Devant l’insoutenable massacre perpétrer par l’état israélien en Palestine nous poursuivons sa dénonciation et cherchons ça et là des raisons de ne pas désespérer. Des positions d’intellectuelles, des rassemblement, des réunions publiques, des actions, des grèves prouvent que malgré la répression, la frilosité ou la complicité des gouvernements, des organisations politiques et syndicales les résistances existent.
Déclaration de Sarajevo du Tribunal pour Gaza
2 juin 2025Nous, membres du Tribunal de Gaza, réunis à Sarajevo du 26 au 29 mai 2025, exprimons notre indignation morale collective face au génocide qui se poursuit en Palestine, notre solidarité avec le peuple palestinien, et notre engagement à travailler avec des partenaires de la société civile mondiale pour mettre fin à ce génocide, garantir la poursuite des auteurs et de leurs complices, obtenir réparation pour les victimes et les survivants, construire un ordre international plus juste et œuvrer pour une Palestine libre.
Nous condamnons le régime israélien, le génocide qu’il mène, et les décennies de sa politique et ses pratiques en matière de colonialisme de peuplement, ethno-suprémacisme, apartheid, ségrégation raciale, persécutions, implantations illégales, déni du droit au retour, punitions collectives, détentions massives, tortures et traitements cruels et inhumains, exécutions extrajudiciaires, violences sexuelles systématiques, démolitions, déplacements et expulsions forcés, purges ethniques et changement démographique forcé, famine imposée, déni systématique de tous les droits économiques et sociaux, et extermination.
Nous sommes horrifiés par la politique du régime israélien, qui ravage méthodiquement l’existence des Palestiniens : leurs vies, leurs terres et leur survie économique. Les sources et systèmes d’alimentation d’eau, les structures de soins de santé, d’éducation, de logement, de culture, ainsi que les mosquées, églises, installations d’aide et abris pour les réfugiés sont systématiquement détruits. Le personnel soignant, les reporters, les humanitaires, les agents des Nations unies sont délibérément ciblés, de même que les civils : enfants, personnes âgées, femmes et hommes, filles et garçons, personnes handicapées ou malades.
Nous exigeons le retrait immédiat des forces israéliennes et la fin du génocide, de toutes les opérations militaires, des déplacements forcés et des expulsions, des activités de colonisation, ainsi que du siège de Gaza et des restrictions de circulation en Cisjordanie. Nous réclamons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers, les milliers d’hommes, femmes et enfants détenus de manière abusive dans des centres de détention israéliens. Nous insistons sur la reprise de l’aide humanitaire massive à l’ensemble de la bande de Gaza, sans délai, sans restriction ni interférence, incluant nourriture, eau, abris, fournitures et équipements médicaux, équipements sanitaires, équipements de sauvetage, ainsi que matériaux et équipements de construction. Nous demandons aussi le retrait complet de toutes les forces israéliennes de l’ensemble des territoires libanais et syrien.
Nous appelons tous les gouvernements ainsi que les organisations régionales et internationales à mettre fin au scandale historique de l’inaction qui a marqué ces dix-neuf derniers mois, à réagir d’urgence et par tous les moyens disponibles pour stopper l’offensive et le siège israéliens, à faire respecter le droit international, à traduire en justice les auteurs de ces crimes et à fournir sans délai aide et protection au peuple palestinien.
Nous dénonçons la complicité persistante des gouvernements dans la perpétration des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et du génocide commis par Israël en Palestine, ainsi que le rôle honteux de nombreux médias dans leur couverture du génocide, leur déshumanisation des Palestiniens et leur propagation d’une rhétorique alimentant le racisme anti-palestinien, les crimes de guerre et le génocide.
Nous dénonçons avec la même fermeté la vague de répression et de persécutions menée par les gouvernements occidentaux, forces de police, secteur privé et institutions éducatives contre : les défenseurs des droits humains, militants pour la paix, étudiants, universitaires, travailleurs, professions libérales et autres. Nous rendons hommage à ceux qui, malgré cette répression, ont eu le courage et les convictions morales de se lever et dénoncer ces horreurs historiques. Nous insistons sur la pleine protection des droits humains que sont la liberté d’expression, d’opinion, de réunion et d’association, ainsi que le droit de défendre les droits humains sans harcèlement, représailles ou persécution.
Nous rejetons la tactique injuste qui consiste à qualifier d’« antisémites » ou de « soutiens du terrorisme » tous ceux qui osent s’exprimer et agir pour défendre les droits du peuple palestinien, condamner les injustices et atrocités du régime israélien, et sa pratique de l’apartheid et du génocide, ou critiquer l’idéologie sioniste. Nous sommes solidaires de tous ceux qui ont été diffamés ou punis de la sorte.
Nous sommes convaincus que la lutte contre toutes les formes de racisme, d’intolérance et de discrimination inclut nécessairement un rejet égal de l’islamophobie, du racisme anti-arabe et anti-palestinien et de l’antisémitisme. Elle implique aussi de reconnaître les effets dévastateurs que le sionisme, l’apartheid et le colonialisme de peuplement ont eus, et continuent d’avoir, sur le peuple palestinien. Nous nous engageons à lutter contre tous ces fléaux.
De plus, nous rejetons l’idéologie destructrice du sionisme, en tant qu’idéologie officielle de l’État israélien, des forces qui ont colonisé la Palestine et établi l’État israélien sur ses ruines, ainsi que des organisations et relais pro-israéliens actuels. Comme le proclame la Déclaration universelle des droits humains, nous affirmons que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, sans aucune exception. Nous appelons à la décolonisation sur toute la terre, à la fin de l’ordre suprémaciste et au remplacement du sionisme par un système fondée sur l’égalité des droits pour tous – chrétiens, musulmans, juifs et autres.
Nous sommes inspirés par la résistance courageuse et la résilience du peuple palestinien face à plus d’un siècle de persécutions, ainsi que par le mouvement grandissant de millions de personnes à travers le monde qui se tiennent à ses côtés en solidarité, y compris l’engagement militant et les actions non-violentes de milliers de militants juifs rejetant le régime israélien et son idéologie ethnonationaliste, et qui ont proclamé que ce régime ne les représente en rien et n’agit pas en leur nom.
Nous reconnaissons le droit du peuple palestinien à résister à l’occupation étrangère, la domination coloniale, l’apartheid, l’assujettissement par un régime raciste et l’agression, y compris par la lutte armée, conformément au droit international et comme affirmé par l’Assemblée générale des Nations unies.
Nous rappelons que le droit des Palestiniens à l’autodétermination relève du jus cogens et erga omnes (règle universelle ne souffrant aucune exception et s’imposant à tous les États) et qu’il est non négociable et axiomatique. Nous reconnaissons que ce droit comprend : l’autodétermination politique, économique, sociale et culturelle, le droit au retour et à une compensation intégrale pour tous les préjudices subis pendant un siècle de persécutions, à la souveraineté permanente sur les ressources naturelles, à la non-agression et à la non-ingérence. Nous respectons les aspirations des Palestiniens, ainsi que leur pleine autonomie pour toutes les décisions affectant leur existence, et nous exprimons notre solidarité.
Nous sommes gravement préoccupés par le cours que prennent les relations internationales, la politique internationale et les institutions internationales, ainsi que par les attaques contre les institutions internationales ayant dénoncé le génocide et l’apartheid en Palestine. Ces fondements normatifs de l’ordre mondial, basés sur les droits humains, l’autodétermination des peuples, la paix et le droit international, sont sacrifiés sur l’autel d’un réalisme politique cynique et d’une soumission obséquieuse à l’égard du pouvoir, laissant le peuple palestinien sans défense, exposé en première ligne. Nous affirmons qu’un autre monde est possible, et nous nous engageons à nous battre pour qu’il voie le jour.
Nous craignons que l’ordre normatif international naissant et imparfait, élaboré depuis la Seconde Guerre mondiale, avec les droits humains pour fondement, ne risque aujourd’hui l’effondrement en raison des attaques prolongées menées par les alliés occidentaux du régime israélien, déterminés à garantir son impunité. Nous nous engageons à combattre cette offensive et à œuvrer pour protéger et faire avancer l’idéal d’un monde dans lequel les droits humains seraient régis par l’État de droit, en commençant par lutter pour la liberté des Palestiniens. Nous estimons qu’il faut réformer et corriger les faiblesses et inégalités instituées dès l’origine du système international, notamment : le droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, la marginalisation de l’Assemblée générale et les obstacles entravant l’exécution des arrêts de la Cour internationale de Justice (CIJ).
Nous exigeons une action immédiate pour isoler, contenir et traduire en justice le régime israélien par le biais du boycott universel, du désinvestissement, des sanctions, d’un embargo militaire, de la suspension des organisations internationales et de la poursuite de ses responsables. Nous nous engageons à défendre cette cause. Nous exigeons aussi que soient pénalement responsables tous les dirigeants politiques et militaires, soldats et colons israéliens impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, génocide ou violations flagrantes des droits humains, et que répondent de leurs actes toutes les personnes et entités complices des crimes de ce régime, y compris ses soutiens externes, les responsables gouvernementaux, les entreprises, les fabricants d’armes, les sociétés énergétiques, les firmes technologiques et les institutions financières.
Nous saluons la Cour internationale de justice (CIJ) pour la procédure en cours pour génocide contre le régime israélien et pour son avis consultatif historique concluant à l’illégalité de l’occupation israélienne, du mur d’apartheid et des pratiques d’apartheid et de ségrégation raciale. Nous saluons aussi ses conclusions selon lesquelles les droits du peuple palestinien ne peuvent dépendre de son oppresseur, ne sont pas négociables, et que tous les États ont l’obligation de s’abstenir de tout traité, relations économiques, commerciales, diplomatiques ou d’investissements avec le régime d’occupation d’Israël. Nous célébrons l’action exemplaire de l’Afrique du Sud qui a porté devant la CIJ l’affaire historique de génocide contre le régime israélien.
Nous appelons tous les États à garantir la mise en œuvre intégrale des mesures conservatoires ordonnées par la CIJ dans l’affaire pour génocide contre Israël, à respecter pleinement les conclusions de l’avis consultatif de la CIJ de juillet 2024, à appliquer sans réserve la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies du 13 septembre 2024 (A/ES-10/L.31/Rev.1), notamment en mettant fin à tout commerce d’armes avec le régime israélien, en instaurant des sanctions à son encontre et en soutenant la traduction en justice de tous les criminels israéliens. Nous exhortons les organisations de la société civile et les mouvements sociaux du monde entier à lancer et renforcer des campagnes de soutien aux décisions et avis de la CIJ sur la Palestine, et à pousser leurs propres gouvernements à s’y conformer.
De même, nous saluons la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir émis, bien que tardivement, des mandats d’arrêt à l’encontre de deux hauts responsables du régime israélien. Nous appelons la CPI à accélérer la procédure concernant ces dossiers et à délivrer sans délai des mandats supplémentaire contre d’autres responsables israéliens, civils et militaires. Nous exhortons tous les États parties à la CPI à remplir d’urgence leur obligation d’arrêter ces auteurs et de les remettre à la justice, et nous exigeons que les États-Unis lèvent immédiatement toutes les sanctions contre la CPI et cessent leur obstruction à la justice.
Nous exprimons notre gratitude et notre admiration envers les procédures spéciales indépendantes du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour leurs contributions d’experts et leur voix forte et intègre demandant la responsabilisation du régime israélien et défendant les droits humains du peuple palestinien. Les membres de ce conseil se sont révélés être la conscience morale de l’ONU, et nous appelons les Nations unies et tous les États membres à défendre sans faille ces titulaires de mandat. Nous saluons aussi l’action exemplaire des agences onusiennes – au premier rang desquelles l’UNRWA – dans leur défense des droits du peuple palestinien et la fourniture d’aide et secours aux survivants du génocide en Palestine, en dépit de risques et obstacles jamais vus.
Nous sommes convaincus que le monde se trouve au bord d’un dangereux précipice, dont la lisière est en Palestine. Des forces redoutables, tant publiques que privées, nous poussent vers l’abîme. Les événements des dix-neuf derniers mois et nos propres réflexions nous ont persuadés que les organisations internationales clés et la majorité des pays du monde, qu’ils agissent seuls ou collectivement, ont échoué dans la défense des droits du peuple palestinien et dans la réponse au génocide perpétré par le régime israélien. Désormais, le défi de la justice repose sur les personnes de conscience du monde entier, la société civile et les mouvements sociaux, sur nous tous. C’est pourquoi, dans les mois qui viennent, nous nous consacrerons à relever ce défi. Des vies palestiniennes sont en jeu. L’ordre moral et juridique international est en jeu. Nous ne pouvons pas échouer. Nous ne faiblirons pas.
Le Comité de Pilotage du Tribunal : Richard Falk, Ahmet Köroglu, Hilal Elver, Raji Sourani, Lara Elborno, Penny Green, Wesam Ahmad, Craig Mokhiber.
29 mai 2025 – Gaza Tribunal – Traduction : Chris & Dine
La troisième Conférence des Nations unies sur l’océan, c’est ouverte lundi 9 juin 2025 à Nice. C’est le plus grand rassemblement international jamais dédié à la protection du milieu marin, après une première édition à New York (États-Unis), en 2017, et une seconde à Lisbonne (Portugal) en 2022, et cette troisième conférence se terminera le vendredi 13 juin 2025. Que peut-on en attendre ?
Son objectif, c’est de faire le point sur la mise en œuvre de l’objectif de développement durable n°14 », détaille Gauthier Carle, directeur général adjoint de la Plateforme Océan et Climat. Adopté en 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies, ce fameux « objectif 14 » vise à « gérer durablement » et mieux protéger des activités humaines les écosystèmes marins. Pour ce faire, il définit plusieurs cibles à atteindre : prévenir la pollution marine et les déchets en mer, réduire l’acidification des océans, mettre un terme à la pêche illégale…
Parmi les dix-sept objectifs de développement durable établis par les Nations unies, l’objectif 14 est « l’un des plus sous-financés », regrette Gauthier Carle. Ses cibles sont par ailleurs loin d’être atteintes. Seuls 8,4 % des océans sont aujourd’hui protégés, alors que les Nations unies projetaient d’atteindre 10 % en 2020 et espèrent parvenir à 30 % d’ici à 2030. Au total, 2,7 % des océans sont fermés aux activités industrielles, le seul niveau de protection qui permette, selon les scientifiques, d’obtenir des résultats tangibles pour la vie marine.
Extrait article site de reporterre 9 juin 2025
Dans l’émission de ce jour, nous allons revenir sur la question de la préservation des océans. Pour cela, nous entendrons à la suite un son du site blast du 18 février 2022 intitulé : L’Océan est en danger et s’il meurt, nous mourrons. Nous poursuivrons avec Aurore Stéphant qui démontra l’impossibilité de l’exploitation sous-marine des métaux et nous terminerons par cette question Comment la surpêche industrielle tue l’environnement et la pêche artisanale.
Ce mardi 27 mai, une journée éducation morte a eu lieu dans les écoles, collèges et lycées de Gennevilliers, organisée par le collectif parents enseignants pour protester contre la fermeture de 17 classes à la rentrée prochaine.
Nous vous proposons dans ce premier temps, le reportage réalisé ce 27 mai et nous entendrons les interventions de parent d’élève et d’enseignantes fortement mobilisé ce même jour.
Avec comme revendication : – l’annulation des 17 fermetures de classes – la restitution des 3 postes de remplaçants – le retour en REP (Réseau Éducation Prioritaire) de l’ancien réseau Pasteur
La grande fête du printemps des services publics
À Paris, se tenait la fête des services publics toute la journée du 31 mai 2025, Avec un village des services publics sur la place Stalingrad dans les 19ᵉ arrondissement de paris. Dans cette seconde partie d’émission, nous commencerons par entendre un point sur le financement de la Sécurité sociale, puis deux entretiens avec Michèle Leflon, Présidente de la Coordination Nationale des Comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité et Isabelle Mathurin, de convergence des services publics.
Depuis plusieurs semaines, à mesure que se dégrade la situation géopolitique, monte en France une petite musique : nous n’aurions pas les moyens de faire face aux investissements nécessaires au renforcement de notre défense, il serait inéluctable de prélever ces financements sur les services publics, la Sécurité sociale et la lutte contre le dérèglement climatique. Alors qu’Outre-Atlantique, l’action de D. Trump met en évidence les conséquences dramatiques de la destruction de toutes les formes du public, nous, associations, syndicats, intellectuel.le.s, ONG et citoyen.ne.s, alertons : notre démocratie est au moins autant menacée par un délitement des services publics que par une offensive militaire. Se donner les moyens d’éviter celle-ci ne peut pas être un prétexte pour dégrader encore les premiers, bien au contraire : ce contexte nous enjoint à renforcer l’ensemble des solidarités qui font le socle de notre démocratie et à réaffirmer le sens d’une contribution commune pour les financer.
Le 18 mars 2025, à six heures du matin, la police a expulsé 450 mineurs non accompagnés du théâtre parisien de la Gaîté Lyrique, qu’ils occupaient depuis le 10 décembre 2024. Regroupés dans le Collectif des jeunes du Parc de Belleville, ils sont tous en procédure de recours pour être reconnus comme mineurs isolés, et alertent sans cesse les pouvoirs publics sur leur situation pour faire valoir leurs droits. Lors de cette expulsion, plusieurs interpellations ont lieu, débouchant sur des gardes à vue et 25 des jeunes migrants interpellés ont reçu une Obligation de quitter le territoire français (OQTF), et ce malgré la présentation de documents indiquant leur minorité.
Le 3 juin se tenait donc à la Bourse du travail une assemblée générale contre ces OQTF et en appel au dates du 6, 10, 17 et 24 juin lors desquelles auront lieu des rassemblements pour soutenir les jeunes lors de leurs audiences au Tribunal Administratif de Paris. Nous vous diffusons donc aujourd’hui le montage d’une partie des prise de parole qui ont eu lieu lors de ce meeting.
Lors de la semaine anti- impérialiste ” organize, fight, win” Paris, qui se déroule à Paris du 2 au 8 juin, nous avons pu réaliser un plateau radio lors du vernissage de l’exposition ” De l’intérieur : Héritage et mémoire des luttes anti impérialiste à Paris” que nous vous diffusons aujourd’hui.
Cette semaine, organisé à l’initiative de plusieurs collectifs engagés dans la lutte contre le fascisme et l’impérialisme, à l’occasion de l’hommage rendus à la mémoire de notre camarade Clément Meric, tué par des neonazis il y a 12 ans, vise à transformer ce moment de mémoire en une initiative stratégique pour refonder un front anti-impérialiste et se poursuit avec de nombreux événements tout au long de la semaine.
Le 24 mai a eu lieu LA 3ᵉ ÉDITION DES JOURNÉES CULTURELLES DU FOYER BRANLY. Un moyen d’informer et mobiliser autour de la fermeture des foyers de travailleurs émigrés. Les cantines étaient à l’honneur lors de cette édition. Dans l’émission de ce jour, nous entendrons les entretiens et prises de parole, réalisé lors de cette journée.
Dès les années 1960 et l’apparition des premiers foyers et baraquements, les résidents, souvent ouest-africains se sont regroupés pour demander à des connaissances, des femmes sans emploi, de leur préparer collectivement la cuisine. Les cantines solidaires ont commencé à voir le jour au sein des établissements. D’abord contre la volonté des gestionnaires, mais peu à peu des arrangements ont été trouvés. Pour les résidents, il s’agissait de mutualiser les dépenses de la survie en France, de les faire baisser au maximum possible, car l’essentiel de leur salaire était destiné à la famille au pays.
Pour les gestionnaires, il fallait faire au mieux à une époque où il n’y avait pas de moyens de cuisine installés dans les chambres, où les installations étaient quasiment toutes collectives et qu’il y avait beaucoup de monde à nourrir. Dans leurs lieux de résidence, les travailleurs immigrés rentrant exténués de la journée de travail pouvaient trouver un bon plat de thieb ou de mafé préparé comme au pays pour quelques pièces de monnaie.
Ce système s’est étendu et a été toléré jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, mais il n’était pas sans inconvénients. Les cuisines passaient en dessous des radars des inspections préfectorales, les normes d’hygiène n’étaient pas toujours respectées. Heureusement, dans la cuisine africaine, tout est longuement cuisiné, il n’y a eu que très peu d’« incidents » qui ont attiré l’attention des autorités. Mais surtout, le grand problème était que les travailleurs, cuisinières, aide cuisinières, plongeurs et autres, étaient tous non déclarés, ne cotisaient à rien, ni chômage, ni retraite, ne payaient aucune assurance et travaillaient à leurs risques et périls. Les équipes (généralement deux par foyer, fonctionnant une quinzaine sur deux et en alternance) s’auto-géraient avec les comités de résidents des lieux.
Aujourd’hui, dans quelques lieux, ces restaurants ont été « régularisés » et ces problèmes résolus. Aux foyers d’Ivry-sur-Seine, Aubervilliers-Fillettes, Fontaine-au-Roi, Arbustes et Lorraine à Paris, des associations ont pris en charge la gestion des lieux, ont signé des conventions avec le gestionnaire et, au mieux, avec le comité de résidents. Les prix restent modiques. Les plats sont abordables pour les travailleurs des foyers. Qui plus est, ces « restaurants solidaires » fournissent un service indispensable au quartier. De nombreux ouvriers des chantiers aux alentours, des familles et des individus aux revenus modestes, ou sans revenus, viennent se restaurer à un prix modique. Cette mixité des publics a des effets sociaux : les restaurants sont des points de contact entre les gens du foyer et les gens du quartier. Ils contribuent aux échanges qui font vivre un quartier.
Au foyer Edouard Branly, une bonne équipe de cuisinières en place depuis des années travaillent du matin au soir pour proposer des plats bien garnis de riz et de poulet pour 3 euros. Chaque midi et chaque soir, vous trouverez une file d’attente pour pouvoir acheter ces plats.
Mais Adoma (filiale de la caisse des dépôts et consignations) menace de faire disparaître cette activité dès le mois de juillet. La plupart des restaurants « régularisés » fonctionnent selon le principe de « l’entreprise d’insertion ». Ils sont subventionnés pour faire revenir sur le marché de l’emploi des chômeurs de longue durée qui autrement auraient du mal à se stabiliser professionnellement. Ils sont donc un outil dans la lutte contre le chômage. Mais avec les projets de réhabilitation des foyers et leur transformation en « résidences sociales », la plupart des cuisines sont menacées de disparition – à Branly comme ailleurs.
Déjà, la reconstruction du foyer Bara a entraîné la liquidation de la cuisine, qui devait pourtant être remplacée dans les nouvelles structures. Aujourd’hui, le personnel du restaurant social du foyer Bara fonctionne au sein du squat « En Gare », 81 rue Michelet à Montreuil, où, comme le reste des occupants, ils font face à une menace d’expulsion à court terme. Adoma, le plus grand gestionnaire et propriétaire de logements-foyers en France, a décidé en Conseil d’Administration de ne plus tolérer d’espaces de cuisine autres que privatifs et individuels dans ses nouveaux établissements. Et si la situation est moins fermée chez les autres gestionnaires, à chaque fois, il faut lutter contre une forte résistance pour que le principe d’une cuisine solidaire soit accepté et que le financement des équipements nécessaires soit engagé.
Cependant, le nombre de personnes en situation de précarité ne cesse d’augmenter, la demande pour des repas chauds à bas prix ne cesse de grandir. Comment, dans un contexte pareil, peut-on fermer une cantine solidaire ?
Pour l’existence d’espaces de convivialité dans nos quartiers, pour le maintien des communautés villageoises dans les foyers et pour la sécurité alimentaire des habitants précaires, nous, soutiens des résidents du foyer Edouard Branly, et de tous les autres foyers demandons le maintien au-delà de la durée du chantier de reconstruction, de leur restaurant solidaire. Nous demandons aux gestionnaires, aux équipes municipales et à l’État de soutenir ces initiatives et de faciliter le maintien d’espaces de solidarité et de survie dans nos quartiers.
Contacts : Lassana SACKO, Président du comité des résidents : 06 74 79 89 73 sackolassana128@gmail.com Comité de soutien : Jacqueline : 06 82 68 46 01, et Véronique : 06 11 58 75 94 comite.soutien.foyer.branly@proton.me COPAF : 06 87 61 29 77 ; copaf@copaf.ouvaton.org
Le jeudi 22 mai 2025, se tenait à la Médiathèque Matéo Maximoff situé dans le 19ᵉ arrondissement de paris, la présentation d’un rapport d’enquête inédit sur la domiciliation administrative, le Collectif Domiciliation Île-de-France conviait à un temps d’échange autour d’un droit essentiel encore trop souvent refusé.
La domiciliation permet à toute personne sans domicile stable d’accéder à une adresse administrative – première porte d’entrée vers les droits sociaux. Pourtant, 4 CCAS (centre communal d’Action Sociale) sur 10 en Île-de-France refusent de domicilier les personnes vivant en bidonville, en squat ou à la rue, et 2 CCAS sur cinq les personnes sans-papiers. Des pratiques illégales aux conséquences graves.
Ce fut l’occasion de découvrir les résultats de l’enquête menée auprès des CCAS, écouter les témoignages de personnes concernées et d’acteur·ices de terrain.
Nous commencerons cette rencontre avec la présentation d’un aperçu du rapport par Célia Mougel, du Collectif Romeurope et Blandine, de la fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Suivront les interventions du terrain avec notamment Sacha Acco, du secours populaire paris 18ᵉ, Vera Darras, de l’association Dom’Asile et des membres de médecin du monde 93.
Aujourd’hui vous pouvez entendre une interview réalisée avec le collectif autonome de Brest sur le travail qu’il fait sur le RSA. A la fois un travail d’information sur la réalité de la nouvelle réforme mais aussi un travail de mobilisation.
Pourquoi ce guide ?
Ce guide s’adresse à tout les bénéficiaires du RSA , du chômage ou inscrits à France-Travail. Il n’a pas été fait pas des avocats, des assistants sociaux ou “professionnels” du social. Simplement par des allocataires qui souhaitent lutter pour leurs intérêts face aux politiques de l’état et des diverses
administrations chargées de gérer nos allocations. Il a aussi vocation à évoluer en fonction des situations auxquelles nous faisons face.
Commençons par un petit point sur les dernières réformes concernant ces deux allocations :
• A partir de janvier 2025 l’allocation RSA serait conditionnée, il faudrait potentiellement effectuer
15 heures d’« activités » en échange du RSA.
• Ces 15 heures pourraient être effectuées de différentes manière : Job dating, rédaction de Cvs,
stage en entreprise ou association.
• Pour l’instant, la réforme RSA s’incarne par un « suivi » et un encadrement plus poussé des
allocataires. On est convoqué à un rendez-vous obligatoire de présentation du nouveau dispositif,
à la fin de cette présentation il est demandé aux allocataires de signer un accord d’engagement.
• Concernant l’ARE, les deux dernières réformes de 2019 et de 2024 ont permis au gouvernement
d’augmenter le temps de travail nécessaire à l’ouverture du chômage (6 mois au lieux de 4 sur 24
mois au lieux de 28.). De plus cette réforme a pour but de permettre de radier les allocataires si ils
refusent 3 offres d’emplois « valables », à l’appréciation du conseiller France Travail. Le but est
de renvoyer au plus vite les chômeurs au travail.
• De plus les droits ne se rechargent plus. Il faut avoir terminé de toucher l’intégralité de son
chômage pour rouvrir ses droits et l’allocation est de plus en plus dégressif. Le nouveau mode de
calcul prenant en compte les jours non travaillés permet là encore de réduire le montant de
l’allocation perçue.
Depuis le début de l’année 2024, les contrôles se renforcent sur les allocataires, les radiations du RSA et de
France Travail se multiplient. De son côté le département du Finistère expérimente depuis à peu près un an les fameuses 15h/semaine du RSA prévue par la réforme “dite du plein emploi”. Mael de Calan, président de droite du département, est bien décidé à se servir de cette nouvelle réforme pour accentuer sa guerre aux pauvres. Pour le président du conseil départemental du Finistère, l’objectif est clair : faire tomber le nombre d’allocataires du RSA dans le Finistère de 18 000 (chiffres de 2022, dont 35 % dans la région Brestoise) à 15 000 dans les trois ans. Pour atteindre cet objectif le département entend renforcer les contrôles . Il s’est notamment doté d’un service dédié à cette “mission” composé notamment de un cadre juriste, 7 contrôleurs, 3 assistants administratifs et un rédacteur.
Dans ce contexte, il nous semblait essentiel de se doter d’un guide pratique. Un guide fait pour mieux
comprendre le fonctionnement d’institutions comme France-Travail, la CAF et le département, pour mieux se
préparer et se défendre face aux contrôles.
I- Le RSA
1-Comment toucher le RSA ?
-Comme pour toutes les aides sociales de la CAF, elles sont attribuées selon certaines conditions.
– Premièrement, les bénéficiaires du RSA doivent être âgés de plus de 25 ans. Une dérogation est faite si tu es enceinte ou que tu as un enfant à charge.
-Si tu as entre 18 et 25 ans, tu peux aussi en bénéficier. Seulement, il faut que sur les trois dernières
années, tu ais exercé une activité à plein temps sur deux ans minimums. Cette spécificité est nommée le RSA Jeune.
-Au-delà de ces spécialités, voici les conditions d’attribution :
• Tu habites en France de façon stable, plus de 9 mois par an
• Tu es français, citoyen de l’Espace Économique Européen (EEE), suisse tout en vous justifiant
d’un droit de séjour, ou enfin, tu es ressortissant d’un autre pays et tu résides en France depuis 5
ans
• Les ressources mensuelles moyennes de ton foyer pendant les 3 mois qui précèdent ta demande ne
doivent pas dépasser un certain seuil.
• Tu dois avoir fait valoir tes droits concernant toute autre prestation sociale (comme l’allocation
chômage, la retraite) à laquelle tu peux prétendre. Autrement dit, tu ne peux percevoir le RSA que
si tu n’as pas ou plus le droit à une autre aide, par exemple à la fin de ta période d’indemnisation
de chômage.
Rappel sur le RSA : Tu as le droit à 90 jours de vacances, que tu dois théoriquement déclarer. N’annule donc pas un rendez-vous ou la participation à une activité prévue sous le motif que tu es loin de chez toi si tu n’as pas déclaré ton déplacement, cela pourrait être motif de sanction.
-A noter que à compter de Mars 2025 la déclaration trimestrielle à réaliser pour continuer de toucher ton allocation sera désormais préremplie par la CAF. Avant de la valider tu peux apparemment la vérifier et la modifier au besoin.
2-Comment fonctionnent les 15 heures d’activités obligatoires ?
Cette partie est rédigée à partir des informations dont nous disposons alors que la réforme n’est pas
encore officiellement mise en place. Tout ça peut donc encore changer.
– Les 15 heures (pouvant être étendues à 20 heure) se sont mises en place à partir du 1er janvier 2025 au niveau national. Cela s’accompagne d’une inscription automatique à France Travail si : on est en mission locale, à CAP emploi (insertion professionnelle pour personnes handicapées) et évidemment si on demande le RSA et qu’on a moins de 65 ans.
-Les 15 heures sont un truc flexible et hyper individualisé. En fonction du contrat d’engagement signé on a plus ou moins d’heure à effectuer et une plus ou moins grande autonomie. Par exemple, cela varie selon qu’on souhaite créer une entreprise, qu’on recherche un emploi dans le BTP etc
-Les prestataires pour la réalisation du suivi sont : France-Travail, la mission locale, CAP emploi et les services du département (dont des caochs persos qui s’ajoute aux conseillers France Travail). Le but est d’orienter les gens vers des “dispositifs de retour à l’emploi” engageant “l’ensemble des acteurs locaux de l’insertion. Du côté de France Travail, on est vite rebalancé vers un certain nombre de prestataires privés, selon ce vers quoi on t’oriente.
– L’allocataire est donc orienté vers des activités comme : des immersions en entreprise, obtention du permis de conduire, activités associatives, etc. Ce système permet en théorie d’impliquer l’ensemble des acteurs locaux de l’insertion (associations, chantiers d’insertion…).
– Potentiellement des personnes pourraient donc exercer du travail entreprises, pour pouvoir bénéficier de leurs RSA. Mais cela sans cotiser (ni pour les allocations chômage, ni pour la retraite…) Une économie substancielle pour les entreprises qui pourraient prendre cette main d’oeuvre à bas coût.
-Pour le moment trois parcours France Travail liés à la mise en place des 15 heures ont été présentés dans le Finistère :
• Un suivi renforcé RSA avec plusieurs rendez-vous par mois (pour les personnes susceptibles de
retrouver un emploi)
• Un suivi global, pour faire face aux freins qui empêchent le retour à l’emploi (déplacement,
santé), en lien avec le département.
• Un parcours formation / création d’entreprise.
-Officiellement, il est possible de voir ses heures d’activités obligatoires réduites pour plusieurs raisons :
• problèmes de santé
• problèmes familiaux
• être parents isolés.
-Enfin, on sortirait du dispositif de suivi lorsqu’on arrive à avoir 500 euros de revenus par mois, ou 1500 euros tout les trois mois. On basculerait alors dans le dispositif de prime d’activités, mais on ne sera plus soumis aux 15 heures d’activités.
-Dans le cadre d’un refus, les allocataires risquent une suspension du versement de leur allocation.
Suspension qui pourra être annulée s’ils respectent à nouveau leurs engagements, avec une régularisation rétroactive. C’est-à-dire qu’ils récupèreront les allocations qu’ils avaient perdues. Cependant, la rétroactivité a été limitée à trois mois par les sénateurs. Dans le cas d’une réitération du non-respect des termes du contrat ou d’un d’un refus de se soumettre aux termes de contrôle par exemple, l’allocataire risque une suppression partielle (jusqu’à 80 % du RSA), voire totale de ses allocations.
-En cas de radiation/suspension on peut se réinscrire dès le lendemain, il est dit qu’à part en cas de non réponse à des contrôles, ils réinscrivent 99 % des personnes, en travaillant sur les motifs qui avaient conduits à la radiation. Si tu as été radié pour refus d’un contrôle, il faut fournir les pièces demandées. Si tu as refusé les 15 heures, il faudra les accepter, si tu as refusé de signer ton contrat d’engagement il faudra le signer etc.
-Pour les personnes toujours en suivi social RSA ( au moins à Brest) :
-Pour l’instant, pour les personnes qui ont ce genre de suivi les 15h c’est surtout du déclaratif même si ils et elles doivent aussi s’inscrire à France-Travail. Les personnes doivent remplir des fiches papiers où ils notent leurs diverses activtés (rdv médicaux par exemple…) et les déposer à leurs assistant sociaux.
3-Les contrôles
-Toute personne qui a demandé le RSA peut y être soumise. Leur nombre est en augmentation du fait du recrutement par les départements de contrôleurs RSA.
-Les contrôles sont un outil primordial pour les administrations chargées de la gestion des allocations que ce soit la CAF, les départements ou France-Travail. Ils permettent, selon elles, de lutter contre la fraude sociale, de récupérer de l’argent public ou cotisé. Il s’agit aussi de faire valoir, selon elles, les droits des allocataires en analysant mieux leur situation sociale…
-Dans les faits, ces contrôles sont un outil de pouvoir et de pression que ces admnistrations exercent sur nous. En gros, il s’agit surtout, lors de ces contrôles, de nous soumettre aux procédures et de gagner de l’argent sur notre dos.
-Quinconce a déjà suit un contrôle pourra témoigner des effets produits par les méthodes bureaucratiques et intrusives des contrôleurs : infantilisation voire déshumanisation, humiliation, stress et anxiété car peur de perdre parfois ses seules ressources pour manger, se loger, (sur)vivre…
-D’où un principe qui doit tous nous animer : ne pas accepter la division entre bons et mauvais allocataires / bons et mauvais contrôlés. Lors d’un contrôle, personne n’est irréprochable, il y aura toujours un truc qu’on savait pas et un contrôleur pour acter que ça mérite une sanction.
A-Les contrôles de la CAF
Il y a trois types de contrôles que la CAF peut réaliser :
–Automatique : échange CAF et CPAM et département, tu n’en es pas forcément informé. Cela peut être un contrôle des ressources, du quotient familial etc.
-Sur pièces. C’est à dire que pour te contrôler, la CAF te réclame directement des pièces et t’informe que tu es soumis à un contrôle.
-Au domicile de l’allocataire. La CAF a le droit d’effectuer un contrôle à ton domicile afin de vérifier l’exactitude des informations transmises pour le versement du RSA. On parle alors d’un « contrôle sur place ». Ce contrôle est soumis à des règles bien précises :
• Il est effectué par un contrôleur assermenté auprès du tribunal judiciaire (TJ) titulaire
d’une carte professionnelle, il a l’obligation de la présenter au bénéficiaire du RSA auquel
il rend visite.
• Il peut être réalisé, au choix, dans le cadre d’un rendez-vous fixé préalablement avec le
bénéficiaire du RSA (le bénéficiaire doit alors se rendre disponible à la date et l’horaire
fixés) ou de manière inopinée.
• Dans ce type de contrôle, la Caf peut vérifier toutes sortes d’informations relatives à ta
situation et à celles des membres de ton foyer en tant que bénéficiaire.
Rappel : Les contrôleurs sont assermentés et disposent donc d’un droit au contrôle et à l’obtention de toutes les pièces qu’ils pourraient demander. Néanmoins il existe des limites à ce pouvoir, qu’il nous semble intéressant de partager. Ce guide a également pour but d’éviter des erreurs qui pourrait faciliter la tâche des contrôleurs pour vous radier.
B-Les contrôles du département
-Les départements peuvent réaliser des contrôles d’allocataires du RSA. Dans le Finistère un service
contrôle dédié existe et des contrôleurs ont récemment été employés à cette occasion.
-Sur les conseils donnés dans cette partie : Certains de ces conseils sont, selon nous, quelque peu limités car ils s’inscrivent dans un rapport fait pour nous isoler : celui de contrôleur à contrôlé… La question reste de savoir si ils peuvent s’inscrire dans un rapport de force plus collectif qu’il ne tient qu’à nous de construire contre les contrôles et les bureaucraties qui les mettent en oeuvre! Si ils sont de plus en plus partagés et diffusés, ces conseils peuvent peut-être à minima permettre d’être moins dans la merde, voire de mettre quelques bâtons dans les roues de l’administration.
==> La procédure du contrôle départemental:
-Envoi d’un courrier postal non recommandé à l’adresse que tu as renseigné auprès de la CAF et
t’indiquant que tu es contrôlé par le département.
-Ce courrier stipule que tu dois renvoyer au département un certain nombre de pièces avant une date fixée par les services contrôles. En général, tu as un délais d’environ un mois pour envoyer les pièces (potentiellement à compter de la date sur l’enveloppe du courrier et pas celle indiquée dans le courrier lui même car c’est la première présentation du courrier à la poste ou un accusé de réception qui doit faire foi).
-Le courrier est assorti d’une menace de suspension si les pièces ne sont pas fournies en totalité à la date limite indiquée. Cette suspension est censée s’enclencher dans le mois qui suit cette date limite. Une fois suspendu si tu n’as pas répondu intégralement au contrôle, tu disposes de quatres mois pour fournir tes pièces sous peine d’être radié de la liste des bénéficiaires du RSA. La suspension concerne l’intégralité de ton RSA.
-Important : Il n’y a pas de rétroactivité si tu décides de fournir les pièces alors que ta suspension ou ta radiation est acté.
-Liste des pièces qui peuvent être demandées : Un avis d’imposition. Des justificatifs de domicile (bail, quittances de loyer, factures d’électricité par ex.) ou attestation d’hébergement. Des relevés bancaires sur une période indiquée par le courrier. Un document fourni avec le courrier et à retourner complété.
Conseils/Remarques…
• Déjà, ne reste pas tout seul, tient tes proches, tes potes, tes camarades ou des collectifs au courant pour voir ce que tu peux faire et ne pas rester isolé.
• Si tu choisis de répondre au contrôle et par voie postale, tu peux envoyer tes pièces en courrier recommandé avec accusé de réception pour avoir une preuve datée de l’envoi.
…Pas encore testés :
• Si tu décides de répondre au contrôle et de t’engager dans la procédure, tu peux exiger d’avoir des courriers par recommandé avec accusé de réception et que ce soit la date de réception qui fasse foi, pas la datation des courriers du département. Cela peut permettre d’être au courant plus rapidement de l’avancée de ta procédure et de disposer de plus de temps.
• Un autre moyen pour tenter de gagner du temps peut être de contester la validité des courriers du département car il s’agit de courrier simple. Or, ça peut tous nous arriver d’avoir une boite au lettre défaillante qui fait que les courriers n’arrive jamais à destination.
==> Qu’est ce qu’ils veulent savoir et contrôler ?
-Les contrôleurs veulent principalement savoir trois choses qui leur servent de critères pour pousser le contrôle plus loin ou/et permettre de diminuer voire sucrer tes allocs :
• Tes ressources financières.
• Si tu résides de manière, selon eux, effective en France.
• Ton train de vie, et donc l’intégralité de tes ressources y compris les coup de main de la famille ou
des proches mais aussi les ventes même sur vinted…
-Il faut aussi savoir que le département communique avec d’autres administrations notamment la CAF pour avoir accès à des informations et les croiser avec celles que tu leur fournis.
-Par exemple, les contrôleurs du département peuvent regarder tes ressources trimestrielles déclarées à la CAF et voire si cela correspond aux montants présents sur les relevés bancaires que tu leur fournis.
-Ils peuvent aussi, via tes relevés bancaires, analyser tes mouvements d’argent, la nature et le montant de tes dépenses pour voir si ton train de vie est trop élevé pour une personne au RSA. A l’inverse, ne pas avoir de dépenses paraît suspect à leurs yeux (suspicion de travail non déclaré). Mais ils peuvent aussi croiser tes justificatifs de domicile avec tes relevés bancaires pour estimer si tu résides selon eux en France.
-Probablement, les contrôleurs du département ont aussi accès au Fichier des comptes bancaires (Ficoba) qui liste tous les comptes bancaires en France et leurs titulaires. Ainsi, ils peuvent savoir qui possède quel compte dans le pays et vérifier que tu leurs déclares bien tous tes comptes possédés lors du contrôle. La consultation de ce fichier ne leur permet cependant pas d’avoir accès au solde et aux opérations des dits comptes.
Conseils/Remarques :
• Les contrôleurs considèrent le plus souvent que toute ventes ou dons d’argent reçus sont des revenus qu’il faut justifier et/ou déclarer. Les montants et la régularité sont parfois pris en compte dans la décision de pousser le contrôle plus loin ou de sanctionner. Dans tous les cas, si tu as d’autres “ressources” que tes allocs (par exemple aides d’un proche ou ventes de trucs pour arrondir les fins de mois), privilégie le liquide aux chèques, virements et paiements CB.
Edit : A partir de juillet 2025, les dons des proches ou de la famille ne devraient plus
être considérés comme des ressources par la CAF pour calculer le montant du RSA et donc ne devraient plus être déclarés1.
• N’oublie pas non plus de déclarer ton argent placé sur tes comptes rémunérés. Les intérêts sont considérés comme des ressources… Si les intérêts ne tombent qu’une fois par an, déclare les à ce moment là. On ne dispose pas d’informations sur les plafond à partir duquel tu es amputé d’une partie de ton allocation.
• Pour gagner du temps et/ou compliquer la tâche des contrôleurs tu peux aussi tenter d’envoyer un dossier incomplet ou par petit bout. Ainsi, tu peux essayer d’obtenir des délais supplémentaires de la part de la mission contrôle pour réunir les pièces demandées.
1 (Des aides et des secours financiers versés par des membres de la famille ou des proches du bénéficiaire, à l’exception des ressources
mentionnées au II de l’article L. 162-10 [les pensions alimentaires] ) dans Décret n° 2025-185 du 26 février 2025 portant généralisation des
déclarations préremplies de ressources pour l’attribution du revenu de solidarité active et de la prime d’activité
• Par exemple, tu peux envoyer tes relevés bancaires occultés partiellement, notamment de la nature et de la provenance de tes dépenses en arguant du droit au respect à ta vie privée.
• Une fois ces pièces envoyées, il est probable que le département exige tes relevés non-occultés et possible qu’il t’accorde un nouveau délai pour les fournir. Tu peux alors saisir le Délégué à la protection aux données du Finistère pour avis et exiger des explications aux contrôleurs sur la non-conformité de tes pièces et ainsi gagner encore un peu de temps.
• A noter que si finalement ils estiment que cela fait obstacle à leur contrôle (qu’ils justifient par le fait qu’ils n’ont pas accès au moyen, destination et lieu des paiements) ils n’accepteront pas ces pièces. Ils semblent cependant accepter l’occultation des enseignes commerciales où tu fais des paiements dans la mesure où cela n’interfère pas avec leur procédure.
==> Contacts des services :
-Le département du Finistère s’est doté de plusieurs services pour mener à bien sa mission de contrôle, de harcèlement et de répression des allocataires notamment un service contrôle et une cellule contentieux réunis au sein de la Direction de l’Emploi, Insertion, Logement (DEIL).
–Ces contacts sont indiqués sur les courriers en fonction de la situation de ton dossier. Les agents responsables de ton dossier sont censés pouvoir répondre à tes interrogations et te renseigner sur ta situation si tu as des questions. Dans les faits, ces contacts ont surtout l’air là pour faire joli. Les services contrôles du département ont l’air difficilement accessibles, du moins celles et ceux qui décident vraiment de ton sort.
–Ne pas oublier aussi que les contrôleurs ne sont pas là à ton service mais pour chercher à savoir si tu rentres dans leurs cases de bons ou mauvais allocataires. Le but étant de continuer le contrôle et de te sanctionner ou pas. Toute information sur ta situation peut donc leur servir contre toi.
-Mission Contrôle :
contrôle.rsa@finistere.fr
02 98 76 20 70
-Cellule Contentieux :
contentieux.rsa@finistere.fr
02 98 76 20 64
==> Certains textes de lois invoqués pour mener les contrôles et punir les allocataires
(Ces articles de lois sont tous disponibles sur le site LegiFrance)
L.262-40 du Code de l’action sociale et des familles.
R.262-83 du Code l’action sociale et des familles.
L.161-1-4 du Code de la sécurité sociale
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4-Recours administratifs et judiciaires en cas de sanctions RSA : réduction, suspension, radiation
À noter que le Département du Finistère a recruté un “chargé de contrôle contentieux et veille
juridique”, qui doit renforcer le service contrôle et apporter des conseils juridiques au département pour les recours administratifs et juridiques dans le cadre du RSA.
==> ÉTAPE 1 : Le recours administratif au département.
• À compter de la date de notification de radiation du RSA (ou réduction), tu as 2 mois pour
contester cette décision. Ta contestation devra être envoyée au Président du Conseil
Départemental de ton département en recommandé avec accusé de réception. Celui-ci dispose de
deux mois pour répondre.
• Ta réclamation doit être motivée par un événement attestant de la légitimité de ta décision. Elle
devra être accompagnée de tout document justificatif.
==> ÉTAPE 2 : Le président du conseil départemental peut décider de faire appel à une médiation et de mettre en place une commission.
• Tu auras la possibilité d’expliquer pourquoi tu n’as pas rempli les conditions imposées par ton
Contrat d’Insertion.
• À compter du jour de ton passage devant la commission, l’Instance de Médiation aura un mois
pour rendre sa décision au Président du Conseil Départemental. Celui-ci devra ensuite rendre sa
décision dans un délai d’un mois, en s’appuyant sur l’avis que l’Instance de Médiation aura donné
sur ton dossier.
Remarques /Conseils:
• Tu peux te faire accompagner à ce rendez-vous par un avocat ou même la personne de ton choix.
• Dans le département du Finistère, cette médiation ne semble pas concerner les cas de sanctions pour refus de répondre ou de transmettre des pièces lors d’un contrôle.
• Garder en tête que, dans le Finistère, la personne censé prendre la décision de te donner ou pas raison lors de ton recours, à savoir le président du département, est celle qui organise la politique répréssive du dit département. Ce qui forcément impacte les possibilités qu’il aboutisse. Malgré tout, ces recours sont des préalables légaux à une action de contestation en justice.
==> ÉTAPE 3 : Si le département ne répond pas ou rend une décision qui ne t’es pas favorable tu peux saisir le tribunal administratif.
• Dans un délai de deux mois suivant la notification de la décision du Président du Conseil Départemental, tu peux contester la décision prise auprès du Tribunal Administratif. Ta demande devra là aussi être envoyée en recommandé avec accusé de réception.
• Ton recours contentieux devra obligatoirement être fait après avoir déposé un recours auprès du
Conseil Départemental. Tu dois également avoir reçu la notification de la décision de radiation du RSA ou de sa réduction prise par le Président du Conseil Départemental. Ta demande devra comporter :
-La copie de la décision que tu contestes
-La copie de tous les documents que tu as fournis lors de ton recours auprès du Président du Conseil
Départemental.
Conseils : Là encore au tribunal fais toi accompagner d’un avocat. Si tu es éligible tu peux faire une demande d’aide juridictionnelle pour ne pas payer de frais d’avocats. Attention aussi, les procédures au tribunal administratif peuvent être longues (plusieurs mois voire années si il y a des appels des décisions rendues).
II- France Travail et l’ARE
Rappel : l’ARE c’est le nouveau nom de l’allocation chômage.
1-Comment toucher l’ARE ?
-Pour toucher l’ARE tu dois avoir travaillé 920 heures soit 130 jours sur 2 ans.
-Tu dois être inscrit à France Travail dans un délai de 12 mois suivant la fin de votre contrat de travail.
-Tu dois résider sur le territoire national dans lequel s’appliquent les règles de l’assurance chômage.
Attention ! : Tu n’as pas le droit à l’allocation chômage si tu démissionne de ton emploi ou si tu l’as quitté volontairement pour un autre contrat qui a duré moins de 65 jours travaillés, ou de moins de 455 heures (soit 3 mois). Attention donc à toujours obtenir une rupture conventionnelle ou un licenciement, il ne faut jamais démissionner.
Conseil : Lors du rendez-vous d’inscription, il est important de bien définir ton projet personnalisé d’accès à l’emploi. Les offres dites raisonnables doivent correspondre aux critères que tu auras défini avec ton conseiller ou ta conseillère, lors du premier entretien qui suivra ton inscription. Ils concernent le poste que tu recherches, mais également les salaires recherchés, la distance par rapport à ton
domicile, la durée du contrat de travail…
2-Peut-on perdre l’ARE ?
-L’allocation cesse d’être versée quand :
• tu atteins l’âge maximal de départ à la retraite, quel que soit le nombre de trimestres ;
• tu bénéficies d’une retraite à taux plein pour carrière longue, pénibilité, incapacité
permanente, travailleurs handicapés, amiante, même si la durée de tes droits n’est pas épuisée.
-Tu peux aussi être radié de la liste des demandeurs d’emploi ce qui entraine une suppression partielle ou totale de tes allocations. Les durées de radiation vont de 1 à 12 mois.
Liste des motifs de radiation de France Travail :
• si t’es plus inscrit sur la liste des demandeurs d’emploi (ex: défaut d’actualisation, radiation pour non-respect de vos obligations, etc.).
• l’absence d’actualisation mensuelle de la situation personnelle ;
• l’incapacité à justifier tes recherches d’emploi ;
• les fausses déclarations dans le but de s’inscrire ou de rester inscrit sur la liste des demandeurs
d’emploi ;
• le refus d’élaboration du PPAE (projet personnalisé d’accès à l’emploi) ;
• le refus d’actualisation du PPAE ;
• le refus d’une offre raisonnable d’emploi à 2 reprises (le raisonnable étant lié à ton PPAE, projet que tu as vendu à pôle emploi et l’appréciation de ton conseillé-contrôleur France Travail) ;
• l’absence d’une action de formation sans motif légitime ;
• l’abandon d’une action de formation sans motif légitime ;
• la non-présentation à un rendez-vous prévu France Travail sans être en mesure d’avancer un motif
légitime ;
• le refus de suivre, sans motif légitime, une action d’aide à la recherche d’emploi de France Travail dans le cadre du PPAE ;
• l’abandon d’une action d’aide à la recherche d’emploi ;
• le refus de passer une visite médicale d’aptitude, sans être en mesure d’avancer un motif légitime.-
-Perdre son allocation est donc facile … Néanmoins des recours légaux sont possibles en cas de
suspension.
3-Recours administratifs et judiciaires en cas de suspension ou de contentieux avec France-Travail
==> ETAPE 1 : La réclamation auprès de France Travail
Quelle que soit la décision concernée, tu peux commencer par déposer une réclamation auprès de votre agence France Travail. Cela suffit souvent à trouver une solution à l’amiable, par exemple en détectant des éléments manquants dans ton dossier ou en apportant des explications supplémentaires.
Pense à conserver un écrit de cette réclamation, c’est important pour la suite si le désaccord persiste.
==> ETAPE 2 : La demande de médiation si la réclamation n’aboutit pas
-Si tu estimes ne pas avoir obtenu une réponse satisfaisante, tu as la possibilité de saisir le médiateur
régional de France Travail (liste accessible sur leur site). Chaque médiateur intervient de façon
indépendante pour établir un échange entre toi et les services de France Travail afin que, dans la mesure du possible, une solution satisfaisante soit recherchée.
–Les cas de médiation préalable obligatoire (MPO)
Pour certaines décisions rendues par France Travail, la saisine préalable du médiateur régional est
obligatoire pour pouvoir ensuite saisir le juge administratif si le désaccord persiste après la médiation.
C’est notamment le cas pour :
• les décisions de sanction, de cessation d’inscription ou de transfert de catégorie,
• les décisions relatives à certaines allocations versées par France Travail (Allocation de solidarité
• les demandes de remboursement des prestations publiques versées en trop.
==> ETAPE 3 : la saisine du tribunal si la médiation n’aboutit pas
Si la médiation n’aboutit pas, tu peux poursuivre la procédure devant le tribunal (judiciaire ou
administratif, selon le type de décision). Il faut alors se faire accompagner d’un avocat, ce n’est pas
obligatoire dans le cas de procédure administrative mais cela offre plus de garanties.
III-Annexes
1- “Quelques éléments concrets sur le contrôle”
(Texte écrit par des camarades que nous reproduisons pour infos. Contact :
stop.controles@protonmail.com)
Sous couvert de « lutte contre la fraude sociale », le contrôle des allocataires est l’une des multiples
facettes d’une politique plus générale de restriction de l’accès aux droits. Il ajoute des conditions et des restrictions supplémentaires à des droits sociaux qui sont déjà largement conditionnés.
À la CAF, les allocataires qui touchent le RSA, la prime d’activité et, secondairement, les APL, sont tout particulièrement scrutés, et ce, alors que environ 40 % des personnes qui auraient droit au RSA ne le demandent pas – et qu’ils seront probablement bien plus nombreux après la réforme du « RSA contre activité », déjà effective par endroit et supposée être généralisée pour janvier 2025.
Les contrôles se déclinent selon trois formes, des moins perceptibles aux plus intrusives : les contrôles automatisés, les contrôles « sur pièce » – c’est-à-dire des demandes et analyses de documents supplémentaires -, et les contrôles « sur place » – un rendez-vous à la CAF ou au domicile même de la personne pour procéder à des observations et vérifications.
Les premiers sont produits par le croisement systématique de fichiers de la CAF, des impôts (DGFIP) et de France Travail, soit environ 30 millions de contrôles par an. Ces formes de contrôles ne sont généralement ni connues ni identifiables par les allocataires, contrairement aux contrôles « sur pièces » ou « sur place », qui concernent respectivement environ 3 millions et 130 000 personnes par an.
Une guerre d’usure très asymétrique
Régulièrement, les allocations sont coupées sans explication, et les « indus » sont notifiés avec plus ou moins de retard : à charge pour la personne qui constate qu’ elle n’ a rien touché de comprendre ce qui a bien pu se passer (une déclaration trimestrielle de revenus non parvenue ? une variation des revenus ? Un changement de situation ? Quelque chose d’ autre ?), tout en devant gérer, dans l’urgence, les conséquences d’une baisse ou d’une coupure totale de revenus. Contactés, les services de la CAF invitent souvent à prendre un rendez-vous téléphonique avec un « expert », qui n’ a pas forcément accès à la totalité du dossier et dont les réponses sont, par conséquent, parfois assez approximatives. Les délais de réponse lors de contrôles ou de contestations laissent les allocataires dans un flou administratif et financier. Il est très fréquent de ne jamais recevoir de réponse aux demandes de clarification ou de contestation, ou de recevoir des réponses automatiques sans rapport avec sa situation et qui ajoutent de la confusion. De plus, le montant de l’indu peut varier, s’alourdissant ou s allégeant au fil des semaines, sans aucune explication. Lorsque la Commission de recours amiable (CRA) ne fait pas droit à une contestation et que la dette est maintenue, les « indus » sont récupérés de façon arbitraire. Régulièrement, les prélèvements sur les allocations suivantes ne tiennent pas compte du « reste à vivre ». Par exemple, une allocataire supposée
devoir plus de 10 000 euros à la CAF est enjointe de rembourser « en douze mois maximum ». Un autre allocataire se voit refuser une remise de dette sur des APL, au motif que les remises de dettes « ne pourraient être accordées qu’ en cas de précarité de la situation du débiteur ». Il ne touche pourtant que 600 euros par mois d’ allocation de solidarité spécifique (ASS). La seule voie de recours qui lui est indiquée est de saisir le tribunal administratif. Très contraint par d’ autres problématiques à gérer, il renonce. Parfois encore, à l’issue du contrôle et des multiples démarches de contestation, les allocations sont rétablies et reversées intégralement à l’ allocataire mais au bout de plusieurs mois – en dépit de courriers de contestation argumentés, textes de loi à l’ appui -, amenant par exemple un bénéficiaire de l’ AAH à se débrouiller pour vivre pendant 6 mois sans aucun revenu. Toutes ces procédures de contestation sont encore compliquées par le fait que la CAF ne donne pas accès aux multiples circulaires et règlements qui permettraient aux personnes de connaître leurs droits.
Témoignage :
“Dissiper le rideau de fumée, persister collectivement j’ai subi un contrôle de la CAF en novembre 2023. Depuis quelques temps, j’étais salariée à mi-temps dans mon activité principale et autoentrepreneuse pour quelques interventions en animation. J’avais déclaré à la CAF cette situation et les revenus liés à chacune de ces activités.
Un jour, je ne reçois pas mes allocations, ni mes APL ni la prime d’activité que je touche chaque mois.
J’essaie de savoir ce qu’il se passe, on me dit qu’il doit manquer un document, une déclaration… Ça dure un peu. Ma situation économique se tend.
Je reçois un premier courrier de la CAF disant que j’ai une dette de 950 €. Quelques jours plus tard, un second message me notifie une nouvelle dette de 1988 €. Il n’y a pas d’explication, pas de calcul, pas de justification.
Je n’ai jamais entendu parler de ça, j’ai déclaré mes revenus correctement… Je n’ai pas du tout la possibilité financière de gérer une telle dette. J’appelle, j’écris, j’ai un rendez-vous téléphonique avec un technicien.
On m’explique que j’ai en réalité trois dettes différentes, qui seraient liées à mon double statut, salariée et auto-entrepreneuse. J’aurais touché des prestations auxquelles je n’avais pas droit. Les dettes correspondraient à l’intégralité des prestations que j’ai touchées entre mars 2022 et août 2023… mais même les montants ne concordent pas. Il paraît que les calculs sont en cours. Sauf que les dettes, elles, me sont déjà notifiées.
J’obtiens des explications partielles et contradictoires en fonction des interlocuteurs. Ça fait 6 mois que je n’ai plus d’allocations. Je m’endette auprès de mes colocataires.
Je cherche, et trouve, un espace où cela peut être discuté collectivement. On décide d’aller à deux à la CAF, aussi pour arriver à mieux démêler la situation. À l’accueil CAF, la personne me dit qu’elle n’est pas compétente ni habilitée à me fournir des informations. Il faut prendre rendez-vous avec un technicien… Il faut insister pour avoir un rendez-vous physique et non téléphonique. Ça finit par fonctionner.
Dix jours plus tard, j’arrive accompagnée pour ce rendez-vous. Lorsqu’on arrive dans la pièce, tout de suite, on nous dit : « tout est résolu ». Il paraît que, lorsque l’on a un statut d’auto-entrepreneur, non seulement il faut le déclarer et déclarer les revenus qui y sont liés, mais il faut également faire une déclaration particulière pour les APL. Personne ne me l’a jamais dit.
Il paraît qu’il y a donc une différence entre les APL que j’ai touchées et celles auxquelles j’avais droit. Une différence de quelques centaines d’euros en tout, 300 tout au plus. Il paraît que les dettes émises étaient des erreurs : on m’a demandé de tout rembourser, alors que je touchais seulement quelques dizaines d’euros en trop par mois – et encore, pas tous les mois. Ce qui est sûr, c’est que mes allocations ont été coupées pendant plus de six mois, que j’ai cru que je devais rembourser une somme importante. Ce qui est sûr c’est que si je n’avais pas contesté, creusé et
cherché à comprendre avec l’aide d’autres personnes qui ont traversé le même type d’histoires, si j’avais « remboursé », la CAF aurait accepté mon paiement sans plus de questions.”
(Pauline, 35 ans)
“Envahis par le contrôle”
Déclenchés par une dégradation du score de risque calculé par l’algorithme, par des signalements et
dénonciations (de la police, par exemple), ou bien des requêtes spécifiques – « géolocalisation des
connexions internet », « contrôle de résidence », « vie maritale non déclarée », etc. -, les contrôles dits « sur pièce » et « sur place » engagent des moyens autrement plus étendus.
Les contrôleurs peuvent interroger les bailleurs des allocataires et demander des informations aux
autres administrations, comme par exemple la CPAM – déclenchant parfois par là même des contrôles en cascade. Ils vérifient les relevés bancaires et peuvent le faire sur plusieurs années, tout comme ils peuvent consulter les relevés de carrière ou les factures d’ eau et d’ énergie. Des enquêtes peuvent être menées auprès du voisinage, ou auprès des écoles où les enfants des allocataires sont scolarisés. Un contrôleur est allé jusqu’ à appeler l’ employeur de l’ ex-conjoint d’une allocataire pour tenter d’ obtenir des informations supplémentaires. De nombreux exemples très préoccupants existent sur les pratiques de contrôle. Dans la chasse aux indus et aux économies, les cadres qui organisent l’activité des contrôleurs les incitent à considérer les allocataires comme de potentiels fraudeurs. Au-delà de la simple vérification de situation, il s’ agit régulièrement d’ enquêtes à charge dérivées des méthodes policières, intrusives, voire retorses. Si la CAF s’enorgueillit de son « respect du contradictoire », notion dérivée du judiciaire et qui serait censée garantir une certaine équité du contrôle, dans les faits, le rapport contrôleur/allocataire est profondément asymétrique.
D’abord parce que les allocataires n’ ont souvent aucune idée de l’ étendue de l’ enquête menée, et n’ ont pas accès, lors de la procédure de contrôle, aux éléments et documents sur lesquels le contrôleur s’appuie. Pour qu’il y ait contradictoire, il faudrait a minima pouvoir comprendre la situation et, pour apporter des éléments de réponse adéquats et se défendre, avoir connaissance des accusations et de ce qui les fonde. De plus, des documents supplémentaires – comme la domiciliation ou l’ attestation d’hébergement, les relevés bancaires ou la photocopie de chaque page du passeport, peuvent être demandés à l’ allocataire -, même lorsque la CAF peut les obtenir autrement, voire lorsqu’ils ont déjà été fournis. Une personne qui avait demandé pourquoi elle devrait redonner un document déjà fourni à la CAF s’est ainsi vue renvoyée, sans autre commentaire, à la page 11 d’une Charte du contrôle sur place, intitulée « Qu’ est-ce que le
refus le contrôle », où il est question de sanctions et de radiation pour les allocataires dont les contrôleurs jugent qu’ils ne collaborent pas assez activement au contrôle. Questionner les processus de contrôle peut donc entraîner des menaces de radiation.
Régulièrement, les personnes sont ciblées parce qu’elle sont soupçonnées de déplacements hors de
France, de « vie maritale non déclarée » ou de revenus dissimulés. La modalité de contrôle la plus
directement intrusive demeure le contrôle à domicile : le contrôleur impose sa présence dans le logement des personnes, il fait des constats et tire des conclusions de ce qu’il y voit. Y a-t-il un homme qui vit là ? Combien de lits, combien de pièces ? Est-ce bien une colocation ou cela ressemble à une vie de couple ?
Témoignage :
Au centime près
Je suis allocataire du RSA depuis la fin de mes études. N’ayant pas été en contrat suffisamment
longtemps pour ouvrir des droits au chômage, j’alterne RSA et périodes d’activité. En 2023, j’ai fait
l’objet d’un contrôle de la CAF. Un contrôleur m’a appelée pour me demander l’ensemble de mes relevés bancaires, que j’ai effectivement donnés.
Je n’ai plus eu de nouvelles jusqu’en 2024, où j’ai été sommée de justifier 12 « anomalies » sous 15
jours – correspondant selon eux à des « sommes non déclarées dans mes déclarations trimestrielles de revenu (DTR) » -, sous peine d’être qualifiée de fraudeuse, de me voir infliger une pénalité et,
potentiellement, de devoir rembourser plusieurs mois de RSA.
Je dois préciser que le montant de ces « anomalies » relevées en l’espace de 15 mois était compris entre 6,50 euros et 61 euros, pour un total d’un peu plus de 400 euros (soit moins d’une trentaine d’euros par mois en moyenne). Si j’arrivais à identifier certains de ces virements, pour d’autres, j’ai dû reprendre chacun de mes relevés bancaires pour tenter de remonter le fil de mes dépenses des deux dernières années. Je me suis donc trouvée à justifier du fait que j’avais été remboursée de courses anodines faites pour rendre service à des proches, ou bien après avoir annulé l’achat d’un vêtement sur Internet. Je continue de me demander ce qui justifiait ce contrôle, si le doute portait sur le fait que j’aurais eu une activité d’achat et de vente non déclarée de vêtements, s’il s’agissait de tenter de prouver que je vivais « au-dessus de mon niveau de vie » d’allocataire du RSA, ou autre. Il faut dire que j’ai demandé le rapport de contrôle, et que la CAF ne me l’a jamais donné.
(Paola, 28 ans)
S’agissant des déplacements à l’étranger, la CAF n’ admet pas d’ exception au cadre légal qui les
borne à trois mois par an. Il y a pourtant de multiples situations où les personnes peuvent être amenées à demeurer plus longtemps à l’ étranger, par exemple du fait de la maladie ou du décès de proches. Pendant la pandémie, les frontières ont été fermées et des allocataires se sont trouvés coincés et sans possibilité de retour, pendant parfois plus d’un an. Leurs dossiers ont pourtant régulièrement été requalifiés en « fraude », c’ est-à-dire que la CAF a jugé qu’ ils avaient « intentionnellement perçu des allocations auxquelles ils n’avaient pas le droit ». Cette qualification enclenche une nouvelle série de courriers, annonçant d’abord le passage en Commission des pénalités – devant laquelle l’ allocataire peut se rendre pour se défendre, dans certains départements mais pas dans tous -, puis l’ alourdissement de la dette liée au RSA par une nouvelle sanction financière. Lorsque, dans cet intervalle, les allocataires demandent le rapport de leur contrôle, il ne leur est généralement pas communiqué. La Cour des comptes détermine en partie les cadres des pratiques des CAF, en leur fixant des objectifs en matière de fraude, qu’il s’agisse des montants à récupérer ou des quotas d’ allocataires qu’elles doivent attaquer au pénal à l’issue de la procédure. En pratique, la qualification en « fraude » permet d’allonger la période pendant laquelle la CAF est susceptible de contraindre l’ allocataire à restituer les sommes réclamées.
Au-delà des quelques histoires mentionnées, les situations décrites ici sont très fréquentes, se répètent parfois et se produisent à grande échelle. Des allocataires se saisissent des voies de contestation possibles (commission interne, procédure au tribunal administratif, appel à un avocat…). Mais face aux difficultés pour trouver des façons efficaces de se défendre, et face aux obstacles que la CAF amplifie volontairement, le refus de l’isolement et le choix de se faire accompagner par une personne ou par un collectif permet d’obtenir des réponses plus précises et aide souvent à mener ces contestations jusqu’ au bout et donc, à pouvoir obtenir gain de cause, partiellement ou totalement.
Aujourd’hui, nous vous diffusons le montage que nous avons réalisé de l’émission Au poste du 14 mai 2025 dernier dans lequel vous pourrait entendre un débat croisée entre la Jeune garde et Urgence palestine autour de la demande de dissolution de leur organisation demandé par le gouvernement.
Le site de l’INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation) de Saint-Denis assure des formations à l’enseignement second degré, professionnel, technologique et général. C’est un site historique et emblématique issu de l’ENNA (École normale Nationale d’Apprentissage) créée en 1945. Il assure une mission de service public d’enseignement et de formation des enseignants unique dans toute l’Île-de-France, en particulier dans le domaine de l’enseignement professionnel et technologique. Il est associé à un lycée d’application. Il dépend aujourd’hui de l’UPEC (Université Paris Est Créteil).
Alors que la formation professionnelle et des enseignants est un enjeu central pour l’avenir de l’école publique, particulièrement en Seine-Saint-Denis, dans l’Académie de Créteil et en Île-de-France, la présidence de l’UPEC a décidé la fermeture de ce site pour juillet 2026, sans aucune expertise financière, technique et juridique.
C’est pour lutter contre cette menace de fermeture, que se tenait ce 14 mai 2025, une journée de mobilisation sur le site de l’INSPE de Saint-Denis et dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute du reportage réalisé sur cette journée. Nous entendrons les diverses interventions qui se sont tenues sur le site de Saint-Denis, sur le parvis de la mairie et nous terminerons avec un entretien réalisé avec des enseignantes et syndicalistes de l’INSPE.
En 2024, carrefour recrute des sans-papiers en situation irrégulière. À l’embauche, la direction leur avait promis un contrat à durée indéterminé, pour finalement, leur demander d’apporter une fausse carte d’identité afin de signer un contrat à durée déterminer de six mois. Ses mêmes employés du magasin de Villeneuve-la-Garenne ont donc dénoncé des pressions et un « racket » de leur hiérarchie et ont été licenciés. Pour ne pas en rester là, les salariés ont décidé de se mettre en gréve et ont appelé à un rassemblement le mercredi 21 mai 2025 devant l’entrée du carrefour et c’est le reportage que nous vous proposons en première partie d’émission. Le vendredi 23 mai, nous apprenions que les salariés et anciens salariés sans papiers du magasin carrefour, Villeneuve-la-Garenne, avait obtenus gain de cause. Ou du moins des promesses d’embauches et des CERFA et cela devrait être régulé d’ici à la fin de ce mois de mai 2025.
Dans la seconde partie de l’émission, nous reviendrons sur la répression syndicale à la poste en vous diffusant la conférence de presse du 15 mai 2025 qui se tenait, devant le siège du groupe la Poste, dans le 15e arrondissement de Paris, pour dénoncer les atteintes à la lutte syndicale au sein du groupe la poste. En effet, le 12 juin prochain, 5 syndicalistes et ex-syndicalistes de SUD PTT 92 prochain passeront au tribunal de Nanterre pour ” violation de domicile” sachant que le domicile étant le siège de leur entreprise, soit La Poste, et que les faits date de plus d’une décennie. Cette procédure judiciaire témoigne d’une guérilla judiciaire entre le patronat et des syndicalistes de luttes.
Samedi 3 mai à la Maison Ouverte s’est tenue une discussion autour de la désertion et le refus de la guerre en Ukraine et Russie avec l’Initiative Olga Taratuta (bulletin anti-guerre et initiative de solidarité avec les déserteurs), suivi d’une cantine à prix libre et d’un blind-test antimilitariste, en soutien au collectif ASSEMBLY de Kharkiv (Ukr). C’est une grande partie de cette discussion que nous vous proposons dans l’émission de ce jour.
La soirée débuta avec une discussion avec des membres de l’INITIATIVE OLGA TARATUTA, bulletin anti-guerre lancé aux premiers jours du conflit et initiative de solidarité avec les déserteurs. L’idée de cette rencontre fut d’offrir une mise en contexte du déroulement du conflit et des positions qui ont pu y être tenues, en mettant en lumière le choix de la désertion et du refus de la guerre.
Alors que de nombreuses guerres font rage dans le monde, celle qui oppose officiellement les États russe et ukrainien depuis trois ans (et au Donbass depuis 2014) sert aujourd’hui d’accélérateur à un réarmement européen. Depuis l’embrigadement général de 1914, l’union sacrée a toujours été l’arme du pouvoir et de la bourgeoisie pour étouffer les révoltes populaires et rallier les classes en lutte sous son drapeau contre une nation rivale. En tant qu’internationalistes, nous refusons de cautionner ce jeu de dupes macabre et voulons faire vivre une perspective révolutionnaire à travers le brouillard dans lequel nous plonge la guerre et ses apôtres.
Que ce soit en Russie tout comme en Ukraine, on peine à trouver de nouveaux volontaires au sacrifice, les campagnes de conscription s’enchainent à coup de matraquages patriotiques dans l’espace public. L’État russe est forcé de payer de plus en plus cher sa chair à canon (hausse drastique des soldes, utilisation de mercenaires) tandis que les rafles de conscrits se multiplient en Ukraine, souvent sous la pression de la torture. Confrontée à la boucherie qu’est la guerre, c’est une part de plus en plus grande de la population ukrainienne qui ne trouve plus de sens à défendre « son » État contre un autre, à taire les mesures de casse sociale et la corruption à l’arrière comme au front.
La désertion est aujourd’hui devenue un véritable phénomène de masse dans les rangs ukrainiens (un soldat sur cinq déserte face au carnage de cette guerre) et il ne fait nul doute qu’elle n’est pas négligeable du côté russe. Attaques incendiaires et armées de centres de recrutements, sabotages de lignes ferroviaires de logistique, disparitions massives d’armes, refus d’obéir aux ordres et assassinats d’officiers : partout la révolte craquelle, l’apparence d’ordre martial.
Dans cette situation, refuser la guerre et sa logique de destruction, c’est se placer en solidarité avec toutes celles et ceux qui cherchent à fuir ou à lutter contre l’effort de guerre en cours plutôt que d’aligner nos discours sur les intérêts de la bourgeoisie européenne. Plus que jamais, nous pensons que cela passe par la visibilisation des pratiques des russes et des ukrainien⸱nes qui luttent contre l’enrôlement de force et la propagande militaire et tentent de provoquer mutinerie et désaffection sur la ligne de combat comme au travail. Déjà difficilement tenable en début de conflit, le soutien inconditionnel à des brigades se disant anarchistes, bien que subordonnées depuis longtemps à l’armée régulière ukrainienne, semble définitivement être une position totalement à rebours de la situation concrète.
Contrairement aux positions qui semblent faire consensus chez une partie des révolutionnaires en Europe de l’Ouest, nous voulons également souligner que les anarchistes et plus globalement les révolutionnaires ukrainien⸱nes ne sont pas un groupe homogène. S’appuyant sur l’image de brigades antiautoritaires, “Solidarity Collectives” et leurs soutiens tendent à invisibiliser les initiatives anti-guerre. En cela, ils ne font que jouer le jeu de l’État ukrainien et dépeignent de telles initiatives comme pro-russes, quand bien même, elles soutiendraient les déserteurs des deux côtés du front. Tentant de tenir cette ligne, le collectif Assembly représente pour nous une source d’inspiration salutaire dans la perspective de l’entretien de la conflictualité sociale en temps de guerre.
Transmettant des informations concernant les conflits tant sur le front que sur les lieux de travail ou encore concernant le désastre écologique en cours en Ukraine, le collectif est aujourd’hui un relai important des pratiques de désertion et de celles et ceux qui organisent au quotidien la solidarité contre la conscription forcée, et ce, malgré son isolement politique à la fois au sein de son propre pays et à l’international.
Outre le sujet du front en Ukraine et de notre soutien aux déserteurs, cette discussion sera ainsi l’occasion de nous pencher sur la réalité de la militarisation d’une Europe qui se lance dans un grand plan de réarmement à coups de milliards, mais aussi de la France où commence à se poser la question d’un retour du service militaire. Ici, la droite tout comme la gauche se rejoignent dans un grand consensus toujours plus militariste avec le vote de crédits de guerre au nom de la démocratie. Avec la montée du nationalisme – ou du “patriotisme”, on tente de nous préparer non seulement à de futures potentielles mobilisations générales, mais dès aujourd’hui à toujours plus de réformes au nom d’une “économie de guerre”.
Derrière le soi-disant soutien au peuple ukrainien proclamé par la bourgeoisie européenne, c’est le complexe militaro-industriel occidental qu’il s’agit de nourrir dans une séquence de reconfiguration du cycle mondial de l’accumulation capitaliste. Dans un tel contexte, ni le soutien à l’occident sous prétexte qu’il serait démocratique, ni le soutien aux régimes russes, iraniens ou chinois, quand bien même, il s’opposerait à l’impérialisme étasunien, ne peuvent être une solution pour notre émancipation.
Nous faisons le choix de rappeler des principes de solidarité entre les opprimés et les exploités du monde entier, de donner de la force à qui refuse de tuer et se sacrifier pour la patrie, accueille et aide les déserteurs, sabote et s’attaque aux donneurs d’ordre et autres profiteurs de cette industrie de la mort, à quiconque participe, en somme, au sursaut du camp de l’émancipation.
Liberté pour tous les déserteurs emprisonnés, pour les prisonniers et prisonnières politiques en Russie et en Ukraine ! Contre la déportation des déserteurs exilés en France et en Europe ! Mort à la guerre et à qui en vit ! Solidarité entre tous les exploités et les opprimés du monde !
Menaces de dissolutions, coupes budgétaires, contrat d’engagement républicain, la loi sur le séparatisme attaque l’ensemble du monde associatif. Aujourd’hui, nous vous diffusons le montage que nous avons réalisé de la première table ronde “encaisser et répliquer au contrat d’engagement républicain” enregistrée lors de la soirée du 3 avril 2025 “Que vivent les libertés associatives !” . Cet événement était organisé par L.A. Coalition, l’Institut Alinsky, le Collectif des Associations Citoyennes, la Coordination Pas Sans Nous, et l’Observatoire des libertés associatives. Vous pourrez entendre les témoignages des associations : ASTI du Petit Quevilly; Action Justice Climat – Rhône; La compagnie Arlette Moreau; et Canal Ti Zef.
Employés de 2019 à 2022 par une entreprise de traitement de déchets, NTI-Environnement, 24 personnes sans papiers attaquent en justice les géants du secteur qui y ont fait appel. Soutenus par la CGT, ils dénoncent une situation de marchandage et de travail dissimulé.
En avril dernier, l’équipe de l’actualité des luttes, c’est rendu à Gennevilliers, a la rencontre de ses femmes et hommes qui ont travaillé pendant plusieurs années pour NTI-Environnement. Ils nous ont raconté leurs parcours et condition de travail dans cette société de traitement de déchets. C’est cette rencontre que nous vous proposons dans l’émission de ce jour
Toutes ont saisi le tribunal du travail contre-pas moins d’une quinzaine de filiales des géants du secteur (Paprec, Véolia, Suez…) en tant que donneurs d’ordre de cette société NTI-Environnement, aujourd’hui liquidée.
Dans cette émission en direct, nous recevions des agents syndiqués de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (Insee) avec lesquels nous nous entretenions de la répression syndicale au sein de l’institution.
Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur l’assassinat de pierre Alessandri, agriculteur et Secrétaire général de la Via Campagnola, syndicat agricole membre de la Confédération paysanne en Corse. Pour cela, nous entendrons l’entretien réalisé avec Laurence Marondola, porte-parole de la Confédération paysanne puis en seconde partie d’émission, nous reviendrons sur l’action syndicale de la Confédération paysanne le 5 décembre 2024 au Grand Palais, lors de l’inauguration de la Bourse européenne de commerce et des suites de cette action avec le procès qui se tenait le 4 février 2025 et nous pourront entendre le reportage issu du rassemblement avec notamment, l’entretien réalisé avec Sylvie Colas secrétaire nationale de la confédération paysanne et également l’interview d’un des paysans qui comparaissait à ce procès. À noter, qu’à l’issue de cette audience, a été prononcer le renvoi du procès au 14 octobre 2025.
Assassiné le 17 mars en Corse, Pierre Alessandri était connu pour son engagement syndical contre la spéculation, les fraudes et les pratiques mafieuses dans le monde agricole. Retour sur le combat de ce syndicaliste.
Article initialement publié sur Basta! et écrit par Sophie Chapelle
Deux balles mortelles dans le dos et pas de revendication. Pierre Alessandri, 55 ans, a été assassiné le 17 mars, au crépuscule, alors qu’il travaillait sur sa ferme, au lieu-dit U Mandriolu en Corse-du-Sud. Ses obsèques ont eu lieu ce samedi 22 mars. Installé à Sarrola-Carcopino dans la région d’Ajaccio depuis 1993 où il avait repris l’exploitation familiale, Pierre Alessandri était un producteur d’huiles essentielles, passionné par la culture des agrumes. « Son verger témoignait de son attachement profond à la terre et à la transmission d’un savoir-faire ancestral » écrit André Torre, président du centre Inrae de Corse.
Son engagement ne s’arrêtait pas à ses propres terres. Secrétaire général de la Via Campagnola, syndicat agricole membre de la Confédération paysanne, Pierre Alessandri a consacré plus de trente ans à la défense du foncier agricole et de l’agriculture paysanne en Corse. « Il a été moteur de nombreux projets collectifs comme des magasins de producteurs », témoigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne. « Il a participé à la formation de générations de militants et de militantes sur les dossiers agricoles. »
Pierre Alessandri était aussi « un militant engagé et offensif, nationaliste de gauche, sympathisant du mouvement Core in Fronte, qui dénonçait avec force les dérives de l’agriculture insulaire », rappelle la journaliste Hélène Constanty sur Mediapart.
Siégeant durant de nombreuses années en Safer – instance collective où se décide l’attribution du foncier –, Pierre Alessandri n’a jamais cessé de dénoncer la spéculation sur les terres agricoles. « Il s’était aussi dressé courageusement contre les fraudes aux aides Pac, système corrompu qui permettait à quelques-uns de se remplir les poches. Il réclamait simplement un système juste pour tous les agriculteurs et agricultrices corses », témoigne Laurence Marandola.
« Cette tragédie s’inscrit dans un climat de pratiques mafieuses et corruptives qui gangrènent le territoire corse et mettent à mal l’État de droit », estime l’association Anticor, qui ajoute : « Combattre pour l’intérêt général ne devrait pas coûter la vie. »
Si une enquête a bien été ouverte pour « assassinat », aucun lien ne peut être établi à ce stade entre ce meurtre et les positions syndicales de Pierre Alessandri. Le procureur d’Ajaccio a déclaré le 18 mars que « plusieurs pistes sont exploitées par les services enquêteurs pour déterminer le mobile de l’acte criminel qui avait manifestement fait l’objet d’actes préparatoires ».
Scandale des fraudes aux aides Pac
Comme le rappelle France 3 Corse, Pierre Alessandri s’illustre à partir de 2013 en tant qu’opposant à la majorité en place à la chambre d’agriculture, alors détenue par le syndicat majoritaire FNSEA. « Les pressions et les menaces sur Pierre Alessandri ont commencé en 2018, lorsqu’a éclaté le scandale des détournements d’aides agricoles européennes »souligne également Mediapart. « Pierre Alessandri était alors candidat à l’élection de la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud et dénonçait les pratiques du syndicat majoritaire FNSEA, dont les représentants régnaient sans partage sur le monde paysan ».
Le 3 décembre 2018, Anticor dépose une plainte contre X auprès du Parquet national financier (PNF) pour détournement, recel et blanchiment de subventions européennes. D’après l’association, 36 millions d’euros auraient été détournés par des agriculteurs, entre 2015 et 2018, avec « l’accord et la complicité des autorités de contrôle », c’est-à-dire les services de l’État et l’« accompagnement de personnes très bien informées de la complexité et des failles du système de distribution des aides », à savoir les chambres d’agriculture, précise à l’époque Mediapart.
Selon des documents d’enquête consultés par l’AFP, « tout tourne autour d’une réunion au ministère de l’Agriculture, le 14 janvier 2016, lors de laquelle a été décidée l’ »attribution informelle et illégale d’aides de la politique agricole commune en Corse ». Pour « éviter d’éventuels troubles à l’ordre public », ces hauts fonctionnaires sont accusés d’avoir invité, lors de cette réunion, les responsables des chambres d’agriculture corses à faire déclarer aux éleveurs insulaires des « surfaces non admissibles » pour bénéficier d’aides. »
Ce dossier n’est pas encore clos puisque trois hauts fonctionnaires seront prochainement jugés. La directrice adjointe du cabinet du ministre de l’Agriculture de l’époque, le socialiste Stéphane Le Foll (2012-2017), est ainsi renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris pour « détournement de fonds publics ». Le président-directeur général en 2016 de l’agence de services de paiement (ASP), l’organisme qui verse les aides publiques européennes de la Pac, sera également jugé pour « détournement de fonds publics ».
Enfin, le conseiller pour la Corse du ministre de l’Agriculture de l’époque est renvoyé pour « complicité de détournement de fonds publics » pour avoir organisé cette réunion de janvier 2016. Le montant d’aides illégalement versées pourrait être « compris entre 370 000 euros et 1,2 million d’euros », précise l’accusation. Ces possibles détournements ont pu être mis en lumière grâce au courage de militants comme Pierre Alessandri, salue Anticor.
Dans le cadre de cette affaire de fraudes, des enquêtes judiciaires sont déclenchées fin 2018, visant notamment le directeur de la chambre d’agriculture de Corse-du-Sud. À l’époque, Pierre Alessandri est l’un des seuls à se « féliciter » de cette opération et à se dire « satisfait de ces contrôles » rappelle Ouest France.
C’est dans ce contexte que Pierre Alessandri se porte candidat tête de liste pour Via Campagnola aux élections de la chambre d’agriculture. La campagne est « particulièrement tendue » relève Mediapart, et c’est finalement la FDSEA qui remporte largement les élections en janvier 2019.
Deux mois plus tard, le 29 mars 2019, France 3 Corse organise une soirée spéciale, consacrée aux fraudes dans le milieu agricole, avec la diffusion du documentaire Prime à la fraude, suivi d’un débat entre représentants du monde agricole.
Un mois après, dans la nuit du 26 au 27 avril 2019, sa distillerie est détruite par un incendie criminel. Dans la foulée, une manifestation de soutien rassemble plusieurs centaines de personnes à Ajaccio. Les auteurs ne seront jamais identifiés. Si l’enquête se solde par un non-lieu, le procureur d’alors évoque à l’époque l’hypothèse« d’une réaction violente liée aux positions syndicales de Pierre Alessandri ».
Lorsqu’on se met en travers de la spéculation foncière, il y a une personnalisation systématique de la part d’un système »mafieux » très efficace pour « terroriser »
Cinq mois après cet incendie, le 25 septembre 2019, alors qu’il s’engage aux côtés du collectif naissant « A maffia no, A vita iè » (Non à la mafia, oui à la vie), Pierre Alessandri se dit personnellement menacé.
Dans une séquence que France 3 Corse a décidé de diffuser à la suite de cet assassinat, Pierre Alessandri indique : « Nous agriculteurs, on est maintenant quasiment en première ligne sur la spéculation foncière. Et lorsqu’on se met un peu en travers, globalement y a une personnalisation systématique de la part d’un système ’’mafieux’’, d’un système « occulte » » qui est très efficace pour ce qui est de, on va employer un terme un peu fort, « terroriser » un certain nombre d’acteurs.
Pierre Alessandri était présent à la manifestation anti-mafia du 9 mars dernier à Ajaccio. Pour Léo Battesti, membre fondateur de ce collectif, « c’est un symbole d’intégrité et du militantisme agricole vertueux qui a été abattu » et « un coup dur porté à la Corse de la créativité et du travail par ceux qui, par la terreur, veulent la dominer », a-t-il écrit sur X.
Silence « effarant » des autorités
L’engagement de Pierre Alessandri contre le clientélisme a été conforté par la récente publication d’un rapport de la Cour des comptes critiquant la gestion passée de la chambre d’agriculture. En janvier 2025, la chambre d’agriculture de Corse – devenue une chambre de région unique – a finalement basculé lors des élections professionnelles en faveur d’une liste d’union soutenue par la Via Campagnola, détrônant ainsi la FNSEA.
Nouveau président de la chambre d’agriculture de Corse, Jean-Baptiste Arena a tenu à rendre hommage à Pierre Alessandri. Il « a payé le fait de son engagement, notamment au niveau du foncier […] face à certaines bandes mafieuses »a-t-il déclaré le 19 mars, devant les représentants des différentes chambres d’agriculture en France, deux jours après son assassinat. « Le danger auquel nous sommes confrontés aujourd’hui […] est un danger mafieux. »
Si la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a déclaré sur X que « [ses] pensées les plus émues vont à sa famille, ses proches et ses compagnons syndicaux, dont [elle] n’ose mesurer la peine qui les envahit » et que « la violence, le recours aux armes, n’ont pas leur place dans notre pays », la Confédération paysanne s’indigne de l’absence de réaction d’autres membres du gouvernement. Ni Gérald Darmanin, ministre de la Justice, ni Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, n’ont fait de déclaration à ce sujet.
« On est face à l’assassinat d’un responsable syndical en activité, et on n’a aucune réaction publique. Ce silence est effarant. Il n’y a eu aucune parole dans l’hémicycle », dénonce Laurence Marandola. « Son assassinat est un coup porté à la démocratie, à la parole libre, à l’engagement en faveur d’une terre que tant d’intérêts contraires cherchent à accaparer. Il faut que l’enquête avance et aboutisse. »Cet assassinat est le quatrième depuis le début de l’année en Corse.+++++++++
Meurtre de Pierre Alessandri : la Confédération paysanne en deuil
18.03.2025
La Confédération paysanne est en deuil. Pierre Alessandri a été assassiné hier soir sur sa ferme en Corse, au lieu-dit U Mandriolu. Secrétaire général de Via Campagnola*, Pierre Alessandri était très engagé pour défendre l’agriculture en Corse depuis plus de 20 ans. Nous sommes sous le choc, empreints d’une immense tristesse.
Nous pensons à sa famille et à ses proches, à tous nos collègues corses et à toutes celles et ceux qui défendent l’agriculture.
Nous sommes dans l’incompréhension et la colère. Les paysan·nes et responsables syndicaux ne peuvent être ainsi pris pour cible. Pierre Alessandri avait déjà subi un incendie criminel sur son exploitation en 2019.
C’est un jour terriblement sombre pour la famille de Pierre à qui nous adressons nos pensé.
Action pour le revenu paysan au Grand Palais
Pendant l’action syndicale de la Confédération paysanne le 5 décembre 2024 au Grand Palais, lors de l’inauguration de la Bourse européenne de commerce, de violentes interpellations policières ont eu lieu dans le cadre d’une nasse totalement illégale, alors que nous quittions les lieux dans le calme aux alentours de 14h. Avec une grande banderole « Sauvez les paysan·nes, mangez un trader ! », la Confédération paysanne y avait dénoncé la spéculation sur les marchés et celles et ceux qui profitent de la dérégulation des marchés.
A la veille d’une conclusion scandaleuse des négociations de l’accord UE*-Mercosur* par la Présidente de la Commission Européenne Ursula Von der Leyen à Montevideo (Uruguay), le gouvernement a préféré en envoyant la BRAV-M la répression disproportionnée de paysan·nes manifestant pour le revenu et contre les accords de libre-échange.
Cinq camarades paysans avaient été interpelés et placés en garde à vue pendant 48 heures, dont deux était jugés le 4 février 2025 au TGI de Paris.
Alors que sous la direction de Jean-Charles Naouri, l’ancien PDG du groupe Casino, la dette, c’est élevée de près de 10 milliards d’euros et pour tenter de renflouer les caisses afin de diminuer la dette, deux principaux et potentiels repreneurs, le milliardaire Daniel Křetínský et 3F (composé du trio Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Alexandre Zouari qui est l’actuel dirigeant du groupe TERACT) ont fait des propositions. La proposition de 3F de 450 millions d’euros en montant converti en fonds propres n’apportait pas plus de garanties.
Sans surprise, les ventes de plusieurs magasins, dont récemment 180 à Intermarché qui devaient faire baisser la dette, font constater son explosion. Une fois de plus, les interrogations circulent parmi les salariés : comment ces fonds ont-ils été utilisés et que sont-ils devenus ?
Dans les magasins Monoprix, filiale du groupe Casino, les salarié-e-s, doivent se serrer la ceinture. Malgré cela, les actions se multiplient. Il y a quelque temps, se sont tenu les samedis de la colère avec envahissement des magasins.
Mais la direction, ne l’entend pas ainsi, puisqu’elle décide d’assigner en justice, Alain Sylvère Tsamas, délégué et représentant syndical CGT de Monoprix, au tribunal de Nanterre le 14 mai 2025. Il fait face à des représailles pour avoir dénoncé un cas de harcèlement moral au sein de l’entreprise.
C’est donc avec Alain que nous passerons cette heure d’émission en direct. Dans la première partie, nous reviendrons sur la situation du groupe Casino et des magasins monoprix, avec notamment, le témoignage d’une salariée.
Et dans la seconde partie de l’émission, nous reviendrons avec Alain, sur les raisons de son assignation au tribunal. Rappelons que S’il est reconnu coupable par le tribunal, il pourrait écoper d’une amende pouvant aller jusqu’à 12 000 euros d’amende.
RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN DEVANT LE TRIBUNAL DE NANTERRE CE MERCREDI 14 MAI À 12 H 30. ENTRÉE TRIBUNAL 14H 179-191 AVENUE JOLIOT CURIE.
Dans la prévention et la protection de l’enfance, différents rapports (CESE, décision cadre du défenseur des Droits, rapports de commission d’enquête parlementaire…) font le même constat : un dysfonctionnement structurel dont les financeurs sont exclusivement responsables.
La loi de finance et le plan de financement de la Sécurité sociale vont entraîner des dizaines de milliers de suppressions de postes, des fermetures de service.
Pourtant, les mesures prises, à la suite de ce constat, sont loin, très loin de venir rectifier le tir et ne font que très mal masquer le manque de volonté de nos dirigeants de prendre notre secteur à bras le corps. L’ensemble des travailleurs.euses du Social se mobilisent depuis des mois et des mois pour faire revenir le gouvernement à la raison.
En janvier 2025, se sont tenus les 12ᵉ rencontres nationales du travail social en lutte à Aubervilliers (93). Venu.es de 16 départements, ces rencontres ont été l’occasion de faire le bilan des attaques de l’État et du patronat et d’organiser la riposte.
Une journée de grève et de lutte, le mardi 1ᵉʳ avril 2025, et une semaine d’actions, de grèves et de mobilisations du 12 au 16 mai 2025, avec un temps fort le jeudi 15 mai.
C’est dans ce contexte, que nous recevons dans l’émission de ce jour, Laura et Jo, travailleuse et travailleur sociaux pour faire le point de la situation et des perspectives de lutte dans ce secteur.
Lors du mouvement contre la réforme des retraites, nous avons vu apparaitre le cortège des Inverti.e.s, (Militant Communiste TRANS.PÉDÉS.GOUINES.) dans les manifestations. Depuis, ce collectif n’a pas cessé de s’investir dans les luttes sociales : contre l’extrême droite, dans la campagne stop arming israël, au 1er mai… A l’occasion de leur participation à la deuxième édition du “village antifasciste” le 10 mai 2025, nous avons réalisé un entretien avec l’un de ses membres afin de revenir sur l’action politique de ce collectif depuis sa création.
Le 1er mai, journée internationale de lutte des travailleurs et travailleuses, prend cette année un relief tout particulier. L’arrivée en ce début 2025, a la tête des États-Unis, de Donald Trump, pour un nouveau mandat de Quatre ans, préfigure déjà une guerre économique, qui mettra à malle une bonne partie du prolétariat. En France, les fermetures d’entreprises et leurs cortèges de licenciement battent leur plein.
Pendant ce temps-là, le gouvernement nous sort un conclave sur les retraites et le président de la République, pour distraire le chaland, nous prépare pour l’automne, une convention citoyenne sur l’école.
L’équipe de l’actualité des luttes, se trouver dans la manifestation parisienne de ce 1er mai 2025. Mais pour commencer, nous nous rendons en Seine-Saint-Denis pour commencer cette journée internationale de lutte des travailleurs et travailleuses, et plus précisément à Aubervilliers. Dans cette manifestation, qui partait de la bourse du travail, pour se rendre vers le quartier de la Maladrerie, nous entendrons plusieurs interventions qui auront une résonance avec le 1er mai et la situation à Aubervilliers.
Dans cette seconde partie d’émission, nous serons dans la manifestation parisienne du 1er mai, dans laquelle, nous avons rencontré des membres de l’association des travailleurs du Congo-Kinshasa, un membre de l’assemblée de citoyens argentins en France, pour parler de la situation en Argentine, puis des salarié-e-s de Monoprix en bute a la répression syndicale et nous terminerons avec la situation de l’institut mutualiste de Montsouris.
Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur les nouvelles dispositions de la loi contre le narcotrafic adoptée le 29 avril 2025. Nous reviendrons principalement sur la construction de prison de haute sécurité, et le silence assourdissant dans lequel cette disposition a été adoptée, à travers les luttes qui ont été menées contre les quartiers d’isolement, puis les quartiers de haute sécurité. Nous aborderons aussi les conditions d’incarcération des prisons “modèles” de Condé sur Sarthes et Vendin le veil, pour finir sur les actions signées ” défense des droits des prisonniers français”.
En quelques dizaines d’années l’enfermement s’est banalisé au point d’atteindre 82000 prisonniers, un record ! L’isolement carcéral, la torture blanche, la mort lente qui détruit de l’intérieur, à petit feu, chaque seconde un peu plus, se généralise sans soulever l’indignation !
Il y a cinquante ans l’apparition des QHS avait provoqué de multiples mouvements tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des prisons. Le fait même d’enfermer des hommes et des femmes dans des boîtes de béton pendant des mois, des années avait suscité des débats houleux, de nombreuses prises de position d’intellectuels, de militants, d’une partie importante de la population. Aujourd’hui l’isolement se généralise sans se heurter à aucune résistance ou si peu.
Appel à l’opinion publique du 3 janvier 1978 : « Les QHS sont la forme futuriste de la peine capitale. On y assassine le mental en mettant en place le système de l’oppression carcérale à outrance, conduisant à la mort par misère psychologique. Loin de protéger la société, c’est l’usine à fabriquer les fauves et assassins de demain. T. Hadjaj, R. Knobelpiess, J. Mesrine, F. Besse, J-M Boudin, M. Desposito, D. Debrielle
Suite aux vives critiques et aux luttes contre l’enfermement et les QHS des années 70, la gauche en 81 avait été obligée s(inscrire dans son programme l’espoir d’un changement du régime carcéral et de la politique judiciaire : beaucoup espéraient que la gauche au pouvoir ferait prévaloir plus de prévention et de moins de répression. Elle avait promise la suppression des QHS. On connaît la suite, les peines éliminatrices ont remplacé la peine de mort, les QI ont succédé aux QHS.
En 1984, 73 prisonniers de Fleury adressaient l’appel qui suit : « Voltaire réveille-toi, les humanistes au pouvoir sont devenus fous… La gauche humaniste se montre répressivement plus efficace que la droite. Michel Foucault est mort en serrant la main de Badinter, en toute confiance ! Sartre avait effleuré le livre noir de la pénitentiaire avec un peu d’espoir… La Ligue des droits de l’homme est aux abonnés absents, le syndicat de la magistrature s’est endormi dans ses promotions hiérarchiques, vive la gauche ! Les intellectuels mangent dans la main des maîtres socialistes et se taisent. Et pourtant le haro au laxisme de l’opposition, et l’oeuvre réactionnaire d’une gauche empressée à se purger de ce pseudo-laxisme accouchent d’une réalité répressive à jamais connue en France […] À l’heure où la France applique la barbarie civilisée et une répression sans précédent sur le chomeur-délinquant, nous sommes amers, mais ni fauves, ni assassins. Saint Badinter, sois gentil, démissionne ! »
La «torture blanche» qu’est l’isolement, cette mort lente avaleuse d’êtres humains, détruisant jour après jour ceux qui y sont placés, tombeau de béton, ne suscite plus l’indignation et la colère. Dénoncée hier par de nombreuses institutions aujourd’hui plutôt aphones elle reste un moyen terrible pour détruire quiconque le subit. De nombreux prisonniers ont tenté de transmettre l’indicible : « Il m’est souvent arrivé de comparer les conséquences de la mise à l’isolement au travail produit par les vagues contre les massifs rocheux qui se dressent sur le bord de mer. Les vagues vont et viennent, butant contre les falaises, dans un mouvement incessant. Et de temps à autre, sans trop que l’on sache quand, tout ou partie de la falaise s’affaisse, disparaît dans les fonds marins. L’océan finit toujours par avoir raison des parois rocheuses, quelle que soit leur nature, leur solidité. Il en est ainsi pour les détenus. » Gabi Mouesca
« L’isolé est un spectateur assistant au spectacle de sa propre mort. Seul, dans neuf mètres carrés. Avec pour compagnon permanent ce silence lugubre que parfois déchirent des cris de révolte, des cris pour gueuler sa rage, son refus de crever. Les quartiers d’isolement transpirent la haine, leurs murs suintent la mort. Il faut en finir ! » Thierry chatbi
Le gouvernement parle aujourd’hui de placer les narcotrafiquants dans des prisons de haute sécurité. Dans un consensus insupportable la réforme a été approuvée à l’unanimité par le Sénat malgré l’abstention des écologistes. Quelques points de la loi ont soulevé quelques réticences mais rien concernant les quartiers de hautes sécurité. Comme d’habitude, après avoir désigné les nouveaux « monstres » suite à des faits divers dramatiques, le gouvernement verse dans l’exagération ; la France serait devenue une nouvelle Colombie ou une Italie rongée par la mafia. Darmanin a été visiter la prison de Rebibbia en Italie pour y puiser un modèle en matière de condition de détention.
Pour enfermer les narcotrafiquants les plus dangereux, deux prisons étaient déjà toute désignées : Inaugurées en 2013 par Taubira Condé-sur-Sarthe est le résultat de plus de douze années d’études ministérielles sur les types de structures censées tenir enfermés des prisonniers désignés comme difficiles et condamnés à de très longues peines. C’est une prison ultra-sécurisée prévue pour 249 places, avec des murs d’enceinte d’une hauteur de 8 à 12 mètres, des caméras partout, des portes à ouverture électronique, des sas, des bâtiments parfaitement hermétiques. Condé-sur-Sarthe est l’aboutissement logique d’une justice qui élabore et applique des condamnations délirantes et qui doit désormais gérer cette politique de peines jusqu’à la mort dans des prisons spécifiques. Tout est conçu pour réduire au maximum tout contact, tout rapport humain, pour que les prisonniers se rencontrent le moins possible et en tout petit nombre. Les activités, les promenades s’effectuent à sept, grand maximum. Dès son ouverture, cette version ultra-moderne des anciens quartiers de haute sécurité (QHS) avait fait l’objet de sérieuses critiques aussi bien de la part de la direction de l’administration pénitentiaire, des surveillants, que des prisonniers. Ce qui n’empêchera pas la construction de sa réplique à Vendin-le-Viel, près de Lens.Depuis leurs ouvertures ces deux prisons, devant le recul des mouvements de luttes et des évasions, s’était « normalisées » et enfermaient principalement « des isolés sur leur demande ». Gérald Darmanin n’a rien inventé, il revient au source, il peaufine dans l’abjecte brutale et cruel.
Vendin-le-Vieil devrait ouvrir le 31 juillet prochain,. Celui de Condé-sur-Sarthe sera opérationnel à la mi-octobre. Afin de renforcer la sécurité de ces établissements, deux mois de travaux ont été nécessaire. Ils coûteront entre quatre et cinq millions d’euros pour chacun des établissements. Pour le sécuritaire l’argent ne manque décidément pas alors que l’ensemble des services publiques sont exsangues.
Isoler les prisonniers entre eux et avec l’extérieur : des hygiaphones vont être installés dans les parloirs qui empêcheront tout contacts physiques avec les visiteurs, alors que ceux-ci ont été abolis en 1983. Pour éviter tout déplacement et contact les visio-conférences seront généralisé. Les établissements de haute sécurité limiteront les appels téléphoniques au maximum à trois fois deux heures par semaine. Des ondes millimétriques seront installées pour détecter tout objet interdit sur les détenus et rendre quasiment impossible l’utilisation de téléphone portables. Les unités de vie familiale instaurées pour consolider les liens avec les ami(e)s et les parents seront impossibles ;« Ils n’auront plus de vie familiale », se félicite hargneusement Darmanin. Et pour joindre l’humiliation à la torture, le gouvernement systématisera les fouilles à corps. La sécurisation des parkings des établissements va se trouver renforcée ainsi que les alentours jusqu’aux premiers axes routiers ce qui rendra encore plus difficile tout soutien venant de l’extérieur au pied des murs des prisons (distribution de tracts, rencontre avec les familles…). Une sécurisation plus importante des fenêtres des cellules sera effectuée les rendant toujours plus opaques et bardées de grillages. Le personnel pénitentiaire aura une formation de deux mois, il pourra recourir à l’anonymisation ce qui le rendra intouchable. Entre trois et quatre surveillants seront assignés par détenu.
Le gouvernement, comme à son habitude, promet cet enfer aux narcotrafiquants mais d’ors et déjà ces établissements s’apprêtent à recevoir tous les prisonniers désignés par lui comme dangereux. Même les prisonniers en détention provisoire, c’est à dire présumés innocents, pourront être placés directement dans les établissements de haute sécurité. L’allongement des peines et les conditions de détention inhumaines ont pour objectif de placer l’individu face à un choix : être anéanti ou collaborer, devenir un traître. Plusieurs amendements dans le texte de loi promettent aux balances des réductions de peine significatives. Puisque les jours ne s’annoncent pas meilleurs, 4 à 5 établissements du même type devraient être créés d’ici 2027, il y aurait selon Darmanin 600 à 700 prisonnier concernés
On peut frapper toujours plus fort sur les enfermés, les pousser à bout, leur faire péter les plombs, mais ça n’empêchera jamais les prisonniers de se révolter. Certains se suicident, ou deviennent fous et certains autres deviennent des fauves. À force de les traiter comme des animaux, ils réagissent d’une manière instinctive. C’est une réaction de survie normale que de se retourner contre se qui détruit.
Le plus inquiétant est le manque de mémoire et de résistance. La liberté s’étant dissoute dans la sécurité, l’isolement serait il devenu dedans comme dehors un mode de vie acceptable ?
« À quand la fin du maintien d’hommes et de femmes en des lieux qui tuent, poussent à se tuer ou… à tuer. Oui, car l’isolement pousse à des envies de meurtre. La douleur est si grande que seule la haine semble généralement trouver sa place dans l’esprit de l’isolé, du maltraité. Ne perdons jamais de l’esprit qu’on ne peut pas attendre d’un être blessé, humilié, maintenu à l’état de sous-homme, une attitude civile et fraternelle. Les tueurs de demain se façonnent aujourd’hui dans les Quartiers d’Isolement. Que ceux qui pensent la prison de demain, ceux qui décident la future loi pénitentiaire ne fassent pas l’économie de cette réflexion et surtout de la seule décision qui soit acceptable : l’abolition des quartiers d’isolement ! » Gabi Mouesca
POUR LA DÉFENSE DES PRISONNIERS
Le dernier juge que j’ai vu avait plus de visse que le dealer de ma rue.
le groupe Assassin
Suite aux annonces du gouvernement de durcir les conditions d’emprisonnement, une vague d’actions est venue secouer l’indifférence insoutenable dans laquelle ce texte est débattu et voté. Plusieurs nuits durant, des prisons, des voitures et des domiciles d’agents pénitentiaires ont été visés. Près de 90 faits ont été recensés en moins de 15 jours, revendiqués par « Défense des droits des prisonniers français (DDPF) » un acronyme apposé à la bombe de peinture sur la plupart des lieux ciblés. Sur les applications chiffrées telles que Telegram ou TikTok ils ont revendiqué leurs actes en faveur des droits de l’homme et pour le respect de la dignité des conditions des détenus.
Pour tenter d’identité le groupe DDPF, 300 enquêteurs ont été mobilisés sur deux semaines d’investigation. 21 suspects ont été arrêtes. Parmi eux, des mineurs et de très jeunes hommes inexpérimentés qui vont être poursuivis pour des faits de terrorisme. La définition du terrorisme s’étant considérablement élargie, le code pénal ne définit pas l’action terroriste selon une idéologie mais selon un mode opératoire et un objectif – « troubler gravement l’ordre public par la terreur ou l’intimidation », autant dire tout ce qui dérange d’Etat.
Le trafic de drogue permet avant tout à des familles entières de survivre, de remplir son frigo, de payer son loyer… Peux sont ceux et celles qui mènent une vie de palace en dealant. Ce sont avant tout elles et eux qui sont visés par la répression et qui croupissent indéfiniment en prison. Les dealers n’ont rien à envier question moral, et pratique d’exploitation à nos gouvernants et aux bourgeois qui malheureusement leurs servent trop souvent d’exemple.
Comme lors des révoltes suite à la mort de Nahel, les réseaux sociaux ont sûrement joué un rôle dans la simultanéité des attaques. Mais nous ne nous y trompons pas c’est bien la mort d’un jeune homme ou là, la violence de la prison qui en sont les causes.
Les conditions de détention s’étant déjà extrêmement durcies, ils est de plus en plus difficile pour les prisonniers de se révolter, il n’est donc pas étonnant que ce soit de l’extérieur que la protestation vienne.
Le personnel pénitentiaire a toujours été la cible de représailles pour les dissuader d’exercer un zèle brutale sur les prisonnier-e-s, ce n’est pas nouveau, c’est aussi vieux que l’existence des prisons !
Il est facile de se laisser berner par la rhétorique du gouvernement et de ses relais, les mesures misent en place ne sont pas réservées aux narco-trafiquants mais seront élargies à la « criminalité et à la délinquance organisée ». Nous savons que tout mouvement de révolte et d’opposition conséquent est confronté à la prison et que donc son existence nous concerne tous et toute.
Lors du mois de Mars dernier, une semaine de révoltes s’est déroulée à Argenteuil impliquant la jeunesse de cette ville et le déploiement d’une diversité de brigades policières, pour finir par l’intervention de la CRS 8 et la menace par la préfecture de l’expulsion des logements sociaux des familles dont l’un des membres serait arrêtés.
Les médias et la préfecture ont expliqué ces événements par des affrontements entre “bandes organisées” et le problème des “rodéos urbains”. De notre côté, en discutant avec la jeunesse et les habitants de la ville, ceux là nous ont décrit des provocations multiples de la part de la police et une impossibilité de rentrer en contact avec les services de la villes. Or, Argenteuil c’est la ville d’Ali Ziri, mort des suites de son interpellation policière en juin 2009. Mais c’est aussi la ville de Sabri, un jeune de 18 ans, mort dans des circonstances troubles en deux roues en mai 2020, dans lesquels la police est suspectée. Alors, nous avons passé quelques jours dans la Maison pour Tous qui se trouve sur la Dalle d’ Argenteuil afin de produire une émission de radio avec des jeunes de la ville intitulé ” Lumière sociale” qui permettent de recueillir la parole des habitants et d’éclairer autrement le contexte dans lequel ces révoltes ont eues lieux.
Le mercredi 26 mars 2025, avait lieu une conférence intitulée « Que se passe-t-il en RDC ? Extractivisme minier, néocolonialisme et viol de masse », organisée par le club cutlturel de PSL CultuRepresente, à l’ENS Jourdan. A cette occasion, David Maenda Kithoko, fondateur de l’ association Génération Lumière à Lyon et membre de l’Observatoire Terre Monde prenait la parole. C’est son intervention que nous vous diffusons aujourd’hui pour l’ensemble de cette émission.
Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, nous vous diffusons une émission historico/fictionnesque. L’équipe brillante de Radio show produite par Arte Radio nous propulse dans un Lyon affamé par une grève dure des livreurs Uber et autre Déliveroo. Mêlant histoire des luttes ouvrières d’hier et aujourd’hui, nous plongeons dans un méli-mélo en public plein d’humour.
« Les livreurs ont déversé plusieurs centaines de litres de sauce fromagère, ce qui a complètement bloqué le quartier. » BREAKING NEWS : Plus de sushis, plus de pizza, plus de Burgers ! ». À Lyon, les adeptes de la livraison de street food à domicile sont en PLS depuis le début de la révolte des livreurs Uber et autres Deliveroo. Alors que la famine guette les quartiers gentrifiés du centre de Lyon où on ne sait même plus se faire cuire des pâtes, les ouvriers et ouvrières de la livraison prennent la mairie et écrivent une page de l’histoire sociale du pays à travers une lutte qui n’est pas sans rappeler les insurrections des Canuts, les ouvriers de la soie lyonnais du XIXe siècle. » L’équipe du Radio Show, en léger direct de Lyon, se fait « l’écho » des révoltes lyonnaises passées et futures. Entre documentaire historique sur les soulèvements des Canuts et breaking-news sensationnel sur la révolte imaginaire des petites mains de l’Uber-économie, ce podcast historico-loufoque tente une convergence des luttes dans le temps.
L’équipe : Avec Clémence Allezard, Reno Bistan, Myriam Prevost, la complicité de Soizic de La Chapelle et Lisa Robert de la compagnie de La Grenade et de Florence Bruny. Et aussi Charlie Marcelet au mix du podcast, Mathilde Guermonprez et toute l’équipe d’ARTE Radio à la production.
Remerciements : Merci aux historien·nes Michèle Zancarini-Fournel, Ludovic Frobert et à la dramaturge Valérie Zipper. Merci aux livreurs Yacouba, Souleymane, JC, Abdoulaye, Abou et Siriki. Merci aussi à Youssouf Circé et Solene de la maison des coursiers de Paris, à Jerome Pimot, Claire Bonnici, François Hien, à toute l’équipe du Périscope, à l’association Soierie vivante, Philibert Varenne et la Maison des Canuts et le festival “Novembre des Canuts“. Merci, bien sûr, à l’équipe et au public du Périscope à Lyon.
Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur deux procès à teneur social et de lutte antifasciste.
Dans cette première partie, nous nous rendons au tribunal de Pontoise, ou fût jugé Siham Touzi, ex-infirmière de l’Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) du château de Neuville et gréviste avec d’autres collègues dans cet établissement pendant 133 jours en janvier 2022 et Eugénie Barbezat, journaliste, elles furent poursuivies par l’ex-direction de l’Ehpad pour diffamation. Nous entendrons les différentes séquences du procès 6 février et du délibéré du 3 avril 2025.
Nous poursuivons, avec le procès et le délibéré pour Gino, militant antifasciste et menacé d’extradition en Hongrie. Procès et délibéré qui se sont tenu le 12 mars et le 9 avril 2025. Nous entendrons les interventions de Gino, de ses avocats et de l’un de ses soutiens.
Face à l’absence évidente d’éléments qui pouvait justifier l’extradition de Gino, ainsi qu’aux risques majeurs pour sa sécurité que représentait une détention et un procès en Hongrie, il appartenait à la justice française de prouver sa capacité à prendre la bonne décision. Après la décision positive prise par la Cour d’appel de Paris concernant sa libération, elle devait également refuser son extradition.
Au-delà du cas de Gino, de nombreux.Ses militant.e.s sont victimes de la répression en raison de leurs idées politiques. C’est le cas pour les militant.e.s antifascistes, mais c’est aussi le cas pour les militant.e.s pro-Palestine, écologistes, et contre les violences policières.
Nous vous proposons d’écouter la présentation du livre de Nils Anderson : Les guerres annoncées, le capitalisme, c’est la guerre. Cette présentation se tenait Le 20 mars 2025 à la librairie El Ghorba mon amour à Nanterre
Pour mieux cerner l’auteur, une petite bio rapide : Nils Anderson est né le 14 février 1933. À l’age de 24 ans et sans moyen, il a l’idée, avec Pierre Canova, de diffuser des éditeurs français qui publient des livres essentiels aux débats intellectuels. Plusieurs éditeurs acceptent de partager ce projet, Jérôme Lindon pour les Éditions de Minuit, Jean-Jacques Pauvert, Robert Voisin pour les Éditions de l’Arche puis François Maspero. En 1957, il fonde ainsi un comptoir de diffusion d’éditeurs français à Lausanne et publiera de nombreux livres interdits comme La Question d’Henri Alleg qui traite de la torture pendant la guerre d’Algérie, mais également La Gangrène, après sa saisie aux Éditions de Minuit. Il publie d’autres documents, notamment Les Disparus, un dossier établi par le collectif des avocats, avec une postface de Pierre Vidal-Naquet, et La Pacification, publié sous le nom d’Hafid Kéramane. Il publie aussi le témoignage d’un journaliste, Henri Deligny, rappelé en Algérie : H.S. Et aussi le théâtre militant de Mohamed Boudia, Naissances ; un ouvrage sur l’aliénation colonialiste. En conformité avec les livres qu’il édite, Nils Andersson est solidaire des militants algériens, des réseaux de soutien, du mouvement des insoumis et déserteurs français. Il devient membre du comité de rédaction de la revue Partisans, créée par François Maspero. En 1961, arrêté à Lyon, Nils Andersson se voit notifier une interdiction d’entrée en France.
Dès 1963, Nils Andersson, en marxiste léniniste, il édite les principaux documents boycottés du PCC et publie les Écrits philosophiques de Mao Zedong. Depuis les années 1990, il vit à Paris et participe notamment aux activités d’ATTAC, de l’Association pour la défense du droit international humanitaire (ADIF), de l’Institut de documentation et de recherches pour la paix (IDRP), de l’association Sortir du colonialisme. Il a dirigé notamment la rédaction de plusieurs ouvrages de bilan sur la justice internationale et l’ONU.
Les guerres annoncées Le capitalisme, c’est la guerre II de NILS ANDERSON
Nils Anderson propose une analyse fine et implacable du capitalisme du réel, et de sa nature première : la guerre. Produit d’un long travail d’enquête à la croisée du journalisme critique et de l’expérience d’un engagement politique anti-impérialiste directement hérité des luttes de décolonisation de la deuxième moitié du 20ᵉ siècle, cet ouvrage décortique l’infamie des doctrines impérialistes et capitalistes qui n’ont cessé de faire du monde un vaste champ de bataille en vantant les mérites d’un Occident soi-disant « pacifié ». Plus que jamais, il réaffirme cette exigence morale et politique que Jaurès et Käthe Kollwitz poursuivirent en leur temps : Nie Wieder Krieg, « Plus jamais la guerre », tout en proposant une analyse du futur proche de ce qu’annoncent les nouveaux rapports de pouvoir mondiaux et les doctrines militaires modernes. Nils Andersson fondateur des Éditions indépendantes La Cité Éditeur en 1957, militant anti-impérialiste, anti-colonial.
Depuis plusieurs mois des mobilisation se déroulent dans les universités de France contre les coupes budgétaires décidées par le gouvernement. Pour revenir sur ce sujet, nous vous diffusons aujourd’hui deux reportages. Le premier à été réalisé au début du mois de mars à l’occasion des premiers appels unitaire à la mobilisation. le deuxième, lui a été réalisé lors de la mobilisation de la journée du 3 avril 2025.
Le dimanche 23 mars au Centre International des Cultures Populaire (CICP), s’ouvrait la semaine anticoloniale et antiraciste avec la « Journée Décolonisons ! » Sur les luttes des peuples colonisés pour leur liberté dans les territoires encore sous domination française. Du soulèvement en Kanaky, aux mobilisations contre la vie chère en Martinique et en Guadeloupe, en passant par la situation à Mayotte, mais aussi en Polynésie, en Guyane, en Corse. Les luttes syndicales, la répression coloniale, les mobilisations pour la libération des prisonniers politiques et le droit à l’autodétermination des peuples fut au cœur de cette journée.
Aujourd’hui, dans cette émission, nous vous proposons l’écoute des interventions de cette journée d’ouverture de la semaine anticoloniale et antiraciste. Nous irons de la Kanaky a la Réunion, en passant par la Guadeloupe puis par Mayotte et nous terminerons avec la Corse.
Le mois dernier, Bruce Dombolo est mort. L’actualité des luttes et la radio FPP a donc perdu un de ses membres. Parce que nous avons adoré travailler avec lui, aujourd’hui, nous décidons de lui rendre hommage en vous diffusant des extraits choisis de l’ensemble de ses productions radiophoniques.
Le samedi 22 mars se tenait à Lille une discussion sur les voitures électriques, les gigafactories dans les Hauts-de France et ailleurs animée par Tomjo et l’organisation Communiste libertaire. S’agit-il d’une transition du capitalisme ?
L’automobile a conduit et accompagné la production et la reproduction du capital tout au long du XXe siècle. C’est une invention technologique majeure, si ce n’est la principale du siècle passé tant elle a structuré le travail, les rapports sociaux dans leur ensemble jusqu’aux paysages (1). D’ailleurs, des modes de production portent le nom de marque de voiture : le fordisme pour le travail à la chaîne, le toyotisme pour le juste à temps et aujourd’hui le « teslisme » (2) avec les batteries électriques et les véhicules connectés.
Ici, dans les Hauts-de-France, qui se veut déjà la première région automobile de France, la « vallée de la batterie » est annoncée par les bourgeoisies politico-économiques et se sont installées les trois premières gigafactories du territoire. Dans quelques années, d’autres usines de fabrication et de retraitement des batteries sont prévues sur le Dunkerquois avec son lot de restructuration du travail et d’aménagements XXL (construction d’un nouvel EPR à Gravelines, etc).
Débattre de voitures électriques, c’est aussi parler de :
Extractivisme et capitalocène car pour les fabriquer et les faire rouler et il faut une quantité prodigieuse de ressources, ce qui n’arrange pas la crise écologique actuelle.
– géopolitique tant la question des terres rares, indispensables pour les batteries, devient une question internationale majeure, comme l’illustrent les velléités trumpiennes sur le Groenland ou l’Ukraine
– « transition » qu’on nous assaisonne à toutes les sauces pour, en fin de compte, permettre la survie du capitalisme. En 2035, on nous promet la fin de la vente des voitures thermiques, mais récemment, l’UE vient d’assouplir les règles pour ne pas handicaper les entreprises européennes. Car pour le moment, l’économie communautaire est à la ramasse face à la Chine qui domine le marché.
Les attaques sur le secteur de la santé, se font de plus en plus prégnante et dans l’émission de ce jour, nous vous en donnons deux exemples.
Nous commençons par Paris. Le mardi 25 mars 2025, se tenait un nouveau rassemblement pour interpeller le ministre de la Santé afin qu’il stoppe la fermeture de près de la moitié des services du centre de santé Stalingrad, situé dans le 19ᵉ arrondissement, officiellement classé “zone sous-médicalisée”. Ce centre médical de proximité ne demande pas d’avance de frais et ne pratique aucun dépassement d’honoraires.
Dans ce reportage, nous entendrons les prises de parole et un entretien réalisé avec une patiente et ancienne salariée du centre.
Dans la suite de cette émission, nous élargirons la focale, en parlant de la situation sur l’ensemble du pays, avec le Tour de France pour la santé qui appelait à un rassemblement débat place de la République ce samedi 5 avril 2025 en lien avec la Journée mondiale de la Santé du 7 avril. Dans ce reportage, nous allons entendre quelques prises de parole de ce rassemblement.
L’austérité tue… notre santé, nos urgences, notre accès à un médecin, nos maternités et nos centres d’IVG, nos hôpitaux, l’accompagnement social, notre Sécu ! Place à la santé. Contre une politique irresponsable qui met en danger notre santé. Pour des services de santé et des services sociaux solidaires !
Dans l’émission de ce 4 avril 2025, nous recevions en plateau, Victoire, membre de la CGT chômeur et précaire, qui a fait un point sur le fonctionnement de France Travail. Nous étions également en compagnie de Valérie et Isabelle, qui ont parlé de leur mésaventure suite à une formation pour obtenir, notamment, le titre professionnel de secrétaire assistante médico-social. Une « préparation opérationnelle à l’emploi individuelle » (POEI) avec embauche à la clé d’après France travail.
Un rassemblement devant la direction régionale Île-de-France de France Travail avec le soutien de la CGT chômeurs était organisé jeudi 3 avril. Une formation était dispensée par l’organisme privé Ideko Formation, permettant un financement par France Travail de 8 900 euros par stagiaire, à condition que cette préparation donne lieu à une embauche immédiate. La formation, censée durer six mois, a été financée pour deux mois seulement, ce qui a entraîné le non-paiement des indemnités durant toute la période de la formation, les entreprises partenaires censées embaucher les stagiaires se sont révélées inexistantes et enfin les modules pour passer le titre professionnel n’ont pas été assurés (pas de plateau technique…).
Le 29 mars 2025 se tenait à Paris comme partout en France des manifestations pour réclamer des logements décents, dignes et abordables pour tous et toutes mais aussi l’arrêt des expulsions et l’arrêt des destructions de HLM. Les prises de paroles que vous allez entendre dressent un tableau catastrophique de la situation du logement en France sans qu’aucun projet gouvernemental à la hauteur ne viennent palier à cette sombre réalité.
Non aux expulsions et au logement cher !
Manifestons partout en France les 29 et 30 mars
– À Paris et Île-de-France : Samedi 29 mars, 14h à République – À Angers : 31 mars 18h Préfecture Maine-et-Loire – À Dijon : 27 mars 17h Métropole de Dijon – À Lille : 5 avril, 14 h 30, Place de la République – À Grenoble : piquets anti-expulsion – À Marseille : 29 mars, 15 h 30, Porte d’Aix (collectif Réquisition) – À Montpellier : 29 mars 14h devant la préfecture – À Mulhouse : 29 mars, 14 h 30, rue du Sauvage, Place des Victoires fontaine – À Nancy : 29 mars, 14 h Place Charles III – À Nantes : 29 mars 15h Place du Bouffay
Alors que le droit au logement est reconnu dans la loi, il n’y a pas assez de logements pour tous·tes, et on y consacre une part toujours plus importante de ses revenus. Les politiques du logement n’ont fait qu’aggraver la crise, les jeunes, les plus modestes, les précaires ne peuvent plus se loger… C’est une catastrophe sociale ! Jamais depuis 50 ans, il n’y a eu autant de locataires menacé·es d’expulsion à l’approche de la fin de la trêve hivernale, ni autant de demandes HLM (2,6 millions), de mal-logé·es (4,2 millions), ni autant de sans-abris (350 000 dont des femmes, des enfants, des retraité·es…). Beaucoup de résident·es de foyers de travailleurs ou résidences sociales sont expulsé·es pour hébergement d’un·e proche.
Non seulement les APL ont baissé et les prix de l’énergie ont flambé, mais depuis fin 2023, les loyers augmentent plus vite que l’inflation et les revenus ! Ainsi, les locataires HLM et beaucoup de locataires du privé subissent en 2025 plus de 3% de hausse de loyer, alors que l’inflation se rapproche des 1% … Comparés aux loyers de 2023, les locataires et les résident·es paieront en 2025 un 13e mois de loyer en plus !
Les jugements d’expulsions et les expulsions forcées sont massifs. Depuis la loi Kasbarian-Bergé, les locataires refusant de « s’auto-expulser » peuvent même être condamné·es à une amende pénale et les occupant·es sans titre de logements vacants sont mis·es à la rue, sans jugement, même en hiver !
À l’inverse, la production HLM est en berne. La violation des droits des locataires du privé, de la loi DALO (droit au logement opposable) ou du droit à l’hébergement jusqu’au relogement se banalise. Les quartiers populaires se dégradent à mesure que les projets d’urbanisme se multiplient (démolitions ANRU, mauvais entretien… ), pour chasser les habitant·es souvent dénigré·es et calomnié·es… Les espaces collectifs dans les foyers sont détruits. Les logements vacants et locations Airbnb&Co prospèrent au détriment des locations de longue durée. Les occupant·es de bidonvilles, de caravane, de squats, de camping ou d’habitat choisi sont chassé·es.
Loin de lutter contre cette catastrophe sociale et de soutenir les victimes, le gouvernement aide les plus riches et les promoteurs, dresse des obstacles à l’accès et au maintien des APL… Or, les besoins les plus urgents sont de produire des logements sociaux, de baisser les loyers, de lutter contre la spéculation foncière, immobilière ou le blanchiment d’argent sale dans l’immobilier. Il faut aussi mobiliser les logements et bureaux vacants qui n’ont jamais été si nombreux, isoler les passoires thermiques, reloger tou·tes les sinistré·es à commencer par ceux de Mayotte…
Les luttes du logement se renforcent partout en France : familles et personnes à la rue, mineur·es isolé·es, prioritaires DALOs, locataires HLM, victimes de marchands de sommeil ou de bailleurs fraudeurs, locataires exploité·es…
Rassemblons-nous nombreux·ses, comme à Barcelone, Madrid, Berlin, Lisbonne :
Arrêt de toute expulsion : relogement décent, stable, abordable !
Plus personne à la rue : hébergement inconditionnel jusqu’au relogement !
Application de la loi de réquisition et abrogation de la loi Kasbarian-Bergé !
Respect de la loi DALO et des lois protégeant les locataires !
Réalisation de 250 000 HLM à bas loyer chaque année, et arrêt de leur vente et de leur destruction !
Baisse des loyers, hausse des APL, lutte contre la fraude locative et le blanchiment d’argent sale dans l’immobilier !
Mise aux normes des passoires thermiques, des logements indécents ou toxiques (plomb, amiante) !
Mêmes droits pour les résident·es de foyers que pour les locataires HLM !
Instituer l’obligation pour chaque commune de réaliser 30% de logement sociaux !
Introduire le droit au logement dans la Constitution !
Premiers signataires : AFVS, AITEC, APPUII, Attac France, ATMF, Bagagérue, BSP, CAD, CGT, CNL, CNT-f, Collectif Combat pour l’hébergement, Collectif des Jeunes du Parc de Belleville, Collectif Hébergement 94, COPAF, Construire, CSF, CSP75, DAL, Femmes Egalité, FSU, FTCR, Héro·ïnes 95, Indecosa-CGT, Jamais sans toit Ile-de-France, La Kunda, LDH, Les Midis du mie, MRAP, OST, Plate-forme logement pour tou.te.s, Romeurope 94, SNPES PJJ FSU, Solidaires Étudiant-e-s Paris-Banlieue, Soupirail, SUD Education, La Trotteuse, Un centre-ville pour tous, Union syndicale Solidaires, Utopia56…
Avec le soutien de : Les Ecologistes, LFI, NPA Anticapitaliste, PCF, PEPS…
women march behing a banner which read as “Sexist reform, feminist strike, down with Macron, capitalism and patriarchy”, during a demonstration against the proposed pensions overhaul on International Women’s Day in Toulouse, southwestern France on March 8, 2023. (Photo by Charly TRIBALLEAU / AFP)
Le 8 mars dernier, la journée internationale pour les droits des femmes était placée sous le signe de a lutte contre l’extrême droite. Afin de faire un bilan de ces mobilisations féministes du 7 mars ( marche de nuit) et du 8 mars ( manifestation annuelle), nous avons réalisé un interview avec le Collectif des féministes révolutionnaires que nous vous diffusons aujourd’hui.
Dans un premier temps vous pourrez écouter un extrait de l’émission de VIVE LA SOCIALE émission diffusée le premier jeudi de chaque mois sur FPP de 19h à 20h30 sur le mouvement en cours en Serbie.
Dans un deuxième temps une interview de Costas sur les raisons du mouvement en Grèce puis pour ne pas oublier la France nous diffusons un extrait de l’intervention de Fabrice ARFI journaliste d’investigation, lors de son audition dans la commission d’enquête parlementaire du sénat sur la corruption en France ; un véritable sport national qui touche nos dirigeants.
En Serbie, un mouvement étudiant est né en novembre à l’occasion d’un accident meurtrier mettant en lumière la corruption des sphères du pouvoir. Depuis, il s’est propagé géographiquement à l’ensemble du pays, gagnant le soutien très large de la population, et mettant en action d’autres catégories sociales. Désormais, c’est tout le “système” incarné par le président Vucic qu’il met en cause. Or celui-ci a le soutien silencieux de tous les pouvoirs en place en Europe. Comment, dans un tel contexte, et malgré le silence des médias serbes et occidentaux, une telle dynamique réussit-elle à se maintenir ? C’est ce que nous explique en une heure Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans.Son interview est suivie de trois courts témoignages, qui témoignent du fait que le mouvement est en train de gagner peu à peu d’autres pays des Balkans, mettant au placard les nationalismes qui les avaient déchirés trente ans plus tôt.
Grèce : Des manifestations historiques et une grève générale demandent justice pour les victimes de la catastrophe ferroviaire de Tempé
En Grèce, la classe ouvrière et la jeunesse ont fait une énorme démonstration de force, des centaines de milliers de personnes ayant participé aux plus grandes manifestations de l’histoire du pays. Elles étaient dans les rues de la capitale Athènes et de toutes les autres grandes villes pour demander justice pour les 57 personnes décédées dans l’accident ferroviaire de Tempé de 2023 et pour forcer le gouvernement à ne pas étouffer l’affaire.
Des milliers de manifestants se rassemblent dans la rue Stadiou, dans le centre d’Athènes, en Grèce, pour marquer les deux ans d’une catastrophe ferroviaire meurtrière qui a également déclenché des centaines d’autres manifestations et une grève générale, le 28 février 2025.
Les protestations ont été soutenues par des manifestations dans plus de 100 ambassades et consulats grecs à l’étranger, sur les six continents habités.
Les manifestations, marquant le deuxième anniversaire des décès du 28 février 2023, ont été convoquées par l’Association des familles des victimes de Tempé et ont été encore plus importantes que celles qu’elle avait organisées à la fin du mois de janvier. Forcées de reconnaître le climat d’opposition de masse – et comme pour les manifestations de janvier – la fédération syndicale du secteur public ADEDY et la Confédération générale des travailleurs grecs du secteur privé ont appelé à des grèves générales.
Au total, 265 manifestations ont eu lieu en Grèce et 112 à l’étranger, soit près de 400 au total. Les principaux rassemblements internationaux ont eu lieu à Berlin (Allemagne), à Londres, Édimbourg et Manchester (Royaume-Uni), à Rio de Janeiro (Brésil), à New York et Boston (États-Unis) et à Sydney (Australie). Une carte en ligne coordonnant les manifestations a été consultée plus de 1,8 million de fois.
Des centaines de personnes ont manifesté malgré une pluie battante à Berlin, en Allemagne. En référence aux partis politiques grecs, qui sont tous impliqués dans les décès, une pancarte indique « Syriza, PASOK, ND : Tempé a une histoire », 28 février 2025.
La participation aux dernières manifestations dépasse tout ce que les syndicats peuvent ou pourraient envisager de mobiliser, menaçant la chute du gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) du premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
Selon une estimation, près de 430 000 personnes ont manifesté à Athènes. La place principale Syntagma d’Athènes était remplie dans ses moindres recoins et les rues adjacentes étaient bondées de manifestants. Le rassemblement était prévu à 11 h, mais la place était déjà pleine peu après 8 h. Le quotidien Efimerida ton Syntakton (le Journal des rédacteurs) a noté que des masses de gens ne pouvaient pas s’approcher de Syntagma, la manifestation s’étendant jusqu’à un kilomètre de là, sur la place Omonoia et, dans une autre direction, sur les Propylées.
Beaucoup avaient apporté des pancartes et des banderoles artisanales traitant le gouvernement de « meurtrier » pour avoir supervisé ces morts évitables. Parmi les slogans scandés et inscrits sur d’autres pancartes figuraient « Je n’ai pas d’oxygène » et « Les privatisations tuent ».
« Je n’ai pas d’oxygène », tels sont les derniers mots d’une jeune passagère qui a appelé le numéro d’urgence européen 112 pour signaler l’accident, après que le train de voyageurs dans lequel elle se trouvait est entré en collision avec un train de marchandises. Cette collision a provoqué une gigantesque boule de feu, dont les familles endeuillées sont convaincues qu’elle est due au fait que le train de marchandises transportait une cargaison illégale de matériaux inflammables, un fait dissimulé par le gouvernement.
Même la police, connue pour sous-estimer l’ampleur des manifestations en Grèce, a déclaré qu’il y avait plus de 170 000 personnes rien qu’à Athènes, et 325 000 personnes dans les rues de tout le pays.
La Grèce a connu de nombreuses grèves générales largement soutenues depuis l’imposition d’une austérité massive par les gouvernements successifs à partir de 2008. Mais l’ampleur des manifestations concernant la catastrophe de Tempé et de la dernière grève générale est bien plus grande, puisque c’est tout le pays qui a été paralysé.
Une manifestation d’une ampleur similaire a eu lieu dans la deuxième ville du pays, Thessalonique.
Les grèves ont commencé la veille au soir, lorsque les travailleurs de Coca Cola ont débrayé dans une usine près d’Athènes. Les transports ont été interrompus par les contrôleurs aériens qui ont immobilisé les vols internationaux et nationaux, et les trains, les tramways et les bus se sont arrêtés. Les marins, les conducteurs de train, les médecins, les infirmières, les enseignants et les avocats ont tous fait grève. Les administrations ont fermé, tout comme de nombreux magasins et entreprises, et les hôpitaux n’étaient ouverts que pour les urgences. Même les cafés, les restaurants et les bars les plus huppés ont fermé leurs portes en raison de la mobilisation de masse.
Les seuls moyens de transport fonctionnant à Athènes étaient les trains qui permettaient aux manifestants de se rendre sur les places centrales.
En mars 2023, 57 personnes meurent dans un accident de train en Grèce, alors que des protestations et des grèves éclatent.
Au moins 57 personnes sont mortes après l’accident de train survenu mardi soir en Grèce. Un train de passagers reliant Athènes à Thessalonique, avec plus de 350 personnes à bord – dont de nombreux jeunes étudiants retournant à l’université après des vacances pour le Carême orthodoxe grec – est entré en collision avec un train de marchandises peu avant minuit mardi, près de la ville de Tempe, au centre du pays.
Le chef de gare de Larissa, un travailleur ayant plus de 40 ans d’expérience dans les chemins de fer, a été arrêté. Mais la tentative d’attribuer la faute à un seul individu a été largement rejetée, alimentant les protestations et une grève des chemins de fer contre le gouvernement conservateur de la Nouvelle démocratie (ND).
Les travailleurs savent que le réseau ferroviaire a subi des années de coupes d’austérité, y compris des pertes d’emplois massives. Une grande partie du réseau, notamment dans le nord de la Grèce, n’est pas automatisée et repose sur une signalisation manuelle.
Le chef de gare a été inculpé jeudi de perturbation dangereuse des transports et pourrait être accusé d’homicide involontaire par négligence, de blessures par négligence et d’interventions dangereuses dans les moyens de transport. Mais des éléments de preuve apparaissent déjà, jetant le doute sur les affirmations selon lesquelles l’erreur humaine est en cause.
Kathimerini a rapporté que lorsque le chef de gare a comparu devant un juge d’instruction de la ville de Larissa jeudi, « il aurait affirmé que pendant son service, il a donné l’ordre de changer les voies du réseau ferroviaire afin que les deux trains ne circulent pas sur la même ligne, mais que le système n’a apparemment pas fonctionné. »
Le journal a ajouté : « Cette version des événements est étayée par une photographie du journal de bord du chef de gare qui montre qu’il a ordonné au train fatal Inter City 62 de poursuivre son voyage vers Neos Poros, ne sachant apparemment pas que le train de marchandises se déplaçait sur la même voie juste devant lui. »
Des preuves supplémentaires démontrent les conséquences catastrophiques d’avoir de larges sections du système ferroviaire qui dépendent totalement de l’intervention manuelle, sans recours aux systèmes ferroviaires automatisés largement utilisés au niveau international. Ces décès ont suscité des manifestations de colère à Athènes, à Thessalonique, où vivaient de nombreuses personnes décédées, et à Larissa.
À Athènes, des centaines de manifestants, principalement des jeunes, ont manifesté mercredi devant le siège de Hellenic Train, la société privatisée chargée de l’entretien des chemins de fer grecs. Ils ont été attaqués par la police anti-émeute, qui a tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le Parlement grec, sur la place Syntagma, où la police a de nouveau attaqué.
À Larissa, une veillée silencieuse à la mémoire des victimes de l’accident a été organisée. S’adressant à l’agence de presse AFP, Nikos Savva, un étudiant en médecine de Chypre, a déclaré : « Le réseau ferroviaire semblait problématique, avec un personnel épuisé et mal payé. » Le chef de gare arrêté ne devrait pas payer le prix « pour tout un système malade ». Costas Bargiotas, médecin basé à Larissa, a déclaré : « C’est un accident inadmissible. Nous connaissons cette situation depuis 30 ans ».
Les travailleurs en grève ont manifesté devant le siège des Chemins de fer helléniques à Athènes. Des milliers de personnes se sont ensuite rendues sur la place Syntagma, avec des jeunes qui les ont rejoints, pour protester devant le Parlement.
Les décès dans les trains sont le résultat de crimes sociaux dont chaque parti politique de l’élite dirigeante partage la responsabilité. Ce sont leurs dirigeants qui devraient être sur le banc des accusés.
Le manque de ressources et la suppression du personnel d’un réseau ferroviaire déjà en deçà des normes se sont accélérées au cours de la dernière décennie avec la privatisation du chemin de fer public, TrainOSE, par le gouvernement de pseudo-gauche SYRIZA en 2017-18.
SYRIZA a été porté au pouvoir en 2015 à la suite d’une vague de protestations et de grèves après cinq années d’austérité sauvage. Ils ont ensuite foulé aux pieds ce mandat, imposant, comme l’ont fait avant eux ND et le PASOK social-démocrate, un programme d’austérité dévastateur. La privatisation des principaux actifs économiques nationaux et des infrastructures était le prix exigé en échange de tout nouveau prêt par l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international. SYRIZA a suivi leurs instructions à la lettre.
TrainOSE a été vendu dans le cadre du troisième plan d’austérité imposé après 2010. La privatisation du secteur ferroviaire et la vente d’autres actifs de l’État devaient permettre de récolter 6 milliards d’euros d’ici 2018. Elle a été rachetée par Ferrovie Dello Stato Italian, la holding ferroviaire publique italienne, pour 45 millions d’euros seulement.
Le Premier ministre de SYRIZA, Alexis Tsipras, lors d’une cérémonie somptueuse à Corfou, a présenté cela comme un succès glorieux. Naftemporiki, le quotidien financier, a rapporté : « Tsipras a expliqué que l’importance de l’investissement réside dans le fait que le pays a évité d’un lourd fardeau financier… dans le prix lui-même, mais plus encore dans la taille de l’investissement qu’il fera dans l’économie grecque, dans le chemin de fer grec, s’élevant à 500 millions d’euros. »
Les mensonges de Tsipras ont été rapidement exposés, l’entreprise nouvellement privatisée, rebaptisée Hellenic Railways, ne faisant aucun investissement pour améliorer le réseau ferroviaire. La réalité, comme SYRIZA le savait bien, était que Ferrovie Dello Stato Italian ne prévoyait que d’enormes profits. Le PDG de Ferrovie, Renato Mazzoncini, a décrit l’achat de TrainOSE comme un « mouvement stratégique pour le groupe. Il ne s’agit pas tant d’acheter un morceau de la Grèce à prix réduit, mais plutôt d’une opération d’expansion stratégique en vue de l’investissement majeur dans la ligne Athènes-Thessalonique, qui fait partie du projet de corridor européen ». Le projet de corridor européen représenterait une valeur d’environ 3 milliards d’euros, a déclaré Mazzoncini.
Le coût humain horrible a été confirmé dans un rapport de l’UE de l’année dernière sur « la sécurité et l’interopérabilité des chemins de fer dans l’UE ». La Grèce était le seul État membre entièrement dépourvu de « systèmes de protection des trains’ qui sont ‘largement considérés comme l’une des mesures de sécurité ferroviaire les plus efficaces pour réduire le risque de collision entre les trains ».
Après la privatisation, le réseau ferroviaire grec est l’un des plus dangereux d’Europe. De 2018 à 2020, selon l’Agence des chemins de fer de l’Union européenne, la Grèce a enregistré le taux de mortalité ferroviaire par million de kilomètres de train le plus élevé parmi les 28 nations européennes.
Jeudi, le Financial Times a rapporté que « quinze jours avant le pire accident ferroviaire que la Grèce ait connu depuis des décennies, la Commission européenne avait renvoyé le pays devant la Cour de justice de l’Union européenne pour avoir ‘manqué à ses obligations’ [de 2015 à aujourd’hui] en vertu de la directive sur l’espace ferroviaire européen unique » concernant « les investissements dans les infrastructures et les procédures d’urgence ».
Solidarité avec la jeunesse et les travailleurs grecs ! À bas les politiques austéritaires !
Dans ce contexte, et alors que depuis 2019, le gouvernement de Nouvelle Démocratie multiplie les attaques à l’encontre des travailleurs, de la jeunesse et des classes populaires en Grèce, la mobilisation actuelle constitue un élément progressiste qui pourrait déboucher sur une remise en question globale du gouvernement et du régime. Dans les manifestations, on retrouve ainsi un fort sentiment dégagiste, et la revendication de démission du gouvernement est dans toutes les bouches. S’exprime également un fort dégoût de la classe politique et une dénonciation de la corruption des politiciens professionnels, ainsi qu’une remise en question de l’institution judiciaire qui est accusée d’avoir voulu couvrir et masquer les responsables de l’accident. Or, le KKE, l’organisation la plus influente dans le mouvement ouvrier, refuse d’appeler à la démission du gouvernement pour « ne pas créer d’illusions », jouant ainsi un rôle actif dans la stabilisation du régime.
Dans ce contexte, l’absence de plan de bataille de la part de la gauche et des directions syndicales risque d’ouvrir la voie à une capitalisation de la part de l’extrême-droite. Ainsi, pour Angelos Seriatos, si le gouvernement ne répond pas aux exigences et aux revendications du mouvement, « il est très probable que nous nous retrouvions dans une situation similaire à celle de 2012, et parce que la gauche a déjà gouverné en Grèce, le radicalisme se déplacera vers l’extrême-droite. » Les sondages indiquent par exemple une augmentation de la popularité des partis d’extrême-droite, en particulier de Solution hellénique qui oscille autour des 9,5% et dépasse ainsi la popularité de Syriza qui chute à 8,4%, ainsi que celle du parti Voix de la Raison qui, après avoir fait 3% aux élections législatives de juin 2024, enregistre 8% de popularité. Le parti Cap sur la Liberté de Zoé Konstantopoulou, formation populiste qui défend des mesures nationalistes et réactionnaires, enregistre 7,4% de popularité après avoir fait 3,1% aux élections.
À propos de cette montée de l’extrême-droite, l’analyste politique Maria Karalkioumi explique auprès de I Kathimerini : « Nous ne savons pas si sa montée est tendancielle ou permanente. La raison en est qu’elle n’a pas gouverné et que les gens pensent qu’elle n’a pas de part de responsabilité. » Pour Angelos Seriatos, il s’agit d’une tendance de fond : « Depuis les élections européennes, nous avons déjà constaté une présence distincte et une résilience de ses forces, avec des pourcentages beaucoup plus élevés que d’habitude. Il ne s’agit pas d’un vote passager, ni d’un vote punitif, mais d’un paysage qui prend force. » Ces éléments montrent que sans plan de bataille ni programme pour répondre à la casse des services publics, c’est l’extrême-droite qui capitalisera sur la colère et la détestation de la classe politique, à base de discours populistes et réactionnaires.
Mais défendre un plan de bataille pour les travailleurs et la jeunesse implique de dénoncer la responsabilité des gouvernements de gauche dans la destruction du chemin de fer grec. Dans une interview accordée à Révolution Permanente, Melianna Makari, étudiante et militante à Libération Communiste, explique ainsi : « Les mémorandums votés et mis en œuvre par tous les gouvernements précédents ont conduit à un manque criant de personnel au sein de l’OSE [compagnie ferroviaire grecque, NDLT]. En 2009, le PASOK a fragmenté l’OSE en sociétés distinctes, tandis qu’en 2013, Nouvelle Démocratie [le parti de droite au pouvoir, NDLT] a procédé à sa privatisation par le biais de la loi 4199. Le gouvernement SYRIZA a scellé la condition des trains qui a conduit à la catastrophe de Tempé avec la vente de TRAINOSE, l’introduction de 9 jours de travail continu et les licenciements massifs de travailleurs. Il est clair que le démantèlement, la fragmentation et la privatisation des chemins de fer ont été la politique de tous les gouvernements précédents (ND, PASOK, SYRIZA), et ce toujours en accord avec les exigences de l’UE. »
Le fait que la détermination qui existait parmi la base des travailleurs ait poussé les deux centrales syndicales du pays à appeler à la grève générale montre qu’il existe un espace pour défendre un programme pour l’auto-organisation de la classe ouvrière grecque, en toute indépendance des partis d’extrême-droite, qui instrumentalisent la colère pour servir leur projet xénophobe et réactionnaire, tout comme des partis de la gauche (PASOK, Syriza) qui ont trahi les espoirs de la population à plusieurs reprises. Un programme qui porte l’arrêt des privatisations, la gratuité des transports publics pour tous et la nationalisation des chemins de fer sous contrôle ouvrier. Depuis la France, où le gouvernement Bayrou prépare un réarmement historique et compte bien en faire payer la facture aux travailleurs, à la jeunesse et aux classes populaires, nous exprimons toute notre solidarité avec la population grecque en lutte !
SERBIE : REVOLUTION EN COURS !
UN MOUVEMENT DE MASSE SE LEVE CONTRE TRUMP ET POUTINE DANS LES BALKANS ET EN EUROPE ORIENTALE
Le mouvement des étudiants serbes qui dure quotidiennement depuis quatre mois et demi suite à l’effondrement le 1er novembre 2024 du toit de la verrière de la gare de la ville de Novi Sad faisant 15 morts, a pris ces derniers jours un caractère non seulement populaire large et massif mais aussi clairement révolutionnaire. De plus, ce soulèvement a enclenché depuis début janvier 2025 des mouvements semblables en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro tandis qu’il contribuait à amplifier ceux préexistant en Slovaquie et en Géorgie, puis en a généré d’autres plus tard jusqu’à ces derniers jours en Bulgarie, en Albanie, en Grèce avec de larges soutiens en Croatie ou en Slovénie, et un mouvement simultané de grande ampleur le 15 mars aussi en Hongrie.
De fait, la politique de Trump a amplifié et accéléré, contre lui-même et son allié Poutine, tous ces mouvements qui sont un tout et forment ainsi ensemble la première riposte d’ampleur dans le monde contre la montée du fascisme qu’encouragent Trump et Poutine.
En Serbie, le passage d’un mouvement étudiant à un soulèvement populaire s’est réalisé les 7 puis 15 mars. Cela a d’abord été la formidable réussite de la grève générale appelée par les étudiants le 7 mars bien que la majorité des directions syndicales soient liées au régime ou aient un train de retard, revendiquant des augmentations de salaires alors que les étudiants et de très nombreux salariés surtout les jeunes appellent à démolir ce système corrompu. La large participation populaire à cette journée de grève générale contre tous les appareils et institutions, mais aussi se plaçant dans le sillage d’une contestation étudiante qui a dépassé les « revendications » de lutte contre la corruption comme le dit la presse occidentale quand elle en dit quelque chose, pour explicitement revendiquer de renverser le gouvernement de Vucic et son monde, faire reculer le fascisme et changer le monde comme en mai 68, a été un basculement. La large participation populaire à cette grève générale dans cette ambiance subversive, a permis aux étudiants de lancer, ce qui est essentiel pour la suite du soulèvement, un appel à la nation demandant à la population de prendre le pouvoir contre la domination oligarchique du gouvernement Vucic en généralisant les Assemblées populaires de démocratie directe qui sont apparues ici et là dans la foulée du 7 mars.
La deuxième étape de ce soulèvement populaire a été l’organisation d’une manifestation nationale géante le 15 mars à Belgrade par la mise en place de marches à partir de toutes les villes du pays pour « prendre « Belgrade. Cette marche était l’aboutissement de multiples autres marches qui ont sillonné le pays durant des semaines et qui ont contribué à entraîner les campagnes dans le mouvement. Cela a donné le 15 mars la plus grande manifestation de l’histoire de la Serbie, avec de 800 000 à 1 million de participants selon les organisateurs, 18% de la population, presque autant que d’habitants à Belgrade, l’équivalent en proportion de 12 millions de manifestants à Paris, une avalanche de manifestants. Bien sûr l’objectif de 15 mars est resté flou, les étudiants n’appelant pas explicitement à renverser ce jour-là le pouvoir, mais cette journée a baigné dans une ambiance de bouleversement global : il s’agissait par exemple non pas d’aller manifester à Belgrade mais de « prendre » la capitale comme on « prend » la Bastille, associé à l’idée de « prise » du pouvoir par l’appel à la multiplication d’Assemblées de démocratie directe dans tout le pays. Cela a fait que beaucoup de manifestants, sont venus ce 15 mars pour un changement profond, pour marquer l’histoire. De son côté, le président Vucic a tenté de tenir encore le peuple par la peur, en disant que cette journée serait d’une anarchie totale, avec de nombreux morts, bref que sans lui, ce serait « la chienlit », le chaos. Or c’est tout le contraire qui s’est passé. Les provocations de ses hommes de main n’ont pas marché prouvant seulement un peu plus qu’ils n’étaient plus qu’une toute petite minorité sans autirité et sa police, mise à part l’utilisation d’un canon à son qui a provoqué un instant de panique, a été invisible ou dépassée ou tout simplement n’obéissait déjà plus. Ça a été ainsi une démonstration de force « des étudiants » qui dirigent le mouvement, non seulement par le nombre mais aussi par la maîtrise des évènements. Ils ont démenti, par la maîtrise et l’organisation de cette immense manifestation, tous les pronostics catastrophiques du pouvoir. La question est maintenant de savoir si cette démonstration de force maîtrisée, en fait la naissance d’un nouveau pouvoir, va encourager à l’émergence large d’autant de nouveaux pouvoirs locaux de démocratie directe partout comme y appellent les étudiants.
Il faut dire que ce soulèvement a été préparé en profondeur dans la population. Il ne sort pas de nulle part. Cela fait plus de trois ans que les mouvements nationaux massifs s’enchainent sans discontinuer en Serbie : contre les violences liées à la propagande de haines et divisions ethniques et religieuses suscitées par le pouvoir, contre le trucage des élections dans ce pays où il n’y a pas eu d’élections non truquées depuis 12 ans, contre la destruction de la nature par l’exploitation d’une mine de lithium. Divisions du peuple, démocratie, écologie. Ainsi, lorsque les étudiants se sont mis à occuper 85 facultés après l’effondrement du toit de la gare de Novi Sad avec le soutien de toute la population par des manifestations massives régulières, il y avait déjà une expérience populaire de contestation antérieure et il y avait déjà plus dans leurs revendications que la simple exigence de la fin de la corruption des membres du gouvernement. Il y avait déjà l’idée dans les esprits de beaucoup que cet effondrement du toit était le symbole de l’effondrement de tout un système pourri qui nie toute démocratie, encourage au fascisme et fait passer la vie après les profits. Un caractère général qui a été très rapidement compris dans les autres pays voisins où le mouvement serbe a généré, réveillé ou amplifié des mouvements parallèles sous-jacents ou semblables, divisons ethniques, démocratie, écologie, dans les pays des Balkans et d’Europe orientale
Cet ensemble et les mouvements précédents en Serbie ont fait que très rapidement, plus personne n’a véritablement obéi à Alexander Vucic le président, ne pouvant plus vraiment utiliser la répression, plus très sûr de sa police et de ses partisans. Il a beau dire que ses partisans se battront jusqu’au sang, qu’on ne le mettra pas dehors comme Bachar El Assad, c’est bien le sort qui l’attend. La seule question pour lui est de savoir si Moscou l’accueillera ou non.
Ainsi déjà au début, durant la deuxième semaine de manifestations à Novi Sad où la lutte est la plus avancée, Vučić a appelé 50 000 des membres de son parti à venir défendre les locaux du parti. Vingt-sept personnes seulement sont venues dont des trafiquants de drogue rémunérés, le Premier ministre et des hauts fonctionnaires provinciaux. Personne d’autre. Ils n’existent plus. Les ministres n’osent plus aller dans les magasins, au marché, dans les cafés… Le maire de Novi Sad doit aller chez le coiffeur avec une sécurité privée ! Ils n’organisent plus de fêtes annuelles, d’assemblées générales, de cocktails de presse, rien… de peur qu’elles ne suscitent des contre-mobilisations. Vucic a viré quelques notables et le premier ministre pour tenter de stopper le mouvement. Ça n’a servi à rien.
Ces semaines passées, il a déployé 250 unités spéciales de police pour tenir une session de l’Assemblée de Voïvodine à Novi Sad et adopter le budget. Ils n’ont pas réussi à tenir la séance. Et il en a été de même pour plusieurs autres municipalités ces derniers jours dont les membres du SNS (parti au pouvoir) ont été chassés sans que la police ne veuille ou ne puisse s’y opposer.
Depuis la seconde journée de grève générale très suive du 7 mars, ce genre d’évènements se sont multipliés illustrant que le mouvement étudiant est devenu un soulèvement de toute la population en même temps que les Assemblées générales de démocratie directe des facultés se sont étendues à quelques communes. La RTS et la RTV, les deux principales TV publiques de Serbie ont été prises par les étudiants durant 24 h quatre ours avant le 15 mars sans que la police ne puisse y faire grand-chose, une grande partie des employés des télévisions soutenant les étudiants. La veille de la manifestation géante du 15 mars à Belgrade, des policiers ont fait savoir qu’ils se mettraient en maladie ce jour-là et d’autres ont déclaré qu’ils refuseraient de cogner sur les étudiants… leurs enfants. Le système est en train de s’effondrer. Il ne tient que parce qu’il n’y a pas encore un autre pouvoir, ces Assemblées de démocratie directe, l’enjeu des jours et semaines qui viennent.
Vucic est fini. Mais même au niveau de l’opposition officielle, il n’y a plus personne. Elle n’existe plus ; ne s’exprime pas sinon pour proposer – avec Vucic, un gouvernement d’experts neutres – alors que le mouvement en est déjà, lui, à un gouvernement du peuple par le peuple, toute la société civile étant dans la rue, les gens eux-mêmes, sans partis ni syndicats. Nul ne peut dire quelles formes et quels rythmes prendront exactement les lendemains du 15 mars, mais il est sûr que la révolution et l’histoire sont en marche.
Tout est nouveau. Ces étudiants parlent une langue différente, communiquent différemment. Ces jeunes sont la nouvelle révolution technologique, ils comprennent les choses différemment, ils sont libres et voient l’hypocrisie tout à la fois de l’Occident et de la Russie. Ils ont ouvert un nouveau champ de désobéissance civile et encouragé les autres à désobéir, à penser par eux-mêmes. Ils réclament l’État de droit, la démocratie, l’égalité, la fin de toutes les discriminations de sexe, de couleur de peau, de religion, ils ne veulent plus de frontières, de guerres, d’exploitation de l’homme par l’homme, ils ne veulent plus de ce système de propriété privée qui aboutit à la mainmise des gangsters sur les richesses. Ils inventent un nouveau monde dans leurs Assemblées générales quotidiennes. Les étudiants recherchent quelque chose qui disparaît lentement en Europe, mais ils ne veulent plus de l’ancienne démocratie qui a mené à la situation actuelle, mais une nouvelle démocratie dont tout le monde soit acteur. En même temps, ils réalisent qu’ils en sont le flambeau dont la tâche est de réveiller et d’illuminer l’Europe. D’où le soutien des étudiants de toute la région : la corruption, l’effondrement des institutions, la crise de moralité, la crise écologiste et démocratique, le manque d’idéologie nouvelle sont des problèmes qui affectent également les étudiants et les jeunes de Budapest, Podgorica, Sarajevo, Zagreb, Skopje, Sofia, Tirana, Rijeka et Athènes. Les messages des étudiants serbes sont instantanément compris. Cette fois, c’est des Balkans et d’Europe orientale que s’élève la flamme de la liberté. Leur tâche comme ils le disent est de réinitialiser l’Europe.
Ces jeunes sont actuellement le point le plus flamboyant de toute cette Europe dont le camp des prolétaires ne manque pas de luttes mais est si pauvre politiquement. Les étudiants se battent non seulement pour la liberté de la Serbie, mais aussi pour la liberté de l’Europe et de l’Amérique de Trump, et tout particulièrement celle de la Russie vu leur proximité, leur histoire récente et le poids de Poutine. Bien conscients de cela, les étudiants serbes qui sont aujourd’hui la pointe la plus avancée de ce mouvement général ont publié un manifeste s’adressant à tous les étudiants d’Europe et du monde les appelant à rejoindre leur lutte pour une Europe libre pour stopper le fascisme montant, pour se débarrasser de l’exploitation et de toutes les oppressions. Le premier manifeste de riposte de la jeunesse et des peuples à Trump/Poutine et leur monde.
C’est tout cela, cette riposte générale appuyée sur toute cette expérience accumulée dans ces luttes qui se fait entendre aujourd’hui et qui en essaimant rapidement dans les Balkans pourrait bien s’étendre ensuite dans toute l’Europe, la Russie, l’Amérique.
Alors contre les barrages des médias occidentaux ui cachent cet ébranlement, inscrivons-nous pleinement dans ce mouvement et faisons largement connaître cette révolution en cours, notre révolution.
Mobilisé depuis plus d’un mois, Cultures en lutte est un mouvement inscrit dans une lutte nationale qui regroupe les travailleur.euses de la culture. En Île-de-France, l’organisation du mouvement se décide, en assemblées générales réunissant, chaque semaine de plus en plus de gens issus de la société civile et des syndicats de l’art et du spectacle.
Face aux attaques répétées contre la culture – coupes budgétaires massives des subventions territoriales et de l’audiovisuel public, gel du Pass culture, précarisation des conditions de travail, RSA conditionné à 15h hebdomadaires…
Par ces actions, des rendez-vous ont pu être obtenus avec le ministère de la Culture pour faire entendre les revendications, mais ils n’ont abouti à aucun engagement concret. C’est pourquoi, ce 20 mars 2025, un appel a une journée de grève et de mobilisation a eu lieu.
Dans l’émission de ce jour, nous serons dans cette manifestation, qui allait de la place de la bastille jusqu’au ministère de la Culture et avec une action d’occupation du centre Beaubourg en début de soirée.
Le 15 Mars avait lieu la marche contre les violences d’état, les crimes et le racisme d’état, appelé par le Réseau Entraide Vérité et Justice. Le 18 mars La gaité lyrique occupée depuis 4 mois par le collectif des mineurs isolés était expulsée suite à la décision de la Préfecture de Paris. Le 22 mars avait lieu la marche contre le racisme et le fascisme appelée par la Marche des Solidarités.
Dans cette émission nous avons choisi de réunir plusieurs reportages réalisés lors de ces événements afin de traiter de la question des violences d’états dans leur ensemble. Vous entendrez donc dans une première partie d’émission les reportages réalisés le 15 mars et dans une seconde nous suivrons le collectif des mineurs isolés et la marche des solidarités de l’expulsion de la gaité lyrique à la manifestation du 22 mars 2025.
En réponse au Sommet pour l’Action sur l’IA organisé par l’élite technocratique les 10 et 11 février 2025 à Paris, événement où était invité Donald Trump, Elon Musk, Sam Altman (Open AI) ou encore le dictateur indien Narendra Modi, Anti-Tech Résistance organisait le 8 février 2025, à la Bourse du travail de paris, un Contre-sommet de l’IA dans le cadre de la campagne Intelligence Artificielle Dictature Universelle.
Au programme de ce Contre-sommet de l’IA, une journée de conférences pour comprendre les enjeux, les risques et les menaces engendrés par l’IA pour nos sociétés.
Dans les émissions précédentes, nous vous avons diffusée une 1ʳᵉ table ronde sur IA, vers une perte des savoirs une seconde table ronde sur IA et extractivisme et Ce que l’IA ne peut pas faire émission que vous pouvez retrouver sur notre site actualitedesluttes.info
et dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de la dernière table ronde avec comme thème Peut-on réguler l’IA ? Présenter par l’Association Française Contre l’Intelligence Artificielle et en seconde partie, Comment stopper l’IA animée par Anti-Tech Résistance
Intelligence artificielle : le sommet du mélange des genres
Le Sommet international pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA) qui a lieu à Paris en ce mois de février 2025 tient à la fois de la foire commerciale et de la grande messe où les dirigeants de multinationales et de start-ups sont conviés à s’asseoir à la même table que les gouvernements. On y parle d’intérêt général et de régulation tout en négociant des contrats et des investissements, sur fond de brouillage des frontières entre public et privé. Un entre-soi qui sert surtout à écarter les vraies questions. Suite dans le lien si dessous
Le samedi 1er mars, la municipalité de Saint-Denis, inaugurait la place Jean Jaurès. Cette place centrale où se tenait depuis longtemps le marché de cette ville que la municipalité a décidé de le déplacé. Lors de cette cérémonie, des collectifs de luttes, se sont rappelés, au bon souvenir de la municipalité. A cette occasion nous vaon pu réaliser un reportage avec certain d’entre eux, entre autres, le collectif pour le bus en centre-ville, le collectif droit aux étrangers et étrangères.
Plus tard dans cette journée de samedi, se tenait une réunion publique du collectif ilot 8 en péril. Le collectif de l’îlot 8 a déposé en décembre 2023 un recours devant le tribunal administratif contre la convention signée avec l’ANRU par la ville de Saint-Denis, l’EPT Plaine Commune et les bailleurs du territoire, sur le projet de rénovation du centre-ville. Ce recours porte sur le projet de résidentialisation des îlots de la ZAC Basilique qui va impacter durablement les locataires qui l’habitent : destruction des passerelles, destruction des escaliers publics, suppression de la dalle faisant le lien entre les îlots, 9, 8, 4, suppression des services sur la dalle tels la crèche, le centre de radiologie, Objectif emploi, la Maison Jaune…, privatisation et végétalisation des espaces sur dalle avec hausse des charges dues au transfert de l’entretien et de la maintenance vers les locataires.
Dans cette émission vous pourrez donc entendre dans un premier temps le reportage réalisé lors de la cérémonie d’inauguration de la place Jean Jaurès, puis dans un second temps, une partie des interventions réalisées lors de la réunion publique avec le collectif de l’ilot 8.
Le vendredi 14 mars OCLM-VP organisait une réunion publique intitulée « quelle perspective pour une Palestine libre laïque démocratique de la mer au Jourdain » avec la participation de Naji El Khatib, universitaire palestinien militant de l’initiative pour un Etat démocratique (ODSI). Nous vous diffusons aujourd’hui le montage réalisé à partir des prises de paroles enregistrées lors de cette réunion.
Dans cet article nous vous faisons suivre l’interview du militant de l’ODSI, intitulé l’ initiative pour un seul Etat démocratique en Palestine, publié dans le Magazine Partisan en Décembre 2024.
Plus d’informations en français (et en anglais) sur leur site https://odsi.co/fr/
Peux-tu nous présenter l’Initiative ?
L’Initiative pour l’État démocratique unique (ODSI) est une initiative politique qui œuvre en Palestine et dans la diaspora palestinienne pour faire revivre la proposition palestinienne historique, à savoir une Palestine démocratique et laïque, du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée. L’ODSI a émergé au sein de la mouvance ODS qui a commencé à se constituer suite au congrès de Munich en 2012, suivie par le congrès de Zurich en 2014. Le Congrès d’Istanbul de 2017 a propulsé les bases politiques de ce qui est devenu l’ODSI autour de 2022. Ses bases sont des marquages forts distinguant ODSI des autres groupes ODS, à savoir le refus d’amalgamer l’État démocratique avec l’État binational, considérant que l’État démocratique est un État laïque par essence et que la question de la démocratie est universelle, c’est-à-dire qu’elle soutenait tous les combats pour la démocratie aux échelles internationale, régionale et surtout dans les pays arabes limitrophes de la Palestine.
Que révèle le génocide mené à Gaza de la nature du sionisme ?
Le génocide qui accompagne la colonisation de peuplement est apparu clairement comme un élément « structurel » dans le projet sioniste et non pas un « moment » ou un « évènement » donné dans un conflit militaire. Patrick Wolf a remarqué que la colonisation de peuplement (Settler Colonialism) qui provoque des évènements majeurs comme le génocide, comme la Nakba de 1948, représente « une réalité continue » et cette réalité sur la durée n’est que la démonstration d’une structure propre qui dépasse de loin un simple évènement du passé (ou du présent génocide à Gaza). Le génocide est alors, un élément constituant du projet sioniste, c’est-à-dire : Créer un État colonial avec sa base sociologique qui nécessite la disparition physique des natifs autochtones. La création de toute pièce de cette Colonie-ghetto ne peut se faire que par la force destructrice d’un État puissant et d’une société spartiate militarisée ; Cette « dérive » fasciste qui est largement partagée, n’est en réalité qu’un élément essentialiste et profond du projet sioniste : 99 députés sur 120 députés à la Knesset ont approuvé le génocide à Gaza (11 abstentionnistes et 10 députés palestiniens contre la politique génocidaire) ; Le génocide culturel par la destruction massive des universités, des écoles, des bibliothèques, des centres culturels, des théâtres et l’assassinat de centaines d’académiciens, d’écrivains et d’artistes, (et même du Palais de Justice) accompagnent le génocide physique des civils. Il est même sa condition sine qua non comme l’a noté Richard Ovenden par rapport à la guerre en Bosnie
L’hystérie collective gagne même Yossi Beilin, un des architectes des Accords d’Oslo qui approuve le génocide à Gaza ; La jubilation des soldats devant les scènes d’horreur : le sadisme d’un officier qui fait exploser des bâtiments en guise de cadeau pour sa fille qui fête son anniversaire, le char qui écrase le cadavre d’un palestinien à plusieurs reprises, etc… ; la liste est longue, sans rajouter des descriptions insoutenables des traitements inhumains et dégradants, ainsi que la torture systématique infligée aux prisonniers politiques…
Le Fatah et l’Autorité Palestinienne sont devenus des instruments aux mains du colonialisme et de l’impérialisme. Le Hamas prétend représenter une alternative et revendique d’avoir repris le leadership politique palestinien. Que faut-il en espérer ?
S’il est vrai que le Fatah est le parti unique de l’autorité de Ramallah, il faut faire la distinction entre les deux entités, car le Fatah, en tant que grande organisation de masse qui inclut un nombre conséquent de différents segments de la société palestinienne, reste lié à la question nationale et ses principaux constants. Cela dit, c’est injuste de les amalgamer allégrement car il existe encore des forces et des groupements dans les rangs du Fatah qui s’opposent à la politique de l’Autorité de Ramallah, même si elles ne sont pas capables de corriger le cours politique des dirigeants du Fatah. L’Autorité est devenue une autorité fonctionnelle affiliée à Israël et aux États-Unis, et cela ne s’applique pas au Fatah dans son ensemble en tant qu’organisation de masse. Quant au Hamas, dont le rêve historique est de remplacer l’OLP et le Fatah pour devenir « le représentant » unique de la cause nationale, il a été la première victime de l’attaque de 7 Octobre. Cela confirme l’idée que Hamas est toujours victime de ses propres succès : En 2006, sa victoire électorale la transforme d’une organisation de résistance à une organisation étatique (au moins à Gaza) gérant les affaires civiles d’une zone sinistrée, sous siège militaire intégral et sans ressources. Hamas, en se transformant en semi-structure-étatique, a perdu de la crédibilité et de la popularité (au mois chez les Gazaouis) et a montré son incapacité à construire un régime qui respecte les aspirations légitimes de son peuple (autoritarisme excessif, répression sociale et surtout contre les femmes et exclusivité du pouvoir vis-à-vis des autres organisations politiques). L’autre aspect de cet échec de la victoire de 2006 est l’insaturation de la première division profonde et le plus long dans l’histoire de la classe politique palestinienne. Ajoutons à cela que le régime du Hamas à Gaza a été similaire à celui de l’Autorité de Ramallah dans ses pratiques répressives au quotidien. Cette situation est dramatique, car d’une part, le Hamas ne pourra pas occuper les sites de combats abandonnés par l’OLP, et d’autre part les forces démocratiques indépendantes (y compris certaines forces au sein du Fatah), n’ont pas encore été en mesure de représenter une véritable alternative. Nous sommes dans l’impasse terrifiante et notamment dans ce temps de génocide et de guerre totale qui se passe de Gaza jusqu’à la Cisjordanie.
Certains Palestiniens pensent que la solution passe par une résurrection de l’OLP, en la rendant plus démocratique et en l’ouvrant à d’autres fractions. Est-ce une solution ?
Oui, certains pensent qu’il y a toujours une possibilité de restructurer l’OLP sur des nouvelles bases plus démocratiques, mais personne ne croie que cette démocratisation passe par l’ouverture de l’OLP sur ces autres factions qui ne sont pas elles-mêmes démocratiques.
L’OLP a été créée sur un système de quotas attribués arbitrairement à des différentes organisations selon les conjonctures politiques du moment, et ce système n’est guère démocratique. Cela dit, Hamas doit trouver sa place à côté du Fatah dans cette OLP reconstruite (si elle sera reconstituée ?) et les 12 autres factions-coquilles-vides vieillissantes doivent se retirer de la scène politique pour permettre aux autres forces sociales et politiques indépendantes de se développer pour exister. Personnellement, je ne crois pas trop que la solution est de renouveler l’OLP qui a été le produit de son temps (guerre froide, guerres des libérations nationales triomphantes, montée des mouvances des gauches radicales, etc) et ce temps est révolu. L’imaginaire politique palestinien doit trouver d’autres voies pour sortir de cette vacuité de pouvoir représentatif véritable du peuple palestinien.
Pourquoi la Solution à deux États est une illusion ?
Tout d’abord, c’est une « solution » (s’il s’agit réellement d’une solution) archaïque et raciste, les Palestiniens dans leur État et les juifs israéliens dans le leur. Mais en réalité, les accords d’Oslo dans la perception de la « gauche » israélienne au pouvoir dans ces moments-là, n’ont jamais envisagé la création d’un État palestinien véritablement souverain et indépendant. La preuve en est que dans ces dits « Accords » de 600 pages, ne contiennent pas un seul mot sur : Mettre fin à l’occupation, Mettre fin à la colonisation, ou un seul mot mentionnant la création d’un État palestinien. Il s’agit tout simplement d’une supercherie grossière qui a duré 30 ans déjà. Dans ces temps de « négociations » surréalistes, mais hautement bénéfiques pour la colonisation : le nombre de colons en Cisjordanie est passé de 160.000 en 1994 à 800.000 colons en 2022 (des autres sources évoquent un million de colons déjà installés) et le nombre des colonies a triplé. Les territoires présumés faire la base territoriale du futur État-fiction sont passés de 23% de la terre de la Palestine mandataire à, à peine 9%. La « non-solution » des deux États a été conçue et planifiée par l’établissement sioniste pour la gestion du conflit et non pas pour sa résolution.
Peux-tu nous expliquer la différence entre un État démocratique et un État binational ?
ODSI est la continuation d’un groupe constitué pendant les travaux de Congrès ODS d’Istanbul de 2017 tel que précédemment mentionné. L’un des points de divergence avec d’autres congressistes et d’autres groupements ODS comme le groupe de Haïfa a été autour de cette question binationale. Cette question controversée concerne la communauté juive israélisée comme un groupe national constitué ou comme une communauté à marquage culturelle et cultuelle a dominé les débats sur les années de 2018 à 2020. Pendant ces années, une tendance minoritaire vers le bi-nationalisme de l’État démocratique commence à s’exprimer tièdement au sein du groupe ODS-Haïfa donnant des indications proactives de ce qui va devenir plus tard (et sans ambiguïté) la position de la Campagne « for One Democratic State » (ODSC). Ainsi, et sous l’influence de l’un des dirigeants d’ODSC, Jeff Halper, nous étions confrontés à la reconnaissance de l’idée que les Juifs ou les Israéliens constituent une seule nationalité (un groupe national) avec la nécessité de leur accorder des droits collectifs spécifiques, ce qui nous amène à la conclusion (par extension) qu’ils ont le droit à l’autodétermination et, conséquemment à leur État national. Ceci est incompatible avec le principe d’un État démocratique unique, qui considère cet État comme un État de citoyens égaux sans tenir compte de leurs spécificités culturelles et religieuses, c’est-à-dire que l’État démocratique est un État inclusif, non-national (postnational), ni juif ni islamique, ni État charia ni État de halakha et il ne peut pas être similaire au modèle occidental en tant qu’ « État-nation ».
Si nous acceptons que leur spécificité religieuse en tant que Juifs est une spécificité nationale, à savoir si nous acceptons de facto qu’ils constituent un groupe national qui s’accomplit en tant que nation, une nation dont les membres jouissent de droits collectifs sur la base de ce lien national qui les unit. Si nous acceptons l’idée de la nation juive ou juive-israélienne, nous capitulons devant les thèses sionistes. Nous avons averti nos camarades de ce danger de légitimer le récit sioniste fondateur qui considère tous les Juifs comme membres d’une nation éternelle à travers les âges et dans tous les pays dont ils faisaient partie. Ici, nous nous sommes opposés à cette dérive acceptant cette revendication sioniste qui est le support central de l’établissement de l’État juif en tant qu’État-nation exclusif. ODSI a produit un texte détaillant cette différence majeure entre État démocratique de citoyenneté et un État binational. (Je peux vous fournir ce document que nous avons intitulé « ODS ou OBS » si vous souhaitez)
Quel est votre point de vue sur la gauche palestinienne, notamment le FPLP ?
La gauche palestinienne, dépendante des régimes autoritaires et sanguinaires de Damas et de Téhéran, a perdu toute crédibilité, surtout le Front populaire. Les Fronts populaires et démocratiques sont devenus des organismes formels vivant des gloires d’un passé lointain de lutte, tandis que leurs appareils bureaucratiques continuent d’exister en marge des événements. Les fragments de gauche restants dans leur discours ne peuvent pas cacher leur dépendance à l’égard des forces qui oppriment brutalement leur peuple (le régime syrien ne tue pas seulement des Syriens, mais aussi des Palestiniens de Syrie). Nous pouvons dire sans hésitation qu’il n’y a plus de gauche Palestinienne organisée à l’heure actuelle mais il y a un peuple de gauche indépendant et des militants isolés au sein de ces deux organisations.
Pensez-vous qu’il existe, parmi les Juifs israéliens, une fraction de la population qui puisse être ralliée au projet d’un État démocratique ?
Nous ne cultivons pas d’illusions concernant une adhésion rapide et large pour l’État démocratique, notamment dans ces derniers temps où il y a une polarisation rampante vers le fascisme populaire et institutionnel. Il reste que l’État démocratique est une proposition politique palestinienne adressée aux Palestiniens et aux Israéliens comme les deux partenaires de ce futur État. Ce qu’il y a de pire dans la société israélienne, c’est l’expansion flagrante d’une droite suprémaciste et raciste, héritière de feu le rabbin Kahane. Et pour contrôler le pouvoir, elle a dû faire une place de choix à l’extrémiste Itamar Ben Gvir, admirateur avoué de Baruch Goldstein, l’auteur du massacre des Palestiniens d’Hébron, en 1994. Cette dérive vers la droite extrême, il n’aura pas fallu vingt ans pour que les amis de l’assassin d’Itzhak Rabin parviennent au pouvoir. En Israël d’aujourd’hui, le crime paie ! Il ne faut pas croire que Ben Gvir est un extrémiste isolé dans la petite cour des miracles de Netanyahou. Il a recueilli 10 % des voix. Son parti est le troisième de la Knesset. Et d’autres personnages, comme Bezalel Smotrich ou Naftali Bennett, rivalisent de racisme et de haine avec lui. En effet, il faut rappeler que la droitisation, comme on dit, n’est pas le seul fait de la droite. La gauche y a largement contribué en se sabordant en 2001, sous les auspices du tandem travailliste Ehud Barak-Shimon Peres. L’histoire de la gauche sioniste n’est qu’une longue déchéance dont les résultats des dernières législatives sont l’aboutissement tragique, avec un parti travailliste réduit à quatre sièges et la disparition du Meretz. On peut toujours gloser sur la droitisation de la société israélienne, mais que peut-il advenir d’autre quand les partis de gauche se sabordent ? Dans ce climat néfaste que la société Israélienne traverse, nous pouvons affirmer sans hésitation l’opposition de la majorité des Israéliens aux thèses ODS car ils les perçoivent comme une menace à l’identité juive de l’État d’Israël. Ils craignent qu’un État démocratique conduise à une situation où les juifs deviendraient une minorité, mettant fin au caractère exclusivement juif de l’État.
En dehors de cette majorité, il y a des voix minoritaires des juifs israéliens dé-sionisés, des intellectuels, des universitaires et des journalistes qui luttent contre cette machine de propagande qui conditionne la société israélienne et déshumanise les Palestiniens pour justifier les pires crimes. Le célèbre historien Ilan Pappé s’adresse à son pays en novembre 2023 en disant « qu’il n’est pas toujours facile de s’en tenir à sa boussole morale, mais si elle pointe vers le nord (vers la décolonisation et la libération) alors elle vous guidera très probablement à travers le brouillard de la propagande vénéneuse. » Ensuite, malgré des années d’endoctrinement et d’ingénierie sociale sioniste, il y a quelques segments des Mizrahis (juifs orientaux), des libéraux sionistes qui essayent de se libérer du sionisme et de son État juif exclusif.
En France, comme dans beaucoup de pays occidentaux, les médias bourgeois et les gouvernements impérialistes veulent criminaliser l’antisionisme, en prétendant qu’il ne serait qu’une variante de l’antisémitisme. Que leur répondez-vous ?
L’antisionisme est une longue histoire proprement juive avant qu’il devienne l’un des aspects de la lutte des Palestiniens contre le projet colonial sioniste. L’histoire du Bund montre que le combat contre le sionisme ne date pas d’aujourd’hui et qu’il a été mené par des juifs qui ont détecté sa nature véritable comme mouvement réactionnaire et colonial au service de la bourgeoisie. Il faut noter qu’il y avait bien deux voies parmi les juifs d’Europe, et les sionistes n’étaient pas majoritaires. Mais les antisionistes ont tous ou quasi tous été tués, et nous savons fort bien que cela n’a dérangé ni les dirigeants sionistes, ni les dirigeants occidentaux. Après quoi, ils se servent à tout-va du nom de ceux qu’on a tués pour leur projet colonial. Or, si l’antisionisme a été initié par des juifs qui ne sont pas naturellement d’antisémites, nous ne pouvons pas accuser d’antisémitisme qui combat le sionisme aujourd’hui, le sionisme comme une idéologie nationaliste et raciste au service d’un projet colonial de peuplement.
Comment nommer l’État démocratique pour lequel vous luttez ? État israélo-palestinien ? Palestine laïque et démocratique ?
Le nom de l’État démocratique sera la Palestine, l’État démocratique et laïque de la Palestine. Tous les juifs en Palestine avant la création de l’État d’Israël ont été naturalisés palestiniens, ils redeviendront de nouveau des Palestiniens à part entière. Devenir palestinien, c’est avoir une identité politique liant l’individu à la communauté politique, qui est post-nationale, post-ethnique, post-religieuse. Ce citoyen peut avoir une sous-identité au niveau individuel qui le caractérise. Il y aura une réconciliation entre son identité politique de citoyen et sa propre identité individuelle, et il pourra vivre dans ces deux appartenances.
Quelle est la place des religions dans la perspective d’un État démocratique ?
Cette question a été un des axes de divergence dans le Congrès ODS à Istanbul. Ici, la première question controversée restée en suspens depuis ces années (2018-2019) tournait autour de la nécessité de définir la nature de cet État promis, la nature de son système politique et la nécessité de coupler son essence laïque avec sa politique démocratique. Cette question laïque est toujours un sujet de débat vu la « résistance » des courants traditionalistes et islamistes contre son adoption, mais, nous insistons dans ces débats sur l’idée que le seul État respectueux de la religion est l’État laïque, car cet État est le garant du respect de toutes les croyances y compris religieuses. Nous introduisons dans ces débats ouverts nombres de points et surtout « la neutralité » de l’État vis-à-vis les diverses croyances de ses citoyens et que l’État en soi n’a pas de religion déclarée. La persistance de ces débats a amené l’ODSI, lors d’une conférence en juillet dernier, à traiter ce sujet explosif pour formuler des réponses claires étant donné le rôle important que jouent la culture populaire islamique et la philosophie politique islamiste en Palestine. Comment pouvons-nous gérer ces tendances et convaincre les gens de notre vision ? En effet, l’islam politique présente un obstacle important en raison de sa nature prescriptive et du renforcement des mouvements du Hamas et du Jihad au cours des dernières décennies. Avant cette conférence en juillet, nous avons aussi débattu cette question en mai dernier avec un groupe juif israélo-américain (Shoresh). La question concernant le rôle de la religion a été posée dans le terme « comment imaginez-vous que l’idée d’un État laïc puisse fonctionner étant donné le rôle central que joue la religion à la fois dans l’identité des peuples, leur autodétermination et leur gouvernance ? »
Nous avons formulé la réponse qu’il y a un problème dans la pensée orientaliste en Occident (et par extension chez les Israéliens), et ce problème consiste à considérer la religion comme quelque chose d’essentialiste, immuable, durable, non changeant, non évolutif ; figé dans le temps… En réalité, il ne s’agit que d’idées préconçues que la vie réelle nie. La religion, comme tout système de valeurs et de pensée idéologique et comme l’une des composantes d’une identité collective, est l’objet de changements, d’acculturation, d’adaptation. Le rôle du pouvoir politique est majeur et crucial dans ces changements, adaptations, modifications : Il suffit que la loi s’adresse directement à l’individu sans l’intermédiaire de sous-pouvoirs communautaires ou religieux. L’individu, le citoyen, doit exister à titre individuel et non en tant que membre d’une communauté. L’État et ses institutions sont neutres par rapport à ce citoyen. Cet État inclusif instaurera des valeurs communes de citoyenneté politique et non ethnique ou religieuse. L’État laïque et démocratique est le seul représentant de sa communauté de citoyens ; il est avant tout une communauté politique. L’identité sera une identité politique et non ethnique ou religieuse. Dans ces conditions, la religion et l’identité particulière demeurent confinées à la sphère privée. Il est évident que la loi de cet État exclura la charia, la halakha et leurs dictats imposés au comportement de l’individu.
Comment imaginer le retour des réfugiés, revendication très importante du mouvement national palestinien et pierre de touche du colonialisme sioniste ?
La question du retour est doublement essentielle pour les Palestiniens et pour le projet de colonisation israélienne. Pour les Palestiniens, il n’y aura pas de réconciliation avec les Israéliens sans que ces derniers reconnaissent l’injustice qu’ils ont infligé au peuple palestinien en 1948. La seule réparation possible pour ce crime est le retour des Palestiniens dans leur pays natal. Concernant ce hold-up du siècle dernier, le refus des sionistes d’admettre le droit du retour au peuple palestinien signifie le refus du voleur de rendre au propriétaire l’objet volé. Reconnaître le droit de retour signifie que l’acte fondateur de l’État d’Israël a été basé sur le vol de la terre palestinienne, sur le nettoyage ethnique et des massacres pour exproprier la Palestine entière afin de la transformer en État juif exclusivement où il n’y a pas de place pour le Palestinien natif de cette terre.
Comment surmonter les haines accumulées au fil des décennies ?
En politisant la haine, en rendant justice et en appliquant l’« accountability », le principe de responsabilité et l’obligation de rendre compte de leurs crimes de guerre.
Quelles initiatives, l’Initiative a-t-elle mené jusqu’à présent, en Palestine, en Israël ou à l’étranger ? Quelles prochaines initiatives envisagez-vous ?
Nous sommes une jeune organisation et nous (ODSI) ne sommes pas encore assez forts mais nous possédons la force de la proposition ; nous avons mené plusieurs initiatives en Palestine dans la perspective de créer des alliances alternatives pour combattre cette vacuité du leadership palestinien. Nous avons entamé des discussions en 2023 avec la mouvance démocratique palestinienne qui regroupe plusieurs tendances et notamment le « Congrès de 14 millions » dirigé par « Omar Assaf », une personnalité indépendante en Cisjordanie. Nous avons également mené des discussions intenses avec le mouvement de « Moustapha Bargouthi », l’« Initiative Nationale Palestinienne ». Et du côté Israélien, nous avons participé au lancement d’un Appel adressé aux israéliens intitulé « A Notre Autre » et qui a suscité « beaucoup » de réactions et des débats avec ces Israéliens qui commencent à sortir de l’idéologie sioniste. Nous avons aussi entamé des discussions et des projets de travail communs avec un groupe Israélo-américain (Shoresh). A l’étranger, nous avons lancé un « Appel à nos amis juifs », un appel qui a reçu des bonnes réactions de deux parts, 14 000 palestiniens ont signé l’Appel dès la première semaine de son lancement et des centaines des jeunes juifs, notamment américains, ont adhéré à cet appel. Suite à ces activités, nous avons établi des contacts avec le groupe « Jewish Voice for Peace » aux USA. https://odsi.co/en/statements/open-letter-jewish-allies/ En mars dernier, nous avons participé à une conférence à Bruxelles avec la participation de plusieurs forces politiques et spécifiquement le PTB et des intellectuels comme Ilan Pappé. En juin, l’ODSI a publié son Manifesto “La Palestine de demain”, signé par 20.668 Palestiniens. https://odsi.co/fr/statements/declaration-tomorrows-palestine
Nous allons lancer prochainement une campagne vers la création d’un mouvement démocratique Palestinien en Palestine et dans la diaspora palestinienne.
Nous vous proposons ce jour d’écouter un montage du podcast de BLAST intitulé France Algérie, une crise sur fond de racisme colonial produit en mars 2025 avec la participation de Paul Max Morin et Nedjib Sidi Moussa.
Rien ne va plus entre l’Algérie et la France. Depuis la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental par Emmanuel Macron, la crise diplomatique entre les deux pays s’aggrave de jour en jour. Arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en Algérie, déclaration choc et mise en scène du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau pour satisfaire l’extrême droite. Et un président français aux abonnés absent. Alors à quoi assistons-nous ? Cette crise annonce-t-elle un tournant dans les relations en la France et l’Algérie ? Et comment la pensée raciste et coloniale d’une partie de la classe politique française alimente cette crise ?
Une fois n’est pas coutume, nous revenons dans l’émission de ce jour, sur la victoire des salarié-e-s de la société de logistique Géodis a Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine.
Le mardi 18 février 2025, les ouvrier·es de l’entrepôt Geodis à Gennevilliers, ont commencé une grève reconductible pour les salaires et la dignité. Lors des négociations annuelles, la direction avait proposé des augmentations ridicules alors que Geodis, filiale privatisée de la SNCF, est le leader de la logistique en France et que ce secteur est en plein boom. Un lieu central pour la circulation des flux en Île-de-France
Le mardi 11 mars 2025, une grande fête de la victoire se tenait sur le piquet, au cœur du Port de Gennevilliers.
Dans l’émission de ce jour, nous entendrons l’entretien réalisé sur le piquet de grève début mars avec une salariée, qui nous parlera des motifs de cette grève et nous poursuivrons avec la soirée du 11 mars et la signature victorieuse de cette grève et les diverses prises de parole et interview réalisé ce même jour.
Nous terminons cette émission, avec quelques dates de mobilisations
Mardi 18 mars à 9h , Rectorat de Paris – site Visalto 12 Boulevard d’Indochine 75019
Rassemblement devant le rectorat des enseignant.es du second degré (SNES FSU), contre les suppressions de postes à Paris lors de la tenue du CSA second degré
mercredi 19 mars de 18h30 à 20h30, Bourse du travail Rue du Château d’Eau 75010 paris Assemblée Générale des salarié·e·s du secteur associatif d’Île-de-France
jeudi 20 mars Rassemblement dès 9h devant le rectorat – 12, boulevard d’Indochine, 75019 paris contre les suppressions de postes, fermetures de classes, remplacement, inclusion, décharges de direction… suivi a à 14h d’une AG à la Bourse du travail – Grande Salle Croizat
jeudi 20 mars à 14h École Militaire Avenue Anatole France 75007 Manifestation – Pour l’accès aux soins de toutes et tous – Pour la reconquête de la Sécu 9 organisations de retraité·es appellent à une mobilisation pour dénoncer le gel des pensions et exiger une augmentation immédiate de 10% des retraites face aux attaques gouvernementales et pour l’accès aux soins pour toutes et tous, pour des personnels et des budgets suffisants à l’hôpital public, pour la Sécurité sociale.
du 17 au 20 mars semaine de mobilisation appelé par Cultures en Lutte avec une manifestation jeudi 20 Mars à 14h devant l’opéra Bastille
Mobilisé depuis plus d’un mois, Cultures en lutte est un mouvement inscrit dans une lutte nationale, qui regroupe les travailleur.euses de la culture. Face aux attaques répétées contre la culture, coupe budgétaires massives des subventions territoriales et de l’audiovisuel public, gel du pass culture, précarisation des conditions de travail, RSA conditionné à 15h hebdomadaires… nous nous mobilisons pour défendre nos métiers et l’importance vitale de la culture dans notre société.
En appel à une première semaine de mobilisation du 17 au 20 Mars avec une manifestation jeudi 20 Mars à 14h devant l’opéra Bastille, nous vous diffusons aujourd’hui le montage d’une partie des prises de paroles réalisée lors de leur assemblée générale du mardi 12 mars 2025.
Le mardi 18 février 2025, sept députés et sept sénateurs de la commission mixte paritaire (CMP) se sont mis d’accord sur le texte de loi d’orientation agricole.
Quels sont les changements dans cette nouvelle version ? L’article 13, dénoncé comme « un permis de détruire la biodiversité », demeure. Il prévoit que seules les atteintes « intentionnelles » seront passibles de poursuites pénales. En clair : il faudra prouver que la destruction de la nature a été volontaire et réfléchie pour condamner le contrevenant. Or, en droit, prouver que la personne avait l’intention de tuer une espèce est très difficile.
Le texte réintroduit l’objectif de 21 % de surfaces agricoles cultivées en bio d’ici à 2030. Cette mesure avait été effacée par un amendement de Laurent Duplomb, invoquant la grave crise qui touche le secteur.
Enfin, s’il réintègre la notion de « transition climatique et environnementale », le terme « d’agroécologie » reste écarté. Ceci est tiré du site reporterre.
Pourquoi les agriculteurs sont-ils aujourd’hui poussés à s’endetter ? Pourquoi les techniques agricoles se révèlent-elles incapables de s’adapter au dérèglement climatique ? Pourquoi des pratiques polluantes sont-elles devenues la norme ? Pour comprendre le modèle agricole qui domine une grande partie du monde, il est nécessaire d’identifier les lignes de force industrielles qui le structurent et d’analyser l’intention capitaliste qui l’écrase. Et aussi la remise en question de la centralisation du modèle agricole.
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de la présentation du livre Agriculture industrielle, on arrête tout et on réfléchit” ! (Éditions Rue de l’Échiquier) cette présentation se tenait en compagnie de Jacques Caplat et Stéphane Kerckhove et cela se déroulait à la librairie quilombo à Paris, le 8 mars 2025.
Vous pouvez écouter la présentation du livre ; Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier… une enquête ouvrière réalisée par le groupe ; La mouette enragée aux éditions Acratie. Cette présentation a eu lieu à L’EDMP, à Paris, le 8 février 2025.
Ils se sont connus sur le port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), lors des barrages contre la réforme des retraites en 2010. Ils avaient tous deux 22 ans. Fabien occupait son premier poste de professeur d’histoire-géographie, Arthur terminait un master en contrat professionnel dans une entreprise de valorisation des déchets de la pêche. Ensemble, ils ont rejoint la Mouette enragée, un groupe communiste anarchiste qui publie un journal du même nom depuis 1992, toujours disponible dans les kiosques de Boulogne. Ils se veulent les héritiers d’une vieille tradition antiautoritaire propre à la ville portuaire.
Dynamique des mouvements sociaux
Pas de quoi fomenter une révolution : s’ils furent jusqu’à huit dans le groupe il y a quelques années, ils ne sont plus que quatre, dont Arthur, parti travailler dans une ressourcerie à Marseille. Mais ils croient à la dynamique des mouvements sociaux pour « renverser les rapports de force ».
Leur conviction : le travail est une question politique, car il est au cœur du système capitaliste. « La question n’est jamais travaillée dans les milieux qui réfléchissent à la transition écologique, regrette Fabien, aujourd’hui enseignant dans un collège à Lille. C’est ce qui explique en partie que l’urgence climatique n’est pas une priorité pour les travailleurs. »
Les membres de la Mouette enragée se sont lancés entre 2017 et 2023 dans la réalisation d’une « enquête ouvrière » qui donne à voir les conditions de travail des salariés en bas de l’échelle sociale et de l’échelle des salaires, dans des entreprises des Hauts-de-France et de Bretagne. Le fruit de leur travail a paru sous le titre Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier… (Acratie, 2023).
Le groupe s’est inscrit dans une tradition qui remonte aux débuts de l’industrialisation. Les premières enquêtes ouvrières sont réalisées par des hauts fonctionnaires, des ingénieurs ou des médecins comme Louis René Villermé, qui publie en 1840 un livre sur les ouvriers des manufactures textiles. En 1843, la féministe socialiste Flora Tristan réalise un Tour de France en vue d’un « état actuel de la classe ouvrière sous l’aspect moral, intellectuel, matériel ».
La plus célèbre enquête ouvrière est celle que Marx a publiée en 1880 sous le titre « l’Enquête ouvrière » et publiée dans La Revue socialiste. Le Belge Joseph Cardijn, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne en 1925, inscrit, lui, l’enquête au cœur de la méthode Jociste. On pense aussi aux écrits de Simone Weil en 1950. La tradition ressurgit dans les années 1960 en Italie, en France, en Angleterre, avec la volonté de réaliser un état des lieux réflexif mené au sein du monde ouvrier, un outil à part entière de la lutte des classes et non une étude sociologique à prétention scientifique.
Logistique et centres d’appels
L’équipe de la Mouette enragée a rencontré plusieurs dizaines de femmes et d’hommes travaillant dans le secteur privé, de tous âges, en CDD, en CDI ou en intérim. Dans le nord, ces emplois sont occupés par les enfants et petits-enfants des générations employées dans le charbon, le textile, la sidérurgie. Tous décrivent comment la taylorisation colonise une large part de l’industrie des services. C’est le cas dans la filière logistique, cinquième recruteur en France, avec 1,8 million d’emplois, quatre fois plus que l’automobile. On lit dans l’ouvrage les réponses de salariés de Vertbaudet, la Redoute, Amazon à un questionnaire très précis sur l’entreprise, les conditions de travail, l’argent, la hiérarchie, les collègues, les luttes.
Une vingtaine d’employés de centres d’appels ont accepté de répondre aux questions, dessinant un « prolétariat digital mais pas virtuel », « une tendance à la déqualification sociale du travail qui valide la disparition du métier au profit du job et de la fonction interchangeable ».
Quant à la production agroalimentaire, elle occupe une place dominante dans les Hauts-de-France, où elle emploie 70 000 salariés. À Boulogne, premier port de pêche français, les travailleurs de ce secteur se concentrent dans la zone industrielle de Capécure, qui regroupe 150 entreprises, première place de transformation de produits de la mer d’Europe. Partout, le travail est dur et le taux de rotation très important.
Abstention et vote sanction
« Nous avons été surpris par une constante un peu partout, relève Arthur : le matériel est mal entretenu. Les outils tombent très souvent en panne et leur obsolescence est à l’origine d’accidents du travail. On pourrait s’attendre à ce que les industriels investissent dans les machines pour augmenter la productivité, mais non. Celles-ci sont poussées à bout, comme les corps. »
« Nous avons aussi découvert qu’il existe de nombreux petits gestes de résistance, même si les salariés sont souvent fiers de leur entreprise. Il y a beaucoup de débrayages pour des augmentations de salaire au moment des négociations annuelles obligatoires, ou bien pour obtenir des pauses supplémentaires pendant les grandes chaleurs. Cependant, s’ils ont conscience d’être exploités, ils n’ont pas celle d’appartenir à une classe sociale qui pourrait être une actrice politique », ajoute Fabien. D’où l’abstention et le vote sanction.
« Je me suis politisé avec le CPE (contrat première embauche, spécifique aux moins de 26 ans, abandonné à la suite d’immenses manifestations en 2006, NDLR), raconte Arthur. Ce fut notre dernière victoire. Depuis, les mouvements sociaux n’ont fait qu’essuyer échecs sur échecs. Après des manifestations qui pourtant mobilisent des foules, les gens retournent au boulot, dépités. Soit, ils ne vont plus voter, pour la plupart, soit ils votent pour ceux qu’ils n’ont jamais essayés ».
Nous vous faisons entendre aujourd’hui de nouveaux échanges choisis, enregistrés lors du contre-sommet sur l’intelligence artificielle, qui se tenait le 8 février dernier, à l’initiative de Anti-tech Resistance et alors que la même semaine avait été précisément le rendez-vous avec force de propagande, de tout un tas de conférences sur le sujet pour en faire la promotion de l’IA et conclure des affaires. Ce contre-sommet était donc l’occasion de faire entendre des discours critiques sur l’intelligence artificielle, de réfléchir collectivement, et par là-même de construire une réflexion commune et de tisser des liens. La première partie de l’émission portera sur l’extractivisme pour une revue rapide, quand la seconde, elle, mettra en rapport le processus d’informatisation et la dite intelligence artificielle, par le collectif Écran Total.
La Coordination des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité @CoordNatComitesHopitaux est une association pluraliste regroupant des citoyen.ne.s, usager.e.s, élu.e.s, professionnel.le.s de la santé dans des collectifs ou comités locaux ou départementaux pour un égal accès de toutes et tous à la prévention, aux soins, à la santé, sans frein de quelque sorte, que ce soit géographique, financier, culturel, de genre, et d’origine. Elle s’est créée officiellement aux rencontres de Saint-Affrique des 3 & 4 avril 2004 et comprend plus de 70 groupes ou comités adhérents, présents sur toute la France. Dans la diversité de ses comités, son but est d’agir :
pour une réponse de qualité aux besoins de santé de la population garantissant une égalité d’accès à tous et toutes, en tout point du territoire sans discrimination.
pour le rétablissement, le maintien, l’amélioration et le développement des structures hospitalières de proximité dans le cadre du service public et d’un aménagement égalitaire du territoire.
pour le maintien, l’amélioration et le développement du maillage des soins de premier recours au plus près de la population. La Coordination Nationale permet la mutualisation des expériences, des savoirs et des savoir-faire et l’action juridique. Tout en respectant l’autonomie et la liberté de chaque comité, la Coordination Nationale permet à ses adhérents, à l’occasion de Rencontres Nationales, de se former, de mener une réflexion collective et d’émettre des avis et des propositions sur la politique générale de santé, son financement et ses déclinaisons dans les territoires et bassins de vie. Elle produit à cet effet un bulletin hebdomadaire d’information qui revient sur les luttes menées et qui permet de coordonner et d’échanger au sujet des actions a mener dans le domaine de la santé.
Le 1er février la coordination participé aux rencontre “Convergence Service Publics” qui se déroulait à Montreuil et dont le thème était la Sécurité sociale. C’est suite à cette rencontre que nous avons décidé de revenir avec eux sur leurs actions et leur organisation. Vous entendrez donc dans cette émission Jean, président du collectif de défense ADEMAT dans le pays de Remiremont, Jean Luc militant du collectif nantais pour le droit à la santé et la protection sociale pour toutes et tous, et Guillaume, président d’un collectif à Montargis.
Pour plus d’information : https://coordination-defense-sante.org/bulletin-de-la-semaine/
Par où passent nos colis ? Dans quels entrepôts logistiques dorment-ils et va-t-on voir ses entrepôts croître ? Vaste question qui se pose à Gennevilliers avec le projet Greendock.
Greendock est un projet d’entrepôt logistique géant, prévu sur les berges de Seine à Gennevilliers (92), de 600m de long pour 35m de haut : les promoteurs annoncent plus de 1200 rotations de véhicules par jour et seulement 7,5% de trafic fluvial
En mai 2024, une manifestation a rassemblé 2000 personnes à Gennevilliers. Depuis, le projet ne cesse de prendre du retard. Dans le courant de l’année 2025, une enquête publique doit être lancée pour faire valider ou invalider le projet dans les instances régionales.
Le Comité Local Plaine Tempête (Soulèvements Banlieue nord) conviait à une réunion publique le jeudi 13 février 2025, au 6B à Saint-Denis.
Cette soirée fut consacrée à la lutte juridique contre l’entrepôt géant Greendock et à une discussion sur la place du juridique dans les luttes.
Dans l’émission de ce jour, nous entendrons l’intervention de Maxime colin (juriste à France Nature Environnement IDF) sur des étapes juridiques du projet Greendock et un Retour d’expérience du collectif Laisse Béton Salvaza sur une victoire contre un entrepôt à Carcassonne.
Dimanche 16 février au soir, le groupe antifasciste Young Struggle Paris a subi une descente punitive du GUD et des supporters parisiens fascistes des Boulogne boys. Trente fascistes se sont introduits dans le local dans lequel était organisée une projection du film Z, de Costa-Gavras, qui présente justement la montée violente de l’extrême-droite en Grèce. La raison de cette descente est d’avoir empêché une commémoration de la mort de Robert Brasillach, collaborationniste antisémite au cimetière du père Lachaise, la semaine précédente.
Un militant de la CGT a été passé à tabac avant que les coupables s’enfuient en criant « Paris est nazi… Et Lyon aussi ! Avec une signature laissée sur le panneau du local de l’ACTIT, lieu de la projection. Dès le lendemain, un rassemblement de plusieurs centaines de personnes en réaction a eu lieu où la gauche institutionnelle était présente. Le samedi suivant, le 22, une manifestation unitaire à rassembler plusieurs milliers de personnes.
Dans l’émission de ce jour, nous entendrons les entretiens et prises de parole réalisés lors de cette manifestation et nous terminerons avec des sons recueillis sur le net, en lien avec la première partie de cette émission.
Une trentaine de néo-nazis, dont certains portaient des casques de moto, ont donc attaqué cette soirée, ont tabassé les participant-es et poignardé un syndicaliste de la CGT. Deux personnes ont été hospitalisées, mais aujourd’hui qui sont hors de danger.
Le chef de meute néo-nazi a donné calmement le signal de départ, puis le groupe a crié « Paris est nazi, Lyon est nazi aussi ». Un autocollant laissé sur place ressemble à une revendication : « KOB veille », avec un dessin de bulldog : la signature d’un groupe de hooligans d’extrême droite parisien. Le slogan évoque celui utilisé par l’OAS – organisation Armée Secrète – groupe terroriste pour l’Algérie française, qui a tué des milliers de personnes opposées au colonialisme, et qui revendiquait sur ses affiches « OAS veille ».
Le mouvement Young Struggle dénonce « « une attaque visant clairement à empêcher l’organisation des travailleurs immigrés et la lutte de la jeunesse anticapitaliste et antifasciste organisée ». Une manifestation spontanée a eu lieu dimanche soir dans les rues de Paris, juste après les faits. Une enquête pour tentative d’homicide volontaire a été ouverte par le parquet de Paris. Le mode opératoire fait penser à de précédentes agressions commises à Lyon ces dernières années : des antifascistes avaient été poignardés en pleine rue par des militants néo-nazis, dans le but évident de tuer et de terroriser.
Cette attaque d’extrême droite intervient alors que la justice a définitivement annulé la procédure visant un commando néo-nazi qui avait préparé une attaque contre des supporters marocains fin 2022. Les faits étaient pourtant avérés et reconnus : le groupe avait été arrêté, lourdement armé, il était prêt à tuer des personnes maghrébines au cœur de Paris.
Parmi les personnes arrêtées à l’époque, un certain Marc Caqueray-Valmeunier, néo-nazi issu d’une famille de l’aristocratie, aujourd’hui embauché par Bolloré comme homme de main. La justice vient de décréter d’un vice de forme, et donc abandonne toutes poursuites, parce que la police n’avait pas correctement placé les armes saisies sous scellé. Un tel niveau d’incompétence relève de la complicité organisée, surtout dans un contexte hyper répressif et implacable à l’égard des mouvements sociaux, anti-racistes et écologistes.
Cette agression criminelle contre l’opposition turque et le mouvement kurde fait également écho à l’attentat d’extrême droite commis le 23 décembre 2022 dans le même quartier. Un criminel raciste de 69 ans, déjà condamné pour une attaque armée contre des exilés, ouvrait le feu sur le centre culturel Kurde de Paris et plusieurs commerces environnants appartenant à la communauté. Trois personnes étaient assassinées. Le mouvement kurde avait déjà pointé l’incurie des autorités françaises dans cette affaire.
CONTRE L’EXTRÊME-DROITE DANS LE 20ᵉ MANIFESTATION LE SAMEDI 08/02 !
Cette attaque pourrait constituer une riposte de la part des fascistes du GUD suite à leur impossibilité à défiler comme tous les ans, début février, dans le 20ᵉ arrondissement de Paris pour commémorer la mort de Robert Brasillach, collaborationniste antisémite fusillé à la Libération et enterré au cimetière de Charonne.
Le GUD est une organisation raciste, xénophobe et ultraviolente, connue pour des faits de passages à tabac racistes, de tortures, voire de meurtres, comme récemment en mars 2022, pour l’assassinat en plein Paris du rugbyman argentin Federico Martin Aramburú. L’heure est grave, les fascistes et racistes sont installé.es dans la rue et à l’assemblée. Aujourd’hui, le RN, qui compte en ses rangs des membres du GUD, est le parti le plus nombreux de l’Assemblée nationale. Les militants d’extrême-droite sont en confiance : À Paris, Reconquête et d’autres groupes racistes osent ainsi venir alpaguer et agresser les mineur.es du Collectif des Jeunes de Belleville qui lutte et occupe la Gaîté Lyrique.
Lois islamophobes, violences policières partout en France et dans le 20ᵉ, loi Darmanin, circulaire Retailleau et tractations avec le RN ; le gouvernement en place collabore activement avec l’extrême-droite. Il est donc de notre responsabilité de nous organiser pour la faire reculer nous-mêmes, et pour ne surtout pas lui laisser la rue.
De nombreux collectifs appelaient à une manifestation pour empêcher ce défilé. Parce que le 20ᵉ arrondissement est profondément antiraciste et antifasciste, nous vous appelons, habitant.es, commerçant.es, militant.es, organisations politiques et associatives, à rejoindre la mobilisation contre la venue des fachos dans notre quartier.
PAS DE FACHOS DANS NOS QUARTIERS !
PAS DE QUARTIERS POUR LES FACHOS !
Collectif 20ᵉ solidaire avec toutes les migrantes et tous les migrants
Du 6 au 11 février 2025 dernier se tenait à Paris des réunions et conférences étalées sur une semaine, sur le sujet de l’intelligence artificielle, et qui s’est terminé par un sommet diplomatique les deux derniers jours. Organisé en partie par des acteurs privés sans cadre juridique ni obligation de rendre des comptes aux pouvoirs publics, ces multiples rencontres ont été l’occasion pour les promoteurs du secteur de faire des affaires et de déployer leur propagande, les contre-discours ne trouvant que peu de place, sinon pour s’aligner avec les intérêts des entreprises de la Tech. C’est dans ce contexte, et alors que les États-Unis puis la France ont annoncé le financement de l’intelligence artificielle à coup de milliards d’euros que s’est tenu un contre-sommet sur l’IA le 8 février à l’initiative de Anti-Tech Resistance. Une journée de conférences donc, avec pour objet de comprendre les enjeux, les risques et les menaces engendrés par l’IA pour nos sociétés, pour la liberté, la démocratie, la nature et pour l’existence de l’espèce humaine. Nous vous faisons écouter l’une de ces tables-rondes, et qui portait sur la perte des savoirs.