Secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine, il est arrêté le 15 janvier 2002 par l’Autorité Palestinienne dans le cadre de sa coordination sécuritaire avec l’occupation israélienne. Kidnappé en 2006 par Israël, il est condamné par un tribunal colonial à 30 ans de prison le 25 décembre 2008 pour son rôle politique au sein d’une « organisation terroriste ». En dépit de son emprisonnement, Ahmad Sa’adat demeure un leader de la résistance palestinienne fidèle à ses principes anticolonialistes et anti-impérialistes indéfectibles.
Pour relayer cette campagne, nous vous diffusons un entretien réalisé avec le porte parole du collectif Palestine vaincra réalisé le samedi 21 janvier 2023. Ce fut l occasion de revenir avec lui sur la campagne mais aussi sur la question de la détention comme une arme coloniale.
Il y a trois ans, La Quadrature du Net, association de défense des libertés numériques, lançait l’initiative technopolice pour recenser et contrer les nouvelles technologies policières dans nos villes.
Pour ce premier évènement en région parisienne, la quadrature du net souhaite mettre la lumière sur un évènement qui arrive à grand pas et va transformer nos villes : les Jeux Olympiques de 2024.
Sous prétexte de leur dimension « exceptionnelle », les JO vont être un accélérateur de surveillance. Ils vont rendre légaux des technologies aujourd’hui interdites, en premier lieu la vidéosurveillance algorithmique, mais aussi installer des centaines de caméras de vidéosurveillance dans l’espace public francilien.
Pour organiser la lutte contre cet évènement et la banalisation de la surveillance dans nos vies quotidiennes, la quadrature du net organisait, un moment de débats, d’échanges et de fête, qui se déroulait le 14 janvier 2022 à la flèche d’or dans le 20e arrondissement de Paris.
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons la discussion/débat avec des militant·es de Saccage 2024 et des chercheur·euses sur l’utilisation politique des JO dans le déploiement de la surveillance en Île-de-France. Seras aborder la question des intérêts politiques et économiques qui poussent à faire accepter et installer les techniques de surveillance à marche forcée et débattrons des conséquences que ces Jeux auront dans nos villes et nos vies.
Invité-e-es
SACCAGE 2024, collectif en résistance face aux saccages écologiques et sociaux que provoquent les Jeux Olympiques de Paris en 2024
Matheus Viegas Ferrari, Doctorant en anthropologie et en relations internationales à l’université Paris 8 et à l’Université Fédérale de Bahia, il s’intéresse aux effets politiques des mégaévénements et leur imbrication à la fois dans la fabrique de la ville et dans les processus de mondialisation.
Marianna Kontos, architecte-urbaniste, doctorante à l’université Paris Nanterre, thèse en cours “JO Paris 2024 en Seine-Saint-Denis. Enjeux démocratiques de la fabrication de la ville”
Non à la vidéosurveillance algorithmique, refusons l’article 7 de la loi olympique ! la quadrature du net, 18 janvier 2023
Aujourd’hui, le projet de loi olympique commence à être examiné en commission au Sénat. En son sein, l’article 7 vise à autoriser la vidéosurveillance algorithmique (VSA). Bien qu’elle soit prétendument circonscrite aux JO, il n’en est rien : la VSA est un projet politique du gouvernement qui n’attendait qu’une occasion pour sortir des cartons (lire notre analyse de ce projet de loi ici).
La VSA est déjà déployée illégalement en France
Après avoir voulu intégrer la VSA dans la loi Sécurité Globale, puis dans la LOPMI, le gouvernement utilise les Jeux olympiques comme prétexte pour faire passer des mesures qui visent à accélérer la surveillance de la population.
Depuis 2019, date de lancement de la campagne Technopolice, nous observons que des dizaines de villes en France ont expérimenté, illégalement, la vidéosurveillance algorithmique. Dès 2016, c’est la ville de Toulouse qui a passé un contrat avec IBM pour détecter des « événements anormaux ». Le logiciel de VSA de l’entreprise Briefcam est également déployé dans [au moins] 35 communes en France (dont Nîmes, Moirans où nous l’avons attaqué devant le tribunal administratif). Depuis 2018, c’est la ville de Marseille, avec la SNEF, qui analyse algorithmiquement les corps de ses habitant.es via les caméras de vidéosurveillance du centre ville.
À l’origine de la vidéosurveillance algorithmique : les caméras
1) Une absence criante d’évaluation publique concernant la vidéosurveillance
Depuis la fin des années 90, la vidéosurveillance n’a cessé de se déployer en France. Le dernier recensement des caméras, privées comme publiques, réalisé par la CNIL il y a plus de 10 ans en comptabilisait 800 000 sur le territoire. Depuis, les subventions publiques qui leur sont destinées n’ont cessé de croître, atteignant 15 millions d’euros en 2021. La LOPMI a acté le triplement de ce fond. S’il existe un tel engouement pour la vidéosurveillance, c’est qu’il doit exister des résultats tangibles non ? Et pourtant non…
Le projet de loi propose d’expérimenter la vidéosurveillance automatisée alors même qu’aucune évaluation publique des dispositifs actuels de vidéosurveillance n’existe, qu’aucun besoin réel n’a été identifié ni une quelconque utilité scientifiquement démontrée. Le projet du gouvernement est donc de passer à une nouvelle étape de la surveillance de masse, en fondant la légitimité d’une technologie très intrusive sur l’intensification de la surveillance via l’automatisation de l’analyse des images, alors que l’utilité des caméras de vidéosurveillance pour lutter contre la délinquance n’a jamais fait ses preuves. Contrairement au principe qui voudrait que toute politique publique soit périodiquement évaluée, la vidéosurveillance — notamment dans sa nouvelle version automatisée — se développe sur le seul fondement des croyances défendues par les personnes qui en font commerce et qui la déploient. De fait, aucune étude d’impact préalable à l’installation de dispositifs de vidéosurveillance ou de VSA n’est sérieusement menée.
2) De rares études pointent unanimement vers l’inutilité de la vidéosurveillance
Or, les évaluations portant sur la vidéosurveillance soulignent au contraire l’inefficacité et le coût faramineux de tels dispositifs : Le rapport de la Cour des comptes de 2020 rappelle qu’« aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation ». Quant au laboratoire de recherche de la CNIL, le LINC, il affirme après avoir passé en revue l’état de l’art que « la littérature académique, en France et à l’international […], a démontré que la vidéosurveillance n’a pas d’impact significatif sur la délinquance ». Plus récemment, les recherches du chercheur Guillaume Gormand, commandées par la gendarmerie, concluent elles aussi à une absence d’effet sur la commission d’infraction et à une utilité résiduelle pour l’élucidation des infractions commises (1,13 % des enquêtes élucidées ont bénéficié des images de caméras sur la voie publique).
3) Le coût faramineux de la vidéosurveillance
En outre, petit à petit, la vidéosurveillance a fait exploser les budgets publics qui lui étaient consacrés. Sur le court terme, ces dispositifs impliquent le développement ou l’achat de logiciels de gestion du parc de caméras (système de gestion vidéo sur IP, ou VMS), l’installation de nouvelles caméras, la transmission de flux, des capacités de stockage des données, des machines assez puissantes pour analyser des quantités de données en un temps très rapide. Sur le temps long, ils nécessitent la maintenance, la mise à niveau, le renouvellement régulier des licences logicielles, l’amélioration du matériel qui devient très vite obsolète et enfin les réparations du matériel endommagé.
À titre d’illustration, le ministère de l’Intérieur évoque pour les Jeux Olympiques l’installation de 15 000 nouvelles caméras, pour 44 millions d’euros de financement du Fond interministériel pour la prévention de la délinquance – FIPD.
Une caméra de vidéosurveillance coûte [D’après cet article de La Dépêche du 13 septembre 2021 : https://www.ladepeche.fr/2021/09/13/toulouse-bientot-des-cameras-de-videoprotection-a-la-demande-pour-les-quartiers-9787539.php] à l’achat aux municipalités entre 25 000 et 40 000 euros l’unité, sans prendre en compte le coût de l’entretien, du raccordement ou du potentiel [D’après cet article d’Actu Toulouse du 18 juin 2021 https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/toulouse-comment-la-ville-veut-aller-plus-loin-contre-la-delinquance-avec-des-cameras-mobiles_42726163.html] coût d’abonnement 4G/5G (autour de 9 000 € par an et par caméra).
« Il y aura toujours plus de caméras et toujours plus d’utilisation de l’intelligence artificielle » à Nice, affirme Estrosi pour « gérer la circulation, les risques de pollution, les risques majeurs, pour lutter contre le trafic de drogues, les rodéos urbains et pour anticiper toutes les menaces ».
La VSA : une nouvelle étape dans le mythe de l’efficacité de la vidéosurveillance
La vidéosurveillance algorithmique est présentée comme une manière de rendre plus efficace l’exploitation policière de la multitude de caméras installées sur le territoire. Il existerait trop de caméras pour qu’on puisse les utiliser efficacement avec du personnel humain, et l’assistance de l’intelligence artificielle serait inévitable et nécessaire pour faire face à la quantité de flux vidéo ainsi générée.
Cette idée que l’automatisation permettrait de rendre la vidéosurveillance enfin efficace s’inscrit dans une vieille logique du « bluff technologique » de la vidéosurveillance. Depuis des années, les industriels du secteur ne cessent de promettre que l’efficacité de la vidéosurveillance dépend d’un surcroît d’investissement : il faudrait plus de caméras disséminées sur le territoire, il faudrait que celles-ci soit dotées d’une meilleure définition, qu’elles offrent une champ de vision plus large (d’où l’arrivée de caméras 360, pivot), etc. Mais aussi qu’elles soient visionnées « en direct ». Il a donc fallu créer des centres de supervision urbaine – CSU dans toutes les villes, puis y mettre des gens pour visionner le flux vidéo 24h/24. Il a aussi souvent été dit qu’il fallait davantage d’agents dans les CSU pour scruter les flux vidéo à la recherche d’actes délinquants commis en flagrance. Maintenant, il faut « mutualiser » les CSU au niveau des intercommunalités, ce dont se félicite Dominique Legrand, président du lobby de français de la vidéosurveillance, l’AN2V.
Dominique Legrand, président fondateur de l’AN2V, l’association nationale de la vidéoprotection évoque, à propos de la centralisation de CSU « L’objectif de la création d’un tel dispositif est de pouvoir assurer le visionnage en temps réel de manière centralisée, en un même lieu (cyber) sécurisé, de l’ensemble des caméras des communes et intercommunalités […] L’AN2V a déjà évangélisé cette idée sur plusieurs départements et régions ! » cité dans le guide PIXEL 2023 édité par l’AN2V.
Chaque nouvelle nouvelle étape dans la surveillance promet son efficacité et tente de légitimer les investissements précédents. Au fil des années ces multiples promesses de la vidéosurveillance n’ont pas été tenues. En l’absence de toute évaluation ou étude préalable, la généralisation de la VSA ne serait qu’une perte de temps et d’argent, en plus de constituer une profonde remise en cause de nos droits et libertés.
LA VSA ne sera pas circonscrite aux jeux olympiques
Symptomatique d’un marché économique juteux, les industriels ont patiemment attendu que le gouvernement trouve une bonne opportunité pour légaliser cette technologie tout en ménageant « l’acceptabilité » de la population. Si les JO sont le prétexte idéal, ne soyons pas naïfs : comme on l’a déjà vu, la VSA est déjà « expérimentée » depuis plusieurs années dans des communes et fait l’objet de quantité de financements publics pour se perfectionner. De plus, une fois que tous ces algorithmes auront pu être testé pendant deux ans, lors de tout événement « festival, sportif ou récréatif » – comme le prévoit l’article 7 -, que les entreprises sécuritaires auront fait la promotion de leurs joujoux devant le monde entier lors des JO, que des dizaines de milliers d’agents auront été formés à l’utilisation de ces algorithmes, il semble peu probable que la VSA soit abandonnée fin 2024.
Des populations-laboratoires
Un autre aspect de la VSA est la tendance croissante à être mis en données. Au-delà de la surveillance de l’espace public et de la normalisation des comportements qu’accentue la VSA, c’est tout un marché économique de la data qui en tire un avantage. Dans le cadre des expérimentations prévues par le projet de loi, dès lors qu’un acteur tiers est en charge du développement du système de surveillance, cela permet aux entreprises privées concernées d’utiliser les espaces publics et les personnes qui les traversent ou y vivent comme des « données sur pattes ». C’est exactement ce que prévoit le VIII de l’article 7 puisque les données captées par les caméras dans l’espace public peuvent servir de données d’apprentissage.
Les industries de la sécurité peuvent donc faire du profit sur les vies et les comportements des habitants d’une ville, améliorer leurs algorithmes de répression et ensuite les vendre sur le marché international. C’est ce que fait notamment la multinationale française Idémia, qui affine ses dispositifs de reconnaissance faciale dans les aéroports français avec les dispositifs PARAFE ou MONA, pour ensuite vendre des équipements de reconnaissance faciale à la Chine et participer à la surveillance de masse, ou encore pour remporter les appels d’offres de l’Union Européenne en vue de réaliser de la surveillance biométrique aux frontières de l’UE. Tel a également été le cas à Suresnes où l’entreprise XXII a obtenu le droit d’utiliser les caméras de la ville pour entraîner ses algorithmes, les habitantes et habitants de la ville étant transformé·es en cobayes pour le développement commercial d’un produit de surveillance.
A titre d’exemple, l’un des plus importants marchés de la surveillance aujourd’hui porte sur le contrôle des frontières à l’intérieur et à l’extérieur des pays membres de l’Union européenne. L’usage d’algorithmes de détection de comportements est ainsi utilisé sur des drones en Grèce afin de repérer et suivre des personnes aux zones de frontières. Dans ce cas précis, il est impossible de réduire la technologie fournie (et donc conçue et entraînée au préalable) à une seule assistance technique. Au contraire, elle est au service d’une politique policière répressive et d’une pratique dénoncée comme brutale dans ce pays. 1
Nous appelons les parlementaires à refuser l’article 7 du projet de loi olympique et continuons à nous mobiliser contre l’imposition de ces technologies liberticides !
References
↑1
Ceci est typiquement illustré par l’aveu même d’une personne faisant parti d’un consortium de recherche ayant développé cet outil, que l’on peut lire dans cet article d’Algorithm Watch https://algorithmwatch.org/en/greece-plans-automated-drones/ : “For me, the one thing is, I don’t know exactly what the police will do to the migrants after we alert them.” He grimaced. “But what can I do,” he said. »
En Appel à la mobilisation contre la réforme des retraite du 19 janvier 2023, nous avons décidé de vous rediffuser le montage que nous avions réaliser de la 1ere journée de mobilisation contre la réforme des retraites du 5 décembre 2019.
Vous pourrez donc entendre les reportages réalisé lors de manifestation qui partait de République; puis une partie des prises de parole de l’assemblée générale qui se dérouler à “la Générale” dans le 11eme arrondissement de Paris suite à cette manifestation.
Depuis l’assassinat par la police de la jeune Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, l’Iran est secoué par une révolte que le régime des Mollahs ne parvient pas à éteindre, malgré une répression féroce.
La solidarité internationale avec le peuple iranien s’organise. Diverses manifestations ont lieu.
les organisations syndicales, se joignent au mouvement. Le 2 décembre 2022, le collectif intersyndical Iran, organisait a la bourse du travail de Paris un meeting de soutien en solidarité avec les manifestant-e-s d’Iran.
Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons l’écoute de quelques prises de parole de cette réunion publique.
Nous poursuivrons avec une réactualisation des informations sur la situation en Iran
Selon l’ONU, environ 14.000 personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement. Le régime a commencé à exécuter ses sentences. La peine capitale est de tout temps et en toute circonstance un « meurtre d’État ».
Il s’appelle Javad Rouhi. On ne connaît pas son âge mais il a été condamné à mort pour « corruption sur terre », « apostasie par profanation du Coran en le brûlant » et « destruction et incendie de biens publics ». Cette nouvelle condamnation à la peine capitale porte à 18 le nombre de personnes condamnées à mort en lien avec la contestation, selon un décompte établi par l’AFP.
Lundi 9 janvier, la justice iranienne avait également condamné à mort trois manifestants anti-gouvernementaux, Saleh Mirhashemi, Majid Kazemi et Saeid Yaghoubi, accusés d’avoir tué des Bassidjis, membres des forces paramilitaires iraniennes en marge de manifestations à Ispahan.
Celon human right iran 476 manifestants auraient été tués depuis mi-septembre.
Quatre Iraniens ont été condamnés à des peines allant d’un à dix ans de prison pour avoir notamment incité à la grève lors du mouvement de contestation lié à la mort de Mahsa Amini. Le 5 décembre, des appels à une grève de trois jours ont été lancés par des militants sur les réseaux sociaux en soutien à la contestation. Après cet appel, les quatre personnes ont été condamnées en première instance à la prison principalement « pour avoir incité des chauffeurs à faire grève en décembre » dans la province de Hormozgan (sud).
« Je suis là pour demander la liberté en Iran (…) Quand j’étais petite, ils ont arrêté toute ma famille », a expliqué Sholeh Golrokhi, 49 ans, venue de Paris et qui s’est dessinée une larme rouge sur le visage. « On est contre ce régime (…) qui est contre l’humanité, contre tout le peuple iranien », a expliqué Jiyan Bahramian, un réfugié politique de 46 ans vivant à Besançon.
Des chansons du rappeur Toomaj Salehi, arrêté pour son soutien au mouvement, étaient diffusées.
“On souhaite que la France ferme l’ambassade des mollahs” : à Lyon, l’appel de la diaspora iranienne à Emmanuel Macron”, voilà ce que demandaient les manifestants ce dimanche 8 janvier, à Lyon.
Une manifestante posait une question à Monsieur Macron : pourquoi hésite-t-il ?, Les intérêts de la France pourraient être maintenus et gardés bien au chaud, même avec un régime démocratique. Pourquoi la France dit que sa priorité, c’est le traité nucléaire ? Il n’y a plus à négocier avec un régime de dictature et meurtrier comme celui-là.”
Et pour terminer l’émission, nous faisons un point sur le mouvement social qui débute contre la nouvelle réforme des retraites.
On se retrouve dans la rue ce jeudi 19 janvier et pour paris, le rendez-vous sera à 14 h à République pour la manifestation en direction de Nation via Bastille.
La proposition de loi de « Renaissance » votée par les groupes LES RÉPUBLICAINS et RASSEMBLEMENT NATIONAL à l’Assemblée nationale le 2 décembre 2022, envoie en prison ou à la rue, les sans-logis squatteurs de logements vides et les locataires en précarité :
Il punit de 3 ans de prison et de 45 000€ d’amende :
-Les squatteurs ou les sans logis, qui occupent un bâtiment ou des logements VIDES, une usine désaffectée, des bureaux vacants …. -l’occupation de la résidence principale ou secondaire de petits propriétaires est déjà réprimée. -Les locataires, y compris HLM, dont le bail a été résilié, pour retard de loyer ou de charges, congé vente ou reprise, bail, mobilité ou bail étudiant -Les personnes sans bail : hébergées, victimes de marchands de sommeil, conjointes… -Les accédant.e.s à la propriété surendettés, qui perdent leur titre de propriété, ainsi que les petits commerçant.e.s et artisan.e.s dont le bail est résilié -Et même les grévistes occupant leur lieu de travail et les piquets de grève…
La Loi Kasbarian-Bergé c’est la prison ou la rue !
Les profits tirés du logement cher sur notre dos n’ont jamais été aussi importants, comme le nombre de logements et immeubles entiers laissés vides pour spéculer. Le nombre de familles mal logées, sans logis ou menacées d’expulsion explose, tandis qu’il faut choisir entre manger, se chauffer et payer son loyer.
Cette loi est faite pour la spéculation, les riches et les groupes financiers Accélère les procédures d’expulsion en réduisant tous les délais, limitant les possibilités pour les locataires en impayé de se maintenir dans le logement en remboursant leur dette, et menace de la prison les locataires qui refusent de se jeter à la rue d’eux-même.
Dans ce contexte et avant le passage de la loi au Sénat, fin janvier, ce 5 janvier 2023, se tenait dans les locaux de l’association Droit au logement à Paris, une réunion publique de mobilisation contre ce projet de loi et dans l’émission de ce jour, c’est une partie de cette rencontre que nous vous proposons.
Bonne écoute !
Un Appel à mobilisation nationale intersquat contre la loi anti-squat portée par Guillaume Kasbarian, et une semaine d’action et de mobilisation auront lieu du 23 au 29 janvier 2023
Dans l’émission de ce jour, nous rendons un hommage à Adolfo Kaminsky
L’actualité des luttes poursuit son travail de diffusion d’histoires d’anonymes qui ont su avec courage et détermination s’inscrire dans l’Histoire en prenant leur responsabilité et en défiant la légalité.
Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l’expert en faux papiers de la Résistance à Paris, il ne sait pas encore qu’il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d’une vie. Durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.
Sa fille, Sarah, retrace son histoire de clandestinité, d’engagement, de combat contre le racisme, pour la solidarité avec la lutte des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l’émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d’Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d’Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d’Afrique, l’opposition aux dictateurs d’Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s’est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté.
À lire : Adolfo Kaminsky Une vie de faussaire chez Calmann-Levy de Sarah Kaminsky
Cette émission fut diffusée pour la première fois, le 12 janvier 2015
Le 9 octobre 2022, Le collectif 98, la Parole Errante et l’équipe de Les Peuples Veulent organisaient à Montreuil une rencontre avec l’Association Révolutionnaire des Femmes d’Afghanistan (RAWA) pour leur tournée européenne.
RAWA est la première association indépendante de femmes afghanes. Cette organisation qui agit aujourd’hui en partie dans la clandestinité a été fondée en 1977 par la militante révolutionnaire féministe Meena Keshwar Kamal et un groupe de femmes progressistes et anti-impérialistes luttant pour la démocratie. Parce que les femmes de RAWA se battent toujours et encore pour la liberté, la démocratie, le respect des droits des femmes et une société basée sur la justice et la laïcité; et face au silence assourdissant et à la complicité des médias et gouvernements européens, Meriem était avec nous le 09 octobre pour porter la voix de ses camarades et raconter leur combat.
Cette émission (exceptionnellement d’une heure et trente minutes) se découpe en trois parties. Tout d’abord vous pourrez entendre la prise de parole de RAWA autour du contexte historique et politique en Afghanistan. Ensuite, vous entendrez une partie de l’échange qui a eu lieu avec le public. Puis vous pourrez entendre, un interview réalisé avec Meriem à la suite de son exposé dans le studio radio de la parole errante demain.
Le 7 janvier 2023 se tenait des manifestations gilets jaunes à travers la France avec des revendications portant principalement sur les retraites, la vie chère et l’utilisation des articles 49.3. Vous pourrez entendre un reportage à cette occasion, réalisé dans le cortège parisien.
“Les gilets jaunes d’Agde dans l’Hérault se sont retrouvés sur leur rond-point habituel. Ils étaient une vingtaine à Millau, et le même nombre à Nîmes. L’indépendant aura recensé une centaine de manifestants à Carcassonne.
Une centaine de Gilets jaunes sont réunis à Angers, où un gilet jaune géant floqué de l’inscription « Stop Macron et son monde » à été enlevé des grilles du Jardin des Plantes par la police. Sur Pau les contestataires ont plutôt opté pour une ouverture des barrières du péage d’autoroute local. Deux rendez-vous étaient proposés aux gilets jaunes de la région d’Avignon . Le premier sur un rond-point. Le second en centre-ville, où les manifestants ont dû se séparer en petits groupes pour échapper à une nasse mise en place par les forces de l’ordre. Le Progrès comptait une vingtaine de gilets jaunes en début d’après midi à Bellay. Sur Bordeaux une centaine de manifestants ont défilé en centre ville. Une petite quinzaine de gilets jaunes ont occupé un rond-point à Nancy. 60 personnes étaient rassemblées à Nice. France 3 Régions évoque des revendications contre la réforme des retraites, la vie chère et l’usage intensif de l’article 49.3 par la majorité macroniste, là où le journal indépendant Mouais parle d’une mobilisation contre le vaccin du Covid. La Dépêche compte une cinquantaine de manifestants à Tarbes La mobilisation était plus importante à Vannes où, selon « Le Télégramme », « 200 personnes environ ont manifesté ». Des chiffres similaires dans le Grand Est, où le quotidien régional « l’Alsace » évoque« autour de 150 manifestants à Strasbourg et Colmar, 200 à Mulhouse ». Trois cents gilets jaunes étaient mobilisés à Toulouse, et une vingtaine à Montauban. Une quarantaine de gilets se sont aussi retrouvés à Gerzat, tout près de Clermont Ferrand, au rond-point près du péage de l’A67. Mobilisation comparable au Mans. Cinquante GJ battaient le pavé à Chambéry et à Perpignan, pour une dizaine à Albertville.
D’autres rassemblements se sont tenus à Alençon, Andrézieux, Annecy, Annonay, Augny (près de Metz), Barentin, Belfort, Bergerac, Besançon, Cahors, Cannes, Choisey, Cognac, Colomiers, Davézieux, Dijon, Essay-les-Nancy, Etampes, Figeac, Fontainebleau, Gisors, Grenoble, Kingersheim, La Roche sur Yon, La Réunion, Lille, Lommes, Lons le Saunier, Marseille, Montabon, Montélimar, Montluçon, Niort, Le Puy en Velay, Saint-Avold, Saint-Brieuc, Saint- Nazaire, Saint-Geneviève des bois, Toulon, Trignac, Ussel, Villefranche de Lauragais, Villefranche sur Saône, Villeneuve sur Lot, Voujeaucourt ou encore Wassellonne.”
Le deuxième reportage porte sur la marche commémorative en hommage à trois militantes kurdes assassinées il y a 10 ans, pour crier leur exigence de vérité et de justice, et ce, alors que deux semaines plus tôt, trois personnes kurdes, se faisaient tuer à nouveau dans les rues de Paris.
Communiqué du Conseil démocratique kurde en France :
“Alors que nous étions entièrement affairés aux préparatifs du 10e anniversaire du triple assassinat des militantes kurdes exécutées par l’État turc à Paris le 9 janvier 2013, trois autres militants kurdes ont été froidement assassinés le 23 décembre 2022, dans un attentat terroriste visant le siège de notre association, dans le 10e arrondissement de Paris.
Parmi les victimes, figure Emine Kara (connue sous le nom d’Evîn Goyî), une figure emblématique du Mouvement des Femmes kurdes, ainsi que le jeune chanteur kurde Mîr Perwer, qui avait été contraint de se réfugier en France suite à une condamnation par la justice turque à une peine de prison en raison de son engagement pour la culture kurde. La troisième victime est Abdurrahman Kizil, un homme kurde d’une soixantaine d’années qui fréquentait régulièrement l’association. L’attentat a fait par ailleurs trois blessés.
Pour le CDK-F, il ne fait aucun doute que la Turquie et ses services de renseignements sont impliqués dans cet attentat terroriste qui a endeuillé le peuple kurde et toute la France. C’est pourquoi, nous avons aussitôt soulevé auprès des autorités judiciaires le caractère terroriste de ces crimes. Cependant, à ce stade, aucune de nos revendications n’a été prise en compte. Bien que toutes les conditions soient réunies pour qualifier cette attaque meurtrière de terroriste, le parquet n’a pas retenu cette qualification, considérant qu’il s’agissait d’un acte raciste.
C’est la deuxième fois en moins de dix ans que Paris est le théâtre d’un massacre politique contre les Kurdes et particulièrement contre les femmes kurdes. Ces crimes terroristes ne touchent pas seulement la France et sa communauté kurde, mais un peuple de 50 millions de personnes dispersées dans les quatre coins du monde.
10 ans après l’assassinat à Paris des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, le sentiment d’impunité règne plus que jamais, le sentiment que la France cherche à jeter aux oubliettes ce crime politique, comme tant d’autres qui jalonnent son histoire contemporaine.
En effet, durant ces 10 longues années, l’État français n’a manifesté aucune volonté politique pour élucider cette affaire, ni fait aucun geste pour faciliter les investigations et le travail de la justice. Or, il ne s’agit pas là d’une simple affaire judiciaire, mais d’un crime terroriste dans lequel sont impliqués les services d’un État étranger, comme le confirme le réquisitoire du Procureur de la République : « de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. »
Sollicité à plusieurs reprises par les juges d’instruction pour la déclassification des informations détenues par les différents services de renseignements français concernant cette affaire, les gouvernements français successifs ont toujours opposé le secret-défense. En refusant de lever le secret-défense, la France commet un déni de justice et entretient l’impunité d’un crime politique et terroriste.
Nous le disons haut et fort: tant que les commanditaires du triple assassinat du 9 janvier 2013 ne seront pas jugés et condamnés, l’attentat politique du 23 décembre 2022 restera également impuni. Toute la lumière doit être faite, tant sur la première affaire que sur la deuxième qui endeuille et meurtrit une fois de plus notre communauté.
C’est pourquoi, il est plus que jamais nécessaire d’adopter une position commune face à cette barbarie du régime turc dont les répercussions dépassent largement la sphère kurde.
Le 7 janvier sera l’occasion de manifester notre colère et de crier haut et fort notre exigence de vérité et de justice.
Nous appelons les élus de la République, de quelque bord qu’ils soient, à se joindre à nous dans cette marche, avec leur écharpe tricolore, afin de revendiquer la justice et de mettre fin à cette impunité qui ternit l’honneur de la France.
En outre, nous appelons les défenseurs des droits humains, et particulièrement les avocats, à se joindre à la manifestation avec leur robe, afin de rappeler la primauté du droit et de revendiquer la justice aux côtés des familles des victimes et des milliers d’autres manifestants.
Enfin, nous demandons aux organisations politiques, syndicales et associatives de nous rejoindre pour porter haut nos voix et notre quête de justice.
La France doit lever le secret-défense et faire tout le nécessaire pour résoudre l’affaire du triple assassinat du 9 janvier. La justice française doit reconnaître le caractère terroriste de l’attentat du 23 décembre 2022 afin que les commanditaires soient jugés et condamnés.
En plein Paris, le 23 décembre 2022, le centre culturel Kurdes a une nouvelle fois été visé, trois personnes ont été blessées et trois autres tuées : deux hommes et une femme ; Emine Kara, responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Mir Perwer chanteur kurde et Abdulrahman Kizil un habitué du centre : pas vraiment des passants pris au hasard !
Dans cette émission, en recoupant les éléments notamment mis à jour dans les articles de l’Humanité et de Libération, et la conférence de presse du 24 décembre organisée par le conseil démocratique Kurde, nous vous proposons de revenir sur les événement qui ont endeuillé la communauté kurdes de France, forte de 350 000 membres.
Selon le gouvernement français ; Un loup solitaire, déséquilibré, pris d’une impulsion raciste, aurait pris son arme et tiré au hasard ? Yekbun Eksen le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) n’y croit pas : « Le peuple kurde, en quarante ans de lutte de libération nationale, sait qu’il n’y a jamais de coïncidence », « Pour nous, ce n’est pas anodin que ces assassinats se soient produits dans ce lieu qui fait office d’ambassade du plus grand peuple sans État ».
Difficile de croire à la thèse officielle d’un tireur isolé. Le tireur était récemment sorti de prison et a très bien pu être instrumentalisé par des pro-Erdogan, président d’extrême droite de Turquie.
«Dans cette affaire tout est trop gros»
L’homme arrêté, William M., 69 ans, ancien conducteur de train, est connu de la justice pour deux tentatives d’homicide, commises en 2016 et décembre 2021, un des faits visés concerne l’attaque raciste d’un camp de migrants, le 8 décembre 2021. Il avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour des dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire avant d’être remis en liberté le 12 décembre dernier. Malgré ces faits extrêmement graves et en récidive, il a été libéré au bout d’un an et n’est pas connu des renseignements territoriaux et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ni « fiché comme étant quelqu’un d’ultradroite » !
Selon les informations recueillies par l’Humanité, l’homme aurait été déposé par une voiture devant le siège du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) alors que devait se tenir une réunion d’une soixantaine de femmes kurdes, finalement décalée d’une heure au dernier moment. Un massacre a été évité. Qui aurait renseigné le tueur ?
Pourquoi le suspect avait-il une arme alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de port d’arme ? Pourquoi cibler les Kurdes alors qu’ils sont connus pour avoir lutté contre les islamistes radicaux de Daech ?» Qui lui a fourni cette arme ?
Selon Agit Polat, porte-parole du CDKF, « il est inadmissible que dans cette affaire le caractère terroriste ne soit pas retenu et qu’on essaie de nous faire croire qu’il s’agit d’un simple militant d’extrême droite, un récidiviste tout juste sorti de prison le 12 décembre ».« Il y a à peine vingt jours de cela, lors d’un échange avec les services de renseignements français, j’ai moi-même fait part personnellement de mes craintes concernant notre sécurité. J’ai souligné la nécessité d’augmenter la sécurité au sein et autour de notre association ».
Le centre kurde n’était pas protégé par la police
le 9 janvier 2013, la communauté kurde avaient déjà été visée par les assassinats de trois militantes, Sakine Cansız, figure historique du PKK, Leyla Saylemez et Fidan Doğan, Déjà ces assassinats avaient été perpétrés dans le centre Kurdes du 147, rue La Fayette, siège du Centre d’information du Kurdistan. En 2015, le principal suspect, Omer Güney, est renvoyé devant la cour d’assises de Paris sans que les commanditaires soient identifiés par la justice française . Le chef d’accusation à l’époque est : participation à la préparation d’une action terroriste «à la demande d’individus se trouvant en Turquie et possiblement liés aux services de renseignement turcs». il meurt quelques semaines avant l’ouverture de son procès, qui été prévu en janvier 2017, clôturant l’instruction. De quoi attiser la défiance et la colère des Kurdes vis à vis des autorités françaises.
Malgré une volonté manifeste d’enterrer cette affaire, les familles des victimes obtiennent en 2019 l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire visant, cette fois, Les complices et commanditaires éventuels. Mais l’enquête continue de se heurter au secret-défense. La raison d’État est-elle toujours à l’œuvre face à une Turquie puissante, prompte au chantage migratoire ?
Autre «coïncidence troublante», et ceci au niveau européen ; selon l’avocat Antoine Comte: trois jours avant ce nouveau meurtre, le 20 décembre 2022, les familles des victimes ont été reçues par les juges d’instruction, qui leur ont fait part de l’avancée de l’enquête, relancée récemment «après une série d’événements en Europe : un projet d’attentat contre des dirigeants kurdes à Bruxelles, une condamnation pour espionnage en Allemagne et une tentative d’assassinat en Autriche».
A cette occasion, Antoine Comte a décidé de verser à la procédure les Loups aiment la brume, un livre d’enquête publié en septembre par les journalistes Laure Marchand et Guillaume Perrier, qui «ont mis au jour un réseau d’agents secrets turcs prêts à tout pour liquider leur opposition kurde ou turque, de véritables escadrons de la mort qui circulent en Europe». Yekbun Eksen ne dit pas autre chose : «On s’attendait à ce qu’il y ait des problèmes à Paris, pour les dix ans. On sait que des équipes d’assassins sillonnent l’Europe pour tuer des militants kurdes, et que ça ne s’est pas arrêté le 9 janvier 2013.»
Vous allez maintenant écouter des extraits de la conférence de presse du conseil démocratique kurde de France qui s’est tenu le 23 décembre dans leurs locaux. Nous poursuivrons avec les extraits des prises de parole enregistrées lors de la manifestation du 24 décembre. Une manifestation aura lieu à Paris le 5 janvier à 11 h à Gare du Nord pour réclamer justice, la levée du secret défense et dénoncer la politique d’extrême droite d’Erdogan.
Nous voulions, grâce au travail d’enquête de Médiapart vous donner un peu plus de détail sur l’attaque au sabre dont ont été victimes deux réfugiés à Paris le 8 décembre 2021 par William M., mis en examen dans la tuerie récente rue d’Enghien. Alors qu’ils ignoraient que l’homme avait été libéré, les deux exilés font part de leur incompréhension et de leur sentiment d’insécurité.
Omar*, le réfugié érythréen, n’arrive pas à admettre que son agresseur ait pu sortir de détention provisoire. Pas après qu’il eut « tenté de [le] tuer », il y a tout juste un an, en lui assenant des coups de sabre dans le dos et à la jambe, alors qu’il se réveillait tout juste sur le camp où il vivait avec près de soixante autres exilés dans le parc de Bercy
Omar est en train d’uriner quand, au petit matin, William M. le frappe une première fois dans le dos avec son sabre. Il se retourne pour essayer de comprendre ce qu’il se passe avant de recevoir un deuxième coup à la jambe droite.
Omar est emmené à l’hôpital, où on ne le garde que quelques heures, le temps de le recoudre. « Ensuite, je me suis retrouvé au commissariat. Le policier me demandait pourquoi on s’était bagarrés. Mais comment on peut parler de bagarre quand une personne a été agressée ? »
Comme l’a documenté Mediapart, les quatre principales victimes de l’attaque au sabre, dont Omar fait partie, ont été placées en garde à vue durant quarante-huit heures après le drame. L’une d’entre elles, un ressortissant marocain sans papiers, s’est même vu délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF), alors qu’il est décrit par plusieurs témoins comme celui ayant réussi à maîtriser l’assaillant du parc de Bercy.
Au commissariat, Omar affirme avoir refusé de signer la déclaration rédigée par l’agent de police et demandé la présence d’un avocat, en vain. Il a refusé de signer, le policier l’a menacé de couper sa carte de séjour et de le renvoyer dans son pays. Il a même dit qu’il appellerait la préfecture pour qu’elle ne renouvelle pas ses papiers , il confie n’avoir pas donné ce détail au juge qui l’a interrogé, par peur de représailles.
Parmi les occupants du camp, Omar est celui qui a été le plus blessé : il s’est vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) de dix jours par le médecin à l’hôpital.
Avec du recul, Omar dit ne pas comprendre pourquoi il n’a pas été reconnu comme « victime », ni pourquoi William M. s’est comporté ainsi, alors qu’à son âge, il devrait « montrer le bon exemple aux jeunes et faire preuve de sagesse ». « Son père a dit à la télé qu’il ne vivait pas comme tout le monde. Il paraît qu’il voulait garder une balle pour se suicider. Entendre ça m’a détruit. »
Mais ce qui le hante le plus, depuis l’attaque au sabre, c’est son parcours d’errance en France. Arrivé en 2013 après avoir fui son pays, Omar obtient vite le statut de réfugié, mais est trimbalé de centre d’urgence en centre d’urgence, sans parvenir à trouver un logement stable. « J’ai vécu à la rue durant cinq ans, alors que j’avais des papiers, que j’avais fait une procédure Dalo [Droit au logement opposable, un dispositif permettant de se voir proposer une solution de logement digne sous six mois – NDLR] et que mes droits avaient été reconnus en 2019. »
L’assistante sociale qui le suit dans les Hauts-de-Seine dès 2015 lui suggère de trouver d’abord un emploi. « Elle m’a dit qu’on ne donnait pas de maison à quelqu’un qui ne travaille pas. Mais comment je peux travailler si je vis dehors ? Vous savez ce que c’est que de dormir dans une tente et de trimbaler son sac sur le dos et sa couverture toute la journée ? D’être regardé par les gens comme un clochard ?, s’agace-t-il. Ce qu’elle m’a dit ce jour-là m’a fait tellement mal. »
S’il avait eu un logement, jamais William M. ne l’aurait trouvé, ce jour-là à Bercy, pour lui faire du mal. Omar s’est retrouvé dans ce parc parce que c’était l’un des seuls lieux qu’il connaissait à Paris. Durant des mois, il a dormi non loin de là, sous un pont.
Omar a depuis obtenu un logement dans une résidence sociale en région parisienne . Mais aujourd’hui, il dit vivre dans la peur. « Mon cœur saigne. Je dois recommencer ma vie à zéro, mais j’ai vécu trop de choses douloureuses »,
Mediapart a également retrouvons Fares*, un autre Érythréen, témoin de l’attaque au sabre perpétrée le 8 décembre 2021. « Vendredi, quand il a entendu que c’était le même homme qui a tué les Kurdes à Gare de l’Est, ça a été un choc, soupire-t-il, assis près d’un Syrien qui était présent lui aussi dans le parc de Bercy l’an dernier.
Sans le Marocain qui était dehors et a maîtrisé l’homme en premier, il y aurait eu un massacre », poursuit son ami syrien, qui a depuis obtenu le statut de réfugié. Selon lui, l’exilé marocain aurait quitté la France après avoir été placé en garde à vue et s’être vu délivrer l’OQTF, et reste introuvable. « Je ne l’ai plus revu depuis l’attaque. Il nous avait dit qu’il ne voulait plus rester ici et qu’il avait des enfants en Espagne, peut-être qu’il les a rejoints. »
Dans cette émission, vous pourrez entendre des discussions autour de l’ouvrage Une histoire des libertés associatives de 1791 à nos jours, écrit par Jean-Baptiste Jobard du Collectif des associations citoyennes (CAC). L’occasion de revenir légèrement sur l’histoire de l’action associative en France, mais surtout, de s’interroger sur que faire à présent, au regard peut-être d’une concordance des temps avec les répressions associatives récentes, et plus particulièrement celle amenée par la loi “confortant le respect des principes de la République”, dite ” loi séparatisme” — promulguée en aout 2021. Cette dernière, à la faveur d’un contrat d’engagement républicain, étend les motifs de dissolution et s’impose comme charte obligatoire pour recevoir par exemples des subventions auprès d’un organisme public, pour accueillir des volontaires en service civique mais aussi pour obtenir un agrément ou la reconnaissance d’utilité publique. Si la plupart de la répression se fait à bas bruit, certaines applications de la loi ont percé la bulle médiatique, avec les dissolutions effectives du Collectif contre l’islamophobie en France, celle de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie, et celle de Barakacity. Toutefois, toutes les dissolutions tentées n’ont pas abouti, certaines s’étant faite retoqué par le conseil d’état : c’est le cas de Palestine vaincra et du Groupe antifasciste Lyon et environs. Concernant le Bloc lorrain, une décision de dissolution a été votée en conseil des ministres le 23 novembre 2022 dernier quand Nantes révoltée, un média, s’était vu menacé en janvier 2022 de dissolution sans aucune suite à priori à ce jour. Enfin, pour terminer cette bien trop longue liste, dernièrement, Alternatiba Poitiers se voyait menacée de se faire couper les subventions, le préfet de la Vienne demandant à la mairie et à la métropole de Poitiers de sévir au motif que leur formation à la désobéissance civile inciterait à des troubles graves à l’ordre public.
Ont été invité pour participer à cette discussion par le CAC, Julien Talpin, chercheur en sciences sociales au CNRS et au Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales ; Alexandrina Najnowicz, secrétaire générale du Forum civique européen et Raquel Diaz Gonzales de Alternatiba. Il sera abordé entre autre chose la question du financement, des alliances/convergences et de la situation des libertés associatives en Europe.
C’est avec cette émission que nous terminons l’année 2022 de l’actualité des luttes. À partir de lundi prochain, nous vous proposons sur l’antenne de FPP, une série de rediffusions de nos émissions jusqu’au 30 décembre.
Nous vous retrouverons pour de nouvelles émissions à partir du 2 janvier 2023
Nous vous souhaitons une bonne fin d’année et de bonne écoute !
Le mercredi 7 dernier dernier sortait en salle le film ” Nos frangins” de Rachid Bouchareb. Dans ce film, le réalisateur reprend les affaires de crimes racistes et sécuritaires de Malik Oussekine et Abdelouahad Benyahia commis dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Or, la famille de Abdel Benyahia critique le produit fini autant que la démarche du réalisateur. En réponse à sa sortie en salle, les fréres d’Abdel ont publié un texte ( ci-dessous) afin de faire entendre leur point de vue. De plus, ils ont organisés une soirée au cinéma l’étoile à la Courneuve le vendredi 1 décembre dans laquelle était diffusé “Mémoire pour Abdel” un film documentaire d’intervention réalisé par l’Agence Im-media à l’époque de la lutte menée par la famille, puis “Nos frangins”, afin ensuite d’ouvrir un débat avec les personnes présentes. Dans cette émission nous vous diffusons une partie des prises de paroles réalisées à l’occasion de cette soirée, entrecoupé d’extrait d’archives du film “Mémoire pour Abdel”.
Texte “Nous Frangins d’Abdel”:
“Nous, frangins d’Abdelouahab Benyahia, dit Abdel, n’avons pas été concertés pour le film Nos Frangins, qui évoque les morts d’Abdel à Pantin et de Malik Oussekine à Paris, tués par des policiers dans des contextes différents, la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Et notre père n’a pas du tout été informé de ce projet de film. Or un des rôles principaux, joué par un comédien, est censé le représenter aux lendemains du drame. Personne n’a demandé l’accord préalable de notre père.
A titre de comparaison, Antoine Chevrollier, le réalisateur de la mini-série Oussekine diffusée en mai 2022, nous avait demandé l’autorisation de reproduire ne serait-ce que la banderole avec le portrait d’Abdel, ce que nous lui avons volontiers accordé. Le réalisateur de Nos Frangins lui, reconnaît qu’il n’a pas associé les familles au projet, volontairement, qu’il a juste parlé au téléphone avec un d’entre nous, « mais très peu ».*
C’est inadmissible, et nous tenons à le faire savoir haut et fort sur la place publique, sans préjuger de possibles poursuites pour atteinte à l’image ou à la réputation de notre famille. Alors certes, il s’agit d’une fiction cinématographique, mais le cinéma ne permet pas tout et n’importe quoi, surtout lorsqu’il s’agit de faits et de personnages réels cités en nom propre. Est-ce par ignorance ou par choix délibéré que notre père apparaît dans cette fiction comme un personnage effacé et hagard, qui subit et accepte sans broncher les injustices, contrairement aux jeunes ?
A travers cette caricature, le réalisateur prétend tracer un portrait représentatif des immigrés de la première génération qui d’après lui rasaient les murs. C’est stéréotypé, indigne et surtout, nous concernant, complètement faux ! On ne peut pas généraliser ainsi. La singularité de notre père, c’est d’avoir pris la parole très tôt et d’avoir manifesté à chaque fois dans le cortège de tête. Même si on s’est réparti les tâches, il a suivi les événements de bout en bout.
Photos et images vidéo l’attestent : dès le lundi 8 décembre 1986, notre père intervient publiquement lors d’une conférence de presse transformée en meeting improvisé à La Courneuve, tout en brandissant le portrait d’Abdel. Le lendemain, il est à la tête de la manifestation partie de la cité des 4 000 où nous habitions alors, et qui ira jusqu’aux Quatre Chemins, sur le lieu du drame. Toute la famille y participe. Avec notre maman, bien sûr ! Pourquoi dans cette fiction, notre famille réunie est-elle si absente ?
Par ailleurs, le réalisateur prétend que la rencontre entre la famille de Malik et la notre « n’a pasexisté » 2, mais qu’il la suscite grâce à sa fiction. Encore une fois, c’est faux. Différents membres des deux familles se sont bien rencontrés à plusieurs reprises, par exemple lors de réunions ou de meetings du Comité Justice pour Abdel. Et dès nos premières manifs, nous avions une grande banderole qui disait « Abdel, Malik, plus jamais ça ! ». Puis nous avons défilé ensemble lors d’une manifestation à Paris, un an après, derrière la banderole « Nous n’oublions pas ». D’autres familles aussi étaient présentes, dont celles des blessés victimes de la répression policière des manifestations étudiantes contre le projet de réforme Devaquet. Enfin, l’opposition sociale entre nos deux familles, sous-entendue par ce film, est grotesque. Le grand frère de Malik est présenté comme un jeune entrepreneur à belle allure qui sait tenir tête à l’inspecteur de police, tandis que nous autres sommes réduits à la caricature d’un gamin de banlieue à la révolte erratique. Pourtant, avec les Amis d’Abdel et le comité, avec les avocats aussi, nous sommes restés mobilisés jusqu’au bout, dans une dynamique collective dont nous sommes fiers. Nous avons ainsi obtenu, entre autres, la requalification du meurtre d’Abdel en homicide volontaire, l’incarcération puis la condamnation du policier à sept ans fermes. Nous savons que cela ne suffira pas pour que les crimes cessent. Mais, plutôt que de débattre sans fin sur la lourdeur appropriée de la peine, rappelons le message public de notre père à la fin du procès en novembre 1988 : « Mon fils est parti. On est là pour les vivants, on est là pour que d’autres policiers ne tirent pas encore ».
Nos Frangins n’apporte aucune révélation, aucun élément nouveau dans l’affaire Abdel, soit disant cachée ou oubliée. Ce film de fiction permet peut-être d’en reparler au grand public, mais cela au risque d’une distorsion des faits et de la défiguration de ses protagonistes. Il passe notre mobilisation à la trappe. Sans doute a-t-elle été trop indépendante par rapport à certaines organisations qui ont échoué dans leur velléité de nous instrumentaliser et qui, avec ce film, tentent de recommencer ! Mais ils n’effaceront pas nos traces. Notre mémoire est là, intacte, et nos archives aussi. Nos tracts, photos, bandes sons, vidéos etc. sont disponibles pour les gens intéressés et pour les générations futures.
Le 15 septembre 2016 sur la place de la République,Laurent, syndicaliste de la santé, a eu un œil arraché par une grenade de désencerclement lancée par un policier antiémeute. Les 12, 13 et 14 décembre 2022, Alexandre Mathieu sera l’un des rares policiers de l’histoire contemporaine a être jugé par une cour d’assises pour avoir mutilé un manifestant. Nous n’attendons rien de l’institution judiciaire. Il a était décidé d’organiser un tribunal populaire en amont (11 novembre et 11 décembre) et pendant ces trois jours de décembre. Ce procès sera celui de la Police, de la Justice et de l’État.
La France est l’un des seuls pays d’Europe a utiliser des armes de guerre contre la population : grenades et balles de gomme sont employées depuis les années 2000 et ont laissées des milliers de personnes blessées et mutilées. Plus de 40 personnes ont été éborgnées au cours des six dernières années et plus de cinq ont eu une main arrachée [lien].
Les 12, 13 et 14 décembre 2022, Alexandre Mathieu sera l’un des rares policiers de l’histoire contemporaine à être jugé par la Cour d’Assises pour avoir mutilé un manifestant. Il sera défendu par le pire des avocat-e-s, Laurent Franck Liénard, spécialisé dans la défense de tous les policiers les plus violents [lien].
Dans l’émission de ce jour, nous étions au téléphone avec Laurent qui nous parle des enjeux de son procès.
pour venir soutenir Laurent au procès, ce sera les 12, 13 et 14 décembre 2022 au palais de justice de paris métro Cité de 9h à 18h
Le 3 décembre 2022 de 20h30 à l’aube, à la STREET DREAM GALLERY, 53 rue Jules Vallès à 93400 Saint-Ouen aura lieu une soirée d’ hommage à Claude Jean pierre. Claude Jean-Pierre, 67 ans, est mort le 3 décembre 2020 au centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre. Il y avait été admis en urgence douze jours plus tôt, le 21 novembre, à la suite d’un contrôle de gendarmerie à Deshaies, dans le nord-ouest de l’île. Depuis, Fatia ( sa fille) et Christophe ( son conjoint) se battent pour la vérité et la justice en s’investissant dans les luttes en Guadeloupe et dans l’Hexagone.
A l’occasion de cet évènement, nous avons réalisé avec eux un entretien le 28 novembre 2022, dans lequel nous revenons sur leur combat contre les violences d’état et la manière dont ils l’articulent avec les combats qui ont rythmé l’année 2020-2021 en Guadeloupe.
Le 11 octobre 2022 s’ouvrait le procès en appel de Nordine, poursuivi pour tentative d’homicide sur personnes dépositaires de l’autorité publique suite à un refus d’obtempérer lors un contrôle de police. Le 18 févier 2021, il a été condamné en première instance à deux ans de prison ferme et 15 000 euros d’amende pour refus d’obtempérer et violence avec armes, avant d’être écroué et de passer 51 jours en prison. Le 29 octobre 2022 à 13h30, le délibéré de la cour d’appel de Paris sera rendu alors que le procureur veut aggraver les peines en requérant 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, interdiction de conduire pendant cinq ans et 20 000 euros d’amende.
Dans la nuit du 15 au 16 août 2021, alors qu’il rentre chez lui avec sa compagne Merryl, Nordine se fait tirer dessus par des hommes armés aux abords d’un quartier de Stains. Il apprend par la suite qu’il s’agissait de trois policiers de la BAC en civil.
La scène filmée par un témoin fait le tour des réseaux sociaux. On y distingue trois hommes habillés en civil, sans brassard, ni même gyrophare. Deux policiers tirent sur le véhicule de Nordine. Sept balles l’atteindront lui et une atteindra sa compagne.
Sur les images de la vidéo, on voit la manœuvre du véhicule de Nordine qui tente vraisemblablement de s’extirper. Une manœuvre qui appuiera la notion de « danger immédiat »invoquée par les policiers. Ces derniers, suivis par leur hiérarchie, évoquent ainsi la notion de légitime défense pour justifier ces multiples tirs.
Cette notion de “danger immédiat”, c’est celle de l’article l. 435-1 de la loi de sécurité intérieure adoptée en 2017 et qui élargit le droit de faire feu. Un argument de plus pour les agents pour invoquer la légitime défense. L’article prévoit notamment la possibilité, sous certaines conditions, de tirer sur les occupants d’un véhicule en fuite.Le policier peut désormais faire usage de son arme lorsqu’il y a refus d’obtempérer et qu’il peut imaginer raisonnablement que la personne est susceptible de porter atteinte à sa vie ou à celle d’autrui. Au nom de ce principe, les fonctionnaires justifient quasi-systématiquement leur tir mortel, considérant le véhicule comme une « arme par destination ».
Depuis l’entrée en vigueur de cette loi le 28 février 2017 et aujourd’hui, 29 personnes sont tombées sous les balles des forces de l’ordre alors qu’elles tentaient d’échapper à un contrôle ou une interpellation, à bord de leur véhicule. En cinq ans, les forces de l’ordre ont abattu davantage de personnes ayant fui les uniformes en véhicules que sur les quinze années précédentes. En septembre 2022, c’est neuf personnes tuées par les force de l’ordre pour « refus d’obtempérer ». 2022 devient ainsi, l’année la plus meurtrière en la matière.
Aux affaires de Rayana le 4 juin dernier, de Jean-Paul Benjamin mort à Aulnay-sous-Bois le 26 mars d’une balle dans le cœur tirée par un policier de la BAC, de Boubacar et Fadjigui tués en plein centre de Paris sur le Pont-Neuf, le 24 avril, au soir du second tour de l’élection présidentielle, s’ajoutent de nouvelles affaires. Le 19 août à Vénissieux (Rhône), un conducteur et son passager sont tués dans les mêmes circonstances. Le 29 août, à Neuville-en-Ferrain (Nord), un jeune de 23 ans décède après avoir été mortellement touché au thorax par un agent de la Bac qui, selon les informations livrées par la police, a riposté après avoir été percuté. Le 7 septembre à Nice, un policier contractuel tire quasiment à bout portant sur la vitre latérale d’un véhicule, tuant le conducteur qui entamait une marche arrière. A Rennes, le même jour, c’est la passagère de 22 ans d’un véhicule refusant de se soumettre à un contrôle qui est tuée.
Aujourd’hui, nous sommes en direct avec Nordine et Mélanie du collectif des mutilés pour l’exemple dans les studios de FPP. Ensemble nous reviendrons sur l’importance d’être présent à la cour d’appel ce mardi, car peu sont ceux qui survivent à ces violences policières et qu’il est certain que sa condamnation est une étape de plus dans le permis de tuer qui est octroyé à la police.
Rendez-vous à la cour d’appel de Paris (M° Cité) à 13h30 mardi 29 novembre !
A l’occasion de la 4 ème édition du festival internationaliste “Les Peuples veulent” qui se déroulait du 21 au 23 octobre 2022 à Montreuil, nous avons pu rencontrer deux membres de l’Anachirst Black Cross Bielorusse.
La Croix Noire Anarchiste (“Anarchist Black Cross” : ABC) est un réseau international de collectifs engagés dans la lutte anticarcérale et plus largement dans l’antirépression. L’ABC est connue pour son soutien aux prisonnier.es dit.es politiques, mais aussi aux personnes incarcérées pour leur action ou leur résistance contre le capitalisme, la répression (atteintes aux personnes en raison de leur opposition aux arrangements sociaux – e.g., violences policières, judiciaires) et les oppressions (atteintes aux personnes en raison de leur appartenance supposée à une catégorie – e.g., violences racistes, sexistes, homophobes). L’ABC lutte pour une organisation sociale basée sur l’égalité de statut, de ressources et de condition de vie, la solidarité, l’entraide et la coopération, l’autogestion et la propriété commune. Chaque collectif ABC agit selon le contexte local et ses possibilités, suivant un certain nombre de principes :
A-légalisme, les actes politiques ne sont pas évalués au regard de leur légalité.
Abolitionnisme, l’objectif est non pas la réforme de la prison mais sa suppression, principe étendu à l’ensemble des outils d’oppression et de répression (e.g., état, police, armée, frontières).
Internationalisme, les collectifs ABC sont solidaires entre eux et soutiennent les personnes, collectifs, communautés et mouvements réprimés à travers le monde pour leur lutte contre le capitalisme, la répression et les oppressions.
Initialement appelée “Anarchist Red Cross”, l’ABC a été créée en russie dans le contexte de la révolution de 1905 afin d’organiser l’aide aux prisonnier.es politiques et l’autodéfense contre les raids politiques militaires. Le premier groupe ABC londonien est créé en 1907 et réunit entre autres Kropotkine, Rocker, Shapiro et Tcherkezichvili. Le premier groupe ABC étasunien est fondé la même année à New York et réunit entre autres Louise Berger et Emma Goldman. Durant la guerre civile russe (1918-1921), l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne met en place des groupes ABC “de terrain”. Leur activité comprend le soin ainsi que le combat. Après la répression de Kronstadt (1921), les groupes ABC russes sont confrontés à une intense répression avant d’être interdits en 1925. L’ABC se reforme dans les années 1960 en grande-bretagne avec comme but premier de soutenir les prisonnier.es anarchistes de l’espagne franquiste. Des collectifs ABC sont créés dans plusieurs villes européennes ainsi qu’en amérique du nord, où ils soutiennent des prisonnier.es politiques comme Lorenzo Kom’boa Ervin et Mumia Abu-Jamal.
L’ABC Biélorusse, formée en 2000-2001, a pour but de soutenir les inculpé-es anarchistes, anti-autoritaires et antifascistes, et dans certains cas d’autres activistes qui ne font pas forcement parti du mouvement anarchiste. Depuis 2009, l’ABC Biélorussie a connu un regain d’activité, les anarchistes Biélorusses ayant été à l’origine d’un certain nombre d’actions illégales dont certaines ont entraîné des dégât matériels. La répression contre le mouvement a vite suivi, et plusieurs anarchistes se sont vu infliger des peines de prison.
Lors de la rencontre ” Les peuples veulent 4.0″ ils étaient venus abordés la question de la répression politique du mouvement de 2020, de celle du Covid mais aussi de la question de la guerre en Ukraine, dans laquelle un certains nombre de leur membres participent aux bataillons de résistance. Cette rencontre fût alors l’occasion pour nous revenir sur l’ensemble de ces questions et sur le contexte politique actuelle en Biélorussie.
Cette émission retransmet l’intervention de Nadia Menenger notre animatrice à L’actualité des luttes au sujet de son livre : “La liberté ne se mendie pas” qui retrace la création de L’Envolée. C’était cet été aux rencontres pour l’émancipation du Maquis. Bonne écoute !
Olivier Cueto est mort le 28 mars 2020 à Paris, à l’âge de 60 ans. Jusqu’au dernier jour, il aura dégusté la vie avec une insatiable curiosité et une énergie remarquable. Titulaire d’une agrégation de lettres qui lui aurait permis de faire une carrière d’enseignant bien rétribué, il a préféré parcourir les sentiers interdits de l’illégalisme libertaire. Il laisse de nombreux textes, notamment ceux qu’il a écrits ou coécrits pour le journal anticarcéral L’Envolée, qu’il a cofondé et longuement animé. Ce sont ces écrits de combat – reflets de ses réflexions, de son expérience et de son engagement – que ce livre se propose de partager.
Se plonger à nouveau dans les textes publiés dans L’Envolée au cours des années 2000 permet de retracer le virage sécuritaire de l’État, qui s’accentua alors extrêmement. Les lires ainsi recueillies permet de mieux comprendre comment, petit à petit, le discours dominant a assimilé la « délinquance » à une maladie qu’il convient de dépister et de traiter avec une sévérité toujours accrue – puisque ainsi réduite à un dysfonctionnement individuel ou familial qui serait sans lien, ou peu s’en faut avec le fonctionnement profondément inégalitaire de la société dans son ensemble. Il est devenu inutile, presque incongru, de se pencher sur ses causes sociales, économiques et politiques afin de prendre ce problème à la racine : circulez, y a rien à voir. Les « inadaptés » n’ont qu’à bien se tenir…. Ces textes contribueront à éclairer, à cet égard, les esprits engourdis par quarante ans de régression sociale.
Les auteurs Olivier Cueto a maintes fois collaboré aux travaux éditoriaux de l’Insomniaque : il a notamment contribué très activement à rassembler les Écrits du cambrioleur anarchiste Alexandre Marius Jacob. Il a aussi collaboré à l’anthologie Au pied du mur, qui présentait en l’an 2000 « 765 raisons d’en finir avec toutes les prisons ». Il nous a donc semblé naturel de lui rendre cet hommage posthume, tout en perpétuant de la sorte la mémoire des luttes anticarcérales de la première décennie du millénaire.
Nadia Menenger a déjà publié, toujours sur le thème de la prison et de la résistance à l’enfermement, le livre de Thierry ChatbiÀ ceux qui se croient libres, paru chez L’insomniaque en 2015.
L’ « Ambassade des immigrés », c’était une occupation organisée par un groupe de 80 immigrés, depuis le 18 avril 2022, dans le 9ème arrondissement de Paris, dans un bâtiment qui appartenait à une filiale de la Société générale. L’objectif du lieu était de protéger les gens de la rue, d’avoir une base d’organisation pour lutter afin d’obtenir papiers et logements, mais aussi de permettre des rencontres entre collectifs, associations et individus.
Le jeudi 03/11 à 18h au local de Solidaires (31, rue de la Grange aux belles) avait lieu un meeting contre le racisme et pour l’égalité. Cet événement faisait suite à l’expulsion le 19/10 par 180 gendarmes de l’Ambassade des Immigrés (raflant au passage 6 habitants); mais aussi, à la mise en place le 27/10, d’un immense dispositif policier de rafle à La Chapelle, laissant 500 personnes sur le carreau. Depuis, 200 immigrés de La Chapelle résiste au harcèlement policier et tiennent la rue.
Dans cette émission vous entendrez donc un montage des prises de paroles réalisées à cette occasion avec les membres du collectif La Chapelle debout!; les habitants de l’Ambassade des immigrés et Nicolas De Sa-Pallix, président du Syndicat des Avocats de France Paris.
LETTRE OUVERTE DE L’ AMBASSADE DES IMMIGRES
” Monsieur le Président de la République,
Les noms de nos pays et de nos dictateurs diffèrent mais nos histoires sont les mêmes. Nous, les immigrés, n’avons pas trouvé le droit de vivre dans nos pays.
Comme tout le monde, nous aurions aimé travailler, étudier et apprendre.
Nous n’avons jamais voulu partir.
Dans nos pays, nous avons échappé à la mort, certains d’entre nous se sont échappés de prison. Parce que nous n’avons pas trouvé le droit d’y vivre, nous avons traversé le Sahara puis nous avons risqué notre vie en traversant la Méditerranée.
Pendant ce voyage nous avons perdu beaucoup trop d’entre nous.
Lorsque nous sommes miraculeusement arrivés sur les côtes européennes, nous étions heureux car nous croyions alors être en sécurité dans des États de droit, particulièrement en France.
Mais lorsque nous sommes arrivés, nous sommes allés à la préfecture, nous avons donné nos empreintes et nous avons été Dublinés hors de France. On nous a promis que notre Dublin prendrait fin après 6 mois et nous ne savions pas, alors, qu’en réalité nous pourrions attendre deux ans avant d’être convoqués à l’OFPRA. On nous met en procédure accélérée illégalement. On nous coupe l’argent, le logement et on ne nous laisse rien.
Il faut connaître la loi pour pouvoir se défendre.
Quand on a aucune aide pour être réintégré dans le système, en être écarté est lourd de conséquences.
Aujourd’hui, même la rue nous est interdite.
La police vient à 3h, à 4h du matin. Ils attendent que nos tentes soient vides puis nous gazent et lacèrent nos tentes pour qu’on ne puisse pas y retourner.
Nous avons rencontré ici de plus grands problèmes encore que dans nos pays.
C’est alors que nous nous sommes demandé si, ici, nous étions vraiment des êtres humains, si nous avions vraiment le droit de vivre.
Après tout ça, ils nous déboutent de l’asile, sans raison. Ils nous trimballent à la CNDA, que nous attendons toujours trop longtemps.
On nous déporte alors que pour certains nous sommes là depuis 6 ans, 7 ans.
Et parmi celles et ceux d’entre nous qui ont arraché des papiers, beaucoup sont malgré tout à la rue. A quoi bon avoir des papiers mais pas de logement après 10 ans.
Ils auraient peut-être dû couper notre droit de séjour en deux : 5 ans de papiers et 5 ans de logement. Nous avons donc décidé avec toutes les nationalités, pour nous protéger de la police, du froid et de la pluie, de prendre possession de ce bâtiment.
Nous voulons les mêmes droits et la même considération que les Ukrainiens, que les migrants qui sont blancs. Nous remercions encore les personnes solidaires qui nous ont accompagné dans cette démarche. Du fait du rejet et du refus du gouvernement français, beaucoup d’entre nous sont devenus fous, se sont suicidés, ont sombré dans l’alcool, la drogue, ont été rendus muets.
Nous, les migrants, nous demandons donc au gouvernement français :
– des papiers
– de casser Dublin
– le droit de travailler
– des logements
Tout cela pour pouvoir assumer la responsabilité de nous-mêmes et de nos familles restées au pays.
Pour accéder à nos demandes et à nos droits fondamentaux, nous demandons à ce que vous saisissiez les autorités compétentes afin que nous puissions les rencontrer.
Les habitants de l’Ambassade des immigrés du 17 rue Saulnier à Paris“
“La rencontre publique pour la sortie du livre “C’est quoi le colonialisme aujourd’hui ?” publié aux Éditions Syllepse s’est déroulée ce samedi 17 septembre 2022 à la Mairie du XXème. Plus de 100 personnes ont répondu présentes à cet événement qui plaçait au centre les militant-es de terrain premièr-es concerné-es par les luttes anti-coloniales et décoloniales à travers le monde.
La deuxième table ronde était consacrée aux luttes des premièr-es concerné-es. Parmi cette table sont intervenu-es des militant-es du Collectif Vietnam Dioxine au sujet de l’épandage de l’agent orange sur le territoire vietnamien durant la guerre par les États-Unis avec la complicité de Monsanto. L’Union Syndicale des Travailleurs Kanak et des Exploités (USTKE) et le Mouvement des Jeunes Kanaks en France (MJKF) ont, quant à eux, exposé la situation coloniale de la Kanaky et son histoire. De son côté, Bchira Ben Nia de la Coordination 75 des Sans Papiers (CSP75) et de la Marche des Solidarités a évoqué le racisme d’État et les violences policières qui sévissent en France.
Enfin, deux vidéos ont été visionnées à cette occasion. L’une réalisée par des militantes du collectif Zéro Chlordécone, Zéro Poison (ZCZP) en Martinique qui dénonce l’utilisation de ce pesticide sur les terres agricoles et le scandale écologique et sanitaire qu’il a engendré. […] Une autre vidéo a été réalisée par un militant ougandais luttant contre le projet Total en Ouganda et Tanzanie”.
“Le 3 juin 2021, notre fils, notre frère, notre ami Yanis, jeune dyonisien de 20 ans, mourrait de ses blessures après avoir été pourchassé dangereusement par un véhicule de la BAC quelques semaines auparavant. Certains diront qu’il aurait dû s’arrêter. Il était à l’arrêt. Il rentrait chez lui accompagné d’un ami, chacun sur un scooter. Au bout de sa rue, un véhicule de la BAC a foncé droit dans leur direction. La panique. La peur. Après des années de violences et d’humiliations de la part des policiers dans nos quartiers populaires, précaires et racisés, ils ont fui. La BAC a décidé de les prendre en chasse. Plusieurs témoins témoignent de la dangerosité du véhicule de police lors de cette poursuite.
Une circulaire, envoyée à tous les commissariats et régulièrement mise à jour depuis 2005, interdit pourtant la poursuite des deux-roues sauf en cas de crime de sang. Ce n’était donc pas le profil de Yanis. Ce n’était pas non plus celui de Maïcol (mort en en janvier 2021 à Nice), de Curtis (mort en 2017 dans l’Essonne), d’Ibo (mort en 2019 à Sarcelles) ou de Sabri (mort en 2020 à Argenteuil) ou de Miguel (mort en 2020 à la Réunion). Tous ont perdu la vie après que leur moto, scooter ou quad aient été dangereusement pourchassé et/ou violemment parchoqué par la police.
Depuis le début de la mobilisation, nous avons constaté trop d’incohérences, que ce soit sur la course poursuite en elle-même, ou lorsque Yanis a été retrouvé au sol. Les témoignages mis à notre disposition contredisent la version policière. C’est pourquoi nous ne cesserons de lutter pour que la Vérité éclate que Justice soit rendue pour Yanis et ses proches.
Engagés depuis maintenant 18 mois pour faire éclater la vérité sur ce terrible soir où il a été percuté, l’association JUSTICE ET VÉRITÉ POUR YANIS appelle à la mobilisation et à la solidarité lors de la deuxième journée de commémoration et d’action en la mémoire de Yanis qui aura lieu le samedi 5 novembre 2022, à partir de 14h à Porte de Paris (Saint Denis).
Nous, l’association Vérité et Justice pour Yanis, dénonçons :
les violences policières subies depuis de longues années dans nos quartiers, avec une hausse croissante de l’impunité (contrôles au faciès, amendes, humiliations, coups, déclarations mensongères, refus de prendre des plaintes…)
le silence des administrations publiques face aux victimes
le racisme délétère et systémique de l’institution policière
toutes les formes d’injustices couvertes par l’État
Nous marcherons pour :
que cesse le silence des administrations publiques et de la justice devant le drame que la famille de Yanis vit depuis 18 mois
réclamer à nouveau l’accès à la vidéosurveillance dont une partie est directement gérée par les services de la mairie de Saint-Denis afin d’avoir accès aux faits exacts qui se sont déroulés le soir de la poursuite et de pouvoir poursuivre, s’il y a lieu d’être, les responsables de la mort de Yanis en justice
que soit enfin respectée la circulaire qui préconise de ne pas prendre en chasse les véhicules à deux-roues sauf en cas de crime de sang que cessent toutes les formes de violences policières, pénitentiaires et d’État sur notre territoire
que les polices, en tant qu’administrations publiques, rendent des comptes aux citoyens
L’association JUSTICE ET VÉRITÉ POUR YANIS est membre du réseau Entraide, Vérité et Justice qui accompagne et fédère les victimes survivantes et les familles de victimes de violences policières, pénitentiaires et d’État. Au niveau local, nous soutenons la mise en place d’un collectif « anti violences policières » dont l’objectif est de créer un réel rapport de force face à la politique sécuritaire inquiétante qui s’est mis en place à Saint-Denis et qui s’est accrue en vue de la préparation des Jeux Olympiques 2024. Cette marche sera l’occasion de rappeler que Yanis n’est pas la seule victime des violences policières sur notre territoire.
Nous donnons rendez-vous le samedi 5 novembre, à 13h30 à Porte de Paris (ou 13h à Pont de Soissons pour départ collectif vers la manifestation) pour rendre hommage à Yanis et à toutes les victimes de violences policières.“
Le dimanche 7 novembre 2021, plus de 200 personnes avaient marché à Saint-Denis contre l’impunité policière à l’appel du Comité Justice et vérité pour Yanis. De nombreux soutien avaient répondu présents à l’appel du comité, et notamment le réseau d’entraide Vérité et Justice, Justice pour Ibo, Vérité et justice pour Gaye, le collectif Vies Volées mais aussi des Gilets jaunes avec le collectif des Mutilé.e.s pour l’exemple etc. Dans cette émission et en appel à la marche qui se déroulera le 5 novembre 2022, nous vous diffusons une interview réalisée avec une des membres du collectif le 3 novembre 2022 dernier, et une partie du reportage que nous avions réaliser lors de la marche de l’année dernière.
En appel à la journée de la mobilisation interprofessionnelle du 18 octobre 2022 nous vous diffusons aujourd’hui plusieurs reportages réalisés la semaine dernière dans une diversité de secteur mobilisés.
Tout d’abord nous vous diffuserons un interview réalisé samedi 15 octobre 2022 dernier avec deux gilets jaunes du Rond Point des vaches qui s’étaient rendus à la raffinerie de Gravenchon. Cet entretient a été réalisé dans le cadre d’une publication du media ACTA et est retranscrit en intégralité dans cet article : https://acta.zone/les-gilets-jaunes-et-la-greve/
Ensuite, nous vous diffuserons un reportage réalisé le 11 octobre dernier lors d’un rassemblement devant le ministère de l’éducation nationale contre la répression et notamment contre la mutation arbitraire de Kai Terrada enseignant de mathématique au lycée Joliot Curie de Nanterre ( plus d’information dans nos émission du 20 septembre et 4 octobre 2022). Cela s’est très vite doublée d’une revendication contre la répression des mobilisation lycéenne puisque le matin même 14 lycéens entre 13 et 17 ans qui bloquaient leur lycée en solidarité à leur professeurs mais aussi pour leurs propres revendications (retour de l’aide aux devoirs et liberté vestimentaire) ont été interpellés et mis en garde à vue après une violente intervention de la police.
Pour finir cette émission nous vous diffuserons un interview réalisé le 13 octobre dernier au restaurant solidaire du centre de l’action sociale de Paris qui sert a manger aux personnes dans le besoin, fournit les repas d’une dizaine de restaurant émeraude et de trois centres d’hébergements de l’action sociale de Paris. Ce restaurant se trouve 11/15 rue PALIKAO et depuis le 13 octobre il est occupé par ces salariés qui se mobilisent depuis l’année dernière en vue d’obtenir le même traitement que l’ensemble des salariés du médico-social avec la prime du Ségur.
Le 6 octobre 2022, la Librairie “De Beaux Lendemains” situé à Bagnolet recevait Paul Rocher, pour son dernier ouvrage : Que fait la police ? Et comment s’en passer. Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie cette rencontre.
“Omniprésente dans les rues comme dans le débat public, la police soulève davantage de questions qu’elle ne semble pouvoir en résoudre.
En mobilisant les études disponibles et en confrontant les chiffres, Paul Rocher réfute dans ce livre les présupposés au fondement du mythe policier d’une institution sans doute imparfaite, mais nécessaire, au service de toute la société dont elle ne ferait que refléter les travers.
Non, la police n’empêche pas le crime, et l’emprise policière croissante sur la société n’a pas d’autre fondement que la réorganisation autoritaire du pays et le maintien d’un ordre inégalitaire. Toute l’histoire de l’institution révèle sa nature violente, sa fidélité à l’ordre établi – et dément l’idée de son « dysfonctionnement ».
Peut-on pour autant se passer de police ? En s’inspirant des exemples sud-africain et nord-irlandais, où les habitants ont expérimenté des formes de gestion des conflits indépendantes de l’appareil d’État, Paul Rocher dégage les voies possibles d’un monde sans police.”
Paul Rocher est économiste et diplômé en science politique de Sciences-Po Paris. Il est l’auteur de “Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l’arme non-létale” (La fabrique, 2020).
Depuis maintenant bientôt un an les trois piquets de gréve de DPD Coudray, Chronopost, et RSI ( agence d’interim) sont en gréve reconductible pour leur régularisation.
Notre émission a pu réaliser de nombreux reportages lors de cette dernière année. Néanmoins, nous n’avions pu les recevoir dans les studios de Fréquence Paris Plurielle. Le 26 septembre dernier, et en vue de la “rentrée sociale”, il nous a semblé important de les accueillir afin de pouvoir faire un point de bilan sur les différentes étapes de la lutte l’année dernière afin ensuite de pouvoir envisager l’avenir.
Nous vous diffusons donc aujourd’hui une émission d’un format d’une heure et trente minutes, réalisé avec un membre de chacun des piquets de gréve qui permet de faire un point sur leur actualité et de revenir sur les stratégies de luttes qui s’offrent à nous.
Le 29 septembre dernier se tenait à la bourse du travail de paris, la première réunion publique des assises unitaires de la santé et dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie de cette rencontre.
Ces assises de la santé invitent des usagers, des soignants, des organisations syndicales et des associations de patients. L’objectif pour le collectif : « contribuer à l’organisation d’une mobilisation unitaire massive à même de porter un coup d’arrêt à la destruction planifiée du tissu hospitalier, elle-même liée à celle de la sécurité sociale. ». Ce collectif francilien, s’est créé à la fin de l’année 2021 à la suite d’une réunion publique sur le sujet du passeport sanitaire.
TEXTE D’APPEL
“Nous sommes un collectif francilien constitué contre le passe sécuritaire et son monde totalitaire, créé à la fin de l’année 2021 à la suite d’une réunion publique sur le sujet du passeport sanitaire. Ce dernier, et sa suite le passeport vaccinal, ont été les instruments d’une politique liberticide, inégalitaire, sécuritaire et autoritaire, ayant eu pour effet l’application d’un contrôle social renforcé sur la population.
Nous nous intéressons plus précisément d’une part, à l’accroissement du numérique dans notre société et dans nos vies, dont la généralisation se fait à marche forcée, et dont l’utilisation pensons-nous, accompagne la politique de destruction des services publics. D’autre part, nous apportons un vif intérêt aux questions de santé, constatant avec rage sinon avec amertume, la destruction du soin et la destruction de notre système de santé publique.
C’est en ce sens que nous avions organisé en mai 2022, dans la continuité de notre opposition à Mon Espace Santé, une conférence-débat intitulée “Reprendre le pouvoir sur notre santé” avec le sociologue Frédéric Pierru et deux des auteurs du livre “Le business de nos données médicales”, Audrey Boulard et Simon Woillet.
A présent, nous organisons des assises de la santé mêlant usagers et soignants, organisations syndicales et associations de patients. Le but espérons-nous, serait de contribuer à l’organisation d’une mobilisation unitaire massive à même de porter porter un coup d’arrêt à la destruction planifiée du tissu hospitalier, elle-même liée à celle de la sécurité sociale.
Car c’est peut-être à cette seule condition-là que nous pourrons reconstruire l’hôpital public et améliorer la sécu.
Sans préjuger de l’importance et de l’impact de cet événement dont l’ambition nous dépasse, nous souhaitons participer, nous usagers, sans (rien) attendre les (des) directions syndicales et les (des) partis politiques. Nous ne pouvons pas rester divisés alors que nous sommes si nombreux à être impactés par une rupture du service public et par les problèmes soulevés depuis des années par les soignants.
Alors, une mobilisation égale ou supérieure à celle des gilets jaunes en faveur de l’hôpital public ? Chiche !
Les assises de la santé se tiendront le 29 septembre à 19h, à la Bourse du Travail, 29 boulevard du Temple, salle Hénaff.
Pour tout contact : nonsecuritaire@protonmail.com”
La rencontre publique pour la sortie du livre “C’est quoi le colonialisme aujourd’hui ?” publié aux Éditions Syllepse s’est déroulée ce samedi 17 septembre 2022 à la Mairie du XXème. Plus de 100 personnes ont répondu présentes à cet événement qui plaçait au centre les militant-es de terrain premièr-es concerné-es par les luttes anti-coloniales et décoloniales à travers le monde.
La première table ronde était dédiée aux auteur-ices de la postface et a permis de donner des clefs pour penser le colonialisme aujourd’hui avec des exemples concrets sur les luttes anticoloniales en Afrique et le syndicalisme en France notamment.
« Je le répète : le colonialisme n’est point mort. Il excelle pour se survivre, à renouveler ses formes ; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites […]. Mais de quelque masque que s’affuble le colonialisme, il reste nocif. » Aimé Césaire
Aujourd’hui Dissonances revient sur le cas de Vincenzo Vecchi.
Vincenzo Vecchi, est sous le coup d’un Mandat d’Arrêt Européen (MAE) émis par la justice italienne en 2019 à la suite de sa condamnation à 12 ans de prison pour avoir participé au contre-sommet du G8 à Gênes en 2001, alors même qu’il vit, réfugié en France à Rochefort-en-terre, dans le Morbihan, en Bretagne, depuis 11 ans, parfaitement intégré et apprécié de tous.
Et c’est sur la base d’une vieille loi prise à l’époque où les fascistes étaient au pouvoir en Italie, sous Mussolini, que Vincenzo est poursuivi.
La Cour de Justice européenne vient de donner son avis ce 14 juillet 2022, autorisant l’application d’une loi fasciste dans l’Union Européenne.
À quand l’exécution d’un mandat d’arrêt européen à l’encontre d’une citoyenne polonaise réfugiée en France après avoir avorté dans son pays ?
Laurence, Pascale et Hervé, membres du Comité de Soutien à Vincenzo Vecchi viennent évoquer l’urgence et l’importance qu’il y a à soutenir cette lutte, qui aujourd’hui dépasse le cadre du cas de Vincenzo.
Emission réalisée par Josef Ulla, co-produite et diffusée avec et sur Radio Saint Affrique .
Couleur musicale :
Bella Ciao, Micol Arpa Rock
On lâche rien, HK & les saltimbanks
Oh libertà, Serge Reggiani (musique G. Moustaki)
Cello Suite no. 6 in D Major BWV 1012, interprétée par Ana Maria Iordache
La Colombie fait l’expérience de l’alternance pour la première fois de son histoire. À la tête d’une coalition de gauche, Pacte historique, Gustavo Petro, a emporté, dimanche 19 juin, le second tour de l’élection présidentielle, en battant le richissime chef d’entreprise Rodolfo Hernandez. Une victoire historique dans un pays qui a toujours été jusqu’ici gouverné par la droite. M. Petro, a pris ses fonctions le 7 août, il succède à Ivan Duque.
Mais avant de parler de ces élections, revenons sur les révoltes qui ont secoué la Colombie en avril 2021. Carlos est metteur en scène, cinéaste et peintre, il habite Cali, l’épicentre de la contestation, il revient sur cette période et la répression qui s’en est ensuivi : les morts, les disparus et les incarcérés. Il nous parle de ces élections, de l’espoir et des questions qu’elles suscitent. Fabien, chauffeur de bus, membre actif de la première ligne, menacé de mort par les paramilitaires, revient sur la fonction de la primera linéa et sur les liens entre la base et la coalition de gauche au pouvoir.
Titre : Politique des jeunes de la première ligne Source : lundimatin#348, le 23 août 2022
“Le 28 avril 2021, en réaction à une réforme fiscale du gouvernement d’Iván Duque, la Colombie se soulève. La répression est immédiate et sanglante. Derrière les barricades, ce sont les jeunes des quartiers pauvres qui défendent le mouvement, on les appelle la « première ligne ». Ce sont eux aussi qui seront par la suite poursuivis pour vandalisme, terrorisme puis association de malfaiteurs. Alors que le pays vient d’élire Gustavo Petro, le premier président de gauche de son histoire républicaine, la répression judiciaire, elle, persiste.”
Le 2 juillet avait lieu à Sarcelles un rassemblement en soutien et en vue d’organiser la convergence des luttes aux Antilles. Il réunissait des syndicalistes, le collectif zéro poison chlordécone, les différents collectifs et individus qui luttent autour de l’affaire des ” grands frères” et le collectif vérité et justice pour Claude Jean pierre.
Plus tôt dans la journée, c’était à Beaumont sur Oise que se réunissaient différents collectifs a l’appel du comité Adama Traoré pour la sixième année, Ainsi dans cette première partie d’émission, nous traitons des violences d’état en vous diffusant une pastille sonore de la conférence de presse qui avait lieu à Beaumont puis un reportage qui lui a été réalisé à Sarcelles.
Cette année encore, la Ligue de Football Professionnel a décidé de reconduire la tenue de la prochaine édition du Trophée des Champions en Israël. Cette rencontre officielle opposant le Paris Saint-Germain, champion de France 2022, au FC Nantes, vainqueur de la Coupe de France 2022, est prévue le dimanche 31 juillet prochain, au Bloomfield Stadium de Tel Aviv.1
Comme pour la précédente édition, la LFP organise cet événement avec Sylvan Adams homme d’affaires israélo-canadien, « ambassadeur autoproclamé de l’État d’Israël »2, et Comtec Group, société israélienne spécialisée dans la production d’évènements, qui compte parmi ses clients le gouvernement israélien et des sociétés basées dans les colonies illégales en Cisjordanie occupée3. Depuis plusieurs années, Sylvan Adams investit dans le sport de haut niveau pour changer et valoriser l’image d’Israël.4
Nous nous opposons fermement à la tenue de cette rencontre en Israël. Il s’agit d’un événement de sportwashing visant à « blanchir », par le sport, l’occupation militaire, la colonisation, le système d’apartheid de l’État israélien et ses crimes.
Depuis le début de l’année 2022 seulement, les forces d’occupation israéliennes ont tué près de 60 Palestinien·ne·s5. Parmi les victimes figurent notamment 2 journalistes – la reporter vedette d’Aljazeera Shireen Abu Akleh et Ghufran Warasneh – ainsi que 16 adolescents dont deux jeunes footballeurs Mohammad Ghneim et Thaer Yazouri.
Dans le même temps, la colonisation israélienne se poursuit. Les emprisonnements, les menaces d’expulsion imminente et les attaques de colons se sont intensifiés. La Cour Suprême d’Israël a décidé que près de 1000 Palestinien·ne·s peuvent être chassé·e·s de leurs villages à Masafer Yatta, au sud d’Hébron, en Cisjordanie occupée, pour que leurs terres soient reconverties en une nouvelle zone d’entrainement militaire, tandis que le gouvernement approuve un projet de construction de 4500 logements dans les colonies illégales. 6
Israël continue de détenir 4450 prisonnièr·e·s, dont 160 enfants. 600 sont en détention administrative sans inculpation ni jugement, comme l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri détenu arbitrairement depuis mars 2022. Depuis le début de l’année, les forces d’occupation ont arrêté plus de 2140 Palestinien·ne·s, en grande partie à Jérusalem occupée et à Jénine. 7
Les colons israéliens, protégés par les soldats, ont mené 133 attaques contre des Palestinien·ne·s et leurs propriétés en Cisjordanie.5
Un an après la dernière attaque meurtrière de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, rien n’a véritablement changé. Le territoire est toujours sous blocus illégal. Peu de bâtiments ont été reconstruits. Gaza reste une prison à ciel ouvert, subissant toujours et de manière régulière des bombardements israéliens. Des milliers d’enfants gazaouis souffrent de traumatismes mentaux.8
Le droit au retour de millions de réfugié·e·s, voté par l’ONU, n’est toujours pas respecté par l’Etat d’Israël, qui continue à maintenir dans la misère les habitant·e·s des camps de réfugié·e·s, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Jordanie, etc. et à réprimer leur résistance dans les territoires occupés comme récemment à Jénine et à Hébron.
Ces drames s’inscrivent dans la continuité de plusieurs décennies de politique coloniale et d’apartheid vis-à-vis du peuple palestinien 9. Jouer cette rencontre à Tel Aviv contribuerait à masquer ces réalités.
Nous refusons de voir le football français et ces deux équipes être complices des violations israéliennes du droit international et des droits humains palestiniens.
Dernièrement, la LFP a pris une décision forte en stoppant la diffusion de la Ligue 1 en Russie pour sanctionner son invasion illégale et sa guerre d’agression en Ukraine.10
Nous exhortons M. Vincent Labrune, Président de la LFP, M. Waldemar Kita, propriétaire et président du FC Nantes, et M. Nasser Al-Khelaïfi Président-Directeur général du Paris Saint-Germain à relocaliser cette rencontre en France ou à la déplacer vers un autre pays. Nous appelons les joueurs et les membres des staffs à nous rejoindre en appuyant notre demande.
Signé par de nombreuses associations sportives, de supporters, de partis et de syndicats…
Dans cette dernière partie d’émission, nous serons en compagnie de Marie-France, membre, notamment, de l’association France Palestine solidarité paris sud et d’un nouveau collectif : boycott apartheid Israël paris banlieue. Marie-France nous explique pourquoi, le collectif s’oppose a la remise de ce trophée.
Malik Oussekine est assassiné à Paris dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, lors d’une manifestation étudiante contre la loi Devaquet. Étudiant à dauphine, il rentrait chez lui, rue Monsieur le prince, quand il s’est fait tabassé à mort par les voltigeurs. Une série de quatre épisodes réalisée par Antoine Chevrollier produite par Disney plus, ravive cet événement et nous donne l’occasion d’en ressuscité un autre.
Le même jour, aux quatre chemins à Pantin, Abdel Benyahia était assassiné par un inspecteur de police judiciaire. Ce policier, ivre, bien que n’étant pas en service, avait conservé son arme de fonction (en 1986 ce n’était pas légal) et sûr de son impunité, a tiré à bout portant sans sommation. Abdel avait 20 ans, il habitait chez ses parents à la cité des 4000 à la Courneuve et faisait un stage d’agent d’accueil et d’information à la cité des sciences de la Villette.
Pourquoi la plateforme Disney+ a-t-elle produit cette série ? Étudiant à Dauphine, amateur de club de jazz, s’intéressant peu à la politique en pleine mobilisation étudiante ; Malik Oussekine incarne la victime consensuelle, un exemple d’intégration. Il n’avait pas bu ni fumé, n’avait pas de casier, ne militait pas, n’a pas été abattu au bas d’une cité HLM ou lors d’un contrôle routier.
Un autre argument à du peser en faveur de la minisérie ; Dans leur regard (When They See Us) d’Ava DuVernay. Mise en ligne en 2019, la réalisatrice utilise, elle aussi, les codes des séries commerciales pour raconter le calvaire judiciaire de cinq jeunes Afro-Américains condamnés à tort pour le meurtre d’une joggeuse. Elle constitue à ce jour un des plus gros succès d’audience de Netflix.
L’histoire retiendra l’affaire de Malik Oussékine et occultera celle d’Abdel benyahia. Le temps construit ces récits et en tait d’autres pour continuer à dissimuler le racisme de classe qui perdure toujours 26 ans après les faits.
Déjà à l’époque, il aura fallu deux jours de révolte dans la cité des 4000 pour qu’une information judiciaire soit ouverte. Les parents et les amis d’Abdel attendront plusieurs jours avant de connaître la terrible nouvelle. Les médias passeront sous silence cet assassinat.
Mais replongeons-nous dans le contexte de cette année 1986. A l’époque, nous sommes en pleine cohabitation. François Mitterrand est Président de la République, Jacques Chirac, devient son Premier ministre après que le RPR ait remporté les élections législatives en mars 1986. Charles Pasqua est alors ministre de l’Intérieur et Robert Pandraud est son délégué à la sécurité. Depuis le 25 novembre 1986, étudiants et lycéens manifestent contre le projet Devaquet.
Un mouvement de jeunesse, des LEP aux facs, déferle dans les rues, un million de manifestants crie leur refus d’un nouveau projet de loi renforçant la sélection dans les universités et l’orientation après la 5ème. Une main arrachée, un œil crevé, un mort, le gouvernement frappe fort. Mais c’est aussi le code du travail qui est réformé en favorisant les licenciements, la flexibilité, les emplois subventionnés et sous-payés (TUC). Ce sont également les lois Pasqua contre les étrangers et la loi Chalandon qui criminalise les consommateurs et petits dealers… Qui viendront peupler ses nouvelles prisons, la création des peines incompressibles pour qu’ils y restent.
Trois jours après les faits, le 10 décembre, le mouvement étudiant, organise une grande manifestation silencieuse, sans slogans, sans banderoles, ce que les pacificateurs appellent « digne » ; c’est-à-dire sans désigner les responsabilités. Les habitants de la Courneuve qui avaient manifesté la veille jusqu’à Pantin, ont rejoint les 200000 manifestants parisiens pour crier leur colère. Ils ont pris la tête du cortège avec des banderoles et le portrait d’Abdel. Pendant que les organisateurs du mouvement étudiant, la famille de Malik et maître Kiejman avocat proche de Mitterrand négocient en haut lieu pour que rien ne change, pour que la police soit blanchit. Du côté de la Courneuve, c’est une toute autre stratégie qui est choisie. Le 10 décembre 1986, Devaquet est remercié, sa loi abrogée et les voltigeurs dissous, pour mieux refaire surface quelques années plus tard.
Immédiatement après la mort de Abdel la famille et les ami(e)s d’Abdel se mobilisent et le resteront jusqu’au procès. Autour se constitue un commité de soutien très actif. Manifestations, meetings rassemblant jusqu’à 2000 personnes, tractage dans la ville, devant les lycées… Informer, rassembler, s’élargir.
Il est intéressant de noter que le comité a su intégrer toutes les tendances et contradictions parmi les jeunes : il n’a pas marginalisé les plus violents, il a compris leurs légitimités et les a intégrés dans la mobilisation qui a touché toute la cité, et au-delà. Des militants autonomes ont participé au comité, sans distinction de couleur, car les violences policières regardent toute la population et surtout celles et ceux que le système capitaliste accule à la débrouille, à la marginalité, à la pauvreté, à la répression.
Un pôle d’Avocats est nommé dont Maître Verges qui participe aux différents meetings, travaille en relation avec la famille et le comité de soutien, informe de l’avancée du dossier, engage à se mobiliser : « Nous sommes surtout là pour protester contre la discrimination, nous ne voyons pas comment à l’avenir vous pourrez jeter un seul jeune ou adulte en prison quand vous laissez le meurtrier d’Abdel en liberté. Le seul recours, c’est l’appel à l’opinion, non seulement à travers des articles dans des journaux équilibrés, mais à travers des manifestations populaires ou vous étés tous réunis ».
Appuyé par les mobilisations à la préfecture et lors de la reconstitution, ont su mener la bataille d’une manière offensive et transparente sur le terrain juridique. Six mois après les faits, le meurtre est requalifié en « homicide volontaire » et Savrey est incarcéré. Lors du procès qui s’est déroulé en novembre 1988, il écopera de sept ans de réclusion.
Les deux policiers dans l’affaire de la mort de Malik prendront cinq ans avec sursis et trois ans avec sursis.
Vous pouvez trouver sur YouTube, « Abdel pour mémoire » un film réalisé par l’agence IM’média. https://youtu.be/UwJrMapSC3c
Lire sur Archive autonome la brochure L’État assassine « meurtres racistes et sécuritaires »
sur internet : RUSH_ARCHIVE_1987.01.0http://Abdel_Benyahia9_ParloirLibre_meeting_Abdel_Benyahia_LaCourneuve_puis_manif_interviews
Nous sommes en studio en compagnie de Nadia, Mogniss et Guy, qui ont vécut les mobilisations pour Abdel Benyahia
Pour un débat : tract diffusé lors du procès le 23 novembre 1988
Nous sommes quelques-uns a avoir participe au comite Justice pour Abdel et les autres . Si nous sommes, et avons toujours été persuadés de la nécessite de la mobilisation de masse comme réponse à la violence policière, nous pensons cependant qu’il y a des contradictions difficiles, voire impossible à surmonter pour que cette mobilisation puisse avoir lieu :
peut on s’allier avec des gens qui participent à la répression ? 1er exemple : l’amicale des Algériens en Europe assume la responsabilité d’avoir soutenu la répression féroce qui s’est abattue sur la légitime révolte de la jeunesse algérienne en 86. Pourtant un de ses représentants est intervenu en toute liberté au meeting du lundi 21 novembre.
2eme exemple : comment admettre le double langage de la mairie qui d’un coté demande le renforcement de l’appareil policier, et de l’autre « s’indigne » de la mort d’Abdel ; et appelle par ailleurs publiquement au renfort de la police après
la mort d’Ali Mafhoufi (rappelons que les flics dans cette affaire n’ont même pas été inculpés, l’enquête est apparemment terminée!).
Y a t il de “bons” et de ‘mauvais” flics ? La police est un corps constitué pour la répression. S’il est exact que certains outrepassent leurs droits (ceux qui, ivres, hors service et mal-notés, tirent sans raison sur un jeune!), et peuvent donc être condamnés, en quoi seraient-ils meilleurs ou pire que ceux qui en service vident un chargeur dans le dos d’un gosse, gazent à mort une mère de famille, renversent volontairement un jeune motard et le tue. etc.
La police est un organe néfaste qui historiquement a toujours exécuté les basses besognes de 1’Etat (en se mettant au service de la Gestapo en 1940 1944, en assassinant à Paris des centaines d’Algériens en octobre 1961.
La notion même de bavure est à remettre en question car la justice a depuis longtemps légalisé la violence policière. Ainsi s’est installe le droit de tuer, et ce n’est pas l’éventuelle condamnation de Savrey aujourd’hui qui changera cet état de fait.
Espérons tout de même qu’il soit condamné pour que ceux qui, demain, seraient amenés, dans les mêmesconditions à tirer, y réfléchissent à deux fois ; mais restons vigilant ;
si le flic est en service, et couvert par sa hiérarchie et par ses syndicats (ce qui n’est pas le cas de Savrey), son crime sera absout, logique sécuritaire oblige ;
la logique du bouc émissaire est aussi nécessaire : Savrey est un assassin, une pourriture difficile à défendre puisque saoul et hors service. De plus il ne peut pas salir Abdel (face à la mobilisation) et en faire un dangereux délinquant comme dans d’autres affaires.
Les syndicats sont muets, cet condamnation est donc logique. Mais il faut aussi savoir quelles conditions de détention sont faites aux flics en taule :
d’une part, remise de peine et libération conditionnelle à mi-peine à tout les coups
(alors que seul 7% des détenu(e)s bénéficient d’une conditionnelle, et encore la plupart du temps quelques mois avant la libération prévue!) d’autre part, conditions de détentions souples dans des centrales modernes (comme Mauzac ou Casabianda), alors que les jeunes des cités sont entassés comme des chiens dans des prisons surpeuplées ou dans des centrales-goulag (Clairvaux, Saint-Maur…).
En clair , les gouvernants d’aujourd’hui, alors que d’autres crimes sont commis par les forces de l’ordre, ont intérêt à condamner Savrey afin de pouvoir redorer leur blason d’anti-raciste.
3) Sur la violence. Nous ne pensons pas que les réactions violentes des jeunes de la cité soient comme certains le disent, des “réactions indignes” à mettre en opposition avec la dignité du comite.
Au regard de notre objectif que nous espérons commun. à savoir la fin de tous les crimes racistes et sécuritaires, nous ne trouverons
notre dignité que lorsque cette barbarie des crimes racistes s’arrêtera quels que soient les moyens
pour y parvenir. Cela pour le moment, ni les violences de jeunes, si compréhensibles soient-elles, ni la tentative d’organisation dans le comité n’ont réussi à l’atteindre. Il nous reste donc à réfléchir et à avancer
des propositions. mais il est sûr déjà que seule la mobilisation de la population sur des bases claires (pas d’unité avec ceux qui participent à la répression), des axes de luttes précis, peuvent aider à la prise de conscience de masse du drame que constituent les meurtres racistes et sécuritaires. Pour qu’il n’y ait jamais plus de jeunes comme Abdel, Ali … qui meurent en pleine jeunesse sous les coups des policiers. Solidarité à toutes les familles des victimes, à tous les comités. Notre victoire sera la fin de la barbarie.
Janos B. est un militant révolutionnaire incontournable de la région parisienne. Lors de la révolution d’octobre 1956 à Budapest, il a 16 ans. Aujourd’hui, il a 81 ans, est réfugié politique en France depuis 1962, il n’a eu de cesse d’arpenter le pavé.
Il a participé à mai 68, à la création de sud éducation, à la création du réseau résistons ensemble, au mouvement des gilets jaunes, à la coordination contre les répressions et les violences policières idf, et nous en oublions sûrement. Il fait partie de ces anonymes qui ont construit nombre de luttes dont nous sommes les héritiers. Mais Janos n’est pas un « ancien », c’est un acteur des luttes contemporaines et pour ces raisons, il a longtemps refusé que nous fassions un portrait. Il n’en voyait pas l’intérêt.
Face à l’invasion de l’Ukraine, il a une fois de plus fait preuve de constance et de curiosité en participant à la rédaction de textes en soutien à la résistance ukrainienne sans pour autant méconnaitre les réalités sociales et politique de la Russie. Et face aux réactions du monde militant, il a trouvé que nous parler de son expérience en Hongrie pouvait nous permettre de mieux comprendre la situation actuelle. Alors, il a accepté de prendre le temps de témoigner.
Dans cette émission, vous allez donc entendre le témoignage de Janos, qui nous raconte à la fois ses souvenirs de la Hongrie en 1956 et la manière de cela à déterminer l’ensemble de son parcours politique.
Pour finir l’émission, nous vous diffuserons une lecture d’extrait d’un interview réalisé par le collectif russophone contre la guerre avec des camarades de la résistance ukrainienne que nous vous diffusons ici en intégralité.
Entretien avec les combattants des brigades anarchistes ukrainiennes Le comité russophoneJune 21, 2022 Après le déclenchement de l’invasion russe à grande échelle, de nombreux anarchistes en Ukraine ont pris les armes pour résister à l’agression. En particulier, plusieurs brigades autonomes ont été créées au sein de la Force de défense territoriale ukrainienne (en ukrainien : Війська територіальної оборони ; Viiska terytorialnoi oborony).
Nous avons discuté avec les combattants de plusieurs unités de ce type. Nous leur avons demandé leurs motivations pour partir en guerre, et comment les brigades anarchistes sont organisées ; nous leur avons posé des questions sur la guerre en soi et beaucoup plus. Trois anarchistes originaires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie ont répondu à nos questions. Nos correspondants biélorusse et russe appartiennent à la brigade internationale appelée « Komitet Sprotyvu » ( en ukrainien : Комітет Спротиву ; en français : Comité de résistance). Notre interlocuteur ukrainien est un membre d’une brigade formée par l’organisation anarchiste ukrainienne nommée « Chornyi Stiag » (en ukrainien : Чорний Стяг ; en français : Drapeau noir). Il est très important pour nous de présenter les points de vue des gens des différentes brigades qui participent à cette guerre ; des gens qui ont des expériences variées dans l’activisme politique et dans la lutte contre la dictature dans des différents pays.
Raconte-nous à propos de ta vie avant la guerre. Quels sont les collectifs anarchistes dont tu faisais partie ? Que faisaient-ils ?
Cooper : Avant la guerre je faisais de l’activisme social de gauche. J’étais un membre de « Avtonomnyi Opir » (en ukrainien : Автономний Опір : en français : Résistance autonome) et de « Chornyi Stiag ».
Biélorusse : Ça fait 13 ans que je suis un anarchiste. Durant cette période j’ai participé dans des différentes activités : du graffiti à l’organisation des manifestations à grande échelle. Il y avait aussi beaucoup de collectifs dont j’ai fait partie. Parmi ces collectifs le plus connu est « Pramégne » (en biélorusse : Прамень ; en français : Rayon).
Avant la guerre j’ai vécu en Pologne. Depuis mon exil à cause des répressions, quand j’ai été accusé d’avoir participé à quelques actions directes, j’ai dû quitter le pays en automne 2020. Avant d’avoir déménagé en Pologne, j’ai vécu en Ukraine pendant un petit moment. Alekseï : Quand j’ai vécu en Russie, j’ai été un membre de l’Action autonome (en russe : Автономное действие; Avtonomnoye deystviye) avant sa séparation. Après cette séparation j’ai été dans l’Autodéfense populaire (en russe : Народная самооборона, Narodnaya samooborona). Avec l’éclat des répressions massives contre nous, j’ai dû m’enfuir en Ukraine, parce qu’autrement je serais mis en prison.
Qu’est-ce que tu as ressenti, quand la Russie a attaqué l’Ukraine ? Pourquoi as-tu décidé de prendre les armes ? Est-ce qu’il y avait des doutes idéologiques, ou as-tu eu peur de partir en guerre ? Ça peut paraître bizarre pour certains anarchistes, que les anarchistes en Ukraine défendent à main armée l’état. Comment pourrais-tu expliquer sa motivation et les raisons de prendre les armes ? Cooper : J’ai été « un peu » bluffé, je n’ai pas pu totalement accepter que le scénario de l’invasion à grande échelle ait été possible. Non, je n’ai eu aucun doute. En outre, je crois que si quelqu’un a besoin d’explications concernant les raisons pour lesquelles je suis parti en guerre à main armée contre ceux qui tuent des civils, des enfants et des femmes, contre ceux qui bombardent des villes, alors, nous avons des différents chemins à suivre avec cette personne, peu importe de quelle façon elle se croit.
Biélorusse : Dès le moment où les pays occidentaux ont commencé à déplacer leurs ambassades, je me suis rendu compte que la guerre a été inévitable, même si je n’ai pas voulu croire que Poutine ait été si fou.
J’ai appris, que la guerre avait commencé, de mes voisins m’étant réveillé à 8 heures du matin dans mon appartement. Je l’ai pris calmement, j’ai juste envoyé un message à mes camarades ukrainiens pour leur demander leurs projets et comment je pourrais participer à la guerre. Pourquoi j’ai décidé de participer à la guerre ? Parce que le « Monde russe » (Pax Russica), que Poutine essaie d’imposer à l’Ukraine, n’apportera que de la douleur et de la souffrance. Il supprimera tous les droits et toutes les libertés pour lesquels le peuple ukrainien a dû se battre. Le monde russe détruira toutes les initiatives populaires, tous les syndicats indépendants, les programmes de défense des droits de l’homme et d’autres projets. La victoire de la Russie sur l’Ukraine signifiera la perte de l’espoir de renverser la dictature en Biélorussie pendant plusieurs années. Je pense que la défaite de l’armée russe pourrait affaiblir le régime de Poutine et devenir un catalyseur de changements positifs en Russie même.
Et, peut-être, le plus important, c’est qu’aujourd’hui, ici et maintenant, pour la première fois depuis de nombreuses années les anarchistes forment une unité de combat et, qui sait, peut-être que cette unité même pourra devenir une base pour la création d’une sorte de nouveau projet libertaire dans l’esprit du makhnovisme.
Je ne me bats pas pour l’état ukrainien, même si je dois me rallier à lui. Je me bats contre l’impérialisme russe et ce camp de concentration en lequel Poutine veut transformer toute la région. La peur était certainement présente, elle l’est toujours. Je pense que seulement les psychopathes n’ont pas peur dans ce type de conditions. Mais la compréhension claire de ce pour et contre quoi je me bats m’aide à faire face à la peur.
Alekseï : Malgré tous les reportages de nombreux médias occidentaux sur une future invasion, un tel scénario me semblait peu probable, car de tels reportages étaient apparus dans les médias ukrainiens il y a un an et périodiquement même plus tôt. D’autant plus qu’à cette époque, la date de l’invasion présumée a changé constamment. Donc l’invasion a été plutôt inattendue pour moi. Néanmoins, Néanmoins, je n’ai pas beaucoup hésité. J’ai su tout de suite ce que j’étais censé faire, et au premier jour de la guerre j’ai rejoint la brigade anarchiste au sein de la Force de défense territoriale ukrainienne à côté de mes camarades.
Je pense que d’une façon ou d’une autre tout le monde a peur en partant en guerre. Certains plus, certains moins. Je ne suis pas une exception à cet égard. Mais la peur n’est qu’un facteur parmi tant d’autres. Elle a été complètement contrebalancée par d’autres facteurs. Ça fait déjà plus que douze ans que je suis un anarchiste. Pendant tout ce temps, j’ai combattu le régime de Poutine et j’ai payé le prix pour ça. Beaucoup de mes ami·e·s sont emprisonné·e·s, tandis que j’ai été dépourvu de ma maison et de la possibilité de voir mes parents et mes proches. J’ai fui les autorités russes vers l’Ukraine. Et tout d’un coup, j’ai une chance de ne pas fuir, mais de me battre contre eux. De quelles autres motivations ou raisons ai-je besoin ? Je ne « défends pas un état » en premier lieu, je suis en guerre avec la dictature avec laquelle j’étais en guerre depuis toujours. Je considère que c’est cohérent.
Raconte-nous de ta brigade. Que fait-elle ? Quels sont ses objectifs ? Comment s’est-elle formée ? Y a-t-il beaucoup de monde ? À quel point est-elle internationale ? Y a-t-il des femmes qui se battent à vos côtés ?
Cooper : Malheureusement, je peux pas répondre à cette question, car il s’agit d’informations stratégiques.
Biélorusse : Nous appartenons à la Force de défense territorial (FDT) de la région de Kyiv. Nous assurons la formation du personnel, nous réalisons aussi les missions de sécurité et de convoiement.
Il y a 50 personnes dans la brigade en ce moment. Une vingtaine d’entre eux sont des étrangers de Biélorussie, de Russie et de certains autres pays européens.
Alekseï : Notre unité de combat est composée principalement par des anarchistes et des antifascistes. Elle s’est formée à partir de diverses organisations, collectifs et groupes d’amis anarchistes et antifascistes. Il faut dire qu’en temps de paix tous ces gens n’auraient pas interagi les uns avec les autres, mais face à la guerre ils se sont mis d’accord de mettre en pause tous les conflits. Je ne suis pas sûr que je doive divulguer le nombre exact de personnes, d’autant plus que des nouveaux combattants continuent à arriver jusqu’à présent. Disons-le de cette façon : nous avons plus qu’assez pour un peloton, et dans une perspective à court terme, nous parlerons d’une compagnie. Les femmes sont également présentes ici.
Comment sont vos relations avec l’état ? Dans quelle mesure êtes-vous soumis au commandement de l’armée ? Jusqu’où les unités de FDT et leurs membres combattants sont autonomes ? L’état vous approvisionne-t-il, ou êtes-vous autosuffisants ?
Cooper : Notre relation avec l’état n’a pas changé de toute façon. Néanmoins, nous profitons de chaque occasion pour protéger le peuple ukrainien. Nous opérons en coordination avec toutes les structures des ZSU (en ukrainien : Збройні сили України, abrégé en ЗСУ et romanisé en Zbroyni syly Ukrayiny, ZSU, en français : les Forces armées de l’Ukraine). En ce qui concerne l’approvisionnement, nous recevons certaines choses de l’état, mais nous nous procurons certaines choses par nous-mêmes également.
Biélorusse : L’état nous fournit des armes, des munitions et des uniformes. Quant à presque tout le reste, nous l’avons grâce au travail de nos camarades de « Operation Solidarity » (en ukrainien : Операция Солидарнiсть ; romanisé en : Operatsiya Solidarnist’) en Ukraine et en Europe et à d’autres initiatives bénévoles.
J’ai l’impression que le FDT ne prête guère attention à notre unité. C’est pour ça que le contrôle du commandement n’est pas très strict, ça nous laisse une certaine liberté d’action. Alekseï : Structurellement, nous appartenons à la Défense territoriale, qui, à son tour, fait partie des Forces armées de l’Ukraine. Il y a presque la même structure de commandement ici que dans les forces régulières. En ce qui concerne l’autonomie, nous changeons périodiquement le lieu de déploiement, et le niveau d’autonomie dépend fortement de l’endroit où nous nous trouvons à ce moment précis. Si on parle d’un lieu, où nous sommes stationnés avec d’autres pelotons et des officiers, alors, nous avons un peu moins d’autonomie. Il y a des moments où un site entier est occupé exclusivement par notre équipe. Dans ce cas nous pourrions dire que nous avons une autonomie relativement large. Mais en général comme nous appartenons structurellement aux forces armées, nous recevons périodiquement des ordres du haut commandement. Au moins, ce n’est pas à nous de choisir le site de stationnement.
En ce qui concerne les approvisionnements, alors, l’état nous fournit des armes, des munitions et d’un minimum d’équipement. Des gilets pare-balles normaux, des plaques et des porte-plaques, des vestes tactiques, des cartouchières, des sacs à dos et d’autres équipements ; tout ça entièrement grâce aux gens, qui nous transfèrent de l’argent, et aux bénévoles, qui achètent et nous livrent ce matériel. Quant à la nourriture, elle est donc généralement fournie par des bénévoles locaux. À cette occasion, je voudrais remercier énormément toutes ces personnes. Sans eux, l’existence de notre unité telle qu’elle l’est aujourd’hui ne serait tout simplement pas possible.
Comment l’état ukrainien se porte-t-il envers les anarchistes combattants en général ? Y a-t-il un risque que l’état lorsque la situation se stabilisera, ne tolérera pas votre existence ? Dans quelle mesure l’état ukrainien est-il répressif en général vers les anarchistes ?
Cooper : Pour l’instant, l’état ne porte aucun intérêt envers nous. Pour le reste, nous le verrons après la guerre.
Biélorusse : Les anarchistes, surtout avec un passeport biélorusse, n’ont pas été vraiment les bienvenus en Ukraine auparavant. Le cas d’expulsion de Frantskévitch et la tentative d’expulsion de Bolénkov méritent une mention spéciale. Mais jusqu’à présent, tout est calme, en ce qui concerne les prévisions sur l’avenir, je suis habitué à n’être que pessimiste.
Alekseï : Il y a beaucoup d’unités FDT, donc, l’état ukrainien est à peine conscient de notre existence. Bref, avant la guerre, comme tout autre état, il était négatif envers les anarchistes. Je ne vois aucune raison pour qu’il change son point de vue après la guerre. Ce n’est pas une sorte de type, qui nous dira : « Merci d’avoir combattu mon ennemi, maintenant je me rends compte que vous êtes les gentils ». L’état, c’est une institution, il fonctionne selon sa propre logique institutionnelle. Et selon cette logique, nous ne deviendrons guère amis tout d’un coup. C’est pour ça que le scénario, dans lequel après la guerre l’état aura des questions pour nous, me semble tout à fait probable.
Si nous parlons du degré des répressions en général, alors, avant la guerre les répressions n’ont pas été aussi dures qu’en Russie ou en Biélorussie. En même temps, néanmoins, les répressions ont eu lieu, comme il sied à l’état. RevDiya (en ukrainien : Революційна Дія, romanisé : Revolyutsiïna Diya ; en français : Action révolutionnaire) est considérée comme une organisation extrémiste, ses membres sont constamment pourchassés, de nombreux anarchistes ont été fouillés et saisis.
De nombreux anarchistes, qui avaient fui la Russie ou la Biélorussie de leurs régimes dictatoriaux, ont vu leurs titres de séjour révoqués ici, certains ont été interdits d’entrer dans le pays ou, comme dans le cas d’Aleksandr Frantskévitch, ont été séquestrés, puis, transportés à la frontière biélorusse, où leurs passeports ont été estampillés avec une interdiction d’entrée en Ukraine. Autrement dit, il a en fait été extradé vers la Biélorussie. Pour rappel, il est à présent dans une prison biélorusse depuis cet incident
La propagande russe utilise l’image des néo-nazis ukrainiens pour justifier l’invasion en Ukraine. À son tour, cela relève de nombreuses questions de la part des personnes qui ne connaissent pas la situation. Pouvez-vous nous parler de la situation avec les néo-nazis en Ukraine ? Quelle est leur influence et leur nombre dans la société et dans le gouvernement ?
Cooper : Je ne le cacherai pas, en effet, le problème des groupes nazis existe en Ukraine. Cependant, le problème peut être résolu sans aucune intervention externe, alors, leur existence ne justifie absolument pas l’invasion russe en Ukraine.
Biélorusse : Comme je n’ai pas beaucoup suivi cette situation en Ukraine, c’est difficile pour moi de répondre à cette question. D’après ce que je vois, il y avait eu de nombreux groupes néonazis différents, pour la plupart en petit nombre, en Ukraine avant la guerre. Beaucoup d’entre eux sont partis en guerre. De plus, des néo-nazis de Biélorussie se battent actuellement en Ukraine, mais ils sont peu nombreux.
Alekseï : Je dirais que les néo-nazis en Ukraine, en particulier, sont assez marginaux et l’ont toujours été. L’extrême droite en général, c’est une autre histoire. Après les manifestations de Maïdan, ils ont vraiment gagné en popularité pendant un certain temps. D’ailleurs, cela s’est largement produit, parce que la gauche, pour la plupart, a refusé de participer au Maidan, en se plaignant que c’était une sorte de mauvaise révolution et que, voyez-vous, la droite y participait.
De nos jours, ils perdent en popularité depuis quelques années consécutives. Certains d’entre eux ont quitté la rue et se sont lancés à la politique et, comme ça arrive souvent aux gents rapaces, ils ont commencé à tendre vers le centrisme en employant le populisme. Quant à leur impact social, tous leurs partis ne remportent même pas plus que cinq pour cent des votes au total à toute élection. La guerre entre la Russie et l’Ukraine, n’est-ce qu’une guerre entre deux états représentant le même mal ? Quelle est la différence essentielle entre les régimes russe et ukrainien et leurs objectifs dans cette guerre ? Qu’adviendra-t-il de l’Ukraine si la Russie gagnera ?
Cooper : Objectivement le mal n’est pas le même. L’Ukraine n’attaque personne et ne bombarde pas de villes civiles. De plus, l’Ukraine n’est pas une formation impériale et, au cours de son histoire, n’a asservi aucun peuple. La différence est que l’objectif de la Russie est l’acquisition de territoires étrangers par la force, et l’objectif de l’Ukraine est le sien, tout simplement. Si la Russie gagnera, donc, je pense que nous n’existerons pas.
Biélorusse : Je ne suis pas allé en Russie depuis cinq ans et je ne sais pas exactement ce qui se passe là-bas maintenant. D’après ce que j’ai lu dans les médias et entendu parler par mes camarades, je peux dire que le régime de Poutine devient de plus en plus répressif. La dissidence est pratiquement écrasée, l’opinion alternative est supprimée. En revanche, l’Ukraine semble être une île de liberté, où il y a des médias indépendants, où l’état ne détruit aucune dissidence, etc. Bien sûr, l’Ukraine est pleine de problèmes, mais il y en a beaucoup plus en Russie. Et il est beaucoup plus facile de les résoudre dans le cas de l’Ukraine.
Alekseï : Le régime ukrainien est beaucoup plus clément que le régime russe. Son objectif est de maintenir son statu quo. Alors que le régime russe est dictatorial et, en cas de victoire, apportera également la dictature à l’Ukraine.
Actuellement la question de la responsabilité collective des Russes pour ce qui se passe en Ukraine est en cours de discussion. Qu’est-ce que tu en penses ? Les Russes sont-ils tous responsables, ou c’est que le régime de Poutine ? Penses-tu que tu es en guerre contre les Russes en tant que nation, peuple, ou que tu es en guerre contre le régime de Poutine ? Et si les Russes sont coupables, peuvent-ils se rédimer ? Comment, si c’est le cas ? Comment une personne qui se trouve en Russie ou en Biélorussie peut-elle vous soutenir ?
Cooper : Il est difficile pour moi de répondre. Je crois que les Russes qui ne proposent en aucune manière la moindre résistance au régime de Poutine sont, dans un degré ou un autre, responsables. Je ne suis en guerre ni avec la nation, ni avec le peuple, ni, en principe, avec des individus au hasard. Mon ennemi est clair : le régime fasciste de Poutine. Les Russes et les Biélorusses peuvent, tout d’abord, nous aider en organisant une résistance aux régimes dans leur pays. Ils peuvent également nous aider financièrement ou en faisant du bénévolat.
Biélorusse : Non seulement les Russes, mais aussi les Biélorusses sont collectivement tenus pour responsables. Ils nous accusent de ne pas pouvoir renverser le régime de Loukachenko, qui aide en fait à Moscou dans la guerre contre l’Ukraine. Personnellement, je pense que la responsabilité collective est de la connerie et toutes ces attaques contre les Russes et les Biélorusses sont les tentatives de culpabiliser la victime. En tant que personne qui a vécu en Biélorussie pendant 28 ans, je suis très conscient que les décisions sont prises là-bas, dans les cercles supérieurs, pas par nous en bas. Bien sûr, beaucoup de gens en Russie sont décervelés par la propagande de Poutine, mais je crois qu’ils sont aussi des victimes.
Pourraient-ils en quelque sorte se rédimer ? Je pense qu’ils le pourraient. Les Biélorusses se rédiment en combattant et en aidant aux réfugiés. Le peuple russe pourrait saboter l’envoi des troupes et protester, ce que beaucoup de gens font actuellement. Et aussi ils pourraient dire la vérité et ne pas avoir peur d’appeler la guerre une guerre.
Alekseï : Je ne pense pas que tous les Russes soient coupables. Comme je vous ai déjà dit, je me bats contre le régime de Poutine et je vois la guerre à travers cette perspective. Quant au soutien, vous pouvez nous soutenir en organisant des actes de sabotage sur les territoires de la Fédération russe et de la Biélorussie (que la Russie utilise comme terrain pour préparer ses attaques), en endommageant les voies d’approvisionnement, en diffusant de l’agitation et des informations sur notre lutte. Vous pouvez également transférer de l’argent pour les besoins de notre équipe. Les deux derniers points s’appliquent également aux Européens
Comment les gens qui se trouvent actuellement en Europe peuvent-ils vous soutenir ? Cooper : Pareil : par le bénévolat et le soutien financier.
Biélorusse : Je pense que la moindre chose que les gens puissent faire pour nous aider est de diffuser les informations sur notre unité et de faire les dons aux initiatives bénévoles qui aident aux unités anarchistes. Le soutien de niveau supérieur, c’est de venir ici et participer à la vie de notre équipe. – Comment évalues-tu le cours de la guerre ? Quelles sont, selon toi, les raisons des échecs de l’armée russe ?
Cooper : Globalement, nous gagnons. La raison de ces échecs est évidente : il n’y a pas une seule raison objective pour qu’un soldat russe franchisse la frontière ukrainienne à main armée. Autrement dit, les seuls soldats motivés qu’ils ont sont un petit groupe des complètement dingues, qui s’amusent à tuer des innocents, les autres sont amenés ici à la pointe des baïonnettes.
Biélorusse : Je ne suis pas un expert militaire, mais il me semble que l’armée de Poutine est coincée et ne peut pas briser la résistance de l’armée ukrainienne. Je pense que le gouvernement russe a sous-estimé ce à quoi il pourrait faire face en Ukraine. Il me semble qu’ils croyaient vraiment que les Ukrainiens attendaient les « libérateurs » russes. Mais au lieu de fleurs, ils ont été accueillis avec des Molotovs.
Alekseï : Il m’est difficile d’avoir une image complète de la guerre en raison de la propagande des deux côtés. Ce que je peux dire avec certitude, c’est qu’apparemment la Russie prévoyait de terminer l’opération en quelques jours avec succès, mais au lieu de ça, elle a subi de lourdes pertes, et ça a amené Poutine à se poser la question de déclarer officiellement la guerre, afin qu’il puisse procéder à la mobilisation pour restocker les rangs de l’armée avec de la chair à canon fraîche. Et ça entraîne l’accroissement des contestations dans le pays.
Quant aux raisons des échecs, je vois le système dégradant et on pourrait même dire pourri, qui est le résultat de nombreuses années de règne unipersonnel de Poutine. Il l’a cultivé, ce système, de telle manière que les personnes incompétentes, mais proches, occupent les postes clés. Quand cela se produit au cours de nombreuses années, la piste de carrière dans un tel système n’est pas définie par des compétences, mais par la flatterie et par le népotisme. Il devient plus avantageux de dire ce que la direction supérieure veut entendre, plutôt que ce qui se passe réellement. Ça conduit à une perception inadéquate de la réalité par les dirigeants, comme, par exemple, cette fausse impression que la population accueillera les troupes russes à bras ouverts. L’autre aspect de ce système est la mauvaise qualité des cadres due à la corruption totale.
Pourquoi est-il important pour les peuples d’Europe et de Russie de soutenir l’Ukraine ? Que signifiera la victoire ou la défaite de la Russie pour eux ? Cooper : Parce que si l’Ukraine perdra, toute la planète perdra, y compris les peuples qui habitent en Russie. Si l’Ukraine gagnera, le monde sera comme avant la guerre. Pas sans problèmes, mais en même temps, il sera possible de les aborder. Si la Russie gagnera, alors, Poutine ne s’arrêtera pas, il ira plus loin.
Biélorusse : La victoire de la Russie signifiera une suppression complète de tout le champ politique, y compris les initiatives de gauche et anarchistes, les syndicats indépendants et toutes les organisations locales. La victoire de la Russie apportera de nombreuses années de dictature dans la région, des répressions constantes, des tortures dans les sous-sols du FSB (en russe : Федеральная служба безопасности Российской Федерации (ФСБ), retranscrite en Federalnaïa sloujba bezopasnosti Rossiyskoï Federatsii, en français : Service fédéral de sécurité) et bien d’autres crimes.
Alekseï : Dans le cas de l’Europe, la victoire russe signifiera une dictature se rapprochant de ses frontières avec tout ce qui va avec ça. Pour le peuple russe, cela signifiera une nouvelle « cimentation » de la dictature, l’élimination de ce qui reste des droits et des libertés et un abaissement du niveau de vie à cause des sanctions.
Références bancaires pour soutenir les anarchistes combattants :
Pour mieux comprendre le présent, il est nécessaire de faire un tour dans le passé. La mémoire des luttes vient nous éclairer, nous ragaillardir et nous rappeler que rien n’est figé. Nous faisons partie de ce mouvement qui avance au gré des rapports de force que la classe des exploités, des dépossédés arrivent à faire vivre. Même si la période est au recul, ne baissons jamais les bras.
Au début des années 1980, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, les ondes se libèrent pour se libéraliser par la suite. Les expériences sont multiples sur tout le territoire. Avec Christophe Soulier, nous allons évoquer l’expérience de Taule ondulée sur radio Trouble fête, une émission anticarcérale qui voit le jour sur Limoges au tout début des années 80. Christophe Soulier est également l’auteur d’un excellent livre sur l’histoire du CAP ; comité d’action prisonniers : Liberté sur parole.
Le samedi 4 juin, dans le quartier de Château-Rouge, la police qui voulait effectuer pour non-port de ceinture de sécurité, a tiré neuf balles sur un véhicule, blessant le conducteur au thorax et une passagère à la tête. Cette jeune femme de 21 ans est décédée des suites de ses blessures. Sur des personnes en refus d’obtempérer. Cette action, la police la justifie en s’appuyant sur l’article l435-1 de la loi relative à la sécurité intérieure de 2017, qui leur accorde une présomption de légitime défense, pour la justifier.
Le 24 avril dernier, c’était Boubacar et Fadjigui et étaient âgés respectivement de 31 et 25 ans qui était tués à Paris le 24 avril dernier lors d’un contrôle de police au niveau du Pont-Neuf. Armé d’un fusil d’assaut, l’un des agents a ouvert le feu une dizaine de fois sur le véhicule des jeunes, entrainant leur mort et blessant le passager qui se trouvait à l’arrière. Le policier à l’origine du tir, invoque la légitime défense, prétextant que la voiture qui aurait tenté d’échapper au contrôle des agents, allait lui foncer dessus.
Le 26 mars 2022, à Sevran, c’était Jean-Paul, un homme de 32 ans qui a été tué par balle, par un agent de la BAC. À un feu rouge, situé à la jonction de Sevran et d’Aulnay-sous-Bois, Jean-Paul est alors contrôlé par l’un des agents de la BAC qui descend du véhicule pour l’appréhender. L’agent de la BAC fait usage de son arme et l’utilitaire de la victime percute des véhicules garés dans la rue. Cela fait donc 4 morts en 3 mois, et cela, seulement depuis le début de l’année 2022.
Depuis la promulgation de cette loi même,L’inspection générale de la Police nationale (IGPN) , pourtant première à camoufler ou minimiser les violences commises par la police, rapporte en août 2018, une hausse de 54 % de l’usage des armes à feu par rapport à l’année précédente. Dans l’affaire de Rayana, c’est le conducteur de la voiture lui-même blessé au thorax qui est interrogé et mis en examen, quand les policiers qui ont tiré ont étaient libérés sans aucune poursuite après leur garde à vue. Dans l’affaire de Nordine, victime de violence policière en aout 2021(sept balles dans le corps) à Stains avec sa compagne pour refus d’obtempérer, c’est lui qui a été condamné à deux ans de prisons ferme.
Face à cela et à la déferlante médiatique et judiciaire qui criminalise systématiquement les victimes, un rassemblement était organisé le samedi 11 juin dernier afin de demander l’abrogation de la loi l435-1 sur la place de la République dont nous vous diffusons une partie des prises de paroles. Dans une deuxième partie d’émission, nous reviendrons sur un autre événement qui s’est produit à Montargis le 4 juin 2022 :
Deux profs ridiculisent à la chantilly Blanquer.
Samedi à Montargis, l’ancien ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, qui faisait campagne sur un marché pour les élections législatives, a reçu de la crème chantilly. Blanquer a porté plainte. Les deux enseignants ont également reçu de la main même des plus hautes autorités des poursuites administratives.
« On allait sur le marché et c’est la saison des fraises », a précisé à l’AFP Christophe, l’un des deux professeurs. Sur leur compte Twitter, créé dimanche sous le nom de « ProfsChantillyonneurs », Christophe et Olivier, deux enseignants de technologie et d’arts plastiques en collège REP, ont expliqué leur geste dans une vidéo intitulée « Blanquer mousse-Montargis-Chantilly gate
Dans cette vidéo, les deux hommes de 51 et 57 ans, enseignants depuis 20 ans et accusés d’avoir fait usage de la violence face à l’ancien ministre, racontent la violence subie au quotidien au sein de l’institution scolaire. « La violence, c’est 12 % d’élèves qui arrivent en 6ème et qui ne sont pas capables de lire ou de comprendre un texte. Combien sortent du système scolaire, humiliés, méprisés, et sans solution d’avenir ? »
« La violence ce sont les agressions physiques et les insultes au quotidien », c’est « le manque d’adultes pour protéger nos enfants, les éduquer, les aider : pas d’infirmières, pas de psychologues, pas de surveillants en nombre suffisant. La violence, c’est de mépriser les enfants et les parents en embauchant des gens non formés en 30 minutes », martèlent-ils.
« L’Éducation nationale est en chute libre »
« L’Éducation nationale est en chute libre, mais M. Blanquer a lui son parachute pour les législatives à Montargis », fustigent les deux enseignants, qui dénoncent un point d’indice « gelé depuis des années » et un pouvoir d’achat « en berne ». Dans leur vidéo, les deux hommes expliquent en vouloir tout autant à la candidature de l’ancien ministre dans leur circonscription que son bilan au ministère. Ces derniers affirment qu’ils reviendront sur « leurs conditions d’arrestation et leurs 8 h de garde à vue » dans une prochaine vidéo. Ils comparaîtront le 4 juillet prochain à 9 h au tribunal judiciaire de Montargis pour une audience de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité ou plaider-coupable. Ils encourent jusqu’à trois ans de prison pour « violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail ».
Dans cette émission, nous vous diffusons plusieurs montages en appel à deux rdv qui auront lieu demain. Tout d’abord nous vous diffusons la conférence de presse de la Campagne Antiraciste de Solidarité organisée par la Marche des solidarités qui avait lieu le 8 juin 2022 en appel au rdv du samedi 11 juin Place Blanche à 15 h contre le racisme et l’extrême droite, pour la justice sociale et climatique et pour l’égalité des droits de toutes et tous.
Extrait du texte d’appel :
“Encore Macron à l’Élysée, rien de bon à espérer, tout à redouter : on n’attend pas ! Treize millions de voix pour l’extrême-droite, le fascisme en embuscade, on n’a plus l’temps! Cotes d’alertes dépassées pour la planète et le vivant, on n’a plus l’temps! Réfugié·e·s sacrifié·e·s, Sans-papiers pourchassé·e·s et surexploité·e·s, on n’a plus l’temps! Les prix explosent, des milliards pour les grands patrons, mourir au travail ou crever au chômage, on n’a plus l’temps! Crimes racistes, féminicides, crimes policiers, on n’a plus l’temps!
Alors, on n’attend pas!
L’égalité des droits pour tou·te·s, c’est maintenant ! Liberté de circuler, de manifester, régularisation des Sans-papiers, c’est maintenant ! Justice sociale et climatique, c’est maintenant ! Plus de fascistes dans nos quartiers, c’est maintenant ! Le pouvoir de vivre, c’est maintenant !”
Ensuite, nous vous diffusons un montage en vue du rdv de demain à 13 h Place de la République contre les violences policières, en Hommage à Rayana morte des suites d’un contrôle de police le 5 juin 2022, et pour l’abrogation de la loi de présomption de légitime défense de la police ( article l 435-1 de la loi de sécurité intérieur de 2017).
Extrait du texte d’appel :
” Non au permis de tuer !
Samedi 4 juin, dans le quartier de Château-Rouge, la police a tiré sur des personnes en refus d’obtempérer. Au cours d’un contrôle pour non-port de ceinture de sécurité, des policiers ont tiré neuf balles sur un véhicule, blessant le conducteur au thorax et une passagère à la tête. Cette jeune femme de 21 ans est décédée des suites de ses blessures.
Nous habitant·es, membres d’organisations du 18e, choqué·es et bouleversé·es par cet événement d’une extrême violence, manifestons notre colère et notre indignation. Nous apportons tout notre soutien et solidarité aux victimes ainsi qu’à leurs familles. C’est l’ensemble de la population qui est mise en danger par cet usage d’armes à feu sur la voie publique, un samedi en pleine journée. Ce drame s’inscrit dans un climat de violence et de harcèlement policier déjà particulièrement pesant dans nos quartiers.
La police tue.
Elle a encore tué il y a quelques jours en plein Paris. Cette fois, la victime est une jeune femme de 21 ans. Un homme de 38 ans a été sévèrement touché. Il y a quelques semaines, c’étaient deux frères qui étaient tués au fusil d’assaut par un policier. Et ils ne sont malheureusement pas les seuls. La liste des personnes violentées, mutilées, tuées par les forces de l’ordre ne cesse de s’allonger. Cela fait des années que nous dénonçons ces crimes. Cela fait des années que nous alertons en particulier sur la loi de 2017 qui a assoupli les règles d’usage d’armes à feu pour les policiers. C’est derrière l’article L435-1 qu’ils se cachent pour justifier ces meurtres. Jusqu’à quand ?”
Vous pourrez donc entendre le témoignage d’Inès, amie de Rayana présente dans la voiture lors du contrôle policier qui a entraîné la mort de la jeune fille ; celui de l’avocat du conducteur de la voiture, actuellement mis en examen, Ibrahim Shalabi, puis un extrait de la conférence de presse du jeudi 9 juin avec la sœur du conducteur, la tante de Souheil El Khalfaoui mort lors d’un contrôle à Marseille en aout dernier ; et enfin Amal Bentounsi du collectif Urgence notre police Assassine.
Le 21 mai 2022, avait lieu une conférence-débat à l’initiative du collectif contre le passe sécuritaire et son monde totalitaire, autour du livre “Le business de nos données médicales”. Co-écrit par Simon Woillet, Audrey Boulard et par Eugène Favier-Baron. Vous retrouverez ici la présentation suivie d’interventions de l’assistance
En fin d’émission, une rediffusion de l’émission l’Égrégore du 30 mai 2022 diffusé initialement sur Radio primitive parlera de la présentation d’une plainte collective initiée par la Quadrature du Net contre la technopolice.
Il y a trois ans, La Quadrature du Net lançait l’initiative Technopolice pour recenser les nouvelles technologies policières installées dans nos villes. Aujourd’hui, la surveillance de nos rues est devenue totale, car ces technologies se renforcent les unes les autres : vidéosurveillance généralisée, fichage de masse, reconnaissance faciale et détection automatisée de comportements. Pour mettre un coup d’arrêt à cette surveillance totale, nous lançons une plainte collective contre le ministère de l’Intérieur qui l’organise illégalement.
En résumé, il s’agit d’une procédure similaire à celle que nous avions engagée il y a 4 ans devant la CNIL contre les GAFAM. Ces plaintes collectives avaient réuni 12 000 personnes et conduit à quelques belles victoires, telle que l’amende record de 746 millions d’euros contre Amazon (les autres plaintes sont encore en cours de traitement).
Aujourd’hui, nous attaquons l’État français pour demander l’arrêt de quatre dispositifs de surveillance :
Les caméras de surveillance installées depuis plus de 20 ans dans toutes les villes de France, qui n’ont cessé de démontrer leur inutilité (et donc leur illégalité) ; les logiciels qui s’ajoutent à ces caméras, dans le but de détecter des comportements « indésirables » (mendicité, maraude, regroupement, tag…) pour aseptiser nos villes et en exclure les personnes les plus vulnérables ou encore les activistes politiques ;
les fichiers de police enregistrant nos visages, qu’il s’agisse du TAJ (« traitement des antécédents judiciaires »), qui contient 8 millions de photos de personnes connues de la police, ou du TES (« titres électroniques sécurisés »), qui contient la photo de toute personne demandant un passeport ou une carte d’identité ;
l’utilisation de la reconnaissance faciale par la police (plus de 1 600 fois par jour en 2021) et par les services de renseignement, qui est en train d’abroger l’anonymat dans l’espace public.
Le but de notre action n’est pas uniquement juridique : il s’agit aussi d’imposer un rapport de force politique dans un contexte dans lequel ces technologies s’imposent dans l’opacité la plus totale. Unissons-nous massivement pour reprendre notre place dans le débat public et faire savoir que la Technopolice est illégale et doit le rester.”
Aujourd’hui dans cette émission du 1ᵉʳ juin, nous vous diffusons une rencontre qui avait lieu à la Brèche, librairie du NPA le 18 mai 2022, a l’occasion d’une semaine de solidarité avec la résistance ukrainienne.
Vous pourrez entendre Gilbert Achkar ( universitaire) revenir sur le contexte historique et internationale du déclenchement de l’invasion et notamment de la responsabilité de l’OTAN. Devis Forbach chercheur franco-Ukrainien revenir sur l’histoire récente de la construction d’un état Ukrainien et Daria Saburova chercheuse franco-Ukrainienne nous faire le retour du voyage d’une délégation international s’étant rendu sur place au début du mois de mai.
À ce sujet, nous diffusons un rapide compte rendu effectué à la suite de ce voyage :
Une délégation de 26 participantEs de dix pays européens s’est rendue en Ukraine du 3 au 6 mai à la rencontre du mouvement social, féministe et syndical d’Ukraine et en coordination avec le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine. Deux des participantEs français, Laurence Boffet et Roland Mérieux, en ont fait un court compte rendu.
Nous sommes arrivés à Lviv hier après-midi. Laurence Boffet ainsi que les parlementaires présents dans la délégation ont rencontré le parti Razem (gauche radicale polonaise, environ 7 % des voix aux dernières élections législatives, six députés) puis des associations qui tiennent une maison des solidarités à la frontière polonaise. Ensuite, nous avons rencontré des humanitaires polonais (anciens musiciens, organisateurs de festivals reconvertis en convoyeurs de tout, médicaments, repas, réfugiés).
Deuxième journée à Lviv Ce jeudi 5, en lien avec les camarades de Sotsialnyi Rukh [Mouvement social] qui militent pour un socialisme démocratique, nous rencontrerons, aujourd’hui et demain, des représentants syndicaux (en particulier du rail, services publics, santé, mineurs), des militants écologistes, féministes, LGBTQ+.
La matinée a été consacrée à une rencontre avec les responsables de Sotsialnyi Rukh. Ils nous ont présenté leurs activités, notamment sur les questions sociales et démocratiques que leur mouvement tente de mettre en œuvre et leur vision de la situation politique dans leur pays en état de guerre (soutien au président Zelensky et son gouvernement, bien que très critiques sur les questions sociales et écologiques).
Une déclaration commune est en cours de rédaction reprenant les larges convergences évoquées toute la matinée, déclaration proche de celle du texte du Réseau européen de solidarité à l’Ukraine avec un point complémentaire majeur pour eux, l’adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE.
L’après-midi a été consacré à des échanges avec les syndicats ukrainiens, qui se retrouvent essentiellement dans deux grandes confédérations (la Confédération des syndicats et la Confédération des syndicats libres). Étaient présentEs des représentantEs de différents secteurs d’activité (construction, transports, santé), ainsi qu’un syndicat nouveau et indépendant des deux confédérations qui défend les travailleurs pauvres de la santé, des mines et de l’énergie (nucléaire). Nous avons eu une description détaillée des luttes sociales avant la guerre pour les hausses de salaires, contre les conséquences du néolibéralisme sur les secteurs publics ou la santé, qui nous ont rappelé les nôtres…
Aujourd’hui, les syndicats sont tournés vers l’aide concrète aux travailleurs ukrainiens victimes de la dérégulation en ces temps de guerre (licenciements, non-paiement des salaires, voire travail gratuit, maintien de la sécurité et des infrastructures dans les transports ou le nucléaire). La question écologique a aussi été abordée par certains syndicats.
Troisième jour, rencontres avec des mouvements féministes, écologiques, de solidarité et libertaires. Dès le matin, une première réunion s’est tenue entre les femmes de la délégation européenne et des représentantes de trois organisations ukrainiennes féministes, intersectionnelles, LGBT. Un groupe de travail spécifique sur ces questions démarre dans le Réseau européen en lien avec ces groupes féministes.
Ces groupes se focalisent en particulier sur l’aide aux femmes qui ont besoin de soutien immédiat sur le plan financier, psychologique, mais aussi politique. Plusieurs contacts très concrets ont été pris lors de cette rencontre pouvant permettre ultérieurement de créer des ponts avec les Ukrainiennes de Lyon, mais aussi avec des mouvements féministes (au plan national) qui voudront les aider. La matinée s’est poursuivie avec la présentation des actions de ces mouvements féministes et d’entraide entre femmes.
Plusieurs centaines de milliers de femmes se retrouvent seules avec leurs enfants, avec ou sans travail, exilées en Pologne ou déplacées dans leur propre pays ; elles ont besoin d’une prise en charge au niveau de l’éducation des enfants, du travail, un logement, des soins médicaux ainsi que d’accès à l’avortement, que ce soit en Pologne, qui l’interdit, mais aussi en Ukraine, où c’est autorisé, mais aujourd’hui de plus en plus difficile à mettre en œuvre.
Au cours de l’après-midi, d’autres présentations ont été faites par des représentants de mouvements écologistes, qui sont favorables aux sanctions et qui se concentrent en particulier sur une demande d’embargo du pétrole et du gaz russes, en exigeant qu’ils ne soient pas remplacés par d’autres énergies fossiles. Un appel en ce sens est en train de circuler auprès des parlementaires du monde entier […].
Une représentante d’un mouvement LGBTQ a décrit les actions de solidarité qu’ils et elles ont mis en place pour tous et toutes à partir d’une coopérative qu’ils et elles géraient déjà avant la guerre. Selon elles et eux, une des justifications de la guerre avancée par les Russes est la défense des valeurs traditionnelles chrétiennes et par conséquent la lutte contre la domination LGBT sur l’Ukraine comme sur l’ensemble de l’Europe ; Zelensky étant « accusé » d’être gay ! Par ailleurs, la société ukrainienne est assez conservatrice et la guerre renforce les valeurs « viriles ». Ce collectif défend la visibilité de la communauté LGBTQ, y compris dans l’armée, travaille au consensus et prône une démarche non violente.
Troisième jour, suites, Un représentant des droits des Rroms est également intervenu. Leur mouvement est très structuré, car les Rroms d’Ukraine sont parmi les plus discriminéEs d’Europe. Leur défense avait démarré bien avant la guerre. Ils profitent du fait que l’Ukraine demande son adhésion rapide à l’UE pour exiger l’accélération de l’agenda 2021-2030 qui prévoit une amélioration du traitement du peuple rrom demandée par l’Europe à tous les pays membres.
Les associations rroms disposaient déjà avant la guerre de réseaux européens efficaces qu’ils mettent aujourd’hui à disposition de l’ensemble des UkrainienEs. Malgré le racisme, leur représentant reconnaît que l’aide spontanée des UkrainienEs a concerné aussi les Rroms ; des cas de maltraitance policière, comme à Lviv, ont été signalés. Dans cette ville, un cas de violence policière médiatisé a été utilisé par les Russes pour faire croire à des attaques envers les russophones d’Ukraine !
D’autres actions humanitaires ont également été présentées en association avec les mouvements libertaires. Ces réseaux sont a priori efficaces en termes de logistique de l’ouest vers l’est de l’Ukraine, mais aussi dans les zones sous occupation ou les zones de guerre. Partout ailleurs, ils proposent des abris, des hébergements, des lieux de stockage.
Des actions du côté de la défense territoriale ukrainienne sont également prises en charge par ces mouvements. Ils demandent des soutiens financiers, mais aussi de l’aide pour le soutien psychologique et pour répondre aux revendications des femmes qui peuvent aussi être réalisées depuis l’étranger.
Une représentante de ces mouvements nous a expliqué la question des trafics d’êtres humains, dans le cadre du travail forcé ou de l’exploitation sexuelle. L’Ukraine était déjà une grande pourvoyeuse de travail forcé, cela, c’est bien sûr renforcé depuis le début du conflit. […]
En conclusion de ces deux journées, une déclaration commune a été proposée par Vitalii Dudin au nom de Sotsialnyi Rukh, que nous avons adoptée.
Le Sri Lanka s’enfonce dans une crise économique qui s’aggrave de jour en jour, la pire depuis l’indépendance du pays il y a 74 ans. Une situation en partie causée par la pandémie de Covid-19, la baisse du tourisme, des dépenses publiques inconsidérées pour des projets bénéficiant aux plus riches, la fin de l’imposition des hauts revenus, le détournement d’argent public, une dette extérieure abyssale de 23 milliards d’euros. Une grande partie de la population sri lankaise ne peux plus vivre, elle doit faire des queues interminables pour faire face aux pénuries de produits alimentaires, de carburants, de médicaments, quand elle en a encore les moyens.
La population Sri-lankaise depuis plusieurs mois est en insurrection, des dizaines de milliers de manifestants défient le gouvernement, incendiant les maisons des riches propriétaires, les traquant dans les rues.
Puisque nous avions Jacques Chastaing nous en avons profité pour faire un petit point sur le mouvement paysan indien et le mouvement Pakistanais.
REVOLUTION OUVRIERE AU SRI LANKA DANS UNE ASIE DU SUD EN ÉBULLITION
Depuis fin mars 2022 le pays vit une situation insurrectionnelle où les classes populaires cherchent à faire tomber le pouvoir. Ce moment à caractère insurrectionnel est l’aboutissement d’une large mobilisation commencée depuis novembre 2021 où le Sri Lanka déborde de grèves ouvrières et de manifestations populaires quotidiennes additionnées de quatre grèves générales ces cinq derniers mois qui ont été chacune autant de véritables tsunami populaires dont l’ampleur a été crescendo en avançant dans le temps.
Mais cette situation est elle même le prolongement de luttes qui ne cessent pas dans le pays depuis 2018 dans un cadre plus général de luttes ou de situations aussi insurrectionnelles dans les pays voisins commencées aussi en 2018-2019, en particulier en Inde et au Pakistan, sans oublier la Birmanie, le Népal ou les Maldives où l’agitation sociale et les résistances populaires sont également intenses avec une interaction permanente entre les différents pays.
Ce qui se passe au Sri Lanka est emblématique de toute l’évolution de l’Asie du sud, mais plus largement à des degrés divers, du monde entier.
Au Sri Lanka, la situation est catastrophique pour les classes populaires avec une inflation démesurée depuis le mois de novembre 2021, atteignant 30% pour le seul mois d’avril 2022, des pénuries récurrentes de médicaments, d’aliments, de gaz, des coupures d’électricité à répétition, des entreprises, des services, des hôpitaux ou des commerces qui ferment faute d’énergie, des gens qui font des heures de queue tous les jours pour se procurer la moindre des choses, beaucoup de familles populaires qui ne font plus qu’un repas par jour, les plus fragiles qui meurent y compris en faisant la queue, des journaux qui ne paraissent qu’épisodiquement ou sur des paginations restreintes faute de papier et d’encre, des examens scolaires qui ne peuvent pas avoir lieu pour les mêmes raisons de pénurie de papier ou d’encre, un pays en quasi faillite.
Et à côté de ça, les profits des entreprises ont battu tous les records historiques, les riches n’ont jamais été aussi riches, étalant sans honte leurs voitures de luxes, palaces, yachts devant l’immense misère de la grande majorité.
DE LA CRISE DE LA DETTE AU SOULEVEMENT DES PAYSANS EN PASSANT PAR LE MOUVEMENT PAYSAN INDIEN JUSQU’A L’INSURRECTION POLITIQUE OUVRIERE Même si la racine de la crise remonte aux années 2009/2010, à l’origine actuelle de cette situation de quasi faillite, il y a la décision en octobre 2021 prise pour faire plaisir aux riches par le gouvernement dirigé par les frères Rajapkse, de réduire les impôts sur la fortune et les entreprises quasi à rien et de lever le contrôle sur les prix. Le résultat a été d’une part une inflation colossale et d’autre part une perte de revenus importante pour l’État.
Or depuis 2010, le gouvernement (déjà des frères Rajapakse) avait décidé d’ouvrir totalement le pays au marché mondial en empruntant massivement au capital chinois pour renouveler toutes les infrastructures du pays, routes, ports, voies ferrées, aéroports… afin de satisfaire au miroir aux alouettes des “nouvelles routes de la soie” que lui faisait miroiter la Chine. Pendant un moment, le Sri Lanka a été le modèle de réussite du libéralisme. Puis les attentes escomptées n’ont pas été au rendez-vous et les choses se sont gâtées. Là dessus, le covid et la perte de ressources que cela a entraîné pour le tourisme, la première source de revenus du pays, a aggravé la situation, d’où, pour compenser, les cadeaux aux riches d’octobre 2021 en impôts et suppression du contrôle des prix.
Mais il fallait rembourser la dette, faute de revenus pour cela, il fallait emprunter à nouveau à des taux de plus en plus élevés. Jusqu’à un moment où les créditeurs chinois, ont dit stop ; on veut être payés. L’État s’est alors attaqué à la population. Il achetait moins d’essence, d’électricité, de gaz, de médicaments, d’aliments… Ça a commencé par les engrais.
En août 2021, le gouvernement a brutalement cessé d’acheter des engrais et a demandé aux paysans de se reconvertir du jour au lendemain à une agriculture écologique. C’était impossible et cela signifiait que nombre de paysans allaient mourir mais qu’ils produiraient beaucoup moins pour assurer les ressources vivrières du pays. Résultat, les paysans se sont soulevés, et instruits des combats de leurs voisins indiens, ils ont pendant quatre mois d’août à novembre, coupé les routes et les voies ferrées, occupé des places, bloqué le siège des pouvoirs locaux, se sont affrontés violemment à la police et ont organisé plusieurs marches sur la capitale.
Des manifestations paysannes contre la misère avaient déjà eu lieu auparavant mais cette fois leur objectif revendiqué dans leur dernière marche du 30 mars 2022 était de renverser le gouvernement. Ce qui a tout changé.
Ce mouvement paysan et cet objectif politique allaient en effet débloquer la situation au sein du mouvement social ouvrier cantonné jusque là aux conflits économiques. Le mouvement social chez les ouvriers et dans les classes populaires était loin d’être inexistant. Bien au contraire. En fait, depuis 2018, une vague de grèves et de manifestations incessantes croissantes comme dans beaucoup de pays du monde à ce moment ont traversé le pays jusqu’à début 2020 avant la pandémie pour reprendre donc en novembre 2021, mais c’étaient des grèves et luttes aux objectifs économiques.
C’est contre cette vague de grèves montantes, d’ouvriers mais aussi de pauvres des campagnes, de la jeunesse et du mécontentement global des populations que le président actuel du Sri Lanka, Rajapakse, lieutenant-colonel corrompu et tortionnaire, a accédé au pouvoir lors des élections présidentielles de novembre 2019.
En effet en septembre 2019, juste avant les élections, 17 000 employés des universités se sont mis en grève, les cheminots – après déjà une grève en juin- entamant pour leur part une grève quasi totale pour une durée indéterminée, tandis que les enseignants exerçaient un arrêt national de deux jours et les agents administratifs du gouvernement entraient en lutte tout comme d’ailleurs les travailleurs des transports et les agents de santé. Mais les directions syndicales refusaient de donner la perspective de l’union des colères comme celui de renverser le gouvernement qui réprimait tant qu’il pouvait toutes ces luttes non coordonnées.
Gotabhaya Rajapakse remporta donc les élections contre son prédécesseur qui était soutenu “comme un moindre mal” par la gauche et les directions syndicales alors qu’il avait mené une féroce politique d’austérité et réprimé les grèves. Ce soutien de la gauche au pouvoir anti-ouvrier et répressif permis à Rajapakse de s’appuyer sur le mécontentement généré par cette politique d’austérité et de lui offrir comme politique toute une démagogie religieuse anti musulmane, à la faveur de pogroms anti-musulmans et ethniques anti tamoul.
Une fois élu, les premières mesures de Gotabhaya Rajapakse ont été de corrompre et de militariser l’appareil d’État un peu plus à tous les niveaux en mettant ses frères, cousins, oncles et tantes et des militaires à la tête des administrations – y compris les criminels de guerre condamnés de la guerre contre les tamouls. Il renforça les forces de répression en vue de la confrontation avec la classe ouvrière et toutes autres formes de contestation sociale que dans la démagogie habituelle, il confondait avec le terrorisme, le crime organisé et le trafic de drogue tout en rendant responsables les musulmans de la propagation du virus du covid.
Très rapidement avec la pandémie, il montrait presque publiquement qu’il préparait un coup de force en concentrant des troupes sur Colombo la capitale et en faisant envahir les rues par des militaires en armes et faisant occuper les écoles du nord du pays par 20 000 soldats.
Mais les grèves et manifestations continuaient. Ainsi 14 manifestations nationales de différents secteurs professionnels se sont déroulées devant le siège du gouvernement sur les 15 premiers jours de février 2020. Le 28 février, 200 000 enseignants se mettaient en grève alors que des mineurs d’une mine d’État entraient aussi en lutte et que les ouvriers agricoles des plantations de thé poursuivaient une grève quasi continue depuis trois mois. Le 2 mars, les employés des services d’audit entrent en grève illimitée pour être intégrés à la fonction publique et des employés d’État entrent eux aussi en grève. Face à ce nouvel élan de grèves, le président dissolvait le Parlement début mars 2020 pour organiser de nouvelles élections législatives en août dans le but de cumuler tous les pouvoirs, ce qu’il obtint avec une nouvelle vague de démagogie anti-musulmans et tamouls.
A partir de là, le mouvement social n’allait reprendre qu’avec les paysans en août 2021, puis une grève de trois mois de 250 000 enseignants pour les salaires, contre la privatisation de l’éducation et sa mise sous contrôle de l’armée, et enfin une nouvelle vague de grèves à partir de novembre 2021, avec des travailleurs de la santé, du pétrole, de l’électricité, des ports, des plantations de thé et à nouveau des enseignants pour des augmentations de salaire, unissant les travailleurs de toutes les ethnies cinghalaises, tamoules et musulmanes, soulignant une détermination commune et une classe unique loin des divisions traditionnelles alimentées par certains partis politiques pour diviser le petit peuple.
En même temps, poussés par la population en colère, et pour tenter de prendre le contrôle du mouvement social émergeant, le principal parti de l’opposition bourgeoise, le SJB, appelait à occuper les rues de la capitale Colombo à la mi-novembre ce qui fut fait avec succès, bien au delà de ses capacités de mobilisation traditionnelle et le JVP, principal parti de l’oppostion de gauche, faisait de même.
Le 8 décembre, plus d’un demi-million de travailleurs du secteur public organisent une grève nationale d’une journée tandis que des dizaines de milliers d’agents de santé du secteur public ont lancé une série de manifestations au niveau provincial et qu’en même temps, les ouvriers de l’électricité, des ports et des sociétés pétrolières manifestaient conjointement dans le centre de Colombo pour protester contre la privatisation de ces entreprises.
Le 13 décembre, environ 10 000 travailleurs de 12 plantations de thé entament une grève d’une semaine pour s’opposer à l’augmentation de la charge de travail et aux baisses de salaires. Le 14 décembre, environ 16 000 postiers participent à une grève nationale pour les salaires.
Face à la montée de cette colère des travailleurs et des ruraux pauvres et leur unification sociale, le gouvernement interdit les grèves et autres actions revendicatives dans la fonction publique avec de lourdes amendes et de longues peines de prison à partir de la mi-décembre 2021. Il suspend en même temps le Parlement du 12 décembre 2021 au 18 janvier 2022, tout en intensifiant la militarisation de l’école et de son programme, la militarisation de l’administration, avec un général à la tête de la lutte contre le covid, un général à la tête de lutte contre l’inflation, une fonction de “leader” dans les universités formée par l’armée, poussant la militarisation de la société jusqu’au ridicule puisque les autorités imposent aux étrangers désirant épouser une sri-lankaise d’avoir l’autorisation de l’armée.
Un instant freiné, les luttes reprennent en mars 2022 avec une campagne d’un mois de grèves pour des augmentations de salaires organisée par les directions syndicales tandis que les partis d’opposition SJB et JVP continuent pour leur part à organiser d’immenses manifestations et marches sur la capitale pour remettre en cause le gouvernement mais en exigeant seulement des élections anticipées ou que le Parlement prenne en main la situation.
On avait donc le train train classique des grèves et manifestations ouvrières aux objectifs économiques d’un côté et de l’autre l’opposition bourgeoise qui se réservait le débouché politique, électoral ou parlementaire. Le schéma de qui s’est passé au Pakistan avec la chute du premier ministre le 9 avril 2022, provoqué par une lame de fond de mobilsations populaires contre les hausses de prix, les privatisations, les licenciements, mais canalisée par une union des partis de l’opposition bourgeoise et détournée vers une motion de censure parlementaire, cause secondaire de la chute du pouvoir mais qui volait le succès à la mobilisation des classes populaires.
Le mouvement paysan sri lankais allait bousculer cette mécanique, par la marche sur Colombo le 30 mars qui elle était directement politique en affichant clairement son but de renverser le gouvernement.
Les réseaux sociaux ont pris le relais en appelant à descendre dans la rue le 31 mars contre le gouvernement. Le pouvoir coupa internet et interdit toute manifestation. Mais c’était trop tard, le feu avait pris. Dans la nuit du 31 mars, des manifestants tentèrent de prendre d’assaut la résidence du président de la république et du premier ministre. Cela fut un coup de tonnerre. Tous les partis et toutes les directions syndicales, débordés et surpris de perdre leur monopole de la représentation populaire, dénoncèrent ce vandalisme commis par des anonymes.
Mais le mouvement des classes populaires sur le terrain politique était lancé. Pour comprendre cette opposition de toutes les forces politiques et syndicales du pouvoir comme de l’opposition à ce mouvement sorti du tréfonds des classes populaires et comprendre donc les événements qui vont suivre, quelques mots sont ici nécessaires pour décrire l’évolution de la représentation politique et syndicale des classes populaires au Sri Lanka ces dernières années, une évolution assez symptomatique de ce qu’on peut voir partout dans le monde.
EFFACEMENT DE L’OPPOSITION GAUCHE/DROITE ET APPARITION D’UN ESPACE PUBLIC OPPOSITIONNEL En 2009, le clan des Rajapakse au pouvoir depuis 2005 à la tête du grand parti de gauche de l’époque le SLFP, mettait fin à vingt ans de guerre civile contre la tentative fédérative des tamouls qui a fait au moins 100 000 morts.
A partir de là et des élections présidentielles de 2010, en même temps que le pouvoir tournait l’économie à fond vers le marché au point de devenir le meilleur élève du libéralisme comme on l’a vu plus haut, au lieu de l’opposition traditionnelle gauche/droite, opposant les deux grands partis SLFP (gauche) et UNP (droite), on va assister à une sorte de gouvernement permanent d’union nationale, unissant l’ensemble des grands partis de gauche et droite, dans une alliance permanente, avec de nombreuses ruptures, combats, trahisons et divisions internes mais toujours dans le cadre de cette alliance permanente.
Ainsi par exemple, Ranil Wickramasinghe (UNP droite) vient d’être nommé ce 14 mai 2022, nouveau premier ministre du président Gotabaya Rjapakse (SLPP gauche ex SLFP), en remplacement de son frère Mahinda Rajapakse, qui lui-même était président jusqu’en 2015 et son frère Gotabaya alors ministre et chef des armées. Mais en 2015 Ranil Wickramasinghe (UNP droite) avait déjà été le premier ministre de Maithripala Sirisena (SLFP gauche) qui avait été lui-même candidat contre Mahinda Rajapakse (ex SLFP devenu SLPP gauche), tandis qu’un peu plus tard Mahinda Rajapkase devient à son tour premier ministre de Maithripala Sirisena, etc.
A cela s’ajoute le soutien sans participation des partis qui dénoncent cette union nationale. Ainsi, les deux grands partis qui jouent un rôle dans les mobilisations aujourd’hui, le JVP, la gauche dure et ancien parti guerilleriste, qui exige le départ de Rajapakse le soutenait pourtant hier et le SJB, une scission de l’UNP qui s’oppose à la participation de ce parti à cette union nationale permanente, exigeait il y a cinq jours la démission du président Gotabaya Rajapakse mais lui proposait il y a deux jours d’être son premier ministre et a accepté hier de faire partie du nouveau gouvernement.
Les directions syndicales sont quasi toutes aux mains des grands partis de cette union nationale défendant l’orientation libérale. En même temps, à cause des dégâts de ce libéralisme, elles recrutaient massivement des jeunes syndicalistes combatifs mais peu conscients politiquement. Les directions syndicales arrivaient à concilier cette contradiction avec d’une part une radicalité certaine dans la lutte économique et d’autre part l’arrêt de la lutte lorsque cette radicalité s’approchait de la mise en cause du pouvoir politique, au prétexte que ça risquait de casser l’économie et d’être préjudiciable à tous.
Cet équilibre vient d’être rompu par la politisation du mouvement actuel et nous entrons dans une situation où l’évolution de cette jeunesse ouvrière militante est inédite.
Avec cette politique libérale passant à l’offensive contre les classes populaires et cette union nationale pour la mettre en œuvre, le pouvoir s’attaquait aux libertés démocratiques pour paralyser toute riposte. Il limitait les libertés démocratiques, muselait les médias, emprisonnait les opposants et les torturait, accentuait le fait de donner les pleins pouvoirs à l’armée, accroissait sa démagogie contre les tamouls et les musulmans, pendant que la corruption et les fraudes augmentaient. Aussi, en même temps que l’espace public traditionnel de débat politique s’éteignait au parlement et dans les médias, il resurgissait dans les médias sociaux et dans l’opposition de rue.
La première manifestation de cette espace public oppositionnel se fait en 2012, en même temps que les printemps arabes, avec un “printemps sri lankais”, mené par les étudiants et enseignants, occupant universités et places publiques tout comme ailleurs les places Tahrir, Kasbah, Syntagma, Puerta del Sol… avaient été occupées, ou plus tard à des niveaux différents « Nuits debout » mais dans la même logique d’espace public oppositionnel, et aujourd’hui encore à des niveaux éloignés, les rond-points des Gilets Jaunes jusqu’aux « townships » révolutionnaires des paysans indiens aux portes de Delhi et dans des centaines d’endroits dans le pays, qui fonctionneront comme un entre-deux, entre le besoin d’organes horizontaux de pouvoir les plus démocratiques possibles et en même temps le ferment centralisé pour l’élaboration et la mise en pratique des conceptions et tactiques révolutionnaires afin de faire face efficacement à la centralisation des pouvoirs bourgeois, une sorte de centralisme démocratique pour la situation.
Le printemps sri lankais étudiant et enseignant va entraîner peu à peu toutes les classes populaires dans une lutte tous azimuts contre ce monde et le pouvoir, probablement avec les mêmes illusions qu’en Egypte, en Grèce ou en Espagne à cette époque, mais que le gouvernement aura toutefois déjà toutes les peines à stopper et dont on voit ressurgir aujourd’hui le souvenir instruit des leçons de l’histoire avec les occupations de « Galle Face » à Colombo au Sri Lanka.
LES ETAPES DE L’INSURRECTION ACTUELLE Trois grandes étapes ont marqué la dernière période insurrectionnelle au Sri Lanka autour des dates 31 mars, 9 avril et 9 mai avant probablement une quatrième étape le 19 mai 2022.
Au lendemain de la tentative des classes populaires le 31 mars 2022 de prendre les résidences du président et du premier ministre et leur dénonciation par toutes les forces politiques et syndicales, la mobilisation qu’on avait vu en 2012 avec le “printemps sri lankais” réapparaît et occupe l’espace politique ouvert par la révolte ouvrière et abandonné par les forces institutionnelles.
A partir du 9 avril, les abords et même le hall d’entrée de la présidence de la république dans le quartier chic de “Galle Face” à Colombo sont occupés jour et nuit par une foule de manifestants dont beaucoup d’étudiants, artistes, intellectuels mais aussi beaucoup d’ouvriers, de jeunes, de chômeurs, de femmes des quartiers populaires, de pauvres… qui sont là à titre individuel et qui reprennent tous l’exigence des manifestants des 30 et 31 mars : le départ du gouvernement des Rajapakse. Les abords du Parlement et du siège du premier ministre sont également occupés en même temps que les abords des bâtiments du pouvoir dans la plupart des villes du pays.
Significativement le campement devant la présidence est baptisé « Gota dégage » (Gota, abréviation du nom du président) tandis que celui devant les bureaux du premier ministre se nomme « pas d’accord » (pas de compromis). A « Galle Face » comme aux portes de Delhi, on installe un mini hôpital, un cinéma, une école, les débats et meetings sont permanents, les spectacles également.
Après le 9 avril, les directions syndicales qui jusque là continuaient à s’aligner sur les partis pour réclamer des solutions politiques qui soient parlementaires et des solutions économiques dirigées par le FMI, sont poussées par la base à une grève générale le 28 avril qui sera très suivie. Face au succès, la base exige une suite avec de plus en plus l’objectif de faire tomber le gouvernement comme première étape pour aller vers un changement de société. Des syndicat comme le syndicat des enseignants s’expriment dans ce sens. La nouvelle étape est une grève générale durcie le 6 mai, baptisée « hartal », mêlant désobéissance civile et grève, en référence à une première de ce type en 1953, la première après l’indépendance. C’est un tsunami populaire.
Tout s’arrête, des trains aux bus, des usines aux commerces, des hôpitaux aux universités, des banques à l’électricité, la poste, les plantations de thé, l’administration… C’est une formidable démonstration de force de la classe ouvrière. Des cheminots, des chauffeurs de bus, d’autres encore continuent spontanément la grève le lendemain. Les directions syndicales appellent alors à la grève illimitée à partir du 11 mai jusqu’à la chute du gouvernement.
Le gouvernement parle de lâcher le premier ministre pour calmer les choses. Les directions syndicales hésitent. Le pouvoir en profite et le 9 mai au matin, le premier ministre mobilise des milliers de miliciens de son parti et des prisonniers de droit commun sortis de prison pour l’occasion, qui s’attaquent violemment avec la protection de la police aux campements des manifestants devant les bureaux du premier ministre et de «Galle Face » en même temps que le pouvoir décrète le couvre-feu. Il y a de nombreux blessés et des morts.
Mais c’est sans compter avec la riposte ouvrière qui est formidable. Dans l’après-midi du 9 mai, des centaines de milliers de travailleurs se mettent en grève spontanément dans tout le pays en même temps que des syndicats de base ou des fédérations appellent à la grève, certains pour dénoncer les violences du pouvoir d’autres pour renverser le pouvoir. Les rues sont occupées par les insurgés, les miliciens du pouvoir sont poursuivis, défaits et se cachent.
Les insurgés mettent des check-points un peu partout pour arrêter les miliciens et les hommes du pouvoir, ils arrêtent des policiers et même un chef de la police qui est passé à tabac. La nuit du 9 au 10 et encore en partie dans la matinée du 10 mai, plus d’une centaine de résidences de ministres, dont celle du premier ministre, des députés et de responsables du pouvoir sont incendiés comme leurs bureaux et leurs véhicules. Une caserne de l’armée ou se cache le premier ministre est encerclée. Paniqué, le premier ministre démissionne.
Le 10, la presse se déchaîne contre les insurgés (et à peine contre les violences du pouvoir) et appelle l’armée au secours. Quasi toutes les directions politiques lâchent le mouvement et le dénoncent, les directions syndicales également et annulent leur mot d’ordre de grève illimitée pour le 11 pour ne pas céder, disent-elles, au chaos et à l’anarchie. Les patrons en profitent pour lock-outer (ferment) toutes leurs entreprises tandis que l’État ferme tous les services publics pour empêcher les travailleurs de se rassembler. Le gouvernement envoie l’armée dans les rues tout en renforçant le couvre-feu pour maintenir l’ordre.
Surpris tout à la fois parce qu’ils viennent de faire et en même temps par les trahisons syndicales et politiques, sans pouvoir se rassembler ni faire grève, les travailleurs font une pause pour prendre la mesure de ce qui vient de se passer. En même temps, les contrôles de l’armée sont plus dans les désirs des bourgeois paniqués et sur les pages de leurs journaux que dans la réalité. En effet, l’occupation reprend quand même le 11 mai à « Galle Face » et devant les bureaux du premier ministre et des manifestations continuent dans de nombreux endroits pour obtenir du gaz avec des routes coupées plus par les manifestants que par l’armée.
Signe de cette situation, alors que la police donne un mot poli aux occupants de « Galle Face » pour qu’ils dégagent au titre du couvre-feu, le premier geste du nouveau premier ministre d’union nationale nommé le 12 mai est d’annuler publiquement l’exigence de la police et de dire qu’il est tout à fait normal que les gens manifestent contre le président. La velléité de nouveau coup de force du pouvoir a échoué bien que l’opposition face bloc autour du nouveau premier ministre , ou se taise comme les directions syndicales.
Tandis que dans la rue, les manifestations populaires continuent exigeant du gaz et pas un nouveau premier ministre, le 14 mai, la « Fédération inter-universitaire des étudiants » qui anime la lutte en milieu étudiant pour dégager le pouvoir, organise une conférence de presse avec la participation d’enseignants, d’artistes et de syndicalistes et, suppléant, à la trahison des directions syndicales, appelle à une marche sur la capitale le 19 mai, contre l’union nationale qui s’est remise en place autour du nouveau premier ministre, pour dégager le président et le nouveau premier ministre, procéder à l’arrestation de l’ancien premier ministre et d’autres ministres, députés ou notables du parti au pouvoir, responsables des violences du 9 mai qui ont fait 8 morts et des centaines de blessés et libérer les insurgés des 9 et 10 mai.
Pour faire face à la situation, pour la première fois, elle propose un programme indépendant pour la révolution :
1. Dehors Gotabaya, dehors le système présidentiel, pour transformer le système économique et social. 2. Nouvelle constitution élaborée publiquement par le peuple pour que tout le pouvoir revienne au peuple. 3. Restitution de tout l’argent volé au peuple depuis 1977 par les politiciens et tous les pillards de l’argent public. 4. Jugement et punition de tous les auteurs de crimes au pouvoir, 5. 85% des recettes fiscales sont des impôts indirects pris au peuple, et les grandes entreprises ne paient que 15% des impôts. Il faut inverser ces chiffres : que les riches paient 85% des impôts ! 6. Les sociétés cotées en bourse ont fait un bénéfice de 200 milliards de roupies en 2020, les 9 plus riches du pays ont gagné 891 milliards, le capital des quatre plus riches ont dépassé le billon de roupies. 2020 est en même temps l’année où la grande majorité est tombée au fond de la pauvreté. Cette richesse doit être prise à ces quelques individus et utilisée pour les besoins du peuple ! 7. Une commission publique d’enquête avec les ouvriers, paysans, enseignants, syndicalistes, étudiants, représentants d’association, déterminera les responsabilités de l’exécutif et du législatif dans la situation présente. 8. Un organisme public de contrôle des prix doit être instauré par les organisations de femmes, de paysans, d’ouvriers, d’étudiants, de pécheurs, de consommateurs, pour fixer les prix des produits de première nécessité et en enlever le pouvoir au marché et aux entreprises. 9. Il faudra prendre le contrôle de l’économie pour l’arracher aux mains de la Banque mondiale et du FMI. 10. L’éducation ne doit plus être une marchandise mais une arme d’émancipation. 11. Tous les accords signés avec les impérialismes : États-Unis, Inde, Chine, doivent être rompus s’ils vont contre les intérêts populaires. 12. Stop à la privatisation des biens publics et restitution de ce qui a été privatisé !
Le 16 mai, la jeunesse bloque le siège de la police à Colombo, exigeant l’arrestation des ministres et députés responsables des violences du 9 mai. Le 17 mai le nouveau gouvernement, qui regroupe désormais le parti au pouvoir et les grands partis d’opposition de gauche et de droite à l’exception d’un seul, prend peur. Pour tenter de couper l’herbe sous le pied à la manifestation du 19 mai et afin que le soulèvement ne se trouve pas une direction dans la fédération inter-universitaire étudiante et la coordination large qu’elle anime ainsi qu’un programme révolutionnaire, le nouveau gouvernement annonce qu’il a ordonné l’arrestation du premier ministre et de 22 autres ministres, députés et notables impliqués dans la tentative du coup de force violent du 9 mai. La révolution continue à exercer sa pression et sa marche en avant. Elle l’exerce également au delà du Sri Lanka.
UNE RÉVOLUTION SCRUTÉE DANS TOUTE L’ASIE On a vu plus haut, que le mouvement paysan sri lankais s’était inspiré du formidable soulèvement des paysans indiens qui a ébranlé le pouvoir de Modi en Inde et que c’est cela qui avait débloqué la situation politique au Sri Lanka en contribuant à donner des objectifs politiques au mouvement des prolétaires sri lankais. Il en a été de même au Pakistan. C’est aussi le mouvement paysan pakistanais en imitant la marche des paysans indiens sur Delhi, pour la reproduire vers Islamabad en mars 2022 qui a suscité la panique dans la bourgeoise pakistanaise et a incité l’alliance des partis d’opposition bourgeois à lancer à leur tour des marches populaires sur la capitale pour prendre la tête du mécontentement et des luttes importantes qui traversent le pays depuis deux ans et empêcher le mouvement populaire d’avoir sa propre direction. Ainsi le gouvernement militaro-islamiste d’Imran Khan est tombé le 9 avril sous la pression populaire à la date où les sri lankais occupaient les abords de la présidence à Colombo, mais c’est l’opposition bourgeoise qui en a tiré les fruits, prenant la place de l’ancien gouvernement en ayant la volonté d’avoir tout changé pour que rien ne change fondamentalement. Cependant, rien n’est joué, l’agitation populaire continue de plus belle en même temps que l’inflation bondit et ce qui se joue au Sri Lanka y est scruté attentivement, comme d’ailleurs dans toute la presse asiatique.
De la même manière, si le soulèvement paysan indien a accéléré les prises de conscience au Sri Lanka, ce qui se passe actuellement au Sri Lanka n’est pas sans répercussion en Inde. Le plus grand Etat tamoul d’Asie du sud est le Tamil Nadu indien avec une communauté de 80 millions de tamouls, qui vient de passer à gauche contre un allié du BJP aux dernières élections et a décidé d’aider la population sri lankaise. Mais au delà de cette communauté historique et culturelle, le congrès national de la jeunesse démocratique indienne qui vient de se tenir à Calcutta devant une foule de jeunes, a averti le gouvernement de Modi, que la jeunesse indienne saurait prendre exemple sur la jeunesse sri lankaise en train de mettre en échec le pouvoir autoritaire des Rajapakse, pour mettre à son tour en échec le pouvoir autoritaire de Modi. Un événement marquant, un succès notable dans l’île et les tensions sociales qui sont toujours vives sur le continent mais dispersées pourraient soudain retrouver une unification. Tout le monde le sait ou le sent et il y a de l’électricité dans l’air.
Soyons sûrs également que la progression de la révolution au Sri Lanka est scrutée de près par la résistance armée du peuple birman qui continue depuis plus d’un an contre la dictature de l’armée, de même que par les népalais où l’agitation ne cesse pas depuis deux ans ou encore aux Maldives où la population tente de renverser le pouvoir en place, sans oublier le Bangladesh où la colère ouvrière, encore sourde, n’attend qu’une étincelle pour ressurgir soudainement comme en 2018 et 2019. Toute l’Asie du sud est en ébullition, soit une population d’un milliard huit cents millions d’habitants qui s’éveille politiquement, un séisme pour le monde et la pointe avancée de ce tsunami à venir en est aujourd’hui la révolution ouvrière au Sri Lanka Jacques Chastaing le 17 mai 2022
APRES LES PAYSANS INDIENS, LES PAYSANS PAKISTANAIS APPELLENT A UNE MARCHE SUR LA CAPITALE ISLAMABAD EN FEVRIER
Cela fait au moins depuis 2019, que les paysans pakistanais tentent d’élargir le nœud coulant qui les étrangle, la lutte des paysans indiens et leur succès a donné un coup de boost à leur lutte.
De son côté le PPP, le principal parti d’opposition, a annoncé une marche sur la capital fin février et le PDM (alliance de 10 partis d’opposition) appelle à une marche sur la capitale le 23 mars contre la hausse des prix.
Le gouvernement militaro-islamiste d’Imran Khan est mal parti.
Si le gouvernement d’Imran Khan était affaibli, voire dégagé par une vague populaire, soyons sûrs que le gouvernement Taliban ne tiendrait pas longtemps en Afghanistan, lui qui est tenu à bout de bras par le régime islamiste du Pakistan. Et ce d’autant, que toute la partie ouest du Pakistan (aux frontières afghanes et iraniennes) est déjà en quasi sécession sous l’influence des grands partis Baloutches et Pachtounes d’obédience marxiste, en guerre contre les talibans du Pakistan autant que contre ceux de l’Afghanistan et qui les tiennent en échec et les font reculer autant sur le terrain social que militaire.
À la librairie de l’Atelier au 2 BIS RUE JOURDAIN 75020 PARIS, avait lieu le 24 mars dernier, la présentation du livre : Petite histoire politique des banlieues françaises. L’auteur ; Hacène Belmessous, interroge les idées reçues et fantasmes associés à ces quartiers populaires depuis les années 1970.
Il décrit des zones de relégation dominées par la pauvreté et les humiliations sociales, où l’application du droit commun ainsi que les promesses d’égalité républicaine sont restées lettre morte.
Hacène Belmessous est chercheur, auteur de nombreux ouvrages sur les questions urbaines dont Opération banlieues. Comment l’État prépare la guerre urbaine dans les cités françaises, La Découverte (2010), Le nouveau bonheur français. Ou le monde selon Disney, L’Atalante (2009) et Mixité sociale : une imposture. Retour sur un mythe français, L’Atalante (2006).
À propos
L’histoire récente des banlieues populaires demeure un terrain en grande partie délaissé et inexploré. Pourtant, ces lieux concentrent depuis plusieurs décennies tous les débats, toutes les polémiques, toutes les fractures qui témoignent d’une société française qui ne sait pas comment aborder ces quartiers de relégation où dominent la pauvreté et la ségrégation. Évoquer ces quartiers, c’est convoquer toute la série de fantasmes qui servent de support aux pratiques discriminatoires quotidiennes : ils formeraient la dernière étape avant le « grand remplacement », des « ségrégation » qui mettraient l’ordre républicain à feu et à sang…
Revenir sur l’histoire politique de ces quartiers, de ces villes, de ces banlieues, c’est constater que le droit commun n’y a jamais été instauré malgré les promesses d’égalité républicaine par les promoteurs de la politique de la Ville. C’est aboutir à ce constat implacable : la République, dans les banlieues populaires, c’est pour leurs habitants quarante années d’humiliations sociales.
Cet ouvrage s’efforce de décrire et analyser ce qui s’y est joué durant cette période en abordant avec profondeur et de façon incisive une série de questions : la police, le logement social, l’islam, la politique de la Ville, les politiques conduites dans ces quartiers par les partis politiques aux affaires (de droite comme de gauche), etc.
Pour cela, l’auteur s’est appuyé sur des archives locales de communes emblématiques (La Courneuve (93), Mantes-la-Jolie (78), Vaulx-en-Velin (69), Vénissieux (69), Montfermeil (93)…), des documents étonnamment souvent jamais consultés, et sur des entretiens avec des personnages historiques de l’histoire urbaine récente.
Cette histoire politique des banlieues livre finalement en creux ce qu’elles ont toujours incarné : les démons des mauvaises consciences françaises.
Nous vous proposons dans l’émission de ce jour, une large partie de la présentation par Hacène Belmessous de son ouvrage.
Le Conseil d’État annonce aujourd’hui la suspension du décret de dissolution du Collectif Palestine Vaincra publié le 9 mars dernier par le ministère de l’Intérieur ! C’est une première victoire pour Collectif Palestine Vaincra et le Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra en attendant le jugement du recours en annulation.
Dans son ordonnance du 29 avril, le Conseil d’État estime que le décret « n’est ni nécessaire, ni adapté et porte une atteinte disproportionnée à la liberté d’expression et à la liberté d’association », étant donné que le Collectif Palestine Vaincra « ne provoque ni ne contribue à la discrimination, à la haine ou à la violence, que ses prises de position vis-à-vis d’Israël et du sionisme ne présentent pas un caractère antisémite, qu’il a toujours condamné l’antisémitisme, que la campagne de boycott des produits israéliens constitue une modalité légitime d’expression d’opinions protestataires (…) », balayant par la même les accusations mensongères faites au collectif. Ainsi, alors que le président de la République, Emmanuel Macron, affirmait éhontément il y a quelque temps à Toulouse que le CPV était un « collectif antisémite », cette décision est un véritable camouflet contre le pouvoir et bat en brèche la propagande de l’extrême droite sioniste et ses amalgames entre antisionisme et antisémitisme.
La décision du Conseil d’État réaffirme la légitimité du soutien au peuple palestinien et celle de l’existence du Collectif Palestine Vaincra et de ses diverses activités exercées depuis plus de trois ans à Toulouse et ailleurs. Le Collectif Palestine Vaincra se réjouit de pouvoir poursuivre ses luttes librement et tient particulièrement à saluer l’Union Juive Française pour la Paix, l’Association France-Palestine Solidarité ainsi que l’Union Syndicale Solidaires pour leur important soutien dans cette bataille judiciaire, mais également la grande mobilisation du Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra qui réunit plus d’une trentaine d’organisations et de nombreux soutiens à travers la monde. La mobilisation doit continuer pour une annulation totale du décret !
Le Collectif Palestine Vaincra, 29 avril 2022
Cette première victoire doit en appeler d’autres et pose la question de la criminalisation de la solidarité avec la Palestine. Nous revenons sur toutes ces questions avec Tom du Collectif Palestine Vaincra.
Nous étions une trentaine de personnes aux profils très diversifiés ce mercredi 2 février 2022, à l’appel de l’Union Syndicale Solidaire, à la librairie La Nouvelle Réserve de Limay, pour discuter de la prison et du modèle de société qu’elle représente : des militant.es qui luttent contre le système carcéral, des anciens détenus, des personnes qui interviennent auprès des prisonniers, des curieux, et beaucoup d’habitant.es du Mantois qui refusent la construction d’une prison de Magnanville.
Au cours de cette rencontre, Nadia Menenger, autrice de deux livres sur la prison (“A ceux qui se croient libres” et “La liberté ne se mendie pas”, éditions l’Insomniaque) et Alex, membre du journal l’Envolée (porte voix des prisonniers en lutte, qui a édité le livre “La peine de mort n’a jamais été abolie”), ont pu donner un état des lieux actuel de la prison : 70 000 personnes sont détenues en France aujourd’hui, nombre qui ne fait qu’augmenter ces dernières années du fait de l’alourdissement des peines, des prolongements de détention pour contestation des conditions de (sur)vie carcérale, et que les programmes de construction pénitentiaires n’ont en rien amélioré. Plus on construit de prisons plus on enferme.
Les intervenants ont aussi insisté sur la composition sociale de la population carcérale : ce sont en très grosse majorité les pauvres, les exclus, les sans-papiers, les chômeurs que l’on enferme. L’image du prisonnier ultra-violent, asocial et inarrêtable ne sert qu’à renforcer l’adhésion de la population à un système carcéral qui maintient l’ordre économique injuste et inégalitaire imposé par cette société.
Les différentes réformes, de droite comme de gauche, n’ont pas infléchi cette tendance et les auteurs ont souligné l’hypocrisie de l’abolition de la peine de mort (la France étant la dernière à l’avoir votée en Europe !) alors que l’on enferme parfois jusqu’à la mort, avec des peines qui n’en finissent plus.
Enfin, avant un échange riche avec la salle, où chacun.e a pu exprimer soit un témoignage de détention particulièrement violent et injuste, soit un désaccord, soit une question ou un prolongement sur un aspect de la discussion, nous sommes revenus sur les luttes de prisonniers contre le sort qui leur est fait et sur les solidarités possibles avec l’extérieur. La prison étant un pilier de cette société capitaliste, au même titre que la police et la justice, lutter contre la prison c’est aussi lutter pour des hausses de salaires, contre le chômage, pour le lien social, la santé et l’éducation et contre l’exclusion, l’autoritarisme et le tout sécuritaire.
Toujours est-il que l’opposition au projet de prison de Magnanville nous rassemble, et que nous avons affûté nos armes théoriques pour combattre ce projet, et tous les autres !
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons un montage de cette rencontre
Les ouvrages de cette soirée :
À ceux qui se croient libres – Thierry Chatbi, 1955-2006, Nadia Menenger, L’Insomniaque
La liberté ne se mendie pas, L’Envolée, 2001-2008, Olivier Cuelo, Nadia Menenger, L’Insomniaque.
La Peine de mort n’a jamais été abolie, Dits et écrits de prison choisis par L’Envolée
Mercredi 4 mai 2022 Guyancourt, Technocentre Renault
Renault sous traite à un prestataire de service l’entretien de ses bâtiments. Les salariés, parfois depuis plusieurs dizaines d’années, qui interviennent dans le centre de recherche et de développement du groupe automobile sont en grève depuis mardi 3 mai. Suite à une réduction d’activité, conséquence du développement du télétravail et de la réduction des coûts.
Le jeudi matin, la direction de Renault du Technocentre, à décider de désactiver les badges d’accès au centre des agents d’entretien, réduisant par là-même leur droit de grève.
En plus de la réduction de leur temps de travail dû au télétravail, La direction ferme une partie du Technocentre le vendredi, ce qui ampute d’environ 30 % de leur salaire.
Concernant l’entretien du centre de recherche et de développement, le nouveau contrat prendra effet le 20 mai prochain. Le recours à la sous-traitance permet à de nombreuses boites de se dédouaner des conditions de travail et de salaire de leurs salariés. Elle se défausse en prétendant ne peut pas pouvoir intervenir dans la gestion des ressources humaines de PEI, entreprise installée dans l’Essonne qui intervient dans plus de 2 000 entreprises en France.
Pour nous parler de cette grève à Renault Guyancourt, nous seront en compagnie de Jérôme et Mohamed.
Le soir de la réélection d’Emmanuel Macron, au cœur de Paris, sur le Pont Neuf, près de la Préfecture, un policier a ouvert le feu avec une arme de guerre ; un fusil d’assaut HK G36, qui équipe l’armée allemande et permet de tirer en rafales. Pourquoi utiliser une telle arme contre des civils ? Pour un simple refus d’obtempérer. Deux frères, noirs, meurent sur le coup. Un troisième homme est blessé par balle au bras. Le policer à tirer une dizaine de cartouches en deux temps. Le fou de la gâchette est âgé de 24 ans et avait six mois d’expérience. Voilà à qui l’État français confie des armes aussi puissantes et dangereuses, avec l’autorisation de s’en servir.
Le tireur plaide la « légitime défense », récit immédiatement repris en boucle par les médias. Pourtant, les juges viennent de le mettre en examen pour « homicide volontaire » après sa garde à vue. Ils estiment qu’il a tiré pour tuer, tiré avec l’intention de donner la mort. Néanmoins, le tireur est ressorti libre, en attendant les suites de l’enquête. Les syndicats de policiers d’extrême droite dénoncent une décision « inadmissible » et ont appelé à manifester pour élargir encore le cadre de la légitime défense. Chaque crime policier est pour eux l’occasion de réclamer plus de droits.
Cette affaire intervient alors que le nombre de tirs à balles réelles par la police française explose. Cet été, deux voitures ont été criblées de balles à Rosny et Stains par des agents qui n’étaient pas en danger, comme l’ont montrées les images de ces scènes. Idem fin mars, à Sevran : un père de famille tué d’une balle dans le dos. Il n’est plus exceptionnel de voir les forces de l’ordre sortir leur arme à feu, voire de tirer sur des véhicules ou des individus.
En 1995, lorsqu’il est distribué pour la première fois par le gouvernement français, le Flash-Ball Super Pro est pourtant présenté comme une « arme anti-bavure », qui permettrait au policier de tirer sans tuer, et d’éviter d’avoir à sortir leurs pistolets. C’est tout l’inverse qui s’est passé.
Durant la campagne présidentielle de 2012, les policiers manifestaient, en arme, dans des véhicules de police, sur les Champs-Élysées, pour réclamer une «présomption de légitime défense» – autrement dit, un permis de tuer –, revendication vite reprise par les candidats du FN et de l’UMP. La mesure sera mise en œuvre par le Parti Socialiste qui «assouplit» en 2017 le cadre de la légitime défense et étend l’usage des armes à feu. Les policiers obtiennent le droit de tirer non seulement pour se défendre, mais aussi pour «défendre un lieu sous leur responsabilité» – on devine les interprétations qui peuvent être faites dans le cas de luttes contre des grands projets –, «lorsqu’ils doivent empêcher un détenu de s’échappe» mais aussi «pour empêcher une voiture de se soustraire à un contrôle».
En 2020, dans le cadre de la «Loi de sécurité globale», le Parlement vote l’autorisation, pour les policiers, de se promener armés dans les établissements publics. Une mesure qui s’inscrit dans la continuité de l’État d’exception : dès 2015, le gouvernement avait autorisé les policiers à garder leurs armes en dehors du travail.
Le geste de brandir une arme à feu n’est plus exclu. Les tirs pour de simples contrôles non plus. À présent, c’est un double homicide au fusil d’assaut. Et ces gens sont armés 24h/24. Entre 2016 et 2019, les tirs à balles réelles par la police ont augmenté de 54%.
En 2019, le Ministère de l’Intérieur commandait simultanément plusieurs dizaines de milliers de grenades pour le maintien de l’ordre et 25 millions de cartouches destinées aux fusils d’assaut. Les autorités elles-mêmes s’alarment dans une note confidentielle du nombre de tirs « accidentels » ou commis « par imprudence » avec ces armes de guerre.
Dans cette seconde partie d’émission, nous serons avec Christian, de l’assemblée des blessées et en sa compagnie, nous reviendrons sur la contre-manifestation en réponse à celle organisée par les policiers plaidant la « légitime défense ».
Plan du chantier de la Structure d’Accompagnement vers la Sortie
Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur les projets de construction de nouvelles prisons et sur la lutte des femmes sans papier du centre de rétention du Mesnil-Amelot. Pour cela nous sommes en plateau avec une membre du collectif à bas les cra.
Nous commencerons cette émission par la diffusion d’un reportage réalisé le 16 avril ou un Rassemblement fut organisé pour protester contre la construction d’une nouvelle prison dont le chantier a commencé à Noisy-le-Grand et nous entendrons une interview réalisée avec des membres du collectif qui organisé ce rassemblement.
À Noisy-le-Grand, une SAS va commencer à sortir de terre en décembre. Derrière cet acronyme se cachent de nouvelles places d’enfermement, donc plus de prisonnier-es. D’après ses concepteurs cette « Structure d’Accompagnement vers la Sortie » est un dispositif de plus pour favoriser « l’insertion », et aider à l’« autonomisation des personnes détenues ». Vingt-quatre nouvelles prisons de ce type sont prévues sur le territoire, faisant partie du plan prison national, où 15 000 nouvelles cellules doivent être construites d’ici à 2027.
Celle de Noisy sera coincée entre l’autoroute, des IUT, un entrepôt Amazon, un giga-chantier du Grand Paris express… avec seulement 30 prisonnier-es en semi-liberté sur les 120 qu’elle est censée enfermer. Ça veut dire pour les 90 autres des conditions comparables à un régime porte ouvertes de centre de détention, avec a priori plus d’activités, des entretiens pôle emploi, un « accompagnement individualisé »…
En seconde partie d’émission, en compagnie de notre invitée, nous reviendrons sur luttes de femmes au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Deux retenues colombiennes et une retenue chilienne de la section femme du Mesnil-Amelot ont entamé une grève de la faim depuis le 6 avril. À ce moment, nous diffuserons un entretien réalisé par l’équipe radio de l’envolée, du 15 octobre 2021, ou une prisonnière du centre de rétention du Mesnil-Amelot témoigne de sa situation au CRA.
La Semaine Anticoloniale existe depuis 2006 au sein du réseau Sortir du Colonialisme, né suite à la mobilisation contre la loi du 23 février 2005 qui prétendait que la colonisation avait eu des aspects positifs. Le réseau avait pris une grande ampleur et regroupait horizontalement une cinquantaine d’associations et d’organisations à l’échelle nationale et internationale. Le salon anticolonial était devenu un carrefour au sein du combat anticolonialiste et antiraciste. Il représente un moment de rencontre important et permet de donner la parole à celles et ceux qui en sont privé·e·s tout au long de l’année, à celles et ceux aussi que le capitalisme et l’impérialisme veulent faire taire.
Durant un week-end, des débats côtoient des projections de films, des présentations d’ouvrages et des expositions, en invitant auteurs, réalisateurs et militants autour des différents stands de collectifs impliqués dans ces luttes. En 2019, la perte d’une membre importante et la situation sanitaire ont affecté profondément le réseau et ses activités. Grâce à la restructuration récente, avec un nouveau comité d’organisation, le Salon Anticolonial va enfin reprendre forme et l’évènement sera organisé pleinement, en présentiel. Rassembleur comme toujours et au cœur de nos combats plus que jamais d’actualité. »
Cette année, la semaine se tenait du 12 au 13 mars 2022 à la parole errante à Montreuil. Quelles alternatives face à l’inaction de la France et de la communauté internationale ?
Organisé par la Plateforme pour la Solidarité avec le peuple du Sahara Occidental, CSIA (Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques), CSPB (Comité de Solidarité avec le Peuple Basque). Avec : Gilles Devers (avocat), Mohamed Sidati (représentant en France du Front Polisario), Rock Haocas (responsable des relations internationales du Parti travailliste de Kanaky), Mohamed Nabhane (CDISCOM – Comores) et Pablo pour le pays Basques.
Dans cette émission, nous diffusons la présentation qui a été faite lors de la semaine anticoloniale et antiraciste sur les alternatives pour les peuples en lutte pour leur auto-détermination face à l’inaction de la France et de la communauté internationale. Les limites se retrouvent au niveau du droit auprès des nations unis et au niveau du droit international. Mais au-delà des limites que pose le recours au droit, les peuples continuent de lutter pour leur liberté.
Cette présentation était assurée par Gilles Devers qui est avocat du droit international qui a notamment travaillé sur la Palestine et le Sahara occidental.
Moscou, 2014 : Des anarchistes défilent contre l’agression russe.
Depuis le début de la guerre, une multitude d’initiatives d’auto-organisation et d’autodéfense fleurissent sur le territoire ukrainien. Des milliers de gens « normaux », des étudiantes, des infirmiers, des boulangères, s’organisent dans leurs quartiers et dans leurs villages pour défendre leurs terres, assurer le minimum vital dans les villes, organiser l’exil, soigner les blessés, nourrir celles et ceux qui restent, etc.
Nous défendons un internationalisme par en bas qui, fidèle à nos principes et avec nos moyens, entend soutenir en Ukraine ou en Russie celles et ceux qui résistent en défendant des valeurs émancipatrices et égalitaristes.
Loin de soutenir les brigades d’extrême droite qui, comme le bataillon Azov, entendent renforcer leur prestige avec leurs exploits guerriers. Aussi, n’oublions pas qu’en Russie aussi, malgré une répression de plus en plus implacable et des milliers de personnes emprisonnées depuis le début de la guerre, des voix s’élèvent pour s’opposer aux massacres du régime de Poutine.
Enfin, rappelons que si nous exigeons bien sur un accueil inconditionnel pour les réfugié.e.s ukrainien.ne.s fuyant les horreurs de la guerre, cette exigence ne se limite pas aux peuples d’Ukraine, mais bien à tous celles et ceux à la recherche d’une vie meilleure, qu’elles. Ils soient syrienne, afghan, sénégalaise, soudanais ou d’ailleurs.
Si dessus le texte d’introduction de la cantine syrienne qui ouvrait cette journée. Dans l’émission de ce jour, nous pourrons entendre une grande partie de la discussion qui suivait la projection du film : Maïdan de Sergeï Loznitsa. Cette discussion, intitulée : Retour sur la résistance des peuples en Ukraine, réunissait ; Daria Saburova (chercheuse ukrainienne), Coline Maestracci (chercheuse), une membre de la Cantine Syrienne de Montreuil et un membre des Communaux. La rencontre se tenait à la La Cantine Syrienne de Montreuil le 9 avril 2022.
Mais nous commencerons cette émission par quelques minutes sur les occupations d’universités, notamment la Sorbonne à Paris, suite au résultat du premier tour des élections présidentielles.
Florence Aubenas, figure typique de cette gauche bien pensante, fait des enquêtes fades, sans points de vue et de ce fait vont dans le sens de la pensée dominante, mais tintée d’humanisme. Elle a été journaliste à Libération en 1986. En 2005, elle est enlevée à Bagdad en compagnie de son fixeur, Hussein Hanoun al-Saadi. En 2009, Florence Aubenas est élue à la tête de l’Observatoire international des prisons – section française (OIP-SF), poste qu’elle occupe jusqu’en juin 2012.
Dans les deux livres qu’elle à écrit, elle nous révèle ce que nous savons déjà et ce que disent bien mieux qu’elle les femmes de ménage et les habitants d’un village quand le micro leur est tendu. Mais aujourd’hui, nous parlerons plus précisément d’une série d’articles que Florence Aubenas a publiée dans Le Monde, du 17 au 23 août 2021, à propos de la vie, des combats et de l’assassinat par les gendarmes de Jérôme Laronze.
Jérôme Laronze était un paysan combatif qui s’est fait saisir ses bêtes. Revenons sur ce drame en écoutant une émission réalisée en 2017 avec Pierre qui fait partie du collectif Hors norme.
Décidément ces articles de Florence Aubenas n’ont pas plu, mais pas plus du tout, à une partie du collectif Hors norme, qui lui a écrit des lettres auxquelles elle n’a pas dénié répondre. C’est un crachat sur Jérôme, sur les paysans qui se battent pour continuer à travailler, rester autonome.
Pendant que les petits paysans subissent un acharnement de la part de l’administration, les entreprises agroalimentaires enchaînent les scandales sanitaires Ferrero, Buitoni, Graindorge… Alors que les alertes sanitaires concernant des aliments industriels contaminés s’enchaînent, l’ONG Foodwatch dénonce le manque de moyens des autorités de contrôles sanitaires en France ainsi que « l’opacité » des géants de l’alimentaire.
Le 5 avril 2022, le groupe Ferrero a été obligé de rappeler des lots de produits Kinder, en raison de présence de salmonelle. Déjà en décembre, Ferrero était épinglé pour des cas de salmonelles dans l’usine belge d’Arlon.
Mardi 6 avril, ce sont six fromages commercialisés par plusieurs grandes enseignes qui ont été rappelés, dont un brie et des coulommiers, car ils contenaient la bactérie responsable de la listériose, une infection alimentaire meurtrière dans 25 % des cas.
Et c’est au tour de Buitoni! Alors que depuis début janvier, ont été dénombrés, les terribles décès de deux enfants et pas moins de 75 infections par la bactérie E. Coli, c’est seulement maintenant, soit quatre mois après les premiers signalements, que les pratiques déplorables en matière d’hygiène du fabricant Nestlé se confirmer, deux inspections officielles ayant récemment mis en évidence un niveau dégradé d’hygiène alimentaire dans l’usine.
Lettres ouvertes, présentes et posthumes, en réponses aux articles de Florence Aubenas à propos de la vie, des combats et de l’assassinat de Jérôme Laronze, publiés dans Le Monde, du 17 au 23 août 2021
La première lettre, personnalisée, ci-dessous a été envoyée en octobre au journal Le Monde et à sa journaliste Florence Aubenas ; mais est restée sans réponse.
Le 1er octobre 2021, Madame Aubenas, Du 17 au 23 août, vous publiez dans Le Monde 6 articles, à raison d’un par jour, retraçant l’histoire de Jérôme Laronze, éleveur bovin de Saône-et-Loire, mort sous les balles de la gendarmerie le 20 mai 2017. Je ne peux m’empêcher en lisant vos articles, Madame Aubenas, de me poser de nombreuses questions à propos du cheminement de votre réflexion au cours de votre enquête ainsi que des partis pris que vous avez choisi d’adopter.
Ces articles, issus d’un travail d’enquête pourtant approfondi, comportent de grossières omissions et déformations sur l’histoire de Jérôme Laronze ainsi que de nombreuses trahisons de sa parole et des combats qu’il menait. C’est pourquoi je voudrais prendre le temps de revenir sur quelques points précis qui m’ont particulièrement marqué et pour lesquels j’aimerai quelques explications.
Tout d’abord, aucune mention n’est faite des idées et de la lutte visionnaire et à contre-courant que menait Jérôme Laronze contre l’industrie, l’administration et sa traçabilité qui transforment aujourd’hui l’agriculture à coups de mises aux normes et d’encadrement administratif. Cette critique d’une campagne « puante », comme il la décrivait, est occultée au profit de la construction pleine de pathos et de littérature fleur bleue d’une ruralité éternelle, taiseuse, archaïque, arriérée mais tellement belle, au sein de laquelle Laronze n’aurait fait que dériver vers une folie radicalisée. Comment avez-vous pu faire un travail d’enquête aussi poussé sur une personne sans jamais citer une ligne de la lettre qu’il a écrite et envoyée, lors de sa cavale alors qu’il était caché et traqué ?! [lettre rare et à retrouver intégralement à la fin de ce document] Une lettre pourtant très claire, puissante et belle, un écrit de référence marquant une date et une prise de conscience dans les luttes paysannes. De plus, si vous ne faites aucune mention de la parole du concerné, l’administration et ses fonctionnaires ont, eux, largement voix au chapitre, signalant leur bonne foi en « [ayant] voulu l’aider ». Il semble pourtant nécessaire de rappeler que « l’aide » administrative s’est traduite par un harcèlement de plusieurs années, concrétisé par des contrôles encadrés de gendarmes, par une saisie d’animaux et une décision d’internement « pour son bien », l’obligeant à partir en cavale pour garder la parole. Rappelons aussi que les contrôles sont aujourd’hui reconnus illégaux par la justice et que l’un d’eux a donné lieu à la mort de 5 vaches noyées, ce qui n’apparaît à aucun moment dans vos écrits.
Par ailleurs, Madame Aubenas, vous vantez un soi-disant traitement de faveur que l’administration lui aurait proposé pour rétablir l’identification et la traçabilité de ses veaux en évoquant la possibilité qu’il lui a été accordé de procéder à des tests génétiques sur une partie de ses veaux seulement. Là encore les omissions sont scandaleuses quand vous vous attachez à ne faire aucunement mention des motivations pour lesquelles Jérôme l’a refusé, reléguant sous le tapis le combat ouvertement politique que menait cet homme, et vous dressez le portrait d’un fou arrogant et égocentré. Il est pourtant évident pour quiconque a suivi l’histoire de Jérôme Laronze qu’il ne souhaitait aucunement un traitement de faveur pour ne pas se compromettre dans les rouages d’une cogestion qui a historiquement servi avantageusement les responsables syndicaux. Il ne voulait aucunement s’abaisser à ces tests génétiques également pour dénoncer ces aberrations bureaucratiques là où toutes les preuves matérielles étaient déjà disponibles pour prouver que ses veaux étaient bien nés sur sa ferme et que ces défauts d’identification ne devraient jamais justifier l’abattage des animaux.
Enfin, je suis sidérée de voir la part belle faite à des organisations telles que les associations animalistes (OABA, Fondation Brigitte Bardot…) ainsi qu’à la Confédération paysanne, qui ont pourtant joué un rôle majeur dans la déchéance progressive qu’a vécue Jérôme. Pour commencer par les associations animalistes. Bien que la tendance de leur nouveau discours soit de s’inquiéter du sort des paysans, du « mal-être de l’éleveur », dans les faits ces associations dénoncent les paysans à l’administration, saisissent les troupeaux laissant l’agriculteur seul au milieu d’une ferme fantôme, les font condamner à de la prison, et les ruinent en réclamant des centaines de milliers d’euros de frais de pension et préjudices moraux au cours des jugements. Elles fabriquent, main dans la main avec l’administration, la disparition des paysans. Donner la parole à M. Freund, directeur de l’OABA, dans le cadre de l’histoire de Jérôme Laronze est une manière de le mépriser une énième fois, en laissant ce fossoyeur se parer de vertu, sans le moindre recul contradictoire de la part de la journaliste. Offrir la parole à Max Josserand, transporteur et marchand de bestiaux au service de l’OABA, est une autre insulte. Ce dernier, sous votre plume, vante son humanisme : « Je ne veux pas de sang. Pas de pendu à la poutre après une opération ». Avec un peu d’effort d’investigation, Madame Aubenas, vous auriez pu donner à voir un autre visage de cet infâme personnage. Il suffisait de consulter la vidéo de l’AG 2020* de l’OABA pour le voir se pavaner devant son public fanatisé : relatant une opération de saisie auquel il prend part, Josserand en vient à déclarer que si l’agriculteur s’était suicidé « ça ne serait pas grave », recevant pour ce bon mot l’acclamation du public.
De même, dois-je vous apprendre que la Confédération paysanne fut l’une des premières instances à abandonner Jérôme dans son combat. Marc Grozellier — cet ancien porte-parole départemental décrit avec tant de douceur dans vos articles — déclarait au Journal de Saône-et-Loire trois jours avant le meurtre de Laronze : « le cas de cet agriculteur est plus un problème de santé qu’un problème professionnel. […] Il a besoin de soins. » Quelques jours après sa mort, un communiqué national du même syndicat suggère qu’il a agi « au-delà de la raison ». La « Conf » qui est allée chercher Laronze pour son charisme et son franc-parler l’a finalement rejeté parce qu’elle n’acceptait pas d’être remise en question dans son rôle de cogestionnaire agricole avec l’État. Comble de la perversion, ce syndicat écolo a publié en 2018 son Guide des droits et devoirs en situation de contrôle avec une dédicace à Jérôme Laronze, lui qui contestait la légitimité des contrôles et refusait de se soumettre aux injonctions de l’administration. Pour finir, concernant les circonstances de sa mort, il n’y avait pas besoin d’être un détective aguerri pour comprendre que lorsque quelqu’un reçoit des balles dans le flanc et dans le dos, ce dernier était sans conteste en train de fuir et non en train de charger ses agresseurs. Alors lire que son assassinat par les gens d’arme n’est qu’une « hypothèse » est une injure de plus ainsi que la preuve d’un manque de courage politique et journalistique notable. Rendez-vous compte que par vos lignes, Madame Aubenas, vous tenter d’enterrer dans les archives de l’histoire officielle, écrite chaque jour dans les pages de votre journal de référence, l’histoire erronée et encore vivante d’un paysan visionnaire en lutte. Pourtant, je sais que vous connaissiez tous les éléments ci-dessus et vous avez choisi de les occulter. Nous sommes nombreux et nombreuses dans le milieu agricole à nous être reconnus dans les paroles de Jérôme Laronze, quand nous les avons découvertes après sa mort. Ce sont ses prises de positions qui nous ont donné le courage de ne plus nous taire et de poursuivre ce combat pour nous opposer à notre élimination.
C’est pourquoi vos articles suscitent en moi beaucoup de questionnements, auxquels j’espère vous voudrez bien répondre : Pourquoi vous avez autant donné la parole et la part belle aux détracteurs de Jérôme ? Pourquoi vous n’avez pas cité ni fait mention de sa lettre détaillée sur ces positions politiques ? Pourquoi avoir voulu écrire une série d’articles sur lui, pour finalement le faire passer pour un fou alors que vous aviez tout en votre possession pour comprendre ses choix(ce qui n’a rien à voir avec le fait d’y adhérer) ?
Dans l’attente de votre réponse, * https://oaba.fr/assemblee-generale2020-en-video/ Florence Aubenas et Le Monde ou comment ce journalisme de pouvoir utilise la vie et la mort d’un agriculteur pour vendre du papier en été. Tout en occultant les paroles et les combats de cet homme, Jérôme Laronze, qui s’est battu pour sa liberté et son autonomie et celle de ce qui reste de la communauté paysanne
L’été 2021 aura été l’occasion de lire un touchant drame paysan en feuilleton dans Le Monde au sujet de l’assassinat de Jérôme Laronze. Touchant, mais mensonger, par occultation choisie. Dont une essentielle que nous allons expliquer. Florence Aubenas avait pourtant rencontré d’autres sons de cloche que ceux de la DDCSPP, des associations animalistes et du syndicalisme réuni face aux critiques, pendant son enquête. Et, en particulier, elle a pu avoir tous les documents expliquant le parcours de Jérôme.
Notamment un, essentiel : la lettre de Jérôme Laronze écrite pendant qu’il était traqué et intitulée Chroniques et états d’âme ruraux**. Celle-ci s’achève très clairement ainsi : « Ne disposant pas suffisamment d’hypocrisie, je me suis abstenu de signer cette charte. » De quelle « charte » s’agit-il ? De la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, voici le passage clé de la lettre à ce propos : « Toujours dans la période 2015/2016, je participais aux réunions d’élaboration de la charte des contrôles en exploitations agricoles. Cela a débuté à la préfecture, sous la présidence du préfet. Je m’y rends sans a priori, riche de mon expérience et avec la volonté de construire quelque chose. Après la déception de découvrir que la chose n’était pas une initiative locale, mais une injonction de Matignon via la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, et que l’administration avait déjà bien ficelé le dossier avec la FNSEA (opérateur historique du syndicalisme agricole mais non représentatif et non majoritaire). Un modèle étant même en annexe de la circulaire. Un sentiment de complicité de tartuferie montait en moi alors qu’en même temps j’apprenais qu’en Saône et Loire 50% des notifications sont faites hors délais, me rassurant ainsi sur la pérennité de certains emplois. »
De quelle injonction de Matignon s’agit-il ? De l’article 3.3 signé Manuel Valls : « Les préfets de département établiront, d’ici le premier trimestre 2016, une charte des contrôles en agriculture afin de partager les bonnes pratiques entre la profession agricole et les différents corps de contrôles. Son élaboration doit être l’occasion d’échanges approfondis entre les parties concernées, afin de sécuriser le déroulement des contrôles, depuis la prise de rendez-vous jusqu’à l’information sur les constats et la suite de la procédure. Un modèle de charte figure en annexe à la présente circulaire. »***
Jérôme s’est trouvé isolé pour avoir explicitement refusé d’avaler la couleuvre d’une collaboration entre syndicats et gouvernement, de contribuer à sécuriser les contrôles qui sont un élément clef de l’écrasement des fermes. « Syndicats » au pluriel, comprenant la Conf’, puisque c’est comme (co)porteparole et représentant départemental de celle-ci qu’il s’était trouvé à participer aux réunions d’élaboration de la charte commanditée par le gouvernement. Voilà une des occultations délibérée à laquelle Florence Aubenas se prête dans son drame paysan qui vend du papier l’été, puisqu’elle savait. C’est une des informations qu’elle a cachée. Et c’était là le sens d’un des combats essentiel que menait Jérôme Laronze malgré l’isolement, l’abandon et la trahison mise en place par les cogestionnaires syndicaux de tous bords.
Quelques vaillants iconoclastes encore agri, 26 décembre 2021
Lettre de Jérome Laronze
Chroniques et états d’âmes ruraux Tué par les gendarmes le 20 mai 2017, Jérôme Laronze était éleveur bovin en Saône-et-Loire, Dans ce texte qu’il a écrit et envoyé à la presse, pendant qu’il était seul et traqué par les gendarmes et donc peu de temps avant son assassinat, il relatait l’acharnement administratif qu’il a subi et ses combats contre la traçabilité, un des outils de l’écrasement planifié des paysans, les artisans de notre satiété.
Nous sommes en septembre 2014 quand je reçois un courrier m’informant que mon exploitation fera l’objet d’un contrôle portant sur l’identification de mes bovins. Celui-ci se passera bien, et ne mettra en évidence aucun défaut majeur, juste des hors délais de notifications (déclaration des mouvements des animaux à l’EDE, Établissement départemental de l’élevage). Par la suite, sans doute frustrée d’une chasse si maigre, l’administration, via la Direction Départementale de la Protection des Population (DDPP) m’informe qu’à la vue de ces hors délais elle refuse de valider mes déclarations de naissances et exige que je prouve, à mes frais, les filiations mère/veau par des tests ADN, et que dans l’attente de ceux-ci mon cheptel est interdit de tout mouvement.
Quelques jours plus tard, en entretien téléphonique avec une agent de la DDPP, j’exposais mes réticences à justifier que la meumeu 9094 est bien la mère du veauveau 4221 par des méthodes relatives à l’identification criminelle. Cette personne me récita alors son catéchisme administratif et bafouilla quelques arguments que je mis facilement à mal ce qui me valut d’entendre que ce n’était pas grave et que si je refusais de me conformer à ses exigences, mes animaux entreraient en procédure d’élimination (entendez « abattus ») à mes frais et collectés par le service d’équarrissage puis de clore en déclarant cette phrase qui me revient quotidiennement en tête : « Moi je m’en fiche ce ne sont pas mes bêtes ». Pour avoir en d’autres temps côtoyé cette personne, je peux pourtant affirmer qu’elle est ni de sotte ni de méchante nature et me demande quel est le mal qui a corrompu son esprit. Si la Grèce antique avait ses rites et ses croyances, aujourd’hui, au nom de quels dieux, sur l’autel de quelles valeurs m’a-t-on promis l’hécatombe ? « Moi je m’en fiche, ce ne sont pas mes bêtes »
Dans la continuité, la DDPP me submergera de menaces, de mises en demeures, d’injonctions, d’intimidations et de contrôles sur ma ferme avec à chaque fois, toujours plus de gens en armes alors que j’ai toujours étais courtois et jamais menaçant. Ces manœuvres furent pour moi l’occasion d’observer des comportements inopportuns comme par exemple le jour où, venu me confisquer mes documents accompagnements bovins (DAB), la chef se plaira à taquiner les gendarmes au sujet de la signalétique défectueuse de leur véhicule, dans un comportement relatif à celui de l’adolescente cherchant à évaluer sa cote auprès des hommes, émettant éclats de rires et blagues analogues à celle du poulet aux amandes. N’a-t-on jamais appris à cette personne qu’il est des circonstances où la bonne humeur affichée des uns est une insulte faite aux autres ? Cela étant, si j’avais soupçonné un tel effet de l’uniforme, peut-être aurais-je moi-même passé ma tenue de sapeur-pompier volontaire. En outre, j’invite à une pensée compassionnelle pour ces gendarmes, dont le vieux véhicule souffrait de dysfonctionnements électriques généralisés, et qui ont pour de peu été contraints afin de le redémarrer de solliciter l’aide de celui qu’ils étaient venus intimider. Ultérieurement, souhaitant cocher les animaux présents sur sa grille d’inventaire, cette même personne s’agacera de n’en trouver aucun et se mettra à déblatérer jusqu’à que sa collègue vienne lui chuchoter que tout concordait et que, manifestement elle n’avait pas le bon inventaire. Si l’erreur est humaine et certainement imputable à un bureau surchargé de dossiers, en revanche, l’empressement à tirer de méchantes conclusions est, lui, lourd de sens.
Le 6 juin 2016, cette administration est revenue avec encore davantage de gens en armes qui m’encerclèrent immédiatement, et, après des salutations négligées de la part de tous ces importuns, toujours la même chef débuta par un rappel de sa liturgie administrato-réglementaire et, alors que je pensais la logorrhée arrivée à son terme, celle-ci m’annonça avec grande satisfaction les lourdes peines prononcées à mon égard et, avec tout autant de satisfaction, que le délai pour un éventuel appel était expiré. Plombé d’apprendre ainsi la perte de ma virginité judiciaire, mais face à une telle orthodoxie administrato-réglementaire, je déclarais néanmoins mon étonnement, en évoquant une surface marchande mâconnaise, que l’on pourrait nommer « intersection marché », qui a pendant deux semaines, en juillet 2015, au plus fort de la crise de l’élevage, fait une promotion sur la viande d’agneaux, en arborant au rayon boucherie un ostentatoire panneau de cinq mètres carrés, avec la mention « agneaux de Bourgogne » alors que la viande fraîche était irlandaise et la surgelée néo-zélandaise et que de plus, la viande de bœuf bénéficiait d’un étiquetage aussi approximatif que fantaisiste. Durant ma brève allocution, l’agent ne cessera d’afficher un mépris surjoué et me fera pour toute réponse un sourire des plus cyniques. J’ajoute aujourd’hui qu’une immense banderole vantait ce magasin comme étant le premier débit de viande du Mâconnais et que celui-ci, le siège de la DDPP, et le domicile de la très zélée fonctionnaire se situent dans un rayon de 3 500 mètres. Comprendra qui peut, mais voilà qui met en exergue que la bruyère et la ronze (ronce en patois de chez moi) ne sont pas du même côté du manche. À cette même époque, sous mandat syndical, je siégeais à la cellule d’urgence départementale mise en place pour la crise de l’élevage. A cette occasion, la directrice adjointe de la DDPP a présenté la mesure douze du plan de soutien à l’élevage, portant sur un renforcement des contrôles de l’étiquetage des viandes et sur les mentions trompeuses en grandes surface de 25 %. À cette annonce, je pris la parole pour signifier mon approbation et l’interroger sur les moyens financiers et humains mis à sa disposition pour atteindre ces objectifs. Non sans embarras, elle m’a répondu, pas un sous de plus, pas un agent de plus. En toute évidence, 25 % de zéro ne font toujours pas beaucoup plus que la tête à Toto !
J’en reviens à la journée du 6 juin 2016. Après avoir entendu moult menaces, intimidations et humiliations, les sinistres lurons ont décidé de faire un tour des pâtures. Arrivant dans une où paissaient plus de vingt bovins, les agents de la DDPP eurent fantaisie de les serrer à l’angle d’une clôture en barbelé et d’un ruisseau puis ont débuté la vocifération du matricule des animaux, qui, eux même paniqués par la meute hurlante, se sont précipités dans le ruisseau avec un fracas extraordinaire. Voyant que des animaux étaient en difficultés dans le ruisseau, je m’approchais de ceux-ci. La première réaction de la chef fût de me dire que cela était entièrement de ma faute, même si je me demande encore comment, puisque j’étais à 100 mètres de là sous le joug de matraques, tasers et autres fusils mitrailleurs. Toujours est-il que cinq animaux gisaient au fond du ruisseau, ayant abondamment bu la tasse et lourdement souffert du piétinement des presque vingt autres. J’ai donc, dans l’urgence et à mains nues, tenté de sortir les animaux. Les uns tirant sur les pattes, les autres donnant des coups de matraques, ou suggérant l’emploi du taser, Agents DDPP et gens en armes se joindront à moi en prenant bien soin de ne pas mouiller leurs chaussettes. Les uns tirant sur les pattes, les autres donnant des coups de matraques, ou suggérant l’emploi du taser et les fusils mitrailleurs devenant plus encombrants qu’autres choses… La nécessité d’un tracteur s’imposant, je suis rentré seul à la ferme en chercher un avec des cordes, et celles-ci en main, je me suis demandé s’il n’y aurait pas un usage plus radical à en faire en les associant à une poutre et à un quelconque point surélevé. Mais pour aboutir, la chose prend un certain temps et ne me voyant pas revenir, ils pourraient arriver avant. Et puis cette bande de dégourdis arrivera-t-elle à extraire les animaux sans moi ? Il est bon de préciser que cette pâture est mise en valeur par ma famille depuis le 19ème siècle et que jamais le moindre incident ne fût à déplorer sur celle-ci. Des suites de cet « incident », les cinq bovins périront. Là-dessus, la chef décidait d’interrompre le contrôle. Me trouvant seul avec elle (alors qu’elle prétendait avoir besoin de huit gens en armes pour garantir sa sécurité) qui changeait de chaussure, elle m’exprima tout le dégoût que je lui suscitais et m’insinuait, l’encombrant que j’étais pour la société. Chuchotant entre collègues, je les entendais dire que je n’avais pas l’air très gai et qu’il n’était peut-être pas prudent de me laisser seul et s’en allèrent. Une fois seul, puis hébété, je suis retourné voir les gisants et leur prodiguer quelques vains soins. J’ai déconnecté mes téléphones, ensuite entrepris de faire un peu de ménage dans la maison, ensuite, ce faisant, je me mis à penser à mon député et mon imaginaire me transporta dans une conversation avec lui dont voici la retranscription : Moi : Salut Thomas, ça me fait plaisir de te voir ! Assieds- toi, je vais déboucher une bouteille. T’as le temps maintenant que t’es plus ministre ! Tu sais que je me suis senti con d’avoir voté pour toi ! C’était ben du foutage de gueule ton histoire de phobie administrative, mais bon, dans l’urgence on peut comprendre. Allez santé ! Thomas : Tchin-tchin, in vino véritas ! Moi : Absit reverentia vero ! Tu sais, autant j’ai du mal à avaler ton histoire de phobie quand je vois ton parcours estudiantin, autant je suis disposé à croire que, totalement investi dans ton travail parlementaire, tu as négligé quelques impératifs administratifs parce qu’en tant que paysan, je m’y reconnais un peu.
Nous avons toujours une vache à soigner, une terre à labourer, de l’orge à moissonner, une vigne à tailler, une prairie à faucher et des fruits à cueillir alors, la paperasse, elle attend, parce que dans l’ordre naturel des choses le superflu ne commande pas au vital. Permets-moi de te dire que nous, les lois naturelles, nous y sommes tous les jours soumis, et quand on vit dans une république hors sol, qui ne cesse de vouloir les transgresser, ben tu peux me croire qu’on fait un putain de grand écart. Il nous est souvent reproché de ne pas être administrophile, et on s’adresse à nous comme à des demeurés qui ne comprendraient pas ce qu’on leur demande, alors que c’est justement parce qu’on comprend bien où que ça nous mènent qu’on a du mal à le faire. Aujourd’hui en agriculture, la pire calamité, c’est pas la sécheresse, ce n’est pas la grêle, c’est pas le gel, c’est la calamité administrative qui nous pond des textes qui profitent toujours aux mêmes, abscons, contradictoires, contre-productifs, absurdes qui sont l’antimatière du bon sens paysan !
Pis je vais encore te dire une chose, contrairement à certains parasites, qui officient dans la confidentialité d’immeuble maçonnais par exemple, notre travail il est à la vue et au su de tous, exposé le long des routes et des chemins, alors quand le paysan est en mesure de bien faire il en tire satisfaction, orgueil, amour-propre et accessoirement salaire, mais qu’advient-il lorsque celui-ci est mis en incapacité de faire ? En définitive, ce n’est rien d’autre que la persécution du vital par le futile. Tu sais Tom, il y pas si longtemps en France, la population comptait 50% de paysans et le sol 50 % d’humus, aujourd’hui, nous sommes 4 % et il reste pas bien plus d’humus dans le sol. Ben quand on sait qu’étymologiquement, humus est la racine du mot humanité, je me demande s’il y a encore beaucoup d’humanité dans notre société ! Moi, je pense que la république est une pute et la finance sa mère maquerelle ! Thomas : Tu peux pas dire ça, des gens se sont battus pour obtenir la république ! Moi : Et les Vendéens y ont plongé de leur plein gré dans la Loire ? Alors ferme ta gueule de franc-maçon et rebois un canon. Toi et ta bande à Flamby vous pouvez vous vanter d’avoir fait de la France un sacré pays de cocus ! Pis mon gars, si on compare nos négligences réelles ou supposées, ben on paye pas le même prix, toi tu vas tranquillement finir ton mandat, je ne peux pas te destituer, tu vas toucher ta retraite parlementaire, bien plus conséquente que celle de mon père qui a treize ans travaillait déjà, alors que moi, c’est taule, amende, pénalités et une partie de mon troupeau à la benne. Thomas (en riant la mine réjouie par le vin) : Oui, mais la France est un territoire ordonné sur lequel ne peut pénétrer n’importe quel terroriste ! Moi : Quand je dis que ce vin est un élixir de vérité ! C’est con j’aimais bien ta petite gueule de premier de la classe. Au début, moi j’aimais bien quand tu emmerdais Mcdo avec sa TVA et tes propositions de lois visant à moderniser la vie politique. J’ai pas fait la dépense de ton livre, mais si tu veux m’en offrir un exemplaire dédicacé, je le lirai avec l’attention qu’il mérite. Je sais bien que ta situation administrative était connue de tous les initiés, et qu’elle fût soudainement dévoilée quand ton mentor s’est fait débarquer de Bercy, mais il faut savoir que quand là-haut, vous vous faites des coups de putes entre putes, c’est nous en bas qui payons la note ! Ceci dit, avec le purgatoire que tu as subi, tu es peut-être devenu le moins pire de tous alors tourne le dos à ces crevures de libéro-libertaires, demande une investiture au Front National, je revote pour toi et je te casse pas la bouteille sur la tête. Mon ménage terminé, j’employais mon esprit à la rédaction d’une succincte lettre et à la clôture de mon compte sur le livre des visages. Après quoi, muni d’une corde et d’un tabouret, je me mis en route avec le dessein de mettre en œuvre le message subliminal de l’agent DDPP et pour destination la proximité de sa résidence. Manière de rendre à César les honneurs qui lui reviennent. J’arrive au crépuscule dans un joli village qui s’endort paisiblement. En m’approchant, je vois une belle demeure aux abords soignés, où l’on devine une vie de famille heureuse.
Rien de commun avec l’antre du diable, mais plutôt le chaleureux foyer du couple fonctionnaire et cadre de l’industrie agroalimentaire soumis au paradigme légalomarchand et heureux de l’être, tant que cela lui finance bâti ancien, piscine, voitures cossues, loisirs coûteux et chevaux de valeurs. Ici, le salaire de la terreur cumulé à celui de la spoliation des producteurs de lait est converti en un espace bucolique transpirant de bonheur. La nature est autorisée à s’y exprimer, tant qu’elle produit de beaux légumes, de beaux fruits, du bon miel et qu’elle ne porte pas atteinte à la rigueur du lieu. Un cadavre y ferait fausse note. Il y a, non loin de là, un cheval qui par tous ses moyens cherche à attirer mon attention. Je m’approche de lui, il se calme, je le câline et lui parle. La nuit est fraîche, le dessous de son crin me réchauffe les mains, son encolure le cou et son souffle le dos. Il reste là, immobile, ni moralisateur ni condescendant, ni traître ni lâche, n’obéissant qu’à lui-même, sa chaleur animale rayonne d’humanité, elle. Un instant, j’aurais voulu le chevaucher, sauter la barrière, mais le galop du meilleur pur-sang est bien dérisoire pour fuir l’absurdité du monde. Alors, ainsi installé, je pleurais sur le paradoxe du suicide qui satisfait ceux qui ne vous apprécient pas et est susceptible de peiner les éventuelles personnes qui vous apprécient. Je pleurais aussi sur la trahison de ma propre colère, celle que je ressentais aux funérailles de mes camarades d’école respectivement pendu et noyé. Car, outre la peine et la tristesse, je me souviens avoir été envahi de colère à leur encontre, de nous laisser avec notre chagrin et l’image de cette jeune femme effondrée sur la boite qui renfermée son petit frère, de n’avoir rien dit, de ne pas s’être battu autrement qu’en utilisant pour seule arme le sacrifice de leurs vies que la société rangera, avec leur dépouille, purement et simplement six pieds sous terre. Si je devais ici faire vivre leur mémoire, je parlerais de ce que sont les paysans. Ils étaient de ceux qui ne travaillent pas en priorité pour un salaire, mais pour l’amour du travail bien fait, du sillon droit, des animaux bien conformés, du cep bien taillé, du lait propre et de la couleur des blés, quitte trop souvent, et on doit le déplorer, à se laisser éblouir par l’agrochimie et autres doux leurres sources de douleurs.
Car ils sont là les vrais artistes, ces conservateurs du savoir-faire qu’au Japon on nommerait « trésor national vivant », les virtuoses de l’adaptation et les artisans de votre satiété. Ils existent encore les travailleurs, les opiniâtres, les taiseux, les humbles, les enracinés qui œuvrent en communion avec leur territoire et sont assassinés quotidiennement dans un crime silencieux Récemment encore, une enquête menée en lycée agricole indiquait que le revenu arrivait en lointaine position dans les objectifs de leur futur métier. Dans cette société du fric, quel avenir pour ces jeunes candides ? Mais si ceux-ci réclament rémunération de leur travail, qui le leur paiera ? L’État (qui paiera peut-être en 2017 les aides 2015 !) ? Bigard ? Lactalis ? Auchan ? Carrefour ? Qui est prêt à remettre 60 % de son pouvoir d’achat dans la nourriture ? Les précarisés de Macron ? Les syndicats qui soutiennent la paysannerie comme la corde soutient le pendu ? Si Elzéard Bouffier n’a eu qu’une existence fictive sous la plume de Giono, ils existent encore les travailleurs, les opiniâtres, les taiseux, les humbles, les enracinés qui œuvrent en communion avec leur territoire, ces paysans, ces artisans, ces soignants, ces maires, ces curés, ces institutrices, ces facteurs, ces épiciers … qui sont assassinés quotidiennement dans un crime silencieux, mais très réel lui. Apaisé par l’humanité de ce cheval, et ne pouvant trahir ma colère, je me suis, au chant des oiseaux diurnes, résigné à rentrer chez moi. L’inquisition républicaine viendra finir son contrôle, ne me laissant à l’issue de celui-ci que des carbones illisibles et des bleus à l’âme. Puis de manière aussi soudaine qu’inattendue, elle m’indiquera qu’après expertise de mon dossier, la très grande majorité des animaux figurant sur la liste de ceux à éliminer n’avaient pas lieu d’y figurer, qu’elle passait l’éponge sur les autres et que ma situation serait régularisée dans les plus brefs délais. Je laisse à chacun le soin de trouver les mots pour nommer et qualifier ceux, qui d’abord cognent et ensuite réfléchissent. A toutes fins utiles, je tiens les documents qui en attestent à la disposition de mes collègues paysans confrontés à cette procédure. Je fis quand même faire, à mes frais, quelques tests ADN qui confirmèrent l’honnêteté de mes déclarations. Celle qui, orgueilleuse d’avoir bloqué mes boucles à Mâcon, me dira sur un ton badin que mes boucles sont récupérables à l’EDE. Bien qu’étant en règle, je tardais à recevoir mes DAB, je téléphone donc à la DDPP où la chef de service me répond. Je lui fais immédiatement part de mon soulagement d’être régularisé, mais m’étonnais de ne pas recevoir mes DAB, et, de m’entendre répondre sur le ton maniéré, agaçant et méprisant qui lui est intrinsèque, qu’elle a effectué toutes les démarches, que cela ne la concerne plus, et qu’elle a autres choses à faire que de courir après les cartes vertes de M. Laronze, sur ce merci au revoir. Les mois passaient et je n’avais toujours reçu qu’une partie des DAB, quand j’ai appris que le reste s’était noyé dans les marécages administratifs des bords de Saône et personne ne savait quels DAB. De leurs coassements, les crapauds du marécage demandaient à moi, l’Al Capone de l’élevage qui nécessite d’être mis sous le joug de huit gens en armes, moi le faussaire qui doit prouver ses déclarations par des tests ADN, moi que l’on a mis à l’amende, moi le taulard sursitaire, de produirene liste des DAB me manquant et me les rééditèrent sur la bonne foi de celle-ci. Pour éclaircir l’image noire que mon propos peu donner de la DDPP, je vais ici citer les paroles de son directeur alors qu’en cellule d’urgence j’étais assis à sa gauche la plus immédiate : « J’entends bien ici tout le désarroi qui est exprimé, je prends bien toute la mesure des difficultés de l’élevage, j’en déduis l’impact psychologique sur les humains […] et naturellement la DDPP n’a pas vocation à venir compliquer les choses sur les exploitations. » Dans tout ça, cette usine à eau de boudin a sacrifié le bien-être animal dont elle est supposée être la garante en me mettant en incapacité de l’assurer sur ma ferme, et en jetant elle-même des animaux à la rivière pour voir aboutir les exigences d’une réglementation dont la genèse est un roman noir à elle seule (farine animale/vache folle) et qui n’évite pas les lasagnes à la viande de cheval. J’invite donc quelques vétérinaires ratés et pantouflés dans une administration à beaucoup d’introspection. Pour leur gouverne, je leur indique qu’ils sont des nains arrogants posés sur les épaules d’un colosse aux pieds d’argile, que j’invite à s’instruire de la fable des deux mulets. Constante dans ses incohérences, la DDPP m’ordonnait de souscrire à un suivi personnalisé payant auprès de l’EDE, sur qui pourtant, elle rejette la faute de l’envoi tardif des documents, alors voilà pourquoi un beau matin, un brave type de l’EDE que je connais et une très emmitouflée jeune femme (qui n’a pas jugé utile de se présenter) sont venus me faire signer les trois feuilles du contrat. Après un échange franc et courtois et refusant le café que je leur proposais, ils sont repartis avec douze morceaux de feuilles non signées. Dans les dommages en cascades, étant devenu un « client à emmerdes », mes vétérinaires ne souhaitent plus intervenir chez moi. J’étais pourtant l’un de leurs presque rares clients à régler ses factures à échéances exactes (un cabinet comme celui-ci a facilement un million d’euros d’impayés par les rues) malgré une situation économique devenue tendue en me disant qu’une fois tout cela fini, au moins, je ne serai pas brouillé avec eux. Les vétérinaires étant des partenaires importants dans la conduite d’un élevage. Je constate que ce cabinet à une façon très personnelle de rendre grâce. D’autant plus qu’au cours de successives acquisitions, fusions et absorptions, il est en situation de monopole sur mon secteur. Toujours dans la période 2015/2016, je participais aux réunions d’élaboration de la charte des contrôles en exploitations agricoles. Cela a débuté à la préfecture, sous la présidence du préfet. Je m’y rends sans a priori, riche de mon expérience et avec la volonté de construire quelque chose. Après la déception de découvrir que la chose n’était pas une initiative locale, mais une injonction de Matignon via la circulaire 5806/SG du 31 juillet 2015, et que l’administration avait déjà bien ficelé le dossier avec la FNSEA (opérateur historique du syndicalisme agricole, mais non représentatif et non majoritaire). Un modèle étant même en annexe de la circulaire. Un sentiment de complicité, de tartuferie montait en moi alors qu’en même temps j’apprenais qu’en Saône-et-Loire 50 % des notifications sont faites hors délais, me rassurant ainsi sur la pérennité de certains emplois. À une autre date, voulant m’assurer de l’honnêteté de ce projet, je prenais la parole et, à franches coudées, mais avec sincérité et courtoisie, je commençais d’exposer mon point de vue quand, soudain, une petite sotte s’est dressée sur ses talons de six et m’a intimé l’ordre de me taire. En toute flagrance Iségoria ne présidait pas à la séance et Parrêsia n’y était pas la bienvenue. En revanche, lapalissades et autres exsudats du Pipotron étaient mis en éloges. Si Molière faisait dire à son bigot de Tartufe : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir », la république à ces dévotes qui veillent à ce que tout ne soit pas dit, car, peut-être que « par de pareils objets, les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées ». Sous son vernis de mesurettes et d’éléments de langage en novlangue orwellienne, cette charte n’apporte aucune sécurité aux contrôleurs, est avant tout un outil de communication au service de quelques hauts responsables, vers qui se tournent les médias quand un contrôleur se fait assassiner (les suicides de paysans corrélatifs à un contrôle sont très vite étouffés par l’administration et la profession) afin qu’ils puissent, la main sur le cœur, la bouche en cœur et en chœur évoquer la charte, et dire : « Nous avons tout fait pour éviter cela » et ainsi se disculper de toutes responsabilités. « Preuve est faite que visages dévots et pieuses actions nous servent à enrober de sucre le diable lui-même. » William Shakespeare Ne disposant pas suffisamment d’hypocrisie, je me suis abstenu de signer cette charte.
Printemps 2017. Jérôme Laronze paysan à Trivy entre Saône et Loire.
Depuis le 17 janvier 2022, nos familles se trouvent projetées dans une injustice sans précédent. À la suite de l’explosion sociale dans l’île à l’automne 2021, la répression judiciaire a ciblé sept « grands frères ». Ce sont nos proches, travailleurs sociaux et responsables associatifs, qui sont aujourd’hui incarcérés comme boucs émissaires.
Pour les avocats de la défense, les dossiers sont vides face à des accusations très lourdes.Ils dénoncent une violation délibérée des droits humains, des conditions de détention indignes et une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. *** En Guadeloupe, ce 17 janvier, à l’aube, Oneel, Lillow, Zébrist, Oneel, BB, Bwana, Samuel, et Didier ont été arrêtés par le Raid et le GIGN pour être placés en garde à vue quatre jours durant. Une spécificité que la justice réserve d’habitude aux affaires de terrorisme ou de grand banditisme. Le 21 janvier, le procureur de la République a annoncé leur incarcération lors d’une conférence de presse.
Les chefs d’accusation sont graves : « association de malfaiteurs en vue de commettre crimes et délits en bande organisée » et « extorsion de fonds », à l’encontre d’élus locaux et de responsables ou propriétaires de grandes enseignes commerciales. Mais le procureur a usé de nombreux conditionnels tout au long de sa prise de parole, pour mettre en cause la responsabilité présumée de nos maris, compagnons, pères, fils, frères dans l’organisation des émeutes en novembre et décembre dernier.
Ils sont à ce jour maintenus en détention provisoire et toute communication avec eux nous est interdite ; ni parloir, ni téléphone, ni courrier. Il est temps pour nous de rétablir la vérité !
Ces grands frères sont des hommes de 33 à 52 ans, investis dans le dialogue quotidien pour convertir la colère et le désespoir des jeunes en revendications légitimes. Ils sont impliqués dans des actions concrètes afin de permettre à celles et ceux qui sont victimes des inégalités sociales de retrouver dignité et pouvoir d’agir.
Leur engagement, c’est l’insertion ou la réinsertion socio-professionnelle, l’organisation d’événements culturels et d’opérations caritatives et de solidarité, l’aide à l’accès aux droits, des campagnes de prévention et des interventions de jour comme de nuit en cas de conflits, parfois armés, entre jeunes. Leur dévouement prend souvent le pas sur leur vie personnelle et familiale. Ils se battent pour que la Guadeloupe se pacifie et que les plus démunis ou délaissés soient pris en compte par notre société. Et les résultats de leur investissement sont connus de tous : habitants, politiques et relais institutionnels. Ils n’avaient donc aucun intérêt à répandre le désordre.
Pourquoi mettre en cause le travail avec les élus ? Les grands frères ne peuvent pas être à l’origine du mouvement social que connaît l’île depuis l’année dernière, ni de toutes les actions qui en ont suivi. La population s’est soulevée de son propre chef. Il est important de rappeler que, depuis des années, ce sont les élus politiques eux-mêmes qui font appel aux grands frères pour contrer la délinquance et garantir la tranquillité publique.
Depuis 2013, l’État a initié la campagne citoyenne « Déposons les armes » pour la restitution des armes personnelles à la police ou à la gendarmerie. Sans le relais et l’appui des grands frères, cette politique d’apaisement et de désescalade serait restée une coquille vide. Cette coopération a été menée au grand jour, comme récemment avec la diffusion publique des séances de travail. Il est donc très surprenant que, pour justifier aujourd’hui la détention de sept hommes, l’enquête judiciaire incrimine cette concertation avec des élus qui ont réfuté toute thèse d’extorsion, de pression ou d’agression. Dossiers vides et violations des droits humains : le choix de la répression.
Pour l’ensemble des avocats, la fragilité des éléments retenus par l’accusation ne permet pas de justifier une détention provisoire. Quelques jours après les arrestations, les présumées victimes d’extorsion de fonds ont affirmé qu’aucun des mis en examen n’avait tenté de leur extorquer quoi que ce soit. De plus, les avocats précisent que les écoutes téléphoniques présentées comme déterminantes par l’accusation sont en réalité des extraits de conversations en créole, tirés de leur contexte et traduits à charge contre les grands frères.
Mais surtout, les avocats dénoncent des violations délibérées des droits de la défense et des droits humains, compte tenu de l’indignité des conditions de détention. Les mises à l’isolement, les blocages de la plupart des communications, les obstacles opposés à l’accès aux soins, les transferts en métropole, tout est fait pour écarter et briser des hommes que l’on considère comme déjà condamnés.
Aussi, en accusant nos proches d’être les meneurs d’émeutes, le procureur appuie la division parmi les habitants, renforce la méfiance à l’égard des élus et vise à délégitimer et criminaliser une protestation massive de la population et particulièrement l’irruption inédite de la jeunesse dans les enjeux politiques guadeloupéens. Une mobilisation à laquelle l’État ne sait répondre autrement que par la contrainte, la force et la répression violente.
Aujourd’hui, nos sept familles sont en grande souffrance et nous tentons de briser le silence médiatique sur nos réclamations et nos revendications.
À travers ce communiqué, nous, les familles de, Samuel, Lillow, Zébrist, Oneel, BB, Didier, et Bwana lançons un appel à toutes et tous pour relayer, soutenir et diffuser notre lutte à travers vos médias et réseaux sociaux. Nous vous appelons à nous rejoindre, toutes et tous ensemble, pour obtenir vérité et justice, pour les grands frères, pour notre jeunesse, pour la Guadeloupe. ***
Dans le sens de cet appel, l’émission de ce jour est construite en collaboration avec l’Envolée et met en avant, à travers la répression que subissent les “grands frères”, comment la gestion de la crise sociale en Guadeloupe est exclusivement sécuritaire.
Pour cela, nous vous diffuserons deux reportages réalisés en Guadeloupe lors d’une journée de soutien pour les inculpés le 5 mars 2022, dans lequel vous pourrez entendre un membre de l’association JPMC crée par Frédéric Dumesnil ( un des grands frère incarcéré), puis son avocate Gladys Democrite qui revient sur l’ensemble de la procédure mais aussi sur la place du système carcéral.
Ensuite nous diffuserons l’interview de Ludovic Tolassy du collectif Moun Gwadloup avec qui nous discuterons à la fois de la répression qui s’est abattu sur l’ensemble des participants aux mobilisations et qui nous fera par de son constat sur la situation sociale actuelle.
En vue de la journée de soutien à la résistance populaire en Ukraine organisé par le média Tous dehors et la Cantine syrienne qui aura lieu le 9 avril à l’AERI, nous vous diffusons aujourd’hui des reportages, lecture de texte et interview sur la diversité des questions qui peuvent être soulevé par la guerre en Ukraine.
Tout d’abord, nous vous diffusons un montage réalisé à partir des prises de paroles qui avaient lieues le jeudi 17 mars, au Marbré, à Montreuil, lors de l’événement organisé par le collectif russophone contre la guerre.
Dans cet événement était abordé la Russie contemporaine de Poutine – le système politique, la dictature, la violence policière et la censure. De cette façon, ils voulaient montrer ce que Poutine apporte à l’Ukraine et a déjà apporté à de nombreuses régions occupées. La narration était accompagnée de séquences vidéo, suivie d’une discussion autour de la résistance anarchiste à l’invasion russe.
Ensuite nous diffusons la lecture d’un texte publié dans la revue Contretemps le 16 mars et rédigé par Daria Saburova ( militante et étudiante ukrainienne). Cet article décrit précisément la guerre vue d’Ukraine et la façon dont une partie de la population ukrainienne rejoint la résistance, en particulier les unités territoriales de défense : une vaste mobilisation populaire.
Dès lors, Daria Saburova adresse un certain nombre de questions à la gauche anti-impérialiste, notamment sur l’aide militaire pour la résistance populaire. Faute de quoi, selon elle, le salut internationaliste et la solidarité témoignée au peuple ukrainien risquent de demeurer abstraits. Daria sera présente et animera une partie de la discussion qui aura lieu le 9 avril dans les locaux de l ‘AERI à Montreuil.
Nous terminerons cette émission avec l’interview de Roland Desbordes, membre de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), faite pour la nuit blanche de la radio Fréquence Paris Plurielles contre la guerre, dans lequel il explique la veille sur la radioactivité que l’association effectue et surtout depuis le début de la guerre en Ukraine : les risques spécifiques d’avoir des centrales nucléaires dans une zone de guerre et l’exception nucléaire dans les “sanctions économiques” de l’UE contre la Russie, alors qu’EDF continue de faire affaire avec Rosatom.
Aujourd’hui, une émission constituée de reportages et informations autour de la lutte contre les violences policières ; en appel à la mobilisation de demain samedi 2 avril à 11 h en hommage à Jean-Paul place du docteur Laennec à Aulnay-sous-Bois et à la manifestation du 3 avril à République appelé par le collectif des mutilé-e-s pour l’exemple à République.
À Sevran, Jean-Paul tué par la BAC
À Sevran, le 26 mars 2022, un homme de 32 ans a été tué par balle, par un agent de la BAC. Jean-Paul, avait 32 ans, il laisse derrière lui une famille, des enfants, et tout un quartier en deuil. À un feu rouge, situé à la jonction de Sevran et d’Aulnay-sous-Bois, Jean-Paul est alors contrôlé par l’un des agents de la BAC qui descend du véhicule pour l’appréhender. L’agent de la BAC fait usage de son arme et l’utilitaire de la victime percute des véhicules garés dans la rue. L’homme de 32 ans succombera à ses blessures après avoir été transporté à l’hôpital.
Présenté par les médias et les services de police comme « connu des services de police », interpelé « après le vol d’une camionnette », les faits se révèlent bien différents d’après les témoignages des habitants : le père de famille aurait décidé de ne pas remettre à son employeur la camionnette de livraison, avec laquelle il travaillait chaque jour, en raison du non-versement de son salaire. Ce n’était donc pas un vol, mais l’action de résistance d’un travailleur qui veut récupérer son du.
Le geste de la police a donc été de protéger la propriété d’un employeur inique, au prix de la vie d’un travailleur. Abattu à un feu rouge, il est plus que douteux que la « légitime défense » fréquemment invoquée par les forces de l’ordre pour couvrir leurs abus soit une justification crédible.
Le policier qui a tué Jean-Paul a été placé en garde à vue, il serait poursuivi du chef d’inculpation de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec circonstance aggravante de sa qualité d’agent dépositaire de l’autorité publique avec une arme.
Il ne faut pas crier victoire trop vite, tout peut changer, on est dans une période électorale présidentielle, il ne faudrait pas que les banlieues s’embrasent.
Même si le parquet de Bobigny poursuit, il faut rappeler que celui-ci dépend hiérarchiquement du Ministère de la justice et en cas de chantage des syndicats policiers qui pourraient manifester sirène hurlante pour contester cette mise en examen, on pourrait connaître un revirement de situation.
Cette affaire, ce n’est pas seulement l’affaire de la famille de Jean-Paul, mais c’est notre histoire à tous, celle qui se répète depuis des décennies dans les banlieues ; la mort d’un frère, d’un père, d’un ami, d’un homme tué par des policiers.
Il faut le vouloir pour tuer un homme. Les policiers sortent de plus en plus leurs armes et tuent. Trois nuits de révoltes dans le quartier des Beaudottes s’en sont suivies. Car l’histoire est têtue et nous savons que trop comment les crimes policiers sont absous. Les médias salissent, la justice couvre. Derrière les images de voitures brûlées, c’est tout un quartier qui pleure la mort d’un proche, et qui doit faire face aux mêmes récupérations politiques en pleine campagne.
Évidemment, les médias mainstream passeront plus de temps à évoquer des dégradations d’ordre matérielle qu’à se pencher sur les causes des révoltes ; des quartier abandonnés ; des écoles, des transport, des services de santé dégradés, des logements chères et mal entretenus, du travail rare et surexploité et pour couronner le tout des brigades policières spéciales sur-armées violentes et haineuses.
Même si le véhicule avait été volé, ce qui n’est pas le cas, en l’état il s’agit d’avantage d’une réquisition, est-ce un motif pour abattre quelqu’un ? La peine de mort est théoriquement abolie en France, mais elle est rétablit sommairement par les flics en toute impunité.
C’est pour ces raisons que les habitants du quartier évoquent à juste titre un assassinat.
Après deux nuits de révolte, 16 personnes dont 4 mineurs ont été interpellées selon la préfecture.
La loi du 28 février 2017, relative à la sécurité publique, votée sous le gouvernement de François Hollande et de son ministre Manuel Valls, est venue aggraver l’usage par les forces de l’ordre de leurs armes à feu. Le refus d’obtempérer peut se solder par la mort. C’est un véritable permis de tuer qui a été légalisé et qui endeuille aujourd’hui la ville de Sevran et tant d’autres avant elle.
Depuis 2017, il y a une nette augmentation de l’usage des armes à feu par les policiers dans les cas de refus d’obtempérer, dans la majorité des cas, il s’agit de personnes qui ne se sont pas arrêtées soit pour un défaut de permis ou par peur de la police. La mort de Jean-Paul nous concerne tous !
Un hommage sera rendu à Jean-Paul samedi 2 avril à 11 h. Le rendez-vous est place du docteur Laennec à Aulnay-sous-Bois.
Les policiers ouvrent le feu sur un homme menaçant armé d’un couteau à Villeneuve-Saint-Georges
Ce dimanche 27 mars après-midi, un homme déambulait autour des rues Guynemer, Branly et Thimonnier à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Cet habitant âgé de 25 ans était en pleine crise de nerfs, il s’en est pris, sans gravité, aux policiers, qui ont tiré sur lui, alors qu’ils n’étaient pas en danger. Il a été atteint de deux balles. Blessé grièvement, sa vie n’est plus en danger.
Vers 14 heures, ce sont des habitants de la cité qui ont appelé les sapeurs-pompiers car une personne arpente les rues muni d’une arme blanche et proférant des menaces. Visiblement déséquilibré ou souffrant de problèmes psychiques, ce jeune de 25 ans originaire du quartier. Les pompiers préviennent aussitôt la police.
La patrouille du commissariat de Villeneuve-Saint-Georges arrive et forme un triangle autour de l’homme. « Allonge-toi ! Mets-toi par terre ! », « lâcher ton couteau », ils le mettent en joue avec leur pistolet et un Taser. Le policier tire ! Son collègue tire également à deux reprises. La victime s’écroule, touchée par deux balles au niveau de la cuisse et du dos. Ce qui est particulièrement troublant quand on regarde la vidéo, qui a été heureusement prise par un passant, c’est que les policiers avance vers leur victime l’arme à la main et qu’après avoir tiré ils sont calmes alors qu’ils viennent de tirer sur un homme, aucun état d’âme, la vie humaine n’a plus de sens pour eux. Ce qui est révoltant c’est qu’ils aient privilégié la neutralisation par balle réelle, plutôt que d’autres méthodes. Ce n’est pas la première fois que les policiers tirent sur une personne souffrant de troubles mentaux. Il faut rappeler qu’un policier doit neutraliser non tuer, il dispose d’une matraque, d’un teaser, d’un gilet par balle, d’une bombe lacrymogène.
Les Médiateurs et les éducateurs ont été déployés «afin de maintenir le calme dans le quartier», comme si c’était leur travail.
Dans la cité, des habitants se demandent pourquoi l’un des trois policiers n’a pas utilisé le Taser qu’il tenait pourtant à la main. Mais les journalistes qui prennent directement leurs informations auprès des services de police ont eu la réponse qui couvrent les fonctionnaires qui se trouvaient trop loin selon eux, pour que le pistolet à impulsion électrique puisse atteindre sa cible !
Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons la conférence de presse du 30 mars du GENIE au sujet de l’affaire d’Angelo Garand mourrait sous les tirs de gendarmes du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale), une unité d’élite consacrée à la lutte contre le grand banditisme, les prises d’otage et les attaques à main armée le 30 mars 2017.
Ces derniers étaient venus le chercher pour le ramener à la prison de Vivonne. Angelo qui avait obtenu une permission de sortie, ne voulait pas retourner en prison et était resté manger ce jour-là avec sa famille. C’est caché dans une remise qu’il fut abattu de cinq balles.Il s’ensuivit une bataille judiciaire pour obtenir justice et vérité.
D’abord mis en examen pour “violences volontaires avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner”, deux des cinq gendarmes accusés d’avoir tué furent finalement mis hors de cause, la nouvelle juge d’instruction, remplaçant l’ancienne, prononçant un non-lieu sur là base de l’article L435-1 du code de la sécurité intérieure. Il est question ici de l’emploi de la légitime défense par les forces de l’ordre, s’appuyant sur la version des gendarmes, prêtant à Angelo, dangerosité, résistance et volonté d’en découdre à l’aide d’un couteau. Une version que conteste pourtant vivement les proches.
Et c’est de cette version qu’il sera ici question, par l’action de l’organisation GENIE, un groupe de contre-enquête indépendant, “dont l’objectif principal est de faire la lumière sur les crimes et violences impliquant l’État français ou ses agents”. En recourant au journalisme d’investigation et à la modélisation 3D, le groupe de contre-enquête se propose d’établir une hypothèse alternative. Comme il permet sinon d’invalider la version des forces de l’ordre, au moins de contribuer à la vérité sur la mort d’Angelo Garand.
Le 23 mars était organisé une nouvelle manifestation de soutien aux travailleurs grévistes sans-papiers RSI, DPD et Chronopost en lutte depuis cinq mois. Elle prenait fin à Bercy devant le ministère de l’Économie et des finances, c’est-à-dire celui-là même qui décide de ne pas décider de délivrer les CERFA, qui décide de l’exploitation des travailleurs sans-papiers. Nous rappelons que c’est La Poste, entreprise en partie Étatique qui permet les contrats les plus pourris, et qui permet par le biais de la sous traitance de passer au-dessus des lois qui régissent le code du travail. Dans ce premier reportage, noue entendrons les prises de parole de cette manifestation
Le 30 mars, un nouveau rendez-vous se tenait à la préfecture de Nanterre en vue de la réponse sur les dossiers de régularisations. Une manifestation partait de l’arche de la défense, pour se rendre à la préfecture des Hauts-de-Seine. Dans ce second reportage, nous avons interviewé des salariés de DPD, RSI et Chronopost pour comprendre quelle est la stratégie de cette lutte.
Les travailleurs sans-papiers de RSI, DPD et Chronopost n’ont pour le moment rien gagné, mais ils restent déterminés.
En deuxième partie d’émission, nous vous diffuserons un montage dans lequel nous alternons les prises de parole de libre flot (orales ou écrites) avec les prises de parole du rassemblement organisé à Ménilmontant le 29 mars 2022 “pour crier la libération de Libre Flot en grève de la faim depuis le 27/02 et l’arrêt de l’isolement, torture blanche pour tout.es les prisonnier.es”.
Rappel : le 8 décembre 2020, la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) interpellait dans plusieurs régions neuf personnes « de la mouvance d’ultragauche » pour « association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste ». Sept d’entre elles sont alors mises en examen et maintenues en détention provisoire. Six finiront par être libérées sous contrôle judiciaire au fil des mois. Et une reste enfermée, sous le régime de l’isolement, depuis plus d’un an.
Mercredi 26 janvier 2022, après près de deux ans d’une enquête menée depuis février 2020 par la DGSI, la chambre de l’instruction a rejeté sans surprise la série de « requêtes en nullité » déposées par les avocat·es de certain·es des inculpé·es. Sans surprise parce que la reconnaissance de ces nullités mettait en jeu l’existence même de l’affaire dite du 8 décembre, et que la justice s’est dans cette histoire montrée prête à s’asseoir sur ses propres principes pour valider le storytelling antiterroriste.
Libre Flot, un ancien volontaire français des YPG (Les Unités de protection du peuple kurde), maintenu en détention provisoire et à l’isolement depuis plus d’un an, entame alors une grève de la faim le 27 février et demande sa mise en liberté. Depuis le jeudi 24 mars, il est à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes et poursuit sa grève de la faim.
Au vu de ces circonstances et rappelant que son accès à la santé ayant été bafoué continuellement depuis son incarcération, Libre Flot souhaitait cette hospitalisation pour sortir de l’isolement et avoir accès directement à des médecins et des soins si nécessaires.
Le 29 mars était annoncé lors de ce rassemblement la levée de son isolement et la levée des interdictions de communication.
Plus d’info sur l’enquête judiciaire : https://iaata.info/La-justice-s-entete-dans-l-affaire-du-8-decembre-5129.html
Vous pourrez retrouver plusieurs de ces lettres sur : https://lenvolee.net/tag/libre-flo/
En 2022, c’est la 26eme années consécutive que l’appel du collectif opposé à la brutalité policière de Montréal est lancé pour faire du 15 mars la journée internationale contre les violences policières. En France, l’appel est repris de sorte à faire de la mi Mars un moment de convergences de toutes les luttes contre les violences d’état.
Cette année, ce sont le réseau entraide vérité et justice et la Campagne antiracisme et Solidarité qui s’associe pour appeler à la manifestation annuelle se déroulera le 19 mars à 14 h à partir de Châtelet.
En appel, dans cette émission, nous vous diffusons dans une première partie d’émission la Conférence de presse réalisée par les collectifs organisateurs de la marche le 15 mars dernier. Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons une partie des prises de parole qui avait lieu lors du meeting de soutien des travailleurs sans papier de DPD Coudray RSI et Chronopost Alfortville du 10 mars dernier.
Le texte d’appel à la marche de la Campagne Antiraciste et de Solidarité:
Notre pays construit des ponts pas des murs. D’où que l’on vienne, où que l’on soit né·e, notre pays existe. Il s’appelle Solidarité.
Notre pays n’a ni carte, ni limites. Il ne fait pas la guerre si ce n’est au fascisme, au colonialisme, au racisme, à l’injustice et aux inégalités.
Notre pays n’existe pas isolé, atomisé, soumis. Il existe dans tout ce qui relie, regroupe, donne confiance et lutte.
Notre pays est en grand danger. Il doit sortir, se montrer, se lever. Vivre.
Car notre pays brûle. Il s’appelle Avenir. Car notre pays est étouffé. Il s’appelle Liberté. Car notre pays se meurt. Il s’appelle Égalité. Car notre pays est opprimé. Il s’appelle Dignité.
Notre pays est en danger. Nous appelons à la mobilisation générale.
Pour l’avenir. Si la planète brûle, cela n’a rien à voir avec les migrations, nos couleurs de peau, nos origines, nos religions. Le monde n’attend qu’une étincelle pour exploser et certain.e.s nourrissent l’incendie qui nous menace. Nous dénonçons toutes les formes de racisme dont l’islamophobie, l’antisémitisme, l’anti-tziganisme, la négrophobie et le racisme anti-asiatique. Nous exigeons notamment la fin des contrôles au faciès, l’abrogation de la loi dite « séparatisme », le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la fin des dominations économiques, militaires et politiques, en particulier la Françafrique.
Pour la liberté. Nous voyons que lorsqu’on commence à limiter la liberté pour certain·e·s, c’est la liberté de tou·te·s qui recule. C’est ainsi que se mettent en place des pouvoirs de plus en plus autoritaires. Nous exigeons la liberté de circuler et de manifester et notamment l’abrogation de la loi dite « sécurité globale », la fin des violences et des crimes policiers et pénitentiaires, la suppression des mesures de répression contre les migrant·e·s (OQTF*, IRTF*, …) et la fermeture des Centres de Rétention Administrative. Nous exigeons la destruction des murs qui s’érigent partout dans le monde pour séparer et contrôler les peuples.
Pour l’égalité des droits. Les arguments utilisés contre l’immigration sont faux économiquement et ne servent qu’à justifier les mesures qui amplifient monstrueusement le racisme et les inégalités sociales. L’oppression et la surexploitation des migrant·e·s aggravent les conditions de tou·te·s les salarié·e·s. Nous revendiquons l’égalité des droits pour tou·te·s, le renforcement et l’accès réel à la santé, à l’éducation, à des revenus décents, au logement et l’arrêt des expulsions dans les foyers de travailleurs/euses migrant-es. Nous exigeons notamment la régularisation des sans-papiers.
Pour la Dignité. Nous refusons la banalisation de l’insoutenable. Nous dénonçons les politiques anti-migratoires et de non-accueil des migrant·e·s. Nous refusons l’instrumentalisation des femmes à des fins racistes. Nous réclamons vérité et justice pour les victimes de violences policières et pénitentiaires. Nous exigeons le respect des convictions et croyances de tou·te·s. Debout, nous redevenons dignes.
Pour la Solidarité. Nous appelons toutes et tous à se lever, se rassembler, s’organiser. À faire vivre notre pays partout où il existe. Dans les quartiers, les villages, les ronds-points, les écoles, les lieux de travail. Autour d’un hôpital menacé, d’une mosquée ou d’une synagogue fermée ou attaquée, d’une église où l’on fait une grève de la faim pour les migrant·e·s, des associations antiracistes dissoutes ou menacées de l’être, d’un théâtre qui avait été occupé, d’un piquet de grève, d’un immeuble menacé d’expulsion, d’une frontière. A partir d’un local associatif ou syndical, d’un lieu culturel et solidaire…
Nous appelons notre pays à se lever en masse, s’organiser et lutter pour la solidarité et contre le racisme.
en multipliant les initiatives de toutes sortes,
dans toutes les villes et les villages en manifestant ensemble le même jour le samedi 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrant·e·s,
à Paris pour une manifestation nationale au mois de mars à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme.
Nous allons dans un premier temps revenir sur ce qui se passe en corse autour de l’agression d’Yvan Colonna qui l’a plongé dans un coma profond et qui a plongé la Corse dans une colère que nous ne soupçonnons pas. Pour cela nous avons rencontré Thibault et Sylvain lors du salon anticoloniale et anti raciste qui s’est tenu le 12 et 13 mars à la parole errante à Montreuil.
Ensuite vous pourrez entendre une courte interview réalisée lors de la marche contre l’antisémitisme qui a eu lieu le 13 mars à Paris. Et nous finirons cette émission par des prises de parole et interviews que nous avons pu réaliser lors du rassemblement qui se tenait à Paris le 12 mars contre l’interdiction par l’État Français de collectifs de soutien au peuple palestinien.
Yvan Colonna était Incarcéré à Arles (Bouches-du-Rhône) après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en Corse. Yvan Colonna a été hospitalisé dans un état grave le 2 mars après avoir été violemment frappé par un codétenu emprisonné pour terrorisme et déjà connu pour avoir agressé d’autres co-détenus. Annoncé mort dans un premier temps par plusieurs médias, il serait en état de mort cérébrale.
Yvan Colonna, dont la culpabilité dans l’assassinat du préfet Erignac avait fait débat, demandait depuis de longues années son rapprochement en Corse ( comme la loi sur le rapprochement familiale le stipule pour tous les prisonniers), ce qui lui avait systématiquement été refusé en raison de son statut de “détenu particulièrement signalé” (DPS). Le statut de DPS aggrave significativement les conditions de détention, déjà déplorables et les possibilités d’aménagement de peine.
Le Premier ministre Jean Castex a levé ce statut mardi pour Yvan, une décision jugée par beaucoup comme une provocation, Yvan Colonna se trouvant désormais entre la vie et la mort dans un hôpital de Marseille, et pour ses co-inculpés ; Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. Ce que le gouvernement autonome n’avait pas obtenu en sept ans d’exercice du pouvoir, la rue l’a gagné en quelques nuits de révolte.
Depuis la corse est en ébullition ; c’est notamment sa jeunesse qui s’insurge. Les manifestations se sont multipliées en Corse à l’appel d’étudiants, de lycéens, d’organisations nationalistes ou de syndicats. Les banderoles “Per Yvan, Statu francesu assassinu” (Pour Yvan, État français assassin), désigne le responsable de la mort cérébrale d’Yvan Colonna ; les bâtiments de l’État ; palais de justice, préfecture, hôtel des impôts…
Une nouvelle génération fait l’épreuve de la violence d’État, beaucoup de blessés, des deux cotés de la barricade et va redistribuer les cartes sur le terrain politique corse.
Contre l’antisémitisme
10 ans après la tuerie antisémite de l’école juive à Toulouse, une journée d’actions est prévue dimanche 13 mars. Parce que l’antisémitisme est toujours d’une actualité forte, il importe « de prendre position pour agir contre l’antisémitisme et tous les racismes », exhortent plusieurs associations, syndicats et partis politiques.
Le 19 mars, il y a 10 ans à eu lieu la tuerie antisémite de l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse, au cours de laquelle trois enfants, Gabriel Sandler, 3 ans, Arié Sandler, 6 ans, Myriam Monsonégo, 8 ans et le père de deux d’entre eux, Jonathan Sandler, 30 ans, ont été assassiné·es parce que juif/ves.
C’était la première fois en France depuis la Seconde Guerre mondiale que des enfants étaient tué·es parce que juifs/ves. L’assassin avait auparavant tué trois soldats.
Ces assassinats se sont produit après plusieurs années d’actes antisémites ; l’assassinat d’Ilan Halimi en février 2006. En janvier 2015, quatre personnes juives étaient assassinées lors de l’attentat de l’Hypercacher : Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada. Sarah Halimi en 2017 et Mireille Knoll en 2018 étaient tuées à cause de la même haine antijuive.
L’été dernier des pancartes antisémites fleurissaient lors des manifestations contre le passe sanitaire.
Un des candidats à l’élection présidentielle prétend que Pétain aurait sauvé les Juifs français et stigmatise les victimes de Toulouse.
L’antisémitisme reste d’une actualité forte. C’est pourquoi il importe de prendre position pour agir contre l’antisémitisme et tous les racismes.
Le dimanche 13 mars, une marche contre l’antisémitisme partira à 16h30, de la place de la République et se rendra au Parvis des 260 enfants assassiné.es par les nazis dans le quatrième arrondissement, Rue des Rosiers. Nous serons dans la rue pour dire « Non à l’antisémitisme » et « Oui à une société fraternelle et sans racisme », une société qui refuse l’exclusion de l’autre, qu’il ou soit juif/ve, musulman.e, noir.e, rom, asiatique…
Organisations signataires : RAAR, LDH, MRAP, SOS-Racisme, FSU, Union syndicale Solidaires, Memorial 98, JJR, UAVJ, UJRE, Juif/ves vénères, Ibuka-France, La Jeune Garde, Association des citoyens originaires de Turquie ACORT, Nouveaux Démocrates, Ensemble, EELV, Gauche Démocratique et sociale GDS, PEPS, UCL, AFA77. Éditions syndicalistes, les Amis de la Révolution prolétarienne.
Non à la dissolution des associations de défense du peuple palestinien.
Ce samedi 12 mars 2022 à la Fontaine des Innocents, se tenait un rassemblement pour soutenir la Palestine et tous ceux et celles qui défendent les droits des Palestiniens !
Des interventions pour dénoncer la dissolution de deux associations pro-palestiniennes par le gouvernement Macron, pour faire savoir que le Collectif Palestine Vaincra n’a pas dit son dernier mot et fait un recours devant le conseil d’État. Et aussi que ces mesures liberticides ne nous ferons pas taire !
Nous vous proposons dans cette dernière partie d’émission, l’écoute de prises de parole et un entretien réalisé avec l’un des membres du collectif EuroPalestienne.
Pour commencer à aborder cette question, nous avons décidé de commencer par vous diffuser un reportage réalisé le dimanche 6 mars 2022 derniers à la cantine des Pyrénées, 77 rue de la mare à Paris, organisé par le collectif des russophones contre la guerre, en soutien à un bataillon anarchiste résistant en Ukraine.
Nous vous diffuserons donc un reportage réalisé avec deux étudiantes russes et deux réfugiés politiques russes,et une partie de la discussion qui a eu lieu dans la cantine lors du repas de l’événement.
Nous avons aussi décidé afin d’encadrer ce reportage de deux lectures d’extraits de textes. Le premier est un texte qui a été composé collectivement par plusieurs activistes anti-autoritaires d’Ukraine. Ils ne représentent aucune organisation, mais s’étaient réuni·es pour écrire ce texte et de se préparer à une éventuelle guerre. En effet, ce texte à été initialement publié le 15 février sur Crimethinc, donc avant le début du conflit et permet d’éclairer leur choix de rester sur le territoire face à l’éventualité de celui-ci.
Il a été édité par plus d’une dizaine de personnes, dont des participant·es aux événements qui y sont décrits, des journalistes qui ont vérifié l’exactitude de leurs affirmations, et des anarchistes de Russie, de Biélorussie et d’Europe. Voici leur première ligne :
“Si la guerre éclate, nous ne savons pas si le mouvement anti-autoritaire survivra, mais nous ferons notre possible pour que ce soit le cas. En attendant, ce texte est une tentative de déposer en ligne l’expérience que nous avons accumulée.
En ce moment, le monde discute activement d’une possible guerre entre la Russie et l’Ukraine. Nous devons préciser que cette guerre est déjà en cours depuis 2014.
Mais chaque chose en son temps.”
(vous pourrez trouvez le lien vers le texte publié en intégralité sur parislutteinfo en bas de l’article)
Le second texte a été publié le 7 mars sur le site de A2C intitulé” pas de guerre entre les peuples pas de paix entre les classes” et permet de replacer les enjeux internationaux dans une chronologie qui n’épargne aucun empire. Voici leur chapeau :
“La crise militaire d’ampleur qui vient de se déclarer aux portes de l’Europe est le point culminant d’une série de crises majeures qui frappent l’humanité depuis une décennie. La crise climatique, la crise économique de 2008, la crise de la covid étaient déjà les symptômes d’un système capitaliste mondial à bout de souffle. Mais l’aggravation brutale de la situation marque un tournant vers un risque de déflagration mondiale. Plus que jamais, les luttes de notre camp, des masses que ce système opprime et exploite, sont essentielles pour stopper cette folie.”
Pour terminer nous vous diffusons les prochains événements organisé par le collectif pour cette semaine :
Les étudiantes et réfugiés politiques russes prendront la parole pour témoigner de leur expérience du régime de Poutine.
Le mardi 15 mars et le jeudi 17 mars à 19h00, une série d’événements sera organisée au cours desquels nous parlerons de la Russie contemporaine de Poutine – le système politique, la dictature, la violence policière et la censure. De cette façon, nous voulons montrer ce que Poutine apporte à l’Ukraine et a déjà apporté à de nombreuses régions occupées. Également, on traitera le thème de la guerre en Ukraine et de la résistance du peuple ukrainien contre l’armée russe.
La narration sera accompagnée de séquences vidéo, dont beaucoup montrent des scènes de violence.
Une discussion suivra au cours de laquelle nous répondrons aux questions. Le 17 mars on va ainsi discuter autour de la résistance anarchiste à l’invasion russe.
RDV : mardi 15 mars, 19 h, à l’Hypocrite, 10 rue de Poitou, Montrouge
: jeudi 17 mars, 19 h, au Marbré, 39 rue des Deux Communes, Montreuil