtes. 

Pour elles et eux, parce qu’une lame de fond ne peut être dissoute, nous continuerons notre combat pour les terres et l’eau, immédiatement en solidarité avec le mouvement des retraites et pour la fin rapide des méga-bassines.

ACTION DE BLOCAGE DE L’AGRO- INDUSTRIE EN BRETAGNE

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de l’émission du pain et des parpaings diffusé en octobre 2022 sur radio pikez radio basé à Brest.

Avez pas entendu parler de cette histoire de train de céréales bloqué et vidé par des militant.e.s contre les fermes usines ? D’un mur de parpaings monté sur une voie ferrée pour symboliser l’impasse du modèle agro-industriel breton ?

On vous raconte tout ça avec du reportage, des interviews et des invités, réalisés par Du pain et des parpaings, une série d’émissions mensuelle sur les luttes contre l’accaparement des terres, la gentrification, l’agro-industrie, le capitalisme vert, le pourrissement des écosystèmes, le colonialisme, l’extractivisme des corps et des matières, le tout principalement en Bretagne, mais pas que. Parce que les luttes ne sont pas que locales, elles s’insèrent le plus souvent dans un système économique et politique global, délétère et injuste.

Cette deuxième émission donne la parole à des personnes ayant participé au bon déroulement de l’action d’arrêt du train de céréales à St Gérand, dans le Morbihan, en mars 2022, symbolisant ainsi la nécessité de l’arrêt de l’agro-industrie. Dans cette émission, nous entendons aussi l’avocat en charge de la défense des inculpé.es dans cette affaire, ainsi que plusieurs personnes du collectif Bretagne contre les fermes-usines.

Ressources :

  • https://bretagne-contre-les-fermes-usines.fr
  • Les soulèvements de la Terre
  • La carte participative de Reprendre la Bretagne aux machines
  • Livre « Reprendre la terre aux machines », de L’atelier paysan, Ed. du Seuil, 2021

Déclaration du 3 août 2022 devant le Tribunal Judiciaire de Lorient

Les participants et participantes à cette action constatent :

  1. L’alerte répétée de la communauté scientifique et de journalistes indépendant.e.s sur l’urgence sanitaire, sociale, écologique et climatique à prendre des décisions rapides modifiant radicalement les modes de production et de consommation issus de l’agriculture industrielle,
  2. L’absence de réponses réellement opérantes de la part de l’État et des entreprises de l’agro-industrie pour réduire les conséquences sanitaires, sociales, écologiques et climatiques de leur mode de production.

Les participant.e.s à cette action justifient de leurs actes par le contexte d’état de nécessité à agir pour stopper sans délai les modes de production de l’agro-industrie et leurs conséquences sanitaires, sociales, écologiques et climatiques.

Nous sommes couturière, paysans, ingénieur projets, enseignantes, retraités.ées, chomeurs.euses, éducateurs.trices, animateurs.trices, couvreuse, masseuses, maçonne, ingénieur du son, développeurs web, charpentier, ingénieure thermicienne, écologue, etc,

C’est aujourd’hui par nécessité que nous nous rendons acteurs du changement.

CONTRE LES PROJETS DE MÉGA-BASSINES : manif action du 26 mars dans le marais poitevin

“UN PRINTEMPS MARAÎCHIN CONTRE LES MÉGA-BASSINES”

Le Marais poitevin assiste, ces dernières années, au réveil d’un combat vital autour de l’eau.

Sur ce territoire humide remarquable, l’agro-industrie a décidé de lancer une vaste entreprise d’accaparement de l’eau au détriment de la qualité et du partage de ce bien commun. Avec le soutien actif de l’État, des dizaines de « méga-bassines » menacent d’être construites !

Ces ouvrages de stockage hydraulique massif ont pour but de maintenir coûte que coûte l’irrigation intensive de monocultures destinées, pour l’essentiel, à alimenter la spéculation sur les marchés internationaux et les usines de méthanisation.

Financée avec de l’argent public, c’est la solution catastrophique soutenue par Macron et son gouvernement pour sauver un mode de production agricole destructeur, dopé aux pesticides, face au changement climatique et ses sécheresses.

Malgré les alertes, les travaux ont commencé l’automne dernier sur le territoire du Mignon, au sud du Marais poitevin. En réaction, nous étions des centaines, le 22 septembre, à converger pour entraver la construction de la « méga-bassine » de Mauzé et faire valoir l’existence d’alternatives. Puis, des milliers, le 6 novembre, pour la prise et le démontage de la bassine illégale de Cramchaban.

La résistance à ce projet résonne désormais au-delà du territoire des deux Sèvres. De plus en plus de personnes, prennent la mesure de la dangerosité de cette opération d’accaparement et du risque de sa généralisation.

Avec l’échec des pseudo-concertations sous forme de « Protocoles » et le recours aux dérogations, la collusion entre les agro-industriels, La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) en tête et le gouvernement est aujourd’hui claire.

Les « méga-bassines » ne tiennent désormais plus qu’au nombre de gendarmes employés à les défendre. Il faut se donner les moyens de préserver les rivières et l’agriculture paysanne et stopper ces projets socialement et écologiquement injustes !

L’actualité des luttes fut présente sur la manif action de se 26 mars 2022 dans le marais Poitevin et dans le village de la Rochénard, qui accueillait cette mobilisation. Dans l’émission de ce jour, outre l’ambiance de cette journée, nous entendrons l’entretien réalisé avec des syndicalistes de la confédération paysanne pour nous parler de ce projet de méga-bassines.

Nous poursuivrons avec des sons d’ambiance et prises de parole, notamment avec un paysan Espagnol. Puis nous terminerons ce reportage avec un entretien réalisé avec Amandine Pacault, co-porte-parole de la confédération paysanne des Deux-Sèvre, qui nous donnera son sentiment sur cette journée.

LA BRETAGNE FACE À L’AGRO-INDUSTRIE

Morgan Large pour l’émission “La Petite Lanterne”, sur les ondes de Radio Kreiz Breizh

L’agro-industrie est l’ensemble des industries ayant un lien direct avec l’agriculture. Cela comprend donc l’ensemble des systèmes de productions agricoles et s’étend à toutes les entreprises qui fournissent des biens à l’agriculture (engrais, pesticides, machines) ainsi qu’à celles qui transforment les produits agricoles et les conditionnent en produits commercialisables. En ce sens, le secteur agro-industriel ne se limite pas aux seuls produits alimentaires, domaine exclusif au secteur agroalimentaires. Mais englobe aussi tous les secteurs parallèles de valorisation des agroressources.

Ce mercredi 31 mars, la journaliste de Radio Kreiz Breizh Radio associative basé a Rostrenen (Côtes-Armor), Morgan Large, était sur le point de prendre le volant, quand soudain elle s’est rendue compte que les boulons fixant une des roues arrière de son véhicule avaient disparu.

Depuis que la journaliste enquête sur les subventions accordées à l’agro-industrie en Bretagne, elle et son média ont fait l’objet de pressions et d’actes d’intimidation à plusieurs reprises. Tout comme ses collègues qui tentent de travailler également sur les questions agricoles de la région.

En ce mois de mai 2021, nous avons rencontré en Bretagne, Morgan Large et en sa compagnie, nous sommes revenues sur le sens de son travail de journaliste et de l’avenir de cette région.

Pour plus d’information sur le projet splann, https://splann.org/