Reconnaissance sous conditions de l’Etat de Palestine

Le 22 septembre Emmanuel Macron, a annoncé reconnaître officiellement l’État de Palestine par la France. La veille, le Royaume-Uni, le Canada, le Portugal et l’Australie avaient fait de même. Durant la conférence des Etats Unis, la décision française a été suivie par celles de la Belgique, d’Andorre, de Malte, du Luxembourg, de Monaco et de Saint-Marin. Au total, en à peine deux jours, 11 pays occidentaux se sont ajoutés à la liste des 147 États qui reconnaissaient déjà la Palestine, soit l’immense majorité des 193 membres de l’organisation.la Déclaration des Nations Unies souligne leurs réelles intentions : désarmer et isoler le Hamas et ses alliés, les exclure de toute administration de Gaza avec comme perspective stratégique un micro-territoire démilitarisé, dépendant économiquement de l’occupant, digne d’un bantoustan  permettant de liquider les aspirations du peuple palestinien sur un territoire minuscule.

L’autorité palestinienne a accepté toutes les concessions en échange de la reconnaissance d’un État virtuel. Les responsables de l’Autorité palestinienne ont été les plus démonstratifs pour saluer cette vague de reconnaissances – ils y gagnent un pouvoir symbolique, alors que leur popularité est en berne depuis des années. Le modèle dit « à deux États » a mis sur le même plan occupant et occupé, effaçant le rapport de domination coloniale.

Mais nombreux sont ceux qui mettent en doute la solution à deux États. Certains militent pour un seul État, qui serait démocratique et laïc, qui accorderait les mêmes droits aux Palestinien·nes, qu’aux juifs et juives israélien·nes. Comme l’organisation One Democratic State Campaign (« Campagne pour un seul État démocratique »). Pour l’heure, personne ne semble vouloir penser à l’après, alors qu’un génocide détruit le peuple Palestinien. LÉtat est reconnu au milieu d’un génocide ? Pourquoi la priorité n’a t elle pas été d’arrêter le génocide ? 

Dans cette émission nous avons choisi de vous faire entendre des interviews de Dominique Eddé auteure de La mort est en train de changer, de Omar Alsoumi d’urgence Palestine, une intervention de Francesca Albanese lors de la fête de l’humanité et de Rami Abou Jamous journaliste palestinien.

Sur  les collines arides de Masafer Yatta, aux confins méridionaux de la Cisjordanie occupée, 1 200 Palestinien·nes sont menacé·es d’expulsion par Israël. En juillet, un colon y a tué, à bout portant, un militant pacifique, Odeh Hathalin, qui défendait son village. Ici comme dans le reste de la Cisjordanie, les Palestinien·nes sont seul·es. L’occupant, l’État israélien, protège ses propres citoyens qui les attaquent. L’Autorité palestinienne n’a aucun pouvoir d’intervention. Dans ces conditions, la reconnaissance d’un État palestinien entretient une fable sans lien avec leur réalité quotidienne.

« Vous reconnaissez l’État de Palestine au milieu d’un génocide ? Pourquoi votre priorité n’est pas d’arrêter le génocide ? », a réagi avec humeur le réalisateur palestinien Basel Adra, qui avait documenté le sort de sa région et de ses habitant·es dans le film No Other Land, coréalisé avec le journaliste israélien Yuval Abraham et récompensé par un Oscar en 2025.

« C’est bien de reconnaître un État de Palestine mais vous auriez dû le faire dans les années 1990, quand vous avez fait pression sur les Palestiniens pour qu’ils signent et acceptent les accords d’Oslo. Pas une fois qu’Israël a tué la solution à deux États », ajoute-t-il dans une interview vidéo avec le journaliste britannique Owen Jones, publiée après l’annonce de la Grande-Bretagne, le 21 septembre.

Consacrée notamment par les accords d’Oslo de 1993, censés ouvrir la voie à la création d’un État palestinien indépendant aux côtés d’un État israélien, la solution à deux États reste largement, aux yeux du monde, la « seule issue politique viable au conflit israélo-palestinien », comme le rappelait l’ONU en avril, mettant en garde contre sa « lente agonie ». Elle a connu un regain d’intérêt après que la France a reconnu l’État de Palestine le 22 septembre au siège de l’ONU, à New York, entraînant neuf autres pays dans son sillage.

« Ce qui manque à toutes ces reconnaissances, c’est une stratégie internationale pour mettre fin à l’occupation israélienne, juge l’analyste palestinien Khalil Shaheen, du centre de recherche Masarat, à Ramallah. Si on ne stoppe pas l’occupation, la colonisation et la guerre d’extermination [israéliennes], il ne peut y avoir d’État palestinien. » Les citoyen·nes israélien·nes devraient payer un prix exorbitant pour la poursuite des crimes de leur gouvernement, afin d’être poussés à demander que cela cesse, affirme l’expert palestinien, qui évoque des sanctions économiques contre Israël ou des campagnes de boycott.

En Cisjordanie, une dépossession silencieuse

24 septembre 2025

Le modèle dit « à deux États » a mis sur le même plan occupant et occupé, effaçant le rapport de domination coloniale. C’est « une des plus grandes erreurs des efforts passés pour faire la paix, constate Mustafa Barghouti, fondateur et dirigeant de l’Initiative nationale palestinienne, dans une tribune publiée le 22 septembre dans le New York TimesL’inégalité de pouvoir entre les Israéliens et les Palestiniens doit être reconnue» Il prévient : « Aucune des deux parties ne connaîtra la sécurité si les causes profondes de l’injustice ne sont pas traitées », plaidant pour un nouveau paradigme.

Sur le terrain, Israël a déjà avancé son propre modèle : un État à majorité juive, de la mer Méditerranée au Jourdain. Des ministres israélien·nes évoquent ouvertement des transferts de la population gazaouie hors de la petite bande côtière, alors que la campagne génocidaire de leur armée a rendu l’enclave largement inhabitable. En Cisjordanie, les violences des colons et les offensives militaires israéliennes contre des camps de réfugié·es du nord du territoire ont également changé en profondeur les dynamiques démographiques d’une partie de ces terres.

Comment vivre ensemble ? 

Depuis Haïfa, dans le nord d’Israël, Awad Abdelfattah milite lui aussi pour un seul État, mais qui serait démocratique et accorderait les mêmes droits aux Palestinien·nes, comme lui, qu’aux juifs et juives israélien·nes. Ce coordinateur de l’organisation One Democratic State Campaign (« Campagne pour un seul État démocratique ») est l’ancien secrétaire général du parti nationaliste palestinien Balad en Israël. Un État palestinien excluant de facto de leur droit à l’autodétermination les citoyen·nes palestinien·nes d’Israël comme lui.

Awad Abdelfattah ne balaie pas d’un revers de main cette vague de reconnaissances : elle est le marqueur, dit-il, du retour de « la cause palestinienne sur la scène mondiale ». Il s’oppose à une séparation, qu’il juge dangereuse : « Cela va créer de nouvelles racines pour un conflit. » Et, en l’état, cette solution sert surtout de « couverture pour perpétuer le génocide » à Gaza, dénonce-t-il. « Surtout qu’à aucun moment, on ne définit ce qu’est cet État. Où est-il établi ? Bénéficie-t-il d’une pleine souveraineté ? »

Face à l’annihilation de Gaza, l’ancien dirigeant politique a vu émerger une nouvelle génération, « très en colère », qui ne veut plus voir les Israélien·nes : elle rêve d’une solution à l’algérienne, soit l’expulsion de ceux considérés comme les colons de tout le territoire entre la mer et le Jourdain. Lui, au contraire, pense qu’il faut bâtir un avenir en commun.

Son point de vue est encore minoritaire, concède-t-il, invoquant lui aussi le modèle de l’Afrique du Sud. La route est encore longue, les haines tenaces. « En tant que Palestiniens, nous à l’intérieur d’Israël, c’est vrai que [les Israéliens] ne nous supportent pas et nous non plus. On a des difficultés à s’entendre, rapporte Awad Abdelfattah. La société israélienne est devenue barbare. Mais on ne voit pas d’autre solution, on a besoin d’un État démocratique, une solution au conflit qui délivre aussi les juifs du racisme et du fascisme – en plus de libérer les Palestiniens. »

Clothilde Mraffko


La reconnaissance de l’État palestinien : une manœuvre contre le peuple palestinien

21 septembre 2025 , Par Tom Martin

Ce lundi 22 septembre 2025, Emmanuel Macron et d’autres chefs d’État doivent annoncer lors de l’Assemblée générale des Nations unies la reconnaissance officielle de « l’État de Palestine ».

Du Parti Socialiste à une large partie de la gauche dite « radicale » en passant par Alain Finkielkraut, cette reconnaissance est largement soutenue en France. A cette occasion, une partie du mouvement de solidarité avec la Palestine ressuscite ladite « solution à deux États » et les incantations à la paix alors que Gaza City est sous le feu de l’artillerie israélienne.

Mais de quoi parle-ton ? Est-ce que tout ceci répond aux exigences anticolonialistes que nous devons porter en faveur du peuple palestinien qui fait face à un terrible génocide depuis près de deux ans ?

Qu’est-ce que « l’État palestinien » ?

En 1964, l’Organisation de Libération de la Palestine déclare dans sa charte lors du premier Conseil national palestinien : « La Palestine avec ses frontières de l’époque du mandat britannique constitue une unité régionale indivisible. »

A sa suite, l’ensemble du mouvement national palestinien moderne a défendu la perspective de la libération de toute la Palestine de la mer au Jourdain avec Al Qods comme capitale. Des organisations telles que le Fatah et le Front Populaire de Libération de la Palestine [FPLP] ont publié d’innombrables textes d’orientation politique définissant cette perspective stratégique, à l’image de La révolution palestinienne et les juifs du Fatah en 1970 ou Rien n’est plus précieux que la liberté de George Habash, cofondateur du FPLP.

Depuis le programme en 10 points de 1974 jusqu’à la déclaration d’indépendance de la Palestine à Alger en 1988, la direction du Fatah incarnée par Yasser Arafat a pris un autre chemin en imposant une stratégie diplomatique autour de la perspective de la défense de la « solution à deux États » et la reconnaissance implicite puis explicite de l’État sioniste.

En d’autres termes, la défense d’une entité palestinienne en Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est, c’est-à-dire à peine 22% de la Palestine historique…

Cette stratégie a atteint son paroxysme avec la signature des accords d’Oslo en 1993 qui ont entériné la trahison des positions historiques du mouvement national palestinien, en premier lieu desquelles la défense du droit au retour des réfugiés palestiniens et la libération de toute la Palestine.

Trente ans plus tard, le bilan est sans appel. La colonisation sioniste de la Palestine s’est poursuivie inlassablement de la mer au Jourdain. L’Autorité Palestinienne qui était censée être la structure pour administrer ce nouvel « État » ne l’a nullement empêché, au contraire. Elle s’est révélée être l’instrument d’une bourgeoisie compradore [2] complètement soumise aux intérêts de l’impérialisme et du sionisme.

Reconnaître « l’État palestinien », le mirage des accords d’Oslo

Alors que le génocide se poursuit dans la bande de Gaza depuis quasiment 2 ans, on voit se développer les mots d’ordre autour de « la reconnaissance de l’État palestinien » dans plusieurs pays occidentaux, allant même jusqu’à être soutenu par plusieurs gouvernements. Même si à première vue cela pourrait paraître avoir une portée symbolique positive, tant le gouvernement israélien actuel est radicalisé, cette perspective n’est rien d’autre qu’un outil pour imposer à nouveau l’horizon de la stratégie de « la solution à deux États ».

Mais les droits nationaux et sociaux du peuple palestinien, tels que le droit au retour des réfugiés, ne seraient pas renforcés par cette reconnaissance. Au contraire, elle ne ferait que justifier et normaliser une fois de plus la division de la Palestine et la colonisation sioniste.

« Les efforts visant à rechercher la reconnaissance diplomatique d’un État palestinien imaginaire sur une fraction de la Palestine historique sont une stratégie de désespoir de la part d’une direction palestinienne qui est à court d’options, a perdu sa légitimité et est devenue un obstacle sérieux sur la voie du rétablissement de ses droits par les Palestiniens » rappelle le journaliste palestinien Ali Abunimah dans un article paru sur Al Jazeera en 2011.

En réalité, cette reconnaissance n’est même pas un geste dit symbolique et ne sert qu’à offrir une issue politique afin de garantir les intérêts et la pérennité d’Israël profondément fragilisés par sa politique génocidaire.

En ce sens, Abdallah Silawi de Boussole Palestine a interpellé le mouvement de solidarité avec la Palestine en soulignant que « reconnaître un micro État palestinien et cibler Netanyahu sont deux stratégies aboutissant à contenir notre mouvement, à préserver les intérêts sionistes et maintenir l’hégémonie occidentale ».

« Proposer « l’État palestinien » en ce moment et de cette manière vise à isoler sérieusement la résistance et à saper sa base populaire de masse. C’est le moyen d’imposer la reddition au peuple palestinien, car une telle capitulation ne peut être imposée tant que le mouvement de résistance est capable de maintenir sa position de seul représentant de sa volonté » déclare l’écrivain et révolutionnaire palestinien Ghassan Kanafani en 1971 au lendemain de la défaite de Septembre Noir. Un commentaire qui résonne avec la séquence actuelle.

La France et l’Arabie Saoudite contre le peuple palestinien

Aujourd’hui, l’opération génocidaire impérialo-sioniste à Gaza se poursuit mais n’a toujours pas réussi à imposer la complète capitulation aux organisations qui s’y opposent dans l’ensemble du Monde Arabe.

Dans ce contexte, on voit émerger des contradictions inter-impérialistes à propos de leurs objectifs tactiques à court et moyen terme.

D’un côté, le bloc États-Unis/Israël considère que la reddition palestinienne passe par l’intensification de l’offensive génocidaire à Gaza en utilisant tous les moyens à sa disposition. Cela a pour effet de provoquer un certain isolement avec ses propres alliés, comme en témoigne les réactions occidentales qui ont « dénoncé » en parole le lancement de l’opération terrestre à Gaza City en septembre 2025.

De l’autre, le rôle de l’impérialisme français et des régimes réactionnaires arabes, et à sa tête l’Arabie Saoudite, qui tentent d’imposer une voie alternative en faisant la promotion d’une issue diplomatique visant à liquider la cause palestinienne.

C’est comme cela qu’il faut comprendre la séquence ouverte par ladite reconnaissance de l’Etat palestinien et les annonces attendues la semaine prochaine. Cette reconnaissance n’est pas la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien sur sa terre. Elle n’est que la reconnaissance de l’exercice du pouvoir de l’Autorité Palestinienne sur 22% de la Palestine historique (et en réalité à peine 10%).

Par ailleurs, ce projet insiste sur la volonté d’imposer la gestion des territoires palestiniens à une frange de la bourgeoisie compradore palestinienne et arabe, mais aussi généraliser la normalisation dans la droite ligne des Accords d’Abraham de 2020.

En ce sens, la Déclaration des Nations Unies votée par 140 pays le 12 septembre dernier à New-York souligne leurs réelles intentions : désarmer et isoler le Hamas et ses alliés, les exclure de toute administration de Gaza avec comme perspective stratégique un micro-territoire démilitarisé, dépendant économiquement de l’occupant, digne d’un bantoustan [1] permettant de liquider les aspirations du peuple palestinien.

Le fait que les États-Unis, Israel et leurs alliés s’y soient opposés soulignent seulement leur désaccord tactique sur les moyens à utiliser pour éradiquer la cause palestinienne.

En réalité, la prétendue « solution à deux États » ne vise qu’à légitimer et garantir la stabilité de l’entité sioniste et abandonner les droits nationaux du peuple palestinien (avec en premier lieu le droit au retour) en échange d’une entité palestinienne démembrée sur les dernières îles assiégées de Cisjordanie et de Gaza soumises à la domination impérialiste.

En ce sens, l’Autorité Palestinienne est à rejeter fermement (ainsi que ses relais locaux en France autour de la prétendue ambassadrice de Palestine). Cette « autorité » a multiplié ces derniers mois les attaques contre le peuple palestinien et ses organisations dans le but d’accompagner le projet de liquidation voulu par les occidentaux.

Cela passe évidemment par sa coordination sécuritaire en Cisjordanie et son accompagnement de la plus grande offensive de contre-insurrection depuis plus de 20 ans dans la zone (notamment à travers la destruction des camps de réfugiés) mais aussi en annulant le versement d’allocations pour 1612 familles de prisonniers palestiniens ou encore en soutenant le projet de désarmement des camps palestiniens au Liban.

Face à la confusion ambiante, il faut sans cesse rappeler que dans une lutte de libération nationale il n’y a que deux voies : la résistance ou la capitulation. La « reconnaissance de l’État de Palestinien » est définitivement une expression capitularde qu’il s’agit de démasquer et de combattre.

Soutenir la libération de la Palestine de la mer au Jourdain

Plutôt que de demander aux puissances occidentales, co-responsables de l’occupation de la Palestine, la reconnaissance d’un bantoustan, nous devons nous mobiliser pour défendre la perspective de la libération totale des terres palestiniennes de la mer au Jourdain.

Cela passe par affirmer la centralité politique de la résistance du peuple palestinien dans sa lutte contre plus de 76 ans de colonisation de peuplement. Les luttes victorieuses des peuples algérien ou haïtien nous permettent de comprendre que cette perspective est possible.

En ce sens, il est plus que jamais nécessaire de participer à la mobilisation mondiale qui vise à délégitimer l’État d’Israël en tant que projet colonial et ainsi se mobiliser pour l’isoler sur la scène internationale. « Ce qu’ils doivent faire, c’est non pas reconnaître un État palestinien, mais retirer leur reconnaissance d’Israël. C’est la seule façon d’aboutir à un résultat antiraciste et démocratique décolonisé », résume l’universitaire palestinien Joseph Massad.

Pour cela, il faut affirmer que les États impérialistes feront toujours partie du problème et jamais de la solution. De la déclaration Balfour de 1917 jusqu’à l’armement du génocide à Gaza aujourd’hui, ils ont toujours soutenu l’État sioniste pour ce qu’il est : la base avancée de leurs intérêts dans la région.

Au contraire, nous devons relayer et soutenir l’aspiration du peuple palestinien à la libération totale de sa terre tel qu’il l’a exprimé par plus de 100 ans de résistance contre l’impérialisme et le sionisme et enterrer définitivement la voie d’Oslo et de ses conséquences funestes

FREE PALESTINE

Devant l’insoutenable massacre perpétrer par l’état israélien en Palestine nous poursuivons sa dénonciation et cherchons ça et là des raisons de ne pas désespérer. Des positions d’intellectuelles, des rassemblement, des réunions publiques, des actions, des grèves prouvent que malgré la répression, la frilosité ou la complicité des gouvernements, des organisations politiques et syndicales les résistances existent.

Déclaration de Sarajevo du Tribunal pour Gaza

2 juin 2025 Nous, membres du Tribunal de Gaza, réunis à Sarajevo du 26 au 29 mai 2025, exprimons notre indignation morale collective face au génocide qui se poursuit en Palestine, notre solidarité avec le peuple palestinien, et notre engagement à travailler avec des partenaires de la société civile mondiale pour mettre fin à ce génocide, garantir la poursuite des auteurs et de leurs complices, obtenir réparation pour les victimes et les survivants, construire un ordre international plus juste et œuvrer pour une Palestine libre.

Téléchargez la déclaration, format .pdf.

Nous condamnons le régime israélien, le génocide qu’il mène, et les décennies de sa politique et ses pratiques en matière de colonialisme de peuplement, ethno-suprémacisme, apartheid, ségrégation raciale, persécutions, implantations illégales, déni du droit au retour, punitions collectives, détentions massives, tortures et traitements cruels et inhumains, exécutions extrajudiciaires, violences sexuelles systématiques, démolitions, déplacements et expulsions forcés, purges ethniques et changement démographique forcé, famine imposée, déni systématique de tous les droits économiques et sociaux, et extermination.

Nous sommes horrifiés par la politique du régime israélien, qui ravage méthodiquement l’existence des Palestiniens : leurs vies, leurs terres et leur survie économique. Les sources et systèmes d’alimentation d’eau, les structures de soins de santé, d’éducation, de logement, de culture, ainsi que les mosquées, églises, installations d’aide et abris pour les réfugiés sont systématiquement détruits. Le personnel soignant, les reporters, les humanitaires, les agents des Nations unies sont délibérément ciblés, de même que les civils : enfants, personnes âgées, femmes et hommes, filles et garçons, personnes handicapées ou malades.

Nous exigeons le retrait immédiat des forces israéliennes et la fin du génocide, de toutes les opérations militaires, des déplacements forcés et des expulsions, des activités de colonisation, ainsi que du siège de Gaza et des restrictions de circulation en Cisjordanie. Nous réclamons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers, les milliers d’hommes, femmes et enfants détenus de manière abusive dans des centres de détention israéliens. Nous insistons sur la reprise de l’aide humanitaire massive à l’ensemble de la bande de Gaza, sans délai, sans restriction ni interférence, incluant nourriture, eau, abris, fournitures et équipements médicaux, équipements sanitaires, équipements de sauvetage, ainsi que matériaux et équipements de construction. Nous demandons aussi le retrait complet de toutes les forces israéliennes de l’ensemble des territoires libanais et syrien.

Nous appelons tous les gouvernements ainsi que les organisations régionales et internationales à mettre fin au scandale historique de l’inaction qui a marqué ces dix-neuf derniers mois, à réagir d’urgence et par tous les moyens disponibles pour stopper l’offensive et le siège israéliens, à faire respecter le droit international, à traduire en justice les auteurs de ces crimes et à fournir sans délai aide et protection au peuple palestinien.

Nous dénonçons la complicité persistante des gouvernements dans la perpétration des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et du génocide commis par Israël en Palestine, ainsi que le rôle honteux de nombreux médias dans leur couverture du génocide, leur déshumanisation des Palestiniens et leur propagation d’une rhétorique alimentant le racisme anti-palestinien, les crimes de guerre et le génocide.

Nous dénonçons avec la même fermeté la vague de répression et de persécutions menée par les gouvernements occidentaux, forces de police, secteur privé et institutions éducatives contre : les défenseurs des droits humains, militants pour la paix, étudiants, universitaires, travailleurs, professions libérales et autres. Nous rendons hommage à ceux qui, malgré cette répression, ont eu le courage et les convictions morales de se lever et dénoncer ces horreurs historiques. Nous insistons sur la pleine protection des droits humains que sont la liberté d’expression, d’opinion, de réunion et d’association, ainsi que le droit de défendre les droits humains sans harcèlement, représailles ou persécution.

Nous rejetons la tactique injuste qui consiste à qualifier d’« antisémites » ou de « soutiens du terrorisme » tous ceux qui osent s’exprimer et agir pour défendre les droits du peuple palestinien, condamner les injustices et atrocités du régime israélien, et sa pratique de l’apartheid et du génocide, ou critiquer l’idéologie sioniste. Nous sommes solidaires de tous ceux qui ont été diffamés ou punis de la sorte.

Nous sommes convaincus que la lutte contre toutes les formes de racisme, d’intolérance et de discrimination inclut nécessairement un rejet égal de l’islamophobie, du racisme anti-arabe et anti-palestinien et de l’antisémitisme. Elle implique aussi de reconnaître les effets dévastateurs que le sionisme, l’apartheid et le colonialisme de peuplement ont eus, et continuent d’avoir, sur le peuple palestinien. Nous nous engageons à lutter contre tous ces fléaux.

De plus, nous rejetons l’idéologie destructrice du sionisme, en tant qu’idéologie officielle de l’État israélien, des forces qui ont colonisé la Palestine et établi l’État israélien sur ses ruines, ainsi que des organisations et relais pro-israéliens actuels. Comme le proclame la Déclaration universelle des droits humains, nous affirmons que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, sans aucune exception. Nous appelons à la décolonisation sur toute la terre, à la fin de l’ordre suprémaciste et au remplacement du sionisme par un système fondée sur l’égalité des droits pour tous – chrétiens, musulmans, juifs et autres.

Nous sommes inspirés par la résistance courageuse et la résilience du peuple palestinien face à plus d’un siècle de persécutions, ainsi que par le mouvement grandissant de millions de personnes à travers le monde qui se tiennent à ses côtés en solidarité, y compris l’engagement militant et les actions non-violentes de milliers de militants juifs rejetant le régime israélien et son idéologie ethnonationaliste, et qui ont proclamé que ce régime ne les représente en rien et n’agit pas en leur nom.

Nous reconnaissons le droit du peuple palestinien à résister à l’occupation étrangère, la domination coloniale, l’apartheid, l’assujettissement par un régime raciste et l’agression, y compris par la lutte armée, conformément au droit international et comme affirmé par l’Assemblée générale des Nations unies.

Nous rappelons que le droit des Palestiniens à l’autodétermination relève du jus cogens et erga omnes (règle universelle ne souffrant aucune exception et s’imposant à tous les États) et qu’il est non négociable et axiomatique. Nous reconnaissons que ce droit comprend : l’autodétermination politique, économique, sociale et culturelle, le droit au retour et à une compensation intégrale pour tous les préjudices subis pendant un siècle de persécutions, à la souveraineté permanente sur les ressources naturelles, à la non-agression et à la non-ingérence. Nous respectons les aspirations des Palestiniens, ainsi que leur pleine autonomie pour toutes les décisions affectant leur existence, et nous exprimons notre solidarité.

Nous sommes gravement préoccupés par le cours que prennent les relations internationales, la politique internationale et les institutions internationales, ainsi que par les attaques contre les institutions internationales ayant dénoncé le génocide et l’apartheid en Palestine. Ces fondements normatifs de l’ordre mondial, basés sur les droits humains, l’autodétermination des peuples, la paix et le droit international, sont sacrifiés sur l’autel d’un réalisme politique cynique et d’une soumission obséquieuse à l’égard du pouvoir, laissant le peuple palestinien sans défense, exposé en première ligne. Nous affirmons qu’un autre monde est possible, et nous nous engageons à nous battre pour qu’il voie le jour.

Nous craignons que l’ordre normatif international naissant et imparfait, élaboré depuis la Seconde Guerre mondiale, avec les droits humains pour fondement, ne risque aujourd’hui l’effondrement en raison des attaques prolongées menées par les alliés occidentaux du régime israélien, déterminés à garantir son impunité. Nous nous engageons à combattre cette offensive et à œuvrer pour protéger et faire avancer l’idéal d’un monde dans lequel les droits humains seraient régis par l’État de droit, en commençant par lutter pour la liberté des Palestiniens. Nous estimons qu’il faut réformer et corriger les faiblesses et inégalités instituées dès l’origine du système international, notamment : le droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, la marginalisation de l’Assemblée générale et les obstacles entravant l’exécution des arrêts de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Nous exigeons une action immédiate pour isoler, contenir et traduire en justice le régime israélien par le biais du boycott universel, du désinvestissement, des sanctions, d’un embargo militaire, de la suspension des organisations internationales et de la poursuite de ses responsables. Nous nous engageons à défendre cette cause. Nous exigeons aussi que soient pénalement responsables tous les dirigeants politiques et militaires, soldats et colons israéliens impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, génocide ou violations flagrantes des droits humains, et que répondent de leurs actes toutes les personnes et entités complices des crimes de ce régime, y compris ses soutiens externes, les responsables gouvernementaux, les entreprises, les fabricants d’armes, les sociétés énergétiques, les firmes technologiques et les institutions financières.

Nous saluons la Cour internationale de justice (CIJ) pour la procédure en cours pour génocide contre le régime israélien et pour son avis consultatif historique concluant à l’illégalité de l’occupation israélienne, du mur d’apartheid et des pratiques d’apartheid et de ségrégation raciale. Nous saluons aussi ses conclusions selon lesquelles les droits du peuple palestinien ne peuvent dépendre de son oppresseur, ne sont pas négociables, et que tous les États ont l’obligation de s’abstenir de tout traité, relations économiques, commerciales, diplomatiques ou d’investissements avec le régime d’occupation d’Israël. Nous célébrons l’action exemplaire de l’Afrique du Sud qui a porté devant la CIJ l’affaire historique de génocide contre le régime israélien.

Nous appelons tous les États à garantir la mise en œuvre intégrale des mesures conservatoires ordonnées par la CIJ dans l’affaire pour génocide contre Israël, à respecter pleinement les conclusions de l’avis consultatif de la CIJ de juillet 2024, à appliquer sans réserve la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies du 13 septembre 2024 (A/ES-10/L.31/Rev.1), notamment en mettant fin à tout commerce d’armes avec le régime israélien, en instaurant des sanctions à son encontre et en soutenant la traduction en justice de tous les criminels israéliens. Nous exhortons les organisations de la société civile et les mouvements sociaux du monde entier à lancer et renforcer des campagnes de soutien aux décisions et avis de la CIJ sur la Palestine, et à pousser leurs propres gouvernements à s’y conformer.

De même, nous saluons la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir émis, bien que tardivement, des mandats d’arrêt à l’encontre de deux hauts responsables du régime israélien. Nous appelons la CPI à accélérer la procédure concernant ces dossiers et à délivrer sans délai des mandats supplémentaire contre d’autres responsables israéliens, civils et militaires. Nous exhortons tous les États parties à la CPI à remplir d’urgence leur obligation d’arrêter ces auteurs et de les remettre à la justice, et nous exigeons que les États-Unis lèvent immédiatement toutes les sanctions contre la CPI et cessent leur obstruction à la justice.

Nous exprimons notre gratitude et notre admiration envers les procédures spéciales indépendantes du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour leurs contributions d’experts et leur voix forte et intègre demandant la responsabilisation du régime israélien et défendant les droits humains du peuple palestinien. Les membres de ce conseil se sont révélés être la conscience morale de l’ONU, et nous appelons les Nations unies et tous les États membres à défendre sans faille ces titulaires de mandat. Nous saluons aussi l’action exemplaire des agences onusiennes – au premier rang desquelles l’UNRWA – dans leur défense des droits du peuple palestinien et la fourniture d’aide et secours aux survivants du génocide en Palestine, en dépit de risques et obstacles jamais vus.

Nous sommes convaincus que le monde se trouve au bord d’un dangereux précipice, dont la lisière est en Palestine. Des forces redoutables, tant publiques que privées, nous poussent vers l’abîme. Les événements des dix-neuf derniers mois et nos propres réflexions nous ont persuadés que les organisations internationales clés et la majorité des pays du monde, qu’ils agissent seuls ou collectivement, ont échoué dans la défense des droits du peuple palestinien et dans la réponse au génocide perpétré par le régime israélien. Désormais, le défi de la justice repose sur les personnes de conscience du monde entier, la société civile et les mouvements sociaux, sur nous tous. C’est pourquoi, dans les mois qui viennent, nous nous consacrerons à relever ce défi. Des vies palestiniennes sont en jeu. L’ordre moral et juridique international est en jeu. Nous ne pouvons pas échouer. Nous ne faiblirons pas.

Le Comité de Pilotage du Tribunal : Richard Falk, Ahmet Köroglu, Hilal Elver, Raji Sourani, Lara Elborno, Penny Green, Wesam Ahmad, Craig Mokhiber.

29 mai 2025 – Gaza Tribunal – Traduction : Chris & Dine

QUEL AVENIR POUR LES OCEANS ?

issus du site de Serge D’ignazio www.flickr.com/photos/119524765@N06/albums

La troisième Conférence des Nations unies sur l’océan, c’est ouverte lundi 9 juin 2025 à Nice. C’est le plus grand rassemblement international jamais dédié à la protection du milieu marin, après une première édition à New York (États-Unis), en 2017, et une seconde à Lisbonne (Portugal) en 2022, et cette troisième conférence se terminera le vendredi 13 juin 2025. Que peut-on en attendre ?

Son objectif, c’est de faire le point sur la mise en œuvre de l’objectif de développement durable n°14 », détaille Gauthier Carle, directeur général adjoint de la Plateforme Océan et Climat. Adopté en 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies, ce fameux « objectif 14 » vise à « gérer durablement » et mieux protéger des activités humaines les écosystèmes marins. Pour ce faire, il définit plusieurs cibles à atteindre : prévenir la pollution marine et les déchets en mer, réduire l’acidification des océans, mettre un terme à la pêche illégale…

Parmi les dix-sept objectifs de développement durable établis par les Nations unies, l’objectif 14 est « l’un des plus sous-financés », regrette Gauthier Carle. Ses cibles sont par ailleurs loin d’être atteintes. Seuls 8,4 % des océans sont aujourd’hui protégés, alors que les Nations unies projetaient d’atteindre 10 % en 2020 et espèrent parvenir à 30 % d’ici à 2030. Au total, 2,7 % des océans sont fermés aux activités industrielles, le seul niveau de protection qui permette, selon les scientifiques, d’obtenir des résultats tangibles pour la vie marine.

Extrait article site de reporterre 9 juin 2025

Dans l’émission de ce jour, nous allons revenir sur la question de la préservation des océans. Pour cela, nous entendrons à la suite un son du site blast du 18 février 2022 intitulé : L’Océan est en danger et s’il meurt, nous mourrons. Nous poursuivrons avec Aurore Stéphant qui démontra l’impossibilité de l’exploitation sous-marine des métaux et nous terminerons par cette question Comment la surpêche industrielle tue l’environnement et la pêche artisanale.

JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTES DU DROIT DES FEMMES : retour sur la manifestation parisienne

Le 8 mars est la Journée Internationale pour les Droits des Femmes. Elle trouve son origine dans les luttes des ouvrières et des suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. En 1977, elle est officialisé par les Nations Unies comme la Journée Internationale des Femmes.

Cette année, les collectifs et associations qui participent de l’organisation de cette manifestation ont fait le choix d’une journée de grève des femmes avec une manifestation de la Gare du Nord à l’Hôpital Tenon. Nous vous diffusons un reportage réalisé lors de cette manifestation afin d’illustrer la diversité des personnes présentes et une partie des prises de paroles officielles. De plus, nous vous diffusons dans le corps du texte l’appel à cette journée, afin que vous puissiez mieux contextualiser cette mobilisation.
 

” La prise de conscience et les mobilisations féministes grandissent et font bouger les lignes partout dans le monde. Nous sommes debout, nous voulons décider de nos vies. Nous voulons l’égalité.

→ Nous voulons être reconnues dans nos métiers, bien payées, à égalité avec les hommes au travail !

Avec la crise sanitaire, les femmes sont toujours en première ligne, mal payées, majoritaires dans des métiers essentiels (soins, santé, services publics). Nous sommes touchées de plein fouet par la précarité, les bas salaires et le temps partiel subi. Notre travail est déconsidéré et invisibilisé. Aides à domicile, assistantes d’élèves en situation de handicap (AESH), enseignantes, soignantes, travailleuses sociales…Les grèves se multiplient dans les métiers féminisés. Faisons converger ces luttes le 8 mars pour imposer des revalorisations salariales, des emplois stables et durables et des perspectives de carrière ambitieuses ! Les femmes immigrées ou sans papiers sont surexploitées, peu reconnues socialement et peu susceptibles d’évoluer dans leurs emplois. Nous voulons qu’elles soient régularisées !

→ Nous voulons vivre dans une société sans violence sexiste et sexuelle ! Nous voulons être libres de nos choix sur nos corps !

#Metoo, notre mobilisation partout dans le monde bouscule les rapports de domination et met à mal le patriarcat. Nous refusons les violences sexistes et sexuelles que ce soit dans les bars (#BalanceTonBar), dans nos couples ou nos familles (#MeTooInceste), dans la santé (#StopVog, Stop violences obstetricales et gynécologiques), dans notre travail, les lieux scolaires universitaires (#metoofac), dans les fédérations sportives, la culture (#metootheatre), le journalisme, la politique (#metoopolitique).

Les femmes handicapées sont pénalisées par le manque de soins et freinées dans leur choix d’autodétermination de leur sexualité ou dans la possibilité de mettre au monde des enfants. Elles subissent d’autant plus les violences sexistes et sexuelles qu’elles soient d’ordre privé, institutionnel, médical ou économique (le versement de l’allocation d’adulte handicapé.e dépend des revenus du conjoint).

Nous dénonçons l’élection à la présidence du parlement européen d’une parlementaire anti-avortement et nous exigeons que le droit à l’IVG entre dans la charte des droits fondamentaux. En France, l’allongement du délai pour avorter doit enfin être voté, plus question d’être obligée de partir à l’étranger !

L’éducation non sexiste, la lutte contre les stéréotypes dans les manuels scolaires, contre le cyberharcèlement doivent enfin être effectives ! L’orientation ne doit plus être genrée, personne ne doit contrôler nos corps et la façon dont nous nous habillons !

→ Nous voulons avoir du temps pour nous, nous en avons assez d’assurer toutes les tâches à la maison, parce que c’est l’égalité et que nous le valons bien !

Nous refusons d’être les variables d’ajustement, celles qui sacrifient leur travail, qui enchaînent les doubles journées avec le ménage, les courses, la cuisine, etc. pour pallier les déficits de services publics et prendre soin des enfants ou des personnes dépendantes. Comble du mépris : notre travail est si dévalorisé que deux ans après le début de la crise sanitaire, le pouvoir fait toujours comme si on pouvait télétravailler tout en gardant les enfants ! Nous voulons une réduction du temps de travail pour toutes et tous, allongement du congé maternité et du congé paternité et d’accueil de l’enfant, nous voulons une meilleure rémunération du congé parental pour qu’il soit plus partagé, nous voulons un vrai service public de prise en charge de la petite enfance et de la dépendance !

Le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous ferons la grève féministe partout dans le monde pour

  • Affirmer notre solidarité avec les femmes du monde entier qui subissent la répression, la négation de leurs droits, à commencer par nos sœurs d’Afghanistan, violemment réprimées par les talibans et abandonnées par les pays occidentaux
  • Exiger des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, sachant que pour les seules violences conjugales, le Conseil Economique Social et Environnemental estime à 1 milliard l’investissement nécessaire. Afin de prévenir toutes les formes de violence, il est indispensable d’accompagner et protéger les victimes, de former toutes les personnes qui travaillent à leurs côtés, de sanctionner les agresseurs, de faire appliquer les lois existantes et de compléter la législation.
  • Exiger l’égalité salariale et professionnelle et dénoncer le fait que les femmes sont toujours payées un quart en moins. En France, c’est comme si nous arrêtions d’être payées chaque jour à partir de 15h40
  • Revendiquer la revalorisation des métiers féminisés, la fin de la précarité et des temps partiels et l’application de la loi qui – depuis 50 ans ! – prévoit un salaire égal pour un travail de valeur égale
  • Obtenir le rattrapage des pensions des femmes retraitées qui sont inférieures de 40% à celles des hommes
  • Exiger un investissement financier et un recrutement massif dans les services publics, notamment dans les secteurs du soin, du lien et de l’éducation pour socialiser les tâches domestiques !
  • Développer une éducation féministe et égalitaire qui lutte enfin contre les stéréotypes et les violences et qui donne à tou.te.s la possibilité de réussir leur parcours scolaire et professionnel
  • Exiger l’allongement des délais pour l’IVG et l’accès sur l’ensemble du territoire à des centres IVG

Ce 8 mars, nous serons à la veille des élections présidentielles. Le gouvernement et le patronat bloquent toute avancée et multiplient le féminisme washing. Pire, la réaction masculiniste s’organise relayée par l’extrême droite qui revendique un discours sexiste, raciste et LGBTophobe. Partout dans le monde, la première chose que font ces partis réactionnaires quand ils arrivent au pouvoir, c’est de remettre en cause les droits fondamentaux des femmes.

Alors que la « grande cause » d’Emmanuel Macron s’est avérée une vaste opération d’enfumage, que les idées misogynes relèvent la tête, nous donnons rendez-vous à toutes les femmes, à tous et toutes les féministes. Le 8 mars, on s’arrête tout.e.s. On se met en grève. Plus de bla bla, plus de promesses sans lendemain, des actes. Ne nous libérez pas, on s’en charge ! “

Appel lancé par : Action Aid Peuples Solidaires, Appel Femmes Debout, Assemblée des Femmes, Association Nationale des Etudes Féministes (ANEF), APEL-Égalité, ATTAC, Chiennes de garde, CGT, Collectif National pour les Droits des Femmes, Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV), CFD syndicale afghane, Collectif Tenon, Collectif bas les masques, Les Effrontées, Émission Remue Méninge féministe, Enfants d’Afghanistan, la FAGE, Féministes Tunisiennes, Femmes Egalité, Femmes Solidaires, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir – FDFA, Fffrac, FIDL, Fond pour les Femmes en Méditerranée, Fondation Copernic, FSU, Hero.ïnes 95, Latir Por Mexico, Las Rojas, Les Rosies, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie-LFID, Maison des femmes de Paris, Maison des Femmes Thérèse Clerc Montreuil, Marche mondiale des femmes France, Mariachi au féminin ArrieraSomos, Mémoire Traumatique et Victimologie, Mouvement Femen, Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-F), Negar- soutien aux femmes afghanes, Nous Toutes, NUAWE, Osez le féminisme, Planning Familial, Plus jamais ça, RajFire, Réseau Féministe « Ruptures », Solidaires, Stop Violences Obstetricales et Gynécologiques, SKB, UNEF, Union Nationale des Familles de Feminicides (UNFF), Union citoyenne pour la liberté, Urgences Afghanes.

Soutien des partis politiques : EELV, Ensemble !, France Insoumise, Génération.s, NPA, Parti de Gauche, PCF, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti Socialiste, Place Publique, Union des Communistes Libertaires