STOP A LA DÉMOLITION DES LOGEMENTS SOCIAUX PAR L’ANRU: Retour de la délégation des Habitants

Le mercredi 24 avril 2024,Le collectif « STOP aux démolitions ANRU » fut reçu par la directrice de l’ANRU (l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine). À sa sortie, la délégation a tenu un point presse devant le siège de l’ANRU situé à Pantin et dans l’émission de ce jour, nous vous proposons l’écoute du reportage réalisé lors du Retour de la délégation des Habitants. En seconde partie d’émission, nous serons à Châtenay-Malabry en compagnie de Geneviève, membre du collectif sauvons la butte rouge.

Dans le numéro précédant de Courant Alternatif, nous relations la mobilisation des collectifs d’habitants de HLM et des architectes contre les projets de démolitions controversés. Le mercredi 7 février 2024 au matin, malgré la pluie, plus de 150 représentants venus de toute la France attendent d’être reçus devant le siège de l’ANRU. Face à l’ampleur inédite de la mobilisation, l’ANRU a finalement accepté de recevoir une délégation, et s’est engagée à organiser un nouveau rendez-vous courant mars.

À l’origine, un collectif d’habitants et un collectif d’architectes du quartier du Mirail à Toulouse combattent ensemble contre la démolition d’un quartier HLM de grande qualité architecturale et environnementale. Ils constatent que des luttes identiques sont menées dans de nombreuses autres villes à travers tout le pays et que l’Agence Nationale de Renouvellement Urbain a détruit plus de 160 000 logements depuis 2004. Ils appellent alors à constituer un Collectif national pour stopper les démolitions. Plus de 58 collectifs locaux, des associations d’architectes et d’urbanistes, ainsi que le DAL, la CNL, la revue Construire, et plus de 800 professionnels et militants de la ville ont répondu à ce jour.

Ils ont constitué le Collectif national et lancé un appel : Stop aux démolitions ANRU ! Pour un moratoire immédiat ! Cet appel déclare que « dans toutes les villes, tous les quartiers où l’ANRU engage une politique de démolitions, la population et les collectifs se mobilisent pour s’y opposer, que partout naît la volonté de ne pas rester isolés, d’unir nos forces nationalement pour être plus forts et faire entendre notre voix ».

Finalement, et bien à contre-cœur, l’ANRU a donné rendez-vous le 24 avril aux représentants du collectif. Le collectif s’est déplacé avec des dossiers précis sous les bras, des cas concrets a abordé, des propositions réalistes à faire pour réfléchir ensemble et construire un projet en phase avec la réalité des besoins écologiques, sociaux de la population. Il demande un moratoire sur les destructions et la mise en place d’une collaboration avec les habitants et les architectes pour réhabiliter les logements sociaux existants.

Au lieu de répondre à cette demande, piétinant une fois de plus la « concertation » inscrite dans les textes, l’ANRU s’y est opposé catégoriquement et a proposé à la place de discuter de l’avenir de l’ANRU après les destructions. Argan qu’il n’était que les exécutants financeurs et qu’il fallait se diriger vers les maires pour contester les projets de destructions ou de réhabilitation/gentrification en cours. Procéder bien connu pour épuiser les forces en se renvoyant la balle pour diluer les responsabilités. Les maires qui se voit de plus en plus en petits seigneurs locaux doté de pouvoirs démesurés par la loi Kasbarian qui légalise le clientélisme.

Toutefois, le collectif, loin d’être dépité, ne lâche pas l’affaire. Ils iront voir les sénateurs, les députés un par un s’il le faut pour tenter d’infléchir les décisions du CA de l’ANRU. C’est une piste ! ils continueront à se rendre visible et interpeller partout lors du congrès des maires, USH Union social pour l’habitat en septembre à Montpellier, par exemple. Les collectifs sont implantés partout et pourront intervenir partout en France lors d’événements pour faire avancer cette idée de moratoire…

Le pays est confronté à une crise du logement, selon l’ancien ministre du Logement Olivier Klein, c’est « la bombe sociale de demain ». Le rapport accablant de la Fondation Abbé Pierre illustre cette réalité : 1,1 million d’habitants sont privés de logement personnel et 4,2 millions souffrent de mal-logement. Le nombre de personnes sans solution d’hébergement s’est accru de 40 % en un an : chaque soir, en octobre 2023, plus de 8 000 personnes à la rue, dont 2 800 enfants, ont été refusées par les centres d’accueil. La majorité des salaires tournent autour du SMIG ; 2,4 millions de ménages, dont 70 % sont éligibles aux logements très sociaux (PLAI) et attendent un HLM (25 % de plus qu’en 2017). La demande explose, mais on n’a jamais aussi peu construit de logements sociaux : moins de 80 000 en 2023. Et l’ANRU, financeur des réhabilitations de logements sociaux, s’acharne à les détruire.

Les expulsions locatives sont, elles, reparties à la hausse dès la fin de la covid, en 2022 : 17 500, avec le concours de la force publique, avant même que le vote en 2023 de l’ignoble loi Kasbarian-Bergé ne réduise encore les droits des locataires. L’investissement public pour le Logement, qui représentait 2,2 % du PIB en 2010, chute à 1,6 %, soit une économie budgétaire annuelle de 15 milliards d’euros. Et, depuis 2017, les coupes dans les APL ont coûté 1,3 milliard d’euros par an aux organismes HLM, qui ont en plus subi une hausse de la TVA, passée de 5,5 % à 10 %.

La Caisse des Dépôts, dont les fonds sont censés construire les logements sociaux, prévoit une chute d’un tiers de la production HLM avec un horizon de 66 000 HLM par an, bien loin des besoins.

En nommant Kasbarian ministre du Logement, Macron envoie un message clair : pour lui et son gouvernement, le logement n’est pas un droit, mais un produit marchand dont le seul intérêt est de spéculer sur les marchés et dégager des profits considérables. Les droits des locataires, les réglementations sur les normes d’habitabilité, les loyers réglementés des HLM, sont autant d’entraves au libre marché et doivent disparaître. Le gouvernement, avec sa loi SRU (loi Solidarité et renouvellement urbain) impose dans chaque ville un taux de 25 % de logement sociaux, PLAI (prêt locatif aidé d’intégration) et PLUS (Prêt Locatif à Usage Social), décide d’y intégrer les logements intermédiaires, dont les loyers n’ont rien de social.

Cet acharnement à détruire les biens communs ne concerne pas que le logement. Le ministre Le Maire annonce une coupe de dix milliards d’euros dans les budgets sociaux. École, Santé, Culture, Environnement, assurance-chômage, rien n’est épargné pour libéraliser l’économie et réorienter son industrie pour produire massivement des armes, des bombes, des obus ; préparer la guerre. Et ce n’est qu’un début !

Pour info « Stop aux démolitions de l’ANRU, pour un moratoire immédiat, pour la réhabilitation » Signer l’Appel sur le site du Collectif national lien : https://sites.google.com/view/stopaux-demolitions-anru

construire.archi@gmail.com

Vous pouvez écouter l’actualitedesluttes.info du 6 mai 2024

LES JARDINS DES VERTUS / IL FAUT SAUVER LA BUTTE ROUGE ET SES JARDINS

Aubervilliers 17 avril 2021 ; manifestation contre la destruction d’une partie des jardins. Crédit photos Tomislav

Dans l’émission de ce jour, nous irons de jardin en jardin

Au pied du fort d’Aubervilliers, les jardins des Vertus sont cultivés depuis un siècle par des jardinier·es  et des ouvrier·e·s qui y font pousser des courges, des pommes de terre, des tomates, de la sauge, des cerisiers, des pommiers, des belles de nuit ou encore des amaranthes.

Mais ce trésor de petites parcelles et de cabanes est aujourd’hui menacé : la Société du Grand Paris veut y stocker les déblais du chantier de la station Fort d’Aubervilliers de la nouvelle ligne 15 du métro. Plusieurs milliers de mètres carrés de jardin et des dizaines d’arbres sont menacés de finir sous les gravats.

Comble du cynisme, ce ne sont pas les bassins qui vont détruire les jardins, mais un “Splashpad, un pentagliss, un solarium minéral et un village finlandais” tout ceci dans un des quartiers les plus pauvres de France.

Ce 17 avril 2021, une marche partait de la mairie d’Aubervilliers pour se rendre au jardin des vertus, près du fort d’Aubervilliers. C’est le reportage réalisé ce samedi d’avril que vous allez entendre. Nous y entendrons pêle-mêle ; les brigades de solidarité populaire, une réflexion sur la société du grand Paris, une occupante du théâtre de l’Odéon et un membre des jardins familiaux de Fleury-Mérogis


En seconde partie d’émission, nous revenons sur la cité jardin de la butte rouge et la volonté de la mairie de Châtenay-Malabry de la détruire.

La Butte Rouge est une cité jardin est un patrimoine architectural populaire magnifique qui peut disparaitre. Conçu dès les années 30, il abrite 8000 habitants sur 72 hectares dans un écrin de verdure, d’arbres centenaires, de jardins ouvriers… Les promoteurs lorgnent depuis longtemps sur cet espace proche du bois de Verrières, non loin du parc de sceaux, de la vallée aux loups et à 15 km de Paris. C’est indéniable, pour eux, cette cité est trop bien pour les prolos et le projet du grand Paris les éjectera toujours plus loin de la capitale.

Ce projet de démolition porté par la mairie de Châtenay-Malabry (92290) ferait perdre 2000 à 3000 logements HLM : à bas loyer. Cette disparition importante de logements sociaux programmée viendrait aggraver la crise du logement déjà patente en Île-de-France. Il faut rappeler que c’est dans ces logements que vivent les personnes et familles privées d’emploi, des smicards, tous les premiers de corvée.
Le gouvernement a débloqué deux milliards supplémentaires de fonds à l’ANRU(agence nationale de rénovation urbaine) avec l’engagement d’Action logement dans une rénovation urbaine adaptée au contexte d’urgence, et pourtant il continue à donner son feu-vert à de multiples démolitions.

Malgré les campagnes mensongères orchestrées par le maire et les promoteurs ; la cité est viable et nécessite effectivement des travaux de rénovation pour entretenir le patrimoine et résoudre les problèmes d’humidité, de chauffage… Comment expliquer que la mairie et l’office HLM aient pu laisser vivre des familles avec des enfants malades dans des appartements dangereux pour leur santé alors qu’ils peuvent leurs en accorder un autre et engager des travaux dans ceux qui en ont besoin ? Pourquoi mettre il en avant le besoin de détruire la cité par le manque d’accessibilité pour les personnes handicapées alors qu’il suffit de construire des rampes d’accès.

Si, au dire de monsieur le maire monsieur Segaud, les journalistes et les collectifs de défense de la cité de la butte rouge auraient fait circuler des chiffres fantaisistes, c’est dû à un manque de transparence de sa part. En effet, aucune maquette n’a à ce jour été révélée aux habitants. Quelles formes auront les bâtiments, ou seront-ils implantés, quelle hauteur, quelle largeur auront-ils ? C’est le flou, les grands mots et les belles promesses qui suscitent inquiétude et légitimes suspicions. De plus ce projet est vivement combattu par les plus grands noms de l’architecture comme Jean Nouvel, les descendants des bâtisseurs de la cité les sirvin, Jean-Louis Cohen, Christian de Portzamparc, ou les architectes tout récemment récompensés par le Prix Pritzker 2021 : Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal.

Le classement de la cité jardin de la butte-rouge en patrimoine culturel est primordial pour la sauver. La mairie sous couvert de protection a fait voter la modification du Plan local d’urbanisme qui permettra la démolition de la cité, malgré le résultat largement défavorable de l’enquête de proximité.

L’État dispose de tous les leviers pour s’opposer à ce projet porté par la ville de Châtenay-Malabry :
• Il peut refuser de financer la démolition des logements sociaux via l’ANRU.
• l’État peut refuser le dé-conventionnement des logements sociaux, sur l’ensemble du périmètre de la cité-jardin, sans lequel la mairie ne peut démolir.
L’argent sera-t-il plus fort que la logique et que les besoins du peuple, l’argent sera-t-il plus fort que la nécessité de préserver notre environnement.

Les prises de paroles que vous pouvez entendre dans cette émission ont été enregistrées lors des délibérations du 18 mars 2021 du conseil du territoire.

JOURNÉE D’ACTION EUROPÉENNE POUR LE DROIT AU LOGEMENT ET À LA VILLE / LE LANDY SAUVAGE

Le cortège de la manifestation parisienne, samedi 27 mars.

Paris est vidée de ses populations, Paris, c’est pour les riches !

2020 en France, le prix des logements a encore augmenté. Les profits issus du logement cher ont à peine diminué, malgré la crise sanitaire et sociale. La crise du logement s’aggrave : toujours plus de sans-abri, de mal-logé.e.s, de jeunes et d’étudiant.e.s en galère, d’expulsions…

Berlin : les locataires se mobilisent et gagnent !  Plusieurs dizaines de milliers de locataires berlinois ont manifesté et obtenu que les loyers privés ne dépassent pas 6 à 12 euros le mètre carré et que des amendes jusqu’à 500 000 euros soient délivrées sans délai par la commune contre les bailleurs fraudeurs…

Je suis logée en résidence sociale dans le Xe : 11 m2, 468 euros par mois. Avant j’habitais en squat, c’était mieux, au moins j’avais de l’espace !


Ce 27 mars 2021, nous étions dans le cortège parisien. Nous entendrons les interventions des représentants de syndicat de locataires, mais aussi des entretiens avec des collectifs de locataires, une habitante en résidence sociale, le collectif Stop Airbnb et celui des architectes.

INTERVIEW

Le maire ne doit pas apprécier que les gens se réunissent chez nous pour résister aux JO ou à la création d’une bretelle d’autoroute !

Retour au Landy sauvage à Saint-Denis, un lieu occupé sans droit ni titre depuis 2018. Il a pris au fur et à mesure de ces années une étoffe particulière dans une ville comme Saint-Denis qui poursuit de manière rapide une restructuration urbaine dans le sillage du projet de Jeux olympiques, que la ville doit en partie accueillir en 2024. Pour cela, la société du Grand-Paris prévoit le développement de nouvelles lignes de métro et celle de Saint-Denis Pleyel passe pour prioritaire. L’intérêt soudain porté à des quartiers pauvres et qui n’intéressaient personne auparavant a fait de la ville une usine à gaz. Et les habitants trouvent dans le projet associatif du lieu et son discours de résistance à la promotion d’une nouvelle ville une certaine résonance. En 2020, l’affaire a pris un tour franchement politique avec l’élection du nouveau maire socialiste, pressé de donner à la ville “un nouveau souffle”. La justice avait donné jusqu’à juillet 2021 aux habitants et aux associations le temps de s’organiser et de déménager. Qu’à cela ne tienne, la mairie se saisissant du prétexte d’un incendie mineur a décidé de précipiter leur éviction.