Nous vous proposons d’écouter la présentation du livre de Nils Anderson : Les guerres annoncées, le capitalisme, c’est la guerre. Cette présentation se tenait Le 20 mars 2025 à la librairie El Ghorba mon amour à Nanterre
Pour mieux cerner l’auteur, une petite bio rapide : Nils Anderson est né le 14 février 1933. À l’age de 24 ans et sans moyen, il a l’idée, avec Pierre Canova, de diffuser des éditeurs français qui publient des livres essentiels aux débats intellectuels. Plusieurs éditeurs acceptent de partager ce projet, Jérôme Lindon pour les Éditions de Minuit, Jean-Jacques Pauvert, Robert Voisin pour les Éditions de l’Arche puis François Maspero. En 1957, il fonde ainsi un comptoir de diffusion d’éditeurs français à Lausanne et publiera de nombreux livres interdits comme La Question d’Henri Alleg qui traite de la torture pendant la guerre d’Algérie, mais également La Gangrène, après sa saisie aux Éditions de Minuit. Il publie d’autres documents, notamment Les Disparus, un dossier établi par le collectif des avocats, avec une postface de Pierre Vidal-Naquet, et La Pacification, publié sous le nom d’Hafid Kéramane. Il publie aussi le témoignage d’un journaliste, Henri Deligny, rappelé en Algérie : H.S. Et aussi le théâtre militant de Mohamed Boudia, Naissances ; un ouvrage sur l’aliénation colonialiste. En conformité avec les livres qu’il édite, Nils Andersson est solidaire des militants algériens, des réseaux de soutien, du mouvement des insoumis et déserteurs français. Il devient membre du comité de rédaction de la revue Partisans, créée par François Maspero. En 1961, arrêté à Lyon, Nils Andersson se voit notifier une interdiction d’entrée en France.
Dès 1963, Nils Andersson, en marxiste léniniste, il édite les principaux documents boycottés du PCC et publie les Écrits philosophiques de Mao Zedong. Depuis les années 1990, il vit à Paris et participe notamment aux activités d’ATTAC, de l’Association pour la défense du droit international humanitaire (ADIF), de l’Institut de documentation et de recherches pour la paix (IDRP), de l’association Sortir du colonialisme. Il a dirigé notamment la rédaction de plusieurs ouvrages de bilan sur la justice internationale et l’ONU.
Les guerres annoncées Le capitalisme, c’est la guerre II de NILS ANDERSON
Nils Anderson propose une analyse fine et implacable du capitalisme du réel, et de sa nature première : la guerre. Produit d’un long travail d’enquête à la croisée du journalisme critique et de l’expérience d’un engagement politique anti-impérialiste directement hérité des luttes de décolonisation de la deuxième moitié du 20ᵉ siècle, cet ouvrage décortique l’infamie des doctrines impérialistes et capitalistes qui n’ont cessé de faire du monde un vaste champ de bataille en vantant les mérites d’un Occident soi-disant « pacifié ». Plus que jamais, il réaffirme cette exigence morale et politique que Jaurès et Käthe Kollwitz poursuivirent en leur temps : Nie Wieder Krieg, « Plus jamais la guerre », tout en proposant une analyse du futur proche de ce qu’annoncent les nouveaux rapports de pouvoir mondiaux et les doctrines militaires modernes. Nils Andersson fondateur des Éditions indépendantes La Cité Éditeur en 1957, militant anti-impérialiste, anti-colonial.
Le mardi 18 février 2025, sept députés et sept sénateurs de la commission mixte paritaire (CMP) se sont mis d’accord sur le texte de loi d’orientation agricole.
Quels sont les changements dans cette nouvelle version ? L’article 13, dénoncé comme « un permis de détruire la biodiversité », demeure. Il prévoit que seules les atteintes « intentionnelles » seront passibles de poursuites pénales. En clair : il faudra prouver que la destruction de la nature a été volontaire et réfléchie pour condamner le contrevenant. Or, en droit, prouver que la personne avait l’intention de tuer une espèce est très difficile.
Le texte réintroduit l’objectif de 21 % de surfaces agricoles cultivées en bio d’ici à 2030. Cette mesure avait été effacée par un amendement de Laurent Duplomb, invoquant la grave crise qui touche le secteur.
Enfin, s’il réintègre la notion de « transition climatique et environnementale », le terme « d’agroécologie » reste écarté. Ceci est tiré du site reporterre.
Pourquoi les agriculteurs sont-ils aujourd’hui poussés à s’endetter ? Pourquoi les techniques agricoles se révèlent-elles incapables de s’adapter au dérèglement climatique ? Pourquoi des pratiques polluantes sont-elles devenues la norme ? Pour comprendre le modèle agricole qui domine une grande partie du monde, il est nécessaire d’identifier les lignes de force industrielles qui le structurent et d’analyser l’intention capitaliste qui l’écrase. Et aussi la remise en question de la centralisation du modèle agricole.
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de la présentation du livre Agriculture industrielle, on arrête tout et on réfléchit” ! (Éditions Rue de l’Échiquier) cette présentation se tenait en compagnie de Jacques Caplat et Stéphane Kerckhove et cela se déroulait à la librairie quilombo à Paris, le 8 mars 2025.
Vous pouvez écouter la présentation du livre ; Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier… une enquête ouvrière réalisée par le groupe ; La mouette enragée aux éditions Acratie. Cette présentation a eu lieu à L’EDMP, à Paris, le 8 février 2025.
Ils se sont connus sur le port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), lors des barrages contre la réforme des retraites en 2010. Ils avaient tous deux 22 ans. Fabien occupait son premier poste de professeur d’histoire-géographie, Arthur terminait un master en contrat professionnel dans une entreprise de valorisation des déchets de la pêche. Ensemble, ils ont rejoint la Mouette enragée, un groupe communiste anarchiste qui publie un journal du même nom depuis 1992, toujours disponible dans les kiosques de Boulogne. Ils se veulent les héritiers d’une vieille tradition antiautoritaire propre à la ville portuaire.
Dynamique des mouvements sociaux
Pas de quoi fomenter une révolution : s’ils furent jusqu’à huit dans le groupe il y a quelques années, ils ne sont plus que quatre, dont Arthur, parti travailler dans une ressourcerie à Marseille. Mais ils croient à la dynamique des mouvements sociaux pour « renverser les rapports de force ».
Leur conviction : le travail est une question politique, car il est au cœur du système capitaliste. « La question n’est jamais travaillée dans les milieux qui réfléchissent à la transition écologique, regrette Fabien, aujourd’hui enseignant dans un collège à Lille. C’est ce qui explique en partie que l’urgence climatique n’est pas une priorité pour les travailleurs. »
Les membres de la Mouette enragée se sont lancés entre 2017 et 2023 dans la réalisation d’une « enquête ouvrière » qui donne à voir les conditions de travail des salariés en bas de l’échelle sociale et de l’échelle des salaires, dans des entreprises des Hauts-de-France et de Bretagne. Le fruit de leur travail a paru sous le titre Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier… (Acratie, 2023).
Le groupe s’est inscrit dans une tradition qui remonte aux débuts de l’industrialisation. Les premières enquêtes ouvrières sont réalisées par des hauts fonctionnaires, des ingénieurs ou des médecins comme Louis René Villermé, qui publie en 1840 un livre sur les ouvriers des manufactures textiles. En 1843, la féministe socialiste Flora Tristan réalise un Tour de France en vue d’un « état actuel de la classe ouvrière sous l’aspect moral, intellectuel, matériel ».
La plus célèbre enquête ouvrière est celle que Marx a publiée en 1880 sous le titre « l’Enquête ouvrière » et publiée dans La Revue socialiste. Le Belge Joseph Cardijn, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne en 1925, inscrit, lui, l’enquête au cœur de la méthode Jociste. On pense aussi aux écrits de Simone Weil en 1950. La tradition ressurgit dans les années 1960 en Italie, en France, en Angleterre, avec la volonté de réaliser un état des lieux réflexif mené au sein du monde ouvrier, un outil à part entière de la lutte des classes et non une étude sociologique à prétention scientifique.
Logistique et centres d’appels
L’équipe de la Mouette enragée a rencontré plusieurs dizaines de femmes et d’hommes travaillant dans le secteur privé, de tous âges, en CDD, en CDI ou en intérim. Dans le nord, ces emplois sont occupés par les enfants et petits-enfants des générations employées dans le charbon, le textile, la sidérurgie. Tous décrivent comment la taylorisation colonise une large part de l’industrie des services. C’est le cas dans la filière logistique, cinquième recruteur en France, avec 1,8 million d’emplois, quatre fois plus que l’automobile. On lit dans l’ouvrage les réponses de salariés de Vertbaudet, la Redoute, Amazon à un questionnaire très précis sur l’entreprise, les conditions de travail, l’argent, la hiérarchie, les collègues, les luttes.
Une vingtaine d’employés de centres d’appels ont accepté de répondre aux questions, dessinant un « prolétariat digital mais pas virtuel », « une tendance à la déqualification sociale du travail qui valide la disparition du métier au profit du job et de la fonction interchangeable ».
Quant à la production agroalimentaire, elle occupe une place dominante dans les Hauts-de-France, où elle emploie 70 000 salariés. À Boulogne, premier port de pêche français, les travailleurs de ce secteur se concentrent dans la zone industrielle de Capécure, qui regroupe 150 entreprises, première place de transformation de produits de la mer d’Europe. Partout, le travail est dur et le taux de rotation très important.
Abstention et vote sanction
« Nous avons été surpris par une constante un peu partout, relève Arthur : le matériel est mal entretenu. Les outils tombent très souvent en panne et leur obsolescence est à l’origine d’accidents du travail. On pourrait s’attendre à ce que les industriels investissent dans les machines pour augmenter la productivité, mais non. Celles-ci sont poussées à bout, comme les corps. »
« Nous avons aussi découvert qu’il existe de nombreux petits gestes de résistance, même si les salariés sont souvent fiers de leur entreprise. Il y a beaucoup de débrayages pour des augmentations de salaire au moment des négociations annuelles obligatoires, ou bien pour obtenir des pauses supplémentaires pendant les grandes chaleurs. Cependant, s’ils ont conscience d’être exploités, ils n’ont pas celle d’appartenir à une classe sociale qui pourrait être une actrice politique », ajoute Fabien. D’où l’abstention et le vote sanction.
« Je me suis politisé avec le CPE (contrat première embauche, spécifique aux moins de 26 ans, abandonné à la suite d’immenses manifestations en 2006, NDLR), raconte Arthur. Ce fut notre dernière victoire. Depuis, les mouvements sociaux n’ont fait qu’essuyer échecs sur échecs. Après des manifestations qui pourtant mobilisent des foules, les gens retournent au boulot, dépités. Soit, ils ne vont plus voter, pour la plupart, soit ils votent pour ceux qu’ils n’ont jamais essayés ».
Dans cette émission, vous sera présenté par Guy Dardel et Lina Murad des ouvrages en prévision des fêtes de fin d’année. Nous commencerons par Tombéza de Rachid Mimouni, puis enchaînerons avec Les années Lula et Les Américanoïaques de Serge Rezvani. Nous enchaînerons avec Les Deux Visages de la résilience de Boris Cyrulnik, revenant sur la réutilisation dans les médias et par le personnel politique principalement de la notion de résilience qu’il a développé. S’en suivra une présentation et un commentaire du livre Storytelling de Christian Salmon. Ce sera ensuite le tour de Seul dans Berlin de Hans Fallada, et qui donne à lire l’histoire fictive du quotidien d’une famille allemande pendant le régime nazi en 1940 ; avant d’enchaîner avec La fabrique du complot de Miguel Chueca, ce livre-ci, une enquête historique, revenant sur les storytelling développé à l’occasion de l’incendie Reichstag, le siège du Parlement allemand, où à cette suite nazis et communistes ont développé deux thèses du complot. Nous terminerons enfin par Flingue, conscience et collectif de Ulrik Meinhof et Au pays de Bernie Sanders, enquête sur une autre Amérique.
Si l’on n’ouvrait nos appareils numériques, que verrions-nous ? Parmi les dédales de câbles et autres, on pourrait y voir des petites plaques vertes au doux nom de puce électronique.
Beaucoup de celles-ci, son fabriqué en Asie, mais la France essai de se placé dans le mouvement.
Dans l’émission de ce jour, on vous amène en Isère, car une bonne partie de la fabrication de ses puces électroniques se passe dans cette région, dans l’entreprise STMicroelectronics.
Un peu d’histoire
En 1972, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble créé l’entreprise Efcis pour conceptualiser et fabriquer des puces électroniques à partir des recherches menées au CEA. L’organisme public transfère à Efcis 90 ingénieurs et scientifiques. C’est une habitude des centres de recherche publics que de créer des start-up pour « valoriser » les recherches publiques : on appelle cela « la liaison recherche-industrie » (Sur ce sujet, lire le livre du Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée. La recherche grenobloise au service du complexe militaro-industriel, Le monde à l’envers, 2020).
Rapidement, le géant de l’équipement militaire Thomson prend des parts dans l’entreprise Efcis, puis l’absorbe en 1982. En 1987, la branche électronique de Thomson fusionne avec l’italien SGS, pour donner SGS-Thomson, puis STMicroelectronics en 1998. C’est aujourd’hui le premier employeur de la région, avec près de 6 000 personnes. La multinationale travaille pour Apple, Bosch, Continental, HP, Huawei, Mobileye, Samsung, SpaceX, Tesla, Vitesco… et ne rechigne pas à équiper les drones de l’armée russe. L’entreprise fait des profits conséquents, mais « paye » ses impôts aux Pays-Bas. L’an dernier, Emmanuel Macron a annoncé le versement de 2,9 milliards d’argents public pour agrandir l’usine de Crolles d’ici à 2026 au nom de la « souveraineté industrielle » européenne. Agrandir, alors que ST consomme déjà à Crolles 156 litres d’eau par seconde (387 après l’agrandissement) et autant d’électricité qu’une ville de 230 000 personnes.
Ce 11 décembre 2024, à la librairie quilombo, se tenait la présentation du livre toujours puce. Les macrodégâts de la microélectronique publiée aux éditions le monde a l’envers. En présence de Maud et Elsa, Autrice de l’ouvrage et de Lise du collectif StopMicro et c’est cette présentation que nous proposons dans l’émission de ce vendredi.
Dans cette émission, nous vous proposons d’écouter un montage réalisé à partir d’une présentation de livre à la Maison du Zéro déchet, à Paris, et qui est intitulée “Les marchands de soleil”. Le livre est publié aux éditions Tana, et est co-écrits par Sylvie Bitterlin et Clément Osé. Plus concrètement, par le vécu de cette première, habitante et militante dans le collectif Elzéard, Lure en résistance, est raconté la lutte contre l’implantation de centrales industrielles de panneaux photovoltaïques dans les forêts de la montagne de Lure, situé dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un projet présenté comme écologique mais aux répercussions désastreuses pour l’environnement et qui n’est pas sans poser des questions sur la question énergétique plus globalement, fusse-t-elle renouvelable. L’occasion également d’interroger la transition écologique.
Voir aussi l’Association Environnementale Lot-Célé qui se bat contre l’implantation de centrales solaires dans le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy : lien
Tout le monde connaît l’équation : fonctionnaires = feignasses = pas rentables = emmerdeurs = protégés = profiteurs = archaïques = inutiles = à compresser. D’où vient son incroyable puissance d’évidence ? Et quels intérêts sert-elle ? Pourquoi certains (hauts) fonctionnaires comptent-ils parmi ceux qui la répètent le plus ? Pourquoi autant d’insultes contre celles et ceux qui voudraient servir le public en toute égalité, et si peu envers les actionnaires, les employeurs ou les pollueurs ?
En cette journée de grève dans la fonction publique, nous vous proposons l’écoute d’une partie de la rencontre organisée par le collectif Ne tournons pas la page, collectif né suite à la défaite du mouvement contre la casse des retraites, qui ont invité lors d’une Réunion publique à la Bourse du Travail de Paris, le 26 novembre 2024, deux des trois auteurs et autrices, Julie Gervais et Willy Pelletier pour leur livre : La haine des fonctionnaires.
Il fut question de la place des fonctionnaires dans un moment de grande précarité des status et de la bonne marche du service public.
Chacun des ministres de Macron et Barnier nous prépare une à plusieurs attaques contre nos droits, et nos conquis, que ce soit en termes de statuts ou de financement des services publics. Ces attaques se font dans l’intérêt du patronat. Dans le même temps, le patronat exige de nous payer toujours moins, il souhaite mettre un terme à nos retraites par répartition, et il tente de licencier à tour de bras.
En Martinique, une lutte de fond s’est engagée contre la vie chère. En métropole, face aux attaques de la Macronie et du patronat, dans nombre d’entreprises, de dures luttes ont lieu chaque jour, chaque semaine. Par exemple, les conducteurs de bus du 95 sont en grève depuis le 7 novembre, contre la privatisation des lignes de bus RATP. Toutes les grèves dénoncent le manque de moyens, la dégradation des conditions de travail, les plans de licenciement. De même, chez les travailleurs de l’État, la colère monte. Face à cette situation, que proposent les directions syndicales ?
Des journées de grèves et de manifestation en ordre dispersé et sans stratégie :
Mardi 1ᵉʳoctobre : journée de grève CGT, SUD, FSU, sans mobilisation, ni propositions pour la suite Jeudi 17 octobre : journée d’action CGT à l’occasion du Salon de l’Auto, pour dénoncer les licenciements Jeudi 17 octobre : grève unitaire du social et médico-social en IDF. Mardi 29 octobre : journée de grève des syndicats de l’hôpital public, lors des discussions du budget à l’A.N. Mercredi 30 octobre : la CGT chômeurs appellent à se mobiliser lors des nouvelles négos assurance chômage. Vendredi 8 novembre : la CGT spectacles contre la casse de l’assurance chômage et du statut d’intermittent. Mardi 12 novembre : appel à la grève dans les agences France Travail d’IDF Du vendredi 8 novembre au mardi 12 novembre : grève dans le périscolaire Mardi 12 novembre :RATP, grève et rassemblement pour dénoncer l’ouverture à la concurrence Jeudi 14 novembre : nouvelle journée de grève CGT spectacle et CGT chômeur Vendredi 15 novembre : mouvement de grève national dans le périscolaire Mardi 19 novembre : journée de mobilisation dans la petite enfance Mardi 19 novembre : journée de mobilisation de l’Enseignement Supérieur et la Recherche
Jeudi 21 novembre : grève “d’ultimatum” contre le démantèlement de la SNCF Mardi 3 décembre : manifestation des retraités pour la revalorisation de leurs pensions Jeudi 5 décembre : grève nationale France Travail Jeudi 5 décembre : journée de grève appelée par les syndicats de fonctionnaires contre les 3 jours de carence Mardi 10 décembre : grève intersyndicale de la fonction publique territoriale Mercredi 11 décembre : Appel FO grève reconductible 3 jours contre les 3 jours de carence des fonctionnaires Mercredi 11décembre : les syndicats de cheminots appellent à une grève illimitée, à partir de 19 h, contre le démantèlement du fret. Jeudi 12 décembre, « journée de convergence pour l’emploi », appelée par la CGT, pour dénoncer les plans de licenciements (Michelin, Auchan…).
Liste certes rébarbative, mais non exhaustive
Toutes ces dates montrent que chez les travailleurs.euses, privé.e.s d’emplois et retraité.e.s, la colère et l’envie d’en découdre se font sentir. Les directions syndicales répondent à notre légitime colère, en nous divisant, par secteur, et en nous faisant faire des journées ponctuelles de grève. Ce n’est pas comme cela que nous allons stopper le rouleau-compresseur !
Toutes ces attaques ont une logique commune : remettre en cause les conquis sociaux et nos salaires directs et indirects, et casser nos droits, au profit du patronat.
Macron et toute sa politique pro-patronale ne tiennent qu’à un fil, ils peuvent tomber, si nous arrêtons le travail en même temps, et si nous ne reprenons le travail qu’à condition d’avoir obtenu satisfaction de nos revendications.
Halte aux journées d’action ou de grève isolées !
Halte aux séries de grèves saute-mouton !
Organisons-nous, préparons-nous à une riposte d’ampleur !
Choisissons nous-même notre date de grève générale reconductible, et préparons-la !
Comment préparer la grève générale dont nous avons besoin ? Réunion publique à l’EDMP jeudi 19 décembre, 19 h 30-21 h 30, 8 impasse Crozatier, métro Reuilly / Ledru-Rollin
Rencontre avec Baptiste Giraud : Réapprendre à faire grève Union Locale CGT du 18ᵉ, lundi 20 janvier 2025, 19 h 30-21 h 30, 42 rue de Clignancourt, métro Château rouge
Nous sommes le « Courant de Lutte Transsyndical et Interprofessionnel, Ne tournons pas la page », qui réunit des militant.e.s syndiqué.e.s de différents horizons et des activistes non syndiqué.e.s. Nous nous sommes rencontré.e.s lors du mouvement des retraites de 2023, sur le constat que l’intersyndicale avait refusé de mener la lutte vers la victoire. Parce que les syndicats sont un outil précieux, nous ne voulons plus laisser les directions de décider de l’avenir des luttes. C’est aux grévistes et aux militant.e.s, syndiqué.e.s ou non, d’en choisir les formes et la direction. Vous êtes en accord avec le contenu de ce tract ? Contactez-nous.
Regroupons nos forces, contactez-nous : netournonspaslapage@gmail.com
Blog Médiapart : https://blogs.mediapart.fr/courant-de-lutte-transsyndical-et-interprofessionnel
Rami Abou Jamous est un journaliste palestinien. Il tient depuis février 2024 son Journal de bord de Gaza sur Orient XXI, pour lequel il a obtenu, en octobre 2024, le prix Bayeux des correspondants de guerre dans la catégorie presse écrite, ainsi que le prix Ouest-France. Jeudi 28 novembre dernier, au Lieu-dit, avait lieu la soirée de lancement de cet ouvrage publié aux éditions Libertalia en présence de Leïla Shahid et l’équipe d’Orient XXI. Aujourd’hui, nous vous diffusons donc un montage réalisé autour des prises de paroles qui s’y sont tenues, accompagné de la lecture de quelques extraits du livre.
” Vivre sous une tente, c’est endurer une chaleur d’enfer pendant la journée, avec des mouches qui pénètrent à l’intérieur et n’arrêtent pas de vous agacer. Et la nuit, c’est l’inverse : il fait froid. Il faut mettre deux ou trois couvertures. C’est se réveiller en ayant mal partout, parce qu’on dort sur un sol déformé. Vivre sous une tente, c’est dépendre de l’aide humanitaire et ne manger que des boîtes de conserve. C’est chercher tous les jours un endroit pour charger nos téléphones et nos lampes rechargeables. Vivre sous une tente c’est faire la queue pour l’eau et la nourriture. Pour faire la cuisine, il faut un four en argile et du bois. Quand on n’a pas de bois, on utilise n’importe quoi. Beaucoup de gens brûlent des cartons ou du plastique. On respire presque toute la journée cette fumée de plastique. On fait la lessive dans les seaux, on porte les mêmes vêtements trois ou quatre jours pour économiser l’eau. Pour les toilettes, on creuse un trou. Vivre sous la tente, c’est surveiller en permanence les insectes, les serpents, les scorpions. C’est une vie d’humiliation. Mais cette tente est le symbole de la résilience palestinienne. Nous en avons fait un symbole politique, pour dire que nous allons rentrer chez nous.
Nous rediffusons une émission de l’actualité des luttes de 2010 ou Jean-Pierre Garnier ; sociologue, urbaniste, présentait son dernier ouvrage : Une violence éminemment contemporaine. Déjà 14 ans et pourtant le travail d’analyse de Jean-Pierre Garnier reste d’une grande actualité.
Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires
Synthèse de quarante ans d’observation des réalités urbaines et d’analyse critique des discours dont elles font l’objet, ce recueil montre comment la gestion politique des villes nourrit les appétits économiques de la bourgeoisie désormais « mondialisée » et les aspirations culturelles des néo-petits bourgeois.
D’un côté, des espaces « requalifiés » réservés aux gens de qualité, et de l’autre des couches populaires reléguées à la périphérie. « Violences urbaines », « crise du logement », « relégation » et « gentrification » sont autant de symptômes dont le « traitement », de plus en plus sécuritaire, est voué à l’échec.
Du moins tant qu’on se refusera à reconnaître la nature du conflit fondamental qui oppose les citadins ordinaires à ceux pour qui l’espace urbain est une source de profit, sinon de valorisation de leur capital culturel par la colonisation des quartiers populaires bien situés. Et tant qu’on voudra donner l’illusion qu’on peut réconcilier par magie les contraires au moyen d’arguties et d’innovations langagières, violence symbolique ne faisant que redoubler celle, bien réelle, qui s’exerce sur les dépossédés du droit à la ville, plus nombreux que jamais.
UNE VIOLENCE ÉMINEMMENT CONTEMPORAINE est parue en mars 2010 aux éditions AGONE dans la série contre-feux
LA CHAPELLE – RUE Danielle Casanova – Photo des années 1990 !
Maintenir et Créer des espaces d’information, de rencontre, d’organisation. Pour commencer cette émission, nous allons faire un point sur la pérennité des radios libres. En effet
Dans un premier temps, nous avons appris que le gouvernement par l’intermédiaire de sa ministre reconduite Rachida Dati prévoyait d’amputer de 29 % les aides au Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) qui permet aux radios associatives de garder la tête hors de l’eau. Cette annonce retoquée risquait de détruire une expérience riche de plus de quarante ans. Mais ne nous réjouissons pas trop vite
En 1980, le gouvernement légalise l’existence des radios. Créé en 1982, le FSER permet à environ sept cent cinquante radios associatives locales réparties sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones rurales, de montagne, urbaines et périurbaines, de donner un espace d’expression aux différents courants socioculturels. Nos radios fonctionnent sur un modèle à but non lucratif. Elles soutiennent les artistes locaux, encouragent le développement des initiatives territoriales. Par cette décision inique, le gouvernement voulait éliminer des centaines de radios libres qui déjà peine à survivre sans publicité.
Depuis plus de trente ans, FPP avec ses 80 émissions originales, ses centaines d’animateurs et animatrices, ses nombreux invités, déploie ses programmes 24/24 sur les ondes du 106.3 FM pour porter la voix des sans voix, celle des grévistes, des manifestants, des enfermés, contre l’exploitation, le racisme, pour l’égalité et la liberté de choix sexuel. FPP est une radio des luttes dans la pluralité de ses expressions, culturelle, politique et communautaire.
Les gouvernements, mandature après mandature, ont déjà réduit les aides publiques du secteur associatif indépendant. Les subventions sont conditionnées à des appels à projet qui sont autant de moyens de domestiquer nos activités. Depuis notre création, nous avons vu nos moyens financiers fondrent et notre activité sans cesse menacée.
Dans un monde où les médias sont assujettis au pouvoir de l’argent débitant à longueur de colonnes, d’images et d’ondes la rengaine du libéralisme, nous continuons de penser que la radio, média populaire et non traçable doit continuer à jouer un rôle dans l’expression de ceux et celles qui ne l’ont pas et dans l’extension des luttes comme elle l’a déjà fait au cours de l’histoire. Hier comme aujourd’hui, conserver des espaces d’expressions critiques, et d’informations indépendantes du pouvoir est essentiel.
Dati, après avoir reculée face aux contestations, a repris au vol une proposition de Philippe Ballard. Le député RN de l’Oise qui a proposé de faire le ménage dans les radios associatives. « Dans ce monde cohabitent des stations tout à fait honorables et nécessitants un soutien, mais aussi d’autres qui peuvent tenir à l’antenne des propos hors du champ républicain. Il serait nécessaire de faire le tri et d’attribuer les subventions sur des critères plus solides » ? A l’en croire seul les médias soumis pourraient bénéficier des mânes des seigneurs aux pouvoirs.
Nous ne nous laisserons pas réduire au silence sans réagir. Nous souhaitons par ce texte inviter tous les passionnées de radios, animateurs, à se rencontrer pour réfléchir et anticiper une riposte aux attaques qui nous sont faites.
L’actualité des luttes pour FPP
Et si nous doutions encore de la nécessité de multiplier les canaux d’information indépendants des puissances financière nous vous proposons d’écouter le Canard réfractaire hébergé sur YouTube qui revient sur un mensonge énorme, une falsification des faits insupportable, des mots indécents utilisés, nous voulons parler de la médiatisation des heurts provoqués par les hooligans israéliens lors du match de foot Ajax d’Amsterdam / Tel-Aviv à Amsterdam.
Outre les espaces d’information indépendants, il faut également construire des espaces ouverts. C’est ce que propose un collectif Toulousain qui lance une cagnotte pour acquérir un lieu « la Chapelle ». Dans cette partie d’émission, nous entendrons un entretien réalisé avec un membre du collectif la Chapelle, qui nous parlera de l’histoire de cette lutte.
Nous ne pouvons pas finir cette émission sans vous parler de la manifestation qui s’est déroulée à Paris le 10 novembre. Manifestation gigantesque pour revendiquer l’arrêt de la profitation dans les territoires d’outre-mer.
Le 11 septembre dernier, la librairie Libertalia accueillait Aline Nippert pour la présentation de son livre : Hydrogène mania – une enquête sur le totem de la croissance verte, publié aux éditions le passager clandestin. L’autrice y dépeint l’engouement vis-à-vis de l’hydrogène présenté comme rien de moins qu’une solution miracle — un rêve techno-solutioniste en réalité — permettant de répondre aux enjeux de notre époque, et notamment celui du réchauffement climatique. En effet, l’hydrogène permettrait selon ses promoteurs de décarboner les activités polluantes. Mais qu’en est-il réellement ? Que se trouve-t-il à l’envers du décor d’un lendemain fantasmé où l’industrie ou bien les voitures et avions fonctionneraient avec l’hydrogène comme source d’énergie ? C’est de cette question, de ses ses enjeux plus généralement auquel Aline Nippert tentera de répondre.
Dans l’émission de ce vendredi 18 octobre 2024, il sera question du numérique et plus particulièrement de l’articulation du capitalisme et de l’extractivisme à travers l’exemple de la République Démocratique du Congo et de la région des Grands Lacs. En effet, à partir des années 1990, l’explosion de la production de biens électroniques, caractéristique du passage du capitalisme à son stade numérique, déclenche une guerre des métaux technologiques au Congo qui n’a fait que gagner en intensité depuis lors. Le 8 octobre 2024 dernier, la librairie Quilombo, en partenariat avec l’association Survie Paris, a invité Fabien Lebrun pour en discuter, à travers la présentation de son nouvel ouvrage, une enquête intitulée Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté, aux Éditions L’échappée.
Dans l’émission de ce jour, il sera question des liens entre la science et le complexe militaro-industriel. Pour illustrer cela, nous nous rendons à Toulouse pour l’écoute d’une rencontre avec Fabrice Lamarck pour son ouvrage : Des Treillis dans les labos. La recherche scientifique au service de l’armée. Cette rencontre a été réalisée et mise en onde par radio radio avec radio radio plus et radio ter
les dépenses militaires européennes ont atteint leur niveau de la fin de la Guerre froide. En France, troisième exportateur mondial d’armes, le complexe militaro-industriel mobilise entreprises et chercheurs civils pour concevoir et fabriquer les armes de demain. Grenoble, spécialisée en semi-conducteurs, constitue le “cerveau de l’armement” national.
Fabrice Lamarck mène depuis plusieurs années une critique en profondeur du rôle des chercheurs dans les sociétés capitalistes avancées. Il est membre du Groupe Grothendieck, auteur en 2021 de L’Université désintégrée et participe au collectif “Faut-il continuer la recherche scientifique ?”
Sayat Topuzogullari est membre de l’Observatoire des armements.
Dans cette émission, vous pourrez entendre une émission sur la bataille culturelle, plus particulièrement sur la bataille culturelle menée sur internet par l’extrême-droite. Maxime Macé et Pierre Plotu sont deux journalistes à Libération qui ont écrit un livre “pop fascisme : comment l’extrême-droite a gagné la bataille culturelle sur internet“. Avec ces derniers qui présentaient leur livre à la librairie du Monte en l’air, à Paris, le jeudi 26 septembre dernier, nous explorerons cette question. Avant — et cela constituera la seconde partie de cette émission — d’entendre une archive de notre émission, en date du 26 janvier 2022, et qui portait sur la banalisation des idées d’extrême-droite. Avec l’intervenant de cette émission d’alors, qui était Hervé du collectif antifasciste La Horde, vous entendrez plus précisément au travers du parcours de la personne de Jean-Yves le Gallou, comment a été projeté la réhabilitation des idées d’extrême-droite et comment a été théorisé l’usage d’internet. Cela permettra d’éclairer, rétrospectivement, l’usage qui est fait d’internet, aujourd’hui, dans les années 2020.
Aujourd’hui, nous vous emmenons au Maquis près de Minerve, le chant des cigales l’attestent. Du 10 au 15 août, chaque année, sont organisées ; les rencontres du maquis pour l’émancipation. C’est un moment privilégié pour écouter des présentations de livres, débattre, vivre ensemble, regarder des pièces de théâtres…
Nous vous donnons à écouter Fabien LEBRUN qui est l’auteur d’un ouvrage très critique sur l’usage du numérique ; On achève bien les enfants, écrans et barbarie numérique, paru en 2020 aux éditions du bord de l’eau. Sociologue. Il s’intéresse à l’ensemble de la filière et prépare un nouvel ouvrage sur les conséquences écologiques et géopolitiques de ces technologies, notamment la criminelle extraction de métaux liée aux écrans, sur les terres du Congo.
Dans cette émission, nous vous ferons entendre la présentation enregistrée du livre “Extrême droite : la résistible ascension“, paru aux éditions amsterdam, et qui se tenait le 20 septembre dernier à la libraire du Monte en l’air à Paris, en présence de trois chercheurs en sciences sociale ayant participé à cet ouvrage collectif. Ugo Palheta est sociologue, maître de conférences à l’université de Lille, rattaché à l’équipe « Cultures et sociétés urbaines » du Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris, et actuellement en délégation à l’Institut national d’études démographiques (INED). Il est par ailleurs co-directeur de publication de la revue “Contretemps” et a travaillé ces dernières années sur la dynamique fasciste ; Stefano Palombarini est économiste, maître de conférences à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis. Il est spécialiste des liens entre blocs politiques et régimes économiques, notamment le néolibéralisme ; enfin, Marlène Benquet est sociologue et politiste. Elle travaille sur la finance, les modes d’accumulation, la financiarisation des entreprises, de la vie politique et de la fin de vie. Elle a entre autre écrit La finance autoritaire. Vers la fin du néolibéralisme (écrit avec Théo Bourgeron, aux éditions du Seuil, Raisons d’agir, en 2020). L’ouvrage en outre est issu d’un colloque de l’institut de la Boétie.
Dans cette émission, il sera développé les dynamiques pouvant expliquer le vote à l’extrême-droite, tant pour les classes populaires que pour les classes dominantes. Il sera aussi question de l’articulation du néo-libéralisme et de l’extrême-droite, de leur alliance, sinon de leur fusion, notamment au travers du libertarianisme réactionnaire.
Vous trouverez à cette adresse une présentation par le média Contre-attaque de Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur, et qui en un sens, symbolise l’union des néo-libéraux et de l’extrême-droite.
Nous diffusons aujourd’hui une interview réalisée par BLAST qui invitait Alain Gresh, ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique et aujourd’hui d’Orient XXI qui a publié « Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir » (Les Liens qui Libèrent), livre écrit dans l’urgence avec un besoin vital de mise en perspective.
Denis Robert le reçoit pour un zoom arrière guerrier, combatif, décalé (par rapport à l’actualité) et vivifiant sur le conflit (terme neutre) entre israéliens et palestiniens. Chaque mot compte en ce moment et c’est la première vertu de cet échange spontané, lucide, voire lumineux autour de Gaza, des horreurs de Gaza, de ce moment d’histoire qui pourrait faire basculer la planète. La peur est-elle le moteur de cette haine entre deux peuples ? Comment expliquer la barbarie ? Quelle est la réalité chiffrée du 7 octobre ? Quelle issue pour les Gazaouis ? Comment comprendre la faiblesse et l’absence de compassion des médias français à l’égard des palestiniens enfermés à Gaza ? Qui est Olivier Rafowicz ? Pourquoi Caroline Fourest et David Pujadas sont-ils si nuls ? Le Hamas est-il le parti du Diable ? Bibi peut-il tenir ? Biden va-t-il continuer à vendre ses armes à Tsahal ? La judéité est-elle compatible avec l’État d’Israël ? Comment et vers où se projeter ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles cet échange cherche à répondre.
Pour ceux qui traquent des références et des articles à lire pour nourrir ces réflexions, connectez-vous sur le site de Blast ou sur celui Orient XXI. On essaie d’informer sans haine, sans passion excessive et en toute indépendance (de corps et d’esprit).
Journaliste : Denis Robert, Maxime Cochelin Montage : Alexandre Cassier Son : Baptiste Veilhan Graphisme : Morgane Sabouret, Diane Lataste Production : Hicham Tragha Directeur des programmes : Mathias Enthoven Rédaction en chef : Soumaya Benaïssa Directeur de la publication : Denis Robert
Dans l’émission d’aujourd’hui nous vous diffusons le montage réalisé sur la base d’une émission de Vive la sociale du 4 juillet 2024 autour de la présentation du livre Des électeurs ordinaires de Félicien Faury qui s’était déroulée le 28 mai 2024 à la Librairie Michel Firk à Montreuil. Cet ouvrage est une enquête sociologique autour des électeurs du Rassemblement national de la région PACA.
Dans l’émission du 11 juin, nous avons diffusez la présentation du livre “l’industrie du complotisme” que nous avons enregistré à la bibliothèque associative de Malakoff .
Dans la foulée du Cauchemar de don Quichotte et de La Liberté dans le coma, Matthieu Amiech poursuit l’exploration des ravages de la numérisation sur les sociétés humaines. Internet et les réseaux sociaux sont ainsi le terreau du phénomène complotiste. Mais celui-ci a également pour carburant le nihilisme des oligarchies, qui assument de plus en plus l’appauvrissement des populations et la destruction de la vie sur terre, pour maintenir le système économique en place.
Dans une ambiance de fin du monde, le complotisme ne peut que proliférer. Ce livre choisit d’affronter les questions qu’il soulève (tantôt absurdes, tantôt légitimes), en les réinscrivant dans une perspective politique.
Dans cette émission, on écoute Victor Collet nous présenter son dernier livre Du taudis au Airbnb. Petite histoire des luttes urbaines à Marseille (2018-2023). (éditions Agone).
Depuis son premier bouquin “Nanterre, Du Bidonville à la Cité”, Victor Collet nous livre ses analyses précises et sensibles sur la transformation des villes. Cette fois, c’est à Marseille et plus précisément à Noailles que Victor est allé enquêter, poursuivant les étapes de la gentrification depuis les effondrements des immeubles rue d’Aubagne en novembre 2018 jusqu’à l’explosion des locations saisonnières dans le quartier ces dernières années.
À l’occasion de la sortie de ce livre, on a eu envie de ressortir quelques-unes de nos archives enregistrées suite au drame de la rue d’Aubagne, de faire à nouveau résonner les paroles des habitants et des acteurs de l’époque pour nous immerger dans le propos de Victor Collet.
Bonne écoute !
Retrouvez l’émission de L’actualité des luttes sur le livre précédent de Victor Collet, “Nanterre du bidonville à la cité” en suivant ce lien :
Historien du nazisme et de sa vision du monde, Johann Chapoutot a récemment fait paraître un essai dont la réception n’a pas été unanimement favorable : “Libre d’obéir : le management, du nazisme a aujourd’hui”. Il revient avec Julien Théry sur la démarche du livre et profite de l’occasion pour répondre aux objections qui lui ont été opposées. C’est la lecture de l’abondante littérature nazie sur la Menschenführung, la conduite des hommes, qui a attiré l’attention de Johann Chapoutot sur les similitudes frappantes entre les discours de l’époque sur la nécessité de « faire mieux avec moins » et ceux qui prolifèrent aujourd’hui aussi bien dans la sphère entrepreneuriale que dans celle du gouvernement néolibéral.
Avec l’expansion du Reich au fil des conquêtes hitlériennes et le développement de l’effort de guerre, la nécessité d’administrer le plus efficacement possible avec des moyens réduits devint une obsession pour les cadres nazis. Et si le nazisme fut tout entier « un grand moment managérial », c’est parce que son idéologie poussa à l’extrême l’utilitarisme qui dominait en Occident depuis les débuts de la Révolution industrielle. Le darwinisme social (extension abusive aux communautés humaine de la théorie darwinienne de l’évolution des espèces par la sélection naturelle) cultivé en Europe depuis le XIXe siècle, tout particulièrement en Angleterre et en France, fut porté à son paroxysme par l’anthropologie nazie. Pour cette dernière, seule l’utilité d’une vie humaine pouvait justifier son existence – son utilité pour la prospérité et la promotion de la race germanique, appelée à dominer les autres sur tous les plans.
Dans son livre, Johann Chapoutot examine en particulier le cas emblématique de Reinhard Höhn (1904-2000). Jeune et brillant juriste engagé très tôt dans le militantisme nationaliste et antisémite, Höhn intègre le SD, c’est-à-dire l’élite de la SS, au début des années 30. Adjoint de Reinhard Heydrich, il devient, tout en montant les échelons de la hiérarchie dans la SS jusqu’au grade de général, professeur de droit à l’Université Humbold de Berlin et directeur de l’Institut d’études sur l’État, voué à des recherches en matière d’organisation institutionnelle adaptée au gouvernement du Reich par la race supérieure.
Après la défaite de 1945, Höhn se fait discret pendant quelques années, avant d’être embauché par un think-tank patronal qui lui confie la fondation d’une école de management à Bad Harzburg en 1956. Ses techniques de « management par délégation de responsabilité », dont l’élaboration a commencé dès le temps du Reich, connaissent un immense succès et son Akademie für Führungskräfte der Wirtschaft forme plus de 600 000 cadres allemands jusque dans les années 80 : autant dire que son influence est dominante dans le « Miracle économique allemand »… Höhn publie, dans le même temps, une série de manuels qui se vendent abondamment.
Dans cette émission, il sera question de sabotage. De l’histoire du sabotage plus exactement, à l’occasion d’une présentation de livre à la bibliothèque associative de Malakoff, le 20 avril dernier. Victor Cachard y présentait son premier ouvrage sur le sujet, intitulé, Histoire du sabotage, aux éditions libre. Un second volume est prévu normalement pour novembre 2024. Vous entendrez ici surtout une conception anarchiste de la pratique, à travers principalement les écrits de Emile Pouget. Outre une histoire du concept, vous entendrez également des discussions, des réflexions des personnes présentes, sur leur vision et leur pratique du sabotage.
Les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont obtenu carte blanche pour fabriquer en Seine-Saint-Denis la ville rêvée des promoteurs et investisseurs : moderne, innovante, lucrative. Sans pauvre, sans cité à la dérive, sans caillassage de voiture de police, un merveilleux produit d’appel pour nouveaux habitants bankable au pays de Vinci, Eiffage, et Nexity.
Il faut regarder par la fenêtre de celles et ceux qui y habitent pour voir que l’ « intérêt national » de cette opération a délogé 1500 personnes, détruit des jardins ouvriers, collé une voie d’accès routière à une école. Pourtant, à l’ombre de la puissante métropole parisienne, les contre-projets fleurissent et les désirs d’habiter une ville aussi diverse qu’égalitaire sont vivaces.
Journaliste en charge du pôle écologie chez Mediapart et habitante d’Aubervilliers, Jade Lindgaard pose un regard sur les JO -à venir, mais déjà bien installés depuis “ses chantiers, ses arrières-boutiques, ses réunions à huis clos, son butin immobilier, sa dépossession urbaine.”
Une rencontre avec Jade Lindgaard pour son ouvrage paris 2024, une ville face a la violence olympique, organisée par les membres de l’association des amiEs de la librairie envie de lire à Ivry-Sur-Seine et que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.
Les aménagements urbains pour les jeux Olympiques 2024 ont suscité de vives résistances, notamment à Saint-Denis et Aubervilliers, au nord de Paris. Mais, au-delà des JO, c’est un immense projet de renouvellement urbain qui se profile avec le Grand Paris d’ici à 2030.
Dans les banlieues populaires, de nombreux habitants et habitantes sont expulsés, expropriés, relogés dans un autre logement social et doivent laisser place aux 68 futures gares du nouveau réseau de transport du Grand Paris Express.
Autour de chacune de ces gares, de grands projets urbains prévoient la démolition de milliers de logements sociaux, reconstruits plus loin, plus chers, tandis que les prix de l’immobilier augmentent rapidement dans le parc privé.
En décalage complet avec les besoins des classes populaires qui se paupérisent depuis des décennies, la Métropole du Grand Paris se construit pour tenir son rang dans la concurrence internationale, en rentabilisant le sol urbain et en cherchant à attirer de nouveaux investisseurs.
À partir d’une enquête de terrain menée autour des futures gares de huit communes de proche couronne, ce livre raconte l’histoire vue par les perdants de cette opération.
Le 12 mars 2024 au bar restaurant Le Lieu Dit dans le 20ᵉ arrondissement de Paris avait lieu la présentation de l’ouvrage avec les autrices : Laura Wojcik et Anne Clerval.
Dans l’émission de ce mardi 2 avril 2024, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie de cette présentation.
L’extrême droite nourrit une obsession souvent méconnue pour la question scolaire. C’est là, selon Éric Zemmour, que « la bataille culturelle et politique se joue avant tout ».
Retour à l’ordre, roman national, élitisme, haine de l’égalité, rééducation de la jeunesse, mise au pas des personnels… Au fil des polémiques sur le « grand endoctrinement » et des campagnes de délation des enseignant·es « déviant·es », la droite de la droite impose sa rhétorique et déroule son programme pour l’école : Autorité, Inégalité, Identité.
En remontant le fil de l’histoire, en allant voir du côté de l’étranger (Brésil, États-Unis, Hongrie, Turquie) ou en étudiant les villes laboratoires de l’extrême droite française, se lisent les dynamiques et les enjeux de cette contre-révolution scolaire conservatrice qui accompagne et inspire également l’agenda éducatif d’un néolibéralisme de plus en plus autoritaire.
Au-delà de la simple posture dénonciatrice, l’ambition de cet ouvrage est de doter d’outils historiques, pédagogiques et politiques celles et ceux qui n’entendent pas abandonner la critique du système éducatif aux seuls discours réactionnaires, ni surtout laisser l’extrême droite faire école.
Dans l’émission de ce jour, nous entendrons la présentation de l’ouvrage par son auteur : Grégory Chambat et cette présentation se tenait le 13 mars 2024 à l’Université d’Évry.
A Gaza, pour la première fois, nous assistons à un génocide en direct, et les journalistes qui le documentent le font au péril de leur vie. Depuis le 7 octobre, 123 journalistes et travailleuses/rs des médias à Gaza ont été tués·es lors des bombardements israéliens sur la bande de Gaza. Il s’agit de la période la plus meurtrière pour les journalistes dans l’histoire moderne. Les journalistes qui continuent leur travail le font dans des conditions terribles et traumatisantes. Ce sont des aussi des personnes civiles déplacées de leurs foyers avec leur famille. Leur matériel est détruit : appareils photo, ordinateurs portables, téléphones. A ce sujet, le 18 février, se tenait au Hasard Ludique, une soirée de soutien aux journalistes palestiniens de Gaza. Nous vous diffusons donc en première partie d’émission un montage réalisé à partir des prises de paroles qui s’y sont tenues. Nous entendrons les interventions d’Anne Paq, coréalisatrice du documentaire “Gaza, a Gaping Wound” et d’une membre de reporter solidaire. Serons également abordés les questions du Pinkwashing, la responsabilité des médias occidentaux et l’accessibilité aux médias arabophones.
Dans une deuxième partie d’émission, nous diffusons un reportage réalisé le 6 février 2024 dernier autour de la mobilisation des collectifs de mineurs isolés pour le respect de la présomption de minorité et l’obtention des droits qui en découle. En effet, cette semaine, la préfecture de Paris a envoyé sa police démanteler les 3 camps de fortune occupés par plusieurs centaines de mineurs isolés depuis des mois au Pont Marie, Pont Sully et Pont Neuf. La préfecture a prétexté la montée de la Seine pour expulser des enfants des seuls abris qu’ils avaient trouvés. Si l’objectif avait été réellement de les protéger de quoi que ce soit, alors des hébergements en mesure d’apporter cette garantie auraient été proposés. Suite à leur expulsion des 3 ponts, les mineurs se sont rassemblés mercredi soir devant l’hôtel de ville, le collectif des jeunes du parc de Belleville a demandé à ce que les mineurs isolés soient reçus en délégation par la préfecture et par la mairie pour trouver rapidement une solution, aucune réponse. La police a plutôt nassé les mineurs isolés avant de les menacer de les dégager par la force. Les jeunes ont décidé de partir en direction de la cité des Arts pour s’abriter sous les arcades, la préfecture leur dit d’abord qu’elle les tolérera à cet endroit avant de les menacer de dégager pour finalement, face à la résistance des jeunes épuisés mais déterminés, accepter qu’ils restent à condition de ne pas monter leur tente. Depuis plusieurs jours, le collectif des mineurs isolés du parc de Belleville alertent l’ensemble des réseaux de solidarité : dans plusieurs gymnases que les jeunes ont arrachés au fur et à mesure de leur lutte et de leurs actions, la mairie de Paris commence à proposer des rendez-vous individuels afin d’établir des dossier SIAO (Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation). Inquiets de la pérennité de leur hébergement, solidaires de leurs camarades laissés à la rue, les mineurs isolés soupçonnent que la mairie a pour projet de les disperser hors de Paris après la fin de la trêve hivernale et avant les Jeux Olympiques.Rien ces derniers jours n’a démontré que ces soupçons étaient faux. 23 jeunes mineurs du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville ont été expulsés du centre de Porte de La Villette la semaine dernière. Après le 31 mars, pendant le ramadan et avant les JO : Expulsion, dispersion, évacuation. Chaque jour, les mineurs isolés hébergés doivent se débrouiller pour manger auprès des associations, se réfugier de la pluie car leurs hébergements sont fermés en journée, éviter les contrôles RATP, fuir la police qui les harcèle, se soigner…Ce qui arrive aux mineurs isolés à Paris, n’est ni une exception, ni une erreur, ni un manque de moyen. C’est le projet raciste de société du pouvoir qui explose à nos yeux, comme à Calais, dans les Alpes, dans la Manche, la Méditerranée, une société qui refuse de reconnaître la moindre humanité aux migrant.e.s. Les mineurs isolés exigent immédiatement :
• La présomption de minorité• Des hébergements dignes où ils peuvent rester jusqu’à leur recours ensemble et en lien avec les réseaux de solidarité, syndicats et associations
• Une couverture médicale digne
• L’accès aux cantines solidaires de la Ville de Paris pour se nourrir • L’accès à l’école
• Des transports gratuits comme tous les mineurs d’Ile-de-FranceNous demandons également que les demandes de délégations des mineurs soient acceptées, qu’ils soient représentés par les délégués du collectif des jeunes du parc de Belleville et leurs soutiens comme ils l’exigent depuis des semaines à la Maire du 20e, à la Ville de Paris et à la Préfecture.
Diverses couvertures de zines. De gauche à droite : Nouveaux cahiers pour la folie, Marge, Cahiers pour la folie, Psychiatrisés contre les traitements forcés, SoinSoin, Tankonalasanté, Mise à Pied.
Dans cette émission vous pourrez entendre des discussions portant sur l’objet fanzine en tant que tel, et plus précisément sur ceux critiques de la psychiatrie à l’occasion de la présence de Stéphane Zygart, qui intervenait, outre ses activités universitaires, à la librairie l’Atelier, à Paris, en sa qualité d’auteur d’un article dans la revue n°13 des Nouveaux cahiers pour la folie. Ce travail sur les fanzines a été réalisé avec le collectif manceaux Encore Heureux, dans lequel il milite, et plus particulièrement avec Stéphanie Béghain et Olivier Nourisson. Ce collectif pour en dire quelques mots, se donne entre autre objectif, de fabriquer des passerelles entre des lieux, collectifs, hôpitaux de jour, instituts médicaux-éducatifs, cliniques psychiatriques, centres d’accueil thérapeutique à temps partiel, et autres Groupes d’Entraides Mutuelles, clubs thérapeutiques, associations ou ateliers. Mais revenons à nos fanzines. A quoi servent-ils ? A qui sont-ils destinés ? Qui participent à leur écriture ? Comment et dans quelles conditions sont-ils fabriqués ? Quels sont les sujets traités ? Quelles sont les réflexions et les problématiques propre à ce type de revue ? Autant de questions et plus encore qui seront abordées dans cette émission, et qui nous permettront par là même d’interroger la façon dont les luttes sociales, ici vis-à-vis à la psychiatrie, peuvent se doter de moyens de publicité, d’organisation et de réflexion.
Quelques fanzines nommés dans l’émission, à retrouver sur le net et ailleurs :
Les dix premiers numéros des cahiers pour la folie peuvent être retrouvés sur le site DicoPolHiS (abréviation de dictionnaire politique de la santé), dans la rubrique archive.
Le journal Marge, qui est paru entre 1974 et 1979 est à retrouver en intégralité sur archivesautonomie.org.
Sur le même site des numéros du journal Tankonalasanté, publié de 1973 à 1977, par le Groupe d’Information sur les Asiles.
Mise à Pied peut être retrouvé sur le site internet du CRAS
Pour aller plus loin : Vous pourrez retrouver des brochures en ligne sur le site internet comme-un-fanzine.net ou encore infokioske.net.
Si le sujet des zine, des revues et journaux vous intéresse, sachez également que l’émission radio La suite au prochain numéro, y consacre spécifiquement ses émissions. Vous pourrez réécouter les émissions en podcast sur leur site internet : lasuiteauprochainno.wixsite.com/radio.
Dans l’émission de ce jour, il sera question de la théorie critique du sport et de mobilisation sociale en vue des jeux olympique et paralympique paris 2024.
Nous commençons par la question de la théorie critique du sport. En effet, ce 17 janvier 2024, dans le 11e arrondissement de paris, la librairie Quilombo recevait À l’occasion du nouveau numéro spécial consacré aux Jeux Olympiques de Paris 2024, l’équipe du Chiffon, le journal de Paname et de sa banlieue, ils le présentaient en compagnie de Jean-Marie Brohm, auteur de notamment : Pierre de Coubertin, le seigneur des anneaux (Éditions Quel Sport ?) et nous allons entendre une partie de son intervention.
En seconde partie d’émission, nous continuons sur les jeux olympique et paralympique paris 2024 et l’appel à la grève et à se rassembler ce 17 janvier 2024 devant le siège du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques à Saint-Denis. Car Les travailleurs du commerce et services ne veulent pas être les esclaves du capitalisme. En effet, un palmarès de mesures régressives est déjà annoncé. particulièrement un décret permettant de suspendre le repos hebdomadaire dans certaines entreprises pendant les JO. Pour cela, Nous avons réalisé un entretien avec Amar Lagha Secrétaire Général de la CGT commerce.
Revenons sur Bernard Thibault, en effet, L’ancien secrétaire général de la CGT, copréside, depuis 2018, le Comité de suivi de la charte sociale, signée par les organisations syndicales, patronales, et les collectivités impliquées dans l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Il siège également, au sein du Comité d’organisation des Jeux et au conseil d’administration de la Solideo, l’établissement public chargé des infrastructures construites. Voilà comme se recycle aujourd’hui, les anciens chefs syndicaux.
La rédaction du Poing vous souhaite ses meilleurs vœux pour 2024 ! Nous avons fouillé dans nos archives pour vous proposer un petit bilan de l’année écoulée dans le Clapas
Bon, qu’on se le dise, 2023 était quand même bien pourrie. Peut-être moins pire que 2020 et ses confinements, mais quand même : records de températures, massacres dans la bande de Gaza, gouvernement macroniste toujours plus en roue libre… Petit tour d’horizon (non-exhaustif) d’un an d’actu dans la 7ème ville de (F)rance.
Manifestation du 7 février à Montpellier contre la réforme des retraites. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)
Une mobilisation quantitativement importante (jusqu’à 40 000 personnes le 7 ou le 22 mars), mais insuffisante pour faire plier Macron et son gouvernement. Comment l’expliquer ? Dans un article d’analyse publié dans notre numéro 36 (printemps 2023), une étudiante pointait du doigt la difficulté d’organiser et de coordonner des assemblées générales de luttes : « On a eu la sensation d’atteindre un plafond de verre assez vite, dans le nombre de secteurs représentés. La plupart de ces secteurs étaient déjà connectés avant la première AG : les cheminots venaient souvent sur le campus, les autres secteurs représentés se retrouvaient régulièrement sur des actions. Malgré une présence collective sur les piquets de grève, l’AG interpro n’a pas réussi à drainer d’autres salarié·e·s mobilisé·e·s sur la ville, comme les travailleur·ses de la TAM, de Nicollin, ou de l’énergie. Un faible investissement dans l’orga, accentué par la fonte des taux de grévistes au quotidien, a découragé. Le bilan n’est pas nul, à défaut d’une direction locale et démocratique pour le mouvement, les liens entre participant·e·s se sont resserrés, on a pu organiser une belle soirée de soutien à la grève le 6 avril. »
Cette désaffection des assemblées générales professionnelles peut aussi s’expliquer par la multiplication des contrats de travail courts et précaires, très exposés à la répression patronale, l’inflation importante pesant lourdement sur les petits salaires, etc. La grève dans le privé, notamment dans les PME, était faible. Une culture de la grève ne se construit pas en quelques semaines, et les projets de massification des arrêts de travail ne se situent pas sur la même temporalité que la lutte sur les retraites.
Les assemblées de luttes autonomes, comme celles initiées par le groupe Montpellier contre la vie chère, n’ont pas non plus rassemblées les masses, bien qu’elles aient conduits à mener plusieurs actions : barrages filtrants, tractages, blocages de sites jugés moteurs dans l’économie locale.
Assassinat de Nahel : la ville s’est embrasée
27 juin. Nahel, un jeune de Nanterre, se faisait tuer par un policier. Des émeutes ont eu lieu dans tout le pays en signe de protestation. A Montpellier, les quartiers Mosson-La Paillade ont rejoint la révolte dans la nuit du 29 au 30 juin. Barricades incendiées, bris de vitres du bureau de police Nord, tirs de feu d’artifice, pillage de l’Aldi Saint-Paul, caméras cassées… France 3 notait qu’une « personne âgée de 71 ans a également été admise au CHU de Montpellier […] elle aurait été victime d’un tir de LBD, un lanceur de balles de défense. »
Des affrontements ont également eu lieu à la Devèze, à Béziers (attaques de la mairie annexe, de la Mission locale et d’un distributeur automatique de billets), à Nîmes (poste de police de l’avenue Bir Hakeim visé) et à Narbonne (voitures incendiées).
Photo de la manifestation contre les violences policières organisée en septembre à Montpellier. (“Le Poing”)
Montpellier la mystique
Si Montpellier n’a pas été choisie pour devenir capitale européenne de la culture, serait-elle en train de devenir la capitale des thérapies new-age teintées d’ésotérisme ? En mai 2023, le salon du bien-être “Demain c’est aujourd’hui” accueillait au château de Flaugergues des entrepreneurs en bien-être (ainsi que des membres de la secte d’extrême-droite “Les Brigandes”). Le Poing avait sorti une enquête très détaillée à ce propos, et des sponsors s’étaient retirés de l’événement. Le salon avait d’ailleurs été pointé du doigt par l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi) pour ses risques de dérives sectaires. Le sommet aura finalement fait un beau flop, qui conduira l’organisatrice à lancer une cagnotte en ligne pour rembourser son manque à gagner et payer ses prestataires. Elle récupèrera seulement 200 euros sur les 66 000 demandés.
En septembre, des « mediums » et « guérisseuses » proposaient des « rituels de dégagement des magies noires » au plomb et autres massages, lithothérapie et « nettoyage énergétique du mauvais œil » à la journée des associations d’Antigone. En octobre, un autre salon du bien-être, “Mystic”, avait lieu au château de Flaugergues, sans médecins du CHU, mais avec son lot de « chamans », litothérapeutes et autres promoteurs de « thérapies holistiques ».
Toujours en octobre, la foire internationale de Montpellier, soutenue par la Ville, la Métropole et le Département, qui s’est tenue au parc des expositions, a encore fait la part belle aux « guérisseurs », « patriciens reiki », et « annulateurs de sortilèges »… Enfin, le salon “Bio&harmonies”, qui s’est tenu du 8 au 10 décembre dernier, également au parc des expos, mettait lui aussi en avant des « thérapies complémentaires » : « alchimie gnostique », « thérapeute dans le Quantique », « sono-thérapeute », « psychologie biodynamique », « soin spirituel »…
Enfin, en décembre, étaient organisées les journées internationales de l’Observatoire des pratiques professionnelles en santé intégrative (OPPSI), une association de promotion de cette médecine. Le congrès, finalement annulé après une saisie des autorités par l’Ordre des médecins, prévoyait d’inviter entre autres, un médecin antivax et surtout, un médecin se réclamant de la doctrine de l’anthroposophie, un courant ésotérique cité par la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires comme pouvant présenter des risques pour la population.
Ce n’était pas la première fois que le Poing évoquait dans ses colonnes l’anthroposophie à Montpellier : en septembre dernier, nous révélions que la mairie et la Métropole avaient signé un prêt à une banque citée dans un rapport de la Miviludes dans son chapitre sur l’anthroposophie, et en octobre, que le site de la Ville faisait la promotion sur son “portail des assos” en ligne d’une association dont la mission est de faire connaître cette doctrine (supprimée après publication de notre article).
L’extrême-droite toujours en embuscade
Fidèle à sa ligne éditoriale fermement engagée contre les extrêmes-droites, Le Poing a encore une fois beaucoup documenté les faits et gestes des fachos locaux en 2023.
Nous avons relaté une série de procès opposant justement un membre de la Ligue du Midi ou un soutien des brigandes à des membres de la Ligue des droits de l’Homme.
Nous avons aussi beaucoup parlé de Béziers et de son sulfureux maire Robert Ménard : son refus de marier un couple car l’époux était sous un régime d’obligation de quitter le territoire français, son obstination à mettre des crèches de Noël dans sa mairie malgré les refus successifs du tribunal administratif, et de sa politique de fichage des propriétaires de chiens. De plus, nous avons discuté avec Daniel Kupferstein, réalisateur qui a filmé cette ville pendant sept ans pour en faire un documentaire sur la gestion municipale de Ménard.
Grève chez Onet : l’évènement social de la rentrée
“Un phare dans la nuit” selon certains militants. il faut dire que cette grève, menée essentiellement par des femmes, souvent issues de l’immigration, en temps partiel imposé et sans grande culture syndicale, a suscité beaucoup d’attention de par sa longévité : le 13 septembre, les salariés d’Onet, entreprise qui gère le nettoyage du CHU de Montpellier, se sont mis en grève pour demander pour demander des augmentations de salaires, une prime équivalente au treizième mois et pour marquer leur refus d’un dispositif de contrôle sur téléphone où elles devaient rendre compte de chaque prestation effectuée dans les divers endroits qu’elles nettoyaient.
Une grève historique par sa durée, qui aura eu le soutien de députés insoumis comme Rachel keke ou François Ruffin.
Au bout de 80 jours de grève, elles ont finalement obtenu, via des négociations avec la direction, une prime exceptionnelle de 650 euros et un allègement du dispositif de traçage. 80 jours de lutte qui n’auraient sans doute pas été possibles sans un comité de soutien, rassemblant largement divers pans du mouvement social montpelliérain, qui a réuni près de 20 000 euros en organisant divers évènements pour abonder la caisse de grève.
Les salariées d’Onet étaient en première ligne de la manifestation intersyndicale du 13 octobre à Montpellier. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)
Fait cocasse, quand Michaël Delafosse, maire “socialiste” de Montpellier, se vante de “grignoter de l’espace aux voitures” en mettant en place la gratuité des transports (opérationnelles depuis fin décembre), alors que son comparse lui aussi socialiste Kléber Mesquida, à la tête du Département, fait construire un échangeur autoroutier qui va augmenter le trafic. N’y aurait-il pas une dissonance cognitive dans les rangs du PS héraultais ?
Massacres à Gaza : réaction populaire
Une actu chasse l’autre. C’est celle, dramatique, provoquée par l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, qui a agité les rues montpélliéraines en cette fin d’années. Malgré des tentatives d’interdictions par la préfecture (retoquées par le tribunal administratif), pas moins de dix manifestations réunissant parfois plusieurs milliers de personnes se sont enchainées tous les samedis dans le Clapas depuis octobre, avec la dernière en date, celle de la veille de Noël dans le quartier de la Paillade.
Image de la manifestation du 28 octobre en soutien à la Palestine sur la Place de la Comédie. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)
L’une d’elle a été marquée par une interpellation pour apologie du terrorisme, après qu’une personne ait qualifié l’attaque du 7 octobre comme un “battement d’aile de papillon” pour la résistance palestinienne. Des propos tenus en fin de manifestation alors que les organisateurs étaient déjà partis. L’homme sera jugé en février. Les organisateurs des manifestations avaient alors dénoncé une “instrumentalisation” politique et médiatique pour masquer le caractère légitime de la mobilisation.
Par ailleurs, les organisations mobilisées ont dénoncé le 11 décembre dernier devant la mairie de Montpellier la position de la Ville sur le conflit en cours et ont demandé (sans succès) à Michaël Delafosse, d’adopter en Conseil municipal une motion en faveur d’un cessez-le-feu.
Car depuis 1977, les élus locaux montpelliérains célèbrent, à l’initiative du centre culturel juif de Montpellier, la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Et plus récemment, Michaël Delafosse a déclaré ;“il est mensonger de parler d’apartheid Israélien”.
Enfin, la fin de l’année a été marquée par la mobilisation contre la loi immigration de Darmanin. Des rassemblements et manifestations ont été organisées à Montpellier.
Pour Le Poing, 2023 fut l’année des dix ans d’existence, une durée de vie inespérée pour un petit canard comme le notre (un numéro papier spécial anniversaire paraîtra le 12 janvier), mais aussi celle de l’embauche de son premier salarié à temps partiel. On a aussi commencé nos ateliers d’éducation aux médias et à l’information dans des établissements scolaires, et on compte bien poursuivre ! Cependant, la suite demeure précaire. Pour qu’on dure dix ans de plus (et c’est tout ce qu’on peut nous souhaiter en ce début d’année), une seule solution, vu qu’on refuse la pub et l’asservissement à un milliardaire : abonnez-vous à notre journal papier ou faites un don !
Sur ce, la rédaction du Poing vous souhaite une excellente année 2024, pleine de luttes et (on l’espère), de victoires !
Bilan 2023 de la Grand Goule journal militant du limousin
une répression des mouvements sociaux en pleine expansion !
Le premier semestre 2023 a largement exprimé une forte colère sociale, avec la mobilisation contre la réforme des retraites et la lutte contre les mégabassines, puis avec les émeutes déclenchées par le meurtre de Nahel, adolescent abattu à bout portant par un policier le 27 juin lors d’un contrôle routier à Nanterre. Le bilan que l’on peut tirer de cette année est aussi celui d’une répression de plus en plus violente – au total, ce sont des milliers de manifestant-e-s et d’émeutiers qui ont été blessés, interpellés ou poursuivis devant les tribunaux.
Le 5 avril dernier, le ministre de l’Intérieur Darmanin avait menacé de supprimer les subventions de la LDH parce qu’elle dénonçait dans les médias l’« usage disproportionné » d’armes (grenades, LBD…) par les forces de l’ordre le 25 mars, lors de la manifestation antibassines interdite de Sainte-Soline, ainsi que leur refus de laisser les secours accéder aux blessé-e-s. Le 10 juillet, la LDH a néanmoins rendu public son rapport sur ces faits. Ont ainsi été mis en relief que – pour défendre un trou – plus de 5 000 grenades ont été lancées contre les manifestant-e-s, et 3 200 gendarmes, 9 hélicoptères, 4 blindés et 4 camions à eau ont été mobilisés. Ces chiffres montrent une nette augmentation des moyens mis en œuvre par l’Etat français pour « maintenir l’ordre », en comparaison par exemple avec les affrontements sur la ZAD de Sivens le 25 octobre 2014, où il n’a paraît-il été tiré « que » 237 grenades lacrymogènes, 38 grenades GLI-F4 et 23 grenades offensives F1 – et où l’une de ces dernières a tué Rémi Fraisse.
L’Etat français a plusieurs fois été épinglé par des institutions telles que l’ONU ou le Conseil de l’Europe pour la violence de ses troupes, mais il n’en a cure. En 2023, il a multiplié les mesures coercitives : innombrables interdictions de manifester (que ce soit contre les mégabassines1 ou pour dénoncer les bombardements de Gaza après le 7 octobre) ; renforcement de la surveillance des populations – par l’utilisation des drones, de la reconnaissance faciale ou du prélèvement d’ADN 1 C’est même depuis septembre 2021 que les manifestations antibassines font l’objet d’arrêtés d’interdiction systématiques. – ainsi que des contrôles policiers, notamment à l’encontre de personnes venant soutenir des prévenu-e-s lors de procès. La décision qu’a prise, le 21 juin, le conseil des ministres de dissoudre les Soulèvements de la Terre n’est tombée à l’eau que grâce à l’avis négatif rendu à son sujet par le Conseil d’Etat le 9 novembre.
Concernant la lutte contre la réforme des retraites : d’après Darmanin le 5 avril, il y avait eu alors, depuis le 16 mars – jour où le gouvernement a utilisé l’article 49-3 pour faire passer sa réforme des retraites –, 1 851 interpellations. Pendant ce mouvement, des centaines (au moins) d’arrestations préventives ont eu lieu, à ajouter aux milliers d’interpellations lors des manifestations, et des centaines de personnes ont été blessées (dont quatre manifestant-e-s et un journaliste gravement) . Actuellement, plus de 400 militant-e-s de la CGT sont poursuivis en justice, selon ce syndicat , et plus de 1 000 sont menacés de licenciement, des procédures à leur encontre étant en cours dans les entreprises. Par exemple, le secrétaire général de la fédération mines-énergie Sébastien Ménesplier a été entendu par la gendarmerie à Montmorency dans le cadre d’une enquête sur des coupures d’électricité en mars. La FSU signale de son côté une hausse des signalements dans la fonction publique ; et Solidaires fait état de conseils de discipline à la Poste et de mutations forcées dans l’Education nationale.
Concernant les émeutes du 27 juin au 3 juillet : selon le ministère de la Justice, le 6 juillet, il y avait eu au niveau national 3 693 personnes interpellées, donc 31 % de mineurs. Le 19 juillet, Dupond-Moretti a parlé de « 1 278 jugements, avec 95 % de condamnations, 1 300 déferrements au parquet, 905 comparutions immédiates, 1 056 personnes condamnées à une peine d’emprisonnement, dont 742 à une peine ferme avec un quantum moyen des peines fermes de 8,2 mois, et 600 personnes incarcérées ». Pour rappel, pendant les trois semaines d’émeutes déclenchées, le 27 octobre 2005, par la mort des adolescents Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois lors d’une coursepoursuite avec la police, il n’y avait eu « que » 400 peines de prison ferme. En 2023, jusqu’à 45 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés – contre 11 000 en 2005. Au moins 10 personnes ont été gravement blessées (le plus souvent éborgnées par des tirs, de LBD ou autres grenades) et il y a eu deux morts.
Le procès « mégabassines » de Niort Deux épisodes judiciaires se sont déroulés, le 8 septembre et le 28 novembre, au tribunal correctionnel niortais sur la thématique « mégabassines ». Un dossier a en effet été monté sur cette thématique pour inculper neuf personnes : il mêle diverses « affaires » et vise des militants de diverses organisations… en les incriminant pour l’essentiel à partir de vidéos ou d’articles mis en ligne par ces organisations. Les 1 neuf prévenus ont comparu libres, le 8 septembre après-midi, au tribunal correctionnel de Niort. Sébastien Wyon (de la Confédération paysanne), Joan Monga et Nicolas Bauvillain (de Bassines non merci, BNM) sont poursuivis pour « vol aggravé »2 car « commis en réunion » pendant le « printemps maraîchin » des 25- 27 mars 2022 à La Rochénard. Lors de cet événement festif qui a réuni plusieurs milliers de personnes contre la création des 16 « retenues d’eau » prévues dans la région par le protocole d’accord de la Coop de l’eau3 , deux tuyaux de canalisation d’irrigation ont été déterrés et découpés, puis un bout en a été « frauduleusement soustrait » et 1 « A Niort, un procès des antibassines fourre-tout et sous haute tension », Politis, 8 septembre 2023. 2 Ils le sont aussi pour avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes et d’ADN. 3 Les travaux pour creuser celle de Priaires – la troisième de ces 16 mégabas- sines – ont démarré le 28 août. emporté – une action revendiquée par plusieurs organisations4 . Julien Le Guet (porte-parole de BNM) est quant à lui inculpé pour organisation d’une manifestation non déclarée et « participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou dégradations de biens, vol et dégradations » lors de la « grillade party » du 2 octobre 2022 à Sainte-Soline – une manifestation où une cinquantaine de personnes avait été empêchée par la police de piqueniquer sur un terrain. Ce militant est aussi accusé d’avoir démonté une grille à cette occasion. Cinq des neuf prévenus sont poursuivis pour organisation d’une manifestation interdite le 29 octobre 2022 : Julien Le Guet, Joan Monga, Nicolas Garrigues (porte-parole des Soulèvements de la Terre), Hervé Auguin (codélégué départemental Solidaires 79) et David Bodin, secrétaire de l’union départementale 4 Toutes ces manifestations interdites ont été soutenues par… 150 à 200 orga- nisations. CGT. Les syndicalistes de Solidaires et de la CGT sont en fait là parce qu’ils ont déposé, au nom de leurs organisations respectives, une déclaration de manifestation et que la préfecture a ensuite interdit cette manifestation. L’organisation d’une manifestation interdite est un délit passible de 6 mois d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, alors que la participation à une manifestation interdite n’est passible que d’une amende forfaitaire de 135 euros… Ces cinq prévenus sont également inculpés pour organisation d’une manifestation interdite le 25 mars 2023, et deux autres personnes avec elles : Nicolas Girod (ancien porteparole de la Confédération paysanne) et Benoît Jaunet (porte-parole de la Confédération paysanne 79), parce qu’ils ont participé au convoi de tracteurs venus alors à Sainte-Soline. Acte I : le 8 septembre L’hétérogénéité du dossier et le nombre des prévenus ont conduit le président du tribunal à ne pas procéder par individu, mais par ordre Des interpellations et des condamnations en lien avec les émeutes du printemps ont toujours lieu (les gardes à vue ont ainsi dépassé les 4 000), notamment « grâce » à l’exploitation de la vidéosurveillance, aux tests ADN réalisés sur les projectiles ou les véhicules, et à la géolocalisation des téléphones. Par exemple, le 4 décembre à Brest, un jeune homme a pris douze mois de prison ferme pour « dégradation » du tennis-club, tandis que, à Gaillon dans l’Eure, quatre personnes dont deux mineurs étaient placées en garde à vue pour des tirs de mortier contre les forces de l’ordre. Ces procès qui se déroulent à bas bruit aboutissent, d’après l’AFP4 , « dans de nombreux 4 « Emeutes après la mort de Nahel : cinq mois après, les enquêteurs voient cas à des condamnations en justice [mais] il n’existe pour l’instant pas de statistiques nationales sur ce sujet ». Concernant la lutte contre les mégabassines : à Sainte-Soline le 25 mars, il y a eu au moins 200 blessée-s chez les manifestants – une quarantaine gravement, dont deux dans le coma. Plus de 24 000 contrôles de véhicule ont été réalisés, selon Darmanin, et des arrestations opérées sur la seule base d’un marquage chimique (un… journaliste a ainsi effectué 28 heures de garde à vue). Le procès de Niort portant entre autres sur cette manifestation (voir l’article suivant) montre une fois de plus que des moyens d’enquête d’ordinaire utilisés contre le terrorisme ou le le bout du tunnel », Nice-Matin du 5 dé- cembre 2023. grand banditisme – ainsi la section de recherches de Poitiers – peuvent être employés pour des infractions rangées en bas de l’échelle pénale (tel l’« emprunt » d’un bout de canalisation) afin de dramatiser un dossier. Aujourd’hui comme hier, les poursuites judiciaires traduisent la volonté gouvernementale de criminaliser les mouvements sociaux. Et, sous Macron comme sous Hollande auparavant, ces poursuites contribuent, avec les violences policières, à servir les intérêts des capitalistes – que ce soit pour imposer une réforme du code du travail ou des retraites ou pour faciliter l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie.
NOTE : A Paris, du 16 au 20 mars, 790 personnes ont été interpellées lors de « nasses », et 200 ont été blessées rien que le 1er Mai. « Mobilisation contre la réforme des retraites : plus de 400 militants CGT sont visés par des poursuites judiciaires après des actions », Franceinfo, le 6 septembre 2023.
À la fois mouvement d’autodéfense et mouvement d’émancipation, pratique politique d’action directe, d’information, d’éducation populaire et de contre-culture, l’antifascisme est bien plus varié que l’image qu’il renvoie dans les médias ou dans le monde politique, où on se plaît à le caricaturer.
En dix chapitres, ce livre présente l’histoire et l’actualité de la lutte antifasciste, ainsi que les enjeux auxquels elle doit faire face. Il a pour ambition de donner suffisamment d’éléments à la fois théoriques et pratiques afin de présenter l’antifascisme dans sa complexité, sa richesse, mais aussi ses contradictions.
Pour parler de tout cela, nous recevions dans nos studios, Hervé, du collectif antifascisme la Horde.
Le vendredi 15 décembre à eu lieu une action d’information à la gare Saint Lazare pour demander la fin du soutien de l’État Français aux massacreurs sionistes du peuple Palestinien. Ensuite nous avons été à la manifestation du 17 décembre, vous pourrez entendre quelques morceaux des intervention et des interviews que nous avons pu y réalisés. Puis dans la dernière partie de cette émission nous vous restituons la séquence enregistrée le 30 novembre dernier, lors des états généraux de la presse indépendante qui avait pour thème : La guerre israélo-palestinienne ou la nécessité d’une information indépendante et notamment l’intervention de M. Elias Sanbar (ancien ambassadeur de la Palestine à l’Unesco) sur quelle information en temps de guerre et l’utilisation du terme de terrorisme.
Plus de 30 syndicats palestiniens ont lancé le 16 octobre l’appel « Stop arming Israël ». Dans ce texte, ils appellent les syndicats à l’échelle internationale à :
Refuser de fabriquer des armes destinées à Israël
Refuser de transporter des armes vers Israël
Adopter des motions en ce sens par leurs syndicats
Prendre des mesures contre les entreprises complices qui participent à la mise en œuvre du siège brutal et illégal d’Israël, en particulier si elles ont des contrats avec leur institution.
— Faire pression sur les gouvernements pour qu’ils cessent tout commerce militaire avec Israël
Nous voulons mettre nos forces au service du peuple palestinien. Nous voulons que son massacre cesse. Nous souhaitons soutenir en France une campagne internationale lancée par les syndicats palestiniens. Pour ce faire, nous voyons pour le moment trois axes sur lesquels nous pourrions être utiles :
Faire des recherches sur les accords militaires France/Israël
Faire connaître au grand public les actions qui ont lieu à l’étranger et en France
Les syndicats palestiniens lancent un appel aux travailleurs du monde entier : Arrêtez d’armer Israël ! Ne soyez pas complices de ses crimes !
Les syndicats palestiniens lancent un appel mondial urgent à l’action, demandant aux travailleurs du monde entier de mettre un terme à la vente et au financement d’armes à Israël, ainsi qu’à la recherche militaire afférente.
APPEL À L’ACTION
Israël a exigé que 1,1 million de Palestiniens évacuent la moitié nord de Gaza, tout en les soumettant à des bombardements constants. Cette agression militaire sans précédent s’inscrit dans le cadre du plan israélien, qui bénéficie du soutien indéfectible et de l’aide active des États-Unis et de la majorité des États européens. Elle a pour but de nettoyer ethniquement la région, en massacrant impitoyablement les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza.
Depuis samedi, Israël a bombardé Gaza de manière aveugle et intensive et a coupé le carburant, l’électricité, l’eau, la nourriture et les fournitures médicales. Israël a tué plus de 2 700 Palestiniens, dont 614 enfants, rasant des quartiers entiers, éliminant des familles entières et blessant plus de 10 000 personnes (le nombre de morts a maintenant dépassé 10 000, ndt). Certains experts en droit international ont commencé à parler de génocide.
Par ailleurs, le gouvernement israélien d’extrême droite a distribué plus de 10 000 fusils à des colons extrémistes en Palestine de 1948 et en Cisjordanie occupée afin de faciliter leurs attaques et les pogroms de plus en plus fréquents contre les Palestiniens.
Les décisions, les massacres et la rhétorique d’Israël montrent qu’il a l’intention de perpétrer la seconde Nakba qu’il promet depuis longtemps, en expulsant autant de Palestiniens que possible et en créant un “nouveau Moyen-Orient” dans lequel les Palestiniens survivants vivront sous un joug perpétuel.
En réponse, les États occidentaux ont manifesté un soutien complet et total à l’État d’Israël, sans même un regard pour le droit international. Cela a amplifié le sentiment d’impunité d’Israël et lui a donné carte blanche pour mener une guerre génocidaire sans limite.
Au-delà du soutien diplomatique, les États occidentaux fournissent de l’armement à Israël et soutiennent les activités des entreprises d’armement israéliennes à l’intérieur de leurs frontières.
Alors qu’Israël intensifie sa campagne militaire, les syndicats palestiniens appellent leurs homologues internationaux et tous ceux qui ont une conscience à mettre fin à toute forme de complicité avec les crimes d’Israël, en cessant de toute urgence le commerce d’armes avec Israël, ainsi que tout financement et toute recherche militaire. C’est maintenant qu’il faut agir – des vies palestiniennes sont en jeu.
la situation est urgente : seule une augmentation massive des manifestations de solidarité mondiale avec le peuple de Palestine pourront arrêter la machine de guerre israélienne et mettre fin au génocide. Nous avons besoin que vous agissiez immédiatement – où que vous soyez dans le monde – pour empêcher l’armement de l’État israélien et empêcher les entreprises de s’impliquer dans l’infrastructure du blocus.
Nous nous inspirons des mobilisations antérieures des syndicats en Italie, en Afrique du Sud et aux États-Unis, ainsi que des mobilisations internationales similaires contre l’invasion italienne de l’Éthiopie dans les années 1930, contre la dictature fasciste au Chili dans les années 1970 et partout où la solidarité mondiale a limité l’ampleur de la brutalité coloniale.
Nous appelons les syndicats des secteurs concernés à :
1. Refuser de fabriquer des armes destinées à Israël.
2. Refuser de transporter des armes vers Israël.
3. Adopter des motions à cet effet au sein de leur syndicat.
4. Prendre des mesures contre les entreprises complices impliquées dans la mise en œuvre du siège brutal et illégal d’Israël, en particulier si elles ont des contrats avec votre institution.
5. Faire pression sur les gouvernements pour qu’ils cessent tout commerce militaire avec Israël et, dans le cas des États-Unis, pour qu’ils cessent de financer l’état hébreu.
Nous lançons cet appel alors que nous voyons se multiplier les efforts pour interdire et limiter l’expression de toute forme de solidarité avec le peuple palestinien. Nous vous demandons de vous exprimer et d’agir pour dénoncer l’injustice, comme les syndicats l’ont toujours fait dans l’histoire.
Nous lançons cet appel car nous sommes convaincus que la lutte pour la justice et la libération de la Palestine n’est pas seulement une lutte régionale et mondiale singulière. C’est un levier pour la libération de tous les peuples dépossédés et exploités du monde.
Fédération générale palestinienne des syndicats, Gaza. Syndicat général des travailleurs des services publics et du commerce. Syndicat général des travailleurs municipaux. Syndicat général des travailleurs des jardins d’enfants. Syndicat général des travailleurs de la pétrochimie. Syndicat général des travailleurs agricoles. Union des comités de femmes palestiniennes. Syndicat général des travailleurs des médias et de la presse écrite.. Fédération générale palestinienne des syndicats (PGFTU). Syndicat général des enseignants palestiniens. Union générale des femmes palestiniennes. Union générale des ingénieurs palestiniens. Association des comptables palestiniens.
Fédération d’associations professionnelles, y compris. Association dentaire palestinienne – Centre de Jérusalem. Association des pharmaciens palestiniens – Centre de Jérusalem. Association médicale – Centre de Jérusalem. Association des ingénieurs – Centre de Jérusalem. Association des ingénieurs agronomes – Centre de Jérusalem. Syndicat des vétérinaires – Centre de Jérusalem. Syndicat des journalistes palestiniens. Association du barreau palestinien. Association palestinienne des infirmières et des sages-femmes. Syndicat des travailleurs des jardins d’enfants. Syndicat des travailleurs des services postaux palestiniens. Fédération des syndicats des professeurs et employés des universités palestiniennes. Fédération générale des syndicats indépendants de Palestine. La nouvelle fédération des syndicats de Palestine. Union générale des écrivains palestiniens. Syndicat des entrepreneurs palestiniens. Fédération des syndicats de professionnels de la santé. Syndicat palestinien des psychologues et des travailleurs sociaux
Dans cette émission vous entendrez tout d’abord une interview réalisé avec Robert Séguéla et Françoise Guichawa, qui nous entretiendront de l’association livre en lutte dans laquelle ils militent. Sera également présenté le festival du roman noir et social de Vitry-sur-Seine, qui est le contexte dans lequel cet entretien a été mené, et pour lequel livre en lutte a grandement contribué. Puis, en une seconde partie, il vous sera proposé des morceaux choisis d’une table ronde sur le roman noir, et plus particulièrement sur l’esprit de l’esprit de contrebande qui l’habite. Les spécialistes font clairement le distinguo entre Romans policiers et Polars, romans noirs. Ils ont coutume d’expliquer que le roman noir dénonce, sinon, à quoi pourrait-il bien servir ? C’est donc de ce sous-genre littéraire spécifique, de ses emplois et de sa dimension politique et sociale dont il sera question.
Intervenants de la seconde partie : Roger Martin, Lou Vernet, Jean-Hugues Oppel ; modératrice : Michèle Pedinielli ; avec également une intervention de Guy Dardel.
Aujourd’hui, vous allez pouvoir entendre la présentation, au cirque électrique, à Paris, le jeudi 30 novembre 2023, du livre d’Elsa Deck Marseault ; Faire justice, Moralisme progressiste et pratiques punitives dans la lutte contre les pratiques sexistes. Cet ouvrage interroge les pratiques exercées en dehors du cadre institutionnel par des militants et militants qui malheureusement n’arrivent pas à se débarrasser du cadre sécuritaire imposé par la société capitaliste à l’ensemble des rapports sociaux.
“Depuis quelques années, dans les milieux féministes, des théories, venues principalement des États-Unis, proposent des solutions à l’incarcération, cherchant à privilégier la médiation, la réconciliation et la prise en charge de la victime et de la communauté plutôt que l’enfermement. Des termes apparaissent ou refont surface. Rien de bien nouveau ; déjà dans les années 1970, l’expérience de la « justice populaire » montrait ses limites à Bruay-en-Artois*.
En 1975, le CAP (comité d’action des prisonniers) sait qu’il doit impérativement aborder la question nodale du viol dans son combat pour la suppression de la prison. Il organise alors des débats et des enquêtes pour comprendre les mécanismes complexes, idéologiques, politiques et sociales qui produisent le viol. Car on ne naît ni femme ni violeur, on le devient. La justice « restauratrice » consiste en France à faire se rencontrer les auteurs et les victimes, souvent sous la contrainte et sous le regard de l’institution. On ne peut donc pas parler de peines alternatives à l’incarcération, mais plutôt de peines supplémentaires. La « justice transformatrice » est un « nouveau » concept, pratiqué en dehors des institutions étatiques déficientes, au sein de la « communauté sociale ».
On peut s’interroger sur son exercice actuel dans nos contrées, car, dans la pratique, on assiste le plus souvent à une mise au banc sans débat, sans entendre les protagonistes, sans prescription, sans durée, sans penser la transformation des comportements des auteurs et surtout du monde qui les produit… Le concept de « communauté » rendant la justice serait à définir pour la France : à quoi peut-il correspondre ? Ces pistes ont toutefois l’intérêt de chercher d’autres méthodes que l’enfermement pour régler les conflits.
Michel Foucault disait lors d’une conférence à Montréal en 1976 intitulée « Alternative à la prison » : « Mais qu’on se le dise, cette dénonciation de la prison, cette entreprise pour faire régresser la prison ou lui trouver comme on dit des alternatives, ce n’est en soi ni révolutionnaire, ni contestataire, ni même progressiste… », car elle ne remet en rien en cause les structures de répression et d’enfermement pas plus que le système qui produit la délinquance et les «violeurs. Voilà bien la différence entre le courant abolitionniste et le courant anticarcéral : les uns pensent qu’il est possible de réformer, voir d’abolir la prison dans le système capitaliste et les autres savent que seul un mouvement populaire révolutionnaire pourra se donner les moyens d’en venir à bout.”
Extrait du livre « la liberté ne se mendie pas » d’Olivier Cueto et Nadia Menenger
Résumé du livre :
Là où il est admis que le recours à la police en cas de violence n’est pas la solution, mais plutôt un problème supplémentaire, la tentation est de s’y substituer. Si l’intention est louable, son application l’est moins. Les mesures sont expéditives et les outils pour faire justice sont encore profondément empreints d’une philosophie punitive : menace, exclusion, harcèlement, dénonciation publique et discrétisation politique. Comment sortir de cette impasse ? La question est d’autant plus difficile qu’elle surgit au moment où les forces réactionnaires mènent une large offensive contre le wokisme pour mieux protéger ceux qui organisent les violences dans nos sociétés.
Écrit par une « militante gouine », ce livre propose une critique fine du moralisme progressiste et des pratiques punitives dans les luttes sociales. En se saisissant d’exemples concrets rencontrés au gré de son militantisme et en discutant précisément l’abolitionnisme pénal, elle pose les jalons d’une justice transformatrice, inventive, capable de prendre soin des victimes et de transformer les individu.es comme les groupes. Endiguer les violences, c’est aussi ne plus craindre le conflit, ne plus avoir peur de lutter.
Elsa Deck Marsault a cofondé Fracas, collectif queer et féministe d’entraide militante à la prise en charge des conflits et des violences en milieu intracommunautaire.
En réponse aux États généraux présidentiels de l’information, voulus par l’Élysée et lancés le 3 octobre 2023, et à l’initiative du Fonds pour une Presse Libre, une centaine de médias et organisations (syndicats, collectifs de journalistes, associations de défense des droits) ont organisé le 30 novembre, , des États généraux de la presse indépendante.
Aujourd’hui, nous vous diffusons un ensemble de prises de parole issues de cet événement. Tout d’abord, vous pourrez entendre un débat sur la concentration des médias, le pluralisme, les droits des rédactions avec Caroline Fontaine (ex-Paris-Match), Alexandre Buisine (SNJ), Jean-Marie Leforestier (Marsactu), Pauline Perrenot (Acrimed).
Ensuite, nous vous diffuserons l’intervention d’une humoriste, Audrey Vernon, intitulé : « Libérez les médias otages des milliardaires ». Et pour finir, Financer la presse indépendante (abonnements, dons, réforme des aides publiques), autour de quatre exemples : Le Crestois (Laure-Meriem Rouvier), Streetpress (Mathieu Molard), La Déferlante (Marie Barbier), Splann ! (Sylvain Ernault).
Vous allez entendre la présentation du livre de Mathieu Bellahsen paru le 31 août aux éditions Libertalia. La politique d’invisibilisation, de déshumanisation, d’enfermement, d’isolement et de contention est une logique qui dépasse largement le secteur psychiatrique. Sous couvert de réduction budgétaires, de gestion performante, elle colonise nos cerveaux et nos pratiques.
La lecture du livre de Mathieu Bellahsen ; Abolir la contention, est un bon moyen pour interroger nos réflexions et nos actes en se nourrissant des nombreux exemples de résistances qui y sont décrits.
« Quoi qu’on en dise, attacher une personne à un lit n’a jamais été et ne sera jamais thérapeutique. La contention est un contrôle physique témoin d’un corps-à-corps brutal qui touche en premier lieu l’intégrité des psychiatrisé·es. La contention est le symptôme du système contentionnaire, réagencement de l’univers asilaire à l’heure de la e-santé mentale et de ses promesses virtuelles.
Là comme ailleurs, la dématérialisation annoncée s’accompagne de matérialités renforcées. Moins de relations humaines, c’est plus de sangles et de contraintes. Le système contentionnaire a sa mécanique d’entraves. Contention du corps social par l’imaginaire sécuritaire. Contention des soins par des pratiques sans âmes, « cérébrologiques ». Contention du langage par des euphémisations, des banalisations, des renversements des mots et du sens. Contentions financière et législative adaptées au corsetage néolibéral.
Rompre le silence et les complicités autour de la contention est une nécessité pour ne plus laisser le sadisme ordinaire et les abus s’instituer au grand jour comme si de rien n’était. Abolir la contention est une première brèche dans le système contentionnaire. Notre expérience en témoigne. Il est possible de ne pas attacher. Il est possible, collectivement, de faire autrement, que ce soit au niveau des pratiques que dans la société. »
Rencontre avec Nedjib Sidi Moussa pour la sortie de “Le Remplaçant : journal d’un prof (précaire) de banlieue présenté à la librairie quilombo Le 7 septembre 2023 dans le XIe de Paris.
Le malaise des enseignants, les difficultés de recrutement ou encore la désillusion des contractuels, thèmes désormais familiers du paysage politico-médiatique, ne sont que les symptômes d’une crise profonde – celle de l’éducation -, qui interroge notre capacité à « prendre soin, préserver et admirer les choses du monde » (Hannah Arendt).
Ce récit singulier et sensible, à rebours des plaidoyers lénifiants pour une école postmoderne ou des complaintes anxiogènes sur les « territoires abandonnés » de la République, invite les lecteurs à suivre les pérégrinations d’un professeur contractuel nommé dans un collège de la banlieue parisienne afin d’apprendre aux enfants des classes laborieuses l’histoire et la géographie – sans oublier l’enseignement moral et civique.
En passant du rire aux larmes et de la compassion à la révolte, “Le Remplaçant” offre une chronique saisissante de la France contemporaine.
Il raconte aussi l’histoire d’une jeunesse perdue, celle d’un fils d’ouvrier à l’orée de ses quarante ans, celle d’un ancien sorbonnard durablement installé dans le précariat, comme tant d’autres aujourd’hui.
Dans l’émission de ce jour, nous entendrons la présentation du livre de Nedjib Sidi Moussa « Histoire algérienne de la France » cette présentation se tenait dans le cadre des Rencontres libertaires du Quercy se tenait du 18 au 23 juillet 2023
Docteur en science politique et enseignant, Nedjib Sidi Moussa est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Algérie, une autre histoire de l’indépendance (PUF, 2019) et la Fabrique du Musulman (Libertalia, 2017). Nous menons avec lui une longue discussion en trois parties à l’occasion de la parution de son nouveau livre, « Histoire algérienne de la France », aux Presses universitaires de France.
Reporters : La guerre civile algérienne, nommée pudiquement « La décennie noire », a divisé et les Algériens et aussi les Français. Vous expliquez dans le chapitre V de votre livre que le débat en France autour de ce sujet fut pratiquement impossible, particulièrement à cause du clivage entre les partisans des « réconciliateurs » et des « éradicateurs ». Pouvez-vous revenir sur l’identité politique de ces deux groupes ? Nedjib Sidi Moussa : Les « réconciliateurs » ont soutenu le contrat de Rome en 1995, comme le FFS, le PT et des partis islamistes, tandis que les « éradicateurs » l’ont rejeté, comme le RCD, Ettahadi ou l’ANR. Cet antagonisme, qui ne se réduit pas au clivage droite-gauche, mobilise des registres distincts, car il s’agit pour les premiers de faire respecter une certaine conception de la démocratie et, pour les seconds, de défendre une certaine idée de la république, en s’affrontant sur la façon d’appréhender l’islamisme. En raison des prolongements de la guerre civile algérienne sur le territoire français (attentats, réfugiés, etc.) mais aussi des liens de solidarité entre courants politiques des deux rives, cette polarisation se répercute dans le champ politico-médiatique hexagonal. Ainsi, cette séquence est incontournable pour comprendre la virulence des controverses françaises sur la question musulmane, dans la mesure où l’opposition entre « réconciliateurs » et « éradicateurs » se redéploie sur fond de « guerre contre la terreur » ou d’affaires du voile.
La fascination de certains intellectuels français pour les islamistes les a empêchés de voir en eux des hommes d’extrême droite musulmane. Un certain François Burgat parlait même d’une volonté d’achever la lutte de décolonisation dont les islamistes seraient les nouveaux hérauts. Comment expliquez-vous, d’un côté, cette fascination pour des intégristes musulmans et, de l’autre, la stigmatisation, voire l’incrimination, des dits éradicateurs, souvent qualifiés de « laïques » et jugés très peu « authentiques » sur le plan identitaire et religieux ? Nous avons là affaire à plusieurs phénomènes. Il y a d’abord quelque chose qui relève de ce que Maxime Rodinson a appelé la « fascination de l’islam » et qui nous avertissait, en 1980, « contre les soumissions des orientalistes aux idéologies dominantes de la société bourgeoise libérale, le remède n’est pas, si tentant qu’il soit, le recours aveugle aux idéologies qui les contestent. » Ce propos rejoint celui de Sadek Jalal Al-Azm qui a critiqué, en 1981, «l’ orientalisme à rebours » dans la revue Khamsin. Plus fondamentalement, les affrontements du champ politico-médiatique français au cours de la guerre civile algérienne ont illustré ce que Pierre Bourdieu désignait en 1979 à travers la loi des « cécités croisées » dans La Distinction. Enfin, le malaise des intellectuels ou militants de la gauche française repose sur une forme d’occidentalocentrisme car ils n’ont pas pris au sérieux leurs homologues issus du monde arabo-musulman qui, sans s’aligner sur les régimes autoritaires, ont caractérisé l’islamisme comme relevant de l’extrême droite, voire du « fascisme », même si le terme fait débat.
L’essor de la marche pour l’égalité en 1983 est suivi par des réactions racistes et xénophobes agitant les peurs autour d’une imminente « invasion migratoire » et la prétendue métamorphose inéluctable de la France en République « multiraciale ». Ces expressions du venin d’extrême droite, en quoi sont-elles liées à la centralité refoulée de la question algérienne en France ? Pourquoi le signifiant « Algérie » est toujours synonyme d’immigration, d’islam, de terrorisme, de guerre civile, etc. ? La marche pour l’égalité et contre le racisme, partie de Marseille le 15 octobre 1983, s’inscrit dans un contexte de violences, voire de crimes racistes qui ciblent tout particulièrement de jeunes hommes originaires d’Algérie et issus de familles ouvrières. D’ailleurs, un drame survient au cours de la marche et émeut l’opinion publique française, il s’agit du meurtre du jeune Habib Grimzi, défenestré le 14 novembre par des candidats à la Légion étrangère. L’hostilité provoquée par la visibilité des enfants de travailleurs immigrés renvoie au rejet d’une « France algérienne » par les partisans de l’« Algérie française ». En effet, pour l’extrême droite, la question de l’immigration est indissociable de la question algérienne. C’est explicite dans les déclarations des dirigeants du Front national comme Jean-Marie Le Pen mais cela se retrouve également dans Le Camp des saints, un roman de Jean Raspail paru en 1973 – ponctué de références à l’Algérie – et imaginant la « submersion migratoire » de la France, bien avant le triste succès de la théorie du « grand remplacement » de Renaud Camus.
A votre avis, la marche pour l’égalité permet-elle d’interroger la place des enfants de l’immigration algérienne en France et, par extension, la question des binationaux ? De quelle façon la France pourrait-elle accepter sa part algérienne ? Si, pour l’extrême droite, la visibilité des descendants d’ouvriers algériens apparaît comme étant problématique, il n’en est pas de même du point de vue de la gauche radicale, héritière de la lutte pour l’indépendance et engagée dans le combat contre le racisme ciblant les immigrés. La marche de 1983 est perçue favorablement par la gauche extraparlementaire car elle apporte un vent d’espoir dans une conjoncture marquée par la percée électorale du Front national lors des élections municipales, mais aussi par le « tournant de la rigueur » amorcé par le président socialiste François Mitterrand.
À l’heure des débats sur le « droit à la différence », mais aussi de la remise en cause du tiers-mondisme, cette nouvelle génération d’enfants d’immigrés interroge, d’une part, l’exclusivisme de nationalismes antagonistes qui prennent en tenaille cette population – notamment au regard du droit à la nationalité ou du service militaire – et d’autre part, tout en ayant l’Algérie au cœur, n’envisage son avenir qu’en France.
Le quatrième chapitre de votre livre est consacré à Klaus Barbie : qui était-il, ce client de Jacques Vergès ? Klaus Barbie est né à Godesberg en 1913. Il adhère aux Jeunesses hitlériennes à 20 ans, rejoint les SS en 1935 et devient membre du parti nazi deux ans plus tard. Durant la Seconde Guerre mondiale, il se distingue par son rôle dans la persécution des Juifs et la traque des opposants au nazisme. En 1942, il est nommé à la tête de la section IV de la Gestapo pour la région de Lyon. L’année suivante, il est responsable de l’arrestation du résistant français Jean Moulin qu’il torture en personne. Le « boucher de Lyon » poursuit sa sale besogne jusqu’à la fin du conflit en ordonnant, entre autres, la rafle de 44 enfants juifs réfugiés à Izieu. Dans le contexte de la guerre froide, ce criminel de guerre parvient à échapper à la justice en étant recruté par le contre-espionnage de l’armée américaine pour laquelle il met à disposition son expérience et fait valoir son anticommunisme. Il se réfugie en 1951 en Bolivie où il conseille les dictatures d’Amérique latine jusqu’à son extradition en France en 1983.
En défendant Klaus Barbie, Jacques Vergès a-t-il nié les principes de son anticolonialisme au nom d’une certaine surenchère qui, au nom de l’antisionisme, est allé jusqu’à l’adoption de thèses négationnistes – je pense notamment à Robert Faurisson et Roger Garaudy ? Il faut distinguer plusieurs niveaux pour comprendre ce qui se joue dans la défense de Klaus Barbie par Jacques Vergès, connu du public algérien pour sa défense de militants du FLN – dont Djamila Bouhired qu’il épouse –, en usant de la « stratégie de la rupture » qui n’a jamais fait l’unanimité chez les anticolonialistes. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il a été le défenseur des islamistes durant la guerre civile. Il l’a expliqué dans sa « Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires », parue en 1993, qui a suscité une réponse de Jean-Louis Hurst alias Maurienne – auteur du « Déserteur » en 1960 –, publiée dans « Courant alternatif » en 1994. De plus, « l’avocat de la terreur » était lié à François Genoud, milliardaire suisse nazi qui a géré à Genève les fonds du FLN pendant la révolution anticoloniale et qui a créé à l’indépendance la Banque arabe suisse d’Alger.
La plaidoirie de Jacques Vergès a été particulièrement perverse et traduisait la dérive la plus grave d’un certain anti-impérialisme perméable aux thèses négationnistes, en jouant sur un ressort aussi malsain que puissant, celui de la dénonciation du « deux poids, deux mesures ».
Quelle était la réception dans la presse algérienne du procès de Klaus Barbie ? A-t-elle accordé un soutien inconditionnel à Jacques Vergès ? Dans un contexte d’absence de liberté de la presse – nous sommes à l’époque du parti unique –, on assiste tout de même au naufrage d’une corporation, voire d’une génération, puisque les intellectuels et journalistes algériens qui s’expriment dans les médias autorisés expriment leur soutien à la rhétorique développée par Jacques Vergès et versent même, pour certains, dans l’antisémitisme le plus répugnant. Néanmoins, il faut souligner la déclaration courageuse de Hocine Aït Ahmed et Mohammed Harbi qui, dans la revue « Sou’al » publiée à Paris, ont sauvé l’honneur de la conscience algérienne en rappelant qu’en tant qu’anciens colonisés, leur place n’était pas du côté du bourreau nazi Klaus Barbie, mais de ses victimes juives, en invoquant un principe universel, celui des droits humains.
Propos recueillis par Faris LOUNIS, journaliste indépendant
Aujourd’hui, dans cette émission, nous vous proposons l’écoute de la présentation du livre de Nadia Menenger : La liberté ne se mendie pas. Cette présentation se tenait en juin 2022 à Paris. Nous entendrons également l’intervention de Abdelhamid Hakkar, présent lors de cette rencontre.
Préface de « La liberté ne se mendie pas »
Ce livre est un hommage à Olivier Cueto, cofondateur du journal anticarcéral L’Envolée. Il compile principalement ses articles écrits entre 2001 et 2008 et quelques textes rédigés par des prisonniers qui participaient à la rédaction du journal. Ce livre est un moyen, dans une société numérique qui redécouvre en permanence l’instant, de revisiter la naissance de ce nouveau siècle qui s’est faite sous le signe du tout-sécuritaire dans un consensus largement partagé.
À l’annonce de la mort d’Olivier j’ai relu un à un les premiers numéros de L’Envolée, cherchant en moi-même les réminiscences de moments passés, submergée par le souvenir d’instants hors du commun. Vingt ans déjà, et pourtant j’y ai trouvé des textes d’une actualité criante, des analyses qui parlent à notre époque et qui permettent de mieux la saisir. J’ai pu y mesurer la banalisation d’une répression qui colonise toujours plus notre quotidien et nos pensées. Tout relire fiévreusement. Relire tous les Envolées, les éditos qu’Olivier rédigeait le plus souvent seul. Relire les dossiers, les témoignages, les articles de fond que nous écrivions tous les deux pour chaque numéro du journal. Me remémorer les heures à échanger, les jours à lire, à se documenter avant de se mettre à l’ouvrage. L’urgence de laisser une trace. Parler de lui, de sa force, de sa pensée. Nourrir la mémoire contemporaine des luttes contre les prisons par ceux et celles qui les ont menées. Revenir sur la filiation de L’Envolée avec le GIP, groupe d’information sur les prison et le CAP, comité d’action des prisonniers : son lien direct avec les prisonniers en lutte, ce va-et-vient intellectuel et pratique incontournable pour comprendre, analyser, combattre les institutions mortifères de l’État. Faire connaître la parole des enfermé-e-s. Chercher les raisons de la colère. Interroger les évidences. Soutenir les insurgés.
En partant des expériences passées, nous voulions poursuivre la critique de la prison et de la société qui la produit. Elle implique un travail d’enquête avec ceux et celles qui dénoncent leurs conditions d’enfermement et qui ont pour objectif de les transformer. Cette approche tranche avec les écrits universitaires ; la radicalité s’élabore rarement dans les salons ou les bibliothèques ; il faut éprouver, vivre, partager les lieux, les situations, les luttes. S’il existe des ouvrages de sociologues tout à fait passionnants sur le constat et la description théorique des phénomènes carcéraux, ceux-ci semblent incapables d’aborder leurs dépassements. La langue y est souvent empreinte d’un mélange entre un verbiage universitaire incompréhensible et des concepts qui restent hermétiques au plus grand nombre. Quant aux propositions, quand il y en a, elles sont souvent cantonnées au domaine de l’aménagement et se cramponnent au giron de l’État.
Les quatre personnes qui ont créé L’Envolée ont traversé les décennies sans renier leurs engagements, chacun à sa manière. Notre rencontre nous a donné la force et l’envie de continuer d’agir sur un sujet aussi peu consensuel que la suppression de la prison. J’ai quitté L’Envolée aux alentours de 2008, mais l’émission comme le journal continuent avec d’autres ; une belle longévité pour un journal fonctionnant sans aucune subvention, publiant des textes de prisonniers et de prisonnières, traitant de sujets qui remettent en question aussi radicalement les fondements moraux, économiques et politiques de nos sociétés.
Ce livre retrace les sept premières années d’existence de L’Envolée à travers un choix de textes forcément subjectif. J’espère qu’ils permettront aux lecteurs de s’approprier le travail que nous avons entrepris et de comprendre que, si nous voulons détruire ce monde qui ressemble de plus en plus à une prison, il faut impérativement inscrire au programme de la révolution la fin des lieux d’enfermement. Un monde sans prison semble impensable, un objectif inatteignable. La fin des années 1970 a sonné la défaite des courants révolutionnaires à travers le monde. Le capitalisme a triomphé. En France, la gauche au pouvoir en 1981 et la chute du mur de Berlin en 1989 sonnent la fin de l’histoire, l’avènement du meilleur des mondes possible, désormais indépassable et uniquement aménageable à la marge. Pour s’en sortir, il ne reste plus que la course à la réussite individuelle et que le plus pourri gagne !
Dès la fin des années 1990, les États pour construire et consolider le libéralisme mondialisé ont imposé sur l’ensemble de la planète son ordre destructeur des biens communs, le pillage des richesses planétaires et, parallèlement, ont mis en place des outils répressifs pour maintenir et développer une exploitation maximale et gérer une misère grandissante qui va s’abattre sur des franges de plus en plus importantes des populations.
Ceux et celles qui ne voulaient pas se résigner ont tenté de poursuivre leur combat mais de manière éclatée ; ici le logement, là les prisonniers, là encore les sans-papiers, les salariés, les précaires, les féministes… Mais rien pour les relier, rien pour trouver les points communs à toutes ces tentatives de résistance, pour construire ensemble… Il en va de la lutte comme des sciences et de toutes productions ; tout morceler, émietter, décomposer aboutit à ce que plus personne n’ait la compréhension du tout, qu’aucun projet politique n’émerge. Chacun, s’il détient désormais une part de la question – et donc du problème –, ne peut à lui seul le résoudre et se trouve renvoyé à son formidable isolement, à son impuissance. En lieu et place de la lutte des classes se déclinent alors les groupes infinitaires, les comités de soutien, les collectifs informels, les communautés… Ne voulant ou ne pouvant plus changer les structures, chacun essaie de changer (un peu) son quotidien. Dans un monde qui s’uniformise et s’individualise l’identité, les modes de vie deviennent centraux. Les attentats du 11 septembre 2001 avaient déjà servi de prétexte au renforcement d’une offensive tous azimuts contre tout ce qui pourrait mettre en danger un système d’exploitation qui se veut toujours plus totalitaire et performant. Nous sommes tous des ennemis potentiels du nouvel ordre économique mondial.
À partir des années 2000, l’État s’est ingénié à greffer dans le cerveau de chaque citoyen, les textes de loi comme un univers indépassable, et ce, dès le plus jeune âge. Il lui a fallu piétiner les principes constitutionnels, inverser le sens des valeurs, détruire le langage, séparer les êtres, effacer l’histoire de la lutte des classes, détruire un à un les conquis sociaux. Se plonger à nouveau dans les textes publiés dans L’Envolée permet de retracer ce virage sécuritaire. Comprendre comment, petit à petit, le discours dominant repris par les esprits simplistes a assimilé la « délinquance » à une maladie qu’il convient de dépister et de traiter : évaluation, punition, rémission. La délinquance est devenu un problème individuel ou familial qui n’a plus rien de politique, qui n’a pas à interroger la société tout entière et son fonctionnement profondément inégalitaire. Inutile de se pencher sur les causes sociales, économiques, politiques, morales pour les résoudre. Les responsabilités sont à chercher dans la psychologie des individus ou de leurs proches ; les « inadaptés » n’ont qu’à bien se tenir et arrêter de s’attrouper.
Depuis des décennies, les prisons et les quartiers populaires (réservoirs d’ouvriers, de précaires et de chômeurs) où vivent les populations les plus vulnérables et exploitées sont les lieux d’expérimentation des techniques de maintien de l’ordre et d’enfermement. C’est de ces laboratoires sécuritaires que sont sorties les techniques de contrôle et de répression qui se sont généralisées pour être élargies aux classes moyennes. L’abandon d’une critique radicale des thématiques du droit, de la justice et de la prison par les mouvements sociaux depuis les années 1980 a permis aux différents gouvernements d’avancer sans limite, en nous faisant croire que la sécurité était synonyme de liberté.
Il faut toujours rappeler que le droit garantit l’ordre social et la propriété privée, plutôt que le bien commun et l’intérêt général et qu’avant tout ce sont les dépossédés qui se retrouvent derrière les barreaux. Il y a un ordre à faire respecter, la société à protéger et les réponses sont avant tout punitives, car comme disait Valls « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ». Pour s’en sortir, il faut faire siennes les valeurs de l’entreprise ; compter sur soi-même, quitte à marcher sur les autres au passage : c’est ainsi qu’on apprend à être le gestionnaire de son « capital-vie ».
Les aménagements des conditions de vie ou de détention se calculent au mérite, au degré d’adaptabilité ou de soumission : maître-mot de la logique entrepreneuriale adaptée à l’individu, incarcéré ou pas. Se battre collectivement pour réformer ou révolutionner les rapports d’exploitation serait vain : « désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit » déclarait Sarkozy en 2007. Même les trois millions de manifestants contre la contre-réforme des retraites de 2010 n’ont pas fait plier le gouvernement Fillon de l’époque… ou bien faut-il identifier l’échec des mobilisations passées dans le corporatisme, la bureaucratie syndicale, les grèves perlées incarnées par des « journées d’action » absurdes, la délégation de pouvoir et plus encore, à notre enfermement dans un cadre légal de plus en plus étriqué qui nous conduit à l’impuissance.
Le consensus des classes moyennes et petites-bourgeoises avec le pouvoir a permis dans les années 2000 au gouvernement d’instaurer un arsenal répressif conséquent sans que cela ne suscite beaucoup l’indignation. Persuadées de maintenir leurs intérêts grâce à leur collaboration, elles avalisent et participent aux contrôles, aux fichages, aux signalements, au respect des « valeurs de la République » et deviennent de véritables adjoints à la sécurité. Mais depuis des décennies, les salaires baissent, les statuts se détériorent, dégradant les conditions de vie et barrant l’avenir pour une partie croissante de la population. Ceux et celles qui pensaient être préservés après avoir fourni tant de gages d’honnêteté et de docilité se retrouvent déclassés. Face à l’accélération des mesures gouvernementales privatisant les services publics, saccageant l’environnement, bétonnant à tout-va, sécurisant les libertés, le nombre des contestataires a gonflé.
Les mobilisations sociales ont subi un traitement jusque-là réservé aux révoltes de banlieue (occupations militaires, violences policières, justice d’abattage). L’expérience de la répression est vécue par des franges de plus en plus larges de la population et est largement documentée, filmée, dénoncée ; contrairement aux années 2000 durant lesquelles le consensus citoyenniste isolait les manifestants, protégeait les fonctionnaires du maintien de l’ordre de toute critique et confinait l’expression politique dans le cadre étouffant et paralysant du code pénal.
Après les ZAD, depuis 2015, les mobilisations cherchent à s’émanciper des cadres et structures institutionnelles sans toutefois les dépasser ; loi travail, «gilets jaunes», mobilisation contre la réforme des retraites ; des centaines de milliers de personnes se sont confrontées au pouvoir et se sont considérablement politisées. Les familles de victimes de violences policières et les mutilés pour l’exemple s’organisent, se coordonnent et tentent d’élaborer une critique systémique des violences policières et des violences d’État, mais celles-ci ne se limitent pas aux exactions des forces de l’ordre, elles commencent dès la naissance jusqu’à la mort en passant par l’école, le logement, l’urbanisme, le travail… Et touchent tous les dépossédés.
Les «gilets jaunes» sont venus apporter une bouffée d’oxygène dans le marécage stérile des contestations dûment encadrées par les partis, syndicats, associations… et les rituels mimant le spectacle de la violence. Ce mouvement a su remettre à l’ordre du jour la lutte des classes, refouler les spécialistes qu’ils soient de l’information, de la politique ou de l’économie pour critiquer en acte leur propagande qui colonise nos cerveaux à la sauce néolibérale. Ils ont dénoncé le racket et les détournements d’argent public, exiger que le pouvoir politique et les richesses soient partagés entre tous et toutes ; le pouvoir par le peuple, pour le peuple…
À chaque mouvement d’ampleur, la répression est de plus en plus militarisée, et le nombre de ceux et celles qui n’aiment pas la police de leur pays croît. La police se révèle de plus en plus clairement ce qu’elle est : une milices d’hommes en armes qui défendent les intérêts des puissants, du capitalisme. Le déferrement de milliers d’interpellés devant les tribunaux a ouvert des brèches mais n’a pas encore permis de prendre conscience du fonctionnement et de la fonction de l’institution judiciaire. Qui fait les lois ? Pour protéger qui ? Quoi ? Malgré les 72 000 prisonniers et le millier de personnes incarcérées à la suite des révoltes des «gilets jaunes», la question carcérale a du mal à émerger, laissant souvent les détenus seuls face à la violence de l’institution pénitentiaire. Les comités se limitent au soutien d’une personne ou à une catégorie de prisonniers laissant indemne la critique de la prison elle-même. Mais ces oubliettes modernes sont bien là ! Elles servent avant tout à imposer un ordre social, à gérer la misère grandissante et à faire taire les révoltes. Et il faudra bien les mettre à l’ordre du jour si l’on prétend vouloir changer ce monde ! La situation actuelle n’est pas une dérive, mais bien une continuité.
Dans la lignée de ces prédécesseurs, toutes couleurs confondues et en l’absence de rapport de force conséquent, Macron poursuit l’adaptation de l’appareil répressif à l’évolution du capitalisme. Des « sauvageons » de Chevènement à l’« ensauvagement » de Darmanin, c’est toujours la même volonté de stigmatiser une catégorie de la population, de désigner des boucs émissaires, de créer du séparatisme, pour diviser les dépossédés et détourner leur attention des véritables enjeux politiques. Les nouvelles réformes du code du travail, de l’Assurance-chômage, de la retraite, la destruction des logements sociaux… entraîneront inévitablement le développement de la délinquance et de la révolte, que le gouvernement gère de l’école à l’entreprise en passant par la cité, en construisant de nouvelles prisons, en renforçant le contrôle, la précarité, l’isolement et la répression à l’aide des nouveaux outils numériques.
Le capitalisme élimine impitoyablement tous ceux et toutes celles qui sont éjecté-e-s du monde du travail ou qui ne s’y conforment pas et pulvérise chaque année son record d’incarcérations dans et hors les murs. Ce livre s’adresse à ceux et celles qui croient que la démocratie est en péril depuis Macron, ceux et celles qui se raccrochent aux branches des droits de l’homme à chaque promulgation de nouvelles lois liberticides, déclarations d’état d’urgence ou d’exception, qui s’agrippent aux valeurs républicaines sans les définir.
Mais surtout, cette lecture a pour ambition de donner force et détermination à ceux et celles qui continuent de se battre, malgré tout, et qui cherchent dans l’obscurité de notre époque des perspectives qui relient les dépossédé-e-s, les exploité-e-s pour construire un monde débarrassé de ses aliénations. Je continue le décryptage de notre époque en participant à la fabrication d’une émission quotidienne d’information sur les luttes sociales sur une radio libre ; L’actualité des luttes sur Fréquence Paris Plurielle 106.3 fm. Partout ou la résistance existe, nous essayons d’être là pour enregistrer et diffuser la parole de ceux et celles qui ne renoncent pas. Nous ne croyons pas en une avant-garde particulière, mais en une alliance des opprimés, des travailleurs précaires ou garantis, des chômeurs, des voleurs, des prisonniers, des fous, des paysans, des habitants des cités populaires ou des campagnes…
Nadia M
Appel des perpétuités de Clairvaux
Pour un rétablissement effectif de la peine de mort pour nous
A ceux de l’extérieur osant affirmer que la peine de mort est abolie Silence ! On achève bien les chevaux !…
Nous, les emmurés vivants à perpétuité du Centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (dont aucun de nous ne vaut un Papon) nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous.
Assez d’hypocrisie ! Dès lors qu’on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l’issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toute que de nous voir crever à petit feu, sans espoir d’aucun lendemain après bien plus de 20 années de misères absolues. A l’inverse des autres pays européens, derrière les murs gris de ses prisons indignes « la République des Lumières et des libertés » de 2006 nous torture et nous anéantit tranquillement en toute apparente légalité, « au nom du peuple Français », en nous assénant en fonction du climat social ou à la faveur d’un fait divers ou encore d’échéances électorales, mesures répressives sur mesures répressives sur le fondement du dogme en vogue du « tout sécuritaire. »..érigé en principe premier supplantant tous les autres.
Qu’on se rassure : de nos jours, ici, même « les mauvaises herbes ne repoussent plus. » I1 n’y a que le noir et le désespoir De surenchères en surenchères : la machine à broyer l’homme a pris impitoyablement le pas.
A quoi servent les peines de sûreté qu’on nous inflige quand une fois leur durée dûment purgée on n’a aucun espoir de recouvrer la liberté ? (depuis l’année 2000 à la Loi Perben II de 2005- on a fait mine de s’appliquer à légiférer en instituant de nouvelles « juridictions de libération conditionnelle », seulement, comme hier le ministre de la justice, les juges d’aujourd’hui à l’oreille de l’administration nous opposent… refus sur refus, nous vouant à des durées de détention à la Lucien Léger).
Pourtant, sur « la finalité de la peine » l’État français, admettant que nous avons vocation de sortir un jour, et s’inscrivant dans le cadre des recommandations du Conseil de l’Europe, a posé pour principe s’étendant aux longues peines et aux (700) condamnés à perpétuité que : « L’exécution des peines privatives de liberté (…) a été conçue non seulement pour protéger la société et assurer la punition du condamné, mais aussi pour favoriser l’amendement de celui-ci et préparer sa réinsertion » ? En réalité : tout est au châtiment.
Combien d’entre nous – du moins pour ceux qui ne sont pas décédés depuis – ont déjà purgé plusieurs années au-delà même de leur peine de sûreté de 18 ans sans se voir présenter à ce jour une réelle perspective de libération ? Après de telles durées de prison tout rescapé ne peut que sortir au mieux sénile et totalement brisé. En pareil cas, qui peut vraiment se réinsérer socialement ? En fait, pour toute alternative, comme avant 1981, ne nous reste-t-il pas mieux à trouver plus rapidement dans la mort notre liberté ?
De surcroît, pour nous amener à nous plier à ce sort d’enterré vif, on nous a ces dernières années rajouté murs, miradors, grilles en acier et maintes autres contraintes. Le tout, pour faire taire toute velléité. assorti de « commandos » de surveillants casqués, armés et cagoulés, à l’impunité et aux dérives vainement dénoncées çà et là, dans l’indifférence générale (…n’en croyez rien : il y a ici une place pour vous et pour vos fils. C’est encore plus vrai que jamais à l’heure où l’on préfère supprimer à tour de bras dans les écoles du pays bien des postes d’instituteurs et d’éducateurs pour en lieu et place miser sur l’embauche de toujours plus de nouveaux policiers et surveillants de prison et en érigeant de nouvelles prisons et autant de QHS).
Aussi, parce qu’une société dite « démocratique » ne devrait pas se permettre de jouer ainsi avec la politique pénale visant à l’allongement indéfini des peines, selon la conjoncture, l’individu ou les besoins particuliers : À choisir à notre mort lente programmée, nous demandons à l’État français, chantre des droits de l’homme et des libertés, de rétablir instamment pour nous tous la peine de mort effective.
Clairvaux, le 16 janvier 2006
Soussignés, les susnommés ci-après du mouroir de Clairvaux : Abdelhamid Hakkar, André Gennera, Bernard Lasselin, Patrick Perrochon, Milivoj Miloslavjevic, Daniel Aerts, Farid Tahir, Christian Rivière, Jean-Marie Dubois et Tadeusz Tutkaj
Vous pouvez entendre dans cette émission la présentation du livre de Nicolas Da Silva « La bataille de la Sécu », qui a eu lieu à la librairie « la petite Denise » le 17 mai. Cette rencontre était organisée par la TRAME, association Crée en 2017 et située à Saint-Denis (93), la Trame est un lieu d’accueil, d’orientation et de soutien dans la communauté destiné à des personnes en souffrance psychique.
Nicolas Da Silva est maître de conférences en sciences économiques à l’université Sorbonne Paris Nord.
Nicolas Da Silva déclare que l’objectif de La bataille de la Sécu est de « faire la peau à l’État social1». Cette formule lapidaire à de quoi surprendre tant le sens commun associe, en France, la protection sociale ou le développement de la production de soins à l’intervention étatique. L’enjeu du livre, clairement exposé dès l’introduction et en partie contenu dans son titre, est a contrario, d’en finir avec cette confusion courante.
Nicolas Da Silva distingue ainsi les deux logiques antagoniques qui selon lui s’affrontent dans la genèse des institutions françaises de soins depuis 1789 : celle de l’État social né des guerres totales et celle de la Sociale, née de l’industrialisation et des résistances ouvrières à l’État. Ces deux formes de la protection sociales se distinguent notamment par la question du contrôle politique et la distribution du pouvoir au sein des institutions qui y participent.
Pour l’auteur, l’État-social, loin d’être la force de progrès à laquelle il est souvent identifié, se fait le soutien acharné du capital contre l’auto-organisation des travailleurs. Les politiques de réforme de la sécurité sociale menées depuis les ordonnances Jeanneney de 1967 jusqu’au plan Juppé de 1995-1996, correspondant à une reprise en main de la sécurité sociale par l’État, en seraient la preuve.
2 La perspective historique adoptée par Nicolas Da Silva (qui se revendique ici de l’économie politique) permet de rendre compte, dans le temps long, des dynamiques institutionnelles et sociales de la production de soins en France. Cette approche a également le mérite de sortir l’étude de la sécurité sociale du présentisme qui caractérise les débats ayant trait au système de santé.
L’auteur montre ainsi que les questions de déficit, de fraude, de financement par l’État, de liberté d’installation des médecins ou de l’efficacité des mutuelles sont débattues depuis au moins 1949 et depuis 1789 pour certaines d’entre elles. De plus, le recul historique dont fait preuve l’auteur dans cet ouvrage permet de mettre en lumière le caractère non-linéaire du développement de la protection sociale. Cette dernière n’est nullement caractérisée par une amélioration résultant de réformes successives, mais apparaît bien davantage comme un processus dialectique, marqué par des phases d’accélération et de recul, dans lequel des groupes sociaux s’affrontent pour imposer une certaine forme et un certain niveau de protection.
3 Après avoir proposé, dans un premier chapitre, un bref retour sur le mode de production féodal de soins et sa disparition à partir de la fin du XVIIIe siècle, l’auteur se concentre sur la mutualité. Il met en évidence la façon dont cette forme d’auto-organisation ouvrière est progressivement intégrée au mode de production capitaliste, notamment via le décret impérial de 1852. Les troisième et quatrième chapitres sont l’occasion pour Nicolas Da Silva de préciser l’origine de chacune des deux formes d’organisation de la protection sociale identifiées sur la période : la guerre totale pour l’État-social et la résistance à l’État pour la Sociale.
La Première Guerre mondiale marque en effet un tournant décisif du point de vue de l’implication de l’État dans l’économie en général et dans les questions de santé en particulier. La législation des années 1928-1930 sur les assurances sociales apparait comme une conséquence de ce changement de paradigme. La Résistance quant à elle, radicalement opposée à l’État vichyste, renoue avec les résistances ouvrières du XIXe siècle et constitue le creuset du régime général de sécurité sociale. Les cinquième et sixième chapitres sont consacrés à la reprise en main progressive de la sécurité sociale par l’État dans l’après-guerre et sa transformation sous le coup de réformes successives.
Le retour au pouvoir de De Gaulle en 1958 et l’avènement de la cinquième République constituent dans l’ouvrage des moments d’accélération de la mise au pas du régime général de sécurité sociale. D’une logique de besoins à financer via des hausses progressives de cotisations, la sécurité sociale passe progressivement à une logique de budget à ne pas dépasser. L’aboutissement de cette transformation est l’institution en 1996 des projets de lois de finance de la sécurité sociale (PLFSS), débattus et votés par l’Assemblée nationale. Le septième chapitre est consacré à la place du capital dans le système de soin français. Nicolas Da Silva montre comment la reprise en main de la sécurité sociale par l’État permet la croissance rapide du capital, à la fois dans le domaine des complémentaires santé, des cliniques privées et de l’industrie pharmaceutique.
Le dernier chapitre enfin revient sur l’épisode récent de la pandémie de Covid-19. L’auteur y chronique méticuleusement les errements des pouvoirs publics dans la gestion de la crise ainsi que l’accélération des logiques du capitalisme sanitaire que celle-ci induit. Si l’auteur n’hésite pas à prendre au sérieux l’expression de « guerre » employée par Emmanuel Macron et à la comparer à la guerre totale de 1914-1918, le parallèle nécessiterait toutefois de plus amples développements tant les situations historiques et les contextes diffèrent.
2 Nicolas Da Silva, « Mutualité et capitalisme entre 1789 et 1947 : de la subversion à l’intégration (…)
3 Bruno Valat, Histoire de la Sécurité sociale (1945-1967). L’Etat, l’institution et la Santé, Paris, (…)
4 Michel Dreyfus, « La CGT et la Sécurité sociale (1946-1961) », dans Elyane Bressol (dir.), La CGT d (…)
5 Frederick Cooper, Décolonisation et travail en Afrique. L’Afrique britannique et française, Paris, (…)
6 Michel Borgetto et Michel Chauvière (dir.), La protection sociale en France et au Maghreb. Regards (…)
4 Nourri des travaux antérieurs de Nicolas Da Silva sur l’industrialisation des soins ou l’histoire des mutuelles depuis le XIXe siècle2, l’ouvrage synthétise efficacement les travaux historiques les plus importants sur l’histoire de l’hôpital, de la médicalisation du pays ou encore de la participation ouvrière aux institutions de protection sociale3.
L’influence des travaux de Bernard Friot, auteur de la préface du livre, apparaît centrale dans cet ouvrage, notamment en ce qui concerne le moment 1946 et la création du régime général de sécurité sociale. Nicolas Da Silva insiste ainsi sur le caractère profondément conflictuel de la mise en place des institutions de protection sociale françaises au sortir de la guerre, rompant avec le mythe d’un unanimisme issu du programme du Conseil national de la Résistance.
Portée L’une des (nombreuses) qualités de l’ouvrage est ainsi de faire dialoguer de façon très féconde les analyses stimulantes de Bernard Friot sur le régime général avec l’historiographie plus traditionnelle de la protection sociale. L’auteur donne ainsi une véritable épaisseur historique à la thèse d’une rupture révolutionnaire en 1946.
Toutefois, comme le précise d’emblée Nicolas Da Silva, cette rupture n’est pas totale, et le régime général est aussitôt combattu par les mutualistes, le patronat, les syndicats chrétiens (et Force ouvrière à partir de 1947), les organisations de médecins, la haute fonction publique et l’ensemble des partis de la IVe République à l’exception du PCF et d’une partie de la SFIO. Si l’auteur met en évidence la « mobilisation ouvrière pour la Sociale » (p. 130) en 1946 en s’appuyant notamment sur le témoignage du secrétaire-général de la CGT Henri Raynaud, la question des luttes concrètes au sein des 124 caisses primaires reste au second plan.
L’histoire « par le bas » des luttes en faveur du régime général de sécurité sociale attend encore son historien·ne. Celle-ci serait d’autant plus utile que cette période fait l’objet de débats vigoureux. L’historien Michel Dreyfus conteste ainsi fortement le rôle joué par les communistes dans ces caisses et dans les instances de la Fédération nationale des organismes de sécurité sociale (FNOSS). Michel Dreyfus préfère insister sur les continuités entre le personnel des assurances sociales de l’entre-deux-guerres et celui de la sécurité sociale, et met en avant le caractère opportuniste du ralliement des communistes à cette nouvelle institution4.
Enfin, si l’auteur évoque le massacre de Sétif de 1945 et les guerres coloniales françaises, la « bataille de la Sécu » qui nous est proposée reste essentiellement hexagonale. Or, comme l’a bien montré l’historien Frederick Cooper, la question des allocations familiales et des accidents du travail ne se cantonne pas à la France métropolitaine, mais s’avère centrale dans les mouvements de travailleurs africains de l’Afrique occidentale et équatoriale française (AOF et AEF)5 de la fin des années 1940 et 1950.
Ces travailleurs réclament l’égalité des droits sociaux avec leurs homologues métropolitains, et notamment les droits conquis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C’est d’ailleurs à la suite de ces vastes mobilisations qu’est adopté en 1952 le Code du Travail d’outre-mer qui autorise, sous conditions, la création de caisses d’allocations familiales et de réparation des accidents du travail dans l’empire. Plus largement, la question de la protection sociale et de la production de soins en contexte impérial suscite depuis quelques années un intérêt réel6. Sans pour autant nuire au récit, la prise en compte de ces dynamiques impériales aurait tout à fait pu s’inscrire dans la démonstration globale élaborée dans l’ouvrage.
7 Bruno Amable, La résistible ascension du néolibéralisme. Modernisation capitaliste et crise politiq (…)
5Outre les travaux de Bernard Friot, l’autre apport théorique qui irrigue l’ouvrage de Nicolas Da Silva à partir du sixième chapitre est celui de « capitalisme politique », développé notamment par l’historien américain Gabriel Kolko. Utilisé pour rendre compte des actions d’un État au service du capital dans la seconde moitié du XXe siècle, ce concept permet à l’auteur d’expliquer comment la collusion entre les élites politiques et économiques françaises façonne le système de santé contemporain, notamment à partir de la seconde moitié du XXe siècle. Toutefois on s’interroge sur la distinction qui peut exister entre ce concept et celui, plus familier, de néolibéralisme, tel que par exemple décrit par Bruno Amable7.
6 Au travers de cet ouvrage d’une grande clarté, Nicolas Da Silva construit le récit vivant des luttes qui entourent le développement du système de protection sociale français ainsi que de la lutte obstinée que mène l’État social contre toute forme d’auto-organisation par les travailleurs. Mal connue du grand public, l’histoire de la protection sociale est fréquemment associée à une succession de réformes et d’ajustements techniques difficilement intelligibles pour le profane.
Nicolas Da Silva parvient cependant parfaitement à « apprivoiser le gorille » (p. 159) de l’histoire de la sécurité sociale et à restituer le caractère hautement politique des débats qui en émaillent le fil. L’ouvrage et son auteur participent ainsi pleinement des renouveaux théoriques et scientifiques qui traversent le champ des études en sécurité sociale et du système de santé. Ce livre constitue une ressource essentielle pour toutes celles et ceux qui souhaitent à la fois comprendre et mener la « bataille de la Sécu », bataille pour une institution sans laquelle il est légitime de se demander ce que nous serions d’autre « que ce balbutiement » (p. 294).
Le 15 avril 2023 dernier était organisé à la Parole Errante, le Festival des 30 ans de Fréquence Paris Plurielle. Lors de cet événement nous avons pu organiser plusieurs plateaux radio dans l’après midi et l’un d’eux concernait la lutte contre la réforme des retraites.
Nous vous proposons donc d’écouter cette émission d’ une heure et trente minutes, réalisée en direct et en public. Vous pourrez entendre les travailleurs grévistes du technicentre de Châtillon, des travailleurs des déchets de Ivry, et des lycéens de Hélène Boucher; en plus d’un certains nombres de reportages réalisés par notre collectif. Ce fut l occasion pour chacun de revenir sur la mobilisation et les modalités qu’elles ont prises depuis le début de ce mouvement, et d’aborder les perspectives de celui ci.
Le Chiffon est le premier trimestriel papier d’information critique à Paris et en Île-de-France. Local, engagé et indépendant, il n‘est affilié à aucun parti, syndicat ou association.
” Nous faisons le choix du journal papier parce que la fuite en avant dans le tout-numérique et la virtualisation de nos existences ne nous conviennent pas. Nous faisons le choix du temps long et du sensible dans le traitement de l’information afin de créer du commun : de communiquer.
Notre rive ? Celle des révoltes : contre un monde en totale déroute, contre des pouvoirs politiques et économiques inextricablement mêlés. « Agis en ton lieu, pense avec le monde », propose Édouard Glissant : nous le prenons au pied de la lettre.
Paris est dans une phase de grande transformation (2017-2024) : embourgeoisement galopant, développement techno-sécuritaire, construction à tout-va… avec l’horizon d’une compétition sportive mondiale aliénante : les Jeux Olympiques de 2024. Nous sommes dans une période historique déterminante où une information réfléchie, mûrie, critique, nous semble plus nécessaire que jamais.
C’est donc dans cette optique que nous écrivons depuis décembre 2019 Le Chiffon. Pour une vingtaine de pages de reportage, d‘enquêtes, de dessins, de photo, de BD, nous le vendons à un prix accessible : 4€. Dans nos colonnes, vous trouverez diverses formes journalistiques : du reportage, de l’enquête, de l’analyse, de l’entretien, des mots libres, sensibles et originaux. Nous accordons une place importante aux formats journalistiques parfois délaissés dans la presse traditionnelle : le photoreportage, le dessin de presse, la bande dessinée… parfois même des poèmes !
Entre deux publications, nous organisons des soirées pour discuter de nos reportages, échanger avec notre communauté lectrice et créer des rencontres, des débats sur les transformations qui s’opèrent dans nos quartiers et dans nos vies.”
Dans cette émission, nous sommes en direct avec une partie de l’équipe du Chiffon afin de pouvoir revenir ensemble sur leur projet.
Le 22 novembre 2022 la librairie libre ère, à Ménilmontant, avait invité NEDJIB SIDI MOUSSA pour présenter son ouvrage histoire algérienne de la France et c’est cette rencontre que nous vous proposons d’écouter dans l’émission de ce jour.
Docteur en science politique et enseignant, Nedjib Sidi Moussa est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Algérie, une autre histoire de l’indépendance (PUF, 2019) et la Fabrique du Musulman (Libertalia, 2017). Nous menons avec lui une longue discussion en trois parties à l’occasion de la parution de son nouveau livre, « Histoire algérienne de la France », aux Presses universitaires de France.
Reporters : La guerre civile algérienne, nommée pudiquement « La décennie noire », a divisé et les Algériens et aussi les Français. Vous expliquez dans le chapitre V de votre livre que le débat en France autour de ce sujet fut pratiquement impossible, particulièrement à cause du clivage entre les partisans des « réconciliateurs » et des « éradicateurs ». Pouvez-vous revenir sur l’identité politique de ces deux groupes ? Nedjib Sidi Moussa : Les « réconciliateurs » ont soutenu le contrat de Rome en 1995, comme le FFS, le PT et des partis islamistes, tandis que les « éradicateurs » l’ont rejeté, comme le RCD, Ettahadi ou l’ANR. Cet antagonisme, qui ne se réduit pas au clivage droite-gauche, mobilise des registres distincts, car il s’agit pour les premiers de faire respecter une certaine conception de la démocratie et, pour les seconds, de défendre une certaine idée de la république, en s’affrontant sur la façon d’appréhender l’islamisme. En raison des prolongements de la guerre civile algérienne sur le territoire français (attentats, réfugiés, etc.) mais aussi des liens de solidarité entre courants politiques des deux rives, cette polarisation se répercute dans le champ politico-médiatique hexagonal. Ainsi, cette séquence est incontournable pour comprendre la virulence des controverses françaises sur la question musulmane, dans la mesure où l’opposition entre « réconciliateurs » et « éradicateurs » se redéploie sur fond de « guerre contre la terreur » ou d’affaires du voile.
La fascination de certains intellectuels français pour les islamistes les a empêchés de voir en eux des hommes d’extrême droite musulmane. Un certain François Burgat parlait même d’une volonté d’achever la lutte de décolonisation dont les islamistes seraient les nouveaux hérauts. Comment expliquez-vous, d’un côté, cette fascination pour des intégristes musulmans et, de l’autre, la stigmatisation, voire l’incrimination, des dits éradicateurs, souvent qualifiés de « laïques » et jugés très peu « authentiques » sur le plan identitaire et religieux ? Nous avons là affaire à plusieurs phénomènes. Il y a d’abord quelque chose qui relève de ce que Maxime Rodinson a appelé la « fascination de l’islam » et qui nous avertissait, en 1980, « contre les soumissions des orientalistes aux idéologies dominantes de la société bourgeoise libérale, le remède n’est pas, si tentant qu’il soit, le recours aveugle aux idéologies qui les contestent. » Ce propos rejoint celui de Sadek Jalal Al-Azm qui a critiqué, en 1981, «l’ orientalisme à rebours » dans la revue Khamsin. Plus fondamentalement, les affrontements du champ politico-médiatique français au cours de la guerre civile algérienne ont illustré ce que Pierre Bourdieu désignait en 1979 à travers la loi des « cécités croisées » dans La Distinction. Enfin, le malaise des intellectuels ou militants de la gauche française repose sur une forme d’occidentalocentrisme car ils n’ont pas pris au sérieux leurs homologues issus du monde arabo-musulman qui, sans s’aligner sur les régimes autoritaires, ont caractérisé l’islamisme comme relevant de l’extrême droite, voire du « fascisme », même si le terme fait débat.
L’essor de la marche pour l’égalité en 1983 est suivi par des réactions racistes et xénophobes agitant les peurs autour d’une imminente « invasion migratoire » et la prétendue métamorphose inéluctable de la France en République « multiraciale ». Ces expressions du venin d’extrême droite, en quoi sont-elles liées à la centralité refoulée de la question algérienne en France ? Pourquoi le signifiant « Algérie » est toujours synonyme d’immigration, d’islam, de terrorisme, de guerre civile, etc. ? La marche pour l’égalité et contre le racisme, partie de Marseille le 15 octobre 1983, s’inscrit dans un contexte de violences, voire de crimes racistes qui ciblent tout particulièrement de jeunes hommes originaires d’Algérie et issus de familles ouvrières. D’ailleurs, un drame survient au cours de la marche et émeut l’opinion publique française, il s’agit du meurtre du jeune Habib Grimzi, défenestré le 14 novembre par des candidats à la Légion étrangère. L’hostilité provoquée par la visibilité des enfants de travailleurs immigrés renvoie au rejet d’une « France algérienne » par les partisans de l’« Algérie française ». En effet, pour l’extrême droite, la question de l’immigration est indissociable de la question algérienne. C’est explicite dans les déclarations des dirigeants du Front national comme Jean-Marie Le Pen mais cela se retrouve également dans Le Camp des saints, un roman de Jean Raspail paru en 1973 – ponctué de références à l’Algérie – et imaginant la « submersion migratoire » de la France, bien avant le triste succès de la théorie du « grand remplacement » de Renaud Camus.
A votre avis, la marche pour l’égalité permet-elle d’interroger la place des enfants de l’immigration algérienne en France et, par extension, la question des binationaux ? De quelle façon la France pourrait-elle accepter sa part algérienne ? Si, pour l’extrême droite, la visibilité des descendants d’ouvriers algériens apparaît comme étant problématique, il n’en est pas de même du point de vue de la gauche radicale, héritière de la lutte pour l’indépendance et engagée dans le combat contre le racisme ciblant les immigrés. La marche de 1983 est perçue favorablement par la gauche extraparlementaire car elle apporte un vent d’espoir dans une conjoncture marquée par la percée électorale du Front national lors des élections municipales, mais aussi par le « tournant de la rigueur » amorcé par le président socialiste François Mitterrand.
À l’heure des débats sur le « droit à la différence », mais aussi de la remise en cause du tiers-mondisme, cette nouvelle génération d’enfants d’immigrés interroge, d’une part, l’exclusivisme de nationalismes antagonistes qui prennent en tenaille cette population – notamment au regard du droit à la nationalité ou du service militaire – et d’autre part, tout en ayant l’Algérie au cœur, n’envisage son avenir qu’en France.
Le quatrième chapitre de votre livre est consacré à Klaus Barbie : qui était-il, ce client de Jacques Vergès ? Klaus Barbie est né à Godesberg en 1913. Il adhère aux Jeunesses hitlériennes à 20 ans, rejoint les SS en 1935 et devient membre du parti nazi deux ans plus tard. Durant la Seconde Guerre mondiale, il se distingue par son rôle dans la persécution des Juifs et la traque des opposants au nazisme. En 1942, il est nommé à la tête de la section IV de la Gestapo pour la région de Lyon. L’année suivante, il est responsable de l’arrestation du résistant français Jean Moulin qu’il torture en personne. Le « boucher de Lyon » poursuit sa sale besogne jusqu’à la fin du conflit en ordonnant, entre autres, la rafle de 44 enfants juifs réfugiés à Izieu. Dans le contexte de la guerre froide, ce criminel de guerre parvient à échapper à la justice en étant recruté par le contre-espionnage de l’armée américaine pour laquelle il met à disposition son expérience et fait valoir son anticommunisme. Il se réfugie en 1951 en Bolivie où il conseille les dictatures d’Amérique latine jusqu’à son extradition en France en 1983.
En défendant Klaus Barbie, Jacques Vergès a-t-il nié les principes de son anticolonialisme au nom d’une certaine surenchère qui, au nom de l’antisionisme, est allé jusqu’à l’adoption de thèses négationnistes – je pense notamment à Robert Faurisson et Roger Garaudy ? Il faut distinguer plusieurs niveaux pour comprendre ce qui se joue dans la défense de Klaus Barbie par Jacques Vergès, connu du public algérien pour sa défense de militants du FLN – dont Djamila Bouhired qu’il épouse –, en usant de la « stratégie de la rupture » qui n’a jamais fait l’unanimité chez les anticolonialistes. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il a été le défenseur des islamistes durant la guerre civile. Il l’a expliqué dans sa « Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires », parue en 1993, qui a suscité une réponse de Jean-Louis Hurst alias Maurienne – auteur du « Déserteur » en 1960 –, publiée dans « Courant alternatif » en 1994. De plus, « l’avocat de la terreur » était lié à François Genoud, milliardaire suisse nazi qui a géré à Genève les fonds du FLN pendant la révolution anticoloniale et qui a créé à l’indépendance la Banque arabe suisse d’Alger.
La plaidoirie de Jacques Vergès a été particulièrement perverse et traduisait la dérive la plus grave d’un certain anti-impérialisme perméable aux thèses négationnistes, en jouant sur un ressort aussi malsain que puissant, celui de la dénonciation du « deux poids, deux mesures ».
Quelle était la réception dans la presse algérienne du procès de Klaus Barbie ? A-t-elle accordé un soutien inconditionnel à Jacques Vergès ? Dans un contexte d’absence de liberté de la presse – nous sommes à l’époque du parti unique –, on assiste tout de même au naufrage d’une corporation, voire d’une génération, puisque les intellectuels et journalistes algériens qui s’expriment dans les médias autorisés expriment leur soutien à la rhétorique développée par Jacques Vergès et versent même, pour certains, dans l’antisémitisme le plus répugnant. Néanmoins, il faut souligner la déclaration courageuse de Hocine Aït Ahmed et Mohammed Harbi qui, dans la revue « Sou’al » publiée à Paris, ont sauvé l’honneur de la conscience algérienne en rappelant qu’en tant qu’anciens colonisés, leur place n’était pas du côté du bourreau nazi Klaus Barbie, mais de ses victimes juives, en invoquant un principe universel, celui des droits humains.
Propos recueillis par Faris LOUNIS, journaliste indépendant
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de l’entretien réalisé avec Fabienne Lauret en novembre dernier.
Entretien. Après la publication en 2018 du livre « L’Envers de Flins », Fabienne Lauret, ouvrière établie à Renault Flins à partir de 1972, s’est lancée dans une prolongation sous forme de BD.
Avec le scénario tiré du livre, les dessins, cette BD est une œuvre collective. Comment vous en est venue l’idée, comment l’avez-vous construite ?
Étonnamment, c’est venu très vite à la première présentation publique du livre le 10 février 2018 à la librairie La Nouvelle Réserve (Limay 78) : Philippe Guillaume, que je ne connaissais pas, emballé par le livre, est venu me proposer, en tant que scénariste de BD historiques et engagées de l’adapter ensemble en BD. Surprise et n’y connaissant pas grand-chose, mais curieuse de nature, j’ai vite accepté cette aventure qui s’est révélée passionnante, prenante et très enrichissante ! Un autre libraire indépendant nous a mis en contact avec la jeune Elena Vieillard, illustratrice, dont des membres de la famille avaient travaillé et milité chez Renault.Fabienne Lauret
Grâce aux connaissances de Philippe, nous avons trouvé un éditeur de BD, « la Boîte à bulles » en ayant un accord écrit de Syllepse, l’éditeur du livre, tout en gardant le titre initial (inversé). Dès 2019, le plan puis le synopsis très précis fut élaboré, mais il a fallu faire des choix parfois difficiles : passer des 300 pages du livre (notre boussole) à 130 pages de BD + 15 pages de volet documentaire — et respecter la demande de l’éditeur pour un récit plus personnel, tout en insérant un important passage inédit sur deux voyages militants en Pologne en 1980 et 1981.
Nous avons ensuite travaillé avec Philippe tous les mardis, à Mantes-la-Jolie, pour fournir entre deux et trois pages à Elena avec des indications écrites précises pour chaque case : le contexte, les dialogues et aussi les images ou les photos dont elle pouvait s’inspirer. Son dessin assez vif et dynamique, pas forcément réaliste pour les portraits, mais recherché pour le reste, nous a plu ! Notre travail a été ralenti notamment pendant la période du Covid, les vacances ou certains autres impératifs personnels. Le travail de corrections et de finalisation par Zoom avec l’éditeur a été très dense et très pointu, et le résultat final est chouette ! Il semble que la BD touche aussi un autre public, plus jeune, moins militant que pour le livre, de fait aussi relancé !
Pourquoi le « dialogue » avec les moutons ?
Il y a un passage dans le livre sur les moutons blancs ou bruns, remplaçant les jardiniers pour tondre des pelouses de l’usine. Philippe a eu la bonne idée de les introduire de temps en temps dans la BD comme des personnages naïfs me posant des questions qui pourraient aussi traverser l’esprit des lecteurs et lectrices. Ils peuvent être aussi un symbole d’une partie des salariéEs soumis au patron mais s’interrogeant sur leur sort et prêts parfois à se rebeller en sortant du rang de la soumission. Les moutons bruns ou noirs seraient plus rebelles, ce sont mes préférés !
« Établie », féministe, révolutionnaire, antiraciste, syndicaliste, quelle dimension te paraît la plus importante ?
De fait, je ne me suis pas sentie longtemps « établie », comme une pièce rapportée extérieure, mais assez vite comme ayant intégré cette usine tel un pays qu’on adopte et qui devient le nôtre : à 22 ans, ma position sociale pouvait facilement et naturellement être ouvrière syndicaliste révolutionnaire, d’autant que j’avais déjà en moi le féminisme et l’antiracisme. L’important est donc cette cohérence à mon avis indispensable, sur tous les fronts — ne pas oublier l’écologie déjà présente ! — contre le système exploiteur et destructeur qu’impose le capitalisme et son allié le patriarcat.
Même si tout ne fut pas « rouge » tout le temps, ton parcours semble se dérouler dans un autre monde, une tout autre époque. Tout est-il si lointain ?
Le récit s’étale sur plus de 40 ans d’engagement où les causes des luttes n’ont pas vraiment changé sur le fond, même s’il y a eu quelques avancées mais sans cesse remises en cause, que ce soit au niveau national ou plus local, lutte des classes oblige ! Le tournant des années 1980, avec la déferlante de la mondialisation néolibérale, avait déjà changé la donne. Certes, le droit à l’avortement a été obtenu, mais il est toujours menacé, les inégalités salariales persistent ainsi que les violences sexistes, les 35 heures de travail hebdomadaires sont sans cesse dévoyées, la précarité a explosé, le travail du samedi est redevenu quasi obligatoire, le travail à la chaîne ou très parcellisé n’a pas totalement disparu même s’il est plus robotisé ou externalisé, le racisme et les idées fascisantes fluctuent selon la tension économique et politique.
La modernisation de Renault est aussi une façade, une vitrine qui cache les reculs sur les statuts salariaux avec la prégnance des contrats précaires, les salaires moindres, les temps de trajet aussi longs. La baisse des effectifs passant de 22 000 salariéEs en 1972 à 3 000 aujourd’hui a certes entraîné une disparition des grands conflits sociaux faisant la une dans les années 1980 ou 1990, mais il y a toujours quelques résistances locales dans les ateliers.
Alors je comprends que ça puisse apparaître à certainEs comme une autre époque, un autre monde. En 1968, même si on faisait référence à 1936 qui nous semblait très lointain, comme une vieille page d’histoire sociale, il y avait un lien évident.
Pour ma part — et pour bien d’autres — ce n’est si lointain, car j’ai tout dans la tête et dans le cœur. L’exploitation capitaliste même « modernisée » est toujours là et les raisons ne manquent pas de s’y opposer au quotidien et de vouloir la renverser un jour !
Dans les présentations du livre et de la BD, qu’est-ce qui interpelle le plus le public ?
Pour le livre, il y a quatre ans, le public était souvent plus engagé, militant, syndicaliste, souvent un peu plus âgé. Comme c’était l’année des 50 ans de 1968, la question d’un long établissement en usine interpellait vraiment. Aux présentations, je préparais des extraits marquants du livre, choisis selon le public prévu, pour animer — parfois avec des copines lectrices — et relancer le débat : le premier jour à l’atelier de couture, ma première grève, le machisme « ordinaire », une grève marquante, le racisme à l’entreprise.
Pour la BD, avec Philippe mon co-auteur, nous rencontrons plus de jeunes : c’est souvent la découverte concrète du travail dans une grande usine qui étonne et aussi la résistance quotidienne au machisme ambiant. Le public est souvent plus jeune, assez féminin et féministe, et n’ayant pas forcément les mêmes références historiques (1968, le syndicalisme, les grandes grèves, le Comité d’établissement). On a aussi des questions sur le travail (énorme !) d’adaptation du livre en BD. Le dessin d’Elena plait mais nous n’avons pas encore pu le présenter avec elle.
Raconter tout ce parcours d’une autre façon, plus ramassée et ludique que le livre, nous paraît être une contribution utile pour la mémoire des luttes ouvrières et féministes.
Et si c’était à refaire ?
Si j’avais 21 ans aujourd’hui, je ne crois pas, d’autant que l’usine est quasi moribonde et puis ce n’est pas la même période d’engouement de l’après 68, même s’il parait que quelques jeunes militantEs s’établissent, peut-être plutôt dans les services que dans les usines ?
En tout cas, à 72 ans, je n’ai absolument aucun regret d’avoir vécu tout cela, d’avoir participé à toutes ces luttes, d’avoir découvert et aimé des personnes formidables, qui m’ont soutenue lors du terrible harcèlement moral au CE. Et surtout j’y ai rencontré en 1980 mon compagnon Jamaà et nous avons un fils !
Les luttes ne manquent pas où je peux m’investir : avec mon syndicat Solidaires 78, un groupe féministe local et sa chorale, l’antiracisme et le soutien aux sans-papiers, des combats écologiques, encore un peu dans l’altermondialisme. Et depuis quelque temps, je me suis rapprochée d’un courant communiste libertaire qui entretient ma réflexion politique en plus des journaux du NPA !
Pour fêter ses 20 ans, la librairie parisienne Quilombo proposait, du 16 au 19 novembre 2022, plusieurs débats avec un programme de rencontres en compagnie de personnes et de maisons d’édition que la librairie estime, et autour de thèmes qui leur sont chers.
Dans l’émission de ce jeudi 8 décembre 2022, nous vous proposons l’écoute de la rencontre du samedi 19 novembre 2022 avec François Jarrige, auteur de On arrête (parfois) le progrès. Histoire et décroissance (L’échappée) et Nicolas Bérard, auteur de Ce monde connecté qu’on nous impose. Le comprendre et le combattre (Le Passager clandestin). Thème du débat LA TECHNO CRITIQUE : SON HISTOIRE ET SA PRATIQUE
Alors que l’expansion indéfinie nous conduit à l’abîme et que l’artificialisation du monde s’intensifie, des bifurcations restent possibles. Et elles sont vitales. À travers la parution de ses deux ouvrages résolument techno critiques, nous verrons que, de temps en temps, on peut arrêter le progrès.
Après le capitalisme commercial au XVIe siècle, le capitalisme industriel au XIXe et le capitalisme financier à la fin du XXe siècle, voici le capitalisme philanthropique qui, tout en se disant humaniste, applique les stratégies du capitalisme financier à la pauvreté, l’éducation, le social, le sport… bref, à tous ces liens qui fondent une société.
Pourquoi ceux qui ont le plus contribué à casser l’économie réelle sont-ils ceux qui, quelques années plus tard, prétendent résoudre la question sociale ? Parce qu’ils estiment que le marché de la pauvreté représente entre 5 000 et 13 000 milliards de dollars par an, soit plusieurs dizaines de fois le marché du luxe.
Les grandes entreprises et leurs fondations, les fonds d’investissement, les start-ups sociales, mais aussi des États et des associations internationales élaborent un hold-up sur le marché de la pauvreté – détournant le sens de mots tels émancipation, environnement, écosystème, coopération, intérêt général – et s’allient pour augmenter leur pouvoir au risque d’accroître toujours plus les inégalités et tuer le lien social.
Le 16 novembre 2022 Jean-François DRAPERI, fondateur et ancien directeur du Centre d’économie sociale Travail et société, présenter son ouvrage Ruses de riches: Pourquoi les riches veulent maintenant aider les pauvres et sauver le monde à la Médiathèque Françoise-Sagan dans le 10eme arrondissement de Paris.
Partant d’une vraie question : pourquoi ceux qui ont le plus contribué à casser l’économie réelle sont-ils ceux qui, quelques années après, prétendent résoudre la question sociale ?, ce livre ne critique évidemment pas la sincérité des projets des start-ups sociales, mais il nous alerte sur l’un des nouveaux visages du capitalisme pour que nous ne participions pas involontairement à une idéologie que nous réprouvons profondément. Exemples à l’appui, il rappelle qu’il existe depuis longtemps des alternatives efficaces, fondées sur un autre modèle que les riches combattent. Et si l’on osait se passer des riches?
Cette émission retransmet l’intervention de Nadia Menenger notre animatrice à L’actualité des luttes au sujet de son livre : “La liberté ne se mendie pas” qui retrace la création de L’Envolée. C’était cet été aux rencontres pour l’émancipation du Maquis. Bonne écoute !
Olivier Cueto est mort le 28 mars 2020 à Paris, à l’âge de 60 ans. Jusqu’au dernier jour, il aura dégusté la vie avec une insatiable curiosité et une énergie remarquable. Titulaire d’une agrégation de lettres qui lui aurait permis de faire une carrière d’enseignant bien rétribué, il a préféré parcourir les sentiers interdits de l’illégalisme libertaire. Il laisse de nombreux textes, notamment ceux qu’il a écrits ou coécrits pour le journal anticarcéral L’Envolée, qu’il a cofondé et longuement animé. Ce sont ces écrits de combat – reflets de ses réflexions, de son expérience et de son engagement – que ce livre se propose de partager.
Se plonger à nouveau dans les textes publiés dans L’Envolée au cours des années 2000 permet de retracer le virage sécuritaire de l’État, qui s’accentua alors extrêmement. Les lires ainsi recueillies permet de mieux comprendre comment, petit à petit, le discours dominant a assimilé la « délinquance » à une maladie qu’il convient de dépister et de traiter avec une sévérité toujours accrue – puisque ainsi réduite à un dysfonctionnement individuel ou familial qui serait sans lien, ou peu s’en faut avec le fonctionnement profondément inégalitaire de la société dans son ensemble. Il est devenu inutile, presque incongru, de se pencher sur ses causes sociales, économiques et politiques afin de prendre ce problème à la racine : circulez, y a rien à voir. Les « inadaptés » n’ont qu’à bien se tenir…. Ces textes contribueront à éclairer, à cet égard, les esprits engourdis par quarante ans de régression sociale.
Les auteurs Olivier Cueto a maintes fois collaboré aux travaux éditoriaux de l’Insomniaque : il a notamment contribué très activement à rassembler les Écrits du cambrioleur anarchiste Alexandre Marius Jacob. Il a aussi collaboré à l’anthologie Au pied du mur, qui présentait en l’an 2000 « 765 raisons d’en finir avec toutes les prisons ». Il nous a donc semblé naturel de lui rendre cet hommage posthume, tout en perpétuant de la sorte la mémoire des luttes anticarcérales de la première décennie du millénaire.
Nadia Menenger a déjà publié, toujours sur le thème de la prison et de la résistance à l’enfermement, le livre de Thierry ChatbiÀ ceux qui se croient libres, paru chez L’insomniaque en 2015.
Le 6 octobre 2022, la Librairie “De Beaux Lendemains” situé à Bagnolet recevait Paul Rocher, pour son dernier ouvrage : Que fait la police ? Et comment s’en passer. Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une grande partie cette rencontre.
“Omniprésente dans les rues comme dans le débat public, la police soulève davantage de questions qu’elle ne semble pouvoir en résoudre.
En mobilisant les études disponibles et en confrontant les chiffres, Paul Rocher réfute dans ce livre les présupposés au fondement du mythe policier d’une institution sans doute imparfaite, mais nécessaire, au service de toute la société dont elle ne ferait que refléter les travers.
Non, la police n’empêche pas le crime, et l’emprise policière croissante sur la société n’a pas d’autre fondement que la réorganisation autoritaire du pays et le maintien d’un ordre inégalitaire. Toute l’histoire de l’institution révèle sa nature violente, sa fidélité à l’ordre établi – et dément l’idée de son « dysfonctionnement ».
Peut-on pour autant se passer de police ? En s’inspirant des exemples sud-africain et nord-irlandais, où les habitants ont expérimenté des formes de gestion des conflits indépendantes de l’appareil d’État, Paul Rocher dégage les voies possibles d’un monde sans police.”
Paul Rocher est économiste et diplômé en science politique de Sciences-Po Paris. Il est l’auteur de “Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l’arme non-létale” (La fabrique, 2020).
Cet été, durant les rencontres pour l’émancipation, qui se déroulaient sur la commune du Maquis près de Minerve, s’est tenue une présentation du livre « Ventre à louer », pour une critique féministe de la GPA, animée par Ana-Luana Stoicea-Deram. Les influents et riches promoteurs du marché de la reproduction humaine œuvrent sans relâche à valoriser et à faire légaliser la vente d’enfants par des mères porteuses. Pourtant, la GPA (gestation pour autrui), produit de la techtechnicisation et de l’artificialisation des rapports humains parfois affublé d’un ersatz de terminologie féministe. La GPA implique un triple sacrifice : celui que la mère fait d’elle-même, celui de l’enfant et celui de l’égale dignité des êtres humains. Au delà des intérêts d’une infime partie de la population, la GPA pose une question qui nous regarde tous et toute ; dans quelle monde voulons nous vivre. C’est à cette question que cette modeste présentation tente de répondre.
Si l’idéologie ultralibérale considère la vente de leurs capacités de reproduction comme un droit des femmes, ce livre montre qu’il s’agit plutôt d’une déshumanisation relevant du néopatriarcat. Celui-ci donne aux femmes le choix de subir des violences médicales, psychologiques et économiques, et transforme l’enfant en objet de fabrication et de transaction marchande, lui niant ainsi le statut de sujet. Cette conviction anime l’ensemble des contributrices et contributeurs : universitaires, journalistes, pionnières et militantes de la lutte pour les droits des femmes, des lesbiennes et des homosexuels. La diversité des approches – théorique, historique, politique, scientifique et linguistique – et la variété des origines géographiques – nécessaire car il s’agit d’un commerce mondial – permettent une appréhension critique globale et approfondie de la GPA, faisant de ce livre une référence pour comprendre l’industrialisation de la fertilité humaine et le danger des forces du marché.
CONTACT : Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution 37 Avenue Pasteur 93100 Montreuil, Email :abolition.gpa@gmail.com
La Charte : La maternité de substitution, dite « Gestation Pour Autrui » (GPA), pratiquée dans divers pays, est une mise à disposition du corps des femmes pour donner naissance à des enfants qui seront remis à leurs commanditaires.
Loin de n’être qu’un geste individuel, cette pratique sociale est mise en œuvre par des entreprises de reproduction humaine, dans un système organisé de production, incluant des laboratoires, médecins, avocats, agences etc. Ce système a besoin de femmes en tant que moyens de production de sorte que la grossesse et l’accouchement deviennent des processus fonctionnels dotés d’une valeur d’usage et d’une valeur marchande et s’inscrivent dans le cadre de la globalisation des marchés du corps humain.
Là où aucune loi ne le protège, le corps des femmes est requis comme ressource pour l’industrie et les marchés de la reproduction. Certaines femmes consentent à s’engager dans un contrat qui aliène leur santé, leur vie et leur personne, sous des pressions multiples : rapports de domination familiaux, sexistes, économiques, géopolitiques.
Enfin, la maternité de substitution fait de l’enfant un produit avec valeur d’échange, de sorte que la distinction entre la personne et la chose s’en trouve annulée. Le respect du corps humain et l’égalité entre les femmes et les hommes doivent prévaloir sur les intérêts particuliers.
En conséquence, au nom des droits de la personne humaine, Nous, signataires de la Charte:
dénonçons l’utilisation des êtres humains dont la valeur intrinsèque et la dignité sont éliminées au profit d’une valeur d’usage ou d’une valeur d’échange,
refusons la marchandisation du corps des femmes et des enfants,
appelons la France et les autres pays européens à respecter les conventions internationales de protection des droits humains et de l’enfant dont ils sont signataires, à s’opposer fermement à toute forme de légalisation de la maternité de substitution sur le plan national ou international.
Nous les appelons en outre, au nom de l’égale dignité de tous les êtres humains, à agir avec fermeté pour faire abolir cette pratique au niveau international, notamment en promouvant la rédaction, l’adoption et la mise en œuvre efficace d’une convention internationale d’abolition de la maternité de substitution.
Membres actif.ves et associé.es de la coalition
CoRP (Collectif pour le Respect de la Personne). Association co-fondatrice de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution – FRANCE collectif-corp.com
CQFD Lesbiennes féministes. Association co-fondatrice de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution – FRANCE cqfd-lesbiennesfeministes.org
CADAC – Collectif des Associations pour l’Avortement et la Contraception. Association co-fondatrice de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution – FRANCE
L’Assemblée des Femmes. Association co-fondatrice de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution – FRANCE assembleedesfemmes.com
Depuis 2009, notre émission existe sous un format quotidien originellement 1h30 puis d’une heure. Au fil des années, nos formats ont changés, se sont diversifiés, et notre équipe aussi. Toujours en collectif et en contact avec le terrain, une chose reste sure : nous sommes un média politique de lutte qui travaille en acte et en collaboration avec les acteurs des luttes, une critique radicale de la société. De notre coté pas de partis politiques ni de spécialistes, mais une parole partagée, engagée et égalitaire.
Ainsi, pour notre première émission direct de l’année 2022-2023, et comme notre à notre habitude, nous démarrons avec un direct de présentation de notre émission : son éditorial, ses membres, son fonctionnement et ses envies. Vous pourrez aussi entendre plusieurs medleys de reportages que nous avons réalisés au fil des années.
Nous continuerons donc d’émettre du lundi au vendredi sur Fréquence Paris Plurielle toute cette année hors période scolaire où nous établissons un programme de rediffusion.
N’hésitez pas à écouter notre cette émission et notre travail car si le coeur vous en dit, nous nous réunissons hebdomadairement à La Cantine des Pyrénées 77 rue de la mare 75020, et nous serions ravi-e-s de vous y rencontrer.
Le mouvement révolutionnaire naxalite, basé dans les forêts du centre et de l’est de l’Inde, est en guerre depuis 50 ans contre l’État indien. Ces hommes et ces femmes qui combattent dans les rangs des naxalites, que les médias présentent comme un groupe terroriste sanguinaire, sont des membres des basses castes et des communautés tribales, allié·es à des rebelles héritiers du marxisme-léninisme pour opposer aux grands projets d’infrastructure une vision du monde égalitaire et communautaire.
En 2010, l’anthropologue Alpa Shah enfile un treillis et s’embarque pour une randonnée de sept nuits avec une escouade, parcourant 250 km à travers les forêts denses et accidentées de l’est de l’Inde.
Alpa Shah est chargée de cours en anthropologie à la London School of Economics. Pour son terrain de thèse, elle a vécu plus de trois ans dans un village tribal d’une région pauvre de l’est de l’Inde, le Jharkhand. De quoi forger une complicité avec les villageois·es qui lui a ouvert la voie vers la guérilla. Elle a publié In the Shadows of the State (2010) et co-écrit Ground Down by Growth, Tribe, Caste, Class and Inequality in 21st Century India (2017). Elle a réalisé pour la BBC le documentaire « India’s Red Belt ».
À l’occasion de sa venue en France, Alpa Shah présenta son livre : Le livre de la jungle insurgée. Plongée dans la guérilla naxalite en Inde (éditions de la Dernière lettre) le 1er juin dernier à la librairie Quilombo et c’est de large extrait de cette présentation que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.