Journée mondiale de l’agriculture normale / les algues vertes

Un collectif d’éleveurs du Pays de Redon, sur les trois départements d’Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique et du Morbihan, ont organisé le samedi 9 septembre 2023 la Journée mondiale de l’agriculture normale”.

L’objectif est de sensibiliser le grand public à l’impact des normes de biosécurité qui s’appliquent de la même manière aux élevages industriels comme à tous ceux qui élèvent quelques animaux dans leur jardin, au risque d’asphyxier les élevages de plein air.

  • Dès 8 h 30, présence du collectif sous les halles de Redon pendant le marché.
  • De 10 h 30 à 12 h 30, déambulation dans le centre-ville de Redon, qui finira dans l’amphithéâtre urbain. Des prises de parole et témoignages d’éleveurs confrontés aux normes de biosécurité sont prévues devant la sous-préfecture.
  • Sur l’heure du midi. Le collectif prévoit de la restauration avec cochon grillé, kebab d’agneau et tajine de poulet, à prix libre.
  • À 14 h, théâtre forum avec saynètes jouées par des éleveurs. « Nous aimerions faire en sorte que le public s’implique, en le confrontant à des situations vécues. Il s’agira de réfléchir à ces situations et voir comment elles pourraient se dérouler autrement », expliquent les organisateurs.
    • À 17 h, projection du film “Sacrifice paysan” (55 mn) en présence de la réalisatrice Gabrielle Culland. Noémie Calais, éleveuse du Gers y dédicacera son livre “Plutôt nourrir” sur le quotidien des éleveurs de porcs et de volailles face à ces normes.

À Redon, plus de 200 personnes ont manifesté pour défendre l’élevage plein air.

Plus de 200 personnes ont manifesté samedi 9 septembre 2023 à Redon (Ille-et-Vilaine), en musique et sous une pluie de plumes, pour défendre l’élevage plein air. Les éleveurs dénoncent la multiplication des normes imposées par les autorités sanitaires pour enrayer les épidémies de grippe aviaire et de peste porcine africaine.

« J’ai été confrontée à une perte d’animaux comme jamais après avoir enfermé mes volailles, les mâles agressaient les femelles, et en même temps à un burn-out. » Une éleveuse de volailles bio en plein air de Laillé témoigne de ce qu’elle a vécu en 2021. Après un contrôle, elle a été forcée de confiner ses animaux, une norme de biosécurité imposée à tous les élevages de volailles par les autorités sanitaires pour enrayer l’épidémie de grippe aviaire. Elle a manifesté samedi 9 septembre 2023 à Redon (Ille-et-Vilaine) pour défendre l’élevage plein air et dénoncer les normes qui ont changé sa façon de travailler, « fait de pression des contrôles » mais aussi de réorganisation de son exploitation, « j’ai fait évoluer mon cheptel de volailles de chair à pondeuses pour baisser le nombre d’animaux ».

Une autre éleveuse a comptabilisé « une baisse de ponte de 30 à 40 % après la claustration », mais aussi constaté « des comportements de cannibalisme, ça stress les animaux ». Un éleveur de Loire-Atlantique se confie, quant à lui, sur un de ses cheptels décimé par la grippe aviaire et l’euthanasie de ses autres bêtes voisines en bonne santé, « j’ai été sidéré ».

Un cortège emmené par un tracteur et fermé par un autre tractant les cochons en train de cuire à la broche – en prévision du repas paysan du déjeuner – a répandu des kilogrammes de plumes dans le cœur de ville. Mais aussi fait du bruit. « Liberté pour les poulets ! »« Liberté pour les cochons ! », sont des slogans qui ont résonné.

Sur les pancartes, mais aussi dans les slogans, c’est la liberté pour les volailles et les cochons plein air qui était demandée.

Les banderoles des éleveurs traduisaient leur état d’esprit. Pour beaucoup, les normes de sécurité empêchent l’exercice de leur métier.

La manifestation était l’action phare de la Journée de l’agriculture normale, imaginée par les organisateurs pour interpeller sur ces normes « qui obligent à investir, qui compliquent notre travail et mettent en péril les élevages plein air », explique un éleveur de porcs en plein air du pays de Redon.

« Des obligations absurdes pour l’environnement et l’agronomie »

« Je ne peux plus entrer dans mon élevage sans changer mes bottes, j’ai dû créer un sas, installer une triple clôture pour être certain que mes cochons n’entrent pas en contact avec un sanglier », détaille-t-il. Des obligations « absurdes » environnementalement et agronomiquement parlant, selon l’éleveur. « Avec de telles installations, je ne peux plus faire de rotation entre mes cochons et mes champs de maraîchage alors que les cochons enrichissaient la terre pour les légumes. »

Ce qui est absurde aussi pour ces éleveurs, c’est qu’en termes de normes de biosécurité, « aucune différenciation ne soit faite entre les petits élevages plein air et les fermes usines ».

Autant de raisons qui, selon eux, participent « à décourager les installations, en plus des nombreux paysans qui cessent leurs activités ».


Après avoir présenté la Bande dessinée Les Algues Vertes et avoir invité à diverses reprises Inès Léraud, Morgan Large et Pierre Philippe et dans le cadre de la 8ᵉ rencontre des lanceurs et lanceuses d’alerte qui se tenait les 10, 11 et 12 novembre 2023, avait lieu la projection du film « Les algues vertes ».

En présence de Morgan Large, journaliste à radio
KREIZ BREIZH et pierre Philippe, médecin, qui ont suivi cette affaire.

Dans cette seconde partie d’émission, nous entendrons les échanges qui ont suivi la projection sur les questions que soulève cette affaire sur l’environnement et le modèle agroalimentaire.

On constate que le traitement de cette affaire par le monde politique national, régional, local ou par les services de l’État met en lumière des méthodes que l’on retrouve dans de nombreux dossiers d’alerte.

Le tourisme, l’économie et l’immobilier justifient-ils l’omerta et le classement sans suite ?

L’échange après le film a permis d’aborder la difficulté de travailler en Bretagne sur ces sujets