Le samedi 22 mars se tenait à Lille une discussion sur les voitures électriques, les gigafactories dans les Hauts-de France et ailleurs animée par Tomjo et l’organisation Communiste libertaire. S’agit-il d’une transition du capitalisme ?
L’automobile a conduit et accompagné la production et la reproduction du capital tout au long du XXe siècle. C’est une invention technologique majeure, si ce n’est la principale du siècle passé tant elle a structuré le travail, les rapports sociaux dans leur ensemble jusqu’aux paysages (1). D’ailleurs, des modes de production portent le nom de marque de voiture : le fordisme pour le travail à la chaîne, le toyotisme pour le juste à temps et aujourd’hui le « teslisme » (2) avec les batteries électriques et les véhicules connectés.
Ici, dans les Hauts-de-France, qui se veut déjà la première région automobile de France, la « vallée de la batterie » est annoncée par les bourgeoisies politico-économiques et se sont installées les trois premières gigafactories du territoire. Dans quelques années, d’autres usines de fabrication et de retraitement des batteries sont prévues sur le Dunkerquois avec son lot de restructuration du travail et d’aménagements XXL (construction d’un nouvel EPR à Gravelines, etc).
Débattre de voitures électriques, c’est aussi parler de :
Extractivisme et capitalocène car pour les fabriquer et les faire rouler et il faut une quantité prodigieuse de ressources, ce qui n’arrange pas la crise écologique actuelle.
– géopolitique tant la question des terres rares, indispensables pour les batteries, devient une question internationale majeure, comme l’illustrent les velléités trumpiennes sur le Groenland ou l’Ukraine
– « transition » qu’on nous assaisonne à toutes les sauces pour, en fin de compte, permettre la survie du capitalisme. En 2035, on nous promet la fin de la vente des voitures thermiques, mais récemment, l’UE vient d’assouplir les règles pour ne pas handicaper les entreprises européennes. Car pour le moment, l’économie communautaire est à la ramasse face à la Chine qui domine le marché.
Le mardi 18 février 2025, sept députés et sept sénateurs de la commission mixte paritaire (CMP) se sont mis d’accord sur le texte de loi d’orientation agricole.
Quels sont les changements dans cette nouvelle version ? L’article 13, dénoncé comme « un permis de détruire la biodiversité », demeure. Il prévoit que seules les atteintes « intentionnelles » seront passibles de poursuites pénales. En clair : il faudra prouver que la destruction de la nature a été volontaire et réfléchie pour condamner le contrevenant. Or, en droit, prouver que la personne avait l’intention de tuer une espèce est très difficile.
Le texte réintroduit l’objectif de 21 % de surfaces agricoles cultivées en bio d’ici à 2030. Cette mesure avait été effacée par un amendement de Laurent Duplomb, invoquant la grave crise qui touche le secteur.
Enfin, s’il réintègre la notion de « transition climatique et environnementale », le terme « d’agroécologie » reste écarté. Ceci est tiré du site reporterre.
Pourquoi les agriculteurs sont-ils aujourd’hui poussés à s’endetter ? Pourquoi les techniques agricoles se révèlent-elles incapables de s’adapter au dérèglement climatique ? Pourquoi des pratiques polluantes sont-elles devenues la norme ? Pour comprendre le modèle agricole qui domine une grande partie du monde, il est nécessaire d’identifier les lignes de force industrielles qui le structurent et d’analyser l’intention capitaliste qui l’écrase. Et aussi la remise en question de la centralisation du modèle agricole.
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de la présentation du livre Agriculture industrielle, on arrête tout et on réfléchit” ! (Éditions Rue de l’Échiquier) cette présentation se tenait en compagnie de Jacques Caplat et Stéphane Kerckhove et cela se déroulait à la librairie quilombo à Paris, le 8 mars 2025.
Par où passent nos colis ? Dans quels entrepôts logistiques dorment-ils et va-t-on voir ses entrepôts croître ? Vaste question qui se pose à Gennevilliers avec le projet Greendock.
Greendock est un projet d’entrepôt logistique géant, prévu sur les berges de Seine à Gennevilliers (92), de 600m de long pour 35m de haut : les promoteurs annoncent plus de 1200 rotations de véhicules par jour et seulement 7,5% de trafic fluvial
En mai 2024, une manifestation a rassemblé 2000 personnes à Gennevilliers. Depuis, le projet ne cesse de prendre du retard. Dans le courant de l’année 2025, une enquête publique doit être lancée pour faire valider ou invalider le projet dans les instances régionales.
Le Comité Local Plaine Tempête (Soulèvements Banlieue nord) conviait à une réunion publique le jeudi 13 février 2025, au 6B à Saint-Denis.
Cette soirée fut consacrée à la lutte juridique contre l’entrepôt géant Greendock et à une discussion sur la place du juridique dans les luttes.
Dans l’émission de ce jour, nous entendrons l’intervention de Maxime colin (juriste à France Nature Environnement IDF) sur des étapes juridiques du projet Greendock et un Retour d’expérience du collectif Laisse Béton Salvaza sur une victoire contre un entrepôt à Carcassonne.
Zot Pa Sel est un des collectifs qui s’investit dans la mobilisation contre la vie chère à la Martinique. Depuis plusieurs mois, ils ont initiés un combat juridique en assignant GBH ( Groupe Bernard Hayot) pour non publication de comptes, et lance une plainte collective contre X pour abus de position dominante. Mais cela n’est pas leur seul combat. Persuadés que c’est le système de la grande distribution qu’il fait démanteler, ils s’investissent avec de nombreux collectifs environnementaux et d’ouvriers agricoles afin de réfléchir à un autre modèle de production alimentaire, qui permette de développer l’autonome de la Martinique tout en préservant a culture et son environnement.
C’est l’entretien que nous avons réalisé avec Jérémy, membre de Zot pa sel ( traduction de “Vous N’êtes Pas Seuls” ) que nous diffusons aujourd’hui dans l’intégralité de notre émission.
Dans l’émission de ce jour, nous parlerons de questions environnementales. En seconde partie d’émission, nous entendrons un entretien avec le géographe suédois Andreas Malm.
Mais en ce début d’émission, nous nous rendons en Seine-et-Marne, car ce 9 janvier 2025, se tenait l’audience sur le fond au tribunal administratif de Melun concernant le recours déposé le 17 mai 2024 par la Régie Eau de Paris contre l’arrêté préfectoral autorisant deux nouveaux forages pétroliers sur le site de Bridge Energies de Nonville en Seine-et-Marne (77)
Alors que la concession Bridge Energies est située dans le périmètre de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, classée par l’Unesco, située à 1,5 km en amont de point de captation d’Eau de Paris, ces nouveaux forages :
Font peser d’importants risques pour l’alimentation en eau potable de 180 000 Parisien(ne)s et les habitant(e)s de la commune de Villemer
Constituent des risques de pollution de la rivière du Lunain, zone Natura 2000 et de la nappe phréatique du « Champigny »
Sont également en contradiction avec les engagements de la France à sortir des énergies fossiles et nuisent ainsi à la lutte contre le dérèglement climatique.
Le 13 octobre 2024, six associations : France Nature Environnement Île-de-France et France Nature Environnement 77, les Amis de la Terre/France, Notre Affaire à Tous, le Réseau Action Climat et Reclaim Finance ont déposé deux interventions volontaires au soutien du recours initié par Eau de Paris et de leur côté, six communes et deux syndicats des eauxen ont fait de même.
Nous étions à cette audience et nous allons entendre le reportage réaliser ce 9 janvier 2025,avec les interventions des collectifs en luttes et le représentant d’eaux de paris.
Dans cette seconde partie d’émission, nous allons poursuivre sur les questions environnementales. En 2021, lors de la pandémie de la COVID-19, des questionnements ont surgi.
La crise sanitaire est-elle la conséquence du capitalocène ? Le capital fossile est-il responsable des catastrophes en cours ? Faut-il un communisme de guerre pour échapper au pire ? Le géographe suédois Andreas Malm, que nous allons entendre, tente d’apporter des réponses à ces questionnements, en expliquant en quoi la crise sanitaire est aussi une crise politique et une crise du capitalisme. Il était alors l’invité en août 2021 du site d’information le média. Entretien que nous allons entendre.
Dans l’émission de ce jour et pour ce premier direct de l’année 2025, nous souhaitions faire un bilan de l’année écoulée et voir quelle serait les perspectives pour cette nouvelle année, que nous vous souhaitons la meilleure.
Nous avons procédé de manière chronologique et avec les archives 2024 de l’actualité des luttes. Nous avons choisi d’aborder plusieurs thématiques qui vont de la Palestine à l’Ukraine, de la dissolution en France aux JO, de la lutte des mineurs isolés en passant par les luttes environnementales et bien d’autres sujets et nous vous laissons le soin de découvrir.
Le 4 décembre 2024 dernier, à la Parole errante à Montreuil, s’est déroulé une soirée de soutien à la lutte du peuple Wet’suwet’en, avec la projection d’un film documentaire relatant leur lutte contre le pipeline Coastal GasLink, au Canada. Était présente, Sleydo’, l’une des cheffes de Cas Yikh et porte-parole du point de contrôle de Gidimt’en, ainsi qu Freda Huson, qui est la conjointe du chef Howilhkat et la coordinatrice du camp Unist’ot’en. Aujourd’hui, nous allons vous faire écouter un interview qui présente cette lutte et son historicité et le montage d’interventions choisies, suite à la projection de ce film. Cette émission est réalisée avec la collaboration de l’émission Zoom écologie.
Les Wet’suwet’en se battent depuis 10 ans contre la construction d’un gazoduc sur leurs terres ancestrales, non cédées au Canada. Pour s’y opposer, ce peuple a érigé des postes de contrôle sur son territoire et sur la route du projet du gazoduc, empêchant et retardant ainsi le projet, parallèlement à une lutte juridique. Ses soutiens par ailleurs, suite aux expulsions des habitants par les policiers militarisés de la gendarmerie royale en 2020, ont manifesté et bloqué des chemins de fer et des routes partout dans le pays, avant le confinement décrété par les autorités en réponse à l’épidémie du coronavirus. Les autorités canadiennes et le service de sécurité de l’entreprise, du nom de TC Energie, n’ont eu de cesse tout du long de répondre par une répression acharnée pour protéger l’industrie fossile et leurs intérêts : ce furent quatre raids armés sur les territoires autochtones, 75 personnes arrêtées, ainsi que 20 personnes poursuivies en justice… Sans compter le harcèlement policier et juridique, les multiples intimidations, le mépris pour in fine, donner à voir la gestion et la violence coloniale.
Dans cette émission, nous vous diffusons une interview réalisée avec trois membres syndicat des gardiens et gardiennes de troupeaux autour de la question du MERCOSUR et des mobilisations que ce traité a pu entrainer. Une occasion pour nous de revenir plus globalement sur les lignes de fractures idéologiques qui existe au sein du monde agro-alimentaire.
Si l’on n’ouvrait nos appareils numériques, que verrions-nous ? Parmi les dédales de câbles et autres, on pourrait y voir des petites plaques vertes au doux nom de puce électronique.
Beaucoup de celles-ci, son fabriqué en Asie, mais la France essai de se placé dans le mouvement.
Dans l’émission de ce jour, on vous amène en Isère, car une bonne partie de la fabrication de ses puces électroniques se passe dans cette région, dans l’entreprise STMicroelectronics.
Un peu d’histoire
En 1972, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble créé l’entreprise Efcis pour conceptualiser et fabriquer des puces électroniques à partir des recherches menées au CEA. L’organisme public transfère à Efcis 90 ingénieurs et scientifiques. C’est une habitude des centres de recherche publics que de créer des start-up pour « valoriser » les recherches publiques : on appelle cela « la liaison recherche-industrie » (Sur ce sujet, lire le livre du Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée. La recherche grenobloise au service du complexe militaro-industriel, Le monde à l’envers, 2020).
Rapidement, le géant de l’équipement militaire Thomson prend des parts dans l’entreprise Efcis, puis l’absorbe en 1982. En 1987, la branche électronique de Thomson fusionne avec l’italien SGS, pour donner SGS-Thomson, puis STMicroelectronics en 1998. C’est aujourd’hui le premier employeur de la région, avec près de 6 000 personnes. La multinationale travaille pour Apple, Bosch, Continental, HP, Huawei, Mobileye, Samsung, SpaceX, Tesla, Vitesco… et ne rechigne pas à équiper les drones de l’armée russe. L’entreprise fait des profits conséquents, mais « paye » ses impôts aux Pays-Bas. L’an dernier, Emmanuel Macron a annoncé le versement de 2,9 milliards d’argents public pour agrandir l’usine de Crolles d’ici à 2026 au nom de la « souveraineté industrielle » européenne. Agrandir, alors que ST consomme déjà à Crolles 156 litres d’eau par seconde (387 après l’agrandissement) et autant d’électricité qu’une ville de 230 000 personnes.
Ce 11 décembre 2024, à la librairie quilombo, se tenait la présentation du livre toujours puce. Les macrodégâts de la microélectronique publiée aux éditions le monde a l’envers. En présence de Maud et Elsa, Autrice de l’ouvrage et de Lise du collectif StopMicro et c’est cette présentation que nous proposons dans l’émission de ce vendredi.
Dans cette émission, nous vous proposons d’écouter un montage réalisé à partir d’une présentation de livre à la Maison du Zéro déchet, à Paris, et qui est intitulée “Les marchands de soleil”. Le livre est publié aux éditions Tana, et est co-écrits par Sylvie Bitterlin et Clément Osé. Plus concrètement, par le vécu de cette première, habitante et militante dans le collectif Elzéard, Lure en résistance, est raconté la lutte contre l’implantation de centrales industrielles de panneaux photovoltaïques dans les forêts de la montagne de Lure, situé dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un projet présenté comme écologique mais aux répercussions désastreuses pour l’environnement et qui n’est pas sans poser des questions sur la question énergétique plus globalement, fusse-t-elle renouvelable. L’occasion également d’interroger la transition écologique.
Voir aussi l’Association Environnementale Lot-Célé qui se bat contre l’implantation de centrales solaires dans le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy : lien
Du 15 novembre au 1ᵉʳ décembre 2024, se tenait le festival des solidarités (Festisol) en France et dans douze pays d’Afrique (Sénégal, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Gabon, République démocratique du Congo, Togo, Bénin, Centrafrique, Guinée et Niger). Dans le cadre de ce festival, le 23 novembre 2024, le centre international des cultures populaires accueillait la conférence “Regards croisés sur les violations de droits humains en contexte de ruée minière mondiale” organisée par SystExt (Systèmes Extractifs et Environnements), en partenariat avec le CICP.
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute des interventions de : Aurore STÉPHANT, ingénieure géologue minier, spécialisée dans les risques associés aux filières minérales, membre de l’Association SystExt. Et de Georgine KENGNE DJEUTANE, économiste, coordinatrice senior, spécialisée en droit des femmes dans les industries extractives à WoMin African Alliance
Alors que les entreprises minières s’engagent de plus en plus à respecter les droits fondamentaux et à mettre en œuvre les “bonnes” et “meilleures” pratiques associées, ces violations se multiplient à l’international.
De plus, l’intérêt récent pour les filières minérales que suscitent les scénarios de “transition” énergétique fait craindre une aggravation de ces situations inacceptables. D’où l’importance des témoignages des personnes affectées et de documenter les réelles implications de nos modes de production.
Dans cette émission, nous allons vous faire entendre des récits et des échanges qui se sont tenus lors d’une rencontre le 26 octobre dernier à Montreuil dans le cadre de la fête de soutien a la cantine des Pyrénées, et dont l’intention visait à interroger les pratiques et la vision de l’alimentation dans les luttes, du point de vue des collectifs et des associations ayant à voir avec l’alimentation, telles les cantines populaires, les collectifs de maraudes sociales, les collectifs pratiquant la récup’, les groupes organisés autour d’espaces de maraîchage, et ainsi de suite.
Page Facebook de la cantine des Pyrénées Site de l’association Robin des rues Site de la ressourcerie du Poulpe Instagram du collectif de Tapages Site de la Parole errante où a lieu la cantine de la brigade de solidarité populaire Montreuil-Bagnolet Site des Bons petits légumes Page Facebook de Léz’art dans les murs Un communiqué datant de mai 2024 pour le maintien de la cantine du foyer Branly
Lien vers le film “Ici, maintenant. Itinéraires de solidarité” de Vincent Sabot et Hedi Zennaf. De quoi ça parle ? “Italie, printemps 2020. Spontanément, des « Brigades de Solidarité » se mettent en branle pour lutter contre la mise à l’écart des plus précaires en pleine crise sanitaire mondiale. Très vite, l’idée et les actions concrètes qui en découlent s’étendent dans le reste de l’Europe.
Caméra à l’épaule, le réalisateur et ses compagnons stéphanois embarquent à bord d’une camionnette pour un voyage à la rencontre de toutes celles et tous ceux qui tentent de créer un autre monde que celui qu’on cherche à leur imposer. En Suisse, en Belgique et aux quatre coins de France, voici l’itinéraire de ces solidarités.“
Dans cette émission, nous vous diffuserons des enregistrements issus d’un podcast réalisés par Cruel Tunnel, édité à l’occasion d’une diffusion sur Fréquence Paris Plurielle pour une adaptation au format format 1H, et qui a pour sujet la lutte contre le projet de tunnel ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin. Une lutte appelée aussi NoTAV — TAV pour Treno Alta Velocità. Ce projet est ancien. Il a été élaboré dans les années 80 pour anticiper une augmentation du trafic de marchandises entre la France et l’Italie — sans que le trafic n’ait pour autant augmenté. En 1991, le collectif Habitat, composé d’écologistes, de scientifiques et de professeurs d’université, avait tenu sa première réunion publique en opposition au projet. Mais c’est également de l’autre côté de la frontière, en Italie, que la lutte a été menée depuis les années 90 également. Avant de trouver un renouvellement militants à la fin des années 2010, et alors même que l’argument du désengorgement du fret ferroviaire était avancé par les promoteurs pour légitimer la ligne à grande vitesse. Plus matériellement parlant, cette ligne doit percer les massifs de la Chartreuse, de Belledonne et du Mont Cenis pour sur moins de 260 km de tunnels. Il est question également de ponts, de réouverture et d’extension de carrière, de déblais, de pollutions, de bétonisation des terres agricoles, de destruction des espaces naturels et d’un site archéologique, comme une tarissement de sources d’eau. Est contesté par ailleurs les pratiques mafieuses et anti-démocratiques, comme l’intérêt économique d’un tel chantier, et ce alors qu’existe déjà une ligne ferroviaire via le tunnel du Fréjus. Dernièrement, ce sont des travaux de reconnaissance qui ont démarré en Maurienne (France) et dans le Val de Suse (Italie).
Nous vous diffusons dans cette émission un débat qui se tenait dans le cadre d’un atelier animé par La Perm’Belleville et La Cantine des Pyrénées, le samedi 26 octobre dernier à la Parole Errante. Ce débat portait sur la pérennité des lieux d’entraide et de solidarité à Belleville, et donnait à entendre plus particulièrement des “discussions et récits de lieux et de luttes pour garder de l’autonomie face aux institutions, aux associations mastodontes et à la marchandisation”.
Le 11 septembre dernier, la librairie Libertalia accueillait Aline Nippert pour la présentation de son livre : Hydrogène mania – une enquête sur le totem de la croissance verte, publié aux éditions le passager clandestin. L’autrice y dépeint l’engouement vis-à-vis de l’hydrogène présenté comme rien de moins qu’une solution miracle — un rêve techno-solutioniste en réalité — permettant de répondre aux enjeux de notre époque, et notamment celui du réchauffement climatique. En effet, l’hydrogène permettrait selon ses promoteurs de décarboner les activités polluantes. Mais qu’en est-il réellement ? Que se trouve-t-il à l’envers du décor d’un lendemain fantasmé où l’industrie ou bien les voitures et avions fonctionneraient avec l’hydrogène comme source d’énergie ? C’est de cette question, de ses ses enjeux plus généralement auquel Aline Nippert tentera de répondre.
Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur les mobilisations antinucléaires qui se sont déroulées en ce mois d’octobre 2024.
Émission en deux temps. Dans un premier temps, nous serons à la réunion publique organisée par la Coordination régionale antinucléaire, le 4 octobre à Paris avec cette question : LE NUCLÉAIRE VA-t-IL SAUVER LE CLIMAT ? et par la suite, nous entendrons le reportage réalisé à Rouen où se tenait la Manifestation antinucléaire des 11 et 12 octobre 2024
Sous prétexte d’objectifs bas-carbone à respecter en matière d’énergie, Macron a choisi de relancer la production d’électricité nucléaire. Belle affaire pour les industriels… mais pour nous ?
Si le nucléaire est en déclin au niveau mondial, il est passé sous la barre des 10 % d’électricité en 2023 (17,5 % en 1993), soit environ 2 % de l’énergie mondiale, ce n’est pas pour rien. C’est le moyen le plus inefficace (33 % d’efficacité énergétique…) et le plus coûteux de produire de l’électricité.
Et aussi le plus dangereux ! Rappelons que les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima ont fait des centaines de milliers de victimes, et qu’elles ne sont pas terminées : un nouveau sarcophage a dû être construit en Ukraine et les réacteurs détruits de Fukushima rejettent quotidiennement de l’eau radioactive dans l’océan Pacifique.
CHRONIQUE DE LA FRANÇATOMIQUE Coût du nucléaire, prix de l’électricité, dette publique par François VALLET, le 1ᵉʳ novembre 2024
Alors que l’Assemblée Nationale débat sur le projet de budget 2025, que le gouvernement prévoit d’augmenter les taxes sur l’électricité pour réduire le déficit public, mais aussi de mettre en place un mécanisme qui permettrait de partager « les revenus du nucléaire historique avec les consommateurs » et que certains veulent à l’inverse « démarchandiser » l’électricité, il est nécessaire de s’interroger sur les impensés nucléaristes français.
Bref rappel historique sur la « ligne Maginot » atomique qui ne nous a protégés de rien. Il y a 50 ans, en 1974, après le premier « choc-pétrolier », le premier ministre Pierre Messmer confirmait le lancement du programme de construction de 200 réacteurs nucléaires à horizon 2000.
Ils devaient assurer l’indépendance énergétique de la France en l’affranchissant de sa dépendance au pétrole. EDF était alors en situation de quasi-monopole pour la production, le transport, la distribution et la commercialisation d’électricité en France. Tout, ou presque, était dans les mains de l’État et de « l’électricien national » pour nucléariser la France en moins de 25 ans à l’aide de technologies états-uniennes (le choix avait été fait de construire les réacteurs sous licences Westinghouse et General Electric).
Ce choix politique, focalisé sur le nucléaire, a conduit à une réalité beaucoup moins médiatisée que le prix de l’électricité, la division par plus de 1,7 du taux d’indépendance énergétique de la France entre 1974 et 2021. La France est parmi les cancres de l’Europe pour la part de sa production par les énergies renouvelables. C’est aussi le pays d’Europe le plus « thermo-sensible » à cause du chauffage électrique, ce qui le rend dépendant de ses voisins européens pour son approvisionnement lors des périodes de forte consommation en période froide. (…)
(…) En tant que citoyen-consommateur-contribuable souverains, nous pouvons agir en boycottant EDF, bras armé de l’État français pour sa politique nucléariste. Nous pouvons aussi préserver notre pouvoir d’achat puisqu’il existe une dizaine de fournisseurs, non producteurs d’électricité nucléaire, ayant des offres moins chères que le tarif réglementé d’EDF.
Dans l’émission de ce vendredi 18 octobre 2024, il sera question du numérique et plus particulièrement de l’articulation du capitalisme et de l’extractivisme à travers l’exemple de la République Démocratique du Congo et de la région des Grands Lacs. En effet, à partir des années 1990, l’explosion de la production de biens électroniques, caractéristique du passage du capitalisme à son stade numérique, déclenche une guerre des métaux technologiques au Congo qui n’a fait que gagner en intensité depuis lors. Le 8 octobre 2024 dernier, la librairie Quilombo, en partenariat avec l’association Survie Paris, a invité Fabien Lebrun pour en discuter, à travers la présentation de son nouvel ouvrage, une enquête intitulée Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté, aux Éditions L’échappée.
Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons une émission de radio Pikez, du pain et des parpaings de septembre 2024.
Du pain et des parpaings, une série d’émissions mensuelle sur les luttes contre l’accaparement des terres, la gentrification, l’agro-industrie, le capitalisme vert, le pourrissement des écosystèmes, le colonialisme, l’extractivisme des corps et des matières, le tout principalement en Bretagne, mais pas que. Parce que les luttes ne sont pas que locales, elles s’insèrent le plus souvent dans un système économique et politique global, délétère et injuste.
Pour entamer avec élan la 3ᵉ saison de l’émission Du pain et des parpaings, nous commençons par un retour sur 6 jours de mobilisation estivale, festive et déterminée : le Village de l’eau du 16 au 21 juillet 2024 à Melle dans les Deux-Sèvres.
Notre envoyée archi-spéciale nous raconte son expérience, tend son micro aux participant.es, capte les sons d’ambiances et les conférences. On y entend aussi des extraits de documentaires ou radio éphémère montée pour l’occasion. Ça parle de l’organisation du village, d’une logistique au cordeau, des forces de l’ordre toujours présentes, on navigue entre les nombreuses tables rondes, mobilisations locales et internationalisme des luttes.
On se laisse porter par l’énergie des manifestations et des actions, les vibrations des fanfares et des chorales. De l’eau, encore des logiques d’accaparement, toujours des résistances collectives !
« Aguacerito » de Muiska « Freinage d’urgence » instru d’un appel à la lutte contre la LGV Toulouse-Bordeaux « Panorama du micro-monde » de Mayeul Irlinger « Tartunta » de Toinen Luonto
Dans l’émission de ce jour, on vous emmène à 15 km de Paris, entre deux aéroports Roissy et le Bourget et là se trouve les terres agricoles de Gonesse, plus connue sous le nom de triangle de Gonesse.
Malgré l’annulation du méga-complexe EuropaCity et du terminal 4 de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle en 2019, puis l’adoption en 2021 de la loi ZAN (Zéro artificialisation nette), l’État et la région Île-de-France s’entêtent à vouloir maintenir une infrastructure de transport coûteuse et inutile : la ligne 17 nord du Grand Paris Express. Et aussi le projet de construction d’un internat.
Ce projet de ligne de métro automatique, entièrement financé sur fonds publics, ne répond à aucun critère d’intérêt général : elle aurait des conséquences désastreuses sur les plans économique, social et environnemental.
Ce dimanche 29 septembre 2024, une marche festive et déterminée, partait de la gare de Villiers-Le Bel, Gonesse, Arnouville, en direction des terres agricoles de Gonesse.
Dans ce reportage réalisé pendant cette marche, nous entendrons dans un premier temps un mot des membres du collectif pour le triangle de Gonesse sur les enjeux de cette mobilisation, suivront des entretiens avec des habitantes de Villiers le Bel. Nous serons avec Audrey, membre du collectif Vivre sans le BIP, qui, a appris que le département du Val-d’Oise renonçait définitivement à ce projet autoroutier lui aussi très contesté. Diverses prises de parole, notamment avec l’Association des usagers des transports (AUT), Pierre Parreaux, Méga Canal Seine Nord Europe, Non Merci. Un entretien avec Malo Mofakhami, Scientifique en Rébellion et un mot de conclusion de Bernard Loup (Président du CPTG) sur la suite de la lutte.
Aujourd’hui, nous vous emmenons au Maquis près de Minerve, le chant des cigales l’attestent. Du 10 au 15 août, chaque année, sont organisées ; les rencontres du maquis pour l’émancipation. C’est un moment privilégié pour écouter des présentations de livres, débattre, vivre ensemble, regarder des pièces de théâtres…
Nous vous donnons à écouter Fabien LEBRUN qui est l’auteur d’un ouvrage très critique sur l’usage du numérique ; On achève bien les enfants, écrans et barbarie numérique, paru en 2020 aux éditions du bord de l’eau. Sociologue. Il s’intéresse à l’ensemble de la filière et prépare un nouvel ouvrage sur les conséquences écologiques et géopolitiques de ces technologies, notamment la criminelle extraction de métaux liée aux écrans, sur les terres du Congo.
Dans l’émission de ce jour, nous vous emmenons à Villetaneuse. En effet, dans cette ville de Seine-Saint-Denis, se tenait les 20-21 et 22 septembre 2024 la 5ᵉ éditions du festival de cinéma et d’écologie urbaine plein champs. Nous serons plus particulièrement sur la rencontre du samedi 21 septembre 2024 avec comme thème : jardiner et habiter contre la métropole ou comment la métropole rend la vie inhabitable et comment préserver nos quartiers et nos milieux de vie face aux dynamiques métropolitaines ?
En présence de Jade Lingaard (journaliste et autrice de Paris 2024. Une ville face à la violence olympique) Dolorès, membres du collectif de la JAD (Jardins ouvriers des vertus d’Aubervilliers), d’Antoine Guironnet (chercheur en études urbaines, Sciences Po) et des membres du collectif Plaine Tempête (SDT Paris Nord)
Pour son édition 2024, le Festival plein champ invite à soutenir l’émergence de points de vue issus des quartiers populaires dans le champ de l’écologie. Prévue pour se tenir les 20, 21 et 22 septembre 2024, toujours au sein des jardins collectifs des quartiers sud de Villetaneuse, cette 5ᵉ édition souhaite notamment poser un regard critique sur le concept de métropole, dont les dynamiques semblent plutôt servir des intérêts marchands, que de se soucier des habitant.e.s et du vivant.
Outre cette journée intitulée « Habiter et jardiner contre la métropole », la programmation sera également traversée par une autre thématique : « Pour des écologies locales et décoloniales ». Ainsi, quand les promoteurs des métropoles bâtissent des éco-quartiers pour les plus aisé.e.s et artificialisent les terres pour accueillir les Jeux Olympiques, et tandis que dans le champ de l’écologie les habitant.e.s des quartiers et des pays du Sud ne sont que trop rarement pris en compte, le festival affirme la nécessité d’habiter la ville autrement, à l’appui de perspectives locales et décoloniales.
Et en lien avec l’émission de ce jour : Marche festive et déterminéepour les terres du triangle de Gonessedimanche29 septembre 2024 à 11 h. Départdela gare RER D Villiers-le-Bel/Arnouville/Gonesse jusqu’au Triangle.
Alors que la crise climatique s’aggrave et que la biodiversité s’effondre, plus de 4 000 m² de jardins ouvriers ont été détruits pour la construction d’un solarium pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 (abandonné après la destruction), et près de 2 000 m² reste menacés pour la construction d’un pôle multimodal.
Les bulldozers de Spie Batignolles ont déjà détruit un des plus beaux exemples de jardins ouvriers encore existant en Ile-de-France. Ces jardins ouvriers devenus Jardins à défendre (JAD) sont situés à moins de deux kilomètres de Paris, à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis (93).
La JAD d’Aubervilliers a été expulsée le 2 septembre 2022. En quelques heures, les cabanes à la longue histoire ouvrière, les vieux arbres et les terres des jardins ouvriers ont été détruits par les bulldozers.
Cependant, lutte continue d’une part pour sauver les terres de ces jardins tant qu’il est encore temps (le reste des jardins est toujours menacé) ; d’autre par pour combattre la gentrification et la bétonisation des quartiers populaires. Les Jeux Olympiques, le métro du Grand Paris Express et les opérations de promotions immobilières qui se multiplient, rendent les villes inabordables, gonflent les prix des loyers, et excluent les familles les plus modestes.
Les institutions ne semblent pas avoir digéré les décisions de justice précédentes qui ont donné raison au collectif de défense des jardins. Ils veulent de nouveau détruire des jardins… La maire d’Aubervilliers et l’agglomération Plaine Commune menacent d’en faire disparaître toujours plus.
C’est dans ce contexte que se déroulait le dimanche 23 juin, un moment convivial et d’information sur les derniers rebondissements. Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute de la visite guidée des jardins avec les nouveaux enjeux, en effet, la lutte repart aux Jardins ouvriers des vertus d’Aubervilliers.
Pour parler de la lutte contre le projet d’ouverture de mine de lithium dans l’Allier, nous sommes en compagnie de Dominique, membre de l’association collégiale Stop mines 03
Depuis le plus d’un et demi d’existence l’association collégiale Stop mines 03 a organisé des rencontres, des manifestations, participé à des rencontres nationales et internationales.
Par ce projet d’extraction de lithium, du producteur au consommateur, mine et usine de broyage, canalisations sur 15 km jusqu’au quai de chargement, puis transport jusqu’à l’usine de raffinage et pour finir convoyage jusqu’aux usines « giga-factories » (comprendre la fabrication de batteries). Le département de l’Allier devient, sans le vouloir, le laboratoire des futurs projets miniers, dans un emballement de l’extractivisme décomplexé européen et mondial.
Ce projet minier interroge, alors que se profile un changement climatique, où l’eau se raréfie, où l’énergie pose un problème de pollution, la réponse apportée est toujours plus d’eau et toujours plus d’énergie !
Le lithium par son utilisation concerne une multitude d’industries, à commencer par l’automobile avec ses batteries électriques, l’informatique avec ses micro quelque chose, l’atomique pour la création de tritium, l’armement par les nouvelles technologies, le médical peut-être le seul développement socialement utile ?
Les évènements clés de la relance de l’extraction minière et de la métallurgie en France
Entre 1980 et 2005, la France ferme la quasi-totalité de ses mines et sites métallurgiques associés, du fait de la concurrence de pays dont les coûts de production sont beaucoup plus faibles.
En 2008, le cours de plusieurs métaux remonte. Ces métaux sont désormais produits hors UE par quelques pays qui se retrouvent en situation de quasi-monopole. L’Initiative « matières premières » publiée par la Commission européenne expose les risques économiques et géopolitiques qui en découlent pour les Etats membres et propose des pistes pour sécuriser l’approvisionnement de l’industrie européenne dans ces métaux.
Le gouvernement Fillon lance alors la politique de ce qui sera appelé plus tard le « renouveau minier français » et crée en 2011 le Comité pour les métaux stratégiques (COMES). En 2012, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif dans le gouvernement Ayraud, déclare qu’il veut refaire de la France un pays minier. Une simplification des procédures est introduite dans le code minier en 2014. En 2015, Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique dans le gouvernement Valls, lance l’Initiative « mine responsable » critiquée par la totalité des associations environnementales. En 2016, il prône comme Arnaud Montebourg un retour des mines en France. De 2012 à 2016, de nombreux permis d’exploration et de recherche miniers (PERM) sont accordés ; ils soulèvent une opposition tellement forte des élus locaux, des populations affectées et des associations environnementales que la plupart d’entre eux sont retirés en 2017. C’est la fin du « renouveau minier français » mais pas celle de la relance de l’extraction des minerais critiques et stratégiques en France.
En 2015, l’UE lance l’EIT RawMaterials au sein de l’European Institute of Innovation and Technology (EIT) regroupant des industriels, des instituts de recherche et des investisseurs dans le domaine des minerais et des métaux. Parallèlement, l’UE investit un milliard d’euros pour la recherche et l’innovation de 2014 à 2020. Le programme Horizon Europe renouvelle l’opération pour la période 2021 à 2027. Les industriels et les instituts de recherche français profitent de cette manne financière.
En 2021, le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM), établissement public chargé par l’État français de la gestion des ressources du sous-sol (minerais et eau), publie un Atlas des minerais critiques et stratégiques dans le sous-sol de la France métropolitaine. Les gisements de 24 minerais sont localisés et quantifiés. Il en ressort que le lithium, le tungstène et dans une moindre mesure l’or ont les gisements les plus facilement exploitables. Ces gisements se trouvent principalement dans le massif armoricain et dans le massif central mais aussi en partie dans les Pyrénées et en Alsace. Pour l’or, le BRGM préconise cependant d’exploiter en priorité les gisement en Guyane après avoir réglé le problème de l’orpaillage illégal. De même pour le nickel où il préconise d’exploiter uniquement les gisements de Nouvelle Calédonie.
La très attendue réforme du code minier démarre en 2022 par l’adoption de 5 ordonnances et un décret. La date d’entrée en vigueur de certaines dispositions des ordonnances de 2022 est repoussée en juillet 2024, montrant que l’alignement du code minier avec le code de l’environnement suscite toujours autant de réserves des industries minière et métallurgique. La réforme se poursuit en 2023 par l’adoption de 2 décrets, et plusieurs décrets sont attendus en 2024.
En février 2023, le CNRS et le BRGM lancent un programme de recherche pour l’utilisation et l’exploitation responsable et durable du sous-sol intitulé « Sous-sol, bien commun ». Grâce à de nouvelles technologies, ce programme permettra de localiser et quantifier des gisements à une plus grande profondeur que l’Atlas et concernera 29 minerais, soit 5 de plus que l’Atlas.
En mars 2023, la Commission européenne propose au Parlement européen et au Conseil un Règlement visant à garantir un approvisionnement sûr et durable en matières premières critiques. Cela concerne en premier lieu les minerais considérés comme critiques et stratégiques pour la transition énergétique et la souveraineté numérique. La proposition de règlement demande à ce que, d’ici 2030, 10 % des minerais consommés soient extraits du sous-sol européen et que 40 % soient transformés en Europe.
Le 11 mai 2023, le gouvernement lance un fonds d’investissement dédié aux minerais et métaux critiques pour sécuriser l’approvisionnement de l’industrie française. Le fonds opéré par InfraVia a vocation à être investi par le secteur privé mais l’État l’abondera à hauteur de 500 millions d’euros.
Le 12 avril 2024, les ministres de l’économie et de l’énergie proposent d’accélérer et simplifier les démarches d’attribution d’un PERM qui passeraient de 18 à 6 mois, et d’introduire cette proposition dans la réforme du code minier.
La réglementation des activités minière et métallurgique en France
En France, le sous-sol appartient au propriétaire (public ou privé) du sol. Mais le propriétaire du sous-sol ne peut pas disposer des ressources (minerais, eau) du sous-sol comme bon lui semble, car celles-ci sont la propriété de l’État (le terme consacré est « patrimoine de la nation »). Par conséquent, une société minière doit obligatoirement suivre un ensemble de procédures définies dans le code minier, pour obtenir un titre minier (PERM ou concession d’exploitation), mais aussi sa prolongation ou son extension.
La dernière réforme du code minier décrit précisément ces procédures. La société minière doit accompagner sa demande d’une analyse environnementale, économique et sociale. Cette analyse est soumise à l’avis des autorités et des collectivités locales concernées. Une concertation ou enquête publique doit également avoir lieu. La demande est rejetée si une des autorités compétentes émet un doute sérieux sur la possibilité de procéder aux recherches ou à l’exploitation du type de gisement mentionné sans porter une atteinte grave aux intérêts listés dans l’article L.161-1 du code de l’environnement. Pendant la durée de validité d’un PERM, son titulaire est seul à pouvoir présenter, sans mise en concurrence, une demande de concession portant, à l’intérieur du périmètre du permis, sur des minerais mentionnés par celui-ci.
La dernière réforme du code minier précise aussi qui est responsable des dommages sanitaires et environnementaux, causé par l’activité d’exploration ou d’exploitation. La responsabilité n’est limitée ni au périmètre du titre minier, ni à sa durée de validité. En cas de défaillance ou de disparition du responsable, l’Etat est garant de la réparation des dommages causés par ces activités minières.
L’« après-mine » ayant été très problématique par le passé (voir paragraphe ci-dessous), la dernière réforme du code minier oblige la société détentrice d’un titre minier à déclarer ses travaux et a faire connaître les mesures qu’elle envisage pour faire cesser les nuisances de toute nature engendrées par ses activités, et pour prévenir les risques de survenance de telles nuisances. La déclaration de travaux est soumise à avis de la commission de suivi du site minier et de la collectivité locale concernée, et à consultation publique. La société minière est tenue d’appliquer les mesures prescrites dès l’arrêt de l’activité minière et ce pendant 30 ans. L’État pourra aussi imposer à la société mère d’assurer la prise en charge de ces mesures et la responsabilité des dommages miniers en cas de faillite frauduleuse de la filiale.
L’« après-mine » avant la dernière réforme du code minier
Salsigne dans l’Aude est le site minier le plus pollué de France. Il est un exemple parmi d’autres d’un « après-mines » bâclé dédouanant la société minière de ses responsabilités.
Salsigne a été la principale mine d’or de France et première mine d’arsenic du monde pendant plus d’un siècle jusqu’à son arrêt en 2004.
La mine a été exploitée successivement par plusieurs sociétés publiques et privées. La SMPCS créée en 1924 est rachetée en 1980 par Coframines, société publique regroupant les activités d’exploitation minière du BRGM. Coframines est mise en liquidation judiciaire en 1992 et rachetée par LaSource Compagnie minière, détenue à 60% par la Société minière australienne Normandy, premier producteur d’or en Australie, et à 40% par le BRGM. Les activités minière, métallurgique et de stockage et traitement des déchets sont alors confiées respectivement à 3 filiales de LaSource : Mine d’or de Salsigne (MOS), SEPS, SNC Lastours. SEPS est mise en liquidation judiciaire en 1996. SNC Lastours cesse son activité en 1997 et vend ses terrains à MOS. En 2001, l’État et MOS passent un accord exonérant cette dernière des coûts de réhabilitation du site. En 2004, MOS arrête l’activité minière et l’État rachète les terrains de MOS.
La réhabilitation du site démarre dès l’arrêt des activités minière et métallurgique. Elle est financée par l’État et réalisée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et le BRGM. La sécurisation des 5 dépôts de déchets miniers contenant de l’arsenic et du souffre n’empêche cependant pas la pollution record à l’arsenic de l’Orbiel et ses affluents en 2013 (4469 µg/L) et 2018 par ruissellement des eaux de pluie.
Depuis 1997, le préfet reconduit chaque année le même arrêté : ne pas consommer les légumes produits dans la zone où le sol et l’eau sont potentiellement pollués à l’arsenic, ne pas utiliser les eaux pluviales ou celles des rivières pour arroser son jardin, ne pas se baigner dans la rivière, ne pas consommer les poissons péchés dans la rivière…
Plusieurs associations (Gratte-papiers, Riverains de Salsigne, Terres d’Orbiel) ne cessent dès lors d’interpeller les services de l’ État, l’Agence régionale de santé (ARS) et le BRGM sur le manque de transparence de la surveillance sanitaire et les carences de la réhabilitation du site. En vain. Les services de l’ État minimisent le problème sanitaire et il n’y a aucun financement prévu pour des travaux supplémentaires de réhabilitation du site.
Soyons clairs, la réhabilitation ne permet jamais aux sites de revenir dans leur état environnemental initial. Mais la dernière réforme du code minier devrait en théorie mener à de bien meilleures réhabilitations que celles menées avant. Et surtout, il sera plus difficile aux sociétés minières et métallurgiques de fuir leurs responsabilités et de trouver des prétextes pour ne pas financer les réhabilitations. Cependant, ne sous-estimons pas la capacité de ces sociétés à « privatiser les profits et nationaliser les pertes » et à faire pression sur l’État par le chantage à l’emploi notamment.
La menace de pollution des masses d’eau par les projets lithium
Le lithium est utilisé pour la fabrication des batteries lithium-ion des voitures électriques, un marché mondial en forte expansion. Le lithium est abondant dans le sous-sol y compris en Europe. Mais quelques multinationales notamment chinoises contrôlent sa production. Afin de sécuriser son approvisionnement en batterie lithium-ion à un prix concurrentiel, l’industrie automobile européenne fait continuellement pression sur l’UE pour que celle-ci relance l’extraction minière et la métallurgie du lithium en Europe.
Il y a 3 sources de production de lithium : les saumures de lacs salés appelés « salars », les roches lithinifères, les eaux géothermales. Quelque soit sa source, la production de lithium consomme de l’eau et la pollue. L’impact sur l’eau étant le plus fort pour les « salars » et le plus faible pour les eaux géothermales.
Un PERM est accordé à Imerys en 2021 jusqu’en 2025. Suite à des sondages effectués de 2021 à 2023, Imerys estime le gisement à 116,7 millions de tonnes, avec une teneur moyenne en oxyde de lithium (Li2O) de 0,90 %, et estime la production de lithium à 34000 tonnes par an pour au moins 25 ans.
La phase exploratoire se poursuit avec la mise en service d’une galerie minière d’exploration (site de Beauvoir) et d’unités pilotes de concentration (site de Beauvoir), de changement (site de la Fontchambert) et de conversion (site de la Loue à Montluçon).
La consommation d’eau pour l’ensemble du projet est estimée à 1,2 millions de m³ par an, soit 600000 m³/an pour la concentration et le transport, et 600000 m³/an pour la conversion. La concentration et le transport utiliseraient de l’eau recyclée à 95 % évitant ainsi tout rejet dans le milieu, mais pour compenser les pertes par évaporation 70 m³/h serait prélevé dans la Sioule. La conversion utiliserait de l’eau en sortie de la station d’épuration de Montluçon à raison de 75 m³/h ; cette eau subirait des traitements supplémentaires pour avoir la qualité requise par le procédé métallurgique et des réactifs (non précisés par Imerys) lui ensuite seraient ajoutés ; les effluents générés par la conversion subiraient un traitement permettant de réutiliser le maximum d’eau et ainsi d’éviter le rejet de ces effluents dans le Cher ; Imerys affirme, mais sans expliquer comment, que les résidus solides résultant du traitement des effluents seront éliminés sans impact pour l’environnement. Enfin, s’appuyant sur une étude hydrogéologique qu’elle vient de réaliser, Imérys affirme que le drainage par la future mine souterraine de lithium dans les nappes sera négligeable par rapport à celui de l’ancienne mine superficielle de kaolin qui a pollué les eaux superficielles et les nombreuses sources dans le secteur. Il va s’en dire que tout cela est contesté par les associations qui déplorent l’absence de preuves tangibles d’un impact minimal sur l’eau et l’environnement et un discours dont l’unique but est d’obtenir l’acceptation sociale du projet par les populations riveraines (promesse d’emplois et de non dégradation voire amélioration du cadre de vie).
Le montant total des coûts d’investissement ne sera connu qu’après la réalisation d’études de faisabilité de 2024 à 2026. Mais d’ores et déjà, Imerys annonce un coût de plus d’un milliard d’euros rien que pour la construction de la mine souterraine, des unités de concentration, de changement et de conversion du lithium. Le coût de production et celui de l’« après mine » ne sont quant à eux pas estimés dans le dossier du débat public. Mais quoiqu’il en soit, Imerys n’est pas en capacité de financer tous ces coûts sur fonds propres. Plusieurs options non exclusives s’offrent à Imerys : établir des partenariats avec d’une part des investisseurs financiers tels que le fonds d’investissement InfraVia, et d’autre part des industriels des secteurs minier et métallurgique ou des constructeurs de voiture électrique comme Stellantis (qui regroupe plusieurs marques d’automobiles françaises et italiennes) ; s’endetter en espérant que la France ou d’autres pays européens couvrent une partie du risque lié à la dette.
Un autre PERM lithium mais à partir des eaux géothermales en Alsace du nord est accordé à Lithium de France en 2022. Lithium de France est une filiale de la société française Arverne créée en 2018 et spécialisée dans la production de lithium « bas carbone » et de chaleur par géothermie.
Le PERM d’une durée de 5 ans porte sur une superficie de 150 km² au dessus de la nappe phréatique rhénane. Selon Lithium de France, les eaux géothermales du fossé rhénan ont une teneur en lithium suffisamment élevée pour le rendre exploitable. Lithium de France doit localiser d’ici mi-2024 les sites de forage les plus intéressants pour faire remonter l’eau, afin d’en récupérer à la fois la chaleur et le lithium.
Les projets lithium à partir de roches lithinifères ou d’eaux géothermales se sont multipliés en France ces dernières années. Ils rencontrent pour la plupart d’entre eux une forte opposition des populations locales et même parfois de leurs élus municipaux ; c’est le cas pour la demande de PERM (roches lithinifères) déposée par la société Sudmines en 2023 dans le Puy-de-Dôme, et pour l’attribution du PERM Ageli (eaux géothermales en Alsace) à la société Eramet en 2021.
La menace de pollution des masses d’eau par les projets tungstène
Le tungstène est utilisé pour la fabrication d’alliages, d’aciers spéciaux, de divers composants pour des applications électriques et électroniques, dans diverses industries dont l’aérospatiale. Il est considéré comme un métal critique et stratégique car produit en petite quantité et par un nombre réduit de pays dont la Chine (84 % de la production mondiale en 2020).
La France a été un producteur important de tungstène jusqu’en 1986, date de la fermeture du site minier de Salau en Ariège. De 1971 à 1986, ce site a produit 14 350 tonnes de trioxyde de tungstène, ce qui représente encore aujourd’hui environ la moitié de la production française totale.
Le site minier de Salau est constitué d’une mine souterraine de six niveaux débouchant sur le flanc est du Pic de la Fourque, une mine à ciel ouvert et une usine souterraine de traitement du minerai.
Les premiers travaux de réhabilitation ont été réalisés en 1986-1987 et se sont poursuivis entre 1996 et 1999. Ces travaux ont portés principalement sur les 6 dépôts de stériles miniers et les 2 terrils de résidus miniers présents dans le bassin versant du ruisseau des Cougnets, représentant un volume total de déchets estimé à 800000 m³.
En 2014, Variscan Mines, filiale d’une société australienne créée en 2010 par 2 anciens cadres du BRGM, dépose une demande de PERM pour le tungstène sur l’ancien site minier de Salau. Le « PERM de Couflens » est accordé à Variscan Mines en octobre 2016.
Comme l’explique fort bien l’association SystExt, l’attribution de ce PERM déclenche la prise de conscience par les habitants de la vallée des impacts sanitaires et environnementaux de l’ancien site minier et des risques potentiels de la relance minière sur ce même site.
Les déchets miniers stockés sur les fortes pentes de la vallée des Cougnets contiennent des concentrations importantes en métaux et métalloïdes, notamment l’arsenic et le tungstène. Le secteur est soumis régulièrement à de fortes pluies qui provoquent un drainage acide minier. Les bassins de décantation au pied des 2 terrils partiellement pleins n’assurent plus leur rôle de décantation-filtration et leur dispositif de retenue peut rompre à tout moment provoquant la pollution du torrent des Cougnets. Afin de lutter contre les inondations par débordement du cours d’eau, un barrage est construit en aval des dépôts et terrils. Le barrage est le récepteur des pollutions solides et liquides provenant des dépôts et terrils ; l’accumulation de sédiments lui font perdre progressivement sa capacité de stockage de l’eau. Le curage du barrage n’étant pas possible, celui-ci ne peut plus remplir correctement son rôle d’écrêteur de crues et de protection contre les inondations.
Forts de ces constats, le collectif Stop Mine Salau dépose un recours devant le tribunal administratif de Toulouse contre le PERM de Couflens arguant que le montage financier de Variscan Mines ne permet pas de mener à bien le projet. En conséquence de quoi, le tribunal administratif de Toulouse annule le PERM en 2019 et cette décision est confirmée par la cour d’appel de Bordeaux. En 2022, le Conseil d’État saisi par l’État casse l’annulation de 2020. Un nouveau recours est déposé dénonçant cette fois l’absence d’évaluation environnementale par Variscan Mines et la cour d’appel de Bordeaux annule à nouveau le PERM en janvier 2024. Cette décision devrait être définitive, bien que Variscan Mines demande des dommages et intérêts à l’État.
Comme pour les projets lithium, les projets tungstème rencontrent une forte opposition locale. Ainsi, la demande PERM de la société Tungstène du Narbonnais sur le territoire de la commune de Fontrieu dans le Tarn est rejetée en 2022 par le ministère de l’économie et de l’industrie, au motif que la société minière n’apporte pas de garanties sur la protection de la ressource en eau, notamment l’alimentation en eau potable de la commune de Fontrieu. Cette décision est saluée par l’association Stop Mine 81, la mairie de Fontrieu et et le Parc naturel régional du Haut Languedoc qui s’opposent depuis 2018 à l’exploration minière sur le site choisi par Tungstène du Narbonnais.
Les incohérences de la politique de l’Union européenne et de la France
La relance de l’extraction des minerais critiques et stratégiques et de leur métallurgie révèle, s’il en était besoin, les incohérences entre les politiques dans les domaines de l’énergie, du climat, de l’environnement et de l’eau, au niveau européen et français.
La transition énergétique va faire exploser la demande en minerais critiques et stratégiques, et pour répondre à cette demande, il faut relancer l’extraction de ces minerais et leur métallurgie. Or, comme le montrent les exemples ci-dessus, cette relance produit des déchets qui vont polluer durablement l’environnement et les masses d’eau. Comment, dans ces conditions, mener à bien à la fois la transition énergétique et le retour dans un bon état quantitatif et qualitatif des masses d’eau en application de la Directive Cadre sur l’Eau ?
Le dilemme est exacerbé en France, compte-tenu de la place du nucléaire dans le mix énergétique et de l’impossibilité à garantir un stockage sécurisé des déchets nucléaires sur plusieurs siècles (voir les luttes contre le projet Cigeo d’enfouissement de déchets nucléaires).
Depuis 2007, la population locale se mobilise aux côtés de collectifs citoyens contre ce projet de construction d’une autoroute reliant Castres à Toulouse « hérité du siècle passé », et né dans les années 1990 afin de « désenclaver le bassin Castres-Mazamet » selon les promoteurs. Face à ce projet jugé « inutile, écocidaire et antisocial », les militants multiplient les moyens d’action : recours juridiques, rassemblements, grèves de la faim et de la soif, occupations dans les arbres et au sol… Trois ZAD bloquent actuellement les travaux, deux près de Castres (Tarn) et une à Verfeil (Haute-Garonne). Des projets alternatifs à cette autoroute sont portés par des associations, dont La Voie est Libre. Le collectif propose notamment de réaménager la route nationale déjà existante entre Toulouse à Castres, la RN126, de densifier le réseau de transports en commun, de créer une véloroute nationale bioclimatique sur 87 kilomètres entre Toulouse et Mazamet et d’améliorer la ligne de train.
Voilà deux ans que la lutte contre l’autoroute A69 ne cesse de s’intensifier, après des années de résistance locale. Le 7, 8 et 9 juin, après l’événement ” Sortie de route” et “Ramdam” organisé avec les soulèvements de la terre, c’est un week end de mobilisation intitulé “Roue libre” qui s’est tenu. Dans cette émission, nous reviendrons donc avec Michel, membre de la Voie est libre, sur l’histoire de cette mobilisation et sur la tenue de ce week end.
Green Dock est un projet d’entrepôt, majoritairement routier : 600 mètres de long, soit l’équivalent de deux stades de France, 35 mètres de haut, prévu par Haropa Port sur les bords de Seine dans le port de Gennevilliers.
Sa démesure menace la biodiversité des berges, ainsi que la zone Natura 2000 de l’île-Saint-Denis située à 80 mètres. Elle massacre le grand paysage depuis la rive opposée du fleuve à Épinay-sur-Seine et Argenteuil.
Ce projet est un danger pour la santé en raison de la pollution de l’air, sonore et lumineuse 24/24 causée par plus de 1200 rotations de camions par jour dans une zone au trafic déjà surchargé.
Du 24 au 26 mai, se sont tenu de grandes mobilisations contre le projet d’entrepôt Green dock à Gennevilliers.
Parmi cela, des tables rondes et celle que nous vous proposons dans l’émission de ce jour, fut la table ronde du 24 mai 2024 avec pour thème : Travail et écologie. Nous entendrons, en autres, un cheminot et des salariés de la plateforme logistique Geodis de Gennevilliers.
Dans cette émission du mercredi 12 juin 2024, nous avons choisi de vous faire entendre une table-ronde ayant pris place dans le week-end contre le projet d’entrepôt Green Dock, à Gennevilliers. Cette table-ronde portait sur l’écologie en banlieue et discutait plus particulièrement de la notion de racisme environnemental. Qu’est-ce que ce concept ? Fait-il sens ? Pourquoi des militants l’emploient-il, ou pas ? Et les personnes subissant le racisme, elles, l’utilisent-elles ? Le sujet loin de s’arrêter à une conception environnementaliste, donne à entendre des interrogations plus larges sur les conditions de vie, la dignité humaine et les inégalités sociales des habitants, ici vivant en banlieues. Pour finalement interroger le concept même d’écologie. C’est cette réflexion qui nous a semblé intéressante, et nous a motivé à vous faire entendre, des parts de cette table-ronde. A vos esprits critiques, bonne écoute.
Dans l’émission d’aujourd’hui, nous vous ferons entendre un reportage effectué le 25 mai 2024 à l’occasion d’une manifestation contre un projet d’entrepôt logistique en bordure de Seine, à Gennevilliers. Ce projet baptisé Green Dock est contesté par différents collectifs et associations locaux, qui a cette occasion, dans le cadre des Soulèvements de la terre, appelaient avec leurs alliés à un week-end de mobilisation, contre “l’empire logistique”. Vous entendrez donc dans l’émission, des prises de parole vous présentant plus en détail la lutte et ses enjeux. Mais aussi, pourrez-vous écouter des interviews réalisées au cours de la manifestation, sur des luttes connexes (lutte contre le canal Seine-Nord Europe ; lutte contre l’artificialisation des Écouardes ; actualité concernant la lutte pour la préservation des terres de Gonesse).
Voir aussi : Article de Reporterre sur la répression lors de l’action au siège d’Amundi le 24 mai 2024, et lors de la manifestation contre le projet Green Dock, le 25 mai. Communiqué de Extinction Rébellion suite à la répression au siège d’Amundi.
du 8 au 12 mai ce tenait le RETOUR DE FLAMME contre les JOP et leur monde de gentrification, de bétonisation, et de surveillance. A cette occasion ce tenait des ateliers d’initiation et/ou aux combats, ainsi que des et discuter sur les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Dans cette émission nous vous diffusions une de ces tables rondes.
Les 20 et 21 avril dernier, était organisé le rassemblement du Syndicat des Gardien.nes de Troupeaux à Batsere dans les Pyrénées. Le SGT est un syndicat d’ouvrier.es agricoles qui exerçent les métiers de berger.es, vacher.es et chevrier.es dans les alpages. En lutte contre le patronat agricole qui les exploite, ils et elles se battent pour faire appliquer le code du travail jusque dans leurs montagnes et en finir avec les idées reçues sur le métier de berger. Les Syndicats CGT des Gardien.nes de Troupeaux a donc entamé un bras de fer face à la FNSEA afin de faire entendre ses revendications :
Une prime de précarité pour tous les contrats saisonniers
La fin du travail gratuit par la reconnaissance de la totalité des heures travaillées.
La fin du travail au SMIC et le palier 7 minimum pour tous les gardien.nes de troupeaux.
La fin des logements insalubres et dangereux.
La priorité à l’embauche d’une saison à l’autre.
Le remboursement de notre équipement.
La prise en charge des frais lié à nos chiens de conduite.
Plus de contrôles pour sanctionner les employeurs dans l’illégalité.
Le conditionnement des aides loup au respect du code du travail.
A l’occasion de ce week end, le syndicat a organisé plusieurs temps d’échange. L’un d’entre eux mettait en discussion la notion de “métier passion” avec l’ouvrage : Te plains pas c’est pas l’usine Lily Zalzett, Stella Fihn. C’est celui-ci que nous vous diffusons aujourd’hui, précédée d’un interview des camarades de la SGT.
En France, en 2022, selon les chiffres de la Sécurité sociale, il y a eu au moins 1227 morts au travail et du travail – soit trois par jour – dont 738 morts au travail. Ces chiffres ne reflètent pas la réalité : le régime agricole, les régimes spéciaux, la fonction publique et les travailleuses et travailleurs indépendants ne rentrent pas dans les statistiques.
S’ajoutent également des milliers d’accidents graves occasionnant des séquelles durables et entraînantes et souvent un licenciement pour inaptitude.
Le 25 avril 2024, se tenait la Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail. À cette occasion avait lieu à paris, devant les locaux de IRNS ( Institut National de Recherche et de Sécurité) lié au travail, une mobilisation appelés par la CGT et notamment une conférence de presse pour alerter sur la situation actuelle sur les accidents de travail. C’est la secrétaire de la CGT Sophie Binet qui tenait cette conférence de presse.
On peut trouver louable que la direction de la CGT se mobilise sur cette question, mais qu’entre autres, Lors mouvement social sur la réforme des retraites passé de 62 à 64 ans qui aura un impact sur les conditions de travail pour un grand nombre de salarié-e-s, que la CGT n’est pas menée plus frontalement la lutte.
En ce début d’émission, nous entendrons une grande partie de cette conférence de presse suivie d’un entretien réalisé avec Mr Coulibaly, délégué CGT de l’entreprise SADE en sa compagnie, nous reviendrons sur le décès le 16 juin 2023 de Amara Dioumassy, chef d’équipe de Darras et Jouanin, co-traitant de l’entreprise Sade et travaillant sur le bassin d’Austerlitz à Paris, un chantier visant à rendre la Seine plus propre en vue des JOP 2024.
Dans la seconde partie d’émission, nous nous rendrons sur le triangle de Gonesse, où se tenait le 28 avril dernier une Zadimanche et a cette occasion, nous vous diffusons l’entretien avec Bernard Loup, président du collectif pour le triangle de Gonesse et il reviendra notamment sur le projet de morts au travail sur ce lieu.
Les 25 et 26 mars 2023, se tenait dans les Deux-Sèvres, une Mobilisation Internationale pour la défense de l’eau et contre les mégabassines intitulée : Pas une bassine de plus !
« Les bassines sont des ouvrages de stockage d’eau pour l’irrigation. Ce sont des cratères de plusieurs dizaines d’hectares en moyenne, recouverts de bâches plastiques noires retenues par des digues de 10 m de hauteur en moyenne. Elles ne sont PAS remplies avec l’eau de pluie ni de l’eau de ruissellement ! Les bassines sont alimentées par des pompes qui vont chercher l’eau de bonne qualité dans les sols, les NAPPES PHRÉATIQUES. Face aux pénuries d’eau en été, la solution trouvée par les agro-industriels et le gouvernement est de construire des bassines pour pomper de l’eau en hiver et la stocker.
Une minorité d’exploitations (environ 5 %) a le privilège d’être connectée à la bassine et de bénéficier de cette eau pour irriguer les cultures l’été, alors que le reste du territoire subit le manque d’eau et doit s’adapter aux restrictions préfectorales. Autour d’une série de nouvelles bassines projetées dans les Deux-Sèvres, la mobilisation de Sainte-Soline, c’est à l’ensemble du pays et bien au-delà que se sont vus révélés les enjeux de l’accaparement de l’eau par une minorité d’irrigants, en pleine sécheresse systémique.
Le samedi 26 mars, une manifestation se dirige vers Sainte-Soline ou se construit une bassine de rétention d’eau. Face aux manifestants, c’est un dispositif de maintien de l’ordre disproportionné : pas moins de 7 hélicoptères et plus de 1700 FDO, un dispositif dont le coût est estimé à plus d’un million d’euros. 200 blessés dont plusieurs grièvement, deux personnes entre la vie et la mort et le ministre de l’Intérieur qui demande la dissolution du collectif les soulèvement de la terre.
Grièvement blessé à la tête lors de la manifestation de Sainte-Soline, Serge attendra pendant 1 h 20 l’arrivée des secours bloqués par les forces de l’ordre. Après deux mois de coma, il se réveille enfin.
Nous avons déjà produit une émission avec un premier témoignage de Serge. Néanmoins, pour continuer à réfléchir sur la question de la violence de l’état et de nos moyens d’actions, nous vous proposons aujourd’hui d’écouter une rediffusion de l’émission Égrégore diffusé sur radio primitive, qui revient avec Serge sur cet événement et son engagement politique. Pour finir et compléter cette réflexion, nous vous diffusons par la suite le témoignage d’Alexandre qui a été mutilé lors d’une manifestation LGBT le 1ᵉʳ février 2024.
Les 20 et 21 avril dernier, était organisé le rassemblement du Syndicat des Gardien.nes de Troupeaux à Batsere dans les Pyrénées. Le SGT est un syndicat d’ouvrier.es agricoles qui exerçent les métiers de berger.es, vacher.es et chevrier.es dans les alpages. En lutte contre le patronat agricole qui les exploite, ils et elles se battent pour faire appliquer le code du travail jusque dans leurs montagnes et en finir avec les idées reçues sur le métier de berger. Les Syndicats CGT des Gardien.nes de Troupeaux a donc entamé un bras de fer face à la FNSEA afin de faire entendre ses revendications :
Une prime de précarité pour tous les contrats saisonniers
La fin du travail gratuit par la reconnaissance de la totalité des heures travaillées.
La fin du travail au SMIC et le palier 7 minimum pour tous les gardien.nes de troupeaux.
La fin des logements insalubres et dangereux.
La priorité à l’embauche d’une saison à l’autre.
Le remboursement de notre équipement.
La prise en charge des frais lié à nos chiens de conduite.
Plus de contrôles pour sanctionner les employeurs dans l’illégalité.
Le conditionnement des aides loup au respect du code du travail.
A l’occasion de ce week end, le syndicat a ou organiser plusieurs temps d’échange, notamment un avec Jocelyne Porcher autour de la question ” du bien être” animal. C’est l’échange que nous avons choisi de vous diffusez dans cette émission, précédée d’un interview des camarades de la SGT.
Dessins extraits du dossier de presse les Oubliés de l’atome, édité par ICAN France
Dans cette émission, nous vous proposons d’écouter des enregistrements pris dans le cadre d’une rencontre organisée par l’ICAN française, c’est-à-dire, la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires. Lancée en 2007, cette dernière est une coalition d’organisations non-gouvernentales et opère à une échelle internationale pour promouvoir l’élimination des armes de destruction massive. C’est par l’initiative de cette coalition que fut proposé le traité aux Nations Unies portant sur l’interdiction des armes nucléaires, le TIAN, lequel fut ratifié en 2021 par de nombreux pays — aucun cependant ne faisant partie des puissances nucléaires. L’ICAN France donc, avait invitée ce mardi 23 avril 2024 la militante et politicienne polynésienne Hinamouera Cross-Morgant, laquelle s’est entretenue avec Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France, des conséquences de ce qui est nommé communément des “essais nucléaires”, en Polynésie française.
Ces derniers qui se sont étalés sur 30 ans, du 2 juillet 1966 au 2 décembre 1995, ont eu de désastreux effets sanitaires et environnementaux, et impactent aujourd’hui encore — mais demain aussi ! — les habitants. Dans cette émission, il sera peu sujet de l’histoire nucléaire de la Polynésie, de son origine après que l’Algérie devint indépendante et du complexe militaro-industriel le soutenant, des luttes locales comme des solidarités du siècle passé et présent. Cette histoire y sera davantage racontée en creux, et constituera une première approche pour qui voudrait s’y intéresser. L’émission, dû au fait du cadre institutionnel dans lequel elle a été enregistrée, s’attardera en revanche et plus explicitement, sur la gestion des déchets nucléaires, sur la reconnaissance des victimes et des maladies transgénérationnelles, sur leur prise en charge. Vous pourrez entendre également des échanges sur l’ouverture et la gestion des archives, et sur son aspect colonial. Plus profondément, il sera sujet en filigrane du rapport à la mémoire, à la vérité, et sur ce qui fait, finalement, héritage. Qu’est-ce qu’il reste après ? Quasiment 30 ans plus tard après la dernière explosion nucléaire ?
Vous trouverez à cette adresse une courte bande-dessinée retraçant l’histoire du nucléaire en Polynésie.
Communiqué du Mouvement de la paix suite à un double-tir simultané d’un missile de croisière naval par la France le 18 avril 2024 : lien.
En cette année de l’an 2024, cela fait 38 ans qu’a eu lieu la catastrophe de Tchernobyl. Vous pourrez retrouver un lien vers le documentaire “Thernobyl, le monde d’après” de Marc Petitjean (réalisation et montage) et Yves Lenoir (auteur) à cette adresse : lien.
Le SDRIF-E est le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France-environnemental. De 2004 à 2013, L’Institut Paris Région a assuré la maîtrise d’œuvre de la révision du Schéma directeur, en appui à la Région Île-de-France et à ses services. Cet exercice de planification concertée s’est fait en association étroite avec l’État, le Conseil économique, social et environnemental régional d’Île-de-France (Ceser), et en relation avec les collectivités territoriales, les partenaires socio-économiques et les acteurs associatifs. Le schéma « Île-de-France 2030 » a été approuvé par décret n° 2013-1241 du 27 décembre 2013, et depuis, l’Institut Paris Région accompagne la Région et l’État dans la mise en œuvre du schéma régional et dans son processus de suivi-évaluation, afin d’éclairer les pratiques et les réflexions sur l’évolution des politiques publiques.
Plus de 12 millions de Francilien.ne.s verront leurs conditions de vie impactées par le prochain Schéma Directeur de la Région Ile-de-France. Censé répondre aux enjeux climatiques et environnementaux, ce nouveau SDRIF-E (abusivement qualifié d’environnemental) il pose pourtant de multiples questions quant à la transformation nécessaire de nos modèles de croissance et d’habitabilité du territoire, notamment en regard de la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette).
Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons la mise en question de ce nouveau SDRIF-E par Jacqueline Lorthiois (urbaniste et économiste des territoires) lors d’une présentation qui se tenait le 4 mars 2024 à Montreuil organisée avec Attac 93 et le MNLE 93.
Il y a un an, les 25 et 26 mars 2023, se tenait dans les Deux-Sèvres, une Mobilisation Internationale pour la défense de l’eau et contre les mégabassines intitulée : Pas une bassine de plus !
« Les bassines sont des ouvrages de stockage d’eau pour l’irrigation. Ce sont des cratères de plusieurs dizaines d’hectares en moyenne, recouverts de bâches plastiques noires retenues par des digues de 10 m de hauteur en moyenne. Elles ne sont PAS remplies avec l’eau de pluie ni de l’eau de ruissellement ! Les bassines sont alimentées par des pompes qui vont chercher l’eau de bonne qualité dans les sols, les NAPPES PHRÉATIQUES. Face aux pénuries d’eau en été, la solution trouvée par les agro-industriels et le gouvernement est de construire des bassines pour pomper de l’eau en hiver et la stocker. Une minorité d’exploitations (environ 5%) a le privilège d’être connectée à la bassine et de bénéficier de cette eau pour irriguer les cultures l’été, alors que le reste du territoire subit le manque d’eau et doit s’adapter aux restrictions préfectorales. Autour d’une série de nouvelles bassines projetées dans les Deux-Sèvres,la mobilisation de Sainte-Soline, c’est à l’ensemble du pays et bien au-delà que se sont vus révélés les enjeux de l’accaparement de l’eau par une minorité d’irrigants, en pleine sécheresse systémique.
Le samedi 26 mars, une manifestation se dirige vers Sainte-Soline ou se construit une bassine de rétention d’eau. Face aux manifestants c’est un dispositif de maintien de l’ordre disproportionné : pas moins de 7 hélicoptère et plus de 1700 FDO, un dispositif dont le coût est estimé à plus d’un million d’euros. 200 blessés dont plusieurs grièvement, deux personnes entre la vie et la mort et le ministre de l’Intérieur qui demande la dissolution du collectif les soulèvement de la terre.
Grièvement blessé à la tête lors de la manifestation de Sainte-Soline, Serge attendra pendant 1h20 l’arrivée des secours bloqués par les forces de l’ordre. Après deux mois de coma, il se réveille enfin. Aujourd’hui encore les médecins ne connaissent pas l’étendue de ses séquelles. C’est la première fois qu’il prend publiquement la parole dans une co-production de Reporterre et OFF investigation.
Dans cette émission, nous vous diffusons son interview en intégralité. Pour l’accompagner, nous diffusons en amont un reportage réalisé lors de la mobilisation du 26 mars 2023, et un interview de la mère de Serge réalisé le mois suivant dans notre émission.
Le 8 et 9 mars 2024 se sont réunis de nombreux collectifs se battant contre les bateaux de croisières. De Trieste, valence, Taragone, le Havre etc Tous s’étaient donnés rendez-vous à Marseille pour échanger sur leurs pratiques et créer des liens. Dans l’émission de ce jour, nous entendrons les entretiens réalisés avec les différents collectifs mobilisés contre le tourisme de croisière en Europe.
Stop aux navires de croisière en Méditerranée 15/04/2023 L’essor du tourisme de croisière en Méditerranée coïncide avec la manifestation évidente d’une crise multiple : climatique, énergétique, des ressources et de la biodiversité. Nous ne pouvons pas isoler ces crises du modèle économique qui permet, légitime et prône le tourisme de croisière. À la rencontre des mouvements anti-navires de croisière, de nombreux impacts socio environnementaux et économiques ont été identifiés, qui se reproduisent dans toute la Méditerranée avec une intensité croissante. Nous dénonçons donc : Les impacts environnementaux insoupçonnables : c’est le transport le plus polluant par personne et par kilomètre, il génère une immense quantité de déchets, en mer et sur terre, il utilise les carburants les plus nocifs pour la santé des personnes et encourage le déploiement de grandes infrastructures (routes, aéroports…). Fausses solutions technologiques : GNL (énergie fossile à fort effet de serre), électricité, hydrogène vert ou recours à des épurateurs. Tout cela ne sont que des stratégies de greenwashing. Impacts sous forme de touristification intensive des territoires, surpeuplement de l’espace public, transformation des villes en scénarios touristiques, effondrement des systèmes de transports publics, disparition du commerce local et perte de l’identité du tissu social. La spirale de croissance insatiable d’une industrie qui jouit de nombreux privilèges : avec des fonds publics, elle construit des ports et des infrastructures pour accueillir des navires toujours plus gigantesques qui extraient de gros profits qui ne restent pas dans les mains locales. L’utilisation aveugle des pavillons de complaisance par les multinationales du transport maritime, qui leur permet des régimes de travail abusifs, des salaires plus bas, des contrôles techniques minimes des navires, des réglementations environnementales laxistes et l’évasion fiscale. Le manque de transparence dans le secteur et l’opacité dans le fonctionnement des ports, qui rend difficile le contrôle et le suivi de leurs actions, et des modèles de gouvernance plus participatifs.
Les organisations participantes exigent des actions politiques tendant à supprimer l’activité de croisière, la recherche d’alternatives économiques non polluantes dans les territoires concernés, une plus grande réglementation environnementale du secteur maritime ainsi qu’une prise de conscience générale de la population. En tant que réseau de mouvements et de plateformes qui subissent les effets du secteur des croisières, nous avons décidé de lutter ensemble. En conséquence, les entités soussignées ont convenu de la nécessité de s’organiser pour réaliser les mesures suivantes : 1. La réduction radicale de l’activité des navires de croisière en Méditerranée, conduisant à leur disparition. 2. La mise en œuvre de campagnes de sensibilisation et d’explication des conséquences de l’industrie des croisières, tant auprès des habitants des villes et villages qui subissent ses conséquences, que des usagers des navires de croisière eux-mêmes. 3. L’arrêt immédiat des expansions portuaires destinées au secteur des croisières et la diminution des infrastructures portuaires. 4. La dénonciation des fausses solutions comme le GNL, les scrubbers ou l’alimentation à quai, puisqu’aucune de ces technologies actuelles et futures n’empêchera un navire de polluer. 5. La reconversion du secteur touristique dans les villes, afin d’améliorer les modes de mobilité plus durables et de renforcer des secteurs économiques locaux plus justes, socialement et écologiquement. Travailler ces processus avec les travailleurs et leurs espaces syndicaux. 6. La promotion de l’entrée en vigueur avant 2025 de zones de contrôle des émissions de soufre et d’azote en Méditerranée, sans « scrubbers ». 7. L’expansion et le maintien d’efforts communs dans toute la Méditerranée pour faire de ces revendications une réalité et prendre en compte les inégalités nord sud mondiales.
Le 2 mars 2024, la Confédération paysanne organisait un rassemblement sur la Place de la République, afin de promouvoir leurs revendications, festoyer et débattre. Dans cette émission, vous pourrez écouter des extraits d’intervention de tables ronde s’y étant déroulées. Tout d’abord avec des morceaux choisis d’intervention sur l’artificialisation des sols, puis, en seconde partie d’émission, il sera question de la place de l’agriculture dans une économie mondialisée, et notamment des traités de libre-échange.
Les campagnes européennes sont en ébullition. Des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne, l’Allemagne, l’Italie, partout la colère gronde. Les agriculteurs manifestent leur mécontentement. Un mécontentement également présent en France, ou nous avons entendu essentiellement les gros exploitants s’exprimer pour demander moins de réglementation donc plus d’artificialisation des terres, de produits polluants répendus, d’exploitations gigantesques. Ils ont utilisé des méthodes plutôt musclées qui ont bénéficiées de la part des médias et du gouvernement d’un traitement complaisant, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous avons trop peu entendu les petit paysans qui dénonçaient leurs morts programmée, des prix trop bas, des subventions qui vont toujours aux plus gros exploitants, des sols ravagés par les pesticides issus de la pétrochimie. ils dénonçaient l’agroindustrie qui tue les sols et les humains. Cette colère touche également l’Inde, une fois de plus, c’est pourquoi nous avons demandé à jacques Chastaing de luttesinvisibles de nous faire un point.
Pourquoi les agriculteurs indiens ont-ils relancé leur mouvement de protestation ?
Des milliers d’agriculteurs indiens convergent cette semaine vers New Delhi sur des tracteurs, tentant de relancer le mouvement de protestation de 2020-2021 qui avait bloqué les autoroutes vers la capitale pendant plus d’un an.
Le Premier ministre Narendra Modi avait alors été contraint de reculer et d’abroger des lois de déréglementation des marchés agricoles. Les syndicats agricoles affirment que le gouvernement n’a depuis pas fait assez pour résoudre leurs problèmes, ce qui les a poussés à reprendre leur mouvement. Des colonnes de police anti-émeute ont jusqu’à présent freiné l’avancée des manifestants avec des tirs de gaz lacrymogènes et des barricades en béton, mais les agriculteurs ont promis de continuer leur mouvement.
Quelle est la situation du secteur agricole en Inde ?
Le secteur agricole indien est gigantesque et plongé dans de multiples difficultés. Il emploie plus de 45% de la main-d’œuvre du pays et représente 15% de son produit intérieur brut (PIB). La “Révolution verte” des années 1970 avait fait de l’Inde, alors régulièrement confrontée à des pénuries alimentaires, un important exportateur de produits alimentaires.
La taille moyenne des exploitations reste modeste : plus de 85% des agriculteurs possèdent moins de deux hectares de terre. Et moins d’un agriculteur sur cent possède plus de 10 hectares, selon une enquête du ministère de l’Agriculture de 2015-2016.
Les pénuries d’eau, les inondations et des conditions météorologiques irrégulières liées au changement climatique, ainsi que l’endettement pèsent fortement sur les agriculteurs.
Plus de 300.000 d’entre eux se sont suicidés depuis les années 1990, selon les chiffres officiels, et les agriculteurs sont nombreux à déplorer un état de détresse financière constante.
Les agriculteurs indiens ont néanmoins un poids politique important en raison de leur nombre : des dizaines de milliers de personnes avaient campé dans la banlieue de Delhi lors du précédent mouvement pour exiger que le gouvernement de Narendra Modi abandonne son projet de déréglementation de l’agriculture.
Que demandent les agriculteurs ?
Les agriculteurs indiens disposent déjà de garanties de longue date obligeant le gouvernement à acheter certains produits, notamment le riz et le blé, lorsque leur prix tombe au-dessous d’un certain niveau sur le marché. La principale revendication des syndicats est d’élargir ces prix minimum de soutien à toutes les cultures pour les protéger des fluctuations du marché.
Le gouvernement Modi avait promis d’examiner cette demande après les manifestations de 2021, mais les syndicats affirment que rien n’a été fait depuis. Ils veulent également que les poursuites contre les dirigeants syndicaux datant de ces manifestations soient abandonnées et qu’une pension mensuelle de 120 dollars soit versée aux agriculteurs de plus de 60 ans.
Plusieurs autres revendications visent une plus grande protection des agriculteurs face aux fluctuations du marché : allègement des dettes, retrait de l’Inde de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des accords de libre-échange, ainsi que l’assurance que les subventions existantes, notamment l’électricité gratuite, ne seront pas supprimées.
Quelle a été la réponse du gouvernement ?
L’Inde dépense déjà plus de 50 milliards de dollars par an en subventions aux agriculteurs, selon des documents budgétaires. Ces subventions ont parfois aggravé le manque de productivité en encourageant des cultures inadaptées aux conditions locales, comme le riz qui a épuisé les nappes phréatiques dans l’État du Pendjab.
Les subventions et les achats publics de produits agricoles ont fréquemment été des facteurs de corruption et de gaspillage. Le gouvernement a tenu cette semaine plusieurs séries de négociations avec les syndicats pour désamorcer la crise, sans succès.
Le parti de M. Modi, le BJP, affirme que l’extension du système de prix minimum est régressive et inabordable, avec un coût estimé à au moins 140 milliards de dollars supplémentaires. Le gouvernement a plutôt cherché à contenir les manifestations afin d’éviter un mouvement de grande ampleur comme celui de 2020-2021, qui avait suscité une grande sympathie dans l’opinion publique.
Les agriculteur·trices indien·nes protestent à nouveau. La garantie légale du prix minimum de soutien est la principale revendication
La capitale de l’Inde, New Delhi, est une fois de plus à la limite.
Des milliers d’agriculteur·trice·s de l’État du Pendjab marchent vers la métropole, réclamant l’assurance légale d’un prix minimum de soutien pour leurs récoltes. À quelques mois des élections nationales, la coalition au pouvoir craint qu’une mobilisation de grande ampleur, comme celle de 2020, ne lui cause des problèmes. Les agriculteur·trice·s sont convaincu·e·s que les gouvernements ne tiennent compte de leurs demandes qu’en période électorale. La marche se poursuit donc.
Le 13 février, à la frontière de Shambu, entre l’Haryana et le Pendjab, les agriculteur·trice·s en marche ont été accueillis par des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Plus près de la capitale nationale, les médias décrivent les principales artères fortifiées par des clôtures en fer, des anneaux métalliques et des clous sur le sol. Les agriculteur·trice·s comparent la région à une zone de guerre et s’interrogent sur de telles tactiques dans une nation fière de ses valeurs démocratiques. Les travailleur·euse·s locaux qui empruntent cette route pour se rendre de leur lieu de travail à leur domicile parcourent désormais plusieurs kilomètres par jour, la circulation automobile étant interrompue.
Les dirigeants du Samyukt Kisan Morcha (SKM), qui a été le fer de lance des manifestations historiques de 2020, ont précisé qu’ils n’organisaient pas la marche actuelle. Celle-ci est organisée par des groupes qui faisaient autrefois partie des mobilisations de 2020, mais qui se sont depuis détachés pour fonctionner indépendamment de la coalition plus large du SKM. Néanmoins, le SKM a défendu le droit de chacun à manifester et a réitéré son appel à une journée de grève nationale des agriculteur·trice·s et des syndicats le 16 février, en particulier dans les zones rurales. Les syndicats qui ont appelé à cette grève nationale ont demandé des pensions pour les agriculteur·trice·s, un prix minimum de soutien pour les cultures, la mise en œuvre de l’ancien régime de retraite et le retrait de l’amendement des lois sur le travail.
Sous la surface de ces détails et de ces subtilités se cache l’état désastreux de l’agriculture indienne actuelle.
Entre 1991 et 2011, près de 15 millions d’agriculteur·trice·s ont abandonné l’agriculture pour chercher d’autres moyens de subsistance. Bien que l’on ne dispose pas de données pour la dernière décennie, la plupart des villes indiennes ont connu un afflux important de travailleur·euse·s, ce qui témoigne de la détresse des zones rurales. L’un des principaux facteurs rendant l’agriculture non viable pour de nombreux petit·e·s producteur·trice·s indien·ne·s est la faiblesse des revenus qu’il·elle·s perçoivent.
Dans une interview accordée à Thirdpole en 2022, Devinder Sharma, analyste de l’alimentation et du commerce, a élucidé cette question en citant une étude de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement qui a révélé la stagnation des prix à la production des produits agricoles entre 1985 et 2005, corrigés de l’inflation. Une autre étude réalisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques et le Conseil indien pour la recherche sur les relations économiques internationales a estimé que les agriculteur·trice·s indien·ne·s avaient perdu 600 milliards de dollars entre 2000 et 2016. M. Sharma a souligné la dure réalité : en 2016, les revenus agricoles annuels par habitant dans 17 États, soit la moitié du pays, s’élevaient à moins de 270 USD, soit moins de 23 USD par mois.
Nalla Gounder, un agriculteur du Tamil Nadu, pose une question poignante : « Au cours de la dernière décennie, le prix de vente de la noix de coco a diminué de moitié tandis que le coût de la main-d’œuvre agricole a doublé. Comment voulez-vous que les agriculteur·trice·s survivent ? »
La fréquence croissante des catastrophes climatiques, notamment les tempêtes de grêle, les pluies intempestives, les sécheresses prolongées et la diminution des sources d’eau, rend encore plus difficile l’obtention d’une bonne récolte. Au cours des 30 dernières années, le coût des intrants a régulièrement augmenté, alors que les prix de vente n’ont pas suivi. En conséquence, la moitié des ménages agricoles ruraux se retrouvent endettés, le suicide devenant tragiquement un moyen désespéré de s’en sortir.
Les agriculteur·trice·s ne savent plus où donner de la tête. S’accrochant à leurs dernières forces pour survivre, ils croient fermement qu’un prix minimum de soutien garanti par la loi empêcherait au moins que leur production soit vendue à des prix inférieurs.
Toutefois, l’adoption d’une telle loi est plus facile à dire qu’à faire. L’adhésion de l’Inde à l’Organisation mondiale du commerce a exposé ses programmes de sécurité alimentaire et d’approvisionnement public à des attaques répétées de la part des pays orientés vers l’exportation, en particulier les États-Unis, qui les qualifient de « distorsions commerciales ». Ces pays considèrent tout soutien national offert aux agriculteur·trice·s indien·ne·s comme une entrave à l’accès au marché. Même les mécanismes de sauvegarde spéciale proposés pour permettre aux gouvernements nationaux de contrôler l’afflux d’importations bon marché ont été des points litigieux lors des négociations agricoles à l’OMC. Pour les pays en développement comme l’Inde, le soutien interne qu’ils apportent aux agriculteur·trice·s – y compris le prix minimum de soutien – est crucial pour le maintien des économies rurales.
Pris dans ce bourbier, les agriculteurs sont les premiers à souffrir de la situation.
Le prix minimum de soutien proposé par le gouvernement indien ne couvre que 23 cultures, et les agriculteur·trice·s affirment depuis longtemps que ces prix couvrent à peine les coûts de production. Ils plaident en faveur d’une méthodologie redéfinie pour déterminer le coût de la culture en incluant les loyers et les intérêts pour les terres possédées et les actifs fixes. Ils demandent que le prix minimum de soutien soit au moins 50 % plus élevé que le coût révisé des intrants. Un rapport de 2006, souvent appelé « rapport de la commission Swaminathan » en Inde, recommandait que le prix minimum de soutien soit supérieur d’au moins 50 % au coût de production moyen pondéré. Cette recommandation n’a toutefois pas été suivie d’effet.
À Bangalore, lors de la commémoration du 88e anniversaire du légendaire leader paysan Prof. M D Nanjudaswamy au Karnataka, Rakesh Tikat de l’Union Bhartiya Kisan, une figure importante de l’agitation de 2020, a souligné l’importance de mettre en œuvre les recommandations faites par M S Swaminathan, plutôt que de simplement l’honorer à titre posthume.
« C’est une bonne chose que le gouvernement ait honoré M S Swaminathan de la plus haute distinction civile à titre posthume. Mais ce qui est plus important pour les agriculteur·trice·s, c’est que les gouvernements mettent en œuvre les recommandations de M S Swaminathan et en fassent une garantie juridique. »
1 tracteur, 1 village, 15 personnes, 10 jours – la formule qui a soutenu un mouvement paysan pendant 13 mois en Inde
En 2020, le gouvernement indien a introduit trois lois agricoles controversées qui, selon les agriculteurs, visaient à corporatiser le système agricole sans s’attaquer aux causes profondes de la détresse. Les protestations véhémentes menées par les agriculteur·trice·s pendant 13 mois ont contraint le gouvernement indien à retirer ces lois.
Tikait a décrit leur stratégie pendant les manifestations : “Il n’a pas été facile de protester pendant 13 mois, car cela s’étendait sur plusieurs saisons. Nous avons donc suivi une formule selon laquelle chaque village envoyait un tracteur transportant 15 personnes jusqu’à la frontière de Delhi et, au bout de 10 jours, ces personnes revenaient tandis qu’un autre groupe du village les remplaçait. Il s’agissait d’une démonstration de force et de solidarité de la part des agriculteur·trice·s indien·ne·s, qui s’inscrivait dans une réalité liée à la baisse des revenus et à l’augmentation des dépenses
En retirant les lois en 2021, le gouvernement indien s’est également engagé à aborder la question du prix minimum de soutien, mais aucun progrès n’a été réalisé depuis.
S’adressant à TRT World lors de la commémoration du 13 février, Chukki Nanjudaswamy, de l’association des agriculteur·trice·s de l’État de Karnataka, a regretté le manque d’action du gouvernement concernant la détresse rurale et l’absence de législation garantissant le prix minimum de soutien. « Nous avons été victimes d’un système néolibéral et de catastrophes climatiques. Aucun gouvernement ne se penche sur la question. Ils auraient dû au moins organiser une discussion sérieuse au Parlement. Plus de 25 % de notre population a quitté les zones rurales au cours de la dernière décennie. »
Devinder Sharma, également présent lors de la cérémonie à Bangalore, a souligné le caractère mondial de la crise des paysan·ne·s, citant les manifestations en cours en Europe pour réclamer des prix équitables pour les produits et un plus grand soutien de l’État à la transition agroécologique. Il a mis en garde contre les dangers de la mondialisation, faisant écho aux précédentes mises en garde du professeur M.D. Nanjundaswamy concernant ses implications pour les agriculteur·trice·s.
« De l’Europe à l’Inde, les petits producteur·trice·s de denrées alimentaires descendent dans la rue pour protester contre les tentatives visant à rendre l’agriculture non viable pour eux·elles. Alors que la tendance mondiale s’oriente vers l’agriculture industrielle et l’agrotechnologie, avec l’émergence d’usines agroalimentaires à grande échelle, le modèle agricole traditionnel est confronté à des menaces existentielles », a-t-il déclaré. M. Sharma a également cité des exemples de protéines fabriquées en laboratoire qui remplacent les protéines réelles, comme l’approbation récente de la viande cultivée en laboratoire aux États-Unis. Il a averti que cette tendance poussait l’agriculture vers un avenir dystopique où les agriculteur·trice·s seraient marginalisé·e·s, faisant écho aux préoccupations exprimées par le professeur M.D. Nanjundaswamy il y a plusieurs dizaines d’années.
« La situation critique des agriculteur·trice·s indien·ne·s est un microcosme d’une crise mondiale qui touche les petit·e·s agriculteur·trice·s du monde entier. En 2020, les agriculteur·rice·s indien·ne·s ont fait preuve de résilience en manifestant pendant 13 mois. Nous pouvons recommencer, et nos villages observent attentivement ce qui se passe. Le gouvernement peut apporter une solution en un rien de temps s’il le souhaite sincèrement. Il suffit d’adopter une loi qui garantisse le PMS », rappelle Yudhvir Singh, de la Bhartiya Kisan Union, qui a également assisté à l’anniversaire de la naissance du professeur M.D. Nanjudaswamy.
« Le professeur MDN avait cette étrange capacité à relier les luttes mondiales, car il reconnaissait les réalités partagées par les paysan·ne·s du monde entier. Il a été l’un des fondateurs du mouvement paysan mondial La Via Campesina il y a trente ans, un excellent organisateur qui a rassemblé de nombreux mouvements paysans. Aujourd’hui, nous devons nous souvenir de son héritage alors que nous assistons une fois de plus à la mobilisation mondiale des petit·e·s producteur·trice·s du monde entier pour obtenir de meilleurs prix. » Le professeur Ravivarma Kumar, ancien procureur général du Karnataka et actuel membre du Comité international de coordination de La Via Campesina, s’est souvenu du légendaire leader paysan.
Le syndicat des agriculteurs de l’État de Karnataka, qui a organisé la manifestation de Bangalore, a également publié une résolution appelant le gouvernement indien à protéger ses stocks alimentaires publics et ses programmes d’approvisionnement, ainsi que les aides nationales aux intrants agricoles lors de la 13e réunion ministérielle de l’OMC qui se tiendra à Abou Dhabi à la fin du mois. « L’Inde devrait résister à la pression de ces pays développés, car cela pourrait compromettre la sécurité alimentaire d’autres pays en développement, y compris l’Inde elle-même. Pour garantir la souveraineté des agriculteur·trice·s, telle qu’elle est défendue par le KRRS depuis les années 1990, nous demandons que l’agriculture reste en dehors des négociations de l’OMC », peut-on lire dans la résolution.
L’association des agriculteur·trice·s de l’État a également condamné l’attaque israélienne contre Gaza. « Nous demandons à notre gouvernement d’intervenir et de soutenir l’appel mondial en faveur de la paix à Gaza, d’exiger la fin immédiate de cette guerre et de demander à Israël de retirer immédiatement ses troupes afin de sauver les cinq millions de Palestinien·ne·s de Gaza et de Cisjordanie de la famine, de la mort et du meurtre. »
La résolution demande également l’interdiction stricte de l’expérimentation et des essais en plein champ de toutes les cultures transgéniques, y compris la moutarde transgénique tolérante aux herbicides. « L’introduction de moutarde tolérante aux herbicides dans les champs des agriculteurs sous le couvert de la technologie hybride est trompeuse, en particulier lorsque des hybrides non génétiquement modifiés sont facilement disponibles. Le gouvernement du Karnataka peut créer un précédent fort pour les autres États en interdisant la moutarde transgénique et toutes les autres cultures génétiquement modifiées dans l’État et en demandant instamment au gouvernement central de révoquer son approbation antérieure ».
Des dizaines de milliers de paysans indiens ont commencé une nouvelle marche vers la capitale, baptisée « Delhi Chalo » (« en route pour Delhi »), à l’appel de deux cents syndicats d’agriculteurs. Ils se sont mis en branle avec tracteurs et remorques, mardi 13 février, partis du Penjab, le grenier de l’Inde, et de l’Haryana, avec la ferme intention de bloquer New Delhi. L’histoire se répète : ils avaient déjà campé aux portes de la capitale entre novembre 2020 et novembre 2021, la plus longue grève de l’histoire de l’Inde. Ils avaient regagné leurs champs après avoir obtenu le retrait de trois lois de libéralisation des marchés agricoles. Une immense victoire, remportée à un prix très lourd. Sept cents paysans sont morts durant le siège de la capitale.
Toutes les promesses n’ont pas été tenues. Le gouvernement avait lancé la création d’un groupe chargé d’examiner la possibilité d’imposer des prix minimum garantis pour les récoltes dans l’ensemble du pays. Mais aucune décision n’a été prise. Cette question est au cœur de la nouvelle marche.
Les paysans réclament l’instauration de tarifs minimum pour toutes leurs productions, pas seulement le blé, le riz et la canne à sucre, comme c’est le cas aujourd’hui. Ce système permet de protéger les agriculteurs de la volatilité des cours, les pouvoirs publics intervenant lorsque les prix du marché passent en dessous du tarif minimum garanti.
« Des années de négligence »
Les syndicats demandent aussi une pension de 5 000 roupies (55,8 euros) pour les agriculteurs, un allègement de leur dette et le retrait des poursuites judiciaires engagées lors des précédentes manifestations. Ils exigent enfin que l’Inde quitte l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pour se protéger de la concurrence de l’étranger. Février 14, 2024 AMNESTY INTERNATIONALES
Inde. Les restrictions croissantes et l’escalade de la répression contre la marche des paysans menacent le droit de manifester pacifiquement
En réaction aux restrictions croissantes et à l’escalade de la répression imposées par les autorités indiennes face à la marche pacifique des paysans, baptisée « Dilli Chalo », Aakar Patel, président du conseil exécutif d’Amnesty International Inde, a déclaré :
« Au lieu de faciliter le droit de manifester, le gouvernement indien déploie encore une fois beaucoup d’efforts pour réprimer les manifestations pacifiques des paysans à travers le pays. La marche ” Dilli Chalo “ se heurte à la répression, ce qui va à l’encontre de l’obligation du gouvernement de ne pas restreindre les rassemblements pacifiques de manière inutile ou disproportionnée.
« Les autorités indiennes doivent désamorcer sans attendre la situation et garantir les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et de circulation. Elles doivent condamner toute allégation de recours inutile et excessif à la force par les forces de l’ordre contre les manifestations d’agriculteurs dans le pays et mener des enquêtes efficaces. Les gaz lacrymogènes ne doivent être utilisés qu’en dernier recours pour faire face à une violence généralisée, après avoir évalué précisément les risques, lancé un avertissement verbal et donné aux participants la possibilité de se disperser.
« En outre, les grenades lacrymogènes ne doivent pas être larguées par des drones, au risque d’exposer les manifestants à des quantités excessives de substances chimiques, de provoquer panique et désorientation, et d’empêcher les manifestants d’identifier le meilleur itinéraire pour se disperser.
« Amnesty International engage les autorités indiennes à cesser d’écraser la dissidence pacifique et à lever toutes les restrictions injustifiées qui entravent les manifestations pacifiques dans le pays, notamment les interdictions générales, les coupures d’Internet empêchant la diffusion d’informations en temps voulu, ainsi que l’usage illégal de la force par les responsables de l’application des lois et l’arrestation et la détention arbitraires de manifestant·e·s pacifiques. »
Complément d’information
Plus de 200 syndicats agricoles indiens participent à la marche du « Dilli Chalo » depuis les États du Pendjab, de l’Haryana et de l’Uttar Pradesh, dans le but de parvenir jusqu’à la capitale, New Delhi. Ils portent 12 revendications, notamment la garantie légale d’un prix minimum de soutien pour toutes les récoltes, promesse faite par le gouvernement en 2021. D’après les informations dont dispose Amnesty International, la marche est pacifique, car elle ne donne pas lieu à des violences graves et généralisées, et est par conséquent protégée par les normes internationales relatives au droit à la réunion pacifique.
Les autorités ont imposé l’article 144 du Code indien de procédure pénale, qui interdit les rassemblements de plus de quatre personnes, à trois frontières de Delhi et dans 15 districts de l’État de l’Haryana. L’accès à New Delhi est bloqué par d’importantes barricades et un vaste déploiement de forces de sécurité, la mise en place de blocs de béton, de clous en fer et de fils barbelés, et Internet est coupé dans au moins sept districts de l’Haryana. Ces restrictions injustifiées constituent une violation du droit de réunion pacifique.
Le 13 février, certains des paysans mobilisés, près de la frontière de Shambhu en périphérie de Delhi, ont commencé à écarter les barricades pour poursuivre leur avancée. Ces actes n’ont pas entraîné un usage de la force susceptible de provoquer des blessures ou des décès, ni des dégâts matériels graves, et ne justifiaient donc pas l’intervention de la police pour disperser le rassemblement. Pourtant, la police de l’Haryana a tiré des salves de gaz lacrymogènes, y compris à l’aide de drones, pour disperser les manifestants. C’est la première force de police en Inde à utiliser des drones pour larguer des grenades lacrymogènes afin de disperser une manifestation.
D’après des sources policières, au moins 4 500 grenades lacrymogènes ont été tirées pendant six heures. Les leaders du mouvement paysan ont affirmé que certaines ont été larguées sur des fermiers âgés qui attendaient un peu plus loin sur des remorques de tracteurs. Ils ont ajouté que la police détenait une dizaine de paysans depuis mardi 13 février et que plusieurs manifestants ont été blessés par des tirs de projectiles à impact cinétique (balles en caoutchouc).
Le 7 février 2024, des habitants de logements sociaux sont venus de toute la France devant l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. Une centaine de personnes issues de nombreuses villes ont réclamé la réhabilitation de leur immeuble plutôt que la destruction, et demandé un moratoire sur les projets contestés en cours.
Un grand nombre de collectifs et d’associations d’habitant -e-s se mobilisent contre les démolitions abusives de logements sociaux programmées par la politique de l’ANRU (la Reynerie au Mirail à Toulouse, la Butte Rouge à Châtenay-Malabry, l’Alma Gare à Roubaix, la Maladrerie à Aubervilliers, etc). Tout cela est partie prenante du regroupement « Stop aux démolitions de l’ANRU ».
À l’occasion de l’anniversaire des 20 ans de l’ANRU, un rassemblement se tenait le mercredi 7 février 2024 devant le siège de L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) à Pantin et fut demandé à ce qu’une délégation soit reçue portant l’exigence d’un moratoire immédiat sur les démolitions.
L’appel a recueilli 550 signatures de soutien dont celles de 34 collectifs et associations d’habitants de nombreuses régions ainsi que 310 d’architectes, d’urbanistes et enseignants.
Dans l’émission de ce 26 février, nous avons pu entendre le reportage réalisé lors du rassemblement devant l’ANRU à Pantin en appui à une délégation.
Dans l’émission de ce jour, nous entendrons une partie de la Conférence de presse qui se tenait à la suite de la mobilisation du matin à Pantin. avec notamment, un retour de la rencontre avec la direction de l’ANRU et des récits d’opération de l’ANRU Cette conférence de presse se tenait au centre international des cultures populaires dans le 11ᵉ arrondissement de Paris.
Le 7 février 2024, des habitants de logements sociaux sont venus de toute la France devant l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. Une centaine de personnes issues de nombreuses villes ont réclamé la réhabilitation de leur immeuble plutôt que la destruction, et demandé un moratoire sur les projets contestés en cours.Une délégation a été reçue par la directrice de l’Anru (agence nationale de rénovation urbaine), Anne-Claire Mialot, malgré ses réticences.
Depuis Toulouse, Grenoble, Marseille, Lille, Roubaix, Amiens, les Francs-Moisins à Aubervilliers… une cinquantaine de collectifs d’habitants de quartiers populaires et d’associations ont organisé, ce mercredi 7 février, une action devant le siège ultramoderne de l’Anru, pour protester contre la démolition de leurs quartiers et demander un moratoire sur les projets contestés en cours.
L’agence, qui célèbre son vingtième anniversaire cette année, est pointée du doigt pour ses vastes projets de renouvellement urbain qui sentent la gentrification, et notamment sa politique de destruction de logements sociaux.
De nombreux architectes se sont joints à la contestation. Les associations de défense des locataires, la CNL (confédération Nationale du Logement, le DAL (Droit aux logements, l’APPUI… ont organisé cette initiative. Depuis des décennies, les locataires des cités HLM, en but à des projets de destructions de leurs habitats, de leurs quartiers, affrontaient seuls les mairies, les promoteurs et l’ANRU. Ce regroupement est une première engageante dans le combat nécessaire pour sauvegarder l’habitat populaire. Alors que deux millions de locataires, éligibles aux HLM, attendent un logement digne et abordable, l’État, par l’intermédiaire de l’ANRU les détruit, ceux-ci au lieu de privilégier leurs réhabilitations.
Par exemple à la Planoise à Besançon où se trouvent 6 000 logements sociaux. « Environ 1 200 vont être démolis » et pourtant « Les logements sont plutôt en bon état. Mais cela ne suffit pas pour la municipalité qui considère qu’il y a trop de pauvres. Elle veut faire de la place pour reconstruire des logements destinés à des ménages plus aisés. Sous couvert de mixité sociale, on rejette les plus précaires qui vivent là depuis des années. »
La politique de L’ANRU consiste à virer les pauvres toujours plus loin du centre-ville.
À Vaulx-en-Velin, près de Lyon, plus de 1 600 logements ont été détruits. « Ce qui est reconstruit, c’est du privé, pas des logements sociaux », « L’Anru mène sans distinction une politique publique de la gentrification » sans « Une vraie concertation avec les habitants, la préservation des espaces verts et le respect des personnes qui habitent dans des logements sociaux depuis parfois des décennies. »
Le collectif lillois De L’Air déplie une banderole qui dénonce la destruction de 150 logements sur les 320 que compte l’immeuble des Aviateurs, dans le quartier des Bois-Blancs. Soit environ 300 familles. « Les gens sont là depuis des années, ils sont investis localement… C’est un vrai gâchis ».
La très grande majorité des habitants refusent les démolitions, mais l’Anru ne les écoute pas. La concertation obligatoire est de pure forme, l
a « co-construction » est un mot creux, les décisions sont prises d’avance.
Pendant qu’une délégation est reçue par la directrice de L’ANRU Anne-Claire Mialot, les prises de parole s’enchaînent malgré la pluie. Toutes décrivent des logements détruits alors qu’ils n’auraient mérité qu’une simple réhabilitation. Ils dénoncent aussi un manque de concertation avec les habitants. Un locataire d’Amiens raconte que dans son quartier, « la concertation a même commencé le soir de l’arrêté préfectoral qui annonçait la démolition ».
Avant une conférence de presse qui s’est tenue l’après-midi, la délégation est revenue du rassemblement avec la promesse qu’un rendez-vous aurait lieu dans la quinzaine qui permettrait de reconsidérer les différents dossiers.
La demande de moratoire sur les projets contestés n’a, en revanche, pas été obtenu. « Anne-Claire Mialot se reposait beaucoup sur la responsabilité des maires pour ne pas se sentir visée par les critiques ». Les maires font de même, tous à se renvoyer la balle. Mais une chose est sûre, attesté notamment par l’expérience de Grenoble ; L’Anru ne finance pas de projet s’il n’y a pas de destructions.
Si le rendez-vous n’a pas débouché sur des mesures d’urgence concrètes, une note positive se dégage de cette journée d’action. Ce qu’il s’est passé aujourd’hui est inédit : qu’autant de collectifs se soient rassemblés est remarquable.
Du jamais vu dans l’histoire, de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), créée par décret le 9 février 2004, il y a vingt ans : des habitants, des militants du logement, des architectes, des urbanistes, plus de 700 personnes au total issues de 45 associations ou amicales de locataires de toute la France, ont décidé de s’unir, et de faire entendre leur voix. Principale revendication de ce collectif horizontal, un « moratoire immédiat » sur les démolitions de logements sociaux. Tout remettre à plat et inventer autre chose.
Dans son appel fondateur lancé mi-novembre, signé par le prix Pritzker Jean-Philippe Vassal, le collectif Stop aux démolitions Anru rappelait quelques chiffres : entre 2004 à 2021, «l’Anru a assujetti son financement à la démolition de 164 000 logements sociaux pour n’en reconstruire que 142 000 ». Dans le même temps, 408 500 logements ont été réhabilités, preuve que la démolition n’est pas l’alpha et l’oméga de la rénovation urbaine. Mais c’est toujours trop pour les signataires, qui exigent la fin de cette politique « destructrice, et aberrante d’un point de vue social, financier, urbanistique, architectural, et écologique ».
Arrêter de démolir
Avant de tenir une conférence de presse à Paris, une délégation s’est rendue ce mercredi 7 février devant le siège de l’Anru à Pantin (Seine-Saint-Denis). Elle a été reçue par sa directrice générale, Anne-Claire Mialot.
«Il faut arrêter de faire de la démolition le préalable de toute opération de rénovation urbaine », a expliqué Michel Retbi, membre du Collectif d’architectes en défense du patrimoine Candilis du Mirail, à Toulouse, le premier à prendre la parole à la tribune où se sont succédé une vingtaine de représentants de collectifs de toute la France. «Ce ne doit plus être un postulat », d’autant que la démolition est trop souvent synonyme de « drames humains, au-delà de la question du patrimoine » de ces cités HLM souvent de grande qualité architecturale, à l’instar de la Maladrerie à Aubervilliers ou de la Butte rouge à Châtenay-Malabry. «Le patrimoine de l’habitat social et populaire, c’est le grand angle mort, alors que c’est notre bien commun », a regretté l’urbaniste Myriam Cau, engagée pour le sauvetage de l’Alma-Gare à Roubaix.
Alors que l’Anru justifie le recours à la démolition, qui oblige à reconstituer « un pour un » l’offre de logements sociaux, mais autorise à les reconstruire ailleurs et pour des loyers plus élèves. À Évreux, où la majorité des 700 logements reconstruits (sur 900 démolis) l’ont été en dehors du quartier Anru, « le quartier s’est paupérisé, il a été écrémé de sa population insérée, la plus aisée, possédant voiture et une capacité d’initiative », a illustré Jacques Caron, représentant de la Confédération nationale du logement (CNL) dans l’Eure. «La mixité sociale est présentée comme un remède miracle, mais quand vous mettez des riches dans les quartiers pauvres, ils s’entourent de barbelés et quand vous mettez des pauvres dans le XVIe, les riches manifestent contre », balaie Geneviève Colomer, présidente de l’association Sauvons la Butte rouge.
Djamila Houache, de l’association marseillaise Il fait bon vivre dans ma cité, a pointé du doigt, elle, un autre effet négligé de cette politique de démolition : la tendance des bailleurs sociaux à laisser se dégrader les bâtiments quand ils savent qu’ils seront démolis, même à long terme. « Comme ils n’entretiennent pas la tuyauterie, on a des cas de légionellose. Et pourquoi croyez-vous qu’il y a des rats et des cafards ? » Autre grief, l’absence de concertation sincère avec les habitants, mis devant le fait accompli. Une habitante des Francs-Moisins à Saint-Denis s’est insurgée contre ces « technocrates qui prennent les habitants à un endroit, et les déplacent à un autre » comme si c’étaient des pions, exhortant ses camarades du collectif à « l’action ».
C’est le grief qui revient le plus : la démolition ne détruit pas seulement des bâtiments, mais des vies et des écosystèmes relationnels. « On parle de vies, de personnes qu’on déracine, qui n’ont plus accès aux réseaux de solidarité qui permettent de donner son enfant à garder, de demander de l’aide pour sa voiture, d’être ancré dans un territoire », a décrit le sociologue Antonio Delfini, membre de la coordination Pas sans nous. Vieux militant à la CNL de Besançon, Michel Boutonnet a témoigné qu’une vieille dame de 88 ans, relogée par l’Anru en dehors du quartier de la Planoise où elle a toujours vécu, lui avait dit : « J’ai un magnifique appartement, mais je ne vis plus. » Quant à sa voisine de 96 ans, placée dans une résidence senior par ses enfants, « elle a tenu six mois ».
Après avoir lu l’article du poing, et soucieux de creuser le sujet afin de mieux comprendre les enjeux et les différents ponts de vues qui secouent l’agriculture nous avons demandé à Didier Gadea, syndicaliste du Modef, Mouvement de défense des exploitants familiaux, de faire le pont sur la situation. En fin d’émission, un entretien avec deux personnes ayant été sur les blocages : Nathalie tout d’abord dans le département du Cher, puis Sylvain ensuite, en périphérie de Paris.
Lien vers le site du Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux : lien
« Il faut encourager les gens à se joindre à la lutte agricole »
L’agriculture traverse des défis économiques et sociaux sans précédent, les voix se lèvent pour témoigner des réalités souvent méconnues du grand public. Didier Gaeda, agriculteur engagé au sein du Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux, apporte un éclairage sur les enjeux auxquels sont confrontées les petites entreprises agricoles aujourd’hui. Pour lui, les mobilisations agricoles en cours dévoilent les causes profondes du mécontentement et le besoin urgent de régulation des prix pour assurer une juste rémunération des producteurs tout en préservant le pouvoir d’achat des consommateurs
Le Poing :Pouvez-vous nous parler des défis spécifiques auxquels sont confrontées les petites entreprises agricoles dans le contexte actuel ?
Didier Gadea : La plus grande difficulté réside dans le manque de revenus, car les prix ne parviennent guère à couvrir les coûts de production. De plus, les petites unités ne peuvent pas compenser ces pertes avec les aides de la Politique agricole commune, (PAC) ou d’autres formes d’aides auxquelles elles n’ont pas accès, ni par le biais de la fiscalité. Nous sommes ainsi doublement pénalisés par les crises économiques et l’inflation des intrants, notamment des fournitures nécessaires à la production.
Pouvez-vous nous décrire les causes de la mobilisation ?
Le ras-le-bol est palpable, notamment chez les éleveurs bovins, et la situation a basculé lorsque les barrages ont été irrigués. Il y a tant de désillusion et de tristesse qui se sont emparés de nous. La première cause de cette détresse est le prix trop bas des produits. Par exemple, les pommes bio en AOP sont achetées à 20 centimes le kilo alors que les frais s’élèvent à 50 centimes. La viande est actuellement vendue à prix coûtant, et même le vin connaît de grandes difficultés. “Castel nous tue” [Castel est un négociant dans le secteur viticole, ndlr] s’exclament certains. Une autre cause, plus symbolique mais non moins importante, est le mépris de classe subi de la part des politiques et même des représentants des chambres agricoles. Il y a aussi l’abandon des services publics dans les zones rurales.
Quels exemples concrets de réussite ou d’impact avez-vous observés dans le cadre de cette mobilisation, et quelles leçons peuvent être tirées de ces expériences ?
L’aspect le plus positif dans cette histoire est que la revendication de garantie de revenus, qui était considérée comme ultra-radicale, est de plus en plus prise en compte. Il est désormais clair que le “juste prix” ne peut pas être entièrement garanti par les seuls mécanismes du marché. Le mouvement agricole a compris que la régulation des prix est au cœur du débat agricole. il y aura un avant et un après.
Malheureusement, les manœuvres pré-électorales viennent parfois brouiller les cartes. Mais dans le monde agricole, la pyramide des âges des agriculteurs nous montre que nous sommes en voie d’extinction. Si la régulation des prix n’est pas mise en place, nos modes de vie risque de disparaître. Les gens prennent conscience qu’ils sont les derniers détenteurs de cet héritage et qu’ils en portent la responsabilité.
Quel rôle jouent les normes environnementales dans le débat actuel sur l’agriculture, et comment éviter que ce débat nous détourne des questions plus fondamentales ? Comment percevez-vous la rhétorique de la “dérégulation des normes” et son impact sur le mouvement agricole, comment selon vous visibiliser les véritables racines du problème ?
Il y a deux populations : une agricole qui comprend les enjeux des normes et les consommateurs qui ne comprennent pas ces enjeux. la Fnsea et les politiques de gauche comme de droite en profitent pour jeter la confusion.
Il y a des normes qui pèsent et qui ne servent à rien. Il y a des normes, notamment dans l’élevage, qui embêtent davantage ceux qui pratiquent l’élevage en plein air que ceux qui ont des fermes-usines. On nous embête pour des détails et des normes qui changent chaque année. Tout cela décourage les petits agriculteurs. Les éleveurs de veaux sont hyper surveillés, on se fait démolir la baraque au nom de la traçabilité. C’est un fardeau financier et un stress constant avec un contrôle quotidien des services, et ils se font massacrer. Le plus gros acheteur de viande, Bigard, le mec de la marque Charal et le monsieur monopole des abattoirs qui avait dit “Vas te faire voir je ne viens pas” à Le Foll, a l’époque ministre de l’agriculture, s’assoient sur les normes. Lactalis, c’est pareil, les scandales, ils les digèrent, et toi, on te saoule avec la traçabilité. D’accord pour la traçabilité, mais cela ne doit pas être une arme contre les producteurs. Ils ont tué 25 millions de canards et ont demandé de les tuer étouffés dans les bâtiments. Certains éleveurs ont pété un câble et développé des problèmes psychiques.
Les autres normes concernent ce qui est mis en place pour protéger les agriculteurs et les ouvriers agricoles, comme les appellations d’origine contrôlée, le bio, et toutes les stratégies de valorisation de nos produits, ainsi que le code du travail.
La FNSEA et la Coordination Rurale utilisent le discours du ras-le-bol des normes, mais elles veulent la destruction du droit du travail des ouvriers agricoles, tout ce qui peut entraver le marché et la concurrence. Leurs dirigeants disent “il faut se battre sur les marchés mondiaux”. Il ne faut pas tomber dans ces bêtises. L’agriculteur lambda, quand il dit “j’en ai plein le cul des normes”, n’a pas le même intérêt que le PDG du groupe Avril qui pèse 9 milliards d’euros, gros businessman et chef de la FNSEA.
Je ne veux pas faire le vieux, mais à l’époque, les mouvements populaires avaient un point de vue sur le monde agricole, l’alliance ouvrière-paysanne. Avec le tournant libéral à l’époque de Mitterrand, toute la réflexion sur le monde rural, l’agriculture et les questions de la paysannerie de manière économique et politique ont changé. Avec le tournant libéral, les mouvements de gauche ne savent plus parler au monde rural et agricole sauf par le prisme de l’écologie. Ils ne proposent plus d’alliance, c’est des politiques qui viennent nous expliquer ce qu’est la vie et comment travailler et quoi penser. Ce n’est pas possible. Moi, je ne suis pas agriculteur pour être riche, mais pour être libre. Il n’y a pas de politicien qui va m’imposer ses rêveries. La première coopérative viticole à Maraussan en 1901 avait écrit à l’entrée “vignerons libres”, et ils vendaient leur vin à une coopérative ouvrière de consommation, les négociants allaient se faire voir ! C’est ça l’alliance ouvrière-paysanne, ce n’est pas un politicien qui vient nous raconter la vie. La terre du midi rouge de l’Aude c est fini, pourquoi ? Ce n’est pas née avec une génération spontanée de nouveau gens ? C’est quoi la responsabilité de la gauche dans ces territoires ?
Pour beaucoup avec l’inflation, manger devient de plus en plus cher. Quels sont les enjeux pourune régulation des prix rémunérateurs pour l’agriculture et pas chère pour les consommateurs ?
Le seul enjeu derrière les mots “régulation des prix” est l’encadrement, la diminution des marges des grands acteurs du négoce, de la spéculation de l’agro-industrie et des supermarchés. Il est courant de constater que le prix payé au producteur se multiplie par 10 avant d’arriver au consommateur.
Depuis la Révolution française, le prix du pain était régulé. Le Front populaire avait mis en place des offices par filière. Ils contrôlaient le prix du grain, de la farine et des céréales. Ils achetaient directement à un prix garanti pour les paysans, ce qui a permis à leurs revenus de se multiplier par trois sans que le prix du pain n’augmente.
La tricherie réside dans le discours qui prétend que les marges de l’agro-industrie sont faibles, ou les absurdités que Leclerc raconte sur sa prétendue lutte pour le pouvoir d’achat, ou encore que “heureusement on a la PAC”. C’est faux, l’agriculture n’a jamais été aussi mal rémunérée et la nourriture n’a jamais été aussi chère.
Les Leclerc pleurent sur leurs marges, “ouin ouin, on ne fait pas de marge”. C’est vrai que les grandes surfaces de distribution n’ont pas de marge, mais avec leur volume de vente, elles génèrent d’énormes dividendes pour leurs actionnaires. La circulation à flux tendu de leur somme colossale d’argent dans leurs opérations commerciales leur permet un volume plus important d’opérations, et ça se ressent dans les prospères dividendes de ces entreprises.
Quand Castel a débuté, il était un gros négociant de vin à Bordeaux avec les autres. Ils se sont affrontés entre eux, et maintenant ce sont une des grosses familles qui gèrent le marché mondial du vin. Si on ne les régule pas, cela devient mafieux. Ils se livrent une guerre tellement intense pour gagner des parts de marché que lâcher 10 centimes au producteur n’est pas envisageable pour eux.
Comment tisser des alliances dans ce mouvement ?
Les scandales qui touchent les gens concernent principalement l’énergie. Il est nécessaire d’avoir de l’énergie pour produire, et toute spéculation sur celle-ci met tout le monde dans une situation difficile, en commençant par les travailleurs les plus pauvres. L’inflation qui en découle permet aux riches de doubler leur fortune, alors que la misère se répand. Comme pour la nourriture, les marges et les dividendes des fournisseurs d’énergie doivent être régulés, mais tout a été privatisé, c’ est ce qui a aggrave la situation. Différentes organisations professionnelles, comme les taxis, se joignent à la mobilisation concernant l’énergie.
L’appel de la CGT à rejoindre le mouvement partout en France est un pas en avant, et nous encourageons toutes les organisations sociales à en faire de même.
Suite à des communiqués nationaux convergents, il y a des rapprochements entre les organisations du mouvement social. La Confédération Paysanne, la CGT et le MODEF entrent en contact, ce qui marque le début de discussions prometteuses. Organiser des rencontres larges partout dans le département, tant dans les villages que dans les villes, où chacun peut exprimer ses préoccupations et ouvrir la discussion sur les perspectives, peut ouvrir de nouveaux combats et de nouveaux enjeux, ce qui est intéressant.
Fin février, les herbes repoussent, donc c’est le moment de retourner à la ferme et d’aborder les écueils d’immédiateté du type “faut tout brûler”. Il faut être prudent, certes, il y aurait des compétences, des spécialités ou réputations dans le monde viticole. Nous avons maintenant l’occasion de mettre en place des actions larges et sur le long terme et de créer les conditions nécessaires pour mener ce combat, en dépassant la logique des coups ponctuels et spectaculaires.
Dans notre région, les organisations agricoles, c’est principalement la coopération viticole, et la FNSEA y est impliquée. Malheureusement, les dirigeants cherchent à éviter les contacts et refusent tout lien direct avec les gens. Il faut donc travailler en dessous, en établissant des relations réelles.
Il est essentiel d’encourager la population à se joindre à cette lutte. Dans le monde paysan, il faut revenir à l’idée d’alliance et aux fondamentaux. Il faut cesser d’accepter le libéralisme ou ses fausses critiques.
En ce mois de janvier 2024, une colère agricole a surgi un peu partout en France. Nous vous proposons dans cette émission, un entretien avec Yannick Ogor pour une analyse de ce mouvement.
Comment sortir de la confusion politique qui frappe le monde agricole ? Comment en révéler les antagonismes et y assumer le conflit de classes ? Yannick Ogor, ancien animateur de la Confédération paysanne, éleveur et maraîcher en Bretagne, retrace la contestation agricole en France depuis soixante ans, ses tentatives et ses impasses. Il revient aux racines de la question agricole, éclaire les lieux de pouvoir et les faux-semblants qui structurent l’alimentation des masses. Pour qu’on puisse enfin se départir de l’immuable et mensongère figure du « paysan » qui ne sert qu’à justifier l’asservissement de l’agriculteur à la logique industrielle.
La question du recours aux normes est, de ce fait, traitée de manière particulièrement éclairante. C’est vrai : il faut se demander comment une forme de vie aussi indépendante que la paysannerie a pu finir par voir son salut dans la profusion de normes et de contrôles sur la « qualité » et la « traçabilité », deux notions phares de la société industrielle.
Mais qui aujourd’hui chercherait à défendre les « agriculteurs hors des clous » ? Au nom de quoi ? D’une « paysannerie » qui n’existe plus ? D’une « profession agricole » ? Il y a là le pressentiment d’une impasse, comme l’annonce le titre même de son précédent livre : le paysan impossible . Yannick Ogor montre bien que ces termes ont toujours permis de se débrouiller avec des réalités de classe très différentes les unes des autres. Quitte à, aujourd’hui, nier totalement les implications sociales de la division du travail. Et l’élimination presque mécanique des « hors-normes ». On parle de « coopératives » pour des entreprises qui n’en sont plus, d « intégration » pour des relations de subordination, d’ « auto-entreprise » pour de l’auto-exploitation, etc.
Pour expliquer ce flou d’aujourd’hui, et cet abandon de la problématique de la lutte des classes en agriculture, il cherche aussi à mettre en lumière le rôle idéologique et politique de la gauche paysanne, depuis les Paysans Travailleurs des années 70 jusqu’aux dernières prises de position de la Confédération Paysanne aujourd’hui. Comment la colère a-t-elle pu devenir cogestion ? Comment, devant la certitude du désastre, la proposition de le « gérer » est-elle rendue consensuelle ?
Ce mois de janvier 2024, aura vu la colère du monde agricole déferler à travers le pays et bien au-delà. Il faut s’intéresser aux raisons profondes de cette crise pour en proposer des voies de sortie. Face à la fragilisation du système agricole, la multiplication des normes, la mise en concurrence avec des systèmes de production qui ne sont pas soumis aux mêmes règles que l’UE.
Est-ce-que La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) représente l’ensemble des aspirations du monde agricole ?, peut-on continuer la fuite en avant vers le productivisme ?
Pour parler de ce mouvement et de ce qu’il raconte, ce vendredi 2 février, nous étions au téléphone avec Amandine Pacault, paysanne dans les Deux-Sèvres, et membre de la confédération paysanne. Elle se trouvait sur un blocage d’une plateforme logistique, qui fourni la grande distribution.
La rédaction du Poing vous souhaite ses meilleurs vœux pour 2024 ! Nous avons fouillé dans nos archives pour vous proposer un petit bilan de l’année écoulée dans le Clapas
Bon, qu’on se le dise, 2023 était quand même bien pourrie. Peut-être moins pire que 2020 et ses confinements, mais quand même : records de températures, massacres dans la bande de Gaza, gouvernement macroniste toujours plus en roue libre… Petit tour d’horizon (non-exhaustif) d’un an d’actu dans la 7ème ville de (F)rance.
Manifestation du 7 février à Montpellier contre la réforme des retraites. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)
Une mobilisation quantitativement importante (jusqu’à 40 000 personnes le 7 ou le 22 mars), mais insuffisante pour faire plier Macron et son gouvernement. Comment l’expliquer ? Dans un article d’analyse publié dans notre numéro 36 (printemps 2023), une étudiante pointait du doigt la difficulté d’organiser et de coordonner des assemblées générales de luttes : « On a eu la sensation d’atteindre un plafond de verre assez vite, dans le nombre de secteurs représentés. La plupart de ces secteurs étaient déjà connectés avant la première AG : les cheminots venaient souvent sur le campus, les autres secteurs représentés se retrouvaient régulièrement sur des actions. Malgré une présence collective sur les piquets de grève, l’AG interpro n’a pas réussi à drainer d’autres salarié·e·s mobilisé·e·s sur la ville, comme les travailleur·ses de la TAM, de Nicollin, ou de l’énergie. Un faible investissement dans l’orga, accentué par la fonte des taux de grévistes au quotidien, a découragé. Le bilan n’est pas nul, à défaut d’une direction locale et démocratique pour le mouvement, les liens entre participant·e·s se sont resserrés, on a pu organiser une belle soirée de soutien à la grève le 6 avril. »
Cette désaffection des assemblées générales professionnelles peut aussi s’expliquer par la multiplication des contrats de travail courts et précaires, très exposés à la répression patronale, l’inflation importante pesant lourdement sur les petits salaires, etc. La grève dans le privé, notamment dans les PME, était faible. Une culture de la grève ne se construit pas en quelques semaines, et les projets de massification des arrêts de travail ne se situent pas sur la même temporalité que la lutte sur les retraites.
Les assemblées de luttes autonomes, comme celles initiées par le groupe Montpellier contre la vie chère, n’ont pas non plus rassemblées les masses, bien qu’elles aient conduits à mener plusieurs actions : barrages filtrants, tractages, blocages de sites jugés moteurs dans l’économie locale.
Assassinat de Nahel : la ville s’est embrasée
27 juin. Nahel, un jeune de Nanterre, se faisait tuer par un policier. Des émeutes ont eu lieu dans tout le pays en signe de protestation. A Montpellier, les quartiers Mosson-La Paillade ont rejoint la révolte dans la nuit du 29 au 30 juin. Barricades incendiées, bris de vitres du bureau de police Nord, tirs de feu d’artifice, pillage de l’Aldi Saint-Paul, caméras cassées… France 3 notait qu’une « personne âgée de 71 ans a également été admise au CHU de Montpellier […] elle aurait été victime d’un tir de LBD, un lanceur de balles de défense. »
Des affrontements ont également eu lieu à la Devèze, à Béziers (attaques de la mairie annexe, de la Mission locale et d’un distributeur automatique de billets), à Nîmes (poste de police de l’avenue Bir Hakeim visé) et à Narbonne (voitures incendiées).
Photo de la manifestation contre les violences policières organisée en septembre à Montpellier. (“Le Poing”)
Montpellier la mystique
Si Montpellier n’a pas été choisie pour devenir capitale européenne de la culture, serait-elle en train de devenir la capitale des thérapies new-age teintées d’ésotérisme ? En mai 2023, le salon du bien-être “Demain c’est aujourd’hui” accueillait au château de Flaugergues des entrepreneurs en bien-être (ainsi que des membres de la secte d’extrême-droite “Les Brigandes”). Le Poing avait sorti une enquête très détaillée à ce propos, et des sponsors s’étaient retirés de l’événement. Le salon avait d’ailleurs été pointé du doigt par l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi) pour ses risques de dérives sectaires. Le sommet aura finalement fait un beau flop, qui conduira l’organisatrice à lancer une cagnotte en ligne pour rembourser son manque à gagner et payer ses prestataires. Elle récupèrera seulement 200 euros sur les 66 000 demandés.
En septembre, des « mediums » et « guérisseuses » proposaient des « rituels de dégagement des magies noires » au plomb et autres massages, lithothérapie et « nettoyage énergétique du mauvais œil » à la journée des associations d’Antigone. En octobre, un autre salon du bien-être, “Mystic”, avait lieu au château de Flaugergues, sans médecins du CHU, mais avec son lot de « chamans », litothérapeutes et autres promoteurs de « thérapies holistiques ».
Toujours en octobre, la foire internationale de Montpellier, soutenue par la Ville, la Métropole et le Département, qui s’est tenue au parc des expositions, a encore fait la part belle aux « guérisseurs », « patriciens reiki », et « annulateurs de sortilèges »… Enfin, le salon “Bio&harmonies”, qui s’est tenu du 8 au 10 décembre dernier, également au parc des expos, mettait lui aussi en avant des « thérapies complémentaires » : « alchimie gnostique », « thérapeute dans le Quantique », « sono-thérapeute », « psychologie biodynamique », « soin spirituel »…
Enfin, en décembre, étaient organisées les journées internationales de l’Observatoire des pratiques professionnelles en santé intégrative (OPPSI), une association de promotion de cette médecine. Le congrès, finalement annulé après une saisie des autorités par l’Ordre des médecins, prévoyait d’inviter entre autres, un médecin antivax et surtout, un médecin se réclamant de la doctrine de l’anthroposophie, un courant ésotérique cité par la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires comme pouvant présenter des risques pour la population.
Ce n’était pas la première fois que le Poing évoquait dans ses colonnes l’anthroposophie à Montpellier : en septembre dernier, nous révélions que la mairie et la Métropole avaient signé un prêt à une banque citée dans un rapport de la Miviludes dans son chapitre sur l’anthroposophie, et en octobre, que le site de la Ville faisait la promotion sur son “portail des assos” en ligne d’une association dont la mission est de faire connaître cette doctrine (supprimée après publication de notre article).
L’extrême-droite toujours en embuscade
Fidèle à sa ligne éditoriale fermement engagée contre les extrêmes-droites, Le Poing a encore une fois beaucoup documenté les faits et gestes des fachos locaux en 2023.
Nous avons relaté une série de procès opposant justement un membre de la Ligue du Midi ou un soutien des brigandes à des membres de la Ligue des droits de l’Homme.
Nous avons aussi beaucoup parlé de Béziers et de son sulfureux maire Robert Ménard : son refus de marier un couple car l’époux était sous un régime d’obligation de quitter le territoire français, son obstination à mettre des crèches de Noël dans sa mairie malgré les refus successifs du tribunal administratif, et de sa politique de fichage des propriétaires de chiens. De plus, nous avons discuté avec Daniel Kupferstein, réalisateur qui a filmé cette ville pendant sept ans pour en faire un documentaire sur la gestion municipale de Ménard.
Grève chez Onet : l’évènement social de la rentrée
“Un phare dans la nuit” selon certains militants. il faut dire que cette grève, menée essentiellement par des femmes, souvent issues de l’immigration, en temps partiel imposé et sans grande culture syndicale, a suscité beaucoup d’attention de par sa longévité : le 13 septembre, les salariés d’Onet, entreprise qui gère le nettoyage du CHU de Montpellier, se sont mis en grève pour demander pour demander des augmentations de salaires, une prime équivalente au treizième mois et pour marquer leur refus d’un dispositif de contrôle sur téléphone où elles devaient rendre compte de chaque prestation effectuée dans les divers endroits qu’elles nettoyaient.
Une grève historique par sa durée, qui aura eu le soutien de députés insoumis comme Rachel keke ou François Ruffin.
Au bout de 80 jours de grève, elles ont finalement obtenu, via des négociations avec la direction, une prime exceptionnelle de 650 euros et un allègement du dispositif de traçage. 80 jours de lutte qui n’auraient sans doute pas été possibles sans un comité de soutien, rassemblant largement divers pans du mouvement social montpelliérain, qui a réuni près de 20 000 euros en organisant divers évènements pour abonder la caisse de grève.
Les salariées d’Onet étaient en première ligne de la manifestation intersyndicale du 13 octobre à Montpellier. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)
Fait cocasse, quand Michaël Delafosse, maire “socialiste” de Montpellier, se vante de “grignoter de l’espace aux voitures” en mettant en place la gratuité des transports (opérationnelles depuis fin décembre), alors que son comparse lui aussi socialiste Kléber Mesquida, à la tête du Département, fait construire un échangeur autoroutier qui va augmenter le trafic. N’y aurait-il pas une dissonance cognitive dans les rangs du PS héraultais ?
Massacres à Gaza : réaction populaire
Une actu chasse l’autre. C’est celle, dramatique, provoquée par l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, qui a agité les rues montpélliéraines en cette fin d’années. Malgré des tentatives d’interdictions par la préfecture (retoquées par le tribunal administratif), pas moins de dix manifestations réunissant parfois plusieurs milliers de personnes se sont enchainées tous les samedis dans le Clapas depuis octobre, avec la dernière en date, celle de la veille de Noël dans le quartier de la Paillade.
Image de la manifestation du 28 octobre en soutien à la Palestine sur la Place de la Comédie. (Mathieu Le Coz/Hans Lucas)
L’une d’elle a été marquée par une interpellation pour apologie du terrorisme, après qu’une personne ait qualifié l’attaque du 7 octobre comme un “battement d’aile de papillon” pour la résistance palestinienne. Des propos tenus en fin de manifestation alors que les organisateurs étaient déjà partis. L’homme sera jugé en février. Les organisateurs des manifestations avaient alors dénoncé une “instrumentalisation” politique et médiatique pour masquer le caractère légitime de la mobilisation.
Par ailleurs, les organisations mobilisées ont dénoncé le 11 décembre dernier devant la mairie de Montpellier la position de la Ville sur le conflit en cours et ont demandé (sans succès) à Michaël Delafosse, d’adopter en Conseil municipal une motion en faveur d’un cessez-le-feu.
Car depuis 1977, les élus locaux montpelliérains célèbrent, à l’initiative du centre culturel juif de Montpellier, la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Et plus récemment, Michaël Delafosse a déclaré ;“il est mensonger de parler d’apartheid Israélien”.
Enfin, la fin de l’année a été marquée par la mobilisation contre la loi immigration de Darmanin. Des rassemblements et manifestations ont été organisées à Montpellier.
Pour Le Poing, 2023 fut l’année des dix ans d’existence, une durée de vie inespérée pour un petit canard comme le notre (un numéro papier spécial anniversaire paraîtra le 12 janvier), mais aussi celle de l’embauche de son premier salarié à temps partiel. On a aussi commencé nos ateliers d’éducation aux médias et à l’information dans des établissements scolaires, et on compte bien poursuivre ! Cependant, la suite demeure précaire. Pour qu’on dure dix ans de plus (et c’est tout ce qu’on peut nous souhaiter en ce début d’année), une seule solution, vu qu’on refuse la pub et l’asservissement à un milliardaire : abonnez-vous à notre journal papier ou faites un don !
Sur ce, la rédaction du Poing vous souhaite une excellente année 2024, pleine de luttes et (on l’espère), de victoires !
Bilan 2023 de la Grand Goule journal militant du limousin
une répression des mouvements sociaux en pleine expansion !
Le premier semestre 2023 a largement exprimé une forte colère sociale, avec la mobilisation contre la réforme des retraites et la lutte contre les mégabassines, puis avec les émeutes déclenchées par le meurtre de Nahel, adolescent abattu à bout portant par un policier le 27 juin lors d’un contrôle routier à Nanterre. Le bilan que l’on peut tirer de cette année est aussi celui d’une répression de plus en plus violente – au total, ce sont des milliers de manifestant-e-s et d’émeutiers qui ont été blessés, interpellés ou poursuivis devant les tribunaux.
Le 5 avril dernier, le ministre de l’Intérieur Darmanin avait menacé de supprimer les subventions de la LDH parce qu’elle dénonçait dans les médias l’« usage disproportionné » d’armes (grenades, LBD…) par les forces de l’ordre le 25 mars, lors de la manifestation antibassines interdite de Sainte-Soline, ainsi que leur refus de laisser les secours accéder aux blessé-e-s. Le 10 juillet, la LDH a néanmoins rendu public son rapport sur ces faits. Ont ainsi été mis en relief que – pour défendre un trou – plus de 5 000 grenades ont été lancées contre les manifestant-e-s, et 3 200 gendarmes, 9 hélicoptères, 4 blindés et 4 camions à eau ont été mobilisés. Ces chiffres montrent une nette augmentation des moyens mis en œuvre par l’Etat français pour « maintenir l’ordre », en comparaison par exemple avec les affrontements sur la ZAD de Sivens le 25 octobre 2014, où il n’a paraît-il été tiré « que » 237 grenades lacrymogènes, 38 grenades GLI-F4 et 23 grenades offensives F1 – et où l’une de ces dernières a tué Rémi Fraisse.
L’Etat français a plusieurs fois été épinglé par des institutions telles que l’ONU ou le Conseil de l’Europe pour la violence de ses troupes, mais il n’en a cure. En 2023, il a multiplié les mesures coercitives : innombrables interdictions de manifester (que ce soit contre les mégabassines1 ou pour dénoncer les bombardements de Gaza après le 7 octobre) ; renforcement de la surveillance des populations – par l’utilisation des drones, de la reconnaissance faciale ou du prélèvement d’ADN 1 C’est même depuis septembre 2021 que les manifestations antibassines font l’objet d’arrêtés d’interdiction systématiques. – ainsi que des contrôles policiers, notamment à l’encontre de personnes venant soutenir des prévenu-e-s lors de procès. La décision qu’a prise, le 21 juin, le conseil des ministres de dissoudre les Soulèvements de la Terre n’est tombée à l’eau que grâce à l’avis négatif rendu à son sujet par le Conseil d’Etat le 9 novembre.
Concernant la lutte contre la réforme des retraites : d’après Darmanin le 5 avril, il y avait eu alors, depuis le 16 mars – jour où le gouvernement a utilisé l’article 49-3 pour faire passer sa réforme des retraites –, 1 851 interpellations. Pendant ce mouvement, des centaines (au moins) d’arrestations préventives ont eu lieu, à ajouter aux milliers d’interpellations lors des manifestations, et des centaines de personnes ont été blessées (dont quatre manifestant-e-s et un journaliste gravement) . Actuellement, plus de 400 militant-e-s de la CGT sont poursuivis en justice, selon ce syndicat , et plus de 1 000 sont menacés de licenciement, des procédures à leur encontre étant en cours dans les entreprises. Par exemple, le secrétaire général de la fédération mines-énergie Sébastien Ménesplier a été entendu par la gendarmerie à Montmorency dans le cadre d’une enquête sur des coupures d’électricité en mars. La FSU signale de son côté une hausse des signalements dans la fonction publique ; et Solidaires fait état de conseils de discipline à la Poste et de mutations forcées dans l’Education nationale.
Concernant les émeutes du 27 juin au 3 juillet : selon le ministère de la Justice, le 6 juillet, il y avait eu au niveau national 3 693 personnes interpellées, donc 31 % de mineurs. Le 19 juillet, Dupond-Moretti a parlé de « 1 278 jugements, avec 95 % de condamnations, 1 300 déferrements au parquet, 905 comparutions immédiates, 1 056 personnes condamnées à une peine d’emprisonnement, dont 742 à une peine ferme avec un quantum moyen des peines fermes de 8,2 mois, et 600 personnes incarcérées ». Pour rappel, pendant les trois semaines d’émeutes déclenchées, le 27 octobre 2005, par la mort des adolescents Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois lors d’une coursepoursuite avec la police, il n’y avait eu « que » 400 peines de prison ferme. En 2023, jusqu’à 45 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés – contre 11 000 en 2005. Au moins 10 personnes ont été gravement blessées (le plus souvent éborgnées par des tirs, de LBD ou autres grenades) et il y a eu deux morts.
Le procès « mégabassines » de Niort Deux épisodes judiciaires se sont déroulés, le 8 septembre et le 28 novembre, au tribunal correctionnel niortais sur la thématique « mégabassines ». Un dossier a en effet été monté sur cette thématique pour inculper neuf personnes : il mêle diverses « affaires » et vise des militants de diverses organisations… en les incriminant pour l’essentiel à partir de vidéos ou d’articles mis en ligne par ces organisations. Les 1 neuf prévenus ont comparu libres, le 8 septembre après-midi, au tribunal correctionnel de Niort. Sébastien Wyon (de la Confédération paysanne), Joan Monga et Nicolas Bauvillain (de Bassines non merci, BNM) sont poursuivis pour « vol aggravé »2 car « commis en réunion » pendant le « printemps maraîchin » des 25- 27 mars 2022 à La Rochénard. Lors de cet événement festif qui a réuni plusieurs milliers de personnes contre la création des 16 « retenues d’eau » prévues dans la région par le protocole d’accord de la Coop de l’eau3 , deux tuyaux de canalisation d’irrigation ont été déterrés et découpés, puis un bout en a été « frauduleusement soustrait » et 1 « A Niort, un procès des antibassines fourre-tout et sous haute tension », Politis, 8 septembre 2023. 2 Ils le sont aussi pour avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes et d’ADN. 3 Les travaux pour creuser celle de Priaires – la troisième de ces 16 mégabas- sines – ont démarré le 28 août. emporté – une action revendiquée par plusieurs organisations4 . Julien Le Guet (porte-parole de BNM) est quant à lui inculpé pour organisation d’une manifestation non déclarée et « participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou dégradations de biens, vol et dégradations » lors de la « grillade party » du 2 octobre 2022 à Sainte-Soline – une manifestation où une cinquantaine de personnes avait été empêchée par la police de piqueniquer sur un terrain. Ce militant est aussi accusé d’avoir démonté une grille à cette occasion. Cinq des neuf prévenus sont poursuivis pour organisation d’une manifestation interdite le 29 octobre 2022 : Julien Le Guet, Joan Monga, Nicolas Garrigues (porte-parole des Soulèvements de la Terre), Hervé Auguin (codélégué départemental Solidaires 79) et David Bodin, secrétaire de l’union départementale 4 Toutes ces manifestations interdites ont été soutenues par… 150 à 200 orga- nisations. CGT. Les syndicalistes de Solidaires et de la CGT sont en fait là parce qu’ils ont déposé, au nom de leurs organisations respectives, une déclaration de manifestation et que la préfecture a ensuite interdit cette manifestation. L’organisation d’une manifestation interdite est un délit passible de 6 mois d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende, alors que la participation à une manifestation interdite n’est passible que d’une amende forfaitaire de 135 euros… Ces cinq prévenus sont également inculpés pour organisation d’une manifestation interdite le 25 mars 2023, et deux autres personnes avec elles : Nicolas Girod (ancien porteparole de la Confédération paysanne) et Benoît Jaunet (porte-parole de la Confédération paysanne 79), parce qu’ils ont participé au convoi de tracteurs venus alors à Sainte-Soline. Acte I : le 8 septembre L’hétérogénéité du dossier et le nombre des prévenus ont conduit le président du tribunal à ne pas procéder par individu, mais par ordre Des interpellations et des condamnations en lien avec les émeutes du printemps ont toujours lieu (les gardes à vue ont ainsi dépassé les 4 000), notamment « grâce » à l’exploitation de la vidéosurveillance, aux tests ADN réalisés sur les projectiles ou les véhicules, et à la géolocalisation des téléphones. Par exemple, le 4 décembre à Brest, un jeune homme a pris douze mois de prison ferme pour « dégradation » du tennis-club, tandis que, à Gaillon dans l’Eure, quatre personnes dont deux mineurs étaient placées en garde à vue pour des tirs de mortier contre les forces de l’ordre. Ces procès qui se déroulent à bas bruit aboutissent, d’après l’AFP4 , « dans de nombreux 4 « Emeutes après la mort de Nahel : cinq mois après, les enquêteurs voient cas à des condamnations en justice [mais] il n’existe pour l’instant pas de statistiques nationales sur ce sujet ». Concernant la lutte contre les mégabassines : à Sainte-Soline le 25 mars, il y a eu au moins 200 blessée-s chez les manifestants – une quarantaine gravement, dont deux dans le coma. Plus de 24 000 contrôles de véhicule ont été réalisés, selon Darmanin, et des arrestations opérées sur la seule base d’un marquage chimique (un… journaliste a ainsi effectué 28 heures de garde à vue). Le procès de Niort portant entre autres sur cette manifestation (voir l’article suivant) montre une fois de plus que des moyens d’enquête d’ordinaire utilisés contre le terrorisme ou le le bout du tunnel », Nice-Matin du 5 dé- cembre 2023. grand banditisme – ainsi la section de recherches de Poitiers – peuvent être employés pour des infractions rangées en bas de l’échelle pénale (tel l’« emprunt » d’un bout de canalisation) afin de dramatiser un dossier. Aujourd’hui comme hier, les poursuites judiciaires traduisent la volonté gouvernementale de criminaliser les mouvements sociaux. Et, sous Macron comme sous Hollande auparavant, ces poursuites contribuent, avec les violences policières, à servir les intérêts des capitalistes – que ce soit pour imposer une réforme du code du travail ou des retraites ou pour faciliter l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie.
NOTE : A Paris, du 16 au 20 mars, 790 personnes ont été interpellées lors de « nasses », et 200 ont été blessées rien que le 1er Mai. « Mobilisation contre la réforme des retraites : plus de 400 militants CGT sont visés par des poursuites judiciaires après des actions », Franceinfo, le 6 septembre 2023.
Aujourd’hui, nous diffusons l’émission de radio Pikez, Du pain et des parpaings du 31 décembre 2024.
En 2024, on continue à se battre ! Pour nous donner de la force, on regarde en arrière et on fait l’état des lieux des luttes engagées : autour des méga-bassines et des fermes-usines, du stade de foot et des trains de céréales, on parle convergence des luttes, actions juridiques, production d’informations, soutien aux inculpé.es et projets pour 2024. Invitée sur le plateau, Armelle Jaouen du collectif “stoppons l’extension d’Avel Vor”, qui nous raconte la suite de cette lutte marathonienne contre l’usine à cochons de Landunvez, emblématique de la folie des grandeurs agro-industrielle bretonne. Musiques : La Canaille – Le soulèvement aura lieu. Gil Scott-Heron – Revolution will not be televised Conscius Kash – Djingle Bells Ressources : Site de la coalition RAFU resistanceauxfermesusines.fr Film : de l’eau jaillit le feu, de Fabien Mazzocco La rivière, de Dominique Marchais, (prix jean vigo 2023) Météo-bassine sur le site de BNM Silence dans les champs, de Nicolas Legendre
NOUS COMMENÇONS CETTE NOUVELLE ANNÉE AVEC LES VŒUX VENANT DE GAZA ÉMIS par Ziad Medoukh professeur de français dans plusieurs universités de Gaza et vivant dans le nord de cette même ville.
Dans l’émission de ce jour, nous allons parler du projet green dock. De quoi s’agit-il ?
Un projet de construction d’entrepôt géant dit « Green Dock » prévu dans le Port de Gennevilliers sur les berges de la Seine. Ses dimensions pharaoniques, 600 m de long et 35 m de haut, avec comme promoteur, la multinationale Goodman et son commanditaire, l’établissement public Haropa Ports.
L’établissement public Haropa Port, censé être une émanation de l’État français et le garant de l’intérêt général, a choisi le projet d’entrepôt routier géant de la multinationale Goodman pour occuper une parcelle en bordure de fleuve, juste en face d’une zone naturelle protégée.
Le projet pose d’innombrables problèmes du point de vue environnemental, mais Haropa Port le poursuit imperturbablement, avec l’étape de la démolition des bâtiments existants, pour laquelle Haropa Port ne respecte pas les dispositions environnementales minimales.
Haropa Port n’a pas demandé de dérogation espèces protégées. La démolition va détruire tous les habitats de toutes les espèces présentes sur la parcelle et laissera la voie absolument libre pour que Goodman puisse argumenter qu’il n’y a aucune espèce à protéger sur la parcelle.
Nous vous proposons l’écoute d’une grande partie de la réunion publique qui se tenait le 14 décembre 2023 à l’île Saint-Denis.
Le 30 septembre 2023, la cantine des Pyrénées, fêtait ses dix ans d’existence à la parole errante. La cantine se situe au 77 rue de la mare dans le 20ᵉ arrondissement de Paris. C’est un lieu autogéré depuis 2013 où se déroule de nombreuses activités : cantine à prix libre le midi, cours de français, éduc pop, permanence d’accès aux droits, repas de soutien à des collectifs et des luttes, etc.
Tout commence en 2013, dans un immeuble vide, squatté par des militants proches du milieu autonome, au 331 rue des Pyrénées, à 500 mètres du local actuel. Un lieu en plein cœur de Belleville, quartier historiquement populaire du nord-est de Paris, toujours un peu plus menacé et grignoté par la gentrification.
Un lieu qui répond « solidarité » à une société qui dit « argent », un lieu qui répond « collectif » à une ville qui affirme « chacun pour soi ». La Cantine se veut un lieu de lutte et de résistance locale contre le sexisme, l’exploitation et le racisme qui nous oppriment.
Cette fête des 10 ans était l’occasion de réunir toutes celles et ceux qui ont contribué à cet élan collectif, mais aussi d’inviter d’autres mouvements similaires qui existent partout en France et de discuter autonomie interne et autonomie du ravitaillement.
Dans cette émission, nous vous diffusons un ensemble de prises de paroles autour de la question de l’autonomie du ravitaillement. Dans cette discussion avait été mise en avant la question d’une sécurité sociale de l’alimentation.
Pour aller plus loin sur cette question, dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons un interview réalisé avec un membre du collectif “l’agriculture social club” qui a réalisé une analyse que vous pourrez retrouver dans son intégralité dans le journal https://lepoing.net/ lien ci-dessous.
Un collectif d’éleveurs du Pays de Redon, sur les trois départements d’Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique et du Morbihan, ont organisé le samedi 9 septembre 2023 la “Journée mondiale de l’agriculture normale”.
L’objectif est desensibiliser le grand public à l’impact des normes de biosécurité qui s’appliquent de la même manière aux élevages industriels comme à tous ceux qui élèvent quelques animaux dans leur jardin, au risque d’asphyxier les élevages de plein air.
Dès 8 h 30, présence du collectif sous les halles de Redon pendant le marché.
De 10 h 30 à 12 h 30, déambulation dans le centre-ville de Redon, qui finira dans l’amphithéâtre urbain. Des prises de parole et témoignages d’éleveurs confrontés aux normes de biosécurité sont prévues devant la sous-préfecture.
Sur l’heure du midi. Le collectif prévoit de la restauration avec cochon grillé, kebab d’agneau et tajine de poulet, à prix libre.
À 14 h, théâtre forum avec saynètes jouées par des éleveurs. « Nous aimerions faire en sorte que le public s’implique, en le confrontant à des situations vécues. Il s’agira de réfléchir à ces situations et voir comment elles pourraient se dérouler autrement », expliquent les organisateurs.
À 17 h, projection du film “Sacrifice paysan” (55 mn) en présence de la réalisatrice Gabrielle Culland. Noémie Calais, éleveuse du Gers y dédicacera son livre “Plutôt nourrir” sur le quotidien des éleveurs de porcs et de volailles face à ces normes.
À Redon, plus de 200 personnes ont manifesté pour défendre l’élevage plein air.
Plus de 200 personnes ont manifesté samedi 9 septembre 2023 à Redon (Ille-et-Vilaine), en musique et sous une pluie de plumes, pour défendre l’élevage plein air. Les éleveurs dénoncent la multiplication des normes imposées par les autorités sanitaires pour enrayer les épidémies de grippe aviaire et de peste porcine africaine.
« J’ai été confrontée à une perte d’animaux comme jamais après avoir enfermé mes volailles, les mâles agressaient les femelles, et en même temps à un burn-out. » Une éleveuse de volailles bio en plein air de Laillé témoigne de ce qu’elle a vécu en 2021. Après un contrôle, elle a été forcée de confiner ses animaux, une norme de biosécurité imposée à tous les élevages de volailles par les autorités sanitaires pour enrayer l’épidémie de grippe aviaire. Elle a manifesté samedi 9 septembre 2023 à Redon (Ille-et-Vilaine) pour défendre l’élevage plein air et dénoncer les normes qui ont changé sa façon de travailler, « fait de pression des contrôles » mais aussi de réorganisation de son exploitation, « j’ai fait évoluer mon cheptel de volailles de chair à pondeuses pour baisser le nombre d’animaux ».
Une autre éleveuse a comptabilisé « une baisse de ponte de 30 à 40 % après la claustration », mais aussi constaté « des comportements de cannibalisme, ça stress les animaux ». Un éleveur de Loire-Atlantique se confie, quant à lui, sur un de ses cheptels décimé par la grippe aviaire et l’euthanasie de ses autres bêtes voisines en bonne santé, « j’ai été sidéré ».
Un cortège emmené par un tracteur et fermé par un autre tractant les cochons en train de cuire à la broche – en prévision du repas paysan du déjeuner – a répandu des kilogrammes de plumes dans le cœur de ville. Mais aussi fait du bruit. « Liberté pour les poulets ! », « Liberté pour les cochons ! », sont des slogans qui ont résonné.
Sur les pancartes, mais aussi dans les slogans, c’est la liberté pour les volailles et les cochons plein air qui était demandée.
Les banderoles des éleveurs traduisaient leur état d’esprit. Pour beaucoup, les normes de sécurité empêchent l’exercice de leur métier.
La manifestation était l’action phare de la Journée de l’agriculture normale, imaginée par les organisateurs pour interpeller sur ces normes « qui obligent à investir, qui compliquent notre travail et mettent en péril les élevages plein air », explique un éleveur de porcs en plein air du pays de Redon.
« Des obligations absurdes pour l’environnement et l’agronomie »
« Je ne peux plus entrer dans mon élevage sans changer mes bottes, j’ai dû créer un sas, installer une triple clôture pour être certain que mes cochons n’entrent pas en contact avec un sanglier », détaille-t-il. Des obligations « absurdes » environnementalement et agronomiquement parlant, selon l’éleveur. « Avec de telles installations, je ne peux plus faire de rotation entre mes cochons et mes champs de maraîchage alors que les cochons enrichissaient la terre pour les légumes. »
Ce qui est absurde aussi pour ces éleveurs, c’est qu’en termes de normes de biosécurité, « aucune différenciation ne soit faite entre les petits élevages plein air et les fermes usines ».
Autant de raisons qui, selon eux, participent « à décourager les installations, en plus des nombreux paysans qui cessent leurs activités ».
Après avoir présenté la Bande dessinée Les Algues Vertes et avoir invité à diverses reprises Inès Léraud, Morgan Large et Pierre Philippe et dans le cadre de la 8ᵉ rencontre des lanceurs et lanceuses d’alerte qui se tenait les 10, 11 et 12 novembre 2023, avait lieu la projection du film « Les algues vertes ».
En présence de Morgan Large, journaliste à radio KREIZ BREIZH et pierre Philippe, médecin, qui ont suivi cette affaire.
Dans cette seconde partie d’émission, nous entendrons les échanges qui ont suivi la projection sur les questions que soulève cette affaire sur l’environnement et le modèle agroalimentaire.
On constate que le traitement de cette affaire par le monde politique national, régional, local ou par les services de l’État met en lumière des méthodes que l’on retrouve dans de nombreux dossiers d’alerte.
Le tourisme, l’économie et l’immobilier justifient-ils l’omerta et le classement sans suite ?
L’échange après le film a permis d’aborder la difficulté de travailler en Bretagne sur ces sujets
Dans cette émission, vous pourrez entendre les interventions ayant eu lieu lors de la journée internationale de solidarité avec les peuples autochtones des Amériques, le 14 octobre dernier, organisée par le Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques dans le cadre de l’action globale “LE SUD RÉSISTE !”. Ainsi, en première partie d’émission, vous pourrez entendre lors de la première table-ronde : “Peuples autochtones en défense de la Terre-Mère et de l’eau face aux Mégaprojets”, des militants des peuples maya, cheyenne et yukpa. Puis, en seconde partie d’émission, ce sera une autre lutte amérindienne qui sera à l’honneur. Mais cette fois-ci en France, avec une délégation du peuple des kali’na, venue de Guyane.
Les chantiers des JO ont commencé malgré la crise sanitaire et les résistances locales, et les retards accumulés accélèrent leurs cadences et dégradent les conditions de travail. Les conséquences sont nombreuses : quartiers irrespirables (accélération de la bétonisation et de la pollution), inabordables (spéculation immobilière, entraînant l’expulsion des pauvres et des modestes), policés (imposition des normes des investisseurs et du tourisme, surveillance et répression), implantation de grandes enseignes, réduction des espaces publics et des parcs, disparition d’espèces protégées… et la liste est encore longue. Les différents saccages engendrés par les Jeux Olympiques ne font qu’accélérer les problèmes écologiques et les injustices sociales dans nos villes, et nous privent des moyens de décider collectivement de ce qui nous entoure.
Vendredi 29 septembre, lancement de la carte des Saccages des Jeux Olympique et Paralympique 2024 conçues avec de nombreux·ses camarades et collectifs.
Dans cette émission, nous débuterons par le reportage réalisé ce 29 septembre 2023 sur le Toxic tour à vélo, qui partait devant le village des athlètes en construction, vers différents sites du chantier.
La seconde partie, nous mènera à la Bourse du travail de Saint-Denis ou se tenait, le même jour, la présentation de la carte et où de nombreux collectifs s’expriment sur la manière dont ils et elles s’organisent contre les JOP 2024.