DES MILITANTS ET UNE MILITANTE KURDES, A NOUVEAU, TUÉS EN PLEIN PARIS

En plein Paris, le 23 décembre 2022, le centre culturel Kurdes a une nouvelle fois été visé, trois personnes ont été blessées et trois autres tuées : deux hommes et une femme ; Emine Kara, responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Mir Perwer chanteur kurde et Abdulrahman Kizil un habitué du centre : pas vraiment des passants pris au hasard !

Dans cette émission, en recoupant les éléments notamment mis à jour dans les articles de l’Humanité et de Libération, et la conférence de presse du 24 décembre organisée par le conseil démocratique Kurde, nous vous proposons de revenir sur les événement qui ont endeuillé la communauté kurdes de France, forte de 350 000 membres.

Selon le gouvernement français ; Un loup solitaire, déséquilibré, pris d’une impulsion raciste, aurait pris son arme et tiré au hasard ? Yekbun Eksen le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) n’y croit pas : « Le peuple kurde, en quarante ans de lutte de libération nationale, sait qu’il n’y a jamais de coïncidence », « Pour nous, ce n’est pas anodin que ces assassinats se soient produits dans ce lieu qui fait office d’ambassade du plus grand peuple sans État ».

Difficile de croire à la thèse officielle d’un tireur isolé. Le tireur était récemment sorti de prison et a très bien pu être instrumentalisé par des pro-Erdogan, président d’extrême droite de Turquie.

«Dans cette affaire tout est trop gros»

L’homme arrêté, William M., 69 ans, ancien conducteur de train, est connu de la justice pour deux tentatives d’homicide, commises en 2016 et décembre 2021, un des faits visés concerne l’attaque raciste d’un camp de migrants, le 8 décembre 2021. Il avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour des dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire avant d’être remis en liberté le 12 décembre dernier. Malgré ces faits extrêmement graves et en récidive, il a été libéré au bout d’un an et n’est pas connu des renseignements territoriaux et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ni « fiché comme étant quelqu’un d’ultradroite » !

Selon les informations recueillies par l’Humanité, l’homme aurait été déposé par une voiture devant le siège du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) alors que devait se tenir une réunion d’une soixantaine de femmes kurdes, finalement décalée d’une heure au dernier moment. Un massacre a été évité. Qui aurait renseigné le tueur ?

Pourquoi le suspect avait-il une arme alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de port d’arme ? Pourquoi cibler les Kurdes alors qu’ils sont connus pour avoir lutté contre les islamistes radicaux de Daech ?» Qui lui a fourni cette arme ?

Selon Agit Polat, porte-parole du CDKF,  « il est inadmissible que dans cette affaire le caractère terroriste ne soit pas retenu et qu’on essaie de nous faire croire qu’il s’agit d’un simple militant d’extrême droite, un récidiviste tout juste sorti de prison le 12 décembre ». « Il y a à peine vingt jours de cela, lors d’un échange avec les services de renseignements français, j’ai moi-même fait part personnellement de mes craintes concernant notre sécurité. J’ai souligné la nécessité d’augmenter la sécurité au sein et autour de notre association ».

Le centre kurde n’était pas protégé par la police

le 9 janvier 2013, la communauté kurde avaient déjà été visée par les assassinats de trois militantes, Sakine Cansız, figure historique du PKK, Leyla Saylemez et Fidan Doğan, Déjà ces assassinats avaient été perpétrés dans le centre Kurdes du 147, rue La Fayette, siège du Centre d’information du Kurdistan. En 2015, le principal suspect, Omer Güney, est renvoyé devant la cour d’assises de Paris sans que les commanditaires soient identifiés par la justice française . Le chef d’accusation à l’époque est : participation à la préparation d’une action terroriste «à la demande d’individus se trouvant en Turquie et possiblement liés aux services de renseignement turcs». il meurt quelques semaines avant l’ouverture de son procès, qui été prévu en janvier 2017, clôturant l’instruction. De quoi attiser la défiance et la colère des Kurdes vis à vis des autorités françaises.

Malgré une volonté manifeste d’enterrer cette affaire, les familles des victimes obtiennent en 2019 l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire visant, cette fois, Les complices et commanditaires éventuels. Mais l’enquête continue de se heurter au secret-défense. La raison d’État est-elle toujours à l’œuvre face à une Turquie puissante, prompte au chantage migratoire ?

Autre «coïncidence troublante», et ceci au niveau européen ; selon l’avocat Antoine Comte: trois jours avant ce nouveau meurtre, le 20 décembre 2022, les familles des victimes ont été reçues par les juges d’instruction, qui leur ont fait part de l’avancée de l’enquête, relancée récemment «après une série d’événements en Europe : un projet d’attentat contre des dirigeants kurdes à Bruxelles, une condamnation pour espionnage en Allemagne et une tentative d’assassinat en Autriche».

A cette occasion, Antoine Comte a décidé de verser à la procédure les Loups aiment la brume, un livre d’enquête publié en septembre par les journalistes Laure Marchand et Guillaume Perrier, qui «ont mis au jour un réseau d’agents secrets turcs prêts à tout pour liquider leur opposition kurde ou turque, de véritables escadrons de la mort qui circulent en Europe». Yekbun Eksen ne dit pas autre chose : «On s’attendait à ce qu’il y ait des problèmes à Paris, pour les dix ans. On sait que des équipes d’assassins sillonnent l’Europe pour tuer des militants kurdes, et que ça ne s’est pas arrêté le 9 janvier 2013.»

Vous allez maintenant écouter des extraits de la conférence de presse du conseil démocratique kurde de France qui s’est tenu le 23 décembre dans leurs locaux. Nous poursuivrons avec les extraits des prises de parole enregistrées lors de la manifestation du 24 décembre. Une manifestation aura lieu à Paris le 5 janvier à 11 h à Gare du Nord pour réclamer justice, la levée du secret défense et dénoncer la politique d’extrême droite d’Erdogan.

Nous voulions, grâce au travail d’enquête de Médiapart vous donner un peu plus de détail sur l’attaque au sabre dont ont été victimes deux réfugiés à Paris le 8 décembre 2021 par William M., mis en examen dans la tuerie récente rue d’Enghien. Alors qu’ils ignoraient que l’homme avait été libéré, les deux exilés font part de leur incompréhension et de leur sentiment d’insécurité.

Omar*, le réfugié érythréen, n’arrive pas à admettre que son agresseur ait pu sortir de détention provisoire. Pas après qu’il eut « tenté de [le] tuer », il y a tout juste un an, en lui assenant des coups de sabre dans le dos et à la jambe, alors qu’il se réveillait tout juste sur le camp où il vivait avec près de soixante autres exilés dans le parc de Bercy

Omar est en train d’uriner quand, au petit matin, William M. le frappe une première fois dans le dos avec son sabre. Il se retourne pour essayer de comprendre ce qu’il se passe avant de recevoir un deuxième coup à la jambe droite.

Omar est emmené à l’hôpital, où on ne le garde que quelques heures, le temps de le recoudre. « Ensuite, je me suis retrouvé au commissariat. Le policier me demandait pourquoi on s’était bagarrés. Mais comment on peut parler de bagarre quand une personne a été agressée ? »

Comme l’a documenté Mediapart, les quatre principales victimes de l’attaque au sabre, dont Omar fait partie, ont été placées en garde à vue durant quarante-huit heures après le drame. L’une d’entre elles, un ressortissant marocain sans papiers, s’est même vu délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF), alors qu’il est décrit par plusieurs témoins comme celui ayant réussi à maîtriser l’assaillant du parc de Bercy.

Au commissariat, Omar affirme avoir refusé de signer la déclaration rédigée par l’agent de police et demandé la présence d’un avocat, en vain. Il a refusé de signer, le policier l’a menacé de couper sa carte de séjour et de le renvoyer dans son pays. Il a même dit qu’il appellerait la préfecture pour qu’elle ne renouvelle pas ses papiers , il confie n’avoir pas donné ce détail au juge qui l’a interrogé, par peur de représailles.

Parmi les occupants du camp, Omar est celui qui a été le plus blessé : il s’est vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) de dix jours par le médecin à l’hôpital.

Avec du recul, Omar dit ne pas comprendre pourquoi il n’a pas été reconnu comme « victime », ni pourquoi William M. s’est comporté ainsi, alors qu’à son âge, il devrait « montrer le bon exemple aux jeunes et faire preuve de sagesse »« Son père a dit à la télé qu’il ne vivait pas comme tout le monde. Il paraît qu’il voulait garder une balle pour se suicider. Entendre ça m’a détruit. »

Mais ce qui le hante le plus, depuis l’attaque au sabre, c’est son parcours d’errance en France. Arrivé en 2013 après avoir fui son pays, Omar obtient vite le statut de réfugié, mais est trimbalé de centre d’urgence en centre d’urgence, sans parvenir à trouver un logement stable. « J’ai vécu à la rue durant cinq ans, alors que j’avais des papiers, que j’avais fait une procédure Dalo [Droit au logement opposable, un dispositif permettant de se voir proposer une solution de logement digne sous six mois – NDLR] et que mes droits avaient été reconnus en 2019. »

L’assistante sociale qui le suit dans les Hauts-de-Seine dès 2015 lui suggère de trouver d’abord un emploi. « Elle m’a dit qu’on ne donnait pas de maison à quelqu’un qui ne travaille pas. Mais comment je peux travailler si je vis dehors ? Vous savez ce que c’est que de dormir dans une tente et de trimbaler son sac sur le dos et sa couverture toute la journée ? D’être regardé par les gens comme un clochard ?, s’agace-t-il. Ce qu’elle m’a dit ce jour-là m’a fait tellement mal. »

S’il avait eu un logement, jamais William M. ne l’aurait trouvé, ce jour-là à Bercy, pour lui faire du mal. Omar s’est retrouvé dans ce parc parce que c’était l’un des seuls lieux qu’il connaissait à Paris. Durant des mois, il a dormi non loin de là, sous un pont.

Omar a depuis obtenu un logement dans une résidence sociale en région parisienne . Mais aujourd’hui, il dit vivre dans la peur. « Mon cœur saigne. Je dois recommencer ma vie à zéro, mais j’ai vécu trop de choses douloureuses »,

Mediapart a également retrouvons Fares*, un autre Érythréen, témoin de l’attaque au sabre perpétrée le 8 décembre 2021. « Vendredi, quand il a entendu que c’était le même homme qui a tué les Kurdes à Gare de l’Est, ça a été un choc, soupire-t-il, assis près d’un Syrien qui était présent lui aussi dans le parc de Bercy l’an dernier. 

Sans le Marocain qui était dehors et a maîtrisé l’homme en premier, il y aurait eu un massacre », poursuit son ami syrien, qui a depuis obtenu le statut de réfugié. Selon lui, l’exilé marocain aurait quitté la France après avoir été placé en garde à vue et s’être vu délivrer l’OQTF, et reste introuvable. « Je ne l’ai plus revu depuis l’attaque. Il nous avait dit qu’il ne voulait plus rester ici et qu’il avait des enfants en Espagne, peut-être qu’il les a rejoints. »

ASSURANCE CHÔMAGE : NE LAISSONS PAS FAIRE !

Dessin issu du site https://lepoing.net/

Après la Réforme 2019-2021 de l’assurance chomage : malgré les avis changeants du Conseil d’État, les organisations se sont mobilisé·es pour contester la baisse considérable de droits, appliquée aux travailleuses et aux travailleurs précaires (baisse du calcul, hausse du seuil, etc.). Résultat : Plus d’1 million de perdants.

Avec la Réforme 2022-2023 : en plein été, E. Macron annonce une nouvelle baisse, qui réduit d’un quart le temps d’indemnisation des chômeurs·euses.
Résultat : Plus d’un million de perdants, parfois les mêmes, élargis à celles et ceux qui ont perdu un CDI

Le 23 décembre dernier, l’exécutif a discrètement transmis aux organisations syndicales et patronales la version définitive du décret permettant la modulation de la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi selon le taux de chômage.

Ce décret prévoit de réduire la durée d’indemnisation des chômeurs selon le nombre de demandeurs d’emploi. Une réduction de 40 % s’appliquera si le taux de chômage passe sous la barre des 6 % et une baisse de 25 % sera mise en place si le taux de chômage est inférieur à 9 %. La réforme devrait être promulguée le 1er février 2023. Ce 3 janvier, la première ministre semblait revenir sur ce décret.

Pour faire le lien avec la future réforme de France travail qui succédera à pôle emploi, les menaces sur les allocataires du RSA, les attaques contre le logement et contre la réforme des retraites, le 15 décembre 2022, la CGT chômeurs rebelles, l’APEIS chômeurs et précaires, AC contre le chômage, le mouvement national chômeurs et précaires, l’union syndicale solidaire, la fsu et droit au logement, organisait un meeting unitaire : ASSURANCE CHÔMAGE : NE LAISSONS PAS FAIRE !

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons les interventions qui ont rythmé cette rencontre.

Car au-delà des habillages (soi-disant modulation selon le taux de chômage, incitations à la reprise d’emploi), il s’agit bien d’une attaque contre la protection sociale, un appui au patronat pour forcer aux contrats précaires et des économies sur les plus pauvres.

La gestion sanitaire de la covid-19

Illustration La Quadrature du Net

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur la gestion de la covid-19, en compagnie de Mathieu Amiech, membre du collectif écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies).

Texte publié en mai 2020

Du point de vue sanitaire, l’épidémie de Covid-19 mettra du temps à livrer tous ses mystères. Le brouillard qui entoure l’origine de la maladie, sa diffusion et sa létalité ne pourra se dissiper que lorsqu’elle cessera de frapper dans autant de pays à la fois. A ce jour, personne n’a l’air de savoir quand une telle accalmie se produira. D’ici là, pour continuer de vivre, nous ne devons ni sous-estimer, ni surestimer cette épidémie en tant que telle.

Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher. Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement.

Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du Covid-19.

« Restez chez vous »… sur Internet

Dès les premiers jours du confinement, il était clair qu’une des conséquences sociales immédiates de la pandémie, en Espagne et en France, serait la radicalisation de notre dépendance à l’informatique. Au train où allaient les choses, il semblait pourtant difficile d’accélérer ! Mais avec l’enfermement au domicile, pour beaucoup, les écrans deviennent un mode quasi-exclusif d’accès au monde ; le commerce en ligne explose, et même l’organisation de réseaux d’approvisionnements locaux en légumes et produits frais passe souvent par des sites Internet ; la consommation de jeux vidéo s’envole ; le nombre de consultations de « télémédecine » montent en flèche (alors qu’elles n’apportent rien de plus en général qu’une conversation téléphonique) ; la « continuité pédagogique » se fait aussi par ordinateur, au mépris de toutes les recommandations médicales de limiter l’exposition des enfants aux écrans ; et des millions de personnes se retrouvent à travailler chez elles – non plus « métro-boulot-dodo », mais directement « du lit à l’ordi ».

Les grands médias ne voient en général rien d’inquiétant à cette réduction de toutes les activités humaines à une seule. Au contraire, ils applaudissent d’autant plus les initiatives de solidarité qu’elles passent par un site, une plateforme, un groupe sur messagerie… Ils encouragent tout un chacun à se résigner au fait de prendre l’apéritif seuls-ensemble [1], « par » Skype, et trouvent même des croyants ravis de communier pour Pâques par écrans interposés.

A cette campagne incessante de promotion de la vie numérique ne répond aucune alarme dans le débat d’idées : l’informatisation totale ne semble un problème pour personne. Des journalistes, des économistes, des hommes d’État, des deux côtés des Pyrénées, nous serinent qu’il faudra à l’avenir ne pas rester si dépendants de l’industrie chinoise pour les médicaments, le textile, etc. ; mais leur souci d’indépendance nationale les amène rarement à se préoccuper du fait que le secteur du numérique tout entier repose sur les mines et les usines asiatiques, souvent de véritables bagnes industriels qu’il est très difficile d’imaginer « relocaliser ». D’autres voix s’élèvent, qui ne s’en tiennent pas à la critique de la mondialisation des échanges, et réclament un changement profond de « notre modèle de développement ». Mais elles éludent la place centrale du numérique dans ce modèle, et ne signalent pas que rien ne pourra changer en matière de précarisation sociale et d’écologie si nous continuons de tout faire par Internet.

Le président Macron, quant à lui, se permet de faire des allusions répétées au programme du Conseil national de la Résistance et à son esprit de compromis social ; mais dans les faits, le projet de conversion de la France en start-up nation n’est nullement en pause, au contraire il connaît un grand bond en avant. Cette nouvelle ère de travail sans contact permet de compléter l’offensive contre les salariés entamée bien avant le coronavirus : suppression massive de postes au profit d’applications, de plateformes et de robots ; réduction du travail relationnel au profit de réponses automatisées pilotées par algorithmes ; perte de sens du travail supplanté par d’absurdes routines bureautiques ; exploitation accrue, et affaiblissement des capacités de résistance des salariés, de plus en plus isolés les uns des autres.

Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres. Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen.

« La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIe siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût (…) Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être rétrospectivement comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société [de services] » [2]. Cette analyse de bon sens n’est pas le fait d’un contempteur du néolibéralisme, en colère contre les choix politiques faits depuis quarante ans sous la pression des milieux d’affaires. Elle est d’un économiste de centre-gauche, participant au Conseil de surveillance du journal Le Monde. Elle suffit à comprendre que si « stratégie du choc » [3] il y a, dans le contexte actuel, elle se trouve en bonne partie sous nos yeux, dans ce surcroît de numérisation de la vie domestique et économique. Il nous semble juste de parler de stratégie du choc numérique, au sens où la crise sanitaire crée l’occasion de renforcer la dépendance aux outils informatiques, et de déployer des projets économiques et politiques pré-existants : enseignement à distance, recours massif au télétravail, « e-santé », Internet des objets et robotisation, élimination de l’argent liquide au profit de la monnaie électronique, promotion de la 5G, smart city… On peut aussi faire figurer dans ce tableau les projets de suivi des individus par leur smartphone, au-delà de ce qui se pratiquait déjà en matière de surveillance policière, de marketing, ou de rencontres amoureuses par applications dédiées. Ainsi le risque n’est-il pas seulement que les choses restent « comme avant », mais qu’elles empirent nettement.

Quand la Chine s’éveille en nous ?

Il est à peu près acquis que plusieurs gouvernements européens vont mettre en place de nouveaux dispositifs de surveillance par smartphone, en contrepartie de la sortie, ou du relâchement, du confinement. Alors qu’à la peur de tomber malade s’ajoute la lassitude et l’impossibilité économique de rester confinés pendant des mois, c’est un véritable chantage auquel les populations sont soumises.

Prenons la mesure de l’imposture : dans un contexte de pénurie grave des moyens ordinaires pour lutter contre la contagion (trop peu de masques et de blouses à l’hôpital, manque de soignants et de lits à l’hôpital et en dehors, peu de tests), on nous propose à la place un gadget de science-fiction, les applications de détection électronique de la transmission du coronavirus. Aucune annonce claire n’est faite dans le sens d’un soutien financier massif et structurel aux hôpitaux publics pour faire face à une crise qui va durer ; par contre, on s’apprête à franchir un nouveau cap dans la traçabilité systématique des déplacements et des relations sociales – au moins, dans un premier temps, pour ceux qui l’acceptent. Les résultats sanitaires sont plus qu’incertains ; les conséquences politiques, elles, ne font pas de doute.

Car le fait de se savoir tracé en permanence est source de conformisme et de soumission aux autorités, même quand on ne vit pas sous une dictature [4]. Les éléments de langage gouvernementaux assurent que les informations données par les applications de traçage des personnes porteuses du Covid-19 seront anonymisées puis détruites, mais il suffit de lire les mémoires d’Edward Snowden à propos de la surveillance électronique pour voir que ce genre de garantie ne tient pas [5]. Qui plus est, un coup d’œil à l’histoire récente des technologies montre qu’il n’y a pratiquement jamais de retour en arrière avec les dispositifs liberticides introduits en temps de crise : si elles sont mises en œuvre à grande échelle sous l’égide de l’État, les applications de traçage resteront, et il sera difficile d’en empêcher l’extension à toute la population. Pensons au fichage ADN, introduit à la fin des années 1990 suite à une série de meurtres à caractère sexuel et dont les ministres de l’époque juraient qu’il resterait toujours limité aux grands criminels – de nos jours, il est devenu quasi-automatique, quand on est arrêté pour être resté un peu tard en manifestation. Pensons aussi, tout simplement, que nous n’avons aucune idée de la durée de l’épisode épidémique où nous sommes entrés début mars – six mois ? trois ans ? bien plus ?

En tous cas, cet épisode est marqué par l’idée que l’efficacité, en matière de lutte contre les coronavirus, serait à chercher du côté de l’Asie en général et de la Chine en particulier. En France, médias et politiques portent plutôt leur regard vers la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour, dont l’hyper-modernité technologique n’est pas associée (à tort ou à raison) au despotisme politique. En Espagne, par contre, le début de la crise sanitaire a vu la presse dominante se demander ouvertement si la « démocratie » n’est pas un fardeau qui condamne à l’inefficacité, tandis que de vieux politiciens « libéraux » faisaient part de leur admiration pour l’autoritarisme chinois high tech : géolocalisation des téléphones mobiles, systèmes de notation sociale alimentée par les données recueillies en permanence sur les citoyens avec Internet, reconnaissance faciale, usage de drones pour surveiller et sanctionner la population. C’est un des éléments du tournant que nous vivons peut-être : nous avons été habitués depuis des décennies à lire notre avenir dans les évolutions de la société nord-américaine, et tout à coup, c’est la Chine post-maoïste qui semble devenir notre horizon – elle qui fait un usage véritablement décomplexé des innovations de la Silicon Valley.

La surenchère technologique ne peut que nourrir les effondrements écologiques et sanitaires

Pour l’heure, le recours par les autorités politiques européennes aux applications de traçage des smartphones pour traquer la Covid-19 relève d’une forme de bluff [6]. C’est une mesure d’accompagnement psychologique, pour donner l’impression qu’elles agissent, qu’elles peuvent quelque chose, qu’elles ont des idées pour maîtriser la situation. Alors qu’il est manifeste qu’elles ne maîtrisent rien, en tout cas dans des pays comme les nôtres ou comme l’Italie. Par contre, dans toute l’Europe, elles emboîtent le pas aux milieux d’affaire qui réclament la reprise du travail et la relance de l’économie ; il est donc d’autant plus urgent de sortir des « applis » magiques de leurs chapeaux, puisqu’elles n’ont visiblement rien d’autre à leur disposition pour protéger les populations.

Des dispositifs comme la géolocalisation électronique servent en fait à assurer le maintien d’une organisation sociale pathologique, tout en prétendant limiter l’impact de l’épidémie que nous connaissons aujourd’hui. Le traçage du coronavirus vise à sauver (momentanément) un type de monde où l’on se déplace beaucoup trop, pour notre santé et celle de la Terre ; où l’on travaille de plus en plus loin de chez soi, en côtoyant au passage des milliers de gens qu’on ne connaît pas ; où l’on consomme les produits d’un commerce mondial dont l’échelle exclut toute régulation morale. Ce que les promoteurs de la géolocalisation cherchent à préserver, ce n’est donc pas d’abord notre santé, ni notre « système de santé » : c’est la société de masse. C’est même une société de masse renforcée, au sens où les individus qui la composent seront encore plus esseulés et renfermés sur eux-mêmes, par la peur et par la technologie.

Alors que la pandémie actuelle devrait nous inciter à transformer radicalement une société où l’urbanisation galopante, la pollution de l’air et la surmobilité peuvent avoir des conséquences aussi incontrôlables, le déconfinement géré par big data menace de nous y enfoncer un peu plus. L’émergence de la Covid-19, comme celle des autres grands virus depuis l’an 2000, est reliée par de nombreux chercheurs à la déforestation qui oblige beaucoup d’espèces animales à se retrouver en contact imprévu avec les humains. D’autres mettent en cause les élevages intensifs concentrationnaires, arrosés d’antibiotiques mutagènes. Dire que la réponse à la Covid-19 doit être technologique (comme Stéphane Richard, le PDG d’Orange dans Le Monde du 1er avril), c’est poursuivre la fuite en avant dans une logique de puissance et de maîtrise illusoire de la nature, dont la crise écologique nous montre chaque jour l’échec. L’impact de l’industrie numérique sur les écosystèmes est déjà intenable. Elle a créé une ruée sur les métaux qui dévaste les zones les plus préservées de la planète. Elle s’appuie sur une industrie chimique particulièrement polluante et engendre des montagnes de déchets. Du fait de la multiplication des data center et de l’augmentation permanente du trafic Internet, elle fait carburer les centrales électriques et émet autant de gaz à effet de serre que le trafic aérien [7].

Qui plus est, le mode de vie connecté est globalement nocif pour notre santé. Addictions, difficultés relationnelles et d’apprentissage chez les plus jeunes, mais aussi électro-hypersensibilité : l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) estime ainsi à 3,3 millions le nombre de Français qui disent en souffrir (soit 5 % de la population), et affirme la nécessité d’importantes recherches pour comprendre comment ces souffrances se déclenchent et s’amplifient [8]. Ajoutons à cela les doutes qui entourent le caractère cancérogène des ondes électromagnétiques artificielles, considéré comme possible par l’OMS. Les liens établis entre tumeurs au cœur (chez des rats) et ondes 2G/3G par le National Toxicology Programm américain en 2018 [9] ne font pas l’objet d’un consensus scientifique, mais le doute est toujours à décharge pour les industriels de la téléphonie mobile : il sert de justification à la fuite en avant, jamais au principe de précaution.

D’ailleurs, au premier rang de la stratégie du choc menée par le gouvernement français figure l’installation simplifiée des antennes-relais, contestées par tant de riverains et d’associations, notamment pour motifs de santé. La loi d’urgence du 25 mars 2020 permet leur déploiement sans l’accord de l’Agence nationale des fréquences. Dans le même temps, l’explosion du trafic Internet lié au confinement justifie la poursuite du déploiement du réseau 5G – c’est en Italie que les choses s’accélèrent le plus [10]. Alors que des scientifiques et des citoyens du monde entier s’y opposent depuis plusieurs années, la presse rabat les inquiétudes qui s’expriment à ce sujet, en différents endroits du monde, sur des thèses improbables reliant la propagation de la Covid-19 aux ondes 5G. Les Gafam vont jusqu’à envisager ces derniers jours de supprimer de nombreuses publications en ligne qui alarment sur les effets de cette nouvelle étape dans l’intensification des champs électromagnétiques artificiels. Or, ces alarmes sont souvent parfaitement légitimes : d’une part parce que déployer, sans en connaître les effets, une source de pollution électromagnétique au moins deux fois supérieure à celle de tous les réseaux déjà existants est une aberration du point de vue du principe de précaution ; d’autre part parce que le danger le plus avéré du réseau 5G est qu’il doit servir d’infrastructure à la prolifération des objets connectés, des voitures automatiques et, globalement, d’une société hyperconsumériste dont les effets sociaux et écologiques sont intenables.

Arrêter l’escalade

Bref, les technocrates du monde entier prétendent nous préserver du coronavirus aujourd’hui, en accélérant un système de production qui compromet déjà notre survie demain matin. C’est absurde, en plus d’être voué à l’échec.

Nous n’avons pas besoin de technologies qui nous déresponsabilisent en disant et décidant à notre place où nous pouvons aller. Ce dont nous avons besoin, c’est d’exercer notre responsabilité personnelle, pour pallier les défaillances et le cynisme des dirigeants. Nous avons besoin de construire par le bas, avec l’aide des soignants, des règles de prudence collective raisonnables et tenables sur la longue durée. Et pour que les inévitables contraintes fassent sens, nous n’avons pas seulement besoin de savoir en temps réel quelle est la situation dans les services d’urgence. Nous avons besoin d’une réflexion collective et conséquente sur notre santé, sur les moyens de nous protéger des multiples pathologies que génère notre mode de vie : les futurs virus, autant que leurs divers facteurs de « co-morbidité », tels que l’asthme, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et bien sûr le cancer [11].

Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.

Il se dit régulièrement qu’à un moment donné de cette crise, il faudra demander des comptes aux dirigeants. Et comme à l’accoutumée, les réclamations en matière de dotations budgétaires, d’abus patronaux et financiers, de redistribution économique, ne manqueront pas. Mais à côté de ces indispensables revendications, d’autres mesures sont à prendre nous-mêmes ou à arracher aux décideurs, si nous voulons préserver notre liberté – c’est-à-dire si nous voulons préserver la possibilité de combattre les logiques de concurrence et de rentabilité, de construire un monde où la peur de l’autre et l’atomisation de la population ne dominent pas pour longtemps.

  1. Ces jours-ci, il semble que de nombreuses personnes laissent leur smartphone chez elles, quand elles quittent leur domicile. Nous appelons à la généralisation de ce genre de geste et au boycott des applications privées ou publiques de traçage électronique. Au-delà, nous invitons chacun et chacune à réfléchir sérieusement à la possibilité d’abandonner son téléphone intelligent, et de réduire massivement son usage des technologies de pointe. Revenons enfin à la réalité.
  2. Nous appelons les populations à se renseigner sur les conséquences économiques, écologiques et sanitaires du déploiement planifié du réseau dit « 5G », et à s’y opposer activement. Plus largement, nous invitons chacun et chacune à se renseigner sur les antennes de téléphonie mobile qui existent déjà près de chez soi, et à s’opposer aux installations de nouvelles antennes-relais.
  3. Nous appelons à une prise de conscience du problème de la numérisation en cours de tous les services publics. Un des enjeux de la période d’après-confinement (ou des périodes entre deux confinements ?) sera d’obtenir que des guichets physiques soient encore ou à nouveau disponibles pour les habitants des villes et des campagnes, dans les gares, à la Sécurité sociale, dans les préfectures et autres administrations. Des batailles mériteraient d’être engagées pour la défense du service postal (essentiel par exemple à la circulation d’idées sans numérique) et le maintien d’un service de téléphone fixe, bon marché et indépendant des abonnements à Internet.
  4. Une autre bataille essentielle pour l’avenir de la société est le rejet de l’école numérique. La période critique que nous vivons est mise à profit pour normaliser l’enseignement à distance par Internet, et seule une réaction d’envergure des enseignants et des parents pourra l’empêcher. Malgré toutes les critiques qu’on peut faire de divers points de vue à l’institution scolaire, la période actuelle devrait illustrer aux yeux d’un grand nombre qu’il y a du sens à apprendre à plusieurs et qu’il est précieux pour les enfants d’être au contact d’enseignants en chair et en os.
  5. L’économie n’est pas et n’a jamais été à l’arrêt ; les conflits sociaux ne doivent donc pas l’être non plus. Nous soutenons toutes celles et ceux qui se sentent mis en danger, du point de vue de la santé, à leur poste de travail habituel ou dans leurs déplacements. Mais nous attirons aussi l’attention sur les abus et les souffrances dans le cadre du télétravail, à domicile. Certains d’entre nous dénoncent l’informatisation du travail depuis des années ; il est clair que l’extension du télétravail contraint est un processus à endiguer par de nouvelles formes de luttes, de boycott, de retrait.
  6. Du point de vue économique, les mois à venir s’annoncent terribles. Un appauvrissement très important des populations est possible, au même titre que des effondrements bancaires et monétaires. Face à ces périls, il nous faut penser à manger et comment cultiver des terres ; comment s’inscrire dans des réseaux d’approvisionnement de proximité, et comment étendre ces possibilités au plus grand nombre ; comment soutenir les agriculteurs qui produisent de la nourriture saine près de chez nous, et comment aider d’autres à s’installer. Ce que nous avons dit plus haut explique pourquoi nous pensons que le recours à la technologie de pointe pour faire tout cela n’est pas une solution humaine et pérenne.
  7. Enfin, il va nous falloir défendre les moyens de nous rencontrer physiquement, inventer ou retrouver des lieux de discussion publique dans ce contexte difficile où vont se jouer des batailles décisives. Bien sûr, il faudra prévoir des modalités qui prennent en compte les risques de contagion. Mais la vie connectée ne peut durablement se substituer à la vie vécue, et les succédanés de débats par Internet ne remplaceront jamais la présence en chair et en os, le dialogue de vive voix. Chacune et chacun doit réfléchir dès maintenant à la manière dont il est possible de défendre ce droit à la rencontre (réunions d’habitants, assemblées populaires, manifestations), sans lequel aucun droit politique n’est possible, et sans lequel aucun rapport de force, pour quelque lutte que ce soit, ne peut jamais se constituer.

Histoire des libertés associatives [et de leurs répressions] de 1791 à nos jours

Dans cette émission, vous pourrez entendre des discussions autour de l’ouvrage Une histoire des libertés associatives de 1791 à nos jours, écrit par Jean-Baptiste Jobard du Collectif des associations citoyennes (CAC). L’occasion de revenir légèrement sur l’histoire de l’action associative en France, mais surtout, de s’interroger sur que faire à présent, au regard peut-être d’une concordance des temps avec les répressions associatives récentes, et plus particulièrement celle amenée par la loi “confortant le respect des principes de la République”, dite ” loi séparatisme” — promulguée en aout 2021. Cette dernière, à la faveur d’un contrat d’engagement républicain, étend les motifs de dissolution et s’impose comme charte obligatoire pour recevoir par exemples des subventions auprès d’un organisme public, pour accueillir des volontaires en service civique mais aussi pour obtenir un agrément ou la reconnaissance d’utilité publique. Si la plupart de la répression se fait à bas bruit, certaines applications de la loi ont percé la bulle médiatique, avec les dissolutions effectives du Collectif contre l’islamophobie en France, celle de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie, et celle de Barakacity. Toutefois, toutes les dissolutions tentées n’ont pas abouti, certaines s’étant faite retoqué par le conseil d’état : c’est le cas de Palestine vaincra et du Groupe antifasciste Lyon et environs. Concernant le Bloc lorrain, une décision de dissolution a été votée en conseil des ministres le 23 novembre 2022 dernier quand Nantes révoltée, un média, s’était vu menacé en janvier 2022 de dissolution sans aucune suite à priori à ce jour. Enfin, pour terminer cette bien trop longue liste, dernièrement, Alternatiba Poitiers se voyait menacée de se faire couper les subventions, le préfet de la Vienne demandant à la mairie et à la métropole de Poitiers de sévir au motif que leur formation à la désobéissance civile inciterait à des troubles graves à l’ordre public.

Ont été invité pour participer à cette discussion par le CAC, Julien Talpin, chercheur en sciences sociales au CNRS et au Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales ; Alexandrina Najnowicz, secrétaire générale du Forum civique européen et Raquel Diaz Gonzales de Alternatiba. Il sera abordé entre autre chose la question du financement, des alliances/convergences et de la situation des libertés associatives en Europe.

Lien vers le site du Collectif des associations citoyennes : http://www.associations-citoyennes.net/
Lien vers le site de l’Observatoire des libertés associatives : https://www.lacoalition.fr/Observatoire-des-libertes-associatives

C’est avec cette émission que nous terminons l’année 2022 de l’actualité des luttes. À partir de lundi prochain, nous vous proposons sur l’antenne de FPP, une série de rediffusions de nos émissions jusqu’au 30 décembre.

Nous vous retrouverons pour de nouvelles émissions à partir du 2 janvier 2023

Nous vous souhaitons une bonne fin d’année et de bonne écoute !

L’équipe radio actualité des luttes

Projet de loi anti squat / Journée “10 ans d’APPUII” : “Soutenir des initiatives populaires pour construire des projets alternatifs”

Crédit image : association droit au logement

ORGANISONS-NOUS CONTRE LA PROPOSITION DE LOI qui vise à jeter les locataires en difficulté et les occupants sans titre dans « EN PRISON OU À LA RUE »

La proposition de Loi Kasbarian-Bergé a été votée en 1ʳᵉ lecture à l’Assemblée nationale, elle permet entre autres : 

De punir de 3 ans de prison tou.te.s les occupant.e.s sans titre, t ou.te.s celles et ceux qui n’ont pas de bail valide pour un local à usage d’habitation ou d’activité économique :

  • Pour expulser encore plus vite les locataires confrontés au loyer cher, condamner à la prison ceux qui refusent de se jeter à la rue, imposer des loyers/profits toujours plus élevés, un bail tirs plus précaire, pour des logements toujours plus petits et dégradés.

Les locataires Hlm sont aussi concernés, comme les accédants ou les commerçants et artisans expulsables…

  • Pour jeter en prison les squatteurs par nécessité de locaux et logements laissés vacants pour spéculer, par négligence ou incapacité de gérer son bien…
    SE LOGER N’EST PAS UN CRIME !

D’un côté, ils soutiennent les loyers chers et la fraude massive aux rapports locatifs, la hausse du nombre de logements vides, de l’autre, ils criminalisent les victimes, toujours plus nombreuses, de la crise du logement. 

Mais rien n’est perdu : organisations et collectifs qui les défendent, locataires et squatters en lutte, sans logis en galère, que l’on soit salariés, exploités, chômeurs, étudiant, précaire, avec ou sans papiers… unissons nous et agissons avant le passage au sénat :  se loger est un besoin primordial !

Le jeudi 8 décembre 2022, se tenait une 1ʳᵉ réunion des collectifs et des organisations à BOURSE DU TRAVAIL de PARIS.

Le jeudi 8 décembre 2022, se tenait une 1ʳᵉ réunion des collectifs et des organisations à BOURSE DU TRAVAIL de PARIS. 

À l’issue de cette première rencontre, nous avons réalisé un entretien avec Jean baptiste Eyraud, porte-parole de droit au logement. Il nous parle des enjeux de ce projet de loi.

Depuis dix ans, une centaine de bénévoles actifs, des centaines d’étudiant.es d’architectures et d’urbanisme, une dizaine de stagiaires et services civiques, et sept salarié.e.s ont fait vivre et font vivre APPUII- alternatives pour des projets urbains ici et à l’international. L’association est intervenue dans une trentaine de quartiers populaires de France, ce qui a permis de faire entendre une voix peu audible et parfois de modifier certains projets.

À travers plusieurs campagnes d’interpellation des élus, l’organisation d’évènements de mise en réseau de compétences, et la participation à d’autres dynamiques nationales aux côtés d’acteurs associatifs et institutionnels, notre ambition est de changer durablement la manière de produire la ville en y intégrant les premiers concernés.

Cette célébration des dix ans d’APPUII donne la parole à ceux qui revendiquent d’agir sur leur quartier et se mobilisent pour construire une ville plus juste et durable. Elle a eu lieu le 11 juin 2022 et s’est organisé en plusieurs temps avec 3 débats :

  • ” S’entraider et s’organiser dans les quartiers populaires”
  • “Contester un projet urbain imposé”
  • “Soutenir des initiatives populaires pour construire des projets alternatifs”

Dans ce second temps de l’actualité des luttes, nous vous diffusons donc le montage du débat N°3 “Soutenir des initiatives populaires pour construire des projets alternatifs”

INTERVIENDRONS  : Emmanuel Patris un centre-ville pour tous (Marseille)

: Méryl Septier, paysagiste

: Enora Chopard, terres de luttes

: Maïna Kanité, renaissance des groux

: Une membre du colombo even lab du Sri Lanka

Fabienne Lauret une féministe révolutionnaire

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de l’entretien réalisé avec Fabienne Lauret en novembre dernier.

Entretien. Après la publication en 2018 du livre « L’Envers de Flins », Fabienne Lauret, ouvrière établie à Renault Flins à partir de 1972, s’est lancée dans une prolongation sous forme de BD.

Avec le scénario tiré du livre, les dessins, cette BD est une œuvre collective. Comment vous en est venue l’idée, comment l’avez-vous construite ?

Étonnamment, c’est venu très vite à la première présentation publique du livre le 10 février 2018 à la librairie La Nouvelle Réserve (Limay 78) : Philippe Guillaume, que je ne connaissais pas, emballé par le livre, est venu me proposer, en tant que scénariste de BD historiques et engagées de l’adapter ensemble en BD. Surprise et n’y connaissant pas grand-chose, mais curieuse de nature, j’ai vite accepté cette aventure qui s’est révélée passionnante, prenante et très enrichissante ! Un autre libraire indépendant nous a mis en contact avec la jeune Elena Vieillard, illustratrice, dont des membres de la famille avaient travaillé et milité chez Renault.Fabienne Lauret

Grâce aux connaissances de Philippe, nous avons trouvé un éditeur de BD, « la Boîte à bulles » en ayant un accord écrit de Syllepse, l’éditeur du livre, tout en gardant le titre initial (inversé). Dès 2019, le plan puis le synopsis très précis fut élaboré, mais il a fallu faire des choix parfois difficiles : passer des 300 pages du livre (notre boussole) à 130 pages de BD + 15 pages de volet documentaire — et respecter la demande de l’éditeur pour un récit plus personnel, tout en insérant un important passage inédit sur deux voyages militants en Pologne en 1980 et 1981.

Nous avons ensuite travaillé avec Philippe tous les mardis, à Mantes-la-Jolie, pour fournir entre deux et trois pages à Elena avec des indications écrites précises pour chaque case : le contexte, les dialogues et aussi les images ou les photos dont elle pouvait s’inspirer. Son dessin assez vif et dynamique, pas forcément réaliste pour les portraits, mais recherché pour le reste, nous a plu ! Notre travail a été ralenti notamment pendant la période du Covid, les vacances ou certains autres impératifs personnels. Le travail de corrections et de finalisation par Zoom avec l’éditeur a été très dense et très pointu, et le résultat final est chouette ! Il semble que la BD touche aussi un autre public, plus jeune, moins militant que pour le livre, de fait aussi relancé !

Pourquoi le « dialogue » avec les moutons ?

Il y a un passage dans le livre sur les moutons blancs ou bruns, remplaçant les jardiniers pour tondre des pelouses de l’usine. Philippe a eu la bonne idée de les introduire de temps en temps dans la BD comme des personnages naïfs me posant des questions qui pourraient aussi traverser l’esprit des lecteurs et lectrices. Ils peuvent être aussi un symbole d’une partie des salariéEs soumis au patron mais s’interrogeant sur leur sort et prêts parfois à se rebeller en sortant du rang de la soumission. Les moutons bruns ou noirs seraient plus rebelles, ce sont mes préférés !

« Établie », féministe, révolutionnaire, antiraciste, syndicaliste, quelle dimension te paraît la plus importante ?

De fait, je ne me suis pas sentie longtemps « établie », comme une pièce rapportée extérieure, mais assez vite comme ayant intégré cette usine tel un pays qu’on adopte et qui devient le nôtre : à 22 ans, ma position sociale pouvait facilement et naturellement être ouvrière syndicaliste révolutionnaire, d’autant que j’avais déjà en moi le féminisme et l’antiracisme. L’important est donc cette cohérence à mon avis indispensable, sur tous les fronts — ne pas oublier l’écologie déjà présente ! — contre le système exploiteur et destructeur qu’impose le capitalisme et son allié le patriarcat.

Même si tout ne fut pas « rouge » tout le temps, ton parcours semble se dérouler dans un autre monde, une tout autre époque. Tout est-il si lointain ?

Le récit s’étale sur plus de 40 ans d’engagement où les causes des luttes n’ont pas vraiment changé sur le fond, même s’il y a eu quelques avancées mais sans cesse remises en cause, que ce soit au niveau national ou plus local, lutte des classes oblige ! Le tournant des années 1980, avec la déferlante de la mondialisation néolibérale, avait déjà changé la donne. Certes, le droit à l’avortement a été obtenu, mais il est toujours menacé, les inégalités salariales persistent ainsi que les violences sexistes, les 35 heures de travail hebdomadaires sont sans cesse dévoyées, la précarité a explosé, le travail du samedi est redevenu quasi obligatoire, le travail à la chaîne ou très parcellisé n’a pas totalement disparu même s’il est plus robotisé ou externalisé, le racisme et les idées fascisantes fluctuent selon la tension économique et politique.

La modernisation de Renault est aussi une façade, une vitrine qui cache les reculs sur les statuts salariaux avec la prégnance des contrats précaires, les salaires moindres, les temps de trajet aussi longs. La baisse des effectifs passant de 22 000 salariéEs en 1972 à 3 000 aujourd’hui a certes entraîné une disparition des grands conflits sociaux faisant la une dans les années 1980 ou 1990, mais il y a toujours quelques résistances locales dans les ateliers.

Alors je comprends que ça puisse apparaître à certainEs comme une autre époque, un autre monde. En 1968, même si on faisait référence à 1936 qui nous semblait très lointain, comme une vieille page d’histoire sociale, il y avait un lien évident.

Pour ma part — et pour bien d’autres — ce n’est si lointain, car j’ai tout dans la tête et dans le cœur. L’exploitation capitaliste même « modernisée » est toujours là et les raisons ne manquent pas de s’y opposer au quotidien et de vouloir la renverser un jour !

Dans les présentations du livre et de la BD, qu’est-ce qui interpelle le plus le public ?

Pour le livre, il y a quatre ans, le public était souvent plus engagé, militant, syndicaliste, souvent un peu plus âgé. Comme c’était l’année des 50 ans de 1968, la question d’un long établissement en usine interpellait vraiment. Aux présentations, je préparais des extraits marquants du livre, choisis selon le public prévu, pour animer — parfois avec des copines lectrices — et relancer le débat : le premier jour à l’atelier de couture, ma première grève, le machisme « ordinaire », une grève marquante, le racisme à l’entreprise.

Pour la BD, avec Philippe mon co-auteur, nous rencontrons plus de jeunes : c’est souvent la découverte concrète du travail dans une grande usine qui étonne et aussi la résistance quotidienne au machisme ambiant. Le public est souvent plus jeune, assez féminin et féministe, et n’ayant pas forcément les mêmes références historiques (1968, le syndicalisme, les grandes grèves, le Comité d’établissement). On a aussi des questions sur le travail (énorme !) d’adaptation du livre en BD. Le dessin d’Elena plait mais nous n’avons pas encore pu le présenter avec elle.

Raconter tout ce parcours d’une autre façon, plus ramassée et ludique que le livre, nous paraît être une contribution utile pour la mémoire des luttes ouvrières et féministes.

Et si c’était à refaire ?

Si j’avais 21 ans aujourd’hui, je ne crois pas, d’autant que l’usine est quasi moribonde et puis ce n’est pas la même période d’engouement de l’après 68, même s’il parait que quelques jeunes militantEs s’établissent, peut-être plutôt dans les services que dans les usines ?

En tout cas, à 72 ans, je n’ai absolument aucun regret d’avoir vécu tout cela, d’avoir participé à toutes ces luttes, d’avoir découvert et aimé des personnes formidables, qui m’ont soutenue lors du terrible harcèlement moral au CE. Et surtout j’y ai rencontré en 1980 mon compagnon Jamaà et nous avons un fils !

Les luttes ne manquent pas où je peux m’investir : avec mon syndicat Solidaires 78, un groupe féministe local et sa chorale, l’antiracisme et le soutien aux sans-papiers, des combats écologiques, encore un peu dans l’altermondialisme. Et depuis quelque temps, je me suis rapprochée d’un courant communiste libertaire qui entretient ma réflexion politique en plus des ­journaux du NPA !

Propos recueillis par Robert Pelletier

GRÈVE VICTORIEUSE CHEZ DOMIDOM / NON A L’AUGMENTATION DU PASS NAVIGO

Après plus de six semaines de GRÈVE, 8 salariées déterminées ont fait plier ORPÉA, groupe d’aide à domicile et d’EHPAD.

Suite au mouvement de grève de 45 jours, les auxiliaires de vie sociale de Caen ont arraché une augmentation de salaires pour toutes les AVS Domidom de France et elles ont obtenu un bonus pour leurs indemnités de transports ! Elles étaient venues manifester jeudi dernier devant le siège du groupe ORPEA à la Défense. Les avancées qu’elles ont obtenues vont profiter à près de neuf cents salariées de l’entreprise en France.

Parmi leurs revendications, trois points sont importants à leurs yeux : l’augmentation des frais kilométriques, une hausse de salaire et avoir un panier repas pour leur pause déjeuner. Les salariées soient au niveau 1 (aides ménagères) ou au niveau 4 (auxiliaires de vie diplômées), le taux horaire brut est le même : 11,07 €. Les salaires plafonnent actuellement à 1300 € nets par mois.

L’équipe de l’actualité des luttes, est partie à la rencontre des salariées de DOMIDOM CAEN, le 28 novembre 2022, devant le siège d’ORPÉA à Puteaux, dont DOMIDOM est la filiale.

Près du Barnum dressé, nous avons interviewé, Lola et Cloé, auxiliaire de vie à DOMIDOM Caen, suivit d’un échange entre le directeur d’ORPEA et les salariées et nous terminons ce reportage avec Séverine Marotel, porte-parole des auxiliaires de vie en grève de Domidom à Caen, pour faire le point sur le protocole de fin de conflit.

Temps d’attente insupportables, transports bondés, galères quotidiennes… rien ne va plus dans les transports en commun !

Malgré une offre réduite et un réseau dégradé. Valérie Pécresse a voté une hausse du prix du pass Navigo +98 € par an. Les autres titres de transports augmentent au 1er janvier 2023 de 10.5 % à 31.6 %. De nouvelles hausses sont à craindre en l’absence de solutions pérennes de financements : Or, d’autres sources de financement existent (entreprises, transactions immobilières, baisse de la TVA …) et permettraient de rétablir des tarifs acceptables pour les usagers.

Pour protester contre l’augmentation du pass navigo et la menace de privatisation des transports en commun en Île-de-France, Le collectif STOP GALÈRE conduit par les groupes de gauche et écologiste du Conseil régional : la Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne, le Pôle Écologiste, la France Insoumise et Apparentés et le groupe Socialiste, Écologiste et Radical, appeler à un rassemblement devant le conseil régional d’Île-de-France, le 7 décembre dernier.

Nous avons glissé notre micro, pour comprendre les enjeux et l’avenir des transports en commun en Île-de-France. Dans ce reportage, nous entendrons Bernard Loup, président du collectif pour le triangle de Gonesse, romain, cheminot paris rive gauche et des membres du collectif des habitant-e-s de la Boissiére a Montreuil.

“Les frangins” de ABDEL BENYAHIA

Le mercredi 7 dernier dernier sortait en salle le film ” Nos frangins” de Rachid Bouchareb. Dans ce film, le réalisateur reprend les affaires de crimes racistes et sécuritaires de Malik Oussekine et Abdelouahad Benyahia commis dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Or, la famille de Abdel Benyahia critique le produit fini autant que la démarche du réalisateur. En réponse à sa sortie en salle, les fréres d’Abdel ont publié un texte ( ci-dessous) afin de faire entendre leur point de vue. De plus, ils ont organisés une soirée au cinéma l’étoile à la Courneuve le vendredi 1 décembre dans laquelle était diffusé “Mémoire pour Abdel” un film documentaire d’intervention réalisé par l’Agence Im-media à l’époque de la lutte menée par la famille, puis “Nos frangins”, afin ensuite d’ouvrir un débat avec les personnes présentes. Dans cette émission nous vous diffusons une partie des prises de paroles réalisées à l’occasion de cette soirée, entrecoupé d’extrait d’archives du film “Mémoire pour Abdel”.

Texte “Nous Frangins d’Abdel”:

“Nous, frangins d’Abdelouahab Benyahia, dit Abdel, n’avons pas été concertés pour le film Nos Frangins, qui évoque les morts d’Abdel à Pantin et de Malik Oussekine à Paris, tués par des policiers dans des contextes différents, la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Et notre père n’a pas du tout été informé de ce projet de film. Or un des rôles principaux, joué par un comédien, est censé le représenter aux lendemains du drame. Personne n’a demandé l’accord préalable de notre père.

A titre de comparaison, Antoine Chevrollier, le réalisateur de la mini-série Oussekine diffusée en mai 2022, nous avait demandé l’autorisation de reproduire ne serait-ce que la banderole avec le portrait d’Abdel, ce que nous lui avons volontiers accordé.
Le réalisateur de Nos Frangins lui, reconnaît qu’il n’a pas associé les familles au projet, volontairement, qu’il a juste parlé au téléphone avec un d’entre nous, « mais très peu ».*


C’est inadmissible, et nous tenons à le faire savoir haut et fort sur la place publique, sans préjuger de possibles poursuites pour atteinte à l’image ou à la réputation de notre famille. Alors certes, il s’agit d’une fiction cinématographique, mais le cinéma ne permet pas tout et n’importe quoi, surtout lorsqu’il s’agit de faits et de personnages réels cités en nom propre. Est-ce par ignorance ou par choix délibéré que notre père apparaît dans cette fiction comme un personnage effacé et hagard, qui subit et accepte sans broncher les injustices, contrairement aux jeunes ?


A travers cette caricature, le réalisateur prétend tracer un portrait représentatif des immigrés de la première génération qui d’après lui rasaient les murs. C’est stéréotypé, indigne et surtout, nous concernant, complètement faux ! On ne peut pas généraliser ainsi. La singularité de notre père, c’est d’avoir pris la parole très tôt et d’avoir manifesté à chaque fois dans le cortège de tête. Même si on s’est réparti les tâches, il a suivi les événements de bout en bout.

Photos et images vidéo l’attestent : dès le lundi 8 décembre 1986, notre père intervient publiquement lors d’une conférence de presse transformée en meeting improvisé à La Courneuve, tout en brandissant le portrait d’Abdel. Le lendemain, il est à la tête de la manifestation partie de la cité des 4 000 où nous habitions alors, et qui ira jusqu’aux Quatre Chemins, sur le lieu du drame.
Toute la famille y participe. Avec notre maman, bien sûr !
Pourquoi dans cette fiction, notre famille réunie est-elle si absente ?


Par ailleurs, le réalisateur prétend que la rencontre entre la famille de Malik et la notre « n’a pasexisté » 2, mais qu’il la suscite grâce à sa fiction. Encore une fois, c’est faux. Différents membres des deux familles se sont bien rencontrés à plusieurs reprises, par exemple lors de réunions ou de meetings du Comité Justice pour Abdel. Et dès nos premières manifs, nous avions une grande banderole qui disait « Abdel, Malik, plus jamais ça ! ». Puis nous avons défilé ensemble lors d’une manifestation à Paris, un an après, derrière la banderole « Nous n’oublions pas ». D’autres familles aussi étaient présentes, dont celles des blessés victimes de la répression policière des manifestations étudiantes contre le projet de réforme Devaquet. Enfin, l’opposition sociale entre nos deux familles, sous-entendue par ce film, est grotesque. Le grand frère de Malik est présenté comme un jeune entrepreneur à belle allure qui sait tenir tête à l’inspecteur de police, tandis que nous autres sommes réduits à la caricature d’un gamin de banlieue à la révolte erratique. Pourtant, avec les Amis d’Abdel et le comité, avec les avocats aussi, nous sommes restés mobilisés jusqu’au bout, dans une dynamique collective dont nous sommes fiers. Nous avons ainsi obtenu, entre autres, la requalification du meurtre d’Abdel en homicide volontaire, l’incarcération puis la condamnation du policier à sept ans fermes. Nous savons que cela ne suffira pas pour que les crimes cessent. Mais, plutôt que de débattre sans fin sur la lourdeur appropriée de la peine, rappelons le message public de notre père à la fin du procès en novembre 1988 : « Mon fils est parti. On est là pour les vivants, on est là pour que d’autres policiers ne tirent pas encore ».


Nos Frangins n’apporte aucune révélation, aucun élément nouveau dans l’affaire Abdel, soit disant cachée ou oubliée. Ce film de fiction permet peut-être d’en reparler au grand public, mais cela au risque d’une distorsion des faits et de la défiguration de ses protagonistes. Il passe notre mobilisation à la trappe. Sans doute a-t-elle été trop indépendante par rapport à certaines organisations qui ont échoué dans leur velléité de nous instrumentaliser et qui, avec ce film, tentent de recommencer ! Mais ils n’effaceront pas nos traces. Notre mémoire est là, intacte, et nos archives
aussi. Nos tracts, photos, bandes sons, vidéos etc. sont disponibles pour les gens intéressés et pour les générations futures.

Vous pouvez d’ores et déjà les consulter.

La Courneuve, 2 décembre 2022″


Contact Frangins d’Abdel :
Moustafa Benyahia- razwet@gmail.com

UN POLICIER COMPARAIT AUX ASSISES

Le 15 septembre 2016 sur la place de la République,Laurent, syndicaliste de la santé, a eu un œil arraché par une grenade de désencerclement lancée par un policier antiémeute. Les 12, 13 et 14 décembre 2022, Alexandre Mathieu sera l’un des rares policiers de l’histoire contemporaine a être jugé par une cour d’assises pour avoir mutilé un manifestant. Nous n’attendons rien de l’institution judiciaire. Il a était décidé d’organiser un tribunal populaire en amont (11 novembre et 11 décembre) et pendant ces trois jours de décembre. Ce procès sera celui de la Police, de la Justice et de l’État.

La France est l’un des seuls pays d’Europe a utiliser des armes de guerre contre la population : grenades et balles de gomme sont employées depuis les années 2000 et ont laissées des milliers de personnes blessées et mutilées. Plus de 40 personnes ont été éborgnées au cours des six dernières années et plus de cinq ont eu une main arrachée [lien].

Les 12, 13 et 14 décembre 2022, Alexandre Mathieu sera l’un des rares policiers de l’histoire contemporaine à être jugé par la Cour d’Assises pour avoir mutilé un manifestant. Il sera défendu par le pire des avocat-e-s, Laurent Franck Liénard, spécialisé dans la défense de tous les policiers les plus violents [lien].

Dans l’émission de ce jour, nous étions au téléphone avec Laurent qui nous parle des enjeux de son procès.

pour venir soutenir Laurent au procès, ce sera les 12, 13 et 14 décembre 2022 au palais de justice de paris métro Cité de 9h à 18h

LA TECHNO CRITIQUE : SON HISTOIRE ET SA PRATIQUE

Pour fêter ses 20 ans, la librairie parisienne Quilombo proposait, du 16 au 19 novembre 2022, plusieurs débats avec un programme de rencontres en compagnie de personnes et de maisons d’édition que la librairie estime, et autour de thèmes qui leur sont chers.

Dans l’émission de ce jeudi 8 décembre 2022, nous vous proposons l’écoute de la rencontre du samedi 19 novembre 2022 avec François Jarrige, auteur de On arrête (parfois) le progrès. Histoire et décroissance (L’échappée) et
Nicolas Bérard, auteur de Ce monde connecté qu’on nous impose. Le comprendre et le combattre (Le Passager clandestin). Thème du débat LA TECHNO CRITIQUE : SON HISTOIRE ET SA PRATIQUE

Alors que l’expansion indéfinie nous conduit à l’abîme et que l’artificialisation du monde s’intensifie, des bifurcations restent possibles. Et elles sont vitales. À travers la parution de ses deux ouvrages résolument techno critiques, nous verrons que, de temps en temps, on peut arrêter le progrès.

La gratuité des transports, une idée payante ?

Observatoire des villes du transports gratuits – AGUR – VIGS | Cartographie AGUR infographie – septembre 2022 | source

Alors que le coût des transports franciliens va augmenter en janvier 2023 (le passe navigo augmentant de 12% pour atteindre un coût de 84,10 € par mois contre 75,20 € depuis janvier 2017) et que l’offre et la qualité des transports diminuent considérablement, nous vous proposons un pas de côté pour entrevoir un autre modèle qu’est la gratuité des transports. Avec son lot de nombreuses questions : comment cela se finance-t-il ? Pour quel réseau de transport ? Quel est le rapport à l’urbanisme ? La gratuité participe-t-elle d’une politique de mobilité ? Et est-elle une solution écologique ? Les questions se poursuivent encore : quels effets a-t-elle sur la qualité de l’offre et les conditions de voyage des usagers ? Et sur les salariés ? Qu’advient-il des contrôles et de la billettique dans les villes où elle a été mise en place ? etc

Cette émission ne vise pas à l’exhaustivité mais entend ainsi interroger à partir des travaux de l’Observatoire des villes du transport gratuit, à l’occasion de la sortie de leur livre La gratuité des transports, une idée payante ? le concret des situations diverses où une politique de gratuité a été mise en place au travers de thématiques. Vous trouverez à cette adresse une carte de France en plus grande résolution que que celle utilisée pour l’image de présentation de l’émission.

Pour plus d’informations si le sujet vous intéresse, le site internet de l’Observatoire des villes du transport gratuit : https://www.obs-transport-gratuit.fr/

Les intervenants sont deux personnes issues de l’Observatoire des villes du transport gratuit : Julie Calnibalosky, chargée d’études de l’association VIGS en résidence à Dunkerque au sein de l’AGUR et Philippe Poinsot, maître de conférences à l’Université Gustave Eiffel et à l’Ecole d’Urbanisme de Paris et chercheur au Laboratoire Ville Mobilité Transport.

Présentation de l’Observatoire extraite de leur site internet : “En France, la gratuité des transports publics a jusqu’à présent été peu étudiée par la communauté scientifique. Si bien que les débats sur le sujet ont encore trop souvent tendance à se résumer à des représentations idéologiques. C’est dans ce contexte, et afin de se prémunir contre ce risque, que l’Observatoire des villes du transport gratuit a été créé, à l’initiative conjointe de l’Agence d’urbanisme de la région Flandre-Dunkerque, de la Communauté urbaine de Dunkerque et de l’association de chercheurs VIGS.”

Stop à l’agrobusiness et aux normes qui lui profitent !

Le 16 octobre se tenait la journée internationale d’action pour la souveraineté alimentaire des peuples. Pour cette occasion, nous avons interviewé Morgan, maraîchère dans le Morbihan, de via campesina. Dans le cadre de cette journée le 17 octobre a eu lieu à Rennes une manifestation des éleveurs et des éleveuses de poulets en plein air.

Dans une deuxième partie d’émission, nous parlerons avec Yannick Ogor, auteur du paysan impossible, de l’histoire récente d’industrialisation de l’agriculture et de la progressive interdiction de l’élevage en plein air au profit des grands groupes agro-industriels. La Bretagne est un laboratoire, qui au sortir de la seconde guerre mondiale a dû nourrir la France à coup d’élevages intensifs.

POUR LA DÉFENSE DES ÉLEVAGES PLEIN AIR
POUR LE BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX ET DE LEURS ÉLEVEURS

LUNDI 17 OCTOBRE – 11H A RENNES

Les attaques contre l’élevage plein air sont incessantes : sous couvert de prévention de menaces (grippe aviaire, peste porcine africaine, salmonelle, …), des normes sanitaires et mesures dites de biosécurité, complètement inadaptées aux réalités techniques et économiques, de l’élevage paysan sont imposées aux producteurs de manière arbitraire et unilatérale.

L’État aurait la volonté (ou obéirait aux diktats des filières de l’élevage industriel qui veut préserver ses marchés export ?), de faire disparaitre l’élevage plein air qu’il ne s’y prendrait pas autrement !
Le scénario du pire continue dans la “lutte” contre la grippe aviaire : le ministère et ses services en région passent complètement à côté de l’enjeu sanitaire que nous impose ce virus en passe de devenir endémique.

La claustration va rester la norme, alors qu’elle n’a pas empêché les 1400 foyers en France et 20 millions d’animaux abattus. Cette politique de confinement signe progressivement la mort de l’élevage paysan plein air de volailles.
Ces 24 derniers mois, nos volailles ont été enfermées pendant 18 mois.
Et maintenant nous devons tester nos élevages plein air et élevages de canard chaque semaine

!! STOP !!

Si aujourd’hui les volailles sont en première ligne, l’élevage de porcs plein air est lui aussi en sursis et cette logique mortifère pourrait demain toucher les ruminants.
Perte de sens de leur métier, impression de mentir aux consommateurs avec du faux plein air, impasses techniques dans leur élevages, impacts économiques des mesures de biosécurité qui mettent à mal la rentabilité économique de leur activité,…Nous ne nous résignons pas à voir nos collègues renier leur mode d’élevage ou cesser leur activité sous la menace des sanctions. Ni même de voir des jeunes renoncer à leur installation sur des systèmes « plein air » !

Yannick Ogor aux éditions du Bout de la Ville

Résumé :

Comment sortir de la confusion politique qui frappe le monde agricole ? Comment en révéler les antagonismes et y assumer le conflit de classes ? Yannick Ogor, ancien animateur de la Confédération paysanne, éleveur et maraîcher en Bretagne, retrace la contestation agricole en France depuis soixante ans, ses tentatives et ses impasses. Mêlant récit autobiographique et Histoire, il revient aux racines de la question agricole, éclaire les lieux de pouvoir et les faux-semblants qui structurent l’alimentation des masses. Pour qu’on puisse enfin se départir de l’immuable et mensongère figure du « paysan » qui ne sert qu’à justifier l’asservissement de l’agriculteur à la logique industrielle.

RATP : mobilisation du 28 novembre / Victoire des GEODIS

Le 28 novembre 2022 un rassemblement de salariés de la RATP était organisé devant le siège de celle-ci à Gare de Lyon, à l’occasion de la prise de fonction de son nouveau président Jean Castex. Cette prise de fonction se fait dans un contexte très difficile à la régie en raison des démissions en cascade chez les machinistes (conducteurs de bus) qui tend à se propager chez les conducteurs de métros. Ces démissions sont dû aux conditions de travail dégradées actuelles et futures, à la privatisation à marche forcé (dès 2024 en surface 2030 pour les métro) qui pour être rentable se fait sur le dos des salariés. Les agents sont payés juste au dessus du SMIC pour la plupart, auquel s’ajoute une série de primes diverses et variées. Or pour faire des économies la RATP veut les fondre en une seule prime faisant perdre jusqu’à 500 euros aux travailleurs des divers corps de métiers de la RATP. De plus dans les deux branches de la maintenance (réseau bus et réseau ferré) la sous-traitance y fait des ravages dans les effectifs provoquant un sous-effectif chronique. Dans le réseau bus la maintenance des bus électrique est cédé aux constructeurs. Au ferré, le gros œuvre de la maintenance des RER est effectuée au Pays Basque espagnol…

Dans ce contexte le centre de maintenance du RER A-est de Sucy-Bonneuil est en grève 1h par jour depuis 1 mois. Ils revendiquent 300 euros en salaire en remplacement des primes non comptabilisés dans le calcul de la retraite. Une semaine plus tard Jean Castex feignant de les recevoir, les a acceuillis avec la matraque des CRS. Espérons que le rassemblement du 7 décembre devant le conseil régional fera converger ces colères liées au transport: (Valérie Pecresse, dans un bras de fer avec l’état pour le financement des transports menace d’augmenter le prix de la carte Navigo à 90 euros…alors qu’elle est soupçonnée de conflit d’intérêt avec le constructeur français de rames de métro et trains Alstom.)

Aujourd’hui, nous vous diffusons dans la plus grande partie de cette un reportage réalisé lors de cette action du 28 novembre 2022. Ensuite, vous pourrez entendre un entretien réalisé avec un des grévistes de Geodis calberson à Gennevillers au sujet de la victoire de leur gréve reconductible le 18 novembre dernier après un mois de mobilisation.

Ci dessous le tract qui appelait au rassemblement du 28 novembre dernier :

VERITE ET JUSTICE POUR CLAUDE JEAN PIERRE

Le 3 décembre 2022 de 20h30 à l’aube, à la STREET DREAM GALLERY, 53 rue Jules Vallès à 93400 Saint-Ouen aura lieu une soirée d’ hommage à Claude Jean pierre. Claude Jean-Pierre, 67 ans, est mort le 3 décembre 2020 au centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre. Il y avait été admis en urgence douze jours plus tôt, le 21 novembre, à la suite d’un contrôle de gendarmerie à Deshaies, dans le nord-ouest de l’île. Depuis, Fatia ( sa fille) et Christophe ( son conjoint) se battent pour la vérité et la justice en s’investissant dans les luttes en Guadeloupe et dans l’Hexagone.

A l’occasion de cet évènement, nous avons réalisé avec eux un entretien le 28 novembre 2022, dans lequel nous revenons sur leur combat contre les violences d’état et la manière dont ils l’articulent avec les combats qui ont rythmé l’année 2020-2021 en Guadeloupe.

Ruses de riches: Pourquoi les riches veulent maintenant aider les pauvres et sauver le monde

Après le capitalisme commercial au XVIe siècle, le capitalisme industriel au XIXe et le capitalisme financier à la fin du XXe siècle, voici le capitalisme philanthropique qui, tout en se disant humaniste, applique les stratégies du capitalisme financier à la pauvreté, l’éducation, le social, le sport… bref, à tous ces liens qui fondent une société.

Pourquoi ceux qui ont le plus contribué à casser l’économie réelle sont-ils ceux qui, quelques années plus tard, prétendent résoudre la question sociale ? Parce qu’ils estiment que le marché de la pauvreté représente entre 5 000 et 13 000 milliards de dollars par an, soit plusieurs dizaines de fois le marché du luxe.

Les grandes entreprises et leurs fondations, les fonds d’investissement, les start-ups sociales, mais aussi des États et des associations internationales élaborent un hold-up sur le marché de la pauvreté – détournant le sens de mots tels émancipation, environnement, écosystème, coopération, intérêt général – et s’allient pour augmenter leur pouvoir au risque d’accroître toujours plus les inégalités et tuer le lien social.

Le 16 novembre 2022 Jean-François DRAPERI, fondateur et ancien directeur du Centre d’économie sociale Travail et société, présenter son ouvrage Ruses de riches: Pourquoi les riches veulent maintenant aider les pauvres et sauver le monde à la Médiathèque Françoise-Sagan dans le 10eme arrondissement de Paris.

Partant d’une vraie question : pourquoi ceux qui ont le plus contribué à casser l’économie réelle sont-ils ceux qui, quelques années après, prétendent résoudre la question sociale ?, ce livre ne critique évidemment pas la sincérité des projets des start-ups sociales, mais il nous alerte sur l’un des nouveaux visages du capitalisme pour que nous ne participions pas involontairement à une idéologie que nous réprouvons profondément. Exemples à l’appui, il rappelle qu’il existe depuis longtemps des alternatives efficaces, fondées sur un autre modèle que les riches combattent. Et si l’on osait se passer des riches?

Table Ronde: Quelle santé publique pour demain ?

Le numérique investit et envahit tous les secteurs de notre vie. L’application des services du numérique au domaine sensible de la santé, appelée communément « e-santé », selon la définition de l’OMS, est présentée par les pouvoirs publics comme une stratégie pertinente pour accroître l’efficacité des systèmes et services de santé tout en réduisant la dépense publique. Son développement suscite cependant un accueil partagé, tant de la part des patients (malades ou potentiels) que des professionnels de la santé, mais aussi des économistes, techniciens, politiques, philosophes.

La chirurgie robotique, la consultation à distance ou le dossier médical partagé peuvent être considérés comme des avancées technologiques qui permettent d’accroître l’efficacité des soins de santé. Demeurent des critiques et questions concernant la disparition du face à face soigné-soignant, la mise en péril du secret médical, la confidentialité et les utilisations des données personnelles.

Comment distinguer les croyances des réalités qui nous échappent, et apprécier les impacts réels de la numérisation dans le secteur de la santé sur l’avenir de notre société, nos droits fondamentaux et notre intimité ? Quels sont les enjeux éthiques de ce virage numérique ? Entre progrès technique et intérêts économiques, qu’advient-il de la santé, bien essentiel de l’être humain ?

Nous tenterons de comprendre et analyser ces enjeux et les alternatives possibles à ce « virage numérique de la santé », au cours de deux tables rondes portées par

– les usagers : le vécu et le ressenti des usagers et des professionnels du secteur de la santé, l’impact de la numérisation sur les soins de santé et sur la santé publique.

– les observateurs et analystes : l’utilisation des données de santé, les risques de dérives et les alternatives envisageables pour une gestion régulée, dans le respect des droits humains fondamentaux.

Chaque partie comprendra l’intervention d’acteurs, analystes et témoins des faits étudiés, et une large part sera accordée au débat avec le public.

Liens des organisateurs:

https://sciences-critiques.fr/

 https://medicament-bien-commun.org/

Reprise du nucléaire : quel débat public ? Et les déchets dans tout ça ?

Dans cette émission (déjà diffusée chez Zoom écologie sur FPP), on s’intéresse à la reprise annoncée par le gouvernement de la production nucléaire d’électricité.

Alors que la question des déchets nucléaires fait l’objet d’un déni dans les récentes annonces politiques, on revient dans un premier temps sur des luttes (victorieuses !) contre l’enfouissement de déchets dans plusieurs régions de France, avec les réalisateurs-réalisatrices du film Notre terre mourra proprement qui expliquent leur démarche, après un extrait du film en guise de bande-annonce.

Ensuite, on s’intéresse au débat organisé par la Commission nationale du débat public (instance indépendante) sur l’opportunité (ou non) de construire 6 nouveaux réacteurs EPR, projet annoncé par le gouvernement sans concertation préalable. Dans le reportage réalisé lors du débat qui s’est tenu à Paris le 8 novembre, vous entendrez une présentation rapide du débat par une membre de la CNDP, puis les interventions de collectifs présents sur place, en particulier le texte du collectif Piscine Nucléaire Stop venu de la Hague (Normandie) pour faire entendre sa lutte contre un nouveau projet de stockage de déchets radioactifs. Enfin, on fait le bilan de ce débat avec l’interview de Pauline Boyer de Greenpeace qui revient sur ce que l’on peut – ou non – attendre de ce genre de type de “consultation”.

Le film Notre terre mourra proprement réalisé par le Comité Centrales est disponible en accès libre ici. Vous pouvez aussi retrouver l’appel à doléances atomiques et y répondre ici.

Infos du collectif Piscine Nucléaire Stop ici.

Justice Pour Nordine

Le 11 octobre 2022 s’ouvrait le procès en appel de Nordine, poursuivi pour tentative d’homicide sur personnes dépositaires de l’autorité publique suite à un refus d’obtempérer lors un contrôle de police. Le 18 févier 2021, il a été condamné en première instance à deux ans de prison ferme et 15 000 euros d’amende pour refus d’obtempérer et violence avec armes, avant d’être écroué et de passer 51 jours en prison. Le 29 octobre 2022 à 13h30, le délibéré de la cour d’appel de Paris sera rendu alors que le procureur veut aggraver les peines en requérant 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, interdiction de conduire pendant cinq ans et 20 000 euros d’amende. 

Dans la nuit du 15 au 16 août 2021, alors qu’il rentre chez lui avec sa compagne Merryl, Nordine se fait tirer dessus par des hommes armés aux abords d’un quartier de Stains. Il apprend par la suite qu’il s’agissait de trois policiers de la BAC en civil.

La scène filmée par un témoin fait le tour des réseaux sociaux. On y distingue trois hommes habillés en civil, sans brassard, ni même gyrophare. Deux policiers tirent sur le véhicule de Nordine. Sept balles l’atteindront lui et une atteindra sa compagne.

Sur les images de la vidéo, on voit la manœuvre du véhicule de Nordine qui tente vraisemblablement de s’extirper. Une manœuvre qui appuiera la notion de « danger immédiat »invoquée par les policiers. Ces derniers, suivis par leur hiérarchie, évoquent ainsi la notion de légitime défense pour justifier ces multiples tirs.

Cette notion de “danger immédiat”, c’est celle de l’article l. 435-1 de la loi de sécurité intérieure adoptée en 2017 et qui élargit le droit de faire feu. Un argument de plus pour les agents pour invoquer la légitime défense. L’article prévoit notamment la possibilité, sous certaines conditions, de tirer sur les occupants d’un véhicule en fuite. Le policier peut désormais faire usage de son arme lorsqu’il y a refus d’obtempérer et qu’il peut imaginer raisonnablement que la personne est susceptible de porter atteinte à sa vie ou à celle d’autrui. Au nom de ce principe, les fonctionnaires justifient quasi-systématiquement leur tir mortel, considérant le véhicule comme une « arme par destination ».

Depuis l’entrée en vigueur de cette loi le 28 février 2017 et aujourd’hui, 29 personnes sont tombées sous les balles des forces de l’ordre alors qu’elles tentaient d’échapper à un contrôle ou une interpellation, à bord de leur véhicule. En cinq ans, les forces de l’ordre ont abattu davantage de personnes ayant fui les uniformes en véhicules que sur les quinze années précédentes. En septembre 2022, c’est neuf personnes tuées par les force de l’ordre pour « refus d’obtempérer ». 2022 devient ainsi, l’année la plus meurtrière en la matière. 

Aux affaires de Rayana le 4 juin dernier, de Jean-Paul Benjamin mort à Aulnay-sous-Bois le 26 mars d’une balle dans le cœur tirée par un policier de la BAC, de  Boubacar et Fadjigui  tués en plein centre de Paris sur le Pont-Neuf, le 24 avril, au soir du second tour de l’élection présidentielle, s’ajoutent de nouvelles affaires. Le 19 août à Vénissieux (Rhône), un conducteur et son passager sont tués dans les mêmes circonstances. Le 29 août, à Neuville-en-Ferrain (Nord), un jeune de 23 ans décède après avoir été mortellement touché au thorax par un agent de la Bac qui, selon les informations livrées par la police, a riposté après avoir été percuté. Le 7 septembre à Nice, un policier contractuel tire quasiment à bout portant sur la vitre latérale d’un véhicule, tuant le conducteur qui entamait une marche arrière. A Rennes, le même jour, c’est la passagère de 22 ans d’un véhicule refusant de se soumettre à un contrôle qui est tuée.

Aujourd’hui, nous sommes en direct avec Nordine et Mélanie du collectif des mutilés pour l’exemple dans les studios de FPP. Ensemble nous reviendrons sur l’importance d’être présent à la cour d’appel ce mardi, car peu sont ceux qui survivent à ces violences policières et qu’il est certain que sa condamnation est une étape de plus dans le permis de tuer qui est octroyé à la police.

Rendez-vous à la cour d’appel de Paris (M° Cité) à 13h30 mardi 29 novembre !

Pour soutenir :

https://www.onparticipe.fr/cagnottes/cyyOwnxL

Pour plus d’info : Twitter/Instagram

Meryl et Nordine@droit de justice

ACTION DE BLOCAGE DE L’AGRO- INDUSTRIE EN BRETAGNE

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de l’émission du pain et des parpaings diffusé en octobre 2022 sur radio pikez radio basé à Brest.

Avez pas entendu parler de cette histoire de train de céréales bloqué et vidé par des militant.e.s contre les fermes usines ? D’un mur de parpaings monté sur une voie ferrée pour symboliser l’impasse du modèle agro-industriel breton ?

On vous raconte tout ça avec du reportage, des interviews et des invités, réalisés par Du pain et des parpaings, une série d’émissions mensuelle sur les luttes contre l’accaparement des terres, la gentrification, l’agro-industrie, le capitalisme vert, le pourrissement des écosystèmes, le colonialisme, l’extractivisme des corps et des matières, le tout principalement en Bretagne, mais pas que. Parce que les luttes ne sont pas que locales, elles s’insèrent le plus souvent dans un système économique et politique global, délétère et injuste.

Cette deuxième émission donne la parole à des personnes ayant participé au bon déroulement de l’action d’arrêt du train de céréales à St Gérand, dans le Morbihan, en mars 2022, symbolisant ainsi la nécessité de l’arrêt de l’agro-industrie. Dans cette émission, nous entendons aussi l’avocat en charge de la défense des inculpé.es dans cette affaire, ainsi que plusieurs personnes du collectif Bretagne contre les fermes-usines.

Ressources :

  • https://bretagne-contre-les-fermes-usines.fr
  • Les soulèvements de la Terre
  • La carte participative de Reprendre la Bretagne aux machines
  • Livre « Reprendre la terre aux machines », de L’atelier paysan, Ed. du Seuil, 2021

Déclaration du 3 août 2022 devant le Tribunal Judiciaire de Lorient

Les participants et participantes à cette action constatent :

  1. L’alerte répétée de la communauté scientifique et de journalistes indépendant.e.s sur l’urgence sanitaire, sociale, écologique et climatique à prendre des décisions rapides modifiant radicalement les modes de production et de consommation issus de l’agriculture industrielle,
  2. L’absence de réponses réellement opérantes de la part de l’État et des entreprises de l’agro-industrie pour réduire les conséquences sanitaires, sociales, écologiques et climatiques de leur mode de production.

Les participant.e.s à cette action justifient de leurs actes par le contexte d’état de nécessité à agir pour stopper sans délai les modes de production de l’agro-industrie et leurs conséquences sanitaires, sociales, écologiques et climatiques.

Nous sommes couturière, paysans, ingénieur projets, enseignantes, retraités.ées, chomeurs.euses, éducateurs.trices, animateurs.trices, couvreuse, masseuses, maçonne, ingénieur du son, développeurs web, charpentier, ingénieure thermicienne, écologue, etc,

C’est aujourd’hui par nécessité que nous nous rendons acteurs du changement.

ENTRETIEN AVEC L’ANARCHIST BLACK CROSS BÉLARUS

A l’occasion de la 4 ème édition du festival internationaliste “Les Peuples veulent” qui se déroulait du 21 au 23 octobre 2022 à Montreuil, nous avons pu rencontrer deux membres de l’Anachirst Black Cross Bielorusse.

La Croix Noire Anarchiste (“Anarchist Black Cross” : ABC) est un réseau international de collectifs engagés dans la lutte anticarcérale et plus largement dans l’antirépression. L’ABC est connue pour son soutien aux prisonnier.es dit.es politiques, mais aussi aux personnes incarcérées pour leur action ou leur résistance contre le capitalisme, la répression (atteintes aux personnes en raison de leur opposition aux arrangements sociaux – e.g., violences policières, judiciaires) et les oppressions (atteintes aux personnes en raison de leur appartenance supposée à une catégorie – e.g., violences racistes, sexistes, homophobes). L’ABC lutte pour une organisation sociale basée sur l’égalité de statut, de ressources et de condition de vie, la solidarité, l’entraide et la coopération, l’autogestion et la propriété commune. Chaque collectif ABC agit selon le contexte local et ses possibilités, suivant un certain nombre de principes :

  • A-légalisme, les actes politiques ne sont pas évalués au regard de leur légalité.
  • Abolitionnisme, l’objectif est non pas la réforme de la prison mais sa suppression, principe étendu à l’ensemble des outils d’oppression et de répression (e.g., état, police, armée, frontières).
  • Internationalisme, les collectifs ABC sont solidaires entre eux et soutiennent les personnes, collectifs, communautés et mouvements réprimés à travers le monde pour leur lutte contre le capitalisme, la répression et les oppressions.

Initialement appelée “Anarchist Red Cross”, l’ABC a été créée en russie dans le contexte de la révolution de 1905 afin d’organiser l’aide aux prisonnier.es politiques et l’autodéfense contre les raids politiques militaires. Le premier groupe ABC londonien est créé en 1907 et réunit entre autres Kropotkine, Rocker, Shapiro et Tcherkezichvili. Le premier groupe ABC étasunien est fondé la même année à New York et réunit entre autres Louise Berger et Emma Goldman. Durant la guerre civile russe (1918-1921), l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne met en place des groupes ABC “de terrain”. Leur activité comprend le soin ainsi que le combat. Après la répression de Kronstadt (1921), les groupes ABC russes sont confrontés à une intense répression avant d’être interdits en 1925. L’ABC se reforme dans les années 1960 en grande-bretagne avec comme but premier de soutenir les prisonnier.es anarchistes de l’espagne franquiste. Des collectifs ABC sont créés dans plusieurs villes européennes ainsi qu’en amérique du nord, où ils soutiennent des prisonnier.es politiques comme Lorenzo Kom’boa Ervin et Mumia Abu-Jamal.

L’ABC Biélorusse, formée en 2000-2001, a pour but de soutenir les inculpé-es anarchistes, anti-autoritaires et antifascistes, et dans certains cas d’autres activistes qui ne font pas forcement parti du mouvement anarchiste. Depuis 2009, l’ABC Biélorussie a connu un regain d’activité, les anarchistes Biélorusses ayant été à l’origine d’un certain nombre d’actions illégales dont certaines ont entraîné des dégât matériels. La répression contre le mouvement a vite suivi, et plusieurs anarchistes se sont vu infliger des peines de prison.

Lors de la rencontre ” Les peuples veulent 4.0″ ils étaient venus abordés la question de la répression politique du mouvement de 2020, de celle du Covid mais aussi de la question de la guerre en Ukraine, dans laquelle un certains nombre de leur membres participent aux bataillons de résistance. Cette rencontre fût alors l’occasion pour nous revenir sur l’ensemble de ces questions et sur le contexte politique actuelle en Biélorussie.

Pour plus d’info :

https://abc-belarus.org/?lang=en

Pour soutenir :

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Les lycéens pros ne sont pas de la chair à patron

Le 17 novembre, une manifestation contre la fermeture des sept lycées dont six professionnels sur Paris et le rejet de la réforme des lycées pros a eu lieu partout en France. L’intersyndical de l’enseignement professionnel a organisé une deuxième journée de grève et de mobilisations pour protester contre un projet de réforme voulu par Emmanuel Macron et les patrons. À Paris, le cortège, composé de 3.000 personnes selon les organisateurs, s’est élancé vers 14 h de la place de la Sorbonne, en direction du ministère de l’Éducation nationale. Dans l’émission d’aujourd’hui, nous vous proposons l’écoute du reportage réalisé les 16 et 17 novembre dans le cortège parisien.

Le 16 novembre Le CTA (Le comité technique de proximité ou comité technique académique) exceptionnel était consacré à la carte des lycées pour la rentrée 2023 avec la fermeture annoncée de 7 établissements alors qu’au même moment plusieurs centaines de collègues étaient réuni·es devant la Sorbonne pour s’opposer au projet.

Le Recteur de l’académie de Paris qui, une fois n’est pas coutume, présidait le CTA a commencé par prétendre que l’ambition était de valoriser la voie professionnelle et que certains des lycées concernés étaient des lycées-ghettos qui n’offraient aucune perspective aux élèves… De quoi faire plaisir aux personnels et aux élèves présent·es dans ces établissements ! Le choix des lycées qui seront fermés a été dicté, selon le Rectorat, par plusieurs critères : état du bâti, absence d’une diversité de filières et volonté de favoriser la synergie avec d’autres acteurs. Autant de problèmes qui sont réels, mais qui ne justifient pas du tout des fermetures, d’autant que certains lycées d’accueil souffrent aussi d’un manque d’investissement de la région et sont monofilières.

Une déclaration intersyndicale a ensuite été lue pour entrer directement dans le vif du sujet et faire réagir l’académie. La position commune des organisations syndicales est claire : non aux fermetures !

La discussion s’est concentrée sur tous les problèmes soulevés par ce projet bâclé, présenté sans aucune concertation préalable des personnels.

Mixité sociale et mixité scolaire

L’académie de Paris utilise beaucoup l’argument de la mixité pour défendre le projet de fermetures qu’elle porte avec la région Île-de-France mais on peine à voir comment le fait de créer de gros lycées professionnels à la place de petites structures favoriserait la mixité…

Pour SUD éducation Paris, la mixité scolaire est un sujet complexe, qui ne peut pas se limiter au transfert d’élèves de filières peu attractives vers des établissements avec des filières plus réputées, dans des arrondissements plus bourgeois.

Locaux

L’autre argument de l’académie est la vétusté des lycées dont la fermeture est envisagée. Mais le fait que certains de ces lycées soient implantés dans d’anciennes écoles ne peut suffire à justifier une fermeture car c’est malheureusement le cas de nombreux établissements parisiens, d’autant que tous les lycées menacés de fermeture ne sont pas dans le même état…

Les transferts envisagés vont par contre poser de très nombreux problèmes qui ne semblent pas avoir été anticipés par la région ou par l’académie : aucune réponse sur le transfert du studio photo de 150 m² du lycée Brassaï, aucune réponse sur le transfert des équipements du lycée Lucas de Nehou et aucune réponse sur le transfert des salles dédiées aux activités artistiques du lycée Brassens.

Pour les autres lycées, ni l’académie ni la région ne semblent avoir pris la mesure de l’étendue des travaux : il ne suffit pas de déplacer des ordinateurs, il faut aussi mettre en place des réseaux électriques et informatiques et équiper des salles !

Lors des échanges sur les fermetures et sur la solution alternative qu’aurait été la rénovation des lycées concernés, le Recteur a fini par laisser échapper qu’il fallait bien des marges de manœuvre financière à la région…

 Élèves

L’académie de Paris a indiqué que la capacité d’accueil des élèves serait maintenue à l’occasion des transferts de formations mais les réponses se font plus évasives quand il s’agit de savoir, par exemple, dans quelles salles du lycée Dorian pourront s’installer et à quelle heure mangeront les 216 élèves qui devraient y être transféré·es.

Par ailleurs, on apprend qu’environ 50 places supplémentaires seront créées en GA et MRC sans qu’aucun détail ne soit fourni sur leur implantation.

Enfin, on sait que fin septembre, 122 élèves de LP n’ayant alors toujours pas été affecté·es avaient dû être réparti·es dans 10 établissements, qui sont dorénavant en sur-effectif. Quand nous avons interrogé la direction de l’académie sur l’ouverture nécessaire de places en 1ère pro pour les accueillir l’année prochaine, nous n’avons reçu aucune réponse si ce n’est que ces effectifs allaient fondre en raison du décrochage…

Personnels

L’académie de Paris a indiqué que tous les emplois de la filière ATSS et tous les emplois de CPE des lycées menacés de fermeture seraient redéployés, mais pas forcément vers les lycées d’accueil.

S’agissant des personnels enseignants, ils et elles devront participer au mouvement donc sans possibilité de suivre leurs classes. Une bonification de carte scolaire sera attribuée aux personnels des lycées menacés de fermeture mais vu le nombre de collègues concerné·es, elle risque de ne pas changer grand chose au mouvement. L’académie a mentionné l’éventualité d’une sur-bonification mais nous n’avons pour l’instant aucun détail et cette option ne semble pas réaliste du point de vue réglementaire.

Un·e conseiller·e RH de proximité sera missionné·e pour suivre la situation des personnels établissement par établissement.

Le DRH, l’un·e de ses adjoint·es ou des chef·fes de division se déplaceront dans tous les établissements pour informer les équipes des lots de consolation que leur réserve l’académie…

Pour résumer, ce comité technique académique a révélé que l’académie et la région étaient main dans la main pour faire passer ce projet en force dès septembre 2023, malgré l’opposition unanime des organisations syndicales, des parents d’élèves et de nombreux·ses élu·es.

Il n’y a aucune volonté de concertation de la part de l’académie et une chose sûre : seule une mobilisation forte des établissements pourra permettre de pousser le rectorat et la région à stopper leur projet !

LA LIBERTÉ NE SE MENDIE PAS

Cette émission retransmet l’intervention de Nadia Menenger notre animatrice à L’actualité des luttes au sujet de son livre : “La liberté ne se mendie pas” qui retrace la création de L’Envolée. C’était cet été aux rencontres pour l’émancipation du Maquis. Bonne écoute !

Olivier Cueto est mort le 28 mars 2020 à Paris, à l’âge de 60 ans. Jusqu’au dernier jour, il aura dégusté la vie avec une insatiable curiosité et une énergie remarquable. Titulaire d’une agrégation de lettres qui lui aurait permis de faire une carrière d’enseignant bien rétribué, il a préféré parcourir les sentiers interdits de l’illégalisme libertaire. Il laisse de nombreux textes, notamment ceux qu’il a écrits ou coécrits pour le journal anticarcéral L’Envolée, qu’il a cofondé et longuement animé. Ce sont ces écrits de combat – reflets de ses réflexions, de son expérience et de son engagement – que ce livre se propose de partager.

Se plonger à nouveau dans les textes publiés dans L’Envolée au cours des années 2000 permet de retracer le virage sécuritaire de l’État, qui s’accentua alors extrêmement. Les lires ainsi recueillies permet de mieux comprendre comment, petit à petit, le discours dominant a assimilé la « délinquance » à une maladie qu’il convient de dépister et de traiter avec une sévérité toujours accrue – puisque ainsi réduite à un dysfonctionnement individuel ou familial qui serait sans lien, ou peu s’en faut avec le fonctionnement profondément inégalitaire de la société dans son ensemble. Il est devenu inutile, presque incongru, de se pencher sur ses causes sociales, économiques et politiques afin de prendre ce problème à la racine : circulez, y a rien à voir. Les « inadaptés » n’ont qu’à bien se tenir….
Ces textes contribueront à éclairer, à cet égard, les esprits engourdis par quarante ans de régression sociale.

Les auteurs
Olivier Cueto a maintes fois collaboré aux travaux éditoriaux de l’Insomniaque : il a notamment contribué très activement à rassembler les Écrits du cambrioleur anarchiste Alexandre Marius Jacob. Il a aussi collaboré à l’anthologie Au pied du mur, qui présentait en l’an 2000 « 765 raisons d’en finir avec toutes les prisons ». Il nous a donc semblé naturel de lui rendre cet hommage posthume, tout en perpétuant de la sorte la mémoire des luttes anticarcérales de la première décennie du millénaire.

Nadia Menenger a déjà publié, toujours sur le thème de la prison et de la résistance à l’enfermement, le livre de Thierry Chatbi À ceux qui se croient libres, paru chez L’insomniaque en 2015.

Soutien aux grévistes du nettoyage de l’université paris tolbiac / un syndicaliste de la poste devant les tribunaux

Depuis le 7 novembre, les agent.e.s d’entretien du centre Tolbiac de l’université Paris 1 sont en grève reconductible contre la maltraitance qu’ils subissent de la part d’Arc-en-ciel : Harcèlement puis licenciement de la cheffe de site, absence de contrats, non-paiement des heures supplémentaires et complémentaires : voilà le quotidien de ces travailleurs-ses essentiels au fonctionnement de l’université depuis plusieurs mois.

L’université est loin d’être étrangère à cette politique. En 2021, le contrat qu’elle a signé comme donneur d’ordre demandait une réduction des effectifs. En vain, les travailleurs ont alerté de leurs conditions de travail, mais se sont vus répondre que « ça n’était pas le problème de la présidence ». Depuis lundi, celle-ci demande un service minimum pour casser la grève, et tente d’empêcher les grévistes de tenir un piquet dans le hall de l’établissement.

Les agent.e.s d’entretien revendiquent :
– une réduction de leur charge de travail, notamment par de nouvelles embauches
– la cdisation de tous les CDD et l’internalisation à l’université des activités de nettoyage
– une augmentation des qualifications et des rémunérations et le paiement des salaires le 7 du mois, sans retard
– la mise en place d’un 13ᵉ mois
– le versement de la prime de décapage pour toutes et tous
– la réintégration de la cheffe de site qui a été licenciée abusivement
– l’arrêt des mutations abusives

Dans cette première partie d’émission, nous entendrons le reportage réalisé devant les grilles de l’université de Paris Tolbiac, lors du rassemblement de ce 14 novembre, avec les prises de parole et un entretien avec l’une des grévistes.

Pour soutenir les grévistes : https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/salarie-e-s-arc-en-ciel-en-greve-a-tolbiac

Le 14 novembre dernier, se déroulait le procès en appel de Gaël Quirante délégué Sudposte 92 devant la cour de Versailles. En effet, cette procédure a pour objectif de faire tomber la condamnation de trois mois avec sursis pour vols présumés sans une once de preuve matérielle. Le délibéré aura lieu le 5 décembre prochain. Le procureur dans son réquisitoire demande 6 mois de prison et 2000 euros d’amendes.

Au cours de la grève de 15 mois menée par les postièr-es du 92 en 2018 et 2019, entre autres calomnies, des cadres de La Poste ont accusé Gaël Quirante de violences et de vol d’un portable professionnel. Et en décembre 2019, il a été condamné en première instance à trois mois de prison avec sursis.

Dans ce reportage, vous entendrez les grévistes de Geodis en grève depuis 1 mois, Yann Le Merrer délégué national SUDPTT 1er fonctionnaire révoqué depuis 1951,et Gaël Quirante à la sortie du tribunal. 

Pour soutenir en participant à la caisse de solidarité : https://www.cotizup.com/gael-quirante

Nucléaire : Actualité en France et retour historique sur l’Italie

La première partie de cette émission est consacrée à l’actualité du nucléaire en France tandis que la seconde partie, elle, aborde l’arrêt du nucléaire en Italie. Cette partie retrace à gros traits l’historique du nucléaire en Italie, de son acquisition à son rejet, à partir d’un texte sur le sujet écrit par Gianni CARROZZA (http://collectif-adn.fr/2022/Italie.html).

Cette émission interroge également le discours des lobbys nucléaires la présentant comme une énergie décarbonée et servant une transition écologique. Est abordé également l’EPR (European Pressurized Reactor), l’EPR de Flamandville, la sous-traitance, la Commission Nationale de Débat Public de fin 2022, le projet de loi visant à accélérer la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants (retoquée depuis par le Conseil d’Etat le 27 octobre) et la déclaration d’utilité publique du projet de centre d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure. Enfin, est contenue une courte discussion sur les différents positionnements en faveur de la sortie ou de l’arrêt selon, du nucléaire.

Les intervenants sont des personnes du collectif contre l’ordre atomique et membre de Arrêt du nucléaire, et une personne par téléphone du collectif anti-nucléaire Ouest, membre du réseau Sortir du nucléaire.

Lien vers la tribune “La relance du nucléaire ? Surtout pas” par le collectif anti-nucléaire Ouest : https://drive.google.com/file/d/1bjWOPIM0hTDKChL4rDPRqKuryFC4eJA_/view

OCCUPATION AU CASVP

“Le Centre Action Sociale de la Ville de Paris a pour mission de lutter contre toutes les formes d’exclusion, réduire les inégalités, garantir et faciliter l’accès aux droits. Il accompagne et soutient au quotidien les parisien.nes les plus vulnérables: personnes âgées, en situation de handicap, familles et personnes en difficulté ou en grande précarité.” ET pourtant…

Les agents du centre d’action sociale de la ville de Paris exclu.es des dispositifs englobés sous l’appellation « Ségur », consistant à une augmentation de salaire de 189 € nets mensuels sous la forme d’un complément de traitement indiciaire ou d’une prime, se soulèvent contre l’injustice criante qu’iels subissent.

“Nous travaillons dans les restaurants solidaires ou émeraude, les service prestations ou gestions des espaces parisiens de solidarité, les espaces solidarité insertion, les permanences sociales d’accueil, les services centraux, … et réclamons l’égalité de traitement entre agents, « à travail égal, salaire égal ».

Face à la surdité et le mépris de l’hôtel de Ville parisien, concentré sur les jeux olympiques et son orthodoxie budgétaire qui l’amènent à reporter sans filtre sur notre feuille de paie les coups bas du gouvernement envers les travailleuses et les travailleurs, nous nous sommes organisé.es avec la CGT pour déployer l’ultime moyen d’action à notre disposition, la grève reconductible et illimitée jusqu’à l’obtention de notre revendication : + 189 € nets mensuels pour toutes et tous.

La majorité d’entre nous gagne un SMIC à peine amélioré, certaines sont mères célibataires et s’engagent néanmoins dans la bagarre avec une dignité qui force le respect, alors pour tenir dans la durée, nous avons besoin de votre solidarité, qui viendra s’ajouter à celle de nos collègues bénéficiaires des « Ségur » et de la CGT qui commence à se matérialiser.”

Dans le cadre de cette lutte et face au mutisme des institutions leur mobilisation s’est renforcée avec, depuis le 13 octobre, une occupation de jour comme de nuit du restaurant solidaire qui se trouve 11/15 rue Palikao. A cette occasion, nous avons décidé de déplacer le plateau radio sur le lieu d’occupation le 14/11/2022, afin de réaliser l’émission que nous vous diffusons aujourd’hui.

Pour les soutenir :

https://www.cotizup.com/grevistes-casvp-pour-legalite

Non à la fermeture de 6 lycées professionnels sur Paris /contrôle et endoctrinement des enfants

Les lycées professionnels sont en lutte actuellement contre la fermeture annoncée de 7 lycées (dont 6 professionnels) à Paris à la rentrée 2023, puis d’autres en 2024. Cela intervient dans un contexte de réforme des lycées professionnels.
– Prochaine AG lundi 14 novembre 18 h à la bourse du travail.
– Rassemblement à la Sorbonne mercredi 16 novembre 14 h pour le CTA exceptionnel sur le plan de restructuration des lycées.
– Grève intersyndicale contre la réforme des lycées professionnels et manifestation le jeudi 17 novembre 14 h place de la Sorbonne vers le ministère.

Dans ce contexte et dans cette première partie d’émission, nous entendrons le reportage réaliser le mardi 8 novembre dernier lors de l’appel à la grève et à l’occasion de la réunion du CIEN- Le Comité interacadémique de l’éducation nationale- qui se tenait au siège de la région Île-de-France à Saint-Ouen.

CONTRÔLE ET ENDOCTRINEMENT DES ENFANTS

Dans cette seconde partie d’émission, nous serons en compagnie de Camille, membre du collectif : du lien, pas des bracelets, sur l’expérimentation de bracelets électroniques sur des collégiens et collégiennes dans le département de la Sarthe. Ensuite, nous reviendrons sur la question du formatage des lycéennes par le contrôle de leurs tenues vestimentaires, avec un entretien de Julie, enseignante en Seine-Saint-Denis.

LE NUMÉRIQUE

Nous, le collectif Du lien pas des bracelets, sommes organisé.e.s pour lutter contre l’expérimentation de bracelets électroniques sur des collégien.ne.s en Sarthe, contre le monde sans contact et pour la (re)connexion au vivant !

Dernièrement, nous avons envoyé une lettre ouverte au Conseil départemental, posant des questions offensives et exprimant notre détermination intransigeante à empêcher ce projet nuisible : https://pad.lescommuns.org/s/dulienpasdesbracelets_lettreouverteCD# Lettre qui a été reprise par plusieurs médias (Ouest-France, lundi matin…) et qui a débouché sur des interviews radios (Radio alpa, Nostalgie, L’actualité des luttes sur Fréquences Paris Plurielle…) mais qui est restée sans réponse ! Ce qui démontre d’autant plus l’absence de concertation et le manque volontaire de transparence du Conseil départemental de la Sarthe.

Ce projet n’est donc pas démocratique ! Cette lettre et les nombreuses autres actions effectuées, notamment par d’autres individu.e.s et organisations, ainsi que les actions en prévision, ont contraint le Conseil départemental à suspendre ce nuisible projet ! Ce recul est une victoire ! La pertinence de nos actions a mis en évidence la dangerosité de ce projet conduit de manière expéditive, ainsi que la considération hypocrite du Conseil départemental pour la santé des collégien.ne.s. En réalité, ce qui importe à ce dernier, est de parader en porteur de projet du fond de dotation Paris 2024 pour les Jeux olympiques, de sorte de se donner une image technophile avec un gadget électronique, quand bien même celui-ci serait liberticide et écocidaire.

Nous avons fait reculer le conseil départemental jusqu’à la suspension du projet, nous continuerons jusqu’à l’abandon et à la récupération totale des bracelets électroniques distribués ! Dans cet objectif, nous nous rassemblerons et manifêterons notre victoire samedi 19 novembre à 14 h 30 au Mans, place Aristide Briand, face au Conseil départemental et à la Préfecture, c’est-à-dire face à l’État, puisque l’Éducation Nationale est aussi promotrice de ce projet !

De plus, nous appelons à une assemblée après la manifestation, afin que chacun.e puisse s’exprimer et écouter, afin que notre mouvement s’élargisse, afin qu’ensemble nous organisions d’autres actions et agissions ! Le lendemain, le 20 novembre, ce sera la journée planétaire des droits de l’enfant ! Un ciné-discussion de « Votre santé : un trésor très convoité » aura lieu dimanche 20 novembre à 14h30 à la Maison des citoyen.ne.s, sous la place des Comtes du Maine, au Mans. Ce documentaire enquête sur les GAFAM et leur volonté de collecter massivement nos données de santé pour en faire du fric. Donc nous y participerons et y appelons, car nous sommes contre les bracelets électroniques et leur monde ! Si le Conseil départemental ne renonce pas définitivement à ce projet, nous l’y contraindrons par une diversité d’actions juridiques, médiatiques et manifestantes ! Car nous sommes déterminé.e.s et persuadé.e.s de pouvoir y mettre fin ! Nous avons une soif criante et urgente de liens humains, vivants et solidaires !

dulienpasdesbracelets@riseup.net

JOUER A ÊTRE FLIC !!!

Des coups de matraque, des gilets pare balles, des entraînements au tir… pour des enfants de CM1 et CM2, âgés d’une dizaine d’années ! La scène, tout simplement ahurissante, a eu lieu en France,à Saint-Denis le 27 septembre dernier. Des élèves de primaire de l’école Paul Langevin ont participé à une journée présentée comme «sportive citoyenne». Elle était animée par une association, ou plutôt un lobby policiers baptisé «Raid Aventure». En réalité, il s’agissait d’une initiation à la répression, un endoctrinement d’enfants aux violences d’État. Les élèves ont pu enfiler des casques, donner des coups de tonfa, prendre une arme en main… En présence de policiers, sans que les parents n’aient été informés.

Des parents d’élèves ont protesté publiquement, par une lettre ouverte adressée au maire de la ville, à l’inspecteur d’éducation et au préfet. Ils explique que «sur le temps scolaire, nos enfants ont été emmenés par l’école à une journée présentée très brièvement comme “sportive et citoyenne” […] Nous étions partagés, certains d’entre nous accueillant l’initiative plutôt favorablement, d’autres ayant exprimé leur inquiétude.» Tous ont été scandalisés par «le retour des enfants à l’issue de cette journée» : cet «atelier» n’avait rien de «citoyen» : «les enfants ont été déguisés en policiers et équipés d’une,matraque voire d’un gilet pare-balle et encouragés à courir, d’autres ont été entraînés à tirer avec des pistolets laser. L’atelier consacré aux premiers secours n’était pas en service. Et les élèves n’étaient même pas accompagnés d’un enseignant !»

Pour couronner le tout, «des policiers ont demandé et noté sur leur portable le nom, l’âge, voire l’adresse de certains enfants. Quelle est la légitimité et l’objet de ce recueil parfaitement illégal de
données ?» s’interrogent les parents. Un fichage policier d’enfants dans un cadre scolaire.

Cette opération n’est malheureusement pas isolée. L’association Raid Aventure, fortement soutenue par les autorités, multiplie les initiatives. Sur les réseaux sociaux, la structure affiche de nombreux «ateliers» : à Poissy le 7 octobre, 500 élèves en classe de 3e des collèges ont suivi une «formation» animée par des policiers. Le 28 septembre c’était à Toulouse. Quelques jours plus tôt, des collégiens de la ville de Méru, dans l’Oise. Cet été, c’était à Strasbourg que des adolescents suivaient un atelier «menottage» avec la même structure. À chaque fois, les images montrent des enfants en tenue de maintien de l’ordre, qui frappent, tirent sur des cibles, montent sur des motos de police…

Raid Aventure prétend organiser « une initiation aux techniques de maîtrise d’un individu et de self-défense », des « démonstrations du savoir-faire des forces de sécurité » ou un « atelier de découverte des gestes et techniques professionnels en intervention ». Il s’agit évidemment d’un endoctrinement délibéré, avec la complicité de l’Éducation Nationale.

L’État ne recrute pas assez de professeurs, des centaines de classes manquent de personnel pour enseigner des matières essentielles, les réseaux prioritaires n’ont plus de moyens, mais des dizaines de flics sont envoyés auprès de mineurs pour leur montrer comment matraquer. Et plusieurs milliards d’euros sont consacrés au SNU-Le Service national universel, un stage militaro-patriotique pour lycéens. Ce pays bascule dans la folie. Les enseignants complices de ces opérations devraient être couverts de honte.

Ce genre de manœuvres porte un nom : la contre-insurrection. C’est une doctrine militaire visant à obtenir le soutien de la population dans le cadre d’un conflit armé. Il s’agit de mener des actions de propagande en parallèle des actions de répression, pour obtenir l’adhésion des habitants et donc isoler les opposants. Cette doctrine, élaborée en France, a été utilisée lors des guerres coloniales puis exportée dans de nombreux régimes autoritaires. Derrière l’aspect « loisir », habituer dès le plus jeune âge la population aux pratiques policières et militaires n’a rien d’anodin.
À présent, le Secrétariat à la Jeunesse est mis sous tutelle du Ministère des Armées. Macron militarise et endoctrine la jeunesse à marche forcée. Les jeunes doivent être des futurs flics, de la chair à canon ou de la chair à patron. Pas d’autres perspectives. Aucune différence avec un gouvernement d’extrême droite. Aucune. Mais si Marine Le Pen organisait de tels stages, beaucoup plus de monde se scandaliserait.

À quand de vrais «ateliers» utiles pour la jeunesse ? Riposter à l’extrême droite, se défendre en manifestation, déserter le SNU, bloquer un lycée, nourrir son esprit critique, défendre la nature, faire des graffitis politiques ? Il y a urgence.

Atteintes à la laïcité : Darmanin mobilise les préfets

Le ministre de l’Intérieur et la secrétaire d’État à la citoyenneté Sonia Backès s’inquiètent de la multiplication des « signalements d’atteinte à la laïcité depuis la rentrée scolaire » et invitent les préfets à « soutenir » l’éducation nationale.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la secrétaire d’État à la citoyenneté Sonia Backès ont demandé, lundi 17 octobre, aux préfets de « soutenir la communauté éducative dans une indispensable réaction de grande fermeté face » aux atteintes à la laïcité à l’école qui « se multiplient depuis la rentrée ».

Dans un télégramme aux préfets, Gérald Darmanin et Sonia Backès font valoir que la multiplication des « signalements d’atteinte à la laïcité depuis la rentrée scolaire, [est] manifestement le fruit d’une offensive islamiste visant les plus jeunes, notamment à travers l’incitation à porter des vêtements traditionnels ».

Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, a estimé que, face à ce phénomène, la loi de 2004 devait « être appliquée de manière stricte et ferme ». Cette législation interdit au sein des enceintes scolaires les vêtements ou les signes religieux ostensibles.

le ministère de l’éducation nationale avait publié les chiffres, des atteintes à la laïcité dans les écoles, collèges et lycées pour le mois de septembre, montrant une hausse des signalements pour le port de tenues comme les abayas et qamis (vêtements longs traditionnels portés respectivement par les femmes et par les hommes). Au total, 313 signalements ont été recensés le mois passé et 904 au deuxième trimestre de 2022. Cela constitue une hausse par rapport à la moyenne de 627 incidents recensés au premier trimestre. Les incidents pour « port de signes et de tenues » religieux représentent plus de la moitié des signalements de septembre (54 %), contre 41 % au deuxième trimestre et 22 % au premier trimestre.

Dans ce télégramme aux préfets, Gérald Darmanin a précisé que Sonia Backès et lui-même étaient « avec le ministre de l’éducation nationale très attentifs à ce sujet ». Il est demandé aux préfets d’apporter « toute l’assistance nécessaire aux personnels de la communauté éducative qui feraient l’objet de menaces, voire d’agressions en lien avec l’application stricte du principe de laïcité ». Et, dans l’éventualité où ils seraient saisis de « cas de port de vêtements traditionnels en milieu scolaire » d’apporter leur concours pour l’application de la loi de 2004.

Lire aussi l’entretien : Article réservé à nos abonnés Pap Ndiaye, ministre de l’éducation nationale : « Il y a bel et bien une vague de port de tenues pouvant être considérées comme religieuses »

Les deux ministres rappellent que le port des vêtements tels que « les abayas ou les qamis constituent bien des vêtements religieux par destination dès lors que la finalité qui s’attache à leur port ne fait aucun doute et qu’elle constitue une tentative de contournement » de la loi de 2004. Dès lors, ajoutent-ils, « les chefs d’établissement sont fondés à prendre des sanctions contre les élèves à l’origine de tels comportements et à leur interdire l’accès à leur établissement ».

Journée “10 ans d’APPUII” : contester un projet urbain imposé

Depuis dix ans, une centaine de bénévoles actifs, des centaines d’étudiant.es d’architectures et d’urbanisme, une dizaine de stagiaires et services civiques, et sept salarié.e.s ont fait vivre et font vivre APPUII- alternatives pour des projet urbain ici et à l’international. L’association est intervenue dans une trentaine de quartiers populaires de France, ce qui a permis de faire entendre une voix peu audible et parfois de modifier certains projets.

À travers plusieurs campagnes d’interpellation des élus, l’organisation d’évènements de mise en réseau de compétences, et la participation à d’autres dynamiques nationales aux côtés d’acteurs associatifs et institutionnels, notre ambition est de changer durablement la manière de produire la ville en y intégrant les premiers concernés.

Cette célébration des dix ans d’APPUII donne la parole à ceux qui revendiquent d’agir sur leur quartier et se mobilisent pour construire une ville plus juste et durable. Elle a eu lieu le 11 juin 2022 et s’est organisé en plusieurs temps avec 3 débats :

  • ” S’entraider et s’organiser dans les quartiers populaires”
  • “Contester un projet urbain imposé”
  • “Soutenir des initiatives populaires pour construire des projets alternatifs”

Aujourd’hui, nous vous diffusons donc le montage du second débat qui avait lieu lors de cette journée intitulé : Contester un projet urbain imposé.

Avec : Renée clair, coordination pas sans nous ; Dolorès, les jardins à défendre d’Aubervilliers ; Houcine Messous, collectif des locataires du bois de l’étang dans les Yvelines ; Pedro Stilo, collectif pâo e tinta de Récif au Brésil.

Meeting contre le racisme et pour l’égalité

L’ « Ambassade des immigrés », c’était une occupation organisée par un groupe de 80 immigrés, depuis le 18 avril 2022, dans le 9ème arrondissement de Paris, dans un bâtiment qui appartenait à une filiale de la Société générale. L’objectif du lieu était de protéger les gens de la rue, d’avoir une base d’organisation pour lutter afin d’obtenir papiers et logements, mais aussi de permettre des rencontres entre collectifs, associations et individus.

Le jeudi 03/11 à 18h au local de Solidaires (31, rue de la Grange aux belles) avait lieu un meeting contre le racisme et pour l’égalité. Cet événement faisait suite à l’expulsion le 19/10 par 180 gendarmes de l’Ambassade des Immigrés (raflant au passage 6 habitants); mais aussi, à la mise en place le 27/10, d’un immense dispositif policier de rafle à La Chapelle, laissant 500 personnes sur le carreau. Depuis, 200 immigrés de La Chapelle résiste au harcèlement policier et tiennent la rue.


Dans cette émission vous entendrez donc un montage des prises de paroles réalisées à cette occasion avec les membres du collectif La Chapelle debout!; les habitants de l’Ambassade des immigrés et Nicolas De Sa-Pallix, président du Syndicat des Avocats de France Paris.

LETTRE OUVERTE DE L’ AMBASSADE DES IMMIGRES

” Monsieur le Président de la République,

Les noms de nos pays et de nos dictateurs diffèrent mais nos histoires sont les mêmes. Nous, les immigrés, n’avons pas trouvé le droit de vivre dans nos pays.

Comme tout le monde, nous aurions aimé travailler, étudier et apprendre.

Nous n’avons jamais voulu partir.

Dans nos pays, nous avons échappé à la mort, certains d’entre nous se sont échappés de prison. Parce que nous  n’avons pas trouvé le droit d’y vivre, nous avons traversé le Sahara puis nous avons risqué notre vie en traversant la Méditerranée. 

Pendant ce voyage nous avons perdu beaucoup trop d’entre nous.

Lorsque nous sommes miraculeusement arrivés sur les côtes européennes, nous étions heureux car nous croyions alors être en sécurité dans des États de droit, particulièrement en France.

Mais lorsque nous sommes arrivés, nous sommes allés à la préfecture, nous avons donné nos empreintes et nous avons été Dublinés hors de France. On nous a promis que notre Dublin prendrait fin après 6 mois et nous  ne savions pas, alors, qu’en réalité nous pourrions attendre deux ans avant d’être convoqués à l’OFPRA. On nous met en procédure accélérée illégalement. On nous coupe l’argent, le logement et on ne nous laisse  rien.

Il faut connaître la loi pour pouvoir se défendre.

Quand on a aucune aide pour être réintégré dans le système, en être écarté est lourd de conséquences.

Aujourd’hui, même la rue nous est interdite.

La police vient à 3h, à 4h du matin. Ils attendent que nos tentes soient vides puis nous gazent et lacèrent nos tentes pour qu’on ne puisse pas y retourner.

Nous avons rencontré ici de plus grands problèmes encore que dans nos pays.

C’est alors que nous nous sommes demandé si, ici, nous étions vraiment des êtres humains, si nous avions vraiment le droit de vivre.

Après tout ça, ils nous déboutent de l’asile, sans raison. Ils nous trimballent à la CNDA, que nous attendons toujours trop longtemps.

On nous déporte alors que pour certains nous sommes là depuis 6 ans, 7 ans.

Et parmi celles et ceux d’entre nous qui ont arraché des papiers, beaucoup sont malgré tout à la rue. A quoi bon avoir des papiers mais pas de logement après 10 ans.

Ils auraient peut-être dû couper notre droit de séjour en deux : 5 ans de papiers et 5 ans de logement.  Nous avons donc décidé avec toutes les nationalités, pour nous protéger de la police, du froid et de la pluie,  de prendre possession de ce bâtiment.

Nous voulons les mêmes droits et la même considération que les Ukrainiens, que les migrants qui sont blancs. Nous remercions encore les personnes solidaires qui nous ont accompagné dans cette démarche. Du fait du rejet et du refus du gouvernement français, beaucoup d’entre nous sont devenus fous, se sont  suicidés, ont sombré dans l’alcool, la drogue, ont été rendus muets. 

Nous, les migrants, nous demandons donc au gouvernement français :

– des papiers

– de casser Dublin

– le droit de travailler

– des logements

Tout cela pour pouvoir assumer la responsabilité de nous-mêmes et de nos familles restées au pays.

Pour accéder à nos demandes et à nos droits fondamentaux, nous demandons à ce que vous saisissiez  les autorités compétentes afin que nous puissions les rencontrer.

Les habitants de l’Ambassade des immigrés du 17 rue Saulnier à Paris

Lien vers la cagnotte anti représsion :

https://www.okpal.com/solidarite-avec-l-ambassade-des-immigres-expulsa/#/

Qu’est-ce que le colonialisme aujourd’hui ? Deuxième table-ronde

“La rencontre publique pour la sortie du livre “C’est quoi le colonialisme aujourd’hui ?” publié aux Éditions Syllepse s’est déroulée ce samedi 17 septembre 2022 à la Mairie du XXème. Plus de 100 personnes ont répondu présentes à cet événement qui plaçait au centre les militant-es de terrain premièr-es concerné-es par les luttes anti-coloniales et décoloniales à travers le monde.

La deuxième table ronde était consacrée aux luttes des premièr-es concerné-es. Parmi cette table sont intervenu-es des militant-es du Collectif Vietnam Dioxine au sujet de l’épandage de l’agent orange sur le territoire vietnamien durant la guerre par les États-Unis avec la complicité de Monsanto. L’Union Syndicale des Travailleurs Kanak et des Exploités (USTKE) et le Mouvement des Jeunes Kanaks en France (MJKF) ont, quant à eux, exposé la situation coloniale de la Kanaky et son histoire. De son côté, Bchira Ben Nia de la Coordination 75 des Sans Papiers (CSP75) et de la Marche des Solidarités a évoqué le racisme d’État et les violences policières qui sévissent en France.

Enfin, deux vidéos ont été visionnées à cette occasion. L’une réalisée par des militantes du collectif Zéro Chlordécone, Zéro Poison (ZCZP) en Martinique qui dénonce l’utilisation de ce pesticide sur les terres agricoles et le scandale écologique et sanitaire qu’il a engendré. […] Une autre vidéo a été réalisée par un militant ougandais luttant contre le projet Total en Ouganda et Tanzanie”.

Pas une bassine de plus ! Contre les mégabassines à Sainte-Soline

Aujourd’hui, nous vous proposons l’écoute de l’émission ZOOM ÉCOLOGIE du 3 novembre dernier. Le temps est bon

Si vous avez raté la prise de la bassine de Sainte-Soline, Zoom écologie vous propose une session de rattrapage avec une émission en plusieurs parties enregistrée sur place.

Pour rappel, le week-end du 29 et 30 octobre 2022 se tenait dans les Deux-Sèvres un grand rassemblement de lutte contre les méga-bassines d’irrigation agricole, à l’appel des collectifs Bassines Non Merci, les Soulèvements de la Terre, la Confédération Paysanne et 140 organisations.

Vous pourrez donc entendre différent.e.s participant.e.s de la lutte et des témoignages sonores de la manifestation du samedi et de l’action du dimanche.
Bonne écoute !

La Réforme de l’assurance chômage 2022

À la demande du gouvernement, la Direction de Pôle emploi met en place un plan d’action «  Métiers en tension » dans la précipitation.
Il s’agit de créer « un vivier » de demandeurs d’emploi immédiatement disponible pour répondre aux « pénuries de main d’œuvre » sur des métiers identifiés dans les secteurs de la santé/sanitaire et social, la restauration/hôtellerie et le transport et de les envoyer vers les plateformes de contrôle de recherche d’emploi s’ils n’acceptent pas ces postes.

La mise en place de ce plan d’action stigmatise, une fois de plus, les privés d’emploi en laissant entendre qu’ils ne cherchent pas d’emploi, mais aussi les conseillers à l’emploi en laissant entendre qu’ils ne remplissent pas leurs missions.
C’est vite oublier que les offres non pourvues ne représentent que 5 % des offres du total des offres déposées sur le portail de Pôle emploi.

C’est vite oublier qu’une enquête récente de la CGT des privés d’emploi révèle que 76 % des offres présentes sur le site de Pôle emploi sont illégales ou mensongères : temps partiel alors que le poste est annoncé à temps plein, mission à la journée alors que le contrat était annoncé de 6 mois, offre en dessous du SMIC, même poste enregistré 96 fois…. (étude sur le site chomeurs-precaires-cgt.fr)

Ces offres mensongères proviennent de sites marchands que la direction de Pôle emploi s’entête à publier sur son propre site, sans aucun contrôle. Ces offres, qui se retrouvent majoritaires sur le site de Pôle emploi, trompent les privés d’emploi et viennent décrédibiliser le travail de terrain des conseillers. Pour la CGT, Pôle emploi doit avoir le monopole des offres d’emploi. C’est le seul moyen d’assurer « une transparence du marché du travail » et de permettre aux conseillers de négocier réellement les conditions de travail et de rémunération proposées par les entreprises.

C’est vite oublier que plusieurs études récentes, dont un de France compétences, concluent que les difficultés de recrutement sont majoritairement dues aux employeurs du fait des conditions de travail et salariales ; auquel s’ajoute leur incapacité à « fidéliser »  les salariés en poste, avec un turn-over permanent et donc à déposer les mêmes offres à répétition.

La logique du gouvernement n’est donc pas d’arriver au plein d’emploi et de combattre le chômage sinon le plan d’action métiers en tension s’adresserait aux employeurs pour les contraindre à augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail.

L’objectif de ce plan, couplé à la contre-reforme assurance chômage et celle du RSA conditionnés aux actions menées (sur le modèle du CEJ) est donc de contraindre les chômeurs, sous la menace de radiations, à accepter n’importe quel emploi, même si il est précaire, même s’il est en dessous des qualifications (et donc du salaire) du demandeur d’emploi, même si l’offre est illégale ou mensongère…

Contraindre ainsi les chômeurs, baisser les droits à l’assurance chômage, c’est s’attaquer aux droits de l’ensemble des salariés. La question de l’indemnisation du chômage ne peut pas être dissociée de celle des salaires.
Ce ne sont pas les droits des chômeurs qu’il faut diminuer, mais bien les salaires qu’il faut augmenter !

Pour parler de tout cela, nous sommes en compagnie de Victoire et Pierre, de la CGT chômeurs-précaires.

REFORME DU LYCÉE PROFESSIONNEL : la fabrique à exploiter

Aujourd’hui, nous parlerons enseignement professionnel. En effet, le gouvernement actuel, comme ces prédécesseurs, a décidé de poursuivre la privatisation de la formation professionnelle, en la délégant directement aux patrons. Histoire de faire des économies, mais surtout de fabriquer, dès le plus jeune âge, des travailleurs dociles, avec peu de connaissances techniques et intellectuelles. Des travailleurs attachés à un bassin d’emploi, sans savoir faire, complètement assujettis à leur entreprise, avec très peu de possibilité d’évolution. Des travailleurs précarisés, dépendant d’entreprises qui ferment, se délocalisent au gré des profits. Des travailleurs robots, assujettis à la machine, qu’elle soit mécanique ou numérique.

Le gouvernement essaie de faire passer une nouvelle réforme dans un silence terrible. Beaucoup de mobilisation concernant les augmentations dérisoires des salaires, mais bien peu de résistance concernant tout un tas de réformes qui contrôlent, répriment, détruisent nos vies comme la reforme du chômage, de la police et on en passe. Avant les vacances, de nombreux lycées professionnels étaient en grève, aussi bien du côté enseignants que du côté lycéens. Une fois de plus, les lycées qui faisaient des blocages devant leurs établissements ont été la cible de violence policière. Tout le gratin en bleu marine était de sorti, des policiers municipaux armés de gazeuses, aux brigades anti-émeutes pour mater des enfants de 15 à 18 ans. Gaz lacrymogène, matraques, arrestations, garde à vue, ont été la réponse du pouvoir aux désirs légitimes de la jeunesse de prendre leur destin en main, d’exercer leur droit à l’expression.

De Châtenay-Malabry, à Gennevilliers en passant par Nanterre ou Paris ils se sont révoltés contre le mépris, la volonté de l’État de s’immiscer jusque dans leurs tenues vestimentaire, de réprimer leurs profs… Pas toujours aussi solidaires qu’eux aussi bien dans la forme que prennent les mobilisations lycéennes, c’est à dire le blocage ! Que lors des répressions qu’elles soient policières, judiciaires ou administratives.

Les fermetures rien qu’à Paris du site de Charenton du Lycée Professionnel Théophile Gautier, du LP Brassaï, du LP Charles de Gaulle, du LP Valadon, du LP Carrel, du site Friant du LP Lucas de Nehou ainsi que du lycée Georges Brassens sont programmées dès la rentrée de septembre 2023.

Des réunions de profs et d’élevés ont eu lieu pendant ces vacances, dors et déjà une date de mobilisation pour le 17 novembre est prévue. Restons vigilant et protégeons les jeunes de la violence policière devant les écoles si le mouvement reprend.

Nous avons demandé à deux professeurs de deux établissements différents de nous informer sur le contenu de la réforme et les raisons de leurs mobilisations.

Communiqué sur la situation au lycée Joliot-Curie, ce jeudi 13 octobre

Après les violents incidents qui se sont renouvelés ce matin et ont entraîné la fermeture du lycée, les enseignant.e.s et les personnels du lycée Joliot-Curie se sont réuni.e.s en assemblée générale. Nous souhaitons exprimer notre très vive émotion, notre colère et notre inquiétude face à cette situation qui s’enlise depuis lundi. Nous constatons qu’il nous est impossible d’effectuer nos missions d’éducation, pas plus qu’il n’est possible pour nos élèves de venir sereinement au lycée. Nous comprenons l’inquiétude de très nombreux parents qui disent ne pouvoir envoyer en confiance leurs enfants au lycée. Nous tenons à rappeler la légitimée des revendications de nos élèves et l’indépendance de leur mouvement. Les tracts rédigés par les élèves mettent en avant deux demandes. Ils/elles réclament premièrement le retour de l’aide aux devoirs. Ce dispositif existant depuis dix ans a été remis en cause et fortement tronqué cette rentrée pour des raisons budgétaires.

Deuxièmement, ils/elles réclament un réel dialogue avec la direction et une écoute sur des questions relatives à la vie de l’établissement (contrôle inégal et aléatoire des tenues vestimentaires, interdiction nouvelle d’apporter de la nourriture au lycée, civilité des échanges avec la direction…). De plus, les élèves ont exprimé leur soutien à leur enseignant muté sans aucun motif légitime, Kai Terada. En l’absence d’avancées constructives sur ces revendications avec la direction, un appel au blocus a été lancé, moyen d’action dont nous nous dissocions. Nous condamnons le déploiement tout à fait disproportionné et même surréaliste des brigades anti-émeute devant le lycée, dispositif présenté comme devant simplement « sécuriser les abords du lycée ». Nous tenons à rappeler que nos élèves sont des adolescent.e.s entre 15 et 18 ans. Nous sommes extrêmement choqué.e.s que les services de l’État envoient dès lundi, pour « sécuriser » un mouvement alors pacifique, des policier.e.s suréquipé.e.s de casques, de boucliers anti-émeute, de gaz lacrymogène et de LBD. Ce déploiement entraîne un climat anxiogène et conflictuel, attisant l’opposition entre certain.e.s jeunes, parfois extérieur.e.s au lycée, et les forces de l’ordre.

De notre point de vue d’enseignant.e.s et de personnel.es, nous tenons à souligner notre mise en danger et notre sentiment d’abandon par un pilotage incohérent et déconnecté du terrain de la part de nos hiérarchies. Ainsi, il est aberrant que les autorités académiques aient refusé à plusieurs reprises la fermeture de l’établissement réclamée par la direction. Ce matin, il nous a été demandé de nous porter volontaires pour nous interposer physiquement entre forces de l’ordre et jeunes. Certain.e.s d’entre nous ont ainsi été bousculé.e.s, gazé.e.s et mis.es en danger immédiat. Il ne peut être envisageable de reprendre le travail dans de telles conditions. Nous demandons donc des conditions de réouverture sereine du lycée préparées en concertation avec tous les acteurs/actrices de la communauté éducative. Ceci passera par des gestes forts de conciliation et d’apaisement. Nous sommes convaincu.e.s que la situation actuelle révèle en fait les difficultés des lycées qui relevaient du dispositif de l’Éducation Prioritaire disparu en 2014. Nous demandons à être reçu.e.s avec les autres lycées relevant de situations similaires par monsieur le ministre. Enfin, nous condamnons avec la plus grande fermeté l’instrumentalisation mensongère de cette situation de crise par l’extrême-droite et ses alliés. Il est indécent de délégitimer les revendications de nos élèves avec cynisme ou racisme. Les personnels.

Les enseignant-e-s du lycée Joliot-Curie réuni.e.s en assemblée générale

Face à l’annonce de la fermeture de 7 lycées à Paris pour la rentrée prochaine, les personnels mobilisé·es et les organisations syndicales, appellent à la grève mardi 8 novembre, à l’occasion de la réunion du CIEN. Le Comité interacadémique de l’éducation nationale est l’instance consultative de la région Île-de-France ; à l’ordre du jour de cette réunion du 8 novembre figure un unique point : la carte des lycées à Paris.

C’est donc ce jour-là que la région Île-de-France va présenter aux organisations syndicales et aux associations de parents d’élèves sont projet de fermeture. Faisons-nous entendre face à cette décision inique : soyons massivement en grève ! L’intersyndicale appelle à un rassemblement à 9 h au 8 boulevard Victor Hugo à Saint-Ouen (métro Mairie de Saint Ouen). SUD éducation Paris a déposé un préavis de grève couvrant l’ensemble des personnels.

Rassemblement devant le Conseil régional mardi 8 novembre à 9 h
8 boulevard Victor Hugo 93400 Saint-Ouen
Métro : Mairie de Saint-Ouen (ligne 13 et 14)

APPEL A LA MARCHE POUR YANIS 2022

“Le 3 juin 2021, notre fils, notre frère, notre ami Yanis, jeune dyonisien de 20 ans, mourrait de ses blessures après avoir été pourchassé dangereusement par un véhicule de la BAC quelques semaines auparavant.
Certains diront qu’il aurait dû s’arrêter. Il était à l’arrêt. Il rentrait chez lui accompagné d’un ami, chacun sur un scooter. Au bout de sa rue, un véhicule de la BAC a foncé droit dans leur direction. La panique. La peur. Après des années de violences et d’humiliations de la part des policiers dans nos quartiers populaires, précaires et racisés, ils ont fui. La BAC a décidé de les prendre en chasse. Plusieurs témoins témoignent de la dangerosité du véhicule de police lors de cette poursuite.

Une circulaire, envoyée à tous les commissariats et régulièrement mise à jour depuis 2005, interdit pourtant la poursuite des deux-roues sauf en cas de crime de sang. Ce n’était donc pas le profil de Yanis. Ce n’était pas non plus celui de Maïcol (mort en en janvier 2021 à Nice), de Curtis (mort en 2017 dans l’Essonne), d’Ibo (mort en 2019 à Sarcelles) ou de Sabri (mort en 2020 à Argenteuil) ou de Miguel (mort en 2020 à la Réunion). Tous ont perdu la vie après que leur moto, scooter ou quad aient été dangereusement pourchassé et/ou violemment parchoqué par la police.

Depuis le début de la mobilisation, nous avons constaté trop d’incohérences, que ce soit sur la course poursuite en elle-même, ou lorsque Yanis a été retrouvé au sol. Les témoignages mis à notre disposition contredisent la version policière. C’est pourquoi nous ne cesserons de lutter pour que la Vérité éclate que Justice soit rendue pour Yanis et ses proches.

Engagés depuis maintenant 18 mois pour faire éclater la vérité sur ce terrible soir où il a été percuté, l’association JUSTICE ET VÉRITÉ POUR YANIS appelle à la mobilisation et à la solidarité lors de la deuxième journée de commémoration et d’action en la mémoire de Yanis qui aura lieu le samedi 5 novembre 2022, à partir de 14h à Porte de Paris (Saint Denis).

Nous, l’association Vérité et Justice pour Yanis, dénonçons :

  • les violences policières subies depuis de longues années dans nos quartiers, avec une hausse croissante de l’impunité (contrôles au faciès, amendes, humiliations, coups, déclarations mensongères, refus de prendre des plaintes…)
  • le silence des administrations publiques face aux victimes
  • le racisme délétère et systémique de l’institution policière
  • toutes les formes d’injustices couvertes par l’État

Nous marcherons pour :

  • que cesse le silence des administrations publiques et de la justice devant le drame que la famille de Yanis vit depuis 18 mois
  • réclamer à nouveau l’accès à la vidéosurveillance dont une partie est directement gérée par les services de la mairie de Saint-Denis afin d’avoir accès aux faits exacts qui se sont déroulés le soir de la poursuite et de pouvoir poursuivre, s’il y a lieu d’être, les responsables de la mort de Yanis en justice
  • que soit enfin respectée la circulaire qui préconise de ne pas prendre en chasse les véhicules à deux-roues sauf en cas de crime de sang que cessent toutes les formes de violences policières, pénitentiaires et d’État sur notre territoire
  • que les polices, en tant qu’administrations publiques, rendent des comptes aux citoyens

L’association JUSTICE ET VÉRITÉ POUR YANIS est membre du réseau Entraide, Vérité et Justice qui accompagne et fédère les victimes survivantes et les familles de victimes de violences policières, pénitentiaires et d’État. Au niveau local, nous soutenons la mise en place d’un collectif « anti violences policières » dont l’objectif est de créer un réel rapport de force face à la politique sécuritaire inquiétante qui s’est mis en place à Saint-Denis et qui s’est accrue en vue de la préparation des Jeux Olympiques 2024. Cette marche sera l’occasion de rappeler que Yanis n’est pas la seule victime des violences policières sur notre territoire.


Nous donnons rendez-vous le samedi 5 novembre, à 13h30 à Porte de Paris (ou 13h à Pont de Soissons pour départ collectif vers la manifestation) pour rendre hommage à Yanis et à toutes les victimes de violences policières.

Le dimanche 7 novembre 2021, plus de 200 personnes avaient marché à Saint-Denis contre l’impunité policière à l’appel du Comité Justice et vérité pour Yanis. De nombreux soutien avaient répondu présents à l’appel du comité, et notamment le réseau d’entraide Vérité et Justice, Justice pour Ibo, Vérité et justice pour Gaye, le collectif Vies Volées mais aussi des Gilets jaunes avec le collectif des Mutilé.e.s pour l’exemple etc. Dans cette émission et en appel à la marche qui se déroulera le 5 novembre 2022, nous vous diffusons une interview réalisée avec une des membres du collectif le 3 novembre 2022 dernier, et une partie du reportage que nous avions réaliser lors de la marche de l’année dernière.

Pour plus d’infos :

https://justiceveritepouryanis.webnode.fr/marchepouryanis/

Pour soutenir financièrement l’association :

https://www.cotizup.com/marche-pour-yanis

GEODIS CALBERSON : en gréve reconductible

“L’ infrastructure logistique permet au capitalisme de se mondialiser en cherchant le moindre coût au détriment des conditions de travail, des salaires et de l’environnement” (émission du 4 mai 2020).

Depuis plusieurs années, dans l’entrepôt GEODIS à Gennevilliers, des mobilisations s’organisent : une grève avait débuté en 2016 face à la loi travail, mais aussi en Décembre 2018 autour de leur condition de travail, ou encore en 2020 lors de l’épidémie de Covid pendant laquelle en continuant de travailler dans des conditions bien éloignées des recommandations sanitaires, ils ont fait transiter des milliers de tonnes de marchandises. Leur métier consiste à transporter des colis qui peuvent aller jusqu’à 70 ou 80 kilos. Depuis le début de l’année 2022, le seul site de Gennevilliers a enregistré une centaine d’accidents du travail.

Le 17 octobre 2022, les salariés de la filiale de la SNCF, Geodis, déclenchent une gréve reconductible sur leur site avec un taux de grévistes de 75% pour la hausse de leur salaire. Ils revendiquent une augmentation de salaire de 150 euros pour toutes et tous, en plus de 100 euros pour les salaires les plus bas, et 1000 euros de prime vacances.

Le 20 octobre 2022 et le 26 octobre à l’occasion d’un rassemblement de soutien à cette gréve nous sommes allés enregistrer des prises de paroles et réaliser quelques interviews que nous vous diffusons dans l’émission de ce jour.

Pour les soutenir :

https://www.cotizup.com/le-calex-geodis-calberson-idf

MANIFESTATION INTERPROFESSIONNELLE DU 18 OCTOBRE 2022 : salaire et droit de grève

Les raffineurs en grève depuis déjà plusieurs semaines sont la partie visible de la contestation. De nombreux secteurs depuis plus d’un an partent en ordre dispersé pour réclamer des augmentations de salaire. Depuis la « sur taxe » de l’énergie et des matières premières, les grèves s’intensifient.

Chez Total and co les patrons ne négocient plus et laissent pourrir la grève, pendant que les syndicats vendus signent des négociations sans participer aux mouvements. L’État, de son côté, qui profite largement de la hausse des prix, refuse de taxer les « super profits » et dégaine la réquisition pour obliger à la reprise.

C’est pour la hausse des salaires, contre la réquisition, et pour défendre le droit de grève qu’un appel national à la grève intersyndicale et interprofessionnelle était lancé pour le 18 octobre 2022.

Nous étions à la Manif Parisienne plutôt énergique, par rapport aux mobilisations lamentables qui avaient cours depuis ces dernières années. Plusieurs rendez-vous avaient lieu après la manif, renouant avec la volonté d’organiser la suite.

Dans la première partie de ce reportage, nous entendrons notamment les paroles de ; cheminot de la gare d’Austerlitz, une enseignante en lycée professionnelle dans le 78 … Suite à cette manifestation, une assemblée générale s’est tenu à la bourse du travail de Paris et dans la seconde partie de cette émission, nous entendrons une partie des interventions de cette assemblée générale.

CGT- FO- FSU- Solidaires – Fidl – MNL- Unef – VL 

Mobilisations et grèves le 18 octobre
pour l’augmentation des salaires et la défense du droit de grève

 Que ce soit dans les raffineries, l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l’énergie et le nucléaire, les organismes sociaux, les banque-assurances, les services informatiques, la maintenance industrielle, l’éducation, la santé, le commerce, la métallurgie… les salarié.e.s de très nombreux secteurs professionnels se mobilisent depuis des mois dans leurs entreprises ou leurs services pour revendiquer et gagner de légitimes augmentations de salaire, de meilleures conditions de travail, des emplois de qualité. Les jeunes se mobilisent aussi, pour leurs conditions de vie et d’études ainsi que pour une réforme des bourses ambitieuse. 

Le mouvement des lycées professionnels, à d’ores et déjà décidé pour le 18 octobre, de s’inscrit dans cette dynamique.

Pourtant et alors qu’elles réalisent d’énormes profits, les entreprises de la branche Pétrole, en particulier Total ou Exxon, refusent d’accéder, aux exigences des salarié.e.s massivement mobilisés par l’ouverture immédiate d’une négociation sérieuse. Ces dernier.e.s réclament avant tout le rattrapage de l’inflation et une meilleure répartition des richesses créées par les travailleuses et travailleurs, alors que des milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires.

C’est cette situation de blocage patronal qui crée aujourd’hui la pénurie de carburants. Mardi dernier, une limite a été franchie par le gouvernement, annonçant faire procéder aux réquisitions des salarié.e.s des raffineries et dépôts par les préfectures. Elles sont en cours depuis hier. Cette procédure déjà condamnée par l’OIT constitue une atteinte inacceptable au droit constitutionnel de grève et aux libertés fondamentales.

La mobilisation gagne des secteurs de plus en plus nombreux dans le privé comme dans le public. Elles et ils obtiennent par leurs actions avec leurs organisations syndicales l’ouverture de nouvelles négociations et des avancées salariales significatives. C’est aujourd’hui qu’il faut se mobiliser dans tous les secteurs professionnels, public comme privé.

C’est pourquoi les organisations syndicales et les organisations de jeunesse signataires décident d’appeler ensemble les travailleuses et travailleurs et la jeunesse à la mobilisation y compris par la grève le mardi 18 octobre pour l’augmentation des salaires, des pensions et minima sociaux, et l’amélioration des conditions de vie et d’études.

Elles appellent également les salarié.e.s, les retraité.e.s, les privé.e.s d’emploi et la jeunesse à se mobiliser pour la défense du droit de grève en participant aux rassemblements organisés devant les préfectures et sous-préfectures.

Le 18 octobre, elles s’engagent à organiser partout avec les jeunes et les salarié.e.s des différents secteurs professionnels des mobilisations et actions, dans les entreprises et les services.

SOUTIEN AUX GRÉVISTES DES RAFFINERIES DE NORMANDIE /MANIFESTATION FÉMINISTE ET ANTIRACISTE DU 15 OCTOBRE 2022 A ST DENIS

Crédit photo LouiZart

Le 19 octobre dernier, une délégation parisienne de sudposte92 et d’Infocom CGT avec des étudiant-e-s de Nanterre s’est déplacée afin d’exprimer leur solidarité avec les raffineries normandes qui ont reconduit la grève, au lendemain de la manifestation interprofessionnelle contre les réquisitions et le cout de la vie.

Dans ce cadre, un chèque venant de la caisse de grève commune d’Infocom CGT et de Sudposte 92 de 5 000 € leur a été remis. Dans la foulée, une visite de solidarité aux grévistes de Safran Normandie actuellement en grève a été effectuée.

Nous entendrons un reportage réaliser ce 19 octobre lors de cette action de soutien. Avec les entretiens réalisés en compagnie d’un opérateur extérieur de la raffinerie TOTAL de Normandie ( Harfleur le Havre) suivi d’une interview d’une salariée gréviste de Safran Normandie.

Le 15 octobre 2022, Les associations et collectifs Vies Volées, Queers Racisé.e.s Autonomes, Nta Rajel, 1001 Queers, Collages contre islamophobie, Féministes contre le Cyberharcèlement, Pride des Banlieues, Collages Féministe Stains, Paris Queer Antifa, Commission antiraciste de SUD Éducation, Raízes Arrechas – Batucada lesbo-trans-féministe racisée., Les mutilé.e.s pour l’exemple, Diivines LGBTQI, FLIRT-Front de Libération Transfem, Décolonisons le féminisme, Libération Lesbienne, Saccage 2024, STRASS, ANKH, collectif LGBTQI+, Paye ton Militant Sexiste, tRace ta voix, Urgence Afghane, Perspective, Collectif Doulas radicales, Youth for climate IDF, Assemblée Féministe Montreuil, Queers Racisé.e.x.s Nantes, Not all men, Really, Osmose (Thionville), Collectif La Grenade (Metz) et Antifasciste 38 organisaient une marche féministe antiraciste à Saint-Denis.

Dans la seconde partie d’émission, nous entendrons le reportage réaliser ce samedi dans les différents cortèges de cette marche.

Journée “10 ans d’APPUII” : S’entraider et s’organiser dans les quartiers populaires

Depuis dix ans, une centaine de bénévoles actifs, des centaines d’étudiant.es d’architectures et d’urbanisme, une dizaine de stagiaires et services civiques, et sept salarié.e.s ont fait vivre et font vivre APPUII. L’association est intervenue dans une trentaine de quartiers populaires de France, ce qui a permis de faire entendre une voix peu audible et parfois de modifier certains projets.

À travers plusieurs campagnes d’interpellation des élus, l’organisation d’évènements de mise en réseau de compétences, et la participation à d’autres dynamiques nationales aux côtés d’acteurs associatifs et institutionnels, notre ambition est de changer durablement la manière de produire la ville en y intégrant les premiers concernés.

Cette célébration des dix ans d’APPUII donne la parole à ceux qui revendiquent d’agir sur leur quartier et se mobilisent pour construire une ville plus juste et durable. Elle a eu lieu le 11 juin 2022 et s’est organisé en plusieurs temps avec 3 débats :

  • ” S’entraider et s’organiser dans les quartiers populaires”
  • “Contester un projet urbain imposé”
  • “Soutenir des initiatives populaires pour construire des projets alternatifs”

Aujourd’hui, nous vous diffusons donc le montage du premier débat qui avait lieu lors de cette journée intitulé ” s’entraider et s’organiser dans les quartiers populaires” avec : Diangou Traoré, Franc-Moisin Citoyenne; Rachid Najmaoui, Elancoeur, Mohamed Ragoubi, APPUII et La cantine des femmes battantes.

18/10/2022 : Appel à la journée de mobilisation interprofessionnelle

En appel à la journée de la mobilisation interprofessionnelle du 18 octobre 2022 nous vous diffusons aujourd’hui plusieurs reportages réalisés la semaine dernière dans une diversité de secteur mobilisés.

Tout d’abord nous vous diffuserons un interview réalisé samedi 15 octobre 2022 dernier avec deux gilets jaunes du Rond Point des vaches qui s’étaient rendus à la raffinerie de Gravenchon. Cet entretient a été réalisé dans le cadre d’une publication du media ACTA et est retranscrit en intégralité dans cet article : https://acta.zone/les-gilets-jaunes-et-la-greve/

Ensuite, nous vous diffuserons un reportage réalisé le 11 octobre dernier lors d’un rassemblement devant le ministère de l’éducation nationale contre la répression et notamment contre la mutation arbitraire de Kai Terrada enseignant de mathématique au lycée Joliot Curie de Nanterre ( plus d’information dans nos émission du 20 septembre et 4 octobre 2022). Cela s’est très vite doublée d’une revendication contre la répression des mobilisation lycéenne puisque le matin même 14 lycéens entre 13 et 17 ans qui bloquaient leur lycée en solidarité à leur professeurs mais aussi pour leurs propres revendications (retour de l’aide aux devoirs et liberté vestimentaire) ont été interpellés et mis en garde à vue après une violente intervention de la police.

Pour finir cette émission nous vous diffuserons un interview réalisé le 13 octobre dernier au restaurant solidaire du centre de l’action sociale de Paris qui sert a manger aux personnes dans le besoin, fournit les repas d’une dizaine de restaurant émeraude et de trois centres d’hébergements de l’action sociale de Paris. Ce restaurant se trouve 11/15 rue PALIKAO et depuis le 13 octobre il est occupé par ces salariés qui se mobilisent depuis l’année dernière en vue d’obtenir le même traitement que l’ensemble des salariés du médico-social avec la prime du Ségur.

1er rencontre de la coordination des salarié-e-s des transports

En ce mois de septembre 2022, commençait une grève de grande ampleur dans une grande partie des raffineries, gréve qui se poursuit toujours.

TotalEnergies, dont le directeur Patrick Pouyanné peut se féliciter d’avoir augmenté de 52 % la part variable de son salaire entre 2020 et 2022. La CGT, syndicat majoritaire chez Total, demande une augmentation générale des salaires de 10 % pour amortir les effets de l’inflation et partager les profits. La multinationale pétrolière a attendu plus de 10 jours de grève pour réagir aux demandes des grévistes. Seule proposition pour l’instant : avancer la date des négociations, prévues en novembre, si les grévistes arrêtent leur mouvement.

La première ministre Élisabeth Borne a annoncé la réquisition des raffineries ExxonMobil le 11 octobre dernier. La négociation salariale, louée jusqu’ici là par le gouvernement, ne convient plus lorsqu’elle se fait avec un rapport de force réel.

Comment, dans cette perspective, intensifier et étendre la gréve à d’autres secteurs ?

Le 15 octobre 2022, au théâtre de l’Échangeur à Bagnolet se tenait la première Rencontre des travailleurs et travailleuses des transports. 

Était présent-e-s ce samedi, des syndicalistes de la RATP, de la SNCF, de la société de car TRANSDEV , des raffineurs de TOTAL Grandpuits.

Dans l’émission de ce jour, nous allons entendre une grande partie des interventions qui ont rythmé cette rencontre qui mettait l’emphase sur les moyens d’étendre la gréve et la stratégie des confédérations syndicale et cela, a la veille du mouvement de grève interprofessionnelle de ce 18 octobre.

Communiqué intersyndical CGT – FO – FSU – Solidaires et organisations lycéennes et étudiantes

Que ce soit dans les raffineries, l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l’énergie et nucléaire, les organismes sociaux, les banque-assurances, les services informatiques, la maintenance industrielle, l’éducation, la santé, le commerce, la métallurgie… les salarié.e.s de très nombreux secteurs professionnels se mobilisent depuis des mois dans leurs entreprises ou leurs services pour revendiquer et gagner de légitimes augmentations de salaire, de meilleures conditions de travail, des emplois de qualité. Les jeunes se mobilisent aussi pour leurs conditions de vie et d’études ainsi que pour une réforme des bourses ambitieuse.

Le mouvement des lycées professionnels, d’ores et déjà décidé pour le 18 octobre, s’inscrit dans cette dynamique.

Pourtant, et alors qu’elles réalisent d’énormes profits, les entreprises de la branche Pétrole, en particulier Total ou Exxon, refusent d’accéder, aux exigences des salarié.e.s massivement mobilisés par l’ouverture immédiate d’une négociation sérieuse. Ces dernier.e.s réclament avant tout le rattrapage de l’inflation et une meilleure répartition des richesses créées par les travailleuses et travailleurs, alors que des milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires.

C’est cette situation de blocage patronal qui crée aujourd’hui la pénurie de carburants. Mardi dernier, une limite a été franchie par le gouvernement, annonçant faire procéder aux réquisitions des salarié.e.s des raffineries et dépôts par les préfectures. Elles sont en cours depuis hier. Cette procédure déjà condamnée par l’OIT (organisation internationale du travail) constitue une atteinte inacceptable au droit constitutionnel de grève et aux libertés fondamentales.

La mobilisation gagne des secteurs de plus en plus nombreux dans le privé comme dans le public. Elles et ils obtiennent par leurs actions avec leurs organisations syndicales l’ouverture de nouvelles négociations et des avancées salariales significatives. C’est aujourd’hui qu’il faut se mobiliser dans tous les secteurs professionnels, public comme privé.

C’est pourquoi les organisations syndicales et les organisations de jeunesse signataires décident d’appeler ensemble les travailleuses et travailleurs et la jeunesse à la mobilisation, y compris par la grève le mardi 18 octobre pour l’augmentation des salaires, des pensions et minima sociaux, et l’amélioration des conditions de vie et d’études.

Elles appellent également les salarié.e.s, les retraité.e.s, les privé.e.s d’emploi et la jeunesse à se mobiliser pour la défense du droit de grève en participant aux rassemblements organisés devant les préfectures et sous-préfectures.
Le 18 octobre, elles s’engagent à organiser partout avec les jeunes et les salarié.e.s des différents secteurs professionnels des mobilisations et actions, dans les entreprises et les services.

Que fait la police ? Et comment s’en passer

Le 6 octobre 2022, la Librairie “De Beaux Lendemains” situé à Bagnolet recevait Paul Rocher, pour son dernier ouvrage : Que fait la police ? Et comment s’en passer. Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie cette rencontre.

“Omniprésente dans les rues comme dans le débat public, la police soulève davantage de questions qu’elle ne semble pouvoir en résoudre.

En mobilisant les études disponibles et en confrontant les chiffres, Paul Rocher réfute dans ce livre les présupposés au fondement du mythe policier d’une institution sans doute imparfaite, mais nécessaire, au service de toute la société dont elle ne ferait que refléter les travers.

Non, la police n’empêche pas le crime, et l’emprise policière croissante sur la société n’a pas d’autre fondement que la réorganisation autoritaire du pays et le maintien d’un ordre inégalitaire. Toute l’histoire de l’institution révèle sa nature violente, sa fidélité à l’ordre établi – et dément l’idée de son « dysfonctionnement ».

Peut-on pour autant se passer de police ? En s’inspirant des exemples sud-africain et nord-irlandais, où les habitants ont expérimenté des formes de gestion des conflits indépendantes de l’appareil d’État, Paul Rocher dégage les voies possibles d’un monde sans police.”

Paul Rocher est économiste et diplômé en science politique de Sciences-Po Paris. Il est l’auteur de “Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l’arme non-létale” (La fabrique, 2020).

Appel à une coordination des transports

Dans les transports, la casse des conditions de travail des cheminots, machinistes et de tous les travailleurs du secteur entraîne des conséquences néfastes pour les usagers : des files d’attente interminables afin de prendre des bus ou des trains bondés…

Développer les transports en commun serait pourtant une des réponses à apporter à la crise écologiques, mais le gouvernement et Île-de-France Mobilité font tout le contraire.

À quelques jours de la rencontre du secteur des transports à Bagnolet, nous recevions dans l’actualité des luttes Wynnessa et Laurent, de la société de car Transdev , Éric , ancien cheminot à Mantes la jolie. Pour croiser les expériences et aller plus loin sur cette question, nous recevons Capucine du collectif de la Boissiére de Montreuil, qui témoigne par téléphone de la situation des usager-e-s face aux problèmes de transports et d’enclavement que subissent les habitants de cette partie de Montreuil.

  • L’APPEL A LA COORDINATION :

“À l’heure où la majorité de la population doit se serrer la ceinture pour payer les factures de gaz et d’électricité, remplir un caddie ou faire un plein d’essence, les grandes entreprises engrangent des bénéfices record.

Comme si cela ne suffisait pas, Macron vient d’annoncer qu’il compte faire passer en force sa contre-réforme des retraites que la grève historique de l’hiver 2019-2020 l’avait empêché de mettre en place.

« Pénurie » de personnel dans les transports : l’ouverture à la concurrence et la casse des conditions de travail sont responsables !

Dans les transports, la casse des conditions de travail des cheminots, machinistes et de tous les travailleurs du secteur entraîne des conséquences néfastes pour les usagers : des files
d’attente interminables afin de prendre des bus ou des trains bondés…

Valérie Pécresse menace même d’augmenter le prix du pass Navigo !

Développer les transports en commun
serait pourtant une des réponses à apporter à la crise écologiques, mais le gouvernement et Île-de-France Mobilité font tout le contraire : ils dégoûtent les travailleurs de leur propre métier, les poussant au burn-out et à la démission !

Des grèves contre la casse des transports publics, de nos conditions de travail et pour les salaires !

Alors les grèves se multiplient : à la SNCF, à Transdev, à la RATP, à Keolis, dans les entreprises des transports urbains et interurbains dans plusieurs villes, à l’aéroport de Roissy, ou encore
récemment à Air France. Mais si la colère est bien là, il manque un véritable plan de bataille pour frapper tous ensemble.

Les directions des grandes confédérations syndicales continuent
de faire croire qu’il est possible de maintenir le « dialogue social » avec Macron.

Pendant ce temps, le gouvernement et les patrons en profitent pour éteindre l’incendie en lâchant des miettes, quand ils ne répriment pas tout simplement celles et ceux qui relèvent la tête.

Pour construire la riposte et se coordonner entre les différentes entreprises des transports : rendez-vous le 15 octobre 2022 à 14 h 30 au théâtre de l’Échangeur à Bagnolet (Métro 3 Gallieni), pour une Rencontre des
travailleurs et travailleuses des transports ! 06.62.40.73.08 transports.en.lutte@gmail.co

  • LA PÉTITION DU COLLECTIF D’HABITANT DE LA BOISSIÈRE :

TOUS PUNIS ???

Secteur Boissière, des milliers d’habitants, privés d’un accès digne aux transports publics.

Nos quartiers du haut Montreuil sont extrêmement mal desservis depuis des années. La situation va de mal en pis. La fréquence des bus sur les lignes 102, 121, 129 et 301 ne correspond en rien au nombre d’usagers que nous sommes sur notre territoire. 

Chaque jour, aux heures de pointe, parmi la foule qui attend vainement à l’arrêt, seule une partie aura la chance d’accéder au bus.

Les autres marcheront s’ils le peuvent, commanderont un VTC s’ils le peuvent, annuleront leurs rdv médicaux, administratifs… S’ils le peuvent.

Quoi qu’il arrive, nous arriverons régulièrement en retard partout, notamment au travail, même en prenant de l’avance. 

Depuis des mois, les temps d’attente des bus ne cessent d’augmenter pouvant atteindre 90 minutes, quand ces derniers ne sont pas purement et simplement annulés. 

Dans tous les cas, notre quotidien est fait de sacrifices et de bricolages en toutes sortes.

Nous manifestons notre droit à faire partie de cette ville, Montreuil, dont nous payons les impôts, loyers conséquents et où nos enfants ont et auront à se déplacer pour leur scolarité.

Depuis mi-juillet, le périmètre Mozinor, Salvador Allende, Les Roches, Edouard Branly, boulevard Boissière, est totalement privé de transports en commun, ce qui fait exploser notre colère et déclenche le soulèvement actuel des habitants.

En effet, une déviation conséquente du bus 102, annoncée du jour au lendemain, a laissé à l’abandon 8 arrêts sur la ligne, prétendument pour raisons de travaux alors qu’il s’agissait en réalité de mesures de “sécurisation de la ligne” suite à 3 agressions subies par un chauffeur.

Punition collective ? 

Au nom de quoi est il possible de priver ainsi des milliers d’habitants de leur droit au déplacement et ce depuis presque deux mois à ce jour ?

Cette “déviation” a été reconduite du 1er septembre au 18 septembre sans aucune considération des besoins de la population en cette période de rentrée scolaire. 

Il y a ici beaucoup de gens qui se battent pour vivre et survivre, pour garder leur emploi précaire, pour continuer de faire battre le cœur de leur quotidien, de leur famille, parfois, nous sommes porteurs de handicaps, nous sommes âgés ou enceintes… 

Par cette pétition nous exigeons notre droit au déplacement et à l’accès à un service de transports publics de qualité. 

Il s’agit de notre santé, de notre sécurité aussi et ce sur plusieurs plans, économique, social, etc. 

Habitants des quartiers dits prioritaires, nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone, perchés sur notre colline du haut Montreuil que le système peut ainsi discriminer, dénigrer, violenter.

Nous invitons par ailleurs les autres quartiers à s’organiser comme nous le faisons.
Le collectif des habitant.e.s du secteur Boissière, le conseil de quartier.”

FUITE EN AVANT BIOTECHNOLOGIQUE DU CAPITALISME / ATELIER PAYSAN

Hélène Tordjman, maître de conférences à l’Université Sorbonne-Paris Nord et membre du Centre de Recherche en économie Paris-Nord, ainsi que Nicolas Decome, président de Technologos et membre de l’Atelier paysan, faisaient partie des intervenants lors des rencontres de Technologos les 23 et 24 septembre 2022, à la fac de Jean Monet à Sceaux. Ces dernières étaient co-organisées par l’association éponyme avec le laboratoire IEDP de droit public, et en partenariat avec Sciences critiques. Le colloque avait pour titre “Pourquoi critiquer la technique aujourd’hui ?”.

Hélène Tordjman est intervenue sur la fuite en avant biotechnologique du capitalisme, ce dernier puisant dans la convergence NBIC (nanotechnologie, biotechnologie, sciences de l’information et de l’informatique, sciences cognitives) et l’idéologie transhumaniste pour se perpétuer en s’étendre à de nouveaux domaines.

Nicolas Decome a présenté quant à lui l’Atelier paysan, une coopérative d’intérêt collectif à but non lucratif, imaginant et concevant collectivement des machines sous licence libre, adaptées aux besoin des paysans. Contre-modèle en expérience s’il en est à une agriculture robotisée, alliant numérique et génétique, répondant à la fuite en avant dressée par Hélène Tordjman en première partie.

Texte de présentation des rencontres de Technologos :
“Alors que l’actualité en Ukraine a relégué au second plan les avertissements alarmistes du dernier rapport du GIEC, le climat continue de se réchauffer, les pollutions de se multiplier et le vivant de s’effondrer. L’invasion russe fait flamber le cours des matières premières, hydrocarbures et céréales au premier plan, faisant craindre des rationnements potentiellement catastrophiques. Face à l’urgence, et comme pour la crise sanitaire, les gouvernants tendent à promouvoir toujours les mêmes recettes éculées : sécuriser notre approvisionnement en gaz et pétrole sans réfléchir à l’ampleur de notre consommation, rechercher un productivisme agricole dont on connait les effets délétères… En d’autres termes, les solutions court-termistes sont une nouvelle fois privilégiées au détriment d’une réflexion approfondie fondée sur la compréhension des enjeux de long terme. Or, ces différentes crises sont multidimensionnelles et imbriquées, en fait diverses facettes d’une même crise globale, profonde, anthropologique..

Depuis les débuts de la modernité occidentale au 16ème siècle, les êtres humains se sont progressivement pensés en dehors de la nature, et ont considéré cette dernière comme un réservoir de ressources dans lequel puiser de manière illimitée. Colonisation, révolution industrielle et consommation de masse, les sociétés européennes puis nord-américaines se sont engagées sur un chemin unique dans l’histoire de l’humanité. D’une part, le marché est apparu comme la meilleure forme d’organisation sociale, prenant en charge des pans de plus en plus importants des activités humaines. D’autre part, le progrès technique est devenu l’horizon indépassable de nos existences, justifié par la recherche de « l’efficacité maximale en toutes choses ». La civilisation occidentale a acquis un tel pouvoir d’agir qu’elle met aujourd’hui en danger le vivant.

De tout temps, l’activité humaine a contribué à modeler la nature et les paysages. Ce n’est toutefois que depuis deux siècles de capitalisme industriel qu’elle les détruit systématiquement, et ce à l’échelle planétaire. Or, les seules « solutions » envisagées par les gouvernants pour contrer le désastre sont d’ordre technologique : bio et nanotechnologies de plus en plus puissantes et intrusives qui nous permettraient de remplacer les ressources fossiles par des matières « renouvelables » et de soigner les maladies créées par nos modes de vie ; géo-ingénierie pour manipuler le climat et la biosphère ; numérique, Big Data et intelligence artificielle à tous les étages pour un monde plus « intelligent » et plus « propre ». Pour les élites politiques et économiques, la transition écologique est d’ailleurs récemment devenue écologique et numérique. Ce solutionnisme technologique ne fait qu’approfondir la trajectoire mortifère dans laquelle le monde s’est enfermé, et de plus en plus vite. La puissance de l’action humaine va encore s’accroître, la Terre et le vivant vont être encore plus artificialisés et réifiés qu’ils ne le sont, les montagnes de déchets continueront à grandir, et les êtres humains resteront désemparés face à ce rouleau compresseur.

Sortir de cette folie collective exige à minima de faire un pas de côté et d’identifier les causes profondes de la crise systémique que nous vivons : la puissance technique mise au service du capital, la démesure prométhéenne des moyens mis en œuvre, une science souvent sans conscience qui, comme le disait Rabelais, n’est que ruine de l’âme. Lors de ces Rencontres qui marqueront les 10 ans de Technologos, nous tenterons de donner des éléments pour penser cette dynamique mortifère et armer intellectuellement la critique. C’est le préalable à toute action. Nos Rencontres se feront en partenariat avec Sciences Critiques, et se dérouleront en trois temps, trois demi-journées. Dans la première, nous ferons un état des lieux de la dimension technique de différentes facettes de la crise globale. La deuxième demi-journée sera consacrée à une critique historique et théorique de la technique qui donnera des outils conceptuels permettant de penser la crise écologique. Enfin, dans la dernière demi-journée, nous aborderons la question du comment. Comment penser autrement nos rapports à la nature, d’une manière moins anthropocentrée et plus harmonieuse ? Comment lutter contre le capitalisme technoscientifique et explorer d’autres alternatives ?”

Site de Technologos : https://technologos.fr/index.php
Site de l’atelier paysan : https://www.latelierpaysan.org/
Pour aller plus loin sur la convergence NBIC : https://theconversation.com/convergence-technologique-lhomme-la-machine-et-la-societe-76044

Appel : la marche féministe antiraciste/Cinéma des luttes : Ibis

Dans cet émission nous vous diffusons, dans une première partie, un reportage réalisé le dimanche 9 octobre 2022 sur le marché de st Denis en appel à la marche antiraciste féministe du 15 octobre prochain. Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffuserons les interviews réalisés suite à l’avant première du film ” la révolte des femmes de chambre” autour de la lutte menée à l’Ibis Batignolle contre la sous-traitance et les discriminations démarrée en 2019 et victorieuse en mai 2021.

L’appel de la marche:

“Le 2 octobre 2002, mourrait brulée vive Sohane Benziane à Vitry. Elle a été tuée par son ex compagnon, dans le local poubelle de son immeuble. Sa mort a bouleversé une génération de femmes de quartiers populaires, choquées par la violence des faits. Une mobilisation sans précédent a vu le jour pour dénoncer les féminicides, les violences sexistes et sexuelles dans nos quartiers, et ce avant le mouvement #MeToo. Cette colère légitime a pourtant été récupérée par le PS et son mouvement Ni Pute Ni Soumise.

Cette récupération d’Etat a ciblé les hommes des banlieues comme des barbares sexistes. Ce mouvement a voulu faire de la France et de sa République, le seul outil de libération possible des femmes des quartiers populaires. Depuis, nous vivons un conflit de loyauté qui nous condamne au silence, reproduisant le fameux “laver son linge sale en famille”.

Pourtant, tous les ans, nous continuons à compter nos mort·es et mutilé·es : Dinah, Alisha, Melissa, Farida, Fouad, Vanessa Campos… Les féminicides sont le haut de l’iceberg des violences faites aux femmes : agressions, harcèlements, suicides, corps abîmés par l’exploitation. Les femmes voilées subissent des violences racistes et sexistes spécifiques dans le contexte islamophobe actuel.

Il est temps d’organiser une riposte féministe antiraciste à la hauteur des enjeux.

Nous dénonçons :

  • L’impunité des hommes violents qui traverse tous les milieux, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat (Hulot, Darmanin, Abad…).
  • la vision raciste du féminisme d’Etat, ciblant clairement les hommes des quartiers populaires
  • Les structures patriarcales dans nos familles : violences, tabou sur les sexualités, éducation différente des filles et des garçons (charge administrative, travail domestique, gestion des enfants et des ancien.ne.s )
  • L’impunité des hommes violents et la culture du viol dans les milieux militants.
  • Le sexisme et le racisme dans les commissariats quand nous portons plainte pour violences. La justice n’est qu’une façade : les hommes violentent, la justice acquitte.
  • Les silences autour des violences policières vécues par les femmes et les lgbtqi+ dans nos quartiers et lors de manifestations.
  • L’impunité policière, les méthodes létales d’interpellation qui mutilent et tuent dans les quartiers. Le système carcéral tue aussi. Vérité et Justice pour les familles de victimes.
  • Le manque de moyens pour la formation des personnels de santé et d’éducation sur le sujet des violences, des sexualités, des LGBTQIphobies et du harcèlement scolaire. L’accès à la contraception et l’IVG doivent rester gratuits et accessibles dans tous nos quartiers.
  • Le manque de lieux gratuits pour notre réparation face aux traumatismes : congés maladie non rémunérés, coût excluant des prises en charge psy…
  • La précarité et les bas salaires enfermant les femmes dans un lien de dépendance avec leurs conjoints violents (papiers, logements, salaires, gestion de la garde et des pensions alimentaires, calcul AAH Allocation Adulte Handicapé·e).
  • Le racisme d’Etat subi par les femmes et/ou LGBTQI+ sans papiers, exilé.e.s : régularisation sans conditions de tou·tes les sans papiers, liberté d’installation et de circulation !
  • La précarisation des travailleur·euses du sexe par des lois putophobes. Soutien inconditionnel envers ces travailleur·euses, notamment trans, qui en paient le prix fort : harcèlements policiers, violences, assassinats…
  • L’échec du système scolaire dans nos quartiers et la misère sociale qui poussent la jeunesse à la prostitution, comme seule issue possible.
  • Les LGBTPhobies : PMA au rabais, les violences physiques, médicales et administratives sur les personnes trans, la mutilation des enfants intersexes. Les Prides des banlieues et Radicales doivent être des temps de mobilisations de toutes les forces antiracistes, en soutien avec les concerné·es.
  • La criminalisation des mouvements militants : antifascistes, antisionistes, Gilets Jaunes etc. Les féministes des quartiers populaires sont de tous ces combats : s’attaquer à un.e de nous, c’est s’attaquer à tou·tes

Nous marcherons donc le 15 octobre 2022 dans les rues de Saint Denis.

Nous marcherons pour que cesse notre silence collectif face aux violences : que notre bourreau soit l’État, intime ou nos camarades de lutte. Nous marcherons pour porter un féminisme populaire antiraciste, en rupture avec le féminisme d’Etat. Nous marcherons pour honorer les mort·es et pour protéger les vivant·es.

Nous marcherons pour mettre au centre des débats : nos combats, nos réparations et nos victoires.

Qu’avec les noms de : Zyed, Bouna, Adama, Lamine ou Yanis et toutes les victimes de la police résonnent aussi dans nos quartiers les noms de : Sohane, Fouad, Dinah, Melissa, Alisha, Farida, Vanessa Campos, Ivana… et toutes les victimes des violences sexistes, LGBTQIphobes et sexuelles.

Nos quartiers ne sont pas des déserts féministes !

Rendez-vous à la basilique de Saint-Denis le samedi 15 octobre à partir de 14 h pour une marche par et pour les habitant.e.s des quartiers populaires.

ON ACHÈVE BIEN PÔLE EMPLOI

Ce mardi 4 octobre, une majorité de député.e.s de l’Assemblée Nationale a validé, lors de sa première lecture, le texte proposé par le gouvernement sur les « mesures d’urgence » concernant l’Assurance Chômage, notamment dans son article 1.

Retour sur les conséquences des règles actuelles Les règles actuelles d’indemnisation du chômage issues des décrets de 2019, 2020 et 2021 ont déjà produit des effets néfastes pour les chômeurs : des dizaines de milliers d’entre elles/eux ont été exclu.e.s du régime d’Assurance Chômage alors qu’ils/elles auraient pu y prétendre avec les règles antérieures.

La part des bénéficiaires du revenu de remplacement est de 40 % des inscrit.e.s à Pôle emploi (2,4 millions de personnes), chiffre qui diminue d’année en année… Le montant perçu par les privé.e.s d’emploi indemnisé.e.s est de 960 € en moyenne, soit en dessous du seuil de pauvreté.

Dans l’émission de ce jour, nous recevions, Francine royon, de la CGT Pôle emploi. En sa compagnie, nous revenons sur la situation à Pôle emploi et sur le mouvement de grève qui débute ce 11 octobre.

COMMUNIQUE DE PRESSE Paris, le 22/09/2022
RÉMUNÉRATION, ASSURANCE CHÔMAGE, ARRIVÉE DE FRANCE TRAVAIL :LES AGENTS FRANCILIENS DE POLE EMPLOI EN GRÈVE À PARTIR DU 11 OCTOBRE

Réunis en Assemblée générale le 28 juin et le 19 septembre, plus de 200 agents de Pôle emploi Ile de France ont décidé
de lancer une grève reconductible à compter du 11 octobre afin d’obtenir l’augmentation de leurs rémunérations et
une amélioration sensible de leurs conditions de travail.

Ils ont le soutien des syndicats franciliens de la CGT Pôle emploi, FO Pôle emploi, SNU Pôle emploi et Sud Solidaires(organisations majoritaires dans la région), et l’appui des syndicats et associations de chômeurs.
Avec la préoccupation de la défense des missions de service public et à la veille de décisions capitales (création de
France Travail, réforme de l’assurance chômage, entre autres…), dans un contexte d’inflation particulièrement difficile
pour ces agents, ces agents entendent revendiquer, entre autres :
-l’augmentation des rémunérations afin d’obtenir une réelle revalorisation qui prenne en compte
l’inflation actuelle et la perte du pouvoir d’achat notée ces dernières années
-la création de milliers de postes en CDI et la titularisation des agents en CDD sur, notamment, les missions
de conseil à l’emploi et d’indemnisation
-l’abandon des prestations collectives inefficaces, multipliées ces derniers mois, au bénéfice
d’accompagnements répondant aux besoins des usagers.
-l’abandon du CRI (conseiller référent indemnisation) qui conduit les agents à devoir s’occuper chacun de
plus de 1000 usagers dans de nombreuses agences,
-la fin de l’externalisation des missions d’accompagnement auprès d’opérateurs privés de placement
-l’abrogation de la contre-réforme de l’assurance chômage
Une première mobilisation nationale a eu lieu le 1er février, donnant lieu à des niveaux de débrayage inédits en Ile de
France, principalement parmi les conseillers mais aussi parmi les membres de l’encadrement intermédiaire.
Depuis cette mobilisation, les agents considèrent que la situation a empiré :
-une souffrance accrue et généralisée dans tout le réseau
-une charge de travail en augmentation permanente, chez les collègues en charge de l’indemnisation (mise en place
de nouvelles règles de calcul, création des postes de conseillers référents…) et de l’accompagnement (augmentation
des plans d’actions chronophages et inefficaces…).
-une mise sous pressions aux résultats et aux indicateurs

D’ores et déjà, des rendez-vous sont fixés 
: 8.30 : piquets de grève et distribution de tracts à l’attention des usagers devant les agences de Diderot (Paris 12e),
Montreuil, Vitry notamment.
 11.00 : Assemblée Générale des grévistes et rassemblement devant la Direction Générale (5 Avenue du Docteur Gley
75020 Paris)

ENEDIS/RAFFINERIE/GRDF : crise énergétique ou crise sociale?

Dans l’émission d’aujourd’hui nous vous diffusons plusieurs reportages réalisés autour des mobilisations qui s’organisent dans le secteur de l’énergie.

Le mercredi 5 octobre dernier, deux syndicalistes agents d’Enedis en Dordogne ont été interpellés et placés en garde à vue par les renseignements généraux, dans le cadre d’une enquête sur une coupure « sauvage » d’électricité, le 10 janvier, dans une entreprise du département classée Seveso. Une action menée dans le cadre de la contestation contre la réforme des retraites. Jusque là pratique syndicale courante, dans le cadre de la crise énergétique et économique doublée de la répression des militants, l’état utilise l’artillerie lourde pour répandre la peur chez les salariés. Dans une première partie d’émission nous vous diffusons donc l’interview de Cédric syndicaliste CGT réalisé le 6 octobre 2022 lors d’un rassemblement de soutien organisé dès le lendemain par les salariés.

Ensuite, nous vous diffusons un interview réalisé avec Paul délégué CGT de la raffinerie de Grand Puit, le mardi 4 octobre 2022, qui nous fera un point sur les raisons de la mobilisation et sur la force du mouvement après les 72 première heures de blocage.

Puis pour finir cette émission nous vous diffuserons l’interview de Luc Andre Pons autour de l’affaire de Moussa Gakou, salarié de GRDF depuis 15 ans qui dans sa participation à la mobilisation des agents de l’électricité et du gaz pour l’augmentation des salaires est lui même soumis à une répression judiciaire et patronale. A l’appel de la Fédération nationale des mines et de l’énergie (FNME-CGT), et comme d’autres techniciens grévistes Moussa, les 15 et 22 juin dernier dans ce cadre syndicale coupe le gaz pour pousser la direction de Gaz Réseau Distribution France (GRDF) la partie ex GDF à négocier. Son employeur a porté plainte contre lui. La filiale de l’entreprise publique Engie l’accuse de « dégradation volontaire d’une installation gaz ». Perquisitionné chez lui à Argenteuil dès 6h du matin,il est finalement condamné à 6 mois d’interdiction d’exercice de son métier, 90 h de travaux d’intérêt généraux notamment GRDF le fait passer le 15 novembre en entretien pour licenciement.

Contre la résilience par Thierry Ribault / mobilisation pour Vincenzo Viecchi

Sciences Critiques et l’association Technologos organisait une Rencontre consacrée à la technocritique, le vendredi 23 et le samedi 24 septembre 2022, à Sceaux (Hauts-de-Seine).

Intitulées « Crise écologique : pourquoi critiquer la technique aujourd’hui ? », ces rencontres avaient pour objectif, dans le contexte actuel de fuite en avant technoscientifique sur fond de crises environnementale, sociale et (géo)politique, de penser la dynamique mortifère du solutionnisme technologique contemporain et armer intellectuellement la critique.

Nous vous proposons d’écouter, Contre la résilience, par Thierry Ribault qui est intervenu lors de cette rencontre.
« La résilience entend nous préparer au pire sans jamais en élucider les causes »

Le chercheur en sciences sociales Thierry Ribault se livre à une critique virulente de la résilience, véritable « technologie du consentement » visant, à rendre acceptable et inéluctable le désastre par tous. Avec la résilience il s’agit de cogérer et de s’adapter aux politique de destruction du vivant.

Face à l’épidémie de Covid-19, au changement climatique ou au terrorisme, la société française est invitée à renforcer sa résilience. Dix ans après la catastrophe de Fukushima et l’adoption par le Japon d’un plan de « résilience nationale », la France forte de cette expérience à mis en place le projet de loi Climat et résilience.

Chercheur en sciences sociales au CNRS, coauteur avec Nadine Ribault des Sanctuaires de l’abîme. Chronique du désastre de Fukushima (L’Encyclopédie des nuisances, 2012), Thierry Ribault vient de publier Contre la résilience. À Fukushima et ailleurs (L’Échappée, 368 pages, 22 euros).

Une critique radicale d’un concept qu’il décrit à la fois comme une idéologie de l’adaptation et une technologie du consentement qui vise à rendre acceptable la fatalité du désastre en évitant de nous interroger ou de nous attaquer aux causes. Il faut vivre avec et gérer les conséquences. C’est le règne de la démerde individuelle. Ce qui compte, ce n’est pas ce qui s’est passé, mais comment les individus le vivent, le ressentent et acceptent de vivre avec.

La résilience nous invite à explorer les mille et une manières de plier sans rompre, se nous rendre conforme à notre milieu et nous renforcer dans l’épreuve. Il s’agit de résister sans opposer de résistance et d’accepter d’évoluer dans une société profondément inégalitaire, injuste et destructrice de notre environnement.

Apprivoiser le pire afin de soi-disant nous renforcer, gagner le droit de survivre. La résilience n’est pas un truc médiatique ou psychologique, mais plus concrètement ce sont des politiques publiques misent en place.

En seconde partie d’émission, nous reviendrons sur les mobilisations contre l’expulsion de Vincenzo Viecchi. À cet effet, nous entendrons deux prises de paroles : celle de Jean-Baptiste du comité qui revient sur l’audience de La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 21 janvier 2022 et l’intervention de Margot Medkour de Nantes en Commun le 24 septembre dernier à Nantes.

Pour plus d’info :

CHRONOPOST/RSI/DPD COUDRAY: une lutte pour la régularisation

Depuis maintenant bientôt un an les trois piquets de gréve de DPD Coudray, Chronopost, et RSI ( agence d’interim) sont en gréve reconductible pour leur régularisation.

Notre émission a pu réaliser de nombreux reportages lors de cette dernière année. Néanmoins, nous n’avions pu les recevoir dans les studios de Fréquence Paris Plurielle. Le 26 septembre dernier, et en vue de la “rentrée sociale”, il nous a semblé important de les accueillir afin de pouvoir faire un point de bilan sur les différentes étapes de la lutte l’année dernière afin ensuite de pouvoir envisager l’avenir.

Nous vous diffusons donc aujourd’hui une émission d’un format d’une heure et trente minutes, réalisé avec un membre de chacun des piquets de gréve qui permet de faire un point sur leur actualité et de revenir sur les stratégies de luttes qui s’offrent à nous.

Pour les soutenir :

https://www.cotizup.com/sanspapiersdpd

RÉPRESSION DANS L’ÉDUCATION NATIONALE / MANIFESTATION DU 29 SEPTEMBRE 2022

Dimanche 4 septembre, soit quelques jours après la rentrée des classes, Kai Terada enseignant au lycée Joliot Curie de Nanterre et militant Sud-Éducation, prenait connaissance de la décision de suspension de 4 mois notifiée par le rectorat sans motif. Le 8 septembre, il était convoqué au rectorat de Versailles, qui lui a indiqué qu’il n’y avait pas lieu de convoquer une commission disciplinaire, mais qu’une procédure de “mutation dans l’intérêt du service” serait lancée.

Kai Terada militant Sud-Éducation, prenait connaissance de la décision de suspension de 4 mois notifiée par le rectorat sans motif. Le 8 septembre, il était convoqué au rectorat de Versailles, qui lui a indiqué qu’il n’y avait pas lieu de convoquer une commission disciplinaire, mais qu’une procédure de “mutation dans l’intérêt du service” serait lancée sous 10 à 15 jours

le 21 septembre, un rassemblement se tenait prés du ministère de l’éducation nationale ou fut reçu une délégation

Le 23 septembre dernier un rassemblement de soutien à Kai Terada était organisé devant la préfecture de Nanterre, lendemain de la décision du ministère de l’éducation nationale de “muter pour le bien du service” ce militant syndical dans le lycée Jean Baptiste Piquelin à Saint-Germain en Laye un désert syndical.Suite a la réception de la délégation du lycée Joliot Curie de Nanterre nous auront un retour sur “l’inspection 360” dont a fait l’objet le lycée.

Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons l’écoute des reportages réalisés les 21 et 23 septembre 2022.

Pour soutenir

✱ Soirée de soutien à Kai, le vendredi 7 octobre à partir de 18h : débats et concerts, au local de la CNT 33 rue des Vignoles 75020 Paris
✱ Grève & rassemblements le mardi 11 octobre, en soutien à Kai et contre la répression antisyndicale dans l’éducation

la grève interprofessionnelles pour les salaires, les pensions, les bourses d’études, les minima sociaux du 29 septembre 2022 dans la manifestation parisienne

Cette journée de grève a été appelée par la CGT et Solidaires dès le début de l’été. L’appel à la grève portait notamment sur le smic à 1800 ou 2000 €,la semaine de 32h,l’augmentation du RSA et des minimas sociaux…)

dans ce reportage, nous entendrons les entretiens réalisé lors de cette manifestation et nous débutons par une interview réalisé avec un syndicaliste de Élior entreprise multinationale française spécialisée dans la restauration collective et les services.

Les assises unitaires de la santé

Le 29 septembre dernier se tenait à la bourse du travail de paris, la première réunion publique des assises unitaires de la santé et dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie de cette rencontre.

Ces assises de la santé invitent des usagers, des soignants, des organisations syndicales et des associations de patients. L’objectif pour le collectif : « contribuer à l’organisation d’une mobilisation unitaire massive à même de porter un coup d’arrêt à la destruction planifiée du tissu hospitalier, elle-même liée à celle de la sécurité sociale. ». Ce collectif francilien, s’est créé à la fin de l’année 2021 à la suite d’une réunion publique sur le sujet du passeport sanitaire.

TEXTE D’APPEL

“Nous sommes un collectif francilien constitué contre le passe sécuritaire et son monde totalitaire, créé à la fin de l’année 2021 à la suite d’une réunion publique sur le sujet du passeport sanitaire. Ce dernier, et sa suite le passeport vaccinal, ont été les instruments d’une politique liberticide, inégalitaire, sécuritaire et autoritaire, ayant eu pour effet l’application d’un contrôle social renforcé sur la population.

Nous nous intéressons plus précisément d’une part, à l’accroissement du numérique dans notre société et dans nos vies, dont la généralisation se fait à marche forcée, et dont l’utilisation pensons-nous, accompagne la politique de destruction des services publics. D’autre part, nous apportons un vif intérêt aux questions de santé, constatant avec rage sinon avec amertume, la destruction du soin et la destruction de notre système de santé publique.

C’est en ce sens que nous avions organisé en mai 2022, dans la continuité de notre opposition à Mon Espace Santé, une conférence-débat intitulée “Reprendre le pouvoir sur notre santé” avec le sociologue Frédéric Pierru et deux des auteurs du livre “Le business de nos données médicales”, Audrey Boulard et Simon Woillet.

A présent, nous organisons des assises de la santé mêlant usagers et soignants, organisations syndicales et associations de patients. Le but espérons-nous, serait de contribuer à l’organisation d’une mobilisation unitaire massive à même de porter porter un coup d’arrêt à la destruction planifiée du tissu hospitalier, elle-même liée à celle de la sécurité sociale.

Car c’est peut-être à cette seule condition-là que nous pourrons reconstruire l’hôpital public et améliorer la sécu.

Sans préjuger de l’importance et de l’impact de cet événement dont l’ambition nous dépasse, nous souhaitons participer, nous usagers, sans (rien) attendre les (des) directions syndicales et les (des) partis politiques. Nous ne pouvons pas rester divisés alors que nous sommes si nombreux à être impactés par une rupture du service public et par les problèmes soulevés depuis des années par les soignants.

Alors, une mobilisation égale ou supérieure à celle des gilets jaunes en faveur de l’hôpital public ? Chiche !

Les assises de la santé se tiendront le 29 septembre à 19h, à la Bourse du Travail, 29 boulevard du Temple, salle Hénaff.

Pour tout contact : nonsecuritaire@protonmail.com”