relaxe judiciaire pour Siham Touzi ex infirmière en ephad /pas d’extradition pour Gino

Dessin réalisé par SoSkuld (soskuld.com)

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur deux procès à teneur social et de lutte antifasciste.

Dans cette première partie, nous nous rendons au tribunal de Pontoise, ou fût jugé Siham Touzi, ex-infirmière de l’Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) du château de Neuville et gréviste avec d’autres collègues dans cet établissement pendant 133 jours en janvier 2022 et Eugénie Barbezat, journaliste, elles furent poursuivies par l’ex-direction de l’Ehpad pour diffamation. Nous entendrons les différentes séquences du procès 6 février et du délibéré du 3 avril 2025.

Nous poursuivons, avec le procès et le délibéré pour Gino, militant antifasciste et menacé d’extradition en Hongrie. Procès et délibéré qui se sont tenu le 12 mars et le 9 avril 2025. Nous entendrons les interventions de Gino, de ses avocats et de l’un de ses soutiens.

Face à l’absence évidente d’éléments qui pouvait justifier l’extradition de Gino, ainsi qu’aux risques majeurs pour sa sécurité que représentait une détention et un procès en Hongrie, il appartenait à la justice française de prouver sa capacité à prendre la bonne décision. Après la décision positive prise par la Cour d’appel de Paris concernant sa libération, elle devait également refuser son extradition.

Au-delà du cas de Gino, de nombreux.Ses militant.e.s sont victimes de la répression en raison de leurs idées politiques. C’est le cas pour les militant.e.s antifascistes, mais c’est aussi le cas pour les militant.e.s pro-Palestine, écologistes, et contre les violences policières.

Les guerres annoncées, le capitalisme c’est la guerre

Nous vous proposons d’écouter la présentation du livre de Nils Anderson : Les guerres annoncées, le capitalisme, c’est la guerre. Cette présentation se tenait Le 20 mars 2025 à la librairie El Ghorba mon amour à Nanterre

Pour mieux cerner l’auteur, une petite bio rapide : Nils Anderson est né le 14 février 1933. À l’age de 24 ans et sans moyen, il a l’idée, avec Pierre Canova, de diffuser des éditeurs français qui publient des livres essentiels aux débats intellectuels. Plusieurs éditeurs acceptent de partager ce projet, Jérôme Lindon pour les Éditions de MinuitJean-Jacques PauvertRobert Voisin pour les Éditions de l’Arche puis François Maspero. En 1957, il fonde ainsi un comptoir de diffusion d’éditeurs français à Lausanne et publiera de nombreux livres interdits comme La Question d’Henri Alleg qui traite de la torture pendant la guerre d’Algérie, mais également La Gangrène, après sa saisie aux Éditions de Minuit. Il publie d’autres documents, notamment Les Disparus, un dossier établi par le collectif des avocats, avec une postface de Pierre Vidal-Naquet, et La Pacification, publié sous le nom d’Hafid Kéramane. Il publie aussi le témoignage d’un journaliste, Henri Deligny, rappelé en Algérie : H.S. Et aussi le théâtre militant de Mohamed BoudiaNaissances ; un ouvrage sur l’aliénation colonialiste. En conformité avec les livres qu’il édite, Nils Andersson est solidaire des militants algériens, des réseaux de soutien, du mouvement des insoumis et déserteurs français. Il devient membre du comité de rédaction de la revue Partisans, créée par François Maspero. En 1961, arrêté à Lyon, Nils Andersson se voit notifier une interdiction d’entrée en France.

Dès 1963, Nils Andersson, en marxiste léniniste, il édite les principaux documents boycottés du PCC et publie les Écrits philosophiques de Mao Zedong. Depuis les années 1990, il vit à Paris et participe notamment aux activités d’ATTAC, de l’Association pour la défense du droit international humanitaire (ADIF), de l’Institut de documentation et de recherches pour la paix (IDRP), de l’association Sortir du colonialisme. Il a dirigé notamment la rédaction de plusieurs ouvrages de bilan sur la justice internationale et l’ONU.

Les guerres annoncées Le capitalisme, c’est la guerre II de NILS ANDERSON

Nils Anderson propose une analyse fine et implacable du capitalisme du réel, et de sa nature première : la guerre. Produit d’un long travail d’enquête à la croisée du journalisme critique et de l’expérience d’un engagement politique anti-impérialiste directement hérité des luttes de décolonisation de la deuxième moitié du 20ᵉ siècle, cet ouvrage décortique l’infamie des doctrines impérialistes et capitalistes qui n’ont cessé de faire du monde un vaste champ de bataille en vantant les mérites d’un Occident soi-disant « pacifié ». Plus que jamais, il réaffirme cette exigence morale et politique que Jaurès et Käthe Kollwitz poursuivirent en leur temps : Nie Wieder Krieg, « Plus jamais la guerre », tout en proposant une analyse du futur proche de ce qu’annoncent les nouveaux rapports de pouvoir mondiaux et les doctrines militaires modernes. Nils Andersson fondateur des Éditions indépendantes La Cité Éditeur en 1957, militant anti-impérialiste, anti-colonial.

Mobilisation étudiante

Depuis plusieurs mois des mobilisation se déroulent dans les universités de France contre les coupes budgétaires décidées par le gouvernement. Pour revenir sur ce sujet, nous vous diffusons aujourd’hui deux reportages. Le premier à été réalisé au début du mois de mars à l’occasion des premiers appels unitaire à la mobilisation. le deuxième, lui a été réalisé lors de la mobilisation de la journée du 3 avril 2025.

Autodétermination pour les dernières colonies sous domination française

Le dimanche 23 mars au Centre International des Cultures Populaire (CICP), s’ouvrait la semaine anticoloniale et antiraciste avec la « Journée Décolonisons ! » Sur les luttes des peuples colonisés pour leur liberté dans les territoires encore sous domination française. Du soulèvement en Kanaky, aux mobilisations contre la vie chère en Martinique et en Guadeloupe, en passant par la situation à Mayotte, mais aussi en Polynésie, en Guyane, en Corse. Les luttes syndicales, la répression coloniale, les mobilisations pour la libération des prisonniers politiques et le droit à l’autodétermination des peuples fut au cœur de cette journée.

Aujourd’hui, dans cette émission, nous vous proposons l’écoute des interventions de cette journée d’ouverture de la semaine anticoloniale et antiraciste. Nous irons de la Kanaky a la Réunion, en passant par la Guadeloupe puis par Mayotte et nous terminerons avec la Corse.

Mouvement en Serbie et en Grèce contre la corruption

LA GRÈCE EN ÉBULLITION janvier 2025

Dans un premier temps vous pourrez écouter un extrait de l’émission de VIVE LA SOCIALE émission diffusée le premier jeudi de chaque mois sur FPP de 19h à 20h30 sur le mouvement en cours en Serbie.

Dans un deuxième temps une interview de Costas sur les raisons du mouvement en Grèce puis pour ne pas oublier la France nous diffusons un extrait de l’intervention de Fabrice ARFI journaliste d’investigation, lors de son audition dans la commission d’enquête parlementaire du sénat sur la corruption en France ; un véritable sport national qui touche nos dirigeants.

En Serbie, un mouvement étudiant est né en novembre à l’occasion d’un accident meurtrier mettant en lumière la corruption des sphères du pouvoir. Depuis, il s’est propagé géographiquement à l’ensemble du pays, gagnant le soutien très large de la population, et mettant en action d’autres catégories sociales. Désormais, c’est tout le “système” incarné par le président Vucic qu’il met en cause. Or celui-ci a le soutien silencieux de tous les pouvoirs en place en Europe. Comment, dans un tel contexte, et malgré le silence des médias serbes et occidentaux, une telle dynamique réussit-elle à se maintenir ? C’est ce que nous explique en une heure Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans.Son interview est suivie de trois courts témoignages, qui témoignent du fait que le mouvement est en train de gagner peu à peu d’autres pays des Balkans, mettant au placard les nationalismes qui les avaient déchirés trente ans plus tôt.

Grèce : Des manifestations historiques et une grève générale demandent justice pour les victimes de la catastrophe ferroviaire de Tempé

Robert Stevens
2 mars 2025

En Grèce, la classe ouvrière et la jeunesse ont fait une énorme démonstration de force, des centaines de milliers de personnes ayant participé aux plus grandes manifestations de l’histoire du pays. Elles étaient dans les rues de la capitale Athènes et de toutes les autres grandes villes pour demander justice pour les 57 personnes décédées dans l’accident ferroviaire de Tempé de 2023 et pour forcer le gouvernement à ne pas étouffer l’affaire.

Des milliers de manifestants se rassemblent dans la rue Stadiou, dans le centre d’Athènes, en Grèce, pour marquer les deux ans d’une catastrophe ferroviaire meurtrière qui a également déclenché des centaines d’autres manifestations et une grève générale, le 28 février 2025.

Les protestations ont été soutenues par des manifestations dans plus de 100 ambassades et consulats grecs à l’étranger, sur les six continents habités.

Les manifestations, marquant le deuxième anniversaire des décès du 28 février 2023, ont été convoquées par l’Association des familles des victimes de Tempé et ont été encore plus importantes que celles qu’elle avait organisées à la fin du mois de janvier. Forcées de reconnaître le climat d’opposition de masse – et comme pour les manifestations de janvier – la fédération syndicale du secteur public ADEDY et la Confédération générale des travailleurs grecs du secteur privé ont appelé à des grèves générales.

Au total, 265 manifestations ont eu lieu en Grèce et 112 à l’étranger, soit près de 400 au total. Les principaux rassemblements internationaux ont eu lieu à Berlin (Allemagne), à Londres, Édimbourg et Manchester (Royaume-Uni), à Rio de Janeiro (Brésil), à New York et Boston (États-Unis) et à Sydney (Australie). Une carte en ligne coordonnant les manifestations a été consultée plus de 1,8 million de fois.

Des centaines de personnes ont manifesté malgré une pluie battante à Berlin, en Allemagne. En référence aux partis politiques grecs, qui sont tous impliqués dans les décès, une pancarte indique « Syriza, PASOK, ND : Tempé a une histoire », 28 février 2025.

La participation aux dernières manifestations dépasse tout ce que les syndicats peuvent ou pourraient envisager de mobiliser, menaçant la chute du gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) du premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Selon une estimation, près de 430 000 personnes ont manifesté à Athènes. La place principale Syntagma d’Athènes était remplie dans ses moindres recoins et les rues adjacentes étaient bondées de manifestants. Le rassemblement était prévu à 11 h, mais la place était déjà pleine peu après 8 h. Le quotidien Efimerida ton Syntakton (le Journal des rédacteurs) a noté que des masses de gens ne pouvaient pas s’approcher de Syntagma, la manifestation s’étendant jusqu’à un kilomètre de là, sur la place Omonoia et, dans une autre direction, sur les Propylées.

Beaucoup avaient apporté des pancartes et des banderoles artisanales traitant le gouvernement de « meurtrier » pour avoir supervisé ces morts évitables. Parmi les slogans scandés et inscrits sur d’autres pancartes figuraient « Je n’ai pas d’oxygène » et « Les privatisations tuent ».

« Je n’ai pas d’oxygène », tels sont les derniers mots d’une jeune passagère qui a appelé le numéro d’urgence européen 112 pour signaler l’accident, après que le train de voyageurs dans lequel elle se trouvait est entré en collision avec un train de marchandises. Cette collision a provoqué une gigantesque boule de feu, dont les familles endeuillées sont convaincues qu’elle est due au fait que le train de marchandises transportait une cargaison illégale de matériaux inflammables, un fait dissimulé par le gouvernement.

Même la police, connue pour sous-estimer l’ampleur des manifestations en Grèce, a déclaré qu’il y avait plus de 170 000 personnes rien qu’à Athènes, et 325 000 personnes dans les rues de tout le pays.

La Grèce a connu de nombreuses grèves générales largement soutenues depuis l’imposition d’une austérité massive par les gouvernements successifs à partir de 2008. Mais l’ampleur des manifestations concernant la catastrophe de Tempé et de la dernière grève générale est bien plus grande, puisque c’est tout le pays qui a été paralysé.

Une manifestation d’une ampleur similaire a eu lieu dans la deuxième ville du pays, Thessalonique.

Les grèves ont commencé la veille au soir, lorsque les travailleurs de Coca Cola ont débrayé dans une usine près d’Athènes. Les transports ont été interrompus par les contrôleurs aériens qui ont immobilisé les vols internationaux et nationaux, et les trains, les tramways et les bus se sont arrêtés. Les marins, les conducteurs de train, les médecins, les infirmières, les enseignants et les avocats ont tous fait grève. Les administrations ont fermé, tout comme de nombreux magasins et entreprises, et les hôpitaux n’étaient ouverts que pour les urgences. Même les cafés, les restaurants et les bars les plus huppés ont fermé leurs portes en raison de la mobilisation de masse.

Les seuls moyens de transport fonctionnant à Athènes étaient les trains qui permettaient aux manifestants de se rendre sur les places centrales.

En mars 2023, 57 personnes meurent dans un accident de train en Grèce, alors que des protestations et des grèves éclatent.

Robert Stevens
ARTICLE DU 4 mars 2023

Au moins 57 personnes sont mortes après l’accident de train survenu mardi soir en Grèce. Un train de passagers reliant Athènes à Thessalonique, avec plus de 350 personnes à bord – dont de nombreux jeunes étudiants retournant à l’université après des vacances pour le Carême orthodoxe grec – est entré en collision avec un train de marchandises peu avant minuit mardi, près de la ville de Tempe, au centre du pays.

Le chef de gare de Larissa, un travailleur ayant plus de 40 ans d’expérience dans les chemins de fer, a été arrêté. Mais la tentative d’attribuer la faute à un seul individu a été largement rejetée, alimentant les protestations et une grève des chemins de fer contre le gouvernement conservateur de la Nouvelle démocratie (ND).

Les travailleurs savent que le réseau ferroviaire a subi des années de coupes d’austérité, y compris des pertes d’emplois massives. Une grande partie du réseau, notamment dans le nord de la Grèce, n’est pas automatisée et repose sur une signalisation manuelle.

Le chef de gare a été inculpé jeudi de perturbation dangereuse des transports et pourrait être accusé d’homicide involontaire par négligence, de blessures par négligence et d’interventions dangereuses dans les moyens de transport. Mais des éléments de preuve apparaissent déjà, jetant le doute sur les affirmations selon lesquelles l’erreur humaine est en cause.

Kathimerini a rapporté que lorsque le chef de gare a comparu devant un juge d’instruction de la ville de Larissa jeudi, « il aurait affirmé que pendant son service, il a donné l’ordre de changer les voies du réseau ferroviaire afin que les deux trains ne circulent pas sur la même ligne, mais que le système n’a apparemment pas fonctionné. »

Le journal a ajouté : « Cette version des événements est étayée par une photographie du journal de bord du chef de gare qui montre qu’il a ordonné au train fatal Inter City 62 de poursuivre son voyage vers Neos Poros, ne sachant apparemment pas que le train de marchandises se déplaçait sur la même voie juste devant lui. »

Des preuves supplémentaires démontrent les conséquences catastrophiques d’avoir de larges sections du système ferroviaire qui dépendent totalement de l’intervention manuelle, sans recours aux systèmes ferroviaires automatisés largement utilisés au niveau international. Ces décès ont suscité des manifestations de colère à Athènes, à Thessalonique, où vivaient de nombreuses personnes décédées, et à Larissa.

À Athènes, des centaines de manifestants, principalement des jeunes, ont manifesté mercredi devant le siège de Hellenic Train, la société privatisée chargée de l’entretien des chemins de fer grecs. Ils ont été attaqués par la police anti-émeute, qui a tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le Parlement grec, sur la place Syntagma, où la police a de nouveau attaqué.

À Larissa, une veillée silencieuse à la mémoire des victimes de l’accident a été organisée. S’adressant à l’agence de presse AFP, Nikos Savva, un étudiant en médecine de Chypre, a déclaré : « Le réseau ferroviaire semblait problématique, avec un personnel épuisé et mal payé. » Le chef de gare arrêté ne devrait pas payer le prix « pour tout un système malade ». Costas Bargiotas, médecin basé à Larissa, a déclaré : « C’est un accident inadmissible. Nous connaissons cette situation depuis 30 ans ».

Les travailleurs en grève ont manifesté devant le siège des Chemins de fer helléniques à Athènes. Des milliers de personnes se sont ensuite rendues sur la place Syntagma, avec des jeunes qui les ont rejoints, pour protester devant le Parlement.

Les décès dans les trains sont le résultat de crimes sociaux dont chaque parti politique de l’élite dirigeante partage la responsabilité. Ce sont leurs dirigeants qui devraient être sur le banc des accusés.

Le manque de ressources et la suppression du personnel d’un réseau ferroviaire déjà en deçà des normes se sont accélérées au cours de la dernière décennie avec la privatisation du chemin de fer public, TrainOSE, par le gouvernement de pseudo-gauche SYRIZA en 2017-18.

SYRIZA a été porté au pouvoir en 2015 à la suite d’une vague de protestations et de grèves après cinq années d’austérité sauvage. Ils ont ensuite foulé aux pieds ce mandat, imposant, comme l’ont fait avant eux ND et le PASOK social-démocrate, un programme d’austérité dévastateur. La privatisation des principaux actifs économiques nationaux et des infrastructures était le prix exigé en échange de tout nouveau prêt par l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international. SYRIZA a suivi leurs instructions à la lettre.

TrainOSE a été vendu dans le cadre du troisième plan d’austérité imposé après 2010. La privatisation du secteur ferroviaire et la vente d’autres actifs de l’État devaient permettre de récolter 6 milliards d’euros d’ici 2018. Elle a été rachetée par Ferrovie Dello Stato Italian, la holding ferroviaire publique italienne, pour 45 millions d’euros seulement.

Le Premier ministre de SYRIZA, Alexis Tsipras, lors d’une cérémonie somptueuse à Corfou, a présenté cela comme un succès glorieux. Naftemporiki, le quotidien financier, a rapporté : « Tsipras a expliqué que l’importance de l’investissement réside dans le fait que le pays a évité d’un lourd fardeau financier… dans le prix lui-même, mais plus encore dans la taille de l’investissement qu’il fera dans l’économie grecque, dans le chemin de fer grec, s’élevant à 500 millions d’euros. »

Les mensonges de Tsipras ont été rapidement exposés, l’entreprise nouvellement privatisée, rebaptisée Hellenic Railways, ne faisant aucun investissement pour améliorer le réseau ferroviaire. La réalité, comme SYRIZA le savait bien, était que Ferrovie Dello Stato Italian ne prévoyait que d’enormes profits. Le PDG de Ferrovie, Renato Mazzoncini, a décrit l’achat de TrainOSE comme un « mouvement stratégique pour le groupe. Il ne s’agit pas tant d’acheter un morceau de la Grèce à prix réduit, mais plutôt d’une opération d’expansion stratégique en vue de l’investissement majeur dans la ligne Athènes-Thessalonique, qui fait partie du projet de corridor européen ». Le projet de corridor européen représenterait une valeur d’environ 3 milliards d’euros, a déclaré Mazzoncini.

Le coût humain horrible a été confirmé dans un rapport de l’UE de l’année dernière sur « la sécurité et l’interopérabilité des chemins de fer dans l’UE ». La Grèce était le seul État membre entièrement dépourvu de « systèmes de protection des trains’ qui sont ‘largement considérés comme l’une des mesures de sécurité ferroviaire les plus efficaces pour réduire le risque de collision entre les trains ».

Après la privatisation, le réseau ferroviaire grec est l’un des plus dangereux d’Europe. De 2018 à 2020, selon l’Agence des chemins de fer de l’Union européenne, la Grèce a enregistré le taux de mortalité ferroviaire par million de kilomètres de train le plus élevé parmi les 28 nations européennes.

Jeudi, le Financial Times a rapporté que « quinze jours avant le pire accident ferroviaire que la Grèce ait connu depuis des décennies, la Commission européenne avait renvoyé le pays devant la Cour de justice de l’Union européenne pour avoir ‘manqué à ses obligations’ [de 2015 à aujourd’hui] en vertu de la directive sur l’espace ferroviaire européen unique » concernant « les investissements dans les infrastructures et les procédures d’urgence ».

Solidarité avec la jeunesse et les travailleurs grecs ! À bas les politiques austéritaires !

Dans ce contexte, et alors que depuis 2019, le gouvernement de Nouvelle Démocratie multiplie les attaques à l’encontre des travailleurs, de la jeunesse et des classes populaires en Grèce, la mobilisation actuelle constitue un élément progressiste qui pourrait déboucher sur une remise en question globale du gouvernement et du régime. Dans les manifestations, on retrouve ainsi un fort sentiment dégagiste, et la revendication de démission du gouvernement est dans toutes les bouches. S’exprime également un fort dégoût de la classe politique et une dénonciation de la corruption des politiciens professionnels, ainsi qu’une remise en question de l’institution judiciaire qui est accusée d’avoir voulu couvrir et masquer les responsables de l’accident. Or, le KKE, l’organisation la plus influente dans le mouvement ouvrier, refuse d’appeler à la démission du gouvernement pour « ne pas créer d’illusions », jouant ainsi un rôle actif dans la stabilisation du régime.

Dans ce contexte, l’absence de plan de bataille de la part de la gauche et des directions syndicales risque d’ouvrir la voie à une capitalisation de la part de l’extrême-droite. Ainsi, pour Angelos Seriatos, si le gouvernement ne répond pas aux exigences et aux revendications du mouvement, « il est très probable que nous nous retrouvions dans une situation similaire à celle de 2012, et parce que la gauche a déjà gouverné en Grèce, le radicalisme se déplacera vers l’extrême-droite. » Les sondages indiquent par exemple une augmentation de la popularité des partis d’extrême-droite, en particulier de Solution hellénique qui oscille autour des 9,5% et dépasse ainsi la popularité de Syriza qui chute à 8,4%, ainsi que celle du parti Voix de la Raison qui, après avoir fait 3% aux élections législatives de juin 2024, enregistre 8% de popularité. Le parti Cap sur la Liberté de Zoé Konstantopoulou, formation populiste qui défend des mesures nationalistes et réactionnaires, enregistre 7,4% de popularité après avoir fait 3,1% aux élections.

À propos de cette montée de l’extrême-droite, l’analyste politique Maria Karalkioumi explique auprès de I Kathimerini : « Nous ne savons pas si sa montée est tendancielle ou permanente. La raison en est qu’elle n’a pas gouverné et que les gens pensent qu’elle n’a pas de part de responsabilité. » Pour Angelos Seriatos, il s’agit d’une tendance de fond : « Depuis les élections européennes, nous avons déjà constaté une présence distincte et une résilience de ses forces, avec des pourcentages beaucoup plus élevés que d’habitude. Il ne s’agit pas d’un vote passager, ni d’un vote punitif, mais d’un paysage qui prend force. » Ces éléments montrent que sans plan de bataille ni programme pour répondre à la casse des services publics, c’est l’extrême-droite qui capitalisera sur la colère et la détestation de la classe politique, à base de discours populistes et réactionnaires.

Mais défendre un plan de bataille pour les travailleurs et la jeunesse implique de dénoncer la responsabilité des gouvernements de gauche dans la destruction du chemin de fer grec. Dans une interview accordée à Révolution Permanente, Melianna Makari, étudiante et militante à Libération Communiste, explique ainsi : « Les mémorandums votés et mis en œuvre par tous les gouvernements précédents ont conduit à un manque criant de personnel au sein de l’OSE [compagnie ferroviaire grecque, NDLT]. En 2009, le PASOK a fragmenté l’OSE en sociétés distinctes, tandis qu’en 2013, Nouvelle Démocratie [le parti de droite au pouvoir, NDLT] a procédé à sa privatisation par le biais de la loi 4199. Le gouvernement SYRIZA a scellé la condition des trains qui a conduit à la catastrophe de Tempé avec la vente de TRAINOSE, l’introduction de 9 jours de travail continu et les licenciements massifs de travailleurs. Il est clair que le démantèlement, la fragmentation et la privatisation des chemins de fer ont été la politique de tous les gouvernements précédents (ND, PASOK, SYRIZA), et ce toujours en accord avec les exigences de l’UE. »

Le fait que la détermination qui existait parmi la base des travailleurs ait poussé les deux centrales syndicales du pays à appeler à la grève générale montre qu’il existe un espace pour défendre un programme pour l’auto-organisation de la classe ouvrière grecque, en toute indépendance des partis d’extrême-droite, qui instrumentalisent la colère pour servir leur projet xénophobe et réactionnaire, tout comme des partis de la gauche (PASOK, Syriza) qui ont trahi les espoirs de la population à plusieurs reprises. Un programme qui porte l’arrêt des privatisations, la gratuité des transports publics pour tous et la nationalisation des chemins de fer sous contrôle ouvrier. Depuis la France, où le gouvernement Bayrou prépare un réarmement historique et compte bien en faire payer la facture aux travailleurs, à la jeunesse et aux classes populaires, nous exprimons toute notre solidarité avec la population grecque en lutte !

SERBIE : REVOLUTION EN COURS !

UN MOUVEMENT DE MASSE SE LEVE CONTRE TRUMP ET POUTINE DANS LES BALKANS ET EN EUROPE ORIENTALE

Le mouvement des étudiants serbes qui dure quotidiennement depuis quatre mois et demi suite à l’effondrement le 1er novembre 2024 du toit de la verrière de la gare de la ville de Novi Sad faisant 15 morts, a pris ces derniers jours un caractère non seulement populaire large et massif mais aussi clairement révolutionnaire. De plus, ce soulèvement a enclenché depuis début janvier 2025 des mouvements semblables en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro tandis qu’il contribuait à amplifier ceux préexistant en Slovaquie et en Géorgie, puis en a généré d’autres plus tard jusqu’à ces derniers jours en Bulgarie, en Albanie, en Grèce avec de larges soutiens en Croatie ou en Slovénie, et un mouvement simultané de grande ampleur le 15 mars aussi en Hongrie.

De fait, la politique de Trump a amplifié et accéléré, contre lui-même et son allié Poutine, tous ces mouvements qui sont un tout et forment ainsi ensemble la première riposte d’ampleur dans le monde contre la montée du fascisme qu’encouragent Trump et Poutine.

En Serbie, le passage d’un mouvement étudiant à un soulèvement populaire s’est réalisé les 7 puis 15 mars. Cela a d’abord été la formidable réussite de la grève générale appelée par les étudiants le 7 mars bien que la majorité des directions syndicales soient liées au régime ou aient un train de retard, revendiquant des augmentations de salaires alors que les étudiants et de très nombreux salariés surtout les jeunes appellent à démolir ce système corrompu. La large participation populaire à cette journée de grève générale contre tous les appareils et institutions, mais aussi se plaçant dans le sillage d’une contestation étudiante qui a dépassé les « revendications » de lutte contre la corruption comme le dit la presse occidentale quand elle en dit quelque chose, pour explicitement revendiquer de renverser le gouvernement de Vucic et son monde, faire reculer le fascisme et changer le monde comme en mai 68, a été un basculement. La large participation populaire à cette grève générale dans cette ambiance subversive, a permis aux étudiants de lancer, ce qui est essentiel pour la suite du soulèvement, un appel à la nation demandant à la population de prendre le pouvoir contre la domination oligarchique du gouvernement Vucic en généralisant les Assemblées populaires de démocratie directe qui sont apparues ici et là dans la foulée du 7 mars.

La deuxième étape de ce soulèvement populaire a été l’organisation d’une manifestation nationale géante le 15 mars à Belgrade par la mise en place de marches à partir de toutes les villes du pays pour « prendre « Belgrade. Cette marche était l’aboutissement de multiples autres marches qui ont sillonné le pays durant des semaines et qui ont contribué à entraîner les campagnes dans le mouvement. Cela a donné le 15 mars la plus grande manifestation de l’histoire de la Serbie, avec de 800 000 à 1 million de participants selon les organisateurs, 18% de la population, presque autant que d’habitants à Belgrade, l’équivalent en proportion de 12 millions de manifestants à Paris, une avalanche de manifestants. Bien sûr l’objectif de 15 mars est resté flou, les étudiants n’appelant pas explicitement à renverser ce jour-là le pouvoir, mais cette journée a baigné dans une ambiance de bouleversement global : il s’agissait par exemple non pas d’aller manifester à Belgrade mais de « prendre » la capitale comme on « prend » la Bastille, associé à l’idée de « prise » du pouvoir par l’appel à la multiplication d’Assemblées de démocratie directe dans tout le pays. Cela a fait que beaucoup de manifestants, sont venus ce 15 mars pour un changement profond, pour marquer l’histoire. De son côté, le président Vucic a tenté de tenir encore le peuple par la peur, en disant que cette journée serait d’une anarchie totale, avec de nombreux morts, bref que sans lui, ce serait « la chienlit », le chaos. Or c’est tout le contraire qui s’est passé. Les provocations de ses hommes de main n’ont pas marché prouvant seulement un peu plus qu’ils n’étaient plus qu’une toute petite minorité sans autirité et sa police, mise à part l’utilisation d’un canon à son qui a provoqué un instant de panique, a été invisible ou dépassée ou tout simplement n’obéissait déjà plus. Ça a été ainsi une démonstration de force « des étudiants » qui dirigent le mouvement, non seulement par le nombre mais aussi par la maîtrise des évènements. Ils ont démenti, par la maîtrise et l’organisation de cette immense manifestation, tous les pronostics catastrophiques du pouvoir. La question est maintenant de savoir si cette démonstration de force maîtrisée, en fait la naissance d’un nouveau pouvoir, va encourager à l’émergence large d’autant de nouveaux pouvoirs locaux de démocratie directe partout comme y appellent les étudiants.

Il faut dire que ce soulèvement a été préparé en profondeur dans la population. Il ne sort pas de nulle part. Cela fait plus de trois ans que les mouvements nationaux massifs s’enchainent sans discontinuer en Serbie : contre les violences liées à la propagande de haines et divisions ethniques et religieuses suscitées par le pouvoir, contre le trucage des élections dans ce pays où il n’y a pas eu d’élections non truquées depuis 12 ans, contre la destruction de la nature par l’exploitation d’une mine de lithium. Divisions du peuple, démocratie, écologie. Ainsi, lorsque les étudiants se sont mis à occuper 85 facultés après l’effondrement du toit de la gare de Novi Sad avec le soutien de toute la population par des manifestations massives régulières, il y avait déjà une expérience populaire de contestation antérieure et il y avait déjà plus dans leurs revendications que la simple exigence de la fin de la corruption des membres du gouvernement. Il y avait déjà l’idée dans les esprits de beaucoup que cet effondrement du toit était le symbole de l’effondrement de tout un système pourri qui nie toute démocratie, encourage au fascisme et fait passer la vie après les profits. Un caractère général qui a été très rapidement compris dans les autres pays voisins où le mouvement serbe a généré, réveillé ou amplifié des mouvements parallèles sous-jacents ou semblables, divisons ethniques, démocratie, écologie, dans les pays des Balkans et d’Europe orientale

Cet ensemble et les mouvements précédents en Serbie ont fait que très rapidement, plus personne n’a véritablement obéi à Alexander Vucic le président, ne pouvant plus vraiment utiliser la répression, plus très sûr de sa police et de ses partisans. Il a beau dire que ses partisans se battront jusqu’au sang, qu’on ne le mettra pas dehors comme Bachar El Assad, c’est bien le sort qui l’attend. La seule question pour lui est de savoir si Moscou l’accueillera ou non.

Ainsi déjà au début, durant la deuxième semaine de manifestations à Novi Sad où la lutte est la plus avancée, Vučić a appelé 50 000 des membres de son parti à venir défendre les locaux du parti. Vingt-sept personnes seulement sont venues dont des trafiquants de drogue rémunérés, le Premier ministre et des hauts fonctionnaires provinciaux. Personne d’autre. Ils n’existent plus. Les ministres n’osent plus aller dans les magasins, au marché, dans les cafés… Le maire de Novi Sad doit aller chez le coiffeur avec une sécurité privée ! Ils n’organisent plus de fêtes annuelles, d’assemblées générales, de cocktails de presse, rien… de peur qu’elles ne suscitent des contre-mobilisations. Vucic a viré quelques notables et le premier ministre pour tenter de stopper le mouvement. Ça n’a servi à rien.

Ces semaines passées, il a déployé 250 unités spéciales de police pour tenir une session de l’Assemblée de Voïvodine à Novi Sad et adopter le budget. Ils n’ont pas réussi à tenir la séance. Et il en a été de même pour plusieurs autres municipalités ces derniers jours dont les membres du SNS (parti au pouvoir) ont été chassés sans que la police ne veuille ou ne puisse s’y opposer.

Depuis la seconde journée de grève générale très suive du 7 mars, ce genre d’évènements se sont multipliés illustrant que le mouvement étudiant est devenu un soulèvement de toute la population en même temps que les Assemblées générales de démocratie directe des facultés se sont étendues à quelques communes. La RTS et la RTV, les deux principales TV publiques de Serbie ont été prises par les étudiants durant 24 h quatre ours avant le 15 mars sans que la police ne puisse y faire grand-chose, une grande partie des employés des télévisions soutenant les étudiants. La veille de la manifestation géante du 15 mars à Belgrade, des policiers ont fait savoir qu’ils se mettraient en maladie ce jour-là et d’autres ont déclaré qu’ils refuseraient de cogner sur les étudiants… leurs enfants. Le système est en train de s’effondrer. Il ne tient que parce qu’il n’y a pas encore un autre pouvoir, ces Assemblées de démocratie directe, l’enjeu des jours et semaines qui viennent.

Vucic est fini. Mais même au niveau de l’opposition officielle, il n’y a plus personne. Elle n’existe plus ; ne s’exprime pas sinon pour proposer – avec Vucic, un gouvernement d’experts neutres – alors que le mouvement en est déjà, lui, à un gouvernement du peuple par le peuple, toute la société civile étant dans la rue, les gens eux-mêmes, sans partis ni syndicats. Nul ne peut dire quelles formes et quels rythmes prendront exactement les lendemains du 15 mars, mais il est sûr que la révolution et l’histoire sont en marche.

Tout est nouveau. Ces étudiants parlent une langue différente, communiquent différemment. Ces jeunes sont la nouvelle révolution technologique, ils comprennent les choses différemment, ils sont libres et voient l’hypocrisie tout à la fois de l’Occident et de la Russie. Ils ont ouvert un nouveau champ de désobéissance civile et encouragé les autres à désobéir, à penser par eux-mêmes. Ils réclament l’État de droit, la démocratie, l’égalité, la fin de toutes les discriminations de sexe, de couleur de peau, de religion, ils ne veulent plus de frontières, de guerres, d’exploitation de l’homme par l’homme, ils ne veulent plus de ce système de propriété privée qui aboutit à la mainmise des gangsters sur les richesses. Ils inventent un nouveau monde dans leurs Assemblées générales quotidiennes. Les étudiants recherchent quelque chose qui disparaît lentement en Europe, mais ils ne veulent plus de l’ancienne démocratie qui a mené à la situation actuelle, mais une nouvelle démocratie dont tout le monde soit acteur. En même temps, ils réalisent qu’ils en sont le flambeau dont la tâche est de réveiller et d’illuminer l’Europe. D’où le soutien des étudiants de toute la région : la corruption, l’effondrement des institutions, la crise de moralité, la crise écologiste et démocratique, le manque d’idéologie nouvelle sont des problèmes qui affectent également les étudiants et les jeunes de Budapest, Podgorica, Sarajevo, Zagreb, Skopje, Sofia, Tirana, Rijeka et Athènes. Les messages des étudiants serbes sont instantanément compris. Cette fois, c’est des Balkans et d’Europe orientale que s’élève la flamme de la liberté. Leur tâche comme ils le disent est de réinitialiser l’Europe.

Ces jeunes sont actuellement le point le plus flamboyant de toute cette Europe dont le camp des prolétaires ne manque pas de luttes mais est si pauvre politiquement. Les étudiants se battent non seulement pour la liberté de la Serbie, mais aussi pour la liberté de l’Europe et de l’Amérique de Trump, et tout particulièrement celle de la Russie vu leur proximité, leur histoire récente et le poids de Poutine. Bien conscients de cela, les étudiants serbes qui sont aujourd’hui la pointe la plus avancée de ce mouvement général ont publié un manifeste s’adressant à tous les étudiants d’Europe et du monde les appelant à rejoindre leur lutte pour une Europe libre pour stopper le fascisme montant, pour se débarrasser de l’exploitation et de toutes les oppressions. Le premier manifeste de riposte de la jeunesse et des peuples à Trump/Poutine et leur monde.

C’est tout cela, cette riposte générale appuyée sur toute cette expérience accumulée dans ces luttes qui se fait entendre aujourd’hui et qui en essaimant rapidement dans les Balkans pourrait bien s’étendre ensuite dans toute l’Europe, la Russie, l’Amérique.

Alors contre les barrages des médias occidentaux ui cachent cet ébranlement, inscrivons-nous pleinement dans ce mouvement et faisons largement connaître cette révolution en cours, notre révolution.

Jacques Chastaing 16 mars 2025

VIOLENCE D’ ETAT: Marche du 15/ Expulsion de la gaité lyrique/ Marche du 22

Le 15 Mars avait lieu la marche contre les violences d’état, les crimes et le racisme d’état, appelé par le Réseau Entraide Vérité et Justice. Le 18 mars La gaité lyrique occupée depuis 4 mois par le collectif des mineurs isolés était expulsée suite à la décision de la Préfecture de Paris. Le 22 mars avait lieu la marche contre le racisme et le fascisme appelée par la Marche des Solidarités.

Dans cette émission nous avons choisi de réunir plusieurs reportages réalisés lors de ces événements afin de traiter de la question des violences d’états dans leur ensemble. Vous entendrez donc dans une première partie d’émission les reportages réalisés le 15 mars et dans une seconde nous suivrons le collectif des mineurs isolés et la marche des solidarités de l’expulsion de la gaité lyrique à la manifestation du 22 mars 2025.

MAYOTTE ANGLE MORT

Le Dimanche 9 février 2025 avait lieu une soirée de soutien en solidarité avec les personnes les plus durement touchées par “Chido” à Mayotte au DOC
26 Rue du Docteur Potain 75019 Paris, intitulé : Mayotte Angle Mort. Lors de cette soirée organisé dans le cadre des cartes blanches de la Clefs Revival, le film “Malavoune Tango” de Jean-Marc Lacaze était diffusé. Cette projection était d’une discussion débat porté par Solène Dia, Jassem Issouf et Mohamed Nabhane. Iels y présenteront leurs expériences à Mayotte et discuteront des rapports entre Mayotte à l’État français, de la violence administrative et politique que connaissent les personnes considérées comme étrangères à Mayotte, et de la situation spécifique des personnes mineures sur l’île. Tout les fonds des entrées et du bar était reversés à l’association Kaja Kaona venant en aide à la population du village de Tsoundzou.

Dans cette émission, nous vous diffusons les enregistrements réalisés lors de cette soirée.

La France doit refuser l’extradition de GINO ou se rendre complice de Viktor Orban

Dans cette émission, nous revenons sur la demande d’extradition par la Hongrie de Gino, militant antifasciste. Vous pourrez écouter la conférence de presse qui s’est déroulée dans les locaux de la LDH le 10 février 2025 et un montage des prises de paroles qui ont eu lieu devant le palais de justice de Paris le 12 février 2025.

Rexhino « Gino » Abajaz est incarcéré depuis novembre 2024 à la prison de Fresnes, en attente de sa potentielle extradition vers la Hongrie. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par les autorités hongroises : elles l’accusent d’avoir agressé des militants néo-nazis en marge d’une manifestation antifasciste à Budapest, en février 2023. La justice française devait se prononcer ce mercredi 12 sur l’extradition de Gino.

Gino est accusé d’avoir participé à des violences contre des militants néo-nazis en février 2023, lors d’une manifestation protestant contre le « jour de l’honneur ». Le « jour de l’honneur » commémore la défaite des troupes allemandes face à l’Armée rouge en 1945. Elle a eu lieu une fois de plus samedi dernier, le 8 février, regroupant plus de 4 000 personnes, arborant pour certaines des uniformes nazis et autres signes d’appartenance à l’extrême droite. Cette marche bénéficie chaque année de l’aval du gouvernement d’Orban, il est même soupçonné de contribuer au financement de celle-ci.

En 2023, une contre-manifestation antifasciste a été organisée pour protester contre la tenue de cet événement. Des heurts auraient éclaté en marge de celui-ci entre fascistes et antifascistes. C’est de ces heurts dont sont accusés Gino et une quinzaine d’autres militants antifascistes de différents pays. La Hongrie mène depuis une véritable chasse à l’homme à travers toute l’Europe. Le mandat d’arrêt européen, mis en place par l’Europe au début des années 2000, Sarkozy était alors ministre de l’Intérieur, permettrait, grâce à l’appui des polices des différents États membres, de livrer Gino et ses camarades à la Hongrie dans le but de les juger en Hongrie.

Les accusations dont les militantes et militants antifascistes font l’objet sont complètement extravagantes, les peines encourues disproportionnées et les conditions de détention inhumaines et dégradantes. Si la France remet Gino à la Hongrie, il encourt jusqu’à 16 ans de prison et risque de voir ses droits les plus élémentaires bafoués. Les témoignages qui nous sont revenus des prisons hongroises, et notamment celui d’Ilaria Salis, arrêtée dans le même contexte et risquant jusqu’à 24 ans de prison, attestent des conditions de détention inhumaines et des pratiques d’isolement dites de « torture blanche ».

L’extradition vers la Hongrie d’extrême droite d’Orban comporte de nombreux risques : la Hongrie ne remplit pas les prérogatives d’un État de droit. Dans ce contexte, livrer un militant antifasciste aux autorités hongroises signifierait que la France est prête à collaboration avec le régime d’Orban.

Dans le cas où la France refuserait l’extradition de Gino, il ne faut pas que la justice française en profite pour expédier Gino en Albanie où il est né. Envoyer Gino en Albanie l’exposerait potentiellement à une nouvelle demande d’extradition, que l’Albanie donnerait.

Gino est un camarade antifasciste qui doit être remis en liberté.

PALESTINE : artistes en résistance ou l’importance de la culture en temps de guerre

Après le siège meurtrier des forces de l’Autorité palestinienne qui a fait 13 morts, c’est l’armée israélienne qui a envahi en force le camp de réfugiés de Jénine, mardi 21 janvier 2025. Israël profite du cessez-le-feu à Gaza pour accroître la répression en Cisjordanie, surtout à Jénine où les combattants résistent avec le soutien de la population.


Le 13 décembre 2023, le théâtre de la liberté de jénine, a été bombardé et pillé par l’armée israélienne. Trois de ses membres ont été arrêtés dont l’ancien directeur artistique et comédien Ahmed Tobasi qui a été libéré rapidement alors que le président Bilal al-Saadi, en détention depuis 2 ans sans raison, a été libéré ce 13 décembre.

Le 18 janvier 2025, Le Collectif Montreuil Palestine organisait avec Les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, Stop Arming Israël France et la CGT Spectacle une réunion publique contre le commerce des armes avec Israël, au théâtre l’échangeur à Bagnolet.

Dans l’émission de ce jour, qui fait suite à l’émission précédente sur le commerce d’armement avec Israël, nous vous proposons l’écoute d’une majeure partie de la seconde table ronde intitulée : comment agir en France et en Palestine contre le commerce des armes avec Israël ? L’importance de la résistance culturelle

DOCUMENTAIRE : Contre-feux, résistance sociale et syndicale en Palestine, lien si contre et dans la page, Vidéo à voir en ligne https://www.autourdu1ermai.fr/

RASSEMBLEMENT POUR LA LIBÉRATION DE NOTRE CAMARADE GINO
Le comité de soutien pour Gino, organise un rassemblement ce mercredi 12 février 2025 à 12 h place Louis Lépine, face au palais de justice de paris métro cité.

Ce mercredi 12 janvier, notre camarade Gino, militant antifasciste
incarcéré à la prison de Fresnes depuis novembre dernier, comparaîtra à
la Cour d’Appel de Paris. Suite à un mandat d’arrêt émis par la Hongrie qui l’accuse d’avoir participé à des violences contre des militants néo-nazis à Budapest en
2023, Gino risque d’y être extradé. Si l’État français décide de le remettre aux autorités hongroises, Gino encourt jusqu’à 16 ans de prison et risque de voir ses droits les plus élémentaires bafoués.

Le 15 janvier dernier, le délibéré rendu par la Cour d’Appel de Paris a
reconnu l’existence de “dysfonctionnements systémiques” concernant
l’indépendance du pouvoir judiciaire hongrois et a accédé aux demandes
de la défense, exigeant de la Hongrie un certain nombre d’informations
complémentaires. Cette audience, qui décidera ou non de son extradition, est donc
cruciale pour le sort de Gino.

Nous appelons à un rassemblement devant le Palais de Justice à 12 h 00 où
auront lieu des prises de paroles de Thomas Portes (LFI), René Monzat
(LDH), Révolution Permanente, Tsedek, FemRev, Visa, Young Struggle,
Union Communiste libertaire et d’autres…

Nous refusons son extradition vers la Hongrie et exigeons la libération
immédiate de Gino.

Votre présence est essentielle. Venez nombreux !

Le comité pour la libération de Gino

#FREEGINO #FreeAllAntifas #NoExtradition

Journée contre les violences carcérales

Vous pourrez entendre le montage de la Journée contre la violence carcérale en soutien au Comité Vérité pour Alassane qui s’est tenue le 1ᵉʳ février 2025 à la Maison des Syndicats de Corbeil-Essonnes. Avec la présence de nombreux collectifs luttant contre les violences en prison comme au sein des centres de rétention administratives, en France comme en Palestine.

Chaque année, environ 120 personnes décèdent au sein des prisons françaises. Proportionnellement, les suicides y sont 10 fois plus nombreux qu’à l’extérieur. Parmi les suicides, il y a aussi les crimes maquillés des matons, et face à l’omerta des autorités pénitentiaires, des enquêtes bâclées et la lenteur de la justice, les familles obtiennent difficilement la vérité sur les circonstances ayant entraîné la mort. Dans de nombreux cas, la personne décédée a été placée au mitard dans les 24 heures avant sa mort.

Alassane Sangaré décède à la prison de Fleury-Mérogis le 24 novembre 2022.
Selon l’autorité pénitentiaire, Alassane se serait suicidé, mais plusieurs éléments viennent remettre en cause cette version. Depuis, sa famille lutte à travers le Comité Vérité pour Alassane demande une vraie enquête pour connaître les circonstances de la mort d’Alassane.

Collectifs présents : Comité Vérité pour Alassane, À bas les CRA Idf, l’Envolée, Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau, Comité de soutien aux inculpé.e.s du 8/12, Samidoun Paris-Banlieue, Désarmons-Les, Réseau d’Entraide Vérité et Justice, Solidaires 91, Observatoire International des Prisons, AIM-Paname, ASTI des Ulis, la Cellule de mobilisation parisienne pour la Kanaky (CMPK), Anti.Media, la fasti

Marche des solidarités : situations internationales

Dans le cadre du week-end organisé par la Marche des Solidarités du 25 janvier dernier, nous avons enregistrée la discussion intitulée ” Situation internationale : quelles politiques des gouvernements vis-à-vis des migrant.e en France, en Italie, Espagne, Allemagne et Grande Bretagne – Les différentes politiques migratoires et la progression du danger fasciste”. C’est ce que nous vous diffusons aujourd’hui dans cette émission en appel à la manifestation européenne du 22 mars prochain et dont nous vous diffusons le texte ci dessous.

La Marche des Solidarités réunie en Assemblée ce 26 janvier 2025 avec des collectifs et militant.es de la région parisienne, de Rennes, Lille, Rouen, Grenoble, Clermont-Ferrand, Besançon, St Brieuc, Marseille, Toulouse, Poitiers, Lyon, Montpellier :

Appelle à développer et élargir la mobilisation, notamment dans la jeunesse, aux côtés des collectifs de mineur.es isolé.es en lutte, à organiser des occupations et aider à la création de nouveaux collectifs.

Appelle à construire la lutte aux côtés des Collectifs de sans- papiers contre la loi Darmanin et la circulaire Retailleau, pour l’ ouverture de guichets en préfecture pour le dépôt de dossiers de régularisation et le renouvellement des titres de
séjour.

Appelle à préparer dès maintenant, avec nos collectifs, réseaux, syndicats, associations, foyers de travailleurs immigrés, lieux culturels et artistiques, etc. les conditions d’ une vague de luttes combinant tous nos répertoires d’ action (grèves, occupations, luttes dans les écoles, hôpitaux, universités…) pour obtenir des régularisations collectives, l’hébergement inconditionnel des sans-abris, la
reconnaissance des droits pour les mineur.es.

Appelle à des manifestations unitaires sur tout le territoire le samedi 22 mars contre le racisme et contre le fascisme, pour l’égalité des droits (papiers, logement, santé, école) de toutes et tous et la justice sociale.

FIN DU COMMERCE D’ARMEMENT AVEC ISRAEL

Mercredi 15 janvier 2025 : un accord de cessez-le-feu a été trouvé, après 15 mois d’une offensive génocidaire qui a fait au moins 45000 morts, selon les autorités palestiniennes et probablement plus de 70 000, selon le journal médical internationalement reconnu The Lancet. Pour en arriver là, Israël, a mis des moyens terrestres et militaires sans précédent, rasant quasiment la bande de Gaza.

Pour qu’Israël, en arrive là, il lui faut aussi des pays complices, pour lui vendre de l’armement. pour cette région, le plus gros fournisseur, se trouve être les États-Unis. Mais la France, n’est pas en reste, notamment sur les composants

Dans l’émission, de ce jour, nous allons parler de ce commerce des armes en direction d’Israël avec le collectif Stop Arming Israël France. Ce 18 janvier 2025 se tenait au Théâtre L’Échangeur de Bagnolet une rencontre intitulée : SOIRÉE DE SOLIDARITÉ AVEC LES ARTISTES PALESTINIENS. En début de cette soirée, Le collectif Montreuil Palestine organisait avec Les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, Stop Arming Israël France et la CGT Spectacle une réunion publique contre le commerce des armes avec Israël. Et c’est cette rencontre que nous vous proposons dans l’émission d’aujourd’hui.

Journée nationale d’action Stop Arming Israël jeudi 30 janvier 2025

Tractage auprès des travailleur.euses de l’armement Thales & Safran Massy (91) RDV 7 h 30 à Massy-Palaiseau (RER B) Sortie 1 Massy-Atlantis

Action légale, mais contrôle de police possible – prévoir une pièce d’identité

Appel Urgent des Syndicats Palestiniens : Mettre fin à toute complicité, Arrêter d’armer Israël. 

Israël a exigé que 1,1 million de Palestiniens évacuent la moitié nord de Gaza, tout en les soumettant à des bombardements constants. Cette mesure impitoyable s’inscrit dans le cadre du plan israélien, qui bénéficie du soutien indéfectible et de la participation active des États-Unis et de la majorité des États européens, visant à perpétrer des massacres odieux et sans précédent contre les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza et à procéder à un nettoyage ethnique de l’enclave. Depuis samedi, Israël bombarde intensivement et sans discernement Gaza et a coupé le carburant, l’électricité, l’eau, la nourriture et les livraisons médicales au territoire. Israël a tué plus de 2 600 Palestiniens, dont 724 enfants, rasant des quartiers entiers, éliminant des familles complètes et blessant plus de 10 000 personnes. Certains experts en droit international ont commencé à mettre en garde contre des actes génocidaires d’Israël.

Par ailleurs, le gouvernement israélien d’extrême droite a distribué plus de 10 000 fusils aux colons extrémistes de Palestine 48 et de Cisjordanie occupée, afin de faciliter leurs attaques et pogroms de plus en plus fréquents contre les Palestiniens. Les actions, les massacres et la rhétorique d’Israël indiquent son intention de mettre en œuvre une seconde Nakba, promise depuis longtemps, en expulsant autant de Palestiniens que possible – créant un “nouveau Moyen-Orient” dans lequel les Palestiniens vivraient perpétuellement soumis.

La réponse des États occidentaux a été un soutien complet et total à l’État d’Israël, sans même un semblant de respect du droit international. Ceci a augmenté le sentiment d’impunité d’Israël, lui donnant carte blanche pour mener sa guerre génocidaire sans aucune limite. Au-delà du soutien diplomatique, les États occidentaux fournissent de l’armement à Israël et sanctionnent les activités des entreprises d’armement israéliennes à l’intérieur de leurs frontières. 

Alors qu’Israël intensifie sa campagne militaire, les syndicats palestiniens appellent leurs homologues internationaux et toutes les personnes de conscience à mettre fin à toute forme de complicité avec les crimes d’Israël, en cessant de toute urgence le commerce d’armement avec Israël, ainsi que tout financement et toute recherche militaire. C’est maintenant qu’il faut agir – la vie des Palestiniens est en jeu. 

Cette situation urgente et génocidaire ne peut être évitée que par une augmentation massive de la solidarité mondiale avec le peuple Palestinien, qui seul peut freiner la machine de guerre israélienne. Nous avons besoin que vous agissiez immédiatement – où que vous soyez dans le monde – pour empêcher l’armement de l’État israélien et des entreprises impliquées dans l’infrastructure du blocus. Nous sommes inspirés par les mobilisations syndicales passées en Italie, en Afrique du Sud, et aux États-Unis, ainsi que des mobilisations internationales similaires contre l’invasion italienne de l’Éthiopie dans les années 1930, et contre la dictature fasciste au Chili dans les années 1970 et ailleurs, où la solidarité mondiale a limité l’ampleur de la brutalité coloniale.

Nous appelons les syndicats des secteurs concernés à: 

  1. Refuser de construire des armes destinées à Israël.
  2. Refuser de transporter des armes vers Israël.
  3. Adopter des motions en ce sens au sein de leur syndicat.
  4. D’agir contre les entreprises complices qui participent à la mise en œuvre du siège brutal et illégal d’Israël, en particulier si elles ont des contrats avec votre institution. 
  5. Faire pression sur les gouvernements pour qu’ils cessent tout commerce militaire avec Israël et, dans le cas des États-Unis, qu’ils cessent de le financer.

Nous lançons cet appel alors que nous assistons à des tentatives d’interdiction et de réduction au silence de toutes les formes de solidarité avec le peuple palestinien. Nous vous demandons de vous exprimer et d’agir face à l’injustice, comme les syndicats l’ont fait historiquement. Nous lançons cet appel, car nous sommes convaincus que la lutte pour la justice et la libération de la Palestine est non-seulement une lutte qui sera déterminée au niveau régional et mondial. C’est aussi un levier pour la libération de tous les peuples dépossédés et exploités du monde.

Fédération générale palestinienne des syndicats, Gaza. 

MORT D’ALASSANE SANGARÉ A FLEURY-MÉROGIS

Nous recevons dans notre émission, AMI et Djenaba ; les deux sœurs de Alassane Sangaré. Avec elles nous parlerons des raisons de l’incarcération d’alassane après un procès expéditif en correctionnelle, comment la famille a appris sans ménagement sa mort avec un retard d’un jour et demi, comment elle a réagit immédiatement pour connaître la vérité et démentir la version de l’administration pénitentiaire qui parle de suicide.

Mais avant, brossons rapidement le contexte ; le nombre de détenus en France a encore augmenté pour atteindre un nouveau record en janvier : 80000 personnes emprisonnées. La France figure parmi les pires pays en Europe en termes de surpopulation carcérale, juste avant Chypre et la Roumanie – selon une étude publiée en juin 2024 par le Conseil de l’Europe. Les conditions de détention y sont infectes et la longueur des peines infaisables, les perspectives noires. La population carcérale y est gérée comme des numéros.

Dans ces oubliettes modernes aux hauts murs, 125 prisonniers meurent chaque année de suicides ou de morts suspectes. Ces chiffres peuvent être largement sous-estimés. Ahfed benotman disait “Il ne faut pas parler de suicide en prison, il faut dire que la prison tue”, l’administration pénitentiaire est responsable de la sécurité des prisonniers qu’elle enferme. Quand il y a un mort, c’est qu’il y a eu manquement, que ce soit par des coups de co-détenus placés là par l’AP, par des matons ou de désespoir à en mourir.

Le risque de suicide est dix fois plus élevé en prison qu’en population générale chez les hommes et quarante fois plus chez les femmes. Le taux de suicide est sept fois plus élevé au cours de la première semaine d’incarcération.

L’année 2024 a été particulièrement meurtrière en matière de violences policières Avec 55 morts recensés l’année passée en France par le collectif «Désarmons-Les», c’est le nombre le plus élevé depuis plus d’un demi-siècle. Ces meurtres restent impunis. Alors si l’on rajoute les hauts murs, le combat pour la vérité est encore plus dur…

Quelques cas de morts suspectes récentes : Jules est mort au mitard de la maison d’arrêt de Seysses dans la nuit du 5 au 6 décembre 2020. Il avait 20 ans. L’administration pénitentiaire prétend qu’il s’est pendu, mais les prisonniers sont formels : Jules ne s’est pas suicidé. Ils sont très nombreux à témoigner, et c’est toujours la même équipe qui est mise

Le 9 août 2022, Romain Leroy, prisonnier longue peine, correspondant de l’Envolée, est mort. Il est mort d’une rupture de l’aorte. Il avait 38 ans.

En septembre 2020, Idir est mort de façon très suspecte au mitard (quartier disciplinaire) de la maison d’arrêt de Lyon Corbas.

Sambaly est mort en 2022 d’asphyxie après une agonie de trente-cinq minutes, les pieds entravés, les mains menottées dans le dos, bâillonné avec une serviette, écrasé sous le poids de quatre ou cinq matons

Le 9 octobre 2024, Robin Cotta, 22 ans, trouve la mort dans la cellule 504 du quartier des arrivants de la maison d’arrêt des Baumettes, frappé, assommé, puis froidement égorgé par un codétenu avec les tessons d’un bol en porcelaine.

Alassane Sangaré, est un homme noir de 36 ans. Il est mort le 24 novembre 2022 dans des circonstances suspectes à Fleury-Mérogis. Sa mort, intervenue cinq jours après son incarcération, est officiellement attribuée à un suicide, mais sa famille — sa mère et ses sœurs — refuse cette version et mène un combat acharné pour faire éclater la vérité. Elles dénoncent l’invisibilité des violences carcérales.

Rencontre : Journée contre la violence carcérale en soutien au Comité Vérité pour Alassane, samedi 1ᵉʳ février 2025 à 15h, Maison des Associations, 15 avenue Strathkelvin, 91100 Corbeil-Essonnes

https://www.instagram.com pouralassanesangare

Pierre Stambul ” Du projet sioniste au génocide “

Aujourd’hui dans cette émission nous vous diffusons la prise de parole de Pierre Stambul, membre de l’UJFP, qui avait lieu le samedi 18 à la libraire résistance autour de son ouvrage ” Du projet sioniste au génocide”. Avant cela, vous entendrez un court montage d’une partie des prises de paroles, qui ont eu lieu le jeudi 16 janvier lors du rassemblement organisé par Urgence Palestine à Stalingrad, contre la tenue d’un match de basket à Paris contre le Maccabi Tel Aviv, qui reviennent sur l’annonce du “cessez le feu” à Gaza du mercredi 15 janvier.

Droit au logement : La marche des réquisitions

À peine élu, Macron avait déclaré le 27 juillet 2017 : « la 1ère bataille, c’est de loger tout le monde dignement, je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, perdus, c’est une question de dignité, d’humanité». 7 ans plus tard, le nombre de sans-abris a plus que doublé et est passé de 143.000 à 330.000, celui des personnes privées de logement personnel est passé de 896.000 à 1.098.000… celui des demandes HLM de 2,2 à 2,7 millions de familles …

Pourtant la France compte 3,1 millions de logements vacants et 9 millions de mètres carrés de bureaux vacants soit 200 000 logements. L’Ile de France compte 416.000 logements vacants et Paris 116 000. 30 ans après l’occupation de la rue du Dragon, le 18 décembre 1994 et la dernière vague de réquisition qui s’en est suivie en 1995 (1200 logements réquisitionnés), l’État n’a plus le courage d’appliquer cette loi.

Partant de ce constat, le 5 janvier 2025 avait lieu “La marche des réquisitions”, pour dénoncer des immeubles vides dans Paris, et pour exiger : l’application de la loi de réquisition sur les immeubles vides, et l’abrogation de la loi Kasbarian et de toutes les lois et dispositifs qui pénalisent les occupants d’habitats de survie.

Sur la base des prises de paroles réalisées lors de cette manifestation, nous avons ensuite réalisé un interview avec Etienne, (militant du DAL), afin de revenir sur la question du la question des réquisitions, mais aussi sur l’ensemble des combats à mener au niveau du logement et en ce qui concerne plus particulièrement le logement social. Nous vous diffusons donc dans l’émission d’aujourd’hui un montage qui alterne entre les prises de paroles du 5 janvier et cet interview.

LIBEREZ GINO

Le militant antifasciste Gino est détenu à Fresnes, en attente de la décision concernant sa possible extradition en Hongrie. Il est accusé d’avoir participé en février 2023 à Budapest aux affrontements en marge du défilé néonazi Day of Honour (jour de l’honneur), qui accueille depuis 1997 des nostalgiques du Troisième Reich et de la mode Waffen-SS.

Un mandat d’arrêt européen a été émit à l’encontre de Gino et de ses camarades, accusés de « participation à une organisation criminelle » et de « coups et blessures provoquant un risque immédiat de mort », des délits passibles en Hongrie d’une peine maximale de seize années d’emprisonnement. Selon Mediapart, le mandat est la conséquence d’une agression présumée contre deux néonazi·es qui ont écopé d’une incapacité totale de travail (ITT) de cinq et six jours.

La SDAT (Sous-Direction Anti-Terroriste) a procédé à l’interpellation de Gino en région parisienne, afin de répondre avec zèle à la demande d’extradition formulée par les autorités hongroises, aux mains du gouvernement d’extrême droite de Viktor Orban. Pour la même affaire, d’autres militant.es antifascistes de plusieurs pays d’Europe ont été arrêté.es, emprisonné.es et ostensiblement torturé.es.

Le 15/01, s’est tenu le délibéré concernant la demande d’extradition de Gino, devant la Cour d’appel de Paris. La demande d’informations complémentaires demandée par la défense a été reçue positivement, pour une partie des demandes. La justice a pointé de graves « dysfonctionnements » en matière d’indépendance et d’équité dans le pays dirigé par Viktor Orbán. La Cour d’appel accède donc à la majorité de nos demandes de compléments d’informations au gouvernement hongrois. Ce dernier a maintenant deux semaines pour répondre.

La Hongrie doit :

Dans un premier temps, préciser les conditions de détention de Gino s’il est remis à la Hongrie. Dans un second temps, préciser les mesures concrètes prises pour garantir sa sécurité du fait de ses opinions politiques. Dans un troisième temps, préciser les garanties effectives pour protéger sa personne et garantir son droit à un procès équitable, notamment par rapport à l’indépendance et l’impartialité des tribunaux hongrois.

La Hongrie doit fournir ces documents sous 15 jours et la prochaine audience aura lieu le mercredi 12 février.

Néanmoins, convaincu.e.s qu’un régime qui soutient des évènements comme la Marche de l’Honneur ne peut en aucun cas garantir les droits des militant.e.s antifascistes comme Gino, la pression médiatique et politique doit continuer autour de cette affaire.

Pour cela et en appel à la journée de solidarité qui se tiendra le samedi 18 janvier à la Parole Errante, à Montreuil, nous vous diffusons aujourd’hui le podcast produit dans les studios de la parole errante par le comité de soutien de Gino : toutes vos prisons ne suffiront, précédé d’une mise en contexte produite par blast et intitulé la France au service des néo-nazis hongrois.

MARTINIQUE : Rien pour eux, libérez le « R »

Aujourd’hui, dans cette émission, nous revenons sur l’actualité en Martinique. Parce que, nous aussi, comme le Canard réfractaire, on ne lâche pas, on suit les luttes qui se passent. Dans un premier temps, vous pourrez écouter l’émission justement faite par le canard réfractaire que nous saluons et dans un deuxième temps, vous écouterez le reportage que nous avons réalisé en nous rendant à la manifestation Parisienne du 11 janvier à la gare Montparnasse en soutien à la lutte contre la vie chère et pour demander la libération du « R », de Rodrigue Petitot, président du Rpprac, le Rassemblement Pour la Protection du Peuple et des Ressources Afro-Caribéennes.

Vie chère aux Antilles : L’enquête de Libération met à jour les pratiques opaques et les marges exorbitantes de GBH

11 janvier 2025

— Par Sabrina Solar —

La question de la vie chère aux Antilles et les pratiques économiques des grandes entreprises locales, telles que le groupe GBH, fait l’objet d’une attention croissante non seulement dans les territoires d’Outre-Mer, mais aussi à l’échelle nationale. En ce début d’année, l’enquête publiée par le quotidien Libération, le 9 janvier 2025, a mis en lumière les pratiques controversées de cette multinationale martiniquaise, qui s’est imposée comme un acteur majeur dans plusieurs secteurs économiques, dont celui de l’automobile. Cette investigation est d’autant plus pertinente dans un contexte de crise sociale, où les hausses de prix et les inégalités économiques sont des sujets de débat intense.

L’enquête s’appuie sur des documents internes confidentiels obtenus grâce à un cadre supérieur de GBH, un des 170 managers ayant accès à ces informations sensibles. Ce dernier, travaillant depuis près de 20 ans dans la branche automobile du groupe, a fourni des éléments clés permettant d’exposer l’étendue des marges réalisées par GBH dans ce secteur. Selon les données révélées, les concessions automobiles de GBH en Outre-Mer génèreraient une marge nette de 18 à 28 % sur chaque véhicule vendu, soit trois à quatre fois plus que dans l’Hexagone pour des voitures similaires. Ce différentiel de prix est difficilement justifiable par les coûts d’approche, tels que le transport ou l’octroi de mer, que l’entreprise invoque fréquemment pour expliquer cette disparité. Selon les experts cités dans l’enquête, ces frais ne représenteraient que 15 à 20 % du prix de vente final, ce qui est bien loin de justifier de telles marges.

L’une des pratiques les plus controversées soulevées par l’enquête concerne les « marges arrière ». Ce terme désigne les remises de prix que GBH obtiendrait de ses fournisseurs à la fin de chaque année, en fonction des objectifs de vente atteints. Ces marges arrière, bien que le groupe les évalue à 5 à 7 % du chiffre d’affaires, sont largement contestées. Christophe Girardier, consultant indépendant et auteur de plusieurs rapports sur la distribution en Outre-Mer, estime que ces marges arrière pourraient atteindre jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires annuel de GBH. Ce mécanisme de remises influe directement sur les prix finaux payés par les consommateurs et contribue à l’augmentation artificielle des prix des biens de consommation courante dans les territoires d’Outre-Mer, dont la Martinique et la Guadeloupe. Cette situation devient encore plus problématique dans un contexte où les prix peuvent être jusqu’à 40 % plus élevés qu’en métropole, alimentant ainsi la crise sociale liée à la vie chère.

L’enquête va plus loin en exposant l’opacité financière du groupe GBH, qui fait l’objet de critiques récurrentes. Bien qu’il ait été contraint, après une action en justice, de publier ses comptes sociaux pour la période 2013-2018, ces documents ne permettent pas d’avoir une vision complète de la situation financière du groupe. En effet, ces comptes, publiés juste avant les fêtes de fin d’année 2024, ne sont que des comptes sociaux, un minimum légalement requis, et non des comptes consolidés. De plus, ces comptes ne détaillent pas les nombreuses filiales de GBH, rendant difficile toute analyse approfondie. Cette structure complexe et opaque permettrait au groupe de maximiser ses bénéfices tout en allégeant artificiellement les comptes d’exploitation de ses entités les plus rentables. Ce type de gestion est critiqué pour son manque de transparence et pour les effets néfastes qu’il a sur l’économie locale, où les marges excessives engendrent une pression insoutenable sur le pouvoir d’achat des populations.

L’enquête de Libération n’intervient pas seulement dans le cadre d’une crise sociale, mais aussi dans un contexte judiciaire. En effet, plusieurs lanceurs d’alerte ont porté l’affaire devant le tribunal de commerce de Fort-de-France, exigeant la publication complète des comptes financiers de GBH, notamment les comptes consolidés et ceux des différentes filiales. Après deux renvois, le dossier du groupe sera examiné à nouveau le 23 janvier 2025. Ce jour-là, le tribunal devra déterminer si le groupe respecte ou non les obligations légales en matière de transparence financière et s’il y a lieu de prononcer une amende pour non-publication des comptes en bonne et due forme.

En parallèle de cette enquête, la réaction des autorités publiques ne s’est pas fait attendre. Jean-Christophe Bouvier, le préfet de la Martinique, a réagi sur les ondes de Martinique la 1ʳᵉ, en déclarant que les informations diffusées par Libération allaient être prises en compte pour mener des investigations supplémentaires. Il a annoncé qu’il allait interroger les services de contrôle de l’État pour vérifier s’il existe des infractions à la législation sur les prix, et si des investigations approfondies devraient être menées pour faire respecter les règles de la concurrence. Ces déclarations témoignent d’une volonté d’agir face à des pratiques jugées déloyales et nuisibles à l’économie locale.

Cette affaire soulève des questions bien plus larges sur les pratiques économiques dans les territoires d’Outre-Mer. Les abus de marges et les mécanismes opaques qui permettent aux grandes entreprises de maximiser leurs profits au détriment des consommateurs sont devenus des sujets de préoccupation majeurs. Plusieurs rapports, dont celui remis à Emmanuel Macron en décembre dernier, ont appelé à une régulation plus stricte pour instaurer une concurrence non faussée et encadrer les marges arrière des distributeurs. Le rapport, élaboré par Pierre Egéa, juriste reconnu, et Frédéric Montlouis, consultant, plaide pour un contrôle renforcé afin de garantir des prix justes et équitables pour les habitants des Outre-Mer, qui subissent les effets de ces pratiques depuis trop longtemps.

La publication de l’enquête de Libération, couplée à la perspective de l’audience judiciaire à venir, marque un tournant dans la lutte contre les pratiques commerciales excessives dans les Outre-Mer. Elle met en lumière l’urgence d’une régulation stricte et d’une plus grande transparence des entreprises opérant dans ces territoires, où la crise de la vie chère reste un problème central. Il appartient désormais aux autorités judiciaires et politiques de prendre des mesures concrètes pour protéger les consommateurs et rétablir une concurrence équitable.

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La réaction du Groupe Bernard Hayot 

Le Groupe Bernard Hayot (GBH) a réagi à la suite de la parution d’un article dans le journal Libération le 9 janvier 2025, intitulé « les profits suspects du Groupe en Outremer ». Dans un communiqué publié le lendemain, l’entreprise a exprimé son mécontentement, affirmant que l’article reposait sur des « accusations infondées » et s’appuyait sur les propos de ses « détracteurs habituels » ainsi que d’un ancien salarié motivé par « un esprit de vengeance ». Le Groupe dénonce également ce qu’il considère comme une tentative de déstabilisation et se défend d’atteindre des marges excessives.

La réponse du Groupe Bernard Hayot
Le Groupe Bernard Hayot a réagi vivement après la publication de l’article de Libération pointant ses profits jugés suspects dans les départements d’Outre-mer. Le communiqué du groupe, diffusé le 10 janvier 2025, critique l’orientation de l’article et dénonce des accusations sans fondement. Selon le Groupe, ces attaques sont alimentées par des sources qui n’ont aucunement pris en compte les explications détaillées fournies en réponse aux questions du journaliste avant la publication.

Des marges jugées raisonnables
Concernant les marges pratiquées dans le secteur de la grande distribution alimentaire, GBH défend ses pratiques, en soulignant que ses marges sont comparables à celles pratiquées en métropole. En ce qui concerne l’activité automobile, le Groupe met en avant les importants investissements financiers requis pour gérer les stocks de véhicules neufs et de pièces de rechange, précisant que ces pratiques sont communes aux opérateurs internationaux.

Une concurrence dynamique
Concernant la question de la concurrence, GBH rejette l’idée d’une position dominante. Le Groupe explique que les marges ont été particulièrement serrées ces dernières années, créant des difficultés pour de nombreux acteurs du marché, et souligne la dynamique concurrentielle accrue avec l’arrivée des constructeurs chinois et la redistribution des portefeuilles de marques. GBH insiste sur le fait que le marché est loin d’être figé.

L’origine du problème de la vie chère
Enfin, le Groupe conclut que le problème de la vie chère en Outremer est bien plus ancien que la création de GBH et est fondamentalement lié à des facteurs structurels, notamment l’éloignement géographique. Le Groupe rappelle que dès 1952, bien avant sa fondation, l’État avait déjà instauré une prime de vie chère pour ses fonctionnaires.

BILAN 2024, PERSPECTIVES 2025

crédit photos : https://www.flickr.comphotos/119524765@N0albums

Dans l’émission de ce jour et pour ce premier direct de l’année 2025, nous souhaitions faire un bilan de l’année écoulée et voir quelle serait les perspectives pour cette nouvelle année, que nous vous souhaitons la meilleure.

Nous avons procédé de manière chronologique et avec les archives 2024 de l’actualité des luttes. Nous avons choisi d’aborder plusieurs thématiques qui vont de la Palestine à l’Ukraine, de la dissolution en France aux JO, de la lutte des mineurs isolés en passant par les luttes environnementales et bien d’autres sujets et nous vous laissons le soin de découvrir.

Bonne écoute !

Ukraine-Gaza, regards croisés

crédits Photos: Florimage et CA

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une partie de la conférence-débat : Ukraine-Gaza, regards croisés.

Le mardi 3 décembre 2024, l’équipe du Crash a eu le plaisir de recevoir Julia Grignon, Jean-François Corty et Rony Brauman pour une conférence-débat à l’occasion de la sortie du dernier numéro de la revue Alternatives Humanitaires : « Ukraine-Gaza, regards croisés » dans lequel praticiens et observateurs de l’humanitaire vont partager leurs analyses. 

Le conflit israélo-palestinien, violemment réactivé à la suite des attaques terroristes orchestrées par le Hamas le 7 octobre 2023, a presque remisé au second plan le conflit russo-ukrainien[1]. Les regards du monde entier se sont alors en effet tournés vers cette étroite langue de terre coincée entre Israël, l’Égypte et la mer Méditerranée qu’est la bande de Gaza.

Une attention évidemment compréhensible, lorsque l’on constate le nombre élevé de victimes essentiellement civiles qu’a entraîné le conflit depuis lors. Pourtant, la crise engendrée par l’agression russe de l’Ukraine le 24 février 2022 n’a rien perdu de son ampleur : six millions de réfugiés sont encore en dehors du pays, tandis que cinq millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de celui-ci[2]. La « disparition » du conflit russo-ukrainien a amené le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à se démener pour maintenir l’attention médiatique et politique alors que les combats s’enlisent, et que grandit sa crainte d’une diminution du soutien international en réponse à l’invasion russe[3].

À vrai dire, si le conflit israélo-palestinien semble avoir relégué dans l’oubli la grande majorité des situations de violence armée en cours dans le monde – y compris le conflit russo-ukrainien donc –, il faut se souvenir que celui-ci avait produit le même effet lorsqu’il avait éclaté en 2022. Et il faut rappeler également que, de l’Afghanistan au Soudan en passant par la Birmanie, le Yémen, la République démocratique du Congo, la Centrafrique ou encore Haïti, les « crises oubliées » ont été de tout temps en nombre bien plus élevé que les « crises médiatiques ».

Qu’ont donc de particulièrement révoltant, inquiétant et révélateur ces deux conflits à Gaza et en Ukraine ? Des conflits qui par ailleurs – et c’est une donnée majeure – témoignent d’une concurrence et d’arbitrages aussi bien dans les budgets militaires (des acteurs directs et de leurs soutiens) qu’humanitaires (ressources limitées des bailleurs), lesquels ne font qu’ajouter à la tension et à la relégation que subissent les autres crises humanitaires dans le monde.

De toute évidence, nous ne sommes pas là dans une situation « classique » d’élan compassionnel et médiatique qui disparaitra avec la prochaine crise majeure : ces deux conflits nous interpellent parce qu’ils disent quelque chose de la géopolitique actuelle, d’une certaine forme de reconfiguration du monde, des usages du droit international humanitaire (DIH) et de la place accordée aux acteurs humanitaires par les belligérants.

De l’Ukraine à Gaza, deux guerres « en concurrence »[4] se déroulent de façon simultanée aux frontières de l’Europe et au Proche-Orient. Les terrains et les actions militaires sont très différents, les acteurs directement impliqués aussi, mais dans les deux cas, sur les écrans de télévision, les images de guerre se suivent, se ressemblent et se confondent presque. Rien n’évoque plus un massacre de civils qu’un autre massacre[5]. Le traitement médiatique de ces deux conflits opère parfois un parallèle où la complexité de la situation laisse place à l’émotion[6] et une comparaison dangereuse de la compassion des uns et des souffrances des autres[7].

Du Donbass au Proche-Orient – mais on peut associer la situation dans le Caucase (Haut-Karabagh) –, on assiste à des guerres à la fois globales et de proximité : elles éclatent et se répondent sur une courte période, dans un périmètre euroméditerranéen restreint, enjeu d’une nouvelle compétition de puissances dont on pressent qu’elle peut aboutir à un embrasement et à une reconfiguration majeure du monde tel que nous le connaissons.

Les acteurs humanitaires doivent donc s’interroger sur ce monde qui peut se dessiner et sur le rôle qu’ils peuvent y jouer avec les limites que ces conflits auront peut-être tracées. C’est qu’ils recouvrent par ailleurs une dimension non seulement territoriale, mais aussi identitaire et sociale, puisqu’ils renvoient à la catégorie des « guerres existentielles » qui relient leurs peuples à un traumatisme collectif : Shoah chez les Israéliens, Nakba chez les Palestiniens, Holodomor chez les Ukrainiens, sans oublier Medz Yeghern (« grand carnage ») chez les Arméniens. La mémoire des génocides et d’autres tragédies – on pense à la mémoire coloniale – traverse les esprits et les générations[8].

Le drame que traverse le Proche-Orient et les craintes d’une extension du conflit font écho à la sidération qui avait saisi le monde en février 2022 en Ukraine. Mais ils ne font aussi que renforcer les questions que les deux situations, comme en miroir, font surgir dans un contexte évident de résurgence des conflits de haute intensité et à forte mortalité. De nombreux analystes l’avaient annoncé, notamment dans le numéro que la revue Alternatives Humanitaires avait consacré au DIH[9].

C’est pour participer à la nécessaire réflexion sur la réponse humanitaire apportée aux conséquences des conflits israélo-palestinien et russo-ukrainien autant qu’à ce qu’ils risquent d’engendrer que la revue Alternatives Humanitaires a décidé de leur consacrer ce numéro vraiment spécial, puisqu’il leur est entièrement réservé. L’appel à contributions a été lancé en janvier de cette année, mais sa pertinence se confirme jour après jour à l’aune des évolutions respectives de ces deux conflits qui se font violemment écho.

Ce numéro invite à opérer un regard croisé, à distance des prises de position politiques qui, si elles ont toute leur légitimité, disposent d’autres espaces éditoriaux pour s’exprimer. Notre but est de jeter un pont analytique entre ces deux conflits, pour mettre en perspective la véritable déflagration qu’ils représentent dans le secteur humanitaire et toutes les remises en cause qu’ils engendrent, la façon dont les acteurs humanitaires font face et s’adaptent[10], les difficultés rencontrées et les moyens mis en œuvre pour les surmonter et améliorer le sort des victimes. Qu’est-ce que les conflits israélo-palestinien et russo-ukrainien changent et confirment pour le secteur humanitaire ? Comment amènent-t-ils à revoir les manières de travailler, à questionner l’ensemble des principes humanitaires, quels débats ont-ils suscité dans le milieu des ONG humanitaires[11] ? Ce sont ces questions qui nous ont guidés pour retenir les contributions qui composent ce dossier. Les unes et les autres expriment des avis parfois différents, toujours complémentaires et respectables. Nous espérons qu’elles apportent des réponses, à tout le moins de la réflexion, pour mieux comprendre les enjeux que ces deux guerres soulèvent pour le présent et le futur de l’action humanitaire.

Tous nos remerciements à Vincent Léger et Pierre Gallien, membres du Comité de rédaction, pour leur travail sur la première version de la problématique de ce dossier.

Meeting de mobilisation à l’occasion de la journée internationale des migrant.e.s

Plus de 300 organisations appelaient à la mobilisation du 14 au 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrant·es : contre le racisme d’État.

Cela permet de renforcer les collectifs de lutte, les réseaux de solidarité et les syndicats, faire de chaque quartier, chaque lieu de travail ou d’étude des zones de solidarité, s’organiser partout pour l’égalité des droits et contre le racisme !

Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons les morceaux choisis du Meeting qui se déroulait ce 18 décembre 2024 à la bourse du travail de Paris.

Dans un premier temps, nous entendrons les collectifs en lutte, entre autres des jeunes du parc de Belleville qui occupent la Gaîté Lyrique depuis le 10 décembre…

Dans un second temps, une analyse sur la situation européenne avec notamment l’Anafé sur la sélection des migrants en zones d’attente (hot spots) et les politiques de fermeture des frontières européennes

RETOUR SUR LES RÉVOLTES SUITE A LA MORT DE NAHEL ET LES RÉPONSES DE L’ÉTAT

Lors de l’enregistrement de l’émission,mercredi 11 décembre, l’Actualité des Luttes s’est penchée sur le bilan des révoltes et la réponse du gouvernement suite au meurtre du jeune Nahel Merzouk, 17 ans, tué par un policier le 27 juin 2023 à Nanterre. Afin de comprendre les événements et la réponse politique qui en a été faite, nous avons analysé le déroulé jour par jour de la semaine de révolte, la répression, ainsi que les réponses politiques et gouvernementales à ce mouvement. 

Au cours des sept nuits de révoltes, on compte trois autres personnes décédées en lien direct ou indirect avec les mouvements de protestation, 672 communes touchées, plus de 800 millions d’Euros de dégâts, des milliers de bâtiments incendiés et environ 3500 interpellations dont un tiers étaient mineurs aux moments des faits et une majorité n’avait pas de casier judiciaire. 

Le 9 avril 2024, la commission des lois du Sénat rendait publique “25 propositions pour tirer les leçons d’une réponse opérationnelle des pouvoirs publics qui a été effective, mais qui s’est révélée en partie inadaptée à ces émeutes et à leurs enjeux“. 
Un rapport uniquement sécuritaire et répressif, qui a totalement omis des questions comme les discriminations, le racisme, la précarité et les conséquences de la loi Cazeneuve de 2017, “permis de tuer” pour les policiers en cas de refus d’obtempérer. 

Nahel, un jeune de 17 ans, tué par un policier à Nanterre le 27 juin 2023, dès le lendemain des émeutes éclatent à Nanterre, puis le surlendemain partout en France.

2005 à l’époque la révolte a été circonscrite aux banlieues des grandes villes et surtout en région parisienne. En 2023, des émeutes éclatent dans des petites villes de 4/5000 habitants, où des commissariats sont attaqués à coup de cocktails Molotov, des bureaux de tabac pillés, des voitures cramées. Une révolte généralisée qui dure 5/6 nuits, avec attaques des flics à coup de mortier, dégradation de bâtiments publics ou de banques, pillages de magasins, avec souvent redistribution à la population, comme cela s’est passé à Caen dans 3 quartiers populaires.

Le ministère de l’intérieur comptabilise 23 878 feux, 12 000 véhicules incendiés, 2 500 bâtiments publics dégradés dont 273 locaux de police et gendarmerie, 105 mairies, 168 écoles. Le Medef parle d’un milliard d’euro de déficit pour les entreprises suite aux dégradations. Par comparaison pendant le mouvement contre la réforme des retraites qui a duré plusieurs semaines, il y a eu 299 attaques contre institutions publiques. Cela montre le degré d’intensité de ces quelques nuits de révoltes et partout en France.

La répression a fait énormément de blessés par tir de flashball et grenades de désencerclement, d’interpellation et d’incarceration.

Des corps de police et de militaire sont intervenus. Le GIGN et parfois le RAID était présent, ainsi que beaucoup de drones. En France, on compte 1 300 interpellations, suivies de 762 condamnations à une peine ferme, en moyenne de 8 mois d’incarcération. Des transports arretée et les stations services fermées.

Depuis les émeutes les caméras de surveillances se sont multipliées.

La loi de février 2017, portant sur le « refus d’obtempérer », dernière loi sécuritaire du quinquennat Hollande, l’article L435-1 autorise les flics et les gendarmes « à faire usage de leurs armes ». Cette loi a multiplié par cinq le nombre de victimes qui ont refusé de se conformer.Depuis 2017, le nombre de cas de recours à la force meurtrière par des policiers à la suite d’un « refus d’obtempérer », c’est-à-dire un refus d’obéir à une injonction de la police d’arrêter le véhicule (généralement pour un contrôle d’identité ou en raison d’une petite infraction au Code de la route) a été multiplié par cinq. Les données du ministère de l’Intérieur montrent bien que le nombre d’utilisations d’armes à feu contre des personnes se trouvant dans des véhicules en mouvement a fortement augmenté depuis 2017. Or, le simple fait qu’une personne résiste à une arrestation ou tente de s’enfuir, sans mettre en danger la vie de quiconque, n’est pas une raison suffisante pour justifier l’utilisation d’une arme à feu.

La répression judiciaire et carcérale se sont rapidement rendues opérationnelles : le garde des Sceaux a exigé des parquets « une réponse rapide, ferme et systématique » aux actes de délinquance commis au cours des révoltes urbaines. Comme en 2005, il demande aux procureur⋅es de communiquer sur la répression :La circulaire demande aussi aux tribunaux d’ouvrir de nouvelles salles d’audience pour pouvoir juger — y compris le week-end — les très nombreuses personnes arrêtées. Le message est passé. À Grenoble, par exemple, deux audiences de comparutions immédiates sont ouvertes le dimanche 2 juillet pour juger une trentaine de personnes jusqu’après minuit. Le ministre a rendu hommage à la fermeté à l’obéissance des procureurs généraux et s’est félicité du taux de 95% de condamnations, des 1 300 déferrements au parquet, des 905 comparutions immédiates et des 742 peines d’emprisonnement ferme prononcées dans ce contexte de révoltes. la plupart des personnes jugées avaient un casier vierge et des garanties de représentation

«Dans une société hiérarchisée, on ne parle pas aux policiers comme à des égaux, on obtempère.» Ce sont les mots d’une procureure à Marseille, lors du procès de personnes arrêtées dans les rues de la ville, un soir de révolte. Cette magistrate a défini en une phrase ce qu’est une société fasciste, un État policier. Loin, très loin, des principes d’abolition des privilèges, d’égalité devant la loi, principes qui sont théoriquement la base de cette «République» dont parlent tant nos élus.

En seulement 4 nuits de révolte, la police a arrêté au moins 3200 personnes. Des rafles de masse, souvent au hasard. Et des arrestations systématiquement suivies d’une comparution immédiate, c’est-à-dire un jugement immédiatement après la garde à vue, conformément à la demande du ministre de la Justice Dupont-Moretti. Des procès expéditifs, sans préparation, sans preuve, expédiés en quelques minutes. Une justice d’abattage, de classe, raciste.

Une justice qui a pour consigne d’incarcérer le maximum d’indésirables, de les terroriser. Lors de ces procès, les procureurs parlent de «peines pour l’exemple», destinées à «dissuader les autres». Ce mardi, 350 personnes ont déjà été envoyées derrière les barreaux, selon le Ministre de la justice. Et cette véritable exécution judiciaire continue chaque jour dans les tribunaux.

Parmi les nombreux cas : un homme contrôlé en scooter avec un paquet de fromage récupéré dans un Monoprix. Il prend un an de prison ferme pour «recel». Un autre a été retrouvé par la police avec une cannette de Redbull, elle aussi volée dans un magasin qui avait été dégradé. 10 mois ferme. Pour une canette.

Trois hommes, sans antécédents judiciaires, ont ramassé des pantalons Hugo Boss devant le magasin après qu’il ait été cassé. Les vidéos montrent qu’aucun d’eux n’est entré dans le magasin. La Procureure demande de la prison ferme. «Les trois hommes ont sans doute touché les objets, mais rien n’indique qu’ils les aient pris» précise Rafik Chekkat. Un lycéen part immédiatement derrière les barreaux.

Un homme de 58 ans est jugé pour «recel» pour avoir ramassé des objets au sol trois heures après un pillage. Il est jugé coupable et condamné à une peine d’un an de prison ferme. «Du jamais vu» écrit l’avocat.

Trois hommes qui ne se connaissent pas, mais qui ont été arrêtés ensemble, selon les policiers, dans un magasin Monoprix, sont jugés ensemble. Ils n’ont rien volé. Il n’y a pas de témoins ni de vidéos. Seuls les procès verbaux de la police font foi. Prison ferme.

Au tribunal de Nanterre. «De très jeunes hommes, issus des quartiers populaire des Hauts-de-Seine, français, et en majorité noirs ou maghrébins» comparaissent à la chaîne, explique Médiapart.

Yamadou, 21 ans a été arrêté avec un feu d’artifice. Il est ouvrier, il rentrait du travail. Il a été attrapé par la police après avoir fait tomber son téléphone. «Ma grosse erreur, c’est d’avoir pris le feu d’artifice. Il était par terre, à côté de la mairie», il dit avoir tiré «vers le ciel». Deux membres de sa famille ont subi de graves violences policières. Quand il avait 17 ans, son cousin a pris six balles par des policiers, et a été indemnisé. Les tireurs n’ont jamais été condamnés. Selon les magistrats, c’est un indice de culpabilité : il aurait «voulu se venger». Yamadou n’a pas de casier. «C’est dur de s’en sortir de là d’où je viens» dit-il. «Au vu du contexte», le procureur demande de la prison ferme. Il part le soir même en détention.

Yvan, 18 ans, est accusé d’avoir brûlé une poubelle. Il dit qu’il se baladait dans le quartier. Il a été arrêté à côté d’un mineur qui avait un briquet. Une «destruction en réunion, une circonstance aggravante» pour le procureur, qui réclame une peine de huit mois de prison, avec mandat de dépôt.

Un autre, accusé de tir de mortier, se voit sermonner : «Il faut avoir confiance dans les institutions !» par le procureur, qui réclame deux ans de prison, dont un an ferme avec mandat de dépôt. Voilà pour la confiance. Il part en prison dès la fin de l’audience.

Et ce ne sont que quelques exemples, parmi des centaines d’autres, de la violence inouïe qui s’est joue dans le calme des salles d’audience. Des juges, tranquillement installés dans leurs fauteuils, détruisant des vies de jeunes hommes accusés d’avoir réagi à l’exécution d’un adolescent par un policier. L’écrasement est total : humiliations, racisme, violences policières, et peines extrême pour ceux qui osent relever la tête. Pendant que les criminels en col blanc ou en uniforme sont systématiquement impunis et protégés.

Il y a ceux qui marchent sans honte, qui punissent les classes populaires en supprimant d’un coup de plume les transports en commun, les kermesses, les fêtes d’école, les spectacles, le mot République à la bouche et à en vomir, une République d’ordre fait d’injonctions, de menaces et de lois liberticides et qui en redemande toujours et encore ; ce mélange obscène de politiciens réactionnaires bouffis de mépris, de fachos et de milices prêtes à en découdre. Sourde aux cris de colere d’une jeunesse, d’habitants qui veulent vivre.
 Cela ne suffit pas. Il faut une justice « rapide, ferme et systématique [5] » prête à envoyer des centaines de révoltées en prison [6] ; prête à criminaliser la moindre opposition : Gilets jaunes, écologistes, manifestant.e.s contre la réforme des retraites…

CONTRÔLE DES RÉSEAUX SOCIAUX

La scène se déroule à l’Assemblée nationale, le lundi 10 juillet. Auditionnée, Sarah Bouchahoua, responsable des affaires publiques de Snapchat en France, a fait une troublante confidence. Elle a affirmé que Snapchat a travaillé main dans la main avec le ministère de l’Intérieur afin de ne plus laisser apparaître, sur la Snap Map, que des photos et vidéos critiques envers les émeutes et les émeutiers.
“Nous avons travaillé conjointement avec le ministère de l’Intérieur et différentes autorités afin d’essayer d’endiguer le plus rapidement possible les différents dérapages qu’on a pu apercevoir sur le terrain […] et pour le coup, l’ensemble des stories publiées sur la map, c’était vraiment des utilisateurs de Snapchat, à la fin, qui se plaignaient des émeutes et des conséquences des émeutes, a affirmé Sarah Bouchahoua. Nous sommes fiers d’avoir pu participer et collaborer entre le privé et le public afin de protéger nos utilisateurs le plus rapidement possible”.

Les habitants du quartier ont été punis collectivement, pas de transport en commun pendant de longs mois, la réfection des constructions détruites a mis un temps fou, pour garder visible les raisons de la punition.

Punir la famille en sanctionnant les parents des émeutiers en les privant de logements sociaux et d’allocations familiales.   

Les festivités normalement présentes pendant l’été ont été annulées, notamment le 14 juillet.

Ces émeutes ont été un peu mieux perçues que celles de 2005, car il existait une colère globale après les manifs sur les retraites et Sainte Soline, qui peut aider à mieux comprendre ce mouvement.

C’est une continuité avec les autres mouvements. Toutes les actions que se soient écolo, émeutes, GJ, anti retraite, devraient se nourrir les unes les autres. Pour l’instant ces différents mouvements ne se regardent pas vraiment, ils restent très séparés.

POUR POURSUIVRE : Souffler sur les braises…Entretien enflammé avec des révolté-es pour Nahel. Aïwa crew. Calvados, été 2023 .Florilège des révoltes suite à l’assassinat de Nahel

Journal de bord de Gaza

Rami Abou Jamous est un journaliste palestinien. Il tient depuis février 2024 son Journal de bord de Gaza sur Orient XXI, pour lequel il a obtenu, en octobre 2024, le prix Bayeux des correspondants de guerre dans la catégorie presse écrite, ainsi que le prix Ouest-France. Jeudi 28 novembre dernier, au Lieu-dit, avait lieu la soirée de lancement de cet ouvrage publié aux éditions Libertalia en présence de Leïla Shahid et l’équipe d’Orient XXI. Aujourd’hui, nous vous diffusons donc un montage réalisé autour des prises de paroles qui s’y sont tenues, accompagné de la lecture de quelques extraits du livre.

” Vivre sous une tente, c’est endurer une chaleur d’enfer pendant la journée, avec des mouches qui pénètrent à l’intérieur et n’arrêtent pas de vous agacer. Et la nuit, c’est l’inverse : il fait froid. Il faut mettre deux ou trois couvertures. C’est se réveiller en ayant mal partout, parce qu’on dort sur un sol déformé. Vivre sous une tente, c’est dépendre de l’aide humanitaire et ne manger que des boîtes de conserve. C’est chercher tous les jours un endroit pour charger nos téléphones et nos lampes rechargeables. Vivre sous une tente c’est faire la queue pour l’eau et la nourriture. Pour faire la cuisine, il faut un four en argile et du bois. Quand on n’a pas de bois, on utilise n’importe quoi. Beaucoup de gens brûlent des cartons ou du plastique. On respire presque toute la journée cette fumée de plastique. On fait la lessive dans les seaux, on porte les mêmes vêtements trois ou quatre jours pour économiser l’eau. Pour les toilettes, on creuse un trou. Vivre sous la tente, c’est surveiller en permanence les insectes, les serpents, les scorpions. C’est une vie d’humiliation.
Mais cette tente est le symbole de la résilience palestinienne. Nous en avons fait un symbole politique, pour dire que nous allons rentrer chez nous.

Parce qu’un jour, tout cela va s’arrêter. “

La surincarcération, une réponse sécuritaire

Nous avons invité L’OIP (l’Observatoire International des Prisons) pour parler du durcissement constant des politiques pénales, que les gouvernements successifs accentuent, conduisent déjà à des niveaux de surpopulation carcérale sans précédent : plus de 127% d’occupation en moyenne dans les prisons françaises ; près de 154% dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérées près de sept personnes détenues sur dix, en attente de jugement ou condamnées à des peines inférieures ou égales à deux ans ; plus de 200% dans au moins dix-sept quartiers de détention. Les conditions de détention sont de plus en plus indignes, avec des personnes détenues qui s’entassent à deux ou trois dans des cellules exiguës, et 3 609 d’entre elles qui dorment sur des matelas de fortune posés à même le sol[1]. L’accès aux soins, aux activités et à l’accompagnement est toujours plus illusoire, aux antipodes de l’objectif de réinsertion fixé par la loi. Les conditions de travail du personnel pénitentiaire sont si dégradées que les vacances de poste sont légion.

La seule réponse face aux désastre des politiques pénales consiste à construire de nouvelles prisons, cette politique immobilière n’a fait que permettre d’incarcérer toujours plus. Chaque mois la Franc explose son record de taux d’incarcération. Entre 1990 et 2024, le nombre de places de prison a augmenté de 25 152, et celui des personnes détenues de 30 477. Les prisons françaises enferment déjà près de 4 000 personnes de plus que le nombre de places prévu à l’horizon 2027. En phagocytant le budget de l’administration pénitentiaire au détriment de la rénovation des prisons déjà existantes, du développement des dispositifs d’insertion et de l’accompagnement des personnes détenues, cette politique est en outre largement contre-productive. Le nombre de prisonniers pour 100 000 habitants et la durée de détention moyenne ont doublé en quarante ans – sans rapport avec les courbes de la délinquance. Que toujours plus de comportements sont passibles d’emprisonnement et que les peines encourues ne cessent de s’alourdir. Et malgré les faits l’opinion publique, matraquée par les mensonges médiatiques est amenée à penser que la justice comme trop laxiste, au diapason de la plupart des professionnels du secteur. Il vous appartient d’œuvrer à faire connaître ces tendances. Le gouvernement parle à la place des français « les Français demandent » alors qu’ils reflètent surtout les fantasmes d’une partie de la classe politique. « Les Français demandent […] à ce que les peines soient réellement exécutées », dites-vous, suggérant que ce n’est pas le cas alors que 95% des peines de prison ferme sont mises à exécution, d’après le ministre de la Justice. La loi pose au contraire l’aménagement des fins de peines comme un principe, destiné à faciliter la difficile transition entre détention et liberté, pour le plus grand bénéfice de la société. deux tiers des personnes détenues condamnées sortent de prison sans y avoir accédé.

Deux mutineries quasi simultanées, le 28 septembre 2024, ont rappelé l’ampleur des tensions qui s’accumulent dans les prisons françaises, toujours plus surpeuplées.
À la maison d’arrêt de Nîmes, une centaine de prisonniers ont refusé de regagner leurs cellules pendant plus de quatre heures, le 28 septembre, pour dénoncer des conditions de détention inhumaines. Cette prison est par ailleurs infestée de rongeurs et de punaises de lit : 267% d’occupation au quartier hommes, où des matelas au sol ont été installés dans presque toutes les cellules. Le même jour, une mutinerie éclatait au quartier centre de détention de Majicavo (Mayotte), où la surpopulation, chronique, atteint là aussi 267%.

UKRAINE: à la croisée des chemins

L’Ukraine, qui comptait 50 millions d’habitants à la fin du XXe siècle, n’en comptait qu’un peu plus d’une trentaine à la fin de l’année 2023. Depuis l’invasion à grande échelle des forces armées de Vladimir Poutine en février 2022, 6,4 millions de personnes se sont réfugiées à l’étranger et 4 millions d’entre elles sont déplacées : un exode supérieur en nombre à celui de mai-juin 1940 en France.

Depuis cette date, des dizaines de millions d’obus, (dont 3 à 5 millions d’origine nord-coréenne), 13 000 drones (dont plus de 2000 Shahed), 10 000 missiles (dont 1600 venus de Corée du Nord) et plus de 30 000 bombes planantes guidées (qui peuvent peser jusqu’à trois tonnes), ont été envoyés sur le territoire ukrainien,
sans parler des bombes au phosphore et des bombes thermobariques.

La vie de millions d’Ukrainiens a été dévastée jour après jour, nuit après nuit par cette guerre industrielle, totale et à caractère génocidaire menée contre cette population, sa culture, son histoire et qui lutte une fois encore pour sa survie. À l’automne 2024, les victimes civiles et militaires des deux bords atteignaient le nombre d’UN MILLION.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’actualité des luttes reçoit aujourd’hui Jean-Marc Royer qui, dans ses carnets de guerre, raconte et analyse, de par ses voyages fréquents en Ukraine, l’invasion à grande échelle de 2022, et ses conséquences en Europe. Nous avons abordé les récents évènements sur le terrain (bombardements russes et reculs de l’armée ukrainienne dans l’est) les manquements de l’aide occidentale et la faillite intellectuelle de la gauche européenne.

UNE VIOLENCE ÉMINEMMENT CONTEMPORAINE

Nous rediffusons une émission de l’actualité des luttes de 2010 ou Jean-Pierre Garnier ; sociologue, urbaniste, présentait son dernier ouvrage : Une violence éminemment contemporaine. Déjà 14 ans et pourtant le travail d’analyse de Jean-Pierre Garnier reste d’une grande actualité.

Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires

Synthèse de quarante ans d’observation des réalités urbaines et d’analyse critique des discours dont elles font l’objet, ce recueil montre comment la gestion politique des villes nourrit les appétits économiques de la bourgeoisie désormais « mondialisée » et les aspirations culturelles des néo-petits bourgeois.

D’un côté, des espaces « requalifiés » réservés aux gens de qualité, et de l’autre des couches populaires reléguées à la périphérie.
« Violences urbaines », « crise du logement », « relégation » et « gentrification » sont autant de symptômes dont le « traitement », de plus en plus sécuritaire, est voué à l’échec.

Du moins tant qu’on se refusera à reconnaître la nature du conflit fondamental qui oppose les citadins ordinaires à ceux pour qui l’espace urbain est une source de profit, sinon de valorisation de leur capital culturel par la colonisation des quartiers populaires bien situés. Et tant qu’on voudra donner l’illusion qu’on peut réconcilier par magie les contraires au moyen d’arguties et d’innovations ­langagières, violence symbolique ne faisant que redoubler celle, bien réelle, qui s’exerce sur les dépossédés du droit à la ville, plus nombreux que jamais.

UNE VIOLENCE ÉMINEMMENT CONTEMPORAINE est parue en mars 2010 aux éditions AGONE dans la série contre-feux

Manifestation contre la tenue du Gala Israël is Forever

Le 13 novembre dernier a eu lieu, à Paris, un gala organisé par l’association Israël Is Forever, avec comme objectif la « mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ».

Nili Kupfer-Naouri, présidente de l’association Israël Is Forever, organisatrice du gala, est une avocate ayant les nationalités française et israélienne qui tient publiquement des propos qui s’apparentent à de l’apologie de crimes de guerre. Parmi ses nombreuses déclarations, citons : « Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza » ou : « Qu’il ne reste plus rien de Gaza et qu’on [peut] y installer une grande hityashvut, une grande réimplantation juive ». À l’origine, l’invité vedette de ce gala devait être Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances et le ministre exerçant la tutelle sur la Cisjordanie occupée. Habitant dans une colonie et se revendiquant lui-même « fasciste », Smotrich incarne la figure du sionisme religieux le plus fanatique. Depuis son entrée au gouvernement le 29 décembre 2022, le nombre de colonies et les hectares de terres confisqués par Israël ont augmenté dans des proportions jamais vues depuis les accords d’Oslo.

Face à la complicité de l’état quant à la tenue de cet événement, une manifestation était appelée au départ de la gare Saint-Lazare. Nous vous diffusons aujourd’hui un montage réalisé à partir des prises de paroles enregistrées lors de cette mobilisation. Nous terminerons l’émission avec un court montage réalisé sur la tenue du match France Israël du lendemain.

AISDPK: le colonialisme français en Kanaky

Le 19 octobre, se sont déroulées deux tables rondes sur l’actualité du colonialisme français, au Centre International des cultures populaires et organisé par Association information et soutien aux droits du peuple Kanak. Aujourd’hui, nous vous diffusons le montage de la première, qui concernait la situation en Kanaky avec Daniel Wéa, président du Mouvement des Kanaks en France ; Isabelle Leblic, anthropologue et coprésidente de l’Association Information et soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK) ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’Homme, Benoit Trépied anthropologue spécialiste du droit Kanack Animateur : Mehdi Lallaoui, coprésident de l’AISDPK.

En effet, depuis décembre 2021, le gouvernement Macron a choisi son camp en prenant parti ouvertement pour les loyalistes. Il a préparé et présenté la loi constitutionnelle envisageant d’élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie pour minoriser les Kanak sur leur territoire. Les indépendantistes ont d’abord commencé par se mobiliser pacifiquement depuis le mois d’octobre 2023 avec la création de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain). Le vote de cette loi le 13 mai 2024 et la perspective de la réunion du congrès à Versailles fin juin 2024 ont mis le feu aux poudres. Macron en avait allumé la mèche.

Le pays est en révolte et les milices loyalistes marchent aux côtés des forces de l’ordre de l’État français pour réprimer et assassiner les militants indépendantistes, au premier rang desquels se trouvent les Kanak, peuple colonisé.

Depuis le 12 mai, l’État français mène une politique de criminalisation de l’action politique kanak. Il y a une moins une dizaine de personnes décédées, 1 260 gardes à vue, 210 déferrements, 93 incarcérations, plus de 340 interpellations en justice, et plus de 260 mesures de travail alternatif. Et les interpellations continuent.

Onze responsables de la CCAT ont été arrêtés et incarcérés. Sept d’entre eux, 2 femmes et 5 hommes, viennent de passer devant la justice calédonienne et ont été immédiatement déportés vers les prisons françaises. Cette déportation est contraire aux droits démocratiques garantis par la convention européenne des droits de l’Homme.
Afin de les isoler, l’État français a dispersé ces sept militants aux quatre coins de la France, à 17 000 kilomètres de leur famille :
– Mulhouse pour M. Christian TEIN
– Dijon pour Mme Brenda WANABO IPEZE
– Bourges pour M. Guillaume VAMA
– Blois pour M. Steeve UNË
– Nevers pour M. Yewa WAETHEANE
– Villefranche-sur-Saône pour M. Dimitri QENEGEI
– Riom pour Mme Frédérique MULIAVA


Mais qu’en est-il des loyalistes assassins des militants kanak à proximité des barrages? Pas de déportation vers les prisons françaises en tout cas… si jamais incarcération il y eut en Nouvelle-Calédonie.

Palestine Liban un destin commun

Le 6 novembre 2024 s’est tenue à la parole errante à Montreuil, une réunion publique, dans le contexte de la guerre sans fin mené par l’armée israélienne à Gaza et l’ouverture d’un nouveau front au Liban, les collectifs Urgence Palestine 20, Samidoun et la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, était à l’initiative de cette rencontre.

Y fut abordée la dimension géopolitique actuelle, la tentative d’invasion du Liban, les forces en présence, l’histoire des résistances palestiniennes et libanaises, ainsi que le rôle central des prisons dans l’oppression coloniale israélienne.

Avec les interventions de : Soha BECHARA : résistante communiste libanaise, Salah HAMMOURI, avocat franco-palestinien, ainsi qu’une militante de la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

Dans l’émission de ce jour, Nous vous donnons à entendre le montage d’une grande partie des interventions.

Du Cameroun à la “Dynamique Unitaire Panafricaine”

Dans cette émission du vendredi 8 novembre 2024, nous avons reçu Augusta Epanya.  Cette militante Franco-Camerounaise est investie depuis plusieurs décennies au sein de l’UPC (Union des Populations du Cameroun), organisation qui lutte contre la politique impérialiste du président Paul Biya.  Elle est également pleinement investie au sein de Dynamique Unitaire Panafricaine, qui lutte pour la souveraineté et l’unité politique du continent, afin de répondre aux aspirations des peuples africains. 

Lors de cette émission, nous avons pu évoquer la lutte contre le régime de Paul Biya, le rôle oppresseur de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies, ou encore la nécessité d’une alternative révolutionnaire et anti-impérialiste pour créer des sociétés au service des peuples. 

C’est d’ailleurs avec cette organisation qu’elle s’est rendue au Sénégal du 24 au 28 octobre dernier dans le cadre de la Plateforme Mondiale Anti-Impérialiste, ou des organisations anti-impérialistes du monde entier se sont réunies pour créer une dynamique commune. 

GRÈVE A L’ HÔPITAL BEAUJON

Dans l’émission de jour, nous revenons sur la gréve à l’Hôpital Beaujon en vous diffusant un reportage réalisé lors du rassemblement du 30 octobre 2024.

Les agents de l’hôpital Beaujon à Clichy (92) sont en grève pour l’arrêt des mobilités forcées des personnels et pour le respect des plannings. Depuis des mois, les agents sont déplacés d’un service à un autre, dans certains cas plusieurs fois dans la journée, pour combler le manque de moyens humains. Le 3 octobre, une cinquantaine de personnels, réunis en Assemblée Générale avec l’intersyndicale
CGT-FO-SUD, décide d’envahir le bureau du directeur.

Il tente alors de proposer aux organisations syndicales de discuter seul avec lui, sans les personnels. Non catégorique : soit il discute avec l’ensemble des personnels, soit c’est la grève. En quelques jours, 3 nouvelles AG ont lieu, rassemblant à chaque fois une centaine d’agents, ainsi que des usagers. Le 14 octobre, une grève démarre avec un piquet de grève qui se tient à partir de 7 H tous les jours dans le hall de l’hôpital.
Les grévistes assignés ou non, les usagers, peuvent s’y réunir autour d’un stand de vente de petit déjeuner et les recettes vont directement dans la caisse de grève.

Le 30 octobre, certains nombres d’acteurs du monde hospitalier étaient présents afin de soutenir ce mouvement et réfléchir comment l’élargir au moment où est discuté le budget de la Sécurité sociale.



Palestine : 1 an de Génocide -Manifestation du 05 octobre 2024

©Olivier Donnars / Le Pictorium/MAXPPP –

Dans l’émission d’aujourd’hui, nous vous diffusons une partie des prise de paroles réalisées lors de la manifestation en soutien à la résistance du peuple palestinien du 05 octobre 2024 à Paris. Ces prises de paroles sont montées avec des extraits de l’émission Israël Palestine : un naufrage médiatique sans précédent, réalisé par Blast.

Week-end de discussions de la Marche des solidarités – octobre 2024 – Après la loi Darmanin

Dans cette émission, nous vous ferons entendre des extraits de débats portant sur l’organisation de nos luttes face au fascisme, organisées par la Marche des Solidarités les 28 et 29 septembre 2024 à la bourse du travail de Paris. Face à l’offensive réactionnaire et la répression toujours plus importante dont sont victimes les personnes sans papiers depuis la promulgation de la loi Darmanin, il nous a paru important de mettre la lumière sur les réflexions des collectifs de sans papiers ainsi que des militants mobilisés à leurs côtés.
En première partie d’émission, vous pourrez ainsi entendre s’exprimer différents collectifs de sans papiers et de mineurs isolés, puis dans un second temps, les débats des personnes présentes lors de cette journée.

Bilan des journées de discussions du 28 et 29 septembre 2024 de la Marche des solidarités (avec différents communiqués) : Lien

PALESTINE : 1 AN DE GENOCIDE

En cette émission du 07 octobre, nous traiterons de la question Palestinienne en direct avec Matteo et Jean, afin de revenir sur la chronologie des événements de cette dernière année, mais aussi, afin de mieux comprendre le contexte dans lequel se sont déclenchées les attaques du 07 octobre 2023. Nous vous diffusons aussi quelques extraits de la manifestation du 05 octobre 2024 à Paris.

Lutte internationale contre le racisme et le fascisme

La MARCHE DES SOLIDARITÉS a organisé en région parisienne un week-end de discussions qui a rassemblé, samedi 28 et dimanche 29 septembre, 200 personnes représentant différents collectifs, réseaux et organisations de Paris et sa région, de Marseille, Rennes, Brest etc. Le dimanche 29 septembre avait lieu une discussion intitulée “situation internationale et développement de la lutte internationale contre le racisme et le fascisme”, en perspective d’une journée internationale de manifestation le 22 mars 2025, à l’AERI 57 rue Étienne Marcel à Montreuil. Cette discussion que nous vous diffusons aujourd’hui réunie les intervention de Keerfa ( Gréce), la CISPM ( coalition internationale des sans papiers et migrant.e.s) pour l’Italie, le réseaux Alarm Phone, Urgence Palestine et Stand up to racism ( Grande Bretagne).


Mobilisation aux Antilles : stop à la vie chère

Depuis quelques semaines, les mobilisations autour des questions de vie chère ont repris aux Antilles. Ce n’est pas la première mobilisation autour de cette question qui se déroule sur ce territoire. Depuis la gréve générale de 2009, rien n’a été fait pour mettre en place les décisions prises dans l’accord de fin de gréve. La situation n’allant qu’en s’aggravant, la crise du covid avait aussi déclenché un mouvement de résistance en 2021 avec la mise en place de barrages etc, auquel l’état a répondu par l’envoi de contingent militaire et l’emprisonnement de militants. Pour mieux comprendre les différents enjeux politiques soulevés par cette question de vie chère et les revendications qui l’accompagnent, nous avons décidés de réaliser deux interviews avec des militants guadeloupéens. Vous entendrez donc dans un premier temps Marie Gwadloup, militante indépendantiste, et dans un second temps Jean Philippe Helin, marqueur de parole, militant et ancien directeur du centre social de petit Canal.

Exportation militaire et idéologique israélienne en Amérique du Sud – Guerre de basse intensité – Stop arming Israël

Dans cette émission, vous entendrez des interventions ayant eu lieu dans une table-ronde organisée dans le cadre de la campagne Stop Arming Israël, et qui se déroulait dans le cadre de la semaine anti-satory, en référence au salon de l’armement du même nom qui se tenait du 15 au 21 juin 2024. Ainsi vous pourrez écouter en première partie de cette émission, tout d’abord, une chronologie sur l’influence de l’état israélien en matière d’armement, de technologies, de formation et de doctrine militaire au travers du continent sud-américain, après que les États-Unis qui considèrent ce dernier comme leur arrière-cour, aient retirés leur soutien à divers pays au profit de leur allié. Ceci donnera à éclairer sous un jour nouveau les positionnements de divers pays d’Amérique du sud vis-à-vis du génocide en cours à Gaza. Il sera fait plus spécifiquement le focus sur deux pays : la Colombie et le Guatemala. Puis, dans dans une seconde partie, la militante et chercheuse Jules Falquet développera le concept de guerre de basse intensité, qu’elle associera aux génocides comme aux politique contre-révolutionnaires, sinon comme politique généralisée et promue à travers le monde, et visant les populations civiles des états. Nous terminerons enfin par un petit reportage effectué le vendredi 21 juin dernier, où avait lieu une action à proximité du salon de l’armement Eurosatory, au parc des expositions de Villepinte. Alors que la justice vient de lever l’interdiction de participation des vendeurs d’armes israéliens a Eurosatory, que le média d’investigation Disclose révèle des livraisons récentes de composants de drones à Israël par Thalès, alors que des militants ont été interpellés dans le cadre d’une action contre l’armement d’Israël et avec eux une journaliste qui exerçait simplement sa profession, les mobilisations se poursuivent contre le commerce des armes avec Israël.

Cités dans l’émission :
Article sur André Michèle, militante féministe et anti-militariste par Jules Falquet dans les Nouvelles questions féministes 2022.
Escadron de la mort, une école française par Marie-Monique Robin
Pax neoliberalia, par Jules Falquet aux éditions iXe. Vous trouverez à cette adresse l’introduction.

Voir aussi :
– Article du Monde : Le génocide des Mayas en débat au Guatemala, 14/05/13
Du conflit armé aux conflits mémoriels. Les femmes mayas ixil et la reconstruction sociale post-génocide au Guatemala, par la La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), le 26/09/23
Vente d’armes à Israël : la justice refuse d’examiner les demandes de suspension malgré le risque pour les civils à Gaza, par Disclose le 27/05/24

Soirée de soutien aux grévistes de ONELA / Appel à la manifestation pour Nahel

Le mercredi 19 juin à la CANTINE PAS SI LOIN, à Pantin, se tenait une soirée de soutien pour les grévistes de ONELA en gréve depuis le 1er février 2024. La grève des travailleur.euses de Onela dure depuis plus de quatre mois, et est guidée par une détermination politique exemplaire, malgré le mépris de l’employeur et malgré les difficultés matérielles et psychologiques à conduire une grève. Dans ce reportage, nous entendrons l’intervention de Bridgette, salariée de Onela et aussi la prise de parole de Salomé de ROUGIER & PLE en lutte depuis avril. Nous vous le diffusons aujourd’hui afin de faire l’appel à la soiirée de soutien qui se tiendra le 29 Juin à partir de 16H à l’AERI à Montreuil.

Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons, une partie du reportage que nous avons réalisé l’année dernière lors de la marche blanche pour Nahel à Nanterre afin de faire l’appel au prochain rassemblement qui aura lieu à 14h le samedi 29 juin à Nanterre au départ de la place Nelson Mandela.

Mobilisation contre l’A69 : la voie est libre

Depuis 2007, la population locale se mobilise aux côtés de collectifs citoyens contre ce projet de construction d’une autoroute reliant Castres à Toulouse « hérité du siècle passé », et né dans les années 1990 afin de « désenclaver le bassin Castres-Mazamet » selon les promoteurs. Face à ce projet jugé « inutile, écocidaire et antisocial », les militants multiplient les moyens d’action : recours juridiques, rassemblements, grèves de la faim et de la soif, occupations dans les arbres et au sol… Trois ZAD bloquent actuellement les travaux, deux près de Castres (Tarn) et une à Verfeil (Haute-Garonne). Des projets alternatifs à cette autoroute sont portés par des associations, dont La Voie est Libre. Le collectif propose notamment de réaménager la route nationale déjà existante entre Toulouse à Castres, la RN126, de densifier le réseau de transports en commun, de créer une véloroute nationale bioclimatique sur 87 kilomètres entre Toulouse et Mazamet et d’améliorer la ligne de train.

Voilà deux ans que la lutte contre l’autoroute A69 ne cesse de s’intensifier, après des années de résistance locale. Le 7, 8 et 9 juin, après l’événement ” Sortie de route” et “Ramdam” organisé avec les soulèvements de la terre, c’est un week end de mobilisation intitulé “Roue libre” qui s’est tenu. Dans cette émission, nous reviendrons donc avec Michel, membre de la Voie est libre, sur l’histoire de cette mobilisation et sur la tenue de ce week end.

Inde, après les élections législatives de 2024 : réélection de Narendra Modi

Cette émission fait suite aux élections législatives de 2024 en Inde, qui a vu la reconduction du premier ministre sortant, Narendra Modi, et de son parti le BJP (le parti du peuple indien). Avec Joy et Kumar, nous reviendrons sur la politique de ce dernier, lors de ces dix dernières années à la tête de l’Inde (nationalisme hindou, sa filiation fasciste, discriminations multiples, violences économiques et sociales, etc.). L’occasion également d’aborder les résistances et luttes sociales qui lui ont fait face.

Voici donc les sites de médias alternatifs dont on a parlé, qui sont tous en anglais :  The wire : https://thewire.in/

Scroll : https://scroll.in/

The Caravan : https://caravanmagazine.in/

News click : https://www.newsclick.in/

Les livres de références sur Narendra Modi en français : 

« L’Inde de Modi: National-Populisme et démocratie ethnique » de Christophe Jaffrelot.(Fayard) 

« Dans la Tête de Narendra Modi » de Sophie Landrin et Guillaume Delacroix. (Actes sud) 

soirée de soutien au mouvement kanak

La situation actuelle en Kanaky, et le résultat d’une colonisation depuis la prise de possession en 1853, suivie d’interventions dites civilisatrices successives de l’armée pour « pacifier » les Kanaks (alors considéré·es comme sauvages).

Cela suivi d’une accélération de recolonisation de peuplement orchestrée par l’État français avec une reformulation néolibérale depuis 2020 à la nomination de Sébastien Lecornu sous Emmanuel Macron. La Kanaky vit, depuis le 13 mai 2024, une vaste opération de répression coloniale avec un déploiement massif des forces armées françaises sur un territoire déjà en processus de militarisation.

La solidarité en France métropolitaine se poursuit. Le 7 juin dernier a la Parole Errante de Montreuil se tenait une soirée de soutien au mouvement kanak.

Dans l’émission de ce jour, vous entendrez des morceaux choisis de cette soirée, notamment des prises de parole et en seconde partie d’émission, deux entretiens réalisés sur des barrages en Kanaky et diffusé lors de cette même soirée.

Les Expulsions des JO: la maison des métallos/ le En gare

Depuis le samedi 6 avril les mineurs isolés du collectif du parc de Belleville occupent la Maison des Métallos (Paris 11e) . 252 mineur.e.s non-accompagné.e.s et familles exilées à la rue occupent pour réclamer de réelles conditions d’hébergement et de ne pas être expulsés hors de Paris au prétexte des JO. Ces expulsions, menées violemment depuis des semaines, interviennent dans un contexte politique délétère : celui de la loi Darmanin.

Il demandent : – Des hébergements dignes où ils peuvent rester jusqu’à leur recours, qu’ils puissent être ensemble et en lien avec les réseaux de solidarité, syndicats et associations
– Une couverture médicale digne
– L’accès aux cantines solidaires de la Ville de Paris pour se nourrir
– L’accès à l’école
– Des transports gratuits comme tous les mineurs d’Ile-de-France
– La présomption de minorité

Le 31 mai, ils étaient convoqués au Tribunal Administratif par la mairie de Paris qui lance une procédure d’expulsion de la Maison des Métallos. Le Mercredi 5 juin un rassemblement devant le lieu occupé avait lieu afin d’annoncer la décision du tribunal administratif, qui confirme la demande d’expulsion sous 15 jours.

Vous entendrez donc dans une première partie d’émission, un montage réunissant les reportages réalisés le 31 mai et le 5 juin. Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffuserons un reportage réalisé au En gare lieu occupé par une association d’activité social et culturel existant depuis près d’un an, hébergeant une vingtaine de personnes, la cantine du foyer bara, plusieurs ateliers d’artistes engagés, et des activités sportives.

Dans un premier temps investi par des jeunes du quartier de la Noue, le hangar a vu se former une équipe composée d’habitants et de travailleurs et travailleuses sociales.  Aujourd’hui, l’association En gare de Montreuil lutte contre toutes formes d’exclusions sociales et de discriminations. Au quotidien, elle développe des activités autour du sport, de l’art ou de l’écologie aux côtés des habitants du quartier.

À quelques semaines des Jeux olympiques et paralympiques, le « nettoyage social » dénoncé par les associations se poursuit. Le jeudi 23 mai, le « En Gare », a été expulsé en vertu de la loi Kasbarian du nom de l’actuel ministre du Logement, alors même qu’un délibéré était attendu le 19 juin pour juger de l’occupation des lieux.

KANAKY: l’état français veut maintenir sa présence coloniale

Lundi 13 mai, veille du vote à l’Assemblée nationale, les manifestations des indépendantistes contre le dégel du corps électorat se sont multipliées ; routes bloquées ou barrages filtrants, grève très suivie au port et aéroport de Nouméa, fermeture de nombreuses administrations, feux allumés à différents endroits, début de mutinerie dans la prison de Nouméa, heurts entre jeunes kanaks et forces de l’ordre dans les quartiers populaires, nombreux blessés et arrestations en masse.

Pour tenter d’arrêter ce processus dangereux pour l’avenir du peuple kanak, les élus du congrès de Nouvelle-Calédonie se sont réunis ce lundi 13 mai et sont parvenus à adopter, à la majorité, une résolution demandant le retrait de ce projet de loi sur le corps électoral. Les élus rappellent à l’État qu’ils sont majoritairement contre ce projet de loi.

Trente ans après l’Accord de Nouméa, ainsi que du transfert des compétences et leur rééquilibrage, les inégalités restent très importantes, le non-respect de la priorité à l’emploi local : dans beaucoup de secteurs, ce sont les métropolitains récemment arrivés en Nouvelle-Calédonie, du fait de conditions attractives (niveau de salaire et indexation, avantages en termes de logement ou de soutien à l’installation), qui occupent des postes au détriment des travailleurs Kanak à compétences égales. Ainsi se perpétue une longue tradition de privilèges offerts aux Français partant travailler en Outremer.

Mais l’État français, ne l’entend pas de cette oreille. Suite aux nombreuses manifestations de révolte, il envoie son armée pour réprimer toute contestation.

Dans ce contexte, la solidarité s’organise dans de nombreux coins de la planète. En France plusieurs manifestations et meeting s’organisent et ce fut le cas ce 24 mai 2024 à la bourse du travail de Paris et dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une partie de ce meeting en soutien au peuple Kanak.

Réunion publique de Stop Arming Israël sur le salon de l’armement Eurosatory

Dans cette émission, nous vous donnons à entendre des morceaux choisis d’une réunion publique organisée par Stop Arming Israël, et qui se déroulait le 14 mai 2024 dernier. Cette réunion publique portait sur le salon de l’armement français Eurosatory, dédié à la sécurité terrestre et aéroterrestre, qui doit avoir lieu du 17 au 21 juin 2024 à Paris. Alors qu’une campagne génocidaire menée par l’État d’Israël est en cours à Gaza, les signataires de la campagne Stop Arming Israël milite pour que ne puisse pas être présent les entreprises israéliennes sur le salon, ces armes ayant pour au moins une partie été utilisées et testées en conditions réelles sur un terrain de guerre. En outre, et les signataires souhaitent que la France cesse de vendre des armes à l’État israélien.

Lien vers la tribune Aucune arme israélienne à Eurosatory 2024 !
Chaîne telegram de Stop Arming Israël

Proposition de loi relative « au renforcement de la sûreté dans les transports » et vidéosurveillance algorithmique (VSA)

Appliqués en vertu de la loi jeux olympiques, les premiers arrêtés préfectoraux autorisant la vidéosurveillance algorithmique (VSA) viennent d’être publiés. La RATP et la SNCF peuvent désormais surveiller automatiquement à titre expérimental les personnes comme à l’occasion du match PSG/OL qui se tenait le 21 avril dernier ou comme à l’occasion du concert des Black Eyed Peas, le 20 avril. Loin de s’en laisser compter, vous entendrez dans cette émission de plus amples explications et détails de la Quadrature du net, qui organisait une conférence de presse sur le sujet, le 2 mai 2024, à la faveur d’une nouvelle offensive du gouvernement au travers de la proposition de loi « relative au renforcement de la sûreté dans les transports ». Il s’agira également pour l’association de présenter son nouvel axe de campagne, intégrant la lutte contre les dispositifs de vidéosurveillance algorithmiques illégaux.

Mais revenons à la proposition de loi « relative au renforcement de la sûreté dans les transports ». Cette dernière s’inscrit dans la continuité de la loi Sécurité globale de 2021, qui était déjà fortement attentatoire aux libertés publiques. Et c’est une présentation de la loi bien qu’encore en construction au jour de l’écriture de ces lignes, que vous entendrez en deuxième partie d’émission.

Et pour conclure l’heure, nous vous ferons entendre la lecture d’un communiqué de la Quadrature du net. Celle-ci vient en effet de déposer un référé-liberté pour demander au Conseil d’État la suspension de la décision du Premier ministre de bloquer Tiktok en Kanaky Nouvelle-Calédonie. A savoir aussi, que la Ligue des Droits de l’Homme ainsi que “trois citoyens résidant ou présents en Nouvelle-Calédonie, représentés par l’avocat Vincent Brengartha” ont également déposé un référé-liberté dans le même sens.
Le conseil d’État a rendu sa décision le 23 mai. Celui-ci fait valoir que « saisi par des associations et des particuliers, le juge des référés du Conseil d’État ne suspend pas le blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie. En effet, les requérants n’apportent pas d’éléments pour démontrer que ce blocage a des conséquences immédiates et concrètes sur leur situation et leurs intérêts, ce qui est une « condition d’urgence » nécessaire pour l’intervention du juge des référés. Dans un contexte où tous les autres réseaux sociaux et médias presse, TV et radio restent accessibles, et parce que ce blocage temporaire vise à contribuer au rétablissement de la sécurité sur l’archipel, le juge des référés rejette la demande des requérants. ». Autrement dit, le Conseil d’État ne considère pas sur la forme que la suspension d’un réseau social utilisé par une partie de la population relève d’une urgence, et ne se prononcera donc pas sur la légalité de la mesure. Pour cela, pour que le fond soit examiné, il faudra attendre plusieurs mois. À moins qu’un autre type de référé, le référé-suspension, ne soit déposé. Le délai dans lequel sera rendue la décision pouvant aller jusqu’à un mois… De quoi faire traîner encore potentiellement les choses. Bref, le Conseil d’État botte en touche et accompagne la répression de l’État.

Contenu de la proposition de loi relative « au renforcement de la sûreté dans les transports » :
Concernant la proposition de loi relative « au renforcement de la sûreté dans les transports », et de son article 9, quasi copié-collé de l’article 10 de la loi relative aux Jeux olympiques adoptée l’année dernière. Celle-ci prévoyait l’utilisation d’algorithmes de reconnaissance de comportements dans un cadre soit-disant « expérimental » pour tout évènement récréatif, sportif et culturel. Mais intéressons-nous plus en détail à la proposition de loi en cours, engagée dans une procédure accélérée par le gouvernement. Que dit-elle ?
Cette loi est présentée dans sa filiation comme la successeure de la loi Savary-Leroux de 2016. Cette même loi qui interdisait et sanctionnait les mutuelles de fraudeurs, pénalisait les messages d’alerte en amont de point de contrôle, permettait aux contrôleurs d’agir en tenue civile, de fouiller visuellement les bagages, et qui permettait également à ces derniers de procéder à des palpations. Le présent projet de loi sur les transports s’inscrit en outre, plus directement, comme une petite sœur de la loi Sécurité globale et de son concept de “continuum de sécurité”. Le but poursuivi est de, je cite : “renforcer [le continuum de sécurité] par la coordination de l’ensemble des forces de sûreté, afin de répondre aux enjeux et aux défis de la violence, de l’insécurité et des incivilités à chaque moment et chaque étape de la vie dans l’espace public.“.
A cette fin, le projet de loi entend renforcer une nouvelle fois les prérogatives des agents de sécurité de la SNCF et de la RATP. Ceux-ci pourraient alors effectuer des palpations plus facilement et intervenir aux abords des gares et plus seulement à l’intérieure de celles-ci ; ils pourraient par ailleurs, interdire l’accès en gare à des personnes refusant la fouille des bagages, troublant l’ordre public ou dont je cite : le “comportement est de nature à compromettre la sécurité des personnes ou la régularité des circulations” des trains. Le cas échéant, pourra être fait bien entendu appel à la force publique. La liste des flicages ne s’arrête pas là, puisque le projet de loi entend pérenniser les caméras-piétons pour les agents, étendus aux chauffeurs de bus, mais aussi autoriser les captations sonores dans les wagons. Les fraudeurs dits “réguliers” seraient davantage sanctionnés et il serait créé un délit “d’incivilité d’habitudes” pour les personnes ayant été verbalisée plusieurs fois pour incivilités. Une peine complémentaire d'”interdiction de paraître”, spécifique aux transports publics et pour une durée maximum de trois ans est à l’étude pour ces deux dernières catégories. Par la même, est envisagé dans la proposition de loi une amende de 2 500€, lorsqu’un bagage oublié par négligence provoque une perturbation du trafic. En outre, une autorisation serait donnée aux régies de transports pour traiter des données sensibles, ce qui permettrait si cela n’était pas retoqué, de collecter des données liées à l’origine raciale, les données de santé ou encore les opinions religieuses et politiques. Autre idée des législateurs, et on en terminera là : les procès-verbaux d’infractions commises dans les transports serait transmis directement au ministère public.
De quoi donc durement réprimer tout ce qui serait caractérisé comme anormal, déviant, à même de s’inscrire en dehors de l’ordre établi et de la bonne régulation des flux. Ce nouveau projet de loi répressif, avec ses promesses d’arbitraire, examiné au mépris renouvelé du Parlement et à la légitimité démocratique faible, punira tout particulièrement les pauvres, les marginaux et tous ceux habitant l’espace public. Et tout cela, sans répondre à aucun impératif qui permettrait d’améliorer les conditions de transports, la qualité d’offre, les conditions de travail des salariés, l’accès aux transports et ainsi de suite. Ce projet de loi est actuellement en lecture en commission à l’assemblée nationale. Son adoption est prévue sauf opposition particulière, avant le début des jeux olympiques.

Voir aussi :

Le dossier législatif de la de la loi relative « au renforcement de la sûreté dans les transports ».
Un court article sur la proposition de loi réalisé par La Chaîne Parlementaire à la date du 14 mai 2024.
– Un article sur le média Ricochets (Drôme)
– Un article de Disclose sur « l’affaire Briefcam »
– Un article de Médiapart en date du 25 décembre 2023 : En prévision des JO, la SNCF a testé plus d’une dizaine d’algorithmes de vidéosurveillance
– Un article de Médiapart en date du 21 avril 2024 : Loi JO : des supporteurs de football en première ligne face aux algorithmes de surveillance

SOLIDARITÉ AVEC LA LUTTE DU PEUPLE DE KANAKY

Mercredi 15 mai, Macron a décrété l’état d’urgence en Kanaky après plusieurs nuits d’émeutes contre le dégel du corps électoral. Alors que les mobilisations avaient gagné en intensité ses derniers jours, la loi vient d’être votée à l’Assemblée nationale ce mercredi.

Pour rappel, la Kanaky est une colonie française depuis le 19ᵉ siècle. Elle est d’abord utilisée par la France comme une colonie pénitentiaire où étaient envoyées tout ce que la métropole comptait en pauvres, subversifs ou révolutionnaires. Elle devient une colonie de peuplement au 20ᵉ siècle, les colons français s’y installent et supplantent peu à peu les Kanaks.

En ce début 2024, après 170 ans de colonisation de la terre de Kanaky, et année anniversaire des 40 ans de création du FLNKS, le gouvernement français a décidé de présenter unilatéralement deux projets de lois sur l’avenir institutionnel de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie mettant en jeu l’avenir du peuple Kanak.

Après les affrontements violents qui ont marqué les années de 1984 à 1988, les accords de Matignon-Oudinot (1988) et de Nouméa (1998), fruit de décennies de négociations, ont permis la reconnaissance du peuple Kanak comme peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie et ouvert un processus de décolonisation et d’autodétermination.

L’État français s’engageait à rompre avec la logique de colonisation de peuplement qui conduisait à la minorisation du peuple Kanak, d’où le gel du corps électoral établi dans les accords, en conformité avec les résolutions de l’ONU : « Les puissances administrantes devraient veiller à ce que l’exercice du droit à l’autodétermination ne soit pas entravé par des modifications de la composition démographique dues à l’immigration ou au déplacement de populations dans les territoires qu’elles administrent. »

C’était la condition pour rendre possible la recherche d’un consensus sur le devenir du pays : quelle forme de souveraineté ? Quelle relation avec la France ?

Les conditions du 3ᵉ et dernier référendum d’autodétermination fin 2021 sont aujourd’hui toujours remises en question unanimement par l’ensemble des indépendantistes Kanak. Ils avaient demandé son report pour respecter la période de deuil en pleine épidémie de la covid (en confinement, ils ne pouvaient faire campagne). L’État a imposé la date du référendum et le peuple Kanak, peuple colonisé, n’a pas participé. L’ensemble des indépendantistes ne reconnaissent pas les résultats de ce 3ᵉ référendum, une plainte a été préparée par la FLNKS en vue de faire reconnaître ces conditions inacceptables par la Cour internationale de Justice.

Aujourd’hui, sous couvert de « démocratie » le gouvernement français veut reporter les élections provinciales et modifier le corps électoral, et ainsi augmenter brutalement de 15 % le corps électoral pour les provinciales avec une ouverture à des métropolitains résidant depuis 10 ans pour diluer le peuple Kanak dans ces flux migratoires.

L’État veut balayer l’Accord de Nouméa avec ces deux projets de lois dans un calendrier très court : présentation de la loi organique (report des élections provinciales) au Sénat le 27 février puis à l’Assemblée nationale. La seconde sur le dégel du corps électoral, au Sénat dès mars. Et si aucun accord n’est conclu avec les indépendantistes avant le 1ᵉʳ juillet, il passe en force en convoquant le congrès de Versailles.

Alors que les manifestations et les blocages gagnaient en intensité en Kanaky depuis le début du mois de mai, la journée du 13 mai, veille du vote à l’Assemblée nationale, a marqué un tournant. De nombreuses routes ont été bloquées, la grève a été très suivie dans les ports et les aéroports, dans les réseaux de transports en commun et chez les camionneurs, de nombreuses administrations étaient également fermées. Des matons ont par ailleurs été pris en otage dans la prison de Nouméa pendant que des affrontements avaient lieu entre jeunes kanaks indépendantistes et forces de l’ordre dans plusieurs quartiers.

Dans la journée du mardi 14 mai, un couvre-feu a été décrété de 18 h à 6 h à partir du lendemain et des renforts ont été annoncés (quatre escadrons de gendarmerie mobile (près de 500 gendarmes), deux sections de CRS, le RAID et le GIGN). Le vote a été reporté au mercredi. Des milices loyalistes (principalement des Métros et des Caldoches [1]) ont commencé à faire leur apparition dans la soirée, tenant des barrages filtrants pour « protéger leur quartier » notamment autour des quartiers de Tuband et Ouémo.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les révoltes ont repris malgré le couvre-feu, des boutiques ont été pillées et incendiées (Décathlon, station Total) ainsi que des établissements scolaires. En tout, la police a annoncé 130 interpellations, et une soixantaine de policiers blessés. Une nouvelle mutinerie a eu lieu à la prison de Nouméa.

Dans la journée de mercredi 15, le texte est finalement adopté. La pénurie commence à se faire sentir, les magasins sont vides. Pendant que les jeunes tiennent toujours les barrages sur les routes et que des affrontements ont lieu avec les flics, le FLNKS lance un appel au calme et à la levée des barrages. Dans la soirée de mercredi, Macron a décrété l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie. Dans le même temps, le gouvernement annonçait également la suspension de TikTok pendant que Gérald Darmanin commençait à signer des assignations à résidence pour des militants « radicaux » et annonçait des perquisitions à venir. L’armée a aussi été déployée pour sécuriser les ports et aéroport. Pour l’instant, le bilan s’élève à six morts dont deux gendarmes.

Face à l’offensive coloniale de l’État français en Kanaky, soutenons la lutte des Kanaks. Plusieurs conférences de presse et rassemblements ont été organisés. Aujourd’hui dans cette émission, nous vous diffusons une partie des prises de paroles du rassemblement du jeudi 16 mai à 19 h sur la Place de la République, l’interview de Romuald Pidjot de l’union calédonienne réalisé le mercredi 15 mai et la conférence de presse qui avait lieu au CICP(centre international des cultures populaires) le jeudi 16 mai par Solidarité Kanaky.

Violence d’état à ste Soline: Serge dans Égrégore

Les 25 et 26 mars 2023, se tenait dans les Deux-Sèvres, une Mobilisation Internationale pour la défense de l’eau et contre les mégabassines intitulée : Pas une bassine de plus !

« Les bassines sont des ouvrages de stockage d’eau pour l’irrigation. Ce sont des cratères de plusieurs dizaines d’hectares en moyenne, recouverts de bâches plastiques noires retenues par des digues de 10 m de hauteur en moyenne. Elles ne sont PAS remplies avec l’eau de pluie ni de l’eau de ruissellement ! Les bassines sont alimentées par des pompes qui vont chercher l’eau de bonne qualité dans les sols, les NAPPES PHRÉATIQUES. Face aux pénuries d’eau en été, la solution trouvée par les agro-industriels et le gouvernement est de construire des bassines pour pomper de l’eau en hiver et la stocker.

Une minorité d’exploitations (environ 5 %) a le privilège d’être connectée à la bassine et de bénéficier de cette eau pour irriguer les cultures l’été, alors que le reste du territoire subit le manque d’eau et doit s’adapter aux restrictions préfectorales. Autour d’une série de nouvelles bassines projetées dans les Deux-Sèvres, la mobilisation de Sainte-Soline, c’est à l’ensemble du pays et bien au-delà que se sont vus révélés les enjeux de l’accaparement de l’eau par une minorité d’irrigants, en pleine sécheresse systémique.

Le samedi 26 mars, une manifestation se dirige vers Sainte-Soline ou se construit une bassine de rétention d’eau. Face aux manifestants, c’est un dispositif de maintien de l’ordre disproportionné : pas moins de 7 hélicoptères et plus de 1700 FDO, un dispositif dont le coût est estimé à plus d’un million d’euros. 200 blessés dont plusieurs grièvement, deux personnes entre la vie et la mort et le ministre de l’Intérieur qui demande la dissolution du collectif les soulèvement de la terre.

Grièvement blessé à la tête lors de la manifestation de Sainte-Soline, Serge attendra pendant 1 h 20 l’arrivée des secours bloqués par les forces de l’ordre. Après deux mois de coma, il se réveille enfin.

Nous avons déjà produit une émission avec un premier témoignage de Serge. Néanmoins, pour continuer à réfléchir sur la question de la violence de l’état et de nos moyens d’actions, nous vous proposons aujourd’hui d’écouter une rediffusion de l’émission Égrégore diffusé sur radio primitive, qui revient avec Serge sur cet événement et son engagement politique. Pour finir et compléter cette réflexion, nous vous diffusons par la suite le témoignage d’Alexandre qui a été mutilé lors d’une manifestation LGBT le 1ᵉʳ février 2024.

Après le début de l’offensive sur Rafah : Mobilisation étudiante pour Gaza – BDS et Palmed France

Mardi 7 mai dernier, l’armée israélienne indiquait avoir pris le contrôle du poste-frontière de Rafah, reliant la bande de Gaza et l’Égypte. Ce poste-frontière est stratégique car étant le seul point de passage non-contrôlé par l’État d’Israël. Et c’est par celui-ci que transitait jusqu’alors au compte-goutte l’aide humanitaire. Cette offensive menace surtout la population, dont la majorité a déjà dû fuir de multiples fois. Rafah, au porte de l’Égypte constitue donc la dernière ville non détruite de la bande de Gaza, où s’entasse 1,4 millions de personnes. Face à cette nouvelle offensive, aux bombardements, aux atrocités, à la situation épouvantable sur place, où la population est contrainte encore une fois à fuir, avait eu lieu le soir-même sur la place de la République, à Paris, un rassemblement de soutien à la Palestine. Au même moment, à la Sorbonne, avait lieu une nouvelle tentative d’occupation. C’est des conséquences de cette dernière et plus généralement du mouvement étudiant dont nous allons traiter ici en première partie d’émission, à la faveur d’un reportage lors du rassemblement de soutien pour exiger la libération de 88 personnes interpellées.

Dans le second temps de cette émission, nous vous ferons écouter deux enregistrements. Tout d’abord une interview avec une personne de la campagne BDS (pour Boycott Désinvestissement Sanction), dénonçant la présence d’Israël aux JO ; puis une intervention de Nazir Badran lors d’une discussion publique organisée par le collectif des luttes Sud-Essonne. Nazir Badran est membre de Palmed France, une association de médecins qui apporte une aide matérielle et un programme de développement des compétences médicales en Palestine et dans des camps de réfugiés au Liban. Le médecin reviendra sur la situation sanitaire à Gaza.

Article de Rfi sur la situation à Rafah au 9 mai : lien

Palestine : répression d’un mouvement de solidarité et Boycott d’Israël au jop

Le mardi 30 avril dernier Mathilde Panot et Rima Hassan été convoquées par les autorités française pour apologie du terrorisme compte tenu des propos qu’elles avaient pu avoir en solidarité avec le peuple palestinien. Le 18 avril c’était le secrétaire général de l’Union départementale CGT du Nord qui été condamné, à un an de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme ». Ces convocations interviennent après l’ouverture de plusieurs autres enquêtes judiciaires contre des militant·es, membres d’organisations syndicales (CGT, Solidaires, Sud Rail, Sud Aérien) et politiques pour des faits d’apologie du terrorisme.

Le même jour avait lieu une manifestation pour le boycott d’Israel aux JO de Paris devant le comité d’organisation des Jo. Réunis à l’appel de l’association EuroPalestine, les manifestants ont tenu à rappeler la sanction qui exclut la Russie des JO de Paris. Les athlètes russes devront défiler sous bannière neutre c’est-à-dire avec un tee-shirt portant les anneaux olympiques, le drapeau russe n’apparaîtra nulle part. Ils demandent donc que les athlètes israeliens soient soumis au même conditions.

Dans cette émission, nous vous diffuserons donc les quelques interviews que nous avons réalisé dans le rassemblement en soutien à Mathilda Panot et Rima Hassan accompagné de plusieurs témoignages que nous avons pu récupérer sur internet sur la répression du mouvement qui s’organise en soutien à la Palestine et notamment dans les universités. Ensuite nous vous diffuserons les prise de paroles réalisées lors de la manifestation de l’après midi afin de demander le boycott d’Israel des Jo de Paris

MARCHE POUR L’ÉGALITE : Episode 0

Libérés des exigences institutionnelles et des critères imposés par les commémoration officielles, notre équipe entame un cycle d’émission sur la mémoires des luttes des années 80 et notamment autour de la marche pour l’égalité et contre le racisme. Dans cette série d’émission, nous utiliserons de nombreux documents d’archives provenant de sources militantes mais aussi de nouveau enregistrements avec certains acteurs de la lutte afin de produire des émissions thématiques sur les différentes mobilisations qui ont eu lieu en amont de la marche, et celles qui perdureront par la suite.

Dans cette première émission, nous revenons sur l’ensemble des thèmes que nous aborderons plus en détails par la suite avec de nombreux extraits d’archives sonores, et sur nos intentions quant à la manière de questionner l’ensemble de cette période.

Sainte Soline, 1 an après : le témoignage de Serge

Il y a un an, les 25 et 26 mars 2023, se tenait dans les Deux-Sèvres, une Mobilisation Internationale pour la défense de l’eau et contre les mégabassines intitulée : Pas une bassine de plus !

« Les bassines sont des ouvrages de stockage d’eau pour l’irrigation. Ce sont des cratères de plusieurs dizaines d’hectares en moyenne, recouverts de bâches plastiques noires retenues par des digues de 10 m de hauteur en moyenne. Elles ne sont PAS remplies avec l’eau de pluie ni de l’eau de ruissellement ! Les bassines sont alimentées par des pompes qui vont chercher l’eau de bonne qualité dans les sols, les NAPPES PHRÉATIQUES. Face aux pénuries d’eau en été, la solution trouvée par les agro-industriels et le gouvernement est de construire des bassines pour pomper de l’eau en hiver et la stocker. Une minorité d’exploitations (environ 5%) a le privilège d’être connectée à la bassine et de bénéficier de cette eau pour irriguer les cultures l’été, alors que le reste du territoire subit le manque d’eau et doit s’adapter aux restrictions préfectorales. Autour d’une série de nouvelles bassines projetées dans les Deux-Sèvres,la mobilisation de Sainte-Soline, c’est à l’ensemble du pays et bien au-delà que se sont vus révélés les enjeux de l’accaparement de l’eau par une minorité d’irrigants, en pleine sécheresse systémique.

Le samedi 26 mars, une manifestation se dirige vers Sainte-Soline ou se construit une bassine de rétention d’eau. Face aux manifestants c’est un dispositif de maintien de l’ordre disproportionné : pas moins de 7 hélicoptère et plus de 1700 FDO, un dispositif dont le coût est estimé à plus d’un million d’euros. 200 blessés dont plusieurs grièvement, deux personnes entre la vie et la mort et le ministre de l’Intérieur qui demande la dissolution du collectif les soulèvement de la terre.

Grièvement blessé à la tête lors de la manifestation de Sainte-Soline, Serge attendra pendant 1h20 l’arrivée des secours bloqués par les forces de l’ordre. Après deux mois de coma, il se réveille enfin. Aujourd’hui encore les médecins ne connaissent pas l’étendue de ses séquelles. C’est la première fois qu’il prend publiquement la parole dans une co-production de Reporterre et OFF investigation.

Dans cette émission, nous vous diffusons son interview en intégralité. Pour l’accompagner, nous diffusons en amont un reportage réalisé lors de la mobilisation du 26 mars 2023, et un interview de la mère de Serge réalisé le mois suivant dans notre émission.