À peine élu, Macron avait déclaré le 27 juillet 2017 : « la 1ère bataille, c’est de loger tout le monde dignement, je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, perdus, c’est une question de dignité, d’humanité». 7 ans plus tard, le nombre de sans-abris a plus que doublé et est passé de 143.000 à 330.000, celui des personnes privées de logement personnel est passé de 896.000 à 1.098.000… celui des demandes HLM de 2,2 à 2,7 millions de familles …
Pourtant la France compte 3,1 millions de logements vacants et 9 millions de mètres carrés de bureaux vacants soit 200 000 logements. L’Ile de France compte 416.000 logements vacants et Paris 116 000. 30 ans après l’occupation de la rue du Dragon, le 18 décembre 1994 et la dernière vague de réquisition qui s’en est suivie en 1995 (1200 logements réquisitionnés), l’État n’a plus le courage d’appliquer cette loi.
Partant de ce constat, le 5 janvier 2025 avait lieu “La marche des réquisitions”, pour dénoncer des immeubles vides dans Paris, et pour exiger : l’application de la loi de réquisition sur les immeubles vides, et l’abrogation de la loi Kasbarian et de toutes les lois et dispositifs qui pénalisent les occupants d’habitats de survie.
Sur la base des prises de paroles réalisées lors de cette manifestation, nous avons ensuite réalisé un interview avec Etienne, (militant du DAL), afin de revenir sur la question du la question des réquisitions, mais aussi sur l’ensemble des combats à mener au niveau du logement et en ce qui concerne plus particulièrement le logement social. Nous vous diffusons donc dans l’émission d’aujourd’hui un montage qui alterne entre les prises de paroles du 5 janvier et cet interview.
Le militant antifasciste Gino est détenu à Fresnes, en attente de la décision concernant sa possible extradition en Hongrie. Il est accusé d’avoir participé en février 2023 à Budapest aux affrontements en marge du défilé néonazi Day of Honour (jour de l’honneur), qui accueille depuis 1997 des nostalgiques du Troisième Reich et de la mode Waffen-SS.
Un mandat d’arrêt européen a été émit à l’encontre de Gino et de ses camarades, accusés de « participation à une organisation criminelle » et de « coups et blessures provoquant un risque immédiat de mort », des délits passibles en Hongrie d’une peine maximale de seize années d’emprisonnement. Selon Mediapart, le mandat est la conséquence d’une agression présumée contre deux néonazi·es qui ont écopé d’une incapacité totale de travail (ITT) de cinq et six jours.
La SDAT (Sous-Direction Anti-Terroriste) a procédé à l’interpellation de Gino en région parisienne, afin de répondre avec zèle à la demande d’extradition formulée par les autorités hongroises, aux mains du gouvernement d’extrême droite de Viktor Orban. Pour la même affaire, d’autres militant.es antifascistes de plusieurs pays d’Europe ont été arrêté.es, emprisonné.es et ostensiblement torturé.es.
Le 15/01, s’est tenu le délibéré concernant la demande d’extradition de Gino, devant la Cour d’appel de Paris. La demande d’informations complémentaires demandée par la défense a été reçue positivement, pour une partie des demandes. La justice a pointé de graves « dysfonctionnements » en matière d’indépendance et d’équité dans le pays dirigé par Viktor Orbán. La Cour d’appel accède donc à la majorité de nos demandes de compléments d’informations au gouvernement hongrois. Ce dernier a maintenant deux semaines pour répondre.
La Hongrie doit :
Dans un premier temps, préciser les conditions de détention de Gino s’il est remis à la Hongrie. Dans un second temps, préciser les mesures concrètes prises pour garantir sa sécurité du fait de ses opinions politiques. Dans un troisième temps, préciser les garanties effectives pour protéger sa personne et garantir son droit à un procès équitable, notamment par rapport à l’indépendance et l’impartialité des tribunaux hongrois.
La Hongrie doit fournir ces documents sous 15 jours et la prochaine audience aura lieu le mercredi 12 février.
Néanmoins, convaincu.e.s qu’un régime qui soutient des évènements comme la Marche de l’Honneur ne peut en aucun cas garantir les droits des militant.e.s antifascistes comme Gino, la pression médiatique et politique doit continuer autour de cette affaire.
Pour cela et en appel à la journée de solidarité qui se tiendra le samedi 18 janvier à la Parole Errante, à Montreuil, nous vous diffusons aujourd’hui le podcast produit dans les studios de la parole errante par le comité de soutien de Gino : toutes vos prisons ne suffiront, précédé d’une mise en contexte produite par blast et intitulé la France au service des néo-nazis hongrois.
Dans l’émission de ce jour, nous parlerons de questions environnementales. En seconde partie d’émission, nous entendrons un entretien avec le géographe suédois Andreas Malm.
Mais en ce début d’émission, nous nous rendons en Seine-et-Marne, car ce 9 janvier 2025, se tenait l’audience sur le fond au tribunal administratif de Melun concernant le recours déposé le 17 mai 2024 par la Régie Eau de Paris contre l’arrêté préfectoral autorisant deux nouveaux forages pétroliers sur le site de Bridge Energies de Nonville en Seine-et-Marne (77)
Alors que la concession Bridge Energies est située dans le périmètre de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, classée par l’Unesco, située à 1,5 km en amont de point de captation d’Eau de Paris, ces nouveaux forages :
Font peser d’importants risques pour l’alimentation en eau potable de 180 000 Parisien(ne)s et les habitant(e)s de la commune de Villemer
Constituent des risques de pollution de la rivière du Lunain, zone Natura 2000 et de la nappe phréatique du « Champigny »
Sont également en contradiction avec les engagements de la France à sortir des énergies fossiles et nuisent ainsi à la lutte contre le dérèglement climatique.
Le 13 octobre 2024, six associations : France Nature Environnement Île-de-France et France Nature Environnement 77, les Amis de la Terre/France, Notre Affaire à Tous, le Réseau Action Climat et Reclaim Finance ont déposé deux interventions volontaires au soutien du recours initié par Eau de Paris et de leur côté, six communes et deux syndicats des eauxen ont fait de même.
Nous étions à cette audience et nous allons entendre le reportage réaliser ce 9 janvier 2025,avec les interventions des collectifs en luttes et le représentant d’eaux de paris.
Dans cette seconde partie d’émission, nous allons poursuivre sur les questions environnementales. En 2021, lors de la pandémie de la COVID-19, des questionnements ont surgi.
La crise sanitaire est-elle la conséquence du capitalocène ? Le capital fossile est-il responsable des catastrophes en cours ? Faut-il un communisme de guerre pour échapper au pire ? Le géographe suédois Andreas Malm, que nous allons entendre, tente d’apporter des réponses à ces questionnements, en expliquant en quoi la crise sanitaire est aussi une crise politique et une crise du capitalisme. Il était alors l’invité en août 2021 du site d’information le média. Entretien que nous allons entendre.
Aujourd’hui, dans cette émission, nous revenons sur l’actualité en Martinique. Parce que, nous aussi, comme le Canard réfractaire, on ne lâche pas, on suit les luttes qui se passent. Dans un premier temps, vous pourrez écouter l’émission justement faite par le canard réfractaire que nous saluons et dans un deuxième temps, vous écouterez le reportage que nous avons réalisé en nous rendant à la manifestation Parisienne du 11 janvier à la gare Montparnasse en soutien à la lutte contre la vie chère et pour demander la libération du « R », de Rodrigue Petitot, président du Rpprac, le Rassemblement Pour la Protection du Peuple et des Ressources Afro-Caribéennes.
Vie chère aux Antilles : L’enquête de Libération met à jour les pratiques opaques et les marges exorbitantes de GBH
11 janvier 2025
— Par Sabrina Solar —
La question de la vie chère aux Antilles et les pratiques économiques des grandes entreprises locales, telles que le groupe GBH, fait l’objet d’une attention croissante non seulement dans les territoires d’Outre-Mer, mais aussi à l’échelle nationale. En ce début d’année, l’enquête publiée par le quotidien Libération, le 9 janvier 2025, a mis en lumière les pratiques controversées de cette multinationale martiniquaise, qui s’est imposée comme un acteur majeur dans plusieurs secteurs économiques, dont celui de l’automobile. Cette investigation est d’autant plus pertinente dans un contexte de crise sociale, où les hausses de prix et les inégalités économiques sont des sujets de débat intense.
L’enquête s’appuie sur des documents internes confidentiels obtenus grâce à un cadre supérieur de GBH, un des 170 managers ayant accès à ces informations sensibles. Ce dernier, travaillant depuis près de 20 ans dans la branche automobile du groupe, a fourni des éléments clés permettant d’exposer l’étendue des marges réalisées par GBH dans ce secteur. Selon les données révélées, les concessions automobiles de GBH en Outre-Mer génèreraient une marge nette de 18 à 28 % sur chaque véhicule vendu, soit trois à quatre fois plus que dans l’Hexagone pour des voitures similaires. Ce différentiel de prix est difficilement justifiable par les coûts d’approche, tels que le transport ou l’octroi de mer, que l’entreprise invoque fréquemment pour expliquer cette disparité. Selon les experts cités dans l’enquête, ces frais ne représenteraient que 15 à 20 % du prix de vente final, ce qui est bien loin de justifier de telles marges.
L’une des pratiques les plus controversées soulevées par l’enquête concerne les « marges arrière ». Ce terme désigne les remises de prix que GBH obtiendrait de ses fournisseurs à la fin de chaque année, en fonction des objectifs de vente atteints. Ces marges arrière, bien que le groupe les évalue à 5 à 7 % du chiffre d’affaires, sont largement contestées. Christophe Girardier, consultant indépendant et auteur de plusieurs rapports sur la distribution en Outre-Mer, estime que ces marges arrière pourraient atteindre jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires annuel de GBH. Ce mécanisme de remises influe directement sur les prix finaux payés par les consommateurs et contribue à l’augmentation artificielle des prix des biens de consommation courante dans les territoires d’Outre-Mer, dont la Martinique et la Guadeloupe. Cette situation devient encore plus problématique dans un contexte où les prix peuvent être jusqu’à 40 % plus élevés qu’en métropole, alimentant ainsi la crise sociale liée à la vie chère.
L’enquête va plus loin en exposant l’opacité financière du groupe GBH, qui fait l’objet de critiques récurrentes. Bien qu’il ait été contraint, après une action en justice, de publier ses comptes sociaux pour la période 2013-2018, ces documents ne permettent pas d’avoir une vision complète de la situation financière du groupe. En effet, ces comptes, publiés juste avant les fêtes de fin d’année 2024, ne sont que des comptes sociaux, un minimum légalement requis, et non des comptes consolidés. De plus, ces comptes ne détaillent pas les nombreuses filiales de GBH, rendant difficile toute analyse approfondie. Cette structure complexe et opaque permettrait au groupe de maximiser ses bénéfices tout en allégeant artificiellement les comptes d’exploitation de ses entités les plus rentables. Ce type de gestion est critiqué pour son manque de transparence et pour les effets néfastes qu’il a sur l’économie locale, où les marges excessives engendrent une pression insoutenable sur le pouvoir d’achat des populations.
L’enquête de Libération n’intervient pas seulement dans le cadre d’une crise sociale, mais aussi dans un contexte judiciaire. En effet, plusieurs lanceurs d’alerte ont porté l’affaire devant le tribunal de commerce de Fort-de-France, exigeant la publication complète des comptes financiers de GBH, notamment les comptes consolidés et ceux des différentes filiales. Après deux renvois, le dossier du groupe sera examiné à nouveau le 23 janvier 2025. Ce jour-là, le tribunal devra déterminer si le groupe respecte ou non les obligations légales en matière de transparence financière et s’il y a lieu de prononcer une amende pour non-publication des comptes en bonne et due forme.
En parallèle de cette enquête, la réaction des autorités publiques ne s’est pas fait attendre. Jean-Christophe Bouvier, le préfet de la Martinique, a réagi sur les ondes de Martinique la 1ʳᵉ, en déclarant que les informations diffusées par Libération allaient être prises en compte pour mener des investigations supplémentaires. Il a annoncé qu’il allait interroger les services de contrôle de l’État pour vérifier s’il existe des infractions à la législation sur les prix, et si des investigations approfondies devraient être menées pour faire respecter les règles de la concurrence. Ces déclarations témoignent d’une volonté d’agir face à des pratiques jugées déloyales et nuisibles à l’économie locale.
Cette affaire soulève des questions bien plus larges sur les pratiques économiques dans les territoires d’Outre-Mer. Les abus de marges et les mécanismes opaques qui permettent aux grandes entreprises de maximiser leurs profits au détriment des consommateurs sont devenus des sujets de préoccupation majeurs. Plusieurs rapports, dont celui remis à Emmanuel Macron en décembre dernier, ont appelé à une régulation plus stricte pour instaurer une concurrence non faussée et encadrer les marges arrière des distributeurs. Le rapport, élaboré par Pierre Egéa, juriste reconnu, et Frédéric Montlouis, consultant, plaide pour un contrôle renforcé afin de garantir des prix justes et équitables pour les habitants des Outre-Mer, qui subissent les effets de ces pratiques depuis trop longtemps.
La publication de l’enquête de Libération, couplée à la perspective de l’audience judiciaire à venir, marque un tournant dans la lutte contre les pratiques commerciales excessives dans les Outre-Mer. Elle met en lumière l’urgence d’une régulation stricte et d’une plus grande transparence des entreprises opérant dans ces territoires, où la crise de la vie chère reste un problème central. Il appartient désormais aux autorités judiciaires et politiques de prendre des mesures concrètes pour protéger les consommateurs et rétablir une concurrence équitable.
***** La réaction du Groupe Bernard Hayot
Le Groupe Bernard Hayot (GBH) a réagi à la suite de la parution d’un article dans le journal Libération le 9 janvier 2025, intitulé « les profits suspects du Groupe en Outremer ». Dans un communiqué publié le lendemain, l’entreprise a exprimé son mécontentement, affirmant que l’article reposait sur des « accusations infondées » et s’appuyait sur les propos de ses « détracteurs habituels » ainsi que d’un ancien salarié motivé par « un esprit de vengeance ». Le Groupe dénonce également ce qu’il considère comme une tentative de déstabilisation et se défend d’atteindre des marges excessives.
La réponse du Groupe Bernard Hayot Le Groupe Bernard Hayot a réagi vivement après la publication de l’article de Libération pointant ses profits jugés suspects dans les départements d’Outre-mer. Le communiqué du groupe, diffusé le 10 janvier 2025, critique l’orientation de l’article et dénonce des accusations sans fondement. Selon le Groupe, ces attaques sont alimentées par des sources qui n’ont aucunement pris en compte les explications détaillées fournies en réponse aux questions du journaliste avant la publication.
Des marges jugées raisonnables Concernant les marges pratiquées dans le secteur de la grande distribution alimentaire, GBH défend ses pratiques, en soulignant que ses marges sont comparables à celles pratiquées en métropole. En ce qui concerne l’activité automobile, le Groupe met en avant les importants investissements financiers requis pour gérer les stocks de véhicules neufs et de pièces de rechange, précisant que ces pratiques sont communes aux opérateurs internationaux.
Une concurrence dynamique Concernant la question de la concurrence, GBH rejette l’idée d’une position dominante. Le Groupe explique que les marges ont été particulièrement serrées ces dernières années, créant des difficultés pour de nombreux acteurs du marché, et souligne la dynamique concurrentielle accrue avec l’arrivée des constructeurs chinois et la redistribution des portefeuilles de marques. GBH insiste sur le fait que le marché est loin d’être figé.
L’origine du problème de la vie chère Enfin, le Groupe conclut que le problème de la vie chère en Outremer est bien plus ancien que la création de GBH et est fondamentalement lié à des facteurs structurels, notamment l’éloignement géographique. Le Groupe rappelle que dès 1952, bien avant sa fondation, l’État avait déjà instauré une prime de vie chère pour ses fonctionnaires.
Dans l’émission de ce jour et pour ce premier direct de l’année 2025, nous souhaitions faire un bilan de l’année écoulée et voir quelle serait les perspectives pour cette nouvelle année, que nous vous souhaitons la meilleure.
Nous avons procédé de manière chronologique et avec les archives 2024 de l’actualité des luttes. Nous avons choisi d’aborder plusieurs thématiques qui vont de la Palestine à l’Ukraine, de la dissolution en France aux JO, de la lutte des mineurs isolés en passant par les luttes environnementales et bien d’autres sujets et nous vous laissons le soin de découvrir.
Dans cette émission du 13 janvier 2025, on revient sur le procès de la rue d’Aubagne suite aux effondrements des immeubles le 5 novembre 2018 qui a causé la mort de huit personnes. Procès qui se tenait du 7 novembre au 18 décembre 2024.
À cette occasion, le collectif du 5 novembre organise des mobilisations partout dans la ville et des crieurs de rue font des points réguliers sur le déroulé du procès en s’appuyant sur le suivi des greffiers populaires. Dans la période, une assemblée des délogés se forme pour reprendre la bataille collectivement sur le problème du mal logement à Marseille et ses conséquences psychologiques désastreuses pour la population.
Dans cette émission, on entendra des membres du collectif du 5 novembre à l’initiative de ces assemblées. On entendra aussi une militante du collectif “Un centre ville pour tous” et une ancienne habitante de la rue d’Aubagne, constituée partie civile dans le procès. Le jugement a été mis en délibéré au 7 juillet 2025.
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une partie de la conférence-débat : Ukraine-Gaza, regards croisés.
Le mardi 3 décembre 2024, l’équipe du Crash a eu le plaisir de recevoir Julia Grignon, Jean-François Corty et Rony Brauman pour une conférence-débat à l’occasion de la sortie du dernier numéro de la revue Alternatives Humanitaires : « Ukraine-Gaza, regards croisés » dans lequel praticiens et observateurs de l’humanitaire vont partager leurs analyses.
Le conflit israélo-palestinien, violemment réactivé à la suite des attaques terroristes orchestrées par le Hamas le 7 octobre 2023, a presque remisé au second plan le conflit russo-ukrainien[1]. Les regards du monde entier se sont alors en effet tournés vers cette étroite langue de terre coincée entre Israël, l’Égypte et la mer Méditerranée qu’est la bande de Gaza.
Une attention évidemment compréhensible, lorsque l’on constate le nombre élevé de victimes essentiellement civiles qu’a entraîné le conflit depuis lors. Pourtant, la crise engendrée par l’agression russe de l’Ukraine le 24 février 2022 n’a rien perdu de son ampleur : six millions de réfugiés sont encore en dehors du pays, tandis que cinq millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de celui-ci[2]. La « disparition » du conflit russo-ukrainien a amené le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à se démener pour maintenir l’attention médiatique et politique alors que les combats s’enlisent, et que grandit sa crainte d’une diminution du soutien international en réponse à l’invasion russe[3].
À vrai dire, si le conflit israélo-palestinien semble avoir relégué dans l’oubli la grande majorité des situations de violence armée en cours dans le monde – y compris le conflit russo-ukrainien donc –, il faut se souvenir que celui-ci avait produit le même effet lorsqu’il avait éclaté en 2022. Et il faut rappeler également que, de l’Afghanistan au Soudan en passant par la Birmanie, le Yémen, la République démocratique du Congo, la Centrafrique ou encore Haïti, les « crises oubliées » ont été de tout temps en nombre bien plus élevé que les « crises médiatiques ».
Qu’ont donc de particulièrement révoltant, inquiétant et révélateur ces deux conflits à Gaza et en Ukraine ? Des conflits qui par ailleurs – et c’est une donnée majeure – témoignent d’une concurrence et d’arbitrages aussi bien dans les budgets militaires (des acteurs directs et de leurs soutiens) qu’humanitaires (ressources limitées des bailleurs), lesquels ne font qu’ajouter à la tension et à la relégation que subissent les autres crises humanitaires dans le monde.
De toute évidence, nous ne sommes pas là dans une situation « classique » d’élan compassionnel et médiatique qui disparaitra avec la prochaine crise majeure : ces deux conflits nous interpellent parce qu’ils disent quelque chose de la géopolitique actuelle, d’une certaine forme de reconfiguration du monde, des usages du droit international humanitaire (DIH) et de la place accordée aux acteurs humanitaires par les belligérants.
De l’Ukraine à Gaza, deux guerres « en concurrence »[4] se déroulent de façon simultanée aux frontières de l’Europe et au Proche-Orient. Les terrains et les actions militaires sont très différents, les acteurs directement impliqués aussi, mais dans les deux cas, sur les écrans de télévision, les images de guerre se suivent, se ressemblent et se confondent presque. Rien n’évoque plus un massacre de civils qu’un autre massacre[5]. Le traitement médiatique de ces deux conflits opère parfois un parallèle où la complexité de la situation laisse place à l’émotion[6] et une comparaison dangereuse de la compassion des uns et des souffrances des autres[7].
Du Donbass au Proche-Orient – mais on peut associer la situation dans le Caucase (Haut-Karabagh) –, on assiste à des guerres à la fois globales et de proximité : elles éclatent et se répondent sur une courte période, dans un périmètre euroméditerranéen restreint, enjeu d’une nouvelle compétition de puissances dont on pressent qu’elle peut aboutir à un embrasement et à une reconfiguration majeure du monde tel que nous le connaissons.
Les acteurs humanitaires doivent donc s’interroger sur ce monde qui peut se dessiner et sur le rôle qu’ils peuvent y jouer avec les limites que ces conflits auront peut-être tracées. C’est qu’ils recouvrent par ailleurs une dimension non seulement territoriale, mais aussi identitaire et sociale, puisqu’ils renvoient à la catégorie des « guerres existentielles » qui relient leurs peuples à un traumatisme collectif : Shoah chez les Israéliens, Nakba chez les Palestiniens, Holodomor chez les Ukrainiens, sans oublier Medz Yeghern (« grand carnage ») chez les Arméniens. La mémoire des génocides et d’autres tragédies – on pense à la mémoire coloniale – traverse les esprits et les générations[8].
Le drame que traverse le Proche-Orient et les craintes d’une extension du conflit font écho à la sidération qui avait saisi le monde en février 2022 en Ukraine. Mais ils ne font aussi que renforcer les questions que les deux situations, comme en miroir, font surgir dans un contexte évident de résurgence des conflits de haute intensité et à forte mortalité. De nombreux analystes l’avaient annoncé, notamment dans le numéro que la revue Alternatives Humanitaires avait consacré au DIH[9].
C’est pour participer à la nécessaire réflexion sur la réponse humanitaire apportée aux conséquences des conflits israélo-palestinien et russo-ukrainien autant qu’à ce qu’ils risquent d’engendrer que la revue Alternatives Humanitaires a décidé de leur consacrer ce numéro vraiment spécial, puisqu’il leur est entièrement réservé. L’appel à contributions a été lancé en janvier de cette année, mais sa pertinence se confirme jour après jour à l’aune des évolutions respectives de ces deux conflits qui se font violemment écho.
Ce numéro invite à opérer un regard croisé, à distance des prises de position politiques qui, si elles ont toute leur légitimité, disposent d’autres espaces éditoriaux pour s’exprimer. Notre but est de jeter un pont analytique entre ces deux conflits, pour mettre en perspective la véritable déflagration qu’ils représentent dans le secteur humanitaire et toutes les remises en cause qu’ils engendrent, la façon dont les acteurs humanitaires font face et s’adaptent[10], les difficultés rencontrées et les moyens mis en œuvre pour les surmonter et améliorer le sort des victimes. Qu’est-ce que les conflits israélo-palestinien et russo-ukrainien changent et confirment pour le secteur humanitaire ? Comment amènent-t-ils à revoir les manières de travailler, à questionner l’ensemble des principes humanitaires, quels débats ont-ils suscité dans le milieu des ONG humanitaires[11] ? Ce sont ces questions qui nous ont guidés pour retenir les contributions qui composent ce dossier. Les unes et les autres expriment des avis parfois différents, toujours complémentaires et respectables. Nous espérons qu’elles apportent des réponses, à tout le moins de la réflexion, pour mieux comprendre les enjeux que ces deux guerres soulèvent pour le présent et le futur de l’action humanitaire.
Tous nos remerciements à Vincent Léger et Pierre Gallien, membres du Comité de rédaction, pour leur travail sur la première version de la problématique de ce dossier.
Le 4 décembre 2024 dernier, à la Parole errante à Montreuil, s’est déroulé une soirée de soutien à la lutte du peuple Wet’suwet’en, avec la projection d’un film documentaire relatant leur lutte contre le pipeline Coastal GasLink, au Canada. Était présente, Sleydo’, l’une des cheffes de Cas Yikh et porte-parole du point de contrôle de Gidimt’en, ainsi qu Freda Huson, qui est la conjointe du chef Howilhkat et la coordinatrice du camp Unist’ot’en. Aujourd’hui, nous allons vous faire écouter un interview qui présente cette lutte et son historicité et le montage d’interventions choisies, suite à la projection de ce film. Cette émission est réalisée avec la collaboration de l’émission Zoom écologie.
Les Wet’suwet’en se battent depuis 10 ans contre la construction d’un gazoduc sur leurs terres ancestrales, non cédées au Canada. Pour s’y opposer, ce peuple a érigé des postes de contrôle sur son territoire et sur la route du projet du gazoduc, empêchant et retardant ainsi le projet, parallèlement à une lutte juridique. Ses soutiens par ailleurs, suite aux expulsions des habitants par les policiers militarisés de la gendarmerie royale en 2020, ont manifesté et bloqué des chemins de fer et des routes partout dans le pays, avant le confinement décrété par les autorités en réponse à l’épidémie du coronavirus. Les autorités canadiennes et le service de sécurité de l’entreprise, du nom de TC Energie, n’ont eu de cesse tout du long de répondre par une répression acharnée pour protéger l’industrie fossile et leurs intérêts : ce furent quatre raids armés sur les territoires autochtones, 75 personnes arrêtées, ainsi que 20 personnes poursuivies en justice… Sans compter le harcèlement policier et juridique, les multiples intimidations, le mépris pour in fine, donner à voir la gestion et la violence coloniale.
Le 31 octobre 2024, La Bourse du travail d’Aubervilliers en lutte contre son expulsion conviait à une projection-débat sur les luttes dans le nettoyage et contre la sous-traitance à partir du film On a grévé, réalisé par Denis Gheerbrant en 2014.
Un documentaire sur une étape victorieuse de la grève de 2012 d’une vingtaine de femmes de chambre dans un hôtel Campanile Première Classe à Suresnes pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, et finalement contre le système de la sous-traitance.
Alors que ce même hôtel, plus de 10 ans plus tard et de nouveau en grève.
Suite à cette projection, s’en est ensuivi d’une discussion en présence de Claude Lévy et Tiziri Kandi , qui lors de là gréve de 2012, était à la CGT hôtel de prestige et économique(HPE) et aujourd’hui syndicaliste a la CNT-Solidarité Ouvrière.
En leurs compagnies, il sera question de : Quel syndicalisme pour les luttes dans le nettoyage et contre la sous-traitance ?
Plus de 300 organisations appelaient à la mobilisation du 14 au 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrant·es : contre le racisme d’État.
Cela permet de renforcer les collectifs de lutte, les réseaux de solidarité et les syndicats, faire de chaque quartier, chaque lieu de travail ou d’étude des zones de solidarité, s’organiser partout pour l’égalité des droits et contre le racisme !
Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons les morceaux choisis du Meeting qui se déroulait ce 18 décembre 2024 à la bourse du travail de Paris.
Dans un premier temps, nous entendrons les collectifs en lutte, entre autres des jeunes du parc de Belleville qui occupent la Gaîté Lyrique depuis le 10 décembre…
Dans un second temps, une analyse sur la situation européenne avec notamment l’Anafé sur la sélection des migrants en zones d’attente (hot spots) et les politiques de fermeture des frontières européennes
Dans cette émission, nous vous diffusons une interview réalisée avec trois membres syndicat des gardiens et gardiennes de troupeaux autour de la question du MERCOSUR et des mobilisations que ce traité a pu entrainer. Une occasion pour nous de revenir plus globalement sur les lignes de fractures idéologiques qui existe au sein du monde agro-alimentaire.
Le mercredi 18 décembre, L’Actualité des Luttes a reçu en direct le collectif Mise En Place, qui regroupe des travailleurs et travailleuses de la restauration désireux de bouleverser le rapport de force dans le secteur de l’Hôtellerie Café Restauration.
Ce jeune collectif, qui revendique son indépendance malgré sa proximité avec la CGT, s’est fixé l’objectif d’unir un maximum d’employés du secteur HCR, souvent isolés dans des très petites entreprises (TPE) et disposant de peu de moyens pour améliorer leurs conditions de travail.
Leurs revendications sont aussi simples qu’ambitieuses : La régularisation de toutes et tous les travailleurs sans papiers, le strict respect du cadre de travail imposé par une convention collective trop peu connue des salariés, et enfin la renégociation de cette même convention collective, qui maintient tout un secteur dans la précarité.
Lors de cette émission, nous sommes revenus sur la création du collectif, les réactions que cela a provoquées dans le secteur, ainsi que les différentes actions auxquels ils ont participé, que ce soit leur soutien aux mouvements des sans-papiers ou leur opposition au patronat.
Dans cette émission, vous sera présenté par Guy Dardel et Lina Murad des ouvrages en prévision des fêtes de fin d’année. Nous commencerons par Tombéza de Rachid Mimouni, puis enchaînerons avec Les années Lula et Les Américanoïaques de Serge Rezvani. Nous enchaînerons avec Les Deux Visages de la résilience de Boris Cyrulnik, revenant sur la réutilisation dans les médias et par le personnel politique principalement de la notion de résilience qu’il a développé. S’en suivra une présentation et un commentaire du livre Storytelling de Christian Salmon. Ce sera ensuite le tour de Seul dans Berlin de Hans Fallada, et qui donne à lire l’histoire fictive du quotidien d’une famille allemande pendant le régime nazi en 1940 ; avant d’enchaîner avec La fabrique du complot de Miguel Chueca, ce livre-ci, une enquête historique, revenant sur les storytelling développé à l’occasion de l’incendie Reichstag, le siège du Parlement allemand, où à cette suite nazis et communistes ont développé deux thèses du complot. Nous terminerons enfin par Flingue, conscience et collectif de Ulrik Meinhof et Au pays de Bernie Sanders, enquête sur une autre Amérique.
Lors de l’enregistrement de l’émission,mercredi 11 décembre, l’Actualité des Luttes s’est penchée sur le bilan des révoltes et la réponse du gouvernement suite au meurtre du jeune Nahel Merzouk, 17 ans, tué par un policier le 27 juin 2023 à Nanterre. Afin de comprendre les événements et la réponse politique qui en a été faite, nous avons analysé le déroulé jour par jour de la semaine de révolte, la répression, ainsi que les réponses politiques et gouvernementales à ce mouvement.
Au cours des sept nuits de révoltes, on compte trois autres personnes décédées en lien direct ou indirect avec les mouvements de protestation, 672 communes touchées, plus de 800 millions d’Euros de dégâts, des milliers de bâtiments incendiés et environ 3500 interpellations dont un tiers étaient mineurs aux moments des faits et une majorité n’avait pas de casier judiciaire.
Le 9 avril 2024, la commission des lois du Sénat rendait publique “25 propositions pour tirer les leçons d’une réponse opérationnelle des pouvoirs publics qui a été effective, mais qui s’est révélée en partie inadaptée à ces émeutes et à leurs enjeux“. Un rapport uniquement sécuritaire et répressif, qui a totalement omis des questions comme les discriminations, le racisme, la précarité et les conséquences de la loi Cazeneuve de 2017, “permis de tuer” pour les policiers en cas de refus d’obtempérer.
Nahel, un jeune de 17 ans, tué par un policier à Nanterre le 27 juin 2023, dès le lendemain des émeutes éclatent à Nanterre, puis le surlendemain partout en France.
2005 à l’époque la révolte a été circonscrite aux banlieues des grandes villes et surtout en région parisienne. En 2023, des émeutes éclatent dans des petites villes de 4/5000 habitants, où des commissariats sont attaqués à coup de cocktails Molotov, des bureaux de tabac pillés, des voitures cramées. Une révolte généralisée qui dure 5/6 nuits, avec attaques des flics à coup de mortier, dégradation de bâtiments publics ou de banques, pillages de magasins, avec souvent redistribution à la population, comme cela s’est passé à Caen dans 3 quartiers populaires.
Le ministère de l’intérieur comptabilise 23 878 feux, 12 000 véhicules incendiés, 2 500 bâtiments publics dégradés dont 273 locaux de police et gendarmerie, 105 mairies, 168 écoles. Le Medef parle d’un milliard d’euro de déficit pour les entreprises suite aux dégradations. Par comparaison pendant le mouvement contre la réforme des retraites qui a duré plusieurs semaines, il y a eu 299 attaques contre institutions publiques. Cela montre le degré d’intensité de ces quelques nuits de révoltes et partout en France.
La répression a fait énormément de blessés par tir de flashball et grenades de désencerclement, d’interpellation et d’incarceration.
Des corps de police et de militaire sont intervenus. Le GIGN et parfois le RAID était présent, ainsi que beaucoup de drones. En France, on compte 1 300 interpellations, suivies de 762 condamnations à une peine ferme, en moyenne de 8 mois d’incarcération. Des transports arretée et les stations services fermées.
Depuis les émeutes les caméras de surveillances se sont multipliées.
La loi de février 2017, portant sur le « refus d’obtempérer », dernière loi sécuritaire du quinquennat Hollande, l’article L435-1 autorise les flics et les gendarmes « à faire usage de leurs armes ». Cette loi a multiplié par cinq le nombre de victimes qui ont refusé de se conformer.Depuis 2017, le nombre de cas de recours à la force meurtrière par des policiers à la suite d’un « refus d’obtempérer », c’est-à-dire un refus d’obéir à une injonction de la police d’arrêter le véhicule (généralement pour un contrôle d’identité ou en raison d’une petite infraction au Code de la route) a été multiplié par cinq. Les données du ministère de l’Intérieur montrent bien que le nombre d’utilisations d’armes à feu contre des personnes se trouvant dans des véhicules en mouvement a fortement augmenté depuis 2017. Or, le simple fait qu’une personne résiste à une arrestation ou tente de s’enfuir, sans mettre en danger la vie de quiconque, n’est pas une raison suffisante pour justifier l’utilisation d’une arme à feu.
La répression judiciaire et carcérale se sont rapidement rendues opérationnelles : le garde des Sceaux a exigé des parquets « une réponse rapide, ferme et systématique » aux actes de délinquance commis au cours des révoltes urbaines. Comme en 2005, il demande aux procureur⋅es de communiquer sur la répression :La circulaire demande aussi aux tribunaux d’ouvrir de nouvelles salles d’audience pour pouvoir juger — y compris le week-end — les très nombreuses personnes arrêtées. Le message est passé. À Grenoble, par exemple, deux audiences de comparutions immédiates sont ouvertes le dimanche 2 juillet pour juger une trentaine de personnes jusqu’après minuit. Le ministre a rendu hommage à la fermeté à l’obéissance des procureurs généraux et s’est félicité du taux de 95% de condamnations, des 1 300 déferrements au parquet, des 905 comparutions immédiates et des 742 peines d’emprisonnement ferme prononcées dans ce contexte de révoltes. la plupart des personnes jugées avaient un casier vierge et des garanties de représentation
«Dans une société hiérarchisée, on ne parle pas aux policiers comme à des égaux, on obtempère.» Ce sont les mots d’une procureure à Marseille, lors du procès de personnes arrêtées dans les rues de la ville, un soir de révolte. Cette magistrate a défini en une phrase ce qu’est une société fasciste, un État policier. Loin, très loin, des principes d’abolition des privilèges, d’égalité devant la loi, principes qui sont théoriquement la base de cette «République» dont parlent tant nos élus.
En seulement 4 nuits de révolte, la police a arrêté au moins 3200 personnes. Des rafles de masse, souvent au hasard. Et des arrestations systématiquement suivies d’une comparution immédiate, c’est-à-dire un jugement immédiatement après la garde à vue, conformément à la demande du ministre de la Justice Dupont-Moretti. Des procès expéditifs, sans préparation, sans preuve, expédiés en quelques minutes. Une justice d’abattage, de classe, raciste.
Une justice qui a pour consigne d’incarcérer le maximum d’indésirables, de les terroriser. Lors de ces procès, les procureurs parlent de «peines pour l’exemple», destinées à «dissuader les autres». Ce mardi, 350 personnes ont déjà été envoyées derrière les barreaux, selon le Ministre de la justice. Et cette véritable exécution judiciaire continue chaque jour dans les tribunaux.
Parmi les nombreux cas : un homme contrôlé en scooter avec un paquet de fromage récupéré dans un Monoprix. Il prend un an de prison ferme pour «recel». Un autre a été retrouvé par la police avec une cannette de Redbull, elle aussi volée dans un magasin qui avait été dégradé. 10 mois ferme. Pour une canette.
Trois hommes, sans antécédents judiciaires, ont ramassé des pantalons Hugo Boss devant le magasin après qu’il ait été cassé. Les vidéos montrent qu’aucun d’eux n’est entré dans le magasin. La Procureure demande de la prison ferme. «Les trois hommes ont sans doute touché les objets, mais rien n’indique qu’ils les aient pris» précise Rafik Chekkat. Un lycéen part immédiatement derrière les barreaux.
Un homme de 58 ans est jugé pour «recel» pour avoir ramassé des objets au sol trois heures après un pillage. Il est jugé coupable et condamné à une peine d’un an de prison ferme. «Du jamais vu» écrit l’avocat.
Trois hommes qui ne se connaissent pas, mais qui ont été arrêtés ensemble, selon les policiers, dans un magasin Monoprix, sont jugés ensemble. Ils n’ont rien volé. Il n’y a pas de témoins ni de vidéos. Seuls les procès verbaux de la police font foi. Prison ferme.
Au tribunal de Nanterre. «De très jeunes hommes, issus des quartiers populaire des Hauts-de-Seine, français, et en majorité noirs ou maghrébins» comparaissent à la chaîne, explique Médiapart.
Yamadou, 21 ans a été arrêté avec un feu d’artifice. Il est ouvrier, il rentrait du travail. Il a été attrapé par la police après avoir fait tomber son téléphone. «Ma grosse erreur, c’est d’avoir pris le feu d’artifice. Il était par terre, à côté de la mairie», il dit avoir tiré «vers le ciel». Deux membres de sa famille ont subi de graves violences policières. Quand il avait 17 ans, son cousin a pris six balles par des policiers, et a été indemnisé. Les tireurs n’ont jamais été condamnés. Selon les magistrats, c’est un indice de culpabilité : il aurait «voulu se venger». Yamadou n’a pas de casier. «C’est dur de s’en sortir de là d’où je viens» dit-il. «Au vu du contexte», le procureur demande de la prison ferme. Il part le soir même en détention.
Yvan, 18 ans, est accusé d’avoir brûlé une poubelle. Il dit qu’il se baladait dans le quartier. Il a été arrêté à côté d’un mineur qui avait un briquet. Une «destruction en réunion, une circonstance aggravante» pour le procureur, qui réclame une peine de huit mois de prison, avec mandat de dépôt.
Un autre, accusé de tir de mortier, se voit sermonner : «Il faut avoir confiance dans les institutions !» par le procureur, qui réclame deux ans de prison, dont un an ferme avec mandat de dépôt. Voilà pour la confiance. Il part en prison dès la fin de l’audience.
Et ce ne sont que quelques exemples, parmi des centaines d’autres, de la violence inouïe qui s’est joue dans le calme des salles d’audience. Des juges, tranquillement installés dans leurs fauteuils, détruisant des vies de jeunes hommes accusés d’avoir réagi à l’exécution d’un adolescent par un policier. L’écrasement est total : humiliations, racisme, violences policières, et peines extrême pour ceux qui osent relever la tête. Pendant que les criminels en col blanc ou en uniforme sont systématiquement impunis et protégés.
Il y a ceux qui marchent sans honte, qui punissent les classes populaires en supprimant d’un coup de plume les transports en commun, les kermesses, les fêtes d’école, les spectacles, le mot République à la bouche et à en vomir, une République d’ordre fait d’injonctions, de menaces et de lois liberticides et qui en redemande toujours et encore ; ce mélange obscène de politiciens réactionnaires bouffis de mépris, de fachos et de milices prêtes à en découdre. Sourde aux cris de colere d’une jeunesse, d’habitants qui veulent vivre. Cela ne suffit pas. Il faut une justice « rapide, ferme et systématique [5] » prête à envoyer des centaines de révoltées en prison [6] ; prête à criminaliser la moindre opposition : Gilets jaunes, écologistes, manifestant.e.s contre la réforme des retraites…
CONTRÔLE DES RÉSEAUX SOCIAUX
La scène se déroule à l’Assemblée nationale, le lundi 10 juillet. Auditionnée, Sarah Bouchahoua, responsable des affaires publiques de Snapchat en France, a fait une troublante confidence. Elle a affirmé que Snapchat a travaillé main dans la main avec le ministère de l’Intérieur afin de ne plus laisser apparaître, sur la Snap Map, que des photos et vidéos critiques envers les émeutes et les émeutiers. “Nous avons travaillé conjointement avec le ministère de l’Intérieur et différentes autorités afin d’essayer d’endiguer le plus rapidement possible les différents dérapages qu’on a pu apercevoir sur le terrain […] et pour le coup, l’ensemble des stories publiées sur la map, c’était vraiment des utilisateurs de Snapchat, à la fin, qui se plaignaient des émeutes et des conséquences des émeutes, a affirmé Sarah Bouchahoua. Nous sommes fiers d’avoir pu participer et collaborer entre le privé et le public afin de protéger nos utilisateurs le plus rapidement possible”.
Les habitants du quartier ont été punis collectivement, pas de transport en commun pendant de longs mois, la réfection des constructions détruites a mis un temps fou, pour garder visible les raisons de la punition.
Punir la famille en sanctionnant les parents des émeutiers en les privant de logements sociaux et d’allocations familiales.
Les festivités normalement présentes pendant l’été ont été annulées, notamment le 14 juillet.
Ces émeutes ont été un peu mieux perçues que celles de 2005, car il existait une colère globale après les manifs sur les retraites et Sainte Soline, qui peut aider à mieux comprendre ce mouvement.
C’est une continuité avec les autres mouvements. Toutes les actions que se soient écolo, émeutes, GJ, anti retraite, devraient se nourrir les unes les autres. Pour l’instant ces différents mouvements ne se regardent pas vraiment, ils restent très séparés.
POUR POURSUIVRE : Souffler sur les braises…Entretien enflammé avec des révolté-es pour Nahel. Aïwa crew. Calvados, été 2023 .Florilège des révoltes suite à l’assassinat de Nahel
Si l’on n’ouvrait nos appareils numériques, que verrions-nous ? Parmi les dédales de câbles et autres, on pourrait y voir des petites plaques vertes au doux nom de puce électronique.
Beaucoup de celles-ci, son fabriqué en Asie, mais la France essai de se placé dans le mouvement.
Dans l’émission de ce jour, on vous amène en Isère, car une bonne partie de la fabrication de ses puces électroniques se passe dans cette région, dans l’entreprise STMicroelectronics.
Un peu d’histoire
En 1972, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble créé l’entreprise Efcis pour conceptualiser et fabriquer des puces électroniques à partir des recherches menées au CEA. L’organisme public transfère à Efcis 90 ingénieurs et scientifiques. C’est une habitude des centres de recherche publics que de créer des start-up pour « valoriser » les recherches publiques : on appelle cela « la liaison recherche-industrie » (Sur ce sujet, lire le livre du Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée. La recherche grenobloise au service du complexe militaro-industriel, Le monde à l’envers, 2020).
Rapidement, le géant de l’équipement militaire Thomson prend des parts dans l’entreprise Efcis, puis l’absorbe en 1982. En 1987, la branche électronique de Thomson fusionne avec l’italien SGS, pour donner SGS-Thomson, puis STMicroelectronics en 1998. C’est aujourd’hui le premier employeur de la région, avec près de 6 000 personnes. La multinationale travaille pour Apple, Bosch, Continental, HP, Huawei, Mobileye, Samsung, SpaceX, Tesla, Vitesco… et ne rechigne pas à équiper les drones de l’armée russe. L’entreprise fait des profits conséquents, mais « paye » ses impôts aux Pays-Bas. L’an dernier, Emmanuel Macron a annoncé le versement de 2,9 milliards d’argents public pour agrandir l’usine de Crolles d’ici à 2026 au nom de la « souveraineté industrielle » européenne. Agrandir, alors que ST consomme déjà à Crolles 156 litres d’eau par seconde (387 après l’agrandissement) et autant d’électricité qu’une ville de 230 000 personnes.
Ce 11 décembre 2024, à la librairie quilombo, se tenait la présentation du livre toujours puce. Les macrodégâts de la microélectronique publiée aux éditions le monde a l’envers. En présence de Maud et Elsa, Autrice de l’ouvrage et de Lise du collectif StopMicro et c’est cette présentation que nous proposons dans l’émission de ce vendredi.
Le Vendredi 6 décembre avait lieu une conférence autour du financement de l’hôpital public, à la bourse du travail de St denis, organisée par le collectif “égalité santé”. Dans cette émission, nous vous diffusons l’enregistrement du débat dans lequel vous pourrez entendre Olivier Milleron, cardiologue et membre du collectif inter hôpitaux, Claire Plouhinec, fonctionnaire et membre de nos service publics et Yasmina Kettal, infirmière et membre du collectif égalité santé.
Dans cette émission, nous vous proposons d’écouter un montage réalisé à partir d’une présentation de livre à la Maison du Zéro déchet, à Paris, et qui est intitulée “Les marchands de soleil”. Le livre est publié aux éditions Tana, et est co-écrits par Sylvie Bitterlin et Clément Osé. Plus concrètement, par le vécu de cette première, habitante et militante dans le collectif Elzéard, Lure en résistance, est raconté la lutte contre l’implantation de centrales industrielles de panneaux photovoltaïques dans les forêts de la montagne de Lure, situé dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un projet présenté comme écologique mais aux répercussions désastreuses pour l’environnement et qui n’est pas sans poser des questions sur la question énergétique plus globalement, fusse-t-elle renouvelable. L’occasion également d’interroger la transition écologique.
Voir aussi l’Association Environnementale Lot-Célé qui se bat contre l’implantation de centrales solaires dans le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy : lien
Le 5 décembre dernier, une manifestation des fonctionnaires a eu lieu ; et ceux dans un contexte politique chaotique. Pour la 1ʳᵉ fois depuis 1962, une motion de censure a réussi à faire tomber un gouvernement. Cette manifestation rassemblant près de 10.000 personnes à Paris, couplée à une grève d’une journée, qui a surtout mobilisé dans l’éducation nationale où la grève a été bien suivie. Malgré le contexte, il n’y a pas eu de mobilisation syndicale. Pire, le monde syndical reste silencieux face au refus présidentiel de changer de politique. Le contexte est aussi marqué, un nombre important de mobilisations sans aucune volonté syndicale de les lier les unes aux autres, par exemple celle des cheminots du 12 décembre prochain.
Répondant à la demande de l’ensemble des organisations syndicales représentatives de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian ̶ ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique ̶ a été contraint d’accorder une audience le jeudi 7 novembre dernier. Les organisations syndicales ont obtenu l’abandon de la suppression des catégories C, B et A de la fonction publique envisagée au titre du projet de loi dit « Guerini ».
Le reportage que nous vous proposons aujourd’hui est issu de la manifestation du 5 décembre 2024 à paris.
Nous entendrons la parole d’étudiantes parlant d’une intervention policière près de leur établissement, de professeur et étudiant de Paris 1 Tolbiac, d’enseignante du lycée Hélène Boucher. Un détour par l’hôpital Beaujon et des salarié-e-s du secteur du travail social qui poursuivront le récit.
Après les révélations sur l’algorithme discriminatoire de la Caisse Nationale des Allocations Familiales (cnaf), qui cible les publics les plus vulnérables et précaires dans ses contrôles, une coalition de 15 organisations dévoile une action commune contre leur utilisation.
Cet algorithme alloue un « score de suspicion » à chaque allocataire, qui sert à sélectionner les personnes à contrôler. L’accès au code source de cet algorithme a démontré qu’il visait délibérément les plus précaires.
Pour alerter sur cette situation, une conférence de presse se tenait dans les locaux d’Amnesty International France, le 16 octobre 2024 et dans l’émission de ce jour, nous vous en diffusons une grande partie.
Sur le site d’Amnesty International, davantage de contenus sur le sujet du contentieux.
Tout le monde connaît l’équation : fonctionnaires = feignasses = pas rentables = emmerdeurs = protégés = profiteurs = archaïques = inutiles = à compresser. D’où vient son incroyable puissance d’évidence ? Et quels intérêts sert-elle ? Pourquoi certains (hauts) fonctionnaires comptent-ils parmi ceux qui la répètent le plus ? Pourquoi autant d’insultes contre celles et ceux qui voudraient servir le public en toute égalité, et si peu envers les actionnaires, les employeurs ou les pollueurs ?
En cette journée de grève dans la fonction publique, nous vous proposons l’écoute d’une partie de la rencontre organisée par le collectif Ne tournons pas la page, collectif né suite à la défaite du mouvement contre la casse des retraites, qui ont invité lors d’une Réunion publique à la Bourse du Travail de Paris, le 26 novembre 2024, deux des trois auteurs et autrices, Julie Gervais et Willy Pelletier pour leur livre : La haine des fonctionnaires.
Il fut question de la place des fonctionnaires dans un moment de grande précarité des status et de la bonne marche du service public.
Chacun des ministres de Macron et Barnier nous prépare une à plusieurs attaques contre nos droits, et nos conquis, que ce soit en termes de statuts ou de financement des services publics. Ces attaques se font dans l’intérêt du patronat. Dans le même temps, le patronat exige de nous payer toujours moins, il souhaite mettre un terme à nos retraites par répartition, et il tente de licencier à tour de bras.
En Martinique, une lutte de fond s’est engagée contre la vie chère. En métropole, face aux attaques de la Macronie et du patronat, dans nombre d’entreprises, de dures luttes ont lieu chaque jour, chaque semaine. Par exemple, les conducteurs de bus du 95 sont en grève depuis le 7 novembre, contre la privatisation des lignes de bus RATP. Toutes les grèves dénoncent le manque de moyens, la dégradation des conditions de travail, les plans de licenciement. De même, chez les travailleurs de l’État, la colère monte. Face à cette situation, que proposent les directions syndicales ?
Des journées de grèves et de manifestation en ordre dispersé et sans stratégie :
Mardi 1ᵉʳoctobre : journée de grève CGT, SUD, FSU, sans mobilisation, ni propositions pour la suite Jeudi 17 octobre : journée d’action CGT à l’occasion du Salon de l’Auto, pour dénoncer les licenciements Jeudi 17 octobre : grève unitaire du social et médico-social en IDF. Mardi 29 octobre : journée de grève des syndicats de l’hôpital public, lors des discussions du budget à l’A.N. Mercredi 30 octobre : la CGT chômeurs appellent à se mobiliser lors des nouvelles négos assurance chômage. Vendredi 8 novembre : la CGT spectacles contre la casse de l’assurance chômage et du statut d’intermittent. Mardi 12 novembre : appel à la grève dans les agences France Travail d’IDF Du vendredi 8 novembre au mardi 12 novembre : grève dans le périscolaire Mardi 12 novembre :RATP, grève et rassemblement pour dénoncer l’ouverture à la concurrence Jeudi 14 novembre : nouvelle journée de grève CGT spectacle et CGT chômeur Vendredi 15 novembre : mouvement de grève national dans le périscolaire Mardi 19 novembre : journée de mobilisation dans la petite enfance Mardi 19 novembre : journée de mobilisation de l’Enseignement Supérieur et la Recherche
Jeudi 21 novembre : grève “d’ultimatum” contre le démantèlement de la SNCF Mardi 3 décembre : manifestation des retraités pour la revalorisation de leurs pensions Jeudi 5 décembre : grève nationale France Travail Jeudi 5 décembre : journée de grève appelée par les syndicats de fonctionnaires contre les 3 jours de carence Mardi 10 décembre : grève intersyndicale de la fonction publique territoriale Mercredi 11 décembre : Appel FO grève reconductible 3 jours contre les 3 jours de carence des fonctionnaires Mercredi 11décembre : les syndicats de cheminots appellent à une grève illimitée, à partir de 19 h, contre le démantèlement du fret. Jeudi 12 décembre, « journée de convergence pour l’emploi », appelée par la CGT, pour dénoncer les plans de licenciements (Michelin, Auchan…).
Liste certes rébarbative, mais non exhaustive
Toutes ces dates montrent que chez les travailleurs.euses, privé.e.s d’emplois et retraité.e.s, la colère et l’envie d’en découdre se font sentir. Les directions syndicales répondent à notre légitime colère, en nous divisant, par secteur, et en nous faisant faire des journées ponctuelles de grève. Ce n’est pas comme cela que nous allons stopper le rouleau-compresseur !
Toutes ces attaques ont une logique commune : remettre en cause les conquis sociaux et nos salaires directs et indirects, et casser nos droits, au profit du patronat.
Macron et toute sa politique pro-patronale ne tiennent qu’à un fil, ils peuvent tomber, si nous arrêtons le travail en même temps, et si nous ne reprenons le travail qu’à condition d’avoir obtenu satisfaction de nos revendications.
Halte aux journées d’action ou de grève isolées !
Halte aux séries de grèves saute-mouton !
Organisons-nous, préparons-nous à une riposte d’ampleur !
Choisissons nous-même notre date de grève générale reconductible, et préparons-la !
Comment préparer la grève générale dont nous avons besoin ? Réunion publique à l’EDMP jeudi 19 décembre, 19 h 30-21 h 30, 8 impasse Crozatier, métro Reuilly / Ledru-Rollin
Rencontre avec Baptiste Giraud : Réapprendre à faire grève Union Locale CGT du 18ᵉ, lundi 20 janvier 2025, 19 h 30-21 h 30, 42 rue de Clignancourt, métro Château rouge
Nous sommes le « Courant de Lutte Transsyndical et Interprofessionnel, Ne tournons pas la page », qui réunit des militant.e.s syndiqué.e.s de différents horizons et des activistes non syndiqué.e.s. Nous nous sommes rencontré.e.s lors du mouvement des retraites de 2023, sur le constat que l’intersyndicale avait refusé de mener la lutte vers la victoire. Parce que les syndicats sont un outil précieux, nous ne voulons plus laisser les directions de décider de l’avenir des luttes. C’est aux grévistes et aux militant.e.s, syndiqué.e.s ou non, d’en choisir les formes et la direction. Vous êtes en accord avec le contenu de ce tract ? Contactez-nous.
Regroupons nos forces, contactez-nous : netournonspaslapage@gmail.com
Blog Médiapart : https://blogs.mediapart.fr/courant-de-lutte-transsyndical-et-interprofessionnel
Rami Abou Jamous est un journaliste palestinien. Il tient depuis février 2024 son Journal de bord de Gaza sur Orient XXI, pour lequel il a obtenu, en octobre 2024, le prix Bayeux des correspondants de guerre dans la catégorie presse écrite, ainsi que le prix Ouest-France. Jeudi 28 novembre dernier, au Lieu-dit, avait lieu la soirée de lancement de cet ouvrage publié aux éditions Libertalia en présence de Leïla Shahid et l’équipe d’Orient XXI. Aujourd’hui, nous vous diffusons donc un montage réalisé autour des prises de paroles qui s’y sont tenues, accompagné de la lecture de quelques extraits du livre.
” Vivre sous une tente, c’est endurer une chaleur d’enfer pendant la journée, avec des mouches qui pénètrent à l’intérieur et n’arrêtent pas de vous agacer. Et la nuit, c’est l’inverse : il fait froid. Il faut mettre deux ou trois couvertures. C’est se réveiller en ayant mal partout, parce qu’on dort sur un sol déformé. Vivre sous une tente, c’est dépendre de l’aide humanitaire et ne manger que des boîtes de conserve. C’est chercher tous les jours un endroit pour charger nos téléphones et nos lampes rechargeables. Vivre sous une tente c’est faire la queue pour l’eau et la nourriture. Pour faire la cuisine, il faut un four en argile et du bois. Quand on n’a pas de bois, on utilise n’importe quoi. Beaucoup de gens brûlent des cartons ou du plastique. On respire presque toute la journée cette fumée de plastique. On fait la lessive dans les seaux, on porte les mêmes vêtements trois ou quatre jours pour économiser l’eau. Pour les toilettes, on creuse un trou. Vivre sous la tente, c’est surveiller en permanence les insectes, les serpents, les scorpions. C’est une vie d’humiliation. Mais cette tente est le symbole de la résilience palestinienne. Nous en avons fait un symbole politique, pour dire que nous allons rentrer chez nous.
Du 15 novembre au 1ᵉʳ décembre 2024, se tenait le festival des solidarités (Festisol) en France et dans douze pays d’Afrique (Sénégal, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Gabon, République démocratique du Congo, Togo, Bénin, Centrafrique, Guinée et Niger). Dans le cadre de ce festival, le 23 novembre 2024, le centre international des cultures populaires accueillait la conférence “Regards croisés sur les violations de droits humains en contexte de ruée minière mondiale” organisée par SystExt (Systèmes Extractifs et Environnements), en partenariat avec le CICP.
Dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute des interventions de : Aurore STÉPHANT, ingénieure géologue minier, spécialisée dans les risques associés aux filières minérales, membre de l’Association SystExt. Et de Georgine KENGNE DJEUTANE, économiste, coordinatrice senior, spécialisée en droit des femmes dans les industries extractives à WoMin African Alliance
Alors que les entreprises minières s’engagent de plus en plus à respecter les droits fondamentaux et à mettre en œuvre les “bonnes” et “meilleures” pratiques associées, ces violations se multiplient à l’international.
De plus, l’intérêt récent pour les filières minérales que suscitent les scénarios de “transition” énergétique fait craindre une aggravation de ces situations inacceptables. D’où l’importance des témoignages des personnes affectées et de documenter les réelles implications de nos modes de production.
Nous avons invité L’OIP (l’Observatoire International des Prisons) pour parler du durcissement constant des politiques pénales, que les gouvernements successifs accentuent, conduisent déjà à des niveaux de surpopulation carcérale sans précédent : plus de 127% d’occupation en moyenne dans les prisons françaises ; près de 154% dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérées près de sept personnes détenues sur dix, en attente de jugement ou condamnées à des peines inférieures ou égales à deux ans ; plus de 200% dans au moins dix-sept quartiers de détention. Les conditions de détention sont de plus en plus indignes, avec des personnes détenues qui s’entassent à deux ou trois dans des cellules exiguës, et 3 609 d’entre elles qui dorment sur des matelas de fortune posés à même le sol[1]. L’accès aux soins, aux activités et à l’accompagnement est toujours plus illusoire, aux antipodes de l’objectif de réinsertion fixé par la loi. Les conditions de travail du personnel pénitentiaire sont si dégradées que les vacances de poste sont légion.
La seule réponse face aux désastre des politiques pénales consiste à construire de nouvelles prisons, cette politique immobilière n’a fait que permettre d’incarcérer toujours plus. Chaque mois la Franc explose son record de taux d’incarcération. Entre 1990 et 2024, le nombre de places de prison a augmenté de 25 152, et celui des personnes détenues de 30 477. Les prisons françaises enferment déjà près de 4 000 personnes de plus que le nombre de places prévu à l’horizon 2027. En phagocytant le budget de l’administration pénitentiaire au détriment de la rénovation des prisons déjà existantes, du développement des dispositifs d’insertion et de l’accompagnement des personnes détenues, cette politique est en outre largement contre-productive. Le nombre de prisonniers pour 100 000 habitants et la durée de détention moyenne ont doublé en quarante ans – sans rapport avec les courbes de la délinquance. Que toujours plus de comportements sont passibles d’emprisonnement et que les peines encourues ne cessent de s’alourdir. Et malgré les faits l’opinion publique, matraquée par les mensonges médiatiques est amenée à penser que la justice comme trop laxiste, au diapason de la plupart des professionnels du secteur. Il vous appartient d’œuvrer à faire connaître ces tendances. Le gouvernement parle à la place des français « les Français demandent » alors qu’ils reflètent surtout les fantasmes d’une partie de la classe politique. « Les Français demandent […] à ce que les peines soient réellement exécutées », dites-vous, suggérant que ce n’est pas le cas alors que 95% des peines de prison ferme sont mises à exécution, d’après le ministre de la Justice. La loi pose au contraire l’aménagement des fins de peines comme un principe, destiné à faciliter la difficile transition entre détention et liberté, pour le plus grand bénéfice de la société. deux tiers des personnes détenues condamnées sortent de prison sans y avoir accédé.
Deux mutineries quasi simultanées, le 28 septembre 2024, ont rappelé l’ampleur des tensions qui s’accumulent dans les prisons françaises, toujours plus surpeuplées. À la maison d’arrêt de Nîmes, une centaine de prisonniers ont refusé de regagner leurs cellules pendant plus de quatre heures, le 28 septembre, pour dénoncer des conditions de détention inhumaines. Cette prison est par ailleurs infestée de rongeurs et de punaises de lit : 267% d’occupation au quartier hommes, où des matelas au sol ont été installés dans presque toutes les cellules. Le même jour, une mutinerie éclatait au quartier centre de détention de Majicavo (Mayotte), où la surpopulation, chronique, atteint là aussi 267%.
Les fédérations CGT Cheminots, Unsa Ferroviaire, SUD Rail et CFDT Cheminots s’opposent aux projets en cours, considérés comme une privatisation rampante du groupe, suite à la contre-réforme du ferroviaire de 2018. Ils demandent l’arrêt de la scission de Fret SNCF qui doit intervenir à partir du 1ᵉʳ janvier 2025 avec la création de deux entreprises, Hexafret dédié au transport de marchandise et Technis pour la maintenance des locomotives, avec une réduction de 10 % des effectifs à la clé. Vous entendrez donc dans une première partie d’émission les prises de paroles de l’assemblée générale qui se tenait gare du Nord le 21 novembre dernier et un entretien réalisé avec un agent commercial de la ligne b.
Dans une deuxième parties d’émission, nous vous diffuserons les différents reportages réalisés lors de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles qui s’est déroulée à Paris le 23 novembre dernier.
L’Ukraine, qui comptait 50 millions d’habitants à la fin du XXe siècle, n’en comptait qu’un peu plus d’une trentaine à la fin de l’année 2023. Depuis l’invasion à grande échelle des forces armées de Vladimir Poutine en février 2022, 6,4 millions de personnes se sont réfugiées à l’étranger et 4 millions d’entre elles sont déplacées : un exode supérieur en nombre à celui de mai-juin 1940 en France.
Depuis cette date, des dizaines de millions d’obus, (dont 3 à 5 millions d’origine nord-coréenne), 13 000 drones (dont plus de 2000 Shahed), 10 000 missiles (dont 1600 venus de Corée du Nord) et plus de 30 000 bombes planantes guidées (qui peuvent peser jusqu’à trois tonnes), ont été envoyés sur le territoire ukrainien, sans parler des bombes au phosphore et des bombes thermobariques.
La vie de millions d’Ukrainiens a été dévastée jour après jour, nuit après nuit par cette guerre industrielle, totale et à caractère génocidaire menée contre cette population, sa culture, son histoire et qui lutte une fois encore pour sa survie. À l’automne 2024, les victimes civiles et militaires des deux bords atteignaient le nombre d’UN MILLION.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’actualité des luttes reçoit aujourd’hui Jean-Marc Royer qui, dans ses carnets de guerre, raconte et analyse, de par ses voyages fréquents en Ukraine, l’invasion à grande échelle de 2022, et ses conséquences en Europe. Nous avons abordé les récents évènements sur le terrain (bombardements russes et reculs de l’armée ukrainienne dans l’est) les manquements de l’aide occidentale et la faillite intellectuelle de la gauche européenne.
Aujourd’hui, nous recevons Victoire de la CGT chômeur pour faire un état des lieux du chômage en France. La France compte 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Toutes ces personnes ne sont pas chômeuses puisque 3 millions sont comptabilisées comme n’ayant pas travaillé le mois écoulé. Il faut rajouter 3 millions de précaires, 1,3 million d’allocataires du RSA et 2 millions dans le « halo » du chômage. Ça fait beaucoup ! En sachant que les entreprises continuent de fermer et se délocalisent, ce qui va encore augmenter les sans-emplois.
Pendant ce temps, les patrons se frottent les mains puisque « l’armée de réserve » des demandeurs d’emploi sera moins regardante sur ses conditions de travail et de rémunération. L’État de son côté, en digne souteneur du patronat, continue, réforme après réforme, de réduire, de temps d’indemnisation, leur montant et rend plus difficile le fait d’y avoir accès. Il exonère toujours plus les patrons qui devraient verser dans les caisses la part du salaire socialisée sous prétexte qu’il faudrait aider les créateurs d’emplois qui n’en créent pas des masses.
Il propose de travailler toujours plus pour gagner toujours moins ; plutôt que l’inverse ! Il stigmatise, à longueur des médias, les fainéants qui se gobergent au frais du pauvre travailleurs qui se lèvent tôt, cherchant à opposer les exploités les uns contre les autres.
Pour chercher de l’argent, l’État propose d’aller le chercher dans les poches déjà bien vides des pauvres, qu’ils soient chômeurs, retraités ou travailleurs, plutôt que dans celles des actionnaires, des hauts revenus, des profits…
Ou en sommes nous dans l’univers impitoyable de la grande distribution ? Les grandes manœuvres se poursuivent, a grands coups de rachat et de dépeçage. Le groupe Casino n’y échappe pas.
Le 27 mars 2024, la dette de l’entreprise est revue de manière très significative et ses actionnaires vont être massivement dilués par l’apport de capital des repreneurs, les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière adossés au fonds d’investissement Attestor. Casino comptait fin 2022 200 000 salariés dans le monde dont 50 000 personnes en France.
44 168 collaborateurs, après cession de ses activités hors de France. Une fois que ses hypermarchés et supermarchés auront été cédés à ses concurrents Intermarché, Auchan et Carrefour, l’effectif du distributeur tombera à 28 212 salarié-e-s fin 2023.
(Monoprix et Franprix) qui fond partie, entre autres du groupe Casino, basés respectivement à Clichy et Vitry-sur-Seine, en région parisienne, vont également être touchés. Selon le groupe, 750 postes seront supprimé en Île-de-France.
Dans l’émission de ce jour, pour parler de la situation à Monoprix, nous recevons en plateau : Soumaya, Lamia et Alain, salarié-e-s et syndicaliste au collectif CGT Monoprix. Nous reviendrons notamment sur la mise en place du “plan de sauvegarde de l’emploi” (PSE), autrement dit des licenciements.
Dans cette émission, nous allons vous faire entendre des récits et des échanges qui se sont tenus lors d’une rencontre le 26 octobre dernier à Montreuil dans le cadre de la fête de soutien a la cantine des Pyrénées, et dont l’intention visait à interroger les pratiques et la vision de l’alimentation dans les luttes, du point de vue des collectifs et des associations ayant à voir avec l’alimentation, telles les cantines populaires, les collectifs de maraudes sociales, les collectifs pratiquant la récup’, les groupes organisés autour d’espaces de maraîchage, et ainsi de suite.
Page Facebook de la cantine des Pyrénées Site de l’association Robin des rues Site de la ressourcerie du Poulpe Instagram du collectif de Tapages Site de la Parole errante où a lieu la cantine de la brigade de solidarité populaire Montreuil-Bagnolet Site des Bons petits légumes Page Facebook de Léz’art dans les murs Un communiqué datant de mai 2024 pour le maintien de la cantine du foyer Branly
Lien vers le film “Ici, maintenant. Itinéraires de solidarité” de Vincent Sabot et Hedi Zennaf. De quoi ça parle ? “Italie, printemps 2020. Spontanément, des « Brigades de Solidarité » se mettent en branle pour lutter contre la mise à l’écart des plus précaires en pleine crise sanitaire mondiale. Très vite, l’idée et les actions concrètes qui en découlent s’étendent dans le reste de l’Europe.
Caméra à l’épaule, le réalisateur et ses compagnons stéphanois embarquent à bord d’une camionnette pour un voyage à la rencontre de toutes celles et tous ceux qui tentent de créer un autre monde que celui qu’on cherche à leur imposer. En Suisse, en Belgique et aux quatre coins de France, voici l’itinéraire de ces solidarités.“
Nous rediffusons une émission de l’actualité des luttes de 2010 ou Jean-Pierre Garnier ; sociologue, urbaniste, présentait son dernier ouvrage : Une violence éminemment contemporaine. Déjà 14 ans et pourtant le travail d’analyse de Jean-Pierre Garnier reste d’une grande actualité.
Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires
Synthèse de quarante ans d’observation des réalités urbaines et d’analyse critique des discours dont elles font l’objet, ce recueil montre comment la gestion politique des villes nourrit les appétits économiques de la bourgeoisie désormais « mondialisée » et les aspirations culturelles des néo-petits bourgeois.
D’un côté, des espaces « requalifiés » réservés aux gens de qualité, et de l’autre des couches populaires reléguées à la périphérie. « Violences urbaines », « crise du logement », « relégation » et « gentrification » sont autant de symptômes dont le « traitement », de plus en plus sécuritaire, est voué à l’échec.
Du moins tant qu’on se refusera à reconnaître la nature du conflit fondamental qui oppose les citadins ordinaires à ceux pour qui l’espace urbain est une source de profit, sinon de valorisation de leur capital culturel par la colonisation des quartiers populaires bien situés. Et tant qu’on voudra donner l’illusion qu’on peut réconcilier par magie les contraires au moyen d’arguties et d’innovations langagières, violence symbolique ne faisant que redoubler celle, bien réelle, qui s’exerce sur les dépossédés du droit à la ville, plus nombreux que jamais.
UNE VIOLENCE ÉMINEMMENT CONTEMPORAINE est parue en mars 2010 aux éditions AGONE dans la série contre-feux
Pour débuter, nous nous rendons à l’hôpital Beaujon. Car, depuis le 14 octobre 2024, une grande partie du personnel est en gréve. Le 13 novembre, une nouvelle assemblée générale se tenait dans le hall de l’hôpital avec pour objectif de remettre un cahier de revendications à la direction de l’hôpital. Et nous vous proposons, l’écoute du reportage réalisé ce 13 novembre.
Le 12 novembre devait avoir lieu le procès de 5 postières et postiers mis en cause dans l’occupation du siège de La Poste il y a 10 ans. Une date de procès et un rassemblement plus tard, la date du passage des 5 postiers et postières au Tribunal de Paris a finalement été reportée au 12 juin 2025.
Un report qui faisait partie des revendications des postiers pour permettre d’organiser la défense face à un dossier de 900 pages de procédures qui cherche à s’attaquer au droit de grève dans l’entreprise. Dans ce contexte et dans cette seconde partie d’émission, nous allons entendre un entretien avec Gaël Quirante, syndicaliste à SUD PTT 92, lui-même attaqué dans ce procès.
Dans la suite de cette émission, nous revenons sur l’assurance chômage. Le 8 novembre 2024, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis devant l’Unedic à Paris. Ghislain Gauthier, secrétaire général de la CGT spectacle, donne quelques raisons qui expliquent ce rassemblement.
Nous terminons, par l’appel a la gréve à la SNCF de ce jeudi 21 novembre 2024, nous vous diffusons la prise de parole de la fédération SUD-Rail aux 1 ère rencontre de l’Alliance Écologique et Sociale, qui a eu lieu le week-end dernier.
Le 13 novembre dernier a eu lieu, à Paris, un gala organisé par l’association Israël Is Forever, avec comme objectif la « mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ».
Nili Kupfer-Naouri, présidente de l’association Israël Is Forever, organisatrice du gala, est une avocate ayant les nationalités française et israélienne qui tient publiquement des propos qui s’apparentent à de l’apologie de crimes de guerre. Parmi ses nombreuses déclarations, citons : « Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza » ou : « Qu’il ne reste plus rien de Gaza et qu’on [peut] y installer une grande hityashvut, une grande réimplantation juive ». À l’origine, l’invité vedette de ce gala devait être Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances et le ministre exerçant la tutelle sur la Cisjordanie occupée. Habitant dans une colonie et se revendiquant lui-même « fasciste », Smotrich incarne la figure du sionisme religieux le plus fanatique. Depuis son entrée au gouvernement le 29 décembre 2022, le nombre de colonies et les hectares de terres confisqués par Israël ont augmenté dans des proportions jamais vues depuis les accords d’Oslo.
Face à la complicité de l’état quant à la tenue de cet événement, une manifestation était appelée au départ de la gare Saint-Lazare. Nous vous diffusons aujourd’hui un montage réalisé à partir des prises de paroles enregistrées lors de cette mobilisation. Nous terminerons l’émission avec un court montage réalisé sur la tenue du match France Israël du lendemain.
Dans cette émission, nous vous diffuserons des enregistrements issus d’un podcast réalisés par Cruel Tunnel, édité à l’occasion d’une diffusion sur Fréquence Paris Plurielle pour une adaptation au format format 1H, et qui a pour sujet la lutte contre le projet de tunnel ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin. Une lutte appelée aussi NoTAV — TAV pour Treno Alta Velocità. Ce projet est ancien. Il a été élaboré dans les années 80 pour anticiper une augmentation du trafic de marchandises entre la France et l’Italie — sans que le trafic n’ait pour autant augmenté. En 1991, le collectif Habitat, composé d’écologistes, de scientifiques et de professeurs d’université, avait tenu sa première réunion publique en opposition au projet. Mais c’est également de l’autre côté de la frontière, en Italie, que la lutte a été menée depuis les années 90 également. Avant de trouver un renouvellement militants à la fin des années 2010, et alors même que l’argument du désengorgement du fret ferroviaire était avancé par les promoteurs pour légitimer la ligne à grande vitesse. Plus matériellement parlant, cette ligne doit percer les massifs de la Chartreuse, de Belledonne et du Mont Cenis pour sur moins de 260 km de tunnels. Il est question également de ponts, de réouverture et d’extension de carrière, de déblais, de pollutions, de bétonisation des terres agricoles, de destruction des espaces naturels et d’un site archéologique, comme une tarissement de sources d’eau. Est contesté par ailleurs les pratiques mafieuses et anti-démocratiques, comme l’intérêt économique d’un tel chantier, et ce alors qu’existe déjà une ligne ferroviaire via le tunnel du Fréjus. Dernièrement, ce sont des travaux de reconnaissance qui ont démarré en Maurienne (France) et dans le Val de Suse (Italie).
LA CHAPELLE – RUE Danielle Casanova – Photo des années 1990 !
Maintenir et Créer des espaces d’information, de rencontre, d’organisation. Pour commencer cette émission, nous allons faire un point sur la pérennité des radios libres. En effet
Dans un premier temps, nous avons appris que le gouvernement par l’intermédiaire de sa ministre reconduite Rachida Dati prévoyait d’amputer de 29 % les aides au Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) qui permet aux radios associatives de garder la tête hors de l’eau. Cette annonce retoquée risquait de détruire une expérience riche de plus de quarante ans. Mais ne nous réjouissons pas trop vite
En 1980, le gouvernement légalise l’existence des radios. Créé en 1982, le FSER permet à environ sept cent cinquante radios associatives locales réparties sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones rurales, de montagne, urbaines et périurbaines, de donner un espace d’expression aux différents courants socioculturels. Nos radios fonctionnent sur un modèle à but non lucratif. Elles soutiennent les artistes locaux, encouragent le développement des initiatives territoriales. Par cette décision inique, le gouvernement voulait éliminer des centaines de radios libres qui déjà peine à survivre sans publicité.
Depuis plus de trente ans, FPP avec ses 80 émissions originales, ses centaines d’animateurs et animatrices, ses nombreux invités, déploie ses programmes 24/24 sur les ondes du 106.3 FM pour porter la voix des sans voix, celle des grévistes, des manifestants, des enfermés, contre l’exploitation, le racisme, pour l’égalité et la liberté de choix sexuel. FPP est une radio des luttes dans la pluralité de ses expressions, culturelle, politique et communautaire.
Les gouvernements, mandature après mandature, ont déjà réduit les aides publiques du secteur associatif indépendant. Les subventions sont conditionnées à des appels à projet qui sont autant de moyens de domestiquer nos activités. Depuis notre création, nous avons vu nos moyens financiers fondrent et notre activité sans cesse menacée.
Dans un monde où les médias sont assujettis au pouvoir de l’argent débitant à longueur de colonnes, d’images et d’ondes la rengaine du libéralisme, nous continuons de penser que la radio, média populaire et non traçable doit continuer à jouer un rôle dans l’expression de ceux et celles qui ne l’ont pas et dans l’extension des luttes comme elle l’a déjà fait au cours de l’histoire. Hier comme aujourd’hui, conserver des espaces d’expressions critiques, et d’informations indépendantes du pouvoir est essentiel.
Dati, après avoir reculée face aux contestations, a repris au vol une proposition de Philippe Ballard. Le député RN de l’Oise qui a proposé de faire le ménage dans les radios associatives. « Dans ce monde cohabitent des stations tout à fait honorables et nécessitants un soutien, mais aussi d’autres qui peuvent tenir à l’antenne des propos hors du champ républicain. Il serait nécessaire de faire le tri et d’attribuer les subventions sur des critères plus solides » ? A l’en croire seul les médias soumis pourraient bénéficier des mânes des seigneurs aux pouvoirs.
Nous ne nous laisserons pas réduire au silence sans réagir. Nous souhaitons par ce texte inviter tous les passionnées de radios, animateurs, à se rencontrer pour réfléchir et anticiper une riposte aux attaques qui nous sont faites.
L’actualité des luttes pour FPP
Et si nous doutions encore de la nécessité de multiplier les canaux d’information indépendants des puissances financière nous vous proposons d’écouter le Canard réfractaire hébergé sur YouTube qui revient sur un mensonge énorme, une falsification des faits insupportable, des mots indécents utilisés, nous voulons parler de la médiatisation des heurts provoqués par les hooligans israéliens lors du match de foot Ajax d’Amsterdam / Tel-Aviv à Amsterdam.
Outre les espaces d’information indépendants, il faut également construire des espaces ouverts. C’est ce que propose un collectif Toulousain qui lance une cagnotte pour acquérir un lieu « la Chapelle ». Dans cette partie d’émission, nous entendrons un entretien réalisé avec un membre du collectif la Chapelle, qui nous parlera de l’histoire de cette lutte.
Nous ne pouvons pas finir cette émission sans vous parler de la manifestation qui s’est déroulée à Paris le 10 novembre. Manifestation gigantesque pour revendiquer l’arrêt de la profitation dans les territoires d’outre-mer.
L’ouverture à la concurrence et dans toutes les têtes, croire qu’elle est la solution. Pourtant, durant les JO, on a pu se rendre compte que quand on y met les moyens, le service public fonctionne bien. La privatisation, les travailleurs/euses et les usagers seront les premiers à en subir les conséquences. Les transports sont un bien public, indispensable à tous et à toutes.
La vente à la découpe du réseau de BUS fait la une de la presse. Pour préparer cette mise à la concurrence, la RATP a augmenté l’amplitude de travail des machinistes à 13 h, réduit leurs repos, une manière d’annoncer les conditions de travail futurs peuvent encore se dégrader. Une mise en concurrence entre salariés de différentes entreprises qui entraîne tout le monde vers le bas.
Pour les usagers. L’entretien des bus, leur remplacement en cas d’incident, la superposition de lignes sur les mêmes arrêts, risque de frapper durablement la qualité du transport.
Parmi les trois lots qui sont mis en concurrence, Keolis et Cap Île-de-France ont été sélectionnés. Ainsi, le 12 novembre, en conseil d’administration d’Île-de-France mobilité, les contrats de délégation, on était attribués. Et une augmentation du tarif du pass navigo, qui était de 75,20 euros en 2021 avec une prévision d’augmentation a 92,20 euros à l’horizon 2028.
Ce même 12 novembre, se tenait près du siège d’Île-de-France mobilité, un rassemblement appelé par la CGT-RATP contre le démantèlement du réseau bus RATP et l’ouverture d’un débat publique sur la politique des transports en Île-de-France.
Dans l’émission de ce jour, nous entendrons, outre quelques prises de parole, les entretiens que nous avons réalisés avec quelques machinistes de différents dépôts bus en Île-de-France et un cheminot présent lors de ce rassemblement à Saint-Ouen.
Le 19 octobre, se sont déroulées deux tables rondes sur l’actualité du colonialisme français, au Centre International des cultures populaires et organisé par Association information et soutien aux droits du peuple Kanak. Aujourd’hui, nous vous diffusons le montage de la première, qui concernait la situation en Kanaky avec Daniel Wéa, président du Mouvement des Kanaks en France ; Isabelle Leblic, anthropologue et coprésidente de l’Association Information et soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK) ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’Homme, Benoit Trépied anthropologue spécialiste du droit Kanack Animateur : Mehdi Lallaoui, coprésident de l’AISDPK.
En effet, depuis décembre 2021, le gouvernement Macron a choisi son camp en prenant parti ouvertement pour les loyalistes. Il a préparé et présenté la loi constitutionnelle envisageant d’élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie pour minoriser les Kanak sur leur territoire. Les indépendantistes ont d’abord commencé par se mobiliser pacifiquement depuis le mois d’octobre 2023 avec la création de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain). Le vote de cette loi le 13 mai 2024 et la perspective de la réunion du congrès à Versailles fin juin 2024 ont mis le feu aux poudres. Macron en avait allumé la mèche.
Le pays est en révolte et les milices loyalistes marchent aux côtés des forces de l’ordre de l’État français pour réprimer et assassiner les militants indépendantistes, au premier rang desquels se trouvent les Kanak, peuple colonisé.
Depuis le 12 mai, l’État français mène une politique de criminalisation de l’action politique kanak. Il y a une moins une dizaine de personnes décédées, 1 260 gardes à vue, 210 déferrements, 93 incarcérations, plus de 340 interpellations en justice, et plus de 260 mesures de travail alternatif. Et les interpellations continuent.
Onze responsables de la CCAT ont été arrêtés et incarcérés. Sept d’entre eux, 2 femmes et 5 hommes, viennent de passer devant la justice calédonienne et ont été immédiatement déportés vers les prisons françaises. Cette déportation est contraire aux droits démocratiques garantis par la convention européenne des droits de l’Homme. Afin de les isoler, l’État français a dispersé ces sept militants aux quatre coins de la France, à 17 000 kilomètres de leur famille : – Mulhouse pour M. Christian TEIN – Dijon pour Mme Brenda WANABO IPEZE – Bourges pour M. Guillaume VAMA – Blois pour M. Steeve UNË – Nevers pour M. Yewa WAETHEANE – Villefranche-sur-Saône pour M. Dimitri QENEGEI – Riom pour Mme Frédérique MULIAVA
Mais qu’en est-il des loyalistes assassins des militants kanak à proximité des barrages? Pas de déportation vers les prisons françaises en tout cas… si jamais incarcération il y eut en Nouvelle-Calédonie.
Nous vous diffusons dans cette émission un débat qui se tenait dans le cadre d’un atelier animé par La Perm’Belleville et La Cantine des Pyrénées, le samedi 26 octobre dernier à la Parole Errante. Ce débat portait sur la pérennité des lieux d’entraide et de solidarité à Belleville, et donnait à entendre plus particulièrement des “discussions et récits de lieux et de luttes pour garder de l’autonomie face aux institutions, aux associations mastodontes et à la marchandisation”.
Le 6 novembre 2024 s’est tenue à la parole errante à Montreuil, une réunion publique, dans le contexte de la guerre sans fin mené par l’armée israélienne à Gaza et l’ouverture d’un nouveau front au Liban, les collectifs Urgence Palestine 20, Samidoun et la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, était à l’initiative de cette rencontre.
Y fut abordée la dimension géopolitique actuelle, la tentative d’invasion du Liban, les forces en présence, l’histoire des résistances palestiniennes et libanaises, ainsi que le rôle central des prisons dans l’oppression coloniale israélienne.
Avec les interventions de : Soha BECHARA : résistante communiste libanaise, Salah HAMMOURI, avocat franco-palestinien, ainsi qu’une militante de la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.
Dans l’émission de ce jour, Nous vous donnons à entendre le montage d’une grande partie des interventions.
Dans cette émission du vendredi 8 novembre 2024, nous avons reçu Augusta Epanya. Cette militante Franco-Camerounaise est investie depuis plusieurs décennies au sein de l’UPC (Union des Populations du Cameroun), organisation qui lutte contre la politique impérialiste du président Paul Biya. Elle est également pleinement investie au sein de Dynamique Unitaire Panafricaine, qui lutte pour la souveraineté et l’unité politique du continent, afin de répondre aux aspirations des peuples africains.
Lors de cette émission, nous avons pu évoquer la lutte contre le régime de Paul Biya, le rôle oppresseur de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies, ou encore la nécessité d’une alternative révolutionnaire et anti-impérialiste pour créer des sociétés au service des peuples.
C’est d’ailleurs avec cette organisation qu’elle s’est rendue au Sénégal du 24 au 28 octobre dernier dans le cadre de la Plateforme Mondiale Anti-Impérialiste, ou des organisations anti-impérialistes du monde entier se sont réunies pour créer une dynamique commune.
Le 11 septembre dernier, la librairie Libertalia accueillait Aline Nippert pour la présentation de son livre : Hydrogène mania – une enquête sur le totem de la croissance verte, publié aux éditions le passager clandestin. L’autrice y dépeint l’engouement vis-à-vis de l’hydrogène présenté comme rien de moins qu’une solution miracle — un rêve techno-solutioniste en réalité — permettant de répondre aux enjeux de notre époque, et notamment celui du réchauffement climatique. En effet, l’hydrogène permettrait selon ses promoteurs de décarboner les activités polluantes. Mais qu’en est-il réellement ? Que se trouve-t-il à l’envers du décor d’un lendemain fantasmé où l’industrie ou bien les voitures et avions fonctionneraient avec l’hydrogène comme source d’énergie ? C’est de cette question, de ses ses enjeux plus généralement auquel Aline Nippert tentera de répondre.
Dans l’émission de ce jour, nous revenons sur les mobilisations antinucléaires qui se sont déroulées en ce mois d’octobre 2024.
Émission en deux temps. Dans un premier temps, nous serons à la réunion publique organisée par la Coordination régionale antinucléaire, le 4 octobre à Paris avec cette question : LE NUCLÉAIRE VA-t-IL SAUVER LE CLIMAT ? et par la suite, nous entendrons le reportage réalisé à Rouen où se tenait la Manifestation antinucléaire des 11 et 12 octobre 2024
Sous prétexte d’objectifs bas-carbone à respecter en matière d’énergie, Macron a choisi de relancer la production d’électricité nucléaire. Belle affaire pour les industriels… mais pour nous ?
Si le nucléaire est en déclin au niveau mondial, il est passé sous la barre des 10 % d’électricité en 2023 (17,5 % en 1993), soit environ 2 % de l’énergie mondiale, ce n’est pas pour rien. C’est le moyen le plus inefficace (33 % d’efficacité énergétique…) et le plus coûteux de produire de l’électricité.
Et aussi le plus dangereux ! Rappelons que les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima ont fait des centaines de milliers de victimes, et qu’elles ne sont pas terminées : un nouveau sarcophage a dû être construit en Ukraine et les réacteurs détruits de Fukushima rejettent quotidiennement de l’eau radioactive dans l’océan Pacifique.
CHRONIQUE DE LA FRANÇATOMIQUE Coût du nucléaire, prix de l’électricité, dette publique par François VALLET, le 1ᵉʳ novembre 2024
Alors que l’Assemblée Nationale débat sur le projet de budget 2025, que le gouvernement prévoit d’augmenter les taxes sur l’électricité pour réduire le déficit public, mais aussi de mettre en place un mécanisme qui permettrait de partager « les revenus du nucléaire historique avec les consommateurs » et que certains veulent à l’inverse « démarchandiser » l’électricité, il est nécessaire de s’interroger sur les impensés nucléaristes français.
Bref rappel historique sur la « ligne Maginot » atomique qui ne nous a protégés de rien. Il y a 50 ans, en 1974, après le premier « choc-pétrolier », le premier ministre Pierre Messmer confirmait le lancement du programme de construction de 200 réacteurs nucléaires à horizon 2000.
Ils devaient assurer l’indépendance énergétique de la France en l’affranchissant de sa dépendance au pétrole. EDF était alors en situation de quasi-monopole pour la production, le transport, la distribution et la commercialisation d’électricité en France. Tout, ou presque, était dans les mains de l’État et de « l’électricien national » pour nucléariser la France en moins de 25 ans à l’aide de technologies états-uniennes (le choix avait été fait de construire les réacteurs sous licences Westinghouse et General Electric).
Ce choix politique, focalisé sur le nucléaire, a conduit à une réalité beaucoup moins médiatisée que le prix de l’électricité, la division par plus de 1,7 du taux d’indépendance énergétique de la France entre 1974 et 2021. La France est parmi les cancres de l’Europe pour la part de sa production par les énergies renouvelables. C’est aussi le pays d’Europe le plus « thermo-sensible » à cause du chauffage électrique, ce qui le rend dépendant de ses voisins européens pour son approvisionnement lors des périodes de forte consommation en période froide. (…)
(…) En tant que citoyen-consommateur-contribuable souverains, nous pouvons agir en boycottant EDF, bras armé de l’État français pour sa politique nucléariste. Nous pouvons aussi préserver notre pouvoir d’achat puisqu’il existe une dizaine de fournisseurs, non producteurs d’électricité nucléaire, ayant des offres moins chères que le tarif réglementé d’EDF.
Dans l’émission de jour, nous revenons sur la gréve à l’Hôpital Beaujon en vous diffusant un reportage réalisé lors du rassemblement du 30 octobre 2024.
Les agents de l’hôpital Beaujon à Clichy (92) sont en grève pour l’arrêt des mobilités forcées des personnels et pour le respect des plannings. Depuis des mois, les agents sont déplacés d’un service à un autre, dans certains cas plusieurs fois dans la journée, pour combler le manque de moyens humains. Le 3 octobre, une cinquantaine de personnels, réunis en Assemblée Générale avec l’intersyndicale CGT-FO-SUD, décide d’envahir le bureau du directeur.
Il tente alors de proposer aux organisations syndicales de discuter seul avec lui, sans les personnels. Non catégorique : soit il discute avec l’ensemble des personnels, soit c’est la grève. En quelques jours, 3 nouvelles AG ont lieu, rassemblant à chaque fois une centaine d’agents, ainsi que des usagers. Le 14 octobre, une grève démarre avec un piquet de grève qui se tient à partir de 7 H tous les jours dans le hall de l’hôpital. Les grévistes assignés ou non, les usagers, peuvent s’y réunir autour d’un stand de vente de petit déjeuner et les recettes vont directement dans la caisse de grève.
Le 30 octobre, certains nombres d’acteurs du monde hospitalier étaient présents afin de soutenir ce mouvement et réfléchir comment l’élargir au moment où est discuté le budget de la Sécurité sociale.
Le lycée autogéré de Paris est né en 1982, avec trois autres projets similaires sur toute la France. Cette expérience a perduré et fini par être cité comme exemple en matière d’éducation alternative. Depuis plusieurs années, le rectorat voulait en finir avec ce modèle qui vient remettre en question les principes de plus en plus autoritaires de l’école classique. Une « affaire » de violences sexistes et sexuelles est venue à propos remuer le LAP, au point de servir de prétexte pour faire perdre ses principes fondateurs à cet établissement, qui reposent sur l’autogestion : la libre fréquentation des cours par les élèves et le recrutement des professeurs par cooptation.
À l’origine de ces remous, une poignet de profs lâches et inconscients et minoritaire a décidé d’alerter le rectorat qui n’attendait que ça « Le 30 janvier 2023, sept professeurs du LAP ont adressé au rectorat de Paris, un rapport d’infraction en milieu scolaire pour dénoncer, à partir de témoignages d’élèves, des propos sexistes, parfois à connotation sexuelle et des gestes déplacés d’un professeur dans le cadre de diverses activités pédagogiques ».
Le signalement mentionne des situations rencontrées par deux élèves de terminale et quatre élèves de première : « Ça pouvait être des Ma puce, ma chérie ; tu as de belles formes ; espèce de cruche. Aux garçons, il ne se permettait pas de dire ces choses », explique une élève. Il aurait aussi été question de gestes déplacés en cours d’escalade ».
Au lieu de régler ces problèmes en Assemblée Générale et signifier que certains mots n’étaient plus tolérés, certains élèves ont préféré faire monter une mayonnaise soi-disant radicale. De mots excessifs en dénonciations calomnieuses, de ressentis indiscutables, faisant fit du principe même d’autogestion, certains profs et élèves ont signalé aux autorités compétentes des dysfonctionnements intolérables. À partir du moment où les termes de violences sexistes et sexuelles sont lâchés, la meute peut enfin se déployer. La morale a remplacé la politique, et quelques mots, certes déplacés, ont tué une expérience rare qui sauvait des centaines de jeunes.
Pour parler de la situation qui a amené à la fin du lycée autogéré de Paris, nous entendrons un entretien réalisé avec Pascal, ancien professeur du lycée et avec un reportage réalisé le 14 mai 2024 devant le rectorat de paris au moment où deux enseignants passaient en conseil de discipline. À la rentrée 2024, le LAP est remplacé par le lycée innovant de Paris (LIP)
Dans l’émission de ce vendredi 18 octobre 2024, il sera question du numérique et plus particulièrement de l’articulation du capitalisme et de l’extractivisme à travers l’exemple de la République Démocratique du Congo et de la région des Grands Lacs. En effet, à partir des années 1990, l’explosion de la production de biens électroniques, caractéristique du passage du capitalisme à son stade numérique, déclenche une guerre des métaux technologiques au Congo qui n’a fait que gagner en intensité depuis lors. Le 8 octobre 2024 dernier, la librairie Quilombo, en partenariat avec l’association Survie Paris, a invité Fabien Lebrun pour en discuter, à travers la présentation de son nouvel ouvrage, une enquête intitulée Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté, aux Éditions L’échappée.
Le jeudi 26 septembre 2024, devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) à Montreuil, se tenait un appel à rassemblement pour manifester et exiger : La révision des dossiers rejetés injustement et l’examen équitable de chaque demande d’asile.
Le respect des droits au regroupement et réunification familial/e pour toutes les familles séparées.
La fin des pratiques arbitraires et inhumaines à l’encontre des demandeurs d’asile Bangladais. La régularisation globale de tous les sans-papiers pour une carte de dix-ans. Le rassemblement était appelé par Solidarités Asie France.
Dans ce reportage, outre les prises de parole, nous entendrons les entretiens réalisés avec des demandeurs d’asiles, qui nous parlent de leurs parcours et avec le président de solidarités Asie France sur le motif de ce rassemblement.
Après 6 jours de grève (du 12 au 17 septembre), les grévistes de la Clinique du Parc de Belleville, Paris 20eme (CLINEA ex-ORPEA/Groupe EMEIS) ont repris le travail en ayant obtenu des engagements fermes de la direction, avec :
L’embauche d’un brancardier à plein temps
L’analyse salariale avec des propositions de revalorisation.
Le remplacement du matériel défectueux signalé
L’organisation d’une réunion CSSCT avec présence d’un ingénieur Santé sécurité au travail qui fera le tour de l’établissement afin de vérifier la conformité du matériel et son état de fonctionnement.
Le 17 septembre dernier, nous recevions dans notre émission, les grévistes de la Clinique du Parc de Belleville et dans cet entretien réalisé en ce mois d’octobre, nous revenons avec les soignantes de la clinique sur les avancées obtenue par ce mouvement de grève.
Dans l’émission de ce jour, il sera question des liens entre la science et le complexe militaro-industriel. Pour illustrer cela, nous nous rendons à Toulouse pour l’écoute d’une rencontre avec Fabrice Lamarck pour son ouvrage : Des Treillis dans les labos. La recherche scientifique au service de l’armée. Cette rencontre a été réalisée et mise en onde par radio radio avec radio radio plus et radio ter
les dépenses militaires européennes ont atteint leur niveau de la fin de la Guerre froide. En France, troisième exportateur mondial d’armes, le complexe militaro-industriel mobilise entreprises et chercheurs civils pour concevoir et fabriquer les armes de demain. Grenoble, spécialisée en semi-conducteurs, constitue le “cerveau de l’armement” national.
Fabrice Lamarck mène depuis plusieurs années une critique en profondeur du rôle des chercheurs dans les sociétés capitalistes avancées. Il est membre du Groupe Grothendieck, auteur en 2021 de L’Université désintégrée et participe au collectif “Faut-il continuer la recherche scientifique ?”
Sayat Topuzogullari est membre de l’Observatoire des armements.
Dans l’émission d’aujourd’hui, nous vous diffusons une partie des prise de paroles réalisées lors de la manifestation en soutien à la résistance du peuple palestinien du 05 octobre 2024 à Paris. Ces prises de paroles sont montées avec des extraits de l’émission Israël Palestine : un naufrage médiatique sans précédent, réalisé par Blast.
Dans cette émission, nous vous ferons entendre des extraits de débats portant sur l’organisation de nos luttes face au fascisme, organisées par la Marche des Solidarités les 28 et 29 septembre 2024 à la bourse du travail de Paris. Face à l’offensive réactionnaire et la répression toujours plus importante dont sont victimes les personnes sans papiers depuis la promulgation de la loi Darmanin, il nous a paru important de mettre la lumière sur les réflexions des collectifs de sans papiers ainsi que des militants mobilisés à leurs côtés. En première partie d’émission, vous pourrez ainsi entendre s’exprimer différents collectifs de sans papiers et de mineurs isolés, puis dans un second temps, les débats des personnes présentes lors de cette journée.
Bilan des journées de discussions du 28 et 29 septembre 2024 de la Marche des solidarités (avec différents communiqués) : Lien
Dans l’émission de ce jour, nous vous diffusons une émission de radio Pikez, du pain et des parpaings de septembre 2024.
Du pain et des parpaings, une série d’émissions mensuelle sur les luttes contre l’accaparement des terres, la gentrification, l’agro-industrie, le capitalisme vert, le pourrissement des écosystèmes, le colonialisme, l’extractivisme des corps et des matières, le tout principalement en Bretagne, mais pas que. Parce que les luttes ne sont pas que locales, elles s’insèrent le plus souvent dans un système économique et politique global, délétère et injuste.
Pour entamer avec élan la 3ᵉ saison de l’émission Du pain et des parpaings, nous commençons par un retour sur 6 jours de mobilisation estivale, festive et déterminée : le Village de l’eau du 16 au 21 juillet 2024 à Melle dans les Deux-Sèvres.
Notre envoyée archi-spéciale nous raconte son expérience, tend son micro aux participant.es, capte les sons d’ambiances et les conférences. On y entend aussi des extraits de documentaires ou radio éphémère montée pour l’occasion. Ça parle de l’organisation du village, d’une logistique au cordeau, des forces de l’ordre toujours présentes, on navigue entre les nombreuses tables rondes, mobilisations locales et internationalisme des luttes.
On se laisse porter par l’énergie des manifestations et des actions, les vibrations des fanfares et des chorales. De l’eau, encore des logiques d’accaparement, toujours des résistances collectives !
« Aguacerito » de Muiska « Freinage d’urgence » instru d’un appel à la lutte contre la LGV Toulouse-Bordeaux « Panorama du micro-monde » de Mayeul Irlinger « Tartunta » de Toinen Luonto
Le Service national universel (SNU) est un programme mis en place par le Premier ministre françaisÉdouard Philippe à partir de 2019. Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017. Le service national universel a été confirmé en tant que chantier du mandat présidentiel à l’occasion des vœux du président de la République aux armées le 23 janvier 2018.
Le SNU vise, selon la communication du Gouvernement, à proposer « un moment de cohésion visant à recréer le socle d’un creuset républicain et transmettre le goût de l’engagement », à « impliquer la jeunesse française dans la vie de la Nation » et à « promouvoir la notion d’engagement et favoriser un sentiment d’unité nationale autour de valeurs communes ».
Quand n’est-il cinq ans après et avec un nouveau gouvernement bien de droite. La déclaration de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Madame Anne Genetet, qui voit dans « la souffrance, la discipline, les rites » un fondement de l’éducation peuvent inquiéter.
Rapport de la cour des comptes sur le SNU, nomination d’une ministre issue de la commission de la défense, extrême droitisation du pouvoir, lien entre la jeunesse et l’industrie de l’armement. Le SNU et son monde sont toujours là et plus encore !
Pour parler de l’idéologie du service national universel, nous sommes en compagnie de Cassandre et Irène, du collectif non au SNU.
Ce 1ᵉʳ octobre 2024, manifestation syndicale de rentrée. Après les élections et la dissolution qui a suivi et Paris sous occupation olympique, nous voici avec un gouvernement de droite, sous la surveillance du rassemblement national. Ce même gouvernement, qui entend serrer la ceinture à une partie de la population, notamment avec des coupes dans la fonction publique. Quand n’a-t-il était dans cette manifestation de rentrée de ce 1ᵉʳ octobre à Paris ? divers cortèges, mais faiblement revendicatif.
Nous avons pu tout de même, rencontré quelques salarié-e-s en luttes. On commence cette émission avec l’assemblée générale des cheminot-e-s de la gare du Nord, puis dans la manifestation, nous avons rencontré notamment les femmes de chambre de l’hôtel Campanile de Suresnes, en gréve depuis le 19 aout 2024.
Nous entendrons également des salariés de la société de BTP GREEN POWER-HOAD en gréve depuis le 6 septembre 2024, un inspecteur du travail, une cheminote du dépôt SNCF de Châtillon, une salariée de secteur du travail social et des salariés de PSA, qui ont occupé leur usine pendant 160 jours.
Bonne écoute !
Le syndicat reste l’un des rares espaces qui permet l’organisation des classes populaires”, entretien avec Baptiste Giraud
En cette rentrée syndicale, Rapports de force a souhaité questionner la fonction de la grève et de la lutte syndicale. A quoi sert une journée d’action ? Pourquoi la grève est-elle si dure à faire prendre ? Doit-on miser sur les unions locales ou les fédérations ? Faut-il compter sur les permanents ? Entretien avec le sociologue Baptiste Giraud, auteur du livre Réapprendre à faire grève.
Baptiste Giraud, maître de conférences en sciences politiques à l’université d’Aix-Marseille et membre du laboratoire LEST (Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail), est l’auteur de l’ouvrage Réapprendre à faire grève (PUF 2024). Entre 2005 et 2007, il a mené une enquête ethnographique au sein de l’Unions syndicale (US) CGT du commerce et des services de Paris. Son ouvrage est inspiré de sa thèse Faire la grève. Les conditions d’appropriation de la grève dans les conflits du travail en France, parue en 2009.
Ce 1er octobre, une intersyndicale (Solidaires, CGT, FSU) appelle à la grève sur le thème des retraites, de l’augmentation des salaires et des services publics. Or l’organisation d’une simple journée d’action, très ritualisée, ne semble pas permettre de faire reculer le gouvernement et le patronat. Pourquoi les syndicats maintiennent-ils malgré tout le principe des journées d’actions isolées ?
C’est un fait, le mouvement syndical a bien du mal à enrayer les réformes néolibérales depuis 20 ans. Malgré tout, la CGT maintient cette habitude des journées d’action. Dans ce contexte, il est légitime de se poser la question de leur utilité. Selon moi, il y a un triple espoir.
D’abord, créer un événement médiatique et politique. Le 1er octobre, malgré tout, on en parle. Les syndicats font exister leurs revendications dans l’espace médiatique et politique : la question salariale, celle du travail de manière plus large. Ce n’est pas rien dans la période.
Deuxièmement, c’est aussi un moyen de faire vivre l’organisation. C’est un temps qui permet de rassembler des militants qui, sinon, seraient largement absorbés par l’exercice de leur mandat d’entreprise. Je le détaille dans mon livre : le temps de préparation de l’action a parfois plus d’importance que l’action elle-même. C’est l’occasion de maintenir des réseaux militants, de réactiver des sections parfois dormantes, de créer de nouvelles solidarités, de sortir du quotidien…
Troisième point : une journée d’action peut-être un point d’appui dans les entreprises où les syndicats sont en capacité d’initier une immobilisation forte. C’est un effet pervers, mais n’oublions pas qu’en 2023 les syndicats ont obtenu des compromis locaux dans la pétrochimie, dans des entreprises du transport etc. C’est pour ça qu’il faut toujours se méfier de la manière dont on évalue les retombées d’une journée d’action. Tout ne se voit pas à l’échelle interprofessionnelle.
Si l’on s’accorde sur l’impossibilité de contrecarrer le gouvernement et le patronat par une simple journée d’action, ne faut-il pas que les syndicats, et notamment la CGT, élèvent le rapport de force et tentent d’initier des grèves reconductibles, en capacité de peser sur l’économie ?
Il faut d’abord rappeler que le syndicalisme français ne va pas bien. Il y a une nouvelle érosion du taux de syndicalisation. Alors que ce taux s’était stabilisé autour des 11% dans les années 90 et 2000, on est revenu à 10% en 2019. De plus, les adhérents participent de manière beaucoup plus limitée qu’auparavant à l’activité de leur syndicat. Ces derniers reposent sur le dévouement, l’abnégation, d’une poignée de militants qui cumulent les responsabilités. On a de plus en plus à faire à des syndicats de mandatés.
Enfin, il a de gros trous dans la raquette. Les grèves se concentrent dans certaines grandes entreprises ou dans la fonction publique et les syndicats sont absents de 4 entreprises sur 10. L’implantation syndicale est très fragile dans les secteurs les plus exploités du prolétariat, notamment ceux qui sont au cœur de mon ouvrage : les ouvriers et employés du commerce des services.
Aujourd’hui, je pense que ce qu’il ne faut pas occulter lorsqu’on débat des stratégies syndicales, c’est à quel point les directions syndicales sont contraintes par leurs faibles moyens. De plus, dans la direction de la CGT, une idée est très fortement intériorisée : appeler à des mots d’ordre plus volontaristes, plus radicaux, comme la grève reconductible, c’est s’exposer au risque de les voir échouer. Or un tel échec est vu comme un réel vecteur de démoralisation militante et de marginalisation du syndicat.
Comment expliquer que, malgré une précarité et une colère sociale croissante, les grèves ne fassent pas le plein ?
Il ne faut pas sous-estimer les difficultés à entrer dans la grève, surtout de manière prolongée, et le niveau de résignation. D’ailleurs, il y a un décalage entre les moyens que la CGT peut réellement mettre à disposition pour rendre la grève possible et la rhétorique de la grève, qui est abondante dans les congrès par exemple. Dans quantité d’entreprises, les militants CGT opèrent une nette séparation entre ce qui relève du champ de l’activité syndicale et ce qui relève de l’activité politique et gouvernementale, comme la réforme des retraites. De plus, même parmi eux, il n’y a pas forcément consensus sur la nécessité de s’opposer à ces réformes. Dans mon livre, je montre toutes les frictions que peut susciter la rencontre entre des militants très attachés à la pratique de la grève, qui en font une modalité centrale de l’action syndicale, et des salariés, voire des militants, qui en sont très éloignés.
Pour les militants de l’US CGT commerce et services de Paris, que j’ai suivis, comme pour de nombreux salariés des nouveaux secteurs de l’économie capitaliste, le recours à la grève et à la manifestation ne va pas du tout de soi. C’est une modalité d’action qu’ils n’ont généralement jamais eu l’occasion d’expérimenter, souvent parce qu’ils n’ont pas pas eu d’expérience militante antérieure au syndicalisme.
C’est pourquoi certains participent aux grandes manifestations sans se mettre en grève, mais en utilisant leurs heures de délégation. Ils montrent ainsi que la section, ou le syndicat, est mobilisé, mais sans forcément chercher à entraîner les salariés avec eux. C’est une manière de marquer une adhésion au mot d’ordre de la mobilisation, mais aussi l’aveu de leur difficulté à s’y rallier de manière plus collective. D’ailleurs, on l’a bien vu pendant la bataille contre la réforme des retraites en 2023, la première modalité d’action pour les salariés reste la participation à la manifestation plutôt que l’engagement dans la grève.
Pour les permanents, c’est très clair. Ils disent d’un côté : “dans nos secteurs, la grève reste la modalité d’action la plus adaptée pour créer le rapport de force nécessaire face à l’employeur”. D’un autre : “il nous faut constamment nous adapter à ce que sont nos militants, à ce qu’ils veulent et peuvent faire”.
Si la seule réponse qui est apportée aux militants qui viennent solliciter l’aide des permanents, c’est tout de suite la stratégie de la grève, ça en éloigne beaucoup du syndicalisme, parce que ça les effraie. Pour les permanents, le plus important reste d’abord de les intégrer au syndicat pour leur transmettre des manières de penser et d’agir, pour montrer l’utilité de l’action collective. A partir de là, il peut y avoir une forme d’acculturation progressive, un apprentissage de la grève.
Mais vous montrez aussi que lorsqu’une grève se déclenche, notamment dans un conflit long, cela peut modifier durablement le rapport d’un salarié à son entreprise. Vous parlez alors de la grève comme d’un “moment d’émancipation”.
Dans le commerce et les services, les salariés sont souvent peu qualifiés, immigrés ou d’origine immigrée, et considérés par le patronat comme interchangeables. On observe dans ce secteur des formes d’autoritarisme patronales très violentes. La grève est alors l’occasion pour les salariés de s’émanciper et de renverser, au moins un temps, l’emprise du patron. Au début de certaines grèves que j’ai pu observer, il règne une certaine forme d’euphorie chez les salariés, liée à un soulagement et à un immense plaisir d’avoir osé défier ouvertement la direction.
Alors qu’ils exercent dans des professions très dévalorisées, c’est aussi le moyen pour eux de montrer l’utilité de leur travail. Sur le moyen terme, ces grèves rééquilibrent les rapports de force au sein de l’entreprise. Mais, à l’inverse, j’ai aussi suivi un conflit long dans un entrepôt où la grève s’est étirée et où elle a été très difficile à tenir pour les salariés. A la fin, les résultats ont été très limités. Ce n’est pas une expérience de la grève qui incite à renouveler l’expérience.
C’est pourquoi, du côté des permanents, on essaie aussi de valoriser les gains moraux, la dignité retrouvée face à l’employeur. Et ça je pense que c’est une dimension excessivement importante. En revanche, le “rendement militant” de la grève dans ce secteur peut paraître plus limité. Les grévistes ne rejoignent pas forcément le syndicat, et même lorsqu’ils le font, il est probable qu’on finisse par les perdre de vue lorsqu’ils changent d’entreprises. Or cela arrive très régulièrement. C’est pour cela que, parfois, les syndicalistes qui tentent de structurer ses secteurs ont le sentiment de tenter de reboucher un puits sans fond.
Vous montrez que la sociologie et la politisation des permanents de la CGT varie selon certains critères. Lesquels ? Comment cela influence-t-il le rapport à la grève de ces militants ?
On repère nettement la distance politique et sociale qui sépare les permanents des Unions Locales (UL) de la CGT de ceux des entreprises du commerce et des services et des nouveaux secteurs de l’économie capitaliste. Les raisons de leur engagement dans le syndicalisme sont très différentes. Dans les UL, on retrouve beaucoup de militants qui ont une conception très politique du syndicalisme. Souvent, ce sont d’anciens ou d’actuels adhérents à une organisation politique. C’est cohérent : c’est dans les UL qu’ils trouvent du sens et du plaisir à se consacrer à une action syndicale qui n’est pas strictement corporative. Leur objectif est bien de créer des mobilisations et des solidarités militantes à l’échelle interprofessionnelle. Or, quand on regarde la sociologie des militants syndicaux d’entreprise, d’autant plus lorsqu’ils sont issus des classes populaires, la part des militants qui sont passés ou qui adhèrent encore à un parti politique décline fortement.
Au passage, c’est tout à l’honneur des syndicats que de rester l’un des rares espaces d’engagement qui permet l’organisation et la promotion de porte-paroles issus des classes populaires. Si on regarde la sociologie des militants syndicaux par rapport à celle des militants politiques, il y a vraiment un énorme écart. Les classes populaires ont déserté les partis politiques, ou plutôt, pourrait-on dire, les partis les ont abandonnées.
Le corollaire c’est qu’il y a, dans les entreprises, beaucoup de militants pour lesquels l’engagement syndical est vraiment déconnecté de tout engagement politique. Ils s’engagent souvent dans le syndicat à la suite d’un rapport conflictuel avec leur patron, dans le but de faire respecter la loi face à des abus. Ils ont souvent une démarche portée avant tout sur le légal.
On peut ajouter qu’ils n’ont pas forcément le temps de devenir des militants plus politiques. La décentralisation de la négociation collective et le renforcement du “dialogue social”, à défaut de produire des résultats, occupent pleinement leur mandat. De plus, dans les secteurs où les salariés sont généralement peu diplômés, il y a un véritable coût d’entrée dans la fonction de représentation syndicale. Il faut se former au droit, à l’économie… C’est un défi d’autant plus grand à relever que ces militants ont face à eux des patrons, parfois des DRH, bien plus diplômés qu’eux, spécialisés dans leur domaine, et qui leur opposent tout le mépris de classe possible.
Enfin, dans les petites entreprises du commerce, ils doivent composer avec les ressources militantes très limitées et l’autoritarisme patronal. La conséquence, c’est que le militantisme syndical se replie alors presque exclusivement sur ceux qui ont des mandats et donc le statut de salarié protégé.
Pour tenter de renforcer les secteurs les plus fragiles, et les moins en capacité de faire grève, ne faut-il pas utiliser les ressources des structures les plus pourvues de la CGT ?
Cette idée est un serpent de mer à l’intérieur de la CGT. Tout le monde voit bien qu’il y a un décalage dans la distribution des ressources à l’intérieur de l’organisation. Les composantes les plus richement dotées en argent et en permanence, ce sont les fédérations. Elles bénéficient de beaucoup de ressources liées au paritarisme et sont aussi en lien direct avec leurs syndicats.
La CGT a une culture d’organisation qui valorise beaucoup l’autonomie des structures. La direction confédérale dirige assez peu de choses, elle doit surtout s’efforcer de trouver des terrains d’entente entre les fédérations, notamment les plus dotées. L’effet pervers de cette organisation, c’est qu’elle limite la redistribution. La chimie, l’énergie, la SNCF, la fonction publique… ont beaucoup de ressources à la fois parce qu’elles ont davantage de militants, donc plus de rentrées de cotisations, mais aussi parce qu’elles ont une très longue histoire syndicale et qu’elles ont pu, par le passé, négocier des accords de droits syndicaux. Elles ont beaucoup de salariés mis à disposition, beaucoup de permanents. Cela n’existe pas du tout dans les nouveaux secteurs du prolétariat. Dans le commerce, la simple création d’une section syndicale est souvent l’objet de conflits dans l’entreprise. On est encore bien loin de passer des accords de droits syndicaux.
La réflexion sur le fait d’utiliser les ressources des grosses fédérations pour développer les secteurs les moins bien dotés paraît donc légitime. La CGT pourrait ainsi, par exemple, renforcer ses unions locales. Il faut rappeler qu’à l’heure actuelle, dans le meilleur des cas, il y a un seul permanent par UL. Et il n’est pas rare qu’il n’y en ait pas du tout et que ce soit un militant, généralement retraité, généralement issu du secteur public ou des grandes entreprises, qui assume la tâche. Or, seul, il ne peut pas faire autre chose que ce que j’appelle du “syndicalisme de pompier” : accueillir les salariés ou les adhérents isolés, les aider dans les procédures prud’hommes, les aider à organiser des élections professionnelles… C’est autant de temps qui n’est pas du tout disponible pour la dimension plus politique de leur rôle.
Alors, utiliser les ressources des grosses fédérations pour renforcer les UL, je pense que, théoriquement, tout le monde voit bien le l’enjeu. Mais il faut souligner que la question se pose à un moment où les grosses fédérations sont aussi percutées de plein fouet par les grosses restructurations liées à la libéralisation (du rail, de l’énergie etc). Si on se met à la place des dirigeants de ces fédérations, ils peuvent logiquement dire : “ce n’est pas le moment de nous affaiblir en interne”.
Une autre option ne consisterait-elle pas à penser des syndicats d’industrie locaux, qui regrouperaient tous les travailleurs d’une même convention collective sur un même territoire ?
Pour en avoir discuté avec elle, Sophie Binet a vraiment ça en tête. Je pense, et c’est un point de vue personnel, que ce serait intéressant. Cela permettrait d’éviter plusieurs écueils. D’abord, l’enfermement dans un syndicalisme d’entreprise. Aujourd’hui les syndicats d’entreprise forts sont très autonomes vis-à-vis de leur fédérations et plus encore de leurs unions locales. C’est d’ailleurs le syndicat lui-même qui choisit son délégué, sans aucun contrôle politique. Deuxième avantage, cela permettrait d’éviter la masse des adhérents isolés, qui ne sont rattachés à aucun syndicat d’entreprise. Enfin, on pourrait arrêter avec les syndicats très faibles, constitués de 2 ou 3 militants. On ne fait rien avec si peu de militants. A la place, on adhère au syndicat, par exemple de la logistique, de son territoire et, même si on change d’entreprise, on y reste affilié.
Mais ce n’est pas une mince affaire. Il y a une espèce de sacralisation du syndicat d’entreprise à la CGT parce que ses statuts, son organisation interne ont aussi été pensés dans un contexte où le tissu productif reposait sur les syndicats des grandes entreprises. C’était aussi une époque où la CGT était ultra politisée et fonctionnait du haut vers le bas. Aujourd’hui, ces dimensions là ont totalement disparu pour des raisons indépendantes de la volonté des directions syndicales, mais le frein idéologique reste. Bernard Thibault avait d’ailleurs proposé de modifier les statuts de la CGT pour obtenir que les syndicats d’entreprises ne puissent pas être montés en dessous de 10 adhérents. Il a dû renoncer, alors que ça paraissait juste une évidence.
Votre livre se concentre beaucoup sur le travail des permanents pour développer le syndicalisme et la grève. Mais ne craignez-vous pas que des personnes qui n’exercent plus réellement leur métier et vivent du syndicalisme perdent de vue leurs objectifs politiques et se concentrent finalement sur la conservation de leur poste ou les intérêts de leur structure ? Autrement dit : à trop compter sur les permanents, n’y a-t-il pas un risque de bureaucratisation du syndicat ?
Le terme de “bureaucratisation” aide à penser la professionnalisation du syndicalisme et les effets pervers qu’elle peut entraîner. Effectivement, on peut craindre que la défense des intérêts de l’organisation par un permanent, ou de sa propre carrière dans le syndicat, interfère avec l’organisation de la lutte. Tout cela est très vrai. D’un autre côté, cette catégorie est tellement fourre-tout qu’elle recouvre des réalités très variables. Les permanents de l’US que j’ai suivis peuvent être rangés parmi les professionnels du syndicalisme, “les bureaucrates”. Mais je peux vous dire qu’ils ne passent pas beaucoup de temps dans les bureaux et sont constamment sur le terrain, à former les militants et à organiser des luttes.
Il ne faut pas perdre de vue, et c’est une particularité du syndicalisme français, que les permanents, pour l’immense majorité d’entre eux, sont d’anciens militants d’entreprises. Ils ont une grande expérience de l’action syndicale, y compris dans sa dimension mobilisatrice. Ce n’est pas un modèle majoritaire en Europe, où les syndicalistes sont davantage recrutés sur la base de leurs diplômes, parce que leur rôle consiste d’abord à représenter le syndicat dans les négociations avec les employeurs.
C’est mon avis, mais je pense qu’une organisation syndicale de la taille et de l’ambition de la CGT ne peut pas exister sans permanent. Si toute action revendicativerelève simplement de la bonne volonté des militants, on touche vite à des limites. En revanche, avoir un débat en interne sur : “à quoi peuvent servir les permanents?” et “est-ce que les permanents doivent à ce point être absorbés par l’institutionnel”, peut-être pertinent. Pour ma part, je pense que les syndicats devraient œuvrer à faire reconnaître des droits syndicaux interprofessionnels. C’est-à-dire le droit à disposer de permanents sur les territoires qui ne seraient pas destinés à siéger dans les instances du “dialogue social”, mais dont la fonction reconnue et légitime serait d’organiser les salariés.
« On se renforce, on continue » : les manifestants du 1er octobre prêts à batailler sous le gouvernement Barnier
Article de Rapport de force
Près de 170 000 manifestants selon les syndicats (95 000 selon l’Intérieur) ont défilé mardi 1er octobre à l’appel de la CGT, FSU et Solidaires et d’organisations lycéennes et étudiantes. Dans les rangs des différents secteurs en lutte, l’amertume et la lassitude autour de la nomination du gouvernement Barnier côtoie la détermination à rassembler les forces vives pour les mois à venir.
Au milieu des habitués des manifestations, des professionnels de secteurs en lutte depuis de longs mois, ou de celles et ceux qui n’ont pas manqué un rendez-vous contre la réforme des retraites, Sophie et Patricia font figure d’exception. Cette manifestation du 1er octobre est la première de toute leur carrière d’infirmières. Pour l’occasion, elles ont revêtu leur blouse blanche. C’est que cette fois, « il y a un ras-le-bol », résume Patricia, infirmière depuis plus de vingt ans.
En un an, le nombre de lits a été divisé par deux dans leur service d’un hôpital de l’est parisien. « Alors que l’on était censé améliorer la prise en charge des patients en soin palliatifs, on est passé de 10 lits à 5 », détaille Sophie, sa collègue. « Et de 6 infirmières de jour à 4… Tout en nous demandant d’intervenir aussi dans d’autres services. On nous demande d’être polyvalents, pour moins recruter ensuite ».
Sur fond de cette année de restrictions, la nomination du nouveau gouvernement de Michel Barnier a été la goutte de trop. « Ils veulent réduire notre budget, en embauchant moins de fonctionnaires. Cela va encore tout aggraver », craint Sophie. Une première mobilisation qui en annonce d’autres, donc, pour ces deux infirmières ? Rien n’est moins sûr. Car il n’y a qu’une seule issue, selon elles : « partir de l’hôpital », lâchent-elles en chœur, visages las. Patricia envisage une activité de réflexologue et massothérapeute en auto-entrepreneuse. Sophie, elle, songe à basculer dans le libéral, à domicile. « Une infirmière à l’hôpital, elle reste en moyenne sept ans avant de partir », rappelle cette dernière, elle-même en bout de course après sept ans d’expérience.
Loin devant ces deux infirmières, Roberta* marche seule, le pas décidé, remontant petit à petit la foule. Cette directrice de crèche, elle, a de l’énergie combative à revendre pour les mois à venir. « Où sont mes collègues ? On devrait être plus nombreux ! », tance la manifestante. Elle tient haut une pancarte pleine de couleurs sur laquelle il est écrit : « J’aime mon boulot mais : + d’euros, + de pros = – de bobos ». Ce n’est pas pour elle-même qu’elle a rejoint cette manifestation du 1er octobre – son poste de direction, elle l’adore – ; mais bien pour ses salariées. « Je suis là pour les représenter », insiste-t-elle. « Mes équipes sont épuisées. Par contre elles sont hyper motivées, c’est ce qui est paradoxal. Elles sont là pour les enfants, même si le salaire ne suit pas. On leur demande sans cesse des heures supplémentaires. Alors que c’est un métier difficile physiquement, psychologiquement, avec beaucoup de responsabilité. »
« Mieux faire circuler l’information sur les mobilisations »
Roberta dirige deux micro-crèches. Dans ces structures, le taux d’encadrement est d’une professionnelle pour six enfants de dix mois à 3 ans. « Est-ce normal d’assurer la sécurité émotionnelle, physique, les repas, les soins, de six enfants, en étant toute seule ? En plus, en faisant du ménage – comme on leur demande en micro-crèche ? », déplore Roberta. Les débuts de négociations avec le ministère obtenus par la lutte des professionnelles du secteur, l’an dernier, n’ont pas été satisfaisants à ses yeux. Quant au nouveau gouvernement : « on va dans une très mauvaise direction. Je crains que rien ne bouge, que les salaires ne soient toujours pas revalorisés ».
Alors, la directrice a elle-même fait circuler l’information sur la manifestation du 1er octobre dans son établissement. Ses salariées se sont mises en grève, et la micro-crèche a fermé, précise Roberta en souriant. « Les filles, souvent, ne sont même pas au courant des dates de mobilisation. C’est qu’on manque aussi de syndicats : certains grands groupes privés ont réussi à scinder les micro-crèches pour qu’il n’y ait pas de représentant du personnel », décrit-elle. La priorité pour renforcer la dynamique dans les mois qui viennent ? « Il faut un gros travail de communication pour mieux faire circuler l’information sur les mobilisations. Et renforcer la présence des syndicats », encourage Roberta.
Mouvement social contre le durcissement de la politique migratoire
Discrets, une poignée de salariés de l’Ofpra défilent au milieu du cortège. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides, sous tutelle de l’Intérieur, est l’organisme chargé de traiter les demandes d’asile. À l’heure où Michel Barnier prononce son discours de politique générale, Charlotte* a rejoint cet après-midi la manifestation du 1er octobre «pour la façon dont on s’est fait avoir, sur toute la ligne, par ce nouveau gouvernement». Cette agente de l’Ofpra craint surtout la nomination de Bruno Retailleau (LR) à l’Intérieur : «c’est compliqué d’envisager notre travail de manière sereine».
Le ministre a déjà multiplié les prises de parole augurant un durcissement de la politique migratoire. Michel Barnier, lui, promet entre autres d’accélérer l’examen des dossiers d’asile, pour «un traitement plus efficace des demandes d’asiles». Or, les agents de l’Ofpra sont déjà sous pression. C’était l’objet de la grève de 200 agents de l’Ofpra au mois de mars contre la « politique du chiffre » – un mouvement rare, donc très relayé. «La promesse d’une énième loi immigration, on commence à en avoir marre. À chaque fois, on descend d’un cran en termes de respect des demandeurs d’asile », souffle Charlotte.
Quelle résistance à cette dégradation imaginer dans les mois à venir ? La marge de manoeuvre est étroite : «On est un établissement indépendant dans le texte, mais dans la réalité on voit bien qu’on ne l’est pas. Dans quelques mois on va changer de directeur général : nommé par un gouvernement pareil, on n’a pas trop d’illusions», commente l’agente de l’Ofpra. Il faudra alors s’appuyer sur le mouvement social construit il y a quelques mois : «on a été très soutenu. Et on était tous d’accord pour dénoncer nos conditions de travail. Les négociations ont été mises en suspens en l’absence de nouveau gouvernement, mais quand ça repartira, je serai là », conclut-elle.
« On se renforce, on continue » après le 1er octobre
Un autre secteur a été mis en suspens cet été par l’absence de transition gouvernementale : l’énergie. En tête de manifestation, une immense banderole bleue « EDF-GDF 100% public » est déployée sur toute la largeur de la rue, tenue aux quatre coins par des manifestants. Gaël Farou, administrateur de la FNME CGT et agent EDF de la centrale nucléaire de Civaux, marche à côté. Ses collègues sont depuis de longs mois en lutte sur tous les fronts : salaires, réforme des retraites, annonce récente par EDF de la fermeture en 2027 de la centrale de Cordermais…
Sans compter la bataille constante «pour la renationalisation de tout le secteur de l’énergie, en arrêtant de le laisser au privé », résume Gaël Farou. Pour rappel, après un long mouvement social chez EDF contre le projet Hercule visant au démembrement du groupe, le Parlement a adopté en avril (contre l’avis du gouvernement) un texte sanctuarisant à 100% le capital d’EDF détenu par l’État.
Pour le reste, le changement ministériel a mis en suspens les négociations. Gaël Farou ne se fait pas d’illusion : «avec ce gouvernement et leur idéologie, on ne va pas vers ce que l’on souhaite ». Par ailleurs, après des mois de lutte notamment contre la réforme des retraites, beaucoup d’agents se disent : « je me mobilise, ça ne marche pas ; je vote, ça ne marche pas non plus… Cela pose de gros soucis démocratiques », pointe l’administrateur de la FNME CGT. Pour autant, ces luttes, loin de créer de la lassitude et de la désaffection syndicale, ont apporté des forces vives à la FNME CGT. Avec une remontée des nouvelles adhésions en un an jamais vue depuis des années. «Cela donne du baume au coeur, surtout dans cette période. Beaucoup de jeunes adhèrent, apportent leur pierre à l’édifice ». Alors pour les mois à venir, « on se renforce, on continue. »