La gestion sanitaire de la covid-19

Illustration La Quadrature du Net

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur la gestion de la covid-19, en compagnie de Mathieu Amiech, membre du collectif écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies).

Texte publié en mai 2020

Du point de vue sanitaire, l’épidémie de Covid-19 mettra du temps à livrer tous ses mystères. Le brouillard qui entoure l’origine de la maladie, sa diffusion et sa létalité ne pourra se dissiper que lorsqu’elle cessera de frapper dans autant de pays à la fois. A ce jour, personne n’a l’air de savoir quand une telle accalmie se produira. D’ici là, pour continuer de vivre, nous ne devons ni sous-estimer, ni surestimer cette épidémie en tant que telle.

Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher. Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement.

Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du Covid-19.

« Restez chez vous »… sur Internet

Dès les premiers jours du confinement, il était clair qu’une des conséquences sociales immédiates de la pandémie, en Espagne et en France, serait la radicalisation de notre dépendance à l’informatique. Au train où allaient les choses, il semblait pourtant difficile d’accélérer ! Mais avec l’enfermement au domicile, pour beaucoup, les écrans deviennent un mode quasi-exclusif d’accès au monde ; le commerce en ligne explose, et même l’organisation de réseaux d’approvisionnements locaux en légumes et produits frais passe souvent par des sites Internet ; la consommation de jeux vidéo s’envole ; le nombre de consultations de « télémédecine » montent en flèche (alors qu’elles n’apportent rien de plus en général qu’une conversation téléphonique) ; la « continuité pédagogique » se fait aussi par ordinateur, au mépris de toutes les recommandations médicales de limiter l’exposition des enfants aux écrans ; et des millions de personnes se retrouvent à travailler chez elles – non plus « métro-boulot-dodo », mais directement « du lit à l’ordi ».

Les grands médias ne voient en général rien d’inquiétant à cette réduction de toutes les activités humaines à une seule. Au contraire, ils applaudissent d’autant plus les initiatives de solidarité qu’elles passent par un site, une plateforme, un groupe sur messagerie… Ils encouragent tout un chacun à se résigner au fait de prendre l’apéritif seuls-ensemble [1], « par » Skype, et trouvent même des croyants ravis de communier pour Pâques par écrans interposés.

A cette campagne incessante de promotion de la vie numérique ne répond aucune alarme dans le débat d’idées : l’informatisation totale ne semble un problème pour personne. Des journalistes, des économistes, des hommes d’État, des deux côtés des Pyrénées, nous serinent qu’il faudra à l’avenir ne pas rester si dépendants de l’industrie chinoise pour les médicaments, le textile, etc. ; mais leur souci d’indépendance nationale les amène rarement à se préoccuper du fait que le secteur du numérique tout entier repose sur les mines et les usines asiatiques, souvent de véritables bagnes industriels qu’il est très difficile d’imaginer « relocaliser ». D’autres voix s’élèvent, qui ne s’en tiennent pas à la critique de la mondialisation des échanges, et réclament un changement profond de « notre modèle de développement ». Mais elles éludent la place centrale du numérique dans ce modèle, et ne signalent pas que rien ne pourra changer en matière de précarisation sociale et d’écologie si nous continuons de tout faire par Internet.

Le président Macron, quant à lui, se permet de faire des allusions répétées au programme du Conseil national de la Résistance et à son esprit de compromis social ; mais dans les faits, le projet de conversion de la France en start-up nation n’est nullement en pause, au contraire il connaît un grand bond en avant. Cette nouvelle ère de travail sans contact permet de compléter l’offensive contre les salariés entamée bien avant le coronavirus : suppression massive de postes au profit d’applications, de plateformes et de robots ; réduction du travail relationnel au profit de réponses automatisées pilotées par algorithmes ; perte de sens du travail supplanté par d’absurdes routines bureautiques ; exploitation accrue, et affaiblissement des capacités de résistance des salariés, de plus en plus isolés les uns des autres.

Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres. Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen.

« La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIe siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût (…) Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être rétrospectivement comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société [de services] » [2]. Cette analyse de bon sens n’est pas le fait d’un contempteur du néolibéralisme, en colère contre les choix politiques faits depuis quarante ans sous la pression des milieux d’affaires. Elle est d’un économiste de centre-gauche, participant au Conseil de surveillance du journal Le Monde. Elle suffit à comprendre que si « stratégie du choc » [3] il y a, dans le contexte actuel, elle se trouve en bonne partie sous nos yeux, dans ce surcroît de numérisation de la vie domestique et économique. Il nous semble juste de parler de stratégie du choc numérique, au sens où la crise sanitaire crée l’occasion de renforcer la dépendance aux outils informatiques, et de déployer des projets économiques et politiques pré-existants : enseignement à distance, recours massif au télétravail, « e-santé », Internet des objets et robotisation, élimination de l’argent liquide au profit de la monnaie électronique, promotion de la 5G, smart city… On peut aussi faire figurer dans ce tableau les projets de suivi des individus par leur smartphone, au-delà de ce qui se pratiquait déjà en matière de surveillance policière, de marketing, ou de rencontres amoureuses par applications dédiées. Ainsi le risque n’est-il pas seulement que les choses restent « comme avant », mais qu’elles empirent nettement.

Quand la Chine s’éveille en nous ?

Il est à peu près acquis que plusieurs gouvernements européens vont mettre en place de nouveaux dispositifs de surveillance par smartphone, en contrepartie de la sortie, ou du relâchement, du confinement. Alors qu’à la peur de tomber malade s’ajoute la lassitude et l’impossibilité économique de rester confinés pendant des mois, c’est un véritable chantage auquel les populations sont soumises.

Prenons la mesure de l’imposture : dans un contexte de pénurie grave des moyens ordinaires pour lutter contre la contagion (trop peu de masques et de blouses à l’hôpital, manque de soignants et de lits à l’hôpital et en dehors, peu de tests), on nous propose à la place un gadget de science-fiction, les applications de détection électronique de la transmission du coronavirus. Aucune annonce claire n’est faite dans le sens d’un soutien financier massif et structurel aux hôpitaux publics pour faire face à une crise qui va durer ; par contre, on s’apprête à franchir un nouveau cap dans la traçabilité systématique des déplacements et des relations sociales – au moins, dans un premier temps, pour ceux qui l’acceptent. Les résultats sanitaires sont plus qu’incertains ; les conséquences politiques, elles, ne font pas de doute.

Car le fait de se savoir tracé en permanence est source de conformisme et de soumission aux autorités, même quand on ne vit pas sous une dictature [4]. Les éléments de langage gouvernementaux assurent que les informations données par les applications de traçage des personnes porteuses du Covid-19 seront anonymisées puis détruites, mais il suffit de lire les mémoires d’Edward Snowden à propos de la surveillance électronique pour voir que ce genre de garantie ne tient pas [5]. Qui plus est, un coup d’œil à l’histoire récente des technologies montre qu’il n’y a pratiquement jamais de retour en arrière avec les dispositifs liberticides introduits en temps de crise : si elles sont mises en œuvre à grande échelle sous l’égide de l’État, les applications de traçage resteront, et il sera difficile d’en empêcher l’extension à toute la population. Pensons au fichage ADN, introduit à la fin des années 1990 suite à une série de meurtres à caractère sexuel et dont les ministres de l’époque juraient qu’il resterait toujours limité aux grands criminels – de nos jours, il est devenu quasi-automatique, quand on est arrêté pour être resté un peu tard en manifestation. Pensons aussi, tout simplement, que nous n’avons aucune idée de la durée de l’épisode épidémique où nous sommes entrés début mars – six mois ? trois ans ? bien plus ?

En tous cas, cet épisode est marqué par l’idée que l’efficacité, en matière de lutte contre les coronavirus, serait à chercher du côté de l’Asie en général et de la Chine en particulier. En France, médias et politiques portent plutôt leur regard vers la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour, dont l’hyper-modernité technologique n’est pas associée (à tort ou à raison) au despotisme politique. En Espagne, par contre, le début de la crise sanitaire a vu la presse dominante se demander ouvertement si la « démocratie » n’est pas un fardeau qui condamne à l’inefficacité, tandis que de vieux politiciens « libéraux » faisaient part de leur admiration pour l’autoritarisme chinois high tech : géolocalisation des téléphones mobiles, systèmes de notation sociale alimentée par les données recueillies en permanence sur les citoyens avec Internet, reconnaissance faciale, usage de drones pour surveiller et sanctionner la population. C’est un des éléments du tournant que nous vivons peut-être : nous avons été habitués depuis des décennies à lire notre avenir dans les évolutions de la société nord-américaine, et tout à coup, c’est la Chine post-maoïste qui semble devenir notre horizon – elle qui fait un usage véritablement décomplexé des innovations de la Silicon Valley.

La surenchère technologique ne peut que nourrir les effondrements écologiques et sanitaires

Pour l’heure, le recours par les autorités politiques européennes aux applications de traçage des smartphones pour traquer la Covid-19 relève d’une forme de bluff [6]. C’est une mesure d’accompagnement psychologique, pour donner l’impression qu’elles agissent, qu’elles peuvent quelque chose, qu’elles ont des idées pour maîtriser la situation. Alors qu’il est manifeste qu’elles ne maîtrisent rien, en tout cas dans des pays comme les nôtres ou comme l’Italie. Par contre, dans toute l’Europe, elles emboîtent le pas aux milieux d’affaire qui réclament la reprise du travail et la relance de l’économie ; il est donc d’autant plus urgent de sortir des « applis » magiques de leurs chapeaux, puisqu’elles n’ont visiblement rien d’autre à leur disposition pour protéger les populations.

Des dispositifs comme la géolocalisation électronique servent en fait à assurer le maintien d’une organisation sociale pathologique, tout en prétendant limiter l’impact de l’épidémie que nous connaissons aujourd’hui. Le traçage du coronavirus vise à sauver (momentanément) un type de monde où l’on se déplace beaucoup trop, pour notre santé et celle de la Terre ; où l’on travaille de plus en plus loin de chez soi, en côtoyant au passage des milliers de gens qu’on ne connaît pas ; où l’on consomme les produits d’un commerce mondial dont l’échelle exclut toute régulation morale. Ce que les promoteurs de la géolocalisation cherchent à préserver, ce n’est donc pas d’abord notre santé, ni notre « système de santé » : c’est la société de masse. C’est même une société de masse renforcée, au sens où les individus qui la composent seront encore plus esseulés et renfermés sur eux-mêmes, par la peur et par la technologie.

Alors que la pandémie actuelle devrait nous inciter à transformer radicalement une société où l’urbanisation galopante, la pollution de l’air et la surmobilité peuvent avoir des conséquences aussi incontrôlables, le déconfinement géré par big data menace de nous y enfoncer un peu plus. L’émergence de la Covid-19, comme celle des autres grands virus depuis l’an 2000, est reliée par de nombreux chercheurs à la déforestation qui oblige beaucoup d’espèces animales à se retrouver en contact imprévu avec les humains. D’autres mettent en cause les élevages intensifs concentrationnaires, arrosés d’antibiotiques mutagènes. Dire que la réponse à la Covid-19 doit être technologique (comme Stéphane Richard, le PDG d’Orange dans Le Monde du 1er avril), c’est poursuivre la fuite en avant dans une logique de puissance et de maîtrise illusoire de la nature, dont la crise écologique nous montre chaque jour l’échec. L’impact de l’industrie numérique sur les écosystèmes est déjà intenable. Elle a créé une ruée sur les métaux qui dévaste les zones les plus préservées de la planète. Elle s’appuie sur une industrie chimique particulièrement polluante et engendre des montagnes de déchets. Du fait de la multiplication des data center et de l’augmentation permanente du trafic Internet, elle fait carburer les centrales électriques et émet autant de gaz à effet de serre que le trafic aérien [7].

Qui plus est, le mode de vie connecté est globalement nocif pour notre santé. Addictions, difficultés relationnelles et d’apprentissage chez les plus jeunes, mais aussi électro-hypersensibilité : l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) estime ainsi à 3,3 millions le nombre de Français qui disent en souffrir (soit 5 % de la population), et affirme la nécessité d’importantes recherches pour comprendre comment ces souffrances se déclenchent et s’amplifient [8]. Ajoutons à cela les doutes qui entourent le caractère cancérogène des ondes électromagnétiques artificielles, considéré comme possible par l’OMS. Les liens établis entre tumeurs au cœur (chez des rats) et ondes 2G/3G par le National Toxicology Programm américain en 2018 [9] ne font pas l’objet d’un consensus scientifique, mais le doute est toujours à décharge pour les industriels de la téléphonie mobile : il sert de justification à la fuite en avant, jamais au principe de précaution.

D’ailleurs, au premier rang de la stratégie du choc menée par le gouvernement français figure l’installation simplifiée des antennes-relais, contestées par tant de riverains et d’associations, notamment pour motifs de santé. La loi d’urgence du 25 mars 2020 permet leur déploiement sans l’accord de l’Agence nationale des fréquences. Dans le même temps, l’explosion du trafic Internet lié au confinement justifie la poursuite du déploiement du réseau 5G – c’est en Italie que les choses s’accélèrent le plus [10]. Alors que des scientifiques et des citoyens du monde entier s’y opposent depuis plusieurs années, la presse rabat les inquiétudes qui s’expriment à ce sujet, en différents endroits du monde, sur des thèses improbables reliant la propagation de la Covid-19 aux ondes 5G. Les Gafam vont jusqu’à envisager ces derniers jours de supprimer de nombreuses publications en ligne qui alarment sur les effets de cette nouvelle étape dans l’intensification des champs électromagnétiques artificiels. Or, ces alarmes sont souvent parfaitement légitimes : d’une part parce que déployer, sans en connaître les effets, une source de pollution électromagnétique au moins deux fois supérieure à celle de tous les réseaux déjà existants est une aberration du point de vue du principe de précaution ; d’autre part parce que le danger le plus avéré du réseau 5G est qu’il doit servir d’infrastructure à la prolifération des objets connectés, des voitures automatiques et, globalement, d’une société hyperconsumériste dont les effets sociaux et écologiques sont intenables.

Arrêter l’escalade

Bref, les technocrates du monde entier prétendent nous préserver du coronavirus aujourd’hui, en accélérant un système de production qui compromet déjà notre survie demain matin. C’est absurde, en plus d’être voué à l’échec.

Nous n’avons pas besoin de technologies qui nous déresponsabilisent en disant et décidant à notre place où nous pouvons aller. Ce dont nous avons besoin, c’est d’exercer notre responsabilité personnelle, pour pallier les défaillances et le cynisme des dirigeants. Nous avons besoin de construire par le bas, avec l’aide des soignants, des règles de prudence collective raisonnables et tenables sur la longue durée. Et pour que les inévitables contraintes fassent sens, nous n’avons pas seulement besoin de savoir en temps réel quelle est la situation dans les services d’urgence. Nous avons besoin d’une réflexion collective et conséquente sur notre santé, sur les moyens de nous protéger des multiples pathologies que génère notre mode de vie : les futurs virus, autant que leurs divers facteurs de « co-morbidité », tels que l’asthme, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et bien sûr le cancer [11].

Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.

Il se dit régulièrement qu’à un moment donné de cette crise, il faudra demander des comptes aux dirigeants. Et comme à l’accoutumée, les réclamations en matière de dotations budgétaires, d’abus patronaux et financiers, de redistribution économique, ne manqueront pas. Mais à côté de ces indispensables revendications, d’autres mesures sont à prendre nous-mêmes ou à arracher aux décideurs, si nous voulons préserver notre liberté – c’est-à-dire si nous voulons préserver la possibilité de combattre les logiques de concurrence et de rentabilité, de construire un monde où la peur de l’autre et l’atomisation de la population ne dominent pas pour longtemps.

  1. Ces jours-ci, il semble que de nombreuses personnes laissent leur smartphone chez elles, quand elles quittent leur domicile. Nous appelons à la généralisation de ce genre de geste et au boycott des applications privées ou publiques de traçage électronique. Au-delà, nous invitons chacun et chacune à réfléchir sérieusement à la possibilité d’abandonner son téléphone intelligent, et de réduire massivement son usage des technologies de pointe. Revenons enfin à la réalité.
  2. Nous appelons les populations à se renseigner sur les conséquences économiques, écologiques et sanitaires du déploiement planifié du réseau dit « 5G », et à s’y opposer activement. Plus largement, nous invitons chacun et chacune à se renseigner sur les antennes de téléphonie mobile qui existent déjà près de chez soi, et à s’opposer aux installations de nouvelles antennes-relais.
  3. Nous appelons à une prise de conscience du problème de la numérisation en cours de tous les services publics. Un des enjeux de la période d’après-confinement (ou des périodes entre deux confinements ?) sera d’obtenir que des guichets physiques soient encore ou à nouveau disponibles pour les habitants des villes et des campagnes, dans les gares, à la Sécurité sociale, dans les préfectures et autres administrations. Des batailles mériteraient d’être engagées pour la défense du service postal (essentiel par exemple à la circulation d’idées sans numérique) et le maintien d’un service de téléphone fixe, bon marché et indépendant des abonnements à Internet.
  4. Une autre bataille essentielle pour l’avenir de la société est le rejet de l’école numérique. La période critique que nous vivons est mise à profit pour normaliser l’enseignement à distance par Internet, et seule une réaction d’envergure des enseignants et des parents pourra l’empêcher. Malgré toutes les critiques qu’on peut faire de divers points de vue à l’institution scolaire, la période actuelle devrait illustrer aux yeux d’un grand nombre qu’il y a du sens à apprendre à plusieurs et qu’il est précieux pour les enfants d’être au contact d’enseignants en chair et en os.
  5. L’économie n’est pas et n’a jamais été à l’arrêt ; les conflits sociaux ne doivent donc pas l’être non plus. Nous soutenons toutes celles et ceux qui se sentent mis en danger, du point de vue de la santé, à leur poste de travail habituel ou dans leurs déplacements. Mais nous attirons aussi l’attention sur les abus et les souffrances dans le cadre du télétravail, à domicile. Certains d’entre nous dénoncent l’informatisation du travail depuis des années ; il est clair que l’extension du télétravail contraint est un processus à endiguer par de nouvelles formes de luttes, de boycott, de retrait.
  6. Du point de vue économique, les mois à venir s’annoncent terribles. Un appauvrissement très important des populations est possible, au même titre que des effondrements bancaires et monétaires. Face à ces périls, il nous faut penser à manger et comment cultiver des terres ; comment s’inscrire dans des réseaux d’approvisionnement de proximité, et comment étendre ces possibilités au plus grand nombre ; comment soutenir les agriculteurs qui produisent de la nourriture saine près de chez nous, et comment aider d’autres à s’installer. Ce que nous avons dit plus haut explique pourquoi nous pensons que le recours à la technologie de pointe pour faire tout cela n’est pas une solution humaine et pérenne.
  7. Enfin, il va nous falloir défendre les moyens de nous rencontrer physiquement, inventer ou retrouver des lieux de discussion publique dans ce contexte difficile où vont se jouer des batailles décisives. Bien sûr, il faudra prévoir des modalités qui prennent en compte les risques de contagion. Mais la vie connectée ne peut durablement se substituer à la vie vécue, et les succédanés de débats par Internet ne remplaceront jamais la présence en chair et en os, le dialogue de vive voix. Chacune et chacun doit réfléchir dès maintenant à la manière dont il est possible de défendre ce droit à la rencontre (réunions d’habitants, assemblées populaires, manifestations), sans lequel aucun droit politique n’est possible, et sans lequel aucun rapport de force, pour quelque lutte que ce soit, ne peut jamais se constituer.

Contre la résilience par Thierry Ribault / mobilisation pour Vincenzo Viecchi

Sciences Critiques et l’association Technologos organisait une Rencontre consacrée à la technocritique, le vendredi 23 et le samedi 24 septembre 2022, à Sceaux (Hauts-de-Seine).

Intitulées « Crise écologique : pourquoi critiquer la technique aujourd’hui ? », ces rencontres avaient pour objectif, dans le contexte actuel de fuite en avant technoscientifique sur fond de crises environnementale, sociale et (géo)politique, de penser la dynamique mortifère du solutionnisme technologique contemporain et armer intellectuellement la critique.

Nous vous proposons d’écouter, Contre la résilience, par Thierry Ribault qui est intervenu lors de cette rencontre.
« La résilience entend nous préparer au pire sans jamais en élucider les causes »

Le chercheur en sciences sociales Thierry Ribault se livre à une critique virulente de la résilience, véritable « technologie du consentement » visant, à rendre acceptable et inéluctable le désastre par tous. Avec la résilience il s’agit de cogérer et de s’adapter aux politique de destruction du vivant.

Face à l’épidémie de Covid-19, au changement climatique ou au terrorisme, la société française est invitée à renforcer sa résilience. Dix ans après la catastrophe de Fukushima et l’adoption par le Japon d’un plan de « résilience nationale », la France forte de cette expérience à mis en place le projet de loi Climat et résilience.

Chercheur en sciences sociales au CNRS, coauteur avec Nadine Ribault des Sanctuaires de l’abîme. Chronique du désastre de Fukushima (L’Encyclopédie des nuisances, 2012), Thierry Ribault vient de publier Contre la résilience. À Fukushima et ailleurs (L’Échappée, 368 pages, 22 euros).

Une critique radicale d’un concept qu’il décrit à la fois comme une idéologie de l’adaptation et une technologie du consentement qui vise à rendre acceptable la fatalité du désastre en évitant de nous interroger ou de nous attaquer aux causes. Il faut vivre avec et gérer les conséquences. C’est le règne de la démerde individuelle. Ce qui compte, ce n’est pas ce qui s’est passé, mais comment les individus le vivent, le ressentent et acceptent de vivre avec.

La résilience nous invite à explorer les mille et une manières de plier sans rompre, se nous rendre conforme à notre milieu et nous renforcer dans l’épreuve. Il s’agit de résister sans opposer de résistance et d’accepter d’évoluer dans une société profondément inégalitaire, injuste et destructrice de notre environnement.

Apprivoiser le pire afin de soi-disant nous renforcer, gagner le droit de survivre. La résilience n’est pas un truc médiatique ou psychologique, mais plus concrètement ce sont des politiques publiques misent en place.

En seconde partie d’émission, nous reviendrons sur les mobilisations contre l’expulsion de Vincenzo Viecchi. À cet effet, nous entendrons deux prises de paroles : celle de Jean-Baptiste du comité qui revient sur l’audience de La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 21 janvier 2022 et l’intervention de Margot Medkour de Nantes en Commun le 24 septembre dernier à Nantes.

Pour plus d’info :

Médecine de ville en péril : Sept propositions pour la transformer

La crise sanitaire liée à la covid-19 a révélé combien le système médical français était précieux, mais fragile. Les inégalités territoriales augmentent, l’espérance de vie en bonne santé stagne, voire diminue et trouver un médecin devient de plus en plus difficile. Nous ne sommes plus dans un système d’offre de soins à la hauteur de nos besoins.

Il fallait le regard et la pratique décalée d’un médecin « des cités » pour porter des propositions pour la nécessaire refondation de la médecine en France. En créant un lieu de soins et de santé collectif pluriprofessionnel avec la population de la cité du Franc-Moisin à Saint-Denis, Didier Ménard a mis en œuvre des alternatives de rupture dans la pratique médicale.

Dans ce livre :Médecine de ville en péril- Sept propositions pour la transformer s’appuyant sur son expérience des 40 dernières années, Didier Ménard formule sept propositions de transformation de notre système de soins : soigner avec les personnes malades et non pas des maladies, favoriser le collectif et le pluriprofessionnel, faire vivre la santé communautaire avec les habitants, inventer de nouvelles pratiques de soins et de prévention, diminuer les inégalités territoriales de santé, sortir du paiement à l’acte.

Ces défis sont immenses. Ils impliquent la médecine de ville, l’hôpital et les populations

Didier Ménard est président du centre de santé communautaire, La Place Santé, membre du bureau d’AVEC santé et président de la fédération régionale d’Ile-de-France des maisons de santé pluriprofessionnelles. Il a exercé de 1980 à 2013 la médecine générale à la cité du Franc-Moisin (Saint-Denis, 93) et a été président du Syndicat de la médecine générale de 2006 à 2014. Il est l’auteur de Pour une médecine sociale, Éditions Anne Carrière et contributeur régulier de la revue Pratiques, les cahiers de la médecine utopique.

La librairie Utopia organisait, le 12 mai 2022, une rencontre avec l’auteur Didier Ménard, qui formule dans Médecine de ville en péril : sept propositions de transformation de notre système de soin. (éditions Utopia, 2022)

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons la diffusion d’une grande partie de cette rencontre qui débutera par l’intervention d’André Grimaldi, ancien patron de la diabétologie à la Pitié-Salpêtrière, qui nous parlera de la situation de l’hôpital et Didier Ménard, reviendra sur son expérience à la cité du Franc-Moisin.

MON ESPACE SANTÉ : c’est comme le pass, on peut s’en passer !

MON ESPACE SANTÉ, pourquoi s’en passer !

Mon espace santé, nouvel avatar numérique du gouvernement, est venté à grand renfort de communication et de termes abscons, censés nous rassurer sur la confidentialité du dispositif.

Le fait que l’État soit le garant de la protection de nos données n’est pas fait pour nous rassurer. Comme si l’État était devenu, comme par miracle, le défenseur du bien commun et du respect de l’individu. La privatisation des services publics ne nous met pas à l’abri de partages de nos données avec des employeurs ou des assurances, d’un flicage de nos arrêts maladie, d’un contrôle de nos consommations de médicaments, du fichage de nos pathologies.

Nous pouvons refuser d’adhérer à ce système numérique qui nous éloigne toujours plus des rapports humains et de notre autonomie concernant notre santé.

Nous avons demandé à Camille du syndicat de la médecine générale ce qu’elle en pense.

Nous terminons cette émission avec des interviews glanés lors de l’Apéro Zone Libre Zéro Pass NI Sécuritaire NI Policier Passe Vaccinal C’est NON qui c’est tenu le 6 mars à Paris au bord du Canal Saint-Martin.

Non au dossier numérique de santé !
L’épidémie de Covid-19 a fourni aux “autorités” de santé l’occasion rêvée d’accélérer fortement la numérisation de nos données de santé, amorcée en 1998 avec la carte Vitale. Nous l’avons vu et subi, avec la création de SIDEP(Système d’Informations de DEPistage), puis avec l’instauration du pass sanitaire devenu vaccinal (qui a en outre permis au pouvoir de faire majoritairement accepter la banalisation des contrôles).

Le gouvernement veut maintenant pousser plus loin la centralisation de nos données de santé.Après l’échec du “dossier médical partagé”, il choisit le passage en force, avec la création sans concertation d’un dossier numérique automatique pour chaque individu, sous le nom de Mon Espace Santé (MES).

Ce dossier numérique sera ouvert sans consentement ! Notre consentement sera supposé acquis de manière automatique, sauf si nous faisons la démarche de nous y opposer dans un délai de six semaines. Ne pas (pouvoir ou savoir) dire non dans le délai imparti, ce sera dire oui !

Refusons son activation ! Attention : pour refuser l’ouverture du dossier “Mon Espace Santé”, il faut donc réagir dans les six semaines suivant la réception de sa notification par la CNAM (caisse nationale d’assurance maladie), par courrier papier ou courriel.

Avec “Mon Espace santé” (MES), rien à gagner, beaucoup à perdre : Aux oubliettes, le consentement libre et éclairé conquis difficilement ces vingt dernières années pour préserver les droits des patients !

Aux oubliettes, le secret médical : dans le MES seront recueillies de multiples données portant sur notre état de santé, les professionnels étant invités à y déposer les documents nous concernant (comptes rendus, résultats, analyses…) sans avoir à nous consulter. Or nos données de santé touchent à ce que nous avons de plus personnel, de plus intime. Quelles barrières infranchissables nous garantiront-elles contre les consultations abusives (des employeurs, par exemple) et contre les fuites informatiques déjà massives… ?

Grand coup d’accélérateur pour la centralisation de nos données de santé :
Évidemment, ce dossier numérisé nous est vendu comme un outil “pratique”, concentrant toutes nos infos santé. Mais pratique, il le sera surtout :
– pour le médecin pressé qui n’aura plus à vous interroger sur vos antécédents, vos raisons de consulter, qui dialoguera surtout avec son écran, oubliant que vous êtes un être parlant et souffrant…

Pour tous les organismes qui pourront tirer parti de la compilation des masses de données de santé que la CNAM a commencé à faire collecter à travers le MES. Les ARS (Agences régionales de santé), en particulier, disposeront d’un moyen de pousser plus loin encore la logique de “rentabilité” des offres de soin qui a si bien réussi aux hôpitaux… sur le dos du personnel soignant et des patients. Et qui nous dit qu’un jour les labos pharmaceutiques, les assurances, les mutuelles, voire les banques… n’obtiendront pas, au nom de l’efficacité, l’accès légal à ces données (comme c’est déjà le cas avec Doctolib) ?

La généralisation du MES risque donc d’être un nouvel outil, redoutable, de déconstruction silencieuse de notre système de soin fondé sur la solidarité.

Ne laissons pas faire ce pas supplémentaire vers la numérisation de nos vies, la dégradation de notre système de soin et la déshumanisation de la médecine.

Voici les sept principes directeurs de la loi Informatique et libertés (n° 78-17 du 6 janvier 1978).
Question : lesquels selon vous seront respectés avec l’instauration du MES ?
Principe de finalité : les données se rapportant à une personne ne peuvent être utilisées sans son consentement, pour une finalité autre que celle qui a justifié leur collecte.
Principe de proportionnalité : on ne peut exiger de la personne sur le compte de laquelle on collecte des informations des données non nécessaires à la prestation pour laquelle ces données sont collectées.
Principe de loyauté : on ne peut effectuer de collecte et de traitement à l’insu des personnes.
Principe de l’exactitude et de la mise à jour des données et de la sécurité des traitements.
Principe de transparence reconnu aux personnes : droit d’accès et de rectification des données les concernant.
Droit d’opposition : les personnes peuvent s’opposer à l’utilisation commerciale de leurs données ou à leur transmission à des tiers.
Droit à l’oubli : la durée de conservation des données nominatives est définie, limitée et proportionnelle à la finalité poursuivie.
* * *
Quelques articles sur le sujet (consultables sur Internet) :
. Outils du soin, “Nos données de santé les intéressent …”
. Pièces et main-d’œuvre, “Non à l’Espace numérique de santé”
. Syndicat de la médecine générale : “Mon Espace Santé” : trop de doutes et trop de risques”

Le Collectif anti-passe sécuritaire
regroupant des gilets jaunes, des membres de la Coordination antirepression et de la Ligue des Droits de l’Homme, Stop précarité, des citoyen.nes syndiqué.es ou non, la CGT Société de restauration du musée du Louvre, SUD Commerce et services, SUD Emploi.Réunion tous les mercredis à 18 h 30 à la Bourse du travail,métro République nonsecuritaire@gmail.com

Pour refuser l’ouverture de “Mon Espace Santé”
Par téléphone : appeler le 3422 (service gratuit – du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h 30), donner le code confidentiel communiqué par mail ou par courrier, son numéro de Sécurité sociale et le numéro de série de sa carte Vitale.
Par Internet : s’identifier sur monespacesanté.fr, puis saisir le code confidentiel communiqué par mail ou par courrier, son numéro de Sécurité sociale et le numéro de série de sa carte Vitale. N’oubliez pas de demander un justificatif.

PAROLE DE SOIGNANTE : le témoignage de Yasmina kettal épisode 2

Infirmière à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93), membre du Collectif Inter-Urgences et syndiquée à Sud Santé, Yasmina Kettal écrivait en octobre 2020 « Je crois que ça y est, je n’ai même plus la force d’être en colère (…).

Derrière les hommages, Macron asphyxie l’hôpital. Je me rappelle avoir dit juste avant la première vague : « On sera là, on fera le boulot » ». La gestion de cette première vague a été telle que, nous avons développé des trésors d’imagination et d’inventivité pour parfaire aux défaillances de l’État.

Les soignant.e.s avait fait de même.« La situation a changé depuis ! (…) Ce ne sont plus les respirateurs qu’il faut compter, mais les soignants. ». À la sortie du premier confinement, la manifestation des soignant.e.s du 16 juin 2020 contre la réforme du Ségur était violemment réprimée. Dans l’été, la réforme était adoptée et les fameux héros méprisés.

« Ces fameux gens, toujours là, toujours prêts (…). Tous ces gens ne vont pas de nouveau se donner autant, une fois encore. Car ils ont eu des crachats en retour. (…) C’est notre faute, on n’a pas assez déconstruit notre côté héroïnes, mais en même temps il ne nous reste plus que ça. Là est toute la perversion. Ce qui devrait être la contrepartie gratifiante est devenu notre poison ».

(…) Mais dans tout cela rendons à César ce qui appartient à César. La plus grande part de responsabilité revient à ceux qui décident. Oui, certaines mesures sont absurdes. Tout comme ne pas avoir mis les moyens tant qu’il en était encore temps, ne pas se pencher sur la gestion de facs surpeuplées ou la situation au sein des écoles. On laisse la gestion d’une épidémie au préfet ? Soyons sérieux deux minutes, crise sanitaire/préfet, ça ne choque personne ? La défiance est partout, mais n’est le fruit que de leur inconséquence et de leur mensonge.(…)

L’économie nous coûte la vie. Je suis bien placée pour le savoir. La surmortalité dans le 93 durant la première vague, j’en assez parlé. Je ne vais pas donner de chiffres, je ne les supporte plus. A-t-on eu le temps de prendre conscience que c’étaient des êtres humains, des familles ? Pendant le confinement, lorsque certains se mettaient au yoga ou à une langue étrangère, j’ai vu les miens partir travailler ou grossir les files d’attentes pour des colis alimentaires.(…)Et à présent il faudra peut-être les maintenir « quoi qu’il en coûte » au travail pour ne pas sacrifier l’économie ?

Pourquoi ne serait-il pas possible d’envisager que le coût incombe à ceux qui possèdent ? Pourquoi culpabiliser la population alors qu’ils font déjà beaucoup de sacrifices ? Si on n’était pas tributaires de décisions parfois absurdes ou injustes, pourquoi pas, mais là… (…) Toutes les décisions ou leur absence vont peser sur le bout de la chaîne, entre autres l’hôpital. Il y aura des choix à opérer et une nouvelle fois, ils seront pour ceux habitué à faire le sale boulot. Et donc, en ce moment, comment va le bout de la chaîne ?

Lire le texte en entier https://blogs.mediapart.fr/yasmina-kettal/blog/021020/probablement-qu-y-est-l-hopital-s-effondre-0

Au mois de février 2022, nous réalisons un entretien avec Yasmina justement à ce sujet : comment va le bout de la chaîne ? L’occasion de revenir sur les luttes qui se sont déroulées avant la covid-19 avec le collectif inter-urgence et inter-hôpitaux, de comprendre comment la gestion de cette épidémie les a éteintes, mais aussi ce qui nous reste aujourd’hui de nos envies de luttes et de changement profond sur la question du soin et la gestion de la santé.

Dans ce second volet, nous poursuivons cet entretien avec Yasmina Kettal et nous débutons avec son récit qui part de son expérience de septembre 2020.

PAROLE DE SOIGNANTE : le témoignage de Yasmina kettal épisode 1

Infirmière à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93), membre du Collectif Inter-Urgences et syndiquée à Sud Santé, Yasmina Kettal écrivait en octobre 2020 « Je crois que ça y est, je n’ai même plus la force d’être en colère (…).

Derrière les hommages, Macron asphyxie l’hôpital. Je me rappelle avoir dit juste avant la première vague : “On sera là, on fera le boulot” ». La gestion de cette première vague a été telle que, nous avons développé des trésors d’imagination et d’inventivité pour parfaire aux défaillances de l’État.

Les soignant.e.s avait fait de même.« La situation a changé depuis ! (…) Ce ne sont plus les respirateurs qu’il faut compter, mais les soignants. ». À la sortie du premier confinement, la manifestation des soignant.e.s du 16 juin 2020 contre la réforme du Ségur était violemment réprimée. Dans l’été, la réforme était adoptée et les fameux héros méprisés.

« Ces fameux gens, toujours là, toujours prêts (…). Tous ces gens ne vont pas de nouveau se donner autant, une fois encore. Car ils ont eu des crachats en retour. (…) C’est notre faute, on n’a pas assez déconstruit notre côté héroïnes, mais en même temps il ne nous reste plus que ça. Là est toute la perversion. Ce qui devrait être la contrepartie gratifiante est devenu notre poison ».

(…) Mais dans tout cela rendons à César ce qui appartient à César. La plus grande part de responsabilité revient à ceux qui décident. Oui, certaines mesures sont absurdes. Tout comme ne pas avoir mis les moyens tant qu’il en était encore temps, ne pas se pencher sur la gestion de facs surpeuplées ou la situation au sein des écoles. On laisse la gestion d’une épidémie au préfet ? Soyons sérieux deux minutes, crise sanitaire/préfet, ça ne choque personne ? La défiance est partout, mais n’est le fruit que de leur inconséquence et de leur mensonge.(…)

L’économie nous coûte la vie. Je suis bien placée pour le savoir. La surmortalité dans le 93 durant la première vague, j’en assez parlé. Je ne vais pas donner de chiffres, je ne les supporte plus. A-t-on eu le temps de prendre conscience que c’étaient des êtres humains, des familles ? Pendant le confinement, lorsque certains se mettaient au yoga ou à une langue étrangère, j’ai vu les miens partir travailler ou grossir les files d’attentes pour des colis alimentaires.(…)Et à présent il faudra peut-être les maintenir « quoi qu’il en coûte » au travail pour ne pas sacrifier l’économie ?

Pourquoi ne serait-il pas possible d’envisager que le coût incombe à ceux qui possèdent ? Pourquoi culpabiliser la population alors qu’ils font déjà beaucoup de sacrifices ? Si on n’était pas tributaires de décisions parfois absurdes ou injustes, pourquoi pas, mais là… (…) Toutes les décisions ou leur absence vont peser sur le bout de la chaîne, entre autres l’hôpital. Il y aura des choix à opérer et une nouvelle fois, ils seront pour ceux habitué à faire le sale boulot. Et donc, en ce moment, comment va le bout de la chaîne ?

Lire le texte en entier https://blogs.mediapart.fr/yasmina-kettal/blog/021020/probablement-qu-y-est-l-hopital-s-effondre-0

Au mois de février 2022, nous réalisons un entretien avec Yasmina justement à ce sujet : comment va le bout de la chaîne ? L’occasion de revenir sur les luttes qui se sont déroulées avant la covid-19 avec le collectif inter-urgence et inter-hôpitaux, de comprendre comment la gestion de cette épidémie les a éteintes, mais aussi ce qui nous reste aujourd’hui de nos envies de luttes et de changement profond sur la question du soin et la gestion de la santé.

JOURNÉE D’ACTION DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ/ MILITANTES KURDES ASSASSINÉES

Saint-Denis 8 janvier 2022 : devant le siège de l’agence régionale de santé

L’actuelle vague épidémique de la COVID-19 met une nouvelle fois durement à l’épreuve notre hôpital public, déjà fortement sollicité par cette pandémie. Cette crise sanitaire a par ailleurs mis en lumière les inégalités d’accès au soin et les grandes difficultés de notre hôpital public complétement dévasté par des années d’austérité budgétaire.

Tous ces problèmes nous les retrouvons démultiplié en Seine-Saint-Denis, territoire particulièrement frappé par l’épidémie, où ici plus qu’ailleurs l’hôpital public joue un rôle déterminant pour l’accès au soin, alors qu’il connait un épuisement très inquiétant des personnels.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, l’hôpital Robert Ballanger dénombre plus de 30 % de ses lits fermés par manque de personnels. Et pour tordre le cou aux affirmations qui martèlent que nous ne pouvons pas former des soignants en 3 mois, nous rappelons que cette pandémie dure depuis 2 ans et qu’il y a quelques mois des étudiants ont dû saisir le conseil d’État pour contraindre le gouvernement à ouvrir des places dans les facultés de médecine.

Ce ne sont que des exemples parmi d’autres qui témoignent d’un véritable abandon de l’hôpital public. Car notre système de santé est bien au bord de l’effondrement et les grands discours, les promesses généreuses, sont vécus par les personnels comme autant de gifles tant ils peinent à se concrétiser et sont à rebours des réalités du terrain.

La communication semble vouloir agir comme un contrefeu pour tenter de masquer une situation de crise d’une intensité jamais égalée. Pourtant, chacun reconnait que les salarié.e.s des secteurs du sanitaire, médico-social et social public et privé sont essentiels, notamment pour garantir à toutes et tous l’accès aux droits sociaux et aux soins. Quand va-t-on enfin leur donner les moyens d’exercer leur métier dans de bonnes conditions ? Quand va-t-on réellement décider de valoriser les métiers du soin ? Combien de crises faut-il pour qu’enfin les demandes citoyennes soient traduites en politiques publiques à la hauteur des besoins et des enjeux ?

Ce tract d’appel cosigné par une intersyndicale du 93, appelait à un rassemblement le 11 janvier 2022 au matin devant l’Agence régionale de Santé à Saint-Denis et en début d’après-midi, une manifestation partait de l’hôpital Cochin.

Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons un reportage mixant ses deux rendez-vous.

Comme chaque année à la date anniversaire de l’assassinat des trois militantes le 9 janvier 2013, les organisations kurdes en France, appelle à descendre dans les rues afin de réclamer justice pour Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez. Dans cette seconde partie d’émission, nous entendront un entretien réalisé avec deux militantes kurdes, lors de la manifestation du samedi 8 janvier 2022 à Paris.

KANAKI: forfaiture référendaire de la France coloniale !

Le 12 décembre les électeurs de Nouvelle-Calédonie étaient appelés à se prononcer une troisième fois sur l’accession à la pleine souveraineté de l’archipel “Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?”  L’accord de Nouméa (1998) prévoyait l’organisation d’un troisième scrutin en cas de deux victoires successives du “non”. Le “oui” a obtenu 3,50 % des suffrages exprimés  et le “non” 96,50 %. La participation a été de 43,87 % avec 80 881 votants. Mais,  le 20 octobre 2021, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) avait demandé le report du scrutin à septembre 2022 pour des raisons sanitaires et sociales liées à la Covid-19. Le haut-commissaire de la République maintenant la date initiale, les indépendantistes appellent à ne pas participer au référendum et ont annoncé qu’ils ne reconnaissent pas les résultats de ce référendum.

Afin de mieux comprendre les enjeux de ce référendum et la construire une solidarité active avec le peuple Kanak un meeting de solidarité était organisé le 9 décembre à la bourse du travail de paris. Ce jour, nous vous diffusons donc une partie des prises de paroles réalisées lors de cet événement. Vous pourrez entendre Mehdi Lallaoui, Association Survie, Mireille Fanon, un membre du Mouvement des jeunes Kanak en France (MJKF), l’Association Information et Soutien aux Droits du Peuple Kanak (AISDPK), et du Collectif Solidarité Kanaky : MJKF, USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanak et des Exploités en France).

Nous relayons aussi cette lettre ouverte signée par l’ensemble des mouvements indépendantistes kanak. Nous exprimons, en outre, notre pleine solidarité avec la lutte kanak pour l’indépendance, et dénonçons, par là même, les manœuvres coloniales de l’État français visant à étouffer les aspirations politiques légitimes des Kanak. 

Nouméa, le 23 novembre 2021

Chères Françaises, chers Français,

Vendredi 12 novembre 2021, le Haut-Commissaire de la République a annoncé la décision du gouvernement français de maintenir la date du 12 décembre 2021 pour la troisième et ultime consultation référendaire de l’accord de Nouméa sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Cette décision a été prise par le gouvernement en toute conscience des implications et des conséquences délétères qu’une telle décision ne manquera pas d’avoir.

Cette décision a été prise par le gouvernement alors même que les représentants politiques et coutumiers du peuple kanak avaient explicitement demandé son report pour cause de deuil.

Dire que nous sommes surpris serait mentir. Nous nous y attendions. Mais comme toujours nous espérions. Nous espérions que le gouvernement français malgré 168 ans de colonisation saurait pour une fois faire preuve d’humanité, de compassion, d’intelligence, de respect, de bon sens. Nous espérions que le gouvernement français agirait dans l’esprit de consensus de l’Accord de Nouméa, dans l’esprit de son préambule. Nous espérions… et nous avions tort.

Des questions viennent à l’esprit, auxquelles il va nous falloir absolument répondre dans les prochaines semaines, mais sans nous tromper cette fois, sans nous faire d’illusions sur l’humanité de l’État français et de son gouvernement. Des questions à nous-mêmes, au gouvernement français, au peuple de France et à ses élus. Des questions aussi à tous ceux qui vivent dans ce pays, disent l’aimer et vouloir le construire.

Le gouvernement français se berce d’illusions

Jusqu’à quand le gouvernement français entend-il abuser de la patience du peuple kanak, peuple premier de ce pays, peuple victime de la colonisation française depuis plus d’un siècle et demi ?

Jusqu’à quand la France pense-t-elle pouvoir bâtir un avenir institutionnel durable pour la Nouvelle-Calédonie en s’asseyant sciemment sur la culture du peuple kanak ? En feignant ostensiblement d’ignorer la place qui y occupent les cérémonies du deuil et le respect qu’on y doit aux morts ? En piétinant les sentiments, la sensibilité, la dignité humaine de tout un peuple ?

Le gouvernement français pense-t-il sérieusement que le scrutin qu’il entend maintenir le 12 décembre mettra fin à la revendication du peuple kanak, lui ôtera toute légitimité et lui permettra de poursuivre – un siècle encore, un siècle de plus, un siècle de trop – son travail d’assujettissement et de domination ?

Jusqu’à quand le gouvernement français continuera-t-il à se bercer et à bercer ses ressortissants d’illusions ? A faire croire qu’une consultation référendaire d’où le peuple kanak sera absent pourra ramener dans le pays toute la sérénité nécessaire à la reprise et au développement d’une économie durement éprouvée par la crise sanitaire ? A laisser penser qu’une consultation référendaire sans la participation du peuple colonisé aura valeur de solution et réglera, une fois pour toutes, la question de l’indépendance du pays ?

En maintenant la tenue de la consultation référendaire le 12 décembre prochain, le gouvernement français pense-t-il réellement convaincre l’Australie et la Nouvelle-Zélande qu’il est toujours un acteur fiable de la stabilité régionale et un maillon incontournable de l’axe Indo-Pacifique ? Et jusqu’à quand le gouvernement français pense-t-il pouvoir persuader les petits Pays du Pacifique qu’il est un allié crédible et respectueux de leur identité et de leur souveraineté ? Et ce gouvernement français pense-t-il vraiment abuser les Nations Unies sur la réalité de la situation politique en Nouvelle-Calédonie ? Ou encore convaincre les Nations Unies qu’il a pleinement rempli ses obligations internationales en matière de décolonisation ?

Qui peut croire possible de construire un avenir de concorde, de paix et de prospérité dans ce pays en n’entendant rien de ce que dit le peuple qui en est la racine depuis au moins 3000 ans ? Qui peut seulement croire possible de construire un avenir, quel qu’il soit, dans ce pays en oubliant l’esprit qui a présidé depuis plus de 30 années maintenant au dialogue des communautés qui y vivent ? Qui peut préférer le chant des sirènes gouvernementales françaises plutôt que de continuer à bâtir l’avenir du pays avec les Kanaks ?

Ce gouvernement français croit-il sincèrement pouvoir ranimer les ombres de la colonisation et les faire passer pour des lumières ?

On ne peut pas faire sans les Kanak

La prochaine consultation référendaire n’a aucune chance de clore la séquence politique ouverte par l’Accord de Nouméa. Cette séquence est bien plus ancienne. Plus ancienne que la signature de l’Accord de Nouméa le 5 mai 1998. Plus ancienne même que la double signature à Paris des Accords de Matignon-Oudinot en 1988. Cette séquence s’est ouverte en juillet 1983 avec la table ronde de Nainville-les-Roches présidée par M. Georges Lemoine. C’est en effet, au cours de cette réunion qu’ont été posés les deux grands principes fondateurs du contrat moral et politique sur lesquels, nous tous qui résidons en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, vivons encore aujourd’hui.

Ces deux grands principes doivent être constamment rappelés.

Le premier est la reconnaissance par l’État français d’un « droit inné et actif à l’indépendance » pour le peuple kanak, le peuple colonisé de ce pays.

C’était la première fois que l’État français nous reconnaissait ce droit, alors même qu’il nous était reconnu officiellement depuis plus longtemps au plan international, depuis la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux des Nations Unies en 1960.

Vingt-trois ans après cette déclaration onusienne signée à l’époque – rappelons-le – par l’État français, celui-ci daignait enfin nous reconnaître ce « droit inné et actif à l’indépendance » et ce n’était pas rien.

Le second grand principe était l’acceptation par le peuple kanak d’associer au futur processus de décolonisation et d’émancipation les membres des différentes communautés venues s’implanter dans le pays avec la colonisation. L’expression employée à l’époque étaient les « victimes de l’histoire ». Une expression pour dire que tous ceux qui s’étaient installés dans le pays depuis la prise de possession de 1853 n’étaient pas forcément arrivés de leur plein gré, avec l’intention de nuire au peuple kanak, que beaucoup parmi eux avaient connu la misère et la souffrance.

Ces deux grands principes issus de Nainville-les-Roches sont liés. L’acceptation d’associer les autres communautés calédoniennes au devenir du pays n’était possible, n’était pensable et ne fut acceptée par les Kanak que parce que leur était au préalable reconnu leur « droit inné et actif à l’indépendance ». C’est à partir de ce lien qu’il faut lire ensuite toute l’évolution institutionnelle de notre pays jusqu’à l’Accord de Nouméa ainsi que l’engagement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui en faveur de cette évolution.

Nous ne sommes ni naïfs, ni amnésiques

Nous ne sommes ni naïfs, ni amnésiques. Nous savons qu’en France les vieux démons ont la vie dure et que nos vieux ont dû se battre pour que cette évolution devienne possible.

Se battre en 1984 pour que les principes de Nainville-les-Roches trouvent en 1985 leur première formalisation institutionnelle concrète avec les Régions Fabius-Pisani. Se battre pour obtenir en 1986 la réinscription à l’ONU de la Nouvelle Calédonie sur la liste des pays à décoloniser. – Se battre pour refuser de participer au référendum Pons de 1987, qui avait pour seul et unique objectif de noyer la revendication kanak dans un vote aussi massif qu’insignifiant de tous ceux qui, parce qu’ils étaient venus avec la colonisation, avaient l’arrogante prétention de se croire le peuple de notre pays tout en incarnant la légitimité de la France.

On sait quel en fût le résultat. Plus de 97,8 % pour le maintien de la Nouvelle Calédonie dans la France, et une abstention du peuple kanak qui lui ôta toute crédibilité, tant au plan national qu’international. Le gouvernement français entend-il sérieusement renouveler l’opération, avec le secret espoir cette fois, de ne pas avoir à en payer les frais ? – Se battre encore en 1988 pour que Michel Rocard mette fin au travail de destruction sociale et politique mené par Bernard Pons et Jacques Chirac, et qu’au travers des Accords de Matignon-Oudinot puisse reprendre le processus tragiquement interrompu de décolonisation, d’émancipation et de construction de notre pays. – Se battre toujours en 1996 et jusqu’en 1998 pour que l’État accepte de signer le « protocole de Bercy » entérinant l’échange des massifs miniers entre la SLN et la SMSP. Protocole donnant aux Kanaks les moyens de prendre leur part dans le développement de l’économie minière du pays. Protocole permettant de reprendre les négociations politiques qui ont mené à l’Accord de Nouméa.

Nous ne sommes ni naïfs, ni amnésiques et, depuis à plusieurs années déjà nous avons compris que les vieux démons coloniaux ne sont pas morts et continuent de hanter la conscience des dirigeants français actuels comme ils le faisaient hier chez leurs prédécesseurs. Si nous avions seulement eu un doute, la pitoyable conclusion de la récente crise industrielle et minière de Goro aurait suffi à nous l’enlever. Tout comme le fameux document sur les conséquences du « Oui » et du « Non » qui dissimulait très mal ses arrière-pensées.

C’est une vieille ritournelle qu’on entendait nous chanter. Alors que la France a pour obligation au plan international de discuter avec les Kanak et les autres citoyens de ce pays de toutes les options imaginables permettant de faire progresser la décolonisation, alors qu’une majorité de la population calédonienne, y compris kanak, souhaitent pouvoir conserver des relations privilégiées avec la France, alors qu’approchait enfin le moment de concrétiser la promesse d’émancipation explicitement contenue dans l’Accord de Nouméa, voilà que le gouvernement établissait un document uniquement à charge sur les conséquences du vote du Oui ou du Non.

Ce document laissait le seul choix entre une indépendance solitaire ou un statut renouvelé dans la France sans explorer les interdépendances. Ce document n’avait d’autre but que de dissuader de faire le choix de l’indépendance et d’instaurer une possible relance de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie. Oui, une vieille ritournelle. L’indépendance avec la misère et l’incertitude politique. Ou la France avec la prospérité et un renoncement à voir réparer enfin l’injustice dont les Kanaks ont été victimes en 1853. Pas de salut hors de la France. Pas de troisième voie.

Nous ne sommes ni naïfs, ni amnésiques. Le Président Macron maudissait à Tahiti ceux qui ont l’impardonnable tort d’être petits, comme si les grands ne devaient rien aux petits, surtout après les avoir si longtemps colonisés. Le Président Macron critiquait le Vanuatu pour ses relations avec la Chine, mais oubliait que la France avait peut-être un rôle à jouer pour les éviter, et ce d’autant plus qu’elle prétend aujourd’hui œuvrer à la création d’un axe de défense Indopacifique. Le Président français ne semble pas être capable de penser que, si la France l’avait voulu, elle aurait pu être aujourd’hui au Vanuatu à la place de la Chine, avec une véritable ambassade et de solides accords de partenariat.

Personne ne peut nier au peuple kanak son droit à l’indépendance

Le Président Macron qui affirmait en Algérie que la colonisation est un crime contre l’Humanité, déclarait à Nouméa que la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie. Avec nous ou contre nous, jamais égaux, jamais partenaires. La dépendance, pas les interdépendances. L’État français et ses vieux démons coloniaux !

Un président et un gouvernement qui n’entendent rien, ne veulent rien entendre des conseils pourtant avisés que lui donnent certains de ceux qui avant lui ont eu en charge d’accompagner l’évolution de notre pays. Mépris pour Michel Levallois, pour Christian Blanc, pour Jean-François Merle, malgré tout ce qu’ils ont pu et su faire pour qu’hier ce pays ne sombre pas dans l’affrontement et la déraison.

Peu importe ce que pensent ou ressentent les Kanak face à l’ampleur de la pandémie et au deuil qui les frappent durement, ces ignorants s’érigent en seuls décideurs de la date de la troisième consultation référendaire. Peu importe la parole donnée et la décolonisation promise en 1983, en 1988 et 1998, peu importe les véritables conséquences humaines du « Oui » et du « Non ».

Encouragés par l’État français, ils sont encore nombreux ceux qui s’apprêtent à s’autoriser de la légitimité que leur reconnaissent les Kanak pour nier l’exercice du droit kanak à l’indépendance. Mais combien de temps ceux-là pourront-ils faire accepter aux yeux du reste du monde qu’en Nouvelle-Calédonie la démocratie conférerait aux « victimes de l’histoire » le droit exceptionnel et dérogatoire de priver le peuple premier occupant, le peuple colonisé de son droit le plus élémentaire à recouvrer sa liberté et sa souveraineté ?

À ceux-là, nous disons clairement cette fois, faites attention à ce qu’en niant une fois encore, une fois de plus, une fois de trop le droit du peuple kanak à l’indépendance, vous ne preniez pas le risque que ce peuple se lasse de discuter et de négocier avec vous.

Au Président Macron et à son gouvernement, nous ne souhaitons pas rompre les relations avec la France, nous souhaitons seulement les changer. Mais s’il nous faut absolument choisir entre la liberté et ces relations, nous choisirons la liberté.

Peuple de France, nous souhaitons par la présente lettre ouverte vous interpeller sur la situation en Kanaky-Nouvelle-Calédonie afin que le plus grand nombre d’entre vous puisse être informé de la situation dans laquelle le peuple Kanak est enfermé.

Le gouvernement Macron manifeste une volonté déterminée de ne plus assumer la décolonisation de notre pays en maintenant une consultation référendaire partiale qui sera politiquement et historiquement contestée par le peuple Kanak. La France n’a réussi aucune décolonisation. Elle pourrait sans y prendre garde clore une séquence originale ouverte en juillet 1983 avec la table de Nainville-les-Roches par laquelle les Kanaks et les autres se sont engagés ensemble dans la construction du peuple calédonien uni par sa citoyenneté dans un destin commun.

Signataires

Front de Libération National Kanak et Socialiste (FLNKS)

Le Comité Stratégique indépendantiste de non-participation (CSINP)

Le groupe UC-FLNKS et Nationalistes

Le groupe Union Nationale pour l’indépendance (UNI)

Le Parti travailliste (PT)

La Dynamique Unitaire Sud (DUS)

La Dynamique Autochtone (DA)

Les Nationalistes

Sénat coutumier

Union Syndicale des Travailleurs Kanak Exploités (USTKE)

L’HÔPITAL EN COLÈRE / SIDA : journée mondiale

L’accès à une santé de qualité et de proximité est de moins en moins assuré malgré l’abnégation des personnels. L’hôpital public se désintègre avec partout des fermetures de lits, de services, en particulier d’urgence et de SMUR mais aussi en psychiatrie, en chirurgie, en médecine, en soins de suite … Le laisser-faire actuel privilégie le secteur privé, avec des conséquences dramatiques pour l’accès aux soins (dépassement d’honoraire, frais administratifs… Mais aussi recul de la proximité).

C’est une catastrophe sanitaire qui s’amplifie. La situation actuelle des hôpitaux a pour conséquence d’accroître les souffrances des malades, des personnes en situation de handicap, et de provoquer une surmortalité. Le renoncement aux soins s’accroît.

Le gouvernement ne peut se contenter de distribuer quelques millions ici et là pour tenter de calmer les esprits. L’hôpital public est garant de l’accès aux soins de toutes et tous.

Nous demandons un plan d’urgence pour l’hôpital public !

Un choc d’attractivité pour les personnels, par une vraie reconnaissance salariale, par une amélioration de leurs conditions de travail, mais aussi en leur permettant de travailler conformément à leur éthique ce qui suppose de les écouter et de réformer la gouvernance. Il faut changer les systèmes de fonctionnement et de management basés sur des critères de performance et de rentabilité. Il n’y pas de soins sans humanité !
Un vaste plan de formation, de recrutement et la titularisation des contractuels.le.s :
La réouverture de tous les lits et services fermés et des ouvertures autant que de besoin.
L’établissement d’une vraie démocratie sanitaire unissant personnels et usagers-citoyens.
Les moyens financiers suffisants doivent en être donnés par une modification du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2022.

Face aux fermetures de lits et à un hôpital public « qui se désintègre », des associations, syndicats, collectifs de soignant.es et de citoyens appelait à une journée de mobilisations pour l’accès aux soins, le samedi 4 décembre 2021.

L’actualité des luttes se trouvait dans le cortège parisien, et nous vous proposons le reportage réalisé ce samedi 4 décembre. Nous pourrons entendre entre autre les paroles d’un médecin urgentiste au CHU d’Angers , d’une pédopsychiatre qui officie dans l’Essonne, le collectif grand Est…

Mercredi 1er décembre 2021, Act Up-Paris organisait la manifestation pour la journée mondiale de lutte contre le sida à Paris. Mot d’ordre : PRÉCARITÉ SANITAIRE, RIPOSTE COMMUNAUTAIRE.

Au-delà de l’invisibilisation, la chute du nombre de dépistages du fait de la crise sanitaire liée à la Covid-19 est le présage d’un retard dans la découverte de personnes contaminées, de leur mise sous traitement, de leur prise en charge, des impasses thérapeutiques et une hausse probable des contaminations, sans parler des effets délétères sur la santé mentale.

Dans cette seconde partie d’émission, nous vous proposons le reportage réalisé ce 1er décembre et nous entendrons les prises de paroles place de la Bastille et un entretien avec le collectif ACCEPTESS

Bonne écoute !

LES SAGES FEMMES EN COLÉRE

Bien que les sages-femmes exercent une profession médicale, leur métier reste très peu reconnu avec un salaire comparable à celui d’une infirmière. Les sages-femmes se battent afin d’obtenir plus de reconnaissance. Comment s’explique la colère grandissante de ces professionnelles de santé ?

Le quotidien d’une sage-femme

Le métier des sages-femmes est axé principalement sur l’accompagnement de la grossesse et de l’accouchement. La grossesse est une période particulièrement intense dans la vie d’une femme. La sage-femme s’assure alors du bien-être physique et psychologique de sa patiente et de son bébé à venir.

Ainsi, la sage-femme s’occupe de la surveillance de la grossesse : échographie, examens sanguins et urinaires, etc… Elle prend en charge les futures mamans tout au long des neuf mois nécessaires au développement du fœtus.

En dehors des accouchements à risque de complications (grossesse gémellaire, bébé en siège, etc…) et des césariennes obligatoirement pratiqués par un gynécologue-obstétricien, la mise au monde du bébé est accompagnée par cette spécialiste.

C’est elle qui organise les soins en salle de naissance et qui alerte le médecin en cas de complications. Elle gère aussi les situations d’urgence. Les sages-femmes libérales sont les cheffes d’orchestre des accouchements à domicile.

Par ailleurs, la prise en charge des sages-femmes ne s’arrête pas à la naissance du bébé. Elle se poursuit dans les semaines qui suivent la mise au monde de l’enfant. Le suivi post-natal ou encore la rééducation périnéale font ainsi partie des missions de la sage-femme.

Son rôle ne s’arrête pas là. La sage-femme s’occupe plus généralement de la santé des Femmes.

Elle peut également accompagner les femmes et leurs partenaires sur des sujets comme la contraception, la sexualité ou encore la ménopause. Toutes les femmes peuvent faire appel à une sage-femme même en dehors du cadre de la grossesse.

Covid-19 : des sages-femmes délaissées et désabusées

La crise sanitaire liée au coronavirus a compliquée le quotidien des sages-femmes. Elles ont dû s’adapter pour assurer la prise en charge des femmes dans des conditions de travail parfois très difficiles. Lors du pic épidémique, les parturientes (femmes qui accouchent), interdites de visite, étaient souvent seules pendant l’accouchement et lors du séjour à la maternité. Cette solitude les rendaient particulièrement vulnérables.

Les sages-femmes ont également été oubliées lors de la distribution de masques réservés au professionnel de santé. Elles ont dû batailler pour obtenir l’équipement permettant de protéger les patientes d’une éventuelle contamination. La crainte s’appliquait aussi à ces professionnelles de santé, qui retournaient à leurs domicile en espérant ne pas infecter leurs familles.

Malgré les contraintes imposées par le virus, les sages-femmes n’ont reçu aucune prime pour leur travail durant l’épidémie. De plus, les mesures promises par le gouvernement à l’occasion du Ségur de la Santé n’ont pas été à la hauteur des attentes de la profession.

C’est dans ce contexte, que nous recevons dans nos studios : Nadège, Coralie et Édith, sages-femmes a l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. Nous aurons également par téléphone, l’intervention du chef de service le docteur Stéphane Bounan.

RENCONTRE GILETS JAUNE DANS LE MINERVOIS / QUELLE PLACE POUR LES PERSONNES ÂGÉES DANS NOS SOCIÉTÉS ?

Un confinement serré https://lepoing.net/

Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons l’écoute de la rencontre gilets jaunes qui se tenait en mai 2021 dans le Minervois. En octobre 2020, a eu lieu l’assemblée régionale gilet jaune Occitanie.

La longue séquence de la pandémie de covid-19 et ses conséquences : confinement, couvre- feu et autre ont eu des effets physiologiques et physiques important sur l’ensemble des générations. Quand n’ait-il pour les personnes âgées ?

C’est ce que nous allons entendre dans cette seconde partie d’émission, avec la parole singulière de Maurice résident dans la Drome, qui nous parle de son vécu en temps de pandémie et de restriction des libertés.

INDE : UNE RÉVOLUTION EN COURS

C’est en compagnie de Jacques Chastaing que nous allons passer cette heure d’émission, pour continuer à parler du soulèvement paysan en Inde.

En même temps que la Covid-19 étend ses ravages, en particulier à la campagne, dépourvue de structures de santé, de lits, de respirateurs, d’oxygène, de médecins, de médicaments, une colère monumentale et sans précédent à cette échelle s’est exprimée dans l’ensemble de l’Inde contre le régime de Modi le 26 mai 2021 dans tous les secteurs des classes populaires en s’organisant autour de la révolte des paysans.

UNE MOBILISATION HISTORIQUE POUR UN AUTRE MONDE

Ce 26 mai, au sixième mois d’occupation des portes d’entrée de Delhi, le soulèvement paysan animé par le SKM (Front Uni Paysan) coordination d’une quarantaine d’organisations paysannes, a appelé à une journée noire.

Il appelait à la mobilisation malgré l’urgence de la solidarité face au Covid qui occupe tous les bras et la nécessité de garantir la sécurité sanitaire dans des rassemblements qui de fait ne peuvent pas être de masse, en mettant des drapeaux noirs partout, sur les logements, les bâtiments administratifs, les entreprises, les mines, les commerces, les échoppes d’artisans, les voitures, les véhicules en tous genres et dans les rues.

L’objectif était d’exiger toujours que Modi annule ses lois anti-paysans et anti-ouvriers qui tuent la petite paysannerie, le monde du travail, le service public et les emplois pour la jeunesse mais aussi de dénoncer la responsabilité criminelle de Modi dans le carnage humain actuel du Covid en Inde et exiger des mesures rapides pour combattre ce fléau.

Le pays entier s’est couvert de noir y compris pour ceux qui travaillent avec des rubans ou badges noirs sur leurs vêtements, à l’exception en partie des deux États en proie au cyclone Yaas qui sévit ces jours-ci au Bengale occidental et en Odisha.

Toutes les colères du peuple indien se sont cristallisées autour de la gestion du Covid par Narendra Modi qui achève sept ans de son mandat au cours desquels il a multiplié les attaques contre les classes populaires, a complètement détruit l’économie par une privatisation effrénée où il a vendu toutes les entreprises comme les aéroports, les ports, les chemins de fer et d’importantes entreprises du secteur public au profit des capitalistes qui sont ses sponsors électoraux, Adani, Ambani en Inde mais aussi dans le monde Cargill, Walmart, Nestlé ou le français Dreyfus, supprimant des millions d’emplois pour la jeunesse indienne et aboutissant au désastre de probablement des millions de morts du Covid par défaut de structures de santé partout dans le pays et en particulier à la campagne.

Rakesh Tikait, un des leaders paysans parmi les plus populaires, a déclaré le 26 mai que la protestation des paysans était désormais devenue une lutte contre l’oppression, le fascisme et le capitalisme tandis que d’autres dirigeants paysans appelaient le gouvernement à faire ses valises.

C’est pourquoi Modi ne veut pas céder aux revendications des paysans car leur mouvement entraîne toutes les classes pauvres du pays bien au-delà des revendications paysannes, mais aussi toute la population indienne – et même la base policière pour qui le mouvement paysan demande de meilleures retraites contre les décisions du gouvernement – en exigeant la liberté de la presse, la lutte contre les effets du changement climatique et surtout en cassant dans la pratique et dans leurs objectifs, toutes les oppressions et les divisions de religions, de sexes, de couleurs de peau, de castes qui fondent le pouvoir de Modi et derrière lui du capitalisme en Inde… et ailleurs.

Le soulèvement paysan veut une Inde qui ne sert pas seulement les chefs d’entreprise, mais qui œuvre pour le droit de tous les citoyens indiens à l’alimentation, à la santé et à la liberté. Il veut non seulement une Inde où les agriculteurs obtiennent des prix équitables pour leur travail mais aussi un système entier pour le peuple, pas pour les profits de quelques hommes avides.

Et ce mouvement des paysans indiens a des revendications en Inde, mais aussi pour l’Asie, dénonçant les accords de l’Asean (association commerciale des pays d’Asie du Sud-Est aux origines anti-communistes), de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud et de Singapour de novembre 2020, le plus grand pacte commercial du monde, qui feront considérablement baisser les prix d’achats de leurs productions aux agriculteurs et en amèneront de nombreux à la ruine, sans faire pour autant baisser les prix à la consommation, puisque le but est d’augmenter la marge de profits des trusts de l’agro-alimentaire.

Et comme illustration de ce qu’il veut, le soulèvement paysan et ses soutiens a montré dans les campements de protestation aux portes de Delhi où habitent depuis 6 mois plusieurs centaines de milliers de paysans, ouvriers, jeunes, étudiants, soignants, militants de tous bords, syndicalistes … En lointain écho des occupations des places Tahrir, Kasbah, Syntagma, Puerta del Sol ou Parc Zuccotti – qu’un nouveau type de société est non seulement possible, mais est en train de naître en même temps qu’une nouvelle économie basée sur la communauté et le don. Les campements offrent gratuitement de la nourriture, de l’eau, un abri, des soins médicaux et des vêtements à tous ceux qui en ont besoin. Ainsi, depuis six mois maintenant, de nombreux enfants démunis et pauvres des bidonvilles sont éduqués, soignés et nourris de la gentillesse des agriculteurs. Contre l’économie de la cupidité, les agriculteurs représentent un nouveau modèle de société basée sur la coopération et le partage. Aujourd’hui, chaque campement offre un espace commun pour parler, discuter, argumenter et surtout faire partie d’une nouvelle fraternité humaine. Ils ont créé un nouveau melting-pot d’espoir en ces temps Covid-19, quand plus de la moitié du pays est enfermée, sans emploi et affamée.

Aussi, cette journée du 26 mai 2021, très politique, a vu des milliers et des milliers d’effigie ou de mannequins de Modi, brûlés un peu partout en signe de ce que les paysans pensent de lui et de son monde.

Mais cette journée était aussi conçue pour envoyer un signal au monde entier pour dire que Modi qui tue les paysans et le petit peuple, tue plus que le virus, qu’il commet un crime contre l’humanité, en Inde, mais aussi ailleurs avec le risque d’extension du variant indien au monde, bref qu’il est nécessaire qu’il s’en aille maintenant et que la communauté internationale peut y jouer un rôle, elle qui se mobilise déjà pour les paysans, en tout cas dans les anciens États membres du Commonwealth où, contrairement à la France, la presse ne fait pas barrage aux informations venant d’Inde.

Les dix principaux syndicats ouvriers ont rejoint l’appel paysan au 26 mai, comme 12 grands partis, les principales organisations féministes, celles des jeunes et des étudiants, des Intouchables, des petits commerçants et artisans, des journalistes et intellectuels et 4 gouvernements d’États fédéraux également, le Bengale Occidental, le Tamil Nadu où de nouveaux gouvernements opposés à Modi viennent d’être désignés dans des élections où le sens du scrutin se faisait contre Modi, dans le Maharashtra où le parti au gouvernement vient de rompre son alliance avec Modi et enfin dans le Jharkhand dont le gouvernement est opposé à celui du BJP de Modi.

LE CARNAGE DU MANQUE DE MOYENS DE SANTÉ

Le mouvement du 26 mai avait déjà été précédé d’une grève nationale massive le 24 mai des personnels de santé de la campagne qui sont en lutte depuis le début aux côtés de paysans dénonçant leur manque de moyens humains et matériels, de vaccins, médicaments et exigeant des hausses de salaires.

Malgré les chiffres officiels d’un gouvernement qui nie toujours l’importance du nombre de personnes contaminées ou décédées, tous les témoignages qui remontent de partout décrivent une situation infernale.

Les trois quarts par exemple du village de Basi, pas loin de Delhi, 5 400 habitants, sont malades et 30 sont morts sur les trois dernières semaines, ce qui rapporté au pays ferait dans les 9 millions de morts en trois semaines. Bien sûr, les situations sont inégales suivant les régions et les villages – 400 000 villages seraient touchés sur 600 000 – et on ne peut pas calculer ainsi sinon pour donner une idée de l’ampleur du drame.

On compte par exemple aussi 9 morts en 7 jours dans le village de Afzal Nagar, 3 300 habitants, où chaque foyer compte au moins un malade, dans l’Etat du Bihar ; 20 morts en un mois à Larma, 3 800 habitants, toujours dans le Bihar.

Des familles entières disparaissent et des villages sont menacés, par ailleurs, s’il y a peu d’informations sur ce qui se passe dans les tribus (Adivasis, 100 millions d’habitants) abandonnées à elles-mêmes, tout porte à penser que certaines tribus sont fortement contaminées et que faute de moyens sanitaires, la mortalité y soit importante, menaçant peut-être l’existence même de certaines tribus

Selon le mouvement paysan qui a fait un recensement dans un certain nombre de villages, il faudrait compter 10 000 morts par jour dans le seul État de l’UttarPradesh (200 millions d’habitants), 127 000 personnes sont mortes dans les deux mois de mars et avril dans l’État du Madhya Pradesh (73 millions d’habitants) et le mouvement estime qu’il pourrait y avoir de 5 à 10 millions de morts pour le pays entier dans l’année si la situation ne s’aggrave pas.

Les témoins racontent que des milliers de cadavres dérivent sur le Gange, que d’autres sont sommairement posés sur les rives, que les chiens mangent les cadavres humains, tandis que les communes manquent de bois pour incinérer les morts et que les crématoriums étant débordés, il y en a partout, improvisés, aux abords des hôpitaux, dans les jardins, sur les parkings, les trottoirs… Des récoltes ne sont pas faites, des terres entières sont abandonnées parce que les paysans qui les travaillaient sont morts…

Mais tout cela n’est pas fatalité.

L’inde, bien qu’une grande puissance et la pharmacie industrielle du monde, le plus grand fabricant de vaccins et de médicaments génériques sur la planète, est le pays au monde qui consacre le moins d’argent à son système de santé publique : officiellement 1,25% de son PIB, mais plus probablement 0,34% bien en dessous de ce que font les pays les plus pauvres du monde.

Par ailleurs 78% des soins de santé en ville sont privés et 74% à la campagne. Il y a bien des hôpitaux, mais hors de prix, réservés aux riches. Les centres de santé issus de la période de décolonisation sont abandonnés, servent d’étables pour les animaux… Et les personnels de santé sont tellement mal payés que beaucoup démissionnent : 1/6e des travailleurs de santé a démissionné par rapport à l’an passé.

A ce drame sanitaire s’ajoute un drame alimentaire.

N’ayant pas les moyens de santé pour faire face au virus, le gouvernement a encouragé partout au couvre feu et au confinement.

Or 93% des travailleurs en Inde travaillent dans le secteur informel, de petits boulots, de la menuiserie ou la cordonnerie au travail de chantier du bâtiment, en passant par la vente ambulante de fruits et légumes dans la rue.

Au delà de l’absurdité criminelle d’un confinement pour un peuple qui vit dans la rue ou en grande partie dans des bidonvilles, le couvre-feu et le confinement font perdre leur travail et leurs revenus aux plus pauvres et à partir de là leur logement et toute possibilité de se nourrir. N’ayant pas de protections chômage, maladie ou retraite, ils n’ont plus rien.

Avec la fermeture de l’accès à la rue, en quelques semaines, ils ont perdu leurs maigres économies et ne sont plus en mesure de se nourrir ou de nourrir leurs familles.

Or cette seconde vague du virus s’ajoute à la première, en 2020, où on estime que 47% des femmes actives ont perdu définitivement leur travail (9% des hommes), 33% des jeunes de moins de 24 ans également ont perdu leur travail et n’en ont pas retrouvé et sont donc physiquement affaiblis, situation aggravée par une pollution atmosphérique terrible qui tue en nombre.

Aujourd’hui, le chômage officiel a déjà doublé en une semaine du 9 au 16 mai 2021 en passant de 7 à 14% en même temps que les prix bondissent.

La famine menace et si des États ont promis des distributions alimentaires de secours, à la date du 24 mai, rien n’était encore arrivé par exemple à Delhi et des manifestations ont lieu dans des bidonvilles, où habitent un tiers des indiens, comme par exemple à Bombay dans le Maharashtra, pour dénoncer l’abandon des habitants des bidonvilles.

800 000 travailleurs “migrants” qui viennent de la campagne et travaillent en ville et qui vivent de petits boulots ont déjà quitté Delhi dés les premiers jours de la seconde vague de Covid – et plus encore ensuite – pour tenter de survivre dans leurs villages d’origine et avant que les transports publics soient bloqués. Mais en voyageant entassés dans les pires conditions, les bus et trains se sont transformés en clusters et ont contribué à propager le Covid partout.

Comme le gouvernement n’a rien prévu, n’a rien préparé, ne fait rien aujourd’hui, a même fortement contribué à la propagation du virus par ses campagnes électorales et pèlerinages hindous et est dirigé par des ministres obscurantistes qui rejettent la science en expliquant par exemple que pour chasser le virus il faudrait taper sur des casseroles, sa principale activité est d’accuser les autres dans la presse de ses propres crimes : les États fédéraux, la population en général, mais surtout le mouvement paysan qu’il accuse, tous les jours, inlassablement, à longueur de journaux, d’avoir propagé le virus en particulier à la campagne en même temps qu’il criminalise violemment tous ceux qui sur les réseaux sociaux appellent à l’aide, demandent de l’oxygène, des médicaments ou documentent le drame.

CONTINUATION, SUSPENSION ET REPRISE DE LA LUTTE A UN NIVEAU PLUS ÉLEVÉ

Le soulèvement paysan a bien sûr été affaibli dans un premier temps du simple fait que tout un chacun pare au plus urgent en essayant de se protéger soi-même de la Covid ou d’aider les autres, familles, voisins, amis, collègues qui sont en difficulté. Du coup, pendant les premiers moments de la seconde vague de la Covid, bien des luttes ont été suspendues.

Cependant, au delà de l’entraide auquel il participe lui-même en fournissant aux nécessiteux des repas, médicaments, centres sanitaires et logements gratuits dans ses campements et lieux de mobilisation, le mouvement a repris son essor dés lors que la période des récoltes a commencé à se terminer à partir du 8 mai où une première mobilisation a eu lieu mais surtout de la seconde semaine de mai, où des milliers et des milliers de paysans et soutiens reviennent en nombre tous les jours aux campements de Delhi depuis le 12 mai environ, 40 000 étant arrivés par exemple le 25 mai.

Le 24 mai, ils étaient déjà plus de 10 000 à bloquer le commissariat central de Hisar dans l’Haryana malgré les 3 000 flics impuissants qui tentaient de le protéger, après que quelques jours auparavant, des policiers aient violemment chargé une manifestation paysanne qui encerclait le premier ministre BJP de l’Haryana, faisant de nombreux blessés et prisonniers. Les paysans ont obtenu que les prisonniers soient relâchés, que ceux qui ont été blessés ou ont eu des véhicules endommagés , soient indemnisés et que même des emplois soient fournis à la famille d’un paysan qui est décédé.

Le 26 mai,en réponse aux calomnies du gouvernement de Modi et de son parti, le BJP, ce sont des millions de paysans, ouvriers agricoles, ouvriers, employés,enseignants, étudiants qui ont organisé rien qu’au Pendjab, 108 lieux de mobilisation et de blocages en plus des manifestations avec libération de péages autoroutiers, blocage de stations essence Reliance, un groupe qui soutient Modi, blocage de grandes surfaces commerciales liées aussi aux groupes capitalistes soutenant Modi et qui seront bénéficiaires des lois anti-paysans, de gares, et de résidences de leaders du BJP. En Haryana, on comptait plus de 60 lieux de mobilisation et rien que dans le seul district (département) de Jhajjar dans l’Haryana on comptabilisait 240 manifestations. A Delhi, 50 lieux de mobilisation étaient recensés.

Dans l’Assam et le haut Assam, des manifestations ont eu lieu comme ailleurs mais en plus avec des tribus Adivasis dénonçant l’accaparement des terres par des sociétés capitalistes après que dans le Chhatisgarh il y a quelques jours la police avait tiré et tué trois indigènes qui dénonçaient le vol de leurs forêts par les militaires.

A Ropar, les paysans ont chassé de la ville les membres du RSS, la milice fasciste au service du pouvoir. A Rupnagar et dans d’autres lieux, les militants du BJP et du RSS ont été pris à partie et ont du fuir. Dans l’Uttar Pradesh où la police du BJP a voulu interdire les rassemblements de nombreux affrontements ont eu lieu et les policiers ont souvent été mis en difficulté.

Malgré les difficultés de mobilisation et de rassemblements dues à la Covid-19, le soulèvement paysan a franchi ce 26 mai une nouvelle marche importante dans l’entraînement avec lui de l’ensemble des classes populaires d’Inde sur un programme de plus en plus large.

Et d’ores et déjà, le SKM a annoncé qu’il allait intensifier la mobilisation dans le cadre d’une alliance renforcée des paysans et des ouvriers et allait appeler à de nouvelles initiatives d’ici peu.

Jacques Chastaing, le 27 mai 2021

POLITIQUES ASSASSINES ET SANTÉ AU TRAVAIL

Gestion incohérente de la pandémie de Covid-19, mépris du travail des soignant·e·s, démantèlement du droit du travail, incendies toxiques de Notre-Dame-de-Paris et de Lubrizol, invisibilisation des cancers d’origine professionnelle… Ce livre révèle le point commun entre ces différentes catastrophes : la mise en danger généralisée des travailleur·se·s par l’État et le patronat. Il tente également de répondre à cette question brûlante : que faire pour promouvoir la santé et la démocratie au travail ?

Dans ces entretiens, Annie Thébaud-Mony revient sur son expérience internationale de recherche et de militantisme sur les maladies professionnelles, explique ce que la pandémie révèle de la destruction des droits à la santé en France, raconte les luttes actuelles auxquelles elle participe et étudie les liens entre leurs dimensions sociale et environnementale. L’analyse de ces mobilisations, où se rencontrent travailleur·se·s, chercheur·e·s, militant·e·s et habitant·e·s, trace ainsi le chemin d’une possible démocratisation du travail, afin de le mettre au service de la santé et de la vie.

Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons une partie de cette rencontre autour du livre d’entretiens réalisés par Alexis Cukier et Hélène Stevens intitulé : Politiques assassines et luttes pour la santé au travail. Covid-19, cancers professionnels, accidents industriels, paru aux éditions La Dispute.

Cette rencontre débat se tenait ce 29 mai 2021à la Bourse du travail de Paris, a l’initiative de L’Association Henri Pézerat, Santé – Travail – environnement, Les Ateliers Travail et Démocratie, Les Éditions La Dispute et L’UD CGT Paris.

Nous entendrons entre autre, les interventions de la sociologue de la santé et du travail, Annie Thébaud-Mony.

COLOMBIE : une révolte qui appelle à la solidarité internationale / LE HAUT-KARABAGH

Paris place de la république 8 mai 2021 ; rassemblement de soutien au peuple Colombien

En Colombie, la situation est aussi glaçante que le silence qu’elle trouve à l’international, et particulièrement en France.

Depuis le 28 avril, le mouvement de Paro nacional s’élève contre la réforme fiscale du gouvernement d’extrême droite de Iván Duque. Au milieu du pic le plus meurtrier de l’épidémie, le gouvernement pensait pouvoir mobiliser l’argument sanitaire pour délégitimer et empêcher les manifestations. La réforme visait à taxer les plus pauvres à travers l’augmentation de la TVA sur les produits de première nécessité. Avec un système de santé privatisé et une gestion de la crise sanitaire catastrophique, la Colombie est particulièrement touchée par l’épidémie de la Covid-19. Durant la pandémie, la proportion de la population sous le seuil de la pauvreté est passée de 33 à 42%.

En Colombie, la violence politique à l’encontre des opposants, des leaders sociaux et des mouvements sociaux s’inscrit dans une histoire longue et se trouve au cœur du conflit armé. Durant les longues années de guerre contre les guérillas marxistes, l’État colombien, avec l’aide et en partie sous le contrôle des États Unis, a forgé une stratégie militaire particulièrement sanglante. Les groupes paramilitaires d’extrême droite, collaborateurs non officiels de l’État, de l’armée et de la police, ont perpétué des massacres contre les opposants politiques. Ils pratiquent aussi le massacre des civils dans des exécutions extra-judiciaires en les faisant passer pour des soldats des guérillas.

Actuellement, les leaders sociaux, qui luttent pour les droits environnementaux et pour les droits sociaux au sein d’organisations communautaires, dans les zones rurales et dans les quartiers populaires des grandes villes, sont assassinés par des groupes paramilitaires. Les accords de paix de 2016 qui a fait rendre les armes aux FARC sont loin d’être respectés, on recense ainsi plus de 1000 leaders sociaux et ex-combattant·e·s assassiné·e·s depuis leur signature.

Lors des manifestations de 2019, plusieurs manifestant·e·s sont mort·e·s sous les balles de la police.

En septembre 2020, d’énormes révoltes s’étaient organisées à Bogotá en réponse au meurtre de l’avocat Javier Ordóñez par deux policiers.

Mais aujourd’hui, la répression qui s’abat sur le mouvement social est véritablement cauchemardesque et incarne les méthodes d’une dictature paramilitaire qui ne dit pas son nom. Les rapports des organisations de défense des droits humains évoquent au moins 47 morts entre le 28 avril et le 8 mai . Le dimanche 9 mai, la police tire toujours sur les manifestant·e·s à Cali. Et pire, des cortèges de partisant·e·s du parti au pouvoir attaquent le mouvement, tirant sur les cortèges des militant·e·s des organisations indigènes aux côtés et sous la bénédiction de la police.

Dans sa folie répressive, le gouvernement ferme les frontières de certains départements, pour renforcer la militarisation et entraver le travail des ONG qui œuvrent pour le respect les droits humains.

Pour contrer la puissance d’information des réseaux sociaux, ces derniers se trouvent censurés.

Dans le contexte d’une répression extrême, l’État nie les meurtres, et assure tout son soutien à l’armée et à la police. Le gouvernement de Duque, lui-même extrêmement proche de l’ancien président Iván Uribe, mobilise la même rhétorique qui fut employée de nombreuses années contre les guérillas marxistes.

Alors qu’elle se trouve constamment stigmatisée par le discours officiel du gouvernement et dans les médias à travers le terme de « vándalos », la première ligne colombienne fait preuve d’une dignité et d’un courage immenses. La première ligne consiste, sur le même modèle de lutte mobilisé au Chili et dans beaucoup d’autres pays du monde, à former une ligne défensive en tête des cortèges pour protéger les manifestant·e·s, permettre la progression du cortège et faire face aux offensives de la police. Les personnes qui investissent la rue en Colombie luttent au péril de leur vie contre le gouvernement assassin de Iván Duque, avec une détermination et une organisation qui ne peut qu’inspirer les révoltes du monde entier.

Au-delà de la première ligne, il y a dans le mouvement social des milliers de lignes, des milliers d’organisations et de formes de luttes différentes. Le mouvement organise au jour le jour avec des travailleur·euse·s qui mettent à profit leur savoir-faire pour construire du matériel de défense, avec tous les gens qui apportent de la nourriture, qui visibilisent la situation sur les réseaux sociaux, qui filment la police, qui cachent les personnes pourchassées, qui soutiennent le mouvement financièrement, qui chantent depuis leurs fenêtres, ou encore qui s’organisent dans de longues et fatigantes réunions.

La particularité des mobilisations actuelles est qu’elle mobilise largement au-delà des universités et des secteurs en luttes traditionnels. En effet, la réforme fiscale touche tout le monde, et de nombreuses personnes qui d’ordinaire ne se joignent pas aux protestations sont descendues dans la rue. La jeunesse des quartiers populaires joue un rôle clé dans la lutte pour tenir la rue. Même les supporters des clubs de foot adverses, qui s’affrontent d’ordinaire de manière très violente, font face à la police ensemble. La force du mouvement social est qu’il s’est également développé depuis les zones rurales et dans les villages, avec plus de 800 points de concentration dans le pays.

Désormais, les revendications du Paro Nacional se sont élargies. Le mouvement revendique le départ de Duque, du ministre de la défense et de celui de l’intérieur, ainsi que le retrait définitif de la réforme de l’impôt, de la réforme du travail, de celle de la Santé et de la réforme des retraites.

Néanmoins, la Colombie est face à une incertitude extrêmement angoissante. Duque annonce à la télévision qu’il commencera à user de la manière forte si les violences des « vandales » continuent. Pour répondre aux atteintes à l’ordre public, les partisans uribistes lui demandent de déclarer l’état de « conmoción » intérieur, lequel énonce, en réalité, un pouvoir dictatorial à l’exécutif pendant 90 jours. Alors que la situation emprunte déjà largement aux méthodes d’une dictature établie, un tel virage institutionnel pourrait largement empirer la situation vers une répression encore plus cauchemardesque.

La France est le 7ème fournisseur d’armes et de matériel militaire à la Colombie. Si cela n’est pas étonnant, cela révèle la complicité criminelle du gouvernement français.

Nous avons des moyens de témoigner notre solidarité avec les révolté·e·s colombien·ne·s.

Ce weekend a été l’occasion de montrer que la solidarité internationale est à même d’aider un mouvement de révolte. Les rassemblements dans de nombreux pays du monde en soutien à la Colombie, et notamment en France dans plusieurs villes, ont donné beaucoup de force à la mobilisation, qui se sent désormais beaucoup plus soutenue et moins invisible.

Ce texte est tiré d’un article du Poing.

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons les entretiens réalisés le 8 mai place de la république a Paris ou se tenait un rassemblement de soutien au peuple Colombien suivit d’un entretien réalisé le 10 mai avec Damien qui se trouve a Cali et il nous parlera de la situation dans la région.

Pour se tenir informé·e·s de la situation sur place, suivre la page Primeralineacol, Brujas: La banda feminista, ou Guarrillerass. Les vidéos des violences policières sont souvent relayées par le compte Laverdadcolombia

Pour consulter le bilan des violences d’État au jour le jour, suivre le compte de l’ONG temblores ou de l’ONG Human Rights Internacional.  Particulièrement à la nuit tombée, les violences physiques, les humiliations et les intimidations sont omniprésentes, avec plus de 1000 civiles blessé·e·s, et notamment 28 personnes mutilées à l’œil[j1]

Le 15 avril se tenait un rassemblement organisé par l’association charjoum ( le mouvement) sur la place de la République. Ils exigent  la libération des prisonniers de guerre arméniens en artsak, ou haut-Karabagh. En effet, depuis la fin de la guerre le 9 novembre 2020, ces prisonniers n’ont pas été libéré et de nouveaux ont été incarcérés.

De plus, ils dénoncent la guerre psychologique que les Arméniens subissent (que ce soit en Arménie même ou dans la diaspora) menée par le pouvoir médiatique azéri afin de faire taire toutes formes de revendications.

Dans cette seconde partie d’émission, nous entendrons deux interviews réalisées lors du rassemblement qui se tenait ce 15 avril 2021.

CRISE SANITAIRE :comment refonder notre système de santé ?

Des années que les gouvernements cassent notre système de santé et prennent les hôpitaux pour des start-ups. La crise sanitaire n’a fait que l’empirer et. un an après, le gouvernement continue de laisser des lits d’hôpitaux être supprimés.

Dans l’émission de ce jour, nous parlerons du système de santé au regard de la pandémie de covid-19.

Pour cela, nous vous diffusons une rencontre qui se tenait à Paris, le 11 avril 2021. Débat organisé par le CNNR(conseil national de la nouvelle résistance), avec André Grimaldi (CHU Pitié-Salpêtrière), Didier Ménard (Président de La Place santé), Pierre Schwob-Tellier (infirmier aux urgences, membre du Collectif Inter-Urgences).

CHILI 2021 / ÉPISODES 2 ; Stratégie répressive et prisonniers politiques

Le 18 octobre dernier, le peuple chilien s’est réveillé pour exiger davantage de justice sociale. Trois jours plus tard le président de la République Sebastián Piñera a déclaré que le pays était « en guerre contre un ennemi implacable ».  Jusqu’à l’apparition de la covid-19 et a repris suite au levé du couvre-feu instauré pendant 6 mois avec comme prétexte la pandémie. Au mois d’octobre 2020, un référendum a vu le jour et la population s’est exprimé en faveur d’une nouvelle constitution. Cette décision soulève de nombreux enjeux et notamment avec les élections présidentielles qui auront lieu courant 2021.

Nous consacrons donc deux émissions sur la situation sociale au Chili. Une première dans laquelle nous avons diffusées une partie des prises de parole réalisé lors de la rencontre internationaliste organisé par la cantine syrienne ” les peuples veulent”, qui avait lieu le jeudi 21 janvier avec le collectif Vitrine Dystopica, intitulée : Communalisme et perspectives de victoire du Chili à la France.

La seconde émissions été réalisé dans le début du mois de mars avec deux membres de l’assemblée des familles de prisonniers politiques chiliens. Dans cet entretien, nous revenons sur la stratégie répressive du pouvoir institutionnel, simultanément à cette ” victoire”du référendum ; et sur la proposition de loi d’amnistie générale pour tout les prisonniers politiques que cette assemblée cherche à faire adopter dans le projet de la nouvelle constituante. L’occasion pour nous d’aborder la situation actuelle du Chili et les enjeux politiques actuels.

CHILI 2021 / ÉPISODE 1 ; Les limites de la constituante

Le 18 octobre dernier, le peuple chilien s’est réveillé pour exiger davantage de justice sociale. Trois jours plus tard le président de la République Sebastián Piñera a déclaré que le pays était « en guerre contre un ennemi implacable ».    Le mouvement s’est maintenue jusqu’à l’apparition de la covid-19 et a repris suite au levé du couvre-feu instauré pendant 6 mois avec comme prétexte la pandémie. Au mois d’octobre 2020, un référendum a vu le jour et la population s’est exprimé en faveur d’une nouvelle constitution. Cette décision soulève de nombreux enjeux et notamment avec les élections présidentielles qui auront lieu courant 2021.

Nous consacrons donc deux émissions sur la situation sociale au Chili. Une première dans laquelle nous vous diffusons une partie des prises de parole réalisé lors de la rencontre internationaliste organisé par la cantine syrienne ” les peuples veulent”, qui avait lieu le jeudi 21 janvier avec le collectif Vitrine Dystopica, intitulée : Communalisme et perspectives de victoire du Chili à la France. Cette discussion revient sur les dangers du processus électoraliste, les tentatives de récupération de la mobilisation par le pouvoir institutionnel, mais aussi sur les conséquences et perspectives réelles issues de la mobilisation débutée l’année dernière.

LES PEUPLES VEULENT

🌅 Alternatives révolutionnaires 🌅

Si la crise sanitaire et sa gestion, comme les catastrophes écologiques successives, assombrissent chaque jour notre perception du futur, des rayons d’espoir percent malgré tout ce ciel gris et menaçant.

Soudan, Algérie, Hong Kong, France, États-Unis, Mali, Liban, Irak, Iran, Thaïlande, Biélorussie, Équateur, Haïti, Catalogne, Chili, Nigeria… On peine à dénombrer sans en oublier l’ensemble des soulèvements des deux dernières années. 💥

Un désir de vie, de dignité et de justice parcourt villes et campagnes du monde entier. Malgré la répression, le courage des peuples qui se soulèvent défient partout le statu quo.

Si l’on semble s’accorder que dans les quatre coins du monde « les peuples veulent la chute des régimes », bien rares sont les voix et les slogans qui évoquent ou défendent une vision de

ce qui pourrait succéder ces chutes 🌅. La question de l’après reste bien souvent absente.

Cette année le titre de notre rencontre s’arrête à trois mots sans que nous sachions si il faut les ponctuer d’un point d’interrogation❓ ou d’exclamation❗

💥Les peuples veulent!?💥

Pendant plus d’un siècle, révolution rimait avec socialisme(s). Du Vietnam à l’Algérie en passant par Cuba ou le Burkina Faso, quand une insurrection éclatait, le communisme était disponible lorsqu’il s’agissait d’imaginer la suite. Que l’on s’en réjouisse ou non, on peut s’accorder pour dire que la situation a bien changé.

Quelles propositions de transition ou de rupture réussissent encore à se frayer un passage au moment des soulèvements ? La démocratie libérale pour remplacer les régimes autoritaires ? Des assemblées constituantes pour transformer la démocratie libérale ? Quelles perspectives dessinent les révoltés de nos jours ❓

C’est pour réfléchir à ces questions que nous avons souhaité inviter collectifs et individu.e.s du monde entier à participer à cette rencontre.

Certain.e.s, après avoir assisté à l’écroulement de régimes ou à la libération de territoires entiers ont déjà entrevu cet instant d’après. D’autres, ne souhaitant pas attendre de tels moments, ont déjà commencé à construire des d’alternatives au système actuel.

Les changements progressifs et locaux ne peuvent être opposés aux soulèvements. Au contraire, il nous faut souhaiter qu’en plus de se multiplier, les uns et les autres se nourrissent mutuellement.

À partir des pistes qui sont d’or et déjà creusées ici et ailleurs, il est possible d’apercevoir des réponses communes et de dessiner des horizons qui traversent frontières et océans. ✨

DES DÉTENUS PORTENT PLAINTE CONTRE LES CONDITIONS DE VISITE DE LEURS PROCHES.

Depuis le début de la crise de la Covid-19 véritable État de guerre et d’État d’urgence sanitaire, le gouvernement plutôt que de donner des réponses sanitaires a décidé de privilégier la réponse sécuritaire.

Il en va de l’extérieur des prisons comme de l’intérieur. Le peu d’aménagement gagné de dures luttes est repris petit à petit. Au lieu de faire des tests l’administration pénitentiaire dresse des vitres en plexiglas pour séparer les parloirs entre les prisonniers et leurs proches ; sas de décompression.

Saisi par cinq détenus de la maison d’arrêt de Seysses qui contestent le dispositif de séparation mis en place dans les parloirs depuis le début de la crise sanitaire, le tribunal administratif de Toulouse a confirmé que ce dispositif portait atteinte au maintien des liens entre les détenus et leurs proches,

Depuis la reprise des parloirs en mai dernier, les dispositifs visant, pour des raisons sanitaires, à séparer physiquement les personnes détenues de leurs visiteurs n’ont cessé de se multiplier.

Depuis l’automne, la mise en place de cloisons de plexiglas hermétiques courant du sol au plafond s’est généralisée et la quasi-totalité des boxes de parloir en sont désormais dotés. Chacun d’un côté de la vitre, les détenus et leurs proches se retrouvent ainsi contraint de hausser la voix, parfois jusqu’à hurler, pour s’entendre.

À Seysses, c’est une vingtaine de boxes contigus qui accueillent les visiteurs, dans une cacophonie géante, empêchant tout échange et toute intimité. Ce nouveau dispositif se rapproche désormais des parloirs réservés aux prisonniers punis.

Confronté à une telle situation, cinq détenus de la maison d’arrêt ont demandé à la direction de retirer ce dispositif puis, face à son refus, ont saisi le tribunal administratif de Toulouse en référé. Celui-ci a, dans une ordonnance datée du 18 février 2021, de leur donner raison, confirmant que le fait « de refuser de retirer l’installation de deux plaques de plexiglas séparant les parloirs en deux zones hermétiquement fermées du sol au plafond est de nature à créer un doute sérieux quant à sa légalité dans la mesure où les dégradations acoustiques de telles mesures ne permettent plus aux détenus de maintenir les liens personnels et affectifs avec les membres de leurs familles ».

En outre, prenant acte du fait que la direction a, entre temps, fait percer des trous dans les parois de plexiglas pour faciliter les échanges ainsi qu’elle l’a affirmé dans sa défense, le juge a exigé qu’un contrôle acoustique de cet aménagement soit effectué rapidement, sans la présence des avocats et hors des conditions d’utilisation ordinaire.

En entendant parler de cette plainte 15 prisonniers de la maison centrale de Châteauroux ont entrepris de porter le même recours.

Dans cette émission vous pourrez entendre non seulement les prisonniers de Châteauroux expliquer les conditions de visites sous Covid-19 et les raisons de leur colère, mais également maître julien Brel du barreau de Toulouse et maître Romain profit pour Châteauroux.

Cette initiative renoue, dans un contexte particulièrement difficile, avec l’action collective. Nous verrons combien malgré le fait que la forme choisie ; la contestation juridiques, n’est pas une évidence au sein des prisons.

Cette émission est faite pour soutenir ce dépôt de plainte et sera diffusée le plus largement possible afin que d’autres prisonniers s’en saisissent. Nous saluons ici le courage de ceux et celles qui l’ont intenté et espérons que d’autres feront de même.

PRÉCARITÉ A L’UNIVERSITÉ

Lyon 26 novembre 2019 ; manifestation étudiante contre la précarité

En novembre 2019, Anas, un jeune étudiant stéphanois s’était immolé devant le Crous (centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) pour dénoncer la précarité étudiante. En février 2021, c’est Guillaume qui a été retrouvé pendu dans sa chambre d’étudiant du campus de Nanterre.

Avec l’épidémie de Covid-19, c’est l’ensemble des inégalités qui se sont creusées et le sujet de la précarité étudiante a pu faire les choux gras de l’actualité médiatique. Néanmoins, la dégradation des conditions d’études, de travail et de vie de l’ensemble de la population universitaire se dégradent depuis de nombreuses années.

Les réponses de l’état ont été d’une part la mise en place d’un numéro vert, une prime de 150 euros et un chèque psy de 30 euros. D’autre part, le passage en force de la réforme loi de programmation recherche (LPR) sur le financement de la recherche qui renforce la précarité des conditions de la recherche et contre laquelle les enseignants se battent depuis son annonce.

Enfin, une campagne de discrédit médiatique autour d’une mouvance “islamo-gauchiste” à l’origine de tous les maux de l’université.

Dans cette émission, nous avons donc décidé de prendre le temps de revenir sur l’ensemble de ces sujets. Tout d’abord vous pourrez écouter une interview de Victor étudiant et résidant du CROUS de Nanterre et militant à l’UNEF (l’union nationale des étudiants de France). Ensuite vous pourrez entendre un entretien avec deux étudiantes de Paris 1 Panthéon Sorbonne et de Paris 8 Saint-Denis, toutes les deux militantes à solidaires étudiant, avec qui nous revenons sur l’ensemble de ces sujets, sur les difficultés et les perspectives de luttes qui existent dans cette période particulière.

Pour plus d’info sur le cahier revendicatif de solidaires étudiant-e-s : https://www.google.com/url?esrc=s&q=&rct=j&sa=U&url=https://solidaires-etudiant-e-s.org/site/2020/09/15/contre-la-precarite-etudiante-et-pour-lamelioration-des-conditions-detudes-nos-revendications/&ved=2ahUKEwjJ0efbw6XvAhUGx4UKHUN3ArUQFjAAegQICRAB&usg=AOvVaw3c6KvGPdv09nElSRCZnm8v

COVID-19 : UN VACCIN SANS CONTRAINTE NI FICHAGE !

Le gouvernement se vante d’avoir laisser le choix à chacun de se faire vacciner ou non. On le sait, la réalité est bien moins démocratique. De nombreuses plates-formes et organismes privés ont déjà exprimé leur vœu de n’autoriser leurs espaces qu’aux seules personnes vaccinées. Ce premier débat laisse un peu dans l’ombre un deuxième, tout à fait essentiel, celui des données médicales.

On nous dit beaucoup de choses contradictoires… On a l’impression de manquer d’une analyse critique indépendante

L’Assurance-maladie contraint les professionnel·le·s de santé à avoir recours au dossier « vaccin Covid » sur son site, Ameli.fr, dans le cadre de la procédure de vaccination. Le Syndicat de la médecine générale (SMG) a publié, le 11 janvier dernier, un communiqué de presse pour dénoncer ces agissements. S’il est favorable à la vaccination pour venir à bout de l’actuelle pandémie, il souligne l’absence de clarté dans la procédure de transmission des données médicales. Celles-ci, sans autre forme de réclamation, sont en effet transmises, à des fins de recherche, à la plate-forme Health Data Hub et à la Caisse nationale de l’Assurance-maladie.

Parcours du combattant

Les personnes qui entrent dans le parcours vaccinal peuvent « à tout moment », selon les autorités, s’opposer à la transmission de leurs données. Il faut pour cela adresser un courrier écrit soit au directeur de l’organisme de rattachement de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) soit au délégué à la protection des données, soit sur l’espace numérique prévu à cet effet du compte Ameli de la personne. « En cas de difficulté dans l’application des droits énoncés ci-dessus, toute personne peut également introduire une réclamation auprès de la Commission nationale l’informatique et des libertés (CNIL) ». Un parcours du combattant, en somme, qui pourrait en décourager plus d’un !

Deux membres du SMG, Lanja et Louise, sont venues dans notre émission et par téléphone, nous présenter la crise du Covid-19 du point de vue de la médecine générale. Quelle a été sa place dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire ? Celle de la télémédecine ?

COVID-19 ; LES LICENCIEMENTS CONTINUENT

Depuis le début de la pandémie mondiale, une crise sanitaire et économique violente s’est mise en place. Le gouvernement et le patronat utilisent cette situation pour justifier des licenciements de manière massive.

Les plans de licenciement se multiplient. Les entreprises du Nord sont loin d’être épargnées ; l’entreprise Cargill, Bridgestone, Auchan, Hop!… Dans la santé, alors qu’on a applaudi et médaillé les soignant-e-s suite à l’épisode du confinement, aucuns moyens réels n’ont été mis dans la santé.

Le 24 novembre 2020, le jeune parti anticapitaliste organise un meeting interprofessionnel a distance à Tourcoing. Avec des interventions de travailleurs.Ses en lutte (Cargill, CHR, Union Locale Tourcoing …) et de la jeunesse.

Dans l’émission de ce jour, nous entendrons les interventions de ; Isabelle Bosseman, éducatrice spécialisée en psychiatrie au CHU de Lille.

Dorian Valois, Secrétaire général du syndicat CGT chez Cargill et secrétaire adjoint du CSE de l’usine d’Haubourdin.

Ali, cheminot et syndicaliste a SUD RAIL.

Anaïs, étudiante à l’université de Lille et Syndicaliste a L’UNEF.

Habib, délégué CGT Tourcoing.

Jaffar, salarié TUI France et délégué CGT.

COVID-19 ; LES TECHNOLOGIES VACCINALE À LA LOUPE

Dans cette émission, nous vous diffusons une prise de parole qui a été trouvé sur internet sous le nom de Covid-19 ; les technologies vaccinales a la loupe . C’est une prise de parole de Christian Vélot, Président du Conseil Scientifique du CRIIGEN ; COMITÉ DE RECHERCHE ET D’INFORMATION INDÉPENDANTES SUR LE GÉNIE GÉNÉTIQUE, sur la question de la vaccination.

L’EHPAD VERDIER DE MONTROUGE EN COLÈRE

La situation dans établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) publique de Montrouge est catastrophique. La directrice actuelle y mène une politique managériale infantilisante que l’on pourrait qualifier de maltraitante vis à vis de son personnelle.

Aucune discussion n’y est possible, chaque tentative de remise en question y est lourdement sanctionnée. Cette réalité rejaillit évidemment sur les pensionnaires qui ont été frappés en grand nombre par la Covid-19.

Le 7 décembre, accompagnées par les syndicats CGT et FO, quelques travailleuses de l’EHPAD étaient présentes devant la mairie, qui couvrent les agissements de la directrice, pour dénoncer leurs conditions de travail et les conditions de vie des résident-e-s. Il est particulièrement scandaleux de voir d’un côté le discours officiel mettant en avant l’abnégation de ce personnelle indispensable et de l’autre la réalité de celles-ci.


Suivent deux interviews de personnelles soignantes et d’une syndicaliste de l’union départementale santé action sociale 92 CGT, réalisées lors du rassemblement de ce 7 décembre devant la mairie de Montrouge.

Et nous terminerons cette émission, avec une interview réalisée avec une infirmière de l’hôpital Tenon lors de la déambulation aux flambeaux du 09 décembre qui partait de ce même hôpital et organisée par des associations, syndicats et partis politiques du 20ᵉ arrondissement de Paris.

CHILI; RÉCIT D’UN MOUVEMENT POPULAIRE

Revendications collées dans la rue : 1. PIÑERA+PINOCCHIO – 2. OCTOBRE 2019, LE CHILI A DIT SUFFIT !

En Octobre 2019, débute un mouvement social de grand ampleur qui part notamment du refus de payer les transports et qui se diffuse dans une grande partie du Chili. Mouvement qui s’est maintenue jusqu’à l’apparition du covid-19. Le mouvement a repris suite a la levé du couvre feu instauré pendant 6 mois avec comme prétexte la pandémie.

En ce mois d’Octobre 2020, un référendum a vu le jour, autour d’une nouvel constitution pour le Chili, la population s’est exprimé pour une nouvelle constitution.

Dans l’émission de ce jour, nous parlerons de la situation sociale au Chili avec Claudio. En sa compagnie, nous reviendrons entre autre sur les enjeux de cette nouvelle constitution et des perspectives qui peuvent en découlé.

LES CENTRES DE RÉTENTION ADMINISTRATIF

Depuis le début de la crise de la Covid 19, le trafic aérien est extrêmement limité, beaucoup de frontières sont fermées mais des personnes continuent d’être enfermées dans les centres de rétention administrative (CRA). Mercredi 28 octobre, le gouvernement annonce un deuxième confinement et la fermeture totale des frontières extérieures à l’Europe. Pourtant, l’État refuse toujours de fermer les centres de rétention !

Dans l’émission de ce jour et de manière réguliere, nous revenons sur la situation au sein des centres de rétention en compagnie d’un membre de l’équipe de l’émission l’envolée.

Nous débuterons cette émission par un tour d’horizon de différent mouvement qui ont eu lieu ses dernière semaines, suivra la lecture d’un communiqué des prisonniers en gréve de la faim au CRA de Vincennes. Ensuite, nous parlerons du mouvement de révolte qui a eu au CRA du Canet à Marseille début Novembre.

En seconde partie d’émission, nous parlerons de la situation au centre de rétention du Mesnil-Amelot et nous diffuserons un entretien réalisé avec une proche d’un prisonnier du CRA.

Nous terminerons cette émission avec la lecture d’un texte de Laurent Jacqua ; lettre d’un prisonnier covid 1984.

HÔPITAL ; QUELLE POLITIQUE DE SANTÉ ?

carte publié par bastamag le 29 Octobre 2020

Nous consacrerons l’entièreté de cette émission a la situation de l’hôpital a la lumière de cette seconde phases de la pandémie de covid-19

Nous commencerons avec une infirmière et deux aides soignants du groupe hospitalier du Havre, qui nous parlerons des conséquences des politiques de santé mené depuis plusieurs années et de la situation de leur hôpital.

Que se passe t-il a l’hôpital de Foix ? L’hôpital de Foix est tellement saturé qu’il délègue… au tribunal ! En Ariège les services hospitaliers sont durement
touchés par les restrictions budgétaires, les fermetures de lits et même
de services. On ne savait pas en revanche, que lorsque des personnels
et des usagers se mobilisent pour l’hôpital, son directeur peut faire
appel non à des soignant-e-s supplémentaires mais à la gendarmerie et au
procureur.

Nous en parlerons avec Aline Pailler, une des personnes avec Jean-Manuel Tellez, agent hospitalier délégué CGT à l’hôpital de Foix, convoqués à la gendarmerie de Pamiers ce Lundi 9 Novembre 2020.

FRED BLADOU, ANCIEN D’ACT UP, REVIENT SUR LE TRAITEMENT DU COVID-19

«Tout ce que nous avons appris du sida est effacé, on gère cette épidémie comme si c’était la première»

Depuis le premier confinement nous avions envie d’aborder le Covid-19 avec en mémoire la lutte contre cette autre pandémie qu’est le sida, et de voir comment les malades des années 80 se sont battus pour s’approprier leur maladie pour vivre avec. L’article de « libé » nous en a donné l’occasion.

Nous avons contacter Fred Bladou qui était militant à Act Up à l’époque pour qu’il revienne sur cette lutte et nous dise ce qu’il pense du traitement gouvernemental de cette nouvelle pandémie.

Il dénonce des mesures basées sur la suspicion et la culpabilité, qui se gèrent à coup de répression alors qu’il s’agit d’inclure le peuple dans la recherche de réduction des risques et de moyens sanitaires cogérants, adaptés et substantiels.