Le dimanche 23 mars au Centre International des Cultures Populaire (CICP), s’ouvrait la semaine anticoloniale et antiraciste avec la « Journée Décolonisons ! » Sur les luttes des peuples colonisés pour leur liberté dans les territoires encore sous domination française. Du soulèvement en Kanaky, aux mobilisations contre la vie chère en Martinique et en Guadeloupe, en passant par la situation à Mayotte, mais aussi en Polynésie, en Guyane, en Corse. Les luttes syndicales, la répression coloniale, les mobilisations pour la libération des prisonniers politiques et le droit à l’autodétermination des peuples fut au cœur de cette journée.
Aujourd’hui, dans cette émission, nous vous proposons l’écoute des interventions de cette journée d’ouverture de la semaine anticoloniale et antiraciste. Nous irons de la Kanaky a la Réunion, en passant par la Guadeloupe puis par Mayotte et nous terminerons avec la Corse.
Le 19 octobre, se sont déroulées deux tables rondes sur l’actualité du colonialisme français, au Centre International des cultures populaires et organisé par Association information et soutien aux droits du peuple Kanak. Aujourd’hui, nous vous diffusons le montage de la première, qui concernait la situation en Kanaky avec Daniel Wéa, président du Mouvement des Kanaks en France ; Isabelle Leblic, anthropologue et coprésidente de l’Association Information et soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK) ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’Homme, Benoit Trépied anthropologue spécialiste du droit Kanack Animateur : Mehdi Lallaoui, coprésident de l’AISDPK.
En effet, depuis décembre 2021, le gouvernement Macron a choisi son camp en prenant parti ouvertement pour les loyalistes. Il a préparé et présenté la loi constitutionnelle envisageant d’élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie pour minoriser les Kanak sur leur territoire. Les indépendantistes ont d’abord commencé par se mobiliser pacifiquement depuis le mois d’octobre 2023 avec la création de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain). Le vote de cette loi le 13 mai 2024 et la perspective de la réunion du congrès à Versailles fin juin 2024 ont mis le feu aux poudres. Macron en avait allumé la mèche.
Le pays est en révolte et les milices loyalistes marchent aux côtés des forces de l’ordre de l’État français pour réprimer et assassiner les militants indépendantistes, au premier rang desquels se trouvent les Kanak, peuple colonisé.
Depuis le 12 mai, l’État français mène une politique de criminalisation de l’action politique kanak. Il y a une moins une dizaine de personnes décédées, 1 260 gardes à vue, 210 déferrements, 93 incarcérations, plus de 340 interpellations en justice, et plus de 260 mesures de travail alternatif. Et les interpellations continuent.
Onze responsables de la CCAT ont été arrêtés et incarcérés. Sept d’entre eux, 2 femmes et 5 hommes, viennent de passer devant la justice calédonienne et ont été immédiatement déportés vers les prisons françaises. Cette déportation est contraire aux droits démocratiques garantis par la convention européenne des droits de l’Homme. Afin de les isoler, l’État français a dispersé ces sept militants aux quatre coins de la France, à 17 000 kilomètres de leur famille : – Mulhouse pour M. Christian TEIN – Dijon pour Mme Brenda WANABO IPEZE – Bourges pour M. Guillaume VAMA – Blois pour M. Steeve UNË – Nevers pour M. Yewa WAETHEANE – Villefranche-sur-Saône pour M. Dimitri QENEGEI – Riom pour Mme Frédérique MULIAVA
Mais qu’en est-il des loyalistes assassins des militants kanak à proximité des barrages? Pas de déportation vers les prisons françaises en tout cas… si jamais incarcération il y eut en Nouvelle-Calédonie.
Conséquence logique du sabotage méthodique du processus de décolonisation par l’État français, l’heure est à l’affrontement en Kanaky-Nouvelle Calédonie, qui a déjà fait plusieurs morts. Il est urgent de dénoncer la responsabilité première de la politique coloniale française, des colons sur place, de s’opposer à la menace qui plane sur les indépendantistes et la CCAT (Cellule de coordination des actions sur le terrain) en particulier et de soutenir la lutte légitime du peuple Kanak.
Depuis mai 2024, plus d’un millier d’arrestations, neuf morts «officielles» Kanak, des dizaines de disparuEs et des centaines de blesséEs, couvre-feu, envoi de plus de 4 000 militaires et policiers : la répression se déchaine en Kanaky, surtout dans les quartiers populaires de Nouméa.
Des milices composées de colons racistes qui, sous prétexte d’autodéfense, se livrent à des ratonnades et des assassinats et tirs contre la population, particulièrement sur la jeunesse. Avec l’appui des élus de la droite locale.
Pour cette émission de rentrée, nous revenons sur la situation en Kanaky/Nouvelle-Calédonie. Nous commencerons avec un entretien réalisé ce jour avec Rock Haocas, Le 3ᵉ vice-président de l’Union syndicale des travailleurs kanaks et exploités (Ustke) qui nous parle de la gréve d’une usine d’exploitation de nickel.
Ensuite, nous serons de retour en plateau avec Christian, membre du mouvement des Kanaks en France. En sa compagnie, nous parlerons de la suite des diverses répressions liées au dégel du corps électoral et de la commémoration, le 24 septembre prochain, du 171ᵉ anniversaire du rattachement de la Nouvelle-Calédonie a la métropole française. Rattachement en date du 24 septembre 1853.
La situation actuelle en Kanaky, et le résultat d’une colonisation depuis la prise de possession en 1853, suivie d’interventions dites civilisatrices successives de l’armée pour « pacifier » les Kanaks (alors considéré·es comme sauvages).
Cela suivi d’une accélération de recolonisation de peuplement orchestrée par l’État français avec une reformulation néolibérale depuis 2020 à la nomination de Sébastien Lecornu sous Emmanuel Macron. La Kanaky vit, depuis le 13 mai 2024, une vaste opération de répression coloniale avec un déploiement massif des forces armées françaises sur un territoire déjà en processus de militarisation.
La solidarité en France métropolitaine se poursuit. Le 7 juin dernier a la Parole Errante de Montreuil se tenait une soirée de soutien au mouvement kanak.
Dans l’émission de ce jour, vous entendrez des morceaux choisis de cette soirée, notamment des prises de parole et en seconde partie d’émission, deux entretiens réalisés sur des barrages en Kanaky et diffusé lors de cette même soirée.
Lundi 13 mai, veille du vote à l’Assemblée nationale, les manifestations des indépendantistes contre le dégel du corps électorat se sont multipliées ; routes bloquées ou barrages filtrants, grève très suivie au port et aéroport de Nouméa, fermeture de nombreuses administrations, feux allumés à différents endroits, début de mutinerie dans la prison de Nouméa, heurts entre jeunes kanaks et forces de l’ordre dans les quartiers populaires, nombreux blessés et arrestations en masse.
Pour tenter d’arrêter ce processus dangereux pour l’avenir du peuple kanak, les élus du congrès de Nouvelle-Calédonie se sont réunis ce lundi 13 mai et sont parvenus à adopter, à la majorité, une résolution demandant le retrait de ce projet de loi sur le corps électoral. Les élus rappellent à l’État qu’ils sont majoritairement contre ce projet de loi.
Trente ans après l’Accord de Nouméa, ainsi que du transfert des compétences et leur rééquilibrage, les inégalités restent très importantes, le non-respect de la priorité à l’emploi local : dans beaucoup de secteurs, ce sont les métropolitains récemment arrivés en Nouvelle-Calédonie, du fait de conditions attractives (niveau de salaire et indexation, avantages en termes de logement ou de soutien à l’installation), qui occupent des postes au détriment des travailleurs Kanak à compétences égales. Ainsi se perpétue une longue tradition de privilèges offerts aux Français partant travailler en Outremer.
Mais l’État français, ne l’entend pas de cette oreille. Suite aux nombreuses manifestations de révolte, il envoie son armée pour réprimer toute contestation.
Dans ce contexte, la solidarité s’organise dans de nombreux coins de la planète. En France plusieurs manifestations et meeting s’organisent et ce fut le cas ce 24 mai 2024 à la bourse du travail de Paris et dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute d’une partie de ce meeting en soutien au peuple Kanak.
Mais revenons à la proposition de loi « relative au renforcement de la sûreté dans les transports ». Cette dernière s’inscrit dans la continuité de la loi Sécurité globale de 2021, qui était déjà fortement attentatoire aux libertés publiques. Et c’est une présentation de la loi bien qu’encore en construction au jour de l’écriture de ces lignes, que vous entendrez en deuxième partie d’émission.
Et pour conclure l’heure, nous vous ferons entendre la lecture d’un communiqué de la Quadrature du net. Celle-ci vient en effet de déposer un référé-liberté pour demander au Conseil d’État la suspension de la décision du Premier ministre de bloquer Tiktok en Kanaky Nouvelle-Calédonie. A savoir aussi, que la Ligue des Droits de l’Homme ainsi que “trois citoyens résidant ou présents en Nouvelle-Calédonie, représentés par l’avocat Vincent Brengartha” ont également déposé un référé-liberté dans le même sens. Le conseil d’État a rendu sa décision le 23 mai. Celui-ci fait valoir que « saisi par des associations et des particuliers, le juge des référés du Conseil d’État ne suspend pas le blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie. En effet, les requérants n’apportent pas d’éléments pour démontrer que ce blocage a des conséquences immédiates et concrètes sur leur situation et leurs intérêts, ce qui est une « condition d’urgence » nécessaire pour l’intervention du juge des référés. Dans un contexte où tous les autres réseaux sociaux et médias presse, TV et radio restent accessibles, et parce que ce blocage temporaire vise à contribuer au rétablissement de la sécurité sur l’archipel, le juge des référés rejette la demande des requérants. ». Autrement dit, le Conseil d’État ne considère pas sur la forme que la suspension d’un réseau social utilisé par une partie de la population relève d’une urgence, et ne se prononcera donc pas sur la légalité de la mesure. Pour cela, pour que le fond soit examiné, il faudra attendre plusieurs mois. À moins qu’un autre type de référé, le référé-suspension, ne soit déposé. Le délai dans lequel sera rendue la décision pouvant aller jusqu’à un mois… De quoi faire traîner encore potentiellement les choses. Bref, le Conseil d’État botte en touche et accompagne la répression de l’État.
Contenu de la proposition de loi relative « au renforcement de la sûreté dans les transports » : Concernant la proposition de loi relative « au renforcement de la sûreté dans les transports », et de son article 9, quasi copié-collé de l’article 10 de la loi relative aux Jeux olympiques adoptée l’année dernière. Celle-ci prévoyait l’utilisation d’algorithmes de reconnaissance de comportements dans un cadre soit-disant « expérimental » pour tout évènement récréatif, sportif et culturel. Mais intéressons-nous plus en détail à la proposition de loi en cours, engagée dans une procédure accélérée par le gouvernement. Que dit-elle ? Cette loi est présentée dans sa filiation comme la successeure de la loi Savary-Leroux de 2016. Cette même loi qui interdisait et sanctionnait les mutuelles de fraudeurs, pénalisait les messages d’alerte en amont de point de contrôle, permettait aux contrôleurs d’agir en tenue civile, de fouiller visuellement les bagages, et qui permettait également à ces derniers de procéder à des palpations. Le présent projet de loi sur les transports s’inscrit en outre, plus directement, comme une petite sœur de la loi Sécurité globale et de son concept de “continuum de sécurité”. Le but poursuivi est de, je cite : “renforcer [le continuum de sécurité] par la coordination de l’ensemble des forces de sûreté, afin de répondre aux enjeux et aux défis de la violence, de l’insécurité et des incivilités à chaque moment et chaque étape de la vie dans l’espace public.“. A cette fin, le projet de loi entend renforcer une nouvelle fois les prérogatives des agents de sécurité de la SNCF et de la RATP. Ceux-ci pourraient alors effectuer des palpations plus facilement et intervenir aux abords des gares et plus seulement à l’intérieure de celles-ci ; ils pourraient par ailleurs, interdire l’accès en gare à des personnes refusant la fouille des bagages, troublant l’ordre public ou dont je cite : le “comportement est de nature à compromettre la sécurité des personnes ou la régularité des circulations” des trains. Le cas échéant, pourra être fait bien entendu appel à la force publique. La liste des flicages ne s’arrête pas là, puisque le projet de loi entend pérenniser les caméras-piétons pour les agents, étendus aux chauffeurs de bus, mais aussi autoriser les captations sonores dans les wagons. Les fraudeurs dits “réguliers” seraient davantage sanctionnés et il serait créé un délit “d’incivilité d’habitudes” pour les personnes ayant été verbalisée plusieurs fois pour incivilités. Une peine complémentaire d'”interdiction de paraître”, spécifique aux transports publics et pour une durée maximum de trois ans est à l’étude pour ces deux dernières catégories. Par la même, est envisagé dans la proposition de loi une amende de 2 500€, lorsqu’un bagage oublié par négligence provoque une perturbation du trafic. En outre, une autorisation serait donnée aux régies de transports pour traiter des données sensibles, ce qui permettrait si cela n’était pas retoqué, de collecter des données liées à l’origine raciale, les données de santé ou encore les opinions religieuses et politiques. Autre idée des législateurs, et on en terminera là : les procès-verbaux d’infractions commises dans les transports serait transmis directement au ministère public. De quoi donc durement réprimer tout ce qui serait caractérisé comme anormal, déviant, à même de s’inscrire en dehors de l’ordre établi et de la bonne régulation des flux. Ce nouveau projet de loi répressif, avec ses promesses d’arbitraire, examiné au mépris renouvelé du Parlement et à la légitimité démocratique faible, punira tout particulièrement les pauvres, les marginaux et tous ceux habitant l’espace public. Et tout cela, sans répondre à aucun impératif qui permettrait d’améliorer les conditions de transports, la qualité d’offre, les conditions de travail des salariés, l’accès aux transports et ainsi de suite. Ce projet de loi est actuellement en lecture en commission à l’assemblée nationale. Son adoption est prévue sauf opposition particulière, avant le début des jeux olympiques.
Mercredi 15 mai, Macron a décrété l’état d’urgence en Kanaky après plusieurs nuits d’émeutes contre le dégel du corps électoral. Alors que les mobilisations avaient gagné en intensité ses derniers jours, la loi vient d’être votée à l’Assemblée nationale ce mercredi.
Pour rappel, la Kanaky est une colonie française depuis le 19ᵉ siècle. Elle est d’abord utilisée par la France comme une colonie pénitentiaire où étaient envoyées tout ce que la métropole comptait en pauvres, subversifs ou révolutionnaires. Elle devient une colonie de peuplement au 20ᵉ siècle, les colons français s’y installent et supplantent peu à peu les Kanaks.
En ce début 2024, après 170 ans de colonisation de la terre de Kanaky, et année anniversaire des 40 ans de création du FLNKS, le gouvernement français a décidé de présenter unilatéralement deux projets de lois sur l’avenir institutionnel de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie mettant en jeu l’avenir du peuple Kanak.
Après les affrontements violents qui ont marqué les années de 1984 à 1988, les accords de Matignon-Oudinot (1988) et de Nouméa (1998), fruit de décennies de négociations, ont permis la reconnaissance du peuple Kanak comme peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie et ouvert un processus de décolonisation et d’autodétermination.
L’État français s’engageait à rompre avec la logique de colonisation de peuplement qui conduisait à la minorisation du peuple Kanak, d’où le gel du corps électoral établi dans les accords, en conformité avec les résolutions de l’ONU : « Les puissances administrantes devraient veiller à ce que l’exercice du droit à l’autodétermination ne soit pas entravé par des modifications de la composition démographique dues à l’immigration ou au déplacement de populations dans les territoires qu’elles administrent. »
C’était la condition pour rendre possible la recherche d’un consensus sur le devenir du pays : quelle forme de souveraineté ? Quelle relation avec la France ?
Les conditions du 3ᵉ et dernier référendum d’autodétermination fin 2021 sont aujourd’hui toujours remises en question unanimement par l’ensemble des indépendantistes Kanak. Ils avaient demandé son report pour respecter la période de deuil en pleine épidémie de la covid (en confinement, ils ne pouvaient faire campagne). L’État a imposé la date du référendum et le peuple Kanak, peuple colonisé, n’a pas participé. L’ensemble des indépendantistes ne reconnaissent pas les résultats de ce 3ᵉ référendum, une plainte a été préparée par la FLNKS en vue de faire reconnaître ces conditions inacceptables par la Cour internationale de Justice.
Aujourd’hui, sous couvert de « démocratie » le gouvernement français veut reporter les élections provinciales et modifier le corps électoral, et ainsi augmenter brutalement de 15 % le corps électoral pour les provinciales avec une ouverture à des métropolitains résidant depuis 10 ans pour diluer le peuple Kanak dans ces flux migratoires.
L’État veut balayer l’Accord de Nouméa avec ces deux projets de lois dans un calendrier très court : présentation de la loi organique (report des élections provinciales) au Sénat le 27 février puis à l’Assemblée nationale. La seconde sur le dégel du corps électoral, au Sénat dès mars. Et si aucun accord n’est conclu avec les indépendantistes avant le 1ᵉʳ juillet, il passe en force en convoquant le congrès de Versailles.
Alors que les manifestations et les blocages gagnaient en intensité en Kanaky depuis le début du mois de mai, la journée du 13 mai, veille du vote à l’Assemblée nationale, a marqué un tournant. De nombreuses routes ont été bloquées, la grève a été très suivie dans les ports et les aéroports, dans les réseaux de transports en commun et chez les camionneurs, de nombreuses administrations étaient également fermées. Des matons ont par ailleurs été pris en otage dans la prison de Nouméa pendant que des affrontements avaient lieu entre jeunes kanaks indépendantistes et forces de l’ordre dans plusieurs quartiers.
Dans la journée du mardi 14 mai, un couvre-feu a été décrété de 18 h à 6 h à partir du lendemain et des renforts ont été annoncés (quatre escadrons de gendarmerie mobile (près de 500 gendarmes), deux sections de CRS, le RAID et le GIGN). Le vote a été reporté au mercredi. Des milices loyalistes (principalement des Métros et des Caldoches [1]) ont commencé à faire leur apparition dans la soirée, tenant des barrages filtrants pour « protéger leur quartier » notamment autour des quartiers de Tuband et Ouémo.
Dans la nuit de mardi à mercredi, les révoltes ont repris malgré le couvre-feu, des boutiques ont été pillées et incendiées (Décathlon, station Total) ainsi que des établissements scolaires. En tout, la police a annoncé 130 interpellations, et une soixantaine de policiers blessés. Une nouvelle mutinerie a eu lieu à la prison de Nouméa.
Dans la journée de mercredi 15,le texte est finalement adopté. La pénurie commence à se faire sentir, les magasins sont vides. Pendant que les jeunes tiennent toujours les barrages sur les routes et que des affrontements ont lieu avec les flics, le FLNKS lance un appel au calme et à la levée des barrages. Dans la soirée de mercredi, Macron a décrété l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie. Dans le même temps, le gouvernement annonçait égalementla suspension de TikTok pendant que Gérald Darmanin commençait à signer des assignations à résidence pour des militants « radicaux » et annonçait des perquisitions à venir. L’armée a aussi été déployée pour sécuriser les ports et aéroport. Pour l’instant, le bilan s’élève à six morts dont deux gendarmes.
Face à l’offensive coloniale de l’État français en Kanaky, soutenons la lutte des Kanaks. Plusieurs conférences de presse et rassemblements ont été organisés. Aujourd’hui dans cette émission, nous vous diffusons une partie des prises de paroles du rassemblement du jeudi 16 mai à 19 h sur la Place de la République, l’interview de Romuald Pidjot de l’union calédonienne réalisé le mercredi 15 mai et la conférence de presse qui avait lieu au CICP(centre international des cultures populaires) le jeudi 16 mai par Solidarité Kanaky.
Dans l’émission de ce 10 mai, vous écouterez un direct avec des membres du collectif solidarité kanaky, venu nous parlez dès dernières mobilisations ainsi que du dégel du corps électoral en kanaky. Un rassemblement est prévu le 14 mai à 14 h devant l’Assemblée nationale.
Plus de 80 000 personnes dans la rue le 13 avril dernier sur tout le territoire. Des mobilisations historiques qui sont impulsées par la CCAT (Cellule de Coordination des Actions de Terrain, ) qui regroupe l’ensemble des courants indépendantistes. Les objectifs sont clairs : la demande du retrait du projet de loi sur le dégel du corps électoral, la non-reconnaissance du troisième référendum et la poursuite de la trajectoire de décolonisation. Ce passage en force de l’État français rappelle de bien tristes souvenirs et favorise une dynamique de tensions extrêmement dangereuse. La mobilisation du 1ᵉʳ mai est donc cette année marquée politiquement par ce contexte dans lequel la moindre étincelle peut embraser le pays. Par ailleurs, la répression est forte. Plusieurs personnes poursuivies depuis la manifestation du 21 février dernier sont passées en procès le 19 avril au Tribunal de Nouméa, subissant de très lourdes condamnations, dont deux ans ferme et 18 mois ferme pour deux manifestants qui sont toujours emprisonnés au Camps Est. Ce sont des prisonniers politiques ! Le collectif Solidarité Kanaky, créé en 2007, regroupe différentes organisations associatives, syndicales et politiques avec l’objectif d’organiser en France la solidarité avec le peuple kanak dans sa trajectoire de décolonisation. Aux côtés des différents courants indépendantistes, nous réaffirmons ce 1ᵉʳ mai notre solidarité aux luttes syndicales et politiques des indépendantistes kanak et non kanak, contre la situation coloniale, raciste, capitaliste et répressive de l’État français en Kanaky. Que ce soit contre la discrimination dans l’accès aux postes à responsabilité, aux objectifs néolibéraux de mainmise économique sur les ressources du pays, dont le nickel, encore aujourd’hui, c’est le peuple kanak, et notamment la jeunesse, qui paye le prix cher de la colonisation : chômage important, et face à un niveau de vie exorbitant et un salaire minimum plus bas que le SMIC français touchant principalement l’emploi kanak dans le secteur privé.