comment la dépolitisation a tué le lycée autogéré de Paris

Le lycée autogéré de Paris est né en 1982, avec trois autres projets similaires sur toute la France. Cette expérience a perduré et fini par être cité comme exemple en matière d’éducation alternative. Depuis plusieurs années, le rectorat voulait en finir avec ce modèle qui vient remettre en question les principes de plus en plus autoritaires de l’école classique. Une « affaire » de violences sexistes et sexuelles est venue à propos remuer le LAP, au point de servir de prétexte pour faire perdre ses principes fondateurs à cet établissement, qui reposent sur l’autogestion : la libre fréquentation des cours par les élèves et le recrutement des professeurs par cooptation.

À l’origine de ces remous, une poignet de profs lâches et inconscients et minoritaire a décidé d’alerter le rectorat qui n’attendait que ça « Le 30 janvier 2023, sept professeurs du LAP ont adressé au rectorat de Paris, un rapport d’infraction en milieu scolaire pour dénoncer, à partir de témoignages d’élèves, des propos sexistes, parfois à connotation sexuelle et des gestes déplacés d’un professeur dans le cadre de diverses activités pédagogiques ».

Le signalement mentionne des situations rencontrées par deux élèves de terminale et quatre élèves de première : « Ça pouvait être des Ma puce, ma chérie ; tu as de belles formes ; espèce de cruche. Aux garçons, il ne se permettait pas de dire ces choses », explique une élève. Il aurait aussi été question de gestes déplacés en cours d’escalade ».

Au lieu de régler ces problèmes en Assemblée Générale et signifier que certains mots n’étaient plus tolérés, certains élèves ont préféré faire monter une mayonnaise soi-disant radicale. De mots excessifs en dénonciations calomnieuses, de ressentis indiscutables, faisant fit du principe même d’autogestion, certains profs et élèves ont signalé aux autorités compétentes des dysfonctionnements intolérables. À partir du moment où les termes de violences sexistes et sexuelles sont lâchés, la meute peut enfin se déployer. La morale a remplacé la politique, et quelques mots, certes déplacés, ont tué une expérience rare qui sauvait des centaines de jeunes.

Pour parler de la situation qui a amené à la fin du lycée autogéré de Paris, nous entendrons un entretien réalisé avec Pascal, ancien professeur du lycée et avec un reportage réalisé le 14 mai 2024 devant le rectorat de paris au moment où deux enseignants passaient en conseil de discipline. À la rentrée 2024, le LAP est remplacé par le lycée innovant de Paris (LIP)