MARCHE BLANCHE POUR NAHEL A NANTERRE

Dans la matinée du mardi 27 juin 2023, Nahel, 17 ans, est tué par la police, lors d’un contrôle routier à Nanterre. Depuis, tous les soirs, des révoltes ont lieux dans les quartiers populaires de France.

Le 14 juin, c’était Alhoussein Camara, un jeune de 19 ans, qui était tué par un policier lors d’un contrôle routier à Saint-Yrieix-sur-Charente dans la banlieue d’Angoulême. La nuit du 3 au 4 juin, Mozomba, un jeune homme de 28 ans, en moto, décède des suites de ses blessures après avoir été pris en chasse par la police. En 18 mois, ce sont quinze personnes qui ont été tuées par la police pour refus d’obtempérer. Systématiquement, la police invoque la légitime défense. Dans l’affaire de Nahel, une vidéo de l’interpellation a été diffusée sur les réseaux sociaux et le doute n’est pas permis : il y a intention de donner la mort sans qu’aucun danger ne soit immédiat.

Deux jours après, le 29 juin, la marche blanche qui était organisée pour Nahel à Nanterre réunissait des milliers de personnes. Au fil de celle-ci, nous avons pu rencontrer des habitants et habitantes de Nanterre, d’anciens et d’actuels militants pour l’égalité des droits et contre les violences policières, mais aussi de nombreux jeunes présents en manifestation pour la première fois. Nous avons ouvert nos micros et recueillis leur parole.

Dans un monde gouverné par l’argent et la force, ces révoltes ne surprennent personne et les problématiques qu’elles soulèvent ne sont pas inédites. Elles ponctuent l’histoire des luttes depuis 60 ans : du massacre du 17 octobre 1961, à la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, jusqu’aux révoltes de 2005. Elles sont une réponse non seulement à la violence de la police mais aussi à celle de l’ordre social qu’elle garantie.

Les chaines d’information en continu et la répression ne doivent pas nous faire oublier l’élan de solidarité qui s’est exprimé la semaine dernière à Nanterre.

Depuis le 27 juin, une colère s’exprime et des voix s’élèvent.

Écoutons-les.

La défense collective de Toulouse /dissolution des soulèvements de la terre

En première partie d’émission, nous entendrons un entretien réaliser le 24 juin dernier avec un membre de la défense collective de Toulouse, qui nous parlera de la nécessité du collectif et de son histoire. Puis, nous reviendrons sur la décision du gouvernement de dissoudre les soulèvements de la terre

La dissolution des Soulèvements de la Terre a été annoncée ce mercredi 21 juin. Ce dangereux précédent est une attaque inouïe contre la démocratie, contre le vivant, et contre celles et ceux qui les défendent. À Paris, le mercredi 28 juin, se tenait grand rassemblement en soutien aux Soulèvements de la Terre, Place de la République. Nous entendrons dans cette seconde partie d’émission, le reportage réalisé ce mercredi 28 juin 2023

La défense collective de Toulouse

Publié le Été 2020

La défense collective émane du mouvement gilet jaune, et s’est constituée en tant que commission du mouvement. Articulée à la commission action, les réunions qui se tenaient chaque lundi étaient ouvertes à toutes les personnes participant au mouvement gilet jaune. Elle s’est créée en réponse à une forte répression.  

En plus de la nécessité évidente de soutenir moralement et matériellement les personnes incarcérées et jugées, la défense collective avait pour but de diffuser des pratiques d’autodéfense face à la répression. Toujours en partant du principe qu’en s’attaquant à des individus, la justice s’attaquait au mouvement dans son ensemble.   Cet espace d’échange permettait d’analyser les stratégies policières, pour que les expériences de chacun/chacune puissent servir à tout le monde. 

Cette commission, ouverte, a tendu à se resserrer autour d’un groupe qui variait de moins en moins chaque semaine. Or, nous ne voulons pas devenir un groupe de spécialistes, les pratiques que l’on a encouragées ne nous ont jamais appartenu et elles continueront à se diffuser partout et tout le temps. 

Le matériel que nous avons pu produire est bien sûr réutilisable par tous les gens/les mouvements de lutte qui partagent les positions, les pratiques et les idées qui ont fait la force du mouvement GJ et que nous avons pu porter à la défense collective : solidarité, refus de la dissociation, autonomie politique, refus des représentants, ne pas parler avec la police en général – au commissariat comme dans la rue – ne pas déclarer les manifs, ne rien déclarer en garde à vue…  

Les espaces de réunion et de permanence sont de moins en moins utilisés. Notamment parce que le mouvement gilet jaune est fortement affaibli, les manifs ont du mal à se tenir, la commission action n’a plus lieu, et moins de mandats sont à envoyer car moins de GJ sont en prison.  

Nous avons donc décidé de diminuer la fréquence des réunions, deux réunions/permanences auront lieu cet été : le 12 juillet et le 23 août, à la Chapelle.   Si pendant cette période des personnes souhaitent appeler à des réunions en plus, permanence ou autre, les créneaux sont disponibles et nous diffuserons les RDV.  

En cas de besoin (préparation de procès, interpellation, garde à vue et pour tous contacts et plus d’info : defcotoulouse@riseup.net

Dissolution des Soulèvements de la terre/Rassemblement anti-JO

Devant l’hôtel de ville à Paris, le 21 juin

Mercredi dernier était annoncé la dissolution des mouvements de la terre en conseil des ministres. Une dissolution qui n’a pas manqué d’indigner et de mettre en colère les multiples composantes de celles et ceux qui se revendiquent ou participent aux soulèvement de la terre. A Paris, devant l’hôtel de ville le soir-même, avait alors lieu un rassemblement pour protester contre la décision ministérielle. On ne dissout pas des idées. On ne saurait dissoudre non plus des liens de lutte, et encore moins un mouvement social. C’est absurde. Et dangereux.
Vous entendrez en conséquence en première partie d’émission le reportage réalisé ce mercredi 21 juin dernier, et qui appelle à un nouveau rassemblement, plus massif, le mercredi 28 juin, à place de la république à 19h.

La seconde partie d’émission quant à elle, traitera d’un rassemblement contre les jeux olympiques, vendredi 23 juin dernier, à l’occasion de la révélation de l’itinéraire de la flamme olympique. Ses détracteurs reprochent au flambeau de constituer un symbole raciste et sexiste, hérité du IIIe Reich.

Lien vers le communiqué des Ami-es des Soulèvement de la Terre
Lien vers le convoi de l’eau 18 – 27 août – Sainte-Soline–Orléans–Paris
Lien vers la campagne 100 jours pour les sécher!

Ci-après, un article de Saccage2024 sur la flamme olympique :
« Pour dévoiler le parcours de la flamme olympique, qui débute le 8 mai 2024 à Marseille, le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) a choisi de rendre hommage à Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux Olympiques modernes. Le dévoilement aura lieu le 23 juin 2023 au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, l’endroit symbolique où les JO modernes sont nés à la même date en 1894.

Pour nous, cela représente une occasion de se rappeler que les Jeux Olympiques sont nés d’un fantasme de Grèce antique d’un baron français raciste et misogyne, voire eugéniste. «Les races sont de valeur différente et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance», a-t-il dit selon Wikipédia. Ce n’est pas si étonnant que quelqu’un avec cet esprit ait activement soutenu le régime nazi : les JO 1936 ont bel et bien lieu dans la capitale du Troisième Reich, avec la grande complicité du Comité international olympique (CIO). Il est également impératif de se rappeler que le relais de la flamme olympique est une invention du secrétaire du comité d’organisation des Jeux de Berlin, Carl Diem.

Après tout cela, ce qui est étonnant, c’est que cet héritage nazi n’ait pas été abandonné jusqu’à aujourd’hui. En été 2020, à un an des JO de Tokyo reportés à cause du Covid-19, le CIO nous a carrément rappelé son origine, avec une série de Tweets montrant un film des Jeux de Berlin 1936, accompagné du hashtag #StrongerTogether. Ces Tweets ont suscité quelques indignations, mais sans éteindre la flamme.

Une dizaine des départements français (les Vosges, la Meurthe-et-Moselle, l’Indre-et-Loire, le Lot-et-Garonne, la Creuse, la Haute-Loire, la Haute-Vienne …) ont refusé d’accueillir cette flamme à cause de la somme demandée par le COJOP, qui peut atteindre jusqu’à 180 000 EUR. Nous regrettons que tous les départements n’aient pas suivi ce chemin, d’autant plus que le relais est sponsorisé par deux grandes entreprises, Coca-cola et Banque Populaire – Caisse d’Épargne. L’argent public des départements complices finance donc le convoi qui sert à la pub de ses sponsors.

Les JOP de Paris ont déjà saccagé nos espaces verts, nos habitats et nos libertés publiques. Les Jeux sont en train d’évacuer les plus précaires de la région parisienne et ce processus va s’accélérer d’ici un an, comment on a vu maintes fois ailleurs : à Pékin, à Londres, à Rio de Janeiro et à Tokyo. Pour montrer notre colère contre ce spectacle qui ne cache même pas son origine réactionnaire, nous voudrions éteindre sa flamme symbolique. »

Lien vers la brochure sur le baron Pierre de Courbetin, considéré comme “le fondateur des Jeux Olympiques modernes” : ici

Réforme des retraites : Bilan et perspectives lycéennes

Le 17 juin 2023, nous nous sommes retrouvés en studio avec des lycéens d’Hélène Boucher et de Voltaire ( Paris) mobilisé-es contre le réforme des retraites. Nous avions déjà pu les rencontrer et réaliser avec eux plusieurs reportages et émissions lors de ce mouvement social ( en réécoute et téléchargement sur ce site). A cette date et avant la période des vacances notre objectif était de revenir sur la mobilisation, d’en faire un bilan, et de voir avec eux les perspectives de luttes que la mobilisation permet.

Journée internationale de soutien aux prisonniers politiques : Georges Ibrahim Abdallah/Chili

Le dimanche 18 juin 2023 avait lieu à Paris une manifestation nationale, à la veille de la journée internationale de soutiens aux prisonniers politiques, pour exiger la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Plus vieux prisonnier politique en Europe. Dans cette émission, vous pourrez entendre son histoire et la lutte qui l’accompagne pour qu’enfin il puisse être libre. Également, figure une lecture d’une lettre de Georges Abdallah.
En seconde partie d’émission, vous entendrez une militante parler du Chili, des suites de la répression de 2019, mais aussi d’avant, affectant les prisonniers politiques (et non-politiques), dans un portrait rapide du pays.

Lettre de Georges Ibrahim Abdallah, lue le 18 juin :

« Chers Camarades, Chers Ami·es,

Votre mobilisation solidaire, dans la diversité de votre engagement, apporte beaucoup de force et de chaleur à tous ceux et celles qui, depuis tant d’années, s’expriment de derrière les barreaux à travers les initiatives que vous développez sur le terrain de la lutte en cours.

Il y a juste un an, lors de la Journée internationale du prisonnier révolutionnaire, certains parmi nous se demandaient, si par ce temps de crise globale du capitalisme mondialisé et de l’exacerbation de toutes ses contradictions, et plus particulièrement l’affirmation de ses divers processus de fascisation, la bête et son prolongement organique qui est l’entité sioniste, ne serait-il pas permis d’entrevoir un autre horizon plus ambitieux à cette occasion et de dépasser l’affirmation de notre solidarité inébranlable avec la lutte de nos camarades embastillés ?

Ne serait-il pas temps d’affirmer, que la célébration de cette journée internationale du prisonnier révolutionnaire, devrait prioritairement inciter toutes les structures de solidarité à interpeller et encourager les forces vives de la révolution et ses avant-gardes combattantes, afin qu’elles mettent en œuvre toutes les mesures nécessaires à l’expression pratique de la ferme détermination d’arracher nos camarades aux griffes de leurs criminels geôliers ?

Bien entendu Camarades, il ne s’agit pas là d’affirmer haut et fort un quelconque devoir d’ordre  moral envers nos camarades captifs. Il s’agit tout simplement de conjuguer les capacités des forces révolutionnaires au niveau national, régional et international, et d’inscrire en premier lieu la libération de nos camarades dans la dynamique globale des luttes réellement en cours.

Si nous estimons, Camarades, que le peuple palestinien fait l’objet d’une criminelle stratégie de destruction systématique, et si nous estimons que la lutte de ces masses populaires dure depuis plus d’un siècle et qu’elle est appelée toujours à s’inscrire dans un processus de lutte de longue haleine, la question des prisonniers et de l’enfermement d’une manière générale, s’inscrit alors d’emblée dans la dynamique globale de cette lutte et par conséquent, on ne peut pas l’aborder comme une tâche à s’en acquitter une fois pour toutes.

Les forces vives de la révolution palestinienne et de ses avant-gardes combattantes ne peuvent pas faire abstraction de cette réalité. Elles savent mieux que quiconque, que l’enfermement dans la diversité de ses formes n’est qu’une expression de la politique sioniste de tout ce qui est palestinien.

Cette criminelle politique durera tant que ce prolongement organique de l’Occident continuera à s’affirmer. Tout naturellement, c’est aux forces vives de la révolution palestinienne à structurer la dynamique la plus appropriée à développer le cheminement vers la dissolution de cette criminelle entité et de toutes ses assises racistes et suprémacistes .

La libération de nos camarades embastillés devrait se répéter tout au long de ce cheminement.

Vous voyez Camarades, quand on parle de l’impératif devoir envers les camarades en captivité, il ne s’agit pas d’un devoir d’ordre moral, il s’agit tout simplement de disposer et de conjuguer les capacités des forces révolutionnaires réellement existantes.

Soyons, Camarades, à la hauteur de ce devoir et au besoin, à tous, à voix haute, tous et toutes, que c’est le devoir le plus sacré, et que tout révolutionnaire doit être toujours prêt à s’en acquitter.

Soyons dignes de l’épopée des flambeaux de la liberté, ces indomptables héros résistants captifs dans les geôles sionistes.

LIBÉRONS-LES !

Certainement on n’a pas à attendre que l’état de santé de notre cher camarade Walid Daqqa soit alarmant pour agir… Certainement on n’a pas à attendre que nos camarades captifs fassent une grève de la faim à tombeau ouvert pour dénoncer la détention administrative… Certainement on n’a pas à attendre que le secrétaire général Ahmad Saadat soit mis à l’isolement ainsi que les autres dirigeants du FPLP… Les conditions de détention dans les geôles sionistes ne cessent de s’empirer de jour en jour. Et comme vous le savez Camarades, pour y faire face, la solidarité internationale s’avère une arme indispensable.

De la prison de Ramon, Ahmad Saadat, ainsi que les milliers de camarades embastillés dans les geôles sionistes, vous transmettent leurs salutations révolutionnaires et attirent votre attention sur ce qui se passe en Palestine avec l’arrivée au pouvoir des fascistes suprémacistes.

Que mille initiatives solidaires fleurissent en faveur de notre camarade Walid Daqqa !

Que mille initiatives solidaires fleurissent en faveur des grévistes contre la détention administrative !

La solidarité, toute la solidarité avec les résistants dans les geôles sionistes et dans les cellules d’isolement au Maroc, en Turquie,,en Grèce, aux Philippines et ailleurs de par le monde !

La solidarité toute la solidarité avec les prolétaires mobilisés dans ce pays !

Honneur aux Martyrs et aux masses populaires en lutte !

A bas l’impérialisme et ses chiens de garde sionistes et autres réactionnaires arabes !

Le capitalisme n’est plus que barbarie, honneur à tous ceux et celles qui s’y opposent dans la diversité de leurs expressions !

Ensemble Camarades, et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons !

A vous tous Camarades et Ami-es, mes plus chaleureuses salutations communistes.

Votre camarade Georges Abdallah »

Lien vers le communiqué de la campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, en appel à la manifestation : ici

TURQUIE : la situation des droits humains au regard des dernières élections

Aujourd’hui, il sera question de la Turquie. Le dimanche 28 mai 2023, M. Recep Tayyip Erdogan a remporté le second tour de l’élection présidentielle face au candidat de l’opposition M. Kemal Kilicdaroglu. Le chef de l’État sortant, déjà au pouvoir depuis vingt ans en Turquie

Comme le dénonce notamment le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) , dans son communiqué du 29 mai 2023, en parlant de la force, l’engagement tacite des grandes puissances internationales qui semblent soutenir la consolidation du pouvoir de l’AKP d’Erdogan en Turquie. Et de ses acteurs mondiaux, dans leur quête d’intérêts géopolitiques et géostratégiques, qui cautionnent, par leur silence, un plan d’annexion et d’occupation du Kurdistan du Sud (Kurdistan irakien) et du Rojava (Kurdistan syrien).

Quelle vont être les éventuels effets du seconde tour des élections présidentielles du 28 mai dernier sur la situation des droits humains, particulièrement à l’égard des groupes défavorisés et persécutés en Turquie ?

Dans cette perspective, nous vous proposons l’écoute d’une partie de la rencontre qui se tenait le Jeudi 1 juin 2023 au dissident club dans le 9eme arrondissement de paris

Nous entendrons les interventions de : Anaïs LEFORT Avocate en droit des étrangers, Simon, Journaliste kurde exilé et Rumi, Ancien fonctionnaire exilé.

Victoire des vertbaudets / mitard, l’angle mort 

Dans cette émission, vous allez pouvoir entendre dans une première partie, l’interview d’une gréviste de vertbaudet réalisée par l’Égrégore, une émission de radio primitive de Reims. Ce n’est pas tous les jours qu’une grève est victorieuse, ne boudons pas notre plaisir.

Dans la seconde partie, nous parlerons du mitard, la prison dans la prison, grâce au film réalisé par Vincent Marcel et Laurence Delleur ; « Mitard ; l’angle mort ». Nous nous sommes rendus à la projection de ce film que nous vous conseillons de regarder sur la plate-forme Arte.tv dans « La vie en face », visible tout l’été. Il y est question, entre autre, de la mort de Fofana dont nous avons parlé dans l’émission du 7 octobre 2019, que vous pouvez retrouver sur l’actualitedesluttes.info.

« Laurence Delleur le rappelle, «en prison, il n’y a personne pour filmer». Tandis que «dehors», les violences policières sont régulièrement médiatisées, captées par des téléphones ou des caméras, rares sont les images qui percent le huis clos carcéral. Les violences du personnel sur les détenus restent le plus souvent invisibles, passées sous silence par l’administration pénitentiaire.

La vidéosurveillance laisse de nombreuses zones d’ombre, au propre comme au figuré. Après son film Matons violents : la loi du silence (2015), la journaliste et réalisatrice Laurence Delleur enquête au côté de Vincent Marcel sur l’un de ces angles morts particulièrement meurtriers : le QD, quartier disciplinaire.

Dans cette prison dans la prison, surnommée « le mitard », l’isolement est la règle, et « les surveillants sont tout-puissants parce qu’ils n’ont aucun regard extérieur », juge Christine, une ancienne détenue, face caméra. Là, « tout est possible », lâche un directeur pénitentiaire, qui reconnaît « toutes formes d’abus de part et d’autre ». Eddy y a été laissé en sang, multi-traumatisé, après un tabassage par des surveillants. « Tu te demandes s’il va y avoir un deuxième round, s’ils vont revenir à plusieurs pour te finir. […] y en a beaucoup qui sont devenus fous au mitard ».

Au-delà du recueil de témoignages glaçants d’anciens prisonniers et d’agents pénitentiaires (officiers, surveillants, responsables, parfois anonymisés), les réalisateurs donnent la parole aux familles de détenus décédés au Quartier Disciplinaire dans des conditions troubles, et qui ont décidé de porter plainte. Dans ce choix réside l’une des rares notes positives du film : que des proches de prisonniers morts en prison croient encore à la justice donne des raisons d’espérer.

Ainsi des parents de Sacha, qui s’est pendu à 18 ans, le 27 avril 2021, au QD de la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, où il purgeait une peine de six mois de prison pour des faits de vol sans violences. Peu de temps avant son passage à l’acte, il avait supplié par courrier qu’on fractionne sa peine de vingt-et-un jours au mitard. Ainsi d’Oumou Diabaté, sœur de Sambaly, mort bâillonné au quartier disciplinaire le 9 août 2016. Ou encore Mahamadou, qui n’a jamais cru à la version de l’administration pénitentiaire ayant conclu au suicide de son frère Amara, un quadragénaire bien portant qui attendait sa libération conditionnelle du centre de détention de Réau (Seine-et-Marne).

La scène où cet homme endeuillé visionne les extraits de vidéosurveillance captés depuis un couloir de la prison est peut-être l’une des plus troublantes du documentaire : on y voit des agents emmener un homme calme dans une cellule du QD, dont seule la porte est visible, et y rester avec lui de longues minutes. Quand la vidéo reprend, après une coupure de près d’une demi-heure (les images manquantes n’ont pas été transmises, et personne ne les a réclamées à temps), des surveillants sortent Amara, inanimé, de la cellule. Le décès est constaté une heure plus tard.

Pour Laurence Delleur, qui pointe que l’administration pénitentiaire a ici fait l’impasse, en toute impunité, sur vingt-quatre minutes de vidéo, cette affaire exceptionnelle est révélatrice des dysfonctionnements du milieu carcéral. «Combien de détenus sont décédés comme ça ?» La question de la sœur de Sambaly, qui clôture le documentaire, reste sans réponse. Un film comme une urgente et douloureuse alerte.

« Mitard, l’angle mort », documentaire de Laurence Delleur et Vincent Marcel. Coproduction Arte France, Cinétévé, 52 minutes, mercredi 5 juillet, 22 h 30. »

MAYOTTE : Wuambushu, opération coloniale de la France

22 mai 2023, 5 h 50, les gendarmes arrivent sur le quartier de Talus II à Majicavo-Koropa, Mayotte. Plusieurs familles sortent de chez elles, derniers bagages à la main. Louis Witter

L’opération « Wuambushu » à Mayotte qui a débuté en avril 2023 après le ramadan, a pour objectif la déportation de milliers de comorien.nes en deux mois. Près d’un millier de gendarmes mobiles, de policiers et de CRS 8 vont débarquer en renfort pour détruire 10 % des cases et vont expulser plus de 250 personnes par jour vers les autres îles de l’archipel des Comores.

Ce lundi 29 mai 2023 se tenait à la baudriere a Montreuil, une journée de discussions organisé par l’AG anti-CRA Île-de-France sur la situation à Mayotte autour de l’opération Uwambushu menée par Darmanin depuis plusieurs semaines.

Dans cette émission, nous entendrons les interventions du Collectif Stop Uwambushu.
Avec une Genèse de la politique migratoire coloniale à Mayotte et ainsi que de la Rétention et du système carcéral sur l’île et nous poursuivrons avec l’entretien téléphonique réalisé par l’AG anti-CRA Île-de-France en compagnie de deux prisonniers d’un centre de rétention à Mayotte.

RETOUR CRITIQUE PROCES 1312

L’actualité des luttes a assisté au procès du flic éborgneur qui s’est tenu au tribunal de Paris les 12, 13 et 14 décembre 2022. Nous avions besoin d’y réfléchir collectivement, car bien que nous sachions que l’institution judiciaire produit une justice de classe qui défend l’appareil répressif, certains d’entre nous ont été surpris par l’acquittement du flic. Malgré l’expérience de ce type de procès sur plusieurs dizaines d’années, l’attitude de la juge et même du procureur ont étonné. Le manque d’anticipation, de travail sur le dossier, l’absence de stratégie d’attaque ont fait de ce procès une mascarade ou la violence de l’Etat et de ses institutions n’a pu émerger.


Nous avons subit les propos mensongés de Lienard, l’avocat qui s’est fait une vocation de défendre les flics et auteur d’un livre faisant leurs louanges en regrettant qu’ils aient des complexe à appuyer trop rarement sur le gâchette dans son « force
à la loi ». Ce Lienard qui nous a dépeint son client membre de la BAC, avant d’être CRS comme un défenseur de la veuve et de l’orphelin, quasi éducateur de quartier sans aucune réaction. Une juge donnant la parole à l’accusé qui pour une fois n’est pas coutume avait tout le loisir de s’exprimer et qui la ravissait aux témoins désignés par la victime et à Laurent lui-même, sans réaction. Nous avons été choqué par les propos dégueulasses de l’enquête psychologique qui humiliait publiquement Laurent avant de relaxer son éborgneur, responsable mais pas coupable, sans réaction…

Pour témoigner, crier leurs rages ou partager leurs compte-rendu, des personnes présentes pendant les trois jours d’audience de la Cour d’assises ont écrit des textes rassemblé dans un livret de 24 pages. Le tout illustré grâce aux dessins pris sur le vif par Red et Ana Pich (qui a réalisé un BD reportage pour Contre-attaque que l’on peut retrouver ici).

Dans le même sens, cette émission, est une occasion de faire un point pour éviter les écueils et être plus armés à l’avenir avec Laurent, Red et Crayon.

Laurent a pris le temps de réfléchir au verdict et quatre mois après, il dresse ses propres conclusions dans un texte que nous reproduisons ici (à retrouver page 22 de la brochure).

” Le tribunal, temple des mensonges d’État

Il s’est passé quelques mois depuis que j’ai mangé le verdict, quelques mois pour digérer l’acquittement et finalement vomir. Ces quelques phrases seront ce qu’il reste de ce passage dans cette très basse Cour d’assises. Si j’emploie la première personne du singulier ce sera pour marquer mes défaites. J’utiliserais le nous pour nos victoires. Les deux se mêlent, car je suis Laurent Théron, et nous sommes l’Assemblée des Blessées et Désarmons-les.


J’ai fait une erreur, je me suis pris au jeu du tribunal, j’ai cru à une « victoire » possible c’est-à-dire la révocation du flic. J’ai cru aux Assises et prétendu « tribunal du peuple », j’ai voulu « jouer le jeu ». J’ai échoué, car j’ai cru un peu trop en la justice. Mon dossier était quasi limpide : un flic sans formation au maintien de l’ordre, sans permis d’utiliser les GMD, sans ordres, sans menaces, en dehors de tout cadre de légitime défense, jette une grenade dans une foule éparse et m’éborgne.
Même le rapport de l’IGPN n’était pas contre moi, et mon casier était vierge.
Alors je me suis dit que « peut-être on en tient un ». Et que sa condamnation marquerait un point de départ pour que les futurs jeteurs de grenade réfléchissent.
Quel idiot j’ai été ! C’est exactement l’inverse qui s’est produit. Les grenades sont devenues les « couilles des CRS » *, et elles sont désormais utilisées massivement sans aucune limite. Et pourquoi se limiteraient-ils ? Je n’attendais pas grand-chose de la justice, mais je n’attendais pas rien.

J’étais préparé à la « norme » : une peine avec sursis dont bénéficient les flics comme celui qui m’a rendu borgne. Mais je n’étais pas prêt à l’acquittement. Cette justice n’apporte rien d’autre que de la rancœur. C’est un sale moment à passer, à nouveau face à la police. C’est se retrouver dans un tribunal, avec ses tentures du Moyen Âge, une « cour » déguisée avec leur col en hermine, les « altesses » devant lesquelles il faut se lever et s’assoir, un lieu où le peuple est envoyé derrière des barreaux, et où les bourreaux et les bourgeois sont innocentés. C’est un moment que nous investissons comme nécessaire dans le cheminement de notre reconstruction psychologique, une attente de 6 ans et 3 mois pour mon cas, qui nous fera passer à autre chose. Il n’en est rien. C’est une violence de plus.

La violence judiciaire, c’est une violence plus sournoise, plus insidieuse que la violence policière

C’est une violence réfléchie, qui ne s’encombre pas de la légalité qu’elle nous impose, mais au contraire contournera ses propres règles pour que le policier coupable s’échappe de son banc des accusés. C’est revivre cette journée de douleurs, c’est se retrouver dans un tribunal à côté de mon criminel, c’est écouter les mensonges de ses complices, c’est être questionné avec arrogance par l’avocat du coupable.
C’est entendre ma vie privée, mon intimité, ma vie que seules quelques personnes connaissent, être entendue par des CRS, des syndicalistes de flics, que je conchie et avec qui je ne veux rien partager d’autre que ma colère. C’est entendre un verdict qui de toute façon niera à nouveau mes blessures physiques, psychologiques, sociales, familiales… C’est comprendre que ma mutilation ne servira pas à faire réfléchir, ni sur les armes, ni sur la police, ni sur la répression, même pas sur le fait que dès le lendemain Alexandre Mathieu pourra retourner balancer des grenades dans la gueule du peuple.


Un tribunal n’est pas un lieu de justice, ni de vérité. C’est le temple du mensonge, et donc DES mensonges d’État. Ces mensonges qui veulent nous faire croire que la police est là pour nous protéger, et qu’il faudrait avoir confiance « dans la justice de son pays ». La justice est le prolongement de la police. La violence judiciaire est le prolongement de la violence policière.


Durant ces quelques années avec mes camarades et ami·e·s, nous avons parcouru la France pour être aux côtés d’autres victimes et familles de victimes, nous partageons le même dégoût pour la police, dans les quartiers populaires, en manif et dans les ZAD — ce sont les mêmes flics, les mêmes armes. Durant ces 6 années et 3 mois, et pour encore longtemps je l’espère, nous avons partagé nos tristes expériences policières, aux quatre coins du pays, de l’Europe et du Monde, et heureusement j’ai eu la chance d’être informé, formé, accompagné, éduqué… par des collectifs présents depuis de nombreuses années, et finalement en faire partie. Nous avons écrit des articles, des textes, nous avons communiqué dans les médias. Nous avons fait de l’éducation populaire. Nous nous sommes rencontrés. Nous avons marché, nous avons couru, nous avons voyagé. Nous sommes lié·e·s avec les autres victimes et familles de victimes. Mais il y a une différence entre être témoin d’injustices et vivre l’injustice. C’est un fait. Je suis révolté par les morts de Lamine Dieng, d’Angelo Garrand, de Wissam El Yamni, de Babacar Gaye… des mutilé·e·s Gilets jaunes, des blessé·e·s… de toutes les victimes de la police…Pour chaque victime, et famille de victime, j’étais témoin de la violence d’État, je pouvais la sentir, mais je ne la subissais pas personnellement. Être le sujet de l’injustice a touché profondément mon cœur, mon âme, mon intelligence, mon esprit… ma partie « non-visible ». Comme personne d’autre n’a vécu ma mutilation, personne d’autre n’a subi cet acquittement comme une violence supplémentaire sur mon être.

Si la police violente nos corps, la justice violente nos « corps subtils ». (Et la prison les deux à la fois.)

La justice est bête et méchante, elle n’existe que pour faire souffrir.
Victimes, futures victimes nos victoires sont ailleurs. Pour ce procès nous avons répondu à une lettre du coupable, nous avons partagé notre critique de la police, nous avons mis en place un athénée autour de « la fabrique du non-lieu », organisé un tribunal populaire et un moment de catharsis où nous avons libéré nos paroles, nos corps, nos âmes… Des camarades de Toulouse, Montpellier, Rennes, Lille, Saint-Étienne, Grenoble, Nantes, Le Mans, Clermont-Ferrand, Paris et sa banlieue… Des camarades allemand·e·s, mexicain·e·s étaient présent·e·s à chaque évènement, nous avons crié dans les couloirs du tribunal, nous avons vécu des moments qui nous appartiennent, des souvenirs, des expériences, qui m’ont aidé, m’ont construit et qui resteront nos victoires.


C’est ça qui me réjouis, me donne de l’espoir, et m’aide à tourner une page, notre fraternité/sororité, ces formes de contre-procès populaires. Les textes de ce livret sont un témoignage, une mémoire pour les futures victimes. Mes conseils à présent. Nos blessures individuelles sont des blessures collectives. Les auteurs sont les mêmes, les armes sont les mêmes. Seuls les lieux changent. Il ne s’agit pas d’un policier, mais de LA police, sous toutes ses formes (police, gendarmerie, polices municipales, agents pénitentiaires, polices privées, etc.). Votre combat rentre donc dans un combat collectif de résistance, mais aussi historique, dans le prolongement de la résistance à l’oppression des dominants d’hier et d’aujourd’hui.


Obtenir un procès est une victoire, quand le non-lieu est la norme.
Obtenir un procès sert à fissurer un peu plus le mur de l’injustice.
Les verdicts des procès servent juste à démontrer l’a-justice.
Cette justice n’apporte rien d’autre que du mépris.
Seule la Vérité compte. La présence de la victime au tribunal doit être un moment de critique des institutions policières et judiciaires pour les victimes.
Notre parole doit être entendue, quitte à hurler, quitte à se faire sortir.


Ce n’est pas en jouant le jeu, dans le respect des institutions que nous aurons justice, c’est dans la libération de notre parole.

Notre victoire est dans la Solidarité.
Notre victoire est collective. ♠ “

Laurent Théron
avril 2023

Régularisation des sans papiers : Créteil le 17 mai 2023

Le 17 mai avait lieu un rassemblement devant la préfecture de Créteil, à l’appel d’un certains nombres d’organisations qui luttent pour la régularisation des sans papiers afin d’obtenir un rendez vous pour contester les obligations de quitter le territoire français et interdiction de retour sur le territoire français qui ont été délivrées à plusieurs étudiants et lycéens. A cette occasion ils ont pu être rejoins par de nombreux soutiens et notamment les grévistes de Chronopost, qui eux même sont en lutte depuis plus d’un an pour leur régularisation.

Dans cette émission, nous vous diffusons un montage avec une partie des prises de parole réalisée devant la préfecture le 17 mai, accompagné d’un interview que nous avons pu réaliser par la suite avec Théo, militant pour la liberté de circulation, afin de revenir sur les enjeux politiques propres aux démarches administratives de régularisation et les perspectives de luttes soulevées par la prochaine loi asile et immigration.

Marche contre la ligne 18, le Grand Paris Express et son monde

Le samedi 13 mai 2023 avait lieu au camp de Zaclay, situé à proximité immédiate du tronçon de métro de la ligne 18 en construction, un rassemblement festif pour dire “stop au saccage des terres fertiles du plateau de Saclay” permis par le projet du Grand Paris Express. Au programme de la journée qui célébrait en outre les deux ans d’occupation, était prévu une marche festive, entre champs, chantiers et espaces urbanisés, ainsi que la construction d’une grange paysanne. Cette journée s’inscrivait plus généralement en amont d’une semaine dédiée à l’agriculture paysanne, avec ateliers, visites et discussions. Le “collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres de Saclay” entendait ainsi défendre et faire vivre les terres du plateau. Et ce, alors que la Zone à défendre, pourtant légale puisque accueillie par des agriculteurs, se trouve sous surveillance des autorités.

Lien vers le programme de la semaine : Semaine sur l’agriculture paysanne du 15 au 20 mai
Communiqué à l’issue du week-end : Les casseurs, c’est eux

Communiqué du week-end de mobilisation du 13 et 14 mai

«  Rassemblement festif et déterminé les 13 et 14 mai : stop au saccage des terres fertiles du plateau de Saclay.

Pour défendre les terres du plateau et ancrer la lutte dans la durée, nous appelons à venir bâtir une grange et à bien d’autres festivités ! La semaine suivante sera consacrée à des ateliers et discussions sur l’avenir d’une agriculture paysanne sur le plateau.

Depuis les années cinquante, 1400 ha de terres parmi les plus fertiles d’Europe ont été bétonnées sur le plateau de Saclay. Si rien n’est fait dans les prochains mois, ce qui reste de terres nourricières et d’espaces naturels sur le plateau de Saclay risque de disparaître sous le béton du Grand Paris privant la population francilienne de l’espoir d’une autonomie alimentaire, d’emplois locaux non délocalisables, d’adaptation à la crise climatique, rayant de la carte la biodiversité remarquable de ce territoire et accaparant les finances publiques au profit d’un grand projet inutile et imposé.

Ce projet du Grand Paris Express est un non-sens tant aux plans écologique et financier qu’en terme d’égalité des territoires, de réponse aux besoins des populations et de leur droit à décider de l’avenir du territoire sur lequel iels vivent.

Alors que l’artificialisation des sols est une des limites planétaires à ne pas franchir, chaque hectare compte. La formation des sols arables nécessite des dizaines de milliers d’années. Pourtant, l’État et les grandes multinationales du BTP décident de sacrifier des terres exceptionnelles au prétexte hypocrite de lutte contre le dérèglement climatique. Or, la préservation des terres non bétonnées est un levier incontournable de l’adaptation aux enjeux du 21ème siècle. Les experts et les scientifiques le répètent : en Île-de-France comme ailleurs, notre dépendance énergétique et alimentaire doit nous amener à réduire les flux. Il en va, ainsi, pour la population francilienne, de la nécessité de se nourrir localement, de contenir la hausse des températures et du maintien de la biodiversité. Pourtant, aujourd’hui, les travaux préliminaires (fouille archéologique, études des sols, déplacement de réseaux) sont en cours de réalisation et l’arrivée de la ligne sur le tronçon ouest imminente.

Dans le contexte déjà très urbain de l’Île-de-France, ce sont plus de 4000 ha d’espaces naturels et agricoles qui sont lourdement menacés.

Mais cela n’est pas inéluctable !

Depuis 2006, des collectifs se mobilisent pour dénoncer ce faramineux gaspillage, le passage en force de l’État. Et la mobilisation s’amplifie avec, depuis maintenant deux ans, l’occupation de champ à Zaclay par le Collectif Contre la Ligne 18 et l’artificialisation des terres.

Les 13 et 14 mai prochains, à l’heure où la menace de la ligne 18 sur les champs est palpable, il est temps d’aller plus loin. Nous appelons à venir en masse défendre et faire vivre les terres du plateau de Saclay lors d’un rassemblement festif et déterminé. Le week-end sera suivi d’une semaine de partage et d’ateliers thématiques et pratiques sur l’avenir d’une agriculture paysanne pour le plateau de Saclay. »

Commémoration de la NAKBA

Ce 14 mai 2023, se tenait à la marbrerie de Montreuil un événement qui avait pour objectif de commémorer la Nakba, la catastrophe qui a vu il y a 75 ans l’expulsion de 800 000 Palestiniens de leur terre, la dépossession de leurs biens, des massacres et la destruction de plus de 500 villages palestiniens.

Dans cette émission, nous diffusons les interventions de la table ronde avec :

Dana Farraj est avocate et chercheuse à l’université de Birzeit. Elle est réfugiée, vit à Ramallah et est investie contre les démolitions punitives de maisons. Elle s’intéresse aux droits des réfugiés et au droit pénal international.

Salah Hamouri est avocat. Ancien prisonnier politique, il a été expulsé de Jérusalem en décembre 2022. Il est Palestinien de Jérusalem et défenseur des droits humains.

Qassam Muaddi vit à Ramallah. Il est journaliste et écrivain palestinien. Il analyse les mouvements qui traversent la société palestinienne notamment pour le media The New Arab.

Rania Muhareb, Palestinienne de Jérusalem, est doctorante au Centre irlandais des droits de l’Homme à l’université de Galway. Elle est membre d’Al Shabaka et a travaillé pour l’organisation palestinienne de défense des droits humains Al Haq.

Discussion sur la situation au Soudan – avril/mai 2023

Dans cette émission enregistrée au Dissident club le 6 mai 2023, vous pourrez entendre une discussion avec des militants soudanais, Hamad Gamal et Khalid Siraj, ces derniers s’entretenant et échangeant avec les personnes présentes, sur la situation au Soudan. En effet, depuis le 15 avril dernier s’y déroule un conflit entre deux factions militaires : d’un côté les Forces de soutien rapide menée par Mohamed Hamdan Dogolo («Hemetti»), et de l’autre, l’armée régulière menée par Abdel Fattah al-Burhan. Mais pourquoi ce conflit ? C’est ce que l’événement se proposait d’interroger pour comprendre les enjeux, multiples, d’un Soudan qui pourtant il y a à peine 5 ans, en 2018, voyait la chute du dictateur Omar El-Beshir lors de la “Révolution de Décembre”. Avant que cette dernière, la révolution, ne soit ébranlée deux ans plus tard, le 25 octobre 2021, par un coup d’État des militaires. Le coup d’État fut rejeté aussitôt par les soudanais qui descendirent en masse dans la rue. Fin 2021 et tout 2022 furent alors marqué par une lutte continue pour exiger le départ de l’Armée. Révolution, coup d’état, lutte,… voilà donc quelques prémices posées pour passer à enfin à l’émission. Bonne écoute !

Quelques dates :
(rédaction réalisée à partir de la brochure de Sudfa)

  • 1989 : Coup d’État du front islamique mené par Omar El-Béshir et Hassan Al-Turabi. Plusieurs mouvements armés du Darfour entrent en guerre contre le régime.
  • 2003-2007 : Les milices Janjaweed, soutenues par le gouvernement, massacrent des milliers de villageois-es au Darfour. Plus d’un million de darfouris-es doivent fuir à cause des attaques et vivre dans des camps de déplacés.
  • 2011 : Référendum d’auto-détermination au Soudan du Sud. Cela aboutit à la séparation du Soudan du Sud.
  • 17 décembre 2018 : Manifestation étudiante à Al-Fashir (Darfour) et dans le Nil Bleu, contre la hausse des prix, notamment du pain et de l’essence.
  • 19 décembre 2018 : Le siège du parti au pouvoir est incendié à Atbara. Les manifestations s’étendent dans tous le pays. Début de “la Révolution de Décembre”.
  • 11 avril 2019 : Omar El-Béshir, après 29 ans au pouvoir, est destitué par l’Armée.
  • 21 août 2019 : Accord entre civils et militaires. Début de la période transitionnelle. Abdallah Amdok est nommé premier ministre. Le gouvernement de transition est formé de 5 militaires et de 6 civils. Burhan doit diriger le Conseil de Souveraineté durant 21 mois avant de laisser sa place à l’un des membres civils. Des élections nationales sont prévues en 2023.
  • 25 octobre 2021 : Coup d’État de l’armée [Al-Burhan et «Hemetti» œuvrent ici ensemble]. Al-Burhan dissout le gouvernement et se nomme seul chef. Le pays entre en résistance.
  • 15 avril 2023 : Début du conflit entre l’armée régulière et les Forces de Soutien Rapide.

    Vous pourrez retrouver davantage d’informations dans la brochure de Sudfa (décembre 2022).

Musiques entendues dans l’émission :
A.G – سودان بدون كيزان | Sudan Bidon-Kizan
ايمن ماو الدم| Ayman Mao Blood

Lien vers le site du média franco-soudanais Sudfa
Lien vers un article coproduit par Afrique XXI et Orient XXI en date du 21 avril 2023 traitant du conflit au Soudan.

LA COORDINATION ANTI-REPRESSION

Dans cette émission, nous sommes en direct pour 1h30 dans les studios de Fréquence Paris Plurielle avec la coordination anti-répression. A cette occasion, nous aborderons la question de la répression des mobilisations sociales et les outils développés par la coordination pour y faire face, notamment avec le témoignage de Françoise ( la mère de Serge, toujours dans le coma suite à la répression de la manifestation de st Soline) et Sylvain, qui interviendra de Versailles où se déroulait une action contre la caravane du SNU(service nationale universel).

La coordination contre la répression et les violences policières s’est créée en 2016 au moment du mouvement contre la loi Travail. Cette coordination s’est donné pour but de combattre la répression systématique du gouvernement face aux mobilisations sociales.

Si la coordination est née dans le but de soutenir les manifestants dans un contexte de mouvement social, elle n’oublie pas que les politiques répressives, les violences policières et judiciaires utilisées lors du mouvement contre la loi Travail étaient à l’œuvre depuis longtemps dans les quartiers populaires et auprès des personnes exilées, sans papiers ou migrantes.

La coordination se veut anticapitaliste, antipatriarcale, antiraciste, antiautoritaire, ancrée dans la lutte des classes, elle se bat contre toutes formes d’oppressions. Aujourd’hui, la coordination soutient l’idée que c’est l’ensemble de la répression quotidienne qu’il faut combattre face à la multiplication des lois absurdes qui font tomber de plus en plus de comportements dans l’illégalité.

Du mouvement des retraites à st soline : l’état terrorrise

Ces dernières semaines, nous avons observé une augmentation de la répression dans l’ensemble des lieux de mobilisation. Depuis la mobilisation de st Soline, un vocabulaire et le développement d’ outils répressifs spécifiques aux mobilisation environnementales ont été diffusées dans les médias. Cela vise à dissocier et à justifier l’action des forces de l’ordre dans ces mobilisations, de celle des retraites, afin d’éviter toute forme de convergence face aux violences d’état.

Face à ce constat, nous avons plutôt décider de réfléchir à la répression et à son évolution au cours des mouvements sociaux en demandant à Joël, militant écologiste mais pas que, de nous en parler. Grâce à son expérience et son implication dans différents mouvements comme celui de Notre Dame des Landes, Bures, les GJ et aujourd’hui dans les collectifs antinucléaires, il nous donnera une vision plus spécifique de la répression que l’Etat exerce contre les mobilisations pour l’environnement, tout en la reliant plus largement au développement une logique sécuritaire sur l ensemble du territoire.

COMMUNIQUE DES PARENTS DE SERGE

(Ce communiqué a été lu lors de la soirée de soutien aux Soulèvements de la terre.)

La menace de dissoudre un des collectifs qui ont appelé à manifester contre les bassines, le 25 mars, est une nouvelle illustration du mépris que ce régime exprime envers quiconque veut faire barrage à la politique qu’il mène au service de la bourgeoisie.

Il s’agit en effet pour lui d’accréditer l’idée que les milliers de manifestants présents à Sainte-Soline auraient été des enfants sans aucune autonomie, arrivés là sous l’influence de quelque puissance occulte.

Menacer de dissoudre des structures qui organisent la solidarité contre la répression est un autre reflet de ce mépris consistant à faire croire que les gens eux-mêmes, à la base, sont incapables de s’organiser pour se défendre.

Or c’est tout le contraire qui se passe aujourd’hui en France.

A Sainte-Soline, il n’y a pas eu, d’un côté, les « bleus » et les « noirs » et, de l’autre, les « familles ».

Les dizaines de milliers de personnes participant à cette manifestation interdite savaient que les plus mobiles se trouveraient dans le cortège chargé d’ouvrir le chemin vers la bassine, et nul ne dissociait les « non-violents » des « violents », les « bons » manifestants des « mauvais ». La complicité entre les uns et les autres était évidente. Ces dizaines de milliers de personnes ont agi ensemble, chacune selon ses possibilités, contre le modèle capitaliste que représentent les bassines et malgré les menaces de répression émanant de l’Etat. Et elles ont été capables, ensemble, de résister physiquement au bras armé de cet Etat.

La violence a été du côté des forces de l’ordre, qui ont visé l’ensemble des manifestants.

Les 200 blessés de Sainte-Soline – dont notre fils Serge et Mickaël, les plus gravement atteints – ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion de l’ordre », d’erreurs de tel ou tel, ou simplement le fruit du hasard. Le responsable de ces 200 blessés, c’est un Etat qui a pour seul objectif, dans la période actuelle, de mettre à genoux toute contestation sociale afin de mieux gérer l’exploitation du travail dans les années à venir, face à la crise que connaît le capitalisme pour se perpétuer.

La répression policière et juridique est omniprésente et se répand comme la misère sur le pauvre monde, mais nous ne nous laisserons pas enfermer dans un combat contre cette répression qui accaparerait tous nos espaces et notre vision de la vie. Car notre monde, c’est aussi celui de la lutte, et la lutte c’est la fête. La fête, ce sont les barbecues des gilets jaunes sur les ronds-points ; ce sont les cris et les chants lors des manifestations contre la réforme des retraites ; c’est l’expression créative et colorée que peuvent avoir les manifestations des femmes ou des homos ; ce sont les grèves ou les occupations dans lesquelles les salariés se découvrent sur leur lieu de travail ; ce sont les blocages joyeux de routes ou de lycées…

Contre la répression, ces espaces de lutte et de fête témoignent que le monde doit changer de base, et que nous avons en nous, dès maintenant, la capacité d’y parvenir en les mettant en valeur et en les élargissant.
Nous n’avons besoin d’aucune « figure » ou d’aucun parti pour nous indiquer la voie à suivre tout en nous prenant par la main.

Nous maintiendrons notre union dans un même combat contre l’aménagement capitaliste du territoire, et notre solidarité contre la répression. On ne tue pas un mouvement en déclarant dissoutes certaines de ses structures ou en les interdisant.

Dissolution ou interdictions ne changeront donc rien.

Et nous ne céderons pas aux palinodies de partis politiques qui cherchent encore à parler en notre nom alors qu’ils ne représentent plus grand-chose. C’est en nous que nous devons avoir confiance pour repousser l’assaut de l’Etat policier, comme celui d’une extrême droite à l’affût.

Les parents de Serge, le 12 avril 2023

LE CAJ (collectif d’action judiciaire)

Le 24 mars 2023, le Collectif d’action judiciaire organisait sa première réunion publique à la Flèche d’or intitulée « GAV, violences policières, réquisitions : résister face à la répression ». Environ 150 personnes étaient présentes pour échanger sur l’offensive répressive du gouvernement et les moyens d’y répondre. Nous avons enregistré les interventions que vous pourrez écouter dans cette émission.

« Le Collectif d’action judiciaire, réunissant des avocats, juristes et travailleurs du droit qui veulent faire le choix de mettre leurs compétences juridiques au service de la mobilisation, de la lutte des classes et de notre camp social, s’est lancé pendant le mouvement contre la réforme des retraites.

Ce mercredi, il organisait une première réunion publique à la Flèche d’or à Paris intitulée « GAV, violences policières, réquisitions : résister face à la répression ». À la tribune, Elsa Marcel, avocate et membre du collectif, est d’abord intervenue sur la séquence politique décrivant le changement de nature du mouvement depuis l’annonce 49.3. Une métamorphose se caractérisant par la radicalisation du mouvement poussant le gouvernement, très isolé, à durcir ses méthodes de répression de Saint-Soline en passant par les réquisitions et les atteintes au droit de grève.

L’avocate a aussi expliqué qu’il s’agit en réalité d’un élargissement de pratiques constamment en vigueur dans les quartiers populaires et en a profité pour dire quelques mots de l’opération « Wuambushu », une offensive sécuritaire et xénophobe d’ampleur que prépare Darmanin à Mayotte. Elle a également avancé quelques éléments de programme que défend le Collectif, tels que l’abandon de toutes les poursuites et la levée de tous les contrôles judiciaires ou encore la dissolution des corps spéciaux de répression (BAC, BRAV-M, etc.).

Julie Gonidec, avocate pénaliste et également membre du collectif, est intervenue sur l’évolution des modalités de répression. Elle a d’abord décrit les mécanismes à l’œuvre avant la manifestation et les outils de dissuasion mis en place : fouilles, saisies, arrestations préventives ou encore arrêtés d’interdiction de manifester. L’avocate a aussi expliqué le rôle politique de la garde-à-vue et a donné des conseils pratiques comme la nécessité d’exercer son droit au silence. Enfin, elle a décortiqué les suites possibles à la garde-à-vue comme l’amende forfaitaire délictuelle ou encore les « alternatives aux poursuites » qui sont souvent une façon de sanctionner sans procès.

Le Collectif a ensuite répondu à de nombreuses questions de la salle : sur le fichage, les empreintes ADN, le produit invisible de marquage des manifestants utilisé à Sainte-Soline etc. Près de 150 personnes étaient présentes à la soirée : une réussite pour le Collectif lancé il y a à peine quelques semaines, qui compte bien renouveler rapidement ce type d’échéance. »

Pour les contacter :

E-mail : collectif.action.judiciaire@gmail.com
Instagram : @collectif_action_judiciaire

TEL : 07 45 93 26 88

REFORME DES RETRAITES : Blocage de la Tiru d’Issy/ Manifestation 06/04 / La Quadrature du Net

Dans cette émission nous vous diffusons plusieurs reportages autour de la mobilisation contre la réforme des retraites. Tout d’abord, vous pourrez entendre des interviews réalisées le Mardi 04 Avril sur le point de blocage de la Tiru d’Issy les moulineaux ( incinérateur de déchets). Ensuite, nous vous diffusons un reportage réalisé lors de la manifestation du 06 avril 2023 dans les rues de Paris, qui partait de la place des Invalides et en direction de la place d’Italie.

Pour finir cette émission nous vous diffusons deux prises de sons prises lors du Quadra apéro organisé par la quadrature du net. Les quadr’apéros ont lieu tous les mois (ou presque). Ils sont l’occasion de discussions informelles d’une part et de discussions plus sérieuses sur les différents thèmes d’importance et les différentes actions et campagnes en cours.

Italie : Répression et héritage fasciste – Vincenzo Vecchi et Alfredo Cospito

Dans cette émission, vous pourrez entendre une conférence de presse où s’exprimait des personnes du comité de soutiens et des avocats de Vincenzo Vecchi. Celle-ci prenait lieu après la décision de la cour d’appel de Lyon, refusant de livrer Vincenzo à l’Italie, et avant la nouvelle heureuse de l’abandon par le parquet, des poursuites à son encontre. En seconde partie d’émission, nous vous ferons connaître des actualités de l’anarchiste Alfredo Cospito, soumis à un régime de détention carcérale particulièrement sévère, qu’il dénonce, et contre lequel il a commencé une grève de la faim depuis 5 mois.

Cette émission contient un extrait de Radio Sauvage, “une web-radio libre, au cœur des luttes sociales, écologiques et antifascistes. C’est un média dont les militants peuvent s’emparer pour auto-construire du contenu, des émissions et des podcasts avec un soutien technique.”
Lien vers Radio Sauvage

Vincenzo Vecchi est un ressortissant italien qui avait manifesté contre les décisions du sommet du G8 à Gênes, en 2001. La répression y avait été forte, avec un mort et des centaines de blessés. L’Italie avait alors décidé d’arrêter dix hommes et femmes pour l’exemple en prenant appui sur une loi datant de l’époque fasciste mussolinienne : la loi “dévastation et pillage”. Vincenzo avait été alors arrêté, et mis en détention provisoire pendant 1 an. Puis, anticipant la peine excessive le menaçant, il avait gagné la France où il s’y est installé. Quinze ans plus tard, l’Italie émettait deux mandats d’arrêt européen à son encontre afin de demander son extradition. Ce sont donc ces derniers, à présent, qui ont été abandonné, le parquet ne s’étant pas pourvu en cassation, suite au refus par la cour de Lyon de remettre Vincenzo à l’Italie. A part, la Cour de Cassation a rejeté le recours visant 10 italiens en confirmant ainsi le droit d’asile. C’est donc d’anciens militants italiens, réfugiés en France depuis une bonne trentaine d’années qui ne pourront être extradés depuis la France vers l’Italie. [Édité]

[Édit] : Une erreur a été faite concernant les personnes s’étant vues confirmé leur droit d’asile. Nous avons corrigé en conséquence.

Lien vers le site du comité de soutien à Vincenzo

Le 20 octobre, lors d’une audience au tribunal d’application des peines de Sassari, l’anarchiste Alfredo Cospito a essayé de lire une longue déclaration par laquelle il annonce avoir commencé une grève de la faim contre le régime de détention 41 bis, auquel il est soumis, et contre la peine de perpétuité incompressible. Une bataille qu’Alfredo n’a pas l’intention d’interrompre avant son décès. Le compagnon, qui est en régime 41 bis depuis le 5 mai dernier, suite à un décret signé par la ministre de la Justice de l’époque, Marta Cartabia, est actuellement détenu dans la prison de Bancali, en Sardaigne.

“Le régime de 41 bis est une suspension des règles de traitement à l’égard des détenus et des internés pour des crimes considérés particulièrement graves (de « terrorisme »ou de subversion de l’ordre démocratique), ou pour des crimes d’association de type mafieux ou d’association de malfaiteurs avec des buts spécifiques à propos desquels on a des éléments qui laisseraient croire que des liens existent encore entre le détenu et les « organisations criminelles », « terroristes » ou « subversives ». Cette suspension implique les restrictions nécessaires à garantir les exigences d’ordre et de sécurité et à empêcher les contacts avec les dites organisations. Les détenus qu’y sont soumis doivent être accueillis dans des établissements qui leur sont consacrés de manière exclusive ou bien dans des quartiers spéciaux et séparés du point de vue logistique du reste de l’établissement.”
“Le régime de 41bis fût introduit en 1992 après l’attentat de Capaci*. La disposition avait été déjà introduite par la loi Gozzini (loi 633/86), qui avait modifié la loi 354/75 sur le système pénitentiaire. À ce moment-là ce régime pouvait être appliqué seulement dans le cas d’urgence internes aux prisons : « En cas exceptionnels de révolte ou dans autres situations d’émergence, le Ministre de la Justice a le pouvoir de suspendre complètement ou partiellement l’application des règles normales de traitement des détenus et des internés. La suspension doit être motivée par la nécessité de rétablir l’ordre et la sécurité et sa durée est celle strictement nécessaire à atteindre le but susdit ». À ce temps-là, ce régime pouvait donc intéresser seulement un établissement entier ou une partie d’un établissement, pas les prisonniers individuellement. […]”

Lien vers le site Lutter contre le 41bis où vous pourrez en apprendre davantage sur ce régime d’incarcération et sur la lutte qui l’accompagne.

PAS DE BASSINE A SAINTE- SOLINE ET AILLEURS !

Depuis un an, le mouvement parti du marais poitevin pour arrêter les méga-bassines a pris une ampleur retentissante par le biais d’une série de manifestations populaires et d’actions de désobéissance destinées à arrêter les chantiers en cours. Ces cratères géants d’une dizaine d’hectares, remplis en puisant dans les nappes phréatiques sont devenus le symbole d’une maladaptation au changement climatique. Ils incarnent le maintien coûte que coûte d’une irrigation excessive et d’un modèle agro-industriel qui écrase les paysan.ne.s, détruit les milieux naturels et menace in fine les populations.

A partir d’une série de nouvelles bassines projetées dans les Deux-Sèvres, ces infrastructures menacent de se répandre dans d’autres régions à grand renfort d’argent public. Avec la mobilisation historique de Sainte-Soline, c’est à l’ensemble du pays et bien au-delà que se sont vus révélés les enjeux de l’accaparement de l’eau par une minorité d’irrigants, en pleine sécheresse systémique.

Face à la détermination et au nombre chaque fois croissant de manifestant•es, le gouvernement n’a pour l’instant pour seule réponse que d’interdire, réprimer et annoncer à l’arracher 30 nouvelles méga-bassines dans la Vienne. Mais de toutes parts, le dispositif bassine et ses protocoles prennent l’eau, de nombreux•ses acteurs•trices clés des territoires concernés – tout comme une partie croissante du monde paysan ou scientifique – le rejettent de plus en plus ouvertement.

Les 25 et 26 mars 2023, se tenait dans les Deux-Sèvres, une Mobilisation Internationale pour la défense de l’eau et contre les mégabassines intitulée : Pas une bassine de plus !

Le samedi 26 mars, une manifestation se dirige vers Sainte-Soline ou se construit une bassine de rétention d’eau et l’équipe de la mégaradio (groupement de radio associatif.) dont l’actualité des luttes fut partie prenante.

Nous vous proposons, dans l’émission de ce jour, le reportage réalisé ce 26 mars. Nous entendrons successivement un collectif venant de Redon, les prises de parole du samedi matin avant le départ en manifestation, un entretien avec le porte-parole de la confédération paysanne des deux- Sèvres et une série de sons de la manifestation.

Bien évidemment, nous affirmons, notre solidarité avec les nombreux et nombreuses blessé-e-s et personne dans le coma, victime de la violence de l’état de cette journée

La réponse du gouvernement ne s’est pas fait attendre. La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur a demandé la dissolution du collectif les soulèvement de la terre. En réponse, le collectif a publié un communiqué que nous mettons ci-dessous

Le 02 avril 2023 – Réponse à la trumpisation accélérée du ministre de l’Intérieur Darmanin dans le JDD

Nous sommes les Soulèvements de la Terre

Depuis vendredi matin plus de 50 000 personnes dont des milliers de personnalités, syndicalistes, artistes, scientifiques, élu-es, et des dizaines d’organisations politiques, associatives et syndicales en France et à l’international ont affirmé leur adhésion au mouvement des Soulèvements de la Terre par un appel « Nous sommes les Soulèvements de la Terre » initialement publié dans le Monde.

Cependant et alors que les autres initiatives de soutien se multiplient à travers plusieurs tribunes indépendantes, un ministre de l’intérieur, aux abois, s’entête hier soir encore dans un entretien au JDD à prétendre dissoudre cette large coalition pour la défense des terres et de l’eau. Voici pour rappel notre réaction à l’annonce cette mesure de dissolution.

Faire disparaître les luttes locales ?

Mais après les Soulèvements de la Terre, ce sont désormais aussi les « zads », et derrière ce terme les luttes locales, que le gouvernement prétend faire disparaître.

Rappelons en passant qu’à Sainte-Soline, que ce soit lors des mobilisations d’octobre ou de mars, personne n’a jamais prétendu constituer une zad et rester sur le terrain en dehors du temps de la mobilisation, à part le ministre de l’intérieur qui agitait une pure chimère pour pouvoir affirmer qu’il avait empêché quelque chose de se produire.

En réalité, au vu de la carte des 42 « sites sous surveillance » offerte par le JDD sur la base des services de renseignement, c’est l’ensemble des luttes écologistes vivaces de ce pays – face à des projets inutiles et écocidaires d’autoroutes, d’extension d’aéroports, de mines de lithium, de méga-bassines, de bétonisation de jardins populaires – qu’il s’agit pour ce gouvernement de museler. Sa cellule « anti-zad » et ce qu’elle recouvre réellement est bien une déclaration de guerre au mouvement écologiste et paysan dans son ensemble, aux habitant-es des territoires qui lui font face.

Par ses fables sur la menace d’ultra-gauche et ses mensonges éhontés sur les blessé-es, le ministre de l’intérieur déploie évidemment un exercice de propagande destiné à se protéger de l’ensemble des vives critiques sur sa gestion brutale du maintien de l’ordre auquel il va devoir répondre cette semaine, y compris du côté d’institutions internationales et ONG emblématiques : ONU, Conseil de l’Europe, défenseurs des droits, commission des lois, Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty international… Mais nul doute que dans les délires paranoïaques et fantasmes diabolisateurs du ministère de l’intérieur, l’ensemble de ces personnes soient désormais passées dans le camp des dits « éco-terroristes ». Nul doute aussi que ses allégations délirantes sur les manifestant.es venu.es pour « tuer du flic » ne cherchent qu’à cacher la réalité : ceux qui ont tué ces 20 dernières années dans ce pays ne sont pas les manifestant.es écologistes mais bien la police : dans son service du maintien de l’ordre  et dans les quartiers populaires, entre autre. Elle a éborgné et mutilé ces dernières années des dizaines de personnes durant le soulèvement des gilets jaunes, le mouvement loi travail, l’expulsion des zads ou le mouvement actuel des retraites. 

Quant à son déni réitéré sur l’usage de LBD, d’armes de guerre et surtout sur l’obstruction faite au secours par les forces de l’Ordre à Sainte-Soline, on constate une trumpisation effarante de la parole gouvernementale passée dans une réalité alternative en qualifiant de fake news des éléments délivrés par des journaux de référence sur la base d’enregistrements et de témoignages concordants délivrés par des observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme, élu.es et représentant.es syndicaux présents sur place (https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/sainte-soline-lenregistrement-qui-prouve-que-le-samu-na-pas-eu-le-droit-dintervenir).

Mais Darmanin entend aussi détourner l’attention sur le fond du problème : l’action anti-écologique du gouvernement au profit d’intérêts privés. En pleine crise climatique et hydrologique, alors que des centaines de milliers de personnes à travers le pays ressentent une urgence aussi vitale que salutaire à agir, Darmanin se permet de mettre le doute sur la sincérité de leurs motivations. Il est désormais clair en tout cas que la motivation de son gouvernement est de continuer à protéger les profits de quelques industries du ciment, du sable, des engrais et pesticides (1)quel qu’en soit le coût humain, écologique, et d’ailleurs économique (5 millions d’euros de coût de l’opération de maintien de l’ordre le 25 mars à Sainte-Soline – soit plus que la facture du chantier, des bassines qui profitent aux intérêts privés de quelques agriculteurs mais qui sont financées à 70% par de l’argent public, un ministre de l’Agriculture vient tout juste de revenir sur l’interdiction du S-metholachlore en guise d’allégeance au nouveau président de la FNSEA, émissaire de l’agro-business….).   

Nous ne savons pas jusqu’où ira ce gouvernement pour espérer sauver sa peau en mutilant et piétinant sa population et en augmentant quotidiennement le niveau de mensonges assénés aux médias, mais nous réaffirmons qu’il est grand temps que Darmanin démissionne et que son gouvernement se dissolve.

En ce qui concerne la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre dont le mouvement a reçu la notification jeudi 30 mars et qui pourrait être prononcée dès le 12 avril : l’ensemble des collectifs et les dizaines de milliers de personnes partie prenante des Soulèvements de la Terre n’entendent pas se laisser interdire d’agir ensemble par des décisions ministérielles d’un gouvernement illégitime. Plus d’un millier de personnes sont d’ores et déjà prêtes à attaquer juridiquement le décret de dissolution s’il devait paraître.

Nous attirons à ce sujet l’attention sur la note des renseignements intérieur ayant abouti à cette procédure de dissolution et lisible dans son intégralité sur le site de Lundi Matin avec notre analyse. En effet, à la lecture de cette note confidentielle étonnamment élogieuse, on comprend qu’au-delà du prétexte affiché de la violence, si le ministre cherche à dissoudre le mouvement, c’est essentiellement parce qu’il réussit à fédérer et peser sur le champ politique !

## Enfin et pour l’heure, nos premières préoccupations vont toujours aux blessé-es que le gouvernement a choisi délibérément de démultiplier pour tenter de terrifier un mouvement, à Serge toujours entre la vie et la mort, à Michaël encore dans un état  extrêmement grave, à celles et ceux qui ont perdu un œil, un pied, qui resteront meurtri-es dans leurs corps et dans leurs têtes. 

Pour elles et eux, parce qu’une lame de fond ne peut être dissoute, nous continuerons notre combat pour les terres et l’eau, immédiatement en solidarité avec le mouvement des retraites et pour la fin rapide des méga-bassines.

DISPARITION DU JURY DANS LES COURS D’ASSISES ! OU COMMENT GÉNÉRALISER LES COURS SPÉCIALES

Cette émission se propose de réfléchir à la présence du jury populaire dans les cours d’assises de justice et à son éviction depuis le 1er janvier 2023. En effet, sans grand bruit, la loi de programmation de la justice de 2019, a aboli le jury populaire des cours d’assises. Suite à une expérimentation de trois ans, dans 15 départements, la cour criminelle départementale composée exclusivement de magistrats professionnels a été généralisée.

Elle est compétente pour juger des personnes majeures accusées d’un crime puni de 15 ou 20 ans de réclusion lorsque l’état de récidive légale n’est pas retenu. Elle est composée de cinq magistrats professionnels. Le jury populaire demeure cependant en appel. La justice est donnée en principe au nom du peuple, les jurés en étaient l’émanation et l’illusion. La délégation de pouvoir s’immisce dans tous les interstices de la vie publique, jusque dans les tribunaux.

Loin de penser que les jurés populaires rendaient forcément une justice plus clairvoyante, leurs disparitions dégradent toujours plus son exercice et pose de nombreuses questions. Nous tenterons d’y répondre avec Benjamin FIORINI qui mène une campagne pour contester la suppression des jurés populaires.

Bien sûr, tout le monde ne pouvait pas être désigné comme juré ; ainsi celles et ceux qui n’étaient pas inscrits sur les listes électorales et qui avaient un casier judiciaire en étaient exclus. La liste des prétendants, profession à l’appui, passait devant un tas de commissions qui pratiquaient un écrémage social bien-pensant. Pour des raisons d’économie budgétaires et pour priver le peuple de tout exercice de pouvoir, l’État avait déjà réduit au fil du temps le nombre des jurés dans les cours d’assise et donc leur possible influence, de 12, ils étaient passés à 9, puis à 6 avant de disparaître complètement sans que ça fasse grand bruit.

Bien sur les jurée débarquaient dans un univers qu’ils ne connaissent pas, avec son fonctionnement, son vocabulaire, ses rituels, son apparat, le code pénal qu’ils n’avaient pas lu. Difficile dans ce contexte de peser le pour et le contre, de ne pas se faire influencer ou manipuler par les juges professionnels. Ils n’avaient pas accès au dossier d’instruction, les débats étaient oraux menés par le président qui les dirige en « son honneur et sa conscience ».

Mais est ce que les juges professionnels font mieux ? venant de la bourgeoisie ils défendent leurs intérêts et en premier lieu la propriété privée. La séparation, le mépris, l’ignorance désignent la grande majorité des personnes qui leur est présentée comme des ennemis, des monstres qu il faut éradiquer. Les délais pour juger un dossier sont de plus en plus court. La sentence de plus en plus lourde comme si les années de prison n’avaient aucun poids, étaient devenues une abstraction sans conséquence. L’absence de jury populaire lors des jugements aura au moins l’avantage d’éclaircir les choses, nous avons bel et bien affaire à une justice de classe.

TEXTE DE LA PÉTITION http://sauvons les assises.fr

Préservation du jury populaire de cour d’assises – Abandon des cours criminelles départementales

Héritage de la Révolution de 1789, le jury populaire de cour d’assises, symbole éclatant de la démocratie en matière judiciaire, doit être défendu et préservé. Il est pourtant menacé par la généralisation des cours criminelles départementales (CCD) fixée au 1er janvier 2023, puisque ces nouvelles juridictions, exclusivement composées de magistrats professionnels (cinq au total), remplaceront le jury populaire dans 57 % des affaires qui lui revenaient jusqu’alors. La participation citoyenne à la justice criminelle deviendra ainsi minoritaire, ce qui constitue un recul démocratique sans précédent pour notre pays.

Plusieurs raisons essentielles justifient la préservation du jury populaire. Tout d’abord, le jury est un outil politique au service de la liberté, car dans l’hypothèse où la justice deviendrait inique, il permettrait aux citoyens d’endiguer les excès judiciaires.

Ensuite, le jury est un vecteur d’humanité, puisque sa participation repose sur le principe d’oralité des débats, qui oblige les acteurs du procès à faire montre de pédagogie pour expliquer aux jurés les circonstances de l’espèce et ses implications juridiques, ce qui génère un effet cathartique dont les bienfaits dépassent les enjeux strictement juridiques du procès et participent à la reconstruction du lien social.

Enfin, le jury représente est un instrument au service de la citoyenneté. Comme l’écrivait Alexis de Tocqueville dans son ouvrage De la démocratie en Amérique, le jury « sert à donner à l’esprit de tous les citoyens une partie des habitudes de l’esprit des juges ; et ces habitudes sont précisément celles qui préparent le mieux le peuple à être libre ». De ce point de vue, la participation des jurés à la justice criminelle constitue une expérience démocratique qui modifie leur place en tant que citoyen. À l’heure où le rapport conclusif des États généraux de la justice plaide pour un rapprochement des citoyens et de leur justice, réduire l’un des derniers espaces de démocratie participative en matière judiciaire semble particulièrement malvenu.

En outre, même en quittant le terrain des principes, les premiers retours d’expériences des cours criminelles départementales sont calamiteux. En résumé, les promoteurs des CCD visaient trois objectifs : dé-correctionnaliser (notamment en évitant que des viols soient requalifiés en agressions sexuelles), gagner du temps et faire des économies). Or, le rapport du comité d’évaluation et de suivi de la cour criminelle départementales, daté d’octobre 2022, révèle qu’aucune de ces promesses n’est tenue.

Premièrement, aucune dé-correctionnalisation n’a pu être mesurée. Il s’agissait pourtant du principal pilier de la réforme.
 
Deuxièmement, le délai d’audiencement de 6 mois fixé par la loi devant les CCD départementales est intenable – même au prix d’un surinvestissement supplémentaire des magistrats et des greffiers, dont la surcharge actuelle de travail est déjà connu –,  ce qui amène le comité à suggérer le rehaussement de ce délai à 9 mois. Cela le rapprocherait du délai d’audiencement prévu aux assises, questionnant subséquemment l’utilité des CCD. En outre, le comité constate que le taux d’appel des arrêts des CCD (21%) est plus important que celui des arrêts d’assises pour les mêmes affaires (15%) – même si cet écart pourrait légèrement diminuer en raison de désistements tardifs. Ce taux d’appel supérieur, qui révèle une insatisfaction quant au déroulement des audiences, est coûteux en termes financiers et provoque un allongement des délais préjudiciable aussi bien aux accusés qu’aux parties civiles.
 
Troisièmement, le comité n’a pas été en mesure de vérifier les éventuelles économies engendrées par les CCD, celles-ci produisant de nombreuses externalités négatives sur le plan financier (augmentation du taux d’appel ; mobilisation magistrats assesseurs supplémentaires qui perdront du temps sur leurs fonctions principales civiles ou pénales ; nécessité impérieuse de renforcer les effectifs de magistrats et de greffiers, tout en réalisant des investissements immobiliers pour que le fonctionnement pratique des CCD soit viable, etc.). Le rapport indique même que le renforcement des moyens humains dans les juridictions est « indispensable » à la généralisation des CCD. Dans la mesure où il est impossible que ce renfort soit intervenu d’ici le 1er janvier 2023, cette recommandation du comité invite, sans le dire frontalement, à renoncer à leur généralisation.

En plus de constituer un scandale sur le plan démocratique, la généralisation des CCD et l’effacement du jury populaire sont donc une aberration sur le plan pratique. CCD est à la fois l’acronyme d’un « Crime Contre la Démocratie » et d’une « Chimère Coûteuse et Décevante ».

Il convient donc de préserver le jury populaire en supprimant les dispositions législatives prévoyant la compétence des CCD, à savoir les articles 181-1, 181-2, 380-16, 380-17, 380-18, 380-19, 380-20, 380-21, 380-22 et 888-1 du code de procédure pénale.

Benjamin FIORINI

À SEB, SERGE ET TOUS LES RÉVOLTES… Le capital n’écrasera pas notre soif de vivre.

Le 28 mars 2023 se tenait au techni-centre près de gare de Lyon, un rassemblement à 11 h, juste avant la grande manifestation intersyndicale.

Ce rassemblement était organisé à la fois contre la réforme des retraite mais également pour protester contre la répression qui avait éborgné Sébastien, un cheminot qui travaille dans ce centre, lors de la précédente manifestation. Plus de 500 personnes, principalement cheminotes, ont traversées les voix pour écouter des représentants de SUD, la CGT, même l’UNSA et ses camarades de combat. Le communiqué des amis de Serge, camarade dans le coma suite à la manifestation de Sainte-Soline contre l’accaparement de l’eau par l’industrie agro-alimentaire.

Ensuite vous pourrez écouter la lettre d’Agathe pour Seb et la nécessaire extension de la grève.

La lettre de la famille et les amis de Serge, et de la mère de Mickaël.

Un témoignage d’une manifestante qui revient de Sainte-Soline.

27 mars 2023-03-28

Bonsoir à tous. Je m’appelle Agathe, je bosse comme ouvrière en logistique au technicentre SNCF de Châtillon, où nous sommes en grève continue contre la réforme des retraites. J’interviens ici en tant que gréviste et aussi militante CGT et militante Lutte Ouvrière. Je vais être brève. Je tiens d’abord, bien sûr, comme tous nos camarades, à exprimer ma solidarité à Sébastien, à sa famille, à ses collègues. Il s’agit d’un militant ouvrier victime de la répression policière alors qu’il manifestait avec des centaines de milliers d’autres.

Sébastien a été victime comme d’autres d’une politique délibérée du gouvernement. Depuis l’usage du 49.3, on a tous senti que le gouvernement a passé un cran dans la répression. Macron et Darmanin tentent de nous faire peur et de mater ainsi la contestation sociale. Le pouvoir avait déjà procédé de cette façon contre les gilets jaunes il y a quelques années. Cette fois-ci, ils s’en prennent aux grévistes. Les policiers, cette bande de voyous, depuis plusieurs jours, ont carte blanche pour tabasser les manifestants, les mutiler en utilisant des armes de guerre, les arrêter sous le moindre prétexte, les insulter et les menacer.

Même quand on ne l’a pas vécu soi-même, on a tous vu les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux et sur les télévisions. Cette violence du pouvoir, dont Sébastien a été la victime, a pour but de nous intimider. Macron voudrait nous faire taire à coups de matraques, de grenades, de gaz lacrymo ou de garde à vue. Avec les réquisitions aussi, il voudrait nous voler notre droit de grève et nous faire travailler de force. Si le pouvoir use de ces méthodes brutales, c’est qu’il est en difficulté.

Après deux mois, le mouvement de grève contre sa réforme antiouvrière se poursuit et il a même connu un second souffle depuis le 49.3 et les provocations de Macron. Partout, les cortèges de travailleurs du privé comme du public et ont été énorme et jeudi dernier, comme aujourd’hui, ont montré l’entrée de plus en plus massive de la jeunesse dans le mouvement. Et tout l’arsenal antiouvrier, antidémocratique du gouvernement se retourne contre lui : il décide de nouveaux bataillons à entrer dans la lutte en plus de ceux qui étaient déjà à poursuivre la mobilisation.

Actuellement, les médias nous inondent de poubelles cramées, de vitrines cassées destinées à discréditer le mouvement. Mais la hantise des possédants n’est pas dans le feu de quelques poubelles et de mobilier urbain. Leur crainte, c’est que notre grève se généralise. Notre force, elle est actuellement dans la grève des éboueurs, dans la grève des raffineurs, des électriciens, dans la grève des cheminots, des dockers et nous l’espérerons demain de l’automobile, de la chimie, de la grande distribution et bien d’autres secteurs.

Quand on fait grève, ça se voit : les poubelles débordent dans les beaux quartiers des richards. Pas de kérozène, c’est pas d’avion pour les paradis fiscaux, c’est pas de TGV pour Biarritz… et surtout en cas de grève, plus de profit. La hantise du patronat, c’est que notre grève se généralise. Si elle s’étend, comme en 1936 ou mai 68, elle pourra imposer non seulement le retrait de la réforme, mais aussi imposer l’augmentation des salaires en fonction des prix, l’embauche massive et la répartition du travail entre tous.

Tout ce qu’on nous dit utopique aujourd’hui sera possible parce que, ce sera la panique du côté des Bolloré, des Bernard Arnault, des milliardaires du CAC40. Aujourd’hui et demain, notre force la plus radicale et la plus efficace : c’est la grève ! Le gouvernement mise sur la répression. Mais il ne peut pas mettre un bataillon de CRS devant chaque entreprise. Il ne peut pas remplacer par les flics chacun de nous sur nos postes de travail. Alors la meilleure solidarité qu’on peut apporter à Sébastien, c’est de continuer le mouvement et l’amplifier jusqu’à la victoire.

COMMUNIQUE des parents de SERGE

Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un “pronostic vital engagé”, suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.

Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité.

Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :

  • – Oui, Serge est fiché “S” – comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui.
  • – Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires – comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi.
  • – Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes – comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.

Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.

Les parents de Serge
Le Mercredi 29 mars 2023

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Après Sainte-Soline : deux plaintes déposées par la famille de Serge. pour tentative de meurtre et entrave aux secours

mercredi 29 mars 2023

Après Sainte-Soline : deux plaintes déposées par la famille de S. pour tentative de meurtre et entrave aux secours

Après la mobilisation à Sainte-Soline ce samedi 25 mars, émaillée de graves violences policières qui ont occasionné plus de 200 blessures, deux manifestants, S. et M. sont toujours entre la vie et la mort.

La famille de S. a déposé 2 plaintes : la première pour tentative de meurtre et entrave aux secours ; et la deuxième pour violation du secret professionnel dans le cadre de l’enquête et détournement de l’objet de la consultation des fichiers pour un objectif autre.

En effet la police a honteusement fait fuiter mardi 28 dans la presse un profil de S. et des éléments confidentiels de l’enquête dans l’unique but de faire diversion et camoufler ses exactions – une manœuvre non seulement indigne mais aussi illégale qui mérite d’être sanctionnée.

La plainte pour tentative de meurtre et entrave aux secours a été enregistrée. Le procureur de Rennes a ainsi saisi l’IGGN d’une procédure pour violence de la part d’une personne dépositaire de l’autorité publique et non assistance à personne en péril. L’avocate Chloé Chalot demande la désignation d’un juge d’instruction en urgence pour faire toute la lumière de façon indépendante sur ces faits d’une extrême gravité.

Nous rappelons qu’il est désormais avéré que la préfecture et le ministère de l’intérieur ont menti au moins par quatre fois sur les événements du 25 mars :

  • – En affirmant n’avoir pas entravé l’intervention du SAMU alors que de multiples témoignages et des enregistrements du SAMU publiés par Le Monde et Médiapart l’attestent
  • – En niant la réalité des armes de guerre employées, pourtant vérifiée par Checknews.
  • – En parlant d’usage légal de LBD avant de rétropédaler et de condamner des “bavures”
  • – En affirmant que 7 blessé-e-s étaient à déplorer parmi les manifestant-e-s qui en comptent et en attestent plus de 200.

Tous ces éléments démontrent largement la responsabilité grave des forces de l’ordre, la tentative de meurtre et l’entrave aux secours, et nous comptons sur cette plainte et cette enquête pour le prouver définitivement. L’ensemble des témoignages semblent concorder pour dire que S. a été victime de l’explosion d’une grenade GM2L

L’avocate des blessé-e-s est disponible pour répondre à vos questions sur les plaintes :

(nous contacter pour avoir son téléphone)

Nous vous demandons de ne pas chercher à contacter la famille sans leur accord et de passer par leur avocate. Merci de respecter leur souffrance et de les laisser choisir la façon dont ils veulent en parler.

Nous relayons ici un deuxième communiqué écrit par les proches de S.

Alors que notre camarade Serge se bat comme un lion pour garder la vie que l’État essaie de lui enlever, nous assistons à un nouveau déferlement de violences, cette fois-ci médiatiques, qui vise à faire de lui un homme qu’on peut légitimement abattre. Aujourd’hui, il est toujours dans le coma et son pronostic vital est toujours engagé. Notre solidarité va aussi à Mickaël et à toutes celles et ceux qui ont rencontré la violence de la police sur leur chemin.

Les mots du pouvoir d’état sont inlassablement répétés sur les plateaux des médias bourgeois pour construire l’ennemi qu’ils veulent combattre. Leur écran de fumée ne supportera pas les dizaines de récits qui sont venus recomposer le déroulement des faits. La gendarmerie a utilisé des grenades dans le but d’abîmer les manifestants et a orchestré la faillite de la prise en charge des secours, quitte à laisser mourir les camarades.

Les services de renseignements distribuent à tour de bras le dossier de Serge dans les rédactions dans le but d’imposer le prisme policier pour désigner ce que nous sommes. Nous ne nous amuserons pas ici à démonter chacune des versions policières volontairement tronquées. Ça serait croire qu’une quelconque vérité à ce sujet puisse exister dans les arcanes des propagandes étatique et médiatique. Serge, en tant que militant révolutionnaire, participe depuis de nombreuses années de toute sa volonté aux différentes luttes de classe qui surgissent contre notre exploitation, toujours dans un souci d’élargissement, de renforcement et de victoires pour les prolétaires.

Parce que oui, nous ne pouvons pas nous résigner à l’écrasement.

Nous appelons toutes celles et ceux qui le connaissent à dire autour d’eux qui il est. Mais en se souvenant d’une chose : Serge, dans la lutte, refuse la stratégie du pouvoir de désigner les bons et les mauvais. Nous tenons, avec lui, cette ligne.

Mardi 28 mars, des gens d’un peu partout ont pris l’initiative de témoigner de leur solidarité au cœur du mouvement contre la réforme des retraites en France. Nous avons également reçu de nombreux messages de camarades d’autres pays. Nous les en remercions chaleureusement et les invitons à poursuivre et renforcer la lutte. D’autres initiatives sont d’ores et déjà programmées et nous appelons les gens à les rejoindre et à les multiplier, sans modération, en France et dans le monde.

Nous appelons à diffuser massivement ce communiqué.

PS : de nombreuses rumeurs circulent sur l’état de santé de Serge. Ne les relayez pas. Nous vous tiendrons informés de l’évolution de la situation.

Pour nous contacter : s.informations@proton.me

Des camarades du S.

Reste avec nous

Je reviens de Sainte-Soline.

Je reviens de manif.

Je reviens de contrôle d’identité aller, réquisition du procureur.

Je reviens après avoir ôté mes protections, ce n’est plus envisageable de manifester sans.

Je reviens d’une manifestation où les observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme ressemblent aux observateurs des droits fondamentaux dans des pays lointains, où ces droits sont bafoués quotidiennement.

Je reviens de ce territoire absurde où l’on peut masser 3 000 flics pour protéger un cratère pensé pour que quelques-uns s’accaparent l’eau de tous.

Je reviens d’un lieu où l’État montre son visage comme il le fait dans les banlieues ou dans les stades depuis belle lurette.

Je reviens de contrôle d’identité retour, réquisition d’un autre procureur, je ne suis plus, potentiellement mal intentionné, mais terroriste cette fois, moi le terrorisé par la débauche de violence à laquelle j’ai assisté.

Je reviens et tu ne reviens pas, et tu ne reviendras d’ailleurs peut-être pas.

« Reste avec nous. »

Il y a ton corps qui se convulse dans les bras des medics.

Il y a cette femme médecin qui appelle le SAMU au téléphone, SAMU qui ne vient pas car ta vie importe peu, visiblement.

Il y a ces médecins militaires, équipés, mais pas pour nous, qui sont à côté, de l’autre côté de la ligne. Des médecins pour prendre soin des sbires de l’État, du capital et du cratère. Ils finiront par arriver près de toi, peu avant le SMUR.

Reste avec nous disent toutes ces voix pour que tu te raccroches à la vie dans cet univers nécrophile.

Et je les entends car nous faisons un cordon autour de toi, d’eux, pour que les premiers secours ne soient pas troublés par la terreur alentour, les grenades qui pleuvent, les manifestants tranquilles apeurés par l’irruption des flics sur quad qui déboulent à revers sur la manif, pleins de grenades et de gaz, encore.

Parce que pour nous c’est la vie qui est à protéger.

Reste avec nous camarade

Je reviens et je n’ai pas été danser à Melle.

Je reviens et me pose quelques questions sur nos formes de lutte.

Je reviens en souhaitant que le respect du vivant soit intégré à celles-ci, à nos modes d’actions et que la nécrophilie de l’époque ne nous gagne pas, que le romantisme de l’émeute n’égare pas la jeunesse dans les bras de la police.

Parce qu’ils sont prêts à tout pour préserver les privilèges de quelques-uns, nous devons être prêts à tout pour protéger la vie, les nôtres, la tienne.

Reste avec nous camarade !

Que nos larmes ne remplissent pas leurs bassines !

REFORME DES RETRAITES : manifestation à paris et Montpellier/manifestation contre la loi asile et immigration

Ce mardi 28 mars 2023, une 10e journée de mobilisation interprofessionnelle, c’est tenu dans tout le pays contre là reforme des retraites. Les blocages et grèves se poursuivent notamment dans les raffineries et les incinérateurs.

Dans l’actualité des luttes, nous étions dans la manifestation parisienne et Montpelliéraine. À paris, nous avons rencontré les secteurs de l’enseignement et une cheminote de la gare Saint-Lazare et un point avec David, de la CGT INFOCOM sur la caisse de gréve. pour Montpellier, un point sur le blocage du dépôt de carburant de Frontignan qui fourni du carburant jusqu’au massif central, ensuite des entretiens réalisés dans la manifestation à Montpellier.

Un mot sur le projet de loi DARMANIN qui se targue de “mieux contrôler l’asile et l’immigration” et qui va être débattu dans les jours qui viennent devant le Sénat. Cette loi sera très négative pour les droits des étrangers.

Il y a une batterie de mesures pour accélérer les expulsions, limiter les droits au recours contre les décisions de justice ou de la police, limiter les cas où on est protégés de l’expulsion. SI on reçoit un OQTF*Ordre de Quitter le Territoire Français ou un IRTF** Interdiction de Retour sur le Territoire Français, on est assimilé à un délinquant étranger ; votre nom est placé sur un registre des personnes recherchées par la police. Être sans papiers en France devient un crime.

C’est dans ce contexte que se tenait ce samedi 25 mars 2023, la manifestation parisienne contre le projet de loi asile et immigration. Dans cette seconde partie d’émission, nous entendrons une prise de parole sur le contexte de ce projet de loi et un entretien sur la situation à Mayotte.

REFORME DES RETRAITES : Mobilisation du 23 mars 2023/ L’interpro du Havre

Le jeudi 23 mars 2023 était la 9 éme journée de mobilisation nationale appelé par l’intersyndicale dans cette mobilisation contre la réforme des retraites. C’était la première après le passage en force de la réforme avec l’utilisation de l’article 49-3. La journée a donc était rythmée par une diversité d’actions de blocages dans la matinée, et une manifestation au départ de bastille et en direction de la place de l’opéra, qui une fois dispersée s’est transformé en un ensemble de petites manifestations sauvages comme toute les nuits depuis l’annonce du passage en force de la réforme.

Dans la première partie de notre émission nous vous diffusons les reportages que nous avons pu réaliser le 23 mars. Tout d’abord, vous pourrez entendre un reportage au Techni-centre de Châtillon, en gréve sauvage. Ensuite, nous serons à la gare de Lyon avec un cheminot qui reviendra sur l’action d’envahissement des rails qui avait eu lieu dans la matinée. Enfin, vous entendrez l’interview d’ étudiants de l’université Panthéon-Assas en cortège lors de la manifestation de l’après midi.

Dans une seconde partie d’émission, nous vous diffusons un interview réaliser avec deux membres de l’ Assemblée Interprofessionnelle du Havre. Ce fut l’occasion pour nous de revenir sur l’ensemble de la mobilisation avec eux, et plus précisément sur le tournant qu’elle a pris depuis une semaine.

Nous terminons cette émission en lisant le communiqué des camarade de Rennes de S. blessé gravement ( pronostic vital engagé) à Sainte Soline lors de la mobilisation de ce week end contre les méga bassines :

” Samedi 26 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’État démocratique en est la traduction la plus saillante.

Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

Vive la révolution.

Des camarades du S.

PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations@proton.me”

S’ORGANISER CONTRE LA POLICE

En appel à la Marche contre les violences d’état et le racisme systémique qui se déroule le 18 Mars 2023 à 14h au départ de la place de la République.

Nous vous diffusons aujourd’hui un plateau radio intitulé “S’organiser contre la police” qui s’est déroulé le dimanche 23 octobre 2022, à La Maison Ouverte (17 rue hoche 93100), dans le cadre du Festival Internationaliste ” Les Peuples Veulent 4.0″. Vous pourrez entendre Aydin Yaman (militant.e de Minneapolis, USA), des membres du collectif Los Panchos (Mexique), et des membres du collectif Defend the Atlanta Forest (USA)

Texte D’Appel à La Marche contre les violences d’État et le racisme systémique

“En 2023, pour la 27e année consécutive, l’appel du Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) de Montréal est lancé pour faire du 15 mars la Journée Internationale contre la brutalité policière.

En France, afin de rompre l’isolement, de dénoncer l’impunité et l’immunité accordées aux agents assermentés face à la justice et de rendre hommage aux victimes, les familles de personnes assassinées, les victimes blessées et mutilées ont répondu à l’appel dès 2011. Elles se sont passé le relais depuis pour faire de la mi-mars le moment de convergence de toutes les personnes victimes de violences et de crimes d’État.

Cette année le Réseau d’Entraide Vérité et Justice, constitué de familles de victimes tuées par la police et la gendarmerie, de familles qui ont perdu un proche tué en prison ou suite à des disparitions forcées, et de personnes blessées et mutilées par les forces de l’ordre, porte l’organisation de cette journée avec des collectifs féministes, antiracistes, antifascistes, de personnes exilées, de sans-papiers et de collectifs en lutte contre les violences et crimes d’État.

Le samedi 18 mars 2023, le Réseau d’Entraide Vérité et Justice appelle à marcher toutes et tous ensemble dans toutes les villes et tous les pays.
Vérité, Justice et Réparations pour toustes !”

Pour soutenir le Réseau d’Entraide Vérité et Justice via Hello Asso

MANIFESTATIONS : contre la réforme des retraites/ contre la loi asile et immigration

En ce jour de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, nous décidons de vous diffuser plusieurs reportages. Tout d’abord un reportage qui a été réalisé lors de la manifestation contre la réforme des retraites du jeudi 16 février 2023 dernier à Paris. Ensuite nous vous diffuserons un reportage qui lui a été réalisé lors de la manifestation du 18 février 2023 contre le projet de loi asile et immigration qui partait de la Porte Dorée en direction du Centre Administratif de Rétention de Vincennes. En effet, le mercredi 1er février 2023, le projet de loi sur l’asile et l’immigration a été présenté en Conseil des ministres. Il devrait être présenté au Sénat en mars puis à l’Assemblée nationale avant l’été. Ce 22ème texte en 30 ans confirme une fois de plus l’érosion des droits des personnes exilées en France. Dans cette émission nous vous diffusons ces deux reportages car il est nécessaire de faire le liens entre différentes attaques du gouvernement afin de les combattre.

Stop violences policières /manifestation réforme des retraites du 11 février à paris / association mamama/ blocage au lycée Hélène boucher

En ce vendredi et avant de vous proposer pour les 15 jours à venir une sélection de nos émissions et vous retrouver pour de nouvelles émissions, le lundi 6 mars, nous vous proposons un panorama de différents reportages réalisé en ce mois de février.

Nous commencerons en nous rendant en Seine-Saint-Denis

Le collectif Stop Violences Policières à Saint-Denis souhaiter en effet mener une action forte en réponse à ces violences exercées sur les étudiant.e.s de l’Ehess (école des hautes études en science sociale) lors de leur garde à vue après une tentative de se rassembler en AG sur le campus Condorcet.

Le Collectif entend ainsi dénoncer ces faits et faire condamner les responsables qui sont déjà mêlés à d’autres affaires de violences sur le quartier.

Ce 4 février, un rassemblement non violent se tenait pour revendiquer l’arrêt immédiat de tout abus de pouvoir de la part des fonctionnaires en poste dans ce commissariat et la condamnation des faits qui leur sont reprochés.

Nous entendrons un entretien réalisé avec une membre de collectif stop violence policière saint Denis.

Nous poursuivrons avec la 4ᵉ mobilisation contre la réforme retraite à eu lieu le 11 février dernier, tout aussi massive que la précédente avec l’apport des salariés qui ne peuvent pas se mobiliser en semaine accompagnée de leurs familles.

Au cours de cette manifestation, nous avons pris le pouls de la mobilisation avec un agent de la RATP qui nous expliquera pourquoi la mobilisation ne prend pas dans le métro et le RER. Un salarié de Radio France qui par ailleurs nous expliquera la précarité sociale à la radio publique.

Un militant de la marche des solidarités qui nous expliquera le lien entre les différentes contre-réformes qui visent à précariser toutes les couches de la société et un étudiant qui dit pourquoi il se mobilise.

Dans le reportage qui suit, nous parlerons de la situation de l’association MaMaMa

Créé lors du premier confinement, l’association de lutte contre la précarité infantile MaMaMa devait quitter ses locaux situés à Saint-Denis, suite une décision du juge des référés du tribunal de Bobigny.

Une audience en référé, c’est tenu ce lundi 13 février 2023 et le résultat de ce référé donné le 15 février et que Le tribunal de Bobigny accorde à MaMaMa un an de délai ! L’indemnisation financière et l’expulsion immédiate demandées par Plaine CoDev sont rejetées.

Nous entendrons l’entretien réalisé avec une membre de l’association MaMaMa qui nous parle de leur relation avec la mairie de Saint-Denis.

Dans la dernière partie de cette émission, nous vous diffusons un reportage réalisé le lundi 13 février devant le lycée Hélène Boucher à Paris. Ce jour, l’AG des lycéens avait décidé de bloquer le lycée et les lycéens tiennent un piquet de grève. Nous sommes donc allés à leur rencontre afin de mieux comprendre de quelle manière ils se sentaient concernés par la réforme des retraites et quelle place ils voulaient avoir dans ce mouvement.

CONTRE LA LOI ASILE ET IMMIGRATION

En appel à la mobilisation contre la loi Asile et Immigration du 18 février 2023, dont le départ de la manifestation sera à 14h à porte Dorée en direction du Centre de Rétention de Vincennes; nous vous diffusons aujourd’hui le montage de la rencontre qui avait lieu le 8 février 2023, à la Flèche d’or, dans laquelle vous entendrez un ensemble de collectifs qui participent de cette mobilisation.

LE CAMPUS CONDORCET SE MOBILISE CONTRE LA REFORME DES RETRAITES

Lundi 23 janvier 2023, à la Maison des Jeunes, un petit bâtiment au sein du campus EHESS-Condorcet à Aubervilliers seine-saint-Denis dont les portes s’ouvrent manuellement, à la différence de toutes les autres portes des bâtiments du campus qui sont à ouverture/ fermeture électronique, on était une bonne trentaine. L’idée était de prendre le lieu pour l’utiliser comme lieu de discussion et d’organisation pour les luttes. On a barricadé les portes, sauf une. Une banderole est accrochée dans le but de pouvoir diffuser un appel à rejoindre le lieu dans la soirée.

Ceci est le témoignage des étudiantes et étudiants qui ont tenté-e-s d’occuper ce lieu pour protester contre la réforme des retraites.

Avec nos invité-e-s, nous revenons sur cette occupation et comment, dans ses lieux sans vie, on tente de faire rentrer la politique : la vie de la cité.

Quels sont les enjeux véritables de la réforme des retraites?

Le « problème » des retraites est une construction politique. Ce terme renvoie, lorsqu’il est utilisé à propos de la réalité économique et sociale, à la sphère de la technicité, de l’expertise. En revanche, utiliser le terme « question » à propos de la réalité économique et sociale, signale la possibilité non seulement de la pluralité des réponses, mais aussi de leur éventuelle contradiction : en général, à une question correspond rarement une seule réponse, mais plusieurs réponses possibles, voire des réponses contradictoires, ce qui, à la différence de la sphère de la technicité, laisse la place au débat et à la pluralité des points de vue propre à la réalité économique et sociale.

Pour répondre à la question des Retraites, y a deux options : augmenter les recettes, ou réduire les dépenses. Le pouvoir choisit la réduction des dépenses : augmenter la durée de cotisation nécessaire et reculer l’âge légal de départ à la retraite, revient à diminuer le montant moyen des pensions versées et la durée pendant laquelle ces pensions sont versées.

En effet, dans la réforme Macron, pour toucher une retraite à taux plein (sans décote), il faut remplir une condition d’âge minimum (64 ans) et une condition de durée de cotisations requises (43 ans). Si, arrivé à l’âge légal de départ à la retraite, on décide de partir en retraite sans avoir assez de trimestres cotisés, on touche une pension décotée (diminuée) jusqu’à sa mort.

L’idée est d’inciter les gens à chercher à travailler au-delà de l’âge minimum de retraite afin d’obtenir le nombre de trimestres manquants… en sachant qu’il y a un âge d’annulation de la décote dit aussi de « taux plein automatique » (variant de 65 à 67 ans aujourd’hui, selon l’année de naissance). Mais ce taux plein ne l’est pas en réalité puisque s’il manque des trimestres à 67 ans, votre pension est diminuée d’autant.

En réalité, les personnes sans emploi sont nombreuses après 50 ans et encore plus après 60 ans et les conditions de travail sont telles, que nombreux sont ceux qui partent en retraite malgré une décote. Le recul de l’âge minimum de retraite revient donc à diminuer la durée de vie en retraite et à augmenter le nombre de pensions décotées. Bref, tout cela permet de verser moins de retraites et moins longtemps, donc de dépenser moins.  

Quels sont les intérêts que le pouvoir sert lorsqu’il fait ce choix? Comment dégager les problématiques économiques et politiques qui se cachent derrière un discours d’urgence présentant les choix du gouvernement comme des nécessités? C’est ce que nous abordons dans cette émission avec notre invité Ozgür Gün, maitre de conférence à l’ Université de Reims Champagne-Ardenne ayant aussi enseigné à Paris 1 Panthéon Sorbonne, l’ENSTA et PSL.

PRISON : abolition de la contrainte par corps, non à la construction de nouvelles prisons- soutien à ALFREDO COSPITO.

Ça faisait un moment que nous n’avions pas parlé de la prison et pourtant elle, le maillon final, avant la mort, de la chaîne répressive. On dénonce, a juste titre, les violences policières, la justice de classe, mais rarement l’existence des prisons. Et néanmoins, le gouvernement construit toujours plus de places de prison supplémentaires.

Nous partirons du témoignage d’un prisonnier incarcéré pour évoquer la contrainte par corps, peine de prison d’un autre âge qui permet d’incarcérer des prisonniers pour dettes non payées. Pourtant, il est évident que celui ou celle qui a un gros salaire ou des biens pourront payer leurs amendes, et encore, ils pourront souvent s’y soustraire ou les aménager, mais ne se retrouveront jamais incarcérés. La contrainte par corps s’applique donc à ceux et celle qui n’ont rien, dans les faits, c’est une peine pour cause de pauvreté.

Les voleurs, dealers se retrouvent, en plus d’avoir à purger une peine d’emprisonnement, à devoir payer des amendes aux parties civiles d’un montant énorme, absolument impayable qui les plonge dans la précarité à vie.

En 1970, le CAP ; comité d’action prison dénonçait la prison pour dette et avait entamé une campagne pour l’abolir. Depuis la loi n’a pas changé et peu de gens en parle.

En prison cet hiver, les températures ont chuté dans les cellules des détenus. À cause de pannes, mais aussi de coupures de chauffage volontaires pour faire des « économies » et L’insalubrité n’arrange rien. Il fait moins de 15 degrés dans les cellules début décembre. Pour se réchauffer, il faut superposer les couches de vêtements ;

Le cas de Nanterre n’est pas isolé. Nantes, Nancy, Melun, Fleury-Mérogis, Osny, Mont-de-Marsan… L’Observatoire International des Prisons (OIP) énumère des problèmes similaires de pannes de chauffage, ou de systèmes défectueux, dans d’autres prisons de France.

Les surveillants appliquent les consignes d’énergie. il y a aussi des dysfonctionnements dans les nouvelles prisons, parfois « déjà dans un état catastrophique » peu de temps après leur mise en service. C’est le cas de la prison de Lutterbach près de Mulhouse, ouverte en avril 2021 dans le cadre du « plan des 15.000 ». Un programme immobilier lancé par Macron qui prévoit la construction de 15.000 nouvelles places de prison sur dix ans. Le chauffage serait défectueux et il y aurait des problèmes d’isolation. « On a reçu des témoignages pour nous dire que les cellules étaient gelées. »

Pour celles et ceux qui pensent que l’entrée du Droit en prison peut résoudre les problèmes, un petit exemple : le 16 décembre 2020, le Conseil d’État avait déjà donné raison à un détenu de Nanterre qui avait saisi la justice administrative de ses conditions de détention. Incarcéré « dans une cellule qui n’est pas chauffée et qui présente de nombreuses avaries. » la justice ordonnait à l’État de procéder à la “désinsectisation” de l’établissement et au “lavage hebdomadaire” des draps. Mais, “l’administration pénitentiaire a refusé d’exécuter la décision” et a même exercé “des mesures de représailles” envers le détenu qui avait porté l’affaire devant le tribunal. »

Quand on connaît l’état pitoyable des hôpitaux Français on a peine à imaginer ce que peut être l’exercice de la santé en prison.

À Nanterre, L’équipe médicale souffre d’un manque chronique de personnel depuis fin 2020, dans un contexte de surpopulation carcérale toujours plus grande. Les départs ne sont pas remplacés. La prison de Nanterre est censée accueillir 592 détenus. Ils étaient 942, fin novembre, soit presque le double.

Le service compte seulement deux temps plein de médecins généralistes. Et, un psychiatre à mi-temps… qui traîne de lourdes casseroles. Il est connu pour ses négligences. Il a même été condamné pour ça en 2002. Il avait laissé, en 1996, trois jeunes détenus toxicomanes, vêtus d’un simple slip en papier, au mitard de la maison d’arrêt alors qu’il faisait un froid glacial. Des surveillants avaient pourtant donné l’alerte, mais le professionnel de santé et son collègue avaient examiné les détenus sans détecter aucun danger. Ils ont été retrouvés quasi-nu, en état de coma hypothermique. Malgré cette condamnation et un départ à la retraite, le psychiatre a été rappelé pour revenir travailler à la prison etc…

FIN DU 41Bis

FIN DE LA TORTURE DANS LES PRISONS ITALIENNES

SOLIDARITÉ AVEC ALFREDO COSPITO ET TOUT.E.S LES PRISONNIER.E.S

Alfredo Cospito doit vivre

LIBÉREZ Alfredo Cospito en lutte contre le 41 Bis régime de torture d’État.

Nous apprenons qu’Alfredo Cospito est en grève de la faim depuis maintenant 97 jours contre le 41 bis avec de graves menaces pour sa vie.

Le Ministère de la Justice italien vient de franchir un pas

supplémentaire dans l’application de la torture systématique que

constitue le 41 Bis en intimant à la doctoresse qui rend visite à Alfredo

Cospito l’ordre de ne faire aucune déclaration à Radio Onda d’urto de Brescia.

Il s’agit de réduire au silence toute voix qui s’élèverait contre ce

régime criminel qu’est l’application du 41bis et d’étouffer toute

manifestation qui chercherait à faire connaître la situation d’Alfredo

Cospito et de tant d’autres prisonnier.e.s soumis.e.s à ce régime de torture dans les prisons italiennes.

Depuis Paris, nous nous déclarons solidaires d’Alfredo Cospito militant

anarchiste italien et mettrons tout en œuvre pour dénoncer le régime de

torture auquel lui et tant d’autres sont soumis dans les prisons italiennes.

Nous rendons d’ores et déjà responsables le ministre de la Justice

italien ainsi que toutes les institutions qui refusent de mettre fin à

La grève de la faim d’Alfredo Cospito en le libérant et en abolissant le 41 Bis.

LIBÉREZ ALFREDO COSPITO

ABOLITION DU 41 BIS ABOLITION DE LA TORTURE D’ÉTAT

À PARIS COMME A ROME, LIBERTÉ POUR TOUT.E.S LES PRISONNIER.E.S

Entretien avec un collectif brestois pour la gratuité des transports en commun

Un entretien effectué avec un collectif brestois pour la gratuité des transports. Au programme : présentation du collectif, présentation de la ville, de son réseau et de la politique municipale, coût des transports et inflation générale, politique de mobilité, gentrification, écologie, contrôle et répression…

Cette émission s’inscrit dans la continuité de l’émission réalisée fin 2022 avec des chercheurs à l’Observatoire des villes du transport gratuit.

Lien vers la musique Guéringrad : https://www.youtube.com/watch?v=aeGWDyL02l0

AG CONTRE LA LOI ASILE ET IMMIGRATION 2023

Le nouveau projet de loi Asile & Immigration conduit à une négation radicale des droits fondamentaux des migrant-es. Le projet s’inscrit délibérément dans une vision utilitariste et répressive. Les migrant-es sont déshumanisé-es et considéré-es uniquement comme de la potentielle main d’œuvre. Le droit du séjour et le droit d’asile vont être encore plus restreints. Le projet prévoit des moyens pour empêcher d’accéder ou de rester sur le territoire, au lieu de les utiliser pour accueillir dignement celles et ceux qui fuient la guerre, la misère ou les conséquences du dérèglement climatique.

C’est l’ensemble des droits des étranger-es qui est en danger. Il est de la responsabilité de nos organisations, associations, collectifs et syndicats de réagir. En 2006 déjà, nous étions uni-es contre l’immigration jetable, nous appelons donc à nous mobiliser contre cette réforme qui, si elle était adoptée, accentuerait encore le fait que les étranger-es en France, soient considéré-es comme une population de seconde zone, privée de droits, précarisée et livrée à l’arbitraire du patronat, de l’administration et du pouvoir.

Le 20 janvier 2023, à la bourse du travail de Paris, avait lieu une assemblée générale afin d organiser une mobilisation contre ce projet. Aujourd’hui, nous vous diffusons une partie des prises de paroles qui ont eu lieu à cette occasion.

Coallia et le logement indigne en résidence sociale

Le vendredi 13 janvier 2023, se tenait une réunion organisée par l’association Droit à la Dignité du Logement Social. La réunion en question devait servir de cadre de négociation entre les habitants et le gestionnaire Coallia, représenté ici par son directeur régional Île-de-France. En effet, un conflit oppose les habitants — du moins ceux qui ne sont pas résignés — à l’association autour de la question du logement social digne. Les dysfonctionnements sont nombreux dans l’immeuble : système électrique défectueux, problèmes de chauffage, punaises, cafards, rats, suroccupation de plusieurs appartements, appartements minuscules, logement sensément temporaires, et redevances excessives. Sur ce dernier point, une précision s’impose. Coallia est le gestionnaire, c’est-à-dire qu’il s’inscrit dans le cadre d’une intermédiation locative, entre le propriétaire, ici Valofi, un gestionnaire de patrimoine et de placements financiers, et les résidents. Ces derniers payent une redevance à l’association, et Coallia paye lui-même un loyer à Valofi, aligné sur les prix du marché. Le but du montage, appelé solibail, sorte de sous-location, est de louer un bien à une association pour y loger des familles aux revenus modestes, par l’intermédiaire d’un contrat de location sécurisé par l’État. En contrepartie, l’association mandatée — Coallia donc — est chargée du bon entretien du logement. Et c’est cette mission précisément qui est contestée ! En outre, pour compléter cette vue d’ensemble, il est utile de préciser que ce système bénéficie grandement au propriétaire qui obtient de déductions fiscales jusqu’à 85 % de ses revenus locatifs, d’une garantie de paiement et d’une gestion simplifiée. Autant d’éléments qui permettent de faire du profit tout en se déchargeant de ses responsabilités, lesquelles sont à chercher dans des textes techniques et difficiles d’accès. A la manière d’un système de sous-traitance en cascade, les acteurs se renvoient donc les responsabilités et noient le poisson… au détriment des habitants devant habiter avec les difficultés de leurs logements vétustes.

Vous entendrez des morceaux choisis de la réunion et surtout, deux interviews d’habitants réalisée dans leur appartement respectif.

Lien vers la chaîne télégram de l’association Droit à la Dignité du Logement Social : https://t.me/s/DDLS_Thiais_94

Copier/coller du texte d’annonce au rassemblement du 28 janvier 2023 contre le projet de loi Kasbarian-Bergé (place de la Bastille, Paris, 14h).
Voir aussi directement la page de l’agenda militant et indépendant : https://www.agendamilitant.org/Manifestation-Se-Loger-N-est-PAs-Un-Crime.html

“La proposition de loi Kasbarian Bergé a été votée en 1ere lecture à l’Assemblée Nationale, elle permet entre autres :

• de punir à 3 ans de prison tous les occupant-e-s sans titre, toutes celles et ceux qui n’ont pas de bail valide pour un local d’habitation ou d’activité économique :
◦ les personnes hébergées, victimes de marchands de sommeil, squatteur.se.s de bâtiments vides,
◦ les locataires, y compris HLM, dont le bail a été résilié…
◦ les accédant.e.s à la propriété qui ne peuvent plus rembourser leur prêt,
◦ les petits commerçant.e.s et artisan.e.s expulsables,
◦ les personnes sans-abris qui seront allé se réfugier dans un hangar, grange ou tout autre bâtiment désaffecté
◦ les grévistes occupant leur lieu de travail…
• d’accélérer les procédures d’expulsion en réduisant tous les délais, de limiter les possibilités pour les locataires en impayés de se maintenir dans le logement en remboursant leur dettes, de mettre en prison les locataires qui refuseraient de se jeter à la rue d’eux même.

Les profits tirés du logement cher sur notre dos n’ont jamais été aussi importants, comme le nombre de logements et immeubles entiers laissés vides pour spéculer. Le nombre de familles et personnes mal logées, sans logis, menacées d’expulsion explose, tandis qu’il faut maintenant choisir entre se nourrir, payer les charges ou payer son loyer .. Cette loi, est un cadeau aux investisseurs immobiliers et autres profiteurs. La Loi Kasbarian-Bergé c’est la prison ou la rue !
Mais rien n’est perdu si nous nous unissons et si nous nous mobilisons avant le passage au Sénat, locataires, squatteur.ses, sans logis, femmes et familles en précarité, que l’on soit salarié.es chômeur.ses, étudiant.es, précaires et organisations qui les défendent : se loger est un besoin primordial et un droit fondamental !

Nous sommes tou.te.s concernés !”

→ Lien vers le site dédié au décryptage du projet de loi Kasbarian-Bergé pour en apprendre davantage et trouver toutes les informations relatives à la mobilisation : https://www.selogernestpasuncrime.org/

Campagne pour la libération d’ Ahmad Sa’adat

Aux côtés de plus de 220 organisations d’une trentaine de pays, le Collectif Palestine Vaincra était cosignataire de la Semaine internationale d’actions pour la libération d’Ahmad Sa’adat et de tous les prisonniers palestiniens. Initiée par le réseau international Samidoun, celle-ci s’est déroulée du 14 au 24 janvier 2023 et a organisé de nombreuses initiatives dans le monde.

Secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine, il est arrêté le 15 janvier 2002 par l’Autorité Palestinienne dans le cadre de sa coordination sécuritaire avec l’occupation israélienne. Kidnappé en 2006 par Israël, il est condamné par un tribunal colonial à 30 ans de prison le 25 décembre 2008 pour son rôle politique au sein d’une « organisation terroriste ». En dépit de son emprisonnement, Ahmad Sa’adat demeure un leader de la résistance palestinienne fidèle à ses principes anticolonialistes et anti-impérialistes indéfectibles.

Pour relayer cette campagne, nous vous diffusons un entretien réalisé avec le porte parole du collectif Palestine vaincra réalisé le samedi 21 janvier 2023. Ce fut l occasion de revenir avec lui sur la campagne mais aussi sur la question de la détention comme une arme coloniale.

Jeux Olympiques Sécuritaires : l’étau se resserre

Il y a trois ans, La Quadrature du Net, association de défense des libertés numériques, lançait l’initiative technopolice pour recenser et contrer les nouvelles technologies policières dans nos villes.

Pour ce premier évènement en région parisienne, la quadrature du net souhaite mettre la lumière sur un évènement qui arrive à grand pas et va transformer nos villes : les Jeux Olympiques de 2024.

Sous prétexte de leur dimension « exceptionnelle », les JO vont être un accélérateur de surveillance. Ils vont rendre légaux des technologies aujourd’hui interdites, en premier lieu la vidéosurveillance algorithmique, mais aussi installer des centaines de caméras de vidéosurveillance dans l’espace public francilien.

Pour organiser la lutte contre cet évènement et la banalisation de la surveillance dans nos vies quotidiennes, la quadrature du net organisait, un moment de débats, d’échanges et de fête, qui se déroulait le 14 janvier 2022 à la flèche d’or dans le 20e arrondissement de Paris.

Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons la discussion/débat avec des militant·es de Saccage 2024 et des chercheur·euses sur l’utilisation politique des JO dans le déploiement de la surveillance en Île-de-France. Seras aborder la question des intérêts politiques et économiques qui poussent à faire accepter et installer les techniques de surveillance à marche forcée et débattrons des conséquences que ces Jeux auront dans nos villes et nos vies.

Invité-e-es

SACCAGE 2024, collectif en résistance face aux saccages écologiques et sociaux que provoquent les Jeux Olympiques de Paris en 2024

Matheus Viegas Ferrari, Doctorant en anthropologie et en relations internationales à l’université Paris 8 et à l’Université Fédérale de Bahia, il s’intéresse aux effets politiques des mégaévénements et leur imbrication à la fois dans la fabrique de la ville et dans les processus de mondialisation.

Marianna Kontos, architecte-urbaniste, doctorante à l’université Paris Nanterre, thèse en cours “JO Paris 2024 en Seine-Saint-Denis. Enjeux démocratiques de la fabrication de la ville”

Non à la vidéosurveillance algorithmique, refusons l’article 7 de la loi olympique ! la quadrature du net, 18 janvier 2023

Aujourd’hui, le projet de loi olympique commence à être examiné en commission au Sénat. En son sein, l’article 7 vise à autoriser la vidéosurveillance algorithmique (VSA). Bien qu’elle soit prétendument circonscrite aux JO, il n’en est rien : la VSA est un projet politique du gouvernement qui n’attendait qu’une occasion pour sortir des cartons (lire notre analyse de ce projet de loi ici).

La VSA est déjà déployée illégalement en France

Après avoir voulu intégrer la VSA dans la loi Sécurité Globale, puis dans la LOPMI, le gouvernement utilise les Jeux olympiques comme prétexte pour faire passer des mesures qui visent à accélérer la surveillance de la population.

Depuis 2019, date de lancement de la campagne Technopolice, nous observons que des dizaines de villes en France ont expérimenté, illégalement, la vidéosurveillance algorithmique. Dès 2016, c’est la ville de Toulouse qui a passé un contrat avec IBM pour détecter des « événements anormaux ». Le logiciel de VSA de l’entreprise Briefcam est également déployé dans [au moins] 35 communes en France (dont Nîmes, Moirans où nous l’avons attaqué devant le tribunal administratif). Depuis 2018, c’est la ville de Marseille, avec la SNEF, qui analyse algorithmiquement les corps de ses habitant.es via les caméras de vidéosurveillance du centre ville.


À l’origine de la vidéosurveillance algorithmique : les caméras

1) Une absence criante d’évaluation publique concernant la vidéosurveillance

Depuis la fin des années 90, la vidéosurveillance n’a cessé de se déployer en France. Le dernier recensement des caméras, privées comme publiques, réalisé par la CNIL il y a plus de 10 ans en comptabilisait 800 000 sur le territoire. Depuis, les subventions publiques qui leur sont destinées n’ont cessé de croître, atteignant 15 millions d’euros en 2021. La LOPMI a acté le triplement de ce fond. S’il existe un tel engouement pour la vidéosurveillance, c’est qu’il doit exister des résultats tangibles non ? Et pourtant non…

Le projet de loi propose d’expérimenter la vidéosurveillance automatisée alors même qu’aucune évaluation publique des dispositifs actuels de vidéosurveillance n’existe, qu’aucun besoin réel n’a été identifié ni une quelconque utilité scientifiquement démontrée. Le projet du gouvernement est donc de passer à une nouvelle étape de la surveillance de masse, en fondant la légitimité d’une technologie très intrusive sur l’intensification de la surveillance via l’automatisation de l’analyse des images, alors que l’utilité des caméras de vidéosurveillance pour lutter contre la délinquance n’a jamais fait ses preuves. Contrairement au principe qui voudrait que toute politique publique soit périodiquement évaluée, la vidéosurveillance — notamment dans sa nouvelle version automatisée — se développe sur le seul fondement des croyances défendues par les personnes qui en font commerce et qui la déploient. De fait, aucune étude d’impact préalable à l’installation de dispositifs de vidéosurveillance ou de VSA n’est sérieusement menée.

2) De rares études pointent unanimement vers l’inutilité de la vidéosurveillance

Or, les évaluations portant sur la vidéosurveillance soulignent au contraire l’inefficacité et le coût faramineux de tels dispositifs :
Le rapport de la Cour des comptes de 2020 rappelle qu’«  aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation ». Quant au laboratoire de recherche de la CNIL, le LINC, il affirme après avoir passé en revue l’état de l’art que « la littérature académique, en France et à l’international […], a démontré que la vidéosurveillance n’a pas d’impact significatif sur la délinquance ». Plus récemment, les recherches du chercheur Guillaume Gormand, commandées par la gendarmerie, concluent elles aussi à une absence d’effet sur la commission d’infraction et à une utilité résiduelle pour l’élucidation des infractions commises (1,13 % des enquêtes élucidées ont bénéficié des images de caméras sur la voie publique).

3) Le coût faramineux de la vidéosurveillance

En outre, petit à petit, la vidéosurveillance a fait exploser les budgets publics qui lui étaient consacrés. Sur le court terme, ces dispositifs impliquent le développement ou l’achat de logiciels de gestion du parc de caméras (système de gestion vidéo sur IP, ou VMS), l’installation de nouvelles caméras, la transmission de flux, des capacités de stockage des données, des machines assez puissantes pour analyser des quantités de données en un temps très rapide. Sur le temps long, ils nécessitent la maintenance, la mise à niveau, le renouvellement régulier des licences logicielles, l’amélioration du matériel qui devient très vite obsolète et enfin les réparations du matériel endommagé.

À titre d’illustration, le ministère de l’Intérieur évoque pour les Jeux Olympiques l’installation de 15 000 nouvelles caméras, pour 44 millions d’euros de financement du Fond interministériel pour la prévention de la délinquance – FIPD.

Une caméra de vidéosurveillance coûte [D’après cet article de La Dépêche du 13 septembre 2021 : https://www.ladepeche.fr/2021/09/13/toulouse-bientot-des-cameras-de-videoprotection-a-la-demande-pour-les-quartiers-9787539.php] à l’achat aux municipalités entre 25 000 et 40 000 euros l’unité, sans prendre en compte le coût de l’entretien, du raccordement ou du potentiel [D’après cet article d’Actu Toulouse du 18 juin 2021 https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/toulouse-comment-la-ville-veut-aller-plus-loin-contre-la-delinquance-avec-des-cameras-mobiles_42726163.html] coût d’abonnement 4G/5G (autour de 9 000 € par an et par caméra).

« Il y aura toujours plus de caméras et toujours plus d’utilisation de l’intelligence artificielle » à Nice, affirme Estrosi pour « gérer la circulation, les risques de pollution, les risques majeurs, pour lutter contre le trafic de drogues, les rodéos urbains et pour anticiper toutes les menaces  ».

La VSA : une nouvelle étape dans le mythe de l’efficacité de la vidéosurveillance

La vidéosurveillance algorithmique est présentée comme une manière de rendre plus efficace l’exploitation policière de la multitude de caméras installées sur le territoire. Il existerait trop de caméras pour qu’on puisse les utiliser efficacement avec du personnel humain, et l’assistance de l’intelligence artificielle serait inévitable et nécessaire pour faire face à la quantité de flux vidéo ainsi générée.

Cette idée que l’automatisation permettrait de rendre la vidéosurveillance enfin efficace s’inscrit dans une vieille logique du « bluff technologique » de la vidéosurveillance. Depuis des années, les industriels du secteur ne cessent de promettre que l’efficacité de la vidéosurveillance dépend d’un surcroît d’investissement : il faudrait plus de caméras disséminées sur le territoire, il faudrait que celles-ci soit dotées d’une meilleure définition, qu’elles offrent une champ de vision plus large (d’où l’arrivée de caméras 360, pivot), etc. Mais aussi qu’elles soient visionnées « en direct ». Il a donc fallu créer des centres de supervision urbaine – CSU dans toutes les villes, puis y mettre des gens pour visionner le flux vidéo 24h/24. Il a aussi souvent été dit qu’il fallait davantage d’agents dans les CSU pour scruter les flux vidéo à la recherche d’actes délinquants commis en flagrance. Maintenant, il faut « mutualiser » les CSU au niveau des intercommunalités, ce dont se félicite Dominique Legrand, président du lobby de français de la vidéosurveillance, l’AN2V.

Dominique Legrand, président fondateur de l’AN2V, l’association nationale de la vidéoprotection évoque, à propos de la centralisation de CSU « L’objectif de la création d’un tel dispositif est de pouvoir assurer le visionnage en temps réel de manière centralisée, en un même lieu (cyber) sécurisé, de l’ensemble des caméras des communes et intercommunalités […] L’AN2V a déjà évangélisé cette idée sur plusieurs départements et régions ! » cité dans le guide PIXEL 2023 édité par l’AN2V.

Chaque nouvelle nouvelle étape dans la surveillance promet son efficacité et tente de légitimer les investissements précédents. Au fil des années ces multiples promesses de la vidéosurveillance n’ont pas été tenues. En l’absence de toute évaluation ou étude préalable, la généralisation de la VSA ne serait qu’une perte de temps et d’argent, en plus de constituer une profonde remise en cause de nos droits et libertés.

LA VSA ne sera pas circonscrite aux jeux olympiques

Symptomatique d’un marché économique juteux, les industriels ont patiemment attendu que le gouvernement trouve une bonne opportunité pour légaliser cette technologie tout en ménageant « l’acceptabilité » de la population. Si les JO sont le prétexte idéal, ne soyons pas naïfs : comme on l’a déjà vu, la VSA est déjà « expérimentée » depuis plusieurs années dans des communes et fait l’objet de quantité de financements publics pour se perfectionner. De plus, une fois que tous ces algorithmes auront pu être testé pendant deux ans, lors de tout événement « festival, sportif ou récréatif » – comme le prévoit l’article 7 -, que les entreprises sécuritaires auront fait la promotion de leurs joujoux devant le monde entier lors des JO, que des dizaines de milliers d’agents auront été formés à l’utilisation de ces algorithmes, il semble peu probable que la VSA soit abandonnée fin 2024.

Des populations-laboratoires

Un autre aspect de la VSA est la tendance croissante à être mis en données. Au-delà de la surveillance de l’espace public et de la normalisation des comportements qu’accentue la VSA, c’est tout un marché économique de la data qui en tire un avantage. Dans le cadre des expérimentations prévues par le projet de loi, dès lors qu’un acteur tiers est en charge du développement du système de surveillance, cela permet aux entreprises privées concernées d’utiliser les espaces publics et les personnes qui les traversent ou y vivent comme des « données sur pattes ». C’est exactement ce que prévoit le VIII de l’article 7 puisque les données captées par les caméras dans l’espace public peuvent servir de données d’apprentissage.

Les industries de la sécurité peuvent donc faire du profit sur les vies et les comportements des habitants d’une ville, améliorer leurs algorithmes de répression et ensuite les vendre sur le marché international. C’est ce que fait notamment la multinationale française Idémia, qui affine ses dispositifs de reconnaissance faciale dans les aéroports français avec les dispositifs PARAFE ou MONA, pour ensuite vendre des équipements de reconnaissance faciale à la Chine et participer à la surveillance de masse, ou encore pour remporter les appels d’offres de l’Union Européenne en vue de réaliser de la surveillance biométrique aux frontières de l’UE. Tel a également été le cas à Suresnes où l’entreprise XXII a obtenu le droit d’utiliser les caméras de la ville pour entraîner ses algorithmes, les habitantes et habitants de la ville étant transformé·es en cobayes pour le développement commercial d’un produit de surveillance.

A titre d’exemple, l’un des plus importants marchés de la surveillance aujourd’hui porte sur le contrôle des frontières à l’intérieur et à l’extérieur des pays membres de l’Union européenne. L’usage d’algorithmes de détection de comportements est ainsi utilisé sur des drones en Grèce afin de repérer et suivre des personnes aux zones de frontières. Dans ce cas précis, il est impossible de réduire la technologie fournie (et donc conçue et entraînée au préalable) à une seule assistance technique. Au contraire, elle est au service d’une politique policière répressive et d’une pratique dénoncée comme brutale dans ce pays. 1

Nous appelons les parlementaires à refuser l’article 7 du projet de loi olympique et continuons à nous mobiliser contre l’imposition de ces technologies liberticides !

References

↑1Ceci est typiquement illustré par l’aveu même d’une personne faisant parti d’un consortium de recherche ayant développé cet outil, que l’on peut lire dans cet article d’Algorithm Watch https://algorithmwatch.org/en/greece-plans-automated-drones/ : “For me, the one thing is, I don’t know exactly what the police will do to the migrants after we alert them.” He grimaced. “But what can I do,” he said. »

Appel à la Mobilisation contre la réforme des retraites 2023

En Appel à la mobilisation contre la réforme des retraite du 19 janvier 2023, nous avons décidé de vous rediffuser le montage que nous avions réaliser de la 1ere journée de mobilisation contre la réforme des retraites du 5 décembre 2019.

Vous pourrez donc entendre les reportages réalisé lors de manifestation qui partait de République; puis une partie des prises de parole de l’assemblée générale qui se dérouler à “la Générale” dans le 11eme arrondissement de Paris suite à cette manifestation.

SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE IRANIEN

Depuis l’assassinat par la police de la jeune Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, l’Iran est secoué par une révolte que le régime des Mollahs ne parvient pas à éteindre, malgré une répression féroce.

La solidarité internationale avec le peuple iranien s’organise. Diverses manifestations ont lieu

les organisations syndicales, se joignent au mouvement. Le 2 décembre 2022, le collectif intersyndical Iran, organisait a la bourse du travail de Paris un meeting de soutien en solidarité avec les manifestant-e-s d’Iran.

Dans cette première partie d’émission, nous vous proposons l’écoute de quelques prises de parole de cette réunion publique.

Nous poursuivrons avec une réactualisation des informations sur la situation en Iran

Selon l’ONU, environ 14.000 personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement. Le régime a commencé à exécuter ses sentences. La peine capitale est de tout temps et en toute circonstance un « meurtre d’État ».

Il s’appelle Javad Rouhi. On ne connaît pas son âge mais il a été condamné à mort pour « corruption sur terre », « apostasie par profanation du Coran en le brûlant » et « destruction et incendie de biens publics ». Cette nouvelle condamnation à la peine capitale porte à 18 le nombre de personnes condamnées à mort en lien avec la contestation, selon un décompte établi par l’AFP. 

Lundi 9 janvier, la justice iranienne avait également condamné à mort trois manifestants anti-gouvernementaux, Saleh Mirhashemi, Majid Kazemi et Saeid Yaghoubi, accusés d’avoir tué des Bassidjis, membres des forces paramilitaires iraniennes en marge de manifestations à Ispahan.

Celon human right iran 476 manifestants auraient été tués depuis mi-septembre.

  • Quatre Iraniens ont été condamnés à des peines allant d’un à dix ans de prison pour avoir notamment incité à la grève lors du mouvement de contestation lié à la mort de Mahsa Amini. Le 5 décembre, des appels à une grève de trois jours ont été lancés par des militants sur les réseaux sociaux en soutien à la contestation. Après cet appel, les quatre personnes ont été condamnées en première instance à la prison principalement « pour avoir incité des chauffeurs à faire grève en décembre » dans la province de Hormozgan (sud).

Aux cris de « Femme, vie, liberté ». Un millier de personnes ont manifesté dimanche 8 janvier à Lyon en soutien au mouvement de contestation en Iran et en hommage à Mohammad Moradi. Ce dernier s’est suicidé le 26 décembre en se jetant dans le Rhône pour attirer l’attention sur son pays. Les manifestants, principalement des iraniens venus d’un peu partout en France, ont défilé derrière une grande banderole proclamant « Femme, vie, liberté », le slogan du mouvement de révolte en Iran qu’ils ont crié le long du parcours. 

« Je suis là pour demander la liberté en Iran (…) Quand j’étais petite, ils ont arrêté toute ma famille », a expliqué Sholeh Golrokhi, 49 ans, venue de Paris et qui s’est dessinée une larme rouge sur le visage. « On est contre ce régime (…) qui est contre l’humanité, contre tout le peuple iranien », a expliqué Jiyan Bahramian, un réfugié politique de 46 ans vivant à Besançon.

Des chansons du rappeur Toomaj Salehi, arrêté pour son soutien au mouvement, étaient diffusées.

On souhaite que la France ferme l’ambassade des mollahs” : à Lyon, l’appel de la diaspora iranienne à Emmanuel Macron”, voilà ce que demandaient les manifestants ce dimanche 8 janvier, à Lyon.

Une manifestante posait une question à Monsieur Macron : pourquoi hésite-t-il ?, Les intérêts de la France pourraient être maintenus et gardés bien au chaud, même avec un régime démocratique. Pourquoi la France dit que sa priorité, c’est le traité nucléaire ? Il n’y a plus à négocier avec un régime de dictature et meurtrier comme celui-là.”

Et pour terminer l’émission, nous faisons un point sur le mouvement social qui débute contre la nouvelle réforme des retraites.

On se retrouve dans la rue ce jeudi 19 janvier et pour paris, le rendez-vous sera à 14 h à République pour la manifestation en direction de Nation via Bastille.

Faisons-les battre en retraite !

Locataires, squatters, sans-logis : la rue ou la prison !

La proposition de loi de « Renaissance » votée par les groupes LES RÉPUBLICAINS et RASSEMBLEMENT NATIONAL à l’Assemblée nationale le 2 décembre 2022, envoie en prison ou à la rue, les sans-logis squatteurs de logements vides et les locataires en précarité :

Il punit de 3 ans de prison et de 45 000€ d’amende :

-Les squatteurs ou les sans logis, qui occupent un bâtiment ou des
logements VIDES, une usine désaffectée, des bureaux vacants ….
-l’occupation de la résidence principale ou secondaire de petits propriétaires est déjà réprimée.
-Les locataires, y compris HLM, dont le bail a été résilié, pour retard de
loyer ou de charges, congé vente ou reprise, bail, mobilité ou bail étudiant
-Les personnes sans bail : hébergées, victimes de marchands de sommeil, conjointes…
-Les accédant.e.s à la propriété surendettés, qui perdent leur titre de propriété, ainsi que les petits commerçant.e.s et artisan.e.s dont le bail est résilié
-Et même les grévistes occupant leur lieu de travail et les piquets de grève…

La Loi Kasbarian-Bergé c’est la prison ou la rue !

Les profits tirés du logement cher sur notre dos n’ont jamais été aussi importants, comme le nombre de logements et immeubles entiers laissés vides pour spéculer. Le nombre de familles mal logées, sans logis ou menacées d’expulsion explose, tandis qu’il faut choisir entre manger, se chauffer et payer son loyer.

Cette loi est faite pour la spéculation, les riches et les groupes financiers Accélère les procédures d’expulsion en réduisant tous les délais, limitant les possibilités pour les locataires en impayé de se maintenir dans le logement en remboursant leur dette, et menace de la prison les locataires qui refusent de se jeter à la rue d’eux-même.

Dans ce contexte et avant le passage de la loi au Sénat, fin janvier, ce 5 janvier 2023, se tenait dans les locaux de l’association Droit au logement à Paris, une réunion publique de mobilisation contre ce projet de loi et dans l’émission de ce jour, c’est une partie de cette rencontre que nous vous proposons.

Bonne écoute !

Un Appel à mobilisation nationale intersquat contre la loi anti-squat portée par Guillaume Kasbarian, et une semaine d’action et de mobilisation auront lieu du 23 au 29 janvier 2023

ADOLFO KAMINSKY : une vie de faussaire

Dans l’émission de ce jour, nous rendons un hommage à Adolfo Kaminsky

L’actualité des luttes poursuit son travail de diffusion d’histoires d’anonymes qui ont su avec courage et détermination s’inscrire dans l’Histoire en prenant leur responsabilité et en défiant la légalité.

Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l’expert en faux papiers de la Résistance à Paris, il ne sait pas encore qu’il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d’une vie. Durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.

Sa fille, Sarah, retrace son histoire de clandestinité, d’engagement, de combat contre le racisme, pour la solidarité avec la lutte des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l’émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d’Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d’Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d’Afrique, l’opposition aux dictateurs d’Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s’est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté.

À lire : Adolfo Kaminsky Une vie de faussaire chez Calmann-Levy de Sarah Kaminsky

Cette émission fut diffusée pour la première fois, le 12 janvier 2015

RAWA : l’association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan

Le 9 octobre 2022, Le collectif 98, la Parole Errante et l’équipe de Les Peuples Veulent organisaient à Montreuil une rencontre avec l’Association Révolutionnaire des Femmes d’Afghanistan (RAWA) pour leur tournée européenne. 

RAWA est la première association indépendante de femmes afghanes. Cette organisation qui agit aujourd’hui en partie dans la clandestinité a été fondée en 1977 par la militante révolutionnaire féministe Meena Keshwar Kamal et un groupe de femmes progressistes et anti-impérialistes luttant pour la démocratie. Parce que les femmes de RAWA se battent toujours et encore pour la liberté, la démocratie, le respect des droits des femmes et une société basée sur la justice et la laïcité; et face au silence assourdissant et à la complicité des médias et gouvernements européens, Meriem était avec nous le 09 octobre pour porter la voix de ses camarades et raconter leur combat.

Cette émission (exceptionnellement d’une heure et trente minutes) se découpe en trois parties. Tout d’abord vous pourrez entendre la prise de parole de RAWA autour du contexte historique et politique en Afghanistan. Ensuite, vous entendrez une partie de l’échange qui a eu lieu avec le public. Puis vous pourrez entendre, un interview réalisé avec Meriem à la suite de son exposé dans le studio radio de la parole errante demain.

Manif Gilets jaunes – Manifestation commémoration kurde 10ans

Le 7 janvier 2023 se tenait des manifestations gilets jaunes à travers la France avec des revendications portant principalement sur les retraites, la vie chère et l’utilisation des articles 49.3. Vous pourrez entendre un reportage à cette occasion, réalisé dans le cortège parisien.

En complément d’information, nous recopions ici un extrait d’un article du Poing relatif à cette journée, publié le 8 janvier 2023. Le reste de l’article est à retrouver sur leur site internet à cette adresse : https://lepoing.net/retour-sur-la-mobilisation-des-gilets-jaunes-le-7-janvier-en-province/

“Les gilets jaunes d’Agde dans l’Hérault se sont retrouvés sur leur rond-point habituel. Ils étaient une vingtaine à Millau, et le même nombre à Nîmes. L’indépendant aura recensé une centaine de manifestants à Carcassonne.

Une centaine de Gilets jaunes sont réunis à Angers, où un gilet jaune géant floqué de l’inscription « Stop Macron et son monde » à été enlevé des grilles du Jardin des Plantes par la police. Sur Pau les contestataires ont plutôt opté pour une ouverture des barrières du péage d’autoroute local. Deux rendez-vous étaient proposés aux gilets jaunes de la région d’Avignon . Le premier sur un rond-point. Le second en centre-ville, où les manifestants ont dû se séparer en petits groupes pour échapper à une nasse mise en place par les forces de l’ordre. Le Progrès comptait une vingtaine de gilets jaunes en début d’après midi à Bellay. Sur Bordeaux une centaine de manifestants ont défilé en centre ville. Une petite quinzaine de gilets jaunes ont occupé un rond-point à Nancy. 60 personnes étaient rassemblées à Nice. France 3 Régions évoque des revendications contre la réforme des retraites, la vie chère et l’usage intensif de l’article 49.3 par la majorité macroniste, là où le journal indépendant Mouais parle d’une mobilisation contre le vaccin du Covid. La Dépêche compte une cinquantaine de manifestants à Tarbes La mobilisation était plus importante à Vannes où, selon « Le Télégramme »« 200 personnes environ ont manifesté ». Des chiffres similaires dans le Grand Est, où le quotidien régional « l’Alsace » évoque« autour de 150 manifestants à Strasbourg et Colmar, 200 à Mulhouse ». Trois cents gilets jaunes étaient mobilisés à Toulouse, et une vingtaine à Montauban. Une quarantaine de gilets se sont aussi retrouvés à Gerzat, tout près de Clermont Ferrand, au rond-point près du péage de l’A67. Mobilisation comparable au Mans. Cinquante GJ battaient le pavé à Chambéry et à Perpignan, pour une dizaine à Albertville.

D’autres rassemblements se sont tenus à Alençon, Andrézieux, Annecy, Annonay, Augny (près de Metz), Barentin, Belfort, Bergerac, Besançon, Cahors, Cannes, Choisey, Cognac, Colomiers, Davézieux, Dijon, Essay-les-Nancy, Etampes, Figeac, Fontainebleau, Gisors, Grenoble, Kingersheim, La Roche sur Yon, La Réunion, Lille, Lommes, Lons le Saunier, Marseille, Montabon, Montélimar, Montluçon, Niort, Le Puy en Velay, Saint-Avold, Saint-Brieuc, Saint- Nazaire, Saint-Geneviève des bois, Toulon, Trignac, Ussel, Villefranche de Lauragais, Villefranche sur Saône, Villeneuve sur Lot, Voujeaucourt ou encore Wassellonne.”

Également, nous vous partageons un article de Politis en date du 14 novembre 2022 et relatif au rachat d’équipement et de fourniture pour les force de l’ordre par le ministère de l’intérieur, et ce, pour les 4 ans à venir : https://www.politis.fr/articles/2022/11/maintien-de-lordre-un-appel-doffres-de-38-millions-deuros-de-grenades-45030/

Le deuxième reportage porte sur la marche commémorative en hommage à trois militantes kurdes assassinées il y a 10 ans, pour crier leur exigence de vérité et de justice, et ce, alors que deux semaines plus tôt, trois personnes kurdes, se faisaient tuer à nouveau dans les rues de Paris.

Communiqué du Conseil démocratique kurde en France :

“Alors que nous étions entièrement affairés aux préparatifs du 10e anniversaire du triple assassinat des militantes kurdes exécutées par l’État turc à Paris le 9 janvier 2013, trois autres militants kurdes ont été froidement assassinés le 23 décembre 2022, dans un attentat terroriste visant le siège de notre association, dans le 10e arrondissement de Paris.

Parmi les victimes, figure Emine Kara (connue sous le nom d’Evîn Goyî), une figure emblématique du Mouvement des Femmes kurdes, ainsi que le jeune chanteur kurde Mîr Perwer, qui avait été contraint de se réfugier en France suite à une condamnation par la justice turque à une peine de prison en raison de son engagement pour la culture kurde. La troisième victime est Abdurrahman Kizil, un homme kurde d’une soixantaine d’années qui fréquentait régulièrement l’association. L’attentat a fait par ailleurs trois blessés.

Pour le CDK-F, il ne fait aucun doute que la Turquie et ses services de renseignements sont impliqués dans cet attentat terroriste qui a endeuillé le peuple kurde et toute la France. C’est pourquoi, nous avons aussitôt soulevé auprès des autorités judiciaires le caractère terroriste de ces crimes. Cependant, à ce stade, aucune de nos revendications n’a été prise en compte. Bien que toutes les conditions soient réunies pour qualifier cette attaque meurtrière de terroriste, le parquet n’a pas retenu cette qualification, considérant qu’il s’agissait d’un acte raciste.

C’est la deuxième fois en moins de dix ans que Paris est le théâtre d’un massacre politique contre les Kurdes et particulièrement contre les femmes kurdes. Ces crimes terroristes ne touchent pas seulement la France et sa communauté kurde, mais un peuple de 50 millions de personnes dispersées dans les quatre coins du monde.

10 ans après l’assassinat à Paris des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, le sentiment d’impunité règne plus que jamais, le sentiment que la France cherche à jeter aux oubliettes ce crime politique, comme tant d’autres qui jalonnent son histoire contemporaine.

En effet, durant ces 10 longues années, l’État français n’a manifesté aucune volonté politique pour élucider cette affaire, ni fait aucun geste pour faciliter les investigations et le travail de la justice. Or, il ne s’agit pas là d’une simple affaire judiciaire, mais d’un crime terroriste dans lequel sont impliqués les services d’un État étranger, comme le confirme le réquisitoire du Procureur de la République : « de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. »

Sollicité à plusieurs reprises par les juges d’instruction pour la déclassification des informations détenues par les différents services de renseignements français concernant cette affaire, les gouvernements français successifs ont toujours opposé le secret-défense. En refusant de lever le secret-défense, la France commet un déni de justice et entretient l’impunité d’un crime politique et terroriste.

Nous le disons haut et fort: tant que les commanditaires du triple assassinat du 9 janvier 2013 ne seront pas jugés et condamnés, l’attentat politique du 23 décembre 2022 restera également impuni. Toute la lumière doit être faite, tant sur la première affaire que sur la deuxième qui endeuille et meurtrit une fois de plus notre communauté.

C’est pourquoi, il est plus que jamais nécessaire d’adopter une position commune face à cette barbarie du régime turc dont les répercussions dépassent largement la sphère kurde.

Le 7 janvier sera l’occasion de manifester notre colère et de crier haut et fort notre exigence de vérité et de justice.

Nous appelons les élus de la République, de quelque bord qu’ils soient, à se joindre à nous dans cette marche, avec leur écharpe tricolore, afin de revendiquer la justice et de mettre fin à cette impunité qui ternit l’honneur de la France.

En outre, nous appelons les défenseurs des droits humains, et particulièrement les avocats, à se joindre à la manifestation avec leur robe, afin de rappeler la primauté du droit et de revendiquer la justice aux côtés des familles des victimes et des milliers d’autres manifestants.

Enfin, nous demandons aux organisations politiques, syndicales et associatives de nous rejoindre pour porter haut nos voix et notre quête de justice.

La France doit lever le secret-défense et faire tout le nécessaire pour résoudre l’affaire du triple assassinat du 9 janvier. La justice française doit reconnaître le caractère terroriste de l’attentat du 23 décembre 2022 afin que les commanditaires soient jugés et condamnés.

Conseil démocratique kurde en France”

Lien vers le site du CDK-F : https://cdkf.fr/

DES MILITANTS ET UNE MILITANTE KURDES, A NOUVEAU, TUÉS EN PLEIN PARIS

En plein Paris, le 23 décembre 2022, le centre culturel Kurdes a une nouvelle fois été visé, trois personnes ont été blessées et trois autres tuées : deux hommes et une femme ; Emine Kara, responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Mir Perwer chanteur kurde et Abdulrahman Kizil un habitué du centre : pas vraiment des passants pris au hasard !

Dans cette émission, en recoupant les éléments notamment mis à jour dans les articles de l’Humanité et de Libération, et la conférence de presse du 24 décembre organisée par le conseil démocratique Kurde, nous vous proposons de revenir sur les événement qui ont endeuillé la communauté kurdes de France, forte de 350 000 membres.

Selon le gouvernement français ; Un loup solitaire, déséquilibré, pris d’une impulsion raciste, aurait pris son arme et tiré au hasard ? Yekbun Eksen le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) n’y croit pas : « Le peuple kurde, en quarante ans de lutte de libération nationale, sait qu’il n’y a jamais de coïncidence », « Pour nous, ce n’est pas anodin que ces assassinats se soient produits dans ce lieu qui fait office d’ambassade du plus grand peuple sans État ».

Difficile de croire à la thèse officielle d’un tireur isolé. Le tireur était récemment sorti de prison et a très bien pu être instrumentalisé par des pro-Erdogan, président d’extrême droite de Turquie.

«Dans cette affaire tout est trop gros»

L’homme arrêté, William M., 69 ans, ancien conducteur de train, est connu de la justice pour deux tentatives d’homicide, commises en 2016 et décembre 2021, un des faits visés concerne l’attaque raciste d’un camp de migrants, le 8 décembre 2021. Il avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour des dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire avant d’être remis en liberté le 12 décembre dernier. Malgré ces faits extrêmement graves et en récidive, il a été libéré au bout d’un an et n’est pas connu des renseignements territoriaux et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ni « fiché comme étant quelqu’un d’ultradroite » !

Selon les informations recueillies par l’Humanité, l’homme aurait été déposé par une voiture devant le siège du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) alors que devait se tenir une réunion d’une soixantaine de femmes kurdes, finalement décalée d’une heure au dernier moment. Un massacre a été évité. Qui aurait renseigné le tueur ?

Pourquoi le suspect avait-il une arme alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de port d’arme ? Pourquoi cibler les Kurdes alors qu’ils sont connus pour avoir lutté contre les islamistes radicaux de Daech ?» Qui lui a fourni cette arme ?

Selon Agit Polat, porte-parole du CDKF,  « il est inadmissible que dans cette affaire le caractère terroriste ne soit pas retenu et qu’on essaie de nous faire croire qu’il s’agit d’un simple militant d’extrême droite, un récidiviste tout juste sorti de prison le 12 décembre ». « Il y a à peine vingt jours de cela, lors d’un échange avec les services de renseignements français, j’ai moi-même fait part personnellement de mes craintes concernant notre sécurité. J’ai souligné la nécessité d’augmenter la sécurité au sein et autour de notre association ».

Le centre kurde n’était pas protégé par la police

le 9 janvier 2013, la communauté kurde avaient déjà été visée par les assassinats de trois militantes, Sakine Cansız, figure historique du PKK, Leyla Saylemez et Fidan Doğan, Déjà ces assassinats avaient été perpétrés dans le centre Kurdes du 147, rue La Fayette, siège du Centre d’information du Kurdistan. En 2015, le principal suspect, Omer Güney, est renvoyé devant la cour d’assises de Paris sans que les commanditaires soient identifiés par la justice française . Le chef d’accusation à l’époque est : participation à la préparation d’une action terroriste «à la demande d’individus se trouvant en Turquie et possiblement liés aux services de renseignement turcs». il meurt quelques semaines avant l’ouverture de son procès, qui été prévu en janvier 2017, clôturant l’instruction. De quoi attiser la défiance et la colère des Kurdes vis à vis des autorités françaises.

Malgré une volonté manifeste d’enterrer cette affaire, les familles des victimes obtiennent en 2019 l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire visant, cette fois, Les complices et commanditaires éventuels. Mais l’enquête continue de se heurter au secret-défense. La raison d’État est-elle toujours à l’œuvre face à une Turquie puissante, prompte au chantage migratoire ?

Autre «coïncidence troublante», et ceci au niveau européen ; selon l’avocat Antoine Comte: trois jours avant ce nouveau meurtre, le 20 décembre 2022, les familles des victimes ont été reçues par les juges d’instruction, qui leur ont fait part de l’avancée de l’enquête, relancée récemment «après une série d’événements en Europe : un projet d’attentat contre des dirigeants kurdes à Bruxelles, une condamnation pour espionnage en Allemagne et une tentative d’assassinat en Autriche».

A cette occasion, Antoine Comte a décidé de verser à la procédure les Loups aiment la brume, un livre d’enquête publié en septembre par les journalistes Laure Marchand et Guillaume Perrier, qui «ont mis au jour un réseau d’agents secrets turcs prêts à tout pour liquider leur opposition kurde ou turque, de véritables escadrons de la mort qui circulent en Europe». Yekbun Eksen ne dit pas autre chose : «On s’attendait à ce qu’il y ait des problèmes à Paris, pour les dix ans. On sait que des équipes d’assassins sillonnent l’Europe pour tuer des militants kurdes, et que ça ne s’est pas arrêté le 9 janvier 2013.»

Vous allez maintenant écouter des extraits de la conférence de presse du conseil démocratique kurde de France qui s’est tenu le 23 décembre dans leurs locaux. Nous poursuivrons avec les extraits des prises de parole enregistrées lors de la manifestation du 24 décembre. Une manifestation aura lieu à Paris le 5 janvier à 11 h à Gare du Nord pour réclamer justice, la levée du secret défense et dénoncer la politique d’extrême droite d’Erdogan.

Nous voulions, grâce au travail d’enquête de Médiapart vous donner un peu plus de détail sur l’attaque au sabre dont ont été victimes deux réfugiés à Paris le 8 décembre 2021 par William M., mis en examen dans la tuerie récente rue d’Enghien. Alors qu’ils ignoraient que l’homme avait été libéré, les deux exilés font part de leur incompréhension et de leur sentiment d’insécurité.

Omar*, le réfugié érythréen, n’arrive pas à admettre que son agresseur ait pu sortir de détention provisoire. Pas après qu’il eut « tenté de [le] tuer », il y a tout juste un an, en lui assenant des coups de sabre dans le dos et à la jambe, alors qu’il se réveillait tout juste sur le camp où il vivait avec près de soixante autres exilés dans le parc de Bercy

Omar est en train d’uriner quand, au petit matin, William M. le frappe une première fois dans le dos avec son sabre. Il se retourne pour essayer de comprendre ce qu’il se passe avant de recevoir un deuxième coup à la jambe droite.

Omar est emmené à l’hôpital, où on ne le garde que quelques heures, le temps de le recoudre. « Ensuite, je me suis retrouvé au commissariat. Le policier me demandait pourquoi on s’était bagarrés. Mais comment on peut parler de bagarre quand une personne a été agressée ? »

Comme l’a documenté Mediapart, les quatre principales victimes de l’attaque au sabre, dont Omar fait partie, ont été placées en garde à vue durant quarante-huit heures après le drame. L’une d’entre elles, un ressortissant marocain sans papiers, s’est même vu délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF), alors qu’il est décrit par plusieurs témoins comme celui ayant réussi à maîtriser l’assaillant du parc de Bercy.

Au commissariat, Omar affirme avoir refusé de signer la déclaration rédigée par l’agent de police et demandé la présence d’un avocat, en vain. Il a refusé de signer, le policier l’a menacé de couper sa carte de séjour et de le renvoyer dans son pays. Il a même dit qu’il appellerait la préfecture pour qu’elle ne renouvelle pas ses papiers , il confie n’avoir pas donné ce détail au juge qui l’a interrogé, par peur de représailles.

Parmi les occupants du camp, Omar est celui qui a été le plus blessé : il s’est vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) de dix jours par le médecin à l’hôpital.

Avec du recul, Omar dit ne pas comprendre pourquoi il n’a pas été reconnu comme « victime », ni pourquoi William M. s’est comporté ainsi, alors qu’à son âge, il devrait « montrer le bon exemple aux jeunes et faire preuve de sagesse »« Son père a dit à la télé qu’il ne vivait pas comme tout le monde. Il paraît qu’il voulait garder une balle pour se suicider. Entendre ça m’a détruit. »

Mais ce qui le hante le plus, depuis l’attaque au sabre, c’est son parcours d’errance en France. Arrivé en 2013 après avoir fui son pays, Omar obtient vite le statut de réfugié, mais est trimbalé de centre d’urgence en centre d’urgence, sans parvenir à trouver un logement stable. « J’ai vécu à la rue durant cinq ans, alors que j’avais des papiers, que j’avais fait une procédure Dalo [Droit au logement opposable, un dispositif permettant de se voir proposer une solution de logement digne sous six mois – NDLR] et que mes droits avaient été reconnus en 2019. »

L’assistante sociale qui le suit dans les Hauts-de-Seine dès 2015 lui suggère de trouver d’abord un emploi. « Elle m’a dit qu’on ne donnait pas de maison à quelqu’un qui ne travaille pas. Mais comment je peux travailler si je vis dehors ? Vous savez ce que c’est que de dormir dans une tente et de trimbaler son sac sur le dos et sa couverture toute la journée ? D’être regardé par les gens comme un clochard ?, s’agace-t-il. Ce qu’elle m’a dit ce jour-là m’a fait tellement mal. »

S’il avait eu un logement, jamais William M. ne l’aurait trouvé, ce jour-là à Bercy, pour lui faire du mal. Omar s’est retrouvé dans ce parc parce que c’était l’un des seuls lieux qu’il connaissait à Paris. Durant des mois, il a dormi non loin de là, sous un pont.

Omar a depuis obtenu un logement dans une résidence sociale en région parisienne . Mais aujourd’hui, il dit vivre dans la peur. « Mon cœur saigne. Je dois recommencer ma vie à zéro, mais j’ai vécu trop de choses douloureuses »,

Mediapart a également retrouvons Fares*, un autre Érythréen, témoin de l’attaque au sabre perpétrée le 8 décembre 2021. « Vendredi, quand il a entendu que c’était le même homme qui a tué les Kurdes à Gare de l’Est, ça a été un choc, soupire-t-il, assis près d’un Syrien qui était présent lui aussi dans le parc de Bercy l’an dernier. 

Sans le Marocain qui était dehors et a maîtrisé l’homme en premier, il y aurait eu un massacre », poursuit son ami syrien, qui a depuis obtenu le statut de réfugié. Selon lui, l’exilé marocain aurait quitté la France après avoir été placé en garde à vue et s’être vu délivrer l’OQTF, et reste introuvable. « Je ne l’ai plus revu depuis l’attaque. Il nous avait dit qu’il ne voulait plus rester ici et qu’il avait des enfants en Espagne, peut-être qu’il les a rejoints. »

Histoire des libertés associatives [et de leurs répressions] de 1791 à nos jours

Dans cette émission, vous pourrez entendre des discussions autour de l’ouvrage Une histoire des libertés associatives de 1791 à nos jours, écrit par Jean-Baptiste Jobard du Collectif des associations citoyennes (CAC). L’occasion de revenir légèrement sur l’histoire de l’action associative en France, mais surtout, de s’interroger sur que faire à présent, au regard peut-être d’une concordance des temps avec les répressions associatives récentes, et plus particulièrement celle amenée par la loi “confortant le respect des principes de la République”, dite ” loi séparatisme” — promulguée en aout 2021. Cette dernière, à la faveur d’un contrat d’engagement républicain, étend les motifs de dissolution et s’impose comme charte obligatoire pour recevoir par exemples des subventions auprès d’un organisme public, pour accueillir des volontaires en service civique mais aussi pour obtenir un agrément ou la reconnaissance d’utilité publique. Si la plupart de la répression se fait à bas bruit, certaines applications de la loi ont percé la bulle médiatique, avec les dissolutions effectives du Collectif contre l’islamophobie en France, celle de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie, et celle de Barakacity. Toutefois, toutes les dissolutions tentées n’ont pas abouti, certaines s’étant faite retoqué par le conseil d’état : c’est le cas de Palestine vaincra et du Groupe antifasciste Lyon et environs. Concernant le Bloc lorrain, une décision de dissolution a été votée en conseil des ministres le 23 novembre 2022 dernier quand Nantes révoltée, un média, s’était vu menacé en janvier 2022 de dissolution sans aucune suite à priori à ce jour. Enfin, pour terminer cette bien trop longue liste, dernièrement, Alternatiba Poitiers se voyait menacée de se faire couper les subventions, le préfet de la Vienne demandant à la mairie et à la métropole de Poitiers de sévir au motif que leur formation à la désobéissance civile inciterait à des troubles graves à l’ordre public.

Ont été invité pour participer à cette discussion par le CAC, Julien Talpin, chercheur en sciences sociales au CNRS et au Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales ; Alexandrina Najnowicz, secrétaire générale du Forum civique européen et Raquel Diaz Gonzales de Alternatiba. Il sera abordé entre autre chose la question du financement, des alliances/convergences et de la situation des libertés associatives en Europe.

Lien vers le site du Collectif des associations citoyennes : http://www.associations-citoyennes.net/
Lien vers le site de l’Observatoire des libertés associatives : https://www.lacoalition.fr/Observatoire-des-libertes-associatives

C’est avec cette émission que nous terminons l’année 2022 de l’actualité des luttes. À partir de lundi prochain, nous vous proposons sur l’antenne de FPP, une série de rediffusions de nos émissions jusqu’au 30 décembre.

Nous vous retrouverons pour de nouvelles émissions à partir du 2 janvier 2023

Nous vous souhaitons une bonne fin d’année et de bonne écoute !

L’équipe radio actualité des luttes

“Les frangins” de ABDEL BENYAHIA

Le mercredi 7 dernier dernier sortait en salle le film ” Nos frangins” de Rachid Bouchareb. Dans ce film, le réalisateur reprend les affaires de crimes racistes et sécuritaires de Malik Oussekine et Abdelouahad Benyahia commis dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Or, la famille de Abdel Benyahia critique le produit fini autant que la démarche du réalisateur. En réponse à sa sortie en salle, les fréres d’Abdel ont publié un texte ( ci-dessous) afin de faire entendre leur point de vue. De plus, ils ont organisés une soirée au cinéma l’étoile à la Courneuve le vendredi 1 décembre dans laquelle était diffusé “Mémoire pour Abdel” un film documentaire d’intervention réalisé par l’Agence Im-media à l’époque de la lutte menée par la famille, puis “Nos frangins”, afin ensuite d’ouvrir un débat avec les personnes présentes. Dans cette émission nous vous diffusons une partie des prises de paroles réalisées à l’occasion de cette soirée, entrecoupé d’extrait d’archives du film “Mémoire pour Abdel”.

Texte “Nous Frangins d’Abdel”:

“Nous, frangins d’Abdelouahab Benyahia, dit Abdel, n’avons pas été concertés pour le film Nos Frangins, qui évoque les morts d’Abdel à Pantin et de Malik Oussekine à Paris, tués par des policiers dans des contextes différents, la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Et notre père n’a pas du tout été informé de ce projet de film. Or un des rôles principaux, joué par un comédien, est censé le représenter aux lendemains du drame. Personne n’a demandé l’accord préalable de notre père.

A titre de comparaison, Antoine Chevrollier, le réalisateur de la mini-série Oussekine diffusée en mai 2022, nous avait demandé l’autorisation de reproduire ne serait-ce que la banderole avec le portrait d’Abdel, ce que nous lui avons volontiers accordé.
Le réalisateur de Nos Frangins lui, reconnaît qu’il n’a pas associé les familles au projet, volontairement, qu’il a juste parlé au téléphone avec un d’entre nous, « mais très peu ».*


C’est inadmissible, et nous tenons à le faire savoir haut et fort sur la place publique, sans préjuger de possibles poursuites pour atteinte à l’image ou à la réputation de notre famille. Alors certes, il s’agit d’une fiction cinématographique, mais le cinéma ne permet pas tout et n’importe quoi, surtout lorsqu’il s’agit de faits et de personnages réels cités en nom propre. Est-ce par ignorance ou par choix délibéré que notre père apparaît dans cette fiction comme un personnage effacé et hagard, qui subit et accepte sans broncher les injustices, contrairement aux jeunes ?


A travers cette caricature, le réalisateur prétend tracer un portrait représentatif des immigrés de la première génération qui d’après lui rasaient les murs. C’est stéréotypé, indigne et surtout, nous concernant, complètement faux ! On ne peut pas généraliser ainsi. La singularité de notre père, c’est d’avoir pris la parole très tôt et d’avoir manifesté à chaque fois dans le cortège de tête. Même si on s’est réparti les tâches, il a suivi les événements de bout en bout.

Photos et images vidéo l’attestent : dès le lundi 8 décembre 1986, notre père intervient publiquement lors d’une conférence de presse transformée en meeting improvisé à La Courneuve, tout en brandissant le portrait d’Abdel. Le lendemain, il est à la tête de la manifestation partie de la cité des 4 000 où nous habitions alors, et qui ira jusqu’aux Quatre Chemins, sur le lieu du drame.
Toute la famille y participe. Avec notre maman, bien sûr !
Pourquoi dans cette fiction, notre famille réunie est-elle si absente ?


Par ailleurs, le réalisateur prétend que la rencontre entre la famille de Malik et la notre « n’a pasexisté » 2, mais qu’il la suscite grâce à sa fiction. Encore une fois, c’est faux. Différents membres des deux familles se sont bien rencontrés à plusieurs reprises, par exemple lors de réunions ou de meetings du Comité Justice pour Abdel. Et dès nos premières manifs, nous avions une grande banderole qui disait « Abdel, Malik, plus jamais ça ! ». Puis nous avons défilé ensemble lors d’une manifestation à Paris, un an après, derrière la banderole « Nous n’oublions pas ». D’autres familles aussi étaient présentes, dont celles des blessés victimes de la répression policière des manifestations étudiantes contre le projet de réforme Devaquet. Enfin, l’opposition sociale entre nos deux familles, sous-entendue par ce film, est grotesque. Le grand frère de Malik est présenté comme un jeune entrepreneur à belle allure qui sait tenir tête à l’inspecteur de police, tandis que nous autres sommes réduits à la caricature d’un gamin de banlieue à la révolte erratique. Pourtant, avec les Amis d’Abdel et le comité, avec les avocats aussi, nous sommes restés mobilisés jusqu’au bout, dans une dynamique collective dont nous sommes fiers. Nous avons ainsi obtenu, entre autres, la requalification du meurtre d’Abdel en homicide volontaire, l’incarcération puis la condamnation du policier à sept ans fermes. Nous savons que cela ne suffira pas pour que les crimes cessent. Mais, plutôt que de débattre sans fin sur la lourdeur appropriée de la peine, rappelons le message public de notre père à la fin du procès en novembre 1988 : « Mon fils est parti. On est là pour les vivants, on est là pour que d’autres policiers ne tirent pas encore ».


Nos Frangins n’apporte aucune révélation, aucun élément nouveau dans l’affaire Abdel, soit disant cachée ou oubliée. Ce film de fiction permet peut-être d’en reparler au grand public, mais cela au risque d’une distorsion des faits et de la défiguration de ses protagonistes. Il passe notre mobilisation à la trappe. Sans doute a-t-elle été trop indépendante par rapport à certaines organisations qui ont échoué dans leur velléité de nous instrumentaliser et qui, avec ce film, tentent de recommencer ! Mais ils n’effaceront pas nos traces. Notre mémoire est là, intacte, et nos archives
aussi. Nos tracts, photos, bandes sons, vidéos etc. sont disponibles pour les gens intéressés et pour les générations futures.

Vous pouvez d’ores et déjà les consulter.

La Courneuve, 2 décembre 2022″


Contact Frangins d’Abdel :
Moustafa Benyahia- razwet@gmail.com

UN POLICIER COMPARAIT AUX ASSISES

Le 15 septembre 2016 sur la place de la République,Laurent, syndicaliste de la santé, a eu un œil arraché par une grenade de désencerclement lancée par un policier antiémeute. Les 12, 13 et 14 décembre 2022, Alexandre Mathieu sera l’un des rares policiers de l’histoire contemporaine a être jugé par une cour d’assises pour avoir mutilé un manifestant. Nous n’attendons rien de l’institution judiciaire. Il a était décidé d’organiser un tribunal populaire en amont (11 novembre et 11 décembre) et pendant ces trois jours de décembre. Ce procès sera celui de la Police, de la Justice et de l’État.

La France est l’un des seuls pays d’Europe a utiliser des armes de guerre contre la population : grenades et balles de gomme sont employées depuis les années 2000 et ont laissées des milliers de personnes blessées et mutilées. Plus de 40 personnes ont été éborgnées au cours des six dernières années et plus de cinq ont eu une main arrachée [lien].

Les 12, 13 et 14 décembre 2022, Alexandre Mathieu sera l’un des rares policiers de l’histoire contemporaine à être jugé par la Cour d’Assises pour avoir mutilé un manifestant. Il sera défendu par le pire des avocat-e-s, Laurent Franck Liénard, spécialisé dans la défense de tous les policiers les plus violents [lien].

Dans l’émission de ce jour, nous étions au téléphone avec Laurent qui nous parle des enjeux de son procès.

pour venir soutenir Laurent au procès, ce sera les 12, 13 et 14 décembre 2022 au palais de justice de paris métro Cité de 9h à 18h

VERITE ET JUSTICE POUR CLAUDE JEAN PIERRE

Le 3 décembre 2022 de 20h30 à l’aube, à la STREET DREAM GALLERY, 53 rue Jules Vallès à 93400 Saint-Ouen aura lieu une soirée d’ hommage à Claude Jean pierre. Claude Jean-Pierre, 67 ans, est mort le 3 décembre 2020 au centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre. Il y avait été admis en urgence douze jours plus tôt, le 21 novembre, à la suite d’un contrôle de gendarmerie à Deshaies, dans le nord-ouest de l’île. Depuis, Fatia ( sa fille) et Christophe ( son conjoint) se battent pour la vérité et la justice en s’investissant dans les luttes en Guadeloupe et dans l’Hexagone.

A l’occasion de cet évènement, nous avons réalisé avec eux un entretien le 28 novembre 2022, dans lequel nous revenons sur leur combat contre les violences d’état et la manière dont ils l’articulent avec les combats qui ont rythmé l’année 2020-2021 en Guadeloupe.

Justice Pour Nordine

Le 11 octobre 2022 s’ouvrait le procès en appel de Nordine, poursuivi pour tentative d’homicide sur personnes dépositaires de l’autorité publique suite à un refus d’obtempérer lors un contrôle de police. Le 18 févier 2021, il a été condamné en première instance à deux ans de prison ferme et 15 000 euros d’amende pour refus d’obtempérer et violence avec armes, avant d’être écroué et de passer 51 jours en prison. Le 29 octobre 2022 à 13h30, le délibéré de la cour d’appel de Paris sera rendu alors que le procureur veut aggraver les peines en requérant 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, interdiction de conduire pendant cinq ans et 20 000 euros d’amende. 

Dans la nuit du 15 au 16 août 2021, alors qu’il rentre chez lui avec sa compagne Merryl, Nordine se fait tirer dessus par des hommes armés aux abords d’un quartier de Stains. Il apprend par la suite qu’il s’agissait de trois policiers de la BAC en civil.

La scène filmée par un témoin fait le tour des réseaux sociaux. On y distingue trois hommes habillés en civil, sans brassard, ni même gyrophare. Deux policiers tirent sur le véhicule de Nordine. Sept balles l’atteindront lui et une atteindra sa compagne.

Sur les images de la vidéo, on voit la manœuvre du véhicule de Nordine qui tente vraisemblablement de s’extirper. Une manœuvre qui appuiera la notion de « danger immédiat »invoquée par les policiers. Ces derniers, suivis par leur hiérarchie, évoquent ainsi la notion de légitime défense pour justifier ces multiples tirs.

Cette notion de “danger immédiat”, c’est celle de l’article l. 435-1 de la loi de sécurité intérieure adoptée en 2017 et qui élargit le droit de faire feu. Un argument de plus pour les agents pour invoquer la légitime défense. L’article prévoit notamment la possibilité, sous certaines conditions, de tirer sur les occupants d’un véhicule en fuite. Le policier peut désormais faire usage de son arme lorsqu’il y a refus d’obtempérer et qu’il peut imaginer raisonnablement que la personne est susceptible de porter atteinte à sa vie ou à celle d’autrui. Au nom de ce principe, les fonctionnaires justifient quasi-systématiquement leur tir mortel, considérant le véhicule comme une « arme par destination ».

Depuis l’entrée en vigueur de cette loi le 28 février 2017 et aujourd’hui, 29 personnes sont tombées sous les balles des forces de l’ordre alors qu’elles tentaient d’échapper à un contrôle ou une interpellation, à bord de leur véhicule. En cinq ans, les forces de l’ordre ont abattu davantage de personnes ayant fui les uniformes en véhicules que sur les quinze années précédentes. En septembre 2022, c’est neuf personnes tuées par les force de l’ordre pour « refus d’obtempérer ». 2022 devient ainsi, l’année la plus meurtrière en la matière. 

Aux affaires de Rayana le 4 juin dernier, de Jean-Paul Benjamin mort à Aulnay-sous-Bois le 26 mars d’une balle dans le cœur tirée par un policier de la BAC, de  Boubacar et Fadjigui  tués en plein centre de Paris sur le Pont-Neuf, le 24 avril, au soir du second tour de l’élection présidentielle, s’ajoutent de nouvelles affaires. Le 19 août à Vénissieux (Rhône), un conducteur et son passager sont tués dans les mêmes circonstances. Le 29 août, à Neuville-en-Ferrain (Nord), un jeune de 23 ans décède après avoir été mortellement touché au thorax par un agent de la Bac qui, selon les informations livrées par la police, a riposté après avoir été percuté. Le 7 septembre à Nice, un policier contractuel tire quasiment à bout portant sur la vitre latérale d’un véhicule, tuant le conducteur qui entamait une marche arrière. A Rennes, le même jour, c’est la passagère de 22 ans d’un véhicule refusant de se soumettre à un contrôle qui est tuée.

Aujourd’hui, nous sommes en direct avec Nordine et Mélanie du collectif des mutilés pour l’exemple dans les studios de FPP. Ensemble nous reviendrons sur l’importance d’être présent à la cour d’appel ce mardi, car peu sont ceux qui survivent à ces violences policières et qu’il est certain que sa condamnation est une étape de plus dans le permis de tuer qui est octroyé à la police.

Rendez-vous à la cour d’appel de Paris (M° Cité) à 13h30 mardi 29 novembre !

Pour soutenir :

https://www.onparticipe.fr/cagnottes/cyyOwnxL

Pour plus d’info : Twitter/Instagram

Meryl et Nordine@droit de justice

ENTRETIEN AVEC L’ANARCHIST BLACK CROSS BÉLARUS

A l’occasion de la 4 ème édition du festival internationaliste “Les Peuples veulent” qui se déroulait du 21 au 23 octobre 2022 à Montreuil, nous avons pu rencontrer deux membres de l’Anachirst Black Cross Bielorusse.

La Croix Noire Anarchiste (“Anarchist Black Cross” : ABC) est un réseau international de collectifs engagés dans la lutte anticarcérale et plus largement dans l’antirépression. L’ABC est connue pour son soutien aux prisonnier.es dit.es politiques, mais aussi aux personnes incarcérées pour leur action ou leur résistance contre le capitalisme, la répression (atteintes aux personnes en raison de leur opposition aux arrangements sociaux – e.g., violences policières, judiciaires) et les oppressions (atteintes aux personnes en raison de leur appartenance supposée à une catégorie – e.g., violences racistes, sexistes, homophobes). L’ABC lutte pour une organisation sociale basée sur l’égalité de statut, de ressources et de condition de vie, la solidarité, l’entraide et la coopération, l’autogestion et la propriété commune. Chaque collectif ABC agit selon le contexte local et ses possibilités, suivant un certain nombre de principes :

  • A-légalisme, les actes politiques ne sont pas évalués au regard de leur légalité.
  • Abolitionnisme, l’objectif est non pas la réforme de la prison mais sa suppression, principe étendu à l’ensemble des outils d’oppression et de répression (e.g., état, police, armée, frontières).
  • Internationalisme, les collectifs ABC sont solidaires entre eux et soutiennent les personnes, collectifs, communautés et mouvements réprimés à travers le monde pour leur lutte contre le capitalisme, la répression et les oppressions.

Initialement appelée “Anarchist Red Cross”, l’ABC a été créée en russie dans le contexte de la révolution de 1905 afin d’organiser l’aide aux prisonnier.es politiques et l’autodéfense contre les raids politiques militaires. Le premier groupe ABC londonien est créé en 1907 et réunit entre autres Kropotkine, Rocker, Shapiro et Tcherkezichvili. Le premier groupe ABC étasunien est fondé la même année à New York et réunit entre autres Louise Berger et Emma Goldman. Durant la guerre civile russe (1918-1921), l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne met en place des groupes ABC “de terrain”. Leur activité comprend le soin ainsi que le combat. Après la répression de Kronstadt (1921), les groupes ABC russes sont confrontés à une intense répression avant d’être interdits en 1925. L’ABC se reforme dans les années 1960 en grande-bretagne avec comme but premier de soutenir les prisonnier.es anarchistes de l’espagne franquiste. Des collectifs ABC sont créés dans plusieurs villes européennes ainsi qu’en amérique du nord, où ils soutiennent des prisonnier.es politiques comme Lorenzo Kom’boa Ervin et Mumia Abu-Jamal.

L’ABC Biélorusse, formée en 2000-2001, a pour but de soutenir les inculpé-es anarchistes, anti-autoritaires et antifascistes, et dans certains cas d’autres activistes qui ne font pas forcement parti du mouvement anarchiste. Depuis 2009, l’ABC Biélorussie a connu un regain d’activité, les anarchistes Biélorusses ayant été à l’origine d’un certain nombre d’actions illégales dont certaines ont entraîné des dégât matériels. La répression contre le mouvement a vite suivi, et plusieurs anarchistes se sont vu infliger des peines de prison.

Lors de la rencontre ” Les peuples veulent 4.0″ ils étaient venus abordés la question de la répression politique du mouvement de 2020, de celle du Covid mais aussi de la question de la guerre en Ukraine, dans laquelle un certains nombre de leur membres participent aux bataillons de résistance. Cette rencontre fût alors l’occasion pour nous revenir sur l’ensemble de ces questions et sur le contexte politique actuelle en Biélorussie.

Pour plus d’info :

https://abc-belarus.org/?lang=en

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LA LIBERTÉ NE SE MENDIE PAS

Cette émission retransmet l’intervention de Nadia Menenger notre animatrice à L’actualité des luttes au sujet de son livre : “La liberté ne se mendie pas” qui retrace la création de L’Envolée. C’était cet été aux rencontres pour l’émancipation du Maquis. Bonne écoute !

Olivier Cueto est mort le 28 mars 2020 à Paris, à l’âge de 60 ans. Jusqu’au dernier jour, il aura dégusté la vie avec une insatiable curiosité et une énergie remarquable. Titulaire d’une agrégation de lettres qui lui aurait permis de faire une carrière d’enseignant bien rétribué, il a préféré parcourir les sentiers interdits de l’illégalisme libertaire. Il laisse de nombreux textes, notamment ceux qu’il a écrits ou coécrits pour le journal anticarcéral L’Envolée, qu’il a cofondé et longuement animé. Ce sont ces écrits de combat – reflets de ses réflexions, de son expérience et de son engagement – que ce livre se propose de partager.

Se plonger à nouveau dans les textes publiés dans L’Envolée au cours des années 2000 permet de retracer le virage sécuritaire de l’État, qui s’accentua alors extrêmement. Les lires ainsi recueillies permet de mieux comprendre comment, petit à petit, le discours dominant a assimilé la « délinquance » à une maladie qu’il convient de dépister et de traiter avec une sévérité toujours accrue – puisque ainsi réduite à un dysfonctionnement individuel ou familial qui serait sans lien, ou peu s’en faut avec le fonctionnement profondément inégalitaire de la société dans son ensemble. Il est devenu inutile, presque incongru, de se pencher sur ses causes sociales, économiques et politiques afin de prendre ce problème à la racine : circulez, y a rien à voir. Les « inadaptés » n’ont qu’à bien se tenir….
Ces textes contribueront à éclairer, à cet égard, les esprits engourdis par quarante ans de régression sociale.

Les auteurs
Olivier Cueto a maintes fois collaboré aux travaux éditoriaux de l’Insomniaque : il a notamment contribué très activement à rassembler les Écrits du cambrioleur anarchiste Alexandre Marius Jacob. Il a aussi collaboré à l’anthologie Au pied du mur, qui présentait en l’an 2000 « 765 raisons d’en finir avec toutes les prisons ». Il nous a donc semblé naturel de lui rendre cet hommage posthume, tout en perpétuant de la sorte la mémoire des luttes anticarcérales de la première décennie du millénaire.

Nadia Menenger a déjà publié, toujours sur le thème de la prison et de la résistance à l’enfermement, le livre de Thierry Chatbi À ceux qui se croient libres, paru chez L’insomniaque en 2015.