Recommandation de livres pour fin 2024

Dans cette émission, vous sera présenté par Guy Dardel et Lina Murad des ouvrages en prévision des fêtes de fin d’année.
Nous commencerons par Tombéza de Rachid Mimouni, puis enchaînerons avec Les années Lula et Les Américanoïaques de Serge Rezvani. Nous enchaînerons avec Les Deux Visages de la résilience de Boris Cyrulnik, revenant sur la réutilisation dans les médias et par le personnel politique principalement de la notion de résilience qu’il a développé. S’en suivra une présentation et un commentaire du livre Storytelling de Christian Salmon. Ce sera ensuite le tour de Seul dans Berlin de Hans Fallada, et qui donne à lire l’histoire fictive du quotidien d’une famille allemande pendant le régime nazi en 1940 ; avant d’enchaîner avec La fabrique du complot de Miguel Chueca, ce livre-ci, une enquête historique, revenant sur les storytelling développé à l’occasion de l’incendie Reichstag, le siège du Parlement allemand, où à cette suite nazis et communistes ont développé deux thèses du complot. Nous terminerons enfin par Flingue, conscience et collectif de Ulrik Meinhof et Au pays de Bernie Sanders, enquête sur une autre Amérique.

La surincarcération, une réponse sécuritaire

Nous avons invité L’OIP (l’Observatoire International des Prisons) pour parler du durcissement constant des politiques pénales, que les gouvernements successifs accentuent, conduisent déjà à des niveaux de surpopulation carcérale sans précédent : plus de 127% d’occupation en moyenne dans les prisons françaises ; près de 154% dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérées près de sept personnes détenues sur dix, en attente de jugement ou condamnées à des peines inférieures ou égales à deux ans ; plus de 200% dans au moins dix-sept quartiers de détention. Les conditions de détention sont de plus en plus indignes, avec des personnes détenues qui s’entassent à deux ou trois dans des cellules exiguës, et 3 609 d’entre elles qui dorment sur des matelas de fortune posés à même le sol[1]. L’accès aux soins, aux activités et à l’accompagnement est toujours plus illusoire, aux antipodes de l’objectif de réinsertion fixé par la loi. Les conditions de travail du personnel pénitentiaire sont si dégradées que les vacances de poste sont légion.

La seule réponse face aux désastre des politiques pénales consiste à construire de nouvelles prisons, cette politique immobilière n’a fait que permettre d’incarcérer toujours plus. Chaque mois la Franc explose son record de taux d’incarcération. Entre 1990 et 2024, le nombre de places de prison a augmenté de 25 152, et celui des personnes détenues de 30 477. Les prisons françaises enferment déjà près de 4 000 personnes de plus que le nombre de places prévu à l’horizon 2027. En phagocytant le budget de l’administration pénitentiaire au détriment de la rénovation des prisons déjà existantes, du développement des dispositifs d’insertion et de l’accompagnement des personnes détenues, cette politique est en outre largement contre-productive. Le nombre de prisonniers pour 100 000 habitants et la durée de détention moyenne ont doublé en quarante ans – sans rapport avec les courbes de la délinquance. Que toujours plus de comportements sont passibles d’emprisonnement et que les peines encourues ne cessent de s’alourdir. Et malgré les faits l’opinion publique, matraquée par les mensonges médiatiques est amenée à penser que la justice comme trop laxiste, au diapason de la plupart des professionnels du secteur. Il vous appartient d’œuvrer à faire connaître ces tendances. Le gouvernement parle à la place des français « les Français demandent » alors qu’ils reflètent surtout les fantasmes d’une partie de la classe politique. « Les Français demandent […] à ce que les peines soient réellement exécutées », dites-vous, suggérant que ce n’est pas le cas alors que 95% des peines de prison ferme sont mises à exécution, d’après le ministre de la Justice. La loi pose au contraire l’aménagement des fins de peines comme un principe, destiné à faciliter la difficile transition entre détention et liberté, pour le plus grand bénéfice de la société. deux tiers des personnes détenues condamnées sortent de prison sans y avoir accédé.

Deux mutineries quasi simultanées, le 28 septembre 2024, ont rappelé l’ampleur des tensions qui s’accumulent dans les prisons françaises, toujours plus surpeuplées.
À la maison d’arrêt de Nîmes, une centaine de prisonniers ont refusé de regagner leurs cellules pendant plus de quatre heures, le 28 septembre, pour dénoncer des conditions de détention inhumaines. Cette prison est par ailleurs infestée de rongeurs et de punaises de lit : 267% d’occupation au quartier hommes, où des matelas au sol ont été installés dans presque toutes les cellules. Le même jour, une mutinerie éclatait au quartier centre de détention de Majicavo (Mayotte), où la surpopulation, chronique, atteint là aussi 267%.

UN ÉTAT DES LIEUX DU CHÔMAGE EN FRANCE – situation fin 2024

dessin issu du site https://lepoing.net/

Aujourd’hui, nous recevons Victoire de la CGT chômeur pour faire un état des lieux du chômage en France. La France compte 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Toutes ces personnes ne sont pas chômeuses puisque 3 millions sont comptabilisées comme n’ayant pas travaillé le mois écoulé. Il faut rajouter 3 millions de précaires, 1,3 million d’allocataires du RSA et 2 millions dans le « halo » du chômage. Ça fait beaucoup ! En sachant que les entreprises continuent de fermer et se délocalisent, ce qui va encore augmenter les sans-emplois.

Pendant ce temps, les patrons se frottent les mains puisque « l’armée de réserve » des demandeurs d’emploi sera moins regardante sur ses conditions de travail et de rémunération. L’État de son côté, en digne souteneur du patronat, continue, réforme après réforme, de réduire, de temps d’indemnisation, leur montant et rend plus difficile le fait d’y avoir accès. Il exonère toujours plus les patrons qui devraient verser dans les caisses la part du salaire socialisée sous prétexte qu’il faudrait aider les créateurs d’emplois qui n’en créent pas des masses.

Il propose de travailler toujours plus pour gagner toujours moins ; plutôt que l’inverse ! Il stigmatise, à longueur des médias, les fainéants qui se gobergent au frais du pauvre travailleurs qui se lèvent tôt, cherchant à opposer les exploités les uns contre les autres.

Pour chercher de l’argent, l’État propose d’aller le chercher dans les poches déjà bien vides des pauvres, qu’ils soient chômeurs, retraités ou travailleurs, plutôt que dans celles des actionnaires, des hauts revenus, des profits…

MONOPRIX : les conséquences des licenciements – 2024

Ou en sommes nous dans l’univers impitoyable de la grande distribution ? Les grandes manœuvres se poursuivent, a grands coups de rachat et de dépeçage. Le groupe Casino n’y échappe pas.

Le 27 mars 2024, la dette de l’entreprise est revue de manière très significative et ses actionnaires vont être massivement dilués par l’apport de capital des repreneurs, les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière adossés au fonds d’investissement Attestor. Casino comptait fin 2022 200 000 salariés dans le monde dont 50 000 personnes en France.

44 168 collaborateurs, après cession de ses activités hors de France. Une fois que ses hypermarchés et supermarchés auront été cédés à ses concurrents Intermarché, Auchan et Carrefour, l’effectif du distributeur tombera à 28 212 salarié-e-s fin 2023.

(Monoprix et Franprix) qui fond partie, entre autres du groupe Casino, basés respectivement à Clichy et Vitry-sur-Seine, en région parisienne, vont également être touchés. Selon le groupe, 750 postes seront supprimé en Île-de-France.

Dans l’émission de ce jour, pour parler de la situation à Monoprix, nous recevons en plateau : Soumaya, Lamia et Alain, salarié-e-s et syndicaliste au collectif CGT Monoprix. Nous reviendrons notamment sur la mise en place du “plan de sauvegarde de l’emploi” (PSE), autrement dit des licenciements.