FREE PALESTINE

Devant l’insoutenable massacre perpétrer par l’état israélien en Palestine nous poursuivons sa dénonciation et cherchons ça et là des raisons de ne pas désespérer. Des positions d’intellectuelles, des rassemblement, des réunions publiques, des actions, des grèves prouvent que malgré la répression, la frilosité ou la complicité des gouvernements, des organisations politiques et syndicales les résistances existent.

Déclaration de Sarajevo du Tribunal pour Gaza

2 juin 2025 Nous, membres du Tribunal de Gaza, réunis à Sarajevo du 26 au 29 mai 2025, exprimons notre indignation morale collective face au génocide qui se poursuit en Palestine, notre solidarité avec le peuple palestinien, et notre engagement à travailler avec des partenaires de la société civile mondiale pour mettre fin à ce génocide, garantir la poursuite des auteurs et de leurs complices, obtenir réparation pour les victimes et les survivants, construire un ordre international plus juste et œuvrer pour une Palestine libre.

Téléchargez la déclaration, format .pdf.

Nous condamnons le régime israélien, le génocide qu’il mène, et les décennies de sa politique et ses pratiques en matière de colonialisme de peuplement, ethno-suprémacisme, apartheid, ségrégation raciale, persécutions, implantations illégales, déni du droit au retour, punitions collectives, détentions massives, tortures et traitements cruels et inhumains, exécutions extrajudiciaires, violences sexuelles systématiques, démolitions, déplacements et expulsions forcés, purges ethniques et changement démographique forcé, famine imposée, déni systématique de tous les droits économiques et sociaux, et extermination.

Nous sommes horrifiés par la politique du régime israélien, qui ravage méthodiquement l’existence des Palestiniens : leurs vies, leurs terres et leur survie économique. Les sources et systèmes d’alimentation d’eau, les structures de soins de santé, d’éducation, de logement, de culture, ainsi que les mosquées, églises, installations d’aide et abris pour les réfugiés sont systématiquement détruits. Le personnel soignant, les reporters, les humanitaires, les agents des Nations unies sont délibérément ciblés, de même que les civils : enfants, personnes âgées, femmes et hommes, filles et garçons, personnes handicapées ou malades.

Nous exigeons le retrait immédiat des forces israéliennes et la fin du génocide, de toutes les opérations militaires, des déplacements forcés et des expulsions, des activités de colonisation, ainsi que du siège de Gaza et des restrictions de circulation en Cisjordanie. Nous réclamons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers, les milliers d’hommes, femmes et enfants détenus de manière abusive dans des centres de détention israéliens. Nous insistons sur la reprise de l’aide humanitaire massive à l’ensemble de la bande de Gaza, sans délai, sans restriction ni interférence, incluant nourriture, eau, abris, fournitures et équipements médicaux, équipements sanitaires, équipements de sauvetage, ainsi que matériaux et équipements de construction. Nous demandons aussi le retrait complet de toutes les forces israéliennes de l’ensemble des territoires libanais et syrien.

Nous appelons tous les gouvernements ainsi que les organisations régionales et internationales à mettre fin au scandale historique de l’inaction qui a marqué ces dix-neuf derniers mois, à réagir d’urgence et par tous les moyens disponibles pour stopper l’offensive et le siège israéliens, à faire respecter le droit international, à traduire en justice les auteurs de ces crimes et à fournir sans délai aide et protection au peuple palestinien.

Nous dénonçons la complicité persistante des gouvernements dans la perpétration des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et du génocide commis par Israël en Palestine, ainsi que le rôle honteux de nombreux médias dans leur couverture du génocide, leur déshumanisation des Palestiniens et leur propagation d’une rhétorique alimentant le racisme anti-palestinien, les crimes de guerre et le génocide.

Nous dénonçons avec la même fermeté la vague de répression et de persécutions menée par les gouvernements occidentaux, forces de police, secteur privé et institutions éducatives contre : les défenseurs des droits humains, militants pour la paix, étudiants, universitaires, travailleurs, professions libérales et autres. Nous rendons hommage à ceux qui, malgré cette répression, ont eu le courage et les convictions morales de se lever et dénoncer ces horreurs historiques. Nous insistons sur la pleine protection des droits humains que sont la liberté d’expression, d’opinion, de réunion et d’association, ainsi que le droit de défendre les droits humains sans harcèlement, représailles ou persécution.

Nous rejetons la tactique injuste qui consiste à qualifier d’« antisémites » ou de « soutiens du terrorisme » tous ceux qui osent s’exprimer et agir pour défendre les droits du peuple palestinien, condamner les injustices et atrocités du régime israélien, et sa pratique de l’apartheid et du génocide, ou critiquer l’idéologie sioniste. Nous sommes solidaires de tous ceux qui ont été diffamés ou punis de la sorte.

Nous sommes convaincus que la lutte contre toutes les formes de racisme, d’intolérance et de discrimination inclut nécessairement un rejet égal de l’islamophobie, du racisme anti-arabe et anti-palestinien et de l’antisémitisme. Elle implique aussi de reconnaître les effets dévastateurs que le sionisme, l’apartheid et le colonialisme de peuplement ont eus, et continuent d’avoir, sur le peuple palestinien. Nous nous engageons à lutter contre tous ces fléaux.

De plus, nous rejetons l’idéologie destructrice du sionisme, en tant qu’idéologie officielle de l’État israélien, des forces qui ont colonisé la Palestine et établi l’État israélien sur ses ruines, ainsi que des organisations et relais pro-israéliens actuels. Comme le proclame la Déclaration universelle des droits humains, nous affirmons que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, sans aucune exception. Nous appelons à la décolonisation sur toute la terre, à la fin de l’ordre suprémaciste et au remplacement du sionisme par un système fondée sur l’égalité des droits pour tous – chrétiens, musulmans, juifs et autres.

Nous sommes inspirés par la résistance courageuse et la résilience du peuple palestinien face à plus d’un siècle de persécutions, ainsi que par le mouvement grandissant de millions de personnes à travers le monde qui se tiennent à ses côtés en solidarité, y compris l’engagement militant et les actions non-violentes de milliers de militants juifs rejetant le régime israélien et son idéologie ethnonationaliste, et qui ont proclamé que ce régime ne les représente en rien et n’agit pas en leur nom.

Nous reconnaissons le droit du peuple palestinien à résister à l’occupation étrangère, la domination coloniale, l’apartheid, l’assujettissement par un régime raciste et l’agression, y compris par la lutte armée, conformément au droit international et comme affirmé par l’Assemblée générale des Nations unies.

Nous rappelons que le droit des Palestiniens à l’autodétermination relève du jus cogens et erga omnes (règle universelle ne souffrant aucune exception et s’imposant à tous les États) et qu’il est non négociable et axiomatique. Nous reconnaissons que ce droit comprend : l’autodétermination politique, économique, sociale et culturelle, le droit au retour et à une compensation intégrale pour tous les préjudices subis pendant un siècle de persécutions, à la souveraineté permanente sur les ressources naturelles, à la non-agression et à la non-ingérence. Nous respectons les aspirations des Palestiniens, ainsi que leur pleine autonomie pour toutes les décisions affectant leur existence, et nous exprimons notre solidarité.

Nous sommes gravement préoccupés par le cours que prennent les relations internationales, la politique internationale et les institutions internationales, ainsi que par les attaques contre les institutions internationales ayant dénoncé le génocide et l’apartheid en Palestine. Ces fondements normatifs de l’ordre mondial, basés sur les droits humains, l’autodétermination des peuples, la paix et le droit international, sont sacrifiés sur l’autel d’un réalisme politique cynique et d’une soumission obséquieuse à l’égard du pouvoir, laissant le peuple palestinien sans défense, exposé en première ligne. Nous affirmons qu’un autre monde est possible, et nous nous engageons à nous battre pour qu’il voie le jour.

Nous craignons que l’ordre normatif international naissant et imparfait, élaboré depuis la Seconde Guerre mondiale, avec les droits humains pour fondement, ne risque aujourd’hui l’effondrement en raison des attaques prolongées menées par les alliés occidentaux du régime israélien, déterminés à garantir son impunité. Nous nous engageons à combattre cette offensive et à œuvrer pour protéger et faire avancer l’idéal d’un monde dans lequel les droits humains seraient régis par l’État de droit, en commençant par lutter pour la liberté des Palestiniens. Nous estimons qu’il faut réformer et corriger les faiblesses et inégalités instituées dès l’origine du système international, notamment : le droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, la marginalisation de l’Assemblée générale et les obstacles entravant l’exécution des arrêts de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Nous exigeons une action immédiate pour isoler, contenir et traduire en justice le régime israélien par le biais du boycott universel, du désinvestissement, des sanctions, d’un embargo militaire, de la suspension des organisations internationales et de la poursuite de ses responsables. Nous nous engageons à défendre cette cause. Nous exigeons aussi que soient pénalement responsables tous les dirigeants politiques et militaires, soldats et colons israéliens impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, génocide ou violations flagrantes des droits humains, et que répondent de leurs actes toutes les personnes et entités complices des crimes de ce régime, y compris ses soutiens externes, les responsables gouvernementaux, les entreprises, les fabricants d’armes, les sociétés énergétiques, les firmes technologiques et les institutions financières.

Nous saluons la Cour internationale de justice (CIJ) pour la procédure en cours pour génocide contre le régime israélien et pour son avis consultatif historique concluant à l’illégalité de l’occupation israélienne, du mur d’apartheid et des pratiques d’apartheid et de ségrégation raciale. Nous saluons aussi ses conclusions selon lesquelles les droits du peuple palestinien ne peuvent dépendre de son oppresseur, ne sont pas négociables, et que tous les États ont l’obligation de s’abstenir de tout traité, relations économiques, commerciales, diplomatiques ou d’investissements avec le régime d’occupation d’Israël. Nous célébrons l’action exemplaire de l’Afrique du Sud qui a porté devant la CIJ l’affaire historique de génocide contre le régime israélien.

Nous appelons tous les États à garantir la mise en œuvre intégrale des mesures conservatoires ordonnées par la CIJ dans l’affaire pour génocide contre Israël, à respecter pleinement les conclusions de l’avis consultatif de la CIJ de juillet 2024, à appliquer sans réserve la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies du 13 septembre 2024 (A/ES-10/L.31/Rev.1), notamment en mettant fin à tout commerce d’armes avec le régime israélien, en instaurant des sanctions à son encontre et en soutenant la traduction en justice de tous les criminels israéliens. Nous exhortons les organisations de la société civile et les mouvements sociaux du monde entier à lancer et renforcer des campagnes de soutien aux décisions et avis de la CIJ sur la Palestine, et à pousser leurs propres gouvernements à s’y conformer.

De même, nous saluons la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir émis, bien que tardivement, des mandats d’arrêt à l’encontre de deux hauts responsables du régime israélien. Nous appelons la CPI à accélérer la procédure concernant ces dossiers et à délivrer sans délai des mandats supplémentaire contre d’autres responsables israéliens, civils et militaires. Nous exhortons tous les États parties à la CPI à remplir d’urgence leur obligation d’arrêter ces auteurs et de les remettre à la justice, et nous exigeons que les États-Unis lèvent immédiatement toutes les sanctions contre la CPI et cessent leur obstruction à la justice.

Nous exprimons notre gratitude et notre admiration envers les procédures spéciales indépendantes du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour leurs contributions d’experts et leur voix forte et intègre demandant la responsabilisation du régime israélien et défendant les droits humains du peuple palestinien. Les membres de ce conseil se sont révélés être la conscience morale de l’ONU, et nous appelons les Nations unies et tous les États membres à défendre sans faille ces titulaires de mandat. Nous saluons aussi l’action exemplaire des agences onusiennes – au premier rang desquelles l’UNRWA – dans leur défense des droits du peuple palestinien et la fourniture d’aide et secours aux survivants du génocide en Palestine, en dépit de risques et obstacles jamais vus.

Nous sommes convaincus que le monde se trouve au bord d’un dangereux précipice, dont la lisière est en Palestine. Des forces redoutables, tant publiques que privées, nous poussent vers l’abîme. Les événements des dix-neuf derniers mois et nos propres réflexions nous ont persuadés que les organisations internationales clés et la majorité des pays du monde, qu’ils agissent seuls ou collectivement, ont échoué dans la défense des droits du peuple palestinien et dans la réponse au génocide perpétré par le régime israélien. Désormais, le défi de la justice repose sur les personnes de conscience du monde entier, la société civile et les mouvements sociaux, sur nous tous. C’est pourquoi, dans les mois qui viennent, nous nous consacrerons à relever ce défi. Des vies palestiniennes sont en jeu. L’ordre moral et juridique international est en jeu. Nous ne pouvons pas échouer. Nous ne faiblirons pas.

Le Comité de Pilotage du Tribunal : Richard Falk, Ahmet Köroglu, Hilal Elver, Raji Sourani, Lara Elborno, Penny Green, Wesam Ahmad, Craig Mokhiber.

29 mai 2025 – Gaza Tribunal – Traduction : Chris & Dine

“Quelle perspectives pour une Palestine libre laïque démocratique de la mer au Jourdain”

Le vendredi 14 mars OCLM-VP organisait une réunion publique intitulée « quelle perspective pour une Palestine libre laïque démocratique de la mer au Jourdain » avec la participation de Naji El Khatib, universitaire palestinien militant de l’initiative pour un Etat démocratique (ODSI). Nous vous diffusons aujourd’hui le montage réalisé à partir des prises de paroles enregistrées lors de cette réunion.

Dans cet article nous vous faisons suivre l’interview du militant de l’ODSI, intitulé l’ initiative pour un seul Etat démocratique en Palestine, publié dans le Magazine Partisan en Décembre 2024.

Interview également disponible en anglais : https://ocml-vp.org/article2714.html

Plus d’informations en français (et en anglais) sur leur site https://odsi.co/fr/

Peux-tu nous présenter l’Initiative ?

L’Initiative pour l’État démocratique unique (ODSI) est une initiative politique qui œuvre en Palestine et dans la diaspora palestinienne pour faire revivre la proposition palestinienne historique, à savoir une Palestine démocratique et laïque, du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée. L’ODSI a émergé au sein de la mouvance ODS qui a commencé à se constituer suite au congrès de Munich en 2012, suivie par le congrès de Zurich en 2014.
Le Congrès d’Istanbul de 2017 a propulsé les bases politiques de ce qui est devenu l’ODSI autour de 2022. Ses bases sont des marquages forts distinguant ODSI des autres groupes ODS, à savoir le refus d’amalgamer l’État démocratique avec l’État binational, considérant que l’État démocratique est un État laïque par essence et que la question de la démocratie est universelle, c’est-à-dire qu’elle soutenait tous les combats pour la démocratie aux échelles internationale, régionale et surtout dans les pays arabes limitrophes de la Palestine.

Que révèle le génocide mené à Gaza de la nature du sionisme ?

Le génocide qui accompagne la colonisation de peuplement est apparu clairement comme un élément « structurel » dans le projet sioniste et non pas un « moment » ou un « évènement » donné dans un conflit militaire.
Patrick Wolf a remarqué que la colonisation de peuplement (Settler Colonialism) qui provoque des évènements majeurs comme le génocide, comme la Nakba de 1948, représente « une réalité continue » et cette réalité sur la durée n’est que la démonstration d’une structure propre qui dépasse de loin un simple évènement du passé (ou du présent génocide à Gaza).
Le génocide est alors, un élément constituant du projet sioniste, c’est-à-dire :
Créer un État colonial avec sa base sociologique qui nécessite la disparition physique des natifs autochtones.
La création de toute pièce de cette Colonie-ghetto ne peut se faire que par la force destructrice d’un État puissant et d’une société spartiate militarisée ;
Cette « dérive » fasciste qui est largement partagée, n’est en réalité qu’un élément essentialiste et profond du projet sioniste :
99 députés sur 120 députés à la Knesset ont approuvé le génocide à Gaza (11 abstentionnistes et 10 députés palestiniens contre la politique génocidaire) ;
Le génocide culturel par la destruction massive des universités, des écoles, des bibliothèques, des centres culturels, des théâtres et l’assassinat de centaines d’académiciens, d’écrivains et d’artistes, (et même du Palais de Justice) accompagnent le génocide physique des civils. Il est même sa condition sine qua non comme l’a noté Richard Ovenden par rapport à la guerre en Bosnie

L’hystérie collective gagne même Yossi Beilin, un des architectes des Accords d’Oslo qui approuve le génocide à Gaza ;
La jubilation des soldats devant les scènes d’horreur : le sadisme d’un officier qui fait exploser des bâtiments en guise de cadeau pour sa fille qui fête son anniversaire, le char qui écrase le cadavre d’un palestinien à plusieurs reprises, etc… ; la liste est longue, sans rajouter des descriptions insoutenables des traitements inhumains et dégradants, ainsi que la torture systématique infligée aux prisonniers politiques…

Le Fatah et l’Autorité Palestinienne sont devenus des instruments aux mains du colonialisme et de l’impérialisme. Le Hamas prétend représenter une alternative et revendique d’avoir repris le leadership politique palestinien. Que faut-il en espérer ?

S’il est vrai que le Fatah est le parti unique de l’autorité de Ramallah, il faut faire la distinction entre les deux entités, car le Fatah, en tant que grande organisation de masse qui inclut un nombre conséquent de différents segments de la société palestinienne, reste lié à la question nationale et ses principaux constants. Cela dit, c’est injuste de les amalgamer allégrement car il existe encore des forces et des groupements dans les rangs du Fatah qui s’opposent à la politique de l’Autorité de Ramallah, même si elles ne sont pas capables de corriger le cours politique des dirigeants du Fatah.
L’Autorité est devenue une autorité fonctionnelle affiliée à Israël et aux États-Unis, et cela ne s’applique pas au Fatah dans son ensemble en tant qu’organisation de masse.
Quant au Hamas, dont le rêve historique est de remplacer l’OLP et le Fatah pour devenir « le représentant » unique de la cause nationale, il a été la première victime de l’attaque de 7 Octobre. Cela confirme l’idée que Hamas est toujours victime de ses propres succès :
En 2006, sa victoire électorale la transforme d’une organisation de résistance à une organisation étatique (au moins à Gaza) gérant les affaires civiles d’une zone sinistrée, sous siège militaire intégral et sans ressources. Hamas, en se transformant en semi-structure-étatique, a perdu de la crédibilité et de la popularité (au mois chez les Gazaouis) et a montré son incapacité à construire un régime qui respecte les aspirations légitimes de son peuple (autoritarisme excessif, répression sociale et surtout contre les femmes et exclusivité du pouvoir vis-à-vis des autres organisations politiques).
L’autre aspect de cet échec de la victoire de 2006 est l’insaturation de la première division profonde et le plus long dans l’histoire de la classe politique palestinienne. Ajoutons à cela que le régime du Hamas à Gaza a été similaire à celui de l’Autorité de Ramallah dans ses pratiques répressives au quotidien.
Cette situation est dramatique, car d’une part, le Hamas ne pourra pas occuper les sites de combats abandonnés par l’OLP, et d’autre part les forces démocratiques indépendantes (y compris certaines forces au sein du Fatah), n’ont pas encore été en mesure de représenter une véritable alternative. Nous sommes dans l’impasse terrifiante et notamment dans ce temps de génocide et de guerre totale qui se passe de Gaza jusqu’à la Cisjordanie.

Certains Palestiniens pensent que la solution passe par une résurrection de l’OLP, en la rendant plus démocratique et en l’ouvrant à d’autres fractions. Est-ce une solution ?

Oui, certains pensent qu’il y a toujours une possibilité de restructurer l’OLP sur des nouvelles bases plus démocratiques, mais personne ne croie que cette démocratisation passe par l’ouverture de l’OLP sur ces autres factions qui ne sont pas elles-mêmes démocratiques.

L’OLP a été créée sur un système de quotas attribués arbitrairement à des différentes organisations selon les conjonctures politiques du moment, et ce système n’est guère démocratique. Cela dit, Hamas doit trouver sa place à côté du Fatah dans cette OLP reconstruite (si elle sera reconstituée ?) et les 12 autres factions-coquilles-vides vieillissantes doivent se retirer de la scène politique pour permettre aux autres forces sociales et politiques indépendantes de se développer pour exister. Personnellement, je ne crois pas trop que la solution est de renouveler l’OLP qui a été le produit de son temps (guerre froide, guerres des libérations nationales triomphantes, montée des mouvances des gauches radicales, etc) et ce temps est révolu.
L’imaginaire politique palestinien doit trouver d’autres voies pour sortir de cette vacuité de pouvoir représentatif véritable du peuple palestinien.

Pourquoi la Solution à deux États est une illusion ?

Tout d’abord, c’est une « solution » (s’il s’agit réellement d’une solution) archaïque et raciste, les Palestiniens dans leur État et les juifs israéliens dans le leur. Mais en réalité, les accords d’Oslo dans la perception de la « gauche » israélienne au pouvoir dans ces moments-là, n’ont jamais envisagé la création d’un État palestinien véritablement souverain et indépendant. La preuve en est que dans ces dits « Accords » de 600 pages, ne contiennent pas un seul mot sur : Mettre fin à l’occupation, Mettre fin à la colonisation, ou un seul mot mentionnant la création d’un État palestinien.
Il s’agit tout simplement d’une supercherie grossière qui a duré 30 ans déjà. Dans ces temps de « négociations » surréalistes, mais hautement bénéfiques pour la colonisation : le nombre de colons en Cisjordanie est passé de 160.000 en 1994 à 800.000 colons en 2022 (des autres sources évoquent un million de colons déjà installés) et le nombre des colonies a triplé. Les territoires présumés faire la base territoriale du futur État-fiction sont passés de 23% de la terre de la Palestine mandataire à, à peine 9%.
La « non-solution » des deux États a été conçue et planifiée par l’établissement sioniste pour la gestion du conflit et non pas pour sa résolution.

Peux-tu nous expliquer la différence entre un État démocratique et un État binational ?

ODSI est la continuation d’un groupe constitué pendant les travaux de Congrès ODS d’Istanbul de 2017 tel que précédemment mentionné. L’un des points de divergence avec d’autres congressistes et d’autres groupements ODS comme le groupe de Haïfa a été autour de cette question binationale.
Cette question controversée concerne la communauté juive israélisée comme un groupe national constitué ou comme une communauté à marquage culturelle et cultuelle a dominé les débats sur les années de 2018 à 2020.
Pendant ces années, une tendance minoritaire vers le bi-nationalisme de l’État démocratique commence à s’exprimer tièdement au sein du groupe ODS-Haïfa donnant des indications proactives de ce qui va devenir plus tard (et sans ambiguïté) la position de la Campagne « for One Democratic State » (ODSC).
Ainsi, et sous l’influence de l’un des dirigeants d’ODSC, Jeff Halper, nous étions confrontés à la reconnaissance de l’idée que les Juifs ou les Israéliens constituent une seule nationalité (un groupe national) avec la nécessité de leur accorder des droits collectifs spécifiques, ce qui nous amène à la conclusion (par extension) qu’ils ont le droit à l’autodétermination et, conséquemment à leur État national.
Ceci est incompatible avec le principe d’un État démocratique unique, qui considère cet État comme un État de citoyens égaux sans tenir compte de leurs spécificités culturelles et religieuses, c’est-à-dire que l’État démocratique est un État inclusif, non-national (postnational), ni juif ni islamique, ni État charia ni État de halakha et il ne peut pas être similaire au modèle occidental en tant qu’ « État-nation ».

Si nous acceptons que leur spécificité religieuse en tant que Juifs est une spécificité nationale, à savoir si nous acceptons de facto qu’ils constituent un groupe national qui s’accomplit en tant que nation, une nation dont les membres jouissent de droits collectifs sur la base de ce lien national qui les unit.
Si nous acceptons l’idée de la nation juive ou juive-israélienne, nous capitulons devant les thèses sionistes. Nous avons averti nos camarades de ce danger de légitimer le récit sioniste fondateur qui considère tous les Juifs comme membres d’une nation éternelle à travers les âges et dans tous les pays dont ils faisaient partie. Ici, nous nous sommes opposés à cette dérive acceptant cette revendication sioniste qui est le support central de l’établissement de l’État juif en tant qu’État-nation exclusif.
ODSI a produit un texte détaillant cette différence majeure entre État démocratique de citoyenneté et un État binational. (Je peux vous fournir ce document que nous avons intitulé « ODS ou OBS » si vous souhaitez)

Quel est votre point de vue sur la gauche palestinienne, notamment le FPLP ?

La gauche palestinienne, dépendante des régimes autoritaires et sanguinaires de Damas et de Téhéran, a perdu toute crédibilité, surtout le Front populaire. Les Fronts populaires et démocratiques sont devenus des organismes formels vivant des gloires d’un passé lointain de lutte, tandis que leurs appareils bureaucratiques continuent d’exister en marge des événements.
Les fragments de gauche restants dans leur discours ne peuvent pas cacher leur dépendance à l’égard des forces qui oppriment brutalement leur peuple (le régime syrien ne tue pas seulement des Syriens, mais aussi des Palestiniens de Syrie). Nous pouvons dire sans hésitation qu’il n’y a plus de gauche Palestinienne organisée à l’heure actuelle mais il y a un peuple de gauche indépendant et des militants isolés au sein de ces deux organisations.

Pensez-vous qu’il existe, parmi les Juifs israéliens, une fraction de la population qui puisse être ralliée au projet d’un État démocratique ?

Nous ne cultivons pas d’illusions concernant une adhésion rapide et large pour l’État démocratique, notamment dans ces derniers temps où il y a une polarisation rampante vers le fascisme populaire et institutionnel. Il reste que l’État démocratique est une proposition politique palestinienne adressée aux Palestiniens et aux Israéliens comme les deux partenaires de ce futur État. Ce qu’il y a de pire dans la société israélienne, c’est l’expansion flagrante d’une droite suprémaciste et raciste, héritière de feu le rabbin Kahane. Et pour contrôler le pouvoir, elle a dû faire une place de choix à l’extrémiste Itamar Ben Gvir, admirateur avoué de Baruch Goldstein, l’auteur du massacre des Palestiniens d’Hébron, en 1994.
Cette dérive vers la droite extrême, il n’aura pas fallu vingt ans pour que les amis de l’assassin d’Itzhak Rabin parviennent au pouvoir. En Israël d’aujourd’hui, le crime paie ! Il ne faut pas croire que Ben Gvir est un extrémiste isolé dans la petite cour des miracles de Netanyahou. Il a recueilli 10 % des voix. Son parti est le troisième de la Knesset. Et d’autres personnages, comme Bezalel Smotrich ou Naftali Bennett, rivalisent de racisme et de haine avec lui.
En effet, il faut rappeler que la droitisation, comme on dit, n’est pas le seul fait de la droite. La gauche y a largement contribué en se sabordant en 2001, sous les auspices du tandem travailliste Ehud Barak-Shimon Peres. L’histoire de la gauche sioniste n’est qu’une longue déchéance dont les résultats des dernières législatives sont l’aboutissement tragique, avec un parti travailliste réduit à quatre sièges et la disparition du Meretz. On peut toujours gloser sur la droitisation de la société israélienne, mais que peut-il advenir d’autre quand les partis de gauche se sabordent ?
Dans ce climat néfaste que la société Israélienne traverse, nous pouvons affirmer sans hésitation l’opposition de la majorité des Israéliens aux thèses ODS car ils les perçoivent comme une menace à l’identité juive de l’État d’Israël. Ils craignent qu’un État démocratique conduise à une situation où les juifs deviendraient une minorité, mettant fin au caractère exclusivement juif de l’État.

En dehors de cette majorité, il y a des voix minoritaires des juifs israéliens dé-sionisés, des intellectuels, des universitaires et des journalistes qui luttent contre cette machine de propagande qui conditionne la société israélienne et déshumanise les Palestiniens pour justifier les pires crimes.
Le célèbre historien Ilan Pappé s’adresse à son pays en novembre 2023 en disant « qu’il n’est pas toujours facile de s’en tenir à sa boussole morale, mais si elle pointe vers le nord (vers la décolonisation et la libération) alors elle vous guidera très probablement à travers le brouillard de la propagande vénéneuse. »
Ensuite, malgré des années d’endoctrinement et d’ingénierie sociale sioniste, il y a quelques segments des Mizrahis (juifs orientaux), des libéraux sionistes qui essayent de se libérer du sionisme et de son État juif exclusif.

En France, comme dans beaucoup de pays occidentaux, les médias bourgeois et les gouvernements impérialistes veulent criminaliser l’antisionisme, en prétendant qu’il ne serait qu’une variante de l’antisémitisme. Que leur répondez-vous ?

L’antisionisme est une longue histoire proprement juive avant qu’il devienne l’un des aspects de la lutte des Palestiniens contre le projet colonial sioniste. L’histoire du Bund montre que le combat contre le sionisme ne date pas d’aujourd’hui et qu’il a été mené par des juifs qui ont détecté sa nature véritable comme mouvement réactionnaire et colonial au service de la bourgeoisie.
Il faut noter qu’il y avait bien deux voies parmi les juifs d’Europe, et les sionistes n’étaient pas majoritaires. Mais les antisionistes ont tous ou quasi tous été tués, et nous savons fort bien que cela n’a dérangé ni les dirigeants sionistes, ni les dirigeants occidentaux. Après quoi, ils se servent à tout-va du nom de ceux qu’on a tués pour leur projet colonial.
Or, si l’antisionisme a été initié par des juifs qui ne sont pas naturellement d’antisémites, nous ne pouvons pas accuser d’antisémitisme qui combat le sionisme aujourd’hui, le sionisme comme une idéologie nationaliste et raciste au service d’un projet colonial de peuplement.

Comment nommer l’État démocratique pour lequel vous luttez ? État israélo-palestinien ? Palestine laïque et démocratique ?

Le nom de l’État démocratique sera la Palestine, l’État démocratique et laïque de la Palestine.
Tous les juifs en Palestine avant la création de l’État d’Israël ont été naturalisés palestiniens, ils redeviendront de nouveau des Palestiniens à part entière. Devenir palestinien, c’est avoir une identité politique liant l’individu à la communauté politique, qui est post-nationale, post-ethnique, post-religieuse.
Ce citoyen peut avoir une sous-identité au niveau individuel qui le caractérise. Il y aura une réconciliation entre son identité politique de citoyen et sa propre identité individuelle, et il pourra vivre dans ces deux appartenances.

Quelle est la place des religions dans la perspective d’un État démocratique ?

Cette question a été un des axes de divergence dans le Congrès ODS à Istanbul. Ici, la première question controversée restée en suspens depuis ces années (2018-2019) tournait autour de la nécessité de définir la nature de cet État promis, la nature de son système politique et la nécessité de coupler son essence laïque avec sa politique démocratique.
Cette question laïque est toujours un sujet de débat vu la « résistance » des courants traditionalistes et islamistes contre son adoption, mais, nous insistons dans ces débats sur l’idée que le seul État respectueux de la religion est l’État laïque, car cet État est le garant du respect de toutes les croyances y compris religieuses. Nous introduisons dans ces débats ouverts nombres de points et surtout « la neutralité » de l’État vis-à-vis les diverses croyances de ses citoyens et que l’État en soi n’a pas de religion déclarée.
La persistance de ces débats a amené l’ODSI, lors d’une conférence en juillet dernier, à traiter ce sujet explosif pour formuler des réponses claires étant donné le rôle important que jouent la culture populaire islamique et la philosophie politique islamiste en Palestine. Comment pouvons-nous gérer ces tendances et convaincre les gens de notre vision ?
En effet, l’islam politique présente un obstacle important en raison de sa nature prescriptive et du renforcement des mouvements du Hamas et du Jihad au cours des dernières décennies. Avant cette conférence en juillet, nous avons aussi débattu cette question en mai dernier avec un groupe juif israélo-américain (Shoresh). La question concernant le rôle de la religion a été posée dans le terme « comment imaginez-vous que l’idée d’un État laïc puisse fonctionner étant donné le rôle central que joue la religion à la fois dans l’identité des peuples, leur autodétermination et leur gouvernance ? »

Nous avons formulé la réponse qu’il y a un problème dans la pensée orientaliste en Occident (et par extension chez les Israéliens), et ce problème consiste à considérer la religion comme quelque chose d’essentialiste, immuable, durable, non changeant, non évolutif  ; figé dans le temps…
En réalité, il ne s’agit que d’idées préconçues que la vie réelle nie.
La religion, comme tout système de valeurs et de pensée idéologique et comme l’une des composantes d’une identité collective, est l’objet de changements, d’acculturation, d’adaptation.
Le rôle du pouvoir politique est majeur et crucial dans ces changements, adaptations, modifications :
Il suffit que la loi s’adresse directement à l’individu sans l’intermédiaire de sous-pouvoirs communautaires ou religieux. L’individu, le citoyen, doit exister à titre individuel et non en tant que membre d’une communauté.
L’État et ses institutions sont neutres par rapport à ce citoyen.
Cet État inclusif instaurera des valeurs communes de citoyenneté politique et non ethnique ou religieuse. L’État laïque et démocratique est le seul représentant de sa communauté de citoyens  ; il est avant tout une communauté politique. L’identité sera une identité politique et non ethnique ou religieuse. Dans ces conditions, la religion et l’identité particulière demeurent confinées à la sphère privée. Il est évident que la loi de cet État exclura la charia, la halakha et leurs dictats imposés au comportement de l’individu.

Comment imaginer le retour des réfugiés, revendication très importante du mouvement national palestinien et pierre de touche du colonialisme sioniste ?

La question du retour est doublement essentielle pour les Palestiniens et pour le projet de colonisation israélienne. Pour les Palestiniens, il n’y aura pas de réconciliation avec les Israéliens sans que ces derniers reconnaissent l’injustice qu’ils ont infligé au peuple palestinien en 1948. La seule réparation possible pour ce crime est le retour des Palestiniens dans leur pays natal. Concernant ce hold-up du siècle dernier, le refus des sionistes d’admettre le droit du retour au peuple palestinien signifie le refus du voleur de rendre au propriétaire l’objet volé. Reconnaître le droit de retour signifie que l’acte fondateur de l’État d’Israël a été basé sur le vol de la terre palestinienne, sur le nettoyage ethnique et des massacres pour exproprier la Palestine entière afin de la transformer en État juif exclusivement où il n’y a pas de place pour le Palestinien natif de cette terre.

Comment surmonter les haines accumulées au fil des décennies ?

En politisant la haine, en rendant justice et en appliquant l’« accountability », le principe de responsabilité et l’obligation de rendre compte de leurs crimes de guerre.

Quelles initiatives, l’Initiative a-t-elle mené jusqu’à présent, en Palestine, en Israël ou à l’étranger ? Quelles prochaines initiatives envisagez-vous ?

Nous sommes une jeune organisation et nous (ODSI) ne sommes pas encore assez forts mais nous possédons la force de la proposition ; nous avons mené plusieurs initiatives en Palestine dans la perspective de créer des alliances alternatives pour combattre cette vacuité du leadership palestinien. Nous avons entamé des discussions en 2023 avec la mouvance démocratique palestinienne qui regroupe plusieurs tendances et notamment le « Congrès de 14 millions » dirigé par « Omar Assaf », une personnalité indépendante en Cisjordanie. Nous avons également mené des discussions intenses avec le mouvement de « Moustapha Bargouthi », l’« Initiative Nationale Palestinienne ». Et du côté Israélien, nous avons participé au lancement d’un Appel adressé aux israéliens intitulé « A Notre Autre » et qui a suscité « beaucoup » de réactions et des débats avec ces Israéliens qui commencent à sortir de l’idéologie sioniste. Nous avons aussi entamé des discussions et des projets de travail communs avec un groupe Israélo-américain (Shoresh).
A l’étranger, nous avons lancé un « Appel à nos amis juifs », un appel qui a reçu des bonnes réactions de deux parts, 14 000 palestiniens ont signé l’Appel dès la première semaine de son lancement et des centaines des jeunes juifs, notamment américains, ont adhéré à cet appel. Suite à ces activités, nous avons établi des contacts avec le groupe « Jewish Voice for Peace » aux USA. https://odsi.co/en/statements/open-letter-jewish-allies/
En mars dernier, nous avons participé à une conférence à Bruxelles avec la participation de plusieurs forces politiques et spécifiquement le PTB et des intellectuels comme Ilan Pappé.
En juin, l’ODSI a publié son Manifesto “La Palestine de demain”, signé par 20.668 Palestiniens. https://odsi.co/fr/statements/declaration-tomorrows-palestine

Nous allons lancer prochainement une campagne vers la création d’un mouvement démocratique Palestinien en Palestine et dans la diaspora palestinienne.

Palestine : 1 an de Génocide -Manifestation du 05 octobre 2024

©Olivier Donnars / Le Pictorium/MAXPPP –

Dans l’émission d’aujourd’hui, nous vous diffusons une partie des prise de paroles réalisées lors de la manifestation en soutien à la résistance du peuple palestinien du 05 octobre 2024 à Paris. Ces prises de paroles sont montées avec des extraits de l’émission Israël Palestine : un naufrage médiatique sans précédent, réalisé par Blast.

soirée de soutien au mouvement kanak

La situation actuelle en Kanaky, et le résultat d’une colonisation depuis la prise de possession en 1853, suivie d’interventions dites civilisatrices successives de l’armée pour « pacifier » les Kanaks (alors considéré·es comme sauvages).

Cela suivi d’une accélération de recolonisation de peuplement orchestrée par l’État français avec une reformulation néolibérale depuis 2020 à la nomination de Sébastien Lecornu sous Emmanuel Macron. La Kanaky vit, depuis le 13 mai 2024, une vaste opération de répression coloniale avec un déploiement massif des forces armées françaises sur un territoire déjà en processus de militarisation.

La solidarité en France métropolitaine se poursuit. Le 7 juin dernier a la Parole Errante de Montreuil se tenait une soirée de soutien au mouvement kanak.

Dans l’émission de ce jour, vous entendrez des morceaux choisis de cette soirée, notamment des prises de parole et en seconde partie d’émission, deux entretiens réalisés sur des barrages en Kanaky et diffusé lors de cette même soirée.

ADOLFO KAMINSKY : une vie de faussaire

Dans l’émission de ce jour, nous rendons un hommage à Adolfo Kaminsky

L’actualité des luttes poursuit son travail de diffusion d’histoires d’anonymes qui ont su avec courage et détermination s’inscrire dans l’Histoire en prenant leur responsabilité et en défiant la légalité.

Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l’expert en faux papiers de la Résistance à Paris, il ne sait pas encore qu’il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d’une vie. Durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.

Sa fille, Sarah, retrace son histoire de clandestinité, d’engagement, de combat contre le racisme, pour la solidarité avec la lutte des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l’émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d’Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d’Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d’Afrique, l’opposition aux dictateurs d’Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s’est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté.

À lire : Adolfo Kaminsky Une vie de faussaire chez Calmann-Levy de Sarah Kaminsky

Cette émission fut diffusée pour la première fois, le 12 janvier 2015

SORTIR DU CADRE COLONIAL EN KANAKI NOUVELLE-CALÉDONIE

Après 170 ans de colonisation de la Kanaky, l’État français colonialiste n’entend pas lâcher le plus grand des “territoires non autonomes” qu’elle administre dans l’océan pacifique à plus de 16 000 km de Paris.

Pourtant, le 14 décembre 1960, l’assemblée générale de l’ONU se prononçait pour le droit des peuples et pays colonisés à l’autodétermination. Soixante-deux ans plus tard Emmanuel Macron veut réitérer le “sale coup” du référendum aux Comores perpétré par Giscard d’Estaing.

Alors que les signataires de l’accord de Nouméa s’était entendu pour que la troisième consultation référendaire ait lieu en septembre 2022,

La pandémie a gravement touché les îles où vivent les Kanak depuis le mois de septembre 2021.

Les conditions de circulation et surtout les conditions de décence ne permettent pas aujourd’hui d’organiser une campagne électorale dans une région endeuillée, alors même que de nouvelles restrictions sanitaires sont attendues dans les jours prochains.

Un rassemblement se tenait le 13 novembre dernier, à l’occasion du référendum pour l’indépendance de la Kanaky. Ce rassemblement se déroulait dans le 12ᵉ arrondissement de Paris, près du palais de la porte dorée/musée immigration. Nous vous proposons dans l’émission de ce jour, un reportage réalisé ce même 13 novembre.

Le rendez-vous pour le meeting de soutien au peuple Kanak.

JEUDI 9 DÉCEMBRE A 18 h à la Bourse du Travail

3 rue du Château d’Eau Paris 10ᵉ (métro République)

ADOLFO KAMINSKY : une vie de faussaire

L’actualité des luttes poursuit son travail de diffusion d’histoires d’anonymes qui ont su avec courage et détermination s’inscrire dans l’Histoire en prenant leur responsabilité et en défiant la légalité.

Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l’expert en faux papiers de la Résistance à Paris, il ne sait pas encore qu’il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d’une vie. Durant trente ans, il exécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.

Sa fille, Sarah, retrace son histoire de clandestinité, d’engagement, de combat contre le racisme, pour la solidarité avec la lutte des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l’émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d’Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d’Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d’Afrique, l’opposition aux dictateurs d’Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s’est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices. Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses convictions humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté.

À lire : Adolfo Kaminsky Une vie de faussaire chez Calmann-Levy de Sarah Kaminsky

Cette émission fut diffusée pour la première fois, le 12 janvier 2015