
Paris, 6 juin 2024, devant le siège de ERDF
Nous nous sommes rendus au rassemblement organisé par la CGT énergie le 6 juin 2024 à 9 h devant le siège de ERDF à Paris. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, plus d’une trentaine de procédures disciplinaires ont été lancées à l’encontre d’énergéticiens rien qu’en Île-de-France. En fin d’émission, nous diffusons un son de la chaine d’actualité quotidienne Actu Réfractaire du canard Réfractaire avec comme thème : nouveau Front Populaire : Ce qu’on ne vous dit pas !
Déjà en 2023, plus de 400 énergéticiens avaient été poursuivis pour des actions liées à la réforme des retraites. C’est dans ce contexte que la CGT Mines et Énergie d’Île-de-France a appelé à une journée de grève le 6 juin pour exiger l’arrêt immédiat de toutes les CGT énergie et la réintégration de toutes les personnes licenciées.
La répression prend plusieurs formes, dans les entreprises où les directions multiplient les mesures disciplinaires et les licenciements, dans la rue où la police fait régner l’ordre à coup de matraque et de flashball, dans les prisons ou la France vient une nouvelle fois d’exploser son record d’incarcérations avec un taux d’occupation de 77000 prisonniers, une France ou les expulsions de sans-papiers, les expulsions locatives vont bon train, ou les chômeurs touchent toujours moins… et la liste reste ouverte. L’unité contre la répression reste à créer.
Pour comprendre cette vague de répression, il faut remonter à l’hiver 2022, lorsque après un mouvement de grève nationale de six semaines, les salariés de GRDF ont arraché 200 euros d’augmentation. Sur certains sites, les grévistes avaient repris en main leur outil de travail, ce qui a terrifié la direction de GRDF : « À Villeneuve-la-Garenne, on a occupé le site de novembre à janvier et on a assuré nous-même la continuité du service public. Ça faisait des années qu’ils n’avaient pas vu ces méthodes de lutte syndicale et c’est ça qu’ils veulent casser » explique à Révolution Permanente Jordan Robinson, gazier en région parisienne et élu CGT.
L’année suivante, lors de la réforme des retraites, les gaziers et les énergéticiens ont été parmi les plus mobilisés. Dès la mi-janvier, les gaziers ont multiplié les actions « Robin des bois » et ont rendu gratuite l’électricité pour les boulangers, et ont empêché les coupures d’électricité pour impayés dans les quartiers populaires de Marseille. À partir du 7 mars, plus de 26 000 énergéticiens sont partis en grève reconductible pour durcir le mouvement. Du côté de GRDF, on dénombrait 5 342 grévistes, soit 47 % des effectifs.
La répression que subissent les énergéticiens ne peut qu’être comprise à la lumière de cette combativité qu’ils expriment depuis plusieurs années. « L’attaque est globale, ils s’attaquent à n’importe quel syndiqué qui essaye de se battre. Face à ça, on n’a qu’une seule arme, c’est la grève. Il est temps de s’organiser ensemble et de créer une convergence » explique Jordan.
Au sein de GRDF, les techniques de répression sont nombreuses. « À Marseille, ils attaquent en justice sur des actions revendicatives, en Île-de-France, ils utilisent le volet disciplinaire », explique le syndicaliste. Jordan est lui-même visé par une procédure de licenciement depuis 2022. Accusé de « propos intimidants et menaçants à l’encontre de cadres de l’entreprise », l’inspection du travail a refusé son licenciement. RTE a alors fait un recours auprès du ministère du Travail qui doit rendre son verdict dans les prochaines semaines.
Un scénario qui fait écho à celui d’autres énergéticiens, comme Alex et Christophe à Bordeaux, que le tribunal correctionnel a fini par relaxer en janvier 2024 pour des faits datant de la réforme des retraites. Dans la foulée, la direction d’Enedis ainsi que le parquet ont décidé de faire appel et ils sont en parallèle victimes d’une procédure disciplinaire. Ainsi, « cette journée de grève, explique le syndicaliste, est importante. On ne peut pas accepter qu’un délégué se fasse licencier. Sinon, c’est la porte ouverte à tout ».
Dans un post Facebook, la CGT Énergie Paris appelle à un rassemblement ce jeudi à 9 h, devant le siège de GRDF à Paris (75009). Alors que le mouvement ouvrier est touché par une répression syndicale historique, il est plus que nécessaire d’apporter une réponse à cette répression et d’être nombreux à ce rassemblement. Après le mouvement des retraites, le plus grand depuis mai 1968, le pouvoir se venge en criminalisant l’activité syndicale. Ne pas opposer de réponse à cette vague répressive, c’est laisser la porte ouverte à de nouvelles attaques contre nos libertés politiques et d’organisation.
Énergie : la CGT dénonce « la répression de l’activité syndicale »
Le plus haut dirigeant de la branche énergie de la centrale syndicale Sébastien Menesplier, secrétaire général de la Fédération nationale des mines et de l’énergie, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 9 mars 2023.est convoqué à la gendarmerie pour être entendu après des coupures d’électricité menées pendant la mobilisation contre la réforme des retraites.
Rendez-vous est pris devant la gendarmerie de Montmorency (Val-d’Oise). Un rassemblement et un appel à la grève sont attendus en soutien au secrétaire général de la Fédération nationale des mines et de l’énergie (FNME) CGT, Sébastien Menesplier. À proximité de son domicile, le dirigeant syndical est convoqué à une audition libre dans la matinée du mercredi 6 septembre.
Le 8 mars, sur le site de la radio France Bleu, il avait assumé, au nom des militants de son organisation, la coupure de courant effectuée, la veille, à Annonay (Ardèche). Une ville symbolique. Celle d’où est originaire le ministre du Travail, Olivier Dussopt.
En marge d’une manifestation contre la réforme des retraites – réforme finalement entrée en vigueur ce 1ᵉʳ septembre –, la coupure avait privé d’électricité quelque 2 400 « clients » pendant une partie de l’après-midi, selon le préfet de l’Ardèche. Elle avait également entraîné « plusieurs interventions des sapeurs-pompiers pour secours à personnes », toujours selon l’administration.
CHRISTIAN PORTA : SYNDICALISTE PERSÉCUTÉ PAR UN GÉANT DE L’AGRO-INDUSTRIE
Contre-Attaque
– La multinationale InVivo tente désespérément de se débarrasser du délégué syndical et sa section CGT –
Dénoncer à la fois les conditions de travail et l’usage intensif de pesticides, c’est trop pour les multinationales du poison qui considèrent cela comme du «harcèlement moral ». L’entreprise de boulangeries industrielles Neuhauser, filiale d’InVivo basée près de Mulhouse, a récemment licencié Christian Porta, 32 ans, délégué syndical de la CGT. Une méthode digne d’un patronat voyou, qui cherche à maximiser ses profits au détriment des travailleurs pour vendre des viennoiseries industrielles dégueulasses.
Problème : suite à une procédure aux Prud’hommes, le licenciement a été annulé et Christian Porta a été réintégré à l’usine. Qu’à cela ne tienne, une nouvelle procédure de licenciement a été lancée et un huissier le suit en permanence afin de consigner ses faits et gestes. Un véritable harcèlement patronal qui n’a qu’un seul but : entraver l’action syndicale.
C’est pourtant Christian Porta qui se voit accusé de « harcèlement » envers la direction, qui a porté plainte et incité les cadres à témoigner contre le syndicaliste. Et cela, malgré le rapport de l’inspection du travail qui considère que le syndicaliste fait simplement son boulot. Quand réclamer l’application du droit du travail est considéré comme de la persécution à l’égard de la direction, c’est peut-être que les patrons ne se sont pas fait suffisamment arracher la chemise ?
La nouvelle procédure de licenciement a de nouveau été annulée par la justice le 28 mai dernier. Dans son délibéré, la cour dénonce des entraves au droit syndical. Le tribunal ajoute que « la présence d’un commissaire de justice suivant Monsieur Christian Porta dans ses déplacements, y compris aux toilettes et attendant devant la porte du local CSE, constitue un trouble manifestement illicite ».
Dans un communiqué, la CGT se félicite : « À ce jour, pas moins de trois décisions de justice et une décision administrative nous donnent raison. Jamais un conflit n’aura été aussi victorieux sur le terrain judiciaire. À l’inverse, aucun des éléments invoqués par la Direction n’a jamais été corroboré. Ce niveau d’offensive policière vise à criminaliser le militantisme syndical et à imposer au mouvement ouvrier de baisser la tête».
C’est pourtant Christian Porta qui sera convoqué mardi 4 juin à la gendarmerie de Folschviller à 8 h 30 pour un placement en garde à vue. Incroyable mais vrai : « Les gendarmes sont venus chez moi à 9 h du matin pour me remettre une convocation pour mardi, en me disant que je serais placé en garde-à-vue ! Le gendarme m’a confirmé que c’était en lien avec Neuhauser, donc ça fait probablement suite aux plaintes de la direction contre moi » explique Christian Porta au média Révolution Permanente. Les forces de l’ordre directement au service du patronat pour harceler un syndicaliste, le message adressé par le pouvoir peut difficilement être plus clair.
La direction ne voudra rien lâcher tant qu’elle n’y sera pas obligée, au point de menacer de fermer l’usine le 23 mai dernier. Heureusement, Christian Porta compte de nombreux soutiens, signataires d’une tribune sur Médiapart, et qui seront nombreux à l’accompagner mardi à la gendarmerie de Folschviller.
Sources :
– https://blogs.mediapart.fr/…/tentative-de-licencier-un…