Vous allez entendre la présentation du livre de Mathieu Bellahsen paru le 31 août aux éditions Libertalia. La politique d’invisibilisation, de déshumanisation, d’enfermement, d’isolement et de contention est une logique qui dépasse largement le secteur psychiatrique. Sous couvert de réduction budgétaires, de gestion performante, elle colonise nos cerveaux et nos pratiques.
La lecture du livre de Mathieu Bellahsen ; Abolir la contention, est un bon moyen pour interroger nos réflexions et nos actes en se nourrissant des nombreux exemples de résistances qui y sont décrits.
« Quoi qu’on en dise, attacher une personne à un lit n’a jamais été et ne sera jamais thérapeutique. La contention est un contrôle physique témoin d’un corps-à-corps brutal qui touche en premier lieu l’intégrité des psychiatrisé·es. La contention est le symptôme du système contentionnaire, réagencement de l’univers asilaire à l’heure de la e-santé mentale et de ses promesses virtuelles.
Là comme ailleurs, la dématérialisation annoncée s’accompagne de matérialités renforcées. Moins de relations humaines, c’est plus de sangles et de contraintes. Le système contentionnaire a sa mécanique d’entraves. Contention du corps social par l’imaginaire sécuritaire. Contention des soins par des pratiques sans âmes, « cérébrologiques ». Contention du langage par des euphémisations, des banalisations, des renversements des mots et du sens. Contentions financière et législative adaptées au corsetage néolibéral.
Rompre le silence et les complicités autour de la contention est une nécessité pour ne plus laisser le sadisme ordinaire et les abus s’instituer au grand jour comme si de rien n’était. Abolir la contention est une première brèche dans le système contentionnaire. Notre expérience en témoigne. Il est possible de ne pas attacher. Il est possible, collectivement, de faire autrement, que ce soit au niveau des pratiques que dans la société. »