FREE PALESTINE

Devant l’insoutenable massacre perpétrer par l’état israélien en Palestine nous poursuivons sa dénonciation et cherchons ça et là des raisons de ne pas désespérer. Des positions d’intellectuelles, des rassemblement, des réunions publiques, des actions, des grèves prouvent que malgré la répression, la frilosité ou la complicité des gouvernements, des organisations politiques et syndicales les résistances existent.

Déclaration de Sarajevo du Tribunal pour Gaza

2 juin 2025 Nous, membres du Tribunal de Gaza, réunis à Sarajevo du 26 au 29 mai 2025, exprimons notre indignation morale collective face au génocide qui se poursuit en Palestine, notre solidarité avec le peuple palestinien, et notre engagement à travailler avec des partenaires de la société civile mondiale pour mettre fin à ce génocide, garantir la poursuite des auteurs et de leurs complices, obtenir réparation pour les victimes et les survivants, construire un ordre international plus juste et œuvrer pour une Palestine libre.

Téléchargez la déclaration, format .pdf.

Nous condamnons le régime israélien, le génocide qu’il mène, et les décennies de sa politique et ses pratiques en matière de colonialisme de peuplement, ethno-suprémacisme, apartheid, ségrégation raciale, persécutions, implantations illégales, déni du droit au retour, punitions collectives, détentions massives, tortures et traitements cruels et inhumains, exécutions extrajudiciaires, violences sexuelles systématiques, démolitions, déplacements et expulsions forcés, purges ethniques et changement démographique forcé, famine imposée, déni systématique de tous les droits économiques et sociaux, et extermination.

Nous sommes horrifiés par la politique du régime israélien, qui ravage méthodiquement l’existence des Palestiniens : leurs vies, leurs terres et leur survie économique. Les sources et systèmes d’alimentation d’eau, les structures de soins de santé, d’éducation, de logement, de culture, ainsi que les mosquées, églises, installations d’aide et abris pour les réfugiés sont systématiquement détruits. Le personnel soignant, les reporters, les humanitaires, les agents des Nations unies sont délibérément ciblés, de même que les civils : enfants, personnes âgées, femmes et hommes, filles et garçons, personnes handicapées ou malades.

Nous exigeons le retrait immédiat des forces israéliennes et la fin du génocide, de toutes les opérations militaires, des déplacements forcés et des expulsions, des activités de colonisation, ainsi que du siège de Gaza et des restrictions de circulation en Cisjordanie. Nous réclamons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers, les milliers d’hommes, femmes et enfants détenus de manière abusive dans des centres de détention israéliens. Nous insistons sur la reprise de l’aide humanitaire massive à l’ensemble de la bande de Gaza, sans délai, sans restriction ni interférence, incluant nourriture, eau, abris, fournitures et équipements médicaux, équipements sanitaires, équipements de sauvetage, ainsi que matériaux et équipements de construction. Nous demandons aussi le retrait complet de toutes les forces israéliennes de l’ensemble des territoires libanais et syrien.

Nous appelons tous les gouvernements ainsi que les organisations régionales et internationales à mettre fin au scandale historique de l’inaction qui a marqué ces dix-neuf derniers mois, à réagir d’urgence et par tous les moyens disponibles pour stopper l’offensive et le siège israéliens, à faire respecter le droit international, à traduire en justice les auteurs de ces crimes et à fournir sans délai aide et protection au peuple palestinien.

Nous dénonçons la complicité persistante des gouvernements dans la perpétration des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et du génocide commis par Israël en Palestine, ainsi que le rôle honteux de nombreux médias dans leur couverture du génocide, leur déshumanisation des Palestiniens et leur propagation d’une rhétorique alimentant le racisme anti-palestinien, les crimes de guerre et le génocide.

Nous dénonçons avec la même fermeté la vague de répression et de persécutions menée par les gouvernements occidentaux, forces de police, secteur privé et institutions éducatives contre : les défenseurs des droits humains, militants pour la paix, étudiants, universitaires, travailleurs, professions libérales et autres. Nous rendons hommage à ceux qui, malgré cette répression, ont eu le courage et les convictions morales de se lever et dénoncer ces horreurs historiques. Nous insistons sur la pleine protection des droits humains que sont la liberté d’expression, d’opinion, de réunion et d’association, ainsi que le droit de défendre les droits humains sans harcèlement, représailles ou persécution.

Nous rejetons la tactique injuste qui consiste à qualifier d’« antisémites » ou de « soutiens du terrorisme » tous ceux qui osent s’exprimer et agir pour défendre les droits du peuple palestinien, condamner les injustices et atrocités du régime israélien, et sa pratique de l’apartheid et du génocide, ou critiquer l’idéologie sioniste. Nous sommes solidaires de tous ceux qui ont été diffamés ou punis de la sorte.

Nous sommes convaincus que la lutte contre toutes les formes de racisme, d’intolérance et de discrimination inclut nécessairement un rejet égal de l’islamophobie, du racisme anti-arabe et anti-palestinien et de l’antisémitisme. Elle implique aussi de reconnaître les effets dévastateurs que le sionisme, l’apartheid et le colonialisme de peuplement ont eus, et continuent d’avoir, sur le peuple palestinien. Nous nous engageons à lutter contre tous ces fléaux.

De plus, nous rejetons l’idéologie destructrice du sionisme, en tant qu’idéologie officielle de l’État israélien, des forces qui ont colonisé la Palestine et établi l’État israélien sur ses ruines, ainsi que des organisations et relais pro-israéliens actuels. Comme le proclame la Déclaration universelle des droits humains, nous affirmons que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, sans aucune exception. Nous appelons à la décolonisation sur toute la terre, à la fin de l’ordre suprémaciste et au remplacement du sionisme par un système fondée sur l’égalité des droits pour tous – chrétiens, musulmans, juifs et autres.

Nous sommes inspirés par la résistance courageuse et la résilience du peuple palestinien face à plus d’un siècle de persécutions, ainsi que par le mouvement grandissant de millions de personnes à travers le monde qui se tiennent à ses côtés en solidarité, y compris l’engagement militant et les actions non-violentes de milliers de militants juifs rejetant le régime israélien et son idéologie ethnonationaliste, et qui ont proclamé que ce régime ne les représente en rien et n’agit pas en leur nom.

Nous reconnaissons le droit du peuple palestinien à résister à l’occupation étrangère, la domination coloniale, l’apartheid, l’assujettissement par un régime raciste et l’agression, y compris par la lutte armée, conformément au droit international et comme affirmé par l’Assemblée générale des Nations unies.

Nous rappelons que le droit des Palestiniens à l’autodétermination relève du jus cogens et erga omnes (règle universelle ne souffrant aucune exception et s’imposant à tous les États) et qu’il est non négociable et axiomatique. Nous reconnaissons que ce droit comprend : l’autodétermination politique, économique, sociale et culturelle, le droit au retour et à une compensation intégrale pour tous les préjudices subis pendant un siècle de persécutions, à la souveraineté permanente sur les ressources naturelles, à la non-agression et à la non-ingérence. Nous respectons les aspirations des Palestiniens, ainsi que leur pleine autonomie pour toutes les décisions affectant leur existence, et nous exprimons notre solidarité.

Nous sommes gravement préoccupés par le cours que prennent les relations internationales, la politique internationale et les institutions internationales, ainsi que par les attaques contre les institutions internationales ayant dénoncé le génocide et l’apartheid en Palestine. Ces fondements normatifs de l’ordre mondial, basés sur les droits humains, l’autodétermination des peuples, la paix et le droit international, sont sacrifiés sur l’autel d’un réalisme politique cynique et d’une soumission obséquieuse à l’égard du pouvoir, laissant le peuple palestinien sans défense, exposé en première ligne. Nous affirmons qu’un autre monde est possible, et nous nous engageons à nous battre pour qu’il voie le jour.

Nous craignons que l’ordre normatif international naissant et imparfait, élaboré depuis la Seconde Guerre mondiale, avec les droits humains pour fondement, ne risque aujourd’hui l’effondrement en raison des attaques prolongées menées par les alliés occidentaux du régime israélien, déterminés à garantir son impunité. Nous nous engageons à combattre cette offensive et à œuvrer pour protéger et faire avancer l’idéal d’un monde dans lequel les droits humains seraient régis par l’État de droit, en commençant par lutter pour la liberté des Palestiniens. Nous estimons qu’il faut réformer et corriger les faiblesses et inégalités instituées dès l’origine du système international, notamment : le droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, la marginalisation de l’Assemblée générale et les obstacles entravant l’exécution des arrêts de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Nous exigeons une action immédiate pour isoler, contenir et traduire en justice le régime israélien par le biais du boycott universel, du désinvestissement, des sanctions, d’un embargo militaire, de la suspension des organisations internationales et de la poursuite de ses responsables. Nous nous engageons à défendre cette cause. Nous exigeons aussi que soient pénalement responsables tous les dirigeants politiques et militaires, soldats et colons israéliens impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, génocide ou violations flagrantes des droits humains, et que répondent de leurs actes toutes les personnes et entités complices des crimes de ce régime, y compris ses soutiens externes, les responsables gouvernementaux, les entreprises, les fabricants d’armes, les sociétés énergétiques, les firmes technologiques et les institutions financières.

Nous saluons la Cour internationale de justice (CIJ) pour la procédure en cours pour génocide contre le régime israélien et pour son avis consultatif historique concluant à l’illégalité de l’occupation israélienne, du mur d’apartheid et des pratiques d’apartheid et de ségrégation raciale. Nous saluons aussi ses conclusions selon lesquelles les droits du peuple palestinien ne peuvent dépendre de son oppresseur, ne sont pas négociables, et que tous les États ont l’obligation de s’abstenir de tout traité, relations économiques, commerciales, diplomatiques ou d’investissements avec le régime d’occupation d’Israël. Nous célébrons l’action exemplaire de l’Afrique du Sud qui a porté devant la CIJ l’affaire historique de génocide contre le régime israélien.

Nous appelons tous les États à garantir la mise en œuvre intégrale des mesures conservatoires ordonnées par la CIJ dans l’affaire pour génocide contre Israël, à respecter pleinement les conclusions de l’avis consultatif de la CIJ de juillet 2024, à appliquer sans réserve la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies du 13 septembre 2024 (A/ES-10/L.31/Rev.1), notamment en mettant fin à tout commerce d’armes avec le régime israélien, en instaurant des sanctions à son encontre et en soutenant la traduction en justice de tous les criminels israéliens. Nous exhortons les organisations de la société civile et les mouvements sociaux du monde entier à lancer et renforcer des campagnes de soutien aux décisions et avis de la CIJ sur la Palestine, et à pousser leurs propres gouvernements à s’y conformer.

De même, nous saluons la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir émis, bien que tardivement, des mandats d’arrêt à l’encontre de deux hauts responsables du régime israélien. Nous appelons la CPI à accélérer la procédure concernant ces dossiers et à délivrer sans délai des mandats supplémentaire contre d’autres responsables israéliens, civils et militaires. Nous exhortons tous les États parties à la CPI à remplir d’urgence leur obligation d’arrêter ces auteurs et de les remettre à la justice, et nous exigeons que les États-Unis lèvent immédiatement toutes les sanctions contre la CPI et cessent leur obstruction à la justice.

Nous exprimons notre gratitude et notre admiration envers les procédures spéciales indépendantes du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour leurs contributions d’experts et leur voix forte et intègre demandant la responsabilisation du régime israélien et défendant les droits humains du peuple palestinien. Les membres de ce conseil se sont révélés être la conscience morale de l’ONU, et nous appelons les Nations unies et tous les États membres à défendre sans faille ces titulaires de mandat. Nous saluons aussi l’action exemplaire des agences onusiennes – au premier rang desquelles l’UNRWA – dans leur défense des droits du peuple palestinien et la fourniture d’aide et secours aux survivants du génocide en Palestine, en dépit de risques et obstacles jamais vus.

Nous sommes convaincus que le monde se trouve au bord d’un dangereux précipice, dont la lisière est en Palestine. Des forces redoutables, tant publiques que privées, nous poussent vers l’abîme. Les événements des dix-neuf derniers mois et nos propres réflexions nous ont persuadés que les organisations internationales clés et la majorité des pays du monde, qu’ils agissent seuls ou collectivement, ont échoué dans la défense des droits du peuple palestinien et dans la réponse au génocide perpétré par le régime israélien. Désormais, le défi de la justice repose sur les personnes de conscience du monde entier, la société civile et les mouvements sociaux, sur nous tous. C’est pourquoi, dans les mois qui viennent, nous nous consacrerons à relever ce défi. Des vies palestiniennes sont en jeu. L’ordre moral et juridique international est en jeu. Nous ne pouvons pas échouer. Nous ne faiblirons pas.

Le Comité de Pilotage du Tribunal : Richard Falk, Ahmet Köroglu, Hilal Elver, Raji Sourani, Lara Elborno, Penny Green, Wesam Ahmad, Craig Mokhiber.

29 mai 2025 – Gaza Tribunal – Traduction : Chris & Dine

MEETING CONTRE LES OQTF

Le 18 mars 2025, à six heures du matin, la police a expulsé 450 mineurs non accompagnés du théâtre parisien de la Gaîté Lyrique, qu’ils occupaient depuis le 10 décembre 2024. Regroupés dans le Collectif des jeunes du Parc de Belleville, ils sont tous en procédure de recours pour être reconnus comme mineurs isolés, et alertent sans cesse les pouvoirs publics sur leur situation pour faire valoir leurs droits. Lors de cette expulsion, plusieurs interpellations ont lieu, débouchant sur des gardes à vue et 25 des jeunes migrants interpellés ont reçu une Obligation de quitter le territoire français (OQTF), et ce malgré la présentation de documents indiquant leur minorité.

Le 3 juin se tenait donc à la Bourse du travail une assemblée générale contre ces OQTF et en appel au dates du 6, 10, 17 et 24 juin lors desquelles auront lieu des rassemblements pour soutenir les jeunes lors de leurs audiences au Tribunal Administratif de Paris. Nous vous diffusons donc aujourd’hui le montage d’une partie des prise de parole qui ont eu lieu lors de ce meeting.

“Organize, fight, win” : De l’intérieur

Lors de la semaine anti- impérialiste ” organize, fight, win” Paris, qui se déroule à Paris du 2 au 8 juin, nous avons pu réaliser un plateau radio lors du vernissage de l’exposition ” De l’intérieur : Héritage et mémoire des luttes anti impérialiste à Paris” que nous vous diffusons aujourd’hui.

Cette semaine, organisé à l’initiative de plusieurs collectifs engagés dans la lutte contre le fascisme et l’impérialisme, à l’occasion de l’hommage rendus à la mémoire de notre camarade Clément Meric, tué par des neonazis il y a 12 ans, vise à transformer ce moment de mémoire en une initiative stratégique pour refonder un front anti-impérialiste et se poursuit avec de nombreux événements tout au long de la semaine.

Non à la dissolution Urgence Palestine et La jeune garde

Aujourd’hui, nous vous diffusons le montage que nous avons réalisé de l’émission Au poste du 14 mai 2025 dernier dans lequel vous pourrait entendre un débat croisée entre la Jeune garde et Urgence palestine autour de la demande de dissolution de leur organisation demandé par le gouvernement.

Gréve au Carrefour de Villeneuve / Conférence de presse La poste

En 2024, carrefour recrute des sans-papiers en situation irrégulière. À l’embauche, la direction leur avait promis un contrat à durée indéterminé, pour finalement, leur demander d’apporter une fausse carte d’identité afin de signer un contrat à durée déterminer de six mois. Ses mêmes employés du magasin de Villeneuve-la-Garenne ont donc dénoncé des pressions et un « racket » de leur hiérarchie et ont été licenciés. Pour ne pas en rester là, les salariés ont décidé de se mettre en gréve et ont appelé à un rassemblement le mercredi 21 mai 2025 devant l’entrée du carrefour et c’est le reportage que nous vous proposons en première partie d’émission. Le vendredi 23 mai, nous apprenions que les salariés et anciens salariés sans papiers du magasin carrefour, Villeneuve-la-Garenne, avait obtenus gain de cause. Ou du moins des promesses d’embauches et des CERFA et cela devrait être régulé d’ici à la fin de ce mois de mai 2025.

Dans la seconde partie de l’émission, nous reviendrons sur la répression syndicale à la poste en vous diffusant la conférence de presse du 15 mai 2025 qui se tenait, devant le siège du groupe la Poste, dans le 15e arrondissement de Paris, pour dénoncer les atteintes à la lutte syndicale au sein du groupe la poste. En effet, le 12 juin prochain, 5 syndicalistes et ex-syndicalistes de SUD PTT 92 prochain passeront au tribunal de Nanterre pour ” violation de domicile” sachant que le domicile étant le siège de leur entreprise, soit La Poste, et que les faits date de plus d’une décennie. Cette procédure judiciaire témoigne d’une guérilla judiciaire entre le patronat et des syndicalistes de luttes.

Désertion et refus de la guerre en Ukraine et Russie avec l’initiative Olga Taratuta

Samedi 3 mai à la Maison Ouverte s’est tenue une discussion autour de la désertion et le refus de la guerre en Ukraine et Russie avec l’Initiative Olga Taratuta (bulletin anti-guerre et initiative de solidarité avec les déserteurs), suivi d’une cantine à prix libre et d’un blind-test antimilitariste, en soutien au collectif ASSEMBLY de Kharkiv (Ukr). C’est une grande partie de cette discussion que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.

La soirée débuta avec une discussion avec des membres de l’INITIATIVE OLGA TARATUTA, bulletin anti-guerre lancé aux premiers jours du conflit et initiative de solidarité avec les déserteurs. L’idée de cette rencontre fut d’offrir une mise en contexte du déroulement du conflit et des positions qui ont pu y être tenues, en mettant en lumière le choix de la désertion et du refus de la guerre.

Alors que de nombreuses guerres font rage dans le monde, celle qui oppose officiellement les États russe et ukrainien depuis trois ans (et au Donbass depuis 2014) sert aujourd’hui d’accélérateur à un réarmement européen. Depuis l’embrigadement général de 1914, l’union sacrée a toujours été l’arme du pouvoir et de la bourgeoisie pour étouffer les révoltes populaires et rallier les classes en lutte sous son drapeau contre une nation rivale. En tant qu’internationalistes, nous refusons de cautionner ce jeu de dupes macabre et voulons faire vivre une perspective révolutionnaire à travers le brouillard dans lequel nous plonge la guerre et ses apôtres.

Que ce soit en Russie tout comme en Ukraine, on peine à trouver de nouveaux volontaires au sacrifice, les campagnes de conscription s’enchainent à coup de matraquages patriotiques dans l’espace public. L’État russe est forcé de payer de plus en plus cher sa chair à canon (hausse drastique des soldes, utilisation de mercenaires) tandis que les rafles de conscrits se multiplient en Ukraine, souvent sous la pression de la torture. Confrontée à la boucherie qu’est la guerre, c’est
une part de plus en plus grande de la population ukrainienne qui ne trouve plus de sens à défendre « son » État contre un autre, à taire les mesures de casse sociale et la corruption à l’arrière comme au front.

La désertion est aujourd’hui devenue un véritable phénomène de masse dans les rangs ukrainiens (un soldat sur cinq déserte face au carnage de cette guerre) et il ne fait nul doute qu’elle n’est pas négligeable du côté russe. Attaques incendiaires et armées de centres de recrutements, sabotages de lignes ferroviaires de logistique, disparitions massives d’armes, refus d’obéir aux ordres et assassinats d’officiers : partout la révolte craquelle, l’apparence d’ordre martial.

Dans cette situation, refuser la guerre et sa logique de destruction, c’est se placer en solidarité avec toutes celles et ceux qui cherchent à fuir ou à lutter contre l’effort de guerre en cours plutôt que d’aligner nos discours sur les intérêts de la bourgeoisie européenne. Plus que jamais, nous pensons que cela passe par la visibilisation des pratiques des russes et des ukrainien⸱nes qui luttent contre l’enrôlement de force et la propagande militaire et tentent de provoquer mutinerie et désaffection sur la ligne de combat comme au travail. Déjà difficilement tenable en début de conflit,
le soutien inconditionnel à des brigades se disant anarchistes, bien que subordonnées depuis longtemps à l’armée régulière ukrainienne, semble définitivement être une position totalement à rebours de la situation concrète.

Contrairement aux positions qui semblent faire consensus chez une partie des révolutionnaires en Europe de l’Ouest, nous voulons également souligner que les
anarchistes et plus globalement les révolutionnaires ukrainien⸱nes ne sont pas un groupe homogène. S’appuyant sur l’image de brigades antiautoritaires, “Solidarity Collectives” et leurs soutiens tendent à invisibiliser les initiatives anti-guerre. En cela, ils ne font que jouer le jeu de l’État ukrainien et dépeignent de telles initiatives comme pro-russes, quand bien même, elles soutiendraient les déserteurs des deux côtés du front. Tentant de tenir cette ligne, le collectif Assembly représente pour nous une source d’inspiration salutaire dans la perspective de l’entretien de la conflictualité sociale en temps de guerre.

Transmettant des informations concernant les conflits tant sur le front que sur les lieux de travail ou encore concernant le désastre écologique en cours en Ukraine, le collectif est aujourd’hui un relai important des pratiques de désertion et de celles et ceux qui organisent au quotidien la solidarité contre la conscription forcée, et ce, malgré son isolement politique à la fois au sein de son propre pays et à l’international.

Outre le sujet du front en Ukraine et de notre soutien aux déserteurs, cette discussion sera ainsi l’occasion de nous pencher sur la réalité de la militarisation d’une Europe qui se lance dans un grand plan de réarmement à coups de milliards, mais aussi de la France où commence à se poser la question d’un retour du service militaire. Ici, la droite tout comme la gauche se rejoignent dans un grand consensus toujours plus militariste avec le vote de crédits de guerre au nom de la démocratie. Avec la montée du nationalisme – ou du “patriotisme”, on tente de nous préparer non seulement à de futures potentielles mobilisations générales, mais dès aujourd’hui à toujours plus de réformes au nom d’une “économie de guerre”.

Derrière le soi-disant soutien au peuple ukrainien proclamé par la bourgeoisie européenne, c’est le complexe militaro-industriel occidental qu’il s’agit de nourrir dans une séquence de reconfiguration du cycle mondial de l’accumulation capitaliste. Dans un tel contexte, ni le soutien à l’occident sous prétexte qu’il serait démocratique, ni le soutien aux régimes russes, iraniens ou chinois, quand bien même, il s’opposerait à l’impérialisme étasunien, ne peuvent être une solution pour notre émancipation.

Nous faisons le choix de rappeler des principes de solidarité entre les opprimés et les exploités du monde entier, de donner de la force à qui refuse de tuer et se sacrifier pour la patrie, accueille et aide les déserteurs, sabote et s’attaque aux donneurs d’ordre et autres profiteurs de cette industrie de la mort, à quiconque participe, en somme, au sursaut du camp de l’émancipation.

Liberté pour tous les déserteurs emprisonnés, pour les prisonniers et prisonnières politiques en Russie et en Ukraine !
Contre la déportation des déserteurs exilés en France et en Europe !
Mort à la guerre et à qui en vit !
Solidarité entre tous les exploités et les opprimés du monde !

confederation paysanne :mort de pierre alessandri / Action pour le revenu paysan au Grand Palais

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur l’assassinat de pierre Alessandri, agriculteur et Secrétaire général de la Via Campagnola, syndicat agricole membre de la Confédération paysanne en Corse. Pour cela, nous entendrons l’entretien réalisé avec Laurence Marondola, porte-parole de la Confédération paysanne puis en seconde partie d’émission, nous reviendrons sur l’action syndicale de la Confédération paysanne le 5 décembre 2024 au Grand Palais, lors de l’inauguration de la Bourse européenne de commerce et des suites de cette action avec le procès qui se tenait le 4 février 2025 et nous pourront entendre le reportage issu du rassemblement avec notamment, l’entretien réalisé avec Sylvie Colas secrétaire nationale de la confédération paysanne et également l’interview d’un des paysans qui comparaissait à ce procès. À noter, qu’à l’issue de cette audience, a été prononcer le renvoi du procès au 14 octobre 2025.

Assassiné le 17 mars en Corse, Pierre Alessandri était connu pour son engagement syndical contre la spéculation, les fraudes et les pratiques mafieuses dans le monde agricole. Retour sur le combat de ce syndicaliste.

Article initialement publié sur Basta! et écrit par Sophie Chapelle

Deux balles mortelles dans le dos et pas de revendication. Pierre Alessandri, 55 ans, a été assassiné le 17 mars, au crépuscule, alors qu’il travaillait sur sa ferme, au lieu-dit U Mandriolu en Corse-du-Sud. Ses obsèques ont eu lieu ce samedi 22 mars. Installé à Sarrola-Carcopino dans la région d’Ajaccio depuis 1993 où il avait repris l’exploitation familiale, Pierre Alessandri était un producteur d’huiles essentielles, passionné par la culture des agrumes. « Son verger témoignait de son attachement profond à la terre et à la transmission d’un savoir-faire ancestral » écrit André Torre, président du centre Inrae de Corse.

Son engagement ne s’arrêtait pas à ses propres terres. Secrétaire général de la Via Campagnola, syndicat agricole membre de la Confédération paysanne, Pierre Alessandri a consacré plus de trente ans à la défense du foncier agricole et de l’agriculture paysanne en Corse. « Il a été moteur de nombreux projets collectifs comme des magasins de producteurs », témoigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne. « Il a participé à la formation de générations de militants et de militantes sur les dossiers agricoles. »

Pierre Alessandri était aussi « un militant engagé et offensif, nationaliste de gauche, sympathisant du mouvement Core in Fronte, qui dénonçait avec force les dérives de l’agriculture insulaire », rappelle la journaliste Hélène Constanty sur Mediapart.

Siégeant durant de nombreuses années en Safer – instance collective où se décide l’attribution du foncier –, Pierre Alessandri n’a jamais cessé de dénoncer la spéculation sur les terres agricoles. « Il s’était aussi dressé courageusement contre les fraudes aux aides Pac, système corrompu qui permettait à quelques-uns de se remplir les poches. Il réclamait simplement un système juste pour tous les agriculteurs et agricultrices corses », témoigne Laurence Marandola.

« Cette tragédie s’inscrit dans un climat de pratiques mafieuses et corruptives qui gangrènent le territoire corse et mettent à mal l’État de droit »estime l’association Anticor, qui ajoute : « Combattre pour l’intérêt général ne devrait pas coûter la vie. »

Si une enquête a bien été ouverte pour « assassinat », aucun lien ne peut être établi à ce stade entre ce meurtre et les positions syndicales de Pierre Alessandri. Le procureur d’Ajaccio a déclaré le 18 mars que « plusieurs pistes sont exploitées par les services enquêteurs pour déterminer le mobile de l’acte criminel qui avait manifestement fait l’objet d’actes préparatoires ».

Scandale des fraudes aux aides Pac

Comme le rappelle France 3 Corse, Pierre Alessandri s’illustre à partir de 2013 en tant qu’opposant à la majorité en place à la chambre d’agriculture, alors détenue par le syndicat majoritaire FNSEA. « Les pressions et les menaces sur Pierre Alessandri ont commencé en 2018, lorsqu’a éclaté le scandale des détournements d’aides agricoles européennes » souligne également Mediapart« Pierre Alessandri était alors candidat à l’élection de la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud et dénonçait les pratiques du syndicat majoritaire FNSEA, dont les représentants régnaient sans partage sur le monde paysan ».

Le 3 décembre 2018, Anticor dépose une plainte contre X auprès du Parquet national financier (PNF) pour détournement, recel et blanchiment de subventions européennes. D’après l’association, 36 millions d’euros auraient été détournés par des agriculteurs, entre 2015 et 2018, avec « l’accord et la complicité des autorités de contrôle », c’est-à-dire les services de l’État et l’« accompagnement de personnes très bien informées de la complexité et des failles du système de distribution des aides », à savoir les chambres d’agriculture, précise à l’époque Mediapart.

Cette plainte se fonde sur un rapport confidentiel de l’office européen antifraude (Olaf) qui pointait « la revalorisation des aides agricoles » allouées à la Corse, passées de 13,9 millions d’euros en 2014 à 36 millions d’euros par an pour la période 2015-2020.

Selon des documents d’enquête consultés par l’AFP, « tout tourne autour d’une réunion au ministère de l’Agriculture, le 14 janvier 2016, lors de laquelle a été décidée l’ »attribution informelle et illégale d’aides de la politique agricole commune en Corse ». Pour « éviter d’éventuels troubles à l’ordre public », ces hauts fonctionnaires sont accusés d’avoir invité, lors de cette réunion, les responsables des chambres d’agriculture corses à faire déclarer aux éleveurs insulaires des « surfaces non admissibles » pour bénéficier d’aides. »

Ce dossier n’est pas encore clos puisque trois hauts fonctionnaires seront prochainement jugés. La directrice adjointe du cabinet du ministre de l’Agriculture de l’époque, le socialiste Stéphane Le Foll (2012-2017), est ainsi renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris pour « détournement de fonds publics ». Le président-directeur général en 2016 de l’agence de services de paiement (ASP), l’organisme qui verse les aides publiques européennes de la Pac, sera également jugé pour « détournement de fonds publics ».

Enfin, le conseiller pour la Corse du ministre de l’Agriculture de l’époque est renvoyé pour « complicité de détournement de fonds publics » pour avoir organisé cette réunion de janvier 2016. Le montant d’aides illégalement versées pourrait être « compris entre 370 000 euros et 1,2 million d’euros », précise l’accusation. Ces possibles détournements ont pu être mis en lumière grâce au courage de militants comme Pierre Alessandri, salue Anticor.

Secrétaire général de la Via Campagnola, syndicat agricole membre de la Confédération paysanne, Pierre Alessandri a été tué de deux balles dans le dos sur sa ferme en Corse le 17 mars 2025. © Distillerie U Mandriolu

Déjà visé par un incendie criminel

Dans le cadre de cette affaire de fraudes, des enquêtes judiciaires sont déclenchées fin 2018, visant notamment le directeur de la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud. À l’époque, Pierre Alessandri est l’un des seuls à se « féliciter » de cette opération et à se dire « satisfait de ces contrôles » rappelle Ouest France.

C’est dans ce contexte que Pierre Alessandri se porte candidat tête de liste pour Via Campagnola aux élections de la chambre d’agriculture. La campagne est « particulièrement tendue » relève Mediapart, et c’est finalement la FDSEA qui remporte largement les élections en janvier 2019.

Deux mois plus tard, le 29 mars 2019, France 3 Corse organise une soirée spéciale, consacrée aux fraudes dans le milieu agricole, avec la diffusion du documentaire Prime à la fraude, suivi d’un débat entre représentants du monde agricole.

Face à Stéphane Paquet et Joseph Colombani (FNSEA) qui viennent respectivement d’être réélus président de la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud et Haute-Corse, Pierre Alessandri dénonce « le système clientéliste et clanique qui prévaut dans l’attribution des aides agricoles ».

Un mois après, dans la nuit du 26 au 27 avril 2019, sa distillerie est détruite par un incendie criminel. Dans la foulée, une manifestation de soutien rassemble plusieurs centaines de personnes à Ajaccio. Les auteurs ne seront jamais identifiés. Si l’enquête se solde par un non-lieu, le procureur d’alors évoque à l’époque l’hypothèse « d’une réaction violente liée aux positions syndicales de Pierre Alessandri ».

Lorsqu’on se met en travers de la spéculation foncière, il y a une personnalisation systématique de la part d’un système  »mafieux » très efficace pour « terroriser »

Cinq mois après cet incendie, le 25 septembre 2019, alors qu’il s’engage aux côtés du collectif naissant « A maffia no, A vita iè » (Non à la mafia, oui à la vie), Pierre Alessandri se dit personnellement menacé.

Dans une séquence que France 3 Corse a décidé de diffuser à la suite de cet assassinat, Pierre Alessandri indique : « Nous agriculteurs, on est maintenant quasiment en première ligne sur la spéculation foncière. Et lorsqu’on se met un peu en travers, globalement y a une personnalisation systématique de la part d’un système ’’mafieux’’, d’un système « occulte » » qui est très efficace pour ce qui est de, on va employer un terme un peu fort, « terroriser » un certain nombre d’acteurs.

Pierre Alessandri était présent à la manifestation anti-mafia du 9 mars dernier à Ajaccio. Pour Léo Battesti, membre fondateur de ce collectif, « c’est un symbole d’intégrité et du militantisme agricole vertueux qui a été abattu » et « un coup dur porté à la Corse de la créativité et du travail par ceux qui, par la terreur, veulent la dominer »a-t-il écrit sur X.

Silence « effarant » des autorités

L’engagement de Pierre Alessandri contre le clientélisme a été conforté par la récente publication d’un rapport de la Cour des comptes critiquant la gestion passée de la chambre d’agriculture. En janvier 2025, la chambre d’agriculture de Corse – devenue une chambre de région unique – a finalement basculé lors des élections professionnelles en faveur d’une liste d’union soutenue par la Via Campagnola, détrônant ainsi la FNSEA.

Nouveau président de la chambre d’agriculture de Corse, Jean-Baptiste Arena a tenu à rendre hommage à Pierre Alessandri. Il « a payé le fait de son engagement, notamment au niveau du foncier […] face à certaines bandes mafieuses » a-t-il déclaré le 19 mars, devant les représentants des différentes chambres d’agriculture en France, deux jours après son assassinat. « Le danger auquel nous sommes confrontés aujourd’hui […] est un danger mafieux. »

Si la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a déclaré sur X que « [ses] pensées les plus émues vont à sa famille, ses proches et ses compagnons syndicaux, dont [elle] n’ose mesurer la peine qui les envahit » et que « la violence, le recours aux armes, n’ont pas leur place dans notre pays », la Confédération paysanne s’indigne de l’absence de réaction d’autres membres du gouvernement. Ni Gérald Darmanin, ministre de la Justice, ni Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, n’ont fait de déclaration à ce sujet.

« On est face à l’assassinat d’un responsable syndical en activité, et on n’a aucune réaction publique. Ce silence est effarant. Il n’y a eu aucune parole dans l’hémicycle », dénonce Laurence Marandola. « Son assassinat est un coup porté à la démocratie, à la parole libre, à l’engagement en faveur d’une terre que tant d’intérêts contraires cherchent à accaparer. Il faut que l’enquête avance et aboutisse. » Cet assassinat est le quatrième depuis le début de l’année en Corse.+++++++++

Meurtre de Pierre Alessandri : la Confédération paysanne en deuil

18.03.2025

La Confédération paysanne est en deuil. Pierre Alessandri a été assassiné hier soir sur sa ferme en Corse, au lieu-dit U Mandriolu. Secrétaire général de Via Campagnola*, Pierre Alessandri était très engagé pour défendre l’agriculture en Corse depuis plus de 20 ans. Nous sommes sous le choc, empreints d’une immense tristesse.

Nous pensons à sa famille et à ses proches, à tous nos collègues corses et à toutes celles et ceux qui défendent l’agriculture.

Nous sommes dans l’incompréhension et la colère. Les paysan·nes et responsables syndicaux ne peuvent être ainsi pris pour cible. Pierre Alessandri avait déjà subi un incendie criminel sur son exploitation en 2019.

C’est un jour terriblement sombre pour la famille de Pierre à qui nous adressons nos pensé.

Action pour le revenu paysan au Grand Palais

Pendant l’action syndicale de la Confédération paysanne le 5 décembre 2024 au Grand Palais, lors de l’inauguration de la Bourse européenne de commerce, de violentes interpellations policières ont eu lieu dans le cadre d’une nasse totalement illégale, alors que nous quittions les lieux dans le calme aux alentours de 14h. Avec une grande banderole « Sauvez les paysan·nes, mangez un trader ! », la Confédération paysanne y avait dénoncé la spéculation sur les marchés et celles et ceux qui profitent de la dérégulation des marchés.

A la veille d’une conclusion scandaleuse des négociations de l’accord UE*-Mercosur* par la Présidente de la Commission Européenne Ursula Von der Leyen à Montevideo (Uruguay), le gouvernement a préféré en envoyant la BRAV-M la répression disproportionnée de paysan·nes manifestant pour le revenu et contre les accords de libre-échange.

Cinq camarades paysans avaient été interpelés et placés en garde à vue pendant 48 heures, dont deux était jugés le 4 février 2025 au TGI de Paris.

Les Inverti.e.s : antifascisme et communisme

Lors du mouvement contre la réforme des retraites, nous avons vu apparaitre le cortège des Inverti.e.s, (Militant Communiste TRANS.PÉDÉS.GOUINES.) dans les manifestations. Depuis, ce collectif n’a pas cessé de s’investir dans les luttes sociales : contre l’extrême droite, dans la campagne stop arming israël, au 1er mai… A l’occasion de leur participation à la deuxième édition du “village antifasciste” le 10 mai 2025, nous avons réalisé un entretien avec l’un de ses membres afin de revenir sur l’action politique de ce collectif depuis sa création.

La loi contre le narcotrafic : construction de prisons de haute sécurité. La torture ne s’aménage pas, elle s’abolit !

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur les nouvelles dispositions de la loi contre le narcotrafic adoptée le 29 avril 2025. Nous reviendrons principalement sur la construction de prison de haute sécurité, et le silence assourdissant dans lequel cette disposition a été adoptée, à travers les luttes qui ont été menées contre les quartiers d’isolement, puis les quartiers de haute sécurité. Nous aborderons aussi les conditions d’incarcération des prisons “modèles” de Condé sur Sarthes et Vendin le veil, pour finir sur les actions signées ” défense des droits des prisonniers français”.

En quelques dizaines d’années l’enferme­ment s’est banalisé au point d’atteindre 82000 prisonniers, un record ! L’isolement carcéral, la torture blanche, la mort lente qui détruit de l’intérieur, à petit feu, chaque seconde un peu plus, se généralise sans soulever l’indignation !

Il y a cinquante ans l’apparition des QHS avait provoqué de multiples mouvements tant à l’intérieur qu’à l’exté­rieur des prisons. Le fait même d’enfermer des hommes et des femmes dans des boîtes de béton pendant des mois, des années avait suscité des débats houleux, de nombreuses prises de position d’intellectuels, de militants, d’une partie importante de la population. Aujourd’hui l’iso­lement se généralise sans se heurter à aucune résistance ou si peu.

Appel à l’opinion publique du 3 janvier 1978 : « Les QHS sont la forme futuriste de la peine capitale. On y assassine le mental en met­tant en place le système de l’oppression carcérale à outrance, condui­sant à la mort par misère psychologique. Loin de protéger la société, c’est l’usine à fabriquer les fauves et assassins de demain. T. Hadjaj, R. Knobelpiess, J. Mesrine, F. Besse, J-M Boudin, M. Desposito, D. Debrielle

Suite aux vives critiques et aux luttes contre l’enfermement et les QHS des années 70, la gauche en 81 avait été obligée s(inscrire dans son programme l’espoir d’un changement du régime carcéral et de la politique judiciaire : beaucoup espéraient que la gauche au pouvoir ferait prévaloir plus de prévention et de moins de répression. Elle avait promise la suppression des QHS. On connaît la suite, les peines éliminatrices ont remplacé la peine de mort, les QI ont succédé aux QHS.

En 1984, 73 prisonniers de Fleury adressaient l’appel qui suit : « Voltaire réveille-toi, les humanistes au pouvoir sont devenus fous… La gauche humaniste se montre répressivement plus efficace que la droite. Michel Foucault est mort en serrant la main de Badinter, en toute confiance ! Sartre avait effleuré le livre noir de la pénitentiaire avec un peu d’espoir… La Ligue des droits de l’homme est aux abon­nés absents, le syndicat de la magistrature s’est endormi dans ses promotions hiérarchiques, vive la gauche ! Les intellectuels mangent dans la main des maîtres socialistes et se taisent. Et pourtant le haro au laxisme de l’opposition, et l’oeuvre réactionnaire d’une gauche em­pressée à se purger de ce pseudo-laxisme accouchent d’une réalité ré­pressive à jamais connue en France […] À l’heure où la France applique la barbarie civilisée et une répression sans précédent sur le chomeur-délinquant, nous sommes amers, mais ni fauves, ni assassins. Saint Badinter, sois gentil, démissionne ! »

La «torture blanche» qu’est l’isolement, cette mort lente avaleuse d’êtres humains, détruisant jour après jour ceux qui y sont placés, tombeau de béton, ne suscite plus l’indignation et la colère. Dénoncée hier par de nombreuses institutions aujourd’hui plutôt aphones elle reste un moyen terrible pour détruire quiconque le subit. De nombreux prisonniers ont tenté de transmettre l’indicible : « Il m’est souvent arrivé de comparer les conséquences de la mise à l’isolement au travail produit par les vagues contre les massifs rocheux qui se dressent sur le bord de mer. Les vagues vont et viennent, butant contre les fa­laises, dans un mouvement incessant. Et de temps à autre, sans trop que l’on sache quand, tout ou partie de la falaise s’affaisse, disparaît dans les fonds marins. L’océan finit toujours par avoir raison des parois rocheuses, quelle que soit leur nature, leur solidité. Il en est ainsi pour les détenus. » Gabi Mouesca

« L’isolé est un spectateur assistant au spectacle de sa propre mort. Seul, dans neuf mètres carrés. Avec pour compagnon permanent ce silence lugubre que parfois dé­chirent des cris de révolte, des cris pour gueuler sa rage, son refus de crever. Les quartiers d’isolement transpirent la haine, leurs murs suintent la mort. Il faut en finir ! » Thierry chatbi

Le gouvernement parle aujourd’hui de placer les narcotrafiquants dans des prisons de haute sécurité. Dans un consensus insupportable la réforme a été approuvée à l’unanimité par le Sénat malgré l’abstention des écologistes. Quelques points de la loi ont soulevé quelques réticences mais rien concernant les quartiers de hautes sécurité. Comme d’habitude, après avoir désigné les nouveaux « monstres » suite à des faits divers dramatiques, le gouvernement verse dans l’exagération ; la France serait devenue une nouvelle Colombie ou une Italie rongée par la mafia. Darmanin a été visiter la prison de Rebibbia en Italie pour y puiser un modèle en matière de condition de détention.

Pour enfermer les narcotrafiquants les plus dangereux, deux prisons étaient déjà toute désignées : Inaugurées en 2013 par Taubira Condé-sur-Sarthe est le résultat de plus de douze années d’études minis­térielles sur les types de structures censées tenir enfermés des pri­sonniers désignés comme difficiles et condamnés à de très longues peines. C’est une prison ultra-sécurisée prévue pour 249 places, avec des murs d’enceinte d’une hauteur de 8 à 12 mètres, des caméras par­tout, des portes à ouverture électronique, des sas, des bâtiments par­faitement hermétiques. Condé-sur-Sarthe est l’aboutissement logique d’une justice qui élabore et applique des condamnations délirantes et qui doit désormais gérer cette politique de peines jusqu’à la mort dans des prisons spécifiques. Tout est conçu pour réduire au maximum tout contact, tout rapport humain, pour que les prisonniers se rencontrent le moins possible et en tout petit nombre. Les activités, les prome­nades s’effectuent à sept, grand maximum. Dès son ouverture, cette version ultra-moderne des anciens quartiers de haute sécurité (QHS) avait fait l’objet de sérieuses critiques aussi bien de la part de la direction de l’administration pénitentiaire, des surveillants, que des prisonniers. Ce qui n’empêchera pas la construction de sa réplique à Vendin-le-Viel, près de Lens.Depuis leurs ouvertures ces deux prisons, devant le recul des mouvements de luttes et des évasions, s’était « normalisées » et enfermaient principalement « des isolés sur leur demande ». Gérald Darmanin n’a rien inventé, il revient au source, il peaufine dans l’abjecte brutale et cruel.

Vendin-le-Vieil devrait ouvrir le 31 juillet prochain,. Celui de Condé-sur-Sarthe sera opérationnel à la mi-octobre. Afin de renforcer la sécurité de ces établissements, deux mois de travaux ont été nécessaire. Ils coûteront entre quatre et cinq millions d’euros pour chacun des établissements. Pour le sécuritaire l’argent ne manque décidément pas alors que l’ensemble des services publiques sont exsangues.

Isoler les prisonniers entre eux et avec l’extérieur : des hygiaphones vont être installés dans les parloirs qui empêcheront tout contacts physiques avec les visiteurs, alors que ceux-ci ont été abolis en 1983. Pour éviter tout déplacement et contact les visio-conférences seront généralisé. Les établissements de haute sécurité limiteront les appels téléphoniques au maximum à trois fois deux heures par semaine. Des ondes millimétriques seront installées pour détecter tout objet interdit sur les détenus et rendre quasiment impossible l’utilisation de téléphone portables. Les unités de vie familiale instaurées pour consolider les liens avec les ami(e)s et les parents seront impossibles ;« Ils n’auront plus de vie familiale », se félicite hargneusement Darmanin. Et pour joindre l’humiliation à la torture, le gouvernement systématisera les fouilles à corps. La sécurisation des parkings des établissements va se trouver renforcée ainsi que les alentours jusqu’aux premiers axes routiers ce qui rendra encore plus difficile tout soutien venant de l’extérieur au pied des murs des prisons (distribution de tracts, rencontre avec les familles…). Une sécurisation plus importante des fenêtres des cellules sera effectuée les rendant toujours plus opaques et bardées de grillages. Le personnel pénitentiaire aura une formation de deux mois, il pourra recourir à l’anonymisation ce qui le rendra intouchable. Entre trois et quatre surveillants seront assignés par détenu.

Le gouvernement, comme à son habitude, promet cet enfer aux narcotrafiquants mais d’ors et déjà ces établissements s’apprêtent à recevoir tous les prisonniers désignés par lui comme dangereux. Même les prisonniers en détention provisoire, c’est à dire présumés innocents, pourront être placés directement dans les établissements de haute sécurité. L’allongement des peines et les conditions de détention inhumaines ont pour objectif de placer l’individu face à un choix : être anéanti ou collaborer, devenir un traître. Plusieurs amendements dans le texte de loi promettent aux balances des réductions de peine significatives. Puisque les jours ne s’annoncent pas meilleurs, 4 à 5 établissements du même type devraient être créés d’ici 2027, il y aurait selon Darmanin 600 à 700 prisonnier concernés

On peut frapper toujours plus fort sur les enfermés, les pousser à bout, leur faire péter les plombs, mais ça n’empêchera jamais les prisonniers de se révolter. Certains se suicident, ou deviennent fous et certains autres deviennent des fauves. À force de les traiter comme des animaux, ils réagissent d’une manière instinctive. C’est une réaction de survie normale que de se retourner contre se qui détruit.

Le plus inquiétant est le manque de mémoire et de résistance. La liberté s’étant dissoute dans la sécurité, l’isolement serait il devenu dedans comme dehors un mode de vie acceptable ?

« À quand la fin du maintien d’hommes et de femmes en des lieux qui tuent, poussent à se tuer ou… à tuer. Oui, car l’isolement pousse à des envies de meurtre. La douleur est si grande que seule la haine semble généralement trouver sa place dans l’esprit de l’isolé, du maltraité. Ne perdons jamais de l’esprit qu’on ne peut pas attendre d’un être blessé, humilié, maintenu à l’état de sous-homme, une attitude civile et fraternelle. Les tueurs de demain se fa­çonnent aujourd’hui dans les Quartiers d’Isolement. Que ceux qui pensent la prison de demain, ceux qui décident la future loi pénitentiaire ne fassent pas l’économie de cette réflexion et surtout de la seule décision qui soit ac­ceptable : l’abolition des quartiers d’isolement ! » Gabi Mouesca

POUR LA DÉFENSE DES PRISONNIERS

Le dernier juge que j’ai vu avait plus de visse que le dealer de ma rue.

le groupe Assassin

Suite aux annonces du gouvernement de durcir les conditions d’emprisonnement, une vague d’actions est venue secouer l’indifférence insoutenable dans laquelle ce texte est débattu et voté. Plusieurs nuits durant, des prisons, des voitures et des domiciles d’agents pénitentiaires ont été visés. Près de 90 faits ont été recensés en moins de 15 jours, revendiqués par « Défense des droits des prisonniers français (DDPF) » un acronyme apposé à la bombe de peinture sur la plupart des lieux ciblés. Sur les applications chiffrées telles que Telegram ou TikTok ils ont revendiqué leurs actes en faveur des droits de l’homme et pour le respect de la dignité des conditions des détenus.

Pour tenter d’identité le groupe DDPF, 300 enquêteurs ont été mobilisés sur deux semaines d’investigation. 21 suspects ont été arrêtes. Parmi eux, des mineurs et de très jeunes hommes inexpérimentés qui vont être poursuivis pour des faits de terrorisme. La définition du terrorisme s’étant considérablement élargie, le code pénal ne définit pas l’action terroriste selon une idéologie mais selon un mode opératoire et un objectif – « troubler gravement l’ordre public par la terreur ou l’intimidation », autant dire tout ce qui dérange d’Etat.

Le trafic de drogue permet avant tout à des familles entières de survivre, de remplir son frigo, de payer son loyer… Peux sont ceux et celles qui mènent une vie de palace en dealant. Ce sont avant tout elles et eux qui sont visés par la répression et qui croupissent indéfiniment en prison. Les dealers n’ont rien à envier question moral, et pratique d’exploitation à nos gouvernants et aux bourgeois qui malheureusement leurs servent trop souvent d’exemple.

Comme lors des révoltes suite à la mort de Nahel, les réseaux sociaux ont sûrement joué un rôle dans la simultanéité des attaques. Mais nous ne nous y trompons pas c’est bien la mort d’un jeune homme ou là, la violence de la prison qui en sont les causes.

Les conditions de détention s’étant déjà extrêmement durcies, ils est de plus en plus difficile pour les prisonniers de se révolter, il n’est donc pas étonnant que ce soit de l’extérieur que la protestation vienne.

Le personnel pénitentiaire a toujours été la cible de représailles pour les dissuader d’exercer un zèle brutale sur les prisonnier-e-s, ce n’est pas nouveau, c’est aussi vieux que l’existence des prisons !

Il est facile de se laisser berner par la rhétorique du gouvernement et de ses relais, les mesures misent en place ne sont pas réservées aux narco-trafiquants mais seront élargies à la « criminalité et à la délinquance organisée ». Nous savons que tout mouvement de révolte et d’opposition conséquent est confronté à la prison et que donc son existence nous concerne tous et toute.

Révoltes à Argenteuil : la parole des habitants

Lors du mois de Mars dernier, une semaine de révoltes s’est déroulée à Argenteuil impliquant la jeunesse de cette ville et le déploiement d’une diversité de brigades policières, pour finir par l’intervention de la CRS 8 et la menace par la préfecture de l’expulsion des logements sociaux des familles dont l’un des membres serait arrêtés.

Les médias et la préfecture ont expliqué ces événements par des affrontements entre “bandes organisées” et le problème des “rodéos urbains”. De notre côté, en discutant avec la jeunesse et les habitants de la ville, ceux là nous ont décrit des provocations multiples de la part de la police et une impossibilité de rentrer en contact avec les services de la villes. Or, Argenteuil c’est la ville d’Ali Ziri, mort des suites de son interpellation policière en juin 2009. Mais c’est aussi la ville de Sabri, un jeune de 18 ans, mort dans des circonstances troubles en deux roues en mai 2020, dans lesquels la police est suspectée. Alors, nous avons passé quelques jours dans la Maison pour Tous qui se trouve sur la Dalle d’ Argenteuil afin de produire une émission de radio avec des jeunes de la ville intitulé ” Lumière sociale” qui permettent de recueillir la parole des habitants et d’éclairer autrement le contexte dans lequel ces révoltes ont eues lieux.

relaxe judiciaire pour Siham Touzi ex infirmière en ephad /pas d’extradition pour Gino

Dessin réalisé par SoSkuld (soskuld.com)

Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur deux procès à teneur social et de lutte antifasciste.

Dans cette première partie, nous nous rendons au tribunal de Pontoise, ou fût jugé Siham Touzi, ex-infirmière de l’Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) du château de Neuville et gréviste avec d’autres collègues dans cet établissement pendant 133 jours en janvier 2022 et Eugénie Barbezat, journaliste, elles furent poursuivies par l’ex-direction de l’Ehpad pour diffamation. Nous entendrons les différentes séquences du procès 6 février et du délibéré du 3 avril 2025.

Nous poursuivons, avec le procès et le délibéré pour Gino, militant antifasciste et menacé d’extradition en Hongrie. Procès et délibéré qui se sont tenu le 12 mars et le 9 avril 2025. Nous entendrons les interventions de Gino, de ses avocats et de l’un de ses soutiens.

Face à l’absence évidente d’éléments qui pouvait justifier l’extradition de Gino, ainsi qu’aux risques majeurs pour sa sécurité que représentait une détention et un procès en Hongrie, il appartenait à la justice française de prouver sa capacité à prendre la bonne décision. Après la décision positive prise par la Cour d’appel de Paris concernant sa libération, elle devait également refuser son extradition.

Au-delà du cas de Gino, de nombreux.Ses militant.e.s sont victimes de la répression en raison de leurs idées politiques. C’est le cas pour les militant.e.s antifascistes, mais c’est aussi le cas pour les militant.e.s pro-Palestine, écologistes, et contre les violences policières.

Les guerres annoncées, le capitalisme c’est la guerre

Nous vous proposons d’écouter la présentation du livre de Nils Anderson : Les guerres annoncées, le capitalisme, c’est la guerre. Cette présentation se tenait Le 20 mars 2025 à la librairie El Ghorba mon amour à Nanterre

Pour mieux cerner l’auteur, une petite bio rapide : Nils Anderson est né le 14 février 1933. À l’age de 24 ans et sans moyen, il a l’idée, avec Pierre Canova, de diffuser des éditeurs français qui publient des livres essentiels aux débats intellectuels. Plusieurs éditeurs acceptent de partager ce projet, Jérôme Lindon pour les Éditions de MinuitJean-Jacques PauvertRobert Voisin pour les Éditions de l’Arche puis François Maspero. En 1957, il fonde ainsi un comptoir de diffusion d’éditeurs français à Lausanne et publiera de nombreux livres interdits comme La Question d’Henri Alleg qui traite de la torture pendant la guerre d’Algérie, mais également La Gangrène, après sa saisie aux Éditions de Minuit. Il publie d’autres documents, notamment Les Disparus, un dossier établi par le collectif des avocats, avec une postface de Pierre Vidal-Naquet, et La Pacification, publié sous le nom d’Hafid Kéramane. Il publie aussi le témoignage d’un journaliste, Henri Deligny, rappelé en Algérie : H.S. Et aussi le théâtre militant de Mohamed BoudiaNaissances ; un ouvrage sur l’aliénation colonialiste. En conformité avec les livres qu’il édite, Nils Andersson est solidaire des militants algériens, des réseaux de soutien, du mouvement des insoumis et déserteurs français. Il devient membre du comité de rédaction de la revue Partisans, créée par François Maspero. En 1961, arrêté à Lyon, Nils Andersson se voit notifier une interdiction d’entrée en France.

Dès 1963, Nils Andersson, en marxiste léniniste, il édite les principaux documents boycottés du PCC et publie les Écrits philosophiques de Mao Zedong. Depuis les années 1990, il vit à Paris et participe notamment aux activités d’ATTAC, de l’Association pour la défense du droit international humanitaire (ADIF), de l’Institut de documentation et de recherches pour la paix (IDRP), de l’association Sortir du colonialisme. Il a dirigé notamment la rédaction de plusieurs ouvrages de bilan sur la justice internationale et l’ONU.

Les guerres annoncées Le capitalisme, c’est la guerre II de NILS ANDERSON

Nils Anderson propose une analyse fine et implacable du capitalisme du réel, et de sa nature première : la guerre. Produit d’un long travail d’enquête à la croisée du journalisme critique et de l’expérience d’un engagement politique anti-impérialiste directement hérité des luttes de décolonisation de la deuxième moitié du 20ᵉ siècle, cet ouvrage décortique l’infamie des doctrines impérialistes et capitalistes qui n’ont cessé de faire du monde un vaste champ de bataille en vantant les mérites d’un Occident soi-disant « pacifié ». Plus que jamais, il réaffirme cette exigence morale et politique que Jaurès et Käthe Kollwitz poursuivirent en leur temps : Nie Wieder Krieg, « Plus jamais la guerre », tout en proposant une analyse du futur proche de ce qu’annoncent les nouveaux rapports de pouvoir mondiaux et les doctrines militaires modernes. Nils Andersson fondateur des Éditions indépendantes La Cité Éditeur en 1957, militant anti-impérialiste, anti-colonial.

Mobilisation étudiante

Depuis plusieurs mois des mobilisation se déroulent dans les universités de France contre les coupes budgétaires décidées par le gouvernement. Pour revenir sur ce sujet, nous vous diffusons aujourd’hui deux reportages. Le premier à été réalisé au début du mois de mars à l’occasion des premiers appels unitaire à la mobilisation. le deuxième, lui a été réalisé lors de la mobilisation de la journée du 3 avril 2025.

Autodétermination pour les dernières colonies sous domination française

Le dimanche 23 mars au Centre International des Cultures Populaire (CICP), s’ouvrait la semaine anticoloniale et antiraciste avec la « Journée Décolonisons ! » Sur les luttes des peuples colonisés pour leur liberté dans les territoires encore sous domination française. Du soulèvement en Kanaky, aux mobilisations contre la vie chère en Martinique et en Guadeloupe, en passant par la situation à Mayotte, mais aussi en Polynésie, en Guyane, en Corse. Les luttes syndicales, la répression coloniale, les mobilisations pour la libération des prisonniers politiques et le droit à l’autodétermination des peuples fut au cœur de cette journée.

Aujourd’hui, dans cette émission, nous vous proposons l’écoute des interventions de cette journée d’ouverture de la semaine anticoloniale et antiraciste. Nous irons de la Kanaky a la Réunion, en passant par la Guadeloupe puis par Mayotte et nous terminerons avec la Corse.

Mouvement en Serbie et en Grèce contre la corruption

LA GRÈCE EN ÉBULLITION janvier 2025

Dans un premier temps vous pourrez écouter un extrait de l’émission de VIVE LA SOCIALE émission diffusée le premier jeudi de chaque mois sur FPP de 19h à 20h30 sur le mouvement en cours en Serbie.

Dans un deuxième temps une interview de Costas sur les raisons du mouvement en Grèce puis pour ne pas oublier la France nous diffusons un extrait de l’intervention de Fabrice ARFI journaliste d’investigation, lors de son audition dans la commission d’enquête parlementaire du sénat sur la corruption en France ; un véritable sport national qui touche nos dirigeants.

En Serbie, un mouvement étudiant est né en novembre à l’occasion d’un accident meurtrier mettant en lumière la corruption des sphères du pouvoir. Depuis, il s’est propagé géographiquement à l’ensemble du pays, gagnant le soutien très large de la population, et mettant en action d’autres catégories sociales. Désormais, c’est tout le “système” incarné par le président Vucic qu’il met en cause. Or celui-ci a le soutien silencieux de tous les pouvoirs en place en Europe. Comment, dans un tel contexte, et malgré le silence des médias serbes et occidentaux, une telle dynamique réussit-elle à se maintenir ? C’est ce que nous explique en une heure Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans.Son interview est suivie de trois courts témoignages, qui témoignent du fait que le mouvement est en train de gagner peu à peu d’autres pays des Balkans, mettant au placard les nationalismes qui les avaient déchirés trente ans plus tôt.

Grèce : Des manifestations historiques et une grève générale demandent justice pour les victimes de la catastrophe ferroviaire de Tempé

Robert Stevens
2 mars 2025

En Grèce, la classe ouvrière et la jeunesse ont fait une énorme démonstration de force, des centaines de milliers de personnes ayant participé aux plus grandes manifestations de l’histoire du pays. Elles étaient dans les rues de la capitale Athènes et de toutes les autres grandes villes pour demander justice pour les 57 personnes décédées dans l’accident ferroviaire de Tempé de 2023 et pour forcer le gouvernement à ne pas étouffer l’affaire.

Des milliers de manifestants se rassemblent dans la rue Stadiou, dans le centre d’Athènes, en Grèce, pour marquer les deux ans d’une catastrophe ferroviaire meurtrière qui a également déclenché des centaines d’autres manifestations et une grève générale, le 28 février 2025.

Les protestations ont été soutenues par des manifestations dans plus de 100 ambassades et consulats grecs à l’étranger, sur les six continents habités.

Les manifestations, marquant le deuxième anniversaire des décès du 28 février 2023, ont été convoquées par l’Association des familles des victimes de Tempé et ont été encore plus importantes que celles qu’elle avait organisées à la fin du mois de janvier. Forcées de reconnaître le climat d’opposition de masse – et comme pour les manifestations de janvier – la fédération syndicale du secteur public ADEDY et la Confédération générale des travailleurs grecs du secteur privé ont appelé à des grèves générales.

Au total, 265 manifestations ont eu lieu en Grèce et 112 à l’étranger, soit près de 400 au total. Les principaux rassemblements internationaux ont eu lieu à Berlin (Allemagne), à Londres, Édimbourg et Manchester (Royaume-Uni), à Rio de Janeiro (Brésil), à New York et Boston (États-Unis) et à Sydney (Australie). Une carte en ligne coordonnant les manifestations a été consultée plus de 1,8 million de fois.

Des centaines de personnes ont manifesté malgré une pluie battante à Berlin, en Allemagne. En référence aux partis politiques grecs, qui sont tous impliqués dans les décès, une pancarte indique « Syriza, PASOK, ND : Tempé a une histoire », 28 février 2025.

La participation aux dernières manifestations dépasse tout ce que les syndicats peuvent ou pourraient envisager de mobiliser, menaçant la chute du gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) du premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Selon une estimation, près de 430 000 personnes ont manifesté à Athènes. La place principale Syntagma d’Athènes était remplie dans ses moindres recoins et les rues adjacentes étaient bondées de manifestants. Le rassemblement était prévu à 11 h, mais la place était déjà pleine peu après 8 h. Le quotidien Efimerida ton Syntakton (le Journal des rédacteurs) a noté que des masses de gens ne pouvaient pas s’approcher de Syntagma, la manifestation s’étendant jusqu’à un kilomètre de là, sur la place Omonoia et, dans une autre direction, sur les Propylées.

Beaucoup avaient apporté des pancartes et des banderoles artisanales traitant le gouvernement de « meurtrier » pour avoir supervisé ces morts évitables. Parmi les slogans scandés et inscrits sur d’autres pancartes figuraient « Je n’ai pas d’oxygène » et « Les privatisations tuent ».

« Je n’ai pas d’oxygène », tels sont les derniers mots d’une jeune passagère qui a appelé le numéro d’urgence européen 112 pour signaler l’accident, après que le train de voyageurs dans lequel elle se trouvait est entré en collision avec un train de marchandises. Cette collision a provoqué une gigantesque boule de feu, dont les familles endeuillées sont convaincues qu’elle est due au fait que le train de marchandises transportait une cargaison illégale de matériaux inflammables, un fait dissimulé par le gouvernement.

Même la police, connue pour sous-estimer l’ampleur des manifestations en Grèce, a déclaré qu’il y avait plus de 170 000 personnes rien qu’à Athènes, et 325 000 personnes dans les rues de tout le pays.

La Grèce a connu de nombreuses grèves générales largement soutenues depuis l’imposition d’une austérité massive par les gouvernements successifs à partir de 2008. Mais l’ampleur des manifestations concernant la catastrophe de Tempé et de la dernière grève générale est bien plus grande, puisque c’est tout le pays qui a été paralysé.

Une manifestation d’une ampleur similaire a eu lieu dans la deuxième ville du pays, Thessalonique.

Les grèves ont commencé la veille au soir, lorsque les travailleurs de Coca Cola ont débrayé dans une usine près d’Athènes. Les transports ont été interrompus par les contrôleurs aériens qui ont immobilisé les vols internationaux et nationaux, et les trains, les tramways et les bus se sont arrêtés. Les marins, les conducteurs de train, les médecins, les infirmières, les enseignants et les avocats ont tous fait grève. Les administrations ont fermé, tout comme de nombreux magasins et entreprises, et les hôpitaux n’étaient ouverts que pour les urgences. Même les cafés, les restaurants et les bars les plus huppés ont fermé leurs portes en raison de la mobilisation de masse.

Les seuls moyens de transport fonctionnant à Athènes étaient les trains qui permettaient aux manifestants de se rendre sur les places centrales.

En mars 2023, 57 personnes meurent dans un accident de train en Grèce, alors que des protestations et des grèves éclatent.

Robert Stevens
ARTICLE DU 4 mars 2023

Au moins 57 personnes sont mortes après l’accident de train survenu mardi soir en Grèce. Un train de passagers reliant Athènes à Thessalonique, avec plus de 350 personnes à bord – dont de nombreux jeunes étudiants retournant à l’université après des vacances pour le Carême orthodoxe grec – est entré en collision avec un train de marchandises peu avant minuit mardi, près de la ville de Tempe, au centre du pays.

Le chef de gare de Larissa, un travailleur ayant plus de 40 ans d’expérience dans les chemins de fer, a été arrêté. Mais la tentative d’attribuer la faute à un seul individu a été largement rejetée, alimentant les protestations et une grève des chemins de fer contre le gouvernement conservateur de la Nouvelle démocratie (ND).

Les travailleurs savent que le réseau ferroviaire a subi des années de coupes d’austérité, y compris des pertes d’emplois massives. Une grande partie du réseau, notamment dans le nord de la Grèce, n’est pas automatisée et repose sur une signalisation manuelle.

Le chef de gare a été inculpé jeudi de perturbation dangereuse des transports et pourrait être accusé d’homicide involontaire par négligence, de blessures par négligence et d’interventions dangereuses dans les moyens de transport. Mais des éléments de preuve apparaissent déjà, jetant le doute sur les affirmations selon lesquelles l’erreur humaine est en cause.

Kathimerini a rapporté que lorsque le chef de gare a comparu devant un juge d’instruction de la ville de Larissa jeudi, « il aurait affirmé que pendant son service, il a donné l’ordre de changer les voies du réseau ferroviaire afin que les deux trains ne circulent pas sur la même ligne, mais que le système n’a apparemment pas fonctionné. »

Le journal a ajouté : « Cette version des événements est étayée par une photographie du journal de bord du chef de gare qui montre qu’il a ordonné au train fatal Inter City 62 de poursuivre son voyage vers Neos Poros, ne sachant apparemment pas que le train de marchandises se déplaçait sur la même voie juste devant lui. »

Des preuves supplémentaires démontrent les conséquences catastrophiques d’avoir de larges sections du système ferroviaire qui dépendent totalement de l’intervention manuelle, sans recours aux systèmes ferroviaires automatisés largement utilisés au niveau international. Ces décès ont suscité des manifestations de colère à Athènes, à Thessalonique, où vivaient de nombreuses personnes décédées, et à Larissa.

À Athènes, des centaines de manifestants, principalement des jeunes, ont manifesté mercredi devant le siège de Hellenic Train, la société privatisée chargée de l’entretien des chemins de fer grecs. Ils ont été attaqués par la police anti-émeute, qui a tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le Parlement grec, sur la place Syntagma, où la police a de nouveau attaqué.

À Larissa, une veillée silencieuse à la mémoire des victimes de l’accident a été organisée. S’adressant à l’agence de presse AFP, Nikos Savva, un étudiant en médecine de Chypre, a déclaré : « Le réseau ferroviaire semblait problématique, avec un personnel épuisé et mal payé. » Le chef de gare arrêté ne devrait pas payer le prix « pour tout un système malade ». Costas Bargiotas, médecin basé à Larissa, a déclaré : « C’est un accident inadmissible. Nous connaissons cette situation depuis 30 ans ».

Les travailleurs en grève ont manifesté devant le siège des Chemins de fer helléniques à Athènes. Des milliers de personnes se sont ensuite rendues sur la place Syntagma, avec des jeunes qui les ont rejoints, pour protester devant le Parlement.

Les décès dans les trains sont le résultat de crimes sociaux dont chaque parti politique de l’élite dirigeante partage la responsabilité. Ce sont leurs dirigeants qui devraient être sur le banc des accusés.

Le manque de ressources et la suppression du personnel d’un réseau ferroviaire déjà en deçà des normes se sont accélérées au cours de la dernière décennie avec la privatisation du chemin de fer public, TrainOSE, par le gouvernement de pseudo-gauche SYRIZA en 2017-18.

SYRIZA a été porté au pouvoir en 2015 à la suite d’une vague de protestations et de grèves après cinq années d’austérité sauvage. Ils ont ensuite foulé aux pieds ce mandat, imposant, comme l’ont fait avant eux ND et le PASOK social-démocrate, un programme d’austérité dévastateur. La privatisation des principaux actifs économiques nationaux et des infrastructures était le prix exigé en échange de tout nouveau prêt par l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international. SYRIZA a suivi leurs instructions à la lettre.

TrainOSE a été vendu dans le cadre du troisième plan d’austérité imposé après 2010. La privatisation du secteur ferroviaire et la vente d’autres actifs de l’État devaient permettre de récolter 6 milliards d’euros d’ici 2018. Elle a été rachetée par Ferrovie Dello Stato Italian, la holding ferroviaire publique italienne, pour 45 millions d’euros seulement.

Le Premier ministre de SYRIZA, Alexis Tsipras, lors d’une cérémonie somptueuse à Corfou, a présenté cela comme un succès glorieux. Naftemporiki, le quotidien financier, a rapporté : « Tsipras a expliqué que l’importance de l’investissement réside dans le fait que le pays a évité d’un lourd fardeau financier… dans le prix lui-même, mais plus encore dans la taille de l’investissement qu’il fera dans l’économie grecque, dans le chemin de fer grec, s’élevant à 500 millions d’euros. »

Les mensonges de Tsipras ont été rapidement exposés, l’entreprise nouvellement privatisée, rebaptisée Hellenic Railways, ne faisant aucun investissement pour améliorer le réseau ferroviaire. La réalité, comme SYRIZA le savait bien, était que Ferrovie Dello Stato Italian ne prévoyait que d’enormes profits. Le PDG de Ferrovie, Renato Mazzoncini, a décrit l’achat de TrainOSE comme un « mouvement stratégique pour le groupe. Il ne s’agit pas tant d’acheter un morceau de la Grèce à prix réduit, mais plutôt d’une opération d’expansion stratégique en vue de l’investissement majeur dans la ligne Athènes-Thessalonique, qui fait partie du projet de corridor européen ». Le projet de corridor européen représenterait une valeur d’environ 3 milliards d’euros, a déclaré Mazzoncini.

Le coût humain horrible a été confirmé dans un rapport de l’UE de l’année dernière sur « la sécurité et l’interopérabilité des chemins de fer dans l’UE ». La Grèce était le seul État membre entièrement dépourvu de « systèmes de protection des trains’ qui sont ‘largement considérés comme l’une des mesures de sécurité ferroviaire les plus efficaces pour réduire le risque de collision entre les trains ».

Après la privatisation, le réseau ferroviaire grec est l’un des plus dangereux d’Europe. De 2018 à 2020, selon l’Agence des chemins de fer de l’Union européenne, la Grèce a enregistré le taux de mortalité ferroviaire par million de kilomètres de train le plus élevé parmi les 28 nations européennes.

Jeudi, le Financial Times a rapporté que « quinze jours avant le pire accident ferroviaire que la Grèce ait connu depuis des décennies, la Commission européenne avait renvoyé le pays devant la Cour de justice de l’Union européenne pour avoir ‘manqué à ses obligations’ [de 2015 à aujourd’hui] en vertu de la directive sur l’espace ferroviaire européen unique » concernant « les investissements dans les infrastructures et les procédures d’urgence ».

Solidarité avec la jeunesse et les travailleurs grecs ! À bas les politiques austéritaires !

Dans ce contexte, et alors que depuis 2019, le gouvernement de Nouvelle Démocratie multiplie les attaques à l’encontre des travailleurs, de la jeunesse et des classes populaires en Grèce, la mobilisation actuelle constitue un élément progressiste qui pourrait déboucher sur une remise en question globale du gouvernement et du régime. Dans les manifestations, on retrouve ainsi un fort sentiment dégagiste, et la revendication de démission du gouvernement est dans toutes les bouches. S’exprime également un fort dégoût de la classe politique et une dénonciation de la corruption des politiciens professionnels, ainsi qu’une remise en question de l’institution judiciaire qui est accusée d’avoir voulu couvrir et masquer les responsables de l’accident. Or, le KKE, l’organisation la plus influente dans le mouvement ouvrier, refuse d’appeler à la démission du gouvernement pour « ne pas créer d’illusions », jouant ainsi un rôle actif dans la stabilisation du régime.

Dans ce contexte, l’absence de plan de bataille de la part de la gauche et des directions syndicales risque d’ouvrir la voie à une capitalisation de la part de l’extrême-droite. Ainsi, pour Angelos Seriatos, si le gouvernement ne répond pas aux exigences et aux revendications du mouvement, « il est très probable que nous nous retrouvions dans une situation similaire à celle de 2012, et parce que la gauche a déjà gouverné en Grèce, le radicalisme se déplacera vers l’extrême-droite. » Les sondages indiquent par exemple une augmentation de la popularité des partis d’extrême-droite, en particulier de Solution hellénique qui oscille autour des 9,5% et dépasse ainsi la popularité de Syriza qui chute à 8,4%, ainsi que celle du parti Voix de la Raison qui, après avoir fait 3% aux élections législatives de juin 2024, enregistre 8% de popularité. Le parti Cap sur la Liberté de Zoé Konstantopoulou, formation populiste qui défend des mesures nationalistes et réactionnaires, enregistre 7,4% de popularité après avoir fait 3,1% aux élections.

À propos de cette montée de l’extrême-droite, l’analyste politique Maria Karalkioumi explique auprès de I Kathimerini : « Nous ne savons pas si sa montée est tendancielle ou permanente. La raison en est qu’elle n’a pas gouverné et que les gens pensent qu’elle n’a pas de part de responsabilité. » Pour Angelos Seriatos, il s’agit d’une tendance de fond : « Depuis les élections européennes, nous avons déjà constaté une présence distincte et une résilience de ses forces, avec des pourcentages beaucoup plus élevés que d’habitude. Il ne s’agit pas d’un vote passager, ni d’un vote punitif, mais d’un paysage qui prend force. » Ces éléments montrent que sans plan de bataille ni programme pour répondre à la casse des services publics, c’est l’extrême-droite qui capitalisera sur la colère et la détestation de la classe politique, à base de discours populistes et réactionnaires.

Mais défendre un plan de bataille pour les travailleurs et la jeunesse implique de dénoncer la responsabilité des gouvernements de gauche dans la destruction du chemin de fer grec. Dans une interview accordée à Révolution Permanente, Melianna Makari, étudiante et militante à Libération Communiste, explique ainsi : « Les mémorandums votés et mis en œuvre par tous les gouvernements précédents ont conduit à un manque criant de personnel au sein de l’OSE [compagnie ferroviaire grecque, NDLT]. En 2009, le PASOK a fragmenté l’OSE en sociétés distinctes, tandis qu’en 2013, Nouvelle Démocratie [le parti de droite au pouvoir, NDLT] a procédé à sa privatisation par le biais de la loi 4199. Le gouvernement SYRIZA a scellé la condition des trains qui a conduit à la catastrophe de Tempé avec la vente de TRAINOSE, l’introduction de 9 jours de travail continu et les licenciements massifs de travailleurs. Il est clair que le démantèlement, la fragmentation et la privatisation des chemins de fer ont été la politique de tous les gouvernements précédents (ND, PASOK, SYRIZA), et ce toujours en accord avec les exigences de l’UE. »

Le fait que la détermination qui existait parmi la base des travailleurs ait poussé les deux centrales syndicales du pays à appeler à la grève générale montre qu’il existe un espace pour défendre un programme pour l’auto-organisation de la classe ouvrière grecque, en toute indépendance des partis d’extrême-droite, qui instrumentalisent la colère pour servir leur projet xénophobe et réactionnaire, tout comme des partis de la gauche (PASOK, Syriza) qui ont trahi les espoirs de la population à plusieurs reprises. Un programme qui porte l’arrêt des privatisations, la gratuité des transports publics pour tous et la nationalisation des chemins de fer sous contrôle ouvrier. Depuis la France, où le gouvernement Bayrou prépare un réarmement historique et compte bien en faire payer la facture aux travailleurs, à la jeunesse et aux classes populaires, nous exprimons toute notre solidarité avec la population grecque en lutte !

SERBIE : REVOLUTION EN COURS !

UN MOUVEMENT DE MASSE SE LEVE CONTRE TRUMP ET POUTINE DANS LES BALKANS ET EN EUROPE ORIENTALE

Le mouvement des étudiants serbes qui dure quotidiennement depuis quatre mois et demi suite à l’effondrement le 1er novembre 2024 du toit de la verrière de la gare de la ville de Novi Sad faisant 15 morts, a pris ces derniers jours un caractère non seulement populaire large et massif mais aussi clairement révolutionnaire. De plus, ce soulèvement a enclenché depuis début janvier 2025 des mouvements semblables en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro tandis qu’il contribuait à amplifier ceux préexistant en Slovaquie et en Géorgie, puis en a généré d’autres plus tard jusqu’à ces derniers jours en Bulgarie, en Albanie, en Grèce avec de larges soutiens en Croatie ou en Slovénie, et un mouvement simultané de grande ampleur le 15 mars aussi en Hongrie.

De fait, la politique de Trump a amplifié et accéléré, contre lui-même et son allié Poutine, tous ces mouvements qui sont un tout et forment ainsi ensemble la première riposte d’ampleur dans le monde contre la montée du fascisme qu’encouragent Trump et Poutine.

En Serbie, le passage d’un mouvement étudiant à un soulèvement populaire s’est réalisé les 7 puis 15 mars. Cela a d’abord été la formidable réussite de la grève générale appelée par les étudiants le 7 mars bien que la majorité des directions syndicales soient liées au régime ou aient un train de retard, revendiquant des augmentations de salaires alors que les étudiants et de très nombreux salariés surtout les jeunes appellent à démolir ce système corrompu. La large participation populaire à cette journée de grève générale contre tous les appareils et institutions, mais aussi se plaçant dans le sillage d’une contestation étudiante qui a dépassé les « revendications » de lutte contre la corruption comme le dit la presse occidentale quand elle en dit quelque chose, pour explicitement revendiquer de renverser le gouvernement de Vucic et son monde, faire reculer le fascisme et changer le monde comme en mai 68, a été un basculement. La large participation populaire à cette grève générale dans cette ambiance subversive, a permis aux étudiants de lancer, ce qui est essentiel pour la suite du soulèvement, un appel à la nation demandant à la population de prendre le pouvoir contre la domination oligarchique du gouvernement Vucic en généralisant les Assemblées populaires de démocratie directe qui sont apparues ici et là dans la foulée du 7 mars.

La deuxième étape de ce soulèvement populaire a été l’organisation d’une manifestation nationale géante le 15 mars à Belgrade par la mise en place de marches à partir de toutes les villes du pays pour « prendre « Belgrade. Cette marche était l’aboutissement de multiples autres marches qui ont sillonné le pays durant des semaines et qui ont contribué à entraîner les campagnes dans le mouvement. Cela a donné le 15 mars la plus grande manifestation de l’histoire de la Serbie, avec de 800 000 à 1 million de participants selon les organisateurs, 18% de la population, presque autant que d’habitants à Belgrade, l’équivalent en proportion de 12 millions de manifestants à Paris, une avalanche de manifestants. Bien sûr l’objectif de 15 mars est resté flou, les étudiants n’appelant pas explicitement à renverser ce jour-là le pouvoir, mais cette journée a baigné dans une ambiance de bouleversement global : il s’agissait par exemple non pas d’aller manifester à Belgrade mais de « prendre » la capitale comme on « prend » la Bastille, associé à l’idée de « prise » du pouvoir par l’appel à la multiplication d’Assemblées de démocratie directe dans tout le pays. Cela a fait que beaucoup de manifestants, sont venus ce 15 mars pour un changement profond, pour marquer l’histoire. De son côté, le président Vucic a tenté de tenir encore le peuple par la peur, en disant que cette journée serait d’une anarchie totale, avec de nombreux morts, bref que sans lui, ce serait « la chienlit », le chaos. Or c’est tout le contraire qui s’est passé. Les provocations de ses hommes de main n’ont pas marché prouvant seulement un peu plus qu’ils n’étaient plus qu’une toute petite minorité sans autirité et sa police, mise à part l’utilisation d’un canon à son qui a provoqué un instant de panique, a été invisible ou dépassée ou tout simplement n’obéissait déjà plus. Ça a été ainsi une démonstration de force « des étudiants » qui dirigent le mouvement, non seulement par le nombre mais aussi par la maîtrise des évènements. Ils ont démenti, par la maîtrise et l’organisation de cette immense manifestation, tous les pronostics catastrophiques du pouvoir. La question est maintenant de savoir si cette démonstration de force maîtrisée, en fait la naissance d’un nouveau pouvoir, va encourager à l’émergence large d’autant de nouveaux pouvoirs locaux de démocratie directe partout comme y appellent les étudiants.

Il faut dire que ce soulèvement a été préparé en profondeur dans la population. Il ne sort pas de nulle part. Cela fait plus de trois ans que les mouvements nationaux massifs s’enchainent sans discontinuer en Serbie : contre les violences liées à la propagande de haines et divisions ethniques et religieuses suscitées par le pouvoir, contre le trucage des élections dans ce pays où il n’y a pas eu d’élections non truquées depuis 12 ans, contre la destruction de la nature par l’exploitation d’une mine de lithium. Divisions du peuple, démocratie, écologie. Ainsi, lorsque les étudiants se sont mis à occuper 85 facultés après l’effondrement du toit de la gare de Novi Sad avec le soutien de toute la population par des manifestations massives régulières, il y avait déjà une expérience populaire de contestation antérieure et il y avait déjà plus dans leurs revendications que la simple exigence de la fin de la corruption des membres du gouvernement. Il y avait déjà l’idée dans les esprits de beaucoup que cet effondrement du toit était le symbole de l’effondrement de tout un système pourri qui nie toute démocratie, encourage au fascisme et fait passer la vie après les profits. Un caractère général qui a été très rapidement compris dans les autres pays voisins où le mouvement serbe a généré, réveillé ou amplifié des mouvements parallèles sous-jacents ou semblables, divisons ethniques, démocratie, écologie, dans les pays des Balkans et d’Europe orientale

Cet ensemble et les mouvements précédents en Serbie ont fait que très rapidement, plus personne n’a véritablement obéi à Alexander Vucic le président, ne pouvant plus vraiment utiliser la répression, plus très sûr de sa police et de ses partisans. Il a beau dire que ses partisans se battront jusqu’au sang, qu’on ne le mettra pas dehors comme Bachar El Assad, c’est bien le sort qui l’attend. La seule question pour lui est de savoir si Moscou l’accueillera ou non.

Ainsi déjà au début, durant la deuxième semaine de manifestations à Novi Sad où la lutte est la plus avancée, Vučić a appelé 50 000 des membres de son parti à venir défendre les locaux du parti. Vingt-sept personnes seulement sont venues dont des trafiquants de drogue rémunérés, le Premier ministre et des hauts fonctionnaires provinciaux. Personne d’autre. Ils n’existent plus. Les ministres n’osent plus aller dans les magasins, au marché, dans les cafés… Le maire de Novi Sad doit aller chez le coiffeur avec une sécurité privée ! Ils n’organisent plus de fêtes annuelles, d’assemblées générales, de cocktails de presse, rien… de peur qu’elles ne suscitent des contre-mobilisations. Vucic a viré quelques notables et le premier ministre pour tenter de stopper le mouvement. Ça n’a servi à rien.

Ces semaines passées, il a déployé 250 unités spéciales de police pour tenir une session de l’Assemblée de Voïvodine à Novi Sad et adopter le budget. Ils n’ont pas réussi à tenir la séance. Et il en a été de même pour plusieurs autres municipalités ces derniers jours dont les membres du SNS (parti au pouvoir) ont été chassés sans que la police ne veuille ou ne puisse s’y opposer.

Depuis la seconde journée de grève générale très suive du 7 mars, ce genre d’évènements se sont multipliés illustrant que le mouvement étudiant est devenu un soulèvement de toute la population en même temps que les Assemblées générales de démocratie directe des facultés se sont étendues à quelques communes. La RTS et la RTV, les deux principales TV publiques de Serbie ont été prises par les étudiants durant 24 h quatre ours avant le 15 mars sans que la police ne puisse y faire grand-chose, une grande partie des employés des télévisions soutenant les étudiants. La veille de la manifestation géante du 15 mars à Belgrade, des policiers ont fait savoir qu’ils se mettraient en maladie ce jour-là et d’autres ont déclaré qu’ils refuseraient de cogner sur les étudiants… leurs enfants. Le système est en train de s’effondrer. Il ne tient que parce qu’il n’y a pas encore un autre pouvoir, ces Assemblées de démocratie directe, l’enjeu des jours et semaines qui viennent.

Vucic est fini. Mais même au niveau de l’opposition officielle, il n’y a plus personne. Elle n’existe plus ; ne s’exprime pas sinon pour proposer – avec Vucic, un gouvernement d’experts neutres – alors que le mouvement en est déjà, lui, à un gouvernement du peuple par le peuple, toute la société civile étant dans la rue, les gens eux-mêmes, sans partis ni syndicats. Nul ne peut dire quelles formes et quels rythmes prendront exactement les lendemains du 15 mars, mais il est sûr que la révolution et l’histoire sont en marche.

Tout est nouveau. Ces étudiants parlent une langue différente, communiquent différemment. Ces jeunes sont la nouvelle révolution technologique, ils comprennent les choses différemment, ils sont libres et voient l’hypocrisie tout à la fois de l’Occident et de la Russie. Ils ont ouvert un nouveau champ de désobéissance civile et encouragé les autres à désobéir, à penser par eux-mêmes. Ils réclament l’État de droit, la démocratie, l’égalité, la fin de toutes les discriminations de sexe, de couleur de peau, de religion, ils ne veulent plus de frontières, de guerres, d’exploitation de l’homme par l’homme, ils ne veulent plus de ce système de propriété privée qui aboutit à la mainmise des gangsters sur les richesses. Ils inventent un nouveau monde dans leurs Assemblées générales quotidiennes. Les étudiants recherchent quelque chose qui disparaît lentement en Europe, mais ils ne veulent plus de l’ancienne démocratie qui a mené à la situation actuelle, mais une nouvelle démocratie dont tout le monde soit acteur. En même temps, ils réalisent qu’ils en sont le flambeau dont la tâche est de réveiller et d’illuminer l’Europe. D’où le soutien des étudiants de toute la région : la corruption, l’effondrement des institutions, la crise de moralité, la crise écologiste et démocratique, le manque d’idéologie nouvelle sont des problèmes qui affectent également les étudiants et les jeunes de Budapest, Podgorica, Sarajevo, Zagreb, Skopje, Sofia, Tirana, Rijeka et Athènes. Les messages des étudiants serbes sont instantanément compris. Cette fois, c’est des Balkans et d’Europe orientale que s’élève la flamme de la liberté. Leur tâche comme ils le disent est de réinitialiser l’Europe.

Ces jeunes sont actuellement le point le plus flamboyant de toute cette Europe dont le camp des prolétaires ne manque pas de luttes mais est si pauvre politiquement. Les étudiants se battent non seulement pour la liberté de la Serbie, mais aussi pour la liberté de l’Europe et de l’Amérique de Trump, et tout particulièrement celle de la Russie vu leur proximité, leur histoire récente et le poids de Poutine. Bien conscients de cela, les étudiants serbes qui sont aujourd’hui la pointe la plus avancée de ce mouvement général ont publié un manifeste s’adressant à tous les étudiants d’Europe et du monde les appelant à rejoindre leur lutte pour une Europe libre pour stopper le fascisme montant, pour se débarrasser de l’exploitation et de toutes les oppressions. Le premier manifeste de riposte de la jeunesse et des peuples à Trump/Poutine et leur monde.

C’est tout cela, cette riposte générale appuyée sur toute cette expérience accumulée dans ces luttes qui se fait entendre aujourd’hui et qui en essaimant rapidement dans les Balkans pourrait bien s’étendre ensuite dans toute l’Europe, la Russie, l’Amérique.

Alors contre les barrages des médias occidentaux ui cachent cet ébranlement, inscrivons-nous pleinement dans ce mouvement et faisons largement connaître cette révolution en cours, notre révolution.

Jacques Chastaing 16 mars 2025

VIOLENCE D’ ETAT: Marche du 15/ Expulsion de la gaité lyrique/ Marche du 22

Le 15 Mars avait lieu la marche contre les violences d’état, les crimes et le racisme d’état, appelé par le Réseau Entraide Vérité et Justice. Le 18 mars La gaité lyrique occupée depuis 4 mois par le collectif des mineurs isolés était expulsée suite à la décision de la Préfecture de Paris. Le 22 mars avait lieu la marche contre le racisme et le fascisme appelée par la Marche des Solidarités.

Dans cette émission nous avons choisi de réunir plusieurs reportages réalisés lors de ces événements afin de traiter de la question des violences d’états dans leur ensemble. Vous entendrez donc dans une première partie d’émission les reportages réalisés le 15 mars et dans une seconde nous suivrons le collectif des mineurs isolés et la marche des solidarités de l’expulsion de la gaité lyrique à la manifestation du 22 mars 2025.

MAYOTTE ANGLE MORT

Le Dimanche 9 février 2025 avait lieu une soirée de soutien en solidarité avec les personnes les plus durement touchées par “Chido” à Mayotte au DOC
26 Rue du Docteur Potain 75019 Paris, intitulé : Mayotte Angle Mort. Lors de cette soirée organisé dans le cadre des cartes blanches de la Clefs Revival, le film “Malavoune Tango” de Jean-Marc Lacaze était diffusé. Cette projection était d’une discussion débat porté par Solène Dia, Jassem Issouf et Mohamed Nabhane. Iels y présenteront leurs expériences à Mayotte et discuteront des rapports entre Mayotte à l’État français, de la violence administrative et politique que connaissent les personnes considérées comme étrangères à Mayotte, et de la situation spécifique des personnes mineures sur l’île. Tout les fonds des entrées et du bar était reversés à l’association Kaja Kaona venant en aide à la population du village de Tsoundzou.

Dans cette émission, nous vous diffusons les enregistrements réalisés lors de cette soirée.

La France doit refuser l’extradition de GINO ou se rendre complice de Viktor Orban

Dans cette émission, nous revenons sur la demande d’extradition par la Hongrie de Gino, militant antifasciste. Vous pourrez écouter la conférence de presse qui s’est déroulée dans les locaux de la LDH le 10 février 2025 et un montage des prises de paroles qui ont eu lieu devant le palais de justice de Paris le 12 février 2025.

Rexhino « Gino » Abajaz est incarcéré depuis novembre 2024 à la prison de Fresnes, en attente de sa potentielle extradition vers la Hongrie. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par les autorités hongroises : elles l’accusent d’avoir agressé des militants néo-nazis en marge d’une manifestation antifasciste à Budapest, en février 2023. La justice française devait se prononcer ce mercredi 12 sur l’extradition de Gino.

Gino est accusé d’avoir participé à des violences contre des militants néo-nazis en février 2023, lors d’une manifestation protestant contre le « jour de l’honneur ». Le « jour de l’honneur » commémore la défaite des troupes allemandes face à l’Armée rouge en 1945. Elle a eu lieu une fois de plus samedi dernier, le 8 février, regroupant plus de 4 000 personnes, arborant pour certaines des uniformes nazis et autres signes d’appartenance à l’extrême droite. Cette marche bénéficie chaque année de l’aval du gouvernement d’Orban, il est même soupçonné de contribuer au financement de celle-ci.

En 2023, une contre-manifestation antifasciste a été organisée pour protester contre la tenue de cet événement. Des heurts auraient éclaté en marge de celui-ci entre fascistes et antifascistes. C’est de ces heurts dont sont accusés Gino et une quinzaine d’autres militants antifascistes de différents pays. La Hongrie mène depuis une véritable chasse à l’homme à travers toute l’Europe. Le mandat d’arrêt européen, mis en place par l’Europe au début des années 2000, Sarkozy était alors ministre de l’Intérieur, permettrait, grâce à l’appui des polices des différents États membres, de livrer Gino et ses camarades à la Hongrie dans le but de les juger en Hongrie.

Les accusations dont les militantes et militants antifascistes font l’objet sont complètement extravagantes, les peines encourues disproportionnées et les conditions de détention inhumaines et dégradantes. Si la France remet Gino à la Hongrie, il encourt jusqu’à 16 ans de prison et risque de voir ses droits les plus élémentaires bafoués. Les témoignages qui nous sont revenus des prisons hongroises, et notamment celui d’Ilaria Salis, arrêtée dans le même contexte et risquant jusqu’à 24 ans de prison, attestent des conditions de détention inhumaines et des pratiques d’isolement dites de « torture blanche ».

L’extradition vers la Hongrie d’extrême droite d’Orban comporte de nombreux risques : la Hongrie ne remplit pas les prérogatives d’un État de droit. Dans ce contexte, livrer un militant antifasciste aux autorités hongroises signifierait que la France est prête à collaboration avec le régime d’Orban.

Dans le cas où la France refuserait l’extradition de Gino, il ne faut pas que la justice française en profite pour expédier Gino en Albanie où il est né. Envoyer Gino en Albanie l’exposerait potentiellement à une nouvelle demande d’extradition, que l’Albanie donnerait.

Gino est un camarade antifasciste qui doit être remis en liberté.

PALESTINE : artistes en résistance ou l’importance de la culture en temps de guerre

Après le siège meurtrier des forces de l’Autorité palestinienne qui a fait 13 morts, c’est l’armée israélienne qui a envahi en force le camp de réfugiés de Jénine, mardi 21 janvier 2025. Israël profite du cessez-le-feu à Gaza pour accroître la répression en Cisjordanie, surtout à Jénine où les combattants résistent avec le soutien de la population.


Le 13 décembre 2023, le théâtre de la liberté de jénine, a été bombardé et pillé par l’armée israélienne. Trois de ses membres ont été arrêtés dont l’ancien directeur artistique et comédien Ahmed Tobasi qui a été libéré rapidement alors que le président Bilal al-Saadi, en détention depuis 2 ans sans raison, a été libéré ce 13 décembre.

Le 18 janvier 2025, Le Collectif Montreuil Palestine organisait avec Les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, Stop Arming Israël France et la CGT Spectacle une réunion publique contre le commerce des armes avec Israël, au théâtre l’échangeur à Bagnolet.

Dans l’émission de ce jour, qui fait suite à l’émission précédente sur le commerce d’armement avec Israël, nous vous proposons l’écoute d’une majeure partie de la seconde table ronde intitulée : comment agir en France et en Palestine contre le commerce des armes avec Israël ? L’importance de la résistance culturelle

DOCUMENTAIRE : Contre-feux, résistance sociale et syndicale en Palestine, lien si contre et dans la page, Vidéo à voir en ligne https://www.autourdu1ermai.fr/

RASSEMBLEMENT POUR LA LIBÉRATION DE NOTRE CAMARADE GINO
Le comité de soutien pour Gino, organise un rassemblement ce mercredi 12 février 2025 à 12 h place Louis Lépine, face au palais de justice de paris métro cité.

Ce mercredi 12 janvier, notre camarade Gino, militant antifasciste
incarcéré à la prison de Fresnes depuis novembre dernier, comparaîtra à
la Cour d’Appel de Paris. Suite à un mandat d’arrêt émis par la Hongrie qui l’accuse d’avoir participé à des violences contre des militants néo-nazis à Budapest en
2023, Gino risque d’y être extradé. Si l’État français décide de le remettre aux autorités hongroises, Gino encourt jusqu’à 16 ans de prison et risque de voir ses droits les plus élémentaires bafoués.

Le 15 janvier dernier, le délibéré rendu par la Cour d’Appel de Paris a
reconnu l’existence de “dysfonctionnements systémiques” concernant
l’indépendance du pouvoir judiciaire hongrois et a accédé aux demandes
de la défense, exigeant de la Hongrie un certain nombre d’informations
complémentaires. Cette audience, qui décidera ou non de son extradition, est donc
cruciale pour le sort de Gino.

Nous appelons à un rassemblement devant le Palais de Justice à 12 h 00 où
auront lieu des prises de paroles de Thomas Portes (LFI), René Monzat
(LDH), Révolution Permanente, Tsedek, FemRev, Visa, Young Struggle,
Union Communiste libertaire et d’autres…

Nous refusons son extradition vers la Hongrie et exigeons la libération
immédiate de Gino.

Votre présence est essentielle. Venez nombreux !

Le comité pour la libération de Gino

#FREEGINO #FreeAllAntifas #NoExtradition

Journée contre les violences carcérales

Vous pourrez entendre le montage de la Journée contre la violence carcérale en soutien au Comité Vérité pour Alassane qui s’est tenue le 1ᵉʳ février 2025 à la Maison des Syndicats de Corbeil-Essonnes. Avec la présence de nombreux collectifs luttant contre les violences en prison comme au sein des centres de rétention administratives, en France comme en Palestine.

Chaque année, environ 120 personnes décèdent au sein des prisons françaises. Proportionnellement, les suicides y sont 10 fois plus nombreux qu’à l’extérieur. Parmi les suicides, il y a aussi les crimes maquillés des matons, et face à l’omerta des autorités pénitentiaires, des enquêtes bâclées et la lenteur de la justice, les familles obtiennent difficilement la vérité sur les circonstances ayant entraîné la mort. Dans de nombreux cas, la personne décédée a été placée au mitard dans les 24 heures avant sa mort.

Alassane Sangaré décède à la prison de Fleury-Mérogis le 24 novembre 2022.
Selon l’autorité pénitentiaire, Alassane se serait suicidé, mais plusieurs éléments viennent remettre en cause cette version. Depuis, sa famille lutte à travers le Comité Vérité pour Alassane demande une vraie enquête pour connaître les circonstances de la mort d’Alassane.

Collectifs présents : Comité Vérité pour Alassane, À bas les CRA Idf, l’Envolée, Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau, Comité de soutien aux inculpé.e.s du 8/12, Samidoun Paris-Banlieue, Désarmons-Les, Réseau d’Entraide Vérité et Justice, Solidaires 91, Observatoire International des Prisons, AIM-Paname, ASTI des Ulis, la Cellule de mobilisation parisienne pour la Kanaky (CMPK), Anti.Media, la fasti

Marche des solidarités : situations internationales

Dans le cadre du week-end organisé par la Marche des Solidarités du 25 janvier dernier, nous avons enregistrée la discussion intitulée ” Situation internationale : quelles politiques des gouvernements vis-à-vis des migrant.e en France, en Italie, Espagne, Allemagne et Grande Bretagne – Les différentes politiques migratoires et la progression du danger fasciste”. C’est ce que nous vous diffusons aujourd’hui dans cette émission en appel à la manifestation européenne du 22 mars prochain et dont nous vous diffusons le texte ci dessous.

La Marche des Solidarités réunie en Assemblée ce 26 janvier 2025 avec des collectifs et militant.es de la région parisienne, de Rennes, Lille, Rouen, Grenoble, Clermont-Ferrand, Besançon, St Brieuc, Marseille, Toulouse, Poitiers, Lyon, Montpellier :

Appelle à développer et élargir la mobilisation, notamment dans la jeunesse, aux côtés des collectifs de mineur.es isolé.es en lutte, à organiser des occupations et aider à la création de nouveaux collectifs.

Appelle à construire la lutte aux côtés des Collectifs de sans- papiers contre la loi Darmanin et la circulaire Retailleau, pour l’ ouverture de guichets en préfecture pour le dépôt de dossiers de régularisation et le renouvellement des titres de
séjour.

Appelle à préparer dès maintenant, avec nos collectifs, réseaux, syndicats, associations, foyers de travailleurs immigrés, lieux culturels et artistiques, etc. les conditions d’ une vague de luttes combinant tous nos répertoires d’ action (grèves, occupations, luttes dans les écoles, hôpitaux, universités…) pour obtenir des régularisations collectives, l’hébergement inconditionnel des sans-abris, la
reconnaissance des droits pour les mineur.es.

Appelle à des manifestations unitaires sur tout le territoire le samedi 22 mars contre le racisme et contre le fascisme, pour l’égalité des droits (papiers, logement, santé, école) de toutes et tous et la justice sociale.

FIN DU COMMERCE D’ARMEMENT AVEC ISRAEL

Mercredi 15 janvier 2025 : un accord de cessez-le-feu a été trouvé, après 15 mois d’une offensive génocidaire qui a fait au moins 45000 morts, selon les autorités palestiniennes et probablement plus de 70 000, selon le journal médical internationalement reconnu The Lancet. Pour en arriver là, Israël, a mis des moyens terrestres et militaires sans précédent, rasant quasiment la bande de Gaza.

Pour qu’Israël, en arrive là, il lui faut aussi des pays complices, pour lui vendre de l’armement. pour cette région, le plus gros fournisseur, se trouve être les États-Unis. Mais la France, n’est pas en reste, notamment sur les composants

Dans l’émission, de ce jour, nous allons parler de ce commerce des armes en direction d’Israël avec le collectif Stop Arming Israël France. Ce 18 janvier 2025 se tenait au Théâtre L’Échangeur de Bagnolet une rencontre intitulée : SOIRÉE DE SOLIDARITÉ AVEC LES ARTISTES PALESTINIENS. En début de cette soirée, Le collectif Montreuil Palestine organisait avec Les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, Stop Arming Israël France et la CGT Spectacle une réunion publique contre le commerce des armes avec Israël. Et c’est cette rencontre que nous vous proposons dans l’émission d’aujourd’hui.

Journée nationale d’action Stop Arming Israël jeudi 30 janvier 2025

Tractage auprès des travailleur.euses de l’armement Thales & Safran Massy (91) RDV 7 h 30 à Massy-Palaiseau (RER B) Sortie 1 Massy-Atlantis

Action légale, mais contrôle de police possible – prévoir une pièce d’identité

Appel Urgent des Syndicats Palestiniens : Mettre fin à toute complicité, Arrêter d’armer Israël. 

Israël a exigé que 1,1 million de Palestiniens évacuent la moitié nord de Gaza, tout en les soumettant à des bombardements constants. Cette mesure impitoyable s’inscrit dans le cadre du plan israélien, qui bénéficie du soutien indéfectible et de la participation active des États-Unis et de la majorité des États européens, visant à perpétrer des massacres odieux et sans précédent contre les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza et à procéder à un nettoyage ethnique de l’enclave. Depuis samedi, Israël bombarde intensivement et sans discernement Gaza et a coupé le carburant, l’électricité, l’eau, la nourriture et les livraisons médicales au territoire. Israël a tué plus de 2 600 Palestiniens, dont 724 enfants, rasant des quartiers entiers, éliminant des familles complètes et blessant plus de 10 000 personnes. Certains experts en droit international ont commencé à mettre en garde contre des actes génocidaires d’Israël.

Par ailleurs, le gouvernement israélien d’extrême droite a distribué plus de 10 000 fusils aux colons extrémistes de Palestine 48 et de Cisjordanie occupée, afin de faciliter leurs attaques et pogroms de plus en plus fréquents contre les Palestiniens. Les actions, les massacres et la rhétorique d’Israël indiquent son intention de mettre en œuvre une seconde Nakba, promise depuis longtemps, en expulsant autant de Palestiniens que possible – créant un “nouveau Moyen-Orient” dans lequel les Palestiniens vivraient perpétuellement soumis.

La réponse des États occidentaux a été un soutien complet et total à l’État d’Israël, sans même un semblant de respect du droit international. Ceci a augmenté le sentiment d’impunité d’Israël, lui donnant carte blanche pour mener sa guerre génocidaire sans aucune limite. Au-delà du soutien diplomatique, les États occidentaux fournissent de l’armement à Israël et sanctionnent les activités des entreprises d’armement israéliennes à l’intérieur de leurs frontières. 

Alors qu’Israël intensifie sa campagne militaire, les syndicats palestiniens appellent leurs homologues internationaux et toutes les personnes de conscience à mettre fin à toute forme de complicité avec les crimes d’Israël, en cessant de toute urgence le commerce d’armement avec Israël, ainsi que tout financement et toute recherche militaire. C’est maintenant qu’il faut agir – la vie des Palestiniens est en jeu. 

Cette situation urgente et génocidaire ne peut être évitée que par une augmentation massive de la solidarité mondiale avec le peuple Palestinien, qui seul peut freiner la machine de guerre israélienne. Nous avons besoin que vous agissiez immédiatement – où que vous soyez dans le monde – pour empêcher l’armement de l’État israélien et des entreprises impliquées dans l’infrastructure du blocus. Nous sommes inspirés par les mobilisations syndicales passées en Italie, en Afrique du Sud, et aux États-Unis, ainsi que des mobilisations internationales similaires contre l’invasion italienne de l’Éthiopie dans les années 1930, et contre la dictature fasciste au Chili dans les années 1970 et ailleurs, où la solidarité mondiale a limité l’ampleur de la brutalité coloniale.

Nous appelons les syndicats des secteurs concernés à: 

  1. Refuser de construire des armes destinées à Israël.
  2. Refuser de transporter des armes vers Israël.
  3. Adopter des motions en ce sens au sein de leur syndicat.
  4. D’agir contre les entreprises complices qui participent à la mise en œuvre du siège brutal et illégal d’Israël, en particulier si elles ont des contrats avec votre institution. 
  5. Faire pression sur les gouvernements pour qu’ils cessent tout commerce militaire avec Israël et, dans le cas des États-Unis, qu’ils cessent de le financer.

Nous lançons cet appel alors que nous assistons à des tentatives d’interdiction et de réduction au silence de toutes les formes de solidarité avec le peuple palestinien. Nous vous demandons de vous exprimer et d’agir face à l’injustice, comme les syndicats l’ont fait historiquement. Nous lançons cet appel, car nous sommes convaincus que la lutte pour la justice et la libération de la Palestine est non-seulement une lutte qui sera déterminée au niveau régional et mondial. C’est aussi un levier pour la libération de tous les peuples dépossédés et exploités du monde.

Fédération générale palestinienne des syndicats, Gaza. 

MORT D’ALASSANE SANGARÉ A FLEURY-MÉROGIS

Nous recevons dans notre émission, AMI et Djenaba ; les deux sœurs de Alassane Sangaré. Avec elles nous parlerons des raisons de l’incarcération d’alassane après un procès expéditif en correctionnelle, comment la famille a appris sans ménagement sa mort avec un retard d’un jour et demi, comment elle a réagit immédiatement pour connaître la vérité et démentir la version de l’administration pénitentiaire qui parle de suicide.

Mais avant, brossons rapidement le contexte ; le nombre de détenus en France a encore augmenté pour atteindre un nouveau record en janvier : 80000 personnes emprisonnées. La France figure parmi les pires pays en Europe en termes de surpopulation carcérale, juste avant Chypre et la Roumanie – selon une étude publiée en juin 2024 par le Conseil de l’Europe. Les conditions de détention y sont infectes et la longueur des peines infaisables, les perspectives noires. La population carcérale y est gérée comme des numéros.

Dans ces oubliettes modernes aux hauts murs, 125 prisonniers meurent chaque année de suicides ou de morts suspectes. Ces chiffres peuvent être largement sous-estimés. Ahfed benotman disait “Il ne faut pas parler de suicide en prison, il faut dire que la prison tue”, l’administration pénitentiaire est responsable de la sécurité des prisonniers qu’elle enferme. Quand il y a un mort, c’est qu’il y a eu manquement, que ce soit par des coups de co-détenus placés là par l’AP, par des matons ou de désespoir à en mourir.

Le risque de suicide est dix fois plus élevé en prison qu’en population générale chez les hommes et quarante fois plus chez les femmes. Le taux de suicide est sept fois plus élevé au cours de la première semaine d’incarcération.

L’année 2024 a été particulièrement meurtrière en matière de violences policières Avec 55 morts recensés l’année passée en France par le collectif «Désarmons-Les», c’est le nombre le plus élevé depuis plus d’un demi-siècle. Ces meurtres restent impunis. Alors si l’on rajoute les hauts murs, le combat pour la vérité est encore plus dur…

Quelques cas de morts suspectes récentes : Jules est mort au mitard de la maison d’arrêt de Seysses dans la nuit du 5 au 6 décembre 2020. Il avait 20 ans. L’administration pénitentiaire prétend qu’il s’est pendu, mais les prisonniers sont formels : Jules ne s’est pas suicidé. Ils sont très nombreux à témoigner, et c’est toujours la même équipe qui est mise

Le 9 août 2022, Romain Leroy, prisonnier longue peine, correspondant de l’Envolée, est mort. Il est mort d’une rupture de l’aorte. Il avait 38 ans.

En septembre 2020, Idir est mort de façon très suspecte au mitard (quartier disciplinaire) de la maison d’arrêt de Lyon Corbas.

Sambaly est mort en 2022 d’asphyxie après une agonie de trente-cinq minutes, les pieds entravés, les mains menottées dans le dos, bâillonné avec une serviette, écrasé sous le poids de quatre ou cinq matons

Le 9 octobre 2024, Robin Cotta, 22 ans, trouve la mort dans la cellule 504 du quartier des arrivants de la maison d’arrêt des Baumettes, frappé, assommé, puis froidement égorgé par un codétenu avec les tessons d’un bol en porcelaine.

Alassane Sangaré, est un homme noir de 36 ans. Il est mort le 24 novembre 2022 dans des circonstances suspectes à Fleury-Mérogis. Sa mort, intervenue cinq jours après son incarcération, est officiellement attribuée à un suicide, mais sa famille — sa mère et ses sœurs — refuse cette version et mène un combat acharné pour faire éclater la vérité. Elles dénoncent l’invisibilité des violences carcérales.

Rencontre : Journée contre la violence carcérale en soutien au Comité Vérité pour Alassane, samedi 1ᵉʳ février 2025 à 15h, Maison des Associations, 15 avenue Strathkelvin, 91100 Corbeil-Essonnes

https://www.instagram.com pouralassanesangare

Pierre Stambul ” Du projet sioniste au génocide “

Aujourd’hui dans cette émission nous vous diffusons la prise de parole de Pierre Stambul, membre de l’UJFP, qui avait lieu le samedi 18 à la libraire résistance autour de son ouvrage ” Du projet sioniste au génocide”. Avant cela, vous entendrez un court montage d’une partie des prises de paroles, qui ont eu lieu le jeudi 16 janvier lors du rassemblement organisé par Urgence Palestine à Stalingrad, contre la tenue d’un match de basket à Paris contre le Maccabi Tel Aviv, qui reviennent sur l’annonce du “cessez le feu” à Gaza du mercredi 15 janvier.

Droit au logement : La marche des réquisitions

À peine élu, Macron avait déclaré le 27 juillet 2017 : « la 1ère bataille, c’est de loger tout le monde dignement, je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, perdus, c’est une question de dignité, d’humanité». 7 ans plus tard, le nombre de sans-abris a plus que doublé et est passé de 143.000 à 330.000, celui des personnes privées de logement personnel est passé de 896.000 à 1.098.000… celui des demandes HLM de 2,2 à 2,7 millions de familles …

Pourtant la France compte 3,1 millions de logements vacants et 9 millions de mètres carrés de bureaux vacants soit 200 000 logements. L’Ile de France compte 416.000 logements vacants et Paris 116 000. 30 ans après l’occupation de la rue du Dragon, le 18 décembre 1994 et la dernière vague de réquisition qui s’en est suivie en 1995 (1200 logements réquisitionnés), l’État n’a plus le courage d’appliquer cette loi.

Partant de ce constat, le 5 janvier 2025 avait lieu “La marche des réquisitions”, pour dénoncer des immeubles vides dans Paris, et pour exiger : l’application de la loi de réquisition sur les immeubles vides, et l’abrogation de la loi Kasbarian et de toutes les lois et dispositifs qui pénalisent les occupants d’habitats de survie.

Sur la base des prises de paroles réalisées lors de cette manifestation, nous avons ensuite réalisé un interview avec Etienne, (militant du DAL), afin de revenir sur la question du la question des réquisitions, mais aussi sur l’ensemble des combats à mener au niveau du logement et en ce qui concerne plus particulièrement le logement social. Nous vous diffusons donc dans l’émission d’aujourd’hui un montage qui alterne entre les prises de paroles du 5 janvier et cet interview.

LIBEREZ GINO

Le militant antifasciste Gino est détenu à Fresnes, en attente de la décision concernant sa possible extradition en Hongrie. Il est accusé d’avoir participé en février 2023 à Budapest aux affrontements en marge du défilé néonazi Day of Honour (jour de l’honneur), qui accueille depuis 1997 des nostalgiques du Troisième Reich et de la mode Waffen-SS.

Un mandat d’arrêt européen a été émit à l’encontre de Gino et de ses camarades, accusés de « participation à une organisation criminelle » et de « coups et blessures provoquant un risque immédiat de mort », des délits passibles en Hongrie d’une peine maximale de seize années d’emprisonnement. Selon Mediapart, le mandat est la conséquence d’une agression présumée contre deux néonazi·es qui ont écopé d’une incapacité totale de travail (ITT) de cinq et six jours.

La SDAT (Sous-Direction Anti-Terroriste) a procédé à l’interpellation de Gino en région parisienne, afin de répondre avec zèle à la demande d’extradition formulée par les autorités hongroises, aux mains du gouvernement d’extrême droite de Viktor Orban. Pour la même affaire, d’autres militant.es antifascistes de plusieurs pays d’Europe ont été arrêté.es, emprisonné.es et ostensiblement torturé.es.

Le 15/01, s’est tenu le délibéré concernant la demande d’extradition de Gino, devant la Cour d’appel de Paris. La demande d’informations complémentaires demandée par la défense a été reçue positivement, pour une partie des demandes. La justice a pointé de graves « dysfonctionnements » en matière d’indépendance et d’équité dans le pays dirigé par Viktor Orbán. La Cour d’appel accède donc à la majorité de nos demandes de compléments d’informations au gouvernement hongrois. Ce dernier a maintenant deux semaines pour répondre.

La Hongrie doit :

Dans un premier temps, préciser les conditions de détention de Gino s’il est remis à la Hongrie. Dans un second temps, préciser les mesures concrètes prises pour garantir sa sécurité du fait de ses opinions politiques. Dans un troisième temps, préciser les garanties effectives pour protéger sa personne et garantir son droit à un procès équitable, notamment par rapport à l’indépendance et l’impartialité des tribunaux hongrois.

La Hongrie doit fournir ces documents sous 15 jours et la prochaine audience aura lieu le mercredi 12 février.

Néanmoins, convaincu.e.s qu’un régime qui soutient des évènements comme la Marche de l’Honneur ne peut en aucun cas garantir les droits des militant.e.s antifascistes comme Gino, la pression médiatique et politique doit continuer autour de cette affaire.

Pour cela et en appel à la journée de solidarité qui se tiendra le samedi 18 janvier à la Parole Errante, à Montreuil, nous vous diffusons aujourd’hui le podcast produit dans les studios de la parole errante par le comité de soutien de Gino : toutes vos prisons ne suffiront, précédé d’une mise en contexte produite par blast et intitulé la France au service des néo-nazis hongrois.

MARTINIQUE : Rien pour eux, libérez le « R »

Aujourd’hui, dans cette émission, nous revenons sur l’actualité en Martinique. Parce que, nous aussi, comme le Canard réfractaire, on ne lâche pas, on suit les luttes qui se passent. Dans un premier temps, vous pourrez écouter l’émission justement faite par le canard réfractaire que nous saluons et dans un deuxième temps, vous écouterez le reportage que nous avons réalisé en nous rendant à la manifestation Parisienne du 11 janvier à la gare Montparnasse en soutien à la lutte contre la vie chère et pour demander la libération du « R », de Rodrigue Petitot, président du Rpprac, le Rassemblement Pour la Protection du Peuple et des Ressources Afro-Caribéennes.

Vie chère aux Antilles : L’enquête de Libération met à jour les pratiques opaques et les marges exorbitantes de GBH

11 janvier 2025

— Par Sabrina Solar —

La question de la vie chère aux Antilles et les pratiques économiques des grandes entreprises locales, telles que le groupe GBH, fait l’objet d’une attention croissante non seulement dans les territoires d’Outre-Mer, mais aussi à l’échelle nationale. En ce début d’année, l’enquête publiée par le quotidien Libération, le 9 janvier 2025, a mis en lumière les pratiques controversées de cette multinationale martiniquaise, qui s’est imposée comme un acteur majeur dans plusieurs secteurs économiques, dont celui de l’automobile. Cette investigation est d’autant plus pertinente dans un contexte de crise sociale, où les hausses de prix et les inégalités économiques sont des sujets de débat intense.

L’enquête s’appuie sur des documents internes confidentiels obtenus grâce à un cadre supérieur de GBH, un des 170 managers ayant accès à ces informations sensibles. Ce dernier, travaillant depuis près de 20 ans dans la branche automobile du groupe, a fourni des éléments clés permettant d’exposer l’étendue des marges réalisées par GBH dans ce secteur. Selon les données révélées, les concessions automobiles de GBH en Outre-Mer génèreraient une marge nette de 18 à 28 % sur chaque véhicule vendu, soit trois à quatre fois plus que dans l’Hexagone pour des voitures similaires. Ce différentiel de prix est difficilement justifiable par les coûts d’approche, tels que le transport ou l’octroi de mer, que l’entreprise invoque fréquemment pour expliquer cette disparité. Selon les experts cités dans l’enquête, ces frais ne représenteraient que 15 à 20 % du prix de vente final, ce qui est bien loin de justifier de telles marges.

L’une des pratiques les plus controversées soulevées par l’enquête concerne les « marges arrière ». Ce terme désigne les remises de prix que GBH obtiendrait de ses fournisseurs à la fin de chaque année, en fonction des objectifs de vente atteints. Ces marges arrière, bien que le groupe les évalue à 5 à 7 % du chiffre d’affaires, sont largement contestées. Christophe Girardier, consultant indépendant et auteur de plusieurs rapports sur la distribution en Outre-Mer, estime que ces marges arrière pourraient atteindre jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires annuel de GBH. Ce mécanisme de remises influe directement sur les prix finaux payés par les consommateurs et contribue à l’augmentation artificielle des prix des biens de consommation courante dans les territoires d’Outre-Mer, dont la Martinique et la Guadeloupe. Cette situation devient encore plus problématique dans un contexte où les prix peuvent être jusqu’à 40 % plus élevés qu’en métropole, alimentant ainsi la crise sociale liée à la vie chère.

L’enquête va plus loin en exposant l’opacité financière du groupe GBH, qui fait l’objet de critiques récurrentes. Bien qu’il ait été contraint, après une action en justice, de publier ses comptes sociaux pour la période 2013-2018, ces documents ne permettent pas d’avoir une vision complète de la situation financière du groupe. En effet, ces comptes, publiés juste avant les fêtes de fin d’année 2024, ne sont que des comptes sociaux, un minimum légalement requis, et non des comptes consolidés. De plus, ces comptes ne détaillent pas les nombreuses filiales de GBH, rendant difficile toute analyse approfondie. Cette structure complexe et opaque permettrait au groupe de maximiser ses bénéfices tout en allégeant artificiellement les comptes d’exploitation de ses entités les plus rentables. Ce type de gestion est critiqué pour son manque de transparence et pour les effets néfastes qu’il a sur l’économie locale, où les marges excessives engendrent une pression insoutenable sur le pouvoir d’achat des populations.

L’enquête de Libération n’intervient pas seulement dans le cadre d’une crise sociale, mais aussi dans un contexte judiciaire. En effet, plusieurs lanceurs d’alerte ont porté l’affaire devant le tribunal de commerce de Fort-de-France, exigeant la publication complète des comptes financiers de GBH, notamment les comptes consolidés et ceux des différentes filiales. Après deux renvois, le dossier du groupe sera examiné à nouveau le 23 janvier 2025. Ce jour-là, le tribunal devra déterminer si le groupe respecte ou non les obligations légales en matière de transparence financière et s’il y a lieu de prononcer une amende pour non-publication des comptes en bonne et due forme.

En parallèle de cette enquête, la réaction des autorités publiques ne s’est pas fait attendre. Jean-Christophe Bouvier, le préfet de la Martinique, a réagi sur les ondes de Martinique la 1ʳᵉ, en déclarant que les informations diffusées par Libération allaient être prises en compte pour mener des investigations supplémentaires. Il a annoncé qu’il allait interroger les services de contrôle de l’État pour vérifier s’il existe des infractions à la législation sur les prix, et si des investigations approfondies devraient être menées pour faire respecter les règles de la concurrence. Ces déclarations témoignent d’une volonté d’agir face à des pratiques jugées déloyales et nuisibles à l’économie locale.

Cette affaire soulève des questions bien plus larges sur les pratiques économiques dans les territoires d’Outre-Mer. Les abus de marges et les mécanismes opaques qui permettent aux grandes entreprises de maximiser leurs profits au détriment des consommateurs sont devenus des sujets de préoccupation majeurs. Plusieurs rapports, dont celui remis à Emmanuel Macron en décembre dernier, ont appelé à une régulation plus stricte pour instaurer une concurrence non faussée et encadrer les marges arrière des distributeurs. Le rapport, élaboré par Pierre Egéa, juriste reconnu, et Frédéric Montlouis, consultant, plaide pour un contrôle renforcé afin de garantir des prix justes et équitables pour les habitants des Outre-Mer, qui subissent les effets de ces pratiques depuis trop longtemps.

La publication de l’enquête de Libération, couplée à la perspective de l’audience judiciaire à venir, marque un tournant dans la lutte contre les pratiques commerciales excessives dans les Outre-Mer. Elle met en lumière l’urgence d’une régulation stricte et d’une plus grande transparence des entreprises opérant dans ces territoires, où la crise de la vie chère reste un problème central. Il appartient désormais aux autorités judiciaires et politiques de prendre des mesures concrètes pour protéger les consommateurs et rétablir une concurrence équitable.

*****
La réaction du Groupe Bernard Hayot 

Le Groupe Bernard Hayot (GBH) a réagi à la suite de la parution d’un article dans le journal Libération le 9 janvier 2025, intitulé « les profits suspects du Groupe en Outremer ». Dans un communiqué publié le lendemain, l’entreprise a exprimé son mécontentement, affirmant que l’article reposait sur des « accusations infondées » et s’appuyait sur les propos de ses « détracteurs habituels » ainsi que d’un ancien salarié motivé par « un esprit de vengeance ». Le Groupe dénonce également ce qu’il considère comme une tentative de déstabilisation et se défend d’atteindre des marges excessives.

La réponse du Groupe Bernard Hayot
Le Groupe Bernard Hayot a réagi vivement après la publication de l’article de Libération pointant ses profits jugés suspects dans les départements d’Outre-mer. Le communiqué du groupe, diffusé le 10 janvier 2025, critique l’orientation de l’article et dénonce des accusations sans fondement. Selon le Groupe, ces attaques sont alimentées par des sources qui n’ont aucunement pris en compte les explications détaillées fournies en réponse aux questions du journaliste avant la publication.

Des marges jugées raisonnables
Concernant les marges pratiquées dans le secteur de la grande distribution alimentaire, GBH défend ses pratiques, en soulignant que ses marges sont comparables à celles pratiquées en métropole. En ce qui concerne l’activité automobile, le Groupe met en avant les importants investissements financiers requis pour gérer les stocks de véhicules neufs et de pièces de rechange, précisant que ces pratiques sont communes aux opérateurs internationaux.

Une concurrence dynamique
Concernant la question de la concurrence, GBH rejette l’idée d’une position dominante. Le Groupe explique que les marges ont été particulièrement serrées ces dernières années, créant des difficultés pour de nombreux acteurs du marché, et souligne la dynamique concurrentielle accrue avec l’arrivée des constructeurs chinois et la redistribution des portefeuilles de marques. GBH insiste sur le fait que le marché est loin d’être figé.

L’origine du problème de la vie chère
Enfin, le Groupe conclut que le problème de la vie chère en Outremer est bien plus ancien que la création de GBH et est fondamentalement lié à des facteurs structurels, notamment l’éloignement géographique. Le Groupe rappelle que dès 1952, bien avant sa fondation, l’État avait déjà instauré une prime de vie chère pour ses fonctionnaires.

BILAN 2024, PERSPECTIVES 2025

crédit photos : https://www.flickr.comphotos/119524765@N0albums

Dans l’émission de ce jour et pour ce premier direct de l’année 2025, nous souhaitions faire un bilan de l’année écoulée et voir quelle serait les perspectives pour cette nouvelle année, que nous vous souhaitons la meilleure.

Nous avons procédé de manière chronologique et avec les archives 2024 de l’actualité des luttes. Nous avons choisi d’aborder plusieurs thématiques qui vont de la Palestine à l’Ukraine, de la dissolution en France aux JO, de la lutte des mineurs isolés en passant par les luttes environnementales et bien d’autres sujets et nous vous laissons le soin de découvrir.

Bonne écoute !

Ukraine-Gaza, regards croisés

crédits Photos: Florimage et CA

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une partie de la conférence-débat : Ukraine-Gaza, regards croisés.

Le mardi 3 décembre 2024, l’équipe du Crash a eu le plaisir de recevoir Julia Grignon, Jean-François Corty et Rony Brauman pour une conférence-débat à l’occasion de la sortie du dernier numéro de la revue Alternatives Humanitaires : « Ukraine-Gaza, regards croisés » dans lequel praticiens et observateurs de l’humanitaire vont partager leurs analyses. 

Le conflit israélo-palestinien, violemment réactivé à la suite des attaques terroristes orchestrées par le Hamas le 7 octobre 2023, a presque remisé au second plan le conflit russo-ukrainien[1]. Les regards du monde entier se sont alors en effet tournés vers cette étroite langue de terre coincée entre Israël, l’Égypte et la mer Méditerranée qu’est la bande de Gaza.

Une attention évidemment compréhensible, lorsque l’on constate le nombre élevé de victimes essentiellement civiles qu’a entraîné le conflit depuis lors. Pourtant, la crise engendrée par l’agression russe de l’Ukraine le 24 février 2022 n’a rien perdu de son ampleur : six millions de réfugiés sont encore en dehors du pays, tandis que cinq millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de celui-ci[2]. La « disparition » du conflit russo-ukrainien a amené le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à se démener pour maintenir l’attention médiatique et politique alors que les combats s’enlisent, et que grandit sa crainte d’une diminution du soutien international en réponse à l’invasion russe[3].

À vrai dire, si le conflit israélo-palestinien semble avoir relégué dans l’oubli la grande majorité des situations de violence armée en cours dans le monde – y compris le conflit russo-ukrainien donc –, il faut se souvenir que celui-ci avait produit le même effet lorsqu’il avait éclaté en 2022. Et il faut rappeler également que, de l’Afghanistan au Soudan en passant par la Birmanie, le Yémen, la République démocratique du Congo, la Centrafrique ou encore Haïti, les « crises oubliées » ont été de tout temps en nombre bien plus élevé que les « crises médiatiques ».

Qu’ont donc de particulièrement révoltant, inquiétant et révélateur ces deux conflits à Gaza et en Ukraine ? Des conflits qui par ailleurs – et c’est une donnée majeure – témoignent d’une concurrence et d’arbitrages aussi bien dans les budgets militaires (des acteurs directs et de leurs soutiens) qu’humanitaires (ressources limitées des bailleurs), lesquels ne font qu’ajouter à la tension et à la relégation que subissent les autres crises humanitaires dans le monde.

De toute évidence, nous ne sommes pas là dans une situation « classique » d’élan compassionnel et médiatique qui disparaitra avec la prochaine crise majeure : ces deux conflits nous interpellent parce qu’ils disent quelque chose de la géopolitique actuelle, d’une certaine forme de reconfiguration du monde, des usages du droit international humanitaire (DIH) et de la place accordée aux acteurs humanitaires par les belligérants.

De l’Ukraine à Gaza, deux guerres « en concurrence »[4] se déroulent de façon simultanée aux frontières de l’Europe et au Proche-Orient. Les terrains et les actions militaires sont très différents, les acteurs directement impliqués aussi, mais dans les deux cas, sur les écrans de télévision, les images de guerre se suivent, se ressemblent et se confondent presque. Rien n’évoque plus un massacre de civils qu’un autre massacre[5]. Le traitement médiatique de ces deux conflits opère parfois un parallèle où la complexité de la situation laisse place à l’émotion[6] et une comparaison dangereuse de la compassion des uns et des souffrances des autres[7].

Du Donbass au Proche-Orient – mais on peut associer la situation dans le Caucase (Haut-Karabagh) –, on assiste à des guerres à la fois globales et de proximité : elles éclatent et se répondent sur une courte période, dans un périmètre euroméditerranéen restreint, enjeu d’une nouvelle compétition de puissances dont on pressent qu’elle peut aboutir à un embrasement et à une reconfiguration majeure du monde tel que nous le connaissons.

Les acteurs humanitaires doivent donc s’interroger sur ce monde qui peut se dessiner et sur le rôle qu’ils peuvent y jouer avec les limites que ces conflits auront peut-être tracées. C’est qu’ils recouvrent par ailleurs une dimension non seulement territoriale, mais aussi identitaire et sociale, puisqu’ils renvoient à la catégorie des « guerres existentielles » qui relient leurs peuples à un traumatisme collectif : Shoah chez les Israéliens, Nakba chez les Palestiniens, Holodomor chez les Ukrainiens, sans oublier Medz Yeghern (« grand carnage ») chez les Arméniens. La mémoire des génocides et d’autres tragédies – on pense à la mémoire coloniale – traverse les esprits et les générations[8].

Le drame que traverse le Proche-Orient et les craintes d’une extension du conflit font écho à la sidération qui avait saisi le monde en février 2022 en Ukraine. Mais ils ne font aussi que renforcer les questions que les deux situations, comme en miroir, font surgir dans un contexte évident de résurgence des conflits de haute intensité et à forte mortalité. De nombreux analystes l’avaient annoncé, notamment dans le numéro que la revue Alternatives Humanitaires avait consacré au DIH[9].

C’est pour participer à la nécessaire réflexion sur la réponse humanitaire apportée aux conséquences des conflits israélo-palestinien et russo-ukrainien autant qu’à ce qu’ils risquent d’engendrer que la revue Alternatives Humanitaires a décidé de leur consacrer ce numéro vraiment spécial, puisqu’il leur est entièrement réservé. L’appel à contributions a été lancé en janvier de cette année, mais sa pertinence se confirme jour après jour à l’aune des évolutions respectives de ces deux conflits qui se font violemment écho.

Ce numéro invite à opérer un regard croisé, à distance des prises de position politiques qui, si elles ont toute leur légitimité, disposent d’autres espaces éditoriaux pour s’exprimer. Notre but est de jeter un pont analytique entre ces deux conflits, pour mettre en perspective la véritable déflagration qu’ils représentent dans le secteur humanitaire et toutes les remises en cause qu’ils engendrent, la façon dont les acteurs humanitaires font face et s’adaptent[10], les difficultés rencontrées et les moyens mis en œuvre pour les surmonter et améliorer le sort des victimes. Qu’est-ce que les conflits israélo-palestinien et russo-ukrainien changent et confirment pour le secteur humanitaire ? Comment amènent-t-ils à revoir les manières de travailler, à questionner l’ensemble des principes humanitaires, quels débats ont-ils suscité dans le milieu des ONG humanitaires[11] ? Ce sont ces questions qui nous ont guidés pour retenir les contributions qui composent ce dossier. Les unes et les autres expriment des avis parfois différents, toujours complémentaires et respectables. Nous espérons qu’elles apportent des réponses, à tout le moins de la réflexion, pour mieux comprendre les enjeux que ces deux guerres soulèvent pour le présent et le futur de l’action humanitaire.

Tous nos remerciements à Vincent Léger et Pierre Gallien, membres du Comité de rédaction, pour leur travail sur la première version de la problématique de ce dossier.

Meeting de mobilisation à l’occasion de la journée internationale des migrant.e.s

Plus de 300 organisations appelaient à la mobilisation du 14 au 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrant·es : contre le racisme d’État.

Cela permet de renforcer les collectifs de lutte, les réseaux de solidarité et les syndicats, faire de chaque quartier, chaque lieu de travail ou d’étude des zones de solidarité, s’organiser partout pour l’égalité des droits et contre le racisme !

Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons les morceaux choisis du Meeting qui se déroulait ce 18 décembre 2024 à la bourse du travail de Paris.

Dans un premier temps, nous entendrons les collectifs en lutte, entre autres des jeunes du parc de Belleville qui occupent la Gaîté Lyrique depuis le 10 décembre…

Dans un second temps, une analyse sur la situation européenne avec notamment l’Anafé sur la sélection des migrants en zones d’attente (hot spots) et les politiques de fermeture des frontières européennes

RETOUR SUR LES RÉVOLTES SUITE A LA MORT DE NAHEL ET LES RÉPONSES DE L’ÉTAT

Lors de l’enregistrement de l’émission,mercredi 11 décembre, l’Actualité des Luttes s’est penchée sur le bilan des révoltes et la réponse du gouvernement suite au meurtre du jeune Nahel Merzouk, 17 ans, tué par un policier le 27 juin 2023 à Nanterre. Afin de comprendre les événements et la réponse politique qui en a été faite, nous avons analysé le déroulé jour par jour de la semaine de révolte, la répression, ainsi que les réponses politiques et gouvernementales à ce mouvement. 

Au cours des sept nuits de révoltes, on compte trois autres personnes décédées en lien direct ou indirect avec les mouvements de protestation, 672 communes touchées, plus de 800 millions d’Euros de dégâts, des milliers de bâtiments incendiés et environ 3500 interpellations dont un tiers étaient mineurs aux moments des faits et une majorité n’avait pas de casier judiciaire. 

Le 9 avril 2024, la commission des lois du Sénat rendait publique “25 propositions pour tirer les leçons d’une réponse opérationnelle des pouvoirs publics qui a été effective, mais qui s’est révélée en partie inadaptée à ces émeutes et à leurs enjeux“. 
Un rapport uniquement sécuritaire et répressif, qui a totalement omis des questions comme les discriminations, le racisme, la précarité et les conséquences de la loi Cazeneuve de 2017, “permis de tuer” pour les policiers en cas de refus d’obtempérer. 

Nahel, un jeune de 17 ans, tué par un policier à Nanterre le 27 juin 2023, dès le lendemain des émeutes éclatent à Nanterre, puis le surlendemain partout en France.

2005 à l’époque la révolte a été circonscrite aux banlieues des grandes villes et surtout en région parisienne. En 2023, des émeutes éclatent dans des petites villes de 4/5000 habitants, où des commissariats sont attaqués à coup de cocktails Molotov, des bureaux de tabac pillés, des voitures cramées. Une révolte généralisée qui dure 5/6 nuits, avec attaques des flics à coup de mortier, dégradation de bâtiments publics ou de banques, pillages de magasins, avec souvent redistribution à la population, comme cela s’est passé à Caen dans 3 quartiers populaires.

Le ministère de l’intérieur comptabilise 23 878 feux, 12 000 véhicules incendiés, 2 500 bâtiments publics dégradés dont 273 locaux de police et gendarmerie, 105 mairies, 168 écoles. Le Medef parle d’un milliard d’euro de déficit pour les entreprises suite aux dégradations. Par comparaison pendant le mouvement contre la réforme des retraites qui a duré plusieurs semaines, il y a eu 299 attaques contre institutions publiques. Cela montre le degré d’intensité de ces quelques nuits de révoltes et partout en France.

La répression a fait énormément de blessés par tir de flashball et grenades de désencerclement, d’interpellation et d’incarceration.

Des corps de police et de militaire sont intervenus. Le GIGN et parfois le RAID était présent, ainsi que beaucoup de drones. En France, on compte 1 300 interpellations, suivies de 762 condamnations à une peine ferme, en moyenne de 8 mois d’incarcération. Des transports arretée et les stations services fermées.

Depuis les émeutes les caméras de surveillances se sont multipliées.

La loi de février 2017, portant sur le « refus d’obtempérer », dernière loi sécuritaire du quinquennat Hollande, l’article L435-1 autorise les flics et les gendarmes « à faire usage de leurs armes ». Cette loi a multiplié par cinq le nombre de victimes qui ont refusé de se conformer.Depuis 2017, le nombre de cas de recours à la force meurtrière par des policiers à la suite d’un « refus d’obtempérer », c’est-à-dire un refus d’obéir à une injonction de la police d’arrêter le véhicule (généralement pour un contrôle d’identité ou en raison d’une petite infraction au Code de la route) a été multiplié par cinq. Les données du ministère de l’Intérieur montrent bien que le nombre d’utilisations d’armes à feu contre des personnes se trouvant dans des véhicules en mouvement a fortement augmenté depuis 2017. Or, le simple fait qu’une personne résiste à une arrestation ou tente de s’enfuir, sans mettre en danger la vie de quiconque, n’est pas une raison suffisante pour justifier l’utilisation d’une arme à feu.

La répression judiciaire et carcérale se sont rapidement rendues opérationnelles : le garde des Sceaux a exigé des parquets « une réponse rapide, ferme et systématique » aux actes de délinquance commis au cours des révoltes urbaines. Comme en 2005, il demande aux procureur⋅es de communiquer sur la répression :La circulaire demande aussi aux tribunaux d’ouvrir de nouvelles salles d’audience pour pouvoir juger — y compris le week-end — les très nombreuses personnes arrêtées. Le message est passé. À Grenoble, par exemple, deux audiences de comparutions immédiates sont ouvertes le dimanche 2 juillet pour juger une trentaine de personnes jusqu’après minuit. Le ministre a rendu hommage à la fermeté à l’obéissance des procureurs généraux et s’est félicité du taux de 95% de condamnations, des 1 300 déferrements au parquet, des 905 comparutions immédiates et des 742 peines d’emprisonnement ferme prononcées dans ce contexte de révoltes. la plupart des personnes jugées avaient un casier vierge et des garanties de représentation

«Dans une société hiérarchisée, on ne parle pas aux policiers comme à des égaux, on obtempère.» Ce sont les mots d’une procureure à Marseille, lors du procès de personnes arrêtées dans les rues de la ville, un soir de révolte. Cette magistrate a défini en une phrase ce qu’est une société fasciste, un État policier. Loin, très loin, des principes d’abolition des privilèges, d’égalité devant la loi, principes qui sont théoriquement la base de cette «République» dont parlent tant nos élus.

En seulement 4 nuits de révolte, la police a arrêté au moins 3200 personnes. Des rafles de masse, souvent au hasard. Et des arrestations systématiquement suivies d’une comparution immédiate, c’est-à-dire un jugement immédiatement après la garde à vue, conformément à la demande du ministre de la Justice Dupont-Moretti. Des procès expéditifs, sans préparation, sans preuve, expédiés en quelques minutes. Une justice d’abattage, de classe, raciste.

Une justice qui a pour consigne d’incarcérer le maximum d’indésirables, de les terroriser. Lors de ces procès, les procureurs parlent de «peines pour l’exemple», destinées à «dissuader les autres». Ce mardi, 350 personnes ont déjà été envoyées derrière les barreaux, selon le Ministre de la justice. Et cette véritable exécution judiciaire continue chaque jour dans les tribunaux.

Parmi les nombreux cas : un homme contrôlé en scooter avec un paquet de fromage récupéré dans un Monoprix. Il prend un an de prison ferme pour «recel». Un autre a été retrouvé par la police avec une cannette de Redbull, elle aussi volée dans un magasin qui avait été dégradé. 10 mois ferme. Pour une canette.

Trois hommes, sans antécédents judiciaires, ont ramassé des pantalons Hugo Boss devant le magasin après qu’il ait été cassé. Les vidéos montrent qu’aucun d’eux n’est entré dans le magasin. La Procureure demande de la prison ferme. «Les trois hommes ont sans doute touché les objets, mais rien n’indique qu’ils les aient pris» précise Rafik Chekkat. Un lycéen part immédiatement derrière les barreaux.

Un homme de 58 ans est jugé pour «recel» pour avoir ramassé des objets au sol trois heures après un pillage. Il est jugé coupable et condamné à une peine d’un an de prison ferme. «Du jamais vu» écrit l’avocat.

Trois hommes qui ne se connaissent pas, mais qui ont été arrêtés ensemble, selon les policiers, dans un magasin Monoprix, sont jugés ensemble. Ils n’ont rien volé. Il n’y a pas de témoins ni de vidéos. Seuls les procès verbaux de la police font foi. Prison ferme.

Au tribunal de Nanterre. «De très jeunes hommes, issus des quartiers populaire des Hauts-de-Seine, français, et en majorité noirs ou maghrébins» comparaissent à la chaîne, explique Médiapart.

Yamadou, 21 ans a été arrêté avec un feu d’artifice. Il est ouvrier, il rentrait du travail. Il a été attrapé par la police après avoir fait tomber son téléphone. «Ma grosse erreur, c’est d’avoir pris le feu d’artifice. Il était par terre, à côté de la mairie», il dit avoir tiré «vers le ciel». Deux membres de sa famille ont subi de graves violences policières. Quand il avait 17 ans, son cousin a pris six balles par des policiers, et a été indemnisé. Les tireurs n’ont jamais été condamnés. Selon les magistrats, c’est un indice de culpabilité : il aurait «voulu se venger». Yamadou n’a pas de casier. «C’est dur de s’en sortir de là d’où je viens» dit-il. «Au vu du contexte», le procureur demande de la prison ferme. Il part le soir même en détention.

Yvan, 18 ans, est accusé d’avoir brûlé une poubelle. Il dit qu’il se baladait dans le quartier. Il a été arrêté à côté d’un mineur qui avait un briquet. Une «destruction en réunion, une circonstance aggravante» pour le procureur, qui réclame une peine de huit mois de prison, avec mandat de dépôt.

Un autre, accusé de tir de mortier, se voit sermonner : «Il faut avoir confiance dans les institutions !» par le procureur, qui réclame deux ans de prison, dont un an ferme avec mandat de dépôt. Voilà pour la confiance. Il part en prison dès la fin de l’audience.

Et ce ne sont que quelques exemples, parmi des centaines d’autres, de la violence inouïe qui s’est joue dans le calme des salles d’audience. Des juges, tranquillement installés dans leurs fauteuils, détruisant des vies de jeunes hommes accusés d’avoir réagi à l’exécution d’un adolescent par un policier. L’écrasement est total : humiliations, racisme, violences policières, et peines extrême pour ceux qui osent relever la tête. Pendant que les criminels en col blanc ou en uniforme sont systématiquement impunis et protégés.

Il y a ceux qui marchent sans honte, qui punissent les classes populaires en supprimant d’un coup de plume les transports en commun, les kermesses, les fêtes d’école, les spectacles, le mot République à la bouche et à en vomir, une République d’ordre fait d’injonctions, de menaces et de lois liberticides et qui en redemande toujours et encore ; ce mélange obscène de politiciens réactionnaires bouffis de mépris, de fachos et de milices prêtes à en découdre. Sourde aux cris de colere d’une jeunesse, d’habitants qui veulent vivre.
 Cela ne suffit pas. Il faut une justice « rapide, ferme et systématique [5] » prête à envoyer des centaines de révoltées en prison [6] ; prête à criminaliser la moindre opposition : Gilets jaunes, écologistes, manifestant.e.s contre la réforme des retraites…

CONTRÔLE DES RÉSEAUX SOCIAUX

La scène se déroule à l’Assemblée nationale, le lundi 10 juillet. Auditionnée, Sarah Bouchahoua, responsable des affaires publiques de Snapchat en France, a fait une troublante confidence. Elle a affirmé que Snapchat a travaillé main dans la main avec le ministère de l’Intérieur afin de ne plus laisser apparaître, sur la Snap Map, que des photos et vidéos critiques envers les émeutes et les émeutiers.
“Nous avons travaillé conjointement avec le ministère de l’Intérieur et différentes autorités afin d’essayer d’endiguer le plus rapidement possible les différents dérapages qu’on a pu apercevoir sur le terrain […] et pour le coup, l’ensemble des stories publiées sur la map, c’était vraiment des utilisateurs de Snapchat, à la fin, qui se plaignaient des émeutes et des conséquences des émeutes, a affirmé Sarah Bouchahoua. Nous sommes fiers d’avoir pu participer et collaborer entre le privé et le public afin de protéger nos utilisateurs le plus rapidement possible”.

Les habitants du quartier ont été punis collectivement, pas de transport en commun pendant de longs mois, la réfection des constructions détruites a mis un temps fou, pour garder visible les raisons de la punition.

Punir la famille en sanctionnant les parents des émeutiers en les privant de logements sociaux et d’allocations familiales.   

Les festivités normalement présentes pendant l’été ont été annulées, notamment le 14 juillet.

Ces émeutes ont été un peu mieux perçues que celles de 2005, car il existait une colère globale après les manifs sur les retraites et Sainte Soline, qui peut aider à mieux comprendre ce mouvement.

C’est une continuité avec les autres mouvements. Toutes les actions que se soient écolo, émeutes, GJ, anti retraite, devraient se nourrir les unes les autres. Pour l’instant ces différents mouvements ne se regardent pas vraiment, ils restent très séparés.

POUR POURSUIVRE : Souffler sur les braises…Entretien enflammé avec des révolté-es pour Nahel. Aïwa crew. Calvados, été 2023 .Florilège des révoltes suite à l’assassinat de Nahel

Journal de bord de Gaza

Rami Abou Jamous est un journaliste palestinien. Il tient depuis février 2024 son Journal de bord de Gaza sur Orient XXI, pour lequel il a obtenu, en octobre 2024, le prix Bayeux des correspondants de guerre dans la catégorie presse écrite, ainsi que le prix Ouest-France. Jeudi 28 novembre dernier, au Lieu-dit, avait lieu la soirée de lancement de cet ouvrage publié aux éditions Libertalia en présence de Leïla Shahid et l’équipe d’Orient XXI. Aujourd’hui, nous vous diffusons donc un montage réalisé autour des prises de paroles qui s’y sont tenues, accompagné de la lecture de quelques extraits du livre.

” Vivre sous une tente, c’est endurer une chaleur d’enfer pendant la journée, avec des mouches qui pénètrent à l’intérieur et n’arrêtent pas de vous agacer. Et la nuit, c’est l’inverse : il fait froid. Il faut mettre deux ou trois couvertures. C’est se réveiller en ayant mal partout, parce qu’on dort sur un sol déformé. Vivre sous une tente, c’est dépendre de l’aide humanitaire et ne manger que des boîtes de conserve. C’est chercher tous les jours un endroit pour charger nos téléphones et nos lampes rechargeables. Vivre sous une tente c’est faire la queue pour l’eau et la nourriture. Pour faire la cuisine, il faut un four en argile et du bois. Quand on n’a pas de bois, on utilise n’importe quoi. Beaucoup de gens brûlent des cartons ou du plastique. On respire presque toute la journée cette fumée de plastique. On fait la lessive dans les seaux, on porte les mêmes vêtements trois ou quatre jours pour économiser l’eau. Pour les toilettes, on creuse un trou. Vivre sous la tente, c’est surveiller en permanence les insectes, les serpents, les scorpions. C’est une vie d’humiliation.
Mais cette tente est le symbole de la résilience palestinienne. Nous en avons fait un symbole politique, pour dire que nous allons rentrer chez nous.

Parce qu’un jour, tout cela va s’arrêter. “

La surincarcération, une réponse sécuritaire

Nous avons invité L’OIP (l’Observatoire International des Prisons) pour parler du durcissement constant des politiques pénales, que les gouvernements successifs accentuent, conduisent déjà à des niveaux de surpopulation carcérale sans précédent : plus de 127% d’occupation en moyenne dans les prisons françaises ; près de 154% dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérées près de sept personnes détenues sur dix, en attente de jugement ou condamnées à des peines inférieures ou égales à deux ans ; plus de 200% dans au moins dix-sept quartiers de détention. Les conditions de détention sont de plus en plus indignes, avec des personnes détenues qui s’entassent à deux ou trois dans des cellules exiguës, et 3 609 d’entre elles qui dorment sur des matelas de fortune posés à même le sol[1]. L’accès aux soins, aux activités et à l’accompagnement est toujours plus illusoire, aux antipodes de l’objectif de réinsertion fixé par la loi. Les conditions de travail du personnel pénitentiaire sont si dégradées que les vacances de poste sont légion.

La seule réponse face aux désastre des politiques pénales consiste à construire de nouvelles prisons, cette politique immobilière n’a fait que permettre d’incarcérer toujours plus. Chaque mois la Franc explose son record de taux d’incarcération. Entre 1990 et 2024, le nombre de places de prison a augmenté de 25 152, et celui des personnes détenues de 30 477. Les prisons françaises enferment déjà près de 4 000 personnes de plus que le nombre de places prévu à l’horizon 2027. En phagocytant le budget de l’administration pénitentiaire au détriment de la rénovation des prisons déjà existantes, du développement des dispositifs d’insertion et de l’accompagnement des personnes détenues, cette politique est en outre largement contre-productive. Le nombre de prisonniers pour 100 000 habitants et la durée de détention moyenne ont doublé en quarante ans – sans rapport avec les courbes de la délinquance. Que toujours plus de comportements sont passibles d’emprisonnement et que les peines encourues ne cessent de s’alourdir. Et malgré les faits l’opinion publique, matraquée par les mensonges médiatiques est amenée à penser que la justice comme trop laxiste, au diapason de la plupart des professionnels du secteur. Il vous appartient d’œuvrer à faire connaître ces tendances. Le gouvernement parle à la place des français « les Français demandent » alors qu’ils reflètent surtout les fantasmes d’une partie de la classe politique. « Les Français demandent […] à ce que les peines soient réellement exécutées », dites-vous, suggérant que ce n’est pas le cas alors que 95% des peines de prison ferme sont mises à exécution, d’après le ministre de la Justice. La loi pose au contraire l’aménagement des fins de peines comme un principe, destiné à faciliter la difficile transition entre détention et liberté, pour le plus grand bénéfice de la société. deux tiers des personnes détenues condamnées sortent de prison sans y avoir accédé.

Deux mutineries quasi simultanées, le 28 septembre 2024, ont rappelé l’ampleur des tensions qui s’accumulent dans les prisons françaises, toujours plus surpeuplées.
À la maison d’arrêt de Nîmes, une centaine de prisonniers ont refusé de regagner leurs cellules pendant plus de quatre heures, le 28 septembre, pour dénoncer des conditions de détention inhumaines. Cette prison est par ailleurs infestée de rongeurs et de punaises de lit : 267% d’occupation au quartier hommes, où des matelas au sol ont été installés dans presque toutes les cellules. Le même jour, une mutinerie éclatait au quartier centre de détention de Majicavo (Mayotte), où la surpopulation, chronique, atteint là aussi 267%.

UKRAINE: à la croisée des chemins

L’Ukraine, qui comptait 50 millions d’habitants à la fin du XXe siècle, n’en comptait qu’un peu plus d’une trentaine à la fin de l’année 2023. Depuis l’invasion à grande échelle des forces armées de Vladimir Poutine en février 2022, 6,4 millions de personnes se sont réfugiées à l’étranger et 4 millions d’entre elles sont déplacées : un exode supérieur en nombre à celui de mai-juin 1940 en France.

Depuis cette date, des dizaines de millions d’obus, (dont 3 à 5 millions d’origine nord-coréenne), 13 000 drones (dont plus de 2000 Shahed), 10 000 missiles (dont 1600 venus de Corée du Nord) et plus de 30 000 bombes planantes guidées (qui peuvent peser jusqu’à trois tonnes), ont été envoyés sur le territoire ukrainien,
sans parler des bombes au phosphore et des bombes thermobariques.

La vie de millions d’Ukrainiens a été dévastée jour après jour, nuit après nuit par cette guerre industrielle, totale et à caractère génocidaire menée contre cette population, sa culture, son histoire et qui lutte une fois encore pour sa survie. À l’automne 2024, les victimes civiles et militaires des deux bords atteignaient le nombre d’UN MILLION.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’actualité des luttes reçoit aujourd’hui Jean-Marc Royer qui, dans ses carnets de guerre, raconte et analyse, de par ses voyages fréquents en Ukraine, l’invasion à grande échelle de 2022, et ses conséquences en Europe. Nous avons abordé les récents évènements sur le terrain (bombardements russes et reculs de l’armée ukrainienne dans l’est) les manquements de l’aide occidentale et la faillite intellectuelle de la gauche européenne.

UNE VIOLENCE ÉMINEMMENT CONTEMPORAINE

Nous rediffusons une émission de l’actualité des luttes de 2010 ou Jean-Pierre Garnier ; sociologue, urbaniste, présentait son dernier ouvrage : Une violence éminemment contemporaine. Déjà 14 ans et pourtant le travail d’analyse de Jean-Pierre Garnier reste d’une grande actualité.

Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires

Synthèse de quarante ans d’observation des réalités urbaines et d’analyse critique des discours dont elles font l’objet, ce recueil montre comment la gestion politique des villes nourrit les appétits économiques de la bourgeoisie désormais « mondialisée » et les aspirations culturelles des néo-petits bourgeois.

D’un côté, des espaces « requalifiés » réservés aux gens de qualité, et de l’autre des couches populaires reléguées à la périphérie.
« Violences urbaines », « crise du logement », « relégation » et « gentrification » sont autant de symptômes dont le « traitement », de plus en plus sécuritaire, est voué à l’échec.

Du moins tant qu’on se refusera à reconnaître la nature du conflit fondamental qui oppose les citadins ordinaires à ceux pour qui l’espace urbain est une source de profit, sinon de valorisation de leur capital culturel par la colonisation des quartiers populaires bien situés. Et tant qu’on voudra donner l’illusion qu’on peut réconcilier par magie les contraires au moyen d’arguties et d’innovations ­langagières, violence symbolique ne faisant que redoubler celle, bien réelle, qui s’exerce sur les dépossédés du droit à la ville, plus nombreux que jamais.

UNE VIOLENCE ÉMINEMMENT CONTEMPORAINE est parue en mars 2010 aux éditions AGONE dans la série contre-feux

Manifestation contre la tenue du Gala Israël is Forever

Le 13 novembre dernier a eu lieu, à Paris, un gala organisé par l’association Israël Is Forever, avec comme objectif la « mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ».

Nili Kupfer-Naouri, présidente de l’association Israël Is Forever, organisatrice du gala, est une avocate ayant les nationalités française et israélienne qui tient publiquement des propos qui s’apparentent à de l’apologie de crimes de guerre. Parmi ses nombreuses déclarations, citons : « Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza » ou : « Qu’il ne reste plus rien de Gaza et qu’on [peut] y installer une grande hityashvut, une grande réimplantation juive ». À l’origine, l’invité vedette de ce gala devait être Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances et le ministre exerçant la tutelle sur la Cisjordanie occupée. Habitant dans une colonie et se revendiquant lui-même « fasciste », Smotrich incarne la figure du sionisme religieux le plus fanatique. Depuis son entrée au gouvernement le 29 décembre 2022, le nombre de colonies et les hectares de terres confisqués par Israël ont augmenté dans des proportions jamais vues depuis les accords d’Oslo.

Face à la complicité de l’état quant à la tenue de cet événement, une manifestation était appelée au départ de la gare Saint-Lazare. Nous vous diffusons aujourd’hui un montage réalisé à partir des prises de paroles enregistrées lors de cette mobilisation. Nous terminerons l’émission avec un court montage réalisé sur la tenue du match France Israël du lendemain.

AISDPK: le colonialisme français en Kanaky

Le 19 octobre, se sont déroulées deux tables rondes sur l’actualité du colonialisme français, au Centre International des cultures populaires et organisé par Association information et soutien aux droits du peuple Kanak. Aujourd’hui, nous vous diffusons le montage de la première, qui concernait la situation en Kanaky avec Daniel Wéa, président du Mouvement des Kanaks en France ; Isabelle Leblic, anthropologue et coprésidente de l’Association Information et soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK) ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’Homme, Benoit Trépied anthropologue spécialiste du droit Kanack Animateur : Mehdi Lallaoui, coprésident de l’AISDPK.

En effet, depuis décembre 2021, le gouvernement Macron a choisi son camp en prenant parti ouvertement pour les loyalistes. Il a préparé et présenté la loi constitutionnelle envisageant d’élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie pour minoriser les Kanak sur leur territoire. Les indépendantistes ont d’abord commencé par se mobiliser pacifiquement depuis le mois d’octobre 2023 avec la création de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain). Le vote de cette loi le 13 mai 2024 et la perspective de la réunion du congrès à Versailles fin juin 2024 ont mis le feu aux poudres. Macron en avait allumé la mèche.

Le pays est en révolte et les milices loyalistes marchent aux côtés des forces de l’ordre de l’État français pour réprimer et assassiner les militants indépendantistes, au premier rang desquels se trouvent les Kanak, peuple colonisé.

Depuis le 12 mai, l’État français mène une politique de criminalisation de l’action politique kanak. Il y a une moins une dizaine de personnes décédées, 1 260 gardes à vue, 210 déferrements, 93 incarcérations, plus de 340 interpellations en justice, et plus de 260 mesures de travail alternatif. Et les interpellations continuent.

Onze responsables de la CCAT ont été arrêtés et incarcérés. Sept d’entre eux, 2 femmes et 5 hommes, viennent de passer devant la justice calédonienne et ont été immédiatement déportés vers les prisons françaises. Cette déportation est contraire aux droits démocratiques garantis par la convention européenne des droits de l’Homme.
Afin de les isoler, l’État français a dispersé ces sept militants aux quatre coins de la France, à 17 000 kilomètres de leur famille :
– Mulhouse pour M. Christian TEIN
– Dijon pour Mme Brenda WANABO IPEZE
– Bourges pour M. Guillaume VAMA
– Blois pour M. Steeve UNË
– Nevers pour M. Yewa WAETHEANE
– Villefranche-sur-Saône pour M. Dimitri QENEGEI
– Riom pour Mme Frédérique MULIAVA


Mais qu’en est-il des loyalistes assassins des militants kanak à proximité des barrages? Pas de déportation vers les prisons françaises en tout cas… si jamais incarcération il y eut en Nouvelle-Calédonie.

Palestine Liban un destin commun

Le 6 novembre 2024 s’est tenue à la parole errante à Montreuil, une réunion publique, dans le contexte de la guerre sans fin mené par l’armée israélienne à Gaza et l’ouverture d’un nouveau front au Liban, les collectifs Urgence Palestine 20, Samidoun et la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, était à l’initiative de cette rencontre.

Y fut abordée la dimension géopolitique actuelle, la tentative d’invasion du Liban, les forces en présence, l’histoire des résistances palestiniennes et libanaises, ainsi que le rôle central des prisons dans l’oppression coloniale israélienne.

Avec les interventions de : Soha BECHARA : résistante communiste libanaise, Salah HAMMOURI, avocat franco-palestinien, ainsi qu’une militante de la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

Dans l’émission de ce jour, Nous vous donnons à entendre le montage d’une grande partie des interventions.

Du Cameroun à la “Dynamique Unitaire Panafricaine”

Dans cette émission du vendredi 8 novembre 2024, nous avons reçu Augusta Epanya.  Cette militante Franco-Camerounaise est investie depuis plusieurs décennies au sein de l’UPC (Union des Populations du Cameroun), organisation qui lutte contre la politique impérialiste du président Paul Biya.  Elle est également pleinement investie au sein de Dynamique Unitaire Panafricaine, qui lutte pour la souveraineté et l’unité politique du continent, afin de répondre aux aspirations des peuples africains. 

Lors de cette émission, nous avons pu évoquer la lutte contre le régime de Paul Biya, le rôle oppresseur de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies, ou encore la nécessité d’une alternative révolutionnaire et anti-impérialiste pour créer des sociétés au service des peuples. 

C’est d’ailleurs avec cette organisation qu’elle s’est rendue au Sénégal du 24 au 28 octobre dernier dans le cadre de la Plateforme Mondiale Anti-Impérialiste, ou des organisations anti-impérialistes du monde entier se sont réunies pour créer une dynamique commune. 

GRÈVE A L’ HÔPITAL BEAUJON

Dans l’émission de jour, nous revenons sur la gréve à l’Hôpital Beaujon en vous diffusant un reportage réalisé lors du rassemblement du 30 octobre 2024.

Les agents de l’hôpital Beaujon à Clichy (92) sont en grève pour l’arrêt des mobilités forcées des personnels et pour le respect des plannings. Depuis des mois, les agents sont déplacés d’un service à un autre, dans certains cas plusieurs fois dans la journée, pour combler le manque de moyens humains. Le 3 octobre, une cinquantaine de personnels, réunis en Assemblée Générale avec l’intersyndicale
CGT-FO-SUD, décide d’envahir le bureau du directeur.

Il tente alors de proposer aux organisations syndicales de discuter seul avec lui, sans les personnels. Non catégorique : soit il discute avec l’ensemble des personnels, soit c’est la grève. En quelques jours, 3 nouvelles AG ont lieu, rassemblant à chaque fois une centaine d’agents, ainsi que des usagers. Le 14 octobre, une grève démarre avec un piquet de grève qui se tient à partir de 7 H tous les jours dans le hall de l’hôpital.
Les grévistes assignés ou non, les usagers, peuvent s’y réunir autour d’un stand de vente de petit déjeuner et les recettes vont directement dans la caisse de grève.

Le 30 octobre, certains nombres d’acteurs du monde hospitalier étaient présents afin de soutenir ce mouvement et réfléchir comment l’élargir au moment où est discuté le budget de la Sécurité sociale.



Palestine : 1 an de Génocide -Manifestation du 05 octobre 2024

©Olivier Donnars / Le Pictorium/MAXPPP –

Dans l’émission d’aujourd’hui, nous vous diffusons une partie des prise de paroles réalisées lors de la manifestation en soutien à la résistance du peuple palestinien du 05 octobre 2024 à Paris. Ces prises de paroles sont montées avec des extraits de l’émission Israël Palestine : un naufrage médiatique sans précédent, réalisé par Blast.

Week-end de discussions de la Marche des solidarités – octobre 2024 – Après la loi Darmanin

Dans cette émission, nous vous ferons entendre des extraits de débats portant sur l’organisation de nos luttes face au fascisme, organisées par la Marche des Solidarités les 28 et 29 septembre 2024 à la bourse du travail de Paris. Face à l’offensive réactionnaire et la répression toujours plus importante dont sont victimes les personnes sans papiers depuis la promulgation de la loi Darmanin, il nous a paru important de mettre la lumière sur les réflexions des collectifs de sans papiers ainsi que des militants mobilisés à leurs côtés.
En première partie d’émission, vous pourrez ainsi entendre s’exprimer différents collectifs de sans papiers et de mineurs isolés, puis dans un second temps, les débats des personnes présentes lors de cette journée.

Bilan des journées de discussions du 28 et 29 septembre 2024 de la Marche des solidarités (avec différents communiqués) : Lien

PALESTINE : 1 AN DE GENOCIDE

En cette émission du 07 octobre, nous traiterons de la question Palestinienne en direct avec Matteo et Jean, afin de revenir sur la chronologie des événements de cette dernière année, mais aussi, afin de mieux comprendre le contexte dans lequel se sont déclenchées les attaques du 07 octobre 2023. Nous vous diffusons aussi quelques extraits de la manifestation du 05 octobre 2024 à Paris.

Lutte internationale contre le racisme et le fascisme

La MARCHE DES SOLIDARITÉS a organisé en région parisienne un week-end de discussions qui a rassemblé, samedi 28 et dimanche 29 septembre, 200 personnes représentant différents collectifs, réseaux et organisations de Paris et sa région, de Marseille, Rennes, Brest etc. Le dimanche 29 septembre avait lieu une discussion intitulée “situation internationale et développement de la lutte internationale contre le racisme et le fascisme”, en perspective d’une journée internationale de manifestation le 22 mars 2025, à l’AERI 57 rue Étienne Marcel à Montreuil. Cette discussion que nous vous diffusons aujourd’hui réunie les intervention de Keerfa ( Gréce), la CISPM ( coalition internationale des sans papiers et migrant.e.s) pour l’Italie, le réseaux Alarm Phone, Urgence Palestine et Stand up to racism ( Grande Bretagne).


Mobilisation aux Antilles : stop à la vie chère

Depuis quelques semaines, les mobilisations autour des questions de vie chère ont repris aux Antilles. Ce n’est pas la première mobilisation autour de cette question qui se déroule sur ce territoire. Depuis la gréve générale de 2009, rien n’a été fait pour mettre en place les décisions prises dans l’accord de fin de gréve. La situation n’allant qu’en s’aggravant, la crise du covid avait aussi déclenché un mouvement de résistance en 2021 avec la mise en place de barrages etc, auquel l’état a répondu par l’envoi de contingent militaire et l’emprisonnement de militants. Pour mieux comprendre les différents enjeux politiques soulevés par cette question de vie chère et les revendications qui l’accompagnent, nous avons décidés de réaliser deux interviews avec des militants guadeloupéens. Vous entendrez donc dans un premier temps Marie Gwadloup, militante indépendantiste, et dans un second temps Jean Philippe Helin, marqueur de parole, militant et ancien directeur du centre social de petit Canal.

Exportation militaire et idéologique israélienne en Amérique du Sud – Guerre de basse intensité – Stop arming Israël

Dans cette émission, vous entendrez des interventions ayant eu lieu dans une table-ronde organisée dans le cadre de la campagne Stop Arming Israël, et qui se déroulait dans le cadre de la semaine anti-satory, en référence au salon de l’armement du même nom qui se tenait du 15 au 21 juin 2024. Ainsi vous pourrez écouter en première partie de cette émission, tout d’abord, une chronologie sur l’influence de l’état israélien en matière d’armement, de technologies, de formation et de doctrine militaire au travers du continent sud-américain, après que les États-Unis qui considèrent ce dernier comme leur arrière-cour, aient retirés leur soutien à divers pays au profit de leur allié. Ceci donnera à éclairer sous un jour nouveau les positionnements de divers pays d’Amérique du sud vis-à-vis du génocide en cours à Gaza. Il sera fait plus spécifiquement le focus sur deux pays : la Colombie et le Guatemala. Puis, dans dans une seconde partie, la militante et chercheuse Jules Falquet développera le concept de guerre de basse intensité, qu’elle associera aux génocides comme aux politique contre-révolutionnaires, sinon comme politique généralisée et promue à travers le monde, et visant les populations civiles des états. Nous terminerons enfin par un petit reportage effectué le vendredi 21 juin dernier, où avait lieu une action à proximité du salon de l’armement Eurosatory, au parc des expositions de Villepinte. Alors que la justice vient de lever l’interdiction de participation des vendeurs d’armes israéliens a Eurosatory, que le média d’investigation Disclose révèle des livraisons récentes de composants de drones à Israël par Thalès, alors que des militants ont été interpellés dans le cadre d’une action contre l’armement d’Israël et avec eux une journaliste qui exerçait simplement sa profession, les mobilisations se poursuivent contre le commerce des armes avec Israël.

Cités dans l’émission :
Article sur André Michèle, militante féministe et anti-militariste par Jules Falquet dans les Nouvelles questions féministes 2022.
Escadron de la mort, une école française par Marie-Monique Robin
Pax neoliberalia, par Jules Falquet aux éditions iXe. Vous trouverez à cette adresse l’introduction.

Voir aussi :
– Article du Monde : Le génocide des Mayas en débat au Guatemala, 14/05/13
Du conflit armé aux conflits mémoriels. Les femmes mayas ixil et la reconstruction sociale post-génocide au Guatemala, par la La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), le 26/09/23
Vente d’armes à Israël : la justice refuse d’examiner les demandes de suspension malgré le risque pour les civils à Gaza, par Disclose le 27/05/24

Soirée de soutien aux grévistes de ONELA / Appel à la manifestation pour Nahel

Le mercredi 19 juin à la CANTINE PAS SI LOIN, à Pantin, se tenait une soirée de soutien pour les grévistes de ONELA en gréve depuis le 1er février 2024. La grève des travailleur.euses de Onela dure depuis plus de quatre mois, et est guidée par une détermination politique exemplaire, malgré le mépris de l’employeur et malgré les difficultés matérielles et psychologiques à conduire une grève. Dans ce reportage, nous entendrons l’intervention de Bridgette, salariée de Onela et aussi la prise de parole de Salomé de ROUGIER & PLE en lutte depuis avril. Nous vous le diffusons aujourd’hui afin de faire l’appel à la soiirée de soutien qui se tiendra le 29 Juin à partir de 16H à l’AERI à Montreuil.

Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons, une partie du reportage que nous avons réalisé l’année dernière lors de la marche blanche pour Nahel à Nanterre afin de faire l’appel au prochain rassemblement qui aura lieu à 14h le samedi 29 juin à Nanterre au départ de la place Nelson Mandela.

Mobilisation contre l’A69 : la voie est libre

Depuis 2007, la population locale se mobilise aux côtés de collectifs citoyens contre ce projet de construction d’une autoroute reliant Castres à Toulouse « hérité du siècle passé », et né dans les années 1990 afin de « désenclaver le bassin Castres-Mazamet » selon les promoteurs. Face à ce projet jugé « inutile, écocidaire et antisocial », les militants multiplient les moyens d’action : recours juridiques, rassemblements, grèves de la faim et de la soif, occupations dans les arbres et au sol… Trois ZAD bloquent actuellement les travaux, deux près de Castres (Tarn) et une à Verfeil (Haute-Garonne). Des projets alternatifs à cette autoroute sont portés par des associations, dont La Voie est Libre. Le collectif propose notamment de réaménager la route nationale déjà existante entre Toulouse à Castres, la RN126, de densifier le réseau de transports en commun, de créer une véloroute nationale bioclimatique sur 87 kilomètres entre Toulouse et Mazamet et d’améliorer la ligne de train.

Voilà deux ans que la lutte contre l’autoroute A69 ne cesse de s’intensifier, après des années de résistance locale. Le 7, 8 et 9 juin, après l’événement ” Sortie de route” et “Ramdam” organisé avec les soulèvements de la terre, c’est un week end de mobilisation intitulé “Roue libre” qui s’est tenu. Dans cette émission, nous reviendrons donc avec Michel, membre de la Voie est libre, sur l’histoire de cette mobilisation et sur la tenue de ce week end.

Inde, après les élections législatives de 2024 : réélection de Narendra Modi

Cette émission fait suite aux élections législatives de 2024 en Inde, qui a vu la reconduction du premier ministre sortant, Narendra Modi, et de son parti le BJP (le parti du peuple indien). Avec Joy et Kumar, nous reviendrons sur la politique de ce dernier, lors de ces dix dernières années à la tête de l’Inde (nationalisme hindou, sa filiation fasciste, discriminations multiples, violences économiques et sociales, etc.). L’occasion également d’aborder les résistances et luttes sociales qui lui ont fait face.

Voici donc les sites de médias alternatifs dont on a parlé, qui sont tous en anglais :  The wire : https://thewire.in/

Scroll : https://scroll.in/

The Caravan : https://caravanmagazine.in/

News click : https://www.newsclick.in/

Les livres de références sur Narendra Modi en français : 

« L’Inde de Modi: National-Populisme et démocratie ethnique » de Christophe Jaffrelot.(Fayard) 

« Dans la Tête de Narendra Modi » de Sophie Landrin et Guillaume Delacroix. (Actes sud) 

soirée de soutien au mouvement kanak

La situation actuelle en Kanaky, et le résultat d’une colonisation depuis la prise de possession en 1853, suivie d’interventions dites civilisatrices successives de l’armée pour « pacifier » les Kanaks (alors considéré·es comme sauvages).

Cela suivi d’une accélération de recolonisation de peuplement orchestrée par l’État français avec une reformulation néolibérale depuis 2020 à la nomination de Sébastien Lecornu sous Emmanuel Macron. La Kanaky vit, depuis le 13 mai 2024, une vaste opération de répression coloniale avec un déploiement massif des forces armées françaises sur un territoire déjà en processus de militarisation.

La solidarité en France métropolitaine se poursuit. Le 7 juin dernier a la Parole Errante de Montreuil se tenait une soirée de soutien au mouvement kanak.

Dans l’émission de ce jour, vous entendrez des morceaux choisis de cette soirée, notamment des prises de parole et en seconde partie d’émission, deux entretiens réalisés sur des barrages en Kanaky et diffusé lors de cette même soirée.